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LE MINISTERE DE L’ACCUEIL A L’EGLISE

Rom 12.6-8, 13; 1P 4.9; Mtt 25.35-40

Pourquoi ce ministère?
Le but de l‘accueil dans une église est de prendre soin des visiteurs et de les aimer comme
Jésus le ferait. Très souvent, lorsqu’un visiteur entre dans une église, il a le sentiment
d’arriver dans un clan déjà formé. Cependant, l’objectif d’une église est d’inviter les gens à
rencontrer Dieu et à saisir le message de l’évangile; il faut donc mettre une structure en place
qui va enlever les barrières d’inconfort associées à la visite. Il faut que tous se sentent
bienvenus, tant un chrétien de passage qu’un non-croyant qui entre dans l’église pour la
première fois. Le seul objet d’étonnement doit être le message de la croix, et non un climat
trop froid ou trop intrusif.

Comment ?
Concrètement, il faut placer à l’entrée de l’église une personne chaleureuse qui salue les gens
à leur arrivée. Ce rôle est très important, car il s’agit du premier contact que les visiteurs
auront avec l’église : c’est là qu’on leur indique où se diriger, où déposer leur manteau et
s’asseoir dans la salle de réunion. Cette personne à l’accueil avisera ensuite les pasteurs ou
responsables de l’église de la présence des visiteurs, afin que ces responsables se présentent à
eux à la fin de la réunion et répondent à leurs questions. Habituellement, si le visiteur est
venu deux fois consécutives à l’église le pasteur/responsable lui offre une première rencontre
dans un petit café ou à la maison. Cela peut sembler très rapide comme invitation, mais il faut
réaliser que le visiteur est déjà venu deux fois à l’église; il a donc déjà entamé une recherche
spirituelle (nouvelle église, recherche de Jésus-Christ, recherche d’espoir, etc.). La plupart du
temps, mon mari et moi invitons plus d’un visiteur à la fois à la maison, car nous souhaitons
permettre aux gens de développer rapidement des liens entre eux, afin que l’intégration ne
repose pas que sur notre couple, qui doit garder du temps pour les futurs nouveaux visiteurs.
Nous offrons des rencontres avec un horaire bien déterminé, souvent après l’église, afin de
dissiper tout malaise de la part des hôtes ou des invités concernant le bon moment pour partir.
Si la personne continue à assister aux réunions de l’église, nous lui proposons de se joindre à
un groupe « connexion » (aussi appelé groupe de prière), et, selon son cheminement spirituel,
nous lui offrons un suivi personnalisé (fait par un autre ancien ou diacre de l’église) soit pour
comprendre le salut tel qu’il est décrit dans la Bible , soit les doctrines spirituelles de base,
soit encore pour devenir membre de l’église, ou pour se faire baptiser s’il en est à cette étape.
Nous pouvons également offrir un suivi de coaching ou de counseling biblique si la personne
cherche de l’aide pour un point précis dans sa vie. La prise en charge rapide des nouveaux
membres a pour but de faire des disciples qui mettront rapidement leurs dons au service de
Dieu. Le système d’accueil touche l’aspect relationnel et aussi l’agencement des lieux : par
exemple, à l’entrée de notre église, il y a le vestiaire, la librairie, puis le comptoir-café gratuit,
la table d’accueil, qui est un endroit facile à repérer pour tout type de question, ainsi que de
tables avec tabourets pour rendre l’ambiance conviviale.
Le jeu en vaut-il la chandelle?
À Shawinigan, Québec, nous voyons déjà des fruits de ce ministère : il y a une unité
grandissante dans l’église avec une intégration très rapide des nouveaux venus dans la grande
famille déjà en place. Je vous laisse avec un court extrait d’une lettre d’une jeune femme qui
est revenue à l’église après 10 ans d’absence. Nous avions invité cette jeune femme à la
maison avec une famille missionnaire américaine qui venait tout juste de se joindre à
l’église : « J’ai rencontré les Bert (nouvelle famille missionnaire) lorsqu’une famille m’a
invitée à venir à un repas d’accueil des nouveaux venus. L’ennemi a vraiment tenté de me
retenir en me disant de ne pas aller à ce dîner, car j’étais loin d’être nouvelle ! (…) J’ai
automatiquement été interpellée par le désir d’aider cette famille à s’intégrer. (…) Dieu a créé
un climat d’amitié très fort entre nous comme si nous nous connaissons depuis toujours. (…)
Rebekah et moi sommes en contact presque tous les jours depuis. Elle est devenue l’amie
chrétienne dont j’avais tant besoin. Elle m’a permis de joindre un groupe d’étude biblique
pour femmes en m’offrant le transport puisque je n’ai pas de voiture. »

Nous voyons par cet exemple qu’un bon accueil à l’église n’est pas seulement pour ceux qui
s’intéressent depuis peu à la foi chrétienne, mais aussi pour les chrétiens de tous horizons qui
désirent adhérer à une nouvelle église.

Comme tout le monde, il m’est arrivé d’aller dans des Églises que je ne connaissais pas. J’ai
d’abord cherché l’adresse, j’ai hésité entre plusieurs, puis je me suis décidé pour l’une d’entre
elles. Personne ne me connaissait. Je m’attendais à ce qu’on vienne me saluer et me souhaiter
la bienvenue. Je pensais : “Ils vont peut-être croire que je suis un nouveau venu, ou quelqu’un
qui est en recherche spirituelle. Donc, ils seront très heureux de me voir, et ils vont
s’intéresser à moi.”

Accueillir comme Jésus, Rom 15:7


Le mot accueil recouvre beaucoup de significations. On ne peut pas prétendre accueillir si
l’on ne prend pas le risque de s’ouvrir à l’autre avec patience, de sortir de soi pour lui faire
une place.

Pour nous chrétiens, regarder comment Jésus accueille ceux qui le sollicitent est une aide
pour vivre l’accueil. Par exemple, dans l’évangile de Luc (18, 35-43), face à l’aveugle
repoussé par la foule qui appelle Jésus à l’aide, nous comprenons dans l’attitude de Jésus que
l’accueil nécessite une disponibilité et de laisser venir l’autre sans l’empêcher d’exprimer
pourquoi il frappe à la porte. Jésus est attentif et écoute. Ainsi, il fait jaillir de la personne la
confiance, le désir de s’ouvrir à lui. Sans juger, il propose, selon le souhait de la personne, un
chemin de vie pour la faire grandir, sans lui imposer quoi que ce soit, afin de lui permettre de
devenir libre.

Au nom de Jésus, Actes 20.28

En tant que chrétiens, nous n’accueillons pas en notre propre nom. Nous accueillons au nom
de Jésus car, par notre baptême, nous sommes associés à sa mission pour que la vie de Dieu
se déploie dans la vie de ceux et celles qui frappent à notre porte.
Toute personne, tout humain est foncièrement ouverture à l’autre, nous vivons
l’interdépendance parce que nous sommes le reflet de celui qui nous a créés, qui nous invite à
vivre en communion.         
Pour que l’accueil puisse s’accomplir et prenne tout son sens, il nous faut le désir d’écouter
l’autre dans ce qu’il est, avec son histoire propre, et non tel que nous voulons qu’il ou elle
soit afin de créer un espace qui permet à la personne de se sentir en confiance et à l’aise pour
aller plus loin. Tout se joue dans le premier contact : la manière de saluer, de regarder, de
mettre à l’aise celui qui vient.        

Une source de fécondité

Les enjeux dans nos paroisses sont énormes. Si la personne qui frappe à la porte est bien
accueillie, elle reviendra probablement avec le désir de demander le salut, de se marier, ou de
prendre part à la vie de la communauté, de s’engager… Les personnes accueillies dans la joie
deviennent alors, elles aussi, des témoins actifs de ce qu’elles ont vécu.

Ce témoignage proclamé avec foi et dans la joie donne le goût et le désir de faire partie de la
communauté des croyants. Il est source de fécondité dans la communauté et de
renouvellement en remettant debout ceux et celles qui étaient éloignés de l’Eglise et de la foi.
J’essaie toujours de mettre les gens que j’accueille en lien avec les groupes actifs dans la
paroisse ou avec les personnes ayant des dons pour l’accompagnement, pour créer des liens.
Certaines personnes ont reçu le don de l’accueil. D’autres, s’ils sont formés, peuvent acquérir
ses facultés. Car il faut tout de même un minimum pour que l’accueil soit réussi. Ce ministère
d’écoute nécessite de se reconnaître soi-même fragile pour comprendre, écouter celui qui
vient se confier. L’accueil n’est pas un tribunal, il est un espace de vie, de résurrection.

Un constat mi-figue mi-raisin

Malheureusement, ça n’a pas toujours été le cas. En fait, c’est plutôt rare. Souvent, les gens
sont occupés à autre chose. Vous entrez dans leur église, mais ils ne vous remarquent pas, ou
ils n’ont pas le temps. Certains répètent les chants pour la louange, d’autres discutent entre
eux, d’autres sont assis et semblent prêts à louer le Seigneur, d’autres s’activent pour que
l’école du dimanche puisse démarrer à temps, ou pour que la sainte cène soit prête, le
prédicateur relit ces notes, etc. Toutes ces choses sont importantes, mais je trouve que
l’accueil d’un inconnu l’est davantage.

Heureusement quand même, beaucoup d’Églises ont un service d’accueil. Des gens souriants
et sympathiques vous attendent à la porte d’entrée. Ils ont un badge, arborent un large sourire,
et sont très sympas avec vous. Ils vous saluent et vous disent quelques mots de bienvenue.
Comme c’est agréable ! J’ose dire ce que j’ai parfois remarqué ?... Une fois à l’intérieur, les
gens sont occupés et peu enclins à vous sourire ou vous saluer, et ça contraste avec l’équipe
d’accueil ! 

Et à la fin du culte, c’est pareil ? Parfois, les chrétiens sont tellement contents de se retrouver
entre eux qu’ils oublient de s’intéresser aux gens de passage. D’ailleurs, ça vous est peut-être
arrivé de ressortir d’une Église (même une Église évangélique !) sans que personne ne vous
adresse la parole. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne donne pas envie de revenir !

Réflexe ou apprentissage ?
On peut parler de don pour certaines personnes qui sont naturellement accueillantes,
souriantes, avenantes, etc. Mais doit-on se décharger sur ces personnes pour accueillir les
gens de passage dans notre Église ? Certainement non ! D’autant que ces personnes sont
parfois absentes, ou trop occupées avant et après le culte. L’idéal serait que chaque membre
de l’Église soit accueillant. Pour cela, on peut évoquer le sujet de temps en temps, sensibiliser
à l’accueil, et pourquoi pas pendant la prédication ou la présidence d’un culte ? Il faut que
chacun soit amené à se mettre à la place de ces visiteurs : comment aimerais-je être
accueilli ? « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même
pour eux. » (Mt 7.12) Chacun doit prendre conscience de son rôle, passif ou actif, dans le
ressenti de ces visiteurs. S’ils vous sentent distants et froids, ils ne reviendront certainement
pas dans votre église ! La plupart des gens de passage qui posent leurs valises dans une église
le disent : ils restent parce qu’ils se sont sentis très bien accueillis. Il y a d’autres raisons,
mais c’est souvent ce qui a compté en premier. Ça fait réfléchir non ?

Un petit conseil aux équipes d’accueil

Imaginez que je vienne pour la première fois dans votre église et que vous soyez d’accueil.
Vous êtes sympa avec moi, vous vous présentez, vous me demandez mon prénom, vous
échangez quelques mots et vous me souhaitez un bon culte. J’en suis tellement ravi que je
reviens le dimanche suivant. Mais vous n’êtes pas d’accueil.

Ce que je n’aimerais pas, c’est passer à côté de vous sans que vous me reconnaissiez ni ne me
saluiez. Ce qui me ferait très plaisir, c’est le même sourire, un bonjour amical et que vous me
demandiez comment je vais. Si vraiment vous voulez que j’aie l’impression de compter à vos
yeux, que je me sente exister et que je me sente déjà en phase d’intégration, il faudrait que
vous me ressortiez mon prénom en me saluant. Ça vous paraît difficile de retenir le prénom
de quelques visiteurs ? Si oui, je vous livre un petit secret (mais ça restera entre nous,
d’accord ?) : prenez des notes quand vous êtes d’accueil, ou même tout le temps. Notez le
prénom des visiteurs et essayez de les apprendre dans la semaine. Si vraiment vous voulez
faire encore mieux, vous pouvez prier pour eux. Si vous faites déjà tout cela, continuez
comme cela et cherchez à faire encore mieux.

Une idée de formation pratique

Dernièrement, j’ai imaginé un petit exercice de sensibilisation à la qualité de l’accueil. Je l’ai


déjà testé dans mon Église et je le partage avec vous pour que vous puissiez vous en inspirer
si vous jugez cela intéressant. Mon idée de base, c’était que l’on comprend mieux quand on
ressent soi-même que lorsqu’on entend un discours. J’ai donc demandé à trois volontaires de
sortir de la salle de culte, puis j’ai dit aux autres de profiter du fait que je sortais voir les
volontaires pour se saluer.

La consigne aux volontaires : vous rentrerez chacun votre tour dans l’église. Imaginez que
c’est la première fois que vous y entrez. Observez l’accueil qui vous est réservé. Déplacez-
vous et, avant de vous asseoir, essayez de saluer quelques personnes.

La consigne aux autres : on ne va pas offrir le même accueil aux trois visiteurs qui vont
entrer.

1er volontaire : on l’ignore, on ne le regarde pas, on parle entre nous. S’il vient vers nous, on
fait un rapide signe de la tête et on se détourne pour continuer à parler entre nous.
2e volontaire : on sera tous attentifs et accueillants. Si quelqu’un entre, on va le saluer, lui
souhaiter la bienvenue. On se présente et on lui demande comment il s’appelle. Mais pas tous
en même temps !

3e volontaire : si quelqu’un entre, on se précipite tous sur lui, on lui pose des tas de questions
(nom, âge, métier, où il habite, pourquoi il est là, etc.)

Précision : les volontaires ne savaient pas qu’ils auraient un accueil différent.

À la fin de l’exercice, j’ai donné la parole aux trois volontaires pour qu’ils disent ce qu’ils ont
ressenti. Comme vous l’imaginez, seul le 2e volontaire avait envie de revenir !

Lors de ce culte, il y avait quelques enfants. Je leur ai proposé d’accompagner les volontaires.
Ils ont testé les trois accueils et ont bien compris l’exercice. Plusieurs jours après, certains en
reparlent et ils pensent à dire bonjour aux visiteurs. C’est encourageant !

Je crois que cet exercice n’est pas seulement parlant pour les volontaires. Les autres aussi ont
été attristés de devoir ignorer ou importuner quelqu’un. Ils se sont rendu compte de la
souffrance provoquée. On peut espérer que cet exercice nous aidera à être accueillants,
bienveillants et sensibles envers les visiteurs.

Au fait, j’ai pensé à cet exercice en méditant sur un verset qui vous encouragera à poursuivre
une réflexion personnelle : « Accueillez-vous donc les uns les autres comme Christ vous a
accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Ro 15.7).

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