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Chapitre III
TRANSFERT THERMIQUE
PAR CONVECTION
1.1Convection
Le transfert de chaleur par convection est associé à un déplacement de matière (fluide), les
particules chaudes en mouvement peuvent migrées vers des zones moins chaudes. Ainsi le
type d'écoulement est important dans la description du problème.
Les paramètres descriptifs du transfert par convection forcée de cette application sont illustrés
dans le tableau 3.1. Huit grandeurs peuvent intervenir dans le calcul du flux avec 4
dimensions fondamentales représentant respectivement la longueur L, la masse M, le temps T
et la température θ.
Remarques
1. Lorsque les grandeurs mécaniques et grandeurs thermiques ne permettent pas sera la
mesure de l'échange d'énergie, on ajoutera la quantité de chaleur Q qui sera considérée
comme une 5ième dimension.
2. Q est homogène à un travail qui s'exprime en fonction des dimensions fondamentales
M, L et T par Q = M.L. T -2 n'est pas une vraie dimension fondamentale.
2. Analyse dimensionnelle
2.1 Principe de la méthode
Le tableau 4.1 montre qu’on peut exprimer les grandeurs physiques en fonction d'un nombre
limité de dimensions fondamentales. La méthode d’analyse dimensionnelle repose sur le
principe de l’homogénéité des termes d’une équation connue sous le nom de théorème de
Vaschy-Buckingam ou théorème des groupements π.
Une loi physique exprime une variable physique G1 en fonction d'un certain nombre d'autres
variables physiques indépendantes G2, G3,….., Gn cela pourra se traduire par une relation du
type :G1=f(G2,G3,…,Gn). Cela montre que la loi physique peut être présentée par une relation
de la forme : F(G1,G2,…,Gn)=0.
Le nombre de variables intervenants dans cette relation est souvent élevé, ce qui est le cas
pour un problème de transfert par convection, une simplification du problème serait exigée
celle-ci pourra s’effectuer de la manière suivante :
On écrit pour chaque variable Gi, l'équation aux dimensions en fonction des
dimensions fondamentales. On dispose alors de n équations qui ont nécessité p
dimensions fondamentales pour caractériser toutes les grandeurs physiques.
On prélève p de ces n variables que l'on considère comme variables de base (chaque
variable est définie par une équation de base). Cela permet d’obtenir ce qu’on appelle
équations de base. Bien que le choix des équations prélevées soit arbitraire, il faut
toutefois que chaque dimension fondamentale apparaisse au moins une fois sur
l'ensemble des p équations.
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Les (n-p) variables restantes seront présentées alors sous forme de (n-p) rapports sans
dimensions appelés groupements qui sont des "grandeurs réduites". Cela permet de
transformer la loi physique pour qu’elle soit présentée sous la forme d’une relation du
type:
F (G1 , G2 , G3 ,....Gn ) D1n1 .D2n2 ....D pq g ( 1 , 2 ,..., n p ) 0
n
Le terme g(π1,π2,…,πn-p) qui devra être nulle constitue ce qu’on appelle une équation
réduite de la loi physique:
g(π1,π2,…,πn-p)=0
les relations définissant D1, ….., Dp formes les équations de base
Un groupement i est défini par une équation sans dimension. Il est obtenu par le rapport entre
une grandeur physique n'appartenant pas à l’ensemble des équations de base et le produit des
équations de base, chacune d'elle étant portée à une puissance qu’on devra déterminer:
i
Gi avec (i=p+1,p+2,…, p+(n-p))
G1 .G2 a2 ..... G p a p
a1
Théorème de Vaschy-Buckingam
Toute fonction F de n variables indépendantes Gi mesurées par p unités
fondamentales (avec n>p) s’exprime nécessairement sous la forme:
F (G1 , G2 , G3 ,....Gn ) D1n1 .D2n2 ....D pq g ( 1 , 2 ,..., n p ) 0
n
les variables D1, D2, …,Dp étant choisies dimensionnellement indépendantes. Les
fonctions πi sont des groupements adimensionnels des variables D1, D2, …,Dp.
Il faut choisir ensuite 4 (p=4) variables de base de façon à ce que les 4 dimensions
fondamentales figurent au moins une fois dans l'ensemble des variables. Prenons par exemple
ρ , λ, η et D comme variables de base, il reste les variables V, cp, h et Tp-Tf
On écrit alors les 4 rapports sans dimension correspondants à ces variables sous la forme :
V c h T T
1 a1 b1 c1 d1 , 2 a2 b2 p c2 d 2 , 3 a3 b3 c3 d 3 et 4 a4 pb4 c4 f d 4
D D D D
1 V
LT 1
LT 1
c Dd
a
1 b
1 1 1
ML MLT
3 a1 3
1 ML T L
b1 1 1 c1 d1
M a1 b1 c1 L 3a1 b1 c1 d1T 3b1 c1 b1
Il faut remarquer que la méthode de l’analyse dimensionnelle qui fournit des grandeurs
réduites ne donne pas la forme de la relation qui les lie, la recherche de cette relation fait
l’objet du dépouillement des résultats expérimentaux.
V=0
Zone de turbulence
Vmax
considère que la résistance thermique est entièrement située dans cette couche limite
thermique qui joue le rôle d’isolant.
Ceci correspond au modèle de Prandtl représenté sur la figure 3.3 à titre d’exemple pour
l’écoulement turbulent d’un fluide dans une conduite.
V=0 Tp
Convection forcée
Avec un gaz 10-200
Avec un liquide 100-5000
Ebullition de l’eau
Dans un récipient 2500-35000
En écoulement dans un tube 5000-100000
Pour un écoulement s’effectuant à l’intérieur d’un tube cylindrique DH est égal au diamètre
intérieur du tube. DH est pris égal au diamètre extérieur du tube pour un écoulement extérieur
perpendiculaire à ce tube. Le diamètre hydraulique est pris égal à la longueur pour un
écoulement à surface libre sur une plaque…
Le calcul d’un flux de chaleur transmis par convection forcée s’effectue de la manière
suivante :
1. calcul des nombres adimensionnels de Reynolds et de Prandtl
suivant la valeur de Re et la configuration du système (plaque, canalisation (section
circulaire ou autres)…, verticale, horizontale, inclinée)
On choisit une corrélation (loi empirique fournie par les expérimentateurs)
2. calcul du nombre de Nusselt par application de la corrélation retenue
3. calcul de h et du flux avec les relations :
Nu
h et hS (T f T p )
D
Il faut remarquer que les propriétés du fluide (Cp, λ, ρ, η) doivent être calculées à une
température moyenne dite température du film :
T Tp
Tm f
2
4.2 Convection naturelle
4.2.1 Mécanisme de la convection naturelle
Considérons un fluide au repos en contact avec une paroi plane à température T (figure 3.4).
Si l’on porte la paroi à une température T+T, une particule fluide de volume v proche ou en
contact de la paroi s’échauffe par conduction et elle subit une dilatation thermique de telle
sorte que son volume passe de v à v+v et sa masse volumique passe de ρ à ρ+ρ (la masse
de la particule est conservée).
En admettant qu’à la température T la particule est en équilibre sous l’effet de son propre
poids et de la poussée d’Archimède l’équation représentant cet équilibre s’écrit :
mg z vg z 0
Lorsque la particule s’échauffe l’équilibre de la particule sera rompu : elle se trouve donc
soumise à une force ascensionnelle obtenue par une accélération . Le théorème de la
résultante dynamique appliqué à la particule en mouvement d’ascension s’écrit :
. mg z ( )(v v) g z ( )(v v) z
Fluide T, ρ
Fluide T, ρ
Dans le système M, L, T, θ, cette relation entre 8 grandeurs pourra conduire à une relation
entre quatre groupements adimensionnels. On montre qu’on peut réduire ces groupements à
trois nombres adimensionnels (définis dans le tableau 3. 6), liés entre eux par une relation du
type :
Nu=f(Gr,Pr)
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Pour l'eau par exemple, l'enthalpie de changement d'état liquide-gaz est supérieure à plus de 5
fois la chaleur nécessaire pour élever la température de la même quantité d'eau de 0 à 100°C.
On s'attend donc à ce que le transfert de chaleur par convection soit fortement amplifié en cas
d'ébullition (paroi chaude) ou de condensation (paroi froide).
Cependant, dans le cas de l'ébullition, il faut aussi remarquer que l'ébullition remplace une
partie du liquide proche de la paroi par un gaz de moindre conductivité thermique. Le résultat,
en termes de densité de flux de chaleur, dépend donc des conditions d’échange. Le paramètre
caractéristique du système est l'écart entre la température de surface (température de la paroi)
Tp et la température d’ébullition (de saturation) Ts du liquide à la pression considérée.
5. 1 Condensation
5.1.1 Description des phénomènes
Les échanges de chaleur entre une vapeur se condensant sur une paroi et la paroi proprement
dite sont liés aux types de condensation qui dépendent essentiellement des interactions
liquide-paroi :
Si le liquide ne mouille pas la surface, il se forme alors en certains points des
gouttelettes de liquide qui ruissellent le long de la paroi. Ce type de condensation ne
peut s’observer que si la paroi a une surface lisse et propre.
Dans le cas d’une condensation en gouttes, le liquide, sur la paroi qui ne forme pas un
film continu; offre une résistance thermique négligeable.
Cependant, le type de condensation que l’on rencontre généralement dans la pratique est la
condensation en film : la paroi est isolée de la vapeur par un film continu de liquide qui joue
le rôle d’isolant thermique entre la paroi et la vapeur et fait chuter la valeur du coefficient de
transfert de chaleur par convection h par rapport à la condensation en gouttes.
y
Tp
Ts
dx
y
a
Film de condensat
x
Figure 3.5: Schématisation de la condensation sur une paroi verticale
La force de pesanteur : ρ1g(a-y)dx x
La force due à la vapeur d’eau déplacée : - ρvg(a-y)dx x
dV
La force de frottement visqueux : 1 dx x (hypothèse du fluide newtonien)
dy
Le théorème de la résultante appliqué à la particule fluide en mouvement de translation,
supposé s’effectuer à vitesse constante, donne l’équation :
dV
1 dx v g (a y)dx 1 g (a y)dx 0
dy
Cela conduit successivement aux relations :
dV dV 1
1 g (a y) 1 v g (a y) et ( 1 v ) g (a y)
dy dy 1
L’intégration de la dernière relation entre 0 et y avec la condition limite : V=0 à y=0 donne :
1 y2
V ( y) ( 1 v ) g (ay )
1 2
Le débit massique de liquide condensé à une hauteur x (par unité de longueur suivant Oz) est
donné par :
a
a
y2
qm 1V ( y)dy 1 ( 1 v ) g (ay )dy
0 1 0 2
Tout calcul fait, on montre :
1
qm ( 1 v ) ga 3
31
Le flux de chaleur élémentaire cédé par le condensat à la paroi sur la hauteur dx s’écrit :
T
d x gradT .( y)dx dx dx(Ts Tp ) / a
y y 0
Entre les hauteurs x et x+dx, l’épaisseur du film de liquide passe de a à a+da du fait de la
condensation sur la hauteur dx. La quantité de vapeur condensée entre x et x+dx s’écrit :
dqm d 1 ( 1 v ) ga 3 1 ( 1 v ) ga 2 da
31 1
Le flux de chaleur cédé par le condensat à la paroi doit être égal à la chaleur latente de
condensation libérée par la quantité de vapeur calculée ci-dessus soit:
1
d x ( 1 v ) ga 2 Hda dx(Ts T p ) / a
1
Cette dernière relation pourra se mettre sous la forme :
1 (Ts Tp )
a 3 da dx
1 ( 1 v ) gH
L’intégration de cette équation avec la condition limite a= 0 en x = 0 conduit à :
1/ 4
41 (Ts Tp ) x
a
1 ( 1 v ) gH
Le coefficient de transfert de chaleur local (en x) par convection vérifie :
dx(Ts Tp )
hx dx(Ts Tp )
a
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Ainsi on déduit : hx et on montre :
a
1/ 4
1 ( 1 v ) g13 H
hx
4 (T T ) x
1 s p
En négligeant la masse volumique de la vapeur devant celle du condensat, le coefficient de
transfert moyen s’obtient en intégrant le coefficient local sur la hauteur L de la surface de
condensation :
1/ 4
1L 2 2 12 g13 H
hv hx dx
L0 3 L1T
Avec
H : chaleur latente de condensation (J kg-1)
T : différence entre la température de rosée de la vapeur et la température de la paroi
(°C)
L : hauteur de la paroi (m)
La condition de validité est limitée au régime d’écoulement laminaire (Re inférieur à 2000)
le nombre de Reynolds Re est défini de la façon suivante : On considère le débit massique de
condensat Qm et la section de passage S. dans le cas d’un tube vertical de diamètre extérieur
4Qm
De , le nombre de Reynold s’obtient par la relation : Re
De
Remarques
1. Les grandeurs physiques relatives au liquide sont évaluées à la température du film
définie par la formule de Drew :
3T Tv
Tf p
4
2. Une valeur moyenne de h pour un tube horizontal peut être calculée par :
1/ 4
12 g13 H
hv 0.725
De1T
La condition de validité étant la même que celle du tube vertical
5.2Ebullition
5.2.1Description des phénomènes
Lors du refroidissement d’une vapeur à pression constante, la condensation est initiée sur des
«germes» de très petits diamètres (poussières en suspension dans l’atmosphère par exemple) à
une température Tg inférieure à la température de saturation Ts(P) (la température de
saturation dépend de la pression). Le développement de la condensation va ensuite avoir pour
effet d’augmenter la taille des gouttelettes et diminuer l’écart entre Tg et Ts(P).
De manière analogue, lorsque l’on chauffe un liquide, on suppose que sur les parois chaudes
sur lesquelles se produit l’ébullition se trouve des discontinuités (petites cavités contenant de
l’air) qui servent de “germes” favorisant la naissance de bulles de petit diamètre à une
température Tb supérieure à la température de saturation Ts(P) dépendant de la pression. Le
développement de l’ébullition va ensuite avoir pour effet d’augmenter la taille des bulles et
diminuer l’écart entre Tp et Ts(P).
Tp-Ts(P)
Figure 3.6 : Diagramme d’ébullition de Nukiyama
Lors du chauffage
Dans une première phase, jusqu'au point A, aucune bulle de gaz ne se forme sur le
filament : l'énergie est communiquée au liquide qui s'évapore en surface,
Entre B et D les bulles occupent de plus en plus de surface sur le filament, la densité
de flux stagne jusqu'en D. Selon les conditions, il est même possible que le flux en D
soit inférieur au flux en B (φ(D)< φ(B))
Lors du refroidissement
Depuis un point situé au delà de D : le régime d'ébullition en film se prolonge jusqu'en
C (point de Leidenfrost),
La transition vers le régime nucléé se fait à plus basse température qu'à la montée,
En dessous de A, on retrouve un régime d'évaporation (ébullition non nucléée)
Bien que Tp soit supérieure à Ts(P), il n’y a pas encore naissance de bulles. L’échange paroi-
liquide s’effectue par convection naturelle et obéit à la loi de Newton: h se calculant par les
corrélations concernant la convection naturelle.
Entre les points A et B
L’évacuation de la chaleur s’effectue principalement sous forme de chaleur latente de
vaporisation. La densité de flux de chaleur φ, transférée dans cette zone, peut être calculée par
0.33
C1T 0
C
la formule de Rosenhow :
H Pr1
s
1H g ( 1 v )
avec
C1 : Capacité calorifique du liquide
T : Ecart de température Tp-Ts(P)
H : Chaleur latente de vaporisation
Prl : Nombre de Prandtl du liquide à saturation
σ0 : Tension superficielle (tableau 3.7 et 3.8)
g : Accélération de la pesanteur ρ
ρ1 : Masse volumique du liquide ρ
ρv : Masse volumique de la vapeur
C : Constante déterminée expérimentalement à extraire à partir du tableau 3.9
s=1 pour l’eau et s =1,7 pour les autres liquides
Tableau 3.8: Valeur de la tension superficielle pour l’eau (d’après Holman, 1990)
Température de Tension superficielle Température de Tension
saturation (°C) N.m-1 saturation (°C) superficielle N.m-1
0 75.6 x10-3 160 46.1 x10-3
15.6 73.3x10-3 226.7 32 x10-3
37.8 69.8 x10-3 293.3 16.2 x10-3
60 66 x10-3 360 1.46 x10-3
93.3 60.1 x10-3 374.1 0
100 58.8 x10-3
au point B
La couche de vapeur isole totalement la paroi du liquide et la chaleur ne peut plus se
transmettre que par l’intermédiaire de la vapeur de très faible conductivité thermique.
L’augmentation brutale de la résistance thermique va provoquer une brusque augmentation de
la température de la paroi chauffante jusqu’à un niveau qui va permettre d’évacuer le flux
fourni à la paroi à la fois par conduction-convection et par rayonnement. On passe ainsi
brusquement du point B au point D dont la température dépasse largement 1000°C, on a
fusion de la paroi dans la plupart des cas, c’est pourquoi le point B est appelé « point de burn-
out ».
Annexe I
Corrélations pour le calcul de h en convection naturelle