Vous êtes sur la page 1sur 8

Quels sont l'objectif et le sens du

pèlerinage à La Mecque ?
13 septembre 2008 - 2.2.2 - Actions destinées à faire progresser la
spiritualité (‫ﺎدات‬%‫)ﻋٮ‬

Chaque acte que l'islam a enseigné à ses adeptes pour l'adoration


de Dieu exprime à la fois la volonté d'être en accord avec ce que
Dieu veut et l'amour pour Lui : qu'il s'agisse de la prière rituelle
(salât) ou des aumônes, des invocations de circonstances (du'â) ou
du jeûne. Il est certains actes, cependant, où la dimension de l'amour
prend des proportions particulièrement importantes. C'est le cas du
pèlerinage à la Mecque, le hadj.

-
Cœur et passion, yeux et larmes :

L'homme n'est pas que raison et corps, il est aussi cœur et


sentiments. Et le lien que l'homme a avec Dieu ne peut se limiter à la
seule répétition des preuves logiques de Son existence ou à la seule
observance de quelques rites. Le lien que l'homme a avec Dieu
recouvre certes ces aspects mais comporte également une
dimension qui les englobe et les dépasse, celle de l'amour. Prendre
comme divinité quelque chose, ce n'est pas que se parfaire à ce que
demande cette chose, c'est aussi l'aimer de tout son cœur et de tout
son être (cliquez ici pour en savoir plus). Etre musulman, ce n'est
donc pas seulement se parfaire à un certain nombre de règles ; ce
n'est pas accomplir ces règles de façon méticuleuse mais sans
profondeur ; c'est respecter la norme mais aussi aimer Dieu de la
façon la plus parfaite. Et c'est exprimer cet amour de différentes
façons et en maintes occasions.
:
Or la vie de tous les jours étant ce qu'elle est, avec ses devoirs et ses
obligations matérielles, familiales et autres, le musulman est parfois
amené malgré lui à peut-être pas oublier mais du moins à mettre au
second plan le rappel de cet amour. Pris par ses occupations
quotidiennes, englué dans ses habitudes personnelles, attaché aux
conventions de sa société, il en arrive parfois à ne plus donner à
l'expression de cet amour une place concrète dans sa vie. Non pas
qu'il ait renié Dieu ou qu'il ait tourné son amour suprême vers autre
chose que Lui – car il accomplit consciencieusement ses prières
quotidiennes, sa lecture du Coran, ses invocations de circonstances,
il s'acquitte des aumônes, accomplit son mois de jeûne... Non pas
non plus que cet amour ait complètement disparu, car, tout au
contraire, l'amour existe toujours dans son cœur et ne demande qu'à
s'exprimer. Mais cet amour se met parfois en "état de veille" : l'élan
du cœur laisse alors place à la routine, les larmes de la passion se
font rares. Or, pour reprendre la formule de Abu-l-Hassan Alî an-
Nadwî parlant du pèlerinage, "quelle est la valeur de cette coupe
que l'on remplit jusqu'au bord mais qui jamais ne déborde"
(Arkân-é arba'ah) ?

Malgré tout, dans le cœur de chaque musulman demeure quelque


chose qui demande à pouvoir jaillir de nouveau, à exprimer son élan
vers Dieu. Il fallait donc qu'à ce musulman soit donnée l'occasion de
mettre un peu de côté et pour quelques jours ses habitudes, le
temps de pouvoir à la fois revivifier son amour pour Dieu et apaiser la
flamme de cet amour. Il fallait que lui soit donnée l'occasion
d'effectuer un voyage pour une plus grande proximité de Dieu. Il
fallait qu'il puisse se rendre dans un lieu concret, qu'il puisse faire un
voyage avec ses pieds en même temps qu'il puisse avancer sur les
voies de son cœur. Il fallait qu'il puisse effectuer un pèlerinage, un
véritable retour aux sources. Que, dans un élan audacieux, il se
défasse de tout asservissement aux choses et exprime son amour
:
pour Dieu par son être tout entier et ses actes. Et qu'alors, habillé
simplement, couvert de poussière, parfois il marche silencieusement,
d'autres fois il se presse, ici il tourne, et puis il lève les mains
suppliant Dieu, les yeux ruisselant de larmes…

L'occasion de faire tout cela, l'islam la lui a donnée sous la forme du


pèlerinage vers la Kaaba, la Maison de Dieu. Le savant indien Shâh
Waliyyullâh a résumé cette réalité en ces termes : "Il arrive que
l'homme ressente une grande passion pour Dieu et qu'il ait
besoin d'exprimer cette passion et de l'apaiser. L'homme
ressent alors que le moyen pour ce faire est le pèlerinage"
(Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 p. 223).

-
Des lieux-témoins de l'amour pour Dieu dont
Abraham et sa famille ont fait preuve :

L'islam est une religion de pur monothéisme, qui n'accepte aucun


intermédiaire entre l'homme et son Créateur. Il est cependant
quelques éléments qui ont un lien si profond avec le Nom de Dieu
que leur simple vue évoque Son souvenir. Ces éléments ne
représentent pas Dieu ni ne font l'objet d'une adoration de la part
des musulmans, mais ils sont des "choses liées au Nom de Dieu", ils
sont, en arabe, des "sha'âir-ullâh". Parmi ces éléments se trouve
justement la Kaaba (Hujjat ullâh il-bâligha tome 1 pp. 206-208).
Les musulmans savent bien sûr que Dieu n'habite pas dans la Kaaba
(ta'âla-llâhu 'an dhâlik) et que celle-ci symbolise seulement Sa
Présence et Son Unicité, en même temps qu'elle unit l'orientation
des musulmans du monde entier pendant les prières. En fait le
prophète Abraham, aidé de son fils Ismaël (sur eux la paix), en avait
construit le prototype, qu'il avait dédié à Dieu (Coran 2/127). Et Dieu
a tellement agréé cet acte qu'Il a nommé ce modeste édifice Sa
"Maison" (Coran 22/26).
:
Ce n'est pas un hasard si le pèlerinage musulman mène le musulman
et la musulmane sur les lieux liés à des épisodes de la vie de
Abraham, de Agar et de Ismaël (que la paix soit sur eux). Car
qu'appelle-t-on "pèlerinage" si ce n'est un retour aux sources, un
retour sur les lieux témoins, sur les lieux de mémoire et de
sentiments ? Or le dernier Messager, Muhammad (sur lui la paix), a
été envoyé par Dieu pour rénover, réformer et universaliser le
message de son ancêtre Abraham (sur lui la paix) – "millata Ibrâhîma
hanîfan" (cliquez ici et ici pour en savoir plus). Il est donc normal
qu'un pèlerinage nous permette – à nous qui suivons le message de
Muhammad – un retour aux sources et nous ramène sur les traces
de Abraham, celui sur qui le message de Muhammad se fonde et
celui qui, dans un temps lointain, avait prié pour la venue de
Muhammad (Coran 2/128-129). Il est normal qu'un pèlerinage nous
mène dans les lieux symboles, dans les lieux témoins des actes de
Abraham. "Retour d'un cœur dans sa patrie", selon les termes de
Muhammad Asad (Le chemin de la Mecque).

D'autre part l'histoire de toute la vie de Abraham et de sa famille est


témoignage de l'amour pour Dieu et de l'acceptation de tout sacrifier
par amour pour Lui ; il est donc tout aussi normal que pendant un
voyage d'amour nous fassions à nouveau les actes d'amour que eux
ils ont faits en ces lieux, nous efforçant alors de mettre, dans les
formes de leurs actes, un peu de cet amour qui les habitait. Marcher
autour de la Kaaba, parcourir l'espace entre les monts Safa et
Marwa, boire l'eau du puits millénaire de Zamzam, séjourner à Minâ,
jeter des petits cailloux sur les stèles, faire le sacrifice d'un animal...
sont des actes qu'ont fait Abraham, Agar ou Ismaël ; et les pèlerins,
pour témoigner de leur amour pour Dieu, font les mêmes actes que
ces illustres personnages.

-
:
Une explication du pèlerinage par Ja'far ibn
Muhammad ibn 'Alî ibn il-Hussein ibn Alî ibn Abî
Tâlib : :

Suite à la question de Suf'yân ath-Thawrî quant à la raison de la


présence du lieu de station à Arafat hors des limites du Haram (et
pas à l'intérieur du Haram), Ja'far as-Sâdiq (rahimahullâh) lui exposa
la symbolique du pèlerinage en ces termes :

"La Kaaba est la maison (personnelle) de Dieu.


Le Haram est le rideau.
Et le lieu de station (à Arafât) est la porte.

Lorsque ceux qui veulent Lui rendre visite se sont dirigés vers
Lui, Il les a fait stationner (à Arafât), pleurant après Lui.
Puis, lorsqu'il leur eut donné l'autorisation d'entrer, Il les fit
s'approcher jusqu'à une seconde porte : al-Muzdalifa.
Puis, ayant regardé l'abondance de leurs pleurs et la longueur
de leur effort, Il les prit en pitié. Lorsqu'Il les eut pris en pitié, Il
leur ordonna de présenter leurs offrandes.
Lorsqu'ils eurent présenté leurs offrandes, se furent nettoyés et
se furent purifiés des péchés qui étaient une barrière entre Lui
et eux, Il leur ordonna de venir visiter Sa maison en état de
pureté."

A la question : "Pourquoi a-t-Il détesté que les (pèlerins) jeûnent


les jours [suivants, c'est-à-dire les jours] du Tashrîq) ?", Ja'far
répondit : "Parce qu'ils sont les hôtes de Dieu, et l'hôte n'a pas le
devoir de jeûner auprès de celui qui l'accueille chez lui".

A la question : "Pourquoi les gens se suspendent-ils aux tentures


de la Kaaba, alors que ce ne sont que des pièces de tissu, qui
n'apportent aucun profit ?", Ja'far dit : "Cela est la parabole d'un
:
‫; ‪homme qui a commis une faute vis-à-vis de quelqu'un d'autre‬‬
‫‪le premier se colle alors au second et tourne autour de lui, par‬‬
‫‪espoir qu'il lui remettra sa faute".‬‬

‫أﺣٮ"ﺮٮ‪-‬ﺎ وﺣﺪٮ‪- :‬ٮﺎ ﻋﻦ ﺳﻌٮ‪8‬ﺪ ٮ"ﻦ ﻣﺤﻤﺪ ٮ"ﻦ ﻣﺤﻤﺪ ٮ"ﻦ ﻋﻄﺎف‪ ،‬أ ‪-‬ٮٮ"ﺄٮ‪-‬ﺎ أٮ"ﻮ اﻟ 'ڡﺎﺳﻢ ٮ"ﻦ"‬ ‫‪-‬‬
‫اﻟﻤﺎﻟكى اﻟ 'ڡٮ‪8‬ﴘ‬
‫?‬ ‫اﻟﺴﻤﺮ 'ڡ ‪-‬ٮﺪي‪ ،‬ﺣﺪٮ‪:‬ﲏ اﻟﺤﻤٮ‪8‬ﺪي‪ ،‬أ ‪-‬ٮٮ"ﺄٮ‪-‬ﺎ اﻟﺤﺴٮ‪8‬ﻦ ٮ"ﻦ ﻣﺤﻤﺪ‬
‫أﺣٮ"ﺮٮ‪-‬ﺎ أٮ"ﻮ ﻋﲇ اﻟﺤﺴﻦ ٮ"ﻦ‬ ‫ى "ﺣﺪار‪- ،‬‬ ‫ٮ"ﻤﺼﺮ‪ ،‬أ ‪-‬ٮٮ"ﺄٮ‪-‬ﺎ ﻋٮ"ﺪ اﻟﻜريﻢ ٮ"ﻦ أﺣﻤﺪ ٮ"ﻦ أ "ٮ ?‬
‫اﻟﺤﻠٮ‪8‬ﻞ ٮ"ﻦ‬ ‫ى اﻟﻬٮ‪8‬ﺬام‪ ،‬أ ‪-‬ٮٮ"ﺄٮ‪-‬ﺎ ﺳويﺪ ٮ"ﻦ ﺳﻌٮ‪8‬ﺪ 'ڡﺎل‪' :‬ڡﺎل ‪-‬‬ ‫رﺣٮ‪8‬ﻢ‪ ،‬ﺣﺪٮ‪- :‬ٮﺎ ﻫﺎرون ٮ"ﻦ أ "ٮ ?‬ ‫‪-‬‬
‫ﻌڡﺮ‬‫ى ﻋٮ"ﺪ ﷲ "ﺣ ‪-‬‬ ‫ﺳڡٮ‪8‬ﺎن اﻟ ‪:‬ٮوري ٮ ‪' 8‬ڡول‪' :‬ڡﺪﻣﺖ ﻣﻜﺔ ‪-‬ڡﺈذا أٮ‪-‬ﺎ ٮ"ﺄ "ٮ ?‬ ‫أﺣﻤﺪ‪ :‬ﺳﻤﻌﺖ ‪-‬‬
‫ٮ"ﻦ ﻣﺤﻤﺪ 'ڡﺪ أٮ‪-‬ﺎخ ٮ"ﺎﻷٮ"ﻄﺢ؛ ‪-‬ڡ 'ڡﻠﺖ‪" :‬ٮ ‪8‬ﺎ اٮ"ﻦ رﺳول ﷲ‪ ،‬ﻟﻢ "ﺣﻌﻞ اﻟﻤﻮ 'ڡﻒ ﻣﻦ‬
‫ى اﻟﻤﺸﻌﺮ اﻟﺤرام؟" ‪-‬ڡ 'ڡﺎل‪" :‬اﻟﻜﻌٮ"ﺔ ٮ"يﺖ ﷲ‪ ،‬واﻟﺤﺮم‬ ‫وراء اﻟﺤﺮم وﻟﻢ ٮ ‪8‬ﺼٮ‪8‬ﺮ ‪-‬ڡ ?‬
‫اﻟواڡﺪون أو 'ڡ ‪-‬ڡﻬﻢ ٮ"ﺎﻟٮ"ﺎب ٮ ‪' 8‬ٮﻀﺮﻋون؛ ‪-‬ڡﻠﻤﺎ‬ ‫‪-‬‬ ‫ﺣﺤﺎٮ"ﻪ‪ ،‬واﻟﻤﻮ 'ڡﻒ ٮ"ﺎٮ"ﻪ‪- .‬ڡﻠﻤﺎ 'ڡﺼﺪه‬ ‫"‬
‫اﻟﻤﺰدﻟڡﺔ؛ ‪-‬ڡﻠﻤﺎ ٮ ‪--‬ﻄﺮ إﻟﻰ‬
‫‪-‬‬ ‫ى وﻫﻮ‬‫اﻟﺪﺣول أدٮ‪-‬ﺎﻫﻢ ﻣﻦ اﻟٮ"ﺎب اﻟ ‪:‬ٮﺎ ‪-‬ٮ ?‬ ‫‪-‬‬ ‫أذن ﻟﻬﻢ ‪-‬ڡ ?‬
‫ى‬
‫اﺣ 'ٮﻬﺎدﻫﻢ رﺣﻤﻬﻢ؛ ‪-‬ڡﻠﻤﺎ رﺣﻤﻬﻢ أﻣﺮﻫﻢ "ٮ 'ٮ 'ڡريﺐ‬ ‫ﻛ ‪:‬ٮﺮة ٮ'ﻀﺮﻋﻬﻢ وﻃول "‬
‫'ڡرٮ"ﺎٮ‪-‬ﻬﻢ؛ ‪-‬ڡﻠﻤﺎ 'ڡرٮ"وا 'ڡرٮ"ﺎٮ‪-‬ﻬﻢ و 'ڡﻀوا ٮ ‪'-‬ڡ ‪:‬ٮﻬﻢ وٮ'ﻄﻬروا ﻣﻦ اﻟﺬٮ‪-‬ﻮب اﻟﱵ ﰷٮ‪-‬ﺖ‬
‫"ڡﻠﻢ ﻛﺮه اﻟﺼﻮم أٮ ‪8‬ﺎم‬ ‫ﺣﺤﺎٮ"ﺎ ٮ"ي ‪-‬ٮﻪ وٮ"ي ‪-‬ٮﻬﻢ أﻣﺮﻫﻢ ٮ"زيﺎرة ٮ"ي 'ٮﻪ ﻋﲆ ﻃﻬﺎرة‪' ".‬ڡﺎل‪- :‬‬ ‫"‬
‫‪8‬ﺎڡﺔ ﷲ‪ ،‬وﻻ ٮ "‪8‬ﺤﺐ ﻋﲆ اﻟﻀٮ‪8‬ﻒ أن ٮ ‪8‬ﺼﻮم ﻋ ‪-‬ٮﺪ‬ ‫ى ﺿٮ ‪-‬‬‫اﻟ 'ٮﺸريﻖ؟" 'ڡﺎل‪" :‬ﻷٮ‪-‬ﻬﻢ ‪-‬ڡ ?‬
‫وهى‬
‫?‬ ‫"ﺣﻌﻠﺖ ‪-‬ڡﺪاك! ‪-‬ڡﻤﺎ ٮ"ﺎل اﻟ ‪-‬ٮﺎس ٮ ‪' 8‬ٮﻌﻠ 'ڡون ٮ"ﺄﺳ 'ٮﺎر اﻟﻜﻌٮ"ﺔ‬ ‫أﺿﺎڡﻪ‪' ".‬ڡﻠﺖ‪" :‬‬ ‫‪-‬‬ ‫ﻣﻦ‬
‫رﺣﻞ "ﺣﺮم‪- ،‬ڡﻬﻮ ٮ ‪' 8‬ٮﻌﻠﻖ ٮ"ﻪ‬ ‫رﺣﻞ ٮ"ي ‪-‬ٮﻪ وٮ"يﻦ "‬ ‫‪-‬ﺣرق ﻻ ٮ' ‪-‬ٮ 'ڡﻊ ﺷٮ‪8‬ﺌﺎ؟" 'ڡﺎل‪" :‬ذاك ﻣ ‪:‬ٮﻞ "‬
‫اﻟﺤﺮم‬ ‫رﺣﺎء أن ٮ ‪8‬هﺐ ﻟﻪ ذﻟﻚ ذاك "‬ ‫‪" (Siyaru A'lâm in-nubalâ',‬ويﻄﻮف ﺣﻮﻟﻪ "‬
‫‪adh-Dhahabî, tarjama de Ja'far as-sâdiq).‬‬

‫‪-‬‬
‫‪L'expression de l'universalité de la Umma :‬‬

‫‪En plus d'être l'occasion de revivifier et d'exprimer son amour pour‬‬


‫‪Dieu et en plus de permettre un retour aux sources, le pèlerinage est‬‬
‫‪aussi l'occasion d'un grand rassemblement fraternel. Le pèlerinage‬‬
‫‪est en effet un appel lancé à la Umma contre toutes les tentations de‬‬
‫‪racisme et de nationalisme. De façon tout à fait normale, à cause de‬‬
‫‪différents facteurs, différents groupes humains connaissent, dans le‬‬
‫‪cadre du possible, certaines particularités secondaires, selon le lieu‬‬
‫‪où ils habitent et le contexte dans lequel ils vivent.‬‬
‫‪:‬‬
De façon tout aussi normale, des différences existent entre les
cultures musulmanes des différentes régions du monde. Par delà ces
différences, le pèlerinage est alors l'occasion où les musulmans se
rappellent leur profonde unité et leur refus des sectarismes. Car
c'est côte à côte avec ses semblables que le pèlerin se rend à la
Maison de Dieu. Là et dans les lieux environnants, vêtus de la même
façon, les pèlerins du monde entier, blancs et noirs, riches et moins
aisés, font ensemble les mêmes gestes, prononcent les mêmes
paroles. Ils se rappellent alors leur égalité dans leur humanité. Leur
égalité face à l'absolue Transcendance.

-
Un voyage fait avec ses pieds sur les voies de la terre
mais aussi avec son cœur sur les voies de son cœur :

Le pèlerinage est un voyage que, tout au long des siècles, les


hommes n'ont pas fait seulement avec leurs pieds mais aussi avec
leur cœur. Le pèlerinage ne peut devenir un voyage comme les
autres ; ce ne peut et ne doit devenir un voyage de routine ou
d'agrément, un voyage fait pour voir du pays. Le pèlerinage est un
voyage que l'on effectue vers la Maison de Dieu. L'entrée en état de
sacralisation par le franchissement d'une des mawâqît (bornes)
rappelle que l'on s'est rapproché du territoire sacré. "Labbayka,
Allâhumma labbayk ! Labbayka lâ sharîka laka, labbayk..." : "Me
voici, ô Dieu, me voici ! Me voici, Tu n'a pas d'associé, me voici
!" Muhammad Asad relate ce qu'il avait observé chez des pèlerins
pendant leur chemin vers La Mecque : "N'échangeant presque pas
un mot, ils étaient assis par terre et regardaient en direction de l'est,
dans la direction de La Mecque, vers le désert étincelant de chaleur.
Il y avait une telle paix sur leur visage qu'on aurait dit qu'il étaient
déjà devant la Maison de Dieu et presque en Sa présence" (Le
chemin de La Mecque).
:
Aujourd'hui les déplacements se font par des moyens de locomotion
beaucoup plus rapides qu'auparavant. Or, si nous musulmans ne
refusons pas le progrès technique, force est de constater que nous y
avons gagné en rapidité mais que nous y avons, par rapport au
pèlerinage, quelque peu perdu en intensité et en émotions. En effet,
plus bref est devenu chez le pèlerin le sentiment de se rapprocher
vers le but de son voyage vers le centre, moins intense est devenue
son attente de parvenir devant la Maison de Dieu. Il ne nous faut pas
délaisser les facilités offertes par la technologie ; mais il nous faut
redoubler d'efforts pour une plus grande préparation spirituelle et
psychologique.

Alors notre voyage vers la Kaaba, vers la Maison de Dieu, prendra


tout son sens et sera véritablement pour nous un retour aux sources,
un pèlerinage, un voyage d'amour… un voyage pas comme les
autres. Alors nous aurons, de par delà les âges, répondu pleinement
à l'appel de Abraham, appel que Dieu lui avait dit de lancer aux
hommes : "Et annonce aux hommes le pèlerinage ; ils viendront
vers toi à pieds et sur toute monture, venant de tout chemin
éloigné. Afin de participer aux avantages qui leur ont été
accordés et pour invoquer le nom de Dieu, aux jours fixés, sur la
bête de cheptel qu'Il leur a donnée…" (Coran 22/27-28).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).


:

Vous aimerez peut-être aussi