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« Cela fait plus de 25 ans que j’ai l’occasion d’enseigner dans des pays
d’Afrique francophone, et c’est avec joie et reconnaissance que j’accueille
cet excellent ouvrage de notre frère Conrad Mbewe qui clarifie ce qu’est,
d’un point de vue biblique, l’identité de l’Église locale, et ce, dans un
contexte où règne une grande confusion. Son livre est en quelque sorte
un manuel de théologie pratique consacré à l’Église locale, bien ancré
dans la Parole de Dieu, qui présente l’immense mérite de tenir compte
des réalités de l’Afrique subsaharienne dans lesquelles l’auteur évolue.
Son livre est pertinent, facile à lire et bien illustré. Chacun des vingt
courts chapitres est enrichi par des questions de compréhension et de
réflexion. C’est typiquement le genre d’ouvrage de référence dont les
responsables d’Églises d’Afrique francophone ont cruellement besoin
pour répondre aux nombreux défis qui sont les leurs. »
Pierre Klipfel, directeur émérite, responsable de la filière Mission
Transculturelle et des cours décentralisés en Afrique, Institut Biblique
de Genève
« Dans un style simple, émouvant et percutant, Conrad Mbewe dresse
un diagnostic des maux qui minent l’Église du Christ en général, et celle
de l’Afrique en particulier. Il propose des solutions bibliques appropriées
afin que le corps du Christ redécouvre le but ultime de l’Église, que les
leaders puissent bien la diriger, et que tous servent mieux Christ, son
Chef. Ce livre est une mine d’or. Je vous le recommande. »
Alexandre K. M. Kanri, pasteur-missionnaire, Église de la Grâce
en Christ du Togo (EGCT) ; formateur à l’Institut Biblique et Théologique
Tyrannus, Atakpamé, Togo
« Le pasteur Conrad écrit en tant que pasteur pour les pasteurs, répon-
dant à des questions pertinentes pour ceux qui implantent de nouvelles
Églises et ceux qui dirigent des Églises existantes. Son ouvrage est riche
en vérités bibliques soigneusement et contextuellement appliquées. Ce
livre devrait être une ressource incontournable pour tous les pasteurs,
en particulier ceux qui servent en Afrique ou ceux qui forment des
pasteurs en Afrique. L’Église de Dieu doit être conduite à la manière de
Dieu, et Conrad est un excellent guide de la vision de Dieu pour son
peuple racheté, l’Église. J’ai hâte que les dirigeants de notre Église le
lisent et que nos étudiants du séminaire l’étudient. »
Dieudonné Tamfu, Ph. D., pasteur, Église Baptiste Bethléem, Yaoundé,
Cameroun ; professeur adjoint de Bible et théologie, directeur du site
d’extension du Cameroun, Bethlehem College & Seminary
« Ce livre est plus que pertinent ! Il aborde avec clarté l’identité et les
pratiques confuses de l’Église en Afrique. Porteur de grâce, communi-
cateur audacieux, honnête et efficace, Conrad Mbewe justifie les pré-
occupations des dirigeants de l’Église sur notre continent en abordant
les sujets tabous. Il met des termes sur les zones dites "interdites" et
n’hésite pas à les qualifier d’inacceptables. Mais il démontre aussi qu’il
reste encore des personnes refusant de "fléchir les genoux devant Baal".
Par-dessus tout, Mbewe propose des solutions bibliques concrètes aux
faiblesses et aux problèmes actuels de l’Église. Ce livre particulièrement
accessible et stimulant a renouvelé mon espoir pour l’Église en Afrique.
Je le recommande vivement à tous les responsables d’Église sur notre
continent, et notamment à nos instituts de formation à la direction. »
Paul E. Mususu, président, Evangelical Fellowship of Zambia
« L’Église est l’épouse de Christ. Elle est le plan "A" de Dieu dans son
œuvre rédemptrice. Il est donc primordial de connaître et saisir le dessein
de Dieu pour l’Église. Dans cet ouvrage, Conrad Mbewe a effectué un
travail remarquable à cet égard. À une époque où pragmatisme et inno-
vation sont plus estimés que la doctrine et la théologie, ce livre est une
bouffée d’oxygène. Avec la précision d’un théologien et le cœur tendre
d’un berger, Mbewe tisse une tapisserie combinant les vérités intem-
porelles et les idées contemporaines dans une ressource utile pour les
chrétiens de tous horizons. En cette période d’analphabétisme biblique
et ecclésiologique, l’utilité de ce livre ne saurait être surestimée. »
Voddie Baucham Jr., doyen, School of Divinity, African
Christian University
« Il y a des livres que j’aime recommander. Il y en a quelques-uns que j’ai
l’honneur de recommander et c’est le cas pour celui-ci. Conrad Mbewe a
œuvré dans la foi et l’amour pendant des décennies ; il a étudié la Bible
et a encouragé son troupeau à suivre ses préceptes. Ce livre révèle la
sagesse cumulée de toutes ces études et de cette œuvre. Empreint de
discernement, il témoigne d’une conscience pastorale rigoureusement
biblique et excellente. J’implore donc les pasteurs de lire ce livre len-
tement, attentivement, dans la prière, avec leur Bible ouverte, tout en
cherchant des moyens d’appliquer l’instruction de Mbewe au sein de
leurs propres assemblées. »
Jonathan Leeman, ancien, Cheverly Baptist Church, Bladensburg,
Maryland ; directeur de la rédaction, 9Marks
Conrad Mbewe
Édition originale en anglais sous le titre :
God’s Design for the Church: A Guide for African Pastors and Ministry Leaders
Copyright © 2020 par Conrad Mbewe
Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers
Wheaton, Illinois 60187, U.S.A.
Tous droits réservés. Traduit et publié avec permission.
Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
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12 Le dessein de Dieu pour l’Église
Épilogue.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303
Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305
PRÉFACE
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14 Le dessein de Dieu pour l’Église
Glenn Lyons
Évêque président, Église anglicane
évangélique réformée d’Afrique du Sud
REMERCIEMENTS
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16 Le dessein de Dieu pour l’Église
Irene Maboshe, ainsi que mon assistant pastoral, Francis Kaunda, pour le
travail qu’ils accomplissent en coulisses, ce qui me libère et me permet de
me consacrer à la tâche première de l’écrivain. Ils savent de quoi je parle.
Je tiens également à remercier les membres du personnel de l’African
Christian University pour leur enthousiasme quant à ce projet de rédac-
tion. Lorsque je leur ai présenté un aperçu du manuscrit alors que j’en
achevais l’écriture, leur contribution m’a aidé à rendre le contenu plus
équilibré. Je tiens donc à remercier chaleureusement Celestine Musembi,
docteure et vice-chancelière de l’ACU et son personnel.
J’ai dédié ce livre à mes collègues anciens de la Kabwata Baptist
Church, en raison de leur courage spirituel. Chaque fois que nous avons
étudié la Bible et discerné des domaines requérant une modification
dans notre croyance ou notre pratique de la vie d’Église, ils n’ont pas
craint de le faire. Cela a parfois pris un peu de temps, mais leur vaillance
dans l’obéissance demeure une source d’inspiration. Autrement, j’aurais
simplement demandé aux autres de faire ce que je ne faisais pas moi-
même. Par conséquent, Charles Bota, Chola Chakonta, John Chundu, John
Kumwenda, Chipita Sibale, Alfred Sakwiya, George Sitali et Emmanuel
Matafwali, ce livre vous est vraiment dédié !
Permettez-moi également de remercier Crossway, la Gospel Coalition,
la Gospel Coalition Africa, 9Marks et Ekklesia Afrika pour les encourage-
ments qu’ils m’ont offerts au moment de la rédaction de l’ouvrage. C’est
votre partenariat avec l’Évangile qui a initialement donné naissance à
ce livre. Je sais bien que longtemps après la soumission du manuscrit,
vous continuerez à travailler en coulisses pour vous assurer que ce livre
bénisse les Églises d’Afrique.
La dernière mention, mais certes pas la moindre, est pour ma femme,
Felistas, pour laquelle je suis particulièrement reconnaissant. Elle a sacri-
fié de nombreuses heures de notre bonheur conjugal et de notre amitié
afin que je puisse respecter la date limite du projet. Nul doute qu’au
ciel, elle jouira d’une part de la récompense que le Seigneur Jésus-Christ
nous accordera pour cette œuvre d’amour.
INTRODUCTION
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18 Le dessein de Dieu pour l’Église
Résumé
Le christianisme biblique reste le même partout. Il s’adresse de manière
intelligible à des gens issus de cultures différentes, mais le message de
la Bible demeure identique en tout lieu. Dans l’ensemble, les Églises
d’Afrique grandissent de manière fulgurante. Elles jouissent de certains
avantages que nos frères occidentaux ont perdus, comme le respect dans
la société et la présence d’une jeune génération pour assurer l’avenir.
Cependant, elles ont un besoin vital de retrouver une compréhension
biblique du dessein divin pour l’Église et d’abandonner les pratiques
étrangères à la Parole de Dieu.
Questions d’étude
1. L’auteur énonce un certain nombre de bénédictions dont jouissent
encore les Églises d’Afrique, contrairement à beaucoup d’assemblées
chrétiennes en Occident. Pouvez-vous les reconnaître ? Laquelle de
ces bénédictions est vraie dans votre contexte ?
2. Selon vous, quelles différences y a-t-il entre une Église qui embrasse
le dessein de Dieu pour l’Église et une Église qui ne le fait pas ?
Introduction 25
3. L’auteur dit aussi que « diriger une Église revient à bien l’administrer
et non à la posséder ». Selon vous, quelle est la différence entre ces
deux façons de gérer l’Église ? Avez-vous vu des pasteurs dans votre
pays pratiquer l’une ou l’autre ? De quelles manières ?
5. Selon vous, en quoi votre Église actuelle a-t-elle failli dans le dessein
biblique de Dieu pour l’Église ? Quels domaines sont concernés ?
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28 Le dessein de Dieu pour l’Église
Les uns criaient d’une manière, les autres d’une autre, car le désordre régnait
dans l’assemblée, et la plupart ne savaient pas pourquoi ils s’étaient réunis
[…] Et si vous avez en vue d’autres objets, ils se régleront dans une assemblée
légale […] Après ces paroles, il congédia l’assemblée.
Qu’est-ce que l’Église ? 29
Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en
commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient
le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour
tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et
prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et
trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour
à l’Église ceux qui étaient sauvés (Ac 2.44-47).
Éphésiens, Paul écrit : « Et il a donné les uns comme apôtres, les autres
comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme
pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de
l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ » (Ép 4.11,12).
Cela fait référence à la relation de l’Église avec Jésus-Christ. Jésus est
la tête du corps (Ép 5.23 ; Col 1.18). Nous sommes unis à lui lorsque le
Saint-Esprit nous régénère et nous baptise dans son corps (1 Co 12.12,13).
Tout comme la tête humaine contrôle ce que fait le corps, de même Jésus,
par son Esprit et sa Parole, détermine ce que fait l’Église. Ce concept
du corps de Christ souligne également la variété des dons accordés aux
chrétiens, comme nous l’avons noté dans les passages précités, tirés des
épîtres aux Romains et aux Éphésiens. Nous sommes comme les yeux,
les oreilles, la bouche, le nez, les bras et les jambes du corps humain.
Chacun remplit une fonction distincte dans le corps. Enfin, ce concept
du corps illustre la nécessité pour les chrétiens au sein de l’Église de
prendre réciproquement soin des uns et des autres. En tant que chré-
tiens, nous sommes membres du corps de Christ tout comme le corps
humain est composé de divers organes. Chaque organe fonctionne pour
le bien du corps. « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent
avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec
lui » (1 Co 12.26).
des premiers-nés inscrits dans les cieux » (Hé 12.23). L’apôtre Paul semble
aussi faire allusion à cette constante réalité :
… Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sancti-
fier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la Parole, pour faire paraître
devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable,
mais sainte et irréprochable (Ép 5.25-27).
Cela n’a de sens que s’il s’agit de tous les croyants de tous les âges. À
tout moment, une partie de ce nombre est ici sur terre en attente de sa
glorification et l’autre partie est déjà arrivée au ciel. Dans la littérature
chrétienne, la première est appelée « l’Église militante », la seconde est
« l’Église triomphante ». Des termes merveilleux, à mon sens !
L’Église militante, étant la somme totale des chrétiens sur terre, gran-
dit au fil du temps. Les chiffres diminuent parfois dans certaines parties
du monde en raison de la persécution ou de la vanité. Il arrive que la
dureté de cœur croissante à l’égard de l’Évangile balaye toute une zone
géographique. Lorsque les chrétiens plus âgés meurent et que très peu de
jeunes sont convertis, le nombre de chrétiens dans cette région diminue
et l’Église militante tend à se restreindre. Pourtant, d’une manière géné-
rale, l’Église militante n’a cessé de croître dans le monde au fil des ans. La
raison principale n’est autre que ses efforts d’évangélisation et de mission.
Dans les endroits les plus dangereux qui soient pour les chrétiens, en
particulier dans les zones soumises à des régimes tyranniques, l’Église
militante a parfois disparu. En fait, les croyants sont simplement entrés
« dans la clandestinité » (voir 1 R 19.18). Ils sont toujours là, mais pour
préserver leur vie, ils ne se rencontrent plus publiquement. Cependant,
une fois que la situation change et que la liberté de religion est garantie,
l’Église militante réapparait et le monde est étonné de découvrir qu’elle
s’est considérablement développée dans la clandestinité.
Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de
toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20).
Quelques implications
Tous ces sujets sont traités de façon plus détaillée dans ce livre. Je sou-
haitais simplement apporter une brève réponse à la question : « Qu’est-ce
que l’Église ? » J’espère que l’explication ci-dessus aura répondu à cette
interrogation à partir de la Bible. Quelques implications ressortent de
cet aperçu.
Tout d’abord, fréquenter une Église régulièrement ne fait pas auto-
matiquement de vous un membre d’Église. Il y a une différence entre
l’Église locale et l’assemblée du dimanche. Il est nécessaire de dépasser la
simple fréquentation pour devenir un membre de bonne foi et accepter
volontiers toutes les responsabilités que Christ destine à chacun.
Deuxièmement, ne méprisons pas les Églises qui ne se réunissent
pas dans de beaux édifices, comme s’il s’agissait d’Églises de moindre
importance aux yeux de Dieu. Au vu de la croissance du christianisme
en Afrique, nous continuerons à voir des Églises se réunir dans des
salles de classe et sous des arbres. Ce sont des Églises de Christ au même
titre que celles qui se rassemblent dans de magnifiques sanctuaires. Ce
qui importe, ce n’est pas le genre de bâtiment qui fait office de lieu de
culte des chrétiens. C’est l’authenticité de la foi de ces chrétiens et leur
disposition à écouter la prédication de la Parole de Dieu, ainsi que leur
désir de recevoir les sacrements et de maintenir la pureté parmi eux,
par l’exercice de la discipline d’Église.
Troisièmement, on doit évidemment se réjouir de la dimension inter-
nationale et mondiale de l’Église. Pensons à l’Église au-delà les limites
de notre Église locale ou dénomination.
Nous appartenons au corps de Christ répandu sur toute la terre.
L’Église existe en Afrique, en Amérique, en Europe, en Asie, etc. Elle
est partout. Votre Église locale n’est qu’une manifestation régionale de
ce grand organisme international. Nous nous focalisons parfois trop sur
« l’Église africaine », ce qui peut facilement nous faire perdre de vue le
fait que nous formons un seul corps (une seule Église) dans le monde.
Notre Église locale devrait œuvrer en partenariat avec d’autres Églises
pour remplir la mission que Jésus a confiée à son Église mondiale. Notre
36 Le dessein de Dieu pour l’Église
Église locale devrait également aider activement les Églises les plus faibles
aux alentours à s’affermir dans la foi.
Quatrièmement, l’appartenance à l’Église est ouverte à tous ceux qui
sont convertis à Christ. Ne limitons jamais l’appartenance à notre Église
à une tribu ou à un groupe ethnique. Le langage que nous utilisons dans
notre Église devrait simplement représenter le langage des personnes
qui composent notre communauté. De cette façon, toute personne vivant
dans notre voisinage se sentira libre de faire partie de notre assemblée,
dans la mesure où elle croit vraiment en Christ. L’une des tristes réa-
lités de l’Afrique est que vous pouvez avoir cinq Églises dans la même
rue qui parlent toutes des dialectes différents, parce que chaque Église
« appartient » à une tribu. Or, les personnes qui se rendent dans ces églises
fréquentent les mêmes écoles, travaillent dans les mêmes bureaux, et
sont bien obligées d’interagir ou d’apprendre à travailler dans une langue
commune. Cela déforme totalement la nature de l’Église chrétienne. S’il
doit y avoir une division, que ce soit à cause de divergences doctrinales.
Sinon, que chaque Église locale soit ouverte à toute personne chrétienne,
et que tout soit mis en œuvre pour lui faire bon accueil.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 1
Résumé
C’est la Parole de Dieu, et non nos diverses expériences, qui devrait nous
enseigner ce qu’est une Église. Une Église est le rassemblement de ceux
qui ont été appelés hors du monde corrompu, par le moyen du salut, et
qui se sont engagés mutuellement à prendre soin les uns des autres et à
se réunir régulièrement pour adorer Dieu. Ces assemblées de croyants
sont caractérisées par trois choses : la prédication de la Parole, la pratique
du baptême et de la sainte cène, et le recours à la discipline d’Église.
L’Église est le corps de Christ, qui est à la fois universel et local. En tant
que chef suprême, Christ a autorité sur l’Église ; en tant que corps, nous
avons besoin de la contribution variée de chaque membre.
Questions d’étude
1. Ce chapitre définit trois marques distinctives d’une véritable Église.
Quelles sont-elles ? Laquelle est dominante dans votre Église locale ?
Laquelle est délaissée, selon vous ?
3. Y a-t-il des Églises locales dans votre région qui sont mortes et qui
ont fermé ? Comment concilier, selon vous, la fermeture d’une Église
avec la promesse de Jésus, dans Matthieu 16, de bâtir son Église ?
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40 Le dessein de Dieu pour l’Église
Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de
toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20).
Ainsi, les apôtres ne sont pas les fondateurs ultimes de l’Église. C’est
Jésus-Christ. Ils se sont contentés de mettre à exécution ses instructions.
la raison pour laquelle il est logique de croire que Jésus n’est pas seule-
ment le fondateur, mais aussi le chef de l’Église.
1. Il l’a reçue. Les élus, qui forment la véritable Église, ont été don-
nés à Jésus-Christ par Dieu le Père. Dans ce que nous appelons la prière
sacerdotale du Seigneur Jésus-Christ, il dit ceci :
J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du
monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta Parole […]
C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux
que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi ; et tout ce qui est à moi est à toi,
et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux (Jn 17.6,9,10).
Plus tôt dans cette prière, Jésus dit au Père qu’il a reçu l’autorité
sur toute chair pour transmettre ainsi la vie éternelle à tous ceux que
le Père lui a donnés (Jn 17.2). Il ne fait aucun doute que, si les gens qui
composent l’Église appartiennent à Christ, il est logique qu’il ait le droit
de la conduire comme il l’entend.
2. Il l’a rachetée. Quand Jésus est mort sur la croix, il a payé le prix
de la rédemption des personnes qui composent l’Église. À la question
« Pour qui Jésus est-il mort ? », nous répondons souvent sans réfléchir à
deux fois : « Jésus est mort pour le monde ». C’est vrai. Il est « l’Agneau
de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29). Nous trouvons des mots
similaires dans le verset le plus célèbre de la Bible, Jean 3.16. Toutefois,
la Bible utilise souvent le mot « monde » pour souligner le fait que
l’Évangile n’est pas exclusivement destiné aux Juifs, mais aux non-Juifs
également. Le terme « monde » ne désigne pas toujours tout individu
venu au monde depuis la Création. Plus précisément, la Bible enseigne
que Jésus est mort pour son peuple élu, ceux que le Père lui a donnés
avant la fondation du monde. Jésus parle de donner sa vie exclusivement
pour ses brebis. Il dit : « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa
vie pour ses brebis […] Je connais mes brebis, et elles me connaissent,
comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma
vie pour mes brebis » (Jn 10.11,14,15). Le passage de la Bible indiquant
le plus clairement que Jésus est mort pour son Église est sans doute
Éphésiens 5.25-27 :
Qui est le fondateur et le chef de l’Église ? 45
Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est
livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant
par l’eau de la Parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse,
sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.
Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le
mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église qui est
son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à
Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses. Maris,
que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-
même pour elle (Ép 5.22-25).
Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi,
ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la
gloire qui doit être manifestée : Paissez le troupeau de Dieu qui est sous
votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non
pour un gain sordide, mais avec dévouement […] Et lorsque le souverain
berger paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire
(1 Pi 5.1,2,4).
Cela renforce l’idée que les dirigeants d’Églises ne sont pas l’autorité
ultime dans l’Église. C’est Jésus-Christ. Ils devraient accomplir leur tâche
comme le veut Jésus. À son retour, il les rétribuera en conséquence.
Quelques implications
Ceux que Dieu a utilisés pour implanter des Églises ne devraient pas se
considérer comme les fondateurs de l’Église, car ils ne le sont pas. Ils ne
sont que des instruments entre les mains du chef suprême de l’Église,
le Seigneur Jésus-Christ. Il les a déployés pour implanter telle ou telle
Église, comme il l’a fait avec les apôtres dans la Bible. Jésus est le seul
fondateur de l’Église. Comme indiqué au début de ce chapitre, nous
avons aujourd’hui trop de dirigeants d’Églises en Afrique qui prétendent
être les fondateurs des Églises qu’ils ont implantées. C’est particulière-
ment le cas lorsque d’autres assemblées ont été établies à partir de la
première et qu’elles en portent le nom. Cette personne veille à ce que le
site Internet de l’Église et ses cartes de visite indiquent bien qu’il en est
le fondateur. Quand bien même il aurait implanté une Église, il est sage
d’éviter des termes aussi exagérés et de réaliser que nous ne sommes
que des instruments entre les mains de Dieu. Comme Paul le disait :
planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas
celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui
fait croître […] Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de
Dieu, l’édifice de Dieu (1 Co 3.5-7,9).
De nos jours, nous voyons des Églises faire ce que Jésus ne leur a
jamais demandé de faire dans sa Parole. Les dirigeants de l’Église veulent
parfois utiliser la force des nombres pour influencer les élections poli-
tiques, voire contrôler les élections. Le chef de l’Église a-t-il dit que
l’Église devait agir ainsi ? Dans le chapitre suivant, nous examinerons de
plus près la mission de l’Église. Pour l’instant, je me contenterai de dire
qu’il est très improbable que Jésus ait inclus l’influence ou le contrôle
des élections politiques comme l’un des objectifs de son Église.
N’oublions jamais que le dirigeant ultime de l’Église est le Seigneur
Jésus-Christ. Il en est le fondateur et le chef. Il était mort, mais il est
revenu à la vie. Il est vivant et en bonne santé, il marche au milieu des
chandeliers d’or (Ap 2.1), et taille leurs mèches.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 2
Résumé
Jésus-Christ seul est le fondateur et chef de son Église. L’Église lui
appartient, parce qu’il a reçu l’Église comme sa possession de la part du
Père ; il l’a rachetée par son sang ; il l’a fiancée à lui-même pour qu’elle
devienne son épouse ; et il vit maintenant pour paître son Église. L’Église
est vivante grâce à son Esprit, et elle vit selon sa Parole. Les dirigeants
de l’Église devraient se considérer comme des serviteurs dont l’œuvre
est de faire la volonté de Jésus pour son Église, et non comme des cadres
libres de faire ce qu’ils veulent ou ce qu’ils estiment sage.
Questions d’étude
1. L’auteur détermine trois raisons permettant d’affirmer que Jésus est
le chef de l’Église. Quelles sont-elles ? Lesquelles étaient les moins
évidentes pour vous ?
51
52 Le dessein de Dieu pour l’Église
santé, organiser les mariages et les funérailles, prendre soin des veuves
et des orphelins non membres, servir de médiateur entre les partis
politiques, superviser les élections, etc. Parfois, elle devient même un
moyen de subsistance pour les soi-disant « hommes de Dieu » qui ne
parviennent pas à trouver un emploi ailleurs. Il est crucial de sonder la
Bible pour connaître le but premier de l’Église. Heureusement, sa mis-
sion est énoncée clairement. Avant que Jésus ne monte au ciel, il établit
sans équivoque ses consignes pour l’Église. Tous les Évangiles en parlent,
mais la déclaration la plus complète se trouve sans doute dans Matthieu :
Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : « Tout pouvoir m’a été donné dans
le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à
observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les
jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.18-20).
termes, rien ne se passe dans ce monde sans qu’il l’ait permis. Rappelez-
vous comment Satan a dû obtenir la permission de Dieu pour détruire
les biens, la famille et la santé de Job, dans Job 1 et 2. Rappelez-vous
que, dans Actes 4.23-31, les disciples ont clairement déclaré, dans leur
prière, que même la mort de Jésus-Christ avait eu lieu avec la permis-
sion de Dieu !
Tout ce pouvoir est à présent conféré à Jésus-Christ, en tant
qu’Homme-Dieu suprême. Il maîtrise jusqu’aux mauvaises actions des
hommes et des femmes, fixant ainsi leurs limites, sinon ce monde serait
bien pire qu’il ne l’est. Il contrôle toute activité humaine, principalement
dans le but d’apporter le salut à son peuple. Au retour de Jésus, l’autre
aspect de son règne sera également visible, quand il convoquera toute
la création afin de punir ou de récompenser.
C’est dans ce contexte que le Seigneur Jésus-Christ a donné trois
instructions à ses disciples. Ces trois-là demeurent l’œuvre de son Église
tout au long de l’histoire jusqu’à son retour. Elles expriment son but
jusqu’à ce jour. Jésus est le chef de l’Église, comme nous l’avons vu dans
le chapitre précédent. À ce titre, il a tout à fait le droit de dicter à l’Église
les responsabilités qui lui incombent. Quelles sont-elles ?
Il est intéressant de noter, dans ce récit, qu’il n’est pas dit que
Philippe a enseigné le baptême à l’eunuque éthiopien. Pourtant, d’après
56 Le dessein de Dieu pour l’Église
Il les fit sortir, et dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?
Paul et Silas répondirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta
famille. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui
étaient dans sa maison. Il les prit avec lui, à cette heure même de la nuit, il
lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens (Ac 16.30-33).
C’est ainsi que l’Église de Philippes est née. Les familles qui ont
entendu l’Évangile et qui se sont converties à Christ ont été baptisées,
devenant ainsi membres de cette nouvelle Église. Bien sûr, d’autres se
sont joints à eux par la suite. Cette responsabilité de rassembler de
Quelle est la mission de l’Église dans le monde ? 57
Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré
lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par
l’eau de la Parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans
tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable (Ép 5.25-27).
Lorsqu’il fut arrivé, et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il s’en réjouit, et il les
exhorta tous à rester d’un cœur ferme, attaché au Seigneur. Car c’était un
homme de bien, plein d’Esprit-Saint et de foi. Et une foule assez nombreuse
se joignit au Seigneur. Barnabas se rendit ensuite à Tarse, pour chercher
Saul ; et, l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils
se réunirent aux assemblées de l’Église, et ils enseignèrent beaucoup de
personnes. Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent
appelés chrétiens (Ac 11.23-26).
Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous
au milieu desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pour-
quoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous, car je
vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher (Ac 20.25-27).
Quelle est la mission de l’Église dans le monde ? 59
Glorifier Dieu
Pourquoi l’Église doit-elle être aussi absorbée par l’évangélisation des per-
dus grâce à la prédication de l’Évangile, et par la sanctification du peuple
de Dieu grâce à l’enseignement de tout le conseil de Dieu ? Pour glorifier
Dieu. La constitution de la Kabwata Baptist Church stipule : « L’Église a
60 Le dessein de Dieu pour l’Église
été chargée de glorifier Dieu en promouvant son culte joyeux par l’évan-
gélisation des perdus, l’implantation d’Églises locales et l’exercice de son
ministère spirituel et matériel pour les sauvés. » Notez l’accent mis sur
la glorification de Dieu. C’est précisément pour cette raison que l’Église
doit se consacrer aux activités décrites jusqu’à présent dans ce chapitre.
L’apôtre Paul l’a exprimé ainsi aux Éphésiens :
À moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’an-
noncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ, et de mettre
en lumière le moyen de faire connaître le mystère caché de toute éternité
en Dieu qui a créé toutes choses ; c’est pourquoi les dominations et les auto-
rités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse
infiniment variée de Dieu (Ép 3.8-10, italiques pour souligner).
Paul exprime la même pensée dans une doxologie. Il dit : « Or, à celui
qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de
tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Église
et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles !
Amen ! » (Ép 3.20,21, italique pour souligner.) C’est le but principal de
l’Église : rendre gloire à Dieu par la prise de conscience de la rédemption
que Christ a acquise à la croix de Golgotha.
Hélas, ce n’est pas ce que nous voyons dans bien des Églises de nos
jours. Au contraire, nous constatons que de nombreux chrétiens ne
considèrent pas qu’il soit de leur responsabilité de consacrer le jour du
Seigneur à la rencontre d’autres croyants pour la communion fraternelle
et l’apprentissage de la Parole de Dieu. Les dirigeants des Églises uti-
lisent parfois ces assemblées pour mettre en avant leurs programmes et
objectifs personnels. Certaines Églises se contentent de faire du social en
cherchant à répondre aux besoins des marginalisés et des plus démunis
dans la société. Dans certains cas, l’Église devient un parti d’opposition
politique dans le pays. Dans un nombre croissant de situations, l’Église
est devenue un moyen d’enrichissement financier pour ses dirigeants,
en particulier les prétendus « hommes de Dieu ». Il est urgent de reve-
nir au but de l’Église, que Jésus-Christ, son chef, a institué : accomplir
le Grand Mandat.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 3
Résumé
Nous avons vu, au chapitre 2, que l’Église est fondée et dirigée par
Jésus-Christ. Par conséquent, c’est lui qui détermine le but et la mis-
sion de l’Église dans le monde. La mission spéciale de Jésus-Christ pour
l’Église est de faire des disciples en évangélisant les perdus, en baptisant
ceux qui reçoivent favorablement le message de l’Évangile, et en leur
enseignant ses commandements. C’est grâce à ces pratiques que l’Église
est édifiée et qu’elle atteindra son but ultime et grandiose : rendre gloire à
Dieu en manifestant son œuvre et sa puissance en tant que Rédempteur.
Questions d’étude
1. L’auteur observe que le Seigneur Jésus-Christ a « donné ces ins-
tructions en énonçant au préalable le pouvoir et l’autorité qui lui
avaient été conférés », ce qu’il appelle la « royauté médiatrice » de
Christ. Pourquoi, selon vous, était-il important que Jésus souligne
son autorité avant d’exprimer le Grand Mandat ?
2. Expliquez, dans vos propres mots, pourquoi Dieu établit des Églises
locales.
62 Le dessein de Dieu pour l’Église
Quelle est la différence entre les devoirs des chrétiens répartis dans
le monde et la mission de l’Église en tant qu’institution ?
POURQUOI L’ÉVANGILE
EST-IL SI IMPORTANT
POUR L’ÉGLISE ?
63
64 Le dessein de Dieu pour l’Église
que nos amis veuillent faire un tour avec nous. Ils formaient alors une
queue derrière le conducteur, chaque personne tenant la chemise ou la
robe de la personne la précédant. C’était un beau spectacle : une voiture
en fil de fer poussée dans les rues par une file d’enfants du quartier,
tous ravis de s’amuser autant. Nul besoin de débourser un centime pour
les utiliser. Elles ne consommaient pas d’essence et ne nécessitaient pas
de cambouis. Elles n’avaient pas besoin de liquide de refroidissement
ou d’huile. Une fois sorties de la chaîne de montage, elles avaient juste
besoin de paires de jambes jeunes et solides !
Beaucoup d’Églises aujourd’hui me rappellent ce passe-temps favori
de l’enfance. On les appelle Églises, mais elles ne sont qu’une vague imi-
tation de l’Église que nous voyons dans la Bible. Elles sont dépourvues
de vie spirituelle. Elles ont continuellement besoin d’être poussées pour
produire quoi que ce soit. Ceux qui la fréquentent ignorent béatement
le fait qu’ils ne font que jouer à l’Église. Ils n’en font pas partie. Chaque
dimanche, ils enfilent leurs plus beaux habits et se rendent à l’Église à
pied ou en voiture. Ils y retrouvent des amis, chantent ensemble, donnent
un peu d’argent (généralement la plus petite pièce dans leurs poches) et
écoutent un message inspirant du pasteur. Leurs voix retentissent, surtout
lorsqu’ils chantent ou encouragent le prédicateur avec leurs « Amen ! »
venant ponctuer les sermons. De temps à autre, l’humour du pasteur fait
éclater de rire la salle bondée. Ils entonnent le chant final et terminent
par la prière. Le culte est fini. Ils ont apporté leur contribution jusqu’au
dimanche suivant.
Pourquoi les choses se passent-elles ainsi ? Comme j’espère vous le
montrer dans ce chapitre, la première raison est que de nombreuses
Églises ont perdu l’Évangile. Ayant perdu de vue la nécessité d’annoncer
l’Évangile, les membres de l’Église sont toujours spirituellement morts.
Ils ne connaissent pas Dieu et ne l’aiment pas. Ils n’ont pas vraiment soif
de l’enseignement de la Parole de Dieu et ne désirent pas prier collecti-
vement. Ils ignorent ce que signifie mener le bon combat de la foi par le
moyen d’efforts collectifs d’évangélisation. Envoyer des missionnaires est
le dernier de leurs soucis. Le récit du livre des Actes leur est si étranger
qu’il leur semble venir d’une autre planète. L’Église se résume à un club
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 65
ressuscité d’entre les morts et c’est la preuve que Dieu a été satisfait du
paiement qu’il a effectué en notre nom. La mort, qui est le salaire du
péché (Ro 6.23), a été entièrement payée et donc totalement vaincue.
Jésus est ensuite monté au ciel, d’où il a envoyé, avec Dieu le Père, le
Saint-Esprit pour convaincre les perdus de péché et les convertir par
l’annonce de l’Évangile. Jésus va revenir chercher son Église.
L’œuvre salvatrice du Saint-Esprit consiste à vivifier les âmes mortes.
Il transforme nos cœurs et fait de nous de nouvelles créatures en Christ.
Nous haïssons les péchés que nous aimions auparavant, et nous aimons la
sainteté que nous méprisions jadis. Nous sommes transformés et désor-
mais prêts à devenir membres de l’Église du Seigneur Jésus-Christ. J’en
dirai beaucoup plus à ce sujet dans le prochain chapitre. Pour l’instant,
disons que sans l’Évangile, il vous manque l’usine spirituelle dans laquelle
Dieu forme de véritables chrétiens susceptibles de devenir des membres
authentiques de l’Église. L’Évangile est vital pour la vie de l’Église.
L’apôtre Jacques a écrit : « Il nous a engendrés selon sa volonté, par la
parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de
ses créatures » (Ja 1.18). L’apôtre Pierre a déclaré : « Vous avez été régéné-
rés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorrup-
tible, par la Parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pi 1.23). Ainsi, le
Saint-Esprit utilise la Parole de Dieu pour nous amener au salut et nous
introduire dans le royaume de Dieu. Le cœur du message de l’Évangile,
c’est la vie, la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ
pour notre bénéfice. Si nous perdons de vue ce message, nous perdons
les moyens de grâce par lesquels Dieu ajoute de vrais citoyens de son
royaume à son Église sur terre.
Paul craignait que les croyants de Colosses ne stagnent dans leur foi
en Christ, par laquelle ils étaient parvenus au salut. Il les a exhortés à
poursuivre leur marche avec lui en étant enracinés et édifiés en lui. Les
vérités qui les ont conduits au salut étaient aussi celles sur lesquelles ils
devaient bâtir leur vie. Il semblerait que Paul ait eu vent d’enseignements
populaires à Colosses qui se basaient sur les traditions humaines et non
sur Christ. Plus loin, dans le deuxième chapitre de l’épître aux Colossiens,
il devient évident que certains de ces enseignements n’étaient que du
légalisme. Paul a donc averti les croyants de veiller à ce que personne ne
soit la proie de telles philosophies et tromperies dénuées de substance.
Conscient que ces enseignements ne pouvaient aider les gens à atteindre
une sainteté durable et authentique, il a écrit : « Ils ont, en vérité, une
apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’hu-
milité, et le mépris du corps, mais cela est sans valeur réelle et ne sert
qu’à satisfaire la chair » (Col 2.23). Seule l’œuvre du Saint-Esprit peut
véritablement sanctifier le peuple de Dieu. La matière première que le
Saint-Esprit utilise pour ce faire est l’Évangile du Seigneur Jésus-Christ,
c’est pourquoi nous devons garder le message de l’Évangile. Nous en avons
besoin pour grandir dans la sainteté. Toute autre chose fera simplement
de nous des hypocrites moralisateurs, comme les pharisiens à l’époque
du Seigneur Jésus-Christ. Jésus a décrit les pharisiens tels des tombeaux
68 Le dessein de Dieu pour l’Église
Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui
qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges
ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puis-
sances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra
nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur
(Ro 8.37-39).
Quel crescendo ! Tout est « en Christ Jésus notre Seigneur ». Une véri-
table vie chrétienne implique une réponse à ces bienfaits glorieux qui
nous ont été procurés par la mort, l’ensevelissement et la résurrection
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 69
du Fils de Dieu. Cela illustre, une fois de plus, qu’une bonne compré-
hension de l’Évangile se traduit par un plus grand engagement envers
Christ et son Église.
L’épître de Paul aux Éphésiens nous livre une autre illustration de
la place vitale de l’Évangile dans la croissance chrétienne. Paul écrit à
propos des « richesses incompréhensibles de Christ » (Ép 3.8), qu’il a prê-
chées aux païens. Il entend par là les richesses inépuisables de Christ en
faveur de son peuple. Paul a toujours prié pour que tous les chrétiens
puissent « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la lon-
gueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui
surpasse toute connaissance, en sorte [qu’ils soient] remplis jusqu’à toute
la plénitude de Dieu » (Ép 3.18,19). C’est à la lumière de cet amour que
Paul exhorte les chrétiens à vivre des vies dignes de l’appel qu’ils ont
reçu (Ép 4.1). C’est le moteur rempli d’essence qui propulse la voiture de
sorte qu’elle avance sans qu’on ait besoin de la pousser. C’est aussi une
nouvelle vision de cet amour de Christ qui ancre nos âmes, nous empê-
chant ainsi de faire marche arrière lorsque viennent les tentations et les
épreuves. Nous sommes prêts à tout endurer plutôt que de délaisser le
Dieu qui nous a tant aimés. L’auteur du cantique l’a si bien dit lorsqu’il
a prié Dieu en disant :
Car c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu. J’ai été
crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui
vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de
Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. Je ne rejette pas
la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort
en vain (Ga 2.19-21).
70 Le dessein de Dieu pour l’Église
Ayant goûté à la vie d’un pharisien, Paul avait constaté son inca-
pacité à parvenir aux niveaux de sainteté qu’il essayait d’atteindre.
Il avait le choix : rester un hypocrite ou abandonner complètement
cette poursuite. Il a choisi la deuxième option lorsque le Seigneur
Jésus-Christ s’est révélé à lui sur le chemin de Damas. Ce n’était plus
l’effort humain et la tentative de respecter la loi qui le dirigeaient.
Au contraire, c’était désormais un amour pour Dieu qui l’animait.
Comment ? Quand il s’est vu crucifié avec Christ, ce n’était plus lui
qui essayait de vivre une vie impossible à vivre. C’était Christ, par
son Esprit, qui vivait en lui et le propulsait dans la vraie sainteté. La
vie qu’il menait était une vie dans laquelle il focalisait désormais ses
regards sur Christ, qui, pour reprendre les propos de Paul, « m’a aimé
et qui s’est livré lui-même pour moi ». Ainsi, la vie chrétienne est une
vie bâtie sur la grâce de Dieu, une grâce qui nous a été accordée par
l’œuvre rédemptrice de Christ, et qui nous est transmise par l’Esprit
de Christ. C’est la seule façon de vivre une vie qui plaise à Dieu. S’il
était possible d’y parvenir par l’effort humain, Jésus n’aurait pas eu
besoin de payer un prix aussi élevé en livrant sa vie pour nous sur la
croix. C’était la logique de Paul dans le passage de l’épître aux Galates
que nous avons cité. Aussi est-il vital que l’Évangile constitue le régime
alimentaire principal dans l’Église.
Résumé
Ce n’est que par l’Évangile, la Bonne Nouvelle annonçant la vie expia-
toire, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, que l’Église est édifiée
et nourrie. Les gens ne viennent à la foi que lorsque l’Évangile est prê-
ché ; ils restent et grandissent dans cette foi authentique quand ce même
Évangile leur est expliqué. Les Églises qui cherchent à accroître leur
nombre et l’engagement de leurs membres autrement que par la prédi-
cation assidue de l’Évangile produisent des fruits artificiels.
Questions d’étude
1. Qu’est-ce que l’Évangile, selon vos propres termes ? Posez cette ques-
tion à un ami chrétien de confiance, comparez vos réponses et dis-
cutez des différences.
4. Citez deux chants répandus dans votre contexte qui n’évoquent que
vaguement ce que Dieu peut accomplir, ou a accompli ?
5. Que produit une Église qui ne prêche pas l’Évangile, mais qui
prêche exclusivement des messages positifs et met l’accent sur le
divertissement ?
5
77
78 Le dessein de Dieu pour l’Église
Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous
marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puis-
sance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion.
Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon
les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de
nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les
autres… (Ép 2.1-3.)
Comment savoir s’ils sont sauvés ? Il existe au moins deux tests simples.
1. Ils doivent comprendre et recevoir le message de l’Évangile.
Personne ne devient chrétien en pensant que Dieu l’accepte sur la
base de ses propres efforts moraux ou religieux. En tant que fruit de
la régénération, le Saint-Esprit ouvre l’esprit des pécheurs pour leur
permettre de comprendre les vérités spirituelles. Ils commencent à
saisir ce que la Bible enseigne : tous ont péché et sont privés de la
gloire de Dieu (Ro 3.23), et tous sont condamnés à l’enfer en raison
de leurs offenses contre Dieu. Tous nos efforts en vue d’une transfor-
mation morale ou religieuse ne valent rien. Notre justice est comme
un « vêtement souillé » aux yeux de Dieu (És 64.5). C’est la mauvaise
nouvelle qui sert de toile de fond à l’Évangile. L’Évangile fait son entrée
et nous annonce que Dieu, par son grand amour et sa grâce, a envoyé
son Fils unique, le Seigneur Jésus-Christ, pour vivre la vie que nous
avons totalement ratée, et mourir ensuite à notre place, prenant sur
lui le châtiment de tous nos péchés. Il est devenu notre substitut. Trois
jours plus tard, il est ressuscité d’entre les morts, parce qu’il a pleine-
ment satisfait aux exigences de la loi de Dieu. C’est cela l’Évangile, la
bonne nouvelle céleste. Quiconque ne connaît pas et ne comprend pas
cette bonne nouvelle n’est pas un chrétien. Nous sommes appelés à
nous détourner de tout péché conscient, à croire en Jésus et à reposer
dans l’œuvre qu’il a accomplie pour nous. C’est la seule bonne façon de
recevoir cet Évangile. C’est la réponse que l’Évangile lui-même exige :
demander pardon à Dieu et croire au Seigneur Jésus-Christ (Ac 2.38 ;
16.31 ; 20.21). Le cas échéant, Dieu pardonne tous nos péchés. Dans
les cercles théologiques, on parle de « justification par la foi seule ».
Quiconque pense que Dieu lui pardonne sur la base de ses propres
efforts visant à lui plaire devrait être instruit dans cet Évangile biblique
au lieu d’être accueilli comme membre de l’Église. Comme l’a dit
Jésus, ceux qui se repentent et croient en cet Évangile devraient être
baptisés publiquement et accueillis parmi les membres de l’Église.
Ceux qui doivent être accueillis dans l’Église sont uniquement ceux
qui peuvent dire :
Qui devrait être membre de l’Église ? 81
ces gens pensent que les sermons appelant les pécheurs à se repentir
sont réservés à ceux qui visitent l’Église et non à ceux qui en sont déjà
membres. Ils continuent à vivre dans le péché, et l’Église est de plus en
plus corrompue et sujette aux scandales.
Les dirigeants de l’Église devraient se garder de conclure que si
quelqu’un fréquente régulièrement l’Église depuis quelques mois, cela
en fait automatiquement un membre. Il ne faut pas accepter que les
gens deviennent membres simplement parce qu’ils appartiennent à la
tribu majoritaire dans cette Église et parlent la même langue. Il faut
instaurer un processus de demande d’adhésion au cours duquel les
dirigeants de l’Église doivent questionner les personnes qui souhaitent
être identifiées comme membres. Les responsables de l’Église doivent
poser le genre de questions qui leur permettent de discerner le niveau
de compréhension du message de l’Évangile dans l’esprit des aspirants
au statut, et de constater s’il y a eu un changement moral et spirituel
dans leur vie. S’ils ne répondent pas correctement aux questions, ces
individus ne seront pas accueillis comme membres de l’Église. Ils seront
plutôt encouragés à sonder sérieusement leur cœur pour voir s’ils sont
vraiment chrétiens. Il est vital de les supplier affectueusement de cher-
cher le salut en Christ. Voici quelques questions à poser éventuellement :
du foyer qui est assez âgé pour participer aux tâches ménagères peut se
charger de quelque chose. Nous évoquerons dans le chapitre suivant ce
que les membres de l’Église devraient faire dans l’Église. Pour l’instant,
contentons-nous de traiter deux questions préliminaires à soulever lors-
qu’une personne devient membre de l’Église, et ce, pour lui permettre
plus aisément de participer activement à la vie de cette assemblée.
1. La position doctrinale de l’Église. Pour qu’une personne participe
de manière significative à la vie d’une Église, elle doit embrasser de tout
cœur la position doctrinale de l’Église. L’Église n’est pas un club social.
Elle est destinée à être un flambeau pour éclairer les gens dans le monde
de sorte qu’ils puissent voir la vérité de Dieu. La lumière à apporter n’est
autre que l’enseignement de la Bible. Pourtant, malgré une harmonie
sur le contenu de l’Évangile, les Églises ont tendance à voir les choses
différemment sur d’autres enseignements majeurs de la Bible. L’un de
ces domaines, par exemple, est l’œuvre du Saint-Esprit dans la vie des
croyants. Si vous n’êtes pas d’accord avec la position de l’Église sur de
tels enseignements, vous serez constamment en train de vous expliquer
avec d’autres membres de l’Église et en particulier avec les dirigeants
de l’Église. Cela ne fera que vous compliquer la vie, à vous et à l’Église.
Par conséquent, chaque Église devrait avoir une déclaration de foi écrite
pour énoncer clairement sa position sur les questions doctrinales les plus
fondamentales. Les nouveaux membres devraient lire attentivement ce
document pour voir s’il traduit également leurs propres convictions. Dans
certains cas, la position de l’Église peut ne pas représenter entièrement
la position du membre potentiel, mais cette personne est disposée à se
laisser enseigner. Une telle personne peut toujours être la bienvenue,
en gardant cela à l’esprit. Par conséquent, à la question : « Qui peut être
membre de l’Église ? », nous devons préciser que les aspirants au statut
de membre doivent croire ce que l’Église affirme croire.
On raconte l’anecdote d’un individu à qui l’on demande ce qu’il
croit ; il répond en disant qu’il croit ce que son Église croit. Lorsqu’on
lui demande ce que son Église croit, il répond habilement que son Église
croit ce qu’il croit. Pour ne pas se laisser avoir, la personne lui demande
alors ce que lui et son Église croient. Mais il est prêt, même pour cette
Qui devrait être membre de l’Église ? 85
Résumé
La maison de Dieu est réservée aux enfants de Dieu et non aux enfants
de l’ennemi. Les non-croyants ne peuvent pas appartenir à l’Église. Ils
sont toujours spirituellement morts, esclaves du monde, du diable et de
leur nature pécheresse, et ils demeurent sous la colère de Dieu. Tous
sont les bienvenus au rassemblement dominical, mais seuls ceux qui
font une profession de foi crédible et se repentent peuvent appartenir à
l’Église. Les anciens devraient mettre en place une procédure d’adhésion
pour tâcher de déterminer cela avant de considérer les gens comme des
membres à part entière. Les membres doivent approuver les doctrines
de l’Église et se soumettre à ses structures organisationnelles.
Questions d’étude
1. Quelles sont les trois choses qu’une Église devrait examiner avant
d’accepter officiellement quelqu’un comme membre ?
2. À votre avis, quel mal fait-on aux non-croyants lorsqu’ils sont recon-
nus et certifiés comme membres d’une Église avant d’être parvenus
à la foi en Christ ?
Qui devrait être membre de l’Église ? 89
4. Avez-vous déjà interagi avec des gens qui croient être chrétiens,
mais qui n’ont aucune compréhension biblique de la voie du salut ?
Comment les avez-vous aidés à cet égard ou avez-vous observé
d’autres personnes les aider ?
M a mère est morte alors que je n’avais que neuf ans. Environ un
an plus tard, la sœur de ma mère est venue nous chercher, mes
deux sœurs et moi, pour nous emmener vivre avec elle et sa famille.
Nous avons vécu avec eux pendant les six années suivantes. C’était
tout un changement pour mes sœurs et moi. Le premier changement
majeur a été le nombre d’enfants. Nous venions d’un foyer avec très peu
d’enfants : moi, mes deux sœurs et un frère adoptif que mes parents
avaient élevés dès la naissance pour que j’aie de la compagnie mascu-
line. Nous avons emménagé avec une famille de huit enfants. Nous
étions désormais onze enfants à remuer dans la maison ! Le deuxième
changement majeur a été de passer d’une banlieue de la capitale de
Zambie à une ferme située à la périphérie d’une ville minière de cuivre.
Dans la maison de nos parents, nous ne faisions presque rien d’autre
que de veiller à ce que nos chambres soient bien rangées (nos parents
employaient des domestiques qui faisaient presque tout le travail). À la
ferme, tous les enfants participaient aux tâches ménagères et agricoles.
Nous devions nourrir les animaux de la ferme et leur fournir de l’eau
91
92 Le dessein de Dieu pour l’Église
Ton serviteur faisait paître les brebis de son père. Et quand un lion ou un
ours venait en enlever une du troupeau, je courais après lui, je le frappais,
et j’arrachais la brebis de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisis-
sais par la gorge, je le frappais, et je le tuais. C’est ainsi que ton serviteur a
terrassé le lion et l’ours, et il en sera du Philistin, de cet incirconcis, comme
de l’un d’eux, car il a insulté l’armée du Dieu vivant (1 S 17.34-36).
Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous
les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs,
nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les
uns des autres. Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui
nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce en proportion
de la foi ; que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère ;
que celui qui enseigne s’attache à son enseignement, et celui qui exhorte
à l’exhortation ; que celui qui donne le fasse avec libéralité ; que celui qui
préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec
joie (Ro 12.4-8, italique pour souligner).
Les dons sont simplement des capacités. Dieu veut que les croyants
les utilisent dans l’Église pour son édification et aussi pour témoigner
dans le monde selon les directives de Christ.
Malheureusement, ce n’est pas ainsi que la plupart des Églises fonc-
tionnent aujourd’hui. L’image populaire n’est pas celle d’un corps, mais
d’un bus. Tout le monde devrait participer à la vie de l’Église, mais
quelques individus seulement se retrouvent à tout faire pendant que les
autres profitent simplement de la balade. La plupart du temps, ils sont
à moitié endormis en attendant d’arriver à destination. Le seul moment
où les gens s’impliquent activement, c’est lorsque le bus roule sur un
nid-de-poule et qu’ils sont brusquement tirés de leur sommeil. Sous la
poussée d’une soudaine montée d’adrénaline, ils lancent des insultes au
conducteur et lui reprochent sa conduite imprudente. Mais le ronflement
du moteur les berce finalement jusqu’à la fin du trajet.
On dit que dans la plupart des Églises, un tiers des membres fait tout
le travail, un autre tiers regarde le travail accompli, et le dernier tiers
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 99
Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le
pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de
cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur
ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés (Ac 2.46,47).
vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on faisait des distri-
butions à chacun selon qu’il en avait besoin » (Ac 4.34,35). Plus tard,
Paul a encouragé Timothée, un jeune pasteur de l’Église, à veiller à ce
que les veuves âgées de l’Église, dépourvues de parents susceptibles
d’en prendre soin, soient prises en charge par l’Église (1 Ti 5.3-16).
Les croyants de l’Église que Dieu a bénis par des moyens financiers
devraient considérer l’importance de leur contribution généreuse aux
soins de leurs frères et sœurs en proie à des difficultés économiques.
Cela devrait s’additionner à leur don régulier à l’Église pour soutenir
son fonctionnement normal (comme payer ses pasteurs et d’autres per-
sonnes qui servent l’Église à temps plein). Nous avons déjà vu que Paul
a exhorté Timothée, dans 1 Timothée 5.17, à s’assurer que les pasteurs
soient dûment payés. Cela ne peut se faire que grâce à la contribution
financière et fidèle des chrétiens de l’Église.
Or, en Afrique, c’est un domaine de grande faiblesse dans l’Église
chrétienne. C’est en partie une conséquence de l’ère missionnaire pion-
nière, car ceux qui venaient implanter les Églises sur le continent africain
étaient entièrement soutenus par leurs pays d’origine. Nous ne savions
pas exactement qui soutenait ces missionnaires étrangers ni combien
de soutien ils recevaient. Les prédicateurs n’étaient pas affectés par les
dons ou l’absence de dons des croyants visant à soutenir l’Église. Aussi
les croyants pensaient-ils s’en tirer à bon compte en donnant le moins
possible, voire rien du tout. Renverser cette tendance est une tâche ardue.
Beaucoup prétendent être sans argent. Pourtant, ces mêmes personnes
se baladent avec des smartphones très onéreux dans leurs mains et pos-
sèdent des téléviseurs coûteux chez elles. Elles sont disposées à dépenser
autant pour elles-mêmes, mais prétendent ne pas avoir d’argent pour
soutenir l’œuvre du Seigneur et de l’Église. Un changement culturel
radical s’impose.
Dans certaines Églises, les dirigeants ont abusé de ces finance-
ments. Les pasteurs se sont rempli les poches en escroquant le trou-
peau. Je traiterai de cette question dans le paragraphe sur la direction
de l’Église.
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 103
ne peut être accompli qu’avec l’aide de Dieu. Les âmes ne peuvent être
sauvées du péché que par l’œuvre directe du Saint-Esprit. Il est donc
crucial d’implorer Dieu de bénir nos efforts pour lui alors que nous
accomplissons notre mission d’évangélisation. Les réunions de prière
de l’Église devraient être fixées au moment et à l’endroit qui convient le
mieux aux membres de l’Église.
Un domaine de prière spécifiquement mentionné, que nous ne devons
jamais négliger, est celui de la prière pour notre nation et ses dirigeants.
Paul a écrit à Timothée, le jeune pasteur de l’Église d’Éphèse :
J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications,
des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et
pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie
paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable
devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la connaissance de la vérité (1 Ti 2.1-4).
À cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la
vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la
maîtrise de soi la patience, à la patience la piété, à la piété l’amitié fraternelle,
à l’amitié fraternelle l’amour. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec
abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connais-
sance de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pi 1.5-8).
Notez que Pierre exhorte les croyants à faire tous leurs efforts pour
grandir spirituellement. Il termine en disant que l’un des résultats de
leur croissance est qu’ils seront plus efficaces et fructueux dans leur
connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est le genre de chrétiens
que tout dirigeant d’Église désire ardemment voir parmi ses fidèles : des
croyants qui grandissent et qui, par conséquent, jouent leur rôle dans la
vie de l’Église sans avoir toujours besoin d’être incités à le faire.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 6
Résumé
Comme dans tout ménage, les membres de la maison de Dieu ont des
tâches à accomplir. Les membres de l’Église doivent assister fidèlement
aux rassemblements réguliers, au cours desquels ils peuvent apprendre
la doctrine chrétienne, avoir une communion fraternelle, rompre le pain
et prier ensemble. Tous les membres sont également appelés à obéir avec
amour aux commandements impliquant « les uns les autres », à utiliser
leurs dons et leurs capacités pour la croissance quantitative et qualitative
de l’Église, ainsi qu’à prier et à contribuer au succès de l’œuvre de l’Église.
Tout cela exige une croissance continue dans la maturité chrétienne et
la capacité à prendre part au ministère.
Questions d’étude
1. Quel lien l’auteur établit-il entre votre croissance personnelle en
Christ et les fruits que vous portez en tant que membre d’Église ?
Comment avez-vous vécu cela ?
B ien que nous soyons nombreux à ne plus vivre dans des villages,
l’idée qu’un dirigeant, même s’il s’agit d’un dirigeant d’Église, res-
semble à un chef tribal persiste encore dans notre inconscient. Tout
d’abord, un chef n’est pas réellement choisi par le peuple. C’est une
question d’hérédité. La fonction lui revient, parce que « les dieux » l’ont
placé dans le bon arbre généalogique, à la bonne position dans cette
famille, et au bon moment. Une fois qu’il est établi chef, c’est comme
si l’esprit des dieux venait habiter en lui. Être chef, en particulier sou-
verain, est la position la plus élevée de la tribu. Il dispose peut-être de
beaucoup d’anciens et conseillers pour l’aider, mais ses décisions sont
définitives. Il est le gardien absolu de la vaste contrée qui appartient
à toute la tribu. Son aura remplit de crainte les gens qui se retrouvent
en sa présence. Il a un siège spécial, son trône, ainsi que de nombreux
assistants à son service. À une époque révolue, même la vie des indivi-
dus de sa tribu était à sa merci. S’il exigeait votre mort, vous mourriez
sans pouvoir contester sa décision. C’était le genre de pouvoir absolu
qu’exerçaient les chefs.
109
110 Le dessein de Dieu pour l’Église
(Ac 15.6,22). Dans l’esprit des apôtres, les anciens des Églises étaient
désignés par Dieu. Nous le voyons dans le discours d’adieu de Paul aux
anciens d’Éphèse : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau
sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église de
Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20.28). Paul ne faisait
pas allusion à une déclaration prophétique surnaturelle. Il croyait plutôt
que, lorsque le peuple de Dieu prie et que les événements providentiels
sont accompagnés de qualifications bibliques chez un individu consi-
déré pour la position d’ancien, on peut dire à juste titre que Dieu est à
l’origine de la nomination de cette personne.
Les apôtres se considéraient comme des anciens de l’Église, et non
comme un groupe d’hommes appartenant à une classe à part, supérieure
aux anciens. L’apôtre Pierre a écrit : « Voici les exhortations que j’adresse
aux anciens qui sont parmi vous, moi, ancien comme eux, témoin des souf-
frances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée :
Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte,
mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec
dévouement » (1 Pi 5.1,2, italique pour souligner). Les anciens étaient les
principaux dirigeants de l’Église. Lors de l’implantation des Églises, il
était de la responsabilité des missionnaires pionniers de veiller à ce que
les hommes de cette Église soient encadrés jusqu’à atteindre un niveau de
maturité suffisant pour être nommés anciens. Le travail d’implantation
d’Églises était achevé uniquement lorsque des anciens qualifiés étaient
établis. Nous lisons que c’est ce que Paul et Barnabas ont fait parmi les
Églises qu’ils implantaient en Galatie : « Ils désignèrent des anciens dans
chaque Église, et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au
Seigneur, en qui ils avaient cru » (Ac 14.23). C’est à ce moment-là qu’ils
considéraient leur mission accomplie.
Le travail des anciens consiste essentiellement à veiller sur le trou-
peau. Les instructions que Pierre a données (dont une partie est précitée)
l’illustrent bien. Voici le reste de la citation : « Paissez le troupeau de Dieu
qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon
Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme
dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les
112 Le dessein de Dieu pour l’Église
Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu
soit accompli et propre à toute bonne œuvre. Je t’en conjure devant Dieu
et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de
114 Le dessein de Dieu pour l’Église
ce point : « [Il faut qu’il soit] attaché à la vraie Parole telle qu’elle a été
enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de
réfuter les contradicteurs » (Tit 1.9). Cela est vital pour la vie de l’Église,
car les anciens dirigent le peuple de Dieu par la Parole de Dieu. Un
ancien ne devrait pas être un anticonformiste, qui ne cesse de changer
ce qu’il croit ou qui enseigne ses propres croyances non basées sur la
Bible. Cela ne veut pas dire pour autant que chaque ancien doit savoir
prêcher la Parole de Dieu avec brio. La prédication est une forme spé-
cialisée d’enseignement. C’est une proclamation publique de la Parole
de Dieu faisant autorité. Tous les anciens n’ont pas à être doués dans
ce domaine. Néanmoins, chaque ancien devrait être capable d’ouvrir la
Bible et d’instruire un individu, un petit groupe de croyants ou même
un groupe plus important, selon les cas et en fonction de son niveau de
don. De cette façon, il conduira le peuple de Dieu dans la saine doctrine
et ramènera ceux qui s’égarent à une foi saine. Voilà en quoi consiste
le véritable travail de l’ancien.
Il convient de mentionner ici que les anciens dans la Bible ont tou-
jours été des hommes. Il n’y a pas une seule mention d’une « ancienne »
dans l’Église, dans le Nouveau Testament, ni même en Israël, dans
l’Ancien Testament. Le rôle d’instruire dans la Parole de Dieu toute
l’Église ne revient pas à la femme, à cause de ce que Paul a dit plus tôt,
dans 1 Timothée 2 : « Que la femme écoute l’instruction en silence, avec
une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni
de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le
silence » (1 Ti 2.11,12). Cela mérite d’être souligné aujourd’hui en raison
de l’atmosphère d’égalitarisme qui semble exiger la modification de cette
norme biblique.
Ces hommes ont reçu par la suite le nom de diacres, comme nous
le verrons lorsque nous examinerons les qualifications requises pour
cette fonction.
Nous apprenons de ce passage qu’à mesure qu’une Église gran-
dit, elle ne doit pas nécessairement augmenter le nombre d’anciens ;
elle devrait plutôt envisager de nommer également des diacres. Nous
remarquons aussi que les responsabilités transmises par les anciens
aux diacres concernaient des questions pratiques, telles que la prise en
charge de personnes financièrement nécessiteuses. Cela peut inclure
aujourd’hui la gestion des finances de l’Église, le soin apporté aux
orphelins et aux veuves (ainsi qu’à toute autre personne dans le besoin)
au sein de l’Église, l’entretien des locaux de l’église, etc. En revanche,
l’enseignement et la prédication de la Parole de Dieu doivent rester la
responsabilité des anciens.
cet emploi » (Ac 6.3). Ils recherchaient des hommes vraiment dévoués et
instruits pour cette fonction.
Lorsque Paul a énuméré les qualifications des diacres à Timothée, il
n’y avait guère de différences avec celles des anciens. Il a écrit :
Les diacres aussi doivent être honnêtes, éloignés de la duplicité, des excès du
vin, d’un gain sordide, conservant le mystère de la foi dans une conscience
pure. Qu’on les éprouve d’abord, et qu’ils exercent ensuite leur ministère,
s’ils sont sans reproche. Les femmes, de même, doivent être honnêtes, non
médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. Les diacres doivent être maris
d’une seule femme, et bien diriger leurs enfants et leur propre maison
(1 Ti 3.8-12).
de diacres ? La question reste entière. Ceux qui pensent que seuls les
hommes peuvent être diacres citent parfois la clause selon laquelle les
diacres devraient être « maris d’une seule femme » (1 Ti 3.12) ; selon eux,
cela exclut les femmes de cette fonction. Ils peuvent également souligner
que le Nouveau Testament ne mentionne pas l’exemple d’une femme
ordonnée à un poste quelconque de l’Église. Comme vous pouvez le
constater, déterminer si les femmes peuvent être diacres ou non n’est
pas aussi facile que de déterminer si elles peuvent avoir le rôle d’ancien
ou non, puisque la fonction d’anciens est réservée aux hommes.
richesse. C’est une façon de les garder dans l’Église. C’est aussi un moyen
pour eux d’être reconnus pour leurs contributions financières. Dans
tous ces cas, la qualité spirituelle de la personne n’est même pas prise
en compte, ce qui est une erreur fatale. C’est d’ailleurs ce qui décime la
spiritualité de l’Église.
Il existe aussi le phénomène d’anciens autoproclamés, chose tota-
lement étrangère au Nouveau Testament. Comment cela se passe-t-il ?
Des personnes mécontentes de ce qui se passe dans leur Église décident
simplement de créer une nouvelle Église. Elles commencent à se rencon-
trer dans une maison ou une salle de classe. Après avoir rassemblé une
petite foule, les hommes de tête se nomment anciens de cette Église. Une
telle pratique n’existe pas dans le Nouveau Testament. Des personnes qui
désirent instaurer une nouvelle Église devraient d’abord se placer sous
une Église déjà établie, jusqu’à ce que les anciens de cette Église établie
leur imposent les mains pour les désigner anciens. Nous ne pouvons pas
simplement nous autoproclamer anciens.
Parfois, le pasteur nomme sa propre femme pasteur-associée. Là
encore, il n’existe pas de précédent biblique pour justifier une telle
pratique. C’est un phénomène totalement étranger à la Bible, devenu
pourtant très courant dans les Églises en Afrique. Comme nous l’avons
déjà affirmé, la direction de l’Église biblique est masculine. Nombre de
dirigeants d’Église dans la Bible étaient mariés (comme l’apôtre Pierre),
mais rien ne dit nulle part que leurs épouses sont également devenues
dirigeantes de l’Église. L’épouse d’un pasteur n’est autre que l’épouse
d’un pasteur. Elle est sa compagne de vie. Dans l’Église, le pasteur tra-
vaille avec une équipe d’anciens. Nous devons revenir à une direction
biblique dans l’Église.
Il y a aussi un grand besoin de restaurer dans le leadership la notion
de serviteurs dans l’Église. La vague actuelle de démagogues doit prendre
fin. De grands orateurs manipulent les membres de l’Église pour qu’ils
leur fassent don de leurs biens et de leur argent, alors qu’ils vivent comme
des chefs. C’est un vice qui se répand de plus en plus, en particulier dans
les Églises urbaines. Si des voleurs se rendaient sur le parking de l’Église
un dimanche et dérobaient la voiture la plus luxueuse, il ne serait pas
Qui devrait diriger l’Église ? 121
Résumé
Les Églises du Nouveau Testament, inspirées des commandements des
apôtres et du modèle des synagogues juives, étaient dirigées par des
anciens. Les anciens sont des hommes bibliquement qualifiés, chargés
de guider le troupeau, de l’instruire et de lui enseigner par l’exemple les
commandements du Seigneur dans la Bible. Ils devraient compter parmi
eux un homme doué, capable de nourrir régulièrement le troupeau par
la prédication. Les anciens sont assistés par des diacres dans les œuvres
de service non pastorales.
Questions d’étude
1. D’après les qualifications d’un ancien mentionnées dans
1 Timothée 3.1-7 et Tite 1.5-9, quels sont les trois domaines de qua-
lification requis pour le titre d’ancien dans l’Église ?
POURQUOI PRATIQUER
LE BAPTÊME ET LA
SAINTE CÈNE ?
125
126 Le dessein de Dieu pour l’Église
Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur
Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces,
le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci
Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ? 127
Le baptême
Je suis baptiste ; j’ai donc des convictions doctrinales à ce sujet. Je pars
du principe que le baptême est réservé aux croyants et qu’il se fait par
immersion. Ce livre n’a pas pour but de plaider en faveur de cette posi-
tion. Je le dis simplement d’emblée.
Comme nous l’avons noté au chapitre 3, le baptême est un com-
mandement du Seigneur Jésus-Christ, le chef suprême de l’Église. Cet
acte est censé être le premier acte d’obéissance d’un nouveau chrétien.
Même dans une Église qui offre au préalable des cours sur le baptême,
il devrait pouvoir se faire baptiser sans avoir à attendre trop longtemps
avant d’être jugé prêt. D’une part, une personne baptisée annonce au
monde qu’elle est devenue un disciple du Seigneur Jésus-Christ. D’autre
part, celui qui baptise le nouveau converti ajoute son propre témoignage :
d’après ce qu’il a vu et entendu, la profession de foi de cette personne
est recevable. Examinons quelques particularités du baptême.
1. Le baptême symbolise ce qui s’est passé spirituellement dans la vie
du nouveau converti. Paul l’a exprimé ainsi dans sa lettre aux Romains :
en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons
donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme
Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi
nous marchions en nouveauté de vie (Ro 6.1-4).
La sainte cène
Parfois, la sainte cène est appelée la communion, l’eucharistie ou encore
le repas du Seigneur. À vrai dire, j’aime beaucoup l’expression « repas
du Seigneur », parce que ce repas se distingue véritablement de tous les
autres repas. Il s’agit, en effet, du repas du Seigneur. C’est lui qui nous
en a donné le menu en nous demandant aussi d’y prendre part en sou-
venir de lui. Nous l’avons déjà mentionné lorsque nous avons examiné
1 Corinthiens 11.23. Dans ce passage, Paul dit que l’idée de la sainte cène
ne vient pas de lui. Il transmet simplement à l’Église de Corinthe ce qu’il
a reçu du Seigneur Jésus-Christ.
Chaque auteur des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) fait réfé-
rence à la façon dont Jésus a institué ce repas. Le fait que chacun le men-
tionne sans exception suggère qu’il s’agissait d’un acte très important.
Du témoignage de ces auteurs, il en ressort que, la nuit précédant la
trahison de notre Seigneur, il a rassemblé ses douze disciples dans une
chambre haute pour prendre un repas avec eux. Vers la fin de ce repas,
il leur a donné des instructions sur la façon dont ce repas devait être
perpétuellement célébré en son honneur, jusqu’à son retour. Examinons
quelques-unes de ces caractéristiques.
1. La relation entre la sainte cène et la Pâque. Il est instructif que la
sainte cène ait été instituée pendant la fête des pains sans levain, appe-
lée la Pâque. D’ailleurs, Jésus a qualifié ce qu’il allait manger avec ses
disciples ce jour-là de Pâque. La Bible rapporte :
La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait […] Le jour des
pains sans levain, où l’on devait immoler la Pâque, arriva, et Jésus envoya
Pierre et Jean, en disant : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la
mangions […] Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait
dit ; et ils préparèrent la Pâque. L’heure étant venue, il se mit à table, et les
apôtres avec lui. Il leur dit : J’ai désiré vivement manger cette Pâque avec
vous, avant de souffrir (Lu 22.1,7,8,13-15).
Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le
sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous
détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir
de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous
le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants (Ex 12.13,14).
De même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de
beaucoup d’hommes, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui
l’attendent pour leur salut […] lui, après avoir offert un seul sacrifice pour
les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu ; il attend désor-
mais que ses ennemis soient devenus son marchepied. Car, par une seule
offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés
(Hé 9.28 ; 10.12-14).
qui conduit les deux ordonnances peut employer des paroles différentes.
Pour ce qui est de la sainte cène, certains utilisent du vrai pain, tandis
que d’autres préfèrent des biscuits salés. De même, certains ont recours à
n’importe quelle boisson rouge pour symboliser le sang de Christ, tandis
que d’autres tiendront à utiliser du jus de raisin rouge voire du vin. La
fréquence de ces ordonnances varie également. Certaines Églises prennent
la sainte cène chaque semaine ; d’autres ne le font qu’une fois par mois. En
fin de compte, nous ne pouvons pas pontifier dans les moindres détails
la façon dont ces ordonnances doivent être exécutées. Chaque Église aura
sa propre culture et devrait se sentir libre de la suivre tant qu’elle ne
contredit pas le sens de l’ordonnance.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 8
Résumé
La sainte cène et le baptême sont les seules ordonnances que Jésus a
données à l’Église chrétienne. Le baptême se pratique par l’immersion
totale dans l’eau de ceux qui ont fait une profession de foi crédible. Il
symbolise la réalité de l’inclusion du croyant en Christ. Bien que le bap-
tême ne soit pas essentiel au salut, il est étroitement lié au message de
l’Évangile et constitue une porte d’entrée dans l’Église. La sainte cène
est un repas frugal collectif constitué de pain et de jus ou de vin qui
rappellent le corps sacrificiel et le sang de Jésus-Christ ; il n’est réservé
qu’aux croyants. Il n’est pas pour ceux qui s’en estiment « dignes », qui
ont vécu une vie juste avant la prise de ce repas, mais pour ceux qui y
prennent part d’une manière respectable, reconnaissant sa valeur et sa
signification lorsqu’ils y participent.
Questions d’étude
1. Trouvez-vous que les mots « ordonnance » et « sacrement » évoquent
des pensées ou connotations différentes ? Quelles sont ces diffé-
rences ? D’où viennent-elles, selon vous ?
2. « Le baptême est une porte d’entrée dans l’Église » (p. 129). À votre
avis, pourquoi une Église ne devrait-elle pas accepter parmi ses
membres des personnes non baptisées ?
136 Le dessein de Dieu pour l’Église
L es visites dans les palais des chefs des régions tribales d’Afrique sont
toujours précédées d’une brève discussion sur les questions de pro-
cédure et de protocole. On vous conduit d’abord dans une pièce où un
officier du palais vous donne les instructions sur le cérémonial à respec-
ter. Si vous êtes venu en groupe, le chef du groupe est informé spécifi-
quement de l’endroit où il doit s’agenouiller en arrivant dans la présence
du chef, et où le reste d’entre vous doit attendre. On lui indique à quel
signal il peut commencer à parler, comment il doit saluer et s’adresser
au chef, le regarder en respectant un certain angle et comment lui pré-
senter ceux qui l’accompagnent. Rendre visite au chef les mains vides
serait une insulte ; le visiteur est donc aussi informé du moment où il
est approprié d’indiquer la nature du présent qu’il a apporté au chef et
comment ce cadeau doit lui être dévoilé. Si vous voulez présenter une
sollicitation au chef, on vous indique également comment formuler cette
requête. Si vous avez la peau claire, l’agent du protocole peut vous garan-
tir que le chef sera sans doute tolérant sur vos écarts en raison de votre
appartenance à une autre culture. En revanche, si vous êtes l’un de ses
137
138 Le dessein de Dieu pour l’Église
J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications,
des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et
pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie
Que devrait-il se passer pendant le culte ? 141
part chez lui ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n’attende
pas mon arrivée pour recueillir les dons » (1 Co 16.1,2). Paul voulait que
cette collecte de l’Église d’Achaïe destinée à l’Église de Judée soit faite
chaque semaine lors de ses rassemblements ; ainsi, il n’aurait pas besoin
de solliciter des dons supplémentaires lors de son passage à Corinthe
avant de se rendre en Judée.
Certaines Églises procèdent à cette collecte pendant le culte. D’autres
préfèrent qu’elle soit organisée à la fin ; pour ce faire, une boîte est
placée en vue près des portes de sortie. À chaque Église son organisa-
tion. Ce livre n’a pas pour objectif d’aider à régler cette question d’une
manière ou d’une autre. Quelle que soit la méthode privilégiée par une
Église, deux maux sont à éviter : 1) Amadouer l’assemblée pour que ses
membres donnent de plus en plus d’argent ; 2) attirer l’attention sur soi
quand on donne. La Bible dit que Dieu aime celui qui donne « avec joie »
(2 Co 9.7). Par conséquent, bien que les dirigeants de l’Église puissent
faire des appels aux dons de temps en temps, ils devraient se garder de
culpabiliser leurs membres s’ils ne donnent pas un certain montant. Pour
plus de détails, vous pouvez lire les exemples d’invitations mesurées et
bienveillantes de l’apôtre Paul, dans 2 Corinthiens, aux chapitres 8 et 9.
Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et
que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; la
prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis
des péchés, il lui sera pardonné.
Soulignons que nulle part dans le livre des Actes les apôtres n’accom-
plissaient leurs nombreux miracles et guérisons lors des cultes d’adoration
de l’Église. Au contraire, selon le témoignage commun, l’Église se rassem-
blait pour recevoir l’instruction biblique. Notez également que dans la
lettre de Jacques, ce ne sont pas les anciens ou les pasteurs qui appellent
les malades à venir à eux (devant l’assemblée), mais les membres malades
qui demandent à leurs anciens de venir chez eux pour prier pour eux.
Pourquoi les séances de délivrance sont-elles devenues un phéno-
mène si courant dans les Églises d’Afrique ? La réponse est évidente : les
pasteurs d’Église sont vite devenus l’équivalent des sorciers dans l’esprit
populaire africain. Même les chrétiens viennent à l’Église non pas en
méditant sur le culte qu’ils devraient rendre à Dieu, leur divin Bienfaiteur,
mais plutôt en pensant à ce qu’ils peuvent obtenir de la part de Dieu par
l’entremise de son serviteur, et surtout de ses puissantes intercessions
et interventions. Bien que cela soit devenu populaire, ce n’est pas ainsi
que l’on doit se conduire dans la maison de Dieu pendant le culte. Aucun
argument biblique ne soutient ce genre de conduite.
lors des funérailles. Nous chantons quand nous recevons des visiteurs
importants et nous chantons pour accompagner leur départ. Nous chan-
tons pour accueillir la pluie et nous chantons au moment des récoltes.
Nous chantons (et dansons !), que nous soyons heureux ou tristes. Nous
avons une culture du chant très développée. Cela ne fait aucun doute.
Néanmoins, concernant la conduite à suivre pendant le culte d’adora-
tion, il nous faut aborder deux aspects de cet amour du chant afin de le
mettre véritablement au service de l’adoration de Dieu.
Notre chant ne doit pas éclipser la prédication de la Parole de Dieu ;
au contraire, il doit la servir. Nous avons noté, dans le premier chapitre,
que dans bon nombre de nos Églises, les chorales abondent. Ajoutez à
cela le fait que chaque chœur entonne un chant en se rendant sur l’es-
trade, avant de chanter le chant collectif convenu, et regagne sa place
en chantant un refrain. Une fois que toutes ces chorales ont chanté, il
reste très peu de temps pour une prédication consistante de la Parole
de Dieu. Cessons cette tendance et veillons jalousement à réserver à la
prédication le temps qui lui revient. En effet, rien ne compte plus dans
le culte d’adoration que de se recueillir devant Dieu tandis qu’il nous
parle par le moyen de l’exposition fidèle de sa Parole.
Le contenu de notre louange collective doit également être davan-
tage marqué par la richesse de la doctrine et de l’expérience chrétienne.
Trop de chants dans nos Églises consistent en la répétition inlassable de
quelques mots, sans beaucoup de variation. Par exemple, un chant peut
commencer sur un très bon rythme africain par ces simples paroles :
« Nous allons. » Le conducteur de la louange ajoute continuellement dif-
férents compléments tels que : « au ciel » ou « avec mon frère » ou « avec
mon Jésus » ou « avec ma bible », tandis que l’assemblée reprend en cœur
« nous allons ». Le chant peut durer ce qui semble être une éternité,
même s’il est souvent considéré comme étant le meilleur chant dans
nos Églises. À la lumière des grandes vérités sur Dieu et des richesses
insondables de Christ que la Bible nous révèle, n’y a-t-il pas une meil-
leure façon d’adorer notre Dieu incomparable ?
Considérez ceci : la Bible nous révèle notre Dieu en tant que Père,
Fils et Saint-Esprit. Il est trois en un, et un en trois, de toute éternité et
146 Le dessein de Dieu pour l’Église
Résumé
La Bible nous indique la marche à suivre lors des rassemblements en
tant qu’Église au nom du Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que nous voyons
dans les commandements apostoliques faisant autorité et dans leur mise
en pratique au sein des premières Églises. Lorsque nous nous rassem-
blons, nous devons écouter les instructions fidèles de la Parole de Dieu,
prier ensemble, observer les ordonnances et nous servir mutuellement.
Questions d’étude
1. Quels éléments d’adoration le Saint-Esprit nous a-t-il donnés dans sa
Parole ? Dans quelle mesure reflètent-ils la pratique dans votre Église ?
COMMENT L’ÉGLISE
DEVRAIT-ELLE LEVER
DES FONDS ?
151
152 Le dessein de Dieu pour l’Église
de l’argent. Or, ce n’est certainement pas ainsi que Dieu souhaite ins-
pirer son peuple à être généreux pour sa cause. Il veut que notre don
soit joyeux et sincère.
Maintenant que nous avons pris conscience à la fois de la sensibilité
de ce sujet et du manque d’informations bibliques, examinons comment
le Nouveau Testament nous guide dans trois moyens de recueillir les
fonds indispensables pour l’Église et ses activités ici-bas.
La dîme
La dîme étant principalement une pratique de l’Ancien Testament, de
nombreux chrétiens croient sincèrement et enseignent que la dîme ne
s’applique pas au Nouveau Testament. Ils soutiennent que, par la mort
de Christ, nous avons été libérés de la loi et de ses exigences. Mais au
contraire, en tant que croyants du Nouveau Testament, nous devrions jus-
tement donner beaucoup plus que ne donnaient les croyants de l’Ancien
Testament au moyen de leur dîme, en guise de reconnaissance pour le
salut que Jésus-Christ nous a acquis à la croix. Je tiens toutefois à pré-
ciser une chose. En abordant le thème de la dîme, je comprends que
certains croyants s’en tiennent à cette façon de voir les choses, et je ne
vise aucunement, dans ce livre, à les convaincre du contraire.
Selon moi, il y a tout de même de bonnes raisons de penser que la
dîme est le principal moyen par lequel Dieu veut que son Église lève
des fonds. Assurément, la dîme est beaucoup enseignée dans l’Ancien
Testament. Elle constituait une forme d’impôt : les chefs de famille de
la nation d’Israël donnaient un dixième de leur revenu pour soutenir
les prêtres et les activités religieuses liées au tabernacle, et plus tard, au
temple. Le peuple de Dieu devait donner un dixième des récoltes, des
fruits des arbres et des troupeaux. Dans Lévitique 27.30-32, nous lisons :
Toute dîme de la terre, soit des récoltes de la terre, soit du fruit des arbres,
appartient à l’Éternel ; c’est une chose consacrée à l’Éternel. Si quelqu’un
veut racheter quelque chose de sa dîme, il y ajoutera un cinquième. Toute
dîme de gros et de menu bétail, de tout ce qui passe sous la houlette, sera
une dîme consacrée à l’Éternel.
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 155
Ne savez-vous pas que ceux qui remplissent les fonctions sacrées sont nour-
ris par le temple, que ceux qui servent à l’autel ont part à l’autel ? De même
aussi, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de
l’Évangile (1 Co 9.13,14).
Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez, vous aussi,
comme je l’ai ordonné aux Églises de la Galatie. Que chacun de vous, le
premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu’il pourra, selon sa
prospérité, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour recueillir les dons
(1 Co 16.1,2 ; voir aussi 2 Co 8.1 – 9.15).
que ceux qui gagnent bien leur vie. Personne ne devrait mépriser la
pièce de monnaie (c’est-à-dire, la petite quantité) que la veuve donne
malgré son maigre revenu (voir Lu 21.1-4). Ce qui compte, c’est le cœur.
Néanmoins, il arrive que les plus indigents donnent des sommes éton-
namment importantes, simplement parce que leur cœur est particuliè-
rement touché par la cause en question. C’est ce dont Paul a témoigné
au sujet des croyants macédoniens quand ils ont entendu parler de la
famine en Judée. Voici ses propos :
Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans
les Églises de la Macédoine. À travers la grande épreuve de leurs afflictions,
leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance
de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement
selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens, nous demandant avec
de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux
saints. Et non seulement ils ont contribué comme nous l’espérions, mais ils
se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur, puis à nous, par la volonté
de Dieu (2 Co 8.1-5).
Quand Dieu touche le cœur de son peuple, c’est ce qui arrive inlas-
sablement et c’est prodigieux !
Quel que soit le montant que cela rapporte, quel service offrez-vous
en échange de l’argent reçu ? Ceux qui n’ont nul intérêt pour la cause de
Christ ont l’impression de faire une faveur à l’Église. Plutôt que d’implo-
rer de telles faveurs, demandez à vos jeunes d’aller laver ces voitures et
d’être payés pour le travail effectué. Il s’agira alors d’un échange équi-
table pour un service rendu.
La nécessité de réformer
S’il y a un domaine de la vie de l’Église dans lequel l’Église africaine est
à la traîne, c’est bien celui-ci : le soutien fidèle et généreux de l’œuvre
du Seigneur par la dîme, les offrandes volontaires et la prestation de
services. C’est en grande partie parce qu’une seule génération sépare
l’Église d’Afrique de l’époque pionnière où des missionnaires interna-
tionaux sont venus implanter des Églises en étant soutenus par les pays
occidentaux. La subsistance financière de l’Église et de ses ministères
ne dépendait alors pas directement des dons financiers de ses membres.
Leur pasteur missionnaire s’en sortait (voire, prospérait) assez bien sans
leur aide. Ainsi, bien qu’ils aient reçu un enseignement sur l’importance
de participer financièrement à la gestion de l’Église, ils ont grandi avec
la mentalité africaine selon laquelle les dons ne sont pas réellement
importants. Inverser cette tendance s’avère très difficile.
Si l’Église en Afrique veut mûrir et prendre sa place dans l’élan
missionnaire qui inaugurera le retour du Seigneur, il lui faut remédier
à cela. Les membres de nos Églises doivent apprendre à être fidèles,
généreux et résolus sur les questions financières dans le contexte de
l’Église. Il est vital que les dirigeants de l’Église enseignent aux jeunes
croyants l’importance de la contribution financière afin que, très tôt dans
leur vie chrétienne, ils prennent l’habitude de donner. Les jeunes et les
plus pauvres de l’Église devraient être amenés à voir que leur « petite
offrande » compte pour le Seigneur autant que celle des chrétiens qui
ont les « poches bien remplies ». En réalité, c’est souvent le petit don de
nombreux membres de l’Église qui soutient le plus l’œuvre du Seigneur,
et non le grand don de quelques donateurs importants.
160 Le dessein de Dieu pour l’Église
[…] de plus, il a été choisi par les Églises pour être notre compagnon de
voyage dans cette œuvre de bienfaisance, que nous accomplissons à la
gloire du Seigneur lui-même et en témoignage de notre bonne volonté.
Nous agissons ainsi, afin que personne ne nous blâme au sujet de cette
abondante collecte dont nous avons la charge ; car nous recherchons ce qui
est bien, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes
(2 Co 8.19-21).
Résumé
Chaque Église a besoin d’argent pour gérer ses affaires internes et
externes ; la principale source de cet argent vient de ses propres membres.
La Bible se centre davantage sur notre attitude de cœur envers l’argent ;
mais elle guide tout de même l’Église sur la façon de recueillir l’argent
dont elle a besoin, en particulier grâce aux dîmes et aux offrandes. Les
Églises peuvent aussi utiliser légalement leurs installations pour géné-
rer des revenus et remplir ainsi la mission que Dieu leur a donnée.
Dans tous les cas, la spiritualité de l’Église et de ses membres doit être
la priorité absolue.
Questions d’étude
1. L’abus financier décrit par l’auteur dans ce chapitre est-il visible
dans votre contexte culturel ? Avez-vous un exemple précis en tête ?
«
À cinq, c’est la mi-temps ; à dix, la partie est gagnée. » Tout jeune
homme ayant grandi dans un village ou une ville d’Afrique com-
prendra cette phrase. Elle nous a souvent valu bien des ennuis avec nos
parents. C’était notre façon de déterminer la mi-temps de nos matchs
de football et à quel moment ils se terminaient. La partie n’avait aucune
limite temporelle. Personne ne regardait sa montre. Seul le nombre de
buts marqués comptait. Quand une équipe marquait cinq buts, c’était la
mi-temps. Quand une équipe en marquait dix, elle avait gagné. Si vous
affrontiez une équipe qui n’était pas aussi douée que la vôtre, le match se
terminait très rapidement. En revanche, si le niveau de l’équipe adverse
était équivalent au vôtre, le match pouvait durer éternellement. Tous se
démenaient. Il arrivait que le soleil soit déjà couché et que nous ayons du
mal à voir le ballon, mais il nous fallait continuer le jeu, car de derrière
les cages, on nous criait : « À cinq, c’est la mi-temps ; à dix, c’est gagné.
On est loin du compte ! » Puis, en désespoir de cause, le propriétaire du
ballon le ramassait brusquement et rentrait chez lui. C’est ainsi que le
167
168 Le dessein de Dieu pour l’Église
jeu prenait fin. C’est alors que la réalité nous rattrapait : nous avions le
sentiment d’avoir quitté l’école depuis un bon moment, pourtant nous
n’avions pas fait nos devoirs, nous avions oublié d’arroser le potager
(tâche ménagère qui incombait souvent aux garçons) et nous étions ter-
riblement en retard pour le souper. Ça allait barder !
C’est ce genre de perte de la notion du temps qui a empêché l’Église
d’Afrique de s’impliquer dans l’œuvre de la mission. Nous participons à
une sorte de jeu dans lequel « à cinq, c’est la mi-temps ; à dix, la partie
est gagnée », qui nous empêche de nous engager dans ce que le chef de
l’Église nous a ordonné d’accomplir. Je me souviens lorsque les anciens
de notre Église ont présenté, pour la première fois, la nécessité pour
notre Église locale de s’impliquer dans l’implantation d’Églises. Ce fut
une bataille difficile et toutes les excuses imaginables ont été évoquées.
Nous n’avions que deux anciens, pas de bâtiment, pas assez d’argent.
Nous n’étions qu’une jeune Église. Sans la détermination de mon col-
lègue ancien et la mienne, tout espoir de s’impliquer dans la mission
aurait pris fin ce jour-là. Nous avons toutefois continué à soutenir que
l’œuvre missionnaire nous incombait et que rien dans la Bible n’indiquait
la nécessité d’avoir plus d’anciens, d’avoir un bâtiment pour l’Église, ou
d’avoir beaucoup d’argent avant de considérer d’y prendre part. Rien dans
la Bible ne dispense une jeune Église d’apporter sa contribution. C’est
ainsi que nous avons convaincu la Kabwata Baptist Church réticente
d’initier ce qui est devenu aujourd’hui une aventure des plus glorieuses
et des plus épanouissantes.
Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de
toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20 ;
voir aussi Mc 16.15,16 ; Lu 24.45-49 ; Jn 20.21).
Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de la mission ? 169
L’œuvre missionnaire consiste à aller vers des gens qui n’ont pas
entendu l’Évangile pour le leur présenter avec l’espoir qu’ils se repentent
de leurs péchés et placent leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ
comme leur Sauveur. Ces convertis doivent être rassemblés dans des
Églises locales, pour apprendre à vivre d’une manière qui plaît à Dieu
et à l’adorer. Par ce processus de multiplication, l’Évangile doit infiltrer
chaque peuple, chaque langue, chaque tribu et chaque nation avant le
retour de Jésus-Christ, qui conclura l’Histoire. L’œuvre missionnaire
comporte beaucoup de détails, mais il s’agit là d’une définition des
plus élémentaires.
Le fait que tous les auteurs de l’Évangile aient mentionné ce Grand
Mandat souligne la notion de priorité de la mission pour le Seigneur
Jésus-Christ avant son ascension au ciel. Une simple lecture du livre
des Actes aura tôt fait d’indiquer que c’était le programme principal de
l’Église à partir du jour de la Pentecôte. Les apôtres ont parcouru l’Asie
Mineure et l’Europe pour prêcher l’Évangile et implanter des Églises.
Bien qu’à l’origine, la persécution qui a éclaté à Jérusalem les ait forcés à
se disperser, la prédication de l’Évangile et l’implantation d’Églises sont
rapidement devenues leur tâche principale. Ils étaient prêts à tout sacrifier
et même à mourir plutôt que d’arrêter cette œuvre. Ils avaient compris
que cette mission leur avait été confiée par le Seigneur Jésus-Christ.
L’ignorer revient à pécher contre lui.
Soulignons tout de même ceci : bien que l’évangélisation fasse partie
de la mission, les deux ne sont pas la même chose. Dans ce chapitre, je
veux mettre en évidence la notion d’une Église qui tend la main à une
autre communauté ou à un autre groupe de personnes en vue d’y établir
la foi chrétienne par la voie de l’implantation d’une Église locale viable.
Cela peut même impliquer l’apprentissage d’une nouvelle langue. Or,
nous qualifions parfois l’évangélisation d’œuvre « missionnaire ». Si nous
nous arrêtons là, nous n’accomplissons pas ce que Jésus nous a enseigné
dans les passages énumérés précédemment. Dans l’esprit de Christ, la
mission consiste à ce que les Églises soient ses « témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre »
(Ac 1.8). Remarquez l’extension de la communauté locale aux contrées les
170 Le dessein de Dieu pour l’Église
2. Elle priait pour les missionnaires. Elle priait que Dieu suscite de
plus en plus de missionnaires. C’est ce que Jésus voulait dire en tenant ces
propos : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le
maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Lu 10.2). Les
Églises du Nouveau Testament priaient également pour ceux qui servaient
déjà dans le cadre des missions. L’apôtre Paul, qui était presque toujours
impliqué dans l’implantation d’Églises, a souvent imploré les chrétiens des
Églises déjà établies de prier pour lui. À une occasion, il a écrit :
dans nos Églises pour prêcher ou partager avec nous ce qu’ils font, ou
simplement pour adorer Dieu avec nous, ce sont invariablement des
étrangers. Ainsi, le concept d’avoir des missionnaires issus de notre
peuple est très étrange. Pourtant, la seule raison pour laquelle cela parait
étrange, c’est parce que nous n’avons pas encore commencé à envoyer
nous-mêmes des missionnaires. Plus tôt nous commencerons à le faire,
mieux ce sera ; nous nous habituerons bientôt à voir des missionnaires
de toutes les couleurs de peau.
3. Nous pensons que la mission n’est réservée qu’à des personnes excep-
tionnelles. Ils ont entendu une voix audible les appelant à quitter tout ce
qu’ils faisaient pour se rendre dans les régions les plus dangereuses et
les plus nécessiteuses du monde afin d’y apporter l’Évangile. Nous sup-
posons par conséquent qu’ils ne sont pas comme nous. Ils doivent avoir
un courage et une force extraordinaires. Plus tôt nous nous rendrons
compte que les missionnaires sont des gens aussi ordinaires que nous le
sommes et souffrent les mêmes angoisses que nous, mieux ce sera pour
l’Église d’Afrique. L’appel à l’œuvre missionnaire s’adresse aux chrétiens
ordinaires et aux Églises ordinaires en proie aux luttes. C’est le sens de
l’obéissance qui surmonte les obstacles.
4. Nous pensons malheureusement que seules les personnes et les
Églises très riches devraient soutenir le travail missionnaire. Nous nous
imaginons que notre Église doit d’abord être en mesure de lever les fonds
pour le soutien d’un missionnaire avant de pouvoir nous impliquer dans
l’œuvre missionnaire. Presque toutes les Églises que je connais traversent
des difficultés financières à cause de la faible économie dans notre pays.
Payer les salaires des pasteurs et répondre aux autres besoins de l’Église
et de ses membres, s’avère être particulièrement difficile pour beaucoup
d’assemblées. Aussi, l’œuvre missionnaire est-elle considérée comme
« sacrifiable », avec l’excuse que nous ne pouvons nous le permettre. Or,
en réalité, nous le pouvons. Vous savez, le secret du grand nombre de
missionnaires de l’Occident venus en Afrique n’était pas le soutien de
riches Églises. Non. Beaucoup de chrétiens démunis et d’Églises pauvres
ont donné le peu qu’ils avaient ; les montants additionnés ont permis à
des missionnaires d’être soutenus sur le terrain. Il s’agissait d’un effort
176 Le dessein de Dieu pour l’Église
Mais maintenant, n’ayant plus rien qui me retienne dans ces contrées, et
ayant depuis plusieurs années le désir d’aller vers vous, j’espère vous voir
en passant, quand je me rendrai en Espagne, et y être accompagné par
vous, après que j’aurai satisfait en partie mon désir de me trouver chez
vous (Ro 15.23,24).
Résumé
La « mission » consiste à accomplir le Grand Mandat. Dès le début, le pro-
gramme principal des Églises a été de prêcher l’Évangile, de faire des dis-
ciples, de former des dirigeants et d’implanter d’autres Églises. Les œuvres
de bienfaisance peuvent soutenir l’œuvre missionnaire, mais la mission
ne se limite pas à cela. Les Églises doivent envoyer des missionnaires,
prier pour eux, les soutenir financièrement et garder le contact avec eux.
Questions d’étude
1. En quoi l’évangélisation se distingue-t-elle de la mission ?
181
182 Le dessein de Dieu pour l’Église
Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire […]
J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du
monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole […]
Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données ; et ils les ont reçues,
et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as
envoyé (Jn 17.4,6,8).
Plus tôt, il leur avait dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce
que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés
amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon
Père » (Jn 15.15). En d’autres termes, ces hommes avaient mûri de manière
significative grâce à ses instructions. Ils étaient fin prêts à assumer la
tâche de leadership, et ils le seraient encore davantage avec la venue du
Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte. C’est ce que nous faisons aujourd’hui
lorsque nous sommes impliqués dans la formation des pasteurs. Nous
leur enseignons tous les fondements de la vérité chrétienne et les aidons
à mûrir spirituellement par la même occasion.
Dans le Nouveau Testament, nous avons aussi l’exemple des apôtres
qui ont pris des hommes plus jeunes sous leur aile, non seulement pour
les aider dans le ministère, mais aussi pour les encadrer et leur trans-
mettre le relais du ministère. C’est dans ce contexte que Paul a écrit
ces célèbres paroles à Timothée : « Et ce que tu as entendu de moi en
présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui
soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2 Ti 2.2). Au moment
opportun, Paul a envoyé Timothée comme pasteur à l’Église d’Éphèse
et a laissé Tite en Crète en qualité de pasteur. Ces hommes avaient été
formés ; ils étaient devenus capables d’assumer ces rôles ecclésiastiques.
C’est un domaine dans lequel nos Églises africaines sont très faibles.
Nous connaissons tous l’importance d’avoir un pasteur bien formé comme
184 Le dessein de Dieu pour l’Église
rêves et se mettre en avant. Ils considèrent à quel point cet individu est
enseignable et comment il a progressé dans sa connaissance de la Bible.
Ils cherchent à savoir si ses relations personnelles sont saines avec les
membres du genre opposé.
L’Église locale est également la mieux placée pour préparer une per-
sonne à la formation en institut biblique. Contrairement à la plupart des
professions, où une personne ne peut exercer que lorsqu’elle possède un
diplôme, la compétence dans le ministère pastoral est quelque chose que
l’on peut développer avant même de recevoir une formation officielle.
Le contexte de l’Église permet à l’intéressé d’exercer ses dons, lesquels
deviennent évidents pour son entourage. C’est dans l’Église locale que
les dirigeants remarquent une telle croissance et commencent à deman-
der à l’individu s’il se sent appelé au ministère de la prédication, ce qui
l’aide à confirmer son propre sentiment d’être appelé. Son pasteur peut
même lui suggérer quelques livres à lire sur le ministère pastoral, de
sorte qu’au moment où il s’apprête à aller à l’institut biblique, il sait à
quoi s’attendre. C’est une partie vitale de l’implication d’une Église dans
la formation des pasteurs : la prospection et la préparation.
Le manque de finances
La principale excuse en Afrique pour justifier le défaut d’implication de
tant d’Églises dans la formation des pasteurs, c’est le manque d’argent
(imaginaire ou réel). Mais avez-vous remarqué que nous trouvons tou-
jours de l’argent pour des choses qui nous semblent très importantes ?
Les Églises arrivent à trouver de l’argent pour le camp des jeunes ou
pour organiser une sortie destinée aux couples mariés ou pour rénover
leur Église, mais elles prétendent ne pas avoir d’argent à investir dans
la formation des pasteurs. En réalité, dans l’esprit de ceux qui sont res-
ponsables des finances de l’Église, les jeunes et les couples mariés, ainsi
que la rénovation de l’église, sont plus importants que la préparation
des serviteurs de Dieu (qu’ils ne connaissent peut-être même pas) à leur
futur ministère. Cet état d’esprit doit changer.
Comme nous l’avons déjà noté, l’Église d’Afrique connaît une crois-
sance fulgurante et régulière. Les statisticiens disent qu’au début du
xxe siècle, il y avait moins de 9 millions de chrétiens sur le continent
africain. Au début du xxie siècle, soit cent ans plus tard, il y en avait
environ 380 millions. Certes, la plupart d’entre eux sont des chrétiens de
nom, mais la croissance reste tout de même phénoménale. On estime que
d’ici le milieu du siècle présent, le nombre de chrétiens professants en
Afrique se situera entre 600 et 700 millions. Il faudra bien que tous ces
chrétiens puissent intégrer des Églises, sous la direction de responsables
190 Le dessein de Dieu pour l’Église
Résumé
Il est fondamental, pour l’avenir de l’Église, qu’une fondation biblique
solide soit établie pour les générations à venir. Cela s’accomplit grâce à la
prédication hebdomadaire régulière, mais aussi par la reconnaissance des
pasteurs potentiels et de leur formation en instituts bibliques, ainsi que
dans les structures locales. Les Églises ont donc le devoir de s’impliquer
dans les instituts bibliques pour encadrer l’instruction de la prochaine
génération de pasteurs.
Questions d’étude
1. Quel exemple d’instruction voyons-nous dans l’Ancien Testament,
ainsi que dans les ministères de Jésus, de Paul et de Timothée, dans
le Nouveau Testament ?
2. Votre pasteur a-t-il des occasions de recevoir, lui aussi, des ensei-
gnements et de se perfectionner dans son appel ? Que pouvez-vous
faire en tant qu’Église pour l’aider à s’instruire ?
3. On observe que lorsque les jeunes gens vont à l’étranger pour suivre
une formation de pasteur, la plupart d’entre eux finissent par y rester,
et choisissent de servir sur place, au lieu de rentrer en Afrique comme
pasteurs. Pourquoi en est-il ainsi, selon vous ? Que pouvons-nous
192 Le dessein de Dieu pour l’Église
QU’EN EST-IL DE LA
DISCIPLINE D’ÉGLISE ?
193
194 Le dessein de Dieu pour l’Église
Ce qui est vrai dans la société en général l’est aussi dans la vie de
l’Église, surtout quand il s’agit de discipline. Tous les membres de l’Église
doivent veiller les uns sur les autres tout au long du processus de sanc-
tification qui a lieu dans nos vies sur le plan individuel. Admettons-le :
le sujet de la discipline est impopulaire. Il est aussi difficile de l’aborder
que d’aller à l’hôpital pour subir une intervention chirurgicale. Vous
savez que ça va faire mal. Pourtant, c’est un passage nécessaire de la
vie dans ce monde déchu. Le péché n’est jamais tolérable. Quand les
membres d’une Église voient d’autres chrétiens de l’assemblée faire ce
qui est manifestement mal et détournent la tête, comme si cela ne les
concernait pas, ils plongent cette Église dans une spirale descendante
en ce qui a trait à la vraie piété et à la spiritualité. La discipline d’Église
doit être l’affaire de tous dans l’Église.
La discipline préventive
Si nous avons tendance à avoir une vision négative de la discipline
d’Église, c’est en partie parce que nous commençons toujours par son
aspect négatif. Nous considérons la discipline réparatrice comme la seule
forme de discipline. Or, il existe aussi une discipline préventive. En fait,
plus nous nous engageons dans la discipline préventive, moins nous
aurons besoin de la discipline réparatrice. C’est valable également dans
la vie quotidienne. Si vous êtes discipliné dans votre pratique sportive
et dans le maintien d’une bonne alimentation, vous constaterez que vos
visites chez le médecin seront moins fréquentes. En revanche, si vous
négligez cette forme positive de discipline, votre corps résistera difficile-
ment à toutes sortes de maladies et vos factures médicales s’accumuleront.
La discipline préventive fait référence au type de discipline qui pro-
duit directement des qualités spirituelles positives dans la vie du peuple
de Dieu. Elle fait référence au ministère d’enseignement et de formation
de l’Église qui nourrit l’esprit des croyants. L’instruction régulière de
la Parole de Dieu fait partie de cet enseignement et de cette formation ;
elle est achevée lorsque les croyants prennent part à la vie de l’Église.
Comme les membres sont solidaires, ils s’entraident : le fer aiguise le fer
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 195
La discipline réparatrice
Cela nous amène à la forme de discipline que nous redoutons sou-
vent d’aborder. La discipline réparatrice, comme son nom l’indique, est
cette forme de discipline qui cherche à restaurer les chrétiens et à les
conduire dans une santé spirituelle authentique. On l’appelle aussi la
discipline correctrice. Elle s’applique en présence d’un péché tenace. Cela
requiert des explications supplémentaires. En effet, la croyance erronée
dans l’esprit de nombreux responsables et membres d’Église veut que,
chaque fois qu’un chrétien a commis un péché notoire, en particulier
un péché sexuel ou scandaleux, il ou elle doive être discipliné. Ce point
de vue est erroné.
196 Le dessein de Dieu pour l’Église
Nous sommes tous pécheurs et nous péchons tous les jours. Nous
commettons des péchés volontaires et des péchés d’omission. Nous
péchons en pensées, en paroles et en actes. Si nous devions discipliner
des chrétiens sous prétexte qu’ils ont péché, alors toute l’Église, y com-
pris les anciens, devrait constamment être soumise à une discipline
réparatrice ! Si nous affirmons qu’elle n’est réservée que pour certains
péchés et pas pour d’autres, encore faut-il répondre à la question : « Où
tracer la limite ? » Quels passages de la Bible utilisons-nous pour justifier,
par exemple, le fait de discipliner un homme qui a commis l’adultère
et non l’homme qui, de colère, a battu sa femme ? Pourquoi devrions-
nous discipliner un jeune qui a volé l’argent de l’Église et pas celui qui
a proféré des mensonges ?
Les choses se compliquent lorsque nous commençons à utiliser la
discipline d’Église de la même manière que les juges des tribunaux
infligent des punitions. Au tribunal, le juge veut simplement savoir si
l’accusé est coupable d’une infraction, conformément à la loi du pays.
S’il est coupable, le juge le punit selon ce que prescrit le Code pénal. Le
fait qu’il s’agisse d’une première infraction ou d’une récidive influencera
le jugement en soustrayant ou ajoutant une certaine sévérité à la peine.
Les dirigeants de l’Église n’agissent pas particulièrement en qualité de
juges, mais plutôt comme des médecins. Pour eux, le problème n’est pas
qu’une personne ait péché, mais plutôt que la personne s’entête à pécher
de manière incorrigible. Le but des dirigeants de l’Église est toujours
de guérir leurs membres plutôt que de se contenter de les punir pour
ce qu’ils ont commis.
C’est une différence très importante. Si les responsables de l’Église
ne font pas cette différence, les membres craindront de venir les voir
en quête de conseils lorsqu’ils seront aux prises avec le péché, à cause
de leurs propres faiblesses et échecs. Ils percevront les responsables de
l’Église comme des policiers empressés de les traîner dans la salle d’au-
dience ; ils ne les verront pas comme des médecins qui veulent simple-
ment les conduire dans la salle d’opération, dans le cas où l’opération
s’avèrerait nécessaire pour extirper le cancer mettant leur vie en danger.
Il est crucial que les membres de l’Église comprennent que nous sommes
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 197
évidente, mais ce n’est qu’une question de temps. Bien que les individus
impliqués puissent être véritablement repentants, il est important que
l’Église soit au courant de ce péché et que les individus soient répri-
mandés publiquement. De cette façon, l’Église sait que les dirigeants
n’approuvent pas ce style de vie. Cela signifie également que, lorsque la
grossesse devient visible et que des personnes extérieures commencent
à interroger les membres de l’Église à ce sujet, ces derniers peuvent
répondre : « Oui, nous le savons. Ils ont confessé leur péché à l’Église et
nos responsables les ont réprimandés à ce sujet. » Cela préserve l’hon-
neur de l’Église de Christ.
2. L’excommunication. C’est l’exclusion d’un membre de la commu-
nauté des croyants de l’Église. C’est le retrait de tous les privilèges dont
la personne jouissait en tant que membre de l’Église. Cela comprend évi-
demment l’exclusion de la sainte cène, même si la personne est toujours
la bienvenue pour assister aux réunions des cultes d’adoration, dans la
mesure où elle ne les perturbe pas. Nous voyons l’apôtre Paul exhorter
l’Église de Corinthe à utiliser cette forme de discipline lorsqu’il écrit :
Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec
quelqu’un qui, se nommant frère, est débauché, ou cupide, ou idolâtre, ou
outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel
homme. Qu’ai-je, en effet, à juger ceux du dehors ? N’est-ce pas ceux du
dedans que vous avez à juger ? Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Ôtez le
méchant du milieu de vous (1 Co 5.11-13).
nous les disciplinons parce qu’ils continuent de pécher. Nous voulons les
aider à combattre le péché dans leur vie, ce que chaque chrétien devrait
faire, au lieu de l’embrasser, et de le nourrir dans leur cœur et leur vie.
Nous voyons aussi dans 1 Corinthiens 5.11-13 que ceux dont le mode
de vie peut être décrit comme étant répréhensible doivent être disciplinés
par l’excommunication. Paul ne dit pas que tous ceux qui ont commis un
péché sexuel ou qui ont volé de l’argent ou qui se sont enivrés doivent
être excommuniés. Si c’était le cas, cela signifierait que dès lors qu’une
personne est coupable de l’une de ces infractions, elle devrait être excom-
muniée. Il utilise plutôt des mots suggérant un mode de vie. Il emploie les
termes suivants : « [...] débauché, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou
ivrogne, ou ravisseur ». Comme vous pouvez le constater, le péché devient
caractéristique d’un style de vie. Ce sont ces personnes qui devraient
être excommuniées. Le but de l’excommunication est que de telles per-
sonnes parviennent à voir que Jésus-Christ, le chef de l’Église, veut qu’elles
recherchent la sainteté, parce que lui-même est saint (1 Pi 1.14-16).
Combien de temps devrait durer l’excommunication d’une personne ?
Aussi longtemps que la personne persiste obstinément dans le péché. Par
conséquent, il est erroné de fixer une période définie. Vous ne pouvez
pas dire que vous excommuniez quelqu’un pour un an ou deux. Et si la
personne se repent avant la fin de cette période ? Et si elle persiste dans
un péché tenace bien au-delà de cette période ? Dans le cas d’excom-
munication mentionné dans 1 Corinthiens 5.1-5, dès lors que l’individu
discipliné s’est vraiment repenti de ses méfaits, l’apôtre Paul a aussitôt
demandé à l’Église de Corinthe de le rétablir comme membre. Il a écrit :
Si quelqu’un a été une cause de tristesse, ce n’est pas moi qu’il a attristé,
c’est vous tous, du moins en partie, pour ne rien exagérer. Il suffit pour
cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en
sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il
ne soit accablé par une tristesse excessive. Je vous exhorte donc à faire acte
de charité envers lui […] Or, à qui vous pardonnez, je pardonne aussi ; et ce
que j’ai pardonné, si j’ai pardonné quelque chose, c’est à cause de vous, en
présence de Christ, afin de ne pas laisser à Satan l’avantage sur nous, car
nous n’ignorons pas ses desseins (2 Co 2.5-8,10,11).
200 Le dessein de Dieu pour l’Église
Le processus disciplinaire
Ce livre ne vise pas à examiner les détails des procédures exactes que les
Églises devraient suivre pour s’assurer que la discipline réparatrice ait
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 201
Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu
as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux
personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou
de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse
aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publi-
cain (Mt 18.15-17).
même aversion que les Juifs avaient pour les païens et les publicains
(ou collecteurs d’impôts).
Bien que nous ne soyons jamais entièrement d’accord sur le méca-
nisme et le processus à suivre, en raison de nos différentes formes
d’administration de l’Église, comprenons, cependant, que notre res-
ponsabilité est de faire en sorte que ceux qui persistent dans le péché
soient disciplinés (par la réprimande ou l’excommunication). Le but
ultime est leur restauration à la plénitude spirituelle. Dans le livre de
l’Apocalypse, le Seigneur Jésus-Christ a averti les Églises qu’il les puni-
rait lui-même si elles ne disciplinaient pas ceux qui vivent au milieu
d’elles dans un péché flagrant. Souvent, cette punition directe par le
Seigneur Jésus implique des jugements temporels et même la mort.
Ainsi, nous lisons :
Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit
prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu’ils se livrent à la
débauche et qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. Je lui ai donné
du temps afin qu’elle se repente, et elle ne veut pas se repentir de sa débauche.
Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux
qui commettent adultère avec elle, à moins qu’ils ne se repentent de leurs
œuvres. Je frapperai de mort ses enfants ; et toutes les Églises connaîtront
que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de
vous selon ses œuvres (Ap 2.20-23).
chez cette personne continue de croître tel un cancer qui finit par la
détruire. Et ça, ce n’est pas de l’amour.
Notre plus grand obstacle à la discipline d’Église dans le contexte
africain est notre sens de l’ubuntu. Nous avons des liens sociaux, tribaux,
familiaux et culturels très forts, qui empiètent sur l’Église. Lorsque les
responsables de l’Église présentent un cas de péché tenace, nous perdons
de vue tout ce qui a été mentionné ci-dessus, et notre forte émotion de
solidarité avec cette personne l’emporte. En fin de compte, nous sapons
la discipline d’Église, parce que nous continuons secrètement à être en
communion avec elle… jusqu’à ce que le jugement de Dieu tombe sur
elle ou sur le reste de l’Église. Nous devons être bibliques et veiller à
ce que la discipline, préventive et réparatrice, soit exercée au sein de
l’Église afin que nos assemblées soient sanctifiées, pour la gloire de Dieu.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 13
Résumé
La discipline d’Église est à la fois préventive et réparatrice. La discipline
préventive consiste à enseigner et à former des disciples dans l’Église pour
encourager la maturité des chrétiens. Dans une discipline réparatrice ou
corrective, l’Église cherche à restaurer les chrétiens qui s’éloignent de la
foi. Lorsque les membres coopèrent avec les anciens dans un processus
d’excommunication fondé sur la Bible, ils font preuve d’amour à l’égard
de l’individu, de l’Église et de Christ.
Questions d’étude
1. Dans vos propres termes, quelle est la différence entre le recours à
la discipline d’Église dans le but de punir et son utilisation visant
à la restauration ?
207
208 Le dessein de Dieu pour l’Église
Chanda, toujours l’air abattu, répond : « J’en avais cinq, monsieur. Trois
sont morts. C’est très triste. Il ne m’en reste plus que deux. »
L’histoire peut sembler drôle, mais la scène est très représentative
de la réalité. Dans beaucoup de tribus africaines, les frères de votre père
sont aussi vos pères, tandis que les sœurs de votre père sont vos tantes.
De même, les sœurs de votre mère sont aussi vos mères, tandis que les
frères de votre mère sont vos oncles. Il s’ensuit également que les enfants
des frères de votre père et les enfants des sœurs de votre mère sont vos
frères et sœurs. Ce ne sont pas vos cousins. Ce sont les enfants des sœurs
de votre père et les enfants des frères de votre mère qui sont vos cousins.
Cette culture est si profondément ancrée dans l’esprit qu’elle l’est tout
autant dans les émotions. Chanda était vraiment bouleversé par la mort
de celui qui, dans l’esprit occidental, n’était qu’un oncle. C’est comme si
son père biologique était mort. En définitive, ce que vous croyez affecte
inévitablement votre façon de vivre.
Il en va de même dans l’Église et la vie chrétienne. Ce que vous
croyez détermine votre mode de vie. Aussi la doctrine est-elle fonda-
mentale. Puisque j’utilise souvent le mot « doctrine » dans ce chapitre,
permettez-moi d’en donner la définition. La doctrine fait référence à un
ensemble de croyances qui rassemble un groupe de personnes. Dans le
cas présent, nous parlons d’un ensemble de croyances qui caractérise une
Église. Les croyances sont suffisamment claires pour être enseignées (aux
membres ou par eux). Le terme « doctrine » peut également désigner l’une
de ces croyances, par exemple, la doctrine de la justification par la foi.
Rappelons-le, elle est suffisamment claire pour être enseignée aux gens.
Historiquement, les Églises sont fondées sur des enseignements particuliers,
qui sont censés être tirés de la Bible. Ces enseignements sont appelés « doc-
trines ». Ceux qui forment ces Églises sont censés croire ces enseignements.
La doctrine est importante, car si un chrétien croit une hérésie, sa
vie la reflètera. Les conséquences seront pires encore pour une Église,
parce qu’elle rassemble beaucoup de gens. Quand une Église se base sur
un enseignement erroné, sa pratique l’est également. Par sa mauvaise pra-
tique, elle déshonore le Seigneur. Cette déduction logique coule de source.
Pourtant, de nos jours, il y a une très forte résistance à l’instruction
Ce que croit votre Église, ça compte ? 209
doctrinale. Beaucoup de gens ont l’impression que, dès lors que vous
enseignez la doctrine aux chrétiens, vous encouragez les divisions et le
manque d’amour. Ils rejettent donc tout en bloc. Ce qui est préjudiciable,
néanmoins, ce n’est pas tant la doctrine chrétienne que la mauvaise
doctrine, et donc la mauvaise pratique.
Permettez-moi d’illustrer l’importance d’une doctrine juste. Un jour,
alors que Jésus était avec ses disciples, il leur a dit : « Ils vous excluront
des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir
croira rendre un culte à Dieu » (Jn 16.2). Les pires ennemis de l’Église
chrétienne ont souvent été des religieux. Durant les premiers jours de
l’Église, c’étaient les chefs du peuple juif qui ne voyaient pas qu’avec la
venue de Christ, l’ancienne alliance cédait la place à une nouvelle alliance.
Par conséquent, l’Église n’était pas l’ennemie de Dieu, mais plutôt l’ac-
complissement de ses promesses à la nation d’Israël. Si les dirigeants
juifs l’avaient compris, ils auraient accueilli favorablement la naissance
de l’Église chrétienne. Pourtant, ils ne l’ont pas fait. Ils ont cru à tort
que l’Église était l’ennemie de Dieu ; par conséquent, ils ont persécuté
les chrétiens. Ceux qui professaient la foi en Christ étaient chassés des
synagogues. Certains ont même été tués, ce qui fut le cas d’Étienne, dans
Actes 7. L’apôtre Paul, autrefois persécuteur de l’Église avant d’en deve-
nir plus tard l’un de ses principaux défenseurs, a écrit aux Corinthiens :
« Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu,
avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun
des chefs de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient
pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Co 2.7,8). Pour quelle raison les
dirigeants religieux du peuple juif ont-ils fait crucifier Jésus-Christ ? Ils
avaient une croyance erronée. Ce que vous croyez détermine vos actes.
Aussi est-il important de savoir ce que l’on croit en tant que chrétien et
en tant qu’Église. Nos actes reflètent ce que l’on croit.
jamais. Les épreuves et les tentations finissent très vite par pousser ces
personnes à se détourner de leur obéissance à Christ. Seuls ceux qui
sont profondément ancrés dans les vérités de l’Évangile ont tendance à
surmonter ces assauts contre l’âme et à aller vers de plus hauts sommets
de piété. Il faut que la pensée soit remplie de la vérité pour que le cœur
embrasse vraiment Christ, et ce, malgré les épreuves et les tentations de
la vie. Aussi est-il vital de savoir ce que votre Église croit. Si elle croit et
enseigne la vérité à propos de Christ, la vie de ses membres manifestera
rapidement une maturité qui glorifie Dieu.
Paul a également dit aux Thessaloniciens : « Pour nous, frères
bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuelle-
ment grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement
pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité »
(2 Th 2.13). La croyance en la vérité est une composante essentielle de
notre salut et de notre sanctification. L’Église devrait jalousement garder
la vérité et veiller à ce qu’elle soit enseignée régulièrement afin qu’un
nombre croissant de personnes soient sauvées et sanctifiées. La grâce de
l’élection de Dieu devient manifeste chez les individus qui sont arrachés
du monde par l’enseignement de la vérité de Dieu qui saisit leur cœur.
C’est le principal moyen de les appeler hors du monde et de les sanctifier.
Quand une Église perd la vérité et colporte des erreurs, en particulier
des hérésies accablantes, elle ne produit plus le fruit du salut et de la
sanctification. C’est une tragédie.
Paul a également énoncé cette vérité aux Éphésiens. Faisant référence
au Seigneur Jésus-Christ, il a déclaré :
Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les
autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs,
pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère
et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous
parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à
l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ ; ainsi,
nous ne serons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de
doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens
de séduction (Ép 4.11-14).
Ce que croit votre Église, ça compte ? 213
Résumé
La doctrine d’une Église (l’ensemble des croyances auquel elle est attachée)
détermine ce qu’elle pratique ainsi que le mode de vie de ses membres.
La Bible comporte un ensemble de croyances digne de confiance qui a
été enseigné et transmis ; les Églises et leurs anciens doivent le connaître
et l’enseigner. Ces vérités, et non l’émotivité, sont l’instrument que Dieu
utilise pour appeler son peuple et le rendre saint. Les Églises devraient
donc recevoir une prédication doctrinale instructive et être édifiées sur
la vérité, et non sur leurs pasteurs ou leurs tribus.
Questions d’étude
1. L’auteur fait référence à l’accusation suivante : « Dès lors que vous
enseignez la doctrine aux chrétiens, vous encouragez les divisions
et le manque d’amour » (p. 209). Est-il possible pour les chrétiens de
ne pas avoir de doctrine ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
C hola est indigné. Il veut écrire un article sur son blogue à propos
de ce qui le plonge dans cet état : en Afrique, vous n’avez pas besoin
de réaliser quoi que ce soit pour gagner le respect des gens ; il vous suf-
fit de vivre assez longtemps pour compter parmi les anciens de votre
famille ou de votre communauté. Pourquoi est-ce un sujet brûlant pour
Chola, et pourquoi tient-il tant à écrire à ce propos ? Un de ses oncles
est un bon à rien. Il est sans emploi et sans abri et n’est plus marié, car
sa femme a divorcé. Il a une dépendance à l’alcool et aux jeux d’argent.
Tout le monde le sait dans la famille. Or, en raison de son grand âge, qui
fait de lui le doyen de la famille, on lui donne souvent une place d’hon-
neur et on lui demande même de prononcer quelques mots à l’occasion
de célébrations familiales. Selon Chola, la famille compte un certain
nombre d’oncles et de tantes admirables, qui font preuve de maturité et
de sagesse. Pourtant, en présence de cet oncle bon à rien, ils sont laissés
de côté, au profit de cet homme qui occupe alors le devant de la scène.
Chola est furieux à ce sujet et c’est compréhensible. Pour reprendre ses
221
222 Le dessein de Dieu pour l’Église
propos : en Afrique, vous n’avez pas besoin de réaliser quoi que ce soit
pour gagner le respect des gens ; il vous suffit de vivre assez longtemps !
Je retrouve souvent la même attitude dans les cercles ecclésiastiques.
Les pasteurs d’Églises gagnent le respect de la société en raison de leur
longévité, tout simplement. Leurs Églises peuvent bien avoir mauvaise
réputation à cause d’abus sexuels et de scandales financiers, il n’empêche
que lors d’événements publics, tout le monde s’incline devant eux comme
des roseaux qui plient sous le vent, leur laissant occuper le devant de la
scène. L’indignation de Chola dans le cercle familial devrait être la nôtre
dans les cercles de l’Église. Il ne suffit pas d’être impliqué dans la direc-
tion de l’Église ; encore faut-il l’aider à grandir en maturité spirituelle
pour glorifier Dieu. Si Jésus a équipé son Église de dons d’enseignement,
c’est bien pour que le peuple de Dieu puisse…
pieuse cherche l’approbation de Dieu seul. Or, c’est ce que Jésus exige
de ceux qui sont vraiment enfants de Dieu. Quiconque lit ceci doit par-
faitement savoir qu’une telle existence est impossible. Cela requiert une
croissance spirituelle authentique. C’est précisément l’exhortation de
Jésus. Avec l’aide du Saint-Esprit, ce genre de vie devient possible dans
une très large mesure. Ce devrait être la quête ultime et sincère de tout
le peuple de Dieu. Les responsables d’Églises devraient aider chaque
chrétien à grandir de plus en plus dans sa vie spirituelle.
L’Église de Corinthe a particulièrement donné du fil à retordre à
l’apôtre Paul. Elle était caractérisée par l’immaturité. Il y régnait des
divisions au sujet des personnalités de leurs anciens, dirigeants et pré-
dicateurs, de l’immoralité sexuelle, des poursuites intentées à l’encontre
d’autres croyants, de l’indifférence vis-à-vis des sensibilités et des scru-
pules de chacun, des profanations de la sainte cène, de la compétition
vaniteuse pour les dons spirituels et l’acceptation de fausses doctrines,
surtout au sujet de la résurrection. Paul était très affligé par tout cela.
Au début de sa première lettre aux Corinthiens, il a mis le doigt sur
le véritable problème : la plupart des croyants de l’Église n’avaient pas
grandi en maturité. Il a écrit : « Pour moi, frères, ce n’est pas comme
à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des
hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du
lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ;
et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore
charnels » (1 Co 3.1,2). Lorsque Paul avait fondé l’Église, il avait ensei-
gné aux croyants les bases de la vie chrétienne. Il s’attendait à ce qu’ils
soient désormais prêts pour les vérités plus profondes de la foi. Mais
en entendant les nouvelles au sujet de la confusion qui régnait dans
cette Église, il en a conclu qu’ils étaient encore des enfants immatures
en Christ. Ils avaient encore besoin qu’on les aide à mûrir et à aban-
donner leur pensée mondaine.
Vers la fin de cette première lettre aux Corinthiens, Paul évoque à
nouveau leur manque de maturité. Il écrit : « Frères, ne soyez pas des
enfants sous le rapport du jugement ; mais pour la méchanceté, soyez des
enfants, et, à l’égard du jugement, soyez des hommes faits » (1 Co 14.20).
226 Le dessein de Dieu pour l’Église
Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu
soit accompli et propre à toute bonne œuvre. Je t’en conjure devant Dieu
228 Le dessein de Dieu pour l’Église
et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de
son avènement et de son royaume, prêche la Parole, insiste en toute occa-
sion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et
en instruisant (2 Ti 3.16 – 4.2).
passages sont des vérités très désagréables, que les croyants apprendront
et appliqueront tout de même, parce que le pasteur leur aura expliqué
ces textes des Écritures et les aura inclus dans son programme de pré-
dication. Prêcher toute la Bible d’une manière textuelle fournira à votre
Église un régime spirituel équilibré.
Ce genre de ministère produit un fruit en particulier : les croyants
acquièrent des connaissances bibliques. Ils sont exposés à l’ensemble des
Écritures saintes et apprennent, par l’exemple du pasteur, à l’approfondir
pour trouver la nourriture spirituelle consistante que réclame leur âme.
Alors qu’ils s’engagent collectivement dans l’étude biblique inductive,
ils en apprécient les vérités spirituelles et partagent leurs découvertes
avec leurs amis.
La forme de prédication de loin la plus populaire de nos jours est
ce que nous appelons la prédication « thématique ». Un pasteur propose
un thème de prédication, puis recourt à la Bible pour introduire le
sujet. Il enseigne sur ce thème, tout en consultant la Bible de temps à
autre pour y trouver des textes venant étayer ses arguments. À la fin,
les gens repartent avec la pensée du pasteur plutôt qu’avec la pensée
de Christ révélée dans le texte biblique. Si cette forme d’enseignement
n’est pas à exclure dans le ministère d’un pasteur, elle ne doit jamais
être la principale méthode d’enseignement dans l’Église. La lacune
majeure de ce type de prédication est que le pasteur se restreint aux
sujets qu’il affectionne et peut traiter sans difficulté. L’exhaustivité des
vérités des Écritures, destinées à façonner la vie des croyants d’une
manière plus holistique, fait alors terriblement défaut. Si nous sou-
haitons voir des chrétiens bien équilibrés et spirituellement matures
dans nos Églises, nous devons délibérément et activement enseigner
et prêcher de manière textuelle.
L’enseignement doit être doctrinalement riche. Dans le chapitre pré-
cédent, j’ai abordé le sujet de la doctrine. Nous avons vu que la décla-
ration de foi de votre Église est importante, au même titre que celle
des chrétiens de votre assemblée. Faites-en une devise : sans solidité
doctrinale, les chrétiens ne peuvent pas devenir de solides croyants. Ils
doivent recevoir l’enseignement de la doctrine chrétienne par l’exposition
230 Le dessein de Dieu pour l’Église
Tous ces sujets étaient pertinents dans le contexte de la vie à Rome ; Paul
se souciait du fait que les croyants de cette ville vivaient en conformité
avec ce que dit la Bible, et non avec leurs pratiques culturelles.
Beaucoup de thèmes dans notre propre contexte africain nécessitent
l’éclairage du flambeau de la Bible. À mesure que la Parole de Dieu est
enseignée et que les doctrines bibliques sont exposées, nous devons passer
à la pratique. Je pense à des domaines tels que le culte des ancêtres, le
tribalisme, la corruption, les rites funéraires et funèbres, les rites d’ini-
tiation, le mariage et les relations familiales, la sexualité humaine, le chef
serviteur, les relations avec les réfugiés et les étrangers, la culture et les
traditions, la superstition et la sorcellerie, le monde des esprits (esprits
des ancêtres, Satan, les démons et les anges), les tabous, la polygamie,
les sacrifices traditionnels, la dot de la mariée et les mariages, les veuves
et les orphelins, le syncrétisme religieux, la maladie et la guérison, etc.
Comme vous pouvez le voir, la liste est infinie. Si les chrétiens veulent
grandir en maturité, ils doivent apprendre à réfléchir à ces questions du
point de vue de Dieu. Ils sauront alors comment vivre en société d’une
manière qui glorifie vraiment le Dieu de la Bible. Ces enseignements
doivent être basés sur la Bible et découler de doctrines du christianisme
tirées des Écritures.
Voici un autre appel pour clore ce chapitre : si nos Églises veulent
grandir spirituellement, nous devons aider les membres à développer une
culture de la lecture. Vous avez sans doute entendu le dicton : « Si vous
voulez cacher quelque chose à un Africain, mettez-le dans un livre. » C’est
une triste vérité. Notre peuple ne saisit pas les bienfaits de la lecture.
On ne devrait pas lire juste pour réussir à des examens. L’esprit a besoin
d’être nourri autant que le corps. Un pasteur qui inspire ses membres
à lire de bons livres chrétiens en récoltera rapidement les fruits, car
cela deviendra une aide puissante pour son ministère d’enseignement.
Beaucoup de disciples de Christ ont mis par écrit leur connaissance de
Dieu et de ses voies. Certains sont morts depuis ; d’autres vivent dans des
contrées lointaines, par-delà les mers et les continents. Pourtant, grâce à
leurs livres, les chrétiens de nos Églises peuvent tout de même accéder
à ces enseignements et en bénéficier abondamment. Par conséquent, si
232 Le dessein de Dieu pour l’Église
Résumé
Une Église devrait évaluer sa croissance et sa maturité non pas en fonc-
tion de la durée de son existence, ni de ses possessions, ni du nombre
de membres qui la fréquentent, mais d’après la maturité spirituelle de
ses fidèles. C’était le fardeau des auteurs des épîtres aux Églises. Les
responsables de l’Église devraient la guider et la rallier à la croissance
spirituelle en servant de modèle, en appliquant patiemment les pratiques
bibliques de l’Église que nous venons d’examiner, et en prêchant des
sermons qui soient fidèles au texte biblique, doctrinalement solides et
pertinents dans leur application.
Questions d’étude
1. Comment se manifeste l’observation suivante « l’Église en Afrique
fait un 1 km de largeur, mais seulement 2,5 cm de profondeur » dans
votre contexte culturel ?
4. Quels sont les problèmes culturels urgents dans votre pays (repre-
nez la liste de la p. 231) qui ont besoin d’être abordés à la lumière
du flambeau de la Bible ?
235
236 Le dessein de Dieu pour l’Église
Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom
de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du
Saint-Esprit […] Et, par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhor-
tait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse. Ceux qui acceptèrent
sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta
d’environ trois mille âmes (Ac 2.38,40,41).
comme membre d’Église (au chapitre 5). Nous avons vu, au chapitre 4,
que l’Évangile est crucial pour l’Église, car c’est grâce à ce message qu’elle
gagne ses nouveaux membres. Dans ce chapitre, nous avons aussi défini
ce qu’est l’Évangile, à quoi les gens ont besoin de répondre pour être
sauvés et devenir membres d’une Église. Nous avons également noté
que le Saint-Esprit utilise ce message pour transmettre la vie spirituelle
à ceux qui seraient spirituellement morts autrement, demeurant ainsi
sous la colère du Dieu Tout-Puissant. Au chapitre 5, nous avons vu que
les non-chrétiens ne peuvent pas devenir membres d’une Église, car
ils sont spirituellement morts, esclaves du monde, du diable et de leur
propre nature pécheresse. Cela change uniquement à partir du moment
où ils reçoivent l’Évangile : ils deviennent alors de nouvelles créatures
en Christ. Seules les personnes ayant été régénérées spirituellement et
moralement devraient être accueillies en tant que membres de l’Église.
Par conséquent, nous ne saurions trop insister sur l’importance de prê-
cher assidument et avec précision à partir de l’Évangile afin d’assurer la
croissance numérique de l’Église.
La tendance moderne consistant à recourir à des « miracles » pour
accroitre le nombre de fidèles est pour le moins alarmante. Que ces
miracles se produisent ou non n’est pas la question. Ce qui est sûr,
c’est que les personnes qui fréquentent des Églises pour y chercher
ou y trouver autre chose que le salut en Christ seront toujours per-
dues dans le péché, et condamnée à l’enfer. Seule l’œuvre régénératrice
du Saint-Esprit, résultant de la repentance devant Dieu et de la foi au
Seigneur Jésus-Christ, peut faire d’une personne un véritable chrétien.
Il ne fait aucun doute que les allégations de miracles attirent une grande
foule dans l’Église. L’attitude du Seigneur Jésus-Christ envers ceux qui
le suivaient à cause de ses miracles était la prudence, et non l’enthou-
siasme. Il leur a dit : « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais
pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme
vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu lui-même a marqué de
son sceau » (Jn 6.27). Il voulait qu’ils cherchent auprès de lui le salut, et
non la nourriture physique. Cela devrait être notre attitude également
lorsque nous recherchons la croissance numérique de notre Église. Il
240 Le dessein de Dieu pour l’Église
Il faut toutefois noter que, du fait que le Saint-Esprit donne une nou-
velle naissance à qui il veut, il peut, temporairement, refuser cette béné-
diction ; les conversions sont alors très rares. Dans ces cas-là, l’Église stagne
numériquement. En fait, il peut même y avoir une diminution temporaire
du nombre des fidèles. L’œuvre d’évangélisation ne doit pas être délaissée
pour autant. Nous ne devons pas davantage recourir à des moyens de pres-
sion ou à des astuces pour inciter les gens à venir. Demeurons fidèles dans
la diffusion de l’Évangile. Le travail d’ensemencement doit se poursuivre.
C’est cette même semence que le Saint-Esprit fera germer dans les âmes
de son peuple quand il sera enclin à donner vie aux morts.
Dès lors que vous mettez l’accent sur la piété, vous constatez, dans
la plupart des cas, que votre Église ne connaît pas la croissance la plus
fulgurante. Jésus a dit : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte,
spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui
entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent
à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Mt 7.13,14). Les gens veulent
appartenir à une Église où ils seront autorisés à vivre comme ils l’en-
tendent, plutôt que d’être mis au défi de vivre selon la Parole de Dieu.
Paul a averti Timothée que ce phénomène serait caractéristique des der-
niers temps. Il a dit : « Car il viendra un temps où les hommes ne sup-
porteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre
des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs
propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers
les fables » (2 Ti 4.3,4). Ainsi, le fait qu’une Église soit remplie ne signifie
pas nécessairement qu’elle est bénie de Dieu le Saint-Esprit. Bien souvent,
c’est parce que le péché y est toléré. Ne suivez pas de tels exemples. Ils
vont à l’encontre de la raison d’être même de l’Église.
Nous devons rechercher une véritable croissance spirituelle, mais
nous ne devrions pas pour autant mépriser les Églises qui acceptent
la présence de beaucoup de non-chrétiens ; en effet, cela donne l’oc-
casion aux non-croyants d’entendre l’Évangile. Tant que ces Églises ne
transforment pas le culte en divertissement, nous devrions remercier
Dieu pour la soif spirituelle dans la communauté, qui pousse les gens à
fréquenter l’Église bien avant leur conversion. Nous pouvons accueillir
ces grandes foules tant que les personnes non converties ne sont pas
désignées comme des membres d’Église à part entière (souvent pour
s’assurer de leur présence uniquement). Seules les personnes converties
peuvent être ajoutées à la liste des membres de l’Église.
La tragédie actuelle est que la croissance de l’Église en Afrique com-
prend majoritairement des personnes non converties. C’est un phéno-
mène regrettable qui a abouti à de graves compromis spirituels. Les
Églises sont devenues des clubs sociaux ou tribaux, plutôt que « l’Église
du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité » (1 Ti 3.15). Cela doit
changer si nous tenons à ce que l’Église glorifie Dieu. Notre soif de
246 Le dessein de Dieu pour l’Église
Résumé
De nombreuses Églises en Afrique connaissent une croissance numérique.
La vraie préoccupation n’est pas de savoir si nous allons attirer des gens,
mais si les méthodes que nous utilisons pour les attirer sont fidèles à
la Parole de Dieu. Seuls ceux qui répondent favorablement à l’Évangile
devraient être intégrés à l’Église en qualité de membres ; nous devrions
par conséquent poursuivre notre croissance en prêchant l’Évangile.
Attendons-nous à ce que la croissance vienne de l’œuvre du Saint-Esprit
et recherchons cette croissance dans la prière, sans pour autant désirer
la croissance numérique au détriment de la maturité spirituelle.
Questions d’étude
1. Dans notre contexte africain, où les Églises grandissent rapidement,
qu’elles prêchent ou non la vérité, comment nous assurer de rester
fidèles, même durant les saisons où le Seigneur ne semble pas aug-
menter le nombre des nouveaux convertis ?
4. Quels compromis avez-vous été tenté de faire dans votre Église locale
afin d’attirer plus de monde ? Dans quelles tentations avez-vous vu
d’autres Églises tomber ?
249
250 Le dessein de Dieu pour l’Église
Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui
croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père,
tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous,
pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que
tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn 17.20-22).
Jésus a prié non seulement pour ceux qu’il avait appelés à le suivre
quand il était sur terre, mais aussi pour tous ceux qui deviendraient
croyants par leur témoignage. Quelle était sa prière ? Il a prié que tout
son peuple soit uni, comme Dieu est uni dans la Trinité. Cela est accom-
pli, dans une certaine mesure, par l’œuvre de l’Esprit Saint dès qu’il
nous baptise en Christ, au moment de notre conversion. Néanmoins,
252 Le dessein de Dieu pour l’Église
cela doit être mis concrètement en pratique, à mesure que les croyants
apprennent à tisser des liens de réciprocité dans l’Église locale et au-delà.
Un autre passage de la Bible qui enseigne cette unité des croyants
au-delà de l’Église locale est 1 Corinthiens 12 :
Nous n’avons qu’un seul berger et il n’a qu’un seul troupeau. Certes,
nous nous trouvons dans différents endroits du monde et nous nous
rassemblons dans des bâtiments qui ne se ressemblent pas. Pourtant,
aux yeux du Seigneur Jésus-Christ, nous ne formons qu’un seul trou-
peau. Ne perdons jamais cela de vue.
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 253
Car le secours de cette assistance non seulement pourvoit aux besoins des
saints, mais il est encore une source abondante de nombreuses actions de
grâces envers Dieu. En considération de ce secours dont ils font l’expérience, ils
glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l’Évangile de Christ,
et de la libéralité de vos dons envers eux et envers tous ; ils prient pour vous,
parce qu’ils vous aiment à cause de la grâce éminente que Dieu vous a faite.
Grâces soient rendues à Dieu pour son don merveilleux ! (2 Co 9.12-14.)
Nous envoyons avec lui le frère dont la louange en ce qui concerne l’Évangile
est répandue dans toutes les Églises ; de plus, il a été choisi par les Églises
pour être notre compagnon de voyage dans cette œuvre de bienfaisance,
254 Le dessein de Dieu pour l’Église
Ainsi, les Églises ont non seulement uni leurs forces pour recueillir
des fonds, mais elles ont également assuré la responsabilité des fonds
en choisissant ensemble une personne qui convoierait l’argent collecté.
Les Églises ne devraient pas uniquement travailler sur des projets
de nature sociale, mais elles devraient aussi joindre leurs efforts pour
soutenir le travail missionnaire d’implantation d’Églises. Quiconque lit
le Nouveau Testament ne tarde pas à découvrir que les Églises ont bel
et bien travaillé ensemble dans ce domaine. L’apôtre Paul en est un bon
exemple. Il a d’abord été soutenu par l’Église d’Antioche, alors qu’il a
entrepris son premier voyage missionnaire avec Barnabas, dans Actes 13.
Par la suite, lors de son deuxième voyage missionnaire avec Silas, après
avoir implanté l’Église à Philippes, cette dernière assemblée de chrétiens
s’est chargée, en grande partie, de son soutien financier, comme il le
souligne dans Philippiens 4.15. Cela dit, à certains moments, d’autres
Églises, comme l’Église de Rome, l’ont également assisté (Ro 15.24).
Deuxièmement, les Églises ont coopéré dans le domaine de la prière.
Cette pratique est née des activités communes des Églises. La générosité
des Églises de Macédoine et d’Achaïe a eu pour fruit « de nombreuses
actions de grâces envers Dieu » de la part des Églises de Judée. Une autre
conséquence a été que les Églises de Judée les aimaient et priaient pour
eux, comme l’a exprimé Paul dans le passage précité (2 Co 9.12-14). Les
Églises ne devraient pas se contenter de prier pour ce qui se passe en
leur sein. Il est également indiqué de prier pour d’autres Églises, en par-
ticulier celles avec lesquelles les échanges sont réguliers. Alors qu’elles
travaillent ensemble pour la cause de l’Évangile, elles ont le devoir de
se soutenir mutuellement devant le trône de Dieu.
Nous devons prier pour d’autres Églises et d’autres chrétiens. Paul a
écrit aux Éphésiens au sujet du combat spirituel que tout croyant doit mener
et les a exhortés ainsi : « Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de
prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et
priez pour tous les saints » (Ép 6.18). Notez qu’il dit « pour tous les saints ». Il
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 255
n’a pas précisé s’il faisait uniquement allusion aux saints de l’Église d’Éphèse,
pour la simple et bonne raison que tout chrétien a besoin du soutien des
autres chrétiens dans la prière. Par exemple, les Églises situées en dehors
du monde musulman devraient prier pour les Églises situées en territoire
musulman, à cause de la persécution qu’y subissent les frères et sœurs. Ils
ont besoin de la grâce de Dieu pour persévérer malgré l’adversité.
Pour que les Églises puissent œuvrer conjointement dans des projets,
des missions et dans la prière, il faut une communication cohérente. À
l’époque de la rédaction du Nouveau Testament, la communication était
particulièrement compliquée. Il n’y avait ni bureau de poste, ni télé-
graphe, ni téléphone. Il n’y avait ni Internet ni textos. Cela n’empêchait
pas les Églises de faire de leur mieux pour se tenir réciproquement infor-
mées. Chaque fois qu’un frère ou une sœur en Christ voyageait d’une
ville à l’autre, on s’assurait que l’Église de cette ville en soit informée
par l’Église d’origine de cette personne. De même, à son retour, cette
dernière rapportait des nouvelles de l’Église visitée.
Dans le même ordre d’idées, si vous lisez les épîtres de l’apôtre Paul,
vous découvrez vite qu’elles mentionnent des individus ayant été spé-
cifiquement envoyés pour parler aux Églises de sa propre situation en
tant que missionnaire. Il savait qu’en l’absence de nouvelles, les Églises
ne lui enverraient aucune aide et ne prieraient pas pour lui de manière
ciblée. Cela n’était possible que grâce à une communication suivie. Il a
écrit, par exemple :
des saints, et que vous l’assistiez dans les choses où elle aurait besoin de
vous, car elle en a aidé beaucoup ainsi que moi-même (Ro 16.1,2).
Cette question doctrinale devait être réglée avant que de vraies rela-
tions fraternelles puissent se poursuivre.
Il doit en être de même pour nous aujourd’hui. Bien qu’entre un chré-
tien et un autre ou entre une Église et une autre les croyances ne soient
jamais exactement les mêmes en tout point, il est toujours important
de ne s’associer qu’avec les Églises qui adhèrent aux mêmes croyances
doctrinales principales, en particulier sur la question de la conversion.
Les Églises qui ont perdu l’Évangile doivent être évangélisées, et non
considérées comme des assemblées chrétiennes. De même, ceux qui
professent être chrétiens, tout en enseignant un salut par les œuvres,
devraient être évangélisés, et non considérés comme des frères en Christ.
La coopération entre Églises peut également être affectée par la
manière dont les différentes Églises pratiquent leur culte. La vérité en
laquelle nous croyons détermine la façon dont nous vivons en tant que
croyants, et aussi en tant qu’Églises locales. Rappelez-vous : avant que
l’apôtre Paul ne décrive l’Église comme étant la colonne et l’appui de la
vérité, il a parlé à Timothée de la nécessité pour l’Église de se conduire
258 Le dessein de Dieu pour l’Église
Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes
les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il
ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, comme le
dit aussi la loi. Si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles inter-
rogent leur mari à la maison ; car il est malséant à une femme de parler
dans l’Église. Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce
à vous seuls qu’elle est parvenue ? Si quelqu’un croit être prophète ou spi-
rituel, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du
Seigneur. Et si quelqu’un l’ignore, qu’il l’ignore (1 Co 14.33-38).
Résumé
Une Église ne peut pas accomplir le Grand Mandat toute seule. Non
seulement toutes les Églises font partie du même corps de Christ, mais
le Seigneur leur a attribué divers fardeaux, ressources et opportunités.
Il veut voir de l’unité parmi son peuple, car nous ne formons qu’un
seul troupeau. Les Églises peuvent s’associer pour subvenir aux besoins
matériels communs, pour soutenir l’œuvre d’évangélisation et pour prier.
Questions d’étude
1. Quelles raisons l’auteur invoque-t-il pour expliquer la nécessité de
la coopération entre Églises en vue d’accomplir le Grand Mandat ?
2. Est-il possible de tisser des liens dans notre propre Église locale au
point d’oublier notre union spirituelle et chrétienne avec d’autres
Églises ? Comment surmonter ce problème ?
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 261
263
264 Le dessein de Dieu pour l’Église
relatées dans Genèse 14 entre divers rois, pour aboutir à Abram sauvant
son neveu et ses biens. Le système étatique assurait non seulement la
protection contre les agressions extérieures, mais également la sécurité
des individus et des familles, ainsi que la justice. Dans le langage d’au-
jourd’hui, nous disons que l’État est le garant « de la loi et de l’ordre ».
Sans cela, l’existence humaine sur terre serait impossible à cause de la
nature déchue de l’homme.
Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point
d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été insti-
tuées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre
que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur
eux-mêmes […] Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez
l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la
crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur (Ro 13.1,2,7).
Les chrétiens doivent obéir à toutes les lois du pays, à moins que
ces lois ne soient directement opposées aux lois de Dieu. Dans ce cas, ils
devraient dire : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5.29).
Les chrétiens doivent également apprendre à être fidèles dans le règle-
ment de leurs impôts, tout comme on leur apprend à être fidèles dans
le paiement de la dîme. Ils vivent dans deux royaumes, et ils doivent
être fidèles dans les deux.
Les dirigeants de l’Église sont là pour conduire le troupeau par
l’exemple en montrant la responsabilité des chrétiens envers l’État. Non
seulement sont-ils tenus d’obéir aux lois du pays et d’être fidèles dans
le paiement de leurs impôts, mais ils doivent également faire preuve de
respect envers les dirigeants locaux et gouvernementaux.
membres de leur Église de soutenir les candidats qui leur ont fait de
telles faveurs. Cette pratique est très courante, mais elle n’est pas juste
pour autant. Rappelez-vous ce que nous avons appris dans les chapitres
précédents : l’Église ne nous appartient pas. Elle appartient au Seigneur
Jésus-Christ. Il lui a confié le Grand Mandat, qui définit son rôle dans ce
monde. Prendre l’Église et commencer à l’utiliser à des fins politiques en
vue de servir des intérêts personnels, c’est inviter sur nous le jugement
du Seigneur Jésus-Christ. Ne jouons pas avec le feu. Les dirigeants de
l’Église devraient se méfier des cadeaux des politiciens en période élec-
torale. Ces cadeaux sont souvent empoisonnés.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 18
Résumé
L’Église et l’État ont chacun leur fonction dans le monde. Les deux sont
nécessaires à cause de la chute ; en effet, les êtres humains se sont retour-
nés contre Dieu, et les uns contre les autres. L’État promulgue des lois
et les fait respecter pour maintenir l’ordre et garantir le bien-être de la
société, tandis que l’Église œuvre pour permettre à chacun de venir à
Christ dans la repentance et par la foi. Les Églises devraient enseigner
à leurs membres à être des citoyens fidèles et obéissants à Dieu. L’Église
peut parfois être forcée de résister à l’État, et l’État peut parfois avoir
besoin d’interférer avec l’Église. Dans certains cas, les deux institutions
peuvent également coopérer, comme lorsque les dirigeants de l’Église
s’occupent de tâches civiques telles que les cérémonies de mariage.
Questions d’étude
1. En quoi l’Église et l’État diffèrent-ils dans leur façon de lever des
fonds pour s’acquitter de leurs tâches ?
275
276 Le dessein de Dieu pour l’Église
a aussi veillé à ce que sa vérité soit proclamée par les prophètes à travers
l’histoire, et préservée pour nous dans la Bible. Cette vérité inclut la
seule façon dont les êtres humains peuvent trouver le pardon auprès de
Dieu, grâce à la vie et à l’œuvre expiatoire du Seigneur Jésus-Christ, en
particulier sa mort et sa résurrection. Nous devons venir à Dieu dans un
esprit de repentance et placer notre confiance dans l’œuvre que Christ
a accomplie pour nous réconcilier avec Dieu. Cette vérité doit être pro-
clamée dans le monde entier par l’Église. L’Église qui se consacre à la
préservation et à l’annonce de cette vérité plaît à Dieu.
Lorsque l’Église ne préserve pas la vérité de Dieu et préfère céder
aux demi-vérités et aux mensonges propagés par le monde, elle déplaît au
Seigneur. Elle peut, par exemple, adopter des croyances et des pratiques
syncrétistes. En Afrique, ce syncrétisme se manifeste par le mélange
du christianisme avec les croyances et les pratiques traditionnelles afri-
caines. Les gens ripostent parfois : « Mais nous sommes Africains, et c’est
ce que nos ancêtres ont toujours cru ! » Si les croyances de nos ancêtres
ne s’alignent pas sur la Bible, mettons-les de côté ; décidons de croire
uniquement ce que la Bible enseigne et vivons en conséquence. Vouloir
mélanger les deux génère de la confusion chez les jeunes croyants et
nous expose au jugement de Dieu. Notre culte devrait également suivre
l’enseignement de la Bible à ce propos, au lieu d’être dicté par les pra-
tiques ancestrales. C’est la Bible qui doit guider et façonner nos croyances
et nos pratiques.
Ensuite, l’Église déshonore et déplaît à Dieu quand elle succombe à
la soi-disant éducation occidentale d’aujourd’hui. La Bible enseigne que
Dieu a créé le monde en six jours et s’est ensuite reposé le septième.
Lorsque l’Église chrétienne ne parvient pas à préserver et à propager
cette vérité, préférant embrasser la croyance la plus populaire répandue
dans le monde (que le monde n’a fait qu’évoluer sur des millions, voire
des milliards d’années), elle déshonore et déplaît à Dieu. Le monde gît
dans les ténèbres ; l’Église est censée y faire luire sa lumière. Dans ces
ténèbres, le monde a inventé une multitude de faux enseignements,
notamment sur la sexualité humaine. Le mariage est en train d’être
redéfini. Il n’est plus limité à l’engagement à vie d’un homme et d’une
280 Le dessein de Dieu pour l’Église
Dieu est intervenu pour le punir. Il a retiré son Esprit du milieu d’eux
et, dès lors, ces croyants rebelles n’ont plus formé qu’un club social.
Dans bon nombre d’Églises, le péché tenace est rapidement traité si
le coupable est un jeune qui n’est lié à aucune personnalité influente ou
famille « puissante » dans l’Église. En revanche, lorsque le coupable est
le fils ou la fille d’un responsable d’Église, d’une personnalité fortunée
dans l’Église, ou d’une figure politique puissante dans la communauté,
les dirigeants de l’Église ont tendance à vouloir taire le péché de la
personne répréhensible. Pire encore, lorsque le fautif est lui-même un
responsable de l’Église, la tentation consiste alors à étouffer l’affaire. Or,
cela est inacceptable. Dieu ne fait pas de différence entre les individus.
En réalité, ceux qui occupent une fonction de dirigeant devraient être
tenus à une norme encore plus élevée. Les qualifications énoncées dans
1 Timothée 3 et Tite 1 suggèrent que les dirigeants doivent être « un cran
au-dessus » dans l’Église en ce qui concerne la piété. Ils doivent montrer
l’exemple par leurs paroles et leurs actes. S’ils marchent dans le péché,
il faut qu’ils soient démis de leurs fonctions.
L’hypocrisie dégage une odeur nauséabonde pour Dieu. Le péché
dissimulé n’est caché qu’aux yeux des hommes. Dieu le voit. Le Dieu
que nous adorons est un Dieu qui voit tout. Dans l’Ancien Testament, il
a puni toute la nation d’Israël lorsqu’Acan a secrètement caché dans sa
tente les trésors pillés de Jéricho (Jos 7). Dans le Nouveau Testament, il a
puni Ananias et Saphira quand ils ont menti en prétendant que l’argent
apporté aux apôtres et destiné aux pauvres était le montant total perçu
pour la vente de leur propriété (voir Ac 5). Quand Jésus était sur terre, il
a amplement dénoncé les scribes et les pharisiens à cause de leur hypo-
crisie. Il a dénoncé cette duplicité en recourant à un registre incisif qui
n’apparaît nulle part ailleurs dans ses autres sermons :
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et
de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et
voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 283
L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est point envieux ; l’amour
ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête,
il ne cherche point son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le
mal, il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il excuse
tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne périt jamais. Les
prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie.
[…] Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ;
mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour (1 Co 13.4-8,13).
uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous
avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13.34,35). Cet amour n’est
pas un simple commandement ; il prend « naissance » chez les croyants
lorsqu’ils naissent de nouveau. Le Saint-Esprit les remplit de sa personne ;
l’amour est un fruit de l’Esprit. Il est par conséquent logique que, lorsque
ceux qui sont remplis du Saint-Esprit se réunissent, l’amour soit pré-
sent parmi eux. C’est ce qui plaît vraiment au Seigneur. Quand l’amour
fait défaut dans l’Église, le Seigneur est déshonoré, parce qu’il y est mal
représenté ; il est alors insatisfait.
Dans l’Église primitive, la preuve d’affection mutuelle parmi les
croyants était réelle. La Bible dit : « Tous ceux qui croyaient étaient dans
le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs pro-
priétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon
les besoins de chacun » (Ac 2.44,45). Nous lisons aussi :
La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme. Nul
ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était com-
mun entre eux [...] Car il n’y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui
possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix
de ce qu’ils avaient vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on
faisait des distributions à chacun selon qu’il en avait besoin (Ac 4.32,34,35).
Voici, oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer
ensemble ! C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend
sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements.
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 285
C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion ;
car c’est là que l’Éternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité (Ps 133).
Résumé
L’Église plaît à Dieu lorsque les chrétiens cherchent à le glorifier dans
leur adoration et dans tous les domaines de la vie de l’Église. Lorsque
cette gloire est rendue à une créature, y compris à nous-mêmes, Dieu
est offensé : c’est un péché commis à son encontre. L’Église glorifie Dieu
notamment par sa fidélité à sa Parole, par son engagement à ne pas traiter
le péché à la légère ou à ne pas le dissimuler, et par l’amour sincère et
concret entre ses membres. Une Église dépourvue de ces choses-là déplait
à Dieu, même si elle s’épanouit dans d’autres domaines. Les Églises d’au-
jourd’hui doivent refléter la sainteté et la pureté observées dans la Bible.
Questions d’étude
1. Nous devons « [rechercher] délibérément sa gloire et son approbation
[de Dieu] en toutes choses » (p. 277). Dans quels domaines de votre vie
votre motivation a-t-elle été votre propre gloire et votre propre plaisir,
au détriment de la gloire et du plaisir de Dieu ? (Prenez en compte
votre famille, votre travail et votre vie privée.)
COMMENT POUVEZ-
VOUS AIDER À RÉFORMER
VOTRE ÉGLISE ?
289
290 Le dessein de Dieu pour l’Église
qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée »
(Ja 1.5). Priez Dieu pour qu’il vous montre comment vous adresser à ceux
qui ont besoin d’être abordés d’une manière qui ne sera pas offensante,
mais convaincante. Demandez-lui de vous indiquer la façon de mettre
en pratique vos connaissances dans votre Église de la manière la plus
appropriée qui soit. Dans un sens, vous priez aussi pour la faveur, afin que
les personnes aux commandes, et donc susceptibles d’opérer les change-
ments nécessaires, soient bien disposées à votre égard et accueillent vos
suggestions. La sagesse est ce que vous leur transmettez ; la faveur est
ce qu’ils vous accordent. En présence de ces deux éléments, vos recom-
mandations de réforme seront très favorablement perçues dans l’Église.
Concernant la sagesse, il est bon de ne pas se contenter de prier. En
parallèle à la prière, cherchez aussi conseil auprès de ceux dont les nom-
breuses années d’expérience dans le ministère et la direction de l’Église
leur ont enseigné la sagesse biblique. Leur connaissance ne vient pas
d’un manuel. Ils ont été dans les tranchées. Ils ont commis des erreurs
et en ont tiré des leçons. Ne soyez pas comme Roboam, le fils du roi
Salomon : il a rejeté les conseils des hommes mûrs, qui avaient servi avec
son père, leur préférant les avis des plus jeunes avec lesquels il avait
grandi. En fin de compte, le peuple a rejeté son règne et Israël a fini par
se scinder en deux nations (voir 1 R 12). Les hommes expérimentés vous
diront que l’expérience est le meilleur enseignant. Cherchez la sagesse
auprès de ceux qui ont fait leurs preuves.
Priez pour la prévalence de la grâce et de la puissance de Dieu. Les
changements honorant Dieu chez les individus et dans les Églises ne
peuvent se produire que par l’action directe du Saint-Esprit dans le cœur
humain. Aucun gadget ou astuce ne saurait les insuffler. Vous ne luttez
pas contre la chair et le sang, mais contre les esprits mauvais dans les
lieux célestes (Ép 6.12). Laissez Dieu agir par la puissance de son Esprit
Saint, sinon vous serez totalement désarmé et vaincu. Comme nous allons
le voir, l’instrument indispensable pour apporter de tels changements
est l’enseignement de la Parole de Dieu. Néanmoins, l’Esprit de Dieu doit
faire luire cette Parole dans le cœur de son peuple avec un pouvoir de
conviction de sorte qu’elle s’accompagne de la soumission à la volonté
292 Le dessein de Dieu pour l’Église
de Dieu. Priez pour que cela se produise ; les membres de l’Église auront
ainsi un regard spirituel régénéré sur le dessein de Dieu pour l’Église et
désireront en voir la réalisation dans la vie de leur assemblée. Bien sou-
vent, cela implique l’abandon de pratiques adulées. Ils seront confrontés
à des moqueries de la part de proches en raison des changements qu’ils
opéreront dans leur Église. Priez pour qu’ils désirent l’approbation de
Dieu par-dessus tout et qu’ils suivent ses directives avec joie.
Toi qui te donnes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies
de Dieu, qui connais sa volonté, qui apprécies la différence des choses,
étant instruit par la loi ; toi qui te flattes d’être le conducteur des aveugles,
la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des insensés,
le maître des ignorants, parce que tu as dans la loi la règle de la science
et de la vérité ; toi donc, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas
toi-même ! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes ! Toi qui dis de
ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère ! Toi qui as en abo-
mination les idoles, tu commets des sacrilèges ! Toi qui te fais une gloire
de la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi ! Car le nom
de Dieu est blasphémé parmi les païens à cause de vous, comme cela est
écrit (Ro 2.17-24).
ne pourrez plus faire grand-chose par la suite. Ce sont les gardiens des
brebis ; soyez certain que la majorité des brebis les suivront.
C’est souvent dans le dialogue avec les responsables de l’Église que
vous aurez particulièrement besoin de sagesse et de faveur. C’est là
qu’entre en jeu la prière : demandez à Dieu cette sagesse et cette faveur.
Vous avez besoin de sagesse pour déterminer la meilleure façon de
présenter le domaine qui requiert selon vous une réforme. Vous avez
besoin de la faveur et de la bonne disposition des autres responsables
qui examineront votre requête. S’ils sont vraiment les serviteurs de Dieu
et qu’ils vous considèrent tel un humble enfant de Dieu qui désire voir
le Seigneur glorifié dans son Église, vous gagnerez probablement leur
faveur. S’ils vous voient comme un monsieur je-sais-tout ou un fier petit
messie autoproclamé, vous vous êtes déjà tiré une balle dans le pied.
Vous n’obtiendrez rien du tout.
La patience est également de rigueur lorsque vous traitez avec les
responsables de votre Église. S’il vous a fallu du temps pour prendre
conscience de certaines pratiques qui vous incommodent dans la ges-
tion de l’Église, ne vous attendez pas à ce que les anciens adoptent votre
point de vue après quelques mots d’explication seulement. Rappelez-vous
combien il a été difficile dans le Nouveau Testament pour l’Église de
Jérusalem d’accepter les païens non plus comme « des étrangers, ni des
gens du dehors ; mais [comme des] concitoyens des saints, gens de la mai-
son de Dieu » (Ép 2.19). Dieu a dû montrer à Pierre dans une vision, alors
qu’il était dans la maison de Simon le tanneur, de ne pas appeler impur
ce que Dieu avait rendu pur. Ce n’est qu’à son arrivée dans la maison de
Corneille que Pierre a compris la vision. Il a dit : « En vérité, je reconnais
que Dieu ne fait point de favoritisme, mais qu’en toute nation celui qui
le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Ac 10.34,35). Ce que
Pierre avait saisi n’était pas aussi facile à comprendre pour les frères de
Jérusalem. Ils étaient furieux en apprenant que Pierre était entré dans la
maison d’un païen pour converser avec lui (Ac 10.28 ; 11.3). Il a fallu que
Pierre explique laborieusement et patiemment à l’Église de Jérusalem
comment Dieu l’avait conduit à saisir cette vérité historique. C’est ainsi
qu’en fin de compte, les autres responsables de l’Église sont parvenus à
296 Le dessein de Dieu pour l’Église
la même compréhension. Plus tard, dans Actes 15, certains qui avaient
« cru » cette vérité ne l’avaient manifestement pas saisie et voulaient que
les païens soient circoncis avant de pouvoir hériter des promesses de
Dieu. Une réunion a été nécessaire entre ces frères, Paul et Barnabas,
ainsi que les apôtres et les anciens à Jérusalem. Lorsque les dirigeants
ont été convaincus, ils ont présenté la discussion et la conclusion au reste
de l’Église. C’est ainsi que les choses devraient se passer. Ce processus
requiert beaucoup de patience.
Parfois, la meilleure façon de gérer cette phase consiste non seule-
ment à discuter avec les dirigeants, mais aussi à étudier le sujet ensemble
avec le groupe des responsables. Que vous soyez ou non un pasteur, vous
pouvez toujours donner aux responsables un livre (ou un CD ou un lien
vers un site Internet) qui enseigne le sujet en question : ils pourront
ainsi apprendre par eux-mêmes et à leur propre rythme. Informez-les du
fait que vous souhaitez en discuter avec eux par la suite. À mesure que
vous étudiez et discutez du sujet avec eux, prenez soin d’écouter leurs
doutes et leurs appréhensions. Montrez-leur, avec douceur et patience,
à partir de la Bible, ce que semble être la pensée de Christ pour son
Église et comment « l’obéissance vaut mieux que les sacrifices » (1 S 15.22).
Les bergers assistants doivent conduire le troupeau dans la voie que le
grand berger des brebis a tracée pour elles. Espérons qu’avec le temps,
les responsables surmonteront leurs doutes et leurs craintes pour aller
de l’avant de façon cohérente et conduire le troupeau à réformer ses
croyances et ses pratiques, en vue de refléter au mieux le dessein de
Dieu pour l’Église.
Je tiens à présent à m’adresser à ceux qui ne sont pas encore des
anciens, mais qui lisent ce livre et découvrent des domaines à réformer
dans leur Église. Suivez les conseils indiqués ci-dessus, même si vous
n’avez peut-être pas l’occasion d’enseigner directement à l’assemblée.
Évitez d’aller de maison en maison pour dire aux membres de l’assemblée
ce qui ne va pas dans l’Église. Discutez-en plutôt avec les responsables.
La plus grande erreur des jeunes « réformateurs » dans l’Église est la sui-
vante : après avoir découvert la vérité dans la Bible et saisi à quel point
leur assemblée a tort dans telle croyance ou telle pratique, ils se mettent
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 297
entrave à l’Évangile, de sorte que les âmes des hommes et des femmes
sont en jeu, vous devrez peut-être considérer sérieusement de quitter
cette Église pour en trouver une autre. S’il s’agit d’un problème de gestion
financière ou de nécessité pour l’Église de contribuer à la formation de
futurs pasteurs, il sera peut-être préférable de patienter un peu. Évitez
de traiter toutes les tentatives de réforme de la même façon. Certaines
sont plus urgentes et plus profondes que d’autres. Choisissez vos batailles
judicieusement. Apprenez à être diplomate.
2. Examinez également les raisons du rejet des modifications que vous
suggérez. Votre Église est-elle traditionnelle au point de mettre au second
plan ce que dit la Bible quant à sa constitution et à ses pratiques ? Dans
ce cas, au lieu de vous concentrer sur des changements en particulier,
il semble indiqué d’aider au préalable votre Église à apprécier l’autorité
et la toute-suffisance des Écritures. Corriger premièrement ce problème
permettra de débloquer la situation. Le problème est-il que vous n’avez
pas encore gagné le droit d’être écouté à un tel niveau ? La personne
responsable de l’Église est-elle opposée au changement ? Peut-être vous
êtes-vous précipité et n’avez-vous pas su rallier le peuple de Dieu à votre
cause. Mieux vaut remettre cette affaire à plus tard et poursuivre votre
service dans l’Église jusqu’à ce que leur conscience réclame un change-
ment. Voici le conseil de Paul à Timothée :
Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles ; il doit, au
contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience ; il
doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur
donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que,
revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est
emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté (2 Ti 2.24-26).
Résumé
Dès lors que nous voyons des domaines où la volonté de Dieu est négligée
dans l’Église, nos consciences ne devraient pas nous laisser tranquilles
jusqu’à ce que nous puissions témoigner d’un changement biblique. En
fonction de notre position dans l’Église et de l’autorité que Dieu nous
a conférée (pour être en mesure de mettre en œuvre ce qui est juste),
nous devrions tenter de la réformer, en priant au préalable, en recher-
chant la sagesse, en nous armant de patience, en faisant confiance à la
Parole de Dieu, en donnant l’exemple de ce que nous voulons voir et en
consultant les autres responsables.
Questions d’étude
1. Dressez une liste des changements qui vous tiennent le plus à cœur
dans votre Église locale actuelle.
3. On dit qu’en Afrique, vous ne pouvez pas corriger ceux qui sont
plus âgés que vous ou qui ont autorité sur vous. Si vous êtes pasteur,
pensez-vous avoir l’humilité nécessaire pour entendre la vérité de la
bouche de quelqu’un sous votre autorité ?
303
304 Le dessein de Dieu pour l’Église
Chapitre 1
1. Louis Berkhof, Précis de doctrine chrétienne, Trois-Rivières, Québec,
Éditions La Rochelle, 2018, p. 198.
Chapitre 4
1. Robert Robinson, « Come, Thou fount of every blessing » [Viens, toi
la source de toutes les bénédictions], trad. libre.
Chapitre 5
1. Extrait du cantique de Lidie H. Edmunds, « My Faith Has Found a
Resting Place » [Ma foi a trouvé un lieu de repos], trad. libre.
305
306 Le dessein de Dieu pour l’Église
Chapitre 7
1. L’expression « ayant des enfants fidèles » peut également être tra-
duite, à juste titre, par « dont les enfants soient croyants » (voir
S21). Le mot grec « fidèles » peut donc être traduit « croyants ». Le
contexte détermine quel mot français est approprié dans la traduc-
tion. Toutefois, l’auteur préfère le mot « fidèle » dans le cas présent,
car la fidélité est un fruit de l’éducation des enfants au sein du foyer.
Seul Dieu peut donner la foi (la croyance), y compris aux enfants
de parents membres de l’Église.
Chapitre 8
1. Je préfère le mot « ordonnance » à « sacrement » lorsqu’il s’agit du
baptême et de la sainte cène, bien que ce terme ne me semble pas
déplacé. « Ordonnance » met l’accent sur le fait qu’il s’agit d’un com-
mandement, tandis que « sacrement » souligne la transmission de la
sainteté à ceux qui y participent. Je suspecte que le mystère souvent
lié à ces deux activités soit partiellement causé par cette nuance.
2. Conrad Mbewe, Foundations for the Flock—Truths about the Church for
All the Saints [Fondations pour le troupeau – Vérités concernant
l’Église pour tous les saints], trad. libre, Hannibal, Missouri, Granted
Ministries Press, 2011, p. 91.
Chapitre 9
1. Emmanuel T. Sibomana, « O How the Grace of God amazes me »
[Ô Combien la grâce de Dieu m’émerveille], trad. libre, copyright
Church Mission Society, tous droits réservés. Cité avec l’aimable
autorisation de la Church Mission Society.
Votre Église est-elle en bonne santé ?
Le ministère de 9Marks existe pour donner une vision biblique et des
ressources pratiques aux dirigeants d’Église dans le but de manifester
la gloire de Dieu aux nations par l’entremise d’Églises en bonne santé.
À cette fin, le ministère 9Marks désire aider les croyants à identifier les neuf
traits essentiels d’une Église en bonne santé :
Chez 9Marks, nous produisons des articles, des livres, des critiques de
livres et un journal en ligne. Nous organisons des conférences, enregistrons
des interviews et produisons d’autres ressources pour équiper les Églises
afin qu’elles puissent faire rayonner la gloire de Dieu.
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Doux et humble de coeur
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