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UNIVERSITY COLLEGE LONDON

SCHOOL OF EUROPEAN LANGUAGES, CULTURE AND SOCIETY


EXAM

FREN0066 USE OF FRENCH 2

Read the passage carefully, then answer ALL questions in ALL FOUR sections

Extinction Rebellion, Alternatiba :


les démocraties face au défi de la désobéissance civile

Les mouvements de désobéissance civile se multiplient ces derniers mois


contre l’inaction écologique ou la politique migratoire. ONG, simples citoyens ou élus
utilisent ce moyen pour se faire entendre. Ces militants s’inscrivent dans une longue
tradition historique et dans un contexte mondial de crise démocratique.
5 Depuis un an, les militants d’Extinction Rebellion surgissent sur la place
publique, simultanément à Londres, Paris, Berlin, New York ou encore Los Angeles.
Leur but affiché : paralyser les centres économiques et politiques pour rappeler aux
États leurs engagements en matière climatique et inciter les populations à agir.
L’heure est au bouleversement global pour créer un « monde adapté aux
10 générations à venir. »
« La désobéissance civile renvoie à une sorte de clause de conscience »,
explique le philosophe Jean-Claude Monod. Elle consiste à partager avec d’autres
une urgence ressentie au plus profond de soi. Par fidélité à des principes éthiques,
pour répondre à la souffrance d’autrui ou à une responsabilité vis-à-vis de l’humanité
15 entière, certains décident de désobéir à la loi pour la changer. Les conséquences de
cette illégalité, ils les assument, pour convertir l’opinion à leur cause.
« Il s’agit d’un rejet radical – rejet d’une décision politique, gouvernementale,
de l’action ou l’inaction des autorités – qui conduit les citoyens à dire : ‟ Pas en mon
nom ” », poursuit Jean-Claude Monod. C’est une sorte de défi que les
20 « désobéissants » lancent au pouvoir : à l’origine du contrat social, lui rappellent-ils,
il y a des hommes qui consentent librement à obéir. Et qui peuvent donc décider,
ensemble, de cesser d’y consentir.
Ceux qui font de cet élan de conscience un acte politique sont les héritiers
d’une longue histoire. La désobéissance civile s’écrit avec Étienne de La Boétie et
25 son Discours de la servitude volontaire au XVIe siècle, ou avec le philosophe Henry
David Thoreau qui, au XIXe siècle, s’oppose aux autorités esclavagistes.
Durant le XXe siècle, elle est au cœur des luttes de Gandhi, Martin Luther
King ou Nelson Mandela, ainsi que des grands combats politiques qui germent dans
les démocraties occidentales à partir des années 1960. En France, elle se déploie
30 dans le manifeste des 121 appelant à l’insoumission pendant la guerre d’Algérie, par
exemple. Le siècle des totalitarismes a aussi démontré la nécessité parfois
impérieuse de désobéir.
Les risques encourus sont cependant bien moindres dans le cadre
confortable de nos démocraties. S’il reste intolérable, dans une démocratie, de
35 mettre des militants non violents en prison, ce n’est pas la même chose d’être arrêté
dans la France de 2019 que dans un régime autoritaire.
Certains s’inquiètent toutefois face à ces nouveaux modes d’action. Car la
démocratie, qui voit ce regain de désobéissance, est déjà fragilisée. « Partout
s’expriment à la fois une désaffection et un appétit démocratiques, souligne la
40 politologue Sylvie Ollitrault. Dans ce contexte, ces militants peuvent dynamiser
comme fragiliser la démocratie, en remettant en cause le principe de
représentativité. Car le contrat social, c’est aussi suivre la loi de la majorité qui
s’exprime lors du vote. »
L’élection, justement, suscite de plus en plus d’indifférence et de défiance
45 chez les citoyens, notamment les plus jeunes. Et au sein de ces nouveaux militants,
« le thème d’une ‟ révolution non-violente ” fait son chemin, ajoute Jean-Claude
Monod, car l’appel à la révolution (même non violente) intervient classiquement
lorsque les voies réformistes semblent bloquées. »
Mais c’est aussi loin des capitales, aux frontières, qu’apparaît un autre visage
50 de la désobéissance contemporaine, quand des citoyens révoltés par l’injustice
désobéissent et s’exposent à la sanction en apportant leur aide aux migrants
bloqués aux frontières.
« On se retrouve dans une situation où la morale, l’honneur, commandent de
désobéir », témoigne Raphaël Krafft. Durant un reportage en 2015, ce journaliste de
55 radio a ainsi franchi la frontière italienne avec deux Soudanais. « Les risques que je
prenais étaient minimes par rapport à ceux encourus, chaque jour, par les
personnes exilées. Mais je pouvais changer leur destin. » Ce fut le cas, les deux
hommes ayant depuis obtenu le statut de réfugié. Aujourd’hui, le reporter pointe des
lois injustes qui poussent des anonymes à désobéir pour éviter des situations
60 inhumaines.
Le souci de l’autre, c’est aussi ce qui a fait désobéir des élus de la Nation ces
derniers mois. Depuis juin, une centaine de maires refusent d’obéir aux préfets qui
leur demandent de retirer leurs décrets interdisant l’usage des pesticides dans leurs
communes.
65 Ainsi, alors que certains rêvent à la révolution, d’autres insistent sur
l’importance de tous les modes d’action - marches pour le climat, plaidoyers locaux,
procès – et sur le levier que représentent les élections municipales. Les contre-
modèles ne manquent pas chez les désobéissants, mais tous sont d’accord sur un
point : quand l’État échoue à agir, la désobéissance a sa place en démocratie ; elle
70 peut même la stimuler.
Béatrice Bouniol et Marine Lamoureux, « Extinction Rebellion, Alternatiba : les
démocraties face au défi de la désobéissance civile », La Croix, 2019 (adapté)

SECTION I (40%)

1. (20%)

Répondez aux questions ci-dessous en expliquant le sens dans le texte des phrases
et des expressions citées (soulignées dans le texte). Chaque réponse doit
comprendre 50-60 mots (4 x 5 points) :
i. Comment comprenez-vous, dans le contexte du passage, l’expression
employée par Jean-Claude Monot « Pas en mon nom » ? (l. 18-19)

ii. Que veulent dire les auteures du texte par « Le siècle des totalitarismes a
aussi démontré la nécessité parfois impérieuse de désobéir » ? (l. 31-32)

iii. Comment comprenez-vous l’idée que « le contrat social, c’est aussi suivre la
loi de la majorité qui s’exprime lors du vote » ? (l. 42-43)

iv. Comment comprenez-vous les paroles du journaliste Raphaël Krafft « On se


retrouve dans une situation où la morale, l’honneur, commandent de
désobéir » ? (l. 53-54)

2. (20%)
Répondez aux questions ci-dessous (2 x 10 points).
i. Commentez, dans la perspective de l’argument ici développé, la structure des
deux phrases terminant le troisième paragraphe : « Par fidélité à des
principes éthiques, pour répondre à la souffrance d’autrui ou à une
responsabilité vis-à-vis de l’humanité entière, certains décident de désobéir à
la loi pour la changer. Les conséquences de cette illégalité, ils les assument,
pour convertir l’opinion à leur cause. » (l. 13-16)

Votre réponse comportera environ 80 mots.

ii. Commentez l’usage du passé simple dans l’expression « Ce fut le cas ».


(l. 56)

Votre réponse comportera environ 80 mots.


SECTION 2 (20 %)

Traduisez en anglais le passage indiqué en gris dans le texte.


(« Les mouvements… leur cause. », l. 1-16)

SECTION 3 (40%)

1. (30%)
Traduisez en français le texte suivant :
We arrived in Brighton in the early evening, for we had decided to spend the night. I
was surprised by the smallness of her luggage which consisted only of a small
leather suitcase and which she called her baise en ville. I found it difficult myself to
go away for a night without a rather heavy bag.
I had booked our rooms at the Royal Albion because my Aunt wished to be near the
Palace Pier. I thought I would have a bath and a glass of sherry1, a quiet dinner at
the hotel restaurant and go to bed early, so that I would feel rested the following
morning, but my aunt disagreed.
‘I don’t want dinner for another two hours,’ she said, ‘and first I want you to meet
Hatty – if Hatty’s still alive.’
‘Who’s Hatty?’
‘We worked together once with a gentleman called Mr Curran.’
‘How long ago was that?’
‘Forty years or more.’
‘Then it seems unlikely…’
‘I am here,’ Aunt Augusta said, ‘and I got a card from her last Christmas.’
She suggested we had a drink and so we went to the bar. The walls were covered
with inscriptions, old programmes and photographs. I ordered two ports 2 and when I
turned round, I saw my aunt examining a yellowed photograph.
‘There’s Curran,’ she said. ‘That’s how it all began.’ Then she pointed at a young
woman. ‘And there’s Hatty.’

1
Sherry = sherry (masculin)
2
Port = porto (masculin)
G. Greene, Travels with my Aunt (adapted)

2. (10%)
Trouvez et corrigez les 5 erreurs que contient la traduction ci-dessous :

Staines, her maid, had hardly stepped down from the train before she flew into an
altercation with a red-faced railway porter. Had she not been a female it might have
been said of Staines that she was a fellow with a heart of oak. She was tall and
gaunt, a person all of angles, with long wrists and large feet, and a jaw that put one
in mind of the blade of a primitive axe.

Traduction avec 5 erreurs:


À peine Staines, sa femme de chambre, était descendue du train qu’une dispute
éclatait entre elle et un portier du train. Si Staines n’avait pas été une femme, on
aurait pu la décrire comme un gars qui n’a peur de rien. Elle était une personne de
grande taille, émaciée, anguleuse, avec de longs poignets et de grands pieds, et une
mâchoire qui rappelait à quelqu’un la lame d’une hache primitive.

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