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⋮ 23/12/2022

Lavigerie, maître spirituel ?


Dominique Nothomb, m.afr.

N°1993-6

Novembre 1993
| P. 363-366 |

Le point d’interrogation apparaîtra vite superflu, tellement la vigueur des textes ici présentés dessinent
les traits d’une figure apostolique exceptionnelle. Pour brève qu’elle soit, l’esquisse présentée ici nous
invite encore au plus radical des engagements : « L’amour, l’amour de Dieu et celui de tant de pauvres
âmes abandonnées. » Avec tous ceux et toutes celles de sa famille missionnaire nous rendrons grâce
pour cent années de service à l’Église d’Afrique marquées de son admirable empreinte.

Le 26 novembre 1992, les fils et les filles spirituels du Cardinal Lavigerie célébraient avec ferveur et
discrétion le centième anniversaire de la mort de leur fondateur. Cette descendance spirituelle s’étend
largement au-delà des quelque 2.500 Missionnaires d’Afrique et des 1.500 Sœurs Missionnaires de
Notre Dame d’Afrique (mieux connus sous le nom de « Pères Blancs » et de « Sœurs Blanches ») [1] :
des milliers de religieuses africaines revendiquent la paternité de Lavigerie, puisque les Sœurs
Missionnaires de Notre Dame d’Afrique ont fondé vingt-trois congrégations diocésaines africaines et leur
ont communiqué un certain nombre de « traits de famille » aisément reconnaissables. De leur côté, les
Missionnaires d’Afrique ont formé, dans les grands séminaires fondés sur le continent, des milliers de
prêtres et ont donné naissance à une bonne dizaine de congrégations religieuses de Frères : tous
considèrent Lavigerie comme leur père, ou, si l’on veut, comme leur « grand-père » puisque leurs
formateurs étaient guidés par les principes apostoliques et les directives spirituelles de leur fondateur.

Si Charles Lavigerie était célèbre au moment de sa mort, il était tombé dans l’oubli depuis un demi-
siècle. Les célébrations de « l’année lavigérienne » ont éveillé un regain d’intérêt pour le personnage et
son œuvre gigantesque.

Peu de voix cependant se sont risquées à dégager de l’immense littérature produite par l’archevêque de
Carthage, archevêque d’Alger, délégué apostolique du Sahara et du Soudan, et délégué apostolique de
l’Afrique équatoriale, un enseignement spirituel marqué par une certaine originalité [2]. J’ose penser
qu’une telle entreprise serait couronnée de succès. Et j’ose espérer qu’un jour un historien de la
spiritualité du XIXe siècle finissant s’y investira. Certes, Lavigerie n’a laissé aucun « traité de
spiritualité ». Mais il est aisé de glaner dans ses écrits une moisson abondante de réflexions,

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d’exhortations et de directives qui peuvent constituer une synthèse vivante de spiritualité propre à un
missionnaire, et plus précisément à un apôtre envoyé aux peuples africains.

Nous n’en proposons ici qu’une esquisse, très brève, mais qu’il serait facile d’étoffer par de nombreuses
citations parallèles ou complémentaires.

Pour nous limiter, nous nous contenterons de puiser ces quelques « flashes » dans le seul volume des
Instructions aux missionnaires [3]. Nous y découvrons une quantité de paroles fortes, sorties de son
cœur d’apôtre et destinées à faire de ses missionnaires, prêtres, frères et sœurs, des apôtres de Jésus
Christ et de l’amour de Dieu. Paroles, nous le verrons, parfois excessives, passionnées, mais toujours
expressions spontanées d’une expérience spirituelle profonde.

La sainteté

Première directive au premier maître des novices : « Des saints, je veux des saints » (1868) [4]. Et pas
des saints à la demi-mesure : « Pour un apôtre, il n’y a pas de milieu entre la sainteté complète, au
moins désirée et poursuivie avec fidélité et courage, et la perversion absolue » (1878).

Cette phrase célèbre, digne d’un grand spirituel, fut adressée aux missionnaires de la première caravane
qui se dirigeait vers l’Afrique équatoriale [5]. La première Règle des missionnaires (1872) et celle des
Sœurs (1874), écrites toutes deux par Lavigerie, résumaient son intention : « Leur vie doit donc être une
vie de sainteté ».

À la veille de sa mort, le fondateur faisait dire à ses fils : « Qu’ils sachent que je n’ai jamais voulu autre
chose que leur progrès dans la sainteté pour le bien de l’Église et des âmes [6]. »

Le martyre

Quelle forme de sainteté Lavigerie envisageait-il pour ses fils et ses filles ? Celle du martyre, horizon
obligé de toute vie missionnaire. À un autre maître des novices, il disait : « Donnez-moi des saints, j’en
ferai des martyrs » [7].

Il s’est plu à raconter plusieurs fois l’épisode du Père Charbonnier, futur évêque qui, déjà prêtre,
présentait à l’archevêque d’Alger ses lettres testimoniales. En guise de signature, Lavigerie écrivit :
Visum pro martyrio (reçois ton visa pour le martyre). Puis, il lui montra le document et lui dit : « Lisez
cela, acceptez-vous ? » Et Charbonnier de répondre : « Monseigneur, c’est pour cela que je suis venu ».
Lavigerie ajoutait : « Sous une forme ou sous une autre, vous avez tous entendu à votre arrivée la même
parole, vous avez tous fait la même réponse » [8].

Et dans ce visum pro martyrio, il voyait « comme la devise future de (leur) œuvre ». Si tous ses fils ne
recevront pas la grâce du martyre du sang - durant la vie du fondateur, neuf missionnaires furent tués, et
sept moururent d’épuisement au cours des deux premières caravanes - tous, selon lui, sont appelés au
martyre du dévouement apostolique, ce dévouement qu’il voulait, de leur part, « plus qu’ordinaire ».

La ferveur

Oui, il voulait des hommes et des femmes au cœur de feu : « le missionnaire doit être un homme de
feu » [9] ; comme il l’était lui-même : « Vous devez être fous de Jésus Christ, comme je le suis moi-

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même » [10]. Il voulait que ses missionnaires développent en eux, envers la personne de Jésus
Christ [11], un amour et un attachement qu’il qualifiait habituellement de »fort et ardent«  [12]. Il avait
horreur de la tiédeur et du relâchement spirituel : »La tiédeur, c’est l’ennemie de votre Société, c’est
l’ennemie de l’Afrique«  [13]. Il voulait qu’ils soient soulevés et soutenus par une foi convaincue et
rayonnante [14] : »Vous devez avoir vous-même assez de foi pour compter sur l’intervention directe de
Dieu et oser lui demander des miracles. De la foi, beaucoup de foi, c’est tout ce qu’il vous faut pour les
obtenir" [15].

Foi en Jésus Christ, foi en la Providence de Dieu, foi dans les promesses de la vie éternelle, si souvent
rappelées aux missionnaires 16, foi dans la puissance de l’Esprit Saint, une foi semblable à celle de la
Vierge Marie. Foi qui est l’antidote et le remède à toute forme de découragement, ce mal que Lavigerie
redoutait le plus pour ses missionnaires - un mal auquel il a lui-même parfois succombé, pour un temps,
mais dont il a toujours triomphé. [16]

Le principe apostolique

Mais pourquoi voulait-il des hommes et des femmes dont la foi fut invincible, et dont l’amour envers le
Christ fût fort et ardent ? C’est qu’il voulait des apôtres, et des apôtres pour les peuples africains. Nous
abordons ici le charisme propre de Lavigerie et celui des deux familles apostoliques qu’il a fondées.
D’abord donc : des apôtres. Sur tous les tons, il leur disait : « Vous êtes des apôtres, vous n’êtes que
cela, ou du moins vous n’êtes rien qu’en vue de cela » [17].

Ces consignes tranchantes reviennent constamment sous sa plume. Entrant dans le concret, il aimait
répéter : « Vous n’êtes ni des explorateurs, ni des touristes, ni des savants, ni des aventuriers, ni des
robinsons’ [18], ni surtout des agents d’une puissance politique et coloniale quelconque : vous êtes des
apôtres ». Un apôtre, pour Lavigerie, c’est « l’homme de Dieu et des âmes » [19]. Dans le vocabulaire de
l’époque, une « âme », c’est l’homme tout entier, mais en tant qu’aimé de Dieu, capable de Dieu, appelé
par Dieu à entrer dans l’intimité divine.

La passion de l’Afrique

Les missionnaires rassemblés par Lavigerie ne sont cependant pas des apôtres tous azimuts. D’une
manière ou d’une autre, il leur disait :

Vous êtes des apôtres pour les peuples africains, qu’ils soient musulmans, ou qu’ils suivent
les religions traditionnelles. Vous n’existez que pour eux. Vous consacrez votre vie à la
mission de l’Église en Afrique. Le but, c’est de leur apporter l’évangile, et s’ils l’accueillent, de
les aider à devenir des chrétiens et, à leur tour, des apôtres.

Vis-à-vis des Africains, Lavigerie a eu des paroles magnifiques. Arrivant à Alger pour la première fois, il
leur dit : « Je réclame le privilège de vous aimer comme mes fils, alors même que vous ne me
reconnaîtriez pas pour père » [20].

Aux premiers missionnaires, il disait : « Vous vous rappellerez que ces hommes, ces femmes, ces
enfants, sont comme vous les enfants de Dieu. Vous n’imiterez jamais ceux qui les maltraitent ou les
brutalisent. Vous aurez pour eux le respect et la charité que donne la foi. Montrez par vos actes et vos
paroles que vous les aimez comme des frères » [21].

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Charitas

Amour et respect envers les Africains : ces deux mots sont constamment sur ses lèvres, car ils sont
imprimés dans son cœur. Un de ses biographes a écrit :

Le livre qui étudiera la spiritualité de Mgr Lavigerie est encore à écrire, sans doute parce
qu’elle fut intense sans être aisément discernable dans ses écrits, mais aussi parce qu’elle
fut très simple et se résume en ce mot, en cette devise : charitas.

Ce fut en effet sa devise épiscopale, le condensé de sa vie, et, comme pour l’apôtre Paul, la source et le
sommet de toute sa spiritualité et de son action apostolique.

Dans le vocabulaire de l’époque, la charité apostolique se nomme le « zèle », et le « dévouement ».

L’homme ou le cadavre, c’est le missionnaire avec ou sans dévouement. Le dévouement,


c’est sa vie. Le dévouement est la fleur du zèle, comme le zèle est la fleur de la charité.
Quand on l’a au cœur, on ne se recherche pas, on recherche Dieu seul, Dieu et les âmes :
voilà le cri du dévouement....

Respect

Le mot revient souvent. Mais au-delà du mot, il y a l’attitude spirituelle. Elle caractérise Lavigerie.
Respect de toutes les personnes humaines, d’où son horreur pour l’esclavage et son sens de la dignité
de tout homme. Respect spécial pour la femme. Derrière une réserve extérieure, habituelle dans le
clergé de l’époque, le cardinal éprouvait une admiration sans borne pour la femme : pour la mère
chrétienne d’abord, mais surtout pour la religieuse et pour la femme missionnaire [22].

Respect des cultures ensuite, et ce trait est prononcé. Reconnaissance de la dignité des cultures de
l’Orient lors de voyages au Liban, en Syrie et à Jérusalem. De celles de l’Afrique quand il envoie ses
missionnaires en Afrique Équatoriale.

Tout à tous

D’où, la consigne à laquelle il tenait comme à la prunelle de ses yeux : comme saint Paul, le missionnaire
se fait « tout à tous » [23]. Il apprend la langue du peuple où il est envoyé et il la parle [24]. Il adopte
autant que possible leurs habitudes extérieures. Il refuse de les assimiler à lui : il s’efforce au contraire de
s’assimiler - aujourd’hui on dirait : de s’acculturer - à eux. Il leur communique la foi chrétienne, mais il
respecte leur africanité. Il a tellement confiance dans les possibilités des Africains qu’il affirme, dès
1874 : « Les missionnaires sont surtout des initiateurs. Mais l’œuvre durable sera accomplie par les
Africains devenus chrétiens et apôtres » [25].

Vertus

Mais Lavigerie est un homme concret. Il ne s’évade pas dans des théories et formule toujours des
directives pratiques ; dans ses enseignements spirituels à ses missionnaires, nous en trouvons quatre si
importantes à ses yeux que pour chacune d’elles il affirme - ce qui est typique de son style passionné et
entier - qu’elle est « la première », « la plus nécessaire », « la plus importante »...

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La prière, et spécialement l’oraison mentale, est « la première obligation de l’apôtre », car
"tout le reste dépend d’elle”.

La qualité la plus nécessaire pour un apôtre, c’est la disposition habituelle à s’oublier soi-
même et à se renoncer pour suivre Jésus Christ en portant sa croix.

Ma dernière recommandation, la plus importante, c’est la recommandation de l’apôtre


d’Éphèse (et de Jésus) : « Aimez-vous les uns les autres. » La seule grâce que je demande
pour vous, la loi essentielle que je vous laisse : soyez unis, soyez un.

Il cite alors Jn 17, qui est dans toutes les mémoires. Cela se traduit, entre autres, dans une fameuse
« règle de trois » qui veut que les missionnaires ne soient jamais moins que trois dans une
communauté : « On renoncera aux offres les plus urgentes, et même à l’existence de la Société plutôt
qu’à ce point capital » [26].

Une vertu encore est première : « Entre toutes les vertus que je vous souhaite, la vertu d’ obéissance
est-elle la première et même la seule véritablement indispensable, parce que rien ne la supplée et que
seule elle assure toutes les autres... » [27].

Pour y exhorter ses fils et ses filles, il leur donnait comme modèle l’obéissance de Marie, la Vierge
Immaculée, l’humble servante du Seigneur dont il a voulu faire, depuis le 8 décembre 1878, la Patronne
de leurs deux familles apostoliques.

Amour de l’Église

Tel est le type de missionnaire que Charles Lavigerie, archevêque d’Alger et de Carthage, primat
d’Afrique, premier cardinal de l’Église romaine résidant en Afrique, voulait au service de Jésus Christ,
des Africains et de l’Église en Afrique.

Homme d’Église, Lavigerie le fut éminemment. Hanté par l’espoir de relever de ses cendres l’antique
Église d’Afrique du Nord, mais plus encore tendu vers la naissance et la croissance de l’Église du Christ
en Afrique noire subsaharienne.

Plus que par tous les signes précurseurs de la gloire future de cette Église en Afrique centrale, Lavigerie
fut saisi d’une admiration enthousiaste envers la foi extraordinaire et l’héroïsme des jeunes martyrs de
l’Uganda en 1886. Oui, l’Église en Afrique engendre des saints [28].

Pour Lavigerie, l’Église, c’est aussi, et par excellence, le lieu de l’ unité. Toute sa vie, il a travaillé sur
divers plans à réconcilier l’Église et le monde de son temps.

Avant son épiscopat africain, il appartenait plutôt à la tendance « libérale » (voire « gallicane » au sens
modéré du mot) du catholicisme français, car il y voyait une chance pour mieux assurer une conciliation
acceptable entre l’Église et les idéaux valables du siècle des Lumières : liberté, science, progrès,
démocratie. À partir de son débarquement à Alger, il fut convaincu que l’entreprise missionnaire à
laquelle il se sentait appelé par Dieu, spécialement en Afrique, exigeait un attachement sans faille au
successeur de Pierre. L’obéissance envers le Pape fut, dès lors, un des thèmes favoris de ses
exhortations aux missionnaires [29].

Il a milité toute sa vie pour que cette Église, unie à Pierre, fût ouverte, vraiment catholique : qu’elle se
« désitalianise » à Rome, et se « délatinise » au Proche-Orient.

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Enfin, par obéissance à Léon XIII, mais aussi par conviction personnelle, et contre l’opinion générale des
bienfaiteurs de ses œuvres, il prôna avec courage, à la fin de sa vie, le ralliement des catholiques
français au régime républicain qui s’était imposé dans leur pays [30].

Quant aux deux Instituts apostoliques qu’il avait fondés, il y avait posé les fondements d’une
internationalité vécue non seulement au sommet, mais même, autant que possible, à la base, dans
chaque petite communauté. L’unité dans la pluralité n’est-elle pas le signe de la vraie charité ?

Synthèse

Est-il possible, après cette brève analyse, de tenter une reprise synthétique de ces directives
apparemment éparses ?

Comme nous l’avons déjà suggéré, Lavigerie lui-même a indiqué le foyer central de sa vision apostolique
et spirituelle. Au début de la préface de ses Instructions aux missionnaires, il écrit :

Au fond, sous des formes diverses, un seul sentiment les (=ses instructions) anime. C’est
celui que Notre Seigneur demandait à Pierre pour en faire le chef des apôtres, celui que saint
Augustin, le Docteur de notre Afrique et de toute l’Église proclame la loi unique des
chrétiens, celui que j’ai pris moi-même pour devise : l’amour ; l’amour de Dieu et celui de tant
de pauvres âmes abandonnées.

Mais cette « charitas », cet amour, est marqué par les nuances suivantes :

Jésus Christ est au centre, au cœur de cet amour. Le christocentrisme de Lavigerie me paraît
évident ;
dans le même regard, à travers « Notre Seigneur Jésus Christ », et comme inclus en lui :
lespeuples africains, alors tous « infidèles » (= n’ayant pas encore accueilli l’Évangile de Jésus) et
ravagés par la plaie hideuse de l’esclavage (vers l’Est, ou intracontinental) ; à mon avis, il y a là un
vrai charisme de l’Esprit. Ce qui relie le Christ et les Africains, c’est la charité. À la suite du
fondateur, le charisme propre des deux Instituts dont il est le père est un don de charité apostolique
envers nos frères Africains, en qui nous rejoignons le Christ.
Cette charité est (= doit être) révélée aux Africains dans la vie de ces missionnaires, hommes et
femmes, se faisanttout à tous. Le « tout » vient de Jésus, le « tous » sont les Africains. Cette
charité devient une flamme : le « zèle ». Elle est respectueuse, compatissante, active et libératrice.
Ces missionnaires, Lavigerie les voit avecréalisme. Comme lui, ils sont enthousiastes, mais
exposés au découragement et au relâchement spirituel. Les aimer, c’est être très exigeant envers
eux, sévère même, mais concret et précis. On pourrait donner beaucoup d’exemples de ce souci
du concret chez le fondateur.
Je voudrais souligner en terminant l’insistance de Lavigerie sur la prière (l’oraison, la visite au Saint
Sacrement, l’examen de conscience) et sa pratique quotidienne. Les missionnaires formés du
vivant du fondateur étaient de grands priants. Ils priaient ensemble. Ils étaient, comme le voulait
leur père, intransigeants sur ce point. Quels que soient les soucis et les imprévus de l’activité
apostolique, ils y étaient fidèles.

Leur piété, centrée sur les mystères de Jésus, de son cœur, et de sa mère, « Notre Dame d’Afrique »,
était toute remplie du « zèle pour les âmes ». Ils pensaient pouvoir ainsi « se sanctifier pour sanctifier les

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autres » [31]. En un mot, ils étaient, là aussi comme en tout, des apôtres de Jésus. En tout, ils
cherchaient à « procurer le règne de Notre Seigneur » parmi les Africains [32].

Cet héritage reçu du fondateur, ses fils et filles d’aujourd’hui le redécouvrent avec reconnaissance et
admiration. Puisse cette brève étude en être un modeste mais fervent témoignage.

Ndoguindi
B.P. 210 MOUNDOU, Tchad

[1] Ces deux surnoms datent des premières années de la fondation des deux Instituts (1868 et 1869).
Depuis que de jeunes Africains et Africaines en deviennent membres, ces surnoms, tirés d’un habit
actuellement porté seulement par quelques uns, ou pas du tout, n’ont plus de sens et ne conviennent
plus. Nous souhaitons leur disparition au profit du nom officiel, qui remonte au fondateur.

[2] Il faut cependant mentionner le livre anonyme, Le Père Blanc, missionnaire d’Afrique, à l’école du
Cardinal Lavigerie, Namur, sans date, hors commerce, qui est une excellente compilation des textes
spirituels du fondateur et du premier Supérieur Général, Léon Livinhac.

[3] J’utilise l’édition de 1939, Alger, Maison-Carrée. Publication privée, hors commerce. Sigle :
IM. Quelques-uns de ces textes ont été repris par X. de Montclos : Le Cardinal Lavigerie : la mission
universelle de l’Église. Paris, Cerf, 1967, rééd. 1991. - Nous disposons depuis peu d’une remarquable
biographie de Lavigerie, due au P. François Renault : Le Cardinal Lavigerie. Paris, Fayard, 1992. Cette
étude satisfait à toutes les exigences de la critique historique, écrite avec ferveur mais avec le souci de la
vérité, même quand elle est pénible.

[4] IM, 7. Voir encore : IM, 46, 50, 92, 135, 291, 306, 385, 389.

[5] IM, 76-77.

[6] IM, 428.

[7] IM, 7, note 1.

[8] IM, 44, 465, note 2. Sur le thème du martyre : IM, 227-228, 434, 438, 440, 457, 459, 461, 463, 488,
494.

[9] IM, 410.

[10] Archives, 4/77 (P. Michel). Cité par « Lavigerie”, Collectif, Hors commerce, 1992, 16.

[11] Nommé le plus souvent »Notre Seigneur« , ou »Notre Seigneur Jésus Christ« , ou »Jésus Christ« ,
rarement »Jésus« , jamais (sauf erreur) »le Christ« (du moins dans IM). Références très nombreuses,
par ex. IM, 14, 51, 74, 78, 85, 107, 113, 130, 151, 198, 203, 208, 224, 230, 235, 277, 281, 298, 309, 347,
358, 371, 376, 378, 404, 452,...

[12] IM, 185, 230, 295, 309,376.

[13] IM, 406. Aussi : 277, 279, 391.

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[14] Thème omniprésent. J’ai relevé plus de septante passages dans les IM où il est question de la vertu
de foi, ou de »l’esprit de foi« . Inutile de donner toutes les références. Textes plus marquants : IM, 77,
109, 176, 183, 272, 375...

[15] IM, 81.

[16] p. ex. IM, 21, 77, 176, 318, 319...

[17] IM, 152-153. Mais aussi : 34, 78-79, 148, 149, 169, 170, 217, 218, 240, 242, 280.

[18] IM, 79, 112, 142, 149,390.

[19] IM, par ex. 268.

[20] Première Lettre pastorale de l’Archevêque d’Alger, 1867, texte cité par Fr. Renault, op, cit., 144.

[21] IM, 20. Encore : 114

[22] R.X. Lamez. Le Cardinal Lavigerie. Rome, 1990 (hors commerce),143-162.

[23] IM, 45, 58, 126, 128, 232, 315, 410. Sur l’importance de cette consigne, Fr. Renault, op. cit., 239,
mais aussi sur les limites de la vision lavigérienne de l’acculturation du missionnaire, ibid. 241, 269-270,
365.

[24] IM, 27, 28, 29, 30, 82-83, 165, 171, 217...

[25] IM, 312.

[26] IM, 47, 216, 223...

[27] IM, 68, Encore : 75-76, 273-276, 393, 399, 413...

[28] Sur les Martyrs de l’Uganda, IM, 283, 287, 320. Les missionnaires d’Afrique ont œuvré avec ardeur
pour obtenir la béatification de ces martyrs, en 1920. Ils seront canonisés en 1964. Mais ce sont le
Cardinal Emmanuel Nsubuga, Archevêque de Kampala, et le clergé de l’Uganda, qui ont entrepris,
en 1985, les démarches en vue de la béatification du P. Siméon Lourdel, M.A., éducateur et père spirituel
de ces martyrs (et qui est certes « canonisable »).

[29] IM, 230, 280, 317, 334, 388, 412, 424, 434.

[30] Sur ce point, Fr. Renault, op. cit. 581-611.

[31] IM, 75,295...

[32] IM, 242.

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