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Cours sociologie politique

Sociologie politique (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

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Sociologie politique

§1 : Qu’est ce que la science politique ?

C’est une science qui n’a pas à avoir de complexes scientifiques. C’est une vraie science et
elle est reconnue comme telle par l’épistémologie des sciences (= Science qui étudie les
sciences).

A) La science politique est une science sociale

 Qu’est ce qu’une science sociale ?


C’est une science à forte dimension énigmatique. Elle peut être plus importante pour les
nouvelles questions qu’elle permet de poser que les réponses qu’elle pourrait y apporter.
Exemple de sciences sociales : sociologie, anthropologie, histoire, science politique,
géographie humaine…
Elles ont toutes en commun l’étude du comportement des hommes et femmes en société. Elles
ont toutes le même objectif mais elles se nomment différemment suite à leurs histoires
académiques différentes.
C’est également étudier de manière dialectique l’homme en société, c'est à dire de manière
interdépendante, ce que des êtres humains ensembles font à la société dans laquelle ils sont et
c’est également étudier dans quelles mesures cette société agit sur ces êtres humains.
Il existe des sociétés plus ou moins agnostiques, c'est à dire des sociétés plus ou moins
travaillées par la rivalité et le conflit et l’affrontement physique. Dans cette société, il y a des
rites qui invitent à être particulièrement prédisposé à se comporter de manière assez violente :
il y a un rapport dialectique entre les individus et leurs sociétés qui donne des dispositions à
cette violence.
Quand on compare deux régimes et systèmes politiques, est ce qu’on aura dorénavant à
l’esprit cette double dimension de cette réalité collective et individuelle ? Ce qu’il y a en nous
ne relève pas que de notre volonté.

B) Les sciences du et de la politique

Le politique c’est tout ce qui renvoie au fonctionnement général d’une société. C’est
tout ce qui permet à une société d’exister. C’est tout ce qui permet à une société à travers ses
institutions, des comportements collectifs de lutter contre l’entropie (chaos). Cette lutte contre
l’entropie donne à une société des raisons d’exister.
La politique c’est tout ce qui porte sur la composition pour l’occupation et l’exercice
du pouvoir. En France, la politique c’est une activité sociale très structurée par l’institution
électorale. Ça désigne aussi l’action publique et les politiques publiques. Cela concerne ce
que l’Etat fait dans une société ou ce qu’une administration ou des institutions font dans une
société en matière économique, sociale, culturelle etc. C’est aussi tous les actes ou non-acte
politique de l’Etat
La politisation c’est certaines activités sociales qui ne relèvent pas du politique et qui
petit à petit se transforment et prennent un autre sens et sont considérées comme plus
politique.
Dépolitisation de la monnaie.

C) La science politique, une science comme les autres mais plus difficile à
pratiquer que les autres

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On étudie pas la politique in vitro, c’est donc plus difficile. On ne peut pas forcément avoir les
bonnes conditions pour étudier la politique. De même, c’est une science « de la rue ». Il faut
s’approprier l’environnement de la politique qui change rapidement. Les individus parlent
difficilement de la politique. Risque d’ethnocentrisme, risque de regarder une société qui n’est
pas la notre avec des critères de notre société.

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§2 : Pratiquer la science politique

Permet de réfléchir aux quatre dimensions politiques (le politique, la politique, l’action des
politiques et la politisation). C’est une science qui nécessite de recourir à des méthodes car il
n’y a pas de science sans méthode, et il n’y a pas de méthode sans science.
28/01/15
A) La science politique et ses méthodes

1) L’observation

Pour pratiquer la politique, il faut apprendre à savoir observer. Il faut se déprendre de


l’illusion de la connaissance immédiate des choses. Quand deux êtres se rencontrent, ils
occupent souvent des positions différentes dans la société. Il faut savoir observer la vie
politique. Il faut exercer son regard, être attentif des petits détails microscopes. Quand deux
êtres se rencontrent, ce sont des manières de voir la société. Il existe des spécialistes de la
communication interpersonnelle.
Certains animaux relèvent d’une grammaire, ils ont des manières de faire qui sont réglées qui
permet à certains éthologues de ne pas se faire manger par des requins. C’est un exercice des
étudiants de Palto- Alto.

Compter les mots, couper le son voir comment la voix, la figure se transforme … il faut
réaliser l’observation participante ; il ne suffit pas d’observer mais de se fondre dans le
groupe qu’on veut étudier afin de l’étudier de l’intérieur, s’embarquer avec eux. On voit les
difficultés qui se dressent. Pour étudier un parti politique, il faut se fondre dans la masse,
sinon les partisans changent de comportement si notre présence est remarquée. Il ne faut pas
qu’ils réagissent à notre présent, se faire oublier. Comment ? En essayant d’accompagner les
mouvements, les codes vestimentaires, la façon de parler etc. Planter sa tente.

Deuxième méthode : celle de l’entretien, ce n’est pas du dialogue, du bavardage, c’est une
technique d’enquête qui vise à recueillir ce que les individus savent de ce qu’ils font, sont et
de ce qu’ils pensent. 3 objectifs dans un entretien. C’est fait pour aider un individu qu’on
interroge à lui permettre de dire ce qu’il est ce qu’il fait ce qu’il pense et ce n’est pas évident.
Sur ce qu’ils savent et ce qu’ils savent sans le savoir.

Plein de chose qu’on sait mais qu’on n’a jamais formulé à présent. Dans un entretien il faut
savoir guider l’entretien, préparer le questionnement pour qu’un moment donner l’individu se
livre et livre ce qu’il savait et ce qu’il savait sans savoir. Ce qui peut arriver à la fin de
l’entretien c’est que l’enquêteur nous dise deux choses :
- Merci (pourquoi ? car globalement dans la vie sociale il nous arrive de ne pas parler de
nous pendant deux heures et ça fait du bien de parler de soi)
- Il y a des choses que j’ai dite, que je n’ai jamais dite, et vous m’avez permis de clarifier,
d’accéder à des vérités mienne que je n’ai jamais dite.
Actualité : Victoire du parti « Syriza » en Grèce, peut être une même démarche venant
d’Espagne avec
« Podemos ». Cette conquête en Grèce est objectivement révélatrice des crises démocratiques
représentatives.

1848 : Ouvrage de la démocratie au plus grand nombre bien qu’il faut attendre 1944 pour que
la démocratie soit universelle (droit de vote des femmes).
Cette démocratie qui se fonde en 1848 est comme un compromis entre ceux qui voulaient
maintenir la monarchie, et à l’opposé la gauche qui veut fonder une démocratie. Elle veut se

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rapprocher de la démocratie directe avec comme modèle, celui d’Athènes. C’est un


compromis insuffisant pour régler un certains nombres de questions sociales, politiques …

On a de moins en moins d’électeurs qui viennent voter en Europe (exception de la France


avec les élections présidentielles en 2012). En France il y a une augmentation du taux de
citoyens non inscrits ainsi que les non participationnistes.

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La participation c’est le nombre d’électeurs inscrits qui se sont déplacés, mais pas de %
de non votants qui se sont déplacé. De plus, on a de plus en plus de mal inscrit. 
Qu’est-ce qu’un mal inscrit ?
C’est le fait de voter dans une commune dans laquelle on ne vit pas, de vivre dans une
commune dans laquelle on ne vote pas. Cette mauvaise inscription note le fait qu’un certains
nombres de nos citoyens éprouvent des difficultés sur notre règles législatives.

Il existe en Europe, dans le monde, des mouvements politiques et sociaux qui cherchent à
inventer de nouvelle forme de l’organisation de la démocratie.
Les Etats-Unis sont les champions de mal inscription, de non inscription. Si les candidats font
beaucoup de marketing c’est pour résoudre ce problème, et leur dire ou aller voter. C’est un
indicateur d’un affaiblissement du lien démocratique.

La science politique se pratique, s’use. Il y a deux façons d’appréhender une science ;


- Soit on entre de façon intellectualiste (compréhension théorique)
- Soit de la pratiquer, c’est à cette occasion qu’on mesure le poids de la politique.

Bibliographie : Philippe Bourgois – En quête de respect : le crack à New York


C’est un anthropologue franco-américain qui a étudié le commerce du crack, et pour cela il a
étudié le quartier et a vécu parmi les vendeurs et certaines bandes.

L’entretien, ce n’est pas un entretien journalistique, ce n’est pas ça un entretien sociologique,


ce n’est pas fait pour mettre en défaut quelqu’un, lui extirper quelque chose de la bouche, le
but n’est pas de les piéger. On emploie des techniques beaucoup plus douce, c’est une
technique de dialogue, de questionnement.
Donc l’entretien n’est pas que du questionnement agressif, poser des questions en science
politique n’est pas suffisant.

2) L’entretien

Entretiens plus ou moins directifs


Entretiens semi-directifs  éviter de poser à l’enquêté une problématique, questions
ouvertes, temps laissé  technique la plus utilisée en sciences politiques
Entretiens non directifs  plus rare, on lance quelques pistes, quelques mots qui
stimulent l’enquêté, ce n’est pas aisé à pratiquer, davantage utilisé en psychologie et
surtout utilisé en psychanalyse

On distingue plusieurs sortent d’entretien :

- L’entretien directif : avec des questions courts ou on répond de façon directe.


- L’entretien semi-directif : Celui qui pose des questions, on ne ferme pas ses questions,
on évite d’imposer à l’enquêté une problématique. Il ne faut pas qu’il soit obliger de
répondre précisément aux questions qu’on lui pose et qu’on se pose. Il faut se poser
les questions qu’il a envie de se poser. On laisse du temps à la personne. Pour ne pas
poser trop de problématique on lui laisse l’opportunité de répondre à ses questions.
C’est cette méthode qui donne le plus de profits scientifiques.
- L’entretien non directif : Celui auquel on laisse quelques pistes, quelques mots qui vont
lui faire réagir, on parle le moins possible. Cette technique est davantage utilisée en
psychanalyse. On laisse au patient le choix d’organiser lui même sa directive. Il faut
un enquêteur qui aime au moins un peu parler.

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3) L’objectivation statistique

Les statistiques ne sont pas des mathématiques. D’après les enquêtes, les étudiants n’aiment
pas les statistiques. Pourquoi compter ? Toutes les réalités ne se voient pas et ne se
comprennent pas aisément. L’observation et les entretiens ne suffisent pas toujours. Par
l’agrégation statistique, on fait apparaître une vérité que l’on ne pouvait pas découvrir
autrement que par les statistiques.

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Ex 1 : Fondateur de la sociologie Emile Durkheim  ouvrage sur le suicide en


Europe. Il a réussi à montrer que le suicide est un phénomène social car il a fait des
statistiques. Ce que l’on croyait savoir du suicide était en fait erroné. Durkheim a, sur une
période donnée, dans des pays différents, recueillis tous les chiffres annuels du suicide et
les caractéristiques des personnes s’étant suicidées (religion, niveau d’étude etc.).
Première chose qui l’a surpris : chaque année, même taux de suicide dans les pays
étudiés. Cela ne relève donc pas que de la psychologie sinon les taux seraient variables.
Si une société engendre un nombre régulier de suicide, c’est que la société, ou plutôt ses
caractéristiques particulières, produisent ce suicide. Variations selon le niveau d’étude, la
situation familiale, la religion… Quand on additionne toutes ces variables, on comprend
mieux ce qu’est le suicide dans une société ; il y a des causes sociales au suicide. Cet
ouvrage a été fondateur pour la sociologie politique. Par l’agrégation, les statistiques font
apparaître une réalité que l’on n’arrivait pas à percevoir auparavant.
Ex 2 : Plus contemporain et politique. A l’Assemblée Nationale, mardi et mercredi à
15h et au Sénat jeudi à 15h, questions nationales. L’objectivation statistique va être
indispensable. On va rassembler toutes les données de tous les parlementaires, leurs
caractéristiques (âge, sexe, ancienne profession etc.) que l’on rentre dans un tableau qui va
faire ressortir des chiffres éclairant, comme le taux d’hommes et de femmes, ou la répartition
des parlementaires selon leur catégorie socio- professionnelle. On fait ainsi apparaître une
réalité que l’on ne voyait pas à l’œil nu. Cela permet par exemple de montrer qu’il y a à
l’Assemblée Nationale une surreprésentation d’hommes, ou qu’il n’y a aucun parlementaire
appartenant à la classe d’âge 18-25 ans, l’immense majorité est issue de catégories socio-
professionnelles supérieures (surreprésentation de cadres). Ainsi apparaît la crise de la
représentation. L’Assemblée Nationale représente-t-elle réellement la population française ?
Aussi, plusieurs parlementaires n’ont jamais eu d’autres métiers qu’un métier concernant la
politique. Ex : François Fillon et François Hollande.

Dans les partis politiques  accès aux fichiers des adhérents, et on rentre dans un tableau
les caractéristiques. Moyenne d’âge des adhérents plus élevée que la moyenne, catégorie
socio- professionnelle supérieure…

B) Enquêter sur la politique

1) Partir d’une question

On n’enquête jamais sans question, il y a toujours un angle, une focale précise. Souvent on part
d’une question qui a déjà été posée.
Ex : La professionnalisation de la vie politique. Nous sommes dans un pays dans lequel
beaucoup de nos élus vivent de et pour la politique (Max Weber).

2) Construire un objet

Il faut qu’il y ait un terrain d’enquête et transformer ce terrain en objet d’étude, de réflexion.
Ex : Les politiques qui s’en mettent plein les poches, comme dans l’affaire Bettencourt,
Cahuzac : affaires politico-judiciaires. La corruption est-elle une délinquance ? Pour qu’il y
ait une délinquance financière, il faut que des institutions surveillent, sanctionnent. Pendant
très longtemps en France, il n’y avait pas de loi sur le financement de la vie politique (tout ce
qui n’est pas interdit est explicitement toléré). En 1988, premières lois sur l’encadrement du
financement de la vie politique. Il n’y avait pas non plus d’autorité qui surveillait de près le
train de vie des élus, leurs activités économiques, financières et fiscales. Aujourd’hui

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l’obligation de transparence change la donne, freine les possibilités de corruption. On regarde


de près les lobbys qui gravitent autour de l’Assemblée Nationale.

3) Ajuster des méthodes à l’objet

Stratégies d’approche, soutiens par voie indirecte.

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C) Analyser la politique

1) Formuler des hypothèses

A l’issue de l’enquête, après avoir rassemblé les matériaux (calcules, entretiens…), on


comprend ce qu’il se dit entre les mots, les silences, mais il faut en rendre compte à travers
des articles. Cependant, ce sont toujours des hypothèses ; on n’assène pas des vérités
absolues. Ces hypothèses pourront être un jour ou l’autre invalidées car la société progresse. Il
faut que nos hypothèses soient falsifiables, qu’on puisse les invalider ou les conforter.
Ex a contrario : Dieu existe. Cela n’est ni vrai ni faux. Cette proposition est infalsifiable, on
ne peut pas montrer scientifiquement qu’elle est fausse.
Une proposition scientifique est toujours falsifiable.

2) Démontrer

Il faut apporter des hypothèses falsifiables, mais il faut démontrer et savoir démontrer. Dans
les articles scientifiques, deux éléments principaux : des propositions, des hypothèses
générales et des faits qui sont exposés, données à lire, sous différentes formes. C’est ainsi que
quelqu’un peut reprendre l’article et émettre des critiques, souligner les limites.
L’argumentation, la démonstration est très importante.
Déictique  procédé frauduleux, artifice, astuce de langage que l’on emploie soit quand
on est fatigué soit quand on emploie une ruse. Assène quand on veut démontrer quelque
chose.
Ex : beaucoup de responsables politiques l’emploient « les français en ont marre »  la
vérité est de son côté, les français le suivent.
Ex : « tout le monde reconnaît ». Chargé d’ambivalence, d’équivoque. Quand on démontre
scientifiquement, on n’émet pas de déictique.

3) Débattre et rendre compte

Les connaissances scientifiques, notamment celles de la science politique, ont été présentées
et débattues au sein de la communauté scientifique de manière presque démocratique. C’est ce
qui leur donne leur qualité scientifique. Quelques individus se présentant comme scientifiques
jugent inutile de débattre.

§3 : Qui d’autre parle de politique ?

Un responsable politique, un citoyen parle de politique et a tous les droits à le faire. Le


politiste parle de la politique de manière scientifique ce que ne font pas d’autres locuteurs. Il y
a mille façons de parler de politique.

A) Les dirigeants politiques

1) Discourir de politique

Evidence qui a tendance à être facilement oubliée dans notre société. La première fonction
sociale d’un responsable politique est de parler, et si possible de politique. Son outil premier
est sa langue, son langage. Souvent, beaucoup semblent regretter que les responsables
politiques ne fassent que parler, or c’est leur fonction originaire. Parler, c’est représenter =
rendre quelqu’un qui est absent présent, et faire exister, penser une société.

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Ex : Hollande passe son temps à faire des discours, à commémorer, à célébrer… C’est
80% de son temps (temps de préparation inclus). Quand on regarde le personnel politique
de l’Elysée, près de la moitié d’entre eux sont des plumes  payer pour préparer, écrire,
coécrire les discours. Les plumes ont elles-mêmes des sous-plumes qui ont elles-mêmes
des sous-sous-plumes. Cette activité démontre que la fonction première du responsable
politique est de parler, même s’il y a des prises de décision et des formes d’action.

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2) Quand dire c’est faire

Un discours politique en général n’est pas qu’un ensemble de mot, une parole. Dire la
politique, c’est souvent faire la politique. Contrairement aux apparences, parler c’est agir. En
linguistique, on appelle cela la dimension performative de la parole. Des discours politiques
ont une portée performative : les mots ont sous certaines conditions le pouvoir de changer les
choses. Il y a une performance que réalise la parole.
Dans la parole politique, il y a quelque chose de l’ordre de la prophétie auto-réalisante. Une
prophétie est une parole tenue et qui annonce l’arrivée d’un événement. Auto-réalisante
signifie qu’une prophétie participe à la magie sociale. Une bonne prophétie est bien dite. Ceux
qui l’entendent la croient si fort qu’ils se mettent déjà en position d’attendre cette prophétie et
la font ainsi advenir.
En fait, un bon discours politique est un discours performatif, il fait changer les choses,
fonctionne comme une prophétie auto-réalisante, c’est-à-dire qu’il finit par faire advenir ce
qu’il a annoncé.
Ex : Pendant les campagnes électorales présidentielles, les candidats en cours ont des slogans.
On peut regarder ces slogans comme des tentatives de prophéties auto-réalisantes.
- Hollande : « Le changement c’est maintenant »  beaucoup lui ont renvoyé son
slogan faute de changement
- Sarkozy : « Travailler plus pour gagner plus ». Certains ont pris ce slogan au mot.
Mais certains slogans n’ont pas été que des tentatives et ont fonctionné : la campagne de
Mitterrand était de « changer d’avis ».
Aussi, parole performative : appel de Charles De Gaulle à une France libre  ce discours
a marqué les esprits et très probablement, il a permis à des résistants à trouver le courage
et plus généralement à résister à l’oppression.
Comment changer le monde ? Non avec ses mains, mais avec la parole, car on change la
vision des gens par rapport au monde.
Sous condition : pour qu’une parole soit performative il ne suffit pas d’employer les bonnes
paroles au bon moment. Il faut être légitime ou encore les bons lieux. Il faut être entendu donc
nous accorder du crédit et donc bénéficier d’une légitimité, être dans un moment et un
contexte donner du poids à notre parole. Beaucoup de commentateurs ont dit que F. Hollande
avait trouvé la dimension présidentielle de son rôle après les attentats. Qu’est-ce qu’on entend
? Que F. Hollande avait du mal à être Président.
Condition sine qua none : il n’y a pas que les mots : bons moments, bons lieux… Le langage
c’est aussi la manière dont on parle de quelque chose, l’identité du locuteur, le contexte.
Aujourd’hui, une hypothèse est que la parole politique n’a plus les conditions de sa
performativité.
Ex : « Le mois de janvier c’est le mois des vœux des responsables politiques, qu’est ce que je
vais dire et ou ? » Vœux d’Hervé Morin dans sa cuisine.

3) Les entourages politiques

Les responsables politiques sont la plupart du temps entourés. A l’Assemblée Nationale,


jusqu’à cinq collaborateurs. En France, professionnels de la communication politique,
conseillers, et nombre non négligeables de proches parents. Les parlementaires ne peuvent pas
embaucher plus de 30% des membres de leur famille.
Ces entourages ont un rapport spécial à la politique ; ils ont pour mission de faire gagner un
élu, presque coûte que coûte. Ils écrivent des discours, provoquent l’élection ou la réélection,
faciliter les rapports entre élus et électeurs, ou élus et administrés. Ils accroissent l’aura de
l’élu, construisent son charisme.

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On peut dire que ces entourages utilisent de manière sinon cynique du moins stratégique une
multitude de connaissances sur la politique et parfois même de la science politique pour
améliorer la légitimité politique de leurs élus.

B) Les journalistes politiques

Trois caractéristiques dont les journalistes considèrent la politique.

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1) Le stratégisme

L’angle de vue principal par lequel les journalistes observent, commentent, racontent la
politique aujourd’hui, en France comme ailleurs, est évidemment principalement
stratégique/stratégiste. La grille de lecture la plus communément utilisée par ces derniers,
est ce que certains appellent le commentaire d’une course de petits chevaux. Ils cherchent
à savoir qui va gagner la prochaine élection, et aussi comment les uns et les autres
rivalisent les uns par rapport aux autres  Le jeu de la petite phrase « machin a dit ça »
qu’en pensez-vous ?
Ce stratégisme aboutit au fait que les citoyens croient que la vie politique n’est qu’affaire de
trophée, de compétition et que les politiques ne pensent qu’à leur réussite… Quand on veut
avoir une lecture anthropologique de la politique, on ne peut être qu’en désaccord avec cette
idée.
Il ne faut pas dissocier calcul, stratégie et conviction. Il n’y en a pas plus que dans la vie
familiale, amoureuse, professionnelle.
04/02/15
2) a rattraper

3) La question de la personnalisation de la vie politique

Peoplelisation = fait d’exposer dans l’espace politique certains fragments de la vie privée des
hommes politiques. Ce n’est pas complètement nouveau ; depuis longtemps, les gouvernants
ont des tendances à exposer certains aspects de leur vie personnelle à des fins politiques afin
en général de les montrer sous leurs meilleurs atouts. Néanmoins, cette exposition a tendance
à s’accroître du fait de la médiatisation croissante de la vie politique et de la création
relativement récente de la presse people. Cette bipolarisation semble arrivé ou dérivé de ce
comparé de la crise de la représentation, entre les représentés et les représentants. On est dans
un contexte de crise de la représentation et pour résoudre cette crise, responsables politiques
et spécialistes du marketing politique ont considéré qu’avoir un plan de communication dans
la presse people pouvait au moins partiellement résoudre cette crise. Les conseillers des
politiques se disent que les taux de représentations sont de plus en plus faible donc moins
d’élus (de moins en moins de gens qui votent) et on voit que ce sont ceux qui sont du milieu
populaire qui ne votent plus. Ils achètent en revanche en quantité la presse people.

Dans cette presse people on ne va pas parler d’idéologie de programme, on ne va pas statuer
sur la dette grecque, on va faire comme les chanteurs, chanteuses, faire un reportage pour
faire du sport. Le ministre des finances (il y a deux ans) Pierre Moscovici est maintenant
commissaire. Il se considérait en déficit dans son parti et a fait quelque chose d’assez
surprenant : il a présenté sa compagne et Canal+ a fait un reportage sur lui et sa femme. Ils
sont rentrés dans sa vie privée, dans sa chambre etc. Donc la bipolarisation c’est tout ça. Cette
bipolarisation n’est plus seulement dans la presse people.

C) Les profanes de la politique

Profane = simple pratiquant, plutôt éloigné du sacré contrairement au responsable politique.


C’est le laïc. Ils ont tendance à être relativement inintéressés par la politique.
Profane c’est un terme religieux, un pratiquant, un simple croyant qui est plutôt éloigné du
sacré. On utilise ça souvent pour parler des citoyens avec les responsables car ils ne viennent
pas de et pour la politique. Nous sommes des citoyens ordinaires : Sciences politiques, droit
etc. Les profanes ce sont les gens de tous les jours qui ont tendance à être relativement
indifférent à la politique. On est plus ou moins profane.

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1) Différence entre professionnels contre profanes

Intérêts diamétralement opposés entre les uns et les autres. Intérêt pour et intérêt à la politique
différents. Cela peut engendrer des incompréhensions. En effet, les profanes ont du mal à
comprendre que l’on puisse faire de la politique toute sa vie. Ils considèrent que la politique
est accessoire, que les enjeux sont dérisoires… Pour les politiques, les débats sont une
question de vie ou de mort.

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Quand on regarde sociologiquement on a affaire à deux mondes différents avec des intérêts
diamétralement opposés : intérêt à la politique notamment et qui peut constituer des formes
d’incompréhension voir d’ironie réciproque. Moscovici a déclaré à la presse qu’il vivait pour
la politique. Il était complètement dévoué à la politique, surement sa première nature, bref il
l’a jusqu’au bout des ongles. Après sa défaite aux élections politiques, il a dit qu’il arrêtait la
politique.

Les profanes toujours de l’extérieur peuvent trouver ces responsables politiques, ils le peuvent
car ils sont éloignés et n’arrivent pas à comprendre sociologiquement, psychologiquement le
fait de vivre à vie de la politique. A priori, il y a des mondes éloignés entre profane et
professionnel. Les profanes vont dire que la politique n’est qu’accessoire. Quand il voit deux
policiers débattent, c’est une relation stupide, les enjeux sont dérisoires. C’est classique quand
on est éloigné de la politique, et on est face à des gens pris dans cette lutte interne.

2) L’intérêt des profanes pour la politique

Des enquêtes sociologiques convergent toutes vers les même résultats : les citoyens sont
faiblement intéressés par la politique. Ce désintérêt se voit de différentes façons :
- Le taux de participation est décroissant
- La plupart des enquêtes révèlent globalement que seulement 25 à 30% des personnes
interrogées se déclarent intéressées ou très intéressées par la politique
- Peu de gens parlent fréquemment de politique (à table, avec des amis, au travail etc.)

3) L’ésotérisme de la politique

La vie politique apparaît comme ésotérique dans le sens où les enjeux politiques semblent
compliqués et difficiles d’accès. Ex : les mots sont théoriques, analogues. Le manque de
compréhension va souvent de pair avec le désintérêt.

Dans le sens où les enjeux, paroles politiques semblent plus ou moins compliqués. Si on n’est
pas étudiant de science politique c’est compliqué. Des mots assez théoriques. Un mot
fréquemment dit n’est pas forcement compris par tout le monde en politique. Un discours
assez analogue, un stock de mot et de notion enseigné à l’université. Donc voilà pourquoi les
non citoyens disent que la politique ça ne les préoccupe pas tous les jours et trouvent ça
ennuyeux.

Laurent Ruquier associe le particulier qui est normalien et l’énarque ; il essaye de parler
comme un politicien. Il voudrait une parole compréhensive pour éviter un discours
d’ésotérisme.

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Chapitre 1
La politique dans la tribu Eléments
d’anthropologie politique

Anthropologie politique = sociologie politique. Historiquement, dans la tradition académique,


l’anthropologie s’est principalement intéressée aux sociétés occidentales, primitives
(colonialistes), exotiques, non différenciées (petites communautés humaines qui paraissaient
échapper aux modes de vie généraux des sociétés du XIXème et XXème siècle).
Idée de se défaire de ses habitudes, de ce qui nous paraît évident. Comment d’autres sociétés
s’organisent ? Quid de la politique ? Comment se construit-elle, s’organise-t-elle ailleurs ?
La politique est différente selon les sociétés, elle est spécifique à chaque société.
Frederick Bailey : Règles du jeu politique, qui porte sur les pachtounes (minorité qui se trouve
principalement en Afghanistan). Le chef, enturbanné, maculé de blanc, a le pouvoir de faire
stopper les conflits en sifflant. Son autorité est presque magique. Personne ne s’y oppose.
Cela donne une idée du rôle de chef. « Un chef c’est quelqu’un qui sait cheffer » Chirac,
quand il était président du RPR (Rassemblement Pour la République). Le chef est doté
d’autorité et d’un pouvoir de coercition (monopole de la violence légitime).

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Anthropologie souvent considérée comme l’antidote de l’ethnocentrisme = fait de s’identifier


par sa langue, ses manières de vivre, son faciès, etc. à une communauté dont on a assimilé les
valeurs. C’est la tendance par conséquent à rejeter, critiquer, ou dévaloriser ceux différents de
nous et de notre communauté. Ex : la découverte par les espagnols de l’Amérique et leur refus
de considérer les indiens comme des hommes.
L’anthropologie politique est aussi ce qui permet de comparer, de relativiser les différentes
façons dont les sociétés s’organisent politiquement.

§1 : Des sociétés sans chef

A) Eléments d’anthropologie politique

Plusieurs postulats, hypothèses fortes. L’anthropologie politique s’intéresse aux relations de


pouvoir dans les différentes communautés humaines. S’intéresser aux pouvoirs = s’intéresser
aux modes de régulation, de fonctionnement et de structuration d’une société donnée.
Il existe des sociétés non seulement sans chef, mais aussi sans organisations autres que
familiales. Ex : certaines tribus esquimaudes de l’Amérique du Nord. Politique familiale
inscrite dans les mœurs et les traditions. L’anthropologie peut aussi bien s’intéresser à ce qui
est expressément politique (chef, organisation) qu’à ce qui ne l’est pas.

Beaucoup des travaux d’anthropologie indiquent la force, le poids des sociétés sur les
individus. Un certain nombre d’anthropologues rappellent que la plupart des gens sont
façonnés à la forme de leur culture, qu’ils sont plastiques (malléables) à la forme
modélisatrice de la société dans laquelle ils sont nés.

Les anthropologues s’intéressent beaucoup à la « priméducation » (comment on élève,


comment on socialise les enfants, quelles sont les différentes institutions qui définissent
la culture d’une société). Abraham KARDINER  le complexe d’Œdipe n’existe pas
partout : dans une société, les enfants étaient élevés collectivement par les pères.

B) Les nuers : anthropologie d’un peuple nilotique

Tribu qui a disparu mais qui dans les années 50-60 se retrouvait plutôt au Soudan. Elle se
déplaçait au gré des saisons et des besoins. C’est un peuple qui a été étudié par un
anthropologue britannique, Sir Evans Pritchard à la fin des années 30 (tout début de
l’anthropologie). Peuple plutôt agoniste, belliqueux, conflictuel. Quand on est étranger, on
commet des faux pas et on peut ainsi indigner, injurier le peuple étudié.
Les nuers est un ouvrage très important dans l’anthropologie générale et politique. Ils ont un
mode d’organisation très différent du nôtre.
- Lignage, filiation, parenté : ils sont agnatiques = les personnes tirent leur filiation d’un
ancêtre commun par les mâles exclusivement.
- Clans, considérés comme des associations, des unités domestiques. Au sein des clans, règle
de l’exogamie = fait de s’allier, s’unir conjugalement, matrimonialement avec quelqu’un d’un
autre lignage que le sien.
- Echange qui précède une union  les femmes et leur dot (en général des vaches).
L’affaire est de la plus haute importance, il y a des enjeux politiques car une union vient
sceller une union entre lignages. Les vaches sont des êtres sacrés car les Nuers leur
donnent des prénoms. Les vaches sont des richesses de la plus haute valeur car elles
durent longtemps, elles se reproduisent, elles circulent… Les Nuers étant un peuple de
pasteurs (ils voyagent), elles sont un moyen de subsistance.

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- Stratégie de résidence. Stratification de classes d’âges. Différentes générations


constituent la société des nuers. Le passage d’une classe d’âge à l’autre se fait par des
rites de passage, de même que l’entrée dans une famille. (Parallèle avec notre société :
avoir le permis ou le bac était comme un rite de passage  entrée dans le monde des
adultes).
- Il y a souvent des vols entre clans adverses. Mais cela est compensé par la vendetta = un
mode déterminé et régulé des règlements de compte. Quand il y a vol, le clan aisé va aller
dans le clan jugé

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ennemi pour chercher à compenser ce dont on l’a privé. C’est une vengeance qui vise à
annuler une dette. On ne tue pas des innocents, on essaye de se venger de manière morale.

C) Le chef à peau de léopard

Chez les nuers, il y a un homme que l’on peut appeler le chef à peau de léopard et qui est une
institution à lui seul. Il a une tradition, une descendance de chef à peau de léopard. Mais il n’a
pas de rôle spécifique de gouvernant des nuers. C’est un être à part, qui vit sous une tente ; on
lui prête non pas des pouvoirs religieux ou magiques, mais c’est un sage que l’on peut venir
consulter si on le souhaite. Il dispose d’une sorte d’aura qui n’est pas excessive. En revanche,
il peut intervenir quand une vendetta ne trouve pas d’issue. Il peut alors devenir ce qu’on
appelle un médiateur, pour faciliter la sortie, la fin du conflit. C’est un pacificateur, un faiseur
de paix, mais il ne l’ordonne pas. Dans sa tente, il est interdit de tuer. Il peut également
maudire ou absoudre les incestes.
On dit que les nuers sont un peuple acéphale = privé de dettes, c’est-à-dire pas de chef
exécutif qui dirige la conscience, tient des discours.
Nos sociétés aiment s’assurer qu’il y a à leur tête un chef.

§2 : Des sociétés sans Etat

A) Les guayakis ou l’économie du don

Société autochtone indifférenciée amérindienne. Découverte par Pierre Clastres,


contemporain de Lévi-Strauss, il a écrit La société contre l’Etat, ouvrage sur les Guayaki du
Paraguay. Clastres va se pencher sur l’organisation générale des Guayaki.
- C’est une société holiste = le fonctionnement général du groupe prime sur l’existence de
chaque individu. Chacun à un rôle prédéfini.
- Cette société est fondée sur une économie générale du don = la règle n’est pas
l’accumulation ≠ capitalisme, mais la circulation d’échanges. La grammaire centrale des
échanges est le système don contre don. Ex : Le meilleur des chasseurs est le plus pauvre des
hommes si l’on peut dire que c’est celui qui donne le plus. Tout est partagé entre tous. Cette
économie de don est une économie politique.
- Règle de la polygamie double  polyandrie (plusieurs maris), polygynie (plusieurs
femmes). Il y a en général plus de polyandrie. Exception : le chef est un homme et a
plusieurs femmes.
11/02/15
B) Un chef condamné à parler

C’est un compteur, il descend de famille de parler. Il doit raconter et incarner ce qu’il raconte.
Ce « pauvre homme » est rarement écouté, on sait qu’il parle, racontant plus ou moins des
histoires mais on ne s’en souvient pas précisément. Quelqu’un dont on ne prête pas beaucoup
d’importance, mais s’il s’arrête de parler on lui rappelle qu’il doit parler. Ses discours ne sont
pas performatifs, il ne tient pas des discours politiques, mais pour circuler la parole. Cet
homme qui pourrait apparaitre comme un homme de pouvoir est le plus pauvre de tous les
hommes. Il est néanmoins le plus pauvre matériellement, car il est le seul homme des Guayaki
à avoir une seule femme tandis que ces compères Guayaki ont une deuxième, troisième
femme. C’est celui qui va se déposséder le plus homme ou femme des Guayaki.
Dans ces textes que personnes n’écoutent il y a un objectif : rappeler, parler de chose qui
apaise. Ce n’est pas quelqu’un qui va appeler à la mobilisation, la guerre etc. Il doit apaiser
les mœurs, les consciences, qui réjouissent femme et homme qui veulent bien l’écouter. C’est

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un locuteur faiseur de paix, il a un point avec le chef à peau de léopard qui n’est qu’autre
qu’un chef pacificateur. Il se peut qu’il endosse le chef de guerre.

C) La société contre le pouvoir

Tout dans l’organisation politique est principalement mis à distance le pouvoir sur les choses,
sur les hommes. Les Guayaki ont banni sans y réfléchir l’appât des gains matériels et
symboliques.

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Pour Clastres, les Guayaki est une société absolument démocratique car par son organisation,
sa structuration, ils n’avaient eu besoin ni d’autorité ni de l’Etat.

La question était de savoir si les Guayaki étaient élevés contre l’idée d’une organisation qu’on
connait qu’est l’Etat. La Thèse de Clastres était pour dire que tout dans l’organisation
politique et principalement inintentionnellement mais met à distance le pouvoir sur les choses,
le pouvoir sur les Hommes. Qui peut dire que tel ou tel groupe, membre, a davantage le
pouvoir que les autres sur le pouvoir politique. Tout dans la société Guayaki met à distance
l’envie d’exercer le pouvoir. Ils ont conjuré l’appât du pouvoir, ont mis des cadres de pensées
l’appât des biens ainsi que symbolique des traits politiques. Par l’économie générale toute
espèce d’autorité, est exclue.

Pierre Clastres avait dit que les Guayaki avaient quelque chose d’absolument démocratique,
en disant qu’il n’ont pas quelque chose de plus « démocratique ». Car c’est une société qui
parle de sa structuration, de son organisation. Ils n’ont pas besoin d’une institution ayant
besoin le monopole de la violence physique.
Clastres est un intellectuel centriste, il considérait cette société comme étant tendue vers le
combat contre la société, car son fonctionnement écarte toute possibilité d’institutionnaliser
les instances de coercitions.

A retenir :
La comparaison ne doit pas venir à hiérarchiser. Les intérêts de comparaison. C’est grâce à ce
type d’anthropologie, beaucoup plus qu’en pratiquant la vie politique qu’on comprend le
pouvoir et la nécessité de son pouvoir politique. Cela permet d’avoir de belle réflexion grâce à
l’anthropologie.

§3 : Politique et société

A) Economie et politique

Economie : ensemble des biens qui circulent dans une société.


Le détour par l’anthropologie a permis de comprendre quel lien il peut y avoir entre
l’économie générale d’une société et un système politique.
Ce n’est pas parce qu’une économie est très marchande que le pouvoir politique sera fort.
Ex : En France, économie marchande où de plus en plus de choses se payent mais le pouvoir
politique ne transpose pas telle quelle cette économie.
Marx a cherché à montrer qu’il y avait un lien entre l’infrastructure (rapports de production) et
la suprastructure (idéologie) d’une société.
Max Weber montre dans l’un de son ouvrage L’éthique protestante et capitaliste qu’il y a un
lien entre la politique et l’économie.

B) Les formes sociales du politique

Le détour par l’anthropologie a ce mérite de donner une définition possible du politique et de la


politique.
Il n’y a pas qu’une façon d’organiser le pouvoir, la souveraineté…
Le politique peut prendre des formes très différentes. Les formes que peut revêtir le
politique dans une société donnée sont plastiques, tributaires, elles s’ajustent aux formes
générales qu’ont les sociétés. Philippe Descola, anthropologue, a étudié les Achuar. Dans
cette société, il n’y a pas vraiment de pouvoir politique. Il a réalisé que les Achuar sont
animistes, c’est-à-dire qu’ils prêtent une âme à des choses, des animaux, des végétaux. Il
n’y a donc pas de distinction, d’opposition entre nature et culture. Les Achuar ne

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s’opposent pas à la nature ; tout se passe comme s’ils faisaient partie de la nature. Ex :
Sentiment de familiarité avec les animaux. Les plantes ont l’équivalent d’un statut
d’enfant, et cela les oblige à être très vigilants, pour que la croissance de la végétation ne
soit pas entravée. Le politique est dans les plantes et les animaux, tel que les Achuar
pensent le lien avec eux. Aujourd’hui débats sur le statut de l’animal  peut-on faire des
greffes d’organes d’origine animale sur les hommes ?

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C) Comparer les sociétés

Il n’y a pas de science politique, de réflexion sur le pouvoir politique possible sans
comparaison, sans anthropologie. C’est parce que l’on voit comment s’organisent les autres
que l’on peut comprendre comment l’on s’organise soi-même. Il n’y a jamais d’analyse
d’étude sans comparaison. On peut mieux comprendre où se loge le politique, comment il se
déploie…

Chapitre 2
L’invention de la politique

Durkheim : « L’inconscient c’est l’Histoire. »  L’histoire du passé vient se loger dans


notre inconscient. Cela voulait dire que l’histoire du passé, ce qui c’est passé vient se
loger dans notre inconscient inévitablement ou dans notre conscience, tout ce qu’on veut.
George Devereux, anthropologue qui s’est passionné pour la psychanalyse. Il a beaucoup
étudié les indiens d’Amérique et a écrit un livre qui raconte la rencontre entre lui et un fils
d’indien des plaines appartenant à la tribu des « Blackfoot ».
Durkheim a également étudié l’évolution de l’éducation depuis le moyen Age. Il retrouve
l’origine de la tripartition (plans en trois parties) dans la religion. Est enseignée la scolastique,
faite pour structurer les esprits, pour enseigner Dieu et renforcer la croyance en Dieu. Elle
s’organisait toujours avec des modes de pensée tripartite qui renvoyaient à la trinité (père, fils
et saint esprit).
Il y a 3 périodes politiques historiques (pas de continuité chronologique).
18/02/15
Section 1 : L’invention de la démocratie

A) Athènes au VIème siècle avant notre ère

La cité athénienne est une petite cité et la définition de la citoyenneté qui la caractérise est
restrictive. Est citoyen athénien l’homme uniquement, né de père athénien (droit du sang) qui
a suivi l’éphébie (école militaire et intellectuelle). Tout ce qui sort de cette catégorie est exclu
de la démocratie quotidienne grecque : les femmes, les métèques, les esclaves… La Grèce
invente donc un modèle restrictif de la démocratie, avec plusieurs mécanismes : tirage au sort,
rotation, misthophorie.
Un certain nombre de mécanismes ont pu contrarier ce modèle :
- C’est un système qui n’était pas exempt de clientélisme (= marchandage de voix, système très
rusé).
- Importance, influence des grandes familles aristocratiques qui dominent encore la politique.
La domination n’est pas forcément de la tyrannie mais peut être le fait d’imposer son point de
vue général sur la politique, des règles et des coutumes qui les placent du côté du bon goût,
des bons sentiments et de la bonne civilité politique. Domination politique = imposition de sa
vision du monde.

On est en Grèce, l’âge de Bronze, période VIII – Ième siècle avant J-C.
Le long de la mer Egée, d’un point de vue socio-politique on n’a pas à faire à un peuple à
proprement parler. Les grecs sous cet air avaient un sentiment d’appartenance, car il parlait la
même langue, il pratiquait les mêmes jeux du corps et de l’esprit. Ils honoraient les mêmes
Dieux. Chaque cité est autonome, et certaines cités en conflit les unes contres les autres,
conflit entre cités grecques. Parmi ces cités, la Grèce n’est pas un Etat mais une civilisation, il
y a la cité d’Athènes. C’est de cette cité dont nous parlerons, pour deux raisons principales :

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- Nous croyons qu’Athènes a créé un système politique qui marque encore nos esprits.
- Les traces archéologiques viennent principalement d’Athènes.
Au VIII -VIIème siècle avant notre ère, comment fonctionne Athènes ?

Anthropologie de la famille, un système aristocratique :


Athènes est tenu par de grande famille, puis des conflits vint et Athènes est protégé par un
roi. Ce n’est pas un pouvoir absolu, il va trouver des contre pouvoirs en face de lui.
L’un des premiers conseils qui vient contre balancer le pouvoir royal, c’est le système
aristocratique

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Ce conseil siégera sur la colline de l’aréopage. Entre ce pouvoir royal, ce système


Aristocratique, des paysans, beaucoup et libre (il y avait des esclaves, barbares, étrangers). Des
paysans assez aisés pour acquérir une panoplie (armure qui donne le droit de se battre et
d’avoir recourt à la force militaire). Donc une certaine classe avec une société faiblement
bureaucratisée, et une institution qui prône la justice au moyen de la vendetta.

Une transformation économique et démographique va s’épaissir, et même s’enrichir. En fait,


c’est parce que cette classe sociale va connaitre une transformation économique. Elle va voir
ces normes politiques comme peu à peu menacées, contestées. Une montée d’une classe, celle
de la paysannerie, va réclamer des droits politiques, et certaine richesse. Ces premiers
mouvements vont mettre un certains nombres de réformes ; on va lever le fardeau.
C’est au Vème siècle avant notre ère qu’un aristocrate, Solon, qui va tenter de satisfaire cette
paysannerie. Il fit une première chose qui va faire édicter un droit pour tous. Parallèlement à
cet aréopage, Solon veut miniaturiser son Aréopage. Il va aussi créer un conseil qui va être le
contre poids de l’aréopage qui est la boulé avec au début 400 membres puis 500.
Après Solon, on va avoir un autre personnage important, Clisthène, qui arrive vers 508 avec J-
C, il s’appuie sur une légitimité populaire qui lui permet d’accéder au pouvoir.
D’abord Clisthène va entamer une première réforme d’abord territoriale au sein de la cité
d’Athènes, il redécoupe Athènes en 10 entités, en 10 tribus, et il va chercher à donner à ces
entités une place dans la géographie générale d’Athènes.

Il va essayer de donner à chacune de ces identités une langue. Il va tenir compte des identités
déjà existantes avant de les couper et de les modifier. Il attribue à chacune des tribus 10-50
sièges ; il va chercher à représenter ces tribus qui vont constituer la Boulé ainsi réformée. Il va
faire en sorte que cette Boulé devienne l’organe politique en Grèce. Ce qui est important c’est
que par cette réforme il change tout et modifie une représentation des uns et des autres dans le
jeu politique, il va essayer d’instaurer une égalité.

Périclès accentue ce pouvoir donner au démos (=peuple) ; il va mettre en place ce qu’on


appelle la Misthophorie = une rétribution, une indemnité qu’on accorde à ceux qui sont en
tache d’une fonction publique ou politique. Mesure très importante, car elle va permettre aux
plus pauvres de se consacrer à une tâche politique, et abandonner leur travail. On leur paie
leur renonciation au travail.
En accentuant cette démocratie, on modifie aussi l’Etat des conflits qui voit le jour à Athènes ;
ce ne sont plus des conflits inter-aristocratiques mais de tribus. Ce qui s’invente aussi c’est le
discours politique, le registre.
C’est parce que s’invente le discours politique que s’invente la rhétorique. Pourquoi ? Pour
des raisons logiques à partir du moment où se crée une assemblée, la Boulé, on ne peut parler
que de politique. On a que le discours à propos de la politique pour performer, convaincre et
imposer. Donc la rhétorique c’est la technique de discours.

B) Une communauté de citoyen

Au sein de cette Boulé, il va y avoir des règles, des votes. C’est à cette période là que va
s’inventer un vote d’opinion. Ce vote va fonder l’égalité des opinions de chacun. Ils vont
poser que toutes les opinions se valent juridiquement. Des gens dont les opinions sont
structurellement égales. Donc c’est là où on invente l’équivalence absolue entre tous les
électeurs. C’est parce que les opinions enfin se valent qu’elles deviennent une unité de compte
de voix. C’est parce qu’il y a cette unité structurelle et juridique qu’on peut les additionner et
les trancher. C’est parce qu’on a faire à une politique d’égaux qu’on peut compter. Si on ne
considère pas que les gens sont égaux on ne peut pas voter. C’est l’invention d’un système
politique, mais aussi l’invention de tout un tas de règle : la politique, l’opinion …

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On édicte la règle de la rotation systématique, et accélérée des titulaires de fonctions


publiques et donc politique. Cette règle est rendue possible par ce principe d’égalité et vise à
faire participer un maximum de citoyen.

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On considère qu’à Athènes il y a 40 000 habitants, avec une espérance de vie de 40 ans. Donc
la probabilité était maximale qu’on exerce au moins une fonction dans ce système. Voilà
pourquoi se justifie logiquement le tirage au sort qui était pratique. Un système qui utilise le
sort car il a comme règle la rotation systématique. Il ne faut pas penser tirage au sort sur tout le
système. Pourquoi confier au hasard la désignation de tel ou tel représentant d’Athènes ? Parce
qu’il y a cette participation continue, accélérée et rotative de la fonction publique.

C) Le sort et la rotation des postes

Ne pas idéaliser en soit ce système, rappeler que c’est sans doute un système qui empêche de
s’accaparer le pouvoir et cherche à mettre à distance le monopole de jouissance du pouvoir
pour soit, pour son existence. C’est un système qui ne cesse d’alterner les postes de
gouvernements. Cela signifie très précisément que si on est amené à prendre une décision, ou
à voter une loi, qu’on n’a pas seulement à la faire appliquer aux autres, mais aussi à nous
mêmes en tant que gouvernant plus tard. Mieux vaut tôt que tard. On peut dire autrement que
ce qui comme en un jour avait tant à obéir à la règle énoncée quelque temps plus tard. Le
gouvernant sera être gouvernant un jour et sera gouverner le lendemain. C’est un système qui
se défie sans arrêt des risques de tout professionnalisme.

§2 : L’invention de l’Etat

L’invention est un élément qui nous structure.


Omniprésence de l’Etat dans les sociétés et dans les psychologies humaines.
Etat = celui qui a la violence physique légitime, celui qui a des administrations qui mettent en
œuvre des politiques choisies par le législateur.
L’Etat est aussi le monopole de la plupart des catégories de pensée, d’évaluation légitime de
la société, qui va objectiver les connaissances, donner un diplôme qui sera reconnu…
Sorte de « banque centrale symbolique ».
Ex : monopole de la langue légitime, de la médecine légale (les médecins appuient sur nous
des catégories d’analyse qui ont été validées par l’Etat).

A) Transformations économiques et apparition des démocraties en Europe

Beaucoup d’historiens considèrent que l’apparition de l’Etat en Europe a été largement


dépendante de transformations économiques autour du 14 ème, 15ème et 16ème siècle :
développement de l’économie marchande, nécessité du développement de la bureaucratie.
Le capitalisme est donc partiellement à l’origine de la création de l’Etat. Il se développe au
nord de l’Europe (en Angleterre, dans les provinces unies (Pays-Bas), dans les Flandres et la
France septentrionale). Dans cette zone-là, développement des échanges, intensification de la
production, augmentation de la circulation des marchandises et de la main d’œuvre. On voit
même naître l’industrialisation. Selon certains historiens se développe une économie-monde
avec un centre (où se concentrent les capitaux, les marchands) et des périphéries (ex : la
Russie, le sud de l’Europe, qui fournit à cette économie-monde des matières premières). Pour
qu’elle fonctionne, il y a la nécessité d’édifier un type d’organisation politique et
bureaucratique, administratif. Il faut pouvoir battre- monnaie, avoir des banques relativement
sûres (constitution de bourses d’échange pour financer les entreprises industrielles) et un
minimum de confiance vis-à-vis des institutions.

L’Europe va se développer avec 2 types d’organisation politique et administrative :

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 Dans les pays du centre, des gouvernements forts et centralisateurs


bureaucratiquement parlant : institutions diversifiées, bureaucratie puissante, modes
d’action importants, notamment armée suffisamment importante pour faire régner
l’ordre sur terre et mer.

 Dans les pays de la périphérie : Etats faibles et très peu centralisateurs. Dans ces lieux
d’extraction et de production des matières premières, formes de dominations
traditionnelles qui règnent : aristocratie, féodalité…
Peu à peu, une dissociation s’opère. Les pays forts vont aller vers des systèmes politiques plus
ouverts (démocratie), tandis que pour les pays faibles, ce sont des systèmes politiques
globalement coercitifs, avec une forme de domination traditionnelle.

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Ces organisations ont des conséquences diverses et variées.


Changement de la composition des classes sociales :
Développement d’une bourgeoisie marchande et commerciale, des classes de travailleurs et de
prolétaires. Ce sont des catégories de la population que l’Etat va chercher à discipliner,
contrôler encadrer par des administrations, des forces de l’ordre… Mais l’économie n’a pas
tout engendré.

B) Le religieux et le politique

Pour beaucoup de spécialistes, l’apparition de l’Etat occidental, moderne, consacre la


dissociation de 2 ordres de pensée et d’activité jadis complètement entremêlés : le politique et
le religieux.
Certains pensent que le christianisme malgré lui a développé le pouvoir temporel qui s’oppose
peu à peu au pouvoir religieux. Ce pouvoir temporel se renforce avec la construction d’Etats,
de territoires… Accentuation de la dissociation entre spirituel et temporel.
Parallèlement au XIIIème siècle, un moine professant à la Sorbonne appelé Thomas d’Aquin
va élaborer la ferme distinction entre le politique et le religieux, et ainsi rationnaliser ce qui
est en train de se passer sous ses yeux. L’homme en tant que membre de la chrétienté relève du
pouvoir spirituel qui prend forme dans l’Eglise, mais en tant qu’être social, l’homme est
membre de l’humanité et par conséquent, il relève en cas des souverains temporels. Thomas
d’Aquin pense que le politique doit réaliser sur terre le bien commun dont doivent bénéficier
tous les membres de l’humanité. La chose publique (res publica) est un espace autonome qui a
ses propres lois. Cette conceptualisation se réalise dans les faits : les rois, empereurs et autres
détenteurs de pouvoir temporel vont développer leur autonomie politique et juridique. Ils vont
s’entourer d’un corps de spécialistes qui lui-même est en voie de constitution et qui
aujourd’hui occupe une place très importante : les légistes, la plupart du temps religieux. Ces
légistes vont utiliser le droit romain pour le retourner contre Rome, afin d’autonomiser le
pouvoir temporel du pouvoir religieux. Ils vont inventer la dissociation de la personne
publique et de la personne privée, la notion d’intérêt général, la catégorie de nécessité que
l’on nommera plus tard utilité publique, la notion d’universitas = personnalité morale, la
notion de fisc qui sera principalement traduite dans la formule « trésor public », la notion
d’officium qui désignera la fonction publique etc. L’institutionnalisation d’Etat résulte donc
aussi d’une révolution juridique.

C) La dynamique de l’Occident

Norbert Elias (1897-1990), historien allemand.


Ouvrages : La dynamique de l’Occident et La civilisation des mœurs.

1) Ordre géopolitique

Epoque carolingienne : sociétés et territoires éclatés, atomisés.


Le pouvoir carolingien a pris pour habitude d’exiger de tous ceux qui exercent l’autorité en
son nom qu’ils deviennent vassaux en s’engageant solennellement en signant un contrat
vassalique. Par ce système, un dense réseau de dévouement va se mettre en place, mais il va
générer des formes d’autonomisation, de contestation, de fractionnement.
Ce système va arriver à bout de souffle et provoquer l’éclatement de l’Europe occidentale. Il
va entraîner l’affaiblissement de l’autorité royale et l’Europe va devenir un lieu de féodalité =
une multitude de fiefs.
Il faudra attendre le XIIème siècle pour voir une autorité monarchique se relever. La France
va alors être dominée par des grandes familles royales comme les capétiens. Il y a environ 16

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grandes maisons royales. Au XIVème siècle il n’y a en plus que 5 qui se disputent
l’hégémonie du territoire français. Ces luttes entre maisons jouent dans le sens de la
constitution progressive de l’Etat, de la centralisation gouvernementale (force armée, droit de
juger, de légiférer, de lever des impôts, battre-monnaie etc.). Pour Norbert Elias, ces
mouvements de concentration, cette dynamique de l’Occident va avoir pour principal fait de
placer progressivement la violence dans les seules mains du roi. Qui dit monopole de la
violence physique légitime dit transformation profonde des mœurs.
On a par conséquent une profonde transformation des affects des individus qui relèvent de ces
espaces politiques là.

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2) Ordre psychosociologique

Les affects = relève du sentimental, de l’affectif…


Petit à petit on rentre dans des sociétés où l’on se fait de moins en moins justice soi-même.
Une des premières conséquences est que les luttes des individus ne se font plus autour de la
maîtrise d’un territoire, de règlements interpersonnels, mais autour de l’accès et de la
disposition de l’appareil administratif, de la répartition de ses charges et de ses fonctions, et
des profits de l’Etat.
Avant, un certain nombre de luttes très violentes physiquement tournaient autour de questions
de territoire. A partir du moment où une famille royale a eu le monopole, les luttes deviennent
sociales. Aujourd’hui, le sens de nos luttes politique est peu près le même. Il y a donc eu une
éradication de la violence physique au profit de la compétition politique. Par ailleurs, cette
dernière est de moins en moins violente.

Dans la civilisation des mœurs, Norbert Elias dit que dans le monopole, on voit apparaître un
nouveau sujet qu’on pourrait qualifier philosophiquement parlant de libéral : il se verra doté
d’une personnalité très forte, qui le conduit à mettre en avant sa souveraineté personnelle plus
qu’auparavant, et pourquoi pas à présenter une forte réflexivité = conscience forte de soi-
même.
Pour Elias, la dynamique de l’Occident a enfanté des sujets et des individus. La construction
de l’Etat a changé la civilisation, et surtout du côté du sujet. Un certain nombre de faits
historiques étayent la thèse de Elias. Il constate que petit à petit, dans l’ordre occidental, les
individus commencent à chercher, à exercer un contrôle d’eux-mêmes, à se maîtriser, se
disciplinariser = maîtriser ses pulsions. A partir de la Renaissance, il semble que les individus
cherchent à masquer tout ce qui les qualifie de vulgaire et d’animal. Toutes les manières de se
tenir à table vont faire l’objet de prescriptions. Sorte de pudeur = fait de vouloir réserver dans
des lieux et moments spécifiques ce qui relève de l’intimité.
Ex : on interdit de plus en plus la nudité. Cela engendre également le sentiment de honte.

§3 : La révolution française

Les questions politiques de la Révolution française ne sont pas résolues à ce


jour. Ex : Se pose à l’époque la question de l’égalité, qui est toujours
d’actualité.

A) Une révolution depuis longtemps en marche

La Révolution française va voir Louis XVI mis au banc des accusés, des responsables
politiques qu’il faut éliminer. Or il a des responsabilités mais pas toute la responsabilité. Il a
été incapable de réformer la France et ses administrations, d’engager des réformes judiciaires,
il a échoué à rétablir une économie stable. Ce roi avait une mauvaise image dans l’opinion, sa
femme également. Elle apparaissait folle, infidèle, corrompue et plus réactionnaire que son
mari. Certains historiens ont dit que ce couple royal a sans doute été l’un des premiers couples
à faire l’objet de rumeurs et des pires accusations publiques. Ex : dessins humoristiques
représentant le couple dans des positions pornographiques.
Il y a une crise économique, sociale entre les classes : bourgeoisie montante, le tiers-Etat
prend de l’ampleur tandis que l’aristocratie décline. De plus, philosophes des Lumières qui
accentuent la demande sociale d’égalité et de liberté. Finalement c’est une société plus
critique, contestataire, plus lucide sur elle-même.

B) La poussée parlementaire

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En 1789, problèmes de réforme, d’impôts, budgétaire. Louis XVI va recourir à la


formation des Etats généraux. C’est un outil politique qui révèle une faiblesse politique
du pouvoir en place. Sous le coup de pressions populaires, le roi va accepter de
recomposer ses Etats généraux (pendant un temps, l’aristocratie est surreprésentée) : il va
accepter de doubler le nombre de représentants du tiers-Etat. Il va y avoir des conflits
concernant le mode de vote. Louis XVI va refuser le principe d’un homme = une voix et
préférer le vote par ordre. C’est là où le rôle des représentants du tiers état va être
fondateur car ils vont petit à petit poser le principe qu’ils sont les représentants du peuple
 essai de

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transférer la légitimité. Dans un premier temps ils se disent les représentants de la


commune, ils font un travail politique pour se dire représentants de la Nation. Le 17 juin,
ils se proclament assemblée nationale. Le 20 juin, serment du jeu de paume. Ce serment
est un coup de force symbolique payant car ils vont imposer l’AN comme nouvelle
institution de l’univers politique. Le 7 juin, l’AN se déclare constituante  volonté de
s’organiser politiquement. Le pouvoir du roi est donc doublé par cette AN. On passe
d’une légitimité de droit divin de type religieux à une légitimité populaire. Le pouvoir
politique est toujours un pouvoir qui chercher à démontrer sa légitimité.

C) Des révolutions

Juillet 1789 : prise de la Bastille par une foule parisienne, symbole de la prise d’une
institution royale, lieu d’arbitraire. Certains l’ont pris comme un soutien du peuple envers
l’AN.
D’autres lieux de pouvoirs vont aussi être pris en province : châteaux par exemple.
4 août : nuit de l’abolition des privilèges  proclamation de l’égalité fiscale entre les
ordres, abolition des droits seigneuriaux…
26 août : DDHC où le citoyen est assimilé à l’être suprême qui se voit enfin reconnu
également. Ces transformations politiques, juridiques, sociales aboutissent à une politisation
de la société française. Apparaît le clivage droite (monarchie)/gauche (bourgeoisie). On
s’identifie à la révolution. Pratiques culturelles marquantes : chansons à caractère politique…
On va exposer, conserver un certain nombre de biens pour consacrer ou contester un régime.
La structure politique change, le mode de représentation change, apparition de l’opinion
politique. La presse est un acteur clé. A l’origine, la presse est politique, elle s’est ensuite
généralisée.
1789 : invention du peuple, de la Nation, et réinvention de la politique qui peut s’infuser dans
une société (politisation).

Chapitre 3
Le pouvoir politique

§1 : Du pouvoir au pouvoir politique

Dans le langage de tous les jours l’expression pouvoir est très fréquente sans trop définir les
termes et caractéristiques. Parfois ce terme est utilisé avec beaucoup d’approximation.

A) Dimension relationnelle du pouvoir

En sociologie politique, ce que l’on veut rappeler au sujet du pouvoir c’est que le pouvoir est
relationnel. Il n’y a pas de pouvoir qui ne soit pas relationnel. Le pouvoir n’existe jamais en
soi, il ressort toujours de relation entre individus. Par nature, nul n’est doté de pouvoir, par
contre on peut avoir du pouvoir sur quelqu’un ; le pouvoir n’est jamais intrinsèque.
Le pouvoir est toujours le pouvoir d’une personne sur une autre dans une relation donnée. Le
pouvoir n’est pas palpable, il ne s’inscrit pas dans la qualité d’un individu. Il n’y a rien de
substantiel dans le pouvoir, il n’y a que du relationnel. Quand on regarde ça de façon
sociologique : le pouvoir des uns n’est que le pouvoir que les autres veulent bien lui attribuer.
Cela signifie qu’il y a bien un rapport de connaissances et de reconnaissances.

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Si quelqu’un est charismatique, c’est qu’on lui prête du charisme et donc des qualités. C’est
qu’il y a une croyance en ce responsable politique.
On peut également se déposséder des attributs qui fondent notre pouvoir : "le roi est nu".
Les attributs du pouvoir ont une importante capitale dans la crédibilité de celui qui détient le
pouvoir.

B) Le pouvoir sur autrui

Déf. classique du pouvoir : A exerce un pouvoir sur B si et seulement s’il obtient de B une
action que ce dernier n’aurait pas effectuée de façon autonome (ctd, sans la demande
implicite/explicite de A).

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Le pouvoir politique dans notre société s’explique par le fait que des actes sont advenus du fait
de la présence et de l’intervention de nos dirigeants.
Le pouvoir, ça n’est pas uniquement forcer autrui à faire quelque chose, c’est également
empêcher autrui de faire quelqu’un.
Ex : les responsables politiques peuvent lors de rassemblements politiques bloquer les rues et
provoquer de l’inertie chez les autres individus, c’est une forme de pouvoir.
Le pouvoir est un pouvoir immédiat ou non immédiat (longtemps après mon intervention mon
influence mon emprise).

À partir de quel moment s’arrête le pouvoir qu’on a Sur


l’autre ?
La socialisation peut être générale ou politique.
Inculquer à quelqu’un une autre manière de penser en imposant d’autres mots à son
vocabulaire.
On a modifié l’ordre de ses perceptions en œuvrant à modifier l’ordre de ses représentations ;
c’est une forme de pouvoir que l’on exerce sur cette personne.
Agir sur les représentations, sur la conscience d’autrui, c’est avoir du poids sur quelqu’un,
l’empêcher de faire ce qu’il aurait fait sans nous.
La temporalité est également une notion à prendre en compte ; à partir de quel moment notre
action va avoir de l’effet sur cette personne ?

Ex : la première campagne d’Obama démocrate.

Réflexion sur le porte à porte comme technique de campagne. Mobilisation des partisans
démocrates pour organiser un porte à porte généralisé. Ils ont incité les gens à voter pour
Obama. En effet, les Américains votent peu et sont souvent mal informés sur les conditions du
vote (lieu de vote). Volonté de faire participer les classes moyennes pour assurer leurs
élections.
Selon certaines études, le porte à porte permettrait de retourner 1 personne
sur 5. Dernière modalité du pouvoir plus sophistiqué :
Le pouvoir d’agir sur le désir de l’autre sur la représentation que l’autre a de ses
intérêts. Modifier le désir de l’autre pour que son désir devienne notre désir.
Avoir du pouvoir sur autrui c’est agir pour que autrui se construise un intérêt au dessus du jeu.
Quand on parvient à changer l’idée qu’un individu se fait de son propre intérêt, de son propre
désir, on est dans une relation de pouvoir à identification.

La communication politique cherchait à devenir de plus en plus subtile.


Par des discours subliminaux avec des discours dans le discours qui se glissent dans le discours
et reviennent de manière récurrente.

C) Les spécificités du pouvoir politique

On peut dire que la politique en ce sens peut être définie comme ce qui se rapporte à l’activité
de gouvernement de la société et ceci doit être entendu comme la capacité qu’ont les
individus ou des groupes d’individus à orienter dans un sens déterminé le comportement de
l’ensemble de la politique. L’activité du gouvernement est donc fondée sur une relation de
pouvoir entre gouvernants et gouvernés.

§2 : La dénomination politique

A) La domination chez Max Weber (1864-1920)

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Weber pensait la dénomination politique fait le distinguo entre domination et puissance. Pour
lui, un pouvoir politique est rarement posé sur la puissance parce que par puissance, il entend
toute chance de faire triompher au sein de relations sociales sa propre volonté même contre
des résistances et peu importe sur quoi repose cette chance.
Weber nous donne le cas d’une relation de pouvoir absolu, c’est un cas dans lequel A va
imposer à B d’imposer coûte que coûte et ce malgré les résistances et les intérêts de B.
Weber parle de la toute puissance des uns sur les autres.

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Weber parle aussi d’autres cas de figures par les situations de domination politique : « nous
entendons par domination la chance pour les ordres spécifiques (parti, gouvernement, église)
de trouver obéissance de la part d’un groupe déterminé d’individus, étant donné que la
domination peut reposer sur les motifs les plus divers de docilité de la morne habitude aux
pures considérations rationnelles en fidélités ... Tout véritable rapport de domination comporte
un minimum de volonté à obéir et par conséquent un intérêt extérieur ou intérieur à obéir ».
Le système de domination politique est un système dans lequel les gouvernants ont des
chances d’obtenir de leurs gouvernés la docilité, l’obéissance, l’acceptation d’un ordre
politique.
Dans tous les cas, cette docilité est une manière d’admettre la domination politique, c’est-à-
dire de reconnaître tel ou tel système politique comme légitime ou bien fondé.
La domination n’est donc en aucun cas l’aliénation des gouvernés.

B) Les types de domination

Max Weber a travaillé sur des sociétés très différentes.


Il a donc tiré de ses réflexions trois grands types de domination et de systèmes possibles. Ces
modèles sont purement théoriques et n’existent pas dans la réalité mais aident à la
compréhension.
Les deux premiers types de domination relèvent d’un ordre politique habituel.
Il existe un troisième ordre qui a quelque chose de plus extraordinaire : c’est un type de
domination transitoire entre deux types de domination.

- La domination traditionnelle
Elle trouve sa légitimité dans le poids et la force des habitudes et des coutumes. Les individus
qui en relèvent finissent par les respecter. On est dans un système politique où le pouvoir
prévaut de la tradition. L’invoqué pour assoir son emprise, fait argument du « toujours ainsi »
pour justifier ou se justifier.
Weber pense aux sociétés féodales aux monarchies de l’Ancien régime qui se sont maintenues
assez longtemps en place invoquant la tradition, le sacré, le divin, en expliquant que depuis
tout temps, ils sont fondés à exercer le pouvoir.
 Forte personnalisation des relations de pouvoirs pour Weber.
Weber dit que ce type de domination traditionnelle n’exonère pas ce dernier d’un travail de
légitimation de son pouvoir. Même un monarque se doit le plus fréquemment possible de
rendre légitime la place qu’il occupe.
Devoir de communication politique pour entretenir dans l’esprit de ses sujets sa légitimité à
gouverner.

Ex : Louis XIV voulait sans arrêt montrer sa puissance afin de légitimer son pouvoir, il a donc
jouer un rôle toute sa vie pour se légitimer.
Il n’existe pas de pouvoir qui ne cherche pas à s’auto légitimer et donc à produire une preuve
de sa légitimité à dominer.

- La domination légale ou rationnelle


Elle concerne notre société.
L’expression du pouvoir dans notre société est moins une expression d’un pouvoir personnel
qu’un système organisé selon des règles écrites prévues juridiquement indiquant quels droits
et devoirs sont à suivre pour se conformer à certains principes fondamentaux de ce régime.
Dans ce système, le pouvoir décisionnaire, qui est passible de sanctions, est proscrit.
L’obéissance est moins à celle des hommes qu'à des règles et des principes.

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Weber parle de la juridicisation de notre société ou de la judiciarisation.


Comportements/activités contentieux sont des objets de décision juridique.
Dans ce type de domination, le droit est central, la justice et les juges sont des acteurs
essentiels.

- La domination charismatique
Cette domination est souvent le fait d’un individu ou d’un petit groupe d’individus qui prend
le pouvoir et l’incarne presque à lui seul grâce à une communauté charismatique qui lui
permet de garder le pouvoir.

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Souvent dans un contexte de crise profonde, d’effondrement, de chaos, cet individu se voit
prêter des qualités exceptionnelles, notamment celle de pouvoir remettre de l’ordre dans la
société. En effet, cet individu exerce une attraction sur les foules et va faire de ses sujets des
fidèles.
C’est un mode de domination qui s’opère dans des rapports directs entre gouvernés et
gouvernants. On peut ainsi penser à Hitler qui a exercé un rôle essentiel sur ses gouvernés. On
pense également au général De Gaulle qui s’est vu prêter notamment par son appel des
qualités exceptionnelles et qui s’est vu reconnaître les mérites de la résistance et de la
libération.
Selon Weber, le charisme ne dure qu’un temps : une fois sorti de ces conditions
exceptionnelles la nécessité de cette domination à tendance à s’effacer. De plus, Weber pense
que le charisme ne s’hérite pas ou trop peu et donc va s’altérer avec le temps.

C) Le cas de la présidence de la République française

Domination légale rationnelle avec une juridicisation poussée de la vie politique. Il y a


également de la domination traditionnelle. Aptitude du Président de la République à avoir su
traverser le temps et à s’être inscrit dans l’histoire.
Très fréquemment les Présidents invoquent le passé pour justifier l’exercice de leurs
pouvoirs. Certains proposent de changer de constitution et de passer à la VIème République
notamment en raison d’une trop forte présidentialisation du régime.
Toute la vie politique se rabat sur l’élection du Président. Pas assez de rôle pour le
Président. Certains disent que les français aiment avoir un monarque du fait de la tradition.
Les Présidents font tout un travail pour apparaître comme charismatique pour se présenter
comme des être exceptionnels dotés de qualités rares.

§3 : La légitimation politique

Il n y a pas de domination possible sans un travail de légitimation de la part des gouvernants.

A) La légitimation

Quelqu’un qui occupe une position de pouvoir est quelqu’un qui a du pouvoir sur d’autres.
C’est forcément quelqu’un qui a sur lui suffisamment de légitimité pour exercer le pouvoir.
Celui qui a été élu démocratiquement se voit reconnaitre le droit d’exercer le pouvoir. La
légitimité n’est pas seulement une compétence, c’est aussi le droit symbolique de reconnaître
qui fait que l’on peut se voir autoriser, à agir, à décider et à commander les gouvernés.
La légitimité s’acquiert et se conquiert ; c’est pour cela qu’on parle de mécanisme
d’acquisition de la légitimité. C’est pour ça que chaque responsable politique se doit
inévitablement d’acquérir, d’entretenir et de renforcer sa légitimité et donc un travail de
légitimation, ctd à dire un travail symbolique à l’issu duquel il semble mériter son pouvoir.

B) Le travail de légitimation politique

L’une des activités principales du politique consiste à acquérir sa légitimité, à la


renforcer. Schématiquement, le travail politique se décompose en deux parties :
- il consiste à parler pour offrir, changer les visions du monde qu’on a sur la société ou
les maintenir en l’état.
- il faudra un travail de légitimation justifiant le droit à exercer le pouvoir confortant la
position au pouvoir.

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C) Le pouvoir sur scène

Pourquoi le pouvoir politique se donne autant à voir ? Pourquoi les responsables politiques
doivent se montrer ? Parce que dans un système de domination politique quel qu’il soit, il y a
ce travail de légitimation qui s’impose, qui cherche à convaincre les gouvernés qu’ils ont, les
gouvernants qui leur faut, les plus légitimes, nécessaires et par conséquent qu’ils ont élu les
gouvernants de la situation.

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D’une certaine façon, la légitimité qu’on accorde aux gouvernants est comme une monnaie
de singe qui oblige à ce travail de légitimation.
Le risque dans ce travail de légitimation est de chercher la légitimité trop explicite qui conduit
à la désaffection.

Chapitre 4
La socialisation politique

On se demande comment les hommes politiques sont-ils devenus ce qu’ils sont. Comment ils
en sont venus à s’intéresser à la politique ? => Revenir à la source d’un phénomène => Leur
socialisation politique => Faire la sociologie de la socialisation, c’est une sorte de
psychanalyse sociale.
Du coup, on est amené à se poser par rapport à nous même ces mêmes questions, se demander
si on est intéressé par la politique, etc. Et à quelle histoire cela renvoie ?
En sciences sociales, on réfute la thèse de l’immaculée conception selon laquelle nous serions
ce que nous sommes de manière innée et spontanée.

Petit quiz pour faire son analyse :


- Qui a dit « je connais bien D.S, je l’ai mis en examen » ? = Eva Joly !!!
- Qui a dit « je serais le président du pouvoir d’achat » ? = Sarkozy
- Qui a dit « je vous demande d’arrêter » ? = Balladur
- Qui a dit « je vous recommande la positive attitude » ? = Raffarin

§1 : La socialisation politique

A) Qu’est-ce que la socialisation ?

La socialisation politique n’est qu’un type de socialisation. Il peut y avoir des socialisations
culturelles, sportives…

Murielle Darmon (sociologue) donne sa définition :


La socialisation est l’ensemble des processus par lesquels l’individu est construit [formé,
façonné, fabriqué et/ou conditionné etc.] par la société globale et locale dans laquelle il vit,
processus au cours duquel l’individu acquiert [apprend, intériorise, incorpore, intègre, etc.]
des façons de faire, de penser et d’être qui sont situées socialement, façons dont la société
forme et transforme les individus.

On est au cœur d’une question à la fois sociologique et psychologique. Pour comprendre ce


que l’on est, il faut réfléchir sur ce qu’est la socialisation.

Un individu est quelqu’un qui est construit par la société dans laquelle il naît ou arrive à un
moment donné : il est le produit de sa société avant d’être un acteur.
La socialisation = le façonnage, le conditionnement général (apprendre une langue…). Un
individu est conditionné par sa famille, son quartier, etc. Les esprits et les corps sont marqués
socialement car ils sont des objets de socialisation.
Un individu va être le produit de ces conditionnements multiples globaux et locaux. Il va
apprendre un langage (répétition, imitation…), l’intérioriser, le somatiser…

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Ex : Pendant la prime enfance, on acquiert des manières d’être, de se tenir et notamment de se


tenir à table. Chaque famille a sa manière de se tenir à table. C’est également des manières de
penser, de ressentir les autres et les choses.

Ex : Pourquoi certaines personnes nous insupportent ?


En général, sont en conflit des socialisations très différentes.

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Pour comprendre notre socialisation, il faut faire la sociologie des agents de notre
socialisation = ceux qui nous ont socialisé = les matrices de notre socialisation. Ex : la
famille, l’école.
Il s’agira d’étudier les agents tant volontaires qu’involontaires de la socialisation.
Volontaires = Ceux qui nous ont élevé et qui avaient pour mission de le faire. Ils avaient
probablement des desseins, des envies, ils ont eu envie de faire quelque chose de nous. Peu à
peu, ils comprennent qu’il y aura forcément un décalage entre ce qu’ils veulent qu’on soit et
ce que l’on veut être.

Ce que les individus acquièrent assez rapidement au cours de leur socialisation est une
aptitude à agir, certes à acquiescer mais aussi à résister. Autrement dit, l’individu socialisé ne
peut pas rester très longtemps passif, et il va intervenir sur le propre cours de sa socialisation,
et ce de plus en plus sophistiquée, interventionniste. Il a une capacité d’adaptation, de
résistance et de transformation des processus de socialisation.
 Sartre : Ce qu’on devient (socialement) ne résulte pas de ce qu’on a fait de nous, mais
plutôt de ce qu’on a fait de nous.

Nous sommes donc les objets de la socialisation mais aussi les auteurs, au moins
partiellement de celle-ci. Autrement dit, il y a une dimension passive et une dimension active.

Par ailleurs, il faut noter que la transformation de soi est limitée par notre socialisation.

B) La socialisation
politique

Enquête ancienne mais très parlante :

Dans les années 80, Annick Percheron, spécialiste de la sociologie politique, a réalisé un
ensemble d’enquêtes auprès des enfants de 5 à 12 ans des écoles françaises pour saisir leur
éventuel intérêt pour la politique, leurs connaissances, et pourquoi pas leur positionnement.
Elle a constaté que les enfants lui disaient souvent qu’elle n’avait pas le droit de parler de
politique : certains allaient dans l’isoloir avec leurs parents, pour eux la politique ne se fait
que dans les isoloirs. Constatation aussi de problèmes de concentration, de mots et de langage.

Elle avait d’abord soumis des enfants à des tests, fondés sur le principe du stimulus (on dit un
mot et l’enfant réagit : république, patrie, drapeau, liberté, égalité, fraternité, vote, député,
sénateur, maire, gauche, droite, socialisme, capitalisme…)
Il ressort de cette enquête que les enfants, très tôt, présentent certaines structurations en
matière de représentation politique. Si les enfants n’ont pas su expliquer les mots de
vocabulaire, ils n’ont pas réagi n’importe comment. Ce sont des mots dont ils avaient entendu
parler.
Ce qui l’a surtout intéressée étaient les mots qu’ils n’aimaient ou pas :
- Les enfants n’aimaient pas les mots politiques au sens politiste du terme  gauche,
droite, capitalisme… Des mots qui évoquent la discorde.
- Les mots rencontrant la faveur des enfants sont ceux qui concernent la communauté
nationale 
liberté, égalité, fraternité, député, sénateur, maire…
Par conséquent, très tôt, les enfants ont un minimum de connaissance politique et ont des
réactions plutôt raisonnées et rationnelles.
Pour Annick Percheron, cela renvoie à deux causes : la socialisation politique familiale, mais
aussi celle issue de l’école (éducation civique).

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Autre série d’enquêtes : le positionnement des enfants âgés environ de 10 ans et le


positionnement politique du père.
Annick Percheron constate que :
- 80% des enfants dont le père est de gauche se disent de gauche. Seulement 2% dont le père
est de gauche se disent de centre droit. Le reste se distribue entre centre gauche et centre.
- 70% des enfants dont le père est au centre se disent aussi au centre.
- 60% des enfants dont le père est de droite se disent au centre, au centre droit ou
à droite. Au milieu des années 80, le centre est à droite.

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On a la preuve statistique d’une homogénéité politique entre parents et enfants. On a la preuve


que la transmission des valeurs ou positionnements politiques des parents vers les
enfants est la même et la non-transmission est une exception.
On constate qu’il y a plus de transmission à gauche qu’à droite, mais cela peut changer : il y a
très peu de couples hétérogènes politiquement.
Cette enquête renforce les présomptions qu’on a de la socialisation politique.

Définition : « Si l’enfant construit sa personnalité et s’identifie progressivement plus ou


moins difficilement d’ailleurs, aux groupes dans lesquels il vit en s’efforçant d’en percevoir
les normes et les croyances pour les assimiler et les reproduire dans son comportement
quotidien certains des
« messages » qu’il reçoit sont implicitement dotés d’une dimension politique en ce qu’ils
impliquent la valorisation, l’attitude fondamentale à l’égard du pouvoir politique ».

Certaines choses qui s’acquièrent ou encore s’intériorisent peuvent, en certaines


circonstances, être explicitement ou implicitement politiques.
La socialisation politique est une partie de la socialisation générale qui concerne la politique.
La socialisation politique qui a été la nôtre s’est effectuée inséparablement de notre
socialisation générale. La plupart du temps, la socialisation politique ne s’est pas faite
explicitement. Les « messages » entendus par les enfants vont petit à petit avoir un écho
politique.
Souvent, les militants ont eu des parents eux-mêmes militants, ou syndicalistes, ou très
engagés dans des associations. Quand on interroge les militants, ils disent qu’ils n’ont pas le
souvenir que leurs parents leur aient parlé explicitement de politique. Mais en réfléchissant,
cela s’est passé par autre chose que la politique ; ex : manière de discuter à table, de parler de
la société, façon de parler des gens… C’est leur socialisation générale qui petit à petit les a
amenés sur une piste politique.

Socialisation paradoxale : le fait de ne pas avoir le droit de parler de politique à table a parfois
poussé paradoxalement à s’intéresser, s’engager dans la politique.

La socialisation politique est un apprentissage qui peut revêtir des formes très implicites. Il
faut peut- être la décomposer. On distingue parfois la socialisation primaire de celle
secondaire :
- Primaire = celle qui s’opère durant la prime enfance et qui revêt un poids décisif en
matière de construction de soi.
- Secondaire = celle qui a lieu par la suite, qui va accompagner l’individu jusqu’à sa
fin et qui peut soit renforcer la socialisation primaire, soit la modifier, soit
pourquoi pas (rare) la contredire ou très fortement l’infléchir. Ex : accident
biographique  rupture complète.
Il en va de même pour la socialisation politique :
- Primaire = très implicite, avec des choses et de modes de pensée en lien avec la
politique.
- Secondaire = repositionnement politique qui s’opère par la suite  issu de la vie
active estudiantine, amoureuse… Il peut changer en fonction des transformations
de l’offre politique.

Notre enfance politique est une partie de notre enfance, c’est pourquoi nous avons des
rapports aux politiques parfois affectifs, parfois profonds psychologiquement.

C) Orientation politique des parents et des enfants

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Statistiques :
- La plupart du temps, grosso modo, les enfants votent plutôt comme leurs parents. La règle
serait donc la transmission.
- On transmet plus à gauche qu’à droite.

Annick Percheron a essayé de comprendre cette réalité.


Les parents de gauche disent plus à leurs enfants pour quel parti ils sont, et ils politisent
beaucoup plus leur rapport au monde que les parents de droite.
Les parents de droite sont plus dans le déni de leur rapport politique aux choses. Refus de la
dimension idéologique.

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Il a été constaté que plus les parents explicitent leur rapport au politique, plus ils transmettent.
Une reproduction de ce rapport se transmet donc.

Annick Percheron a vu un autre paramètre, qui peut être considéré comme un paradoxe : les
familles qui transmettent le plus sont celles qui le font sur le mode le moins autoritaire. Elles
n’inculquent pas par l’autoritarisme. Avant de mourir, Annick Percheron a constaté que les
familles FN transmettent mal car sur un mode autoritaire.
 Pour comprendre la transmission, il faut savoir comment on a parlé de politique, sur
quel ton et au travers de quels enjeux éducatifs et existentiels.

§2 : L’héritage politique

A) Les lois de l’héritage

On parle d’héritage dans la mesure où l’on ne naît pas orienté politiquement, on le devient.
Mais on sait que cet héritage met en en jeu le rôle plus ou moins assumé des agents de la
socialisation et la part plus ou moins active que prennent ceux qui sont socialisés.
Dans cette question d’héritage, il faut introduire celle du contexte social et politique. Il est des
événements qui impactent les individus en cours de socialisation générale et politique.

Ex : Mai 68. C’est événement a transformé, accéléré des socialisations politiques.


Moment de rupture, de mise en suspens. C’est à ce moment que des individus ont voulu
changer d’orientation politique. Certains ont décidé d’aller vivre à la campagne, et de
changer leur mode de vie  changer leur vie pour changer LA vie. Certains ont cherché à
faire des carrières sociales, avoir un métier utile pour la population.
Mais tout le monde n’est pas né à cette période, qui était manifestement plus politisée
qu’aujourd’hui. L’héritier, travaillé par l’héritage qu’il reçoit, en devient dépendant.

B) Des socialisations politiques concurrentes

Il y a eu des socialisations politiques primaires. Même si l’on en reste au cas de la famille où


on a grandi, on a souvent hérité de plusieurs visions du monde (parents, aînés…) et l’on est
donc souvent amené à composer avec ces différentes influences ; comme on a été influencé
par l’école, les médias, etc., qui ont transmis différentes influences.
Cour de récréation  matrice de socialisation politique ?
Il faut penser à ce qu’est la socialisation politique, et au fait qu’on est souvent amené à
composer avec différentes socialisations politiques (qui peuvent entrer en concurrence et
parfois être en contradiction).

C) Héritage politique et trajectoires de vie

Si la part héritée de l’intérêt de la politique est importante dans l’existence des individus, elle
est presque tout autant décisive des trajectoires ultérieures qu’ont ces individus.
La sociologie politique n’est pas figée, elle montre l’importance de la socialisation, et
comment cette dernière va être plus ou moins affectée par les suites données à l’existence des
individus.

§3 : La compétence politique

Pourquoi parle-t-on de compétence ? Il y a un lien très fort entre socialisation politique et


compétence. On constate que certains ont du mal à tenir des propos cohérents en politique.

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A) Qu’est-ce que la compétence politique ?

La compétence politique n’est pas de l’intelligence. Une personne dénuée de compétence


politique est dénuée de savoir-faire, de savoir-dire et parfois de savoir-être. Elle pourra se
trouver beaucoup plus virtuose que d’autres dans d’autres domaines.

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 Définition :
La compétence d’un agent en quelque domaine d’activité que ce soit, consiste en son aptitude
reconnue à mobiliser les savoirs ou les connaissances et les savoir-faire requis pour exercer
ces activités de façon pertinente, autrement dit en sa capacité à maîtriser leurs usages.
La compétence d’un agent en politique ou au sujet de la politique résulte donc de sa maîtrise,
de savoirs et de savoir-faire spécialisés, ayant un lien avec la politique (voter, adhérer à un
parti, parler de politique, lire un article, regarder une émission etc.).
Lorsque cette compétence concerne les professionnels de la politique, on parle de domaine
spécialisé de la politique.
Quand on parle de la compétence des citoyens « ordinaires », des jugements quotidiens sur la
politique, on parlera de savoirs profanes de la politique.

La légitimité politique est fondée sur le niveau de compétence et donc davantage sur la
socialisation, sur quelque chose d’acquis, sur des savoir-faire, sur quelque chose d’inné
relevant de l’intelligence.

B) Tout le monde est-il compétent politiquement ?

Exemple de quelqu’un croyant être compétent mais qui est inquiétant du point de vue de sa
compétence :
Un palefrenier qui parlait politique avec les gens et avec les chevaux (oui oui) ; ce n’est donc
pas un spécialiste de la politique.
Il était très remonté contre les politiques, car ces derniers ne l’intéressaient pas du tout. Il était
d’abord très hostile à Mitterrand, qui était mort depuis plusieurs années et aux socialistes, car
ils avaient donné le droit de vote aux étrangers. Or, le droit de vote des étrangers aux élections
locales n’a pas été donné. Il était hostile aussi à Chirac qui avait promis de donner du travail à
tout le monde mais qui ne l’avait pas fait. Il choisissait de voter pour Noël Mamère (écolo),
car il respecte la planète etc. Cependant il ne passera jamais au pouvoir.
 Ces arguments ne sont pas fondés pour Mitterrand et Chirac, d’autant plus que Noël
Mamère voulait donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales et nationales.
Cet individu a du mal à repérer dans le champ politique.

Un certain nombre de travaux font le constat qu’une petite majorité des citoyens n’accorde
pas beaucoup d’attention à la politique, et plus encore, leurs connaissances de la politique,
leurs compréhensions sont limitées. De surcroît, il arrive que leur positionnement ne soit pas
toujours très stable ni cohérent, et rarement fondé sur des principes politiques explicites.
Rares sont ceux qui vont fonder leur jugement politique (positif ou négatif) sur tel ou tel
responsable politique.
Quand on y regarde de très près, on constate que l’intérêt général pour la politique est faible.
Le niveau de compétence est lui aussi relativement bas.

Daniel Gaxie, à la fin des années 70, a écrit un ouvrage intitulé Le cens caché : cela renvoie à
la capacité, au droit à voter. Mais il y a un sens caché, dans la mesure où tout le monde n’est
pas compétent. Donc tous les électeurs ne sont pas égaux : puisque le droit est ainsi, tout le
monde est égal face au vote, mais au niveau de la compétence politique non.

Selon les catégories socio-professionnelles, on distingue une grande disparité entre les
français. Daniel Gaxie va parler de la connaissance phénoménologique de la politique.
La phénoménologie est une science qui s’intéresse à la manière dont on connaît les choses
dont on les perçoit. La connaissance phénoménologique, c’est le niveau d’acuité de
connaissance.

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Emmanuel Macron  ministre de l’économie, membre du PS à la droite du


parti socialiste. Daniel Gaxie pose trois questions.
Selon le niveau de diplôme, la connaissance phénoménologique est très différente. Ceux qui
n’ont pas de diplôme sont peu nombreux à pouvoir citer trois noms de ministres. 25% des
sans diplômes arrivent à citer trois noms de partis politiques.

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Il va monter une liste des personnalités politiques et va demander aux enquêtes de les placer
sur l’échiquier politique. Seulement 15% arrivent à replacer les personnalités politiques sur le
clivage gauche/droite.
Une très grande majorité parmi ceux qui sont dépourvus de diplôme en France ne comprend
pas la politique car ils n’ont pas la connaissance phénoménologique.
L’intérêt et la connaissance de la vie politique sont des réalités très inégales qui présentent de
fortes inégalités.
Il faut mettre à distance toutes les règles juridiques et formelles.
Les politologues américains ne sont pas choqués par ces résultats car ils peuvent s’en sortir.
Ils utilisent des short cuts ou des heuristiques, c’est-à-dire des procédés mnémotechniques.
Plus on a de diplômes, plus on dispose de moyens de s’approprier les connaissances
politiques assez sophistiquées. Le discours politique ne cesse d’emprunter aux notions et
théories du savoir scolaire.
L’ÉNA et science po sont des propédeutiques, c’est à dire des classes préparatoires à la vie
politique. Les savoirs que l’on va acquérir dans ces écoles vont bien avoir un intérêt pour une
carrière politique future. Le sexe va jouer également car les femmes présentent moins
d’intérêt pour la politique que les hommes et donc vont être moins apte à faire de la politique,
bien que cette distinction tend à s’effacer.

En fait, la compétence ou l’incompétence se redouble avec le sentiment de compétence. Ce


sentiment de compétence est assez inégalement partagé dans la politique.
Selon les milieux sociaux et les positions sociales ce sentiment n’est pas le même. Quand on
interroge les cadres on remarque que ceux ci ont un sentiment de compétence en politique et
entretiennent leur niveau de compétence.
Une femme ouvrière aura moins de compétence et moins de facilité à améliorer ses
compétences en politique.
Certaines personnes sont très compétentes à expliquer leurs incompétences, ce qui prouve que
ce n’est qu’une question d’éducation.

L’intérêt pour la politique est très inégal dans la société parce qu’il est socialement inégal mais
ce qui est intéressant, c’est de voir les individus parler de leurs compétences en politique et de
voir qu’ils sont plutôt éclairés.

L’intérêt pour le vote se recoupe également beaucoup avec le fait d’avoir un travail ; les
personnes ayant un CDI sont content, beaucoup plus que les personnes qui ont un travail
précaire ou pas de travail.

CHAPITRE 5 : Vote et classes sociales


L’une des idées reçues est de dire que les électeurs votent uniquement en âme et
conscience qu’en fonction de l’euro  envie, intérêt, désir, jugement personnel.
On se rend compte que tous les individus ne disent pas ce qu’ils font et ne font pas ce qu’ils
disent. Les gens n’osent pas encore dire qu’ils ont voté front national.
L’idée reçue, c’est que l’électeur se met dans son isoloir et va voter en son âme et conscience.
Cependant le vote est beaucoup moins individuel qu’il n’y paraît. Le vote est un objet social ;
quand on dit cela on comprend que l’électeur n’est pas totalement serein car d’une certaine
façon, on va voter en fonction de pleins de pressions sociales autour des électeurs.

On va aborder les différents modèles explicatifs du vote pour comprendre le vote par delà le
discours de justification des électeurs. Par exemple, à la sortie d’un bureau de vote et que l’on
fait une enquête, on va voir que sa socialisation est pré orientée. On va demander sa

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profession, son âge, son sexe et finalement on va beaucoup mieux comprendre pourquoi et
pour qui il vote par rapport à ses propres arguments.

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§1 : Le modèle écologique

Les caractéristiques d’un territoire dans lequel s’inscrit précisément un


électeur. Il vit dans un certain écosystème qui pèse beaucoup dans les
choix de l’individu.

A) Des lois aux comportements électoraux

Le fondateur de la sociologie du vote est français et juriste : André Siegfried.


Il fait du droit public et l’enseigne. Il souhaite aussi faire de la politique. Pour réaliser son
ambition, il exode d’être candidat à une commune du sud de la France dont il vient. Il part
dans cette élection assez sur et confiant car il est compétent intelligent et jeune. Il affronte le
maire sortant qui est plus vieux et qui ne propose rien de nouveau. Siegfried va être battu à
plate couture alors que selon lui il avait fait une superbe campagne.
Il veut comprendre pourquoi les habitants de la commune ont préféré le conservatisme au
progressisme. Il se lance dans une enquête pour comprendre les règles et principes du
comportement électoral des citoyens français. Pour ce faire, il va mener son étude à l’ouest de
la France.
Il veut retrouver toutes les données électorales de 1848 au début du XXème siècle. Il va faire
des statistiques pour comprendre le vote des français (similarité avec le suicide de Durkheim).
Il constate que la distribution spatiale des votes est stable en longue période.

Par exemple, en chaque sous territoire électoral il constate une régularité très forte dans
le vote. La distribution spatiale des votes est stable en longue période. Les frontières
politiques sont quasiment immuables depuis le début du suffrage universel.
En fait cette découverte fait apparaître un ordre électoral là où ne semblait jusqu’alors ne
régner que le libre arbitre des électeurs.
Siegfried dit que « d’après une opinion courante, les élections ne sont qu’un domaine
d’incohérence et de fantaisie, en les observant à la fois d’en haut et d’en bas, je suis arrivé à
une conclusion contraire, si selon le mot de Goethe « l’enfer mène à ces lois » pourquoi la
politique (les élections) n’auraient elle pas les sienne ».

B) Le granit contre le calcaire

Siegfried va tester ses résultats en Vendée. Electoralement il existe deux Vendée.


Le nord de la Vendée vote très massivement à droite quand le sud de cette même Vendée vote
lui très nettement à gauche. Ces deux Vendée se superposent presque parfaitement aux deux
Vendée géologique. Il veut dire par là que sa méthode est que ce nord de cette Vendée qui vote
à droite c’est une partie de la Vendée qui a un sol particulier, elle a un sol granitique. La
Vendée qui vote à gauche à un sol calcaire.
Siegfried écrira : le granite vote à droite et le calcaire vote à gauche de façon humoristique.
Ce qu’il va montrer ce n’est pas que le sol a lui seul dicte en lui même les comportements
électoraux. Ce n’est pas la terre qui fait dire la vérité aux électeurs. La nature des territoires,
les caractéristiques géographiques des territoires sont des éléments forts qui déterminent les
comportements électoraux.

La partie granitique, donc de droite de la Vendée est une zone constituée d’habitat dispersé
coupée par la présence de grande propriété. Présence aristocratique assez forte. Cette Vendée
granitique est une Vendée très catholique, très hiérarchisée du point de vue de ses rapports
sociaux dans laquelle deux figures éminentes exercent une autorité : le prêtre et le notable
(=aristocrate, le châtelain, le grand propriétaire terrien qui en général occupe les positions du
pouvoir politique).

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A l’opposé, la Vendée calcaire est une zone d’habitat plus groupé composé de petites
propriétés assez déchristianisée qui a perdu de sa centralité et où l’organisation sociale, les
rapports sociaux sont relativement plutôt égalitaire. Cette Vendée là vote républicain depuis
1848. Par cette observation, Siegfried va pouvoir mettre en exergue les variables écologiques
du vote. Le type d’habitat, la forme de la propriété, la religion et structure sociale
vont être plus souvent diffusés. Pour Siegfried, ces 4 paramètres permettent de
comprendre comment, pourquoi et pour qui ça vote. Il va vouloir vérifier sa théorie à
l’ouest de la France. Sa théorie va être validée dans d’autres départements.
Dans ce modèle, il est montré l’importance de l’environnement du vote, des conditions
concrètes du vote et aussi des territoires entre le social et le politique. La dépendance sociale
du politique.

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C) Territoire et politique

Quand les travaux de Siegfried paraissent, c’est une révolution. Quand on a tous ces 4
paramètres (Types d’habitat, nature de la propriété, religion, structure sociale), et quand on en
rajoute quelques-uns on atteint des taux de prédictibilité du vote très élevés.
C’est les prémices d’une science électorale, une sociologie par la branche du vote.
Il sait que ces 4 paramètres ne suffisent pas. Il faut en rajouter d’autres. Un modèle, c’est
quelque chose de synthétique qui nous éclaire sur un domaine mais qui est toujours insuffisant
et Siegfried le sait.
Certains historiens vont trait à Siegfried que la Sarthe qui présentait toutes les caractéristique
d’une terre républicaine à connu des moments monarchiques. La terre en soi n’entraine
aucune conséquence.

§2 : Les modèles psycho sociologiques du vote

D’autres chercheurs vont être amenés à proposer de nouvelles propositions de ce qu’est cette
science électorale, notamment parce que de nouvelles méthodes se mettent en place, le
sondage surtout.

A) L’école de Columbia

Paul Lazarsfeld appartenait à l’Université de Columbia ; on appelle L’école de Columbia pour


parler du travail de Lazarsfeld.
Il va entreprendre une gigantesque étude aux Etats-Unis un peu avant l’élection présidentielle
de 1940. Election présidentielle va opposer un candidat démocrate, Roosevelt, et un candidat
républicain, Wendell Willkie.
A peu près tout le monde qui fait l’opinion aux Etats Unis annonce la victoire de Willkie.
L’opinion publique, c’est cette opinion de ces gens notoirement connus et qui en se basant sur
leur intuition annoncent qui va gagner.
Lazarsfeld quant à lui va entreprendre une grande enquête auprès d’électeurs américains pour
savoir ce qui va se jouer dans les élections. Il va prendre l’Etat de l’Ohio, plus précisément un
comté de l’Ohio. Il va, sur ce comté, constituer 4 échantillons comportant chacun 600
électeurs. L’un des échantillons est un échantillon d’électeurs dont Lazarsfeld va interroger à
plusieurs reprises. Il va le suivre en continue sur une période de presque 6 mois. Les 3 autres
échantillons vont être interrogés seulement deux fois. Ce sont des échantillons témoins, ctd
c’est un échantillon tel un placebo.
Questions pour connaître les caractéristiques socio-culturelles et socio-économiques des
individus, quels métiers ils exercent, quelle religion ils pratiquent, où il habitent, mais aussi
les orientations politiques présentes, passées et à venir. On ajoute aussi des questions sur les
orientations politiques des parents et aussi sur leur intérêt pour la politique.
1er résultat : Selon Lazarsfeld il existe un déterminisme très fort sur les comportements
politiques. Les caractéristiques socio culturelles et économiques influent sur le comportement
politique. Lazarsfeld dit la chose suivante : « Une personne pense politiquement comme
elle est socialement ». Le vote est certes un comportement individuel mais est déterminé par
les normes politiques, les conditions sociales concrètes dans lesquelles les individus vivent. Il
ajoute que les individus sont tributaires, dépendants des normes des différents groupes
auxquels ils appartiennent, ce qu’on appellerait aujourd’hui des réseaux sociaux. La tendance
de ces groupes, de ces réseaux sociaux est à l’homogénéité politique. On se rassemble
beaucoup parce qu’on se ressemble politique. Il va jusqu’à dire que la connaissance des
groupes auxquels ils appartiennent permet de prédire le vote de ces derniers. C’est un vrai
réseau.

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Au vu des résultats, trois critères très déterminants orientent et commandent presque le vote :
- Le statut socio économique
- La religion
- Le lieu de résidence
Ces trois paramètres expliquent presque complètement à eux seuls la distinction entre vote
républicain et vote démocrate.
Par exemple, le vote républicain croît avec le niveau socio économique des individus. Plus les
individus ont un statut socio économique élevé plus ils votent républicain.

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Très minoritaire chez les catholiques. 60% des protestants votent républicain. Seulement 23%
de l’échantillon vote républicain.
Enfin, le vote républicain croît chez les ruraux mais pas chez les urbains. C’est un vote des
campagnes et non un vote des villes.
Quand on conjugue statut socio économique, religion et lieu de résidence, par exemple quand
on croise des protestants, des ruraux et un statut socio économique élevé, les ¾ votent
républicains. A l’inverse, les électeurs les plus défavorisés votent majoritairement au parti
démocrate, même chose pour les urbains et les démocrates. Quand on combine ces trois
critères, on a les ¾ qui votent démocrates.
 Déterminisme social très fort.
Lazarsfeld constate que les campagnes électorales n’ont presque aucun effet sur les électeurs,
que les effets de la campagne sont plus que limités.
Plus des 3/4 des électeurs avaient fait leur choix avant les élections. Le Quart restant = gens
indécis. Paradoxe : la campagne ne sert par à grand chose. Alors que la campagne pourrait
aider les indécis, les indécis ne suivent pas la campagne. Et ceux qui suivent la campagne
savent déjà qui ils vont choisir. Les candidats ne font que prêcher devant des convertis.
Le vote républicain ou démocrate se transmet familialement. Dans son enquête, 77% des
électeurs votaient ou votent comme leurs parents. Voter démocrate ou républicain c’est
comme être catholique et protestant. La campagne a des effets limités car sa médiatisation
l’est aussi.

Lazarsfeld nous dit que face aux médias, les individus se dédoublent. Une part d’eux même
consiste à adhérer aux médias, à jouer le jeu. Face au discours médiatique, les électeurs
parfois jouent le jeu de la médiatisation mais ne sont pas dupes. Ceux qui suivent la campagne
sont ceux qui changent le moins d’avis. La campagne au mieux permet d’activer, de mettre en
éveil notre intérêt pour la politique. Ça nous pousse à faire remonter à la surface de notre
esprit ce que l’on pense politiquement. La campagne électorale vient stimuler notre esprit.
Importance des relations interpersonnelles pour l’électeur plus que pour les médias au sein
des groupes primaires (famille, voisinage, amis, travail). Les discussions informelles entre les
individus sont beaucoup plus puissantes que ce que l’on s’imagine. On a pu être convaincu
par des individus que Lazarsfeld appelle des leaders d’opinions (= quelqu’un qui dans son
réseau de socialisation parce qu’il a certaines caractéristiques, peut avoir un ascendant sur les
autres au sujet du vote.
Le modèle de Columbia a été discuté et même renouvelé.
25/03/15
B) Le modèle de Michigan

Il est incarné par deux auteurs, Campbell et Converse. Ils vont rééditer l’expérience de
Columbia 10 ans après pour à nouveau réaliser l’enquête auprès d’un échantillon représentatif
de la population américaine, construit de manière probabiliste.
Enseignements tirés de cette enquête :
- Ce modèle confirme que le vote est largement déterminé socialement. Confirmation de la
formule que « les individus pensent politiquement comme ils sont socialement ».
- Le vote se réalise par identification. Identification = le fait pour un électeur de se reconnaître
plus ou moins fortement dans un parti et/ou un candidat. Cette identification est quelque
chose de rationnel, plus ou moins conscient, mais c’est aussi quelque chose qui peut relever
d’une forme d’affectivité.
 Les électeurs américains ont des attachements à tel ou tel parti et/ou candidat. S’il y a
autant de régularité électorale, c’est aussi parce qu’il y a de l’attachement presque affectif.
Parfois, cet attachement peut perdurer alors même que les conditions sociales et
économiques ont changé.

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Cette identification peut parfois venir compenser une faible politisation des électeurs. En
effet, certains électeurs sont peu intéressés par la politique.

D’une certaine façon, Campbell et Converse comparent cette situation à celle de quelqu’un
qui doit acheter une voiture et qui n’est pas mécanicien. Globalement il ne sait pas trop ce
qu’il y a dans la voiture, et il croit que telle sorte de voiture est de qualité car elle vient de telle
marque. « Comme l’acheteur d’une automobile qui n’y connait rien aux voitures sinon qui
préfère une marque donnée, l’électeur qui sait seulement qu’il est démocrate ou républicain
réagit directement à son allégeance. »

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On peut ajouter que pour un nombre non négligeable d’électeurs, le vote s’apparente souvent
à un acte de foi. Ca veut dire que certains électeurs prennent une option électorale non pas
tant parce qu’ils ont étudier la question, mais parce que de loin ils font confiance à un logo,
une marque partisane. Vie politique = compliqué, ésotérique.

Cette identification partisane fonctionnerait comme un « écran perceptif », par lequel est vu la
vie politique. C’est important car ce modèle nous fait entrer dans la boîte noire des électeurs.
Beaucoup fonctionnent avec un appareillage cognitif rudimentaire en ce qui concerne la
politique, beaucoup d’électeurs ordinaires fonctionnent par short cuts (raccourcis cognitifs,
heuristiques = procédé qu’on fait dans sa tête, ou repères mnémotechniques).

C) Les déterminants sociaux du vote

Il y a une cohérence entre les 3 modèles précédents.


On va s’intéresser ici aux déterminants repérés dans les enquêtes statistiques, aux variables du
vote les plus prédictibles.

Ex : Nonna Mayer  spécialiste du FN.


Une journaliste lui pose la question : qui vote FN ?

Elle répond que depuis quasiment le début de l’essor électoral du FN, il y a une variable
qui caractérise son électorat : c’est la variable du diplôme. Moins on a de diplôme, plus
on a de chance de voter FN. Il y avait également pendant longtemps une variable du sexe
(les hommes votaient plus FN que les femmes  cela tenait sûrement à la personnalité
de JM Le Pen), mais ce n’est plus d’actualité.

1°) L’âge

On constate qu’il y a des effets d’âge, que l’âge est un déterminant social du vote. Ce n’est
pas l’âge biologique, mais social (à 19 ans, certains font des études tandis que d’autres n’ont
pas de diplôme ni de travail).
Sur l’élection de 2012, on constate que plus on est jeune, plus on vote à gauche et à l’inverse
plus on est vieux, plus on vote à droite. En effet, Sarkozy est arrivé en tête pour les plus de 60
ans. Plus on s’éloigne de 60 ans, plus ça vote pour Hollande : 57% chez les 18-24 ans.
De même, plus on vieillit, plus on se déplace pour voter ; en effet, le plus haut taux
d’abstention est chez les individus âgés de 18 à 30 ans.
On entre de plus en plus tard sur le marché du travail et on fait des enfants de plus en plus tard
; forcément, cela a des effets électoraux, surtout pour ce qui est de la participation.

2°) Le sexe

Aujourd’hui, il n’y a plus dans les comportements électoraux de différences liées au sexe.
Hommes et femmes se comportent à peu près de la même façon. Il a fallu attendre plusieurs
années pour obtenir cette homogénéisation, pour des raisons historiques facilement
compréhensibles : droit de vote des femmes accordé tardivement (1944)  leur comportement
politique a tardé à ressembler à celui des hommes. 3 périodes du vote des femmes :
- 1944-60’s : taux de participation inférieur à celui des hommes, avec un vote plus
conservateur (droite) que celui des hommes pour deux raisons : les maris exercent une
sorte de tutelle donc les femmes ont tendance à voter comme eux et l’Eglise
catholique, très puissante, exerce une emprise politique sur les femmes et les fait voter
à droite.

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- 60’s-70’s : les femmes vont autant voter que les hommes, mais leur vote reste encore
un peu plus conservateur que celui des hommes et encore emprise du religieux.
- 90’s : taux de participation a dépassé légèrement celui des hommes, et désormais, les
femmes ne votent pas plus à droite ou à gauche que les hommes.
Comment expliquer cette évolution ? Déclin de l’emprise du catholicisme en France,
scolarisation croissante et durable des filles (a joué sur leur participation et sur leur autonomie
électorale), plus de diplômes et meilleures notes que les hommes. Cela explique leur intérêt
pour la politique et leur indépendance par rapport au vote de leur mari.

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3°) Origine sociale et Catégorie socio-professionnelle


Permet d’analyser une société à travers plusieurs types d’employés (chef d’entreprise, cadre,
artisan). Plus on subdivise, plus on comprend le vote.

Ex : Les ouvriers votent le plus FN mais en même temps, ils sont les plus abstentionnistes.
Les ouvriers qualifiés et du public votent beaucoup moins FN que les ouvriers moins qualifiés
et privés. En 2012, les ouvriers sont près de 60% à avoir voté Hollande. Parmi les professions
intermédiaires, ils étaient un peu plus de 60%, et parmi les professions libérales, les cadres,
professions intellectuelles supérieures ils étaient 52%. Les artisans, commerçants, chefs
d’entreprise & les retraités ont, eux, majoritairement voté à droite (70% et 57%).
Les artisans et chef d’entreprise ont peur de l’Etat providence. Idée qu’on est autonome, on a
sa propre boutique, et que l gauche est cette force politique envahissante qui empêche de faire
ce qu’on veut (fiscalité notamment).

Chez les professions libérales, cadres et professions intellectuelles et supérieures, on a une


pratique culturelle rendu possible par des politiques publiques.

Chez les retraités, il y a un effet âge. Plus les gens sont vieux, plus ils se sentent en insécurité,
tout leur paraît affolant dans une société. Pour eux, le discours conservateur de la droite prend
davantage en charge leurs intérêts.
C’est dans cette catégorie qu’il y a le plus de gens possédant un patrimoine à défendre. Ce
rapport à la propriété et au patrimoine qui accroît le sentiment d’insécurité a tendance à
préférer les programmes de la droite et des candidats conservateurs.

 Ces votes s’expliquent chez les individus dans leur rapport à l’Etat.

4°) Secteur d’activité

Soit on est salarié, soit on est à son compte.


On constate que les salariés sont plus nombreux à voter à gauche qu’à droite (56% pour
Hollande en 2012), contrairement à ceux qui travaillent à leur compte, qui votent
majoritairement à droite (61% pou Sarkozy en 2012).
Parmi les salariés, une nette distinction ressort entre ceux du secteur public et ceux du secteur
privé. Public : 65% pour Hollande ; Privé : 52% pour Hollande.
L’identité professionnelle, l’origine sociale, la position sociale, le cadre juridique dans lequel
le métier est exercé sont des éléments qui pèsent énormément sur les orientations électorales.

5°) La pratique religieuse

Elle est l’une des variables qui pèse le plus encore aujourd’hui sur le vote, alors que certains
indiquent que le religieux est en train de disparaître (société post-moderne). Facilité pour
accéder aux chiffres des catholiques, mais difficulté pour ceux des musulmans et des juifs.
Il a été constaté que les catholiques pratiquants votent très massivement à droite ; en 2012, ils
étaient près de 90% à avoir voté Sarkozy car ils vivent dans un écosystème plutôt
conservateur du point de vue des valeurs, du discours sur la famille et la société. De plus, les
catholiques sont plutôt bourgeois (plus de patrimoine, plus de revenus que les autres).
Chez les catholiques non pratiquants, il n’y a pas de différence.
Dans les autres religions (juifs, protestants, musulmans etc.), le vote a été très majoritairement
en faveur de Hollande.
Parmi les musulmans pratiquants, une nette majorité a voté
Hollande. Parmi les juifs pratiquants, 50/50.
Il y a 10 ans, ils étaient plus à gauche pour différentes raisons.

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Dans chacune des religions évoquées, il n’y a pas d’homogénéité. Parmi les protestants, il y a
des différences très fortes entre luthériens et évangélistes.

6°) Patrimoine et revenus

Pourquoi les pauvres votent à droite ? Ouvrage qui remet en cause l’idée selon laquelle les
pauvres votent à gauche et les riches votent à droite.
Il n’y a pas de corrélation du vote en fonction du revenu. Autrement dit, parmi les salariés les
plus aisés, il n’y a pas de proportion plus importante de vote à gauche ou de vote à droite.

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En France, parmi les salariés, seulement 10% gagnent plus de 3500 euros. 80% gagnent
moins de 2100 euros. Moyenne des salaires en France : un peu moins de 2000 euros. Pour
ceux qui gagnent plus, il n’y a pas de différence gauche/droite.
En revanche, le patrimoine est une variable du vote. Plus on a de patrimoine, plus on vote à
droite. Ceci est si vrai que ceux qui sont pauvres en revenu mais qui ont du patrimoine (au
moins une maison) votent plus à droite que ceux qui sont riches en revenu mais qui n’ont pas
d’éléments de patrimoine.

Le vote d’un électeur dépend de plusieurs variables propres à l’électeur (revenu ou


non, religion ou non, profession, âge, sexe etc.). Plus on ajoute de variables, plus on
comprend pourquoi et pour qui les électeurs votent. Quand on dispose de toutes ces variables,
on peut prédire ce que les gens vont voter (taux de prédictibilité à 95%).

Conclusion : L’Abstention  Phénomène croissant dans notre démocratie.

 Elections présidentielles :
En 1965 1ère élection au suffrage universel direct. 1er tour : taux d’abstention de 15% (même
pourcentage obtenu dans les démocraties où le vote est obligatoire ; amende si on ne vote pas
ou on ne peut pas profiter de certains avantages sociaux).
Argument pour l’abstention  même les plus pauvres vont voter. Obligés de s’adresser
aux plus jeunes. Au Brésil, le vote est obligatoire ; les candidats se doivent d’être attentifs
à tout le monde : les plus pauvres, les plus jeunes…
En 1995 : 22% d’abstention.
En 2002 : 28% d’abstention.
Rechute du taux d’abstention en 2007 (16%) et en 2012 (19%).
En revanche, le taux de non inscription a augmenté ainsi que le taux de mal inscription
(électeurs inscrits dans une commune qui n’est pas la leur).
 Elections européennes :

En 1979 (1ère) : 40%


En mai 2014 : 57%  élection européenne complètement désinvestie.

Elections législatives
De moins en moins investies.
En 1993 : 30% au 1er tour.
En 2012 : 42% au 2nd tour.

Elections départementales :
En 2001 : 35% au 1er tour
En 2015 : près de 50% au 2nd tour.

Les enquêtes sur les abstentionnistes nous indiquent que l’abstention est d’abord étroitement
corrélée aux conditions de vie et aux conditions de travail. Plus la vie est difficile, plus on
s’abstient. Plus le contrat de travail est de courte durée, plus l’abstention est forte. Les
conditions de vie sont des conditions de vue, elles jouent beaucoup sur le point de vue qu’on a
sur la difficulté.
Le taux d’abstention est étroitement lié au milieu social d’appartenance. Les milieux sociaux
les plus abstentionnistes sont les milieux populaires (ouvriers, employés). Cela n’a pas
toujours été le cas : les milieux populaires ont jusqu’à la fin des années 70 été les milieux
sociaux les plus participationnistes, plus que les milieux bourgeois. Aujourd’hui il y a un
renversement.

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L’abstention a des causes particulièrement sociales ; on parle d’abstention sociale. Mais il


existe aussi l’abstention politique : pour des raisons politiques, certains décident de ne pas
voter
Certains ont envie d’utiliser l’abstention comme une arme pour exprimer une critique contre
le régime. Par conséquent, les abstentionnistes ne sont pas que des gens peu intéressés par la
politique.

 L’abstention, la non-inscription sont parmi les principaux problèmes que


connaît notre démocratie électorale.

En matière électorale, il n’y a pas de hasard !

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Chapitre 6
Les partis politiques

§1 : Qu’est ce qu’un parti politique ?

Partis politiques : invention récente. Ils ont le monopole de la vie politique


électorale. Ils sont à l'image de notre démocratie (institution en crise).

A) Brève histoire des partis politiques

Si on prend le cas français, c’est fin XIXème-début XXème que les partis politiques naissent
et deviennent progressivement les acteurs centraux de la vie ou de la compétition
politique. Ils vont peu à peu monopoliser la vie politique au point où les électeurs vont finir
par s’identifier aux partis.
Caractère tardif de l’apparition des partis politiques en lien avec 1789 car cet événement
porte l’idéal du bien public, de l’intérêt général et de la dimension universelle du
politique. Les partis politiques vont être vus comme les agents du fractionnement de
l’unité, de l’intérêt général. Cela va se traduire dans le droit français  il faut attendre
1901 pour que les partis puissent bénéficier d’un cadre légal. Puis, article 4 de la
Constitution de 1958 : rôle des partis reconnu constitutionnellement.

Le 1er parti politique français à exister politiquement est le parti républicain et radical
socialiste que l’on va ensuite appeler parti radical ; il va connaître une scission (radicaux et
radicaux de gauche).
Historiquement, les premiers partis viennent de la gauche :
1905 : Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), parti de Jean Jaurès qui va se
faire appeler Parti socialiste. Ce parti va aussi connaître une scission et engendre la création
du parti communiste. Cela va engendrer des partis de masse.
Pour les partis de droite, beaucoup vont être délégitimer en raison de leurs positions douteuses
pendant la 2nde guerre mondiale.
Les premiers partis sont donc des partis de gauche. Ces partis vont naître des sociabilités
militantes et ouvrières. A droite, les partis politiques vont résulter davantage de la coalition
qui va s’opérer entre des comités électoraux venant de la massification résultant du Suffrage
universel masculin de 1848.

Il y a une certaine révolution au sujet de l’avènement des partis politiques. C’est parce qu’on
entre dans une toute autre démocratie que les partis politiques vont s’institutionnaliser.
Maurice Duverger : « Les partis politiques sont les enfants du suffrage universel ».
Grâce aux partis politiques, les citoyens sans richesse particulière ou patrimoine particulier
vont désormais pouvoir faire de la politique. Les pauvres vont pouvoir à travers eux, faire de
la politique. Les partis politiques vont créer des richesses collectives. Ils vont aussi accélérer
le déclin de la France des notables, de la France aristocratique, et engendrer la
professionnalisation de la vie politique. Les partis politiques ont démocratisé la vie politique.

B) Définition

Définition de Joseph La Palombara et Myron Weiner, anglo-saxons : « Un parti politique est


une organisation durable, c’est-à-dire une organisation dont l’espérance de vie politique
est supérieure à celle de ses dirigeants ; c’est une organisation localement bien établie et
apparemment durable entretenant des rapports réguliers et variés avec l’échelon national ; c’est une
organisation dans laquelle existe la volonté délibérée des dirigeants de prendre et d’exercer le

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pouvoir seul ou avec d’autres et non pas simplement d’influencer le pouvoir ; c’est une
organisation dans laquelle est repérable le souci de rechercher les soutiens populaires à travers une
élection ou de tout autre manière ».

Explication :
- Durable : Ce n’est pas seulement le parti d’un individu qui existe juste le temps de la
conquête du pouvoir par un individu. Un parti politique s’inscrit dans le temps et ne relève
pas que des caprices d’un individu.

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Pendant longtemps, la question était de savoir si le FN est un vrai parti politique et s’il
disparaitrait avec Jean Marie Le Pen.
- Un parti politique c’est d’autant d’implantations locales, c’est un ensemble de fédérations.
Les partis sont marqués par les caractéristiques sociales, économiques, par l’environnement
dans lequel ils s’enracinent.
Ex : Section UMP du Nord et section UMP de l’Ile-de-France peuvent avoir des
divergences. Les dirigeants ont la volonté de prendre ou d’exercer le pouvoir.
- Exprime la volonté de prendre ou d’exercer le pouvoir.
- Tout parti politique recherche des soutiens populaires, des sympathisants. Cette recherche
est une recherche de légitimité, de représentativité, une recherche pour prendre place le plus
massivement possible dans une société.
01/04/15
Il n’est pas de parti politique qui ne recherche pas le pouvoir. Une organisation qui ne
souhaite pas exercer le pouvoir n’est pas un parti (exception du parti anarchiste qui veut
prendre le pouvoir par une révolution). Un parti politique n’est pas seulement un siège
national, c’est aussi une organisation qui s’inscrit dans les territoires. En région, on a surtout
vent des fédérations départementales, régionales. Chaque antenne de parti est tributaire des
caractéristiques du territoire. Les partis politiques quel qu’en soit les moyens recherchent
toujours les soutiens populaires, la force collective qui s’aperçoit par le nombre d’adhérents.
Permet de donner une image de parti légitime, de parti fort. Aujourd’hui ces mêmes
partis ne réalisent pas les objectifs de nombre d’adhérent. Il y a une sorte de crise de
l’adhésion et du militantisme.
Ex : octobre 2011, parti communiste a organisé un primaire pour désigner son candidat à
l’élection présidentielle qui a connue un certain succès  signe de mobilisation.

C) Les fonctions sociales des partis politiques

Les partis politiques servent à conquérir le pouvoir mais pas seulement.


Les partis politiques sont des institutions, organisations qui servent à produire puis entretenir
des croyances au sujet de la conduite des sociétés, de la vision du monde. Les partis politiques
sont producteurs d’idées. Ce sont des organisations qui orientent et coproduisent l’opinion
publique.
Les partis politiques sont des instances qui socialisent et politisent des individuels politiques
et qui dispensent des identités au sein d’une société donnée.
Les partis politiques sont aussi des institutions grâce auxquelles l’apprentissage du savoir-
faire et de technique d’actions politiques est rendues possibles. Ce sont eux qui apprennent
aux individus à se mobiliser, à faire campagne y compris sur des questions qui ne sont pas
politique.
Les partis politiques sont des matrices de socialisation aux fonctions dirigeantes. Comment
devient-on dirigeant ? En fréquentant les partis politiques.

Pourquoi adhérer à un parti politique ? Parce qu’on veut s’approprier leurs idées, on veut
apprendre des choses. Mais adhérer à un parti politique c’est aussi vouloir s’inscrire dans
cadre collectif, un cadre de sociabilité ctd rechercher des relations. Adhérer à un parti
politique, c’est rechercher de l’affection, le parti est considéré comme une famille. Certains
vont aussi dans des partis politiques pour des raisons érotiques, sexuelles. Quand on vit dans
un parti on peut être très vite happé par lui d’où l’intérêt d’avoir son conjoint dedans. Enfin,
les partis politiques permettent de se créer un capital social ctd un réseau qui va pouvoir nous
faire aller sur le marché du travail.

§2 : Le leadership partisan

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A) Devenir dirigeant

Comment devient-on l’un des dirigeants de partis ?


« On ne naît pas dirigeant on le devient » Simone de Beauvoir.
Pour comprendre la carrière d’un dirigeant il faut s’intéresser à la socialisation primaire et
secondaire des dirigeants. Il ressort que tous ont eu une socialisation primaire qui a représenté
une socialisation politique intense (né dans une famille politisée). On ne rentre presque jamais
en politique par hasard.

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La socialisation secondaire a aussi un rôle, on remarque que ceux qui sont en cours de
politisation ou de socialisation politique sans s’en rendre ont plus ou moins inconsciemment
tendance à l’école à aller vers des filières qui continuent de les élever vers la politique (géo,
science po, etc…). Le droit et la science politique apparaissent comme des écoles
d’apprentissage, des classes préparatoires à un métier politique qui ne s’apprend pas. Il n’y a
pas une licence pour un métier. Socialisation secondaire par l’immersion dans un parti. Dans
un parti, progressivement des carrières dirigeantes se dessinent ; certains individus
commencent à montrer une appétence et une compétence pour le métier politique.

C’est dans les partis politiques qu’on se découvre, qu’on se fait reconnaitre et qu’on se voit
confier de plus en plus de responsabilité mais aussi des titres et des places dans
l’organigramme du parti et ainsi évoluer.

C’est là aussi qu’on se voit également inviter à faire ses preuves, à montrer qu’on a l’étoffe
d’un dirigeant. Il faut montrer qu’on est plus qu’actif, inventif. Petit à petit, on commence à
prendre du poids dans le parti. La plus souvent le SU est un lieu et rite de passage. La montée
dans le parti est progressive, c’est un travail de longue haleine.

Les dirigeants de partis acquièrent, en gravissant les échelons du charisme d’institution. C’est
un type de charisme que le parti va nous accorder à mesure que l’on remporte des trophées.
C’est le fait que les militants nous acclament, nous applaudissent, ce qui va nous conférer une
autre psychologie et une autre identité. A l’extérieur du parti, cela va accréditer la thèse que
l’on est un personnage extraordinaire, bourré de charisme (cf. Nicolas Sarkozy). Les partis
politiques, c’est ce qui donne ce supplément d’âme aux responsables politiques. Plus ils se
hissent dans le parti, plus ils deviennent des êtres différents avec qui on n’entretient plus les
mêmes rapports.

B) Qui sont les dirigeants de partis ?

Nous ne disposons pas d’études exhaustives sur les dirigeants des partis politiques. Mais on
peut extrapoler des chiffres sur les profils des parlementaires français qui sont tous affiliés à
un parti politique. Quand on prend le cas des dirigeants politiques français, on a faire à des
individus relativement âgés : la moyenne d’âge des députés français est de 54,6 ans ctd 55
ans. En 1958, l’âge moyen était de 48 ans. Sur la question du sexe, sur cette législature-là, la
proportion des femmes députées est de 26,5%. Dans la division du travail et des tâches, les
hommes du parti sont médiatisés alors que les femmes sont à l’écart. Néanmoins, en 1958, il y
avait seulement 1,3% de femmes députées. En 1973, 6% ; en 1997, 10% puis en 2000 apparait
la loi sur la parité et enfin en 2005, on a 18,2%. L’UMP est le parti qui respecte le moins la
parité : leur amende s’élève à des millions d’euros. Pour la parité, le scrutin le plus juste est
celui des élections départementales car c’est un scrutin binominal donc on élit toujours un
homme et une femme conseiller départemental. Mais il y aura plus d’homme directeur dans
les conseils départementaux que de femmes.

Du point de vue des catégories socio-professionnelles, on constate des différences. Nos


dirigeants et donc parlementaires ne sont pas à l’image des catégories de la population active.
En 2012, plus de 81% des parlementaires appartiennent à la CSP des cadres. Dans la
population active les cadres représentent seulement 17% de cadres. Il n’y a que 2,4 % des
députés de cette législature qui sont issus de là alors qu’en France 29% des actifs sont
employés. 0,2% des députés ont eu un emploi d’ouvrier avant d’entrer à l’AN alors que dans
la population active ils sont moins d’1%. Quand on additionne les ouvriers et les employés
dans la population active, on est a 51% alors que pour les parlementaires cela représente 3%.

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Les choses sont bien faites pour les commerçants, chefs d’entreprise et artisans qui sont à 7%
à l’AN et 6% dans la population active. Dans la population active, il y a 2% d’agriculteurs et à
l’AN et 3,2% sont des agriculteurs syndicalistes et la plupart sont au crédit agricole (gros
lobby sur l’AN). Nos dirigeants sont des cumulards ctd qu’ils cumulent plusieurs fonctions.
Ils sont mêmes multi cumulards. Sur 577 députés ils sont 220 à avoir un mandat en plus du
mandat parlementaire et 158 à avoir deux mandats en plus du mandat parlementaire. 73 en ont
3 mandats en plus de leur mandat parlementaire.

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La loi sur le cumul des mandats veut limiter le cumul des mandats dans l’espace. Il est assorti
d’une limite des indemnités, il ne peut pas gagner plus d’une fois et demi son salaire de
députés qui est de 7000/8000€.

C) Gouverner un parti politique

Un chef de parti peut diriger en travaillant son image auprès des adhérents, des militants pour
entretenir son charisme et accroître sa légitimité et c’est important car il y a des élections au
sein des partis pour désigner le chef. C’est pour cela que les partis tiennent des Congrès ou
organisent des meetings. Il faut travailler sa foule militante. Il faut aussi faire un gros travail
en matière de médiatisation. Il faut être médiatico-compatible (cf. Manuel Valls qui avait un
capital communication élevé comparé à son capital partisan).

§3 : Le militantisme dans les partis

Les partis politiques servent à conquérir et exercer le pouvoir. Mais ils servent aussi à tout un
tas de gens de réaliser leurs objectifs en matière de défense, de lutte pour leurs idées, causes,
convictions.

A) Des socialisations militantes

Comme pour les carrières dirigeantes on remarque qu’on ne tombe pas dans le militantisme
par hasard on le devient parce qu’on a une socialisation politique plus poussée que la
moyenne des gens.
Beaucoup sont nés dans des familles engagées. Entre 25% et 50% sont des fils d’anciens
adhérents de partis ou de syndicats. Ce sont des gens qui ont été exposés très tôt à la politique
par leur famille mais aussi par la pratique d’activités culturelles souvent religieuses. Dans les
partis politiques, beaucoup d’adhérents sont des pratiquants ou des gens marqués par leur
religion. Cela montre qu’il y a un souci du collectif et une envie de s’engager dans les
activités locales ou régionales. Ce concours de circonstances montre pourquoi il n’y a pas tant
de militant que ça.

B) Les rétributions du militantisme

Pourquoi on adhère à un parti ? Parce qu’on a une trajectoire qui nous prédispose, il y a très
peu de hasard. Mais aussi parce qu’on a des idées chevillées au corps ctd que parfois on peut
être habité par des convictions pour lesquelles on pourrait sacrifier une partie de sa vie, de sa
famille etc. Ces idées sont motrices. On adhère à un parti aussi parce que souvent,
inconsciemment, on est à la recherche d’un ensemble de rétributions ctd qu’on est à la
recherche de différentes formes d’estime sociale, ctd le sentiment qu’autrui nous accorde de
l’intérêt. L’estime sociale est une monnaie de singe ctd une fausse monnaie qui peut être à tout
moment dévaluée. On ne peut pas la stocker. Une personne qui s’engage est une personne qui
a une trajectoire particulière mais c’est aussi une personne sensible au gratification, à la
rétribution que le parti peut leur accorder.

Il y a deux types de rétributions recherchées :


- rétributions matérielles au militantisme ctd des avantages matériels ou
en nature Ex : proposition d’un emploi dans ou hors le parti mais sur lequel il a
la main.
- rétributions symboliques qui sont importantes
Ex : promotion dans l’organigramme, félicitations, poignées de mains, attention et affection
que l’on nous donne.

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08/04/15
La vie sociologique permettait d'affirmer qu'on devenait rarement un militant par
hasard. Trajectoire fortement marquée par un intérêt croissant pour la politique.
Dans le pourquoi il y a la socialisation qui nous prédispose énormément dans notre intérêt
pour la politique. C'est souvent inconsciemment que ces rétributions sont perçues, et ces
rétributions peuvent être matérielles. Des avantages que l'on reçoit en échange de notre
adhésion. Possibilité dans certains cas de se voir accorder de l'estime sociale.
Cela ne signifie pas que l'on adhère pour les adhérents.

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C) Qui adhère ?

Les partis comme la classe politique souffrent d'un gros problème de représentativité. On ne
peut que constater une forte différenciation sociale, les partis politiques sont un repère de
cadres, de professions intellectuelles supérieures, de diplômés et de gens par rapport à la
moyenne nationale plus âgés. Problème de professionnalisation donc dans les partis
politiques.

Les partis politiques français sont principalement habités par des semi-professionnels de la vie
politique. Seulement 5 % des adhérents du Parti socialiste ont moins de 30 ans. A l'UMP, ils
sont entre 10 et 15 %. 55 % des adhérents de l'UMP sont de l'enseignement supérieur, et
seulement 5 % des adhérents du PS sont ouvriers et 2 % à l'UMP. Partis politiques qui sont
très fortement coupés des catégories et des milieux populaires.

Jusqu'à ce jour rien n'est fait, y compris toutes ces mesures que les partis ont cherché à mettre
en œuvre pour capter plus de jeunes. Idée de l'adhésion à 1 euro, mettre du 2.0 etc. Petit afflux
d'adhérents mais souvent ces adhérents ne renouvelaient pas l'année suivante.

Conclusion :
La crise des organisations politiques, ça fait vingt ans que les partis politiques cherchent à
sauver et que l'on recherche des expériences partisanes, de nouvelles formes de partis plus
ajustées, plus adaptées aux manières de vivre de nos concitoyens. Chaque fois qu'on essaye
d'aller vers davantage de démocratie interne, de modernité, de concertation, sans
complètement trouver la solution. Cette idée sur laquelle il faut réformer la forme partisane
est symbolisée par l'arrivée de nouveaux milieux partisans qui ne sont pas sans s'inspirer de
l'expérience de « Podemos ».
A ce jour on voit que les partis politiques engendrent des re-démocratisations de la démocratie.

Chapitre 7 :
L'action collective

C'est un chapitre qui va nous déplacer, d'un système politique vers sa périphérie. Si on doit le
dire de façon synthétique, on peut considérer qu'il y a deux manières de participer à la
politique dans notre démocratie représentative, la première consiste à participer
aux élections, voter. C'est ce qu'on appelle la participation conventionnelle.
Deuxième façon : manifester. C’est surtout considéré comme une participation politique
non conventionnelle. Cette division de l'action politique nous permet de comprendre une
chose très importante de notre système politique : on est avant tout une démocratie
représentative, plus que de la participation générale. On se demande comment on mène une
action collective, comment une action faite collectivement peut naître collectivement.

§1 : Qu'est ce qu’une action collective ?

A) Définition

Il faut d’abord pouvoir trouver la trace d’un agir ensemble. Elle permet de dissocier
l’action collective, qui pourrait avoir la couleur et même le goût de l’action collective mais
sans l’être.
On a affaire à une action collective surtout quand il y a un agir ensemble qui s’est construit en
amont. Elle ne tombe pas du ciel et ne concerne pas les gens qui sont là au moment d'agir. Et
puis il faut de la part de la plupart des banques qu’il existe un minimum de croyances, entre

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tous les membres en la cause défendue. Notion idéologique qui a pour projet d’immobiliser et
d'interpeller les pouvoirs publics et les pouvoirs politiques dont les banques partagent en
commun les croyances et qui vise à interpeller le pouvoir politique.

Nous voulons ainsi que la cause que nous défendons soit réglée par la cause politique, logique
alors d’interprétation. Cette logique exige que nous soyons très fort pour médiatiser par
exemple.

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Beaucoup de rationalité et beaucoup d’inventivité dans la mesure où il faut savoir porter


haut et fort les mesures de radicalisation.
Il faut mettre en conformité les temps de parole sans pour autant dévaloriser notre cause.
De la rationalité et de l’inventivité. Plusieurs actions collectives en France se déroulent et on
pourra se dire qu’il y a au moins dix manifestations à Paris. Il va falloir par exemple être
inventif pour ne pas faire ce que tout le monde a déjà fait.

B) La composante politique de l’action collective

A mesure que la démocratie s’installe, on gère ensemble la vie politique et les formes de
protestation se développent.
Judiciarisation qui se développe en même temps que se développe un État de droit et on
essaye de peser sur le pouvoir public pour qu’il revoie le droit. Institutionnalisation d'un
certain nombre d'arènes au sein desquelles ces actions collectives vont prendre forme. Il faut
parler de la rue qui est l’un des hauts lieux de l'action collective.
Occuper les différents lieux de pouvoir, comme l’Assemblée nationale, le Sénat ou Matignon.
Instruments de mobilisation : les jeux olympiques sont par exemple le meilleur moyen de
défendre une cause politique.

C) Les répertoires de l’action collective

C’est le registre par lequel on essaye de susciter l'attention de l'opinion et des médias.
Tous les groupes sociaux ne sont pas égaux face à l’action collective. Tous les groupes sociaux
ne profitent pas à priori de la même image dans l’espace public.
Par exemple le milieu de la prostitution n’est pas un milieu ayant une bonne image dans
l’espace publique : image douteuse, sulfureuse. La loi n’est pas du côté de la prostitution, elle
la réprime.
On mène une action collective. Difficulté des femmes à occuper l’espace public. Lors des
manifestations de prostituées, les femmes portent souvent des masques.
Tous les groupes sociaux ne profitent pas de la même image sociale.
Les groupes sociaux n’ont pas les mêmes moyens pour s’exprimer dans l’espace public.
Par exemple le capital culturel, la communication, l’expression orale, l’expression écrite afin
de mettre en avant ses revendications.
Le droit est également un très bon moyen de se faire entendre.
L’identité sociale dont jouit un groupe social n’est pas toujours la même.

§2 : Pourquoi se mobilise-t-on ?

A) Les modèles de la frustration

Les individus se rebellent lorsqu’ils ont de la frustration, ce qui fait qu’ils vont aller
manifester dans la rue pour combler ce manque, exprimer leur désaccord. Il faut néanmoins
aller au delà de la simple question de la frustration.
Une action collective surgit quand l’écart est trop grand entre leurs satisfaction concrète des
choses de la vie du monde et leurs attentes.
Cela signifie que pour que des gens décident de se rebeller, de manifester ; il ne suffit pas
qu’il y ait de la frustration, il faut également qu’il y ait un écart entre ce qu’ils pensaient être
en droit d’attendre et ce qu’ils connaissent.
Pour se rebeller il ne s’agit pas seulement d’être frustré.
Perspective de la vie sociale et culturelle prometteuse
Ceux qui n’ont rien de la vie dans cette perspective la n’ont pas à se rebeller.
Alexis de Tocqueville considère comme l’auteur merveilleux de la démocratie en Amérique

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Dans son ouvrage L’Ancien Régime et la Révolution qui est un Ouvrage qui cherche à
expliquer pourquoi il y a eu la Révolution française.
Tocqueville parle de conflit entre les classes et notamment entre l’aristocratie et la bourgeoisie
montante.

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Les privilèges de classe de l’aristocratie en France qui commençait à s’appauvrir contre la


bourgeoisie qui n’avait pas de privilège mais qui s’enrichissait de plus en plus.
En 1789, selon Tocqueville, le sentiment d’injustice n’avait sans doute jamais été aussi fort en
France Les inégalités sont très fortes relativement à aujourd’hui.
Dans cette société d’Ancien régime, on se rapproche beaucoup plus de la vie en caste que de
la vie en classe.
Les inégalités entre aristocratie, bourgeoisie et tiers états s’étaient pourtant légèrement
réduites et c’est justement cette réduction des inégalités qui a créé un climat de frustration.

Mai 1968 a été une véritable révolution également dans beaucoup de domaines. Si mai 68 a eu
lieu, c’est aussi parce que les groupes sociaux avaient déjà commencé à profiter d’une
certaine conjonction.

B) Olson et le paradoxe de l’action collective

S’approche beaucoup de l’analyse économique.


Mancur Olson, économiste turc, s’est doté de compétence sociologique et a cherché à
comprendre pourquoi il y avait des gens qui se regroupaient pour participer à une action
collective.
Selon lui personne n’a un intérêt à participer à une action collective. En effet le coût de
l’engagement pour une personne sera supérieur à l’avantage que cela va lui procurer.
À l’échelle individuelle, personne n’a intérêt à s’engager. Selon lui, l’intérêt de chacun est
d’être un free rider, c’est à dire de ne pas participer à la manifestation tout en profitant des
bénéfices que celle-ci peut apporter.
La philosophie qu’Olson met en œuvre signifie qu’il ne devrait jamais y avoir de
manifestation politique. Si les bénéfices de la manifestation ne bénéficiaient qu’à ceux qui
avaient participé alors il y aurait beaucoup plus de monde aux manifestations mais dans notre
état de droit ça n’arrive pas.

Olson résout se paradoxe en parlant des incitations/ratifications collectives.


Ce que Olson constate c’est que dans une action collective, il existe des
incitations/ratifications sélectives à savoir des avantages que seul les participants à l’action
collective peuvent connaître.
S’engager dans un mouvement, c’est se rendre compte qu’on a su agir, donner du temps, aller
au bout de ses intentions, persévérer, ce sont des incitations symboliques, morales.
Pour Olson, il y a aussi des incitations amoureuses, affectives et érotiques ; il parle de la
libido des manifestants en reprenant les travaux de Freud.

À l’issue ou au cour d’une action collective, on peut également se voir proposer certains
avantages sociaux, emplois, logements qu’on n’aurait pas obtenu si on avait pas participer à
l’action collective. Ils peuvent également trouver un avantage dans la construction d’un
réseau, par exemple les associations étudiantes qui permettent de se lancer plus facilement en
politique
Olson veut résoudre ce paradoxe de l’action collective par ces avantages divers, il est donc
possible de trouver des avantages dans l’action collective.
Tous les groupes n’offrent pas les mêmes quantités d’incitations collectives. Par exemple, les
manifestations des prostituées ne leur ont pas apporté énormément. De plus l’approche
économiste d’Olson ne s’adapte pas à la sociologie, il raisonne en terme de coûts/avantages,
cette approche est un peur grossière car elle présuppose à tout un chacun ce qu’est un coût.
Selon Olson, donner de son temps est un coût alors que donner de son temps à quelqu’un à
une cause n’est pas forcément un coût, cela peut même être un énorme avantage, on peut ainsi
donner un sens à sa vie.

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Pour lui répondre, un sociologue a pris l’exemple du pèlerinage, partir à la réflexion à la


recherche de son salut.
Pour Olson, le pèlerinage correspond à un coût tandis que le salut correspond à
l’avantage.
La partie sacrifice qu’Olson pourrait imaginer comme un coût pourrait, pour certaines
personnes, être un avantage.

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C) La théorie de la mobilisation des ressources

Cette théorie pose qu’il n’existe jamais de génération spontanée d’action collective. Une
action collective ne tombe jamais du ciel, ça ne se fait pas en un instant. Si action collective il
y a, c’est parce qu’une histoire collective et individuelle la précède.
La mobilisation des ressources porte sur deux choses : Si les gens se mobilisent, c’est qu’ils ont
déjà
des identités, une image sociale qui les prédispose à se sentir autorisés à revendiquer.
Le deuxième aspect important est le niveau d’interconnaissances dans un groupe,
plus il est important plus la mobilisation sera importante, plus ce groupe sera amené à se
rassembler.
La plupart du temps, on se rend compte que beaucoup d’individus s’étaient connus avant
l’action collective. Les femens ont par exemple pris une grande ampleur en France parce
qu'elles ont été rejointes par de nombreuses associations féministes.

Cette théorie de la mobilisation des ressources a essayé de nous faire comprendre quelles sont
les conditions de possibilités de l'action collective mais aussi quelles sont les conditions de
félicités (de réussite) de cette même action collective.
15/04/15
§3 : La manifestation

La manifestation est l’un des répertoires les plus empruntés il symbolise le mieux ce qu’est
une action politique. Cela permet de regarder de très près ce qu’est l’action publique.

A) Définition

Une occupation momentanée par plusieurs personnes d’un lieu ouvert, le plus souvent
public, parfois privé et qui comporte directement ou indirectement l’expression
d’opinion politique. Il faut que des individus se rassemblent, se massent. L’idéal est d’être le
plus nombreux.
Enjeu du nombre. Plus ils sont nombreux, plus les manifestants auront réussi à produire leur légitimité
politique. On est très nombreux dans la rue. Le nombre est fondamental.
L’Etat a d’autant plus intérêts à réduire les nombres, car lorsque le nombre s’accroit, on peut penser à
un danger. Le droit de manifester est un droit constitutionnel mais sous réserve d’une autorisation.
Cependant, l’Etat et les pouvoirs publics redoutent l’occupation des rues, des places publiques par des
foules manifestantes défendant des manifestations politiques car toute manifestation peut déborder, se
transformer en collectif. Et derrière ça, il y a la peur de la guerre civile, du débordement du politique
par des comportements hors élections. Plus il y a de manifestants, plus les policiers déploient des
contrôles de maintien de l’ordre très sophistiqué.
On peut penser que certaines manifestations cherchent à contester de manière forte le monopole de la
violence légitime. Les forces de l’ordre sont l’incarnation de l’Etat, la personnification de l’Etat. Ne
pas contrôler les manifestants, c’est donner l’image d’un Etat qui se voit déborder.

On considère qu’il y a environ 10 000 manifestations en France chaque année.


La majorité des manifestations rassemblent quelques centaines de personnes. Mais il arrive qu’on
puisse rassembler jusqu’à 1 million de personnes.
On estime qu’à Paris, il peut y avoir 7 à 8 manifestations simultanées, dans des endroits différents.
La manifestation est une invention de la vie politique du XIXème siècle, c’est un répertoire d’action
qui s’impose et résulte du développement des sociétés marchandes industrielles et modernes.
Urbanisation et politisation.

B) Une manifestation n’est jamais spontanée

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Ce n’est pas une action collective dans la mesure où il n’y a jamais de manifestation par hasard.
Intéressant de voir comment advient une telle action politique. Il existe un amont de la manifestation.
Processus de coalition des causes défendues. S’il y a manifestation, c’est qu’il y a des agents qui sont
spécialisés dans la production de tels évènements : il faut des savoir-faire, des gens qui savent faire
une manifestation, la produire et en faire un événement

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Souvent, dans la manifestation, on retrouve des leaders qui ont accumulé de l’expérience, et permettent
d’orchestrer la manifestation. En socio-politique, on dit qu’il n’y a pas de manifestation sans
entrepreneurs de cause.
Une manifestation n’a de chance de réussir que si certains manifestants ont des contacts avec des
journalistes.
Une manifestation n’est jamais complètement spontanée même si les organisateurs d’une
manifestation ont tendance à vouloir le faire accroitre.
Une manifestation ce n’est pas non plus une foule rassemblée bêtement et simplement. Si l’on regarde
une manifestation de près, on voit que ce n’est pas un simple rassemblement aléatoire des individus. Il
y a une hiérarchie dans une manifestation.
A sa tête, il y a les portes paroles, ceux qui s’exprimeront devant les médias.
Quand une manifestation comporte une centaine de personnes, il y a un service d’ordre d’intérêt.
Puis on a des manifestants les plus actifs, les plus engagés.
Encore derrière, on a les manifestants les moins engagés.
L’Etat fait en sorte qu’une manifestation de laisse aucune trace.

C) La manifestation de papier

Par ce titre qui est patois, on entend dire que d’une certaine façon, une manifestation qui n’a été
médiatisée, c’est une manifestation qui n’a aucune chance d’atteindre l’opinion publique et puis les
pouvoirs publics.
La manifestation de papier est une manifestation qui ne parvient pas à ce médiatiser et qui
rencontre l’indifférence généralement.
Quand on parle d’une manifestation papier, on parle de l’impact médiatique d’une manifestation,
de la manière dont les journalistes parlent de la manifestation. Si les journalistes en parlent, c’est
presque gagné, ils relaient la manifestation et l’amplifient. C’est là où on voit la force du nombre que
représente la manifestation.
Cette amplification se voit au lendemain de la manifestation. On parle ou pas ou plus ou moins de
manière élogieuse de la manifestation.
Cette spectacularisation tient au fait que de plus en plus les organisateurs admettent d’anticiper ce que
les médias apprécient, il faut inventer pour sortir de l’ordinaire et acquérir sa légitimité politique en
tant que tous manifestants.
 Impératif de médiatisation.

Pour le partiel :
Pas plus d’une demi page par question.
Certaines questions peuvent être répondu en 2 lignes.

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