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Approches Didactiques de La Litterature
Approches Didactiques de La Litterature
http://books.openedition.org
Édition imprimée
Nombre de pages : 190
Référence électronique
DENIZOT, Nathalie (dir.) ; DUFAYS, Jean-Louis (dir.) ; et LOUICHON, Brigitte (dir.).
Approches didactiques de la littérature. Nouvelle édition [en ligne]. Namur : Presses
universitaires de Namur, 2019 (généré le 26 mai 2020). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pun/6892>.
NATHALIE DENIZOT
Université de Cergy-Pontoise – ÉSPÉ de Versailles, ÉMA,ÉA 4507
JEAN-LOUIS DUFAYS
Université catholique de Louvain, IACCHOS-CRIPEDIS
BRIGITTE LOUICHON
Université de Montpellier, LIRDEF, ÉA 3749
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
NOTE DE L’ÉDITEUR
Association Internationale pour la Recherche en Didactique du
Français.
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
SOMMAIRE
Liste des membres des comités et auteur·e·s
Approches didactiques de la littérature : présentation
Nathalie Denizot, Jean-Louis Dufays et Brigitte Louichon
Direction de l’ouvrage
1 Nathalie DENIZOT, Université de Cergy-Pontoise – ÉSPÉ de
Versailles, ÉMA, ÉA 4507
2 Jean-Louis DUFAYS, Université catholique de Louvain, IACCHOS-
CRIPEDIS
3 Brigitte LOUICHON, Université de Montpellier, LIRDEF, ÉA 3749
Auteur·e·s
23 Sylviane AHR, Université Toulouse Jean-Jaurès – ÉSPÉ Midi-
Pyrénées, LLA/ CRÉATIS (ÉA 4152) ÉMA (ÉA 4507)
24 Julie BABIN, Université de Sherbrooke
25 Chiara BEMPORAD, Haute École pédagogique du canton de Vaud,
Lausanne
26 Marie-France BISHOP, Université de Cergy Pontoise – ÉSPÉ de
Versailles, ÉMA, ÉA 4507
27 Noël CORDONIER, Haute École pédagogique du canton de Vaud,
Lausanne
28 Jacques CRINON, Université Paris-Est, ÉA 4384 Circeft, Université
Paris 8, UPEC, 94010 Créteil Cedex
29 Sonya FLOREY, Haute École pédagogique du canton de Vaud,
Lausanne
30 Marion MAS, Université Lyon 1 – ÉSPÉ de Lyon, IHRIM, UMR 5317
31 Laetitia PERRET, Université de Poitiers – ÉSPÉ/Laboratoire FORELLIS
B2
32 Patricia RICHARD-PRINCIPALLI, Université de Montpellier, LIRDEF,
ÉA 3749
33 Christophe RONVEAUX, Université de Genève, GRAFE
34 Marion SAUVAIRE, Université Laval, Québec, GRIFPE
35 Bernard SCHNEUWLY, Université de Genève, GRAFE
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
Approches didactiques de la
littérature : présentation
Nathalie Denizot, Jean-Louis Dufays et Brigitte Louichon
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NOTES
1. L’AIRDF (qui s’appelait alors DFLM) a été créée en 1986, portée par plusieurs colloques
importants en didactique du français depuis 1981 (voir La lettre de l’AIRDF n° 51, 2012). Le
texte de 1998 est disponible sur le site de l’association, à l’adresse
http://airdf.ouvaton.org/index.php/association-2#notes.
2. Instituts Universitaires de Formation des Maitres, créés en France en 1990, ont été
remplacés en 2013 par les Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (ÉSPÉ).
3. Plusieurs articles du présent ouvrage font de ces publications un corpus d’étude et en
proposent une liste bibliographique exhaustive à ce jour.
4. La question des concepts et des méthodes en didactique du français est au centre d’un
précédent ouvrage de la collection (Daunay, Reuter et Schneuwly, 2011).
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
Dix-sept années de recherches en
didactique de la littérature (2001 –
2016)
Typologie, histoire, perspectives
1. Introduction
1 Aucun chercheur en didactique de la littérature ne se targue
aujourd’hui, comme le faisaient ces enseignants de littérature
épinglés par H. Meschonnic dans les années 1970, de « n’avoir pas de
méthode » (Meschonnic, 1970, 142). Des méthodes, la recherche en
didactique de la littérature les a revendiquées, adoptées,
expérimentées depuis qu’elle s’est constituée en territoire
disciplinaire, il y a maintenant une vingtaine d’années.
2 Mais de quels paradigmes, au sens kuhnien de « modèles à suivre »
(Kuhn, 1971, 71), ce champ s’est-il doté ? Quelles instances les ont
proposés et, au fil des ans, se sont chargées de réguler, d’évaluer ou
simplement de commenter les activités de ce champ ? Dans une
conception kuhnienne du développement des sciences, un discours
métadescriptif peu présent est le signe d’une communauté de
chercheurs qui travaille sereinement sous l’autorité de quelques
paradigmes aussi consensuels que silencieux, alors qu’un discours
métadescriptif abondant trahit et traduit une discipline en crise. À
l’inverse, dans la conception critique de la culture que les études
littéraires promeuvent, l’oubli d’un constant examen
métadescriptif – et même de débats – peut être tenu pour un manque
d’acuité et de lucidité du spécialiste. Autrement dit, ce qui est une
crise de redéfinition de paradigme dans les sciences exactes serait un
état chronique mais non pathogène de la discipline littérature. Cette
remarque vaut-elle ou pas à l’intérieur de ce récent territoire qu’est
la didactique de la littérature ? Qu’en est-il et du chercheur singulier
en cette didactique et de la communauté de chercheurs à laquelle il
appartient ?
3 Il nous fallait, pour traiter de ces questions, un corpus répondant à
des indicateurs de base : une régularité et une durée suffisamment
importantes, ainsi qu’une systématicité pour observer le rapport des
chercheurs à leur propre travail. Les publications issues des
« Rencontres des chercheurs en didactique de la littérature » se sont
ainsi imposées : journées d’études, espaces de réflexion autour de
l’enseignement de la littérature, lieux d’échanges entre praticiens et
chercheurs, les Rencontres ont été initiées en 2000, à Rennes, par M.-
J. Fourtanier, A. Rouxel et G. Langlade.
4 Une fois précisé que les vingt livres actuels (ou dossiers de revues et
publications en ligne) découlant de ces Rencontres annuelles ne
recueillent, en général, qu’une sélection des communications qui ont
été prononcées pendant les sessions, cet ensemble homogène de près
de 400 contributions est précieux pour décrire l’évolution d’un
nouveau champ, au moment où des professeurs et chercheurs qui
avaient été principalement formés aux méthodes littéraires
classiques et/ou issues du structuralisme ont adopté les protocoles
expérimentaux en usage dans les sciences sociales et les sciences de
l’éducation, protocoles eux-mêmes dérivés de ceux de la recherche
en sciences dites exactes.
5 Il découle de ce qui précède la question suivante : comment les
épistémologies variées de la recherche académique en littérature,
qui se définissaient – après la « nouvelle critique » et après le
moment textualiste du structuralisme – par l’absence de
méthodologie commune, par l’impressionnisme critique, par le
jugement de valeur, le doute, la pensée spéculative, ont-elles
coexisté avec les méthodes dites « scientifiques » issues des sciences
sociales, promues notamment par ceux qui souhaitaient une
professionnalisation de l’enseignement de la littérature ? Et
comment ce champ a-t-il commenté, ou pas, son propre rapport à la
construction de savoirs, au cours de ces dix-sept années d’activité ?
6 Des études de qualité ont suivi et encadré l’état et l’évolution des
recherches en didactique de la littérature, certaines au sein même de
ces Rencontres (« Avant-propos », « Introduction », ainsi que les
comptes rendus de « grands témoins »), d’autres (des publications
issues de colloques annexes, des ouvrages indépendants)
parallèlement à celles-ci. Parce qu’elles informent et précisent notre
étude, quelques-unes d’entre elles seront sollicitées dès à présent, et
les principales autres, chemin faisant.
7 De l’« Avant-propos » (Fourtanier, Langlade & Rouxel, 2001) du
premier volume de ces Rencontres, texte dense et programmatique,
nous retenons trois points pour organiser notre étude.
La terminologie adoptée : les auteurs recourent au vocable « enseignants-chercheurs
en didactique de la littérature » (Ibid., 15) pour désigner les acteurs des versants
praxéologique et théorique de l’enseignement de la littérature, et attester la solidarité
entre ces deux catégories professionnelles qui œuvrent à l’enseignement-
apprentissage de la littérature.
Le positionnement de la didactique de la littérature dans l’ensemble des disciplines
académiques. Le groupe des fondateurs explicite un enjeu de « reconnaissance
scientifique et institutionnelle » (Ibid., 15) pour la didactique de la littérature, ce
« champ de recherche en émergence […] [qui] ne constitue pas un domaine de savoir
autonome […] et qu’il ne convient pas de considérer [la didactique] comme une
discipline à part entière » (Ibid., 15).
Une variété de démarches méthodologiques. Les « dimensions épistémologique,
historique, institutionnelle et praxéologique de la didactique de la littérature »
spécifient les axes de recherche privilégiés. Plus largement, cet avant-propos est une
invitation à réfléchir avec – « les questions d’apprentissage, les données
institutionnelles, les réalités sociologiques, psychologiques et idéologiques » (Ibid., 15) ;
une ouverture qui pose les conditions d’une didactique « vivante et féconde » (Id.).
8 Dans l’introduction aux deuxièmes Rencontres, J.-L. Dufays (2001)
apporte un cadre définitoire et méthodologique très ajusté afin de
conférer à ce nouveau champ sa légitimité. Après avoir rappelé la
forte charge idéologique et les valeurs traditionnelles dont se
recommande la littérature, Dufays présente les productions de la
recherche, les observables, les méthodes pour les recueillir et les
critères pour évaluer. Enfin, il situe le champ dans la récente histoire
des recherches en didactique de la littérature : quasi invisibles
avant 1970, elles sont devenues théoriques, modélisantes et
orientées vers l’action jusque vers 1990, date à partir de laquelle
elles prennent de plus en plus en compte le réel enseigné et son
contexte.
9 En 2007, B. Daunay publie un exhaustif « État des recherches en
didactique de la littérature » qui commente et classe trente années
d’activités, lesquelles instaurent un « espace de questions » (Daunay,
2007, 176), né de la contestation de l’enseignement traditionnel.
« Espace », l’étiquette qu’a retenue Daunay au terme de son examen,
est la plus informelle et la moins institutionnelle de celles qui seront
par la suite le plus souvent employées, et parfois discutées, pour
décrire ces recherches : « champ », « discipline », « sous-discipline »
(de la didactique du français, voire, dans certains cas, « sous-
discipline de la littérature »), une nomenclature sur laquelle nous
reviendrons.
10 Qu’une intention veuille, à cette date, transformer ce simple espace
euristique en une place de recherches reconnue par les pairs en
sciences humaines apparait implicitement dès le titre de l’article
publié cette même année 2007 par Daunay et Dufays dans La Lettre de
l’AiRDF : « Méthodes de recherche en didactique de la littérature » et
explicitement dans le corps de leur texte : « La réflexion
méthodologique en la matière n’est pas encore très développée »,
mais elle « est en marche » : « une certaine visibilité de méthodes est
possible » (Daunay & Dufays, 2007, 9). Recourant à une typologie qui
nous servira aussi, les auteurs classent les 157 recherches de leur
corpus – formé des actes des cinq premières Rencontres et de deux
autres colloques 1 – en quatre types : recherches théoriques (55 %
du tout), recherches descriptives, qui comprennent aussi les
recherches historiques (32 %), recherches actions (10 %), recherches
expérimentales (1 %).
11 Lors des Rencontres de 2007, Dufays constate « une évolution
significative » de la recherche et considère que la didactique de la
littérature est maintenant un « champ » de la didactique du français.
« L’exigence de professionnalisation » est allée croissant, les modes
d’interventions reposent sur « une culture scientifique », elles
profitent d’« un travail sur corpus, plus empirique », ce qui évacue
« l’affirmation de croyances ou de convictions plus ou moins
subjectives » (Dufays, 2007, 7-8). Les intentions et objectifs ici
nommés sont implicitement entendus par les grands témoins de ces
mêmes Journées. M. Lebrun, C. Tauveron et J.-F. Massol se
recommandent peu ou prou de cette même exigence scientifique
pour apprécier et évaluer les communications qu’ils ont entendues.
12 Récemment, dans « Didactiques du français et de la littérature »
(Petitjean, 2016), J.-L. Dufays et M. Brunel ont présenté un panorama
des recherches menées depuis les années 1990 en didactique de la
littérature, une « cartographie raisonnée », qui comprend
notamment les Rencontres de notre corpus jusqu’en 2015. Les
auteurs identifient dix champs ou thèmes de recherche, puis ils
reviennent brièvement sur les méthodes de recherche en didactique
de la littérature. Ils y saluent une « évolution », qui se traduit par la
« montée en puissance des recherches descriptives »
(Dufays & Brunel, 2016, 246). Dans le même recueil, S. Ahr note
également le « dynamisme fécond » (Ibid., 269) de ce qu’elle appelle,
elle aussi, un « champ » en « pleine constitution » (Ibid., 280).
13 Ces premiers repérages permettent d’aborder notre corpus sous
trois angles, répondant aux trois points retenus de l’Avant-propos
des fondateurs des Rencontres. Tout d’abord, nous analyserons les
désignations utilisées par les chercheurs pour qualifier leurs
activités, nous inscrivant dans la filiation du formaliste russe N.
Volochinov, chez qui le mot constitue « l’objet fondamental de
l’étude des idéologies » ([1929] 1977, 34). Nous identifierons et
observerons ensuite les indices d’une autonomisation de la
didactique de la littérature, et simultanément, ceux qui expriment la
crainte d’une assimilation à une disciplinarisation rigide et univoque
(alors que l’objet même de la littérature fait historiquement
référence à un imaginaire de liberté). Enfin, nous définirons les types
de méthodologies convoquées et, partant, les modèles d’articles qui
se dégagent majoritairement de ce corpus.
5. Discussion et ouverture
29 Logiquement plus nombreux et plus injonctifs lors des premières
Rencontres, les commentaires métadescriptifs sont plus rares à
partir des années 2010 (trois figurent à l’intérieur des Rencontres et
deux ont été publiés dans un autre volume) et, au fil du temps, ils
évaluent de plus en plus positivement les travaux. Sous l’invitation à
une « prise en compte toujours plus exigeante du réel des pratiques
scolaires » (Dufays, 2001, 27), les observateurs et commentateurs des
travaux ont d’abord déploré le manque de rigueur de travaux qui ne
répondaient pas aux « conditions requises de scientificité »
(Tauveron, 2008, 462). En 2007, Daunay et Dufays estimaient que la
réflexion méthodologique était désormais « en marche », rendant
possible une « certaine visibilité des méthodes » (Daunay & Dufays,
2007, 9). À ce moment, selon eux, la recherche en didactique de la
littérature souffre néanmoins de faiblesses (le réflexe de la
prescription, la difficulté à synthétiser des recherches antérieures, le
nécessaire militantisme pour promouvoir la didactique de la
littérature à l’université et dans le secondaire…) qui trahissent la
« jeunesse » (ibid., 11 et 13). Mais, en 2016, l’évaluation du champ est
nettement plus positive :
On notera cependant depuis 2005 la montée en puissance des recherches
descriptives : de plus en plus de travaux aujourd’hui cherchent avant tout à
comprendre, sans apriori, les processus par lesquels les maitres enseignent et les
élèves apprennent. On pourrait voir là un signe de la maturation scientifique de
ce champ de recherche (Dufays & Brunel, 2016, 246).
30 Si elle nuance cette évaluation et estime que « le champ de la
didactique de la littérature est, à ce jour encore, en cours de
constitution » (Ahr, 2016, 280), Ahr rejoint l’avis de Dufays et
Brunel : autant le champ est encore à consolider, autant il a acquis
une « maturité scientifique » (Ibid., 277).
31 De 2001 à aujourd’hui, le jugement que les chercheurs portent sur
leur propre travail est donc passé d’une critique constructive,
enjoignant à plus de scientificité et d’objectivité, à une évaluation de
plus en plus satisfaisante. Mais la métaphore que les discours
métadescriptifs filent pour décrire et jauger les moments de cette
recherche, celle qui l’assimile à un être vivant (jeunesse, maturation,
maturité), introduit des biais dont les commentateurs sont d’ailleurs
parfois conscients (Daunay, 2008). La métaphore tend en effet à
naturaliser la notion de progrès, elle introduit une téléologie et elle
invite à distinguer des phases préscientifiques et d’autres qui les ont
dépassées. Vue par ce filtre, la recherche en didactique de la
littérature aurait été immature avant d’atteindre la maturité.
32 Si tel était le cas, quels critères permettraient de délivrer son
certificat de maturité à la didactique de la littérature : serait-ce le
changement de dominante entre les recherches théoriques et les
recherches descriptives ? L’usage d’un lexique, de codes et de
protocoles qui, pragmatiquement, sont institutionnellement
obligatoires pour obtenir des fonds de recherches ? Et si la recherche
était maintenant mure, combien de temps durerait cette phase et à
partir de quand devrait-on penser qu’elle est « âgée », caduque ?
33 Pour éviter ces biais, considérons notre corpus avec d’autres
paramètres pour situer ce qui relève indubitablement de l’histoire de
la constitution d’une communauté de travail qui se reconnait
désormais sous l’appellation de chercheurs en didactique de la
littérature.
34 Comme énoncé plus haut, les Rencontres sont dues à l’initiative de
trois chercheurs-enseignants, Fourtanier, Langlade et Rouxel, qui
avaient et ont toujours en commun un intérêt pour le sujet lecteur,
ce champ d’études qui est devenu central et fédérateur en didactique
du français, de la lecture, de la littérature et de la critique littéraire.
En précisant que les initiateurs sont restés fidèles à leur vœu
premier de ne pas institutionnaliser les Rencontres, que
l’organisation et les thèmes ont donc été librement choisis et décidés
par diverses entités autonomes de la Francophonie, il est évident que
le sujet lecteur informe, traverse et oriente plus ou moins
directement toutes les éditions, quel que soit leur thème spécifique.
On constate même, en France d’abord, que procédant d’une théorie
et d’une observation de la lecture par des lecteurs réels, les travaux
sur le sujet lecteur sont l’exemple le plus abouti et le plus cité de « la
recherche » et de ses apports. Ainsi, les théories et les études sur le
sujet lecteur sont-elles logiquement les plus régulièrement
convoquées dans les Rencontres.
35 Mesurées à cette échelle temporelle plus longue (Dufays, 2001, date
de 1990 l’intérêt pour le sujet apprenant), et raccrochées de ce fait à
l’histoire des sciences humaines du XXe siècle (l’effondrement du
structuralisme et du textualisme, puis son remplacement par les
esthétiques et théories de la réception), les Rencontres en didactique
de la littérature ne peuvent plus répondre à une image vitaliste qui
les aurait fait évoluer rapidement de l’enfance à la maturité, à savoir
à l’adoption, au moins apparente, des méthodes de recherche
descriptives. Elles ne se liraient pas davantage comme des
« progrès », mais seulement comme des adaptations à la réalité
scolaire et sociale de notre génération. Elles s’interprèteraient
davantage à l’aune relativiste des sciences humaines et non pas selon
les standards pragmatiques et institutionnels de la recherche qui
font du cumul des recherches un indicateur de progrès. Ce
changement d’optique modifie aussi la manière de décrire l’insertion
de ce nouveau groupe de travail, lequel est moins évalué par ce qu’il
aurait aujourd’hui enfin atteint (l’adoption des protocoles et du
langage de la recherche), que par ce dont il procède encore : la
didactique de la littérature est d’abord la conséquence (heureuse),
ajustée à l’épistémologie pragmatique de l’heure, des théories et de
l’intérêt pour le sujet lecteur.
36 À cette plus grande distance d’observation, les recherches
descriptives qui, parce qu’elles évitent la prescription et le jugement
de valeur subjectif, sont actuellement saluées comme des signes de
maturité du champ, pourraient alors être tenues, par leurs
« manquements » même, à savoir le fait qu’elles ne donnent
généralement pas les moyens de les évaluer, non pas comme
encombrées d’une faiblesse, mais, à l’inverse, comme emblématiques
d’une forme de résistance cultivant des valeurs dont la littérature se
recommande depuis des siècles : la singularité, la diversité, le
particulier, le sujet. Tout en se donnant donc les moyens et les
conditions d’œuvrer à la réussite de l’élève réel, tout en s’adaptant
au pragmatisme et aux protocoles de la recherche institutionnelle, la
recherche en didactique de la littérature aurait donc peut-être
instauré le sujet chercheur.
BIBLIOGRAPHIE
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NOTES
1. Rouxel, A. & Langlade, G. (2004). Le sujet lecteur. Lecture subjective et enseignement de la
littérature. Rennes : Presses universitaires de Rennes. Lebrun, M. (éd.) (2006). Littérature et
pratiques d’enseignement-apprentissage : difficultés et résistances. Québec : Université Laval,
actes en ligne [http://www.fse.ulaval.ca/litactcolaix/]
2. Nous avons repris la répartition que propose l’ouvrage collectif de Simard, C. & alii.
(2010).
3. www.wordle.net
AUTEURS
SONYA FLOREY
NOËL CORDONIER
Haute École pédagogique du canton de Vaud, Lausanne
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
Quelle didactique de la littérature
dans les manuels de
l’enseignement primaire en
France, de 1880 à nos jours ?
Marie-France Bishop
Pour conclure
33 La double approche des manuels, didactique et historique, a permis
de décrire le développement de la didactique de l’enseignement de la
lecture des textes littéraires à l’école primaire en France. Si, depuis
la IIIe République, la littérature est présente dans les manuels,
aucune finalité visant des apprentissages littéraires ne lui est
attachée avant la fin du XXe siècle. Durant une première longue
période, on voit se développer une pédagogie de la lecture des textes
abordés comme représentation du monde et d’une langue à imiter.
C’est dans les dernières années du XXe siècle que la didactique de la
lecture des textes littéraires prend corps à l’école primaire. Le
changement s’accompagne d’un renversement qui donne une place
centrale au lecteur et à ses possibilités d’interprétation. On voit
s’élaborer une réflexion sur les objets à enseigner, sur les conditions
d’apprentissage et sur les situations d’enseignement, alimentée par
de nombreuses recherches sous formes de publications, thèses,
revues et colloques. Cette évolution s’accompagne d’un véritable
bouleversement dans les conceptions de l’enseignement de la
lecture. Tout d’abord, cela implique que la lecture interprétative
peut être abordée bien avant l’apprentissage du déchiffrage et que
l’activité du lecteur, qui est multiple, doit se développer de manière
précoce. Ensuite, la notion de littérature est élargie et englobe les
ouvrages de littérature de jeunesse, leur lecture n’étant pas
seulement une propédeutique à une future activité littéraire, mais
bien cette activité elle-même. Enfin, dans les instructions
de 2015 pour le cycle 3 30 , la lecture littéraire est instituée comme
un ensemble de compétences spécifiques qui a ses démarches, ses
objectifs et ses finalités particulières et qui vise la « construction de
notions littéraires », reliant ainsi le collège et l’enseignement
élémentaire. Cependant, cette didactique qui est centrée sur le
développement des compétences de lecture littéraire est encore
difficile à définir : s’agit-il d’une didactique de la lecture des textes
littéraires ou d’une didactique de la littérature ? De plus, il est
malaisé d’en connaitre les usages actuels et des enquêtes sont encore
à mener pour appréhender les pratiques réelles des maitres dont les
manuels ne peuvent rendre compte 31 .
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INRP.
NOTES
1. Les textes officiels pour l’enseignement du français à l’école primaire ont été rassemblés
en trois volumes par André Chervel : L’enseignement du français à l’école primaire. Textes
officiels, t. 1, 2, 3. Paris : INRP, 1995. Ce sont ces recueils qui serviront de référence dans cette
étude.
2. Les cours moyens reçoivent les élèves de 10 à 12 ans environ. Ce sont les plus grandes
classes de l’école élémentaire.
3. La plupart de ces manuels ont été consultés au Centre de ressources en histoire de
l’éducation de Gonesse (95). Ce Centre regroupe les collections de manuels, de cahiers et
une partie des nombreux documents pédagogiques qui se trouvaient précédemment au
Musée de l’éducation de Saint Ouen l’Aumône (95) fermé depuis 2014.
4. La loi d’orientation du 10 juillet 1989 organise la scolarité en trois cycles. Le
cycle 3 regroupe le cours élémentaire 2e année et les cours moyens 1re et 2e année.
5. « 28 mars 1882, Loi sur l’enseignement primaire obligatoire » signée de Jules Grévy et
Jules Ferry. Chervel : L’enseignement du français, op. cit., t. 2, p. 97.
6. Directeur de l’enseignement primaire de 1879 à 1896.
7. Cependant la littérature disparait des programmes de l’école primaire dès le décret
du 18 janvier 1887. Il faudra attendre les programmes de 2002 pour que le terme
réapparaisse.
8. F. Buisson, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, tome 1, partie 1, 1888. Dans
l’article « Analyse », partie « Analyse littéraire », signée d’un B. qui désigne Buisson lui-
même, p. 78.
9. Circulaire de 1881 de Jules Ferry. Dans A. Chervel (1995), op. cit., t. 2, p. 90-91.
10. J. Dutilleul et A. Ramé (1906). La lecture hebdomadaire CM. Paris, Librairie Classique de F-E
André-Guédon, p. 3.
11. E. Toutey (1918). Lectures primaires. Cours moyen et Certificat d’études. Paris, Hachette,
p. IV.
12. « 20 juin 1923 – Instructions sur les nouveaux programmes des écoles primaires », op.
cit., Chervel, 1995, t. 2, p. 321.
13. H. Pomot, H. Besseige, A. Fourot (1929). Pour bien lire. Paris : Presses universitaires de
France, p. VI et VII. Ce manuel s’adresse aux élèves de cours moyen et de cours supérieur.
14. A. Souché (1939). La lecture expressive et le français au cours moyen. Paris, Fernand Nathan,
p. 5.
15. A. Mironneau, (1924). Choix de lectures. Cours moyen 1er degré. Paris, Armand Colin, p. V.
Selon Mareuil (1971), Mironneau aura été l’un des premiers à introduire les textes de
littérature dans ses manuels dès le début du XXe siècle.
16. L. Houblain, R. Gaillard, R. Grenouillet, Lisons, cours moyen 1e année. Paris, Fernand
Nathan, p. 4.
17. Comme en atteste la circulaire du 2 janvier 1958, « Instructions concernant
l’enseignement de la lecture à l’école primaire », B.O. n° 14, du 27 mars 1958, p. 1103.
18. C’est le cas du manuel publié en 1984 par Isabelle Jan, chez Nathan, 10 histoires… tout
simplement, ou de celui de Maurice Obadia, publié en 1985 chez Hachette : Le chemin des
livres.
19. Comme dans le manuel publié en 1987 par André Mareuil, chez Istra, Des mots pour tout
lire.
20. Ces manuels sont dirigés par des théoriciens de l’enseignement du français (Toraille,
Legrand, Marchand) qui ont accompagné la rénovation à l’école primaire.
21. J.-C. Landier, M. Verrier (1989). Les 7 clés pour lire et pour écrire. Paris, Nathan, p. 2.
22. L’influence de la didactique de l’écriture sur la lecture est clairement exposée dans
l’ouvrage du Groupe d’Ecouen, Former des enfants lecteurs de textes, t. 2. Paris, Hachette, 1991,
p. 7.
23. Véronique Espérandieu, Antoine Lion et Pierre Bénichou (1984). Des illettrés en France.
Rapport au premier ministre. Paris : La Documentation française.
24. Ministère de l’Éducation nationale (1989). La réussite à l’école. Rapport du recteur Michel
Migeon à Lionel Jospin. Paris : CNDP.
25. Par exemple, J.-C. Bourguignon, B. Gromer et R. Stoecklé, (1985). L’album, pour quoi faire ?
Paris, Colin ont pour projet de développer chez les élèves des comportements de lecteurs de
littérature.
26. MEN (1992), La maitrise de la langue à l’école, Paris, CNDP, p. 159.
27. C. Tauveron et Y. Reuter (1996), « Lecture et écriture littéraire à l’école », Repères, n° 13,
1996, Lyon, INRP, p. 13
28. L’Institut National de la Recherche pédagogique soutient des recherches comme celle
que dirige Catherine Tauveron, « Didactisation de la lecture et de l’écriture littéraires du
récit à l’école », qui débute en 1997 et s’achève en 2000. Les membres de cette recherche
sont tous formateurs en IUFM (les Instituts universitaires de formation des maitres,
devenus depuis des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation) ou enseignants.
29. B. Louichon, P. Semidor (2005), Littéo, CE2-Cycle 3, Paris, Magnard.
30. Dans les instructions de 2015, le cycle 3 est composé des deux dernières années de
l’école primaire et de la première année de collège.
31. L’enquête « Lire-écrire au CP » de 2013 a révélé que, dans 72 % des 131 classes de CP, les
maitres lisaient un à deux albums par semaine en classe, souvent sous forme de lecture
« offerte » c’est-à-dire sans exploitation « littéraire » particulière (http://ife.ens-
lyon.fr/ife/recherche/lire-ecrire/rapport/rapport-lire-et-ecrire).
AUTEUR
MARIE-FRANCE BISHOP
3. Lecture/écriture
24 Un dernier aspect des recherches autour de l’écriture littéraire tend
à rapprocher – à confondre ? – les deux activités de lecture et
d’écriture. Si la seconde implique la première, il semble que la
réciproque soit pareillement vraie : que toute lecture puisse devenir
écriture créative est une idée assez largement partagée dans les
publications de ces dernières années pour le lycée et l’université. En
effet, les tout récents travaux sur les écritures de la réception, issues
des recherches sur le sujet lecteur, affirment qu’elles sont une
manière de « faire de la littérature » :
La disponibilité créative, poétique à laquelle se prête l’écriture de la réception
fait que l’évènement de lecture peut devenir un évènement d’écriture, c’est-à-
dire une forme de témoignage d’une lecture qui accède à une reconnaissance
artistique (Fourtanier et Le Goff, 2017, 9).
25 Ces écritures de réception entrent en résonance avec la théorie des
textes possibles, qui conçoit le commentaire comme une variante du
texte considéré, et la critique comme une écriture créatrice (Escola,
2012). Avec elle, elles partagent un faisceau de références : Yves
Citton, Pierre Bayard et Barthes et son texte scriptible. Dans le
champ de la didactique, le cadre théorique qui sous-tend cette
nouvelle orientation de l’écriture littéraire est celui des recherches
sur le sujet lecteur, dans sa conception la plus « émancipatrice 24 »,
pour reprendre les mots de Jean-Louis Dufays (2013), et sur les
« lectures fictionnalisantes » (Langlade, 2006), qui font de toute
lecture une réécriture potentielle du texte, et une exploration toute
personnelle de ses virtualités. Espace ouvert, le texte de référence
agit comme un avant-texte dont l’écriture littéraire déploie des
possibles : le « littéraire » cesse donc d’être intouchable. Si le
développement de ces nouvelles approches de l’écriture littéraire
doit beaucoup au changement de paradigme (de la signification des
textes à leur usage) mis en évidence par Yves Citton (2007), il n’est
sans doute pas étranger non plus à l’influence de nouvelles pratiques
sociales. En particulier, les pratiques numériques, qui transforment
radicalement les rapports entre lecture et écriture, la notion
d’auteur et celle de modèle (Bouchardon, 2014 ; Houdart-Merot et
Petitjean, 2015). Cet espace mouvant du numérique, s’il offre des
perspectives de redéploiement à la didactique de l’écriture littéraire,
en est sans doute aussi, actuellement, un des lieux principaux de sa
reconfiguration.
26 Au terme de ce parcours, nous décelons quelques éléments
remarquables de cette reconfiguration à l’œuvre. Premièrement, une
préférence accordée à l’empirie dans l’approche du littéraire : les
expériences de réception de la lecture nourrissent les essais
d’écriture, et les écritures créatrices se donnent comme autant
d’essais de lecture. Deuxièmement, à la faveur d’un rapport
renouvelé à la rhétorique « plaçant le matériau verbal au centre de
l’expérience littéraire » (Petitjean, 2013, 59), s’observe, comme le
remarque très justement Anne-Marie Petitjean, un « déplacement
disciplinaire vers les pratiques artistiques » (Petitjean, 2013, 60).
Troisièmement, une place prépondérante est accordée au scripteur
littéraire et, avec lui, aux processus d’auctorialité, y compris dans les
démarches « classiques ».
27 Nous nous demandions, à l’orée de cet article, si les approches
récentes de l’écriture littéraire signalaient une stabilisation de la
notion. Sans doute, non : les cadres théoriques qui la sous-tendent
sont trop hétérogènes. En outre, l’écriture littéraire est encore une
notion mouvante qui, en partie, évolue parallèlement aux
recherches en didactique sur le sujet lecteur. Pour autant, la
redéfintion des interactions entre lecture et écriture que les
modélisations récentes de l’écriture littéraire mettent en œuvre
permet de dépasser la dichotomie qui lui était consubstantielle
(écrire pour apprendre à lire ou apprendre à écrire ?) en faveur d’un
modèle d’enseignement cherchant à intégrer, dans un processus
dynamique et équilibré et dans une étroite interdépendance de
chacun de ses pôles, lecture littéraire, acquisition de connaissances
littéraires et démarche de création.
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Louis Dufays et Sylvie Plane (dir.), L’Écriture de fiction en classe de français (129-147), Namur :
Presses Universitaires de Namur.
NOTES
1. Nous renvoyons au titre du n° 127 du Français aujourd’hui.
2. Cette présentation ne prétend pas être exhaustive : elle vise à mettre en évidence
quelques éléments qui nous paraissent particulièrement significatifs.
3. Pour une étude approfondie des dettes de l’écriture littéraire à la didactique de l’écriture,
nous renvoyons à la synthèse de Bertrand Daunay (2007).
4. L’ordre de ces remarques n’obéit à aucune hiérarchie, mais à une tentative d’organisation
thématico-chronologique – chronologie, difficile à établir toutefois, en raison de la
contemporanéité relative des débats.
5. Ces critiques ont été formulées par certains membres du groupe EVA-REV eux-mêmes.
Voir notamment Claudine Garcia-Debanc (1999) et Catherine Tauveron (1996).
6. De nombreuses revues accueillent ces débats : les n° 107-108 (2000) et n° 127-128 (2005)
de la revue Pratiques, le numéro 144 du Français aujourd’hui (2004), ou encore le
numéro 57 d’Enjeux (2003).
7. Les travaux de Claudine Fabre-Cols sur les brouillons d’élèves (1990, 2000, 2002), puis
ceux de Catherine Boré (2000, 2013) et de Claire Lacoste (2003) ont été fondateurs d’une
nouvelle approche didactique.
8. Voir, notamment, Almuth Grésillon (2000).
9. Voir, par exemple, le numéro 89 de Pratiques (Écriture et créativité, 1996) et le
numéro 127 du Français Aujourd’hui (Écritures créatives, 1999). Il faut également mentionner
les travaux d’André Petitjean à propos des ateliers d’écriture ou des pratiques de réécriture
(Petitjean 1980, 1984, 1990, 2003).
10. La France reste timide par rapport au monde anglo-saxon sur la question de la
formation des écrivains. Au demeurant, la spécificité française que dessinent les cursus
d’écriture créative mis en place à l’université est une articulation très forte de la théorie et
de la pratique. La professionnalisation, ici, concerne plutôt le domaine artistique, la
recherche, l’écriture critique ou l’enseignement de l’écriture créative.
11. Nous appelons « textes littéraires » les textes d’auteurs légitimés par les institutions
littéraires et scolaire (y compris donc, les textes de littérature jeunesse), à la différence des
textes d’élèves.
12. Pour une clarification de cette notion complexe, voir Brigitte Louichon (2011).
13. Pour une mise au point, nous renvoyons à Jean-Louis Dufays (2013).
14. S’il est désormais admis que le sujet didactique est un sujet complexe, doté d’une
histoire, écrivant et lisant dans un contexte scolaire et social donné qui a une incidence sur
la construction des enseignements/apprentissages, la notion fait l’objet de
conceptualisations différentes. Le « sujet scripteur » (Delcambre et Reuter, 2002 ;
Delcambre 2007) est pensé au croisement des approches psychologique et didactique, de
« sujet écrivant » (Bucheton, 2009, 2014), impliquant une dimension psycho-affective et
sociale.
15. La notion de « sujet écrivant » (Bucheton, 2009, 2014), prend en charge une dimension
psycho-affective et sociale.
16. Les contributions au numéro 157 du Français aujourd’hui intitulé Sujet lecteur, sujet
scripteur. Quels enjeux pour la didactique ? s’efforcent de penser les liens entre ces deux
notions.
17. Nous choisissons ce terme pour différencier cette instance des notions précitées.
18. Rappelons qu’un colloque important, intitulé « Les Interactions lecture-écriture » y a
été consacré à Lille, en 1994. Mais la question est alors posée avec les problématiques de la
didactique de l’écriture, et non de l’écriture littéraire.
19. « Par problème d’écriture, il faut entendre l’approche, en situation concrète de
production, de ce qui touche aux faits textuels et littéraires, et aux effets de sens qu’ils
engendrent » (Le Goff, 2006, 185). Il s’agit de sonder les modes de composition du texte.
20. À cet égard, le constat des auteures de l’article est révélateur : « Dès la deuxième
séquence de l’année, les élèves rédigent des textes portant les marques explicites
d’emprunts à un écrivain consacré, aisément identifiables. Celles-ci tiennent le plus
souvent, soit à la qualité d’un vocabulaire relevant d’un registre littéraire, soit à des
caractéristiques stylistiques particulières, perceptibles dans le traitement de l’aspect
narratif des textes » (Cautela et Marin, 2013, 38).
21. Sa thèse, Écriture d’invention, réécriture et enseignement de la littérature (2006), sous la
direction d’André Petitjean, a pour objet l’élaboration d’une modélisation de l’écriture
littéraire à partir, d’une part, d’une critique de l’écriture d’invention dans sa forme
institutionnelle et telle qu’elle est pratiquée en classe, et d’autre part, d’une réévaluation de
la notion de « réécriture ». Cette thèse, qui n’est pas publiée, est disponible sur les archives
ouvertes HAL. Elle a donné naissance à de très nombreux articles exposant les principes de
cette modélisation (par exemple : Le Goff, 2005, 60- 74 ; 2005, 183-208 ; 2008, 19-34).
22. La construction d’un monde fictionnel cohérent est étayée, en miroir, par les lectures
partagées : les pairs et le maitre aident « les enfants à trouver le principe unifiant de leur
monde imaginaire » (Tauveron, 2009, 144).
23. Le « sujet scripteur » est défini en résonance avec le sujet écrivant de Dominique
Bucheton. Cependant, chez François Le Goff, ce n’est pas la question de l’image de soi qui
prime, mais la capacité à se glisser dans différentes postures d’écriture.
24. C’est-à-dire, « où l’expression libre du sujet apparait comme une fin en soi plutôt que
comme une phase dans un processus plus global. » (Dufays, 2013).
AUTEUR
MARION MAS
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GOULET, M. « Les lieux de la lecture, du braconnage au bricolage ».
NOTES
1. Cet article utilise un double système de références. Les articles issus des Rencontres sont
référencés de la manière suivante : date + auteur, ceux issus de de la bibliographie
principale : auteur + date.
2. Groupe de recherche formation à l’Université Rennes 2, animé par Michèle Touret.
3. Les Rencontres de Rabat (2011) Former à enseigner les littératures du primaire à l’Université :
enjeux, pratiques et évaluation sont des communications orales sans actes. Celles Lyon (2016)
Enseigner la littérature en dialogue avec les arts et de Caen (2017) Littérature de l’altérité, altérités
de la littérature sont en cours de publication.
4. Lorsqu’il y a eu à la fois publication en ligne et publication papier, c’est cette dernière qui
a été privilégiée (Genève, 2010). Les références aux articles des rencontres de 2006 ne sont
pas paginées car elles sont parues en cdrom.
5. Lorsque plusieurs actes des Rencontres ont été publiés la même année, ils sont distingués
de la façon suivante : date a, date b, date c.
6. P. Demougin, (2001a) rappelle que le collège « donne des repères d’histoire littéraire »
(81) mais privilégie surtout la maitrise de la langue.
7. Le corpus des Rencontres est organisé par dates de publications, la date et le lieu des
Rencontres sont entre crochets à la suite des références des ouvrages. Les rencontres
de 2004 ont été publiées en 2006a.
8. Les Rencontres de 2012 ont été publiées en 2013 et 2015a.
9. Les Rencontres de 2008 ont été publiées en 2009 et 2010a.
10. Les Rencontres de 2009 ont été publiées en 2010b.
11. Le terme « contexte » est extrêmement polysémique et par exemple utilisé pour
désigner le lieu où se déroulent les activités de lecture (2015c, Dezutter & Dufays) ou bien le
« rapprochement de situations d’apprentissage avec des situations de mobilisations
authentiques » (2007, Clauw & Thyrion).
12. Pour une synthèse sur la question des savoirs en didactique, voir Nathalie Denizot
(2018). Elle rappelle que « la question des savoirs [...] a fait l’objet de nombreux travaux
mais également d’imprécisions et d’incompréhensions » (45).
13. Elle s’appuie notamment sur les contributions des deux Rencontres de 2008 et 2010.
14. Déterminer ce que sont ces savoirs formalistes nécessiterait un travail à part entière, la
formule incluant les approches issues du structuralisme, de la narratologie, de la
linguistique textuelle, etc… voir Daunay, 2007.
AUTEUR
LAETITIA PERRET
Université de Poitiers – ÉSPÉ / Laboratoire FORELLIS B2
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
L’interprétation : un concept
stabilisé ? à stabiliser ?
Sylviane Ahr
Conclusion
30 En conclusion, on peut certes admettre qu’un concept scolaire varie
dans le temps, puisqu’il s’appuie sur des concepts didactiques qui
évoluent, les fondements théoriques sur lesquels ceux-ci reposent
évoluant eux aussi. Mais faut-il encore que ce concept scolaire soit
clairement défini et stabilisé au moins dans une période déterminée
afin de donner du sens aux situations d’apprentissage que les
enseignants mettent en œuvre dans leur(s) classe(s). De cette
clarification terminologique et surtout conceptuelle dépendent,
d’une part, le renouvèlement des pratiques d’enseignement de la
littérature, souhaité tout autant par l’institution scolaire (voire
littéraire) que par la société (élèves, parents), ainsi qu’une
progression curriculaire réfléchie de cet enseignement ; et, d’autre
part, une implication plus grande des élèves lecteurs dans leur
formation personnelle. La situation est complexe, car force est de
reconnaitre qu’il ne peut pas y avoir, une fois pour toutes, une seule
manière d’envisager l’interprétation des textes littéraires : non
seulement la critique littéraire a montré au cours du XXe siècle
combien les approches pouvaient différer, mais on sait aussi que
l’objet littéraire, comme artistique d’ailleurs, est un objet aux
frontières instables et lié à des usages également instables. Florent
Coste fait remarquer à ce sujet :
Le concept de littérature […] se réalise dans des circonstances dont on doit
admettre qu’elles puissent être changeantes et instables, et dans des contextes
qui sont capables de lui faire subir de considérables altérations. Rien ne saurait
proscrire, par exemple, que des circonstances futures ne révèlent ou ne fassent
émerger d’une œuvre des aspects jusqu’ici ignorés qui autorisent de l’envisager
comme littéraire. Tout cela amène à souligner que le concept d’œuvre littéraire
(ou de littérature) est employé de manière variée, par une pluralité d’acteurs qui
présentent leur usage comme un usage approprié, soit pour le défendre, soit
pour contester les usages des autres. (2017 : 326)
31 De même, dans le numéro 14 de la revue Littérature Histoire Théorie
(LHT) mis en ligne en février 2015 sur le site Fabula et consacré à la
question « Pourquoi l’interprétation ? », Marielle Macé envisage les
évolutions à venir en matière de critique littéraire et d’approches de
la lecture de la littérature :
Nous assistons et (pour beaucoup d’entre nous) nous participons en effet à un
tournant de la critique littéraire et des approches de la question de la lecture.
Depuis quelques années, le vocabulaire semble avoir beaucoup changé, comme a
changé le sentiment de ce que l’on attend des livres et de ce que les livres
attendent de nous. Une perspective esthétique et pragmatique prend sans doute
la relève de l’approche globalement sémiotique qui a longtemps prévalu dans les
façons de réfléchir à la lecture littéraire ; parallèlement, le mot « interprétation »
s’éloigne, au profit d’un vocabulaire souvent plus anthropologique :
« pratiques », « gestes » ; on ne s’intéresse plus forcément à propos des livres à
des textes à déchiffrer, mais plutôt à des objets esthétiques, inducteurs de
conduites – conduites mentales, perceptives, morales, ou sociales 13 .
32 Perspective anthropologique selon laquelle un grand nombre de
didacticiens de la littérature développent leurs recherches depuis
près de deux décennies et sur lesquelles s’appuient, de façon plus ou
moins explicite, les programmes scolaires en application aujourd’hui
en France. Cependant, les entretiens menés avec quelques
enseignants montrent combien il est nécessaire de définir, à un
moment T, « une épistémologie scolaire » (Fournier & Veck, 1997 :
30) de la lecture de la littérature, en adéquation avec les avancées de
la recherche, et de rendre cette épistémologie accessible à
l’ensemble du corps professoral.
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n° 9 du 30 septembre 2010. Programme de l›enseignement commun de français en classe de
seconde générale et technologique et en classe de première des séries générales et
programme de l›enseignement de littérature en classe de première littéraire. En ligne :
http://www.education.gouv.fr/cid53318/mene1019760a.html
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA
RECHERCHE (2015). Bulletin officiel spécial n° 11 du 26 novembre 2015. Programmes
d›enseignement du cycle des apprentissages fondamentaux (cycle 2), du cycle de
consolidation (cycle 3) et du cycle des approfondissements (cycle 4). En ligne :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/MEN_SPE_11/35/1/BO_SPE_11_26-11-
2015_504351.pdf
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA
RECHERCHE (2016). Ressources accompagnant les programmes de français du cycle 3. En
ligne : http://eduscol.education.fr/pid34159/francais.html
NOTES
1. La réflexion proposée ici emprunte à Cora Cohen-Azria la distinction qu’elle établit entre
« les concepts scientifiques élaborés dans les disciplines de recherche » concernées et « les
concepts “scolaires” qui sont construits et travaillés dans l’espace scolaire » (2007 : 35).
2. Depuis la rentrée 2016, le cycle 3 (cycle de consolidation) regroupe les classes des cours
moyen 1 et 2 de l’école élémentaire ainsi que la classe de sixième du collège. Le
cycle 4 (cycle des approfondissements) regroupe les classes de cinquième, quatrième et
troisième du collège.
3. Conception que de nombreux travaux de recherche ont développée au cours des
dernières décennies, comme cela est rappelé dans la seconde partie de l’article.
4. En ligne :
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Lecture_Comprehension_ecrit/89/0/
RA16_C3_FRA_11 _lect_eval_debat_N.D_612890.pdf [consulté le 15 novembre 2016].
5. En ligne : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Culture_litteraire_/05/9/21-
RA16_C3_ FRA_5_cultu re_ litt_debat_591059.pdf [consulté le 15 novembre 2016]. Dans la
ressource citée précédemment, l’interprétation est envisagée en lien avec la
« compréhension de l’écrit » ; dans cette autre ressource, qui explicite les enjeux et les
modalités du « débat littéraire interprétatif », l’interprétation est envisagée en lien avec la
« culture littéraire et artistique » que les élèves doivent développer au cours de leur
scolarité. Le concept varie selon que l’interprétation est ou non étroitement liée à celui de
la compréhension et en fonction de la finalité assignée à la lecture scolaire.
6. Ces théories autorisant deux approches : l’une, qui s’intéresse à l’objet lu et à la « lecture
modèle » programmée par le texte ; l’autre, s’intéressant à la réception effective du texte
par le lecteur « réel » (Ahr, 2015 : 176-180).
7. Et pas seulement du « lecteur modèle » inscrit dans et programmé par le texte, concept
établi par le sémioticien Umberto Eco, dans le sillage des travaux engagés, entre autres, par
Wolfgang Iser (« lecteur implicite »). Une grande partie de l’œuvre d’Umberto Eco est
consacrée à l’interprétation : L’Œuvre ouverte [1962], Paris, Éditions du Seuil, 1965, seconde
révision 1971 ; Lector in fabula ou la Coopération interprétative dans les textes narratifs [1979],
Paris, Grasset, 1985 ; Les Limites de l’interprétation [1990], Paris, Grasset, 1992 ; Interprétation et
surinterprétation [1992], Paris, PUF, 2002.
8. Karl Canvat ouvre la présentation du numéro 46 de la revue Enjeux qu’il coordonne en ces
termes : « La problématique de la compréhension et de l’interprétation des textes littéraires
est vaste et complexe, comme en témoignent les débats anciens et toujours actuels dans de
nombreux champs disciplinaires. La présente livraison d’Enjeux revient sur cette question et
tente d’y apporter quelques réponses, “de la maternelle à l’université” » (1999 : 3). En 2002,
Dominique Bucheton fait remarquer que l’[o] n ne trouve pas dans les travaux théoriques de
réponse définitive et univoque sur la question des liens entre lire, comprendre,
interpréter » (§. 11). On comprend dès lors la difficulté de l’institution à stabiliser ce
concept scolairement et celle des enseignants à le définir.
9. Il s’agit de la lecture scolaire de la nouvelle de Pascal Mérigeau Quand Angèle fut seule
(1983).
10. Voir B. Louichon, 2016, p. 396-400.
11. Voir S. Ahr, 2015, p. 126-147, p. 175-189.
12. Position défendue par de nombreux chercheurs et notamment par Yves Citton, dont la
définition de l’interprétation repose sur un jeu langagier éclairant : « Interpréter se conçoit
mieux au sein d’un sujet collectif, en mouvement et en conflit, plutôt que comme une
activité individuelle : en interprétant un texte littéraire, lecteurs et critiques savent qu’ils
s’inter-prêtent des idées, des rapprochements, des contextualisations, des processus de
symbolisation […] » (2010 : 37).
13. http://www.fabula.org/lht/14/mace.html [consulté le 14/05/2017].
AUTEUR
SYLVIANE AHR
Université Toulouse Jean-Jaurès – ÉSPÉ Midi-Pyrénées
LLA/CRÉATIS (ÉA 4152)
ÉMA (ÉA 4507)
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
La notion de réflexivité en
didactique de la littérature
Marion Sauvaire
2. La réflexivité langagière
9 Dans le domaine de la didactique du français, les chercheurs
privilégient des approches langagières de la réflexivité. Penser la
réflexivité dans le langage apparait comme le point commun de
diverses approches qui articulent « l’élaboration conceptuelle et
l’implication-transformation du sujet » (Vanhulle, 2009 : 5). Deux
traditions ont contribué à l’élaboration de la notion en didactique du
français : une approche sociodiscursive inspirée des travaux de
Vygotski, illustrée notamment par Bronckart (1997) et Vanhulle
(2004, 2009), et une approche didactique assise sur une conception
réflexive de la littératie, axée sur l’observation de la réflexivité dans
les pratiques langagières scolaires (Bautier, 2005 ; Bishop et Cadet,
2007 ; Caillier, 2002 ; Chabanne et Bucheton, 2002). Dans cette partie,
nous présentons l’approche sociodiscursive de la réflexivité dans la
formation des enseignants, en particulier celle de Vanhulle, puis
l’approche didactique de la réflexivité langagière dans les pratiques
scolaires des élèves, en particulier celle de Chabanne et Bucheton
ainsi que ses prolongements.
Conclusion
27 Ce parcours succinct à travers diverses conceptions de la réflexivité,
dans les domaines contributeurs de la didactique de la littérature, a
débuté avec l’élargissement de la « réflexion sur l’action » inspirée
de Schön vers la prise en compte du retour sur soi, sur son parcours
de formation ou d’apprentissage. Un second mouvement consacré à
la réflexivité dialogique ou langagière a permis d’éclairer les liens
entre réflexivité et processus de subjectivation, y compris dans sa
dimension intersubjective. Il est apparu que les divergences de
conception de la réflexivité reposaient en partie sur la variété des
objets, entendus comme moyens et comme finalités, du
développement de la subjectivation. Ainsi, pour Vanhulle, la
subjectivation repose essentiellement sur l’appropriation et la mise à
distance des savoirs. Cette « subjectivation des savoirs », chevillée à
une dynamique intersubjective, permet d’atteindre une forme
d’objectivation en vue de l’action didactique. Pour les tenants d’une
approche didactique de la réflexivité langagière, la subjectivation
repose avant tout sur l’expérimentation et la mise à distance de
pratiques langagières à l’école (Chabanne et Bucheton, 2002 ; Daunay
et Treignier, 2004). Les interactions langagières entre les sujets
suscitent l’intensification d’une dynamique cognitive. Ainsi,
pratiquer l’écriture et l’oral pour penser contribuerait à se penser
comme sujet scolaire. Les approches didactiques de la réflexivité en
lien avec la production et la réception des œuvres littéraires font la
part belle à l’expression et à la compréhension de la pluralité, de la
mobilité et de la diversité du sujet. Assumant des héritages
philosophiques distincts (Foucault et Ricœur), ces approches
proposent un élargissement maximal de la définition de la
réflexivité, comme mise à distance des rapports à soi, à autrui et au
monde, médiatisée par l’écriture (Molinié, 2009) et la lecture
(Sauvaire, 2013).
28 La conception de la réflexivité s’en trouve considérablement élargie,
au risque peut-être de se diluer dans une variété de pratiques
hétéroclites et de productions peu formalisées (Bishop et Cadet,
2007). Une des limites de la notion de réflexivité concerne ainsi la
tension entre des définitions larges, dont l’enjeu est sans doute
d’inscrire l’enseignement de la littérature dans le projet d’une
anthropologie philosophique et critique, mais qui tendent à
amalgamer réflexivité, créativité et intersubjectivité, et des
conceptions plus précises, mais aussi plus restreintes, reposant in
fine sur la primauté accordée à l’appropriation de savoirs et de
procédures cognitives.
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NOTES
1. Selon Bibauw et Dufays, la réflexivité et la métacognition sont des « concepts » qui
« peuvent être distingués à la fois du point de vue de leurs objets – la réflexivité porte sur
toutes les actions du sujet, quand la métacognition ne porte que sur ses opérations
cognitives – et de leur portée – la réflexivité suppose, au-delà de la prise de conscience, une
certaine régulation des actions du sujet » (2010 : 3).
2. À partir d’une lecture de Qu’est-ce que la critique ? (2015) de M. Foucault, nous définissons
l’attitude critique comme l’articulation entre la relation à la vérité (dans laquelle se
constitue le sujet de la connaissance), la relation au pouvoir (dans laquelle se constitue le
sujet agissant et étant agi par les autres), la relation éthique (dans laquelle se constitue le
sujet de l’action morale), la relation esthétique (dans laquelle se constitue le sujet de
l’expérience sensible).
AUTEUR
MARION SAUVAIRE
Université Laval, Québec, CRIFPE
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
L’autobiographie de lecteur en
didactique de la littérature : un
outil pour la recherche et
l’enseignement
Chiara Bemporad
3. Conclusion
36 La double visée de la méthode biographique pour la didactique des
langues en tant qu’objet de recherche et dispositif didactique pour la
classe prend tout son sens en didactique de la littérature également :
l’autobiographie de lecteur est tant un objet de recherche pour la
didactique de la littérature qu’un outil didactique pour la classe.
37 Elle constitue en effet un corpus de données discursives qui peut être
analysé, notamment de façon qualitative et compréhensive, pour
mieux comprendre les pratiques et les représentations des lecteurs,
leurs reconfigurations identitaires, les rôles des souvenirs de lecture
comme ressources symboliques. Ceci permet notamment de réfléchir
à une didactique mieux adaptée aux besoins et aux pratiques
effectives des lecteurs, en ligne avec la perspective du sujet-lecteur.
Par analogie avec la biographie langagière, on peut faire
l’hypothèque que, lorsque ces textes s’organisent pour appréhender
l’ensemble de la trajectoire du sujet, ils permettront surtout
d’étudier la bibliothèque intérieure et l’identité de lecteur. Lorsque
ces données concernent des souvenirs de lecture morcelés et
contextuels, elles permettront d’observer plutôt des modes de
lecture. À cet égard, les données présentées et analysées par Rouxel
(2004) et De Croix et Dufays (2004) ont permis un avancement
remarquable dans l’étude des pratiques effectives. Il semblerait
intéressant de continuer dans cette voie, en diversifiant les publics
et les contextes, ainsi que les modalités de recueil des données,
notamment en envisageant des corpus de données orales ou des
recueils longitudinaux.
38 En tant que démarche didactique, la pratique de l’autobiographie de
lecteur permet notamment d’agir sur la motivation des élèves, en
légitimant leurs conduites, en développant leurs capacités réflexives
et métacognitives, en explicitant leurs représentations, leurs
valeurs, leurs ressources symboliques et leurs stratégies de lecture.
Les études en didactique de la littérature et des langues ont en effet
montré à quel point lorsqu’un élève (ou étudiant) produit une
autobiographie de lecteur, il adopte une posture autoréflexive et
effectue un acte identitaire qui (potentiellement) le légitime en tant
que lecteur, le motive en tant que sujet apprenant, et lui donne du
pouvoir (dans le sens d’empowerment) en tant que personne qui agit
dans la société, aussi notamment en raison de ses compétences de
lecture et écriture.
39 L’autobiographie de lecteur, dans ces différentes formes, constitue
donc un objet riche et important pour la didactique de la littérature,
dont le potentiel en contexte tant d’enseignement que de recherche
mérite de continuer à être développé.
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NOTES
1. Pour simplifier la lecture, j’utiliserai la forme masculine pour renvoyer aussi bien au
masculin qu’au féminin.
2. « The notion of symbolic resource is located exactly there, where the person turns a
socially shared element into a psychologically relevant resource ; uses of symbolic
resources necessarily constitute a bridging between inner world and shared reality »
(Zittoun, 2007 : 345). « La notion de ressource symbolique se situe exactement là où la
personne transforme un élément socialement partagé en une ressource psychologiquement
importante pour elle : les usages des ressources symboliques constituent nécessairement un
pont entre le monde intérieur et la réalité partagée » (traduction personnelle).
3. Tous les prénoms des étudiants sont fictifs.
4. Ces données ont été recueillies dans le cadre d’un cours de Master, « Approches de la
lecture littéraire pour l’enseignement », que j’ai donné en collaboration avec un collègue,
Gaspard Turin, au semestre de printemps 2017. Mon collègue et les étudiants sont ici
remerciés.
5. Les deux extraits ont été recueillis dans un cours de Bachelor d’une collègue au
printemps 2008 dans le cadre de ma recherche doctorale.
6. Pour une synthèse des travaux voir notamment Molinié (2006, 2011 et 2015),
Thamin & Simon (2009) et Baroni & Bemporad (2011).
AUTEUR
CHIARA BEMPORAD
Haute École pédagogique du canton de Vaud, Lausanne
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
Discipliner par la littérature
Questions et options méthodologiques pour une approche
descriptive et explicative quasi expérimentale en milieu écologique
20 Nos deux hypothèses, sur les deux modes de progression dans les
écoles primaires et secondaires d’une part, sur la part que prennent
les apprêts de la discipline sur la lisibilité des supports de lecture
d’autre part, impliquent que notre comparaison soit guidée par le
jeu de deux variables indépendantes : les niveaux scolaires et le
texte. Nous sollicitons des enseignants de niveaux scolaires variés,
représentatifs d’institutions scolaires qui historiquement viennent
de traditions distinctes. Nous leur proposons deux mêmes textes
contrastés. Sous l’effet de la deuxième hypothèse, le texte joue le
rôle d’un « réactif » 5 . L’enseignement de ces deux textes réputés
littéraires est envisagé sous l’angle de l’interdépendance de deux
types de facteurs : ceux liés aux caractéristiques du texte, ceux liés
aux outils de la profession et de la définition des objets à enseigner.
Cette interdépendance se traduit par les questions suivantes : dans
quelle mesure les caractéristiques du texte sont prises en
considération dans la conception et la mise en œuvre de
l’enseignement ? Et inversement, dans quelle mesure les outils
spécifiques, forgés par la profession, vont neutraliser peu ou prou les
effets du texte ?
21 Quels textes choisir ? Le contraste doit tenir davantage aux « apprêts
didactiques », c’est-à-dire aux discours pédagogiques et didactiques
(critiques, manuels, exercices, etc.) dont sont assortis les textes qu’à
leurs propriétés thématiques ou stylistiques, voire génériques. Le
choix de La Fontaine s’est imposé rapidement. Les travaux de
Chervel (2006), d’Albanese (2003), ceux du groupe HELICE (Denizot,
Dufays & Ulma, 2016 ; Louichon, Bishop & Ronveaux, 2017), ont
montré la pérennité des fables à l’école, saturée de ressources
didactiques, mais aussi la labilité de leurs traits génériques. Qu’elles
soient lues à l’école comme des apologues écrits par un La Fontaine
moraliste, ou comme une œuvre poétique patrimoniale réalisée par
le « Génie gaulois », les fables témoignent de l’effet des usages
scolaires sur leur lisibilité, lesquels usages varient dans le temps en
fonction des valeurs et des objectifs de l’institution scolaire. La fable
du Loup et de l’agneau, en particulier, a une fortune scolaire, faite de
révérence et de rejet, qui a retenu toute notre attention. Par
contraste, la nouvelle de Jean-Marc Lovay, La Négresse et le chef des
avalanches, représente la part non didactisée de nos réactifs.
L’absence d’apprêts est particulièrement intéressante pour la
description des dispositifs et la manière dont les enseignants vont
s’emparer des notions scolaires pour baliser la lecture et réduire les
lieux d’incertitude du texte. Cette absence, en effet, transforme la
planification, notamment parce qu’elle rend difficilement prévisible
la lecture de la nouvelle en classe.
22 La fable et la nouvelle présentent toutes les deux des difficultés qui
rendent leur lecture problématique. Elles racontent des histoires qui
ne se laissent pas facilement condenser dans des scénarios
partageables de manière univoque. L’on s’attend à ce que, dès qu’ils
s’empareront des textes, les élèves soient amenés à les questionner.
Cependant, la « réputation » de la fable précède la situation de
lecture et intervient dans ce questionnement de deux manières :
d’une part, sur l’objet de discours proprement dit que représente la
fable et dont la réputation littéraire n’est plus à faire ; d’autre part,
sur la situation de lecture littéraire du texte « formatée » par les
savoirs en usage. On postule une certaine indépendance de cette
réputation selon qu’elle s’applique à l’activité de lecture du texte ou
à l’outil scolaire censé faciliter l’appropriation d’un texte. Certes,
plus la compréhension de l’histoire sera maitrisable à l’aune de cette
réputation, moins la situation de lecture sera questionnée. Mais
aussi, plus la situation de lecture est cadrée par la réputation de
l’outil de lecture, moins la compréhension des histoires sera
présentée comme problématique, et cela indépendamment de
l’activité de lecture des textes. Le caractère littéraire de cette
réputation est à rapporter aux savoirs en usage, variables selon les
niveaux scolaires et les enseignants. Dans cette perspective, nous
considérons le rapport au texte comme le produit d’une lente
disciplination. C’est sous l’influence de la discipline français et de ses
enseignables qu’il faut considérer les propriétés réactives de nos
deux textes.
Conclusions
35 Une seule question, celle des objets enseignés au fil des niveaux
scolaires, conduit la recherche dont nous avons présenté le cadrage
théorique, les hypothèses, le dispositif et le modèle d’analyse. Notre
appareil méthodologique soutient le dispositif de recherche dans sa
visée de décrire et d’expliquer la transformation des traces
langagières produites par un long et patient travail de disciplination.
Nous avons posé l’hypothèse que la lecture et la littérature se
seraient constituées dans la perspective d’une sélection qui réserve
le jugement de gout d’un texte littéraire aux élèves disciplinés du
dernier cycle de l’école obligatoire (15 – 18 ans). Cette dernière
aurait pour vocation d’outiller progressivement les élèves à des
conduites langagières qui produisent un discours spécifique et une
relation au texte de l’ordre de la reconnaissance de la réputation
littéraire d’un texte. Pour rendre compte de cette progression
qu’instaure/prévoit/organise la discipline, nous avons fait jouer
deux variables, le niveau scolaire et le texte, dans un dispositif de
recherche quasi expérimental. Notre question de recherche sur les
objets enseignés agit comme une contrainte qui oriente les choix
méthodologiques : les variables des niveaux scolaires du primaire et
du secondaire, les variables des deux textes contrastés, l’un
« classique », bardé d’apprêts didactiques, l’autre contemporain,
sans apprêt. Pour observer le jeu des variables, nous avons choisi
l’unité de la séquence, le lieu de fabrication de la lecture et de la
littérature par excellence. C’est là que l’enseignant met en contact
les élèves avec les textes au moyen d’instruments forgés par la
discipline et la profession. Ce dispositif de recherche implique un
modèle d’analyse à plusieurs focales : l’angle de vue des
macrostructures, celui des instruments de la discipline, celui des
activités langagières et des gestes fondamentaux de l’enseignant.
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NOTES
1. La requête FNS (100013_129797 / 1) intitulée La lecture littéraire au fil des niveaux scolaires.
Analyse comparative des objets enseignés en classe de littérature a fait l’objet de deux thèses,
présentées successivement par Chloé Gabathuler (2016) et Orianna Franck (2017), et d’une
publication qui est en cours sous la direction de Bernard Schneuwly et Christophe
Ronveaux. Elle a été prolongée par la requête FNS (100019_156698) sous le titre
L’enseignement de textes littéraires contrastés dans trois degrés scolaires. Évènements imprévus et
rôle des élèves.
2. À l’heure de rédiger ces lignes, des recherches sont en cours (entre autres, le collectif
PELAS, acronyme de Pratiques effectives de la lecture analytique dans le secondaire en
France et en Belgique, dirigé par Sylviane Ahr & François Le Goff). Mais peu de celles-ci
s’intéressent à la progression.
3. Au moment d’écrire ces lignes, se discute la mise en œuvre concrète d’un allongement de
l’école obligatoire jusqu’à 18 ans.
4. Voir aussi les nuances apportées depuis pour l’école française par les travaux de Jean-
François Massol (2004) et ceux de Martine Jey (1998).
5. En première approximation, la métaphore chimique nous renseigne sur le rôle du texte
dans la transformation attendue de l’objet enseigné. Dans une réaction chimique, un réactif
est censé provoqué une transformation de la matière si certaines conditions sont réunies.
De même, un texte bardé ou non d’appareils didactiques provoquera telle ou telle
transformation du contenu à enseigner.
AUTEURS
CHRISTOPHE RONVEAUX
Université de Genève, GRAFE
BERNARD SCHNEUWLY
Université de Genève, GRAFE
GRAFELITT
Université de Genève, GRAFE
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
Didactique de la littérature et
inégalités scolaires
Patricia Richard-Principalli et Jacques Crinon
2.3. La secondarisation
Conclusion
34 Les travaux sur la didactique de la littérature se traduisent par des
propositions de démarches et de dispositifs qui prennent en compte
à la fois l’enjeu spécifique des textes littéraires et les diverses
instances du lecteur. Leur objectif est de permettre aux élèves de
construire des compétences de lecteurs de littérature, en appui sur
la subjectivité du lecteur, loin de l’approche formelle et techniciste
qui a longtemps prévalu, et dont on connait les limites. La prise en
compte, dans ces modèles, des apports des travaux évoqués, relevant
d’une approche sociologique, peut contribuer à une réflexion sur
l’enseignement de la littérature en termes de réduction des
inégalités scolaires. Il s’agirait ainsi de voir en quoi les dispositifs, les
supports d’apprentissages et le discours pédagogique sont
susceptibles de contribuer au développement de malentendus
sociocognitifs et de systématiser les analyses des productions des
élèves les plus fragiles.
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CRINON, J. (2008). Journal des apprentissages, réflexivité et difficulté scolaire. Repères, 38,
137-149.
NOTES
1. Plus particulièrement l’équipe Escol (Éducation et scolarisation) du Centre
Interdisciplinaire de Recherches sur la Culture, l’Éducation, la Formation, le Travail
(CIRCEFT) et le réseau Reseida (Recherches sur la Socialisation, l’Enseignement, les
Inégalités et les Différenciations dans les Apprentissages).
2.Lire et écrire au cycle 3, collection « École Documents d’accompagnement des
programmes », Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche
Direction de l’enseignement scolaire, Centre national de documentation pédagogique, 2003 :
30-35.
3. 1° Le « texte-tâche », où l’élève, hors de toute activité cognitive et psychoaffective, reste
extérieur au texte et au travail demandé et produit un écrit court, partiel et souvent
erroné ; 2° le « texte-action », où l’élève s’intéresse essentiellement à l’action et se projette
dans le texte, selon une modalité psychologique et moraliste, le commentaire étant
paraphrastique et/ou évaluatif ; 3° le « texte-signe », où le lecteur interroge et interprète le
texte comme espace métaphorique. Deux autres postures, rares, sont également identifiées :
« le texte tremplin », où les élèves construisent un point de vue sur les faits présentés dans
la nouvelle, et « le texte objet », où les élèves réfléchissent au fonctionnement du texte.
4. Le concept de circulation « permet de rendre compte des mouvements discursifs,
cognitifs qui traduisent chez les élèves des déplacements de points de vue » (Brénas et
Bucheton, 2005 : 62).
5. Philippe Matter (1996). Mini-Loup à l’école. Paris : L’École des loisirs ; Christian Jolibois et
Christian Heinrich (2005). Charivari chez les p’tites poules. Paris : Pocket jeunesse.
6. Le fort degré de « composite » de l’album complexe repose sur l’hétérogénéité des codes,
qui au-delà du pluricodage propre à tout album renvoie à une grande diversité en termes de
statut et de nature de l’image, et en termes de choix typographiques, et sur l’hétérogénéité
discursive (polyphonie due à une pluralité de « voix » et une pluralité de situations de
double énonciation).
7. Geoffroy de Pennart (1999). Le Loup sentimental. Paris : Kaléidoscope.
8. « Le rapport identitaire correspond à la façon dont le langage prend sens par référence à
des modèles, à des attentes, à des repères identificatoires, à des enjeux identitaires et à la
façon dont il contribue à ces mêmes enjeux. Le rapport épistémique se définit, lui, en
référence à la nature de l’activité que le sujet comprend sous les termes de lire, écrire,
parler, interagir, produire un texte, analyser la langue » (Bautier, 2002 : 44).
9. 71 familles ont été observées et interviewées (2009-2013).
10. Il s’agit d’une enquête par questionnaires, basée sur l’analyse de 284 réponses sur les
titres utilisés en classe au cours de l’année (2009-2011) et d’une enquête par observation
dans 16 classes (2012-2013).
11. Bénédicte Étienne, « Les gestes de l’étude des textes littéraires », thèse en Sciences de
l’éducation en cours, direction J.-Y. Rochex, Université Paris 8.
12. Comme les élèves de l’école A dans la séance analysée par C. Delarue-Breton (2016 : 75) :
« l’enseignante lui fait confirmer ce propos et le sanctionne elle-même d’un “d’accord”, dont
aucun élève ne sera pourtant dupe : ce “d’accord” signifie simplement que l’enseignant prend
acte, au sens fort du terme, de cette proposition de l’élève ».
AUTEURS
PATRICIA RICHARD-PRINCIPALLI
Université Paris-Est, ÉA 4384 Circeft, Université Paris 8, UPEC, 94010 Créteil Cedex
JACQUES CRINON
Université Paris-Est, ÉA 4384 Circeft, Université Paris 8, UPEC, 94010 Créteil Cedex
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>
Publications francophones sur
l’enseignement de la littérature
aux adolescents
Quelle intégration des travaux en psychologie cognitive ?
Julie Babin
3. Méthodologie
10 Les concepts et approches qui précèdent – mémoire, inférence,
processus, cognition, stratégies, enseignement explicite et
implicite – ont soutenu notre méthodologie de recherche.
11 Prenant modèle sur l’état des lieux produit par Denizot (2016) sur la
notion de genre, nous avons identifié les publications susceptibles de
nous renseigner sur la place laissée aux aspects psychocognitifs de la
lecture de textes littéraires au-delà du primaire dans les recherches
en didactique de la littérature des dernières décennies. Quatre
publications francophones « marquantes » s’adressant en particulier
aux acteurs du champ de la didactique (Bertucci et Castellotti, 2012)
ont ainsi été ciblées : Le Français aujourd’hui (ci-après FA), Pratiques,
Repères et Enjeux.
12 La recherche s’est limitée aux textes parus
depuis 1995 (approximativement 1990 articles) : en ce qui a trait à
l’enseignement de la lecture de textes littéraires au secondaire, il
semble que les années 90 aient en effet permis, dans divers pays
francophones, une prise en compte plus explicite des processus
cognitifs à mobiliser, notamment avec la parution de La
compréhension en lecture (Giasson, 1990) et de Pour une lecture littéraire
(Dufays et al., 1996). Des changements surviennent aussi à partir
de 1995 dans les milieux scolaires, alors que de nouveaux
programmes d’études apparaissent pour le secondaire, tant au
Québec qu’en Europe francophone.
13 Grâce aux moteurs de recherche spécialisés d’une bibliothèque
universitaire, nous avons retenu systématiquement les articles dont
le titre portait, d’abord, sur le thème de la lecture de textes
littéraires au secondaire ; à cette étape, les textes de Repères ont été
écartés du corpus, soit parce qu’ils occultaient la psychologie
cognitive, soit parce qu’ils portaient sur le primaire. Nous avons
ensuite retenu les articles dont le texte incluait aussi un ou plusieurs
mots clés relatifs aux concepts et approches ciblés, à savoir
« stratégie », « mémoire », « inférence », « processus », « cognitif » et
« explicite » 3 . Les articles des trois revues ciblées publiés dans des
numéros spéciaux dédiés à la littérature ou à la lecture ont
également été consultés systématiquement, sans égard à la présence
de mots clés. En plus de cette recherche informatique complète, une
lecture sur papier des articles disponibles uniquement en format
imprimé (n=432) 4 a été faite selon les mêmes critères, toujours
dans l’optique de trouver les mots clés ciblés.
14 Le corpus final de 116 articles met en évidence une diversité de
résultats au regard de l’intégration plus ou moins explicite
d’éléments issus de la psychologie cognitive dans l’enseignement de
la lecture de textes littéraires. Nous avons donc privilégié un
traitement qualitatif des publications afin d’en dégager l’ancrage
épistémologique à partir des entours des mots clés. Pour ce faire,
une analyse thématique de contenu a permis de « procéder
systématiquement au repérage, au regroupement et […] à l’examen
discursif des thèmes abordés » dans le corpus (Paillé et Mucchielli,
2010, p. 162), en l’occurrence, la manière dont les concepts clés sont
convoqués par les auteurs lorsqu’il est question d’enseigner à lire le
texte littéraire à des adolescents.
4. Résultats
4.1. Vue d’ensemble
15 En ce qui a trait à la présence des mots clés, nonobstant la revue, un
peu plus de 40 % des textes retenus traitent de près ou de loin des
aspects psychocognitifs de la lecture de textes littéraires au
secondaire (cf. tableau 1), c’est-à-dire qu’ils présentent au moins l’un
des mots clés, sans nécessairement adopter une posture
psychocognitiviste ; ils se trouvent le plus souvent dans Enjeux. Dans
les trois revues confondues, on retrouve 2 ou 3 textes par année qui
contiennent les mots clés identifiés, exception faite de 2003 (n=8) et
de 2007 (n=7), où les publications sont plus nombreuses. Si les
articles de 2007 ne semblent pas présenter de point commun, ceux
de 2003 sont majoritairement écrits par des chercheurs du Québec 5
(6 sur 8) ; cela découle peut-être de la réflexion suscitée dans la
province par l’importante réforme du programme du secondaire au
tournant des années 2000.
Tableau 1 : Résultats
Le Français
aujourd’hui ±700 47 18 (38 %)
(±32 art./an)
Pratiques
±710 22 10 (45 %)
(8 à 15 art./an)
Enjeux
±180 46 29 (63 %)
(±8 art./an)
Repères
±400 1 -
(±18 art./an)
BIBLIOGRAPHIE
Références bibliographiques
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français : quelle prise en compte ? Repères, 46, 175-204.
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DENIZOT, N. (2016). La notion de « genre » dans les recherches en didactique du français
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VINCENTELLI, C. et CAUCHI-BIANCHI, F. (2009). Quand textes littéraires et textes
philosophiques sont étudiés conjointement, qu’est-ce qui change dans l’enseignement de la
littérature ? Le français aujourd’hui, 167, 37-44.
NOTES
1. Par exemple, les travaux individuels et conjoints de Goigoux et Cèbe (2015), de Rémond et
Quet (1999) ou de Tauveron (1999).
2. Voir à cet effet l’ouvrage de Goldman, Graesser et Van den Broeck (1999), qui rend
hommage aux travaux de Trabasso.
3. Pour optimiser la recherche, certains mots ont été tronqués, par exemple : mémo* pour
mémoire, mémoriser) ou infér*/infèr* (pour le nom et le verbe). Des mots clés comme
compréhension et interprétation, jugés trop larges, ont été écartés.
4. C’est le cas pour les numéros de FA précédant 2001 (n=192), et de Pratiques (n=120) et
d’Enjeux (n=120) précédant 2010.
5. Cette observation découle de la recherche d’un point commun entre les textes identifiés ;
la provenance des auteurs n’a pas été systématiquement recensée.
6. Voir des exemples de ces approches dans Falardeau (2003) pour l’enseignement explicite
ou Richard et Lecavalier (2010) pour l’enseignement stratégique.
AUTEUR
JULIE BABIN
Université de Sherbrooke
Lyn Lakehal <crymlakehal@gmail.com>