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« Avec ce livre qui traite d’ecclésiologie biblique, Conrad Mbewe nous
gratifie d’une œuvre vraiment significative pour le contexte africain. Le
Dr Mbewe y souligne l’importance de l'orthodoxie et de la vitalité spiri-
tuelle à une époque où ces deux choses sont désespérément nécessaires. »
Faly Ravoahangy, pasteur-missionnaire ; fondateur et président
de Madagascar 3M

« Conrad Mbewe signe un ouvrage remarquable qui montre comment


les fondements bibliques immuables de l’Église composent avec la beauté
et les défis de la culture africaine qu’il connaît si bien. Tout lecteur, quel
que soit son arrière-plan, profitera de cette contextualisation intelligem-
ment formulée. »
Florent Varak , pasteur, auteur, directeur international du développement
des Églises Charis au sein de la mission Encompass, professeur à l’Institut
biblique de Genève

« Cela fait plus de 25 ans que j’ai l’occasion d’enseigner dans des pays
d’Afrique francophone, et c’est avec joie et reconnaissance que j’accueille
cet excellent ouvrage de notre frère Conrad Mbewe qui clarifie ce qu’est,
d’un point de vue biblique, l’identité de l’Église locale, et ce, dans un
contexte où règne une grande confusion. Son livre est en quelque sorte
un manuel de théologie pratique consacré à l’Église locale, bien ancré
dans la Parole de Dieu, qui présente l’immense mérite de tenir compte
des réalités de l’Afrique subsaharienne dans lesquelles l’auteur évolue.
Son livre est pertinent, facile à lire et bien illustré. Chacun des vingt
courts chapitres est enrichi par des questions de compréhension et de
réflexion. C’est typiquement le genre d’ouvrage de référence dont les
responsables d’Églises d’Afrique francophone ont cruellement besoin
pour répondre aux nombreux défis qui sont les leurs. »
Pierre Klipfel, directeur émérite, responsable de la filière Mission
Transculturelle et des cours décentralisés en Afrique, Institut Biblique
de Genève
« Dans un style simple, émouvant et percutant, Conrad Mbewe dresse
un diagnostic des maux qui minent l’Église du Christ en général, et celle
de l’Afrique en particulier. Il propose des solutions bibliques appropriées
afin que le corps du Christ redécouvre le but ultime de l’Église, que les
leaders puissent bien la diriger, et que tous servent mieux Christ, son
Chef. Ce livre est une mine d’or. Je vous le recommande. »
Alexandre K. M. Kanri, pasteur-missionnaire, Église de la Grâce
en Christ du Togo (EGCT) ; formateur à l’Institut Biblique et Théologique
Tyrannus, Atakpamé, Togo

« Le pasteur Conrad écrit en tant que pasteur pour les pasteurs, répon-
dant à des questions pertinentes pour ceux qui implantent de nouvelles
Églises et ceux qui dirigent des Églises existantes. Son ouvrage est riche
en vérités bibliques soigneusement et contextuellement appliquées. Ce
livre devrait être une ressource incontournable pour tous les pasteurs,
en particulier ceux qui servent en Afrique ou ceux qui forment des
pasteurs en Afrique. L’Église de Dieu doit être conduite à la manière de
Dieu, et Conrad est un excellent guide de la vision de Dieu pour son
peuple racheté, l’Église. J’ai hâte que les dirigeants de notre Église le
lisent et que nos étudiants du séminaire l’étudient. »
Dieudonné Tamfu, Ph. D., pasteur, Église Baptiste Bethléem, Yaoundé,
Cameroun ; professeur adjoint de Bible et théologie, directeur du site
d’extension du Cameroun, Bethlehem College & Seminary

« Ce livre de Conrad Mbewe est l’équivalent des lettres pastorales de


Paul. Il est le fruit de décennies d’expérience personnelle imprégnées
de la sagesse des Écritures. Il offre de nouvelles illustrations et appli-
cations africaines, qui m’aident moi-même, pasteur nord-américain, à
mieux comprendre la Parole de Dieu. J’ai côtoyé Conrad Mbewe pen-
dant un quart de siècle, alors que nous fréquentions la même Église,
et je ne pourrais penser à une personne plus indiquée que lui pour
rédiger un tel ouvrage. Ce livre reflète bien l’enseignement de la Bible.
Il encourage le lecteur d’aujourd’hui tout en lui lançant des défis. C’est
dans un style clair, simple et élégant que Mbewe célèbre l’Évangile. Ce
livre est un pur délice. Savourez-le et soyez édifié. Le dernier chapitre
est plus précieux que l’or. »
Mark Dever, pasteur, Capitol Hill Baptist Church, Washington, D. C.

« C’est le sous-titre de ce livre qui explique sa vision : Conrad Mbewe ne


se contente pas de faire une exposition biblique et pratique de l’Église ;
il s’emploie véritablement à guider les pasteurs et les responsables de
ministères africains. Mbewe, pasteur de l’Église Kabwata Baptist Church à
Lusaka, en Zambie, précise qu’il écrit en qualité "d’enfant du continent" ;
à ce titre, il a le droit d’exhorter ses compatriotes africains avec une fran-
chise dont les missionnaires n’auraient pu se parer sans être relégués
au statut "d’étrangers". En vingt chapitres concis, bien qu’approfondis,
Conrad Mbewe s’exprime avec tant de clarté et de fidélité prophétique
que le livre mérite qu’on l’étudie non seulement en Afrique, mais dans
le monde entier. »
D. A. Carson, professeur émérite du Nouveau Testament, Trinity
Evangelical Divinity School ; cofondateur, The Gospel Coalition

« Combien j’estime Conrad Mbewe et j’aime ce livre ! Il nous offre une


présentation fidèle, intelligible et pratique de la doctrine de l’Église.
En tant que presbytérien, je pourrais certes tergiverser sur un point
de vue baptiste ici ou là, mais cela n’enlève rien à mon enthousiasme
quant à l’ensemble. Mbewe a rédigé un excellent ouvrage en phase avec
la culture dynamique de l’Afrique, et bénéfique pour les chrétiens du
monde entier. J’espère que ce travail éclairé et accessible touchera un
vaste public. »
Kevin DeYoung, pasteur principal, Christ Covenant Church, Matthews,
Caroline du Nord ; professeur adjoint de théologie systématique, Reformed
Theological Seminary, Charlotte

« Ce livre est plus que pertinent ! Il aborde avec clarté l’identité et les
pratiques confuses de l’Église en Afrique. Porteur de grâce, communi-
cateur audacieux, honnête et efficace, Conrad Mbewe justifie les pré-
occupations des dirigeants de l’Église sur notre continent en abordant
les sujets tabous. Il met des termes sur les zones dites "interdites" et
n’hésite pas à les qualifier d’inacceptables. Mais il démontre aussi qu’il
reste encore des personnes refusant de "fléchir les genoux devant Baal".
Par-dessus tout, Mbewe propose des solutions bibliques concrètes aux
faiblesses et aux problèmes actuels de l’Église. Ce livre particulièrement
accessible et stimulant a renouvelé mon espoir pour l’Église en Afrique.
Je le recommande vivement à tous les responsables d’Église sur notre
continent, et notamment à nos instituts de formation à la direction. »
Paul E. Mususu, président, Evangelical Fellowship of Zambia

« C’est avec une perspicacité biblique et des illustrations pratiques que


Le dessein de Dieu pour l’Église de Conrad Mbewe nous entraîne dans une
exploration intérieure de la nature, du caractère et des défis de l’Église,
en pleine expansion en Afrique. Son analyse complète, mais compréhen-
sible, confirme la majeure partie de ce qui est visible ; il n’hésite pas à
aborder les "sujets délicats" tels que les questions d’argent, de discipline
et d’autres tendances, qui définissent, améliorent ou sapent, la vie et le
témoignage de l’Église. Son ouvrage a des implications pour l’avenir du
corps de Christ, non seulement en Afrique, mais également dans d’autres
régions du monde. »
Femi B. Adeleye, directeur, Langham Preaching Africa, Ghana

« L’Église est l’épouse de Christ. Elle est le plan "A" de Dieu dans son
œuvre rédemptrice. Il est donc primordial de connaître et saisir le dessein
de Dieu pour l’Église. Dans cet ouvrage, Conrad Mbewe a effectué un
travail remarquable à cet égard. À une époque où pragmatisme et inno-
vation sont plus estimés que la doctrine et la théologie, ce livre est une
bouffée d’oxygène. Avec la précision d’un théologien et le cœur tendre
d’un berger, Mbewe tisse une tapisserie combinant les vérités intem-
porelles et les idées contemporaines dans une ressource utile pour les
chrétiens de tous horizons. En cette période d’analphabétisme biblique
et ecclésiologique, l’utilité de ce livre ne saurait être surestimée. »
Voddie Baucham Jr., doyen, School of Divinity, African
Christian University
« Il y a des livres que j’aime recommander. Il y en a quelques-uns que j’ai
l’honneur de recommander et c’est le cas pour celui-ci. Conrad Mbewe a
œuvré dans la foi et l’amour pendant des décennies ; il a étudié la Bible
et a encouragé son troupeau à suivre ses préceptes. Ce livre révèle la
sagesse cumulée de toutes ces études et de cette œuvre. Empreint de
discernement, il témoigne d’une conscience pastorale rigoureusement
biblique et excellente. J’implore donc les pasteurs de lire ce livre len-
tement, attentivement, dans la prière, avec leur Bible ouverte, tout en
cherchant des moyens d’appliquer l’instruction de Mbewe au sein de
leurs propres assemblées. »
Jonathan Leeman, ancien, Cheverly Baptist Church, Bladensburg,
Maryland ; directeur de la rédaction, 9Marks

« Le ministère de Conrad Mbewe au sein de la Kabwata Baptist Church


illustre la fidélité et la fertilité que je recherche dans mon propre minis-
tère depuis plus d’une décennie. C’est la première fois que je lis une pré-
dication imprégnée de notes, d’illustrations et d’applications africaines qui
communique aussi fidèlement et puissamment les vérités glorieuses de
notre grand Dieu. La Kabwata Baptist Church ainsi que d’autres assem-
blées affiliées ont été les premières à m’exposer l’idée d’une Église saine.
Le témoignage convaincant des membres de Kabwata, qui aimaient de
manière désintéressée et recherchaient Dieu dans la Parole avec dévotion,
m’a aidé à voir la beauté du plan de Dieu pour son Église. À une époque
où l’on considère que les vérités de la Parole de Dieu sont détenues par
l’Occident et que l’erreur est africaine, Mbewe nous esquisse un portrait
biblique de l’Église accompagné d’un témoignage historique de fertilité
dans le contexte africain. Lisez ce livre avec votre Bible ouverte à côté.
Laissez-vous convaincre à partir de la Parole. Là où vous en voyez le
besoin, changez de trajectoire, dans la prière, la patience et l’humilité,
et joignez-vous à la poursuite du dessein de Dieu pour l’Église. »
Kenneth Mbugua, pasteur principal, Emmanuel Baptist Church, Nairobi,
Kenya ; directeur général, Ekklesia Afrika
« Avec une perspicacité biblique aiguisée, une profonde fidélité aux
Écritures et des illustrations africaines hautes en couleur, Conrad Mbewe
s’attaque aux besoins et aux préoccupations de l’Église africaine, et fait
mouche. Il dit franchement que l’Afrique a besoin d’Églises centrées sur
l’Évangile, imprégnées de la Bible, composées de vrais croyants engagés
conjointement dans l’amour de l’Évangile, connaissant, vivant et procla-
mant sans broncher l’Évangile de Christ. Les chrétiens du monde entier
devraient prier instamment que les chaires africaines soient occupées
par des Africains ayant saisi les vérités de ce livre et les appliquant,
d’autant plus que la zone de dynamisme de l’Évangile tend à se déplacer
vers les pays du sud. Tout non africain qui lit ce livre aura un aperçu de
l’Afrique et des Africains ; cela étant dit, notez bien que Conrad Mbewe
ne prône pas une Église africaine, mais plutôt une Église biblique. Ce
livre ne s’adresse donc pas aux Africains seulement, mais à toutes les
cultures et à tous les contextes. Il est destiné à tous ceux qui désirent
s’ancrer dans le dessein biblique pour l’Église. »
J. Mack Stiles, pasteur, Erbil International Baptist Church, Erbil, Irak

« Qu’est-ce qu’une Église idéale et comment la discerner ? Conrad Mbewe


cherche à saisir le dessein de Dieu pour l’Église. Dans un style coloré,
concis et perspicace, il exalte la suprématie de Jésus-Christ dans l’Église.
Mbewe est un témoignage vivant des principes bibliques énoncés dans
ce livre concret. Comme il le met en évidence dans ce livre, nous devons
développer un leadership chrétien éclairé, tant sur le plan spirituel qu’in-
tellectuel. Ce sujet est d’actualité et nous devons agir pendant que nous
en avons encore l’occasion. Mbewe porte un message auquel il nous
faut prêter attention ; cet ouvrage est incontournable. Que le Seigneur
l’utilise pour préserver son Église (en particulier l’Église en Afrique), et
la maintenir forte et fidèle dans son engagement de foi ! »
Joe Mundamawo, aumônier de l’évêque, Église anglicane évangélique
réformée au Zimbabwe ; ancien président du conseil d’administration, Harare
Theological College
Le dessein de Dieu
pour l’Eglise

Un guide pour les pasteurs


et les responsables de
ministères en Afrique

Conrad Mbewe
Édition originale en anglais sous le titre :
God’s Design for the Church: A Guide for African Pastors and Ministry Leaders
Copyright © 2020 par Conrad Mbewe
Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers
Wheaton, Illinois 60187, U.S.A.
Tous droits réservés. Traduit et publié avec permission.

Pour l’édition française :


Le dessein de Dieu pour l’Église : un guide pour les pasteurs et les responsables de
ministères en Afrique
© 2022 Publications Chrétiennes, Inc.
Publié par Éditions Impact
509, rue des Érables, Trois-Rivières (Québec)
G8T 7Z7 – Canada
Site Web : www.editionsimpact.org
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Nathalie Surre


Couverture originale : Daniel Farrell
Adaptation de couverture et de mise en page : Rachel Major

ISBN : 978-2-89082-533-8 (broché)


ISBN : 978-2-89082-534-5 (eBook)

Dépôt légal – 3e trimestre 2022


Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

« Éditions Impact » est une marque déposée de Publications Chrétiennes, Inc.

À moins d’indications contraires, les citations bibliques sont tirées de la


Nouvelle Édition de Genève (Segond, 1979) de la Société Biblique de Genève.
Avec permission.
À mes collègues anciens,
que je tiens à remercier pour nos efforts communs
en vue d’accomplir le dessein de Dieu pour la
Kabwata Baptist Church
TABLE DES MATIÈRES

Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1 Qu’est-ce que l’Église ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

2 Qui est le fondateur et le chef de l’Église ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

3 Quelle est la mission de l’Église dans le monde ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

4 Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ?.. . . . . . . . . . . . . 63

5 Qui devrait être membre de l’Église ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

6 Quel est le rôle des membres de l’Église ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

7 Qui devrait diriger l’Église ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

8 Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

9 Que devrait-il se passer pendant le culte ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

10 Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

11 Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de


la mission ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

11
12 Le dessein de Dieu pour l’Église

12 Votre Église devrait-elle s’impliquer dans la formation


des pasteurs ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

13 Qu’en est-il de la discipline d’Église ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193

14 Ce que croit votre Église, ça compte ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207

15 Comment votre Église devrait-elle


grandir spirituellement ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

16 Comment votre Église devrait-elle


grandir numériquement ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

17 Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec


les autres Églises ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249

18 Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ?. . . . . . . . . . . . . . 263

19 Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ?. . . . . 275

20 Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ?.. . . . . . . . . . 289

Épilogue.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303

Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305
PRÉFACE

S uccession matrilinéaire, vénération des ancêtres et Ubuntu ne sont


peut-être pas les sujets de discussion attendus dans la majorité des
ressources traditionnelles sur la doctrine de l’Église. Pourtant, vous
trouverez toutes ces réflexions africaines, et plus encore, dans cette
instruction biblique sur le dessein de Dieu pour l’Église. Les chapitres
suivants sont tous motivés par la nécessité de mieux comprendre la
Bible et d’éclairer ainsi le peuple de Dieu concernant « comment il faut
se conduire dans la maison de Dieu » (1 Ti 1.14,15).
À la lecture de ces pages, vous découvrirez également le cœur d’un
pasteur pour le corps de Christ, en particulier la famille des croyants en
Afrique. Dans cet ouvrage, nous apprenons d’un enseignant qui prend
plaisir à célébrer les points forts de l’Église, tout en dénonçant également
ses faiblesses avec bienveillance. S’il n’hésite pas à apporter la lumière
de la Parole de Dieu sur des sujets controversés, il se garde toutefois de
tergiverser sur des points contestables. Chaque sujet est abordé et com-
muniqué de façon accessible, tant pour les membres matures que pour
les nouveaux croyants. Il applique immanquablement le filtre nécessaire :
« Que dit la Bible ? »

13
14 Le dessein de Dieu pour l’Église

Nous sommes bien conscients du besoin qu’a l’Église de grandir


dans la plénitude de sa maturité en Christ. Sur le continent africain, la
nécessité première de toutes nos assemblées concerne l’enseignement
fidèle de la Parole de Dieu, son application contextualisée et une obéis-
sance cohérente (tout cela en fléchissant les genoux !) Le remède n’est pas
plus compliqué que cela, et le pasteur Conrad Mbewe, sous l’inspiration
de Dieu, nous livre d’utiles conseils dans l’application de ce traitement
curatif.
J’ai donc le privilège de recommander cet enseignement pertinent à
l’Église en Afrique, et au-delà. Qu’il profite amplement à tous ceux qui
le lisent et le mettent en pratique !
Édifie ton Église, Seigneur ! Amen.

Glenn Lyons
Évêque président, Église anglicane
évangélique réformée d’Afrique du Sud
REMERCIEMENTS

L a rédaction de ce livre est le fruit d’un travail d’équipe. Je tiens


à remercier les pasteurs des Églises sœurs de Lusaka, en Zambie.
Malgré leur emploi du temps chargé, en 2019, ils ont pris le temps de
se retrouver avec moi et nos stagiaires du ministère pastoral chaque
fois que je terminais la rédaction d’un chapitre, afin que nous puissions
en faire la relecture ensemble. Ils ont donc été les premiers relecteurs.
Ils ont également veillé à ce que mes applications soient à propos. Sans
leur précieux temps, ce livre n’aurait pas été aussi pertinent qu’il s’est
avéré l’être. La liste n’est pas exhaustive, mais voici les pasteurs et
les stagiaires en pastorale qui se sont réunis avec moi de façon régu-
lière tout au long de la rédaction du manuscrit : German Banda, Curtis
Chirwa, Saidi Chishimba, Million Kambuli, Uaundja Karamata (sta-
giaire de Namibie), Kennedy Kawambale, Mwindula Mbewe, Emmanuel
Mukisa (stagiaire d’Ouganda), Jadder Mulonde, Thomson Musukwa, Joe
Shoko (stagiaire du Zimbabwe), Chipita Sibale, Oswald Sichula, Wege
Sinyangwe et Marvin Ssuuna (stagiaire d’Ouganda). Une équipe incon-
testablement internationale !
Une telle tâche est presque impossible à effectuer sans l’aide d’assis-
tants. Aussi, permettez-moi de remercier mon assistante administrative,

15
16 Le dessein de Dieu pour l’Église

Irene Maboshe, ainsi que mon assistant pastoral, Francis Kaunda, pour le
travail qu’ils accomplissent en coulisses, ce qui me libère et me permet de
me consacrer à la tâche première de l’écrivain. Ils savent de quoi je parle.
Je tiens également à remercier les membres du personnel de l’African
Christian University pour leur enthousiasme quant à ce projet de rédac-
tion. Lorsque je leur ai présenté un aperçu du manuscrit alors que j’en
achevais l’écriture, leur contribution m’a aidé à rendre le contenu plus
équilibré. Je tiens donc à remercier chaleureusement Celestine Musembi,
docteure et vice-chancelière de l’ACU et son personnel.
J’ai dédié ce livre à mes collègues anciens de la Kabwata Baptist
Church, en raison de leur courage spirituel. Chaque fois que nous avons
étudié la Bible et discerné des domaines requérant une modification
dans notre croyance ou notre pratique de la vie d’Église, ils n’ont pas
craint de le faire. Cela a parfois pris un peu de temps, mais leur vaillance
dans l’obéissance demeure une source d’inspiration. Autrement, j’aurais
simplement demandé aux autres de faire ce que je ne faisais pas moi-
même. Par conséquent, Charles Bota, Chola Chakonta, John Chundu, John
Kumwenda, Chipita Sibale, Alfred Sakwiya, George Sitali et Emmanuel
Matafwali, ce livre vous est vraiment dédié !
Permettez-moi également de remercier Crossway, la Gospel Coalition,
la Gospel Coalition Africa, 9Marks et Ekklesia Afrika pour les encourage-
ments qu’ils m’ont offerts au moment de la rédaction de l’ouvrage. C’est
votre partenariat avec l’Évangile qui a initialement donné naissance à
ce livre. Je sais bien que longtemps après la soumission du manuscrit,
vous continuerez à travailler en coulisses pour vous assurer que ce livre
bénisse les Églises d’Afrique.
La dernière mention, mais certes pas la moindre, est pour ma femme,
Felistas, pour laquelle je suis particulièrement reconnaissant. Elle a sacri-
fié de nombreuses heures de notre bonheur conjugal et de notre amitié
afin que je puisse respecter la date limite du projet. Nul doute qu’au
ciel, elle jouira d’une part de la récompense que le Seigneur Jésus-Christ
nous accordera pour cette œuvre d’amour.
INTRODUCTION

S i, en prenant ce livre, vous êtes sceptique quant à la nécessité d’un


nouvel ouvrage consacré à l’Église, alors qu’il en existe déjà plusieurs
sur le sujet, je ne vous blâme pas. C’est la réflexion que je me suis faite à
l’idée de ce projet d’écriture. Pour la petite histoire, on a sollicité mon avis
concernant la distribution, en Afrique, d’un très bon livre sur l’Église. Je
l’avais déjà lu longtemps auparavant, je l’aurais recommandé à n’importe
qui, et je le ferais encore aujourd’hui. Cependant, plus je réfléchissais à ce
projet de distribution, plus je voyais à quel point le livre en question ne
répondrait pas, de manière concrète, aux besoins de l’Église en Afrique.
J’ai donc soumis mon avis, plus ou moins en ces termes :

Le livre s’élève incontestablement à 10 000 pieds au-dessus du niveau de la


mer. Il nous donne les principes généraux susceptibles de nous guider dans
la vie de l’Église. Néanmoins, ce dont l’Église a désespérément besoin, c’est
que quelqu’un la prenne par la main et la guide dans la jungle africaine en lui
désignant les arbres et les animaux dont elle doit se méfier pour garder le cap.

En d’autres termes, l’Église en Afrique avait surtout besoin d’un


livre abordant les problèmes majeurs qui l’empêchent d’être telle que
Dieu l’a conçue.

17
18 Le dessein de Dieu pour l’Église

Permettez-moi l’illustration suivante. Récemment, un ami m’a rap-


porté l’histoire d’un homme excédé par le fait que les gens utilisent
le sentier longeant le mur d’enceinte de sa maison pour uriner à un
certain endroit. Il a donc disposé une pancarte sur laquelle on pouvait
lire : « Ce ne sont pas des toilettes. Prière de ne pas uriner ici. » Cela n’a
pas empêché les gens d’uriner malgré tout à cet endroit-là. Modifiant le
texte, il a écrit : « Toute personne trouvée en train d’uriner ici sera pas-
sible de poursuites. » Hélas, l’incivilité a continué sans relâche. Enfin, il
a installé une nouvelle pancarte affichant ces mots : « Prière d’uriner ici.
Nous avons besoin d’urine humaine pour certains rituels. » Non seule-
ment l’incivilité a cessé, mais le sentier a été définitivement abandonné !
Je suis sûr que pour bon nombre d’Occidentaux, le simple appel au
bon sens (« ce ne sont pas des toilettes ») ou à la loi (« sera passible de
poursuites ») aurait suffi à les arrêter. En revanche, l’allusion à la supers-
tition (comme la sorcellerie) aurait sûrement échoué. Or, dans la men-
talité africaine, il existe quelque chose de plus puissant que le bon sens
et la loi : la sorcellerie. C’est d’ailleurs ce qui a permis de régler l’affaire
dans l’histoire précitée. Un auteur doit savoir cela quand il s’adresse à
un public africain. Le monde des esprits est si réel et si proche qu’il doit
être pris en compte pour susciter une pratique chrétienne authentique.
Si je ne suis pas d’accord pour dire que le christianisme en Afrique
doit être différent du christianisme en Orient ou en Occident, je recon-
nais volontiers la nécessité d’appliquer la vérité chrétienne à des vices
singulièrement africains. À mon avis, ces deux approches diffèrent. La
première tente de créer une division étrangère et même contraire à la
Bible. Par exemple, cette approche veut que sciemment et délibérément,
nous adorions Dieu différemment de nos frères en Occident, alors que
beaucoup vivent parmi nous dans nos villes cosmopolites. Cette démarche
ethnocentrée est étrangère au christianisme du Nouveau Testament, qui
cherche à nous rassembler tous dans un seul corps. « Il n’y a ici ni Grec
ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni
libre ; mais Christ est tout et en tous » (Col 3.11). La seconde approche,
dont traite ce livre, tente d’appliquer les principes bibliques à la situation
en Afrique, le but étant de conduire les personnes à la croyance et à la
Introduction 19

pratique conformes avec le dessein de Dieu pour l’Église. Je n’essaie pas


de rendre la Bible plus africaine ; j’essaie de rendre l’Église en Afrique
plus biblique.
Cela étant dit, bien des choses ayant lieu dans l’Église africaine
sont très positives et devraient être encouragées. Il y a de nombreuses
bonnes choses que l’Église ferait bien d’imiter sur d’autres continents.
En voici quelques-unes.
L’Église en Afrique grandit à pas de géant. C’est évidemment un
sujet de réjouissance pour lequel il nous faut remercier Dieu, surtout
par rapport à ce qui se passe dans l’Église en Occident. C’est découra-
geant pour tout chrétien qui voyage de l’Afrique, disons vers l’Europe, de
découvrir des édifices religieux transformés en bibliothèques, musées,
restaurants et bars. Il est tout aussi navrant de voir une majorité d’églises
fréquentées essentiellement par des personnes âgées chancelantes et sur
le point de quitter cette terre, et de constater que la quasi-totalité des
bancs est vide. Où sont les gens ? Où sont les jeunes ? Comment de telles
Églises font-elles pour survivre ? Quelle joie de regagner l’Afrique pour
y retrouver des assemblées chrétiennes qui se réunissent dans tous les
endroits imaginables, alors que de nouvelles Églises poussent comme
des champignons ! On dit que le nombre de chrétiens en Afrique au
début du xxe siècle avoisinait les 9 millions, et qu’à la fin du xxe siècle,
il s’élevait à près de 380 millions. Les édifices à cet effet ne peuvent
contenir la multitude engendrée par ce genre de croissance. C’est pour
cette raison que les Églises se réunissent simplement dans des salles de
classe, des abris de fortune au toit de chaume et sous les arbres, ce qui
ne les empêche pas de se multiplier ! Il est également encourageant de
voir de jeunes parents avec leurs tout-petits, des adolescents et de jeunes
adultes, et pas simplement des octogénaires. C’est un bon signe pour
l’avenir de l’Église en Afrique.
L’Église en Afrique est pleine de zèle, même si ce zèle se caracté-
rise parfois par un manque de discernement (Ro 10.2). Cette dévotion
est manifeste dans la ferveur évangélique qui ne passe pas inaperçue.
Elle est d’ailleurs à l’origine de cette croissance fulgurante. La société
africaine est généralement très ouverte au message chrétien. Toutefois,
20 Le dessein de Dieu pour l’Église

écouter volontiers un message n’implique pas nécessairement sa mise en


pratique. Si vous êtes un pasteur en visite, la plupart des parents invite-
ront toute la maisonnée à se joindre à eux pour vous écouter. Ce ne sont
pas les occasions de témoigner qui manquent. Aussi, des individus dont
la connaissance biblique n’en est qu’à ses balbutiements ont-ils vite fait
de se retrouver à la tête d’une Église de village. Certains ne possèdent
même pas de bible complète, mais prêchent à qui veut bien entendre.
Des prédicateurs-laïcs se retrouvent ainsi dans les rues, les bus et les
trains. Le témoignage personnel est un fait courant dans les écoles, les
collèges et les universités. Les gens ont désespérément besoin de plus de
formation, ce qui permettrait de réduire les incendies produits par ce
zèle où l’instruction fait terriblement défaut. Les structures normales des
« instituts bibliques » utilisées dans le monde occidental pour former les
futurs dirigeants et pasteurs ne suffisent pas à canaliser ce zèle et cette
croissance. Il est urgent d’introduire d’autres modèles qui fonctionneront
davantage à la manière d’une moissonneuse-batteuse dans les grandes
fermes agricoles. Tous ces « problèmes » mis à part, l’Église en Afrique
fait preuve d’une ferveur rafraîchissante.
L’esprit communautaire et le respect de l’autorité caractérisent l’Église
en Afrique. Ils découlent en grande partie de l’héritage de la culture
africaine, et sont des qualités louables. Plus loin dans le livre, j’évoque le
phénomène Ubuntu, traduisant la tendance du peuple africain à valoriser
les relations humaines par-dessus tout. Ce phénomène génère de la sta-
bilité dans les relations au sein de l’Église, mais aussi du respect à l’égard
des personnes âgées et de celles qui occupent des postes à responsabilités.
Les pasteurs qui vivent à distance les uns des autres se réunissent lors
« d’agapes » durant lesquelles ils écoutent non seulement leurs ensei-
gnements mutuels, mais partagent également leur expérience de vie en
tant que pasteurs, et tâchent de répondre à leurs besoins réciproques.
Les liens tissés dans ces groupes sont solides, et plusieurs dépassent les
cercles confessionnels immédiats. Les impératifs bibliques de prendre
soin « les uns des autres » sont déjà une pratique culturelle avant d’être
parachevés par l’enseignement de la Bible. Les gens ont un plus grand
sentiment d’appartenance aux Églises qu’en Occident. Le seul reproche
Introduction 21

éventuel est qu’en raison de leur respect de l’autorité, ils ne remettent


pas en question les faits et gestes de leurs dirigeants autant qu’ils le
devraient. Un équilibre biblique est sans doute nécessaire.
L’Église en Afrique est respectée par la communauté et l’État, car
elle pourvoit souvent aux besoins fondamentaux de la société. Dans mon
pays, la Zambie, l’Église supervise 60 % des établissements de santé de
toute la nation. L’Église gère également les meilleures écoles du pays, à la
fois en matière de structures physiques et de développement holistique
des élèves. Même en cas de catastrophe, l’Église est souvent l’organisme
choisi par les donateurs pour apporter de l’aide localement. Cela a per-
mis aux nations africaines qui frôlent l’extrême pauvreté d’apprécier
l’Église et de garder espoir pour leur jeunesse. L’amour témoigné par
l’Église a gagné l’écoute des dirigeants de la communauté et de l’État.
Ainsi, lorsque les dirigeants de l’Église expriment leur préoccupation
sur un sujet sociétal important, les dirigeants locaux et nationaux ont
tendance à les écouter. Cela signifie que l’Église peut s’exprimer sur des
questions morales actuelles et s’attendre à ce que sa voix compte. C’est
l’une des raisons pour lesquelles les dirigeants des nations africaines
ont été en mesure de résister à la pression de l’Occident, qui cherche
à redéfinir la sexualité humaine et le mariage pour qu’ils conviennent
à ceux qui font la promotion de l’homosexualité (et ce malgré le fait
que certains pays occidentaux conditionnent leur aide en fonction de
l’acceptation de ces pratiques). Bien que certains responsables d’Église
aient abusé de l’écoute attentive des dirigeants de l’État en vue de
servir leurs intérêts personnels, l’État et l’Église entretiennent une
bonne relation, ce qui facilite l’œuvre d’évangélisation. Ce qui valait
en Occident il y a près de deux cents ans vaut encore aujourd’hui sur
le continent africain.
Il y a donc beaucoup à dire sur la santé et la prospérité de l’Église
en Afrique. À mesure que le lecteur progresse dans l’étude de ce livre
et découvre certains sujets inquiétants, il est invité à ne pas oublier ces
caractéristiques positives du christianisme africain. Il faudrait être d’un
esprit très pessimiste pour se sentir découragé par ce que Dieu opère
sur ce continent.
22 Le dessein de Dieu pour l’Église

Ce livre est destiné à établir les fondements bibliques de ce que


l’Église est censée être. Bon nombre de ceux qui composent l’Église en
Afrique, y compris les pasteurs et les responsables de ministère, ont
simplement intégré l’Église. Ils ont adopté ce qu’ils ont trouvé dans
l’Église sans vraiment connaître les raisons de ce qu’ils y font. Faute
d’enseignement biblique sur l’Église, ils se retrouvent ballotés par des
vents contraires et des flots menaçants pour le corps de Christ. Aussi
orientent-ils parfois l’Église dans des directions qui nuisent à sa vie spi-
rituelle, pour la simple raison qu’ils se laissent porter par le courant. Ce
zèle dépourvu de discernement conduit épisodiquement l’Église à s’égarer
dans des pratiques qui n’ont absolument rien à voir avec la Bible. D’où
la nécessité absolue d’écrire un livre expliquant le dessein de Dieu pour
l’Église. Ceux qui dirigent l’Église pourront alors agir conformément à
la pensée de Dieu. C’est l’objectif concret de ce livre.
L’autre raison qui m’a poussé à l’écrire est la suivante : je veux dénon-
cer les mauvaises pratiques flagrantes en vogue dans l’Église africaine
aujourd’hui. Mon approche consiste à : 1) exposer ce que la Bible enseigne
dans divers domaines de la vie de l’Église, 2) prendre ce flambeau pour
examiner les pratiques actuelles à sa lumière. Si j’ai employé des questions
pour intituler les différents chapitres, c’est pour permettre aux personnes
qui souhaitent utiliser ce livre comme guide, de consulter directement le
domaine qui les intéresse en fonction de leurs interrogations. Non seu-
lement obtiendront-elles des réponses bibliques, mais elles verront aussi
les modifications à apporter à la lumière de ce que disent les Écritures.
Quand la Bible manque de clarté sur un sujet particulier, je n’hésite pas
à l’indiquer. Le cas échéant, les dénominations qui respectent également
l’autorité de la Bible y verront des applications différentes. J’évite donc
d’être trop dogmatique. Néanmoins, là où l’enseignement de la Bible est
explicite, je suis fidèle aux Écritures et ne laisse pas le lecteur dubitatif
quant au dessein de Dieu pour l’Église. Ma prière est la suivante : 1) que
le lecteur ait l’humilité d’admettre que les pratiques d’une certaine Église
sont en opposition avec l’enseignement de la Bible, et 2) qu’il procède
aux changements nécessaires en vue de recevoir l’approbation de Dieu.
Diriger une Église revient à bien l’administrer et non à la posséder. En
Introduction 23

effet, l’Église appartient à Dieu ; notre tâche consiste simplement à en


prendre soin en son nom.
Ce livre s’accompagne de la prière que son parfum se répande dans
toute l’Afrique et se traduise par un effet thérapeutique sur l’Église.
L’Église sur ce continent a le plus grand potentiel de bénir l’Église mon-
diale aujourd’hui, à condition qu’elle soit guérie de ses vices qui paralysent
son efficacité. Cette transformation peut avoir lieu par la puissance du
Saint-Esprit, dans la mesure où l’enseignement de la Parole de Dieu a été
entendu au préalable. Dieu a conçu son Église pour qu’elle fonctionne
selon un dessein qu’il nous a révélé dans la Bible. Que cela soit porté à
la connaissance de tous et appliqué, pour la santé de l’Église en Afrique
et pour la gloire de Dieu seul. Amen !
GUIDE D’ÉTUDE POUR L’INTRODUCTION

Le dessein de Dieu pour l’Église

Résumé
Le christianisme biblique reste le même partout. Il s’adresse de manière
intelligible à des gens issus de cultures différentes, mais le message de
la Bible demeure identique en tout lieu. Dans l’ensemble, les Églises
d’Afrique grandissent de manière fulgurante. Elles jouissent de certains
avantages que nos frères occidentaux ont perdus, comme le respect dans
la société et la présence d’une jeune génération pour assurer l’avenir.
Cependant, elles ont un besoin vital de retrouver une compréhension
biblique du dessein divin pour l’Église et d’abandonner les pratiques
étrangères à la Parole de Dieu.

Questions d’étude
1. L’auteur énonce un certain nombre de bénédictions dont jouissent
encore les Églises d’Afrique, contrairement à beaucoup d’assemblées
chrétiennes en Occident. Pouvez-vous les reconnaître ? Laquelle de
ces bénédictions est vraie dans votre contexte ?

2. Selon vous, quelles différences y a-t-il entre une Église qui embrasse
le dessein de Dieu pour l’Église et une Église qui ne le fait pas ?
Introduction 25

3. L’auteur dit aussi que « diriger une Église revient à bien l’administrer
et non à la posséder ». Selon vous, quelle est la différence entre ces
deux façons de gérer l’Église ? Avez-vous vu des pasteurs dans votre
pays pratiquer l’une ou l’autre ? De quelles manières ?

4. Certains affirment que l’étude du dessein de Dieu pour l’Église locale


en Afrique représente une perte de temps, puisque le plus grand
besoin de l’Afrique est d’entendre l’Évangile, pas de réformer ses
Églises. Êtes-vous d’accord ?

Comment les Églises qui embrassent le dessein de Dieu favorisent-elles


l’évangélisation de la communauté ?

5. Selon vous, en quoi votre Église actuelle a-t-elle failli dans le dessein
biblique de Dieu pour l’Église ? Quels domaines sont concernés ?

Pensez à prier pour votre Église dans ces domaines en particulier


au fil de votre lecture. À la fin du livre, vous pourrez revenir à cette
liste et la comparer avec ce que vous aurez appris.
1

QU’EST-CE QUE L’ÉGLISE ?

C omme beaucoup de gens en Afrique, j’ai grandi en allant à l’Église.


Ce sont d’ailleurs les premiers souvenirs que j’ai de mon enfance : on
m’aidait à revêtir mes plus beaux habits du dimanche et l’on me condui-
sait dans la voiture familiale pour aller à l’Église avec mes parents, mes
frères et mes sœurs. Je me souviens des années où je fréquentais l’école
du dimanche, et découvrais les histoires fascinantes de Samson et Délila,
David et Goliath, Daniel dans la fosse aux lions, Moïse et Pharaon, etc.
Je me souviens des récits sur Jésus qui ont touché mon cœur alors que
j’étais encore un jeune garçon non converti.
Je me rappelle aussi l’éloquence du pasteur. Ce qui ressort de mes
souvenirs d’enfance, c’est la façon dont les femmes de l’Église se met-
taient à chanter à l’unisson vers la moitié du sermon du dimanche, ce
qui permettait au pasteur de faire une pause pour boire un peu d’eau.
J’attendais toujours ce moment revigorant au milieu de la prédication.
Ce temps à l’Église était le point culminant de ma semaine, et ce chant
au milieu du sermon constituait le grand crescendo de cet apogée.
Ce contexte a défini ce que l’Église représentait pour moi. C’était
un lieu, un bâtiment. C’était là qu’on se rendait dans nos plus beaux
vêtements pour rencontrer des gens pareillement bien vêtus et écouter

27
28 Le dessein de Dieu pour l’Église

de merveilleuses histoires bibliques. Le plus souvent, ces histoires se


terminaient par une application morale sur la façon dont on devait vivre
d’une manière qui plaise à Dieu. Elles nous aidaient aussi à devenir des
personnes plus aimantes à l’égard de notre entourage.
Ce n’est que de nombreuses années plus tard que j’ai enfin compris
qu’une Église n’est pas un bâtiment. Ce n’est même pas un lieu. C’est un
groupe de personnes qui se rassemblent dans le but d’adorer Jésus-Christ
et d’accomplir la mission qu’il leur a confiée. En ce sens, elle est diffé-
rente d’une banque ou d’un magasin. Ce changement de compréhension
s’est produit lorsque je suis devenu un vrai chrétien par la régénération
et la conversion. Plus j’étudiais la Bible, plus je comprenais que l’Église
n’était pas l’édifice où l’on se rend le dimanche, mais plutôt le groupe
de personnes engagées dans les activités qui se déroulent dans ce lieu.
L’Église, ce sont les gens qui s’y rencontrent. Je peux même aller plus
loin et dire que l’Église ne désigne même pas tous ceux qui s’y réunissent,
mais uniquement les individus qui ont fait l’expérience de la conversion
à Christ et se sont associés pour vivre ensemble en tant que famille sous
la loi de Christ. C’est cela l’Église, et le concept était nouveau pour moi.

Ekklesia et le corps de Christ


Au cours des quarante ans de ma vie chrétienne, je me suis rendu compte
que ma mauvaise conception de l’Église était, en réalité, la compréhen-
sion la plus répandue autour de moi. La première image utilisée dans la
Bible pour le mot « Église » est mieux rendue par le mot grec ekklesia, qui
signifie « les appelés ». Peut-être l’expression la plus proche en français
serait-elle le mot « assemblée », qui fait référence aux personnes appelées
de partout et rassemblées en un seul lieu. Parfois, ce mot a été employé
pour désigner d’autres assemblées qui n’étaient pas l’Église. C’est ce que
nous voyons dans Actes 19.32,39,40c :

Les uns criaient d’une manière, les autres d’une autre, car le désordre régnait
dans l’assemblée, et la plupart ne savaient pas pourquoi ils s’étaient réunis
[…] Et si vous avez en vue d’autres objets, ils se régleront dans une assemblée
légale […] Après ces paroles, il congédia l’assemblée.
Qu’est-ce que l’Église ? 29

L’Église du Nouveau Testament avait choisi d’utiliser ce mot grec


traduit ici par « assemblée » pour désigner ses propres rassemblements.
Dans les Évangiles, ce mot grec n’est employé qu’à trois reprises.
Une fois quand Jésus dit : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur
ce roc je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne
prévaudront point contre elle » (Mt 16.18). Deux fois quand Jésus dit :
« S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter
l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain » (Mt 18.17).
Dans les deux cas, ce sont les paroles de Jésus. Dans le reste du Nouveau
Testament, le terme ekklesia est mentionné plus de 110 fois. L’utilisation
du mot souligne que l’Église n’est pas un édifice, mais un peuple. Elle
signale également que ces personnes sont séparées, par le salut, des
autres personnes. Elles sont « appelées » du milieu de la population.
Ainsi, les croyants sont appelés à vivre des vies séparées de ce que la
Bible appelle « le monde ». Enfin, ce mot souligne que le peuple de Dieu
est appelé à former un ensemble. C’est une assemblée. Le sentiment
d’unité apparait de manière évidente dans la description suivante de
l’Église des tout premiers jours :

Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en
commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient
le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour
tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et
prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et
trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour
à l’Église ceux qui étaient sauvés (Ac 2.44-47).

La deuxième image biblique pour l’Église est celle du « corps de


Christ ». Nous le voyons particulièrement dans les écrits de l’apôtre Paul.
Il déclare ceci aux Romains : « Car, comme nous avons plusieurs membres
dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction,
ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ,
et nous sommes tous membres les uns des autres. Puisque nous avons
des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui
a le don de prophétie l’exerce en proportion de la foi » (Ro 12.4-6). Aux
30 Le dessein de Dieu pour l’Église

Éphésiens, Paul écrit : « Et il a donné les uns comme apôtres, les autres
comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme
pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de
l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ » (Ép 4.11,12).
Cela fait référence à la relation de l’Église avec Jésus-Christ. Jésus est
la tête du corps (Ép 5.23 ; Col 1.18). Nous sommes unis à lui lorsque le
Saint-Esprit nous régénère et nous baptise dans son corps (1 Co 12.12,13).
Tout comme la tête humaine contrôle ce que fait le corps, de même Jésus,
par son Esprit et sa Parole, détermine ce que fait l’Église. Ce concept
du corps de Christ souligne également la variété des dons accordés aux
chrétiens, comme nous l’avons noté dans les passages précités, tirés des
épîtres aux Romains et aux Éphésiens. Nous sommes comme les yeux,
les oreilles, la bouche, le nez, les bras et les jambes du corps humain.
Chacun remplit une fonction distincte dans le corps. Enfin, ce concept
du corps illustre la nécessité pour les chrétiens au sein de l’Église de
prendre réciproquement soin des uns et des autres. En tant que chré-
tiens, nous sommes membres du corps de Christ tout comme le corps
humain est composé de divers organes. Chaque organe fonctionne pour
le bien du corps. « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent
avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec
lui » (1 Co 12.26).

L’Église universelle et locale


Selon la Bible, l’Église est à la fois universelle et locale. L’Église universelle
est composée de tous ceux qui, depuis le début de l’histoire humaine
jusqu’à la fin, ont été (ou seront) rachetés par le sang de Christ, et sont
déjà rassemblés et inscrits au ciel (Hé 12.23). Nous serons un jour ras-
semblés autour du trône de Dieu ; nous serons issus de toute tribu, de
toute langue, de tout peuple, et de toute nation (Ap 5.9). Pour Dieu, qui
voit la fin depuis le commencement (És 46.10), cette Église est toujours
présente devant ses yeux. L’auteur de l’épître aux Hébreux semble le sug-
gérer lorsqu’il dit aux chrétiens hébreux qu’ils sont issus « de l’assemblée
Qu’est-ce que l’Église ? 31

des premiers-nés inscrits dans les cieux » (Hé 12.23). L’apôtre Paul semble
aussi faire allusion à cette constante réalité :

… Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sancti-
fier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la Parole, pour faire paraître
devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable,
mais sainte et irréprochable (Ép 5.25-27).

Cela n’a de sens que s’il s’agit de tous les croyants de tous les âges. À
tout moment, une partie de ce nombre est ici sur terre en attente de sa
glorification et l’autre partie est déjà arrivée au ciel. Dans la littérature
chrétienne, la première est appelée « l’Église militante », la seconde est
« l’Église triomphante ». Des termes merveilleux, à mon sens !
L’Église militante, étant la somme totale des chrétiens sur terre, gran-
dit au fil du temps. Les chiffres diminuent parfois dans certaines parties
du monde en raison de la persécution ou de la vanité. Il arrive que la
dureté de cœur croissante à l’égard de l’Évangile balaye toute une zone
géographique. Lorsque les chrétiens plus âgés meurent et que très peu de
jeunes sont convertis, le nombre de chrétiens dans cette région diminue
et l’Église militante tend à se restreindre. Pourtant, d’une manière géné-
rale, l’Église militante n’a cessé de croître dans le monde au fil des ans. La
raison principale n’est autre que ses efforts d’évangélisation et de mission.
Dans les endroits les plus dangereux qui soient pour les chrétiens, en
particulier dans les zones soumises à des régimes tyranniques, l’Église
militante a parfois disparu. En fait, les croyants sont simplement entrés
« dans la clandestinité » (voir 1 R 19.18). Ils sont toujours là, mais pour
préserver leur vie, ils ne se rencontrent plus publiquement. Cependant,
une fois que la situation change et que la liberté de religion est garantie,
l’Église militante réapparait et le monde est étonné de découvrir qu’elle
s’est considérablement développée dans la clandestinité.

L’appartenance à l’Église locale


L’Église locale doit inclure ceux qui se sont repentis de leurs péchés,
qui ont placé leur foi dans le Seigneur Jésus-Christ, et qui se sont fait
32 Le dessein de Dieu pour l’Église

baptiser publiquement (certaines dénominations ecclésiastiques incluent


les enfants des croyants, mais cette question dépasse le cadre de ce livre).
Jésus, le chef de l’Église, veut que tous ceux qui prétendent lui appartenir
soient baptisés et fassent partie de ces corps visibles et localisés (où ils
apprendront ce que cela signifie de lui appartenir). Dans la déclaration
que nous appelons « le Grand Mandat », Jésus a dit :

Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de
toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20).

Comme le montre ce passage, le baptême marque la confession


publique par laquelle une personne devient membre de l’Église locale
et s’en remet à l’instruction des dirigeants de l’Église.
Tout chrétien devrait appartenir à une Église locale. Ce n’est pas
facultatif. C’est dans l’Église locale que l’on est censé être instruit, ce
qui a déjà été souligné. C’est aussi dans l’Église locale que l’on fait prin-
cipalement l’expérience de la richesse de la communion chrétienne avec
d’autres croyants. Tout ce que l’on a appris sur ekklesia et le corps de
Christ est expérimenté de manière très concrète dans le contexte de
l’Église locale. Les chrétiens apprennent à vivre avec d’autres croyants
dans l’Église locale, malgré l’émergence de sérieux désaccords et diffé-
rends personnels de temps à autre. C’est dans l’Église locale qu’on fait
l’apprentissage du service mutuel et collectif en vue d’étendre le royaume
de Dieu en fonction des dons que Dieu nous a donnés. Chaque chrétien
devrait devenir un membre actif d’une Église locale. Je le répète, ce n’est
pas facultatif.

Les caractéristiques distinctives d’une véritable Église


Toute institution qui s’attribue l’appellation d’Église n’est pas nécessai-
rement une véritable Église. Dans la Bible, certaines de ces institutions
sont désignées comme étant des « synagogues de Satan » (Ap 2.9 ; 3.9).
Alors, comment discerner une Église authentique ? À ses débuts, dans
Qu’est-ce que l’Église ? 33

Actes 2, l’Église du Nouveau Testament a été décrite comme suit : « Ceux


qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des
disciples augmenta d’environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l’en-
seignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction
du pain, et dans les prières » (Ac 2.41,42). Il y avait la prédication de la
Parole de Dieu, le partage de la vie communautaire, les ordonnances et
la prière. Dans cette liste, je tiens à souligner deux marques distinctives
des véritables Églises, puis en ajouter une troisième, qui est devenue
partie intégrante de la vie de l’Église par la suite. Une véritable Église se
distingue par trois caractéristiques majeures :
1. La prédication de la Parole de Dieu. C’est une caractéristique essen-
tielle d’une véritable Église, d’après ce que Jésus a dit dans Matthieu 28.20 :
« [...] et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ». La pré-
dication de la Parole de Dieu doit être au cœur de la définition même de
l’Église. Aussi l’une des toutes premières tâches des premiers missionnaires
venus en Afrique a-t-elle été de traduire la Bible dans les dialectes indi-
gènes. Ils savaient à quel point la prédication de la Bible était déterminante
pour la santé spirituelle des chrétiens et des Églises. Malheureusement,
trop d’Églises en Afrique n’accordent pas à la prédication une place centrale.
À l’inverse, de nombreuses chorales se relaient le même jour : la chorale des
enfants, la chorale des hommes, la chorale des femmes, la chorale princi-
pale, et ainsi de suite. Lorsque toutes ces chorales ont fini de chanter, tout
le monde est prêt à partir. Les représentations théâtrales ont également
commencé à occuper beaucoup de place dans certaines églises. Cela doit
changer. Louis Berkhof affirme ceci au sujet de la prédication : « Il s’agit de
la marque la plus distinctive de l’Église (1 Jn 4.1-3 ; 2 Jn 9). Cela ne signifie
pas que la prédication doit être parfaite et absolument pure, mais qu’elle
doit être fidèle aux principes fondamentaux de la religion chrétienne et
doit avoir une influence déterminante sur la foi et la pratique1. »
La prédication de la Parole de Dieu et l’annonce du véritable Évangile
sont étroitement liées. C’est le cœur de la Parole de Dieu. L’Église devrait
être un lieu où les hommes et les femmes se rappellent inlassablement
la façon dont Dieu réconcilie les pécheurs avec lui-même. La personne
et l’œuvre de Jésus-Christ doivent être enseignées dans sa plénitude. Si à
34 Le dessein de Dieu pour l’Église

un endroit ou à un autre on enseigne que le salut repose sur des œuvres


de justice à accomplir (partiellement ou intégralement), il ne s’agit pas
de l’Église de Christ, même si l’endroit est qualifié d’Église. Le véritable
Évangile doit être une composante essentielle de la définition de l’Église.
2. L’application des ordonnances. Il s’agit de l’administration du bap-
tême et de la sainte cène (voir Ac 2.41,42, mentionné précédemment). Cette
dernière est parfois appelée l’eucharistie. Même si les Églises divergent sur
la question des destinataires et des modes de baptême, ce rite religieux
devrait faire partie des activités des Églises locales comme moyen d’in-
tégration des individus à l’Église. Au sein de l’Église, ils devraient parti-
ciper à la sainte cène, qui symbolise la mort du Seigneur Jésus pour son
peuple. Là encore, on note des différences dans la fréquence et la manière
précise de célébrer ce repas, mais il doit faire partie de la vie de l’Église.
3. La pratique de la discipline. L’Église est censée être un lieu où
la piété et la vérité sont la norme. Lorsque l’une ou l’autre fait défaut
dans la vie d’un individu, ce dernier devrait être averti et exhorté à
se repentir pour retrouver une vie spirituelle saine. Si, malgré tout, il
persiste dans une vie de péché ou dans un enseignement hérétique, la
discipline s’impose par la réprimande publique ou l’excommunication
(Mt 18.15-20 ; 1 Co 5.1-13). Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus avertit les
Églises négligeant la discipline des pécheurs obstinés et déclare qu’il s’en
chargera lui-même (p. ex., Ap 2.16). Le cas échéant, il arrive souvent que
des Églises entières se retrouvent fermées. Ce sujet est à prendre très
au sérieux. La discipline fait partie de la définition même de l’Église.
Les seules personnes qui devraient rester dans l’Église sont celles
qui font preuve d’une foi authentique et d’une obéissance au Seigneur
Jésus-Christ, le chef suprême de l’Église. Cela se manifeste par des indi-
vidus qui font tout leur possible pour fuir le péché et vivre une vie juste.
Cela se voit aussi dans leur amour pour les autres croyants et pour le
Dieu que les chrétiens adorent. Lorsque de telles personnes sont les
membres d’une Église locale, on peut dire avec assurance qu’il existe
sur terre une Église authentique.
Qu’est-ce que l’Église ? 35

Quelques implications
Tous ces sujets sont traités de façon plus détaillée dans ce livre. Je sou-
haitais simplement apporter une brève réponse à la question : « Qu’est-ce
que l’Église ? » J’espère que l’explication ci-dessus aura répondu à cette
interrogation à partir de la Bible. Quelques implications ressortent de
cet aperçu.
Tout d’abord, fréquenter une Église régulièrement ne fait pas auto-
matiquement de vous un membre d’Église. Il y a une différence entre
l’Église locale et l’assemblée du dimanche. Il est nécessaire de dépasser la
simple fréquentation pour devenir un membre de bonne foi et accepter
volontiers toutes les responsabilités que Christ destine à chacun.
Deuxièmement, ne méprisons pas les Églises qui ne se réunissent
pas dans de beaux édifices, comme s’il s’agissait d’Églises de moindre
importance aux yeux de Dieu. Au vu de la croissance du christianisme
en Afrique, nous continuerons à voir des Églises se réunir dans des
salles de classe et sous des arbres. Ce sont des Églises de Christ au même
titre que celles qui se rassemblent dans de magnifiques sanctuaires. Ce
qui importe, ce n’est pas le genre de bâtiment qui fait office de lieu de
culte des chrétiens. C’est l’authenticité de la foi de ces chrétiens et leur
disposition à écouter la prédication de la Parole de Dieu, ainsi que leur
désir de recevoir les sacrements et de maintenir la pureté parmi eux,
par l’exercice de la discipline d’Église.
Troisièmement, on doit évidemment se réjouir de la dimension inter-
nationale et mondiale de l’Église. Pensons à l’Église au-delà les limites
de notre Église locale ou dénomination.
Nous appartenons au corps de Christ répandu sur toute la terre.
L’Église existe en Afrique, en Amérique, en Europe, en Asie, etc. Elle
est partout. Votre Église locale n’est qu’une manifestation régionale de
ce grand organisme international. Nous nous focalisons parfois trop sur
« l’Église africaine », ce qui peut facilement nous faire perdre de vue le
fait que nous formons un seul corps (une seule Église) dans le monde.
Notre Église locale devrait œuvrer en partenariat avec d’autres Églises
pour remplir la mission que Jésus a confiée à son Église mondiale. Notre
36 Le dessein de Dieu pour l’Église

Église locale devrait également aider activement les Églises les plus faibles
aux alentours à s’affermir dans la foi.
Quatrièmement, l’appartenance à l’Église est ouverte à tous ceux qui
sont convertis à Christ. Ne limitons jamais l’appartenance à notre Église
à une tribu ou à un groupe ethnique. Le langage que nous utilisons dans
notre Église devrait simplement représenter le langage des personnes
qui composent notre communauté. De cette façon, toute personne vivant
dans notre voisinage se sentira libre de faire partie de notre assemblée,
dans la mesure où elle croit vraiment en Christ. L’une des tristes réa-
lités de l’Afrique est que vous pouvez avoir cinq Églises dans la même
rue qui parlent toutes des dialectes différents, parce que chaque Église
« appartient » à une tribu. Or, les personnes qui se rendent dans ces églises
fréquentent les mêmes écoles, travaillent dans les mêmes bureaux, et
sont bien obligées d’interagir ou d’apprendre à travailler dans une langue
commune. Cela déforme totalement la nature de l’Église chrétienne. S’il
doit y avoir une division, que ce soit à cause de divergences doctrinales.
Sinon, que chaque Église locale soit ouverte à toute personne chrétienne,
et que tout soit mis en œuvre pour lui faire bon accueil.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 1

Qu’est-ce que l’Église ?

Résumé
C’est la Parole de Dieu, et non nos diverses expériences, qui devrait nous
enseigner ce qu’est une Église. Une Église est le rassemblement de ceux
qui ont été appelés hors du monde corrompu, par le moyen du salut, et
qui se sont engagés mutuellement à prendre soin les uns des autres et à
se réunir régulièrement pour adorer Dieu. Ces assemblées de croyants
sont caractérisées par trois choses : la prédication de la Parole, la pratique
du baptême et de la sainte cène, et le recours à la discipline d’Église.
L’Église est le corps de Christ, qui est à la fois universel et local. En tant
que chef suprême, Christ a autorité sur l’Église ; en tant que corps, nous
avons besoin de la contribution variée de chaque membre.

Questions d’étude
1. Ce chapitre définit trois marques distinctives d’une véritable Église.
Quelles sont-elles ? Laquelle est dominante dans votre Église locale ?
Laquelle est délaissée, selon vous ?

2. Dans ce chapitre, l’auteur décrit l’Église comme « les individus qui


ont fait l’expérience de la conversion à Christ et qui se sont asso-
ciés pour vivre ensemble en tant que famille sous la loi de Christ »
(p. 28). Sur la base de cette définition d’une Église, qualifieriez-vous
d’Église une étude biblique hebdomadaire ou une communauté de
groupe familial ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
38 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. Y a-t-il des Églises locales dans votre région qui sont mortes et qui
ont fermé ? Comment concilier, selon vous, la fermeture d’une Église
avec la promesse de Jésus, dans Matthieu 16, de bâtir son Église ?

4. Un pasteur de zone rurale du Burundi croit que même si tout le


monde a le droit de se rendre à l’église le dimanche, la Bible enseigne
que seuls ceux qui ont été « appelés » par la foi et la repentance
peuvent véritablement devenir membres. Or, il redoute d’enseigner
une telle doctrine par crainte de contrarier les personnes âgées non
converties, riches, présentes depuis longtemps, et qui contribuent
financièrement au budget de l’Église. Que devrait-il faire ?

5. Après avoir lu ce chapitre, que diriez-vous aux croyants qui ne


pensent pas devoir s’engager dans l’Église locale ?
2

QUI EST LE FONDATEUR ET LE


CHEF DE L’ÉGLISE ?

I l vous suffit de fréquenter brièvement les Églises en Afrique pour ren-


contrer des individus se vantant d’être les « fondateurs » des Églises
qu’ils ont implantées. C’est particulièrement le cas lorsque d’autres assem-
blées ont été établies à partir de l’Église de ces individus. Elles portent
toutes le nom de cette première Église. En outre, ces personnes veillent
à ce qu’elles soient désignées comme étant à l’origine de cette assemblée
et des autres qui en découlent.
Les entreprises ont des fondateurs. Ce sont des personnes qui sont les
premières à voir la nécessité d’instaurer de tels projets et de prendre le
risque d’investir des fonds pour favoriser leur essor. Pensez à Shoprite, par
exemple. C’est aujourd’hui le plus grand détaillant alimentaire d’Afrique,
opérant dans près de quatorze pays sur le continent et comptant plus
de 147 000 employés. Avant novembre 1979, cette société n’existait pas,
sauf peut-être, dans l’esprit de son fondateur. Puis, cette année-là, Christo
Wiese a décidé d’orienter son entreprise familiale dans l’achat d’une
petite chaîne de points de vente en difficulté, en Afrique du Sud. Ce fut
la naissance de ce que nous connaissons aujourd’hui sous l’appellation

39
40 Le dessein de Dieu pour l’Église

Shoprite, la multinationale de vente au détail figurant parmi les cent pre-


mières chaînes de détaillants au monde. Voilà ce que font les fondateurs.
Les entreprises ont aussi des personnes à leurs têtes. Le chef d’une
organisation est la personne qui dirige tout ce qui s’y passe. Il est res-
ponsable de veiller à ce que l’entreprise atteigne le but qui justifie son
existence. Tous les autres membres de l’organisation ont la responsabilité
de se soumettre à ses dirigeants.
Aujourd’hui, l’expression consacrée pour désigner une telle personne
est PDG, ou chef de direction. Je suppose que l’expression « tête » vient de
la localisation du cerveau dans le crâne humain : c’est le cerveau qui, par
l’intermédiaire du système nerveux, dicte toutes les instructions à l’origine
de nos actes. Les grandes entreprises ont un « siège social », les écoles ont
un « directeur » ou un « proviseur », etc. Dans chaque cas, le terme désigne
la fonction ou la personne détenant l’autorité de dicter des instructions
pour assurer la réalisation des différentes missions. La responsabilité de
tous ceux qui font partie de cette organisation ou de cette école est de
se soumettre et de coopérer en appliquant les instructions en vigueur.
Dans ce chapitre, la question qui appelle une réponse est la suivante :
« Qui est le fondateur et le chef de l’Église ? » Dans le chapitre précédent,
l’Église a été définie. Nous avons vu que, dans le Nouveau Testament,
elle comprend tous ceux qui sont « appelés » et se dénomme le corps
de Christ. Elle inclut deux groupes majeurs : ceux qui sont encore sur
terre et ceux qui sont déjà au ciel. Enfin, l’Église se présente également
sous des formes localisées appelées Églises locales. Ces Églises locales
sont réparties dans le monde entier. Qui est à l’origine de tout ce déve-
loppement au fil des ans ? Qui en est le fondateur ? Qui en est le chef ?

Jésus-Christ est le fondateur de l’Église


Si nous examinons les « textes fondateurs » de l’Église, à savoir les saintes
Écritures, il est tentant d’identifier les apôtres nommés par Jésus comme
étant les fondateurs de l’Église. Nous lisons : « Ainsi donc, vous n’êtes plus
des étrangers ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints,
gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et
Qui est le fondateur et le chef de l’Église ? 41

des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire » (Ép 2.19,20,


italiques pour souligner). Nous remarquons, dans le livre des Actes, que
la première Église a vu le jour grâce à la prédication de l’apôtre Pierre, à
la Pentecôte. Trois mille personnes ont été baptisées ce jour-là, devenant
ainsi les membres de la première Église locale sur terre, à Jérusalem.
La Bible nous montre comment ces mêmes apôtres sont allés déli-
bérément et résolument dans toute l’Asie et l’Europe pour répandre
l’enseignement à propos de Jésus-Christ et implanter des Églises locales.
Plus tard, avec l’émergence de difficultés au sein même de ces assem-
blées, ces apôtres ont adressé à ces Églises des lettres faisant autorité
pour définir ce qu’elles devaient croire, comment elles devaient vivre
et mener leurs affaires. Certaines de ces lettres ont subsisté jusqu’à ce
jour ; il s’agit des épîtres qui se trouvent dans le Nouveau Testament de
la Bible. Aujourd’hui encore, nous cherchons à régler tout différend sur
le fonctionnement de l’Église en recourant à ces lettres. Par conséquent,
nous pouvons nous demander : les apôtres de Jésus-Christ sont-ils les
fondateurs de l’Église ?
En considérant l’ensemble de l’enseignement de la Bible, celui qui
occupe la position de chef suprême de l’Église en est le véritable fon-
dateur, à savoir le Fils de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ. Même dans le
passage précité, qui parlait des apôtres et des prophètes pour désigner
le fondement de l’Église, l’apôtre Paul a conclu : « Christ Jésus lui-même
étant la pierre angulaire » (Ép 2.20). Il est l’élément majeur et unique
de toute la fondation. C’est lui qui a choisi chacun des apôtres et les a
envoyés avec des instructions claires :

Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de
toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20).

Les apôtres n’ont fait qu’obéir aux instructions de Jésus. Le mot


« apôtre » signifie « envoyé », un peu comme les missionnaires d’au-
jourd’hui, envoyés par une Église locale pour répandre le royaume
de Christ ailleurs, généralement en implantant de nouvelles Églises.
42 Le dessein de Dieu pour l’Église

Ainsi, les apôtres ne sont pas les fondateurs ultimes de l’Église. C’est
Jésus-Christ. Ils se sont contentés de mettre à exécution ses instructions.

Jésus-Christ est le chef de l’Église


Jésus n’est pas seulement le fondateur suprême de l’Église, il en est
aussi le chef. Deux passages de la Bible sont très clairs à ce propos. Dans
Colossiens 1.18, Paul dit : « Il [Jésus-Christ] est la tête du corps de l’Église ;
il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en
tout le premier ». Dans Éphésiens 5.22-24, Paul dit : « Femmes, que cha-
cune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le mari est le
chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église qui est son corps,
et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à Christ,
les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses. » Il n’est
pas seulement question ici du rôle de Christ en tant que chef de l’Église,
mais aussi du rôle de l’Église, qui est de se soumettre à son autorité.
En fin de compte, c’est par l’œuvre du Saint-Esprit et la Parole de
Dieu que Jésus fonde et dirige l’Église. L’Église du Nouveau Testament
est née le jour de la Pentecôte, lorsque l’Esprit de Dieu a été déversé du
ciel d’une manière des plus inhabituelles. Sa naissance remonte à cette
date. C’est remplis du Saint-Esprit que des apôtres et des missionnaires
ont été envoyés dans toutes les nations du monde pour établir le règne
de Jésus-Christ dans le cœur des gens de toutes tribus et de toutes lan-
gues. Nous lisons dans Actes 13.1-3 :

Il y avait dans l’Église d’Antioche des prophètes et des docteurs : Barnabas,


Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec
Hérode le tétrarque, et Saul. Pendant qu’ils servaient le Seigneur dans leur
ministère et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit : « Mettez-moi à part Barnabas
et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Alors, après avoir jeûné et
prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir.

L’Église d’Antioche a obéi aux instructions du Seigneur Jésus-Christ ;


c’est le Saint-Esprit qui a veillé à ce qu’ils reçoivent le message. Il a dû
leur parler par l’intermédiaire d’un des prophètes présents.
Qui est le fondateur et le chef de l’Église ? 43

Le rôle de l’Esprit Saint dans la communication de la volonté du


Seigneur à son Église est particulièrement évident dans le livre de
l’Apocalypse, lorsque Jésus envoie un message à chacune des sept Églises
d’Asie Mineure. Dans chaque cas, nous lisons : « Que celui qui a des
oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2.7,11,17,29 ; 3.6,13,22).
Jésus a fait savoir qu’il s’adressait aux Églises par son Esprit ; il tenait à
ce que les Églises écoutent attentivement ses messages, parce qu’il est
le chef de l’Église. Il a menacé de punir toute Église qui ne tiendrait pas
compte de ses messages. La responsabilité de l’Église à cette époque est
similaire à celle d’aujourd’hui : son rôle, comme c’est le cas pour tous
ceux qui se trouvent sous les ordres d’un chef, est de se soumettre à son
autorité pour tendre vers le but qui justifie son existence.
À l’époque du Nouveau Testament, les Églises dépendaient des pro-
phètes qui discernaient la pensée du Saint-Esprit et leur en faisaient
part. Aujourd’hui…

… nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle


vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un
lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin
se lève dans vos cœurs ; sachez tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophé-
tie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière, car ce
n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée,
mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part
de Dieu (2 Pi 1.19-21).

Dieu, dans sa bonté, a veillé à ce que la Bible présente ce que nous


devons savoir, ce qu’il nous faut croire et comment vivre pour plaire
au grand chef de l’Église. Il ne nous reste plus qu’à la lire et à lui obéir.

Qu’est-ce qui fait de Jésus le fondateur et le chef


de l’Église ?
Nous avons vu que Jésus-Christ est à la fois le fondateur et le chef de
l’Église. Examinons plus en détail les autres liens de Jésus avec l’Église.
Toutes les illustrations que nous allons passer en revue ne font qu’étayer
44 Le dessein de Dieu pour l’Église

la raison pour laquelle il est logique de croire que Jésus n’est pas seule-
ment le fondateur, mais aussi le chef de l’Église.
1. Il l’a reçue. Les élus, qui forment la véritable Église, ont été don-
nés à Jésus-Christ par Dieu le Père. Dans ce que nous appelons la prière
sacerdotale du Seigneur Jésus-Christ, il dit ceci :

J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du
monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta Parole […]
C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux
que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi ; et tout ce qui est à moi est à toi,
et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux (Jn 17.6,9,10).

Plus tôt dans cette prière, Jésus dit au Père qu’il a reçu l’autorité
sur toute chair pour transmettre ainsi la vie éternelle à tous ceux que
le Père lui a donnés (Jn 17.2). Il ne fait aucun doute que, si les gens qui
composent l’Église appartiennent à Christ, il est logique qu’il ait le droit
de la conduire comme il l’entend.
2. Il l’a rachetée. Quand Jésus est mort sur la croix, il a payé le prix
de la rédemption des personnes qui composent l’Église. À la question
« Pour qui Jésus est-il mort ? », nous répondons souvent sans réfléchir à
deux fois : « Jésus est mort pour le monde ». C’est vrai. Il est « l’Agneau
de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29). Nous trouvons des mots
similaires dans le verset le plus célèbre de la Bible, Jean 3.16. Toutefois,
la Bible utilise souvent le mot « monde » pour souligner le fait que
l’Évangile n’est pas exclusivement destiné aux Juifs, mais aux non-Juifs
également. Le terme « monde » ne désigne pas toujours tout individu
venu au monde depuis la Création. Plus précisément, la Bible enseigne
que Jésus est mort pour son peuple élu, ceux que le Père lui a donnés
avant la fondation du monde. Jésus parle de donner sa vie exclusivement
pour ses brebis. Il dit : « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa
vie pour ses brebis […] Je connais mes brebis, et elles me connaissent,
comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma
vie pour mes brebis » (Jn 10.11,14,15). Le passage de la Bible indiquant
le plus clairement que Jésus est mort pour son Église est sans doute
Éphésiens 5.25-27 :
Qui est le fondateur et le chef de l’Église ? 45

Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est
livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant
par l’eau de la Parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse,
sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.

S’adressant aux anciens d’Éphèse dans son discours d’adieu, Paul


dit : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel
le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église de Dieu, qu’il
s’est acquis par son propre sang » (Ac 20.28). Jésus-Christ s’est acquis un
peuple pour lui-même qui constitue désormais la véritable Église dans
le ciel et sur la terre. Il a donc le droit d’agir avec lui comme il l’entend.
Il l’a racheté par son propre sang !
3. Il l’a fiancée. L’Église est appelée l’épouse de Christ. La célébration
des noces de l’Agneau viendra couronner l’histoire (Ap 19.7). L’épouse,
appelée ici la nouvelle Jérusalem, apparaîtra magnifiquement ornée pour
rencontrer son époux, le Seigneur Jésus-Christ (Ap 21.2). L’Église est
ainsi appelée « la femme de l’Agneau » (Ap 21.9). Ce sera l’union de Christ
avec l’Église qu’il a acquise en livrant sa vie sur la croix. Cette relation,
celle de Christ avec son Église en tant que mari et femme, est le grand
argument de l’apôtre Paul pour expliquer les liens qui unissent une
épouse et son mari :

Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le
mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église qui est
son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à
Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses. Maris,
que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-
même pour elle (Ép 5.22-25).

L’idée maitresse est évidente : l’Église doit se soumettre à Christ, l’Époux.


4. Il la guide. Une autre image notable du Nouveau Testament repré-
sentant Jésus chef de l’Église est celle de son rôle de grand berger des
brebis. Un berger ne protège pas seulement les brebis, il leur indique
où se nourrir. D’ordinaire, lorsqu’un berger a beaucoup de brebis, il les
répartit en les confiant à d’autres bergers qui travaillent ensuite sous
sa supervision directe. Ces derniers sont appelés des bergers-assistants.
46 Le dessein de Dieu pour l’Église

C’est ce que sont les dirigeants d’Églises. Ce sont des bergers-assistants


sous la supervision de Jésus-Christ, le grand berger des brebis. L’apôtre
Pierre a utilisé cette image pour encourager les anciens à accomplir leur
travail avec soin. Il a écrit :

Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi,
ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la
gloire qui doit être manifestée : Paissez le troupeau de Dieu qui est sous
votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non
pour un gain sordide, mais avec dévouement […] Et lorsque le souverain
berger paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire
(1 Pi 5.1,2,4).

Cela renforce l’idée que les dirigeants d’Églises ne sont pas l’autorité
ultime dans l’Église. C’est Jésus-Christ. Ils devraient accomplir leur tâche
comme le veut Jésus. À son retour, il les rétribuera en conséquence.

Quelques implications
Ceux que Dieu a utilisés pour implanter des Églises ne devraient pas se
considérer comme les fondateurs de l’Église, car ils ne le sont pas. Ils ne
sont que des instruments entre les mains du chef suprême de l’Église,
le Seigneur Jésus-Christ. Il les a déployés pour implanter telle ou telle
Église, comme il l’a fait avec les apôtres dans la Bible. Jésus est le seul
fondateur de l’Église. Comme indiqué au début de ce chapitre, nous
avons aujourd’hui trop de dirigeants d’Églises en Afrique qui prétendent
être les fondateurs des Églises qu’ils ont implantées. C’est particulière-
ment le cas lorsque d’autres assemblées ont été établies à partir de la
première et qu’elles en portent le nom. Cette personne veille à ce que le
site Internet de l’Église et ses cartes de visite indiquent bien qu’il en est
le fondateur. Quand bien même il aurait implanté une Église, il est sage
d’éviter des termes aussi exagérés et de réaliser que nous ne sommes
que des instruments entre les mains de Dieu. Comme Paul le disait :

Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le


moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. J’ai
Qui est le fondateur et le chef de l’Église ? 47

planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas
celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui
fait croître […] Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de
Dieu, l’édifice de Dieu (1 Co 3.5-7,9).

Malheureusement, cette situation atteint parfois une telle ampleur


que, même lorsque ce genre de dirigeant tombe dans un péché grave et
scandaleux, il insiste sur le fait qu’on ne peut ni le démettre de ses fonc-
tions ni le discipliner de quelque manière que ce soit. Il exige le départ
de ceux qui sollicitent sa démission, étant donné qu’il est le fondateur
de l’Église. C’est comme s’il avait le droit inaliénable d’être le seul aux
commandes de l’Église, en dépit de son état spirituel. Il est nécessaire
d’inverser cette tendance en s’assurant que Jésus n’ait pas de concur-
rence. Lui seul est le fondateur de l’Église. Aucun être humain n’a payé
le prix pour racheter l’Église. Seul Christ l’a fait, et il exige la sainteté,
en particulier de la part des dirigeants de l’Église. Ils devront lui rendre
des comptes à son retour. Ceux qui ont usurpé la position de Christ et
maltraité son Église le paieront cher ce jour-là.
Les pasteurs ne doivent pas faire ce que bon leur semble avec l’Église.
Il faut constamment se poser cette question : « Que dit la Bible ? » Le
Saint-Esprit a veillé à nous révéler la pensée du chef de l’Église dans les
saintes Écritures. Ceux qui dirigent l’Église devraient les consulter assi-
dûment pour voir ce qu’elles enseignent. Lorsque Paul envoie Timothée
comme pasteur de l’Église d’Éphèse, il craint que ce dernier ne finisse
par diriger l’Église selon son propre raisonnement pragmatique. Une
« bonne idée » n’en pas une si la Bible ne la valide pas. Aussi Paul a-t-il
envoyé à Timothée la lettre que nous appelons 1 Timothée. Paul lui a
dit : « Je t’écris ces choses, avec l’espérance d’aller bientôt vers toi ; mais,
si je tarde, tu sauras comment il faut se conduire dans la maison de
Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité »
(1 Ti 3.14,15). Paul ne voulait prendre aucun risque. Sa lettre à Timothée
regorge d’instructions sur des sujets tels que les rôles masculins et
féminins dans l’Église, les qualifications requises pour être un ancien
et un diacre dans l’Église, la façon dont l’Église devrait s’occuper des
personnes vulnérables en son sein, ainsi que de leurs pasteurs, etc.
48 Le dessein de Dieu pour l’Église

De nos jours, nous voyons des Églises faire ce que Jésus ne leur a
jamais demandé de faire dans sa Parole. Les dirigeants de l’Église veulent
parfois utiliser la force des nombres pour influencer les élections poli-
tiques, voire contrôler les élections. Le chef de l’Église a-t-il dit que
l’Église devait agir ainsi ? Dans le chapitre suivant, nous examinerons de
plus près la mission de l’Église. Pour l’instant, je me contenterai de dire
qu’il est très improbable que Jésus ait inclus l’influence ou le contrôle
des élections politiques comme l’un des objectifs de son Église.
N’oublions jamais que le dirigeant ultime de l’Église est le Seigneur
Jésus-Christ. Il en est le fondateur et le chef. Il était mort, mais il est
revenu à la vie. Il est vivant et en bonne santé, il marche au milieu des
chandeliers d’or (Ap 2.1), et taille leurs mèches.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 2

Qui est le fondateur et le chef de l’Église ?

Résumé
Jésus-Christ seul est le fondateur et chef de son Église. L’Église lui
appartient, parce qu’il a reçu l’Église comme sa possession de la part du
Père ; il l’a rachetée par son sang ; il l’a fiancée à lui-même pour qu’elle
devienne son épouse ; et il vit maintenant pour paître son Église. L’Église
est vivante grâce à son Esprit, et elle vit selon sa Parole. Les dirigeants
de l’Église devraient se considérer comme des serviteurs dont l’œuvre
est de faire la volonté de Jésus pour son Église, et non comme des cadres
libres de faire ce qu’ils veulent ou ce qu’ils estiment sage.

Questions d’étude
1. L’auteur détermine trois raisons permettant d’affirmer que Jésus est
le chef de l’Église. Quelles sont-elles ? Lesquelles étaient les moins
évidentes pour vous ?

2. En observant autour de vous dans votre contexte, identifiez comment


les dirigeants de l’Église ou les pasteurs usurpent fréquemment l’au-
torité et l’intendance de Christ dans leur façon de paître le troupeau.
50 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. En 2014, un pasteur sud-africain a exhorté ses fidèles à manger


de l’herbe pour se rapprocher de Dieu. Plusieurs d’entre eux l’ont
fait. Comment conseiller aux chrétiens d’évaluer ce que disent
leurs pasteurs ?

4. Comment un pasteur peut-il démontrer l’autorité de Christ par sa


prédication ?

Comment peut-il également manifester l’autorité de Christ dans la


façon de diriger l’Église ?

5. Selon vous, quelles structures les Églises peuvent-elles mettre en


place pour s’assurer que leurs dirigeants soient tenus de rendre des
comptes ? Quels passages de la Bible justifient de telles structures ?
3

QUELLE EST LA MISSION DE


L’ÉGLISE DANS LE MONDE ?

O n dit que la nécessité est la mère de l’invention. Lorsque vous


manquez de quelque chose dont vous avez grandement besoin,
votre esprit s’emballe et propose des solutions auxquelles vous n’auriez
probablement pas pensé à moins d’être sous pression. Je me souviens
que lors d’une visite à un ami au Royaume-Uni, j’ai eu besoin d’utiliser
une fiche à deux broches dans une prise à trois trous. Il m’a dit que
c’était impossible, faute d’adaptateur approprié ; de plus, il était trop tard
pour aller en acheter un. Je lui ai demandé un stylo à bille ; j’ai pris le
capuchon en plastique que j’ai poussé dans le trou supérieur de la prise
à trois trous, ce qui a ouvert les deux trous inférieurs et j’ai pu y bran-
cher ma fiche à deux broches. Il était ébahi : « Dis donc ! J’ignorais que tu
pouvais faire ça ! Où l’as-tu appris ? » Eh bien, en Afrique, c’est courant.
Nous apprenons des astuces, faute de gadgets appropriés à disposition.
Malheureusement, l’Église connaît un sort similaire. Nous avons
fini par utiliser l’Église pour toutes sortes de besoins humains. En fin
de compte, elle est devenue une touche-à-tout sans rien maîtriser pour
autant. L’Église est utilisée pour gérer les écoles et les établissements de

51
52 Le dessein de Dieu pour l’Église

santé, organiser les mariages et les funérailles, prendre soin des veuves
et des orphelins non membres, servir de médiateur entre les partis
politiques, superviser les élections, etc. Parfois, elle devient même un
moyen de subsistance pour les soi-disant « hommes de Dieu » qui ne
parviennent pas à trouver un emploi ailleurs. Il est crucial de sonder la
Bible pour connaître le but premier de l’Église. Heureusement, sa mis-
sion est énoncée clairement. Avant que Jésus ne monte au ciel, il établit
sans équivoque ses consignes pour l’Église. Tous les Évangiles en parlent,
mais la déclaration la plus complète se trouve sans doute dans Matthieu :

Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : « Tout pouvoir m’a été donné dans
le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à
observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les
jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.18-20).

Notez que Jésus a donné ces instructions en énonçant au préalable


le pouvoir et l’autorité qui lui avaient été conférés : « Tout pouvoir m’a
été donné dans le ciel et sur la terre ». Seul Dieu a un tel pouvoir et une
telle autorité. Cela fait donc référence à la royauté médiatrice de Christ,
qui était sur le point de lui être conférée lorsqu’il est monté au ciel. Il
pouvait parler comme si elle était déjà sienne, parce qu’il l’avait méritée
grâce à son œuvre expiatoire sur la croix de Golgotha. Dieu a pris forme
humaine par la naissance virginale. Lors de son ascension au ciel, la
nature humaine de Christ allait faire l’expérience de la gloire qu’il avait
avant la fondation du monde. Il allait recevoir les rênes de l’histoire pour
gouverner l’univers dans le but d’y conduire son peuple élu pour lequel
il venait de livrer sa vie. Ce n’est que lorsque les derniers élus y seront
parvenus que Jésus reviendra sur terre pour conclure l’histoire. Il rendra
alors les rênes de l’histoire au Père, afin que Dieu « soit tout en tous »
(1 Co 15.28). En attendant, toute autorité dans le ciel et sur la terre lui a
été donnée. Il est le souverain de l’Église et du monde !
Vous vous demandez sûrement comment Jésus gouverne un monde
aussi rebelle contre sa personne. La réponse est qu’il gouverne le monde
en tant que juge ultime, mais aussi de façon providentielle. En d’autres
Quelle est la mission de l’Église dans le monde ? 53

termes, rien ne se passe dans ce monde sans qu’il l’ait permis. Rappelez-
vous comment Satan a dû obtenir la permission de Dieu pour détruire
les biens, la famille et la santé de Job, dans Job 1 et 2. Rappelez-vous
que, dans Actes 4.23-31, les disciples ont clairement déclaré, dans leur
prière, que même la mort de Jésus-Christ avait eu lieu avec la permis-
sion de Dieu !
Tout ce pouvoir est à présent conféré à Jésus-Christ, en tant
qu’Homme-Dieu suprême. Il maîtrise jusqu’aux mauvaises actions des
hommes et des femmes, fixant ainsi leurs limites, sinon ce monde serait
bien pire qu’il ne l’est. Il contrôle toute activité humaine, principalement
dans le but d’apporter le salut à son peuple. Au retour de Jésus, l’autre
aspect de son règne sera également visible, quand il convoquera toute
la création afin de punir ou de récompenser.
C’est dans ce contexte que le Seigneur Jésus-Christ a donné trois
instructions à ses disciples. Ces trois-là demeurent l’œuvre de son Église
tout au long de l’histoire jusqu’à son retour. Elles expriment son but
jusqu’à ce jour. Jésus est le chef de l’Église, comme nous l’avons vu dans
le chapitre précédent. À ce titre, il a tout à fait le droit de dicter à l’Église
les responsabilités qui lui incombent. Quelles sont-elles ?

Faire de toutes les nations des disciples


Comme nous l’avons vu, la première responsabilité que Jésus a donnée
à l’Église est de faire de toutes les nations des disciples (Mt 28.18-20).
Dans les autres Évangiles, Jésus donne à l’Église la responsabilité de
veiller à ce que l’Évangile du salut soit prêché à toutes les nations. Dans
l’Évangile selon Marc, Jésus dit : « Allez par tout le monde, et prêchez
la bonne nouvelle à toute la création » (Mc 16.15). Dans l’Évangile selon
Luc, Jésus déclare : « Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il
ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le
pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à
commencer par Jérusalem » (Lu 24.46,47). Enfin, dans l’Évangile selon
Jean, nous lisons : « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé,
moi aussi je vous envoie » (Jn 20.21). Dans ce dernier passage, Jésus fait
54 Le dessein de Dieu pour l’Église

référence à son œuvre en tant que prédicateur itinérant de l’Évangile.


Il envoie désormais ses disciples faire de même.
Résumons ce que Jésus nous transmet dans ces quatre passages : ses
disciples ont pour instruction d’aller dans toutes les nations du monde
annoncer la Bonne Nouvelle : Dieu leur offre désormais le pardon du
péché par l’œuvre expiatoire de Christ sur la croix ; les membres de ces
nations doivent se repentir et faire confiance à Jésus pour être pardon-
nés. Ce faisant, ils deviendront ses disciples.
Si vous poursuivez la lecture jusqu’aux Actes des Apôtres, vous verrez
que les disciples auxquels Jésus a donné ces instructions ont compris
qu’elles signifiaient exactement ce que nous venons de résumer. Ils sont
partis de Jérusalem pour se rendre en Judée, puis en Samarie, et ils ont
continué. Ils prêchaient l’Évangile partout où ils le pouvaient (Ac 2.14s ;
3.12s ; 4.8s ; 5.27s ; 6.7 ; 8.1-8 ; etc.). Même quand on leur a ordonné d’ar-
rêter de prêcher sur la mort et la résurrection de Jésus-Christ, ils ont
refusé et ont continué à évangéliser. Ils ont déclaré qu’ils étaient prêts
à mourir plutôt que d’arrêter d’annoncer ce message (Ac 4.18-20). C’est
la première responsabilité que nous avons en tant qu’Église : veiller à ce
que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations afin que chacun vienne
à Jésus-Christ dans la repentance et la foi.

Baptiser les disciples


La deuxième responsabilité que Jésus a donnée à ses disciples consiste à
baptiser ceux qui sont devenus ses disciples, au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit (Mt 28.19). Parmi les autres auteurs des Évangiles, le
seul ayant également rapporté cette deuxième responsabilité est Marc. Il
a écrit : « Allez par tout le monde, et prêchez la Bonne Nouvelle à toute
la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui
ne croira pas sera condamné » (Mc 16.15,16). Quelle est la signification
du baptême ? C’est l’expression publique de la foi en Jésus-Christ pour
ceux qui se repentent du péché et font confiance à Jésus-Christ pour
leur salut ; ils rejoignent ainsi les autres officiellement dans les com-
munautés locales des disciples de Christ. C’est aussi une manière pour
Quelle est la mission de l’Église dans le monde ? 55

la personne qui baptise de témoigner de la foi du nouveau converti, ce


qui contribue grandement au sentiment d’assurance du converti. Nous
développerons plus tard ce que signifie le baptême et sa pertinence pour
les Églises locales. Pour l’instant, il est important de noter que c’était une
responsabilité de l’Église. Jésus a demandé à ses disciples d’accomplir
cette tâche jusqu’à son retour.
En lisant le livre des Actes, vous constatez que les apôtres ont pris
les paroles de Jésus au sérieux. Ils n’ont pas considéré le baptême comme
une instruction accessoire dont on pourrait se passer. Partout où ils
allaient, non seulement ils prêchaient l’Évangile, mais ils baptisaient
aussi ceux qui recevaient favorablement leur message. Ainsi, des Églises
étaient établies dans les villes et les villages où ils prêchaient. Voyons
quelques-uns de ces récits historiques à titre d’exemple.
Le jour de la Pentecôte, lorsque Pierre a prêché l’Évangile, la Bible
rapporte ceci : « Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce
jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ trois mille âmes »
(Ac 2.41). Notez l’ordre des choses. La parole prêchée a été reçue, ce qui
signifie qu’ils se sont repentis et ont cru à l’Évangile. Le baptême a été
l’étape suivante. Tous ceux qui croyaient en l’Évangile ont été baptisés.
Puis ces baptisés ont été ajoutés aux autres disciples, de sorte que l’Église
a gagné trois mille âmes.
La nécessité du baptême est également visible dans la prédication de
Philippe, l’évangéliste. Lorsqu’il a partagé l’Évangile à l’eunuque éthio-
pien, la Bible relate ceci :

Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça


la bonne nouvelle de Jésus. Comme ils continuaient leur chemin, ils ren-
contrèrent de l’eau. Et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche
que je ne sois baptisé ? [Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est
possible. L’eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.] Il
fit arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau,
et Philippe baptisa l’eunuque (Ac 8.35-38).

Il est intéressant de noter, dans ce récit, qu’il n’est pas dit que
Philippe a enseigné le baptême à l’eunuque éthiopien. Pourtant, d’après
56 Le dessein de Dieu pour l’Église

la réaction de l’eunuque à la vue de l’eau, il est manifeste que Philippe


lui en avait parlé de manière explicite. Ainsi, bien que le baptême
n’ait pas été essentiel au salut, il a dû être mentionné comme quelque
chose que l’eunuque devait faire pour exprimer sa foi au Seigneur
Jésus-Christ. Il a voulu être baptisé dès qu’il a vu de l’eau. Dans ce
récit, le baptême n’a pas conduit l’eunuque à se joindre à une Église
locale, car il était encore sur le chemin du retour en Afrique. C’était
une situation exceptionnelle.
Il y a beaucoup d’autres exemples de baptêmes consécutifs à la procla-
mation de l’Évangile. Permettez-moi d’en citer un dernier. Dans Actes 16,
il est question de l’établissement de l’Église à Philippes. Paul et son équipe
prêchaient à l’extérieur de la ville. Nous lisons :

L’une d’elles, nommée Lydie, marchande de pourpre, de la ville de Thyatire,


était une femme craignant Dieu, et elle écoutait. Le Seigneur lui ouvrit le
cœur, pour qu’elle soit attentive à ce que disait Paul. Lorsqu’elle eut été bap-
tisée, avec sa famille, elle nous fit cette demande : Si vous me jugez fidèle
au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous pressa par
ses instances (Ac 16.14,15).

Plus loin dans le chapitre, on nous parle de la conversion du geôlier


philippien. Paul et Silas sont en prison, ils voient le geôlier décidé à se
suicider à la vue des portes de leur prison entrouvertes (ce dernier croit
en effet que les prisonniers se sont échappés). Paul et Silas arrêtent le
geôlier avant qu’il ne puisse se faire du mal. Nous lisons :

Il les fit sortir, et dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?
Paul et Silas répondirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta
famille. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui
étaient dans sa maison. Il les prit avec lui, à cette heure même de la nuit, il
lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens (Ac 16.30-33).

C’est ainsi que l’Église de Philippes est née. Les familles qui ont
entendu l’Évangile et qui se sont converties à Christ ont été baptisées,
devenant ainsi membres de cette nouvelle Église. Bien sûr, d’autres se
sont joints à eux par la suite. Cette responsabilité de rassembler de
Quelle est la mission de l’Église dans le monde ? 57

nouveaux croyants dans des assemblées locales du peuple de Dieu par


le baptême, partout où l’Évangile est prêché, reste la responsabilité de
l’Église aujourd’hui.

Instruire les disciples


La troisième et dernière responsabilité que Jésus a donnée à son Église est
celle d’enseigner aux disciples à observer tout ce qu’il leur a commandé
(Mt 28.20). Alors que la conversion et le baptême sont des événements
ponctuels, cet enseignement doit avoir lieu de manière continue pour
le reste de la vie des disciples, le but étant d’assurer la croissance spi-
rituelle des croyants. Jésus a prié le Père alors qu’il était encore ici sur
la terre : « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité » (Jn 17.17).
L’apôtre Paul a également dépeint l’œuvre de Christ dans son Église de
la manière suivante :

Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré
lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par
l’eau de la Parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans
tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable (Ép 5.25-27).

La Parole de Dieu est l’instrument par lequel Jésus sanctifie son


Église et rend ainsi son peuple saint.
Le peuple de Dieu doit apprendre la doctrine chrétienne. Chaque
chrétien a besoin de savoir qui est Dieu, comment il a créé le monde et
comment ce dernier s’est dégradé. Chaque chrétien a besoin de recevoir un
enseignement détaillé et approfondi sur la façon dont Dieu est descendu
en la personne de Jésus-Christ afin de sauver le monde du péché et de la
destruction. Il doit apprendre comment vivre en tant que nouvelle créa-
tion de Dieu dans son foyer et au sein de la société, surtout parce que le
monde est encore majoritairement opposé à la foi chrétienne. Il doit être
encouragé à rester ferme dans sa foi en attendant le retour du Sauveur,
le Seigneur Jésus-Christ. Tout cela ne saurait être accompli en une seule
journée. L’Église doit être un centre éducatif, où tous les chrétiens sont
présents pour recevoir un enseignement suivi et méthodique de la Bible.
58 Le dessein de Dieu pour l’Église

La lecture du livre des Actes ne laisse aucun doute là-dessus. Revenons


au sermon prêché le jour de la Pentecôte. Nous lisons : « Ceux qui accep-
tèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples
augmenta d’environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l’enseignement
des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et
dans les prières » (Ac 2.41,42). Voyez comment le tout premier élément
auquel ces disciples se sont consacrés a été l’enseignement des apôtres.
C’était conforme à ce que Jésus avait prescrit.
Plus tard, l’Église de Jérusalem a connu la persécution et les croyants
se sont dispersés. Certains se sont rendus à Antioche pour y prêcher
l’Évangile. Nombre de gens ont cru, ce qui a donné naissance à une nou-
velle Église. Barnabas, envoyé de Jérusalem, est venu aider la nouvelle
Église. La Bible rapporte ceci :

Lorsqu’il fut arrivé, et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il s’en réjouit, et il les
exhorta tous à rester d’un cœur ferme, attaché au Seigneur. Car c’était un
homme de bien, plein d’Esprit-Saint et de foi. Et une foule assez nombreuse
se joignit au Seigneur. Barnabas se rendit ensuite à Tarse, pour chercher
Saul ; et, l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils
se réunirent aux assemblées de l’Église, et ils enseignèrent beaucoup de
personnes. Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent
appelés chrétiens (Ac 11.23-26).

Notez comment la prédication de l’Évangile a abouti à l’ajout de


personnes, lesquelles ont ensuite bénéficié de l’enseignement biblique.
Barnabas a trouvé cela si important qu’il est même allé chercher du ren-
fort auprès de Saul (appelé par la suite l’apôtre Paul). Cet enseignement
constitue une responsabilité majeure de la mission de l’Église.
Un troisième exemple tiré du livre des Actes se trouve dans les
paroles de Paul lorsqu’il fait ses adieux aux anciens de l’Église d’Éphèse.
Il dit ce qui suit :

Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous
au milieu desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pour-
quoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous, car je
vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher (Ac 20.25-27).
Quelle est la mission de l’Église dans le monde ? 59

L’expression « tout le conseil de Dieu » doit faire référence à toute


la révélation de Dieu. Paul a consacré du temps à instruire les croyants
d’Éphèse dans les voies de Dieu afin qu’ils puissent vivre leur vie selon
la volonté de Dieu. Ce devoir ne s’est pas volatilisé à la mort de l’apôtre.
C’est encore notre responsabilité aujourd’hui dans l’Église chrétienne.
La nécessité d’instruire le peuple de Dieu à obéir à toutes les ordon-
nances de Jésus-Christ a donné naissance aux lettres apostoliques.
Celles-ci commencent avec l’épître aux Romains et se poursuivent
jusqu’au livre de l’Apocalypse. Ces lettres, adressées à des Églises et à des
dirigeants d’Églises concernaient ce que les chrétiens devaient croire et
comment ils étaient censés vivre. Ces lettres étaient souvent nécessaires
en raison des circonstances dans la vie des Églises et des chrétiens qui
nuisaient à leur croissance. Les apôtres étaient conscients que Dieu leur
avait donné la responsabilité d’instruire l’Église afin que l’enseignement
erroné et les modes de vie déréglés ne prennent pas racine. Les Églises
chrétiennes se devaient de refléter la pensée de Christ dans le monde.
Elles ne pouvaient le faire que si ses membres vivaient selon la volonté
de Christ. Les apôtres n’étant pas en mesure de se trouver dans toutes
ces Églises simultanément, ils leur écrivaient des lettres en s’attendant à
ce qu’elles soient lues de sorte que tout le monde sache ce qu’il convenait
de croire et comment vivre sa vie.
L’instruction des croyants ne doit pas s’arrêter à la croyance ou à
une vie morale. Elle devrait inclure le Grand Mandat en se lançant dans
la formation d’autres Églises dans des régions plus reculées du monde.
Cette œuvre d’évangélisation et de mission fait partie de l’obéissance à
tout ce que Christ a commandé (voir Mt 28.20 ; aussi Mt 5.13-16 ; Ép 3.10 ;
1 Pi 2.9-12).

Glorifier Dieu
Pourquoi l’Église doit-elle être aussi absorbée par l’évangélisation des per-
dus grâce à la prédication de l’Évangile, et par la sanctification du peuple
de Dieu grâce à l’enseignement de tout le conseil de Dieu ? Pour glorifier
Dieu. La constitution de la Kabwata Baptist Church stipule : « L’Église a
60 Le dessein de Dieu pour l’Église

été chargée de glorifier Dieu en promouvant son culte joyeux par l’évan-
gélisation des perdus, l’implantation d’Églises locales et l’exercice de son
ministère spirituel et matériel pour les sauvés. » Notez l’accent mis sur
la glorification de Dieu. C’est précisément pour cette raison que l’Église
doit se consacrer aux activités décrites jusqu’à présent dans ce chapitre.
L’apôtre Paul l’a exprimé ainsi aux Éphésiens :

À moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’an-
noncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ, et de mettre
en lumière le moyen de faire connaître le mystère caché de toute éternité
en Dieu qui a créé toutes choses ; c’est pourquoi les dominations et les auto-
rités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse
infiniment variée de Dieu (Ép 3.8-10, italiques pour souligner).

Paul exprime la même pensée dans une doxologie. Il dit : « Or, à celui
qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de
tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Église
et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles !
Amen ! » (Ép 3.20,21, italique pour souligner.) C’est le but principal de
l’Église : rendre gloire à Dieu par la prise de conscience de la rédemption
que Christ a acquise à la croix de Golgotha.
Hélas, ce n’est pas ce que nous voyons dans bien des Églises de nos
jours. Au contraire, nous constatons que de nombreux chrétiens ne
considèrent pas qu’il soit de leur responsabilité de consacrer le jour du
Seigneur à la rencontre d’autres croyants pour la communion fraternelle
et l’apprentissage de la Parole de Dieu. Les dirigeants des Églises uti-
lisent parfois ces assemblées pour mettre en avant leurs programmes et
objectifs personnels. Certaines Églises se contentent de faire du social en
cherchant à répondre aux besoins des marginalisés et des plus démunis
dans la société. Dans certains cas, l’Église devient un parti d’opposition
politique dans le pays. Dans un nombre croissant de situations, l’Église
est devenue un moyen d’enrichissement financier pour ses dirigeants,
en particulier les prétendus « hommes de Dieu ». Il est urgent de reve-
nir au but de l’Église, que Jésus-Christ, son chef, a institué : accomplir
le Grand Mandat.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 3

Quelle est la mission de l’Église dans le monde ?

Résumé
Nous avons vu, au chapitre 2, que l’Église est fondée et dirigée par
Jésus-Christ. Par conséquent, c’est lui qui détermine le but et la mis-
sion de l’Église dans le monde. La mission spéciale de Jésus-Christ pour
l’Église est de faire des disciples en évangélisant les perdus, en baptisant
ceux qui reçoivent favorablement le message de l’Évangile, et en leur
enseignant ses commandements. C’est grâce à ces pratiques que l’Église
est édifiée et qu’elle atteindra son but ultime et grandiose : rendre gloire à
Dieu en manifestant son œuvre et sa puissance en tant que Rédempteur.

Questions d’étude
1. L’auteur observe que le Seigneur Jésus-Christ a « donné ces ins-
tructions en énonçant au préalable le pouvoir et l’autorité qui lui
avaient été conférés », ce qu’il appelle la « royauté médiatrice » de
Christ. Pourquoi, selon vous, était-il important que Jésus souligne
son autorité avant d’exprimer le Grand Mandat ?

2. Expliquez, dans vos propres mots, pourquoi Dieu établit des Églises
locales.
62 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. Énumérez certaines tâches que l’Église a été chargée d’accomplir et


qui ne peuvent être accomplies par aucune autre institution. Selon
vous, qu’est-ce qui rend ces tâches si uniques ?

Quelle est la différence entre les devoirs des chrétiens répartis dans
le monde et la mission de l’Église en tant qu’institution ?

4. D’après certains, les besoins les plus urgents en Afrique consisteraient


à répondre à des problématiques comme la pauvreté, la famine, la
politique, etc., et les Églises devraient d’abord se concentrer sur ces
choses avant de pouvoir prêcher l’Évangile. D’après ce que vous avez
appris concernant la mission de l’Église dans le monde, comment
les pasteurs devraient-ils réagir à une telle notion ?

5. Quels défis votre Église locale rencontre-t-elle dans l’évangélisation,


le baptême et son ministère d’enseignement ? En quoi la promesse
de Matthieu 28.20 vous encourage-t-elle ?
4

POURQUOI L’ÉVANGILE
EST-IL SI IMPORTANT
POUR L’ÉGLISE ?

L es Églises qui ont délaissé l’Évangile et qui continuent d’exister malgré


tout me font penser à l’un de mes passe-temps les plus mémorables
quand j’étais enfant : fabriquer des voitures en fil de fer avec mes amis
et imaginer qu’elles étaient réelles. Combien de fois nous est-il arrivé de
saccager des clôtures métalliques pour en récupérer la matière ! Nous les
apportions ensuite dans la cour arrière de la maison transformée en une
sorte d’atelier de voitures. Quand un petit véhicule métallique sortait
de l’usine d’assemblage, il devenait tantôt un objet d’admiration, tantôt
un sujet de critique. Nous faisions des bruits de voiture avec nos voix
et faisions des dérapages pour tester la réaction du véhicule. Nous nous
appliquions à imiter la forme des vraies voitures et leur donnions même
des noms : Ford, Toyota, Mercedes Benz, etc. C’était un jeu d’enfant pas-
sionnant. Dès notre retour de l’école, nous nous précipitions dans la cour
arrière où nous attendaient nos voitures que nous conduisions chez un
ami pour jouer. Nous organisions des journées de courses automobiles.
Les garçons expérimentés gagnaient à tous les coups. Il arrivait aussi

63
64 Le dessein de Dieu pour l’Église

que nos amis veuillent faire un tour avec nous. Ils formaient alors une
queue derrière le conducteur, chaque personne tenant la chemise ou la
robe de la personne la précédant. C’était un beau spectacle : une voiture
en fil de fer poussée dans les rues par une file d’enfants du quartier,
tous ravis de s’amuser autant. Nul besoin de débourser un centime pour
les utiliser. Elles ne consommaient pas d’essence et ne nécessitaient pas
de cambouis. Elles n’avaient pas besoin de liquide de refroidissement
ou d’huile. Une fois sorties de la chaîne de montage, elles avaient juste
besoin de paires de jambes jeunes et solides !
Beaucoup d’Églises aujourd’hui me rappellent ce passe-temps favori
de l’enfance. On les appelle Églises, mais elles ne sont qu’une vague imi-
tation de l’Église que nous voyons dans la Bible. Elles sont dépourvues
de vie spirituelle. Elles ont continuellement besoin d’être poussées pour
produire quoi que ce soit. Ceux qui la fréquentent ignorent béatement
le fait qu’ils ne font que jouer à l’Église. Ils n’en font pas partie. Chaque
dimanche, ils enfilent leurs plus beaux habits et se rendent à l’Église à
pied ou en voiture. Ils y retrouvent des amis, chantent ensemble, donnent
un peu d’argent (généralement la plus petite pièce dans leurs poches) et
écoutent un message inspirant du pasteur. Leurs voix retentissent, surtout
lorsqu’ils chantent ou encouragent le prédicateur avec leurs « Amen ! »
venant ponctuer les sermons. De temps à autre, l’humour du pasteur fait
éclater de rire la salle bondée. Ils entonnent le chant final et terminent
par la prière. Le culte est fini. Ils ont apporté leur contribution jusqu’au
dimanche suivant.
Pourquoi les choses se passent-elles ainsi ? Comme j’espère vous le
montrer dans ce chapitre, la première raison est que de nombreuses
Églises ont perdu l’Évangile. Ayant perdu de vue la nécessité d’annoncer
l’Évangile, les membres de l’Église sont toujours spirituellement morts.
Ils ne connaissent pas Dieu et ne l’aiment pas. Ils n’ont pas vraiment soif
de l’enseignement de la Parole de Dieu et ne désirent pas prier collecti-
vement. Ils ignorent ce que signifie mener le bon combat de la foi par le
moyen d’efforts collectifs d’évangélisation. Envoyer des missionnaires est
le dernier de leurs soucis. Le récit du livre des Actes leur est si étranger
qu’il leur semble venir d’une autre planète. L’Église se résume à un club
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 65

social pour les gens du quartier ou du village. Il nous faut retrouver


l’Évangile si nous voulons retrouver la vraie vie de l’Église du Nouveau
Testament. Examinons ce sujet d’un peu plus près.

L’Évangile est important pour l’expansion du


royaume de Dieu
L’Évangile est important pour la vie de l’Église, parce que l’Église gagne
ses membres par l’Évangile. La première mission de l’Église est d’apporter
l’Évangile aux perdus. Nous l’avons vu dans le chapitre précédent, mais
permettez-moi de le répéter brièvement. Avant l’ascension de Jésus-Christ
au ciel, il a donné un ordre à ses disciples : « Tout pouvoir m’a été donné
dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples,
les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28.18,19).
Nous avons noté dans les Évangiles selon Marc et selon Luc que cela
ne pouvait être accompli qu’en prêchant l’Évangile : « Allez par tout
le monde, et prêchez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui
croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera
condamné » (Mc 16.15,16) ; « Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et
qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et
le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations,
à commencer par Jérusalem » (Lu 24.46,47).
Une fois que les hommes et les femmes, les garçons et les filles
entendent l’Évangile et y répondent par la repentance et la foi au Seigneur
Jésus-Christ, ils doivent être ajoutés à l’Église par le baptême. Le mot
« Évangile » signifie simplement « Bonne Nouvelle » : Dieu a envoyé son
Fils, Jésus-Christ, vivre et mourir ici sur terre pour nous sauver de nos
péchés. Il a été le seul à naître sans péché, et il a mené une vie parfaite-
ment juste. Par conséquent, la mort n’avait aucun droit sur lui. Pourtant,
il a livré sa vie à notre place comme notre substitut. Dieu l’a puni pour
des péchés qu’il n’a jamais commis afin que sa justice puisse devenir la
nôtre si nous plaçons toute notre confiance en lui. Comme l’a dit Paul :
« Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous,
afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Co 5.21). Jésus est
66 Le dessein de Dieu pour l’Église

ressuscité d’entre les morts et c’est la preuve que Dieu a été satisfait du
paiement qu’il a effectué en notre nom. La mort, qui est le salaire du
péché (Ro 6.23), a été entièrement payée et donc totalement vaincue.
Jésus est ensuite monté au ciel, d’où il a envoyé, avec Dieu le Père, le
Saint-Esprit pour convaincre les perdus de péché et les convertir par
l’annonce de l’Évangile. Jésus va revenir chercher son Église.
L’œuvre salvatrice du Saint-Esprit consiste à vivifier les âmes mortes.
Il transforme nos cœurs et fait de nous de nouvelles créatures en Christ.
Nous haïssons les péchés que nous aimions auparavant, et nous aimons la
sainteté que nous méprisions jadis. Nous sommes transformés et désor-
mais prêts à devenir membres de l’Église du Seigneur Jésus-Christ. J’en
dirai beaucoup plus à ce sujet dans le prochain chapitre. Pour l’instant,
disons que sans l’Évangile, il vous manque l’usine spirituelle dans laquelle
Dieu forme de véritables chrétiens susceptibles de devenir des membres
authentiques de l’Église. L’Évangile est vital pour la vie de l’Église.
L’apôtre Jacques a écrit : « Il nous a engendrés selon sa volonté, par la
parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de
ses créatures » (Ja 1.18). L’apôtre Pierre a déclaré : « Vous avez été régéné-
rés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorrup-
tible, par la Parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pi 1.23). Ainsi, le
Saint-Esprit utilise la Parole de Dieu pour nous amener au salut et nous
introduire dans le royaume de Dieu. Le cœur du message de l’Évangile,
c’est la vie, la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ
pour notre bénéfice. Si nous perdons de vue ce message, nous perdons
les moyens de grâce par lesquels Dieu ajoute de vrais citoyens de son
royaume à son Église sur terre.

L’Évangile est crucial pour la croissance spirituelle


L’Évangile est également important pour la vie de l’Église ; son rôle
détermine la croissance des chrétiens dans leur foi la plus sainte. Nous
commençons notre vie spirituelle de croyants en entendant et en croyant
l’Évangile. Nous acquérons une forte assurance de notre salut à mesure
que nous saisissons les implications de ce que Jésus a fait pour nous
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 67

sauver du péché. Nous développons notre vie spirituelle en entendant


et en croyant l’Évangile. Les chrétiens ne doivent jamais s’éloigner de
l’Évangile. S’ils le font, ils finissent par vouloir plaire à Dieu sur la base
de leurs propres efforts, plutôt qu’en se reposant sur l’œuvre accomplie
par Christ en leur faveur.
Paul a dit aux Colossiens :

Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en


lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les ins-
tructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces. Prenez
garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une
vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes
élémentaires du monde, et non sur Christ (Col 2.6-8).

Paul craignait que les croyants de Colosses ne stagnent dans leur foi
en Christ, par laquelle ils étaient parvenus au salut. Il les a exhortés à
poursuivre leur marche avec lui en étant enracinés et édifiés en lui. Les
vérités qui les ont conduits au salut étaient aussi celles sur lesquelles ils
devaient bâtir leur vie. Il semblerait que Paul ait eu vent d’enseignements
populaires à Colosses qui se basaient sur les traditions humaines et non
sur Christ. Plus loin, dans le deuxième chapitre de l’épître aux Colossiens,
il devient évident que certains de ces enseignements n’étaient que du
légalisme. Paul a donc averti les croyants de veiller à ce que personne ne
soit la proie de telles philosophies et tromperies dénuées de substance.
Conscient que ces enseignements ne pouvaient aider les gens à atteindre
une sainteté durable et authentique, il a écrit : « Ils ont, en vérité, une
apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’hu-
milité, et le mépris du corps, mais cela est sans valeur réelle et ne sert
qu’à satisfaire la chair » (Col 2.23). Seule l’œuvre du Saint-Esprit peut
véritablement sanctifier le peuple de Dieu. La matière première que le
Saint-Esprit utilise pour ce faire est l’Évangile du Seigneur Jésus-Christ,
c’est pourquoi nous devons garder le message de l’Évangile. Nous en avons
besoin pour grandir dans la sainteté. Toute autre chose fera simplement
de nous des hypocrites moralisateurs, comme les pharisiens à l’époque
du Seigneur Jésus-Christ. Jésus a décrit les pharisiens tels des tombeaux
68 Le dessein de Dieu pour l’Église

blanchis à la chaux : beaux extérieurement, mais pleins d’ossements de


cadavres à l’intérieur (Mt 23.27,28) ! C’est ce que nous devenons sans
l’Évangile.
L’épître aux Romains nous livre un autre exemple de l’importance
de l’Évangile dans la croissance spirituelle d’un chrétien. Au début du
chapitre 12, Paul écrit : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions
de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à
Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Ro 12.1). On pourrait
aussi traduire ce passage ainsi : « Et donc, chers frères et sœurs, je vous
supplie de donner vos corps à Dieu en raison de tout ce qu’il a fait pour
vous. » Notre engagement envers le Seigneur doit être une réponse de
gratitude pour tout ce qu’il a fait pour nous. Dans les premiers chapitres
de Romains, Paul explique que nous sommes tous sous la colère de Dieu
à cause de notre impiété et de notre injustice. Il montre ensuite com-
ment nous sommes sauvés par grâce, par la rédemption qui est nous a
été offerte par Jésus-Christ. Paul développe : notre position devant Dieu
en tant qu’objets de sa grâce est basée sur l’œuvre accomplie par Christ.
Il parle avec éloquence en disant : « Il n’y a donc maintenant aucune
condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Ro 8.1). Dans ce
chapitre, il dit également que « nous savons, du reste, que toutes choses
concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés
selon son dessein » (Ro 8.28). Puis il termine sur une note difficile à
égaler. Après avoir évoqué les épreuves douloureuses que les chrétiens
seront amenés à traverser dans cette vie, il écrit :

Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui
qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges
ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puis-
sances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra
nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur
(Ro 8.37-39).

Quel crescendo ! Tout est « en Christ Jésus notre Seigneur ». Une véri-
table vie chrétienne implique une réponse à ces bienfaits glorieux qui
nous ont été procurés par la mort, l’ensevelissement et la résurrection
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 69

du Fils de Dieu. Cela illustre, une fois de plus, qu’une bonne compré-
hension de l’Évangile se traduit par un plus grand engagement envers
Christ et son Église.
L’épître de Paul aux Éphésiens nous livre une autre illustration de
la place vitale de l’Évangile dans la croissance chrétienne. Paul écrit à
propos des « richesses incompréhensibles de Christ » (Ép 3.8), qu’il a prê-
chées aux païens. Il entend par là les richesses inépuisables de Christ en
faveur de son peuple. Paul a toujours prié pour que tous les chrétiens
puissent « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la lon-
gueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui
surpasse toute connaissance, en sorte [qu’ils soient] remplis jusqu’à toute
la plénitude de Dieu » (Ép 3.18,19). C’est à la lumière de cet amour que
Paul exhorte les chrétiens à vivre des vies dignes de l’appel qu’ils ont
reçu (Ép 4.1). C’est le moteur rempli d’essence qui propulse la voiture de
sorte qu’elle avance sans qu’on ait besoin de la pousser. C’est aussi une
nouvelle vision de cet amour de Christ qui ancre nos âmes, nous empê-
chant ainsi de faire marche arrière lorsque viennent les tentations et les
épreuves. Nous sommes prêts à tout endurer plutôt que de délaisser le
Dieu qui nous a tant aimés. L’auteur du cantique l’a si bien dit lorsqu’il
a prié Dieu en disant :

Oh, combien je suis redevable à la grâce au quotidien !


Que ta bonté rattache mon cœur égaré à toi, tel un cordon ;
Enclin à errer, Seigneur, je le sens bien, enclin à quitter le Dieu que j’aime ;
Voici mon cœur, ô, prends un sceau ; scelle-le pour tes cours célestes1.

La compréhension des richesses de la grâce en Christ était aussi


la pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle de Paul. Il a écrit
aux Galates :

Car c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu. J’ai été
crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui
vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de
Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. Je ne rejette pas
la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort
en vain (Ga 2.19-21).
70 Le dessein de Dieu pour l’Église

Ayant goûté à la vie d’un pharisien, Paul avait constaté son inca-
pacité à parvenir aux niveaux de sainteté qu’il essayait d’atteindre.
Il avait le choix : rester un hypocrite ou abandonner complètement
cette poursuite. Il a choisi la deuxième option lorsque le Seigneur
Jésus-Christ s’est révélé à lui sur le chemin de Damas. Ce n’était plus
l’effort humain et la tentative de respecter la loi qui le dirigeaient.
Au contraire, c’était désormais un amour pour Dieu qui l’animait.
Comment ? Quand il s’est vu crucifié avec Christ, ce n’était plus lui
qui essayait de vivre une vie impossible à vivre. C’était Christ, par
son Esprit, qui vivait en lui et le propulsait dans la vraie sainteté. La
vie qu’il menait était une vie dans laquelle il focalisait désormais ses
regards sur Christ, qui, pour reprendre les propos de Paul, « m’a aimé
et qui s’est livré lui-même pour moi ». Ainsi, la vie chrétienne est une
vie bâtie sur la grâce de Dieu, une grâce qui nous a été accordée par
l’œuvre rédemptrice de Christ, et qui nous est transmise par l’Esprit
de Christ. C’est la seule façon de vivre une vie qui plaise à Dieu. S’il
était possible d’y parvenir par l’effort humain, Jésus n’aurait pas eu
besoin de payer un prix aussi élevé en livrant sa vie pour nous sur la
croix. C’était la logique de Paul dans le passage de l’épître aux Galates
que nous avons cité. Aussi est-il vital que l’Évangile constitue le régime
alimentaire principal dans l’Église.

L’Évangile est important pour inspirer le


véritable culte
L’Évangile est également important dans la vie de l’Église, car lorsque
les chrétiens réfléchissent à la façon dont Dieu les a sauvés du péché,
la véritable adoration anime leur cœur. À bien des égards, c’est là que
l’engagement croissant mentionné dans le dernier paragraphe conduit
finalement le vrai chrétien. Nous avons déjà vu comment l’apôtre Paul
a saisi cette vérité quand il a écrit : « Je vous exhorte donc, frères, par
les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant,
saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable »
(Ro 12.1). Certaines versions de la Bible utilisent le mot « service » au
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 71

lieu de « culte » dans ce verset. Les deux termes mènent à la même


conclusion. C’est lorsque vous appréciez les grâces de Dieu que votre
culte ne se focalise plus sur vous et sur ce que vous pouvez obtenir de
Dieu, mais sur Dieu et sur le service que vous pouvez lui rendre comme
un acte d’adoration.
Une fois encore, réfléchissez à cela. Vous étiez un pécheur destiné
à la colère de Dieu et totalement incapable de vous sauver vous-même.
Dieu a envoyé son Fils se charger des conséquences de votre péché, et
par sa grâce seule, vous avez été ramené de la mort à la vie. Votre des-
tination est passée de l’enfer au paradis. Dieu vous a cherché par son
Saint-Esprit parmi vos amis et vos parents, malgré votre entêtement
et votre rébellion. Il vous a finalement saisi tandis que vous écoutiez
l’Évangile, et vous a ajouté à son Église. Dieu conduit le moteur de la
providence à travers l’histoire afin de bâtir son Église, et il vous a inclus
dans son merveilleux plan. Tout cela, en raison de son immense amour
pour vous. Cela ne peut que générer en vous de la reconnaissance et de
l’adoration pour Dieu, à l’instar de Paul, quand il s’est exclamé :

Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que


ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! Car « qui
a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? Qui lui a
donné le premier, pour qu’il ait à recevoir en retour ? » C’est de lui, par
lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles !
Amen ! (Ro 11.33-36.)

Oui, de telles méditations vous transportent inévitablement « dans


l’émerveillement, l’amour et la louange2 » !
Sans l’Évangile, l’Église perd rapidement de vue le véritable culte
et ne peut garder ses fidèles qu’en se tournant vers le divertissement.
C’est devenu monnaie courante dans de nombreuses assemblées. Vous
le remarquez dans les chants. Il y a très peu de profondeur doctrinale,
faute de contenu doctrinal dans la prédication en général. Les chants
évoquent de nos jours de vagues « bénédictions » que notre Dieu nous
accorde. Ce qui compte, ce sont les airs dansants, alors que l’assemblée
chante à propos de Dieu qui nous conduit d’un endroit à un autre. Il
72 Le dessein de Dieu pour l’Église

est si courant, aujourd’hui, de voir dans l’Église des gens se trémous-


ser pendant près d’une heure sur un air charnel et stimulant, tout
en répétant simplement et inlassablement : « Laissez-moi danser pour
le Seigneur ! Vous ne savez pas ce qu’il a fait pour moi. » Lorsqu’ils
énoncent la nature de ces bénédictions, il s’agit inévitablement de
choses matérielles : la santé, l’éducation, le mariage, les enfants, une
maison, un emploi, une voiture onéreuse, etc. Même lorsqu’on y fait
référence au sang de Christ, c’est sous une forme superstitieuse pour
protéger sa famille et ses biens. Ce sont encore des choses matérielles.
Le fait d’être sauvé du péché et de l’enfer par l’œuvre de la rédemp-
tion est un thème qui brille par son absence. Ce sont des voitures en
fil de fer. Elles sont incapables de vous conduire très loin. Elles sont
en décalage avec la réalité. Elles ne vous mènent pas à une véritable
adoration de Dieu, mais à la gratification de l’ego.
Lorsque l’Évangile devient le régime alimentaire habituel dans l’Église,
c’est l’opposé qui se passe. Les croyants veulent exprimer « toute bénédic-
tion spirituelle dans les lieux célestes » (Ép 1.3). L’esprit veut se délecter de
ces bénédictions tandis que les cantiques les racontent : l’élection éternelle,
la grâce de Dieu, la régénération, la foi et la repentance, la justification
par la foi seule, la grâce de Dieu, l’adoption, l’œuvre intérieure de l’Esprit
Saint, la sanctification positionnelle et progressive, l’adoption spirituelle,
la communion avec Dieu et avec son peuple, la prière, la persévérance
finale des saints, le ciel, etc. Tous ces thèmes sont attrayants pour l’âme
d’un enfant de Dieu et constituent le riche contenu des chants d’adoration
chrétiens. Nous devons y revenir, et nous ne pouvons y parvenir qu’en
faisant de l’Évangile le contenu principal de la prédication.

L’Évangile a été perdu de vue


Malheureusement, très peu de pasteurs prêchent aujourd’hui l’Évangile
aux non-croyants et aux croyants. Si vous demandez au chrétien moyen
de vous dire ce qu’est l’Évangile, vous serez choqué par son niveau
d’ignorance. Des mots comme expiation, rédemption, propitiation et
substitution ne signifient pas grand-chose pour lui.
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 73

Ainsi, la grâce n’est qu’un autre mot pour parler de la miséricorde


et de l’amour. Comment le chrétien moyen est-il alors censé offrir son
corps comme sacrifice vivant à Dieu, comme un acte raisonnable d’ado-
ration, alors qu’il ignore à ce point les richesses insondables de Christ ?
Les sermons populaires actuels sont des discours de motivation. Ils
sont basés sur des principes mondains qui promettent aux gens des avan-
tages terrestres s’ils prononcent les bons mots ou font ce qu’il convient de
faire. Les foules sont galvanisées, mais la croissance dans la sainteté n’est
pas leur souci principal. Ils recherchent du divertissement et des trésors
terrestres. Les fidèles vont et viennent. Plusieurs sont déçus, parce que les
principes qu’on leur enseigne ne fonctionnent pas pour eux ; ils partent
donc sur la pointe des pieds. D’autres arrivent, les remplacent, espérant
à leur tour que la magie des formules opèrera pour eux. Tout comme les
passagers de la voiture en fil de fer, ils tiennent la chemise de la personne
devant eux, mais tout repose sur un effort humain. Or, ce n’est pas le
christianisme de la Bible. Ce n’est pas l’Église telle que Dieu l’a conçue.
Il n’est pas rare aujourd’hui d’être invité à prêcher dans une Église
et de découvrir que le sujet qui vous est donné est « l’engagement ». En
général, ceux qui vous invitent pensent de la manière suivante : « Si cet
homme peut venir en tant qu’étranger pour aborder le sujet de l’enga-
gement et réprimander l’attitude tiède et passive si répandue dans cette
Église, peut-être les membres de notre Église s’engageront-ils davantage
en conséquence. » Si vous avez reçu une telle invitation, c’est peut-être
que les dirigeants de cette Église ont vraisemblablement observé un
niveau d’engagement plus élevé que la moyenne chez les membres de
votre Église. Ils souhaitent donc vous voir, en un sermon ou deux, repro-
duire ce que vous avez accompli au sein votre propre Église. Ce qu’ils
ne réalisent pas, cependant, c’est que les sermons qui abordent directe-
ment le sujet de l’engagement n’auront que des résultats à court terme.
C’est comme pousser une voiture en fil de fer. Dès que vous arrêtez de
la pousser, elle s’arrête net. En vérité, seul l’Évangile fournit l’essence
spirituelle qui garde les croyants zélés de l’intérieur. Pour parvenir à
l’engagement biblique, les croyants doivent se nourrir de Christ. Ils
doivent régulièrement se délecter des richesses insondables de Christ.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 4

Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ?

Résumé
Ce n’est que par l’Évangile, la Bonne Nouvelle annonçant la vie expia-
toire, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, que l’Église est édifiée
et nourrie. Les gens ne viennent à la foi que lorsque l’Évangile est prê-
ché ; ils restent et grandissent dans cette foi authentique quand ce même
Évangile leur est expliqué. Les Églises qui cherchent à accroître leur
nombre et l’engagement de leurs membres autrement que par la prédi-
cation assidue de l’Évangile produisent des fruits artificiels.

Questions d’étude
1. Qu’est-ce que l’Évangile, selon vos propres termes ? Posez cette ques-
tion à un ami chrétien de confiance, comparez vos réponses et dis-
cutez des différences.

2. L’auteur souligne que « les chrétiens ne doivent jamais s’éloigner de


l’Évangile » et que « nous devons garder le message de l’Évangile »
(p. 67). Comment démontre-t-il que cela est vrai ?

3. L’Église dépend de l’Évangile de deux manières principales.


Lesquelles ?
Pourquoi l’Évangile est-il si important pour l’Église ? 75

4. Citez deux chants répandus dans votre contexte qui n’évoquent que
vaguement ce que Dieu peut accomplir, ou a accompli ?

À présent, citez deux chants qui parlent spécifiquement de Dieu et de


ce qu’il a accompli dans l’Évangile.

5. Que produit une Église qui ne prêche pas l’Évangile, mais qui
prêche exclusivement des messages positifs et met l’accent sur le
divertissement ?
5

QUI DEVRAIT ÊTRE MEMBRE


DE L’ÉGLISE ?

L e système matrilinéaire africain concernant l’héritage est assez inté-


ressant. Lorsqu’un chef de clan ou un gouvernant décède, le succes-
seur n’est pas son fils, mais le fils de sa sœur. Logiquement, c’est la seule
façon de s’assurer que la direction du clan ou de la tribu reste dans la
lignée familiale. En effet, la femme d’un chef de clan aurait pu lui être
infidèle et concevoir un enfant avec un homme en dehors du clan ou
de la tribu. Ainsi, l’héritage du clan ou de la tribu pourrait, à l’insu de
tous, être transmis aux mauvaises personnes. En revanche, la sœur d’un
chef de clan ou d’un gouvernant vient de la même mère que lui. Il est
très difficile de se tromper là-dessus. Par conséquent, toute sa descen-
dance est en parenté directe avec son frère. Transmettre le flambeau au
fils de sa sœur garantit qu’il reste dans la même lignée. C’est ainsi que
l’Afrique a toujours veillé à ce que l’héritage clanique ou tribal reste dans
la famille bien avant l’invention des tests ADN. C’était vital à une époque
antérieure au système étatique, lorsque clans et tribus étaient souvent en
guerre les uns contre les autres. Il était important d’assurer l’allégeance

77
78 Le dessein de Dieu pour l’Église

du dirigeant. Dans le cas contraire, cela pouvait conduire à la trahison


et à la perte permanente de vies et de biens tribaux.
S’il était si important pour un clan ou une tribu de s’assurer que
seules les personnes ayant la qualité d’héritiers devaient être considé-
rées pour l’héritage, il l’est d’autant plus important pour l’Église, qui est
« la maison de Dieu » (1 Ti 3.15). C’est une erreur de compter parmi ses
membres des individus qui ne sont pas des enfants de Dieu. Ceci est
d’autant plus grave que quiconque n’est pas enfant de Dieu est un enfant
du diable, l’ennemi juré de Dieu. C’est pire que d’avoir un chef de clan
ou un gouvernant qui n’est pas vraiment de votre lignée familiale. Cela
revient à avoir un chef issu d’une famille qui veut voir votre clan ou
votre tribu exterminés !
Chaque Église devrait avoir un processus de demande d’adhésion. Le
fait que quelqu’un fréquente l’Église ne fait pas nécessairement de lui un
membre. En effet, chaque berger est appelé à connaître ses brebis, même
lorsqu’elles se mêlent à des brebis appartenant à un autre berger. Les
dirigeants de l’Église sont invités à connaître leurs membres, parce qu’ils
devront rendre compte d’eux à Dieu. C’est ce qui ressort d’Hébreux 13.17 :
« Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils
veillent sur vos âmes dont ils devront rendre compte. » Qui sont ceux
qui fréquentent votre Église, et devraient obéir et se soumettre à votre
autorité ? Qui sont ces âmes sur lesquelles vous veillez et dont vous ren-
drez compte ? Il ne s’agit pas de toute personne fréquentant votre Église,
mais uniquement des personnes qui ont le statut de membres dans votre
Église. Cela étant dit, qui donc est qualifié pour devenir membre ?

Les non-croyants ne peuvent pas être membres


de l’Église
Sur la liste des membres d’une Église locale ne devraient figurer que ceux
qui sont régénérés et qui, par conséquent, se sont personnellement détour-
nés du péché pour mettre leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ,
leur Sauveur. Pour bien saisir cette vérité, examinons un instant l’état des
non-croyants. L’apôtre Paul a décrit cet état de la façon suivante :
Qui devrait être membre de l’Église ? 79

Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous
marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puis-
sance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion.
Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon
les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de
nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les
autres… (Ép 2.1-3.)

Nous voyons au moins cinq vérités dans ce passage qui disqualifient


les non-croyants pour le statut de membres de l’Église :

1. Ils sont spirituellement morts.


2. Ils sont asservis au monde.
3. Ils sont réduits en esclavage par le diable.
4. Ils sont asservis à leur nature pécheresse.
5. Ils sont sous la colère de Dieu.

Seuls les croyants peuvent être membres d’une Église


Il faut que les dirigeants de l’Église gardent jalousement la porte de
l’adhésion à l’Église locale ! Seuls ceux qui se repentent de leurs péchés
et croient au Seigneur Jésus-Christ sont autorisés à intégrer l’Église,
car la repentance du péché et la foi en Christ sont la preuve qu’une
personne est née de l’Esprit de Dieu. C’est ce que nous lisons dans le
livre des Actes. Au moment où Pierre finit de prêcher l’Évangile le jour
de la Pentecôte, les gens s’écrient : « Que devons-nous faire ? » Il leur
dit de se repentir et de se faire baptiser. La Bible rapporte : « Ceux qui
acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des
disciples augmenta d’environ trois mille âmes » (Ac 2.37-41). Notez que
seuls ceux qui ont reçu l’Évangile et qui ont été baptisés ont été ajoutés
à l’Église. Vers la fin de ce chapitre, nous lisons : « Et le Seigneur ajoutait
chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Ac 2.47). Remarquez,
une fois de plus, que Dieu a ajouté à l’Église uniquement ceux qui
étaient sauvés du péché. C’est le schéma que nous observons tout au
long du livre des Actes.
80 Le dessein de Dieu pour l’Église

Comment savoir s’ils sont sauvés ? Il existe au moins deux tests simples.
1. Ils doivent comprendre et recevoir le message de l’Évangile.
Personne ne devient chrétien en pensant que Dieu l’accepte sur la
base de ses propres efforts moraux ou religieux. En tant que fruit de
la régénération, le Saint-Esprit ouvre l’esprit des pécheurs pour leur
permettre de comprendre les vérités spirituelles. Ils commencent à
saisir ce que la Bible enseigne : tous ont péché et sont privés de la
gloire de Dieu (Ro 3.23), et tous sont condamnés à l’enfer en raison
de leurs offenses contre Dieu. Tous nos efforts en vue d’une transfor-
mation morale ou religieuse ne valent rien. Notre justice est comme
un « vêtement souillé » aux yeux de Dieu (És 64.5). C’est la mauvaise
nouvelle qui sert de toile de fond à l’Évangile. L’Évangile fait son entrée
et nous annonce que Dieu, par son grand amour et sa grâce, a envoyé
son Fils unique, le Seigneur Jésus-Christ, pour vivre la vie que nous
avons totalement ratée, et mourir ensuite à notre place, prenant sur
lui le châtiment de tous nos péchés. Il est devenu notre substitut. Trois
jours plus tard, il est ressuscité d’entre les morts, parce qu’il a pleine-
ment satisfait aux exigences de la loi de Dieu. C’est cela l’Évangile, la
bonne nouvelle céleste. Quiconque ne connaît pas et ne comprend pas
cette bonne nouvelle n’est pas un chrétien. Nous sommes appelés à
nous détourner de tout péché conscient, à croire en Jésus et à reposer
dans l’œuvre qu’il a accomplie pour nous. C’est la seule bonne façon de
recevoir cet Évangile. C’est la réponse que l’Évangile lui-même exige :
demander pardon à Dieu et croire au Seigneur Jésus-Christ (Ac 2.38 ;
16.31 ; 20.21). Le cas échéant, Dieu pardonne tous nos péchés. Dans
les cercles théologiques, on parle de « justification par la foi seule ».
Quiconque pense que Dieu lui pardonne sur la base de ses propres
efforts visant à lui plaire devrait être instruit dans cet Évangile biblique
au lieu d’être accueilli comme membre de l’Église. Comme l’a dit
Jésus, ceux qui se repentent et croient en cet Évangile devraient être
baptisés publiquement et accueillis parmi les membres de l’Église.
Ceux qui doivent être accueillis dans l’Église sont uniquement ceux
qui peuvent dire :
Qui devrait être membre de l’Église ? 81

Nul besoin d’autre raison,


Nul besoin d’autre parade ;
Jésus est mort, c’est suffisant
Qu’il soit mort pour moi1.

2. Ils doivent témoigner d’une vie morale transformée. En d’autres


termes, ils doivent manifester de la repentance. C’est le deuxième test.
Quand quelqu’un se convertit, Dieu change son cœur tant sur le plan
moral que spirituel. C’est un fruit de la nouvelle naissance, et il est
instantané. L’apôtre Paul a écrit ceci aux Corinthiens, qui avaient toléré
l’immoralité et d’autres formes de mal dans l’Église :

Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ?


Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères,
ni les efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les
ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de
Dieu. Et c’est là ce que vous étiez, quelques-uns d’entre vous. Mais vous
avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au
nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu (1 Co 6.9-11).

Paul considérait que ceux qui étaient membres légitimes de l’Église


de Corinthe s’étaient repentis de leur mode de vie pécheur antérieur.
Ils avaient été lavés et sanctifiés par l’Esprit de Dieu. De même, l’apôtre
Jean a dit : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, parce
que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher, parce qu’il
est né de Dieu » (1 Jn 3.9). Nous ne devons jamais faire de compromis
à ce sujet. Seules ces personnes sont « son ouvrage, ayant été créées en
Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance »
(Ép 2.10). Bien des gens ont une connaissance cérébrale de l’Évangile
pour l’avoir entendu maintes fois, sans pour autant lui avoir permis de
les transformer sur le plan moral. Intellectuellement, ils connaissent la
vérité, mais ils la trahissent en menant une vie qui n’est pas conforme à
cette vérité. De telles personnes ne sont pas encore converties et devraient
être continuellement invitées à se tourner vers Christ pour le salut
de leur âme, au lieu d’être accueillies dans l’Église dans l’espoir d’un
changement futur, ce qui arrive très rarement, en réalité. La plupart de
82 Le dessein de Dieu pour l’Église

ces gens pensent que les sermons appelant les pécheurs à se repentir
sont réservés à ceux qui visitent l’Église et non à ceux qui en sont déjà
membres. Ils continuent à vivre dans le péché, et l’Église est de plus en
plus corrompue et sujette aux scandales.
Les dirigeants de l’Église devraient se garder de conclure que si
quelqu’un fréquente régulièrement l’Église depuis quelques mois, cela
en fait automatiquement un membre. Il ne faut pas accepter que les
gens deviennent membres simplement parce qu’ils appartiennent à la
tribu majoritaire dans cette Église et parlent la même langue. Il faut
instaurer un processus de demande d’adhésion au cours duquel les
dirigeants de l’Église doivent questionner les personnes qui souhaitent
être identifiées comme membres. Les responsables de l’Église doivent
poser le genre de questions qui leur permettent de discerner le niveau
de compréhension du message de l’Évangile dans l’esprit des aspirants
au statut, et de constater s’il y a eu un changement moral et spirituel
dans leur vie. S’ils ne répondent pas correctement aux questions, ces
individus ne seront pas accueillis comme membres de l’Église. Ils seront
plutôt encouragés à sonder sérieusement leur cœur pour voir s’ils sont
vraiment chrétiens. Il est vital de les supplier affectueusement de cher-
cher le salut en Christ. Voici quelques questions à poser éventuellement :

1. Comment êtes-vous devenu chrétien ?


2. Qu’est-ce qui vous fait penser que vous êtes chrétien ?
3. Est-ce que vous (ou l’un de vos proches) avez observé des chan-
gements dans votre vie depuis le jour où vous avez confessé que
vous êtes devenu chrétien ? Si oui, quels sont ces changements ?
4. Avez-vous été baptisé depuis que vous vous êtes détourné du péché
et que vous avez mis votre confiance en Christ pour votre salut ?
5. En bref, qu’est-ce que l’Évangile ?
6. Supposons que je ne sois pas chrétien et que je veuille le devenir ;
que me diriez-vous de faire ?
7. Si vous étiez sur le point d’entrer au ciel et qu’un ange vous
demandait pourquoi il devrait vous laisser entrer, quelle serait
votre réponse ?
Qui devrait être membre de l’Église ? 83

Au xixe siècle, il y avait en Amérique un célèbre évangéliste nommé


Dwight L. Moody. Converti en mai 1855, il s’est fait baptiser et a intégré
l’Église Mount Vernon à Boston, dans le Massachusetts, lieu de sa conver-
sion. Ses premières tentatives de convaincre les anciens de cette Église
quant à l’authenticité de sa conversion se sont soldées par un échec. À la
question « qu’est-ce que Christ a fait pour vous, et pour nous tous, qui
mérite particulièrement notre amour et notre obéissance en retour ? », il
a répondu : « Je pense qu’il a fait beaucoup pour nous tous, mais je ne vois
pas ce qu’il a fait en particulier. » Cette réponse n’a pas permis à Moody
d’être admis comme membre. En revanche, il a été entouré de chrétiens
matures qui lui ont offert une formation de disciple pendant un certain
temps. L’année suivante, en mars 1856, il s’est présenté de nouveau devant
les anciens de l’Église pour se soumettre à leurs questions. Cette fois,
il a réussi ; il est donc devenu membre de l’Église. Il a été le plus grand
évangéliste américain du xixe siècle. Cela nous apprend qu’en l’absence
de réponses satisfaisantes lors de l’examen d’une conversion, nous ne
rejetons pas l’intéressé. Nous voulons simplement nous assurer que nous
sommes vraiment convaincus de son salut. Nous pouvons ainsi demander
à d’autres personnes de l’aider à mieux comprendre la voie du salut. Nul
besoin de précipitation pour lui faire repasser une entrevue d’adhésion ;
en effet, c’est le salut éternel d’une âme qui est en jeu. Si la personne est
vraiment sauvée, elle reviendra malgré tout, parce qu’elle tient réelle-
ment à faire partie du peuple de Dieu, comme c’était le cas pour Moody.
Le processus pour devenir membre d’une Église locale devrait éga-
lement inclure le baptême. Je développerai les sujets du baptême et de
la sainte cène au chapitre 8. Il convient toutefois de le mentionner ici en
raison de sa pertinence pour le sujet de l’appartenance à l’Église.

Les membres doivent connaître l’Église


Être membre d’une Église, c’est aussi prendre des responsabilités. Nous
avons remarqué que l’apôtre Paul appelait l’Église « la maison de Dieu »
(1 Ti 3.15), autrement dit son « foyer ». Un foyer est régi par des valeurs et
des activités. C’est la plus petite entité économique, où chaque membre
84 Le dessein de Dieu pour l’Église

du foyer qui est assez âgé pour participer aux tâches ménagères peut se
charger de quelque chose. Nous évoquerons dans le chapitre suivant ce
que les membres de l’Église devraient faire dans l’Église. Pour l’instant,
contentons-nous de traiter deux questions préliminaires à soulever lors-
qu’une personne devient membre de l’Église, et ce, pour lui permettre
plus aisément de participer activement à la vie de cette assemblée.
1. La position doctrinale de l’Église. Pour qu’une personne participe
de manière significative à la vie d’une Église, elle doit embrasser de tout
cœur la position doctrinale de l’Église. L’Église n’est pas un club social.
Elle est destinée à être un flambeau pour éclairer les gens dans le monde
de sorte qu’ils puissent voir la vérité de Dieu. La lumière à apporter n’est
autre que l’enseignement de la Bible. Pourtant, malgré une harmonie
sur le contenu de l’Évangile, les Églises ont tendance à voir les choses
différemment sur d’autres enseignements majeurs de la Bible. L’un de
ces domaines, par exemple, est l’œuvre du Saint-Esprit dans la vie des
croyants. Si vous n’êtes pas d’accord avec la position de l’Église sur de
tels enseignements, vous serez constamment en train de vous expliquer
avec d’autres membres de l’Église et en particulier avec les dirigeants
de l’Église. Cela ne fera que vous compliquer la vie, à vous et à l’Église.
Par conséquent, chaque Église devrait avoir une déclaration de foi écrite
pour énoncer clairement sa position sur les questions doctrinales les plus
fondamentales. Les nouveaux membres devraient lire attentivement ce
document pour voir s’il traduit également leurs propres convictions. Dans
certains cas, la position de l’Église peut ne pas représenter entièrement
la position du membre potentiel, mais cette personne est disposée à se
laisser enseigner. Une telle personne peut toujours être la bienvenue,
en gardant cela à l’esprit. Par conséquent, à la question : « Qui peut être
membre de l’Église ? », nous devons préciser que les aspirants au statut
de membre doivent croire ce que l’Église affirme croire.
On raconte l’anecdote d’un individu à qui l’on demande ce qu’il
croit ; il répond en disant qu’il croit ce que son Église croit. Lorsqu’on
lui demande ce que son Église croit, il répond habilement que son Église
croit ce qu’il croit. Pour ne pas se laisser avoir, la personne lui demande
alors ce que lui et son Église croient. Mais il est prêt, même pour cette
Qui devrait être membre de l’Église ? 85

question, et répond adroitement : « Mon Église et moi croyons la même


chose ! » Si de telles réponses peuvent aisément vous sortir d’une situation
difficile, elles démontrent bien le fait que ce genre de membre n’aidera
pas son assemblée à répandre la vérité que l’Église affirme croire.
2. La politique de l’Église. Un autre domaine sur lequel vous devez
être d’accord si vous voulez participer de manière significative à la vie
d’une Église est celui de sa « politique ». Cela fait référence à la façon dont
l’Église est administrée. C’est ce qui concerne sa structure organisation-
nelle, comprenant des éléments comme la constitution, qui détermine
la façon dont les décisions sont prises. Cela s’applique aux pays, aux
organisations et même aux Églises. Certaines Églises ont un système de
gouvernement épiscopal ; d’autres ont une forme presbytérienne ; d’autres
encore font partie d’une dénomination. Dans chacune de ces catégories,
il existe également d’autres nuances.
Il est important que ceux qui deviennent membres d’une Église
sachent comment elle est gérée et acceptent de fonctionner dans cette
structure. Par exemple, certaines Églises choisissent leurs propres pas-
teurs, tandis que d’autres reçoivent simplement des pasteurs qui leur sont
envoyés par le siège social. Certaines assemblées fonctionnent à partir
d’une structure plus centralisée, tandis que d’autres évoluent à partir
d’une structure plus décentralisée, y compris dans la façon dont les fonds
sont dépensés. Les personnes qui intègrent une Église doivent être au
clair sur ces sujets afin de ne pas entrer inutilement en conflit avec la
direction de l’Église sur des questions de procédure organisationnelle.
Chaque Église doit donc rédiger un document explicite sur son fonc-
tionnement. Ceci est normalement requis par la loi du pays dans lequel
se trouve l’Église. Toute personne désirant se joindre à l’Église devrait
pouvoir consulter ce document pour décider si ce genre de structure de
gouvernance lui convient. Nous verrons dans le prochain chapitre à quel
point c’est important. Ainsi, à la question : « Qui peut être membre d’une
Église ? », nous devons préciser que les aspirants au statut de membre
doivent accepter les structures organisationnelles de l’Église.
Après avoir lu tout cela, vous n’avez peut-être plus à cœur de vous
engager dans une Église ou de vous impliquer dans l’intégration de
86 Le dessein de Dieu pour l’Église

nouveaux membres d’Église pour le compte de votre assemblée. Cela


vous semble peut-être simplement trop laborieux. La vérité est que
nous n’avons pas vraiment le choix. Tout être humain est rattaché à une
famille ; de même tout chrétien doit faire partie d’une Église locale. Jésus
veut que ses brebis soient prises en charge par des bergers bienveillants.
C’est ainsi que les chrétiens grandissent. Ils doivent être rattachés à des
groupes locaux dans lesquels ils font l’expérience de la vie communau-
taire, où chacun a sa part de responsabilités. Ces groupes sont appelés
des Églises locales, et doivent être sous la direction d’anciens qualifiés.
Au début de ce chapitre, nous avons noté comment nos ancêtres veil-
laient à ce que l’héritage tribal ne revienne qu’à ceux qui étaient vraiment
leurs parents de sang. Un mauvais chef de clan ou gouvernant pouvait
entraîner une trahison des plus coûteuses. Nous avons vu comment
seules les personnes vraiment converties sont capables de prendre soin
de l’Église et de son but sur terre, parce qu’elles seules sont spirituelle-
ment régénérées. Nous ne devons jamais faire de compromis à ce sujet
sous prétexte de devoir atteindre certains quotas. Le cas échéant, nous
ouvrons une porte au péché qui rend l’Église captive, et donc inefficace.
Prenons grand soin de veiller à ce que seules les personnes appropriées
deviennent membres d’Églises.
Malheureusement, aujourd’hui, nous avons tendance à faire entrer
dans la bergerie toutes sortes de créatures à quatre pattes sans nous
assurer qu’il s’agit de vraies brebis. Notre hantise de repousser les indi-
vidus est souvent ce qui nous conduit à agir ainsi. « Ce ne serait pas
bien vu » est la philosophie qui fait loi. En outre, beaucoup pensent que
si vous empêchez quelqu’un de devenir membre de votre Église, vous
allez envoyer son âme en enfer. L’Église fait alors figure d’arche de Noé.
C’est l’endroit sûr où il faut être. Ainsi, lorsque vous refusez à quelqu’un
de faire partie de ce refuge sûr, vous exprimez une véritable hostilité à
son égard. Vous passez pour un dirigeant d’Église sans cœur et pouvez
même perdre votre position de leader dans l’assemblée.
Si la personne qui demande à devenir membre est, disons, l’enfant
du fondateur de l’Église, du gouvernant ou du chef du village, nous pou-
vons avoir du mal à évaluer ses qualifications pour valider son adhésion.
Qui devrait être membre de l’Église ? 87

Nous craignons les conséquences si nous concluons que la personne n’est


pas encore convertie et ne peut donc pas être membre de l’Église. Par
conséquent, ce genre de personne est souvent amené à devenir membre
automatiquement, au détriment de sa vie spirituelle. Une autre catégo-
rie d’individus que nous n’examinons pas souvent comme il le faudrait
constitue les gens fortunés. Nous nous disons que leur argent pourrait
être utile et nous les poussons vers l’Église, même lorsque nous savons
que leur témoignage de salut est suspect et que leur vie morale est
scandaleuse. Pire encore, nous leur attribuons rapidement des postes de
direction. Une telle pratique sonne le glas de la spiritualité de l’Église.
Encourageons-nous à faire ce que nous pouvons pour que seuls ceux
qui remplissent les conditions requises puissent être acceptés comme
membres de l’Église. Cela nous épargnera bien des difficultés futures,
et nous contribuerons ainsi à attirer la bénédiction de Dieu sur l’Église.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 5

Qui devrait être membre de l’Église ?

Résumé
La maison de Dieu est réservée aux enfants de Dieu et non aux enfants
de l’ennemi. Les non-croyants ne peuvent pas appartenir à l’Église. Ils
sont toujours spirituellement morts, esclaves du monde, du diable et de
leur nature pécheresse, et ils demeurent sous la colère de Dieu. Tous
sont les bienvenus au rassemblement dominical, mais seuls ceux qui
font une profession de foi crédible et se repentent peuvent appartenir à
l’Église. Les anciens devraient mettre en place une procédure d’adhésion
pour tâcher de déterminer cela avant de considérer les gens comme des
membres à part entière. Les membres doivent approuver les doctrines
de l’Église et se soumettre à ses structures organisationnelles.

Questions d’étude
1. Quelles sont les trois choses qu’une Église devrait examiner avant
d’accepter officiellement quelqu’un comme membre ?

2. À votre avis, quel mal fait-on aux non-croyants lorsqu’ils sont recon-
nus et certifiés comme membres d’une Église avant d’être parvenus
à la foi en Christ ?
Qui devrait être membre de l’Église ? 89

3. Dans le chapitre précédent, nous avons vu que la mission de l’Église


est le Grand Mandat. En quoi une pratique biblique de l’adhésion à
une Église aide-t-elle à répondre à l’appel du Grand Mandat ?

4. Avez-vous déjà interagi avec des gens qui croient être chrétiens,
mais qui n’ont aucune compréhension biblique de la voie du salut ?
Comment les avez-vous aidés à cet égard ou avez-vous observé
d’autres personnes les aider ?

5. En tant qu’Africains, nous sommes, pour la plupart d’entre nous,


accueillants et loyaux envers notre peuple. Quel conseil donneriez-vous
à un pasteur qui trouve difficile la pratique biblique de l’appartenance
à l’Église, en raison de l’exclusion de certaines personnes et par consé-
quent de la nature « non africaine » de cette pratique ?
6

QUEL EST LE RÔLE DES


MEMBRES DE L’ÉGLISE ?

M a mère est morte alors que je n’avais que neuf ans. Environ un
an plus tard, la sœur de ma mère est venue nous chercher, mes
deux sœurs et moi, pour nous emmener vivre avec elle et sa famille.
Nous avons vécu avec eux pendant les six années suivantes. C’était
tout un changement pour mes sœurs et moi. Le premier changement
majeur a été le nombre d’enfants. Nous venions d’un foyer avec très peu
d’enfants : moi, mes deux sœurs et un frère adoptif que mes parents
avaient élevés dès la naissance pour que j’aie de la compagnie mascu-
line. Nous avons emménagé avec une famille de huit enfants. Nous
étions désormais onze enfants à remuer dans la maison ! Le deuxième
changement majeur a été de passer d’une banlieue de la capitale de
Zambie à une ferme située à la périphérie d’une ville minière de cuivre.
Dans la maison de nos parents, nous ne faisions presque rien d’autre
que de veiller à ce que nos chambres soient bien rangées (nos parents
employaient des domestiques qui faisaient presque tout le travail). À la
ferme, tous les enfants participaient aux tâches ménagères et agricoles.
Nous devions nourrir les animaux de la ferme et leur fournir de l’eau

91
92 Le dessein de Dieu pour l’Église

fraîche, ramasser régulièrement les œufs et alimenter la chaudière


de bois de chauffage pour chauffer l’eau de la ferme. Quand venait le
temps de planter, de désherber ou de récolter, les bras supplémentaires
n’étaient pas de trop, et les enfants de la maison mettaient la main à la
pâte à ces moments critiques. Quand nous manquions de lait, on nous
envoyait avec un grand récipient dans une ferme voisine qui avait des
vaches. Nous achetions le lait et regagnions la maison à pied en portant
cette lourde charge. La famille entretenait un potager derrière la ferme
où nous récoltions des légumes frais tous les jours. Il y avait beaucoup
d’ouvriers répartis dans différentes zones de la ferme. C’étaient des
professionnels payés pour les tâches qu’ils réalisaient. Nous travaillions
avec eux et apprenions beaucoup d’eux. Au début, tout cela était difficile
pour mes deux sœurs et moi-même, mais voir nos cousins y partici-
per joyeusement nous a fait réaliser que la vie à la ferme était ainsi,
ce qui nous a permis de vite « prendre le rythme » et d’en apprécier
le côté ludique. Se lever tôt pour faire ses tâches ménagères avant de
se préparer pour aller à l’école était le plus difficile, surtout en hiver,
quand il faisait froid et sombre le matin. Pourtant, pas une seule fois
nous n’avons pensé qu’il s’agissait de maltraitance. Nous avons simple-
ment appris à apprécier le travail que nous trouvions dur au début. Le
soir, à table, nous parlions des expériences que nous avions vécues en
participant à la vie de la ferme.
La vie de l’Église devrait davantage ressembler à la vie que nous
menions à la ferme, plutôt qu’à l’existence que nous menions dans notre
foyer, avant le décès de ma mère. Elle devrait impliquer tous les membres.
Cette image n’est pas courante aujourd’hui. Nombre de gens limitent
l’appartenance à l’Église au sentiment d’appartenance. Ils veulent aussi
être membres en raison des bénéfices qu’ils en retireront éventuellement,
plutôt que par désir d’y apporter leur contribution. Il arrive même que
l’Église se résume pour certains à un lieu où leur nom est enregistré pour
être autorisés, par la suite, à s’y marier et à y célébrer leurs funérailles.
Beaucoup la considèrent comme un endroit où ils pourront obtenir un
soutien ponctuel en cas de besoin.
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 93

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, l’Église est « la mai-


son de Dieu » (1 Ti 3.15). À l’époque de la rédaction du Nouveau Testament,
les ménages étaient composés de parents, d’enfants et de serviteurs. Si la
famille était très riche et grande, elle avait beaucoup de serviteurs. C’est
ce que Paul avait à l’esprit quand il a appelé l’Église la maison de Dieu.
Il voulait dire que Dieu remplit le rôle des parents à la maison. Les diri-
geants de l’Église assument le rôle de serviteurs au foyer en veillant à ce
que chaque enfant sache « comment se conduire dans la maison de Dieu »
(v. 15). Le reste est l’équivalent des enfants élevés dans cette maison. Il leur
incombe de participer activement aux tâches ménagères.
Un certain nombre de références bibliques suggèrent la participation
assez active des enfants aux tâches ménagères dans un foyer, en fonc-
tion de leur âge. C’était particulièrement vrai concernant les animaux
d’élevage, qui représentaient souvent la richesse familiale. Par exemple,
dans l’Ancien Testament, lorsque Samuel est allé oindre un futur roi
d’Israël issu de la maison d’Isaï, la Bible dit : « Isaï fit passer sept de
ses fils devant Samuel ; et Samuel dit à Isaï : L’Éternel n’a choisi aucun
d’eux. Puis Samuel dit à Isaï : Sont-ce là tous tes fils ? Et il répondit : Il
reste encore le plus jeune, mais il fait paître les brebis. Alors Samuel dit
à Isaï : Envoie-le chercher, car nous ne nous partirons pas avant qu’il
ne soit venu ici » (1 S 16.10,11). David ne se contentait pas de suivre des
bergers embauchés. On lui avait donné la charge de prendre soin du
troupeau. Le jour où David a tué Goliath, voici les explications qu’il a
fournies au roi Saül :

Ton serviteur faisait paître les brebis de son père. Et quand un lion ou un
ours venait en enlever une du troupeau, je courais après lui, je le frappais,
et j’arrachais la brebis de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisis-
sais par la gorge, je le frappais, et je le tuais. C’est ainsi que ton serviteur a
terrassé le lion et l’ours, et il en sera du Philistin, de cet incirconcis, comme
de l’un d’eux, car il a insulté l’armée du Dieu vivant (1 S 17.34-36).

La vie de ce jeune berger était un travail à temps plein. C’était un


travail ardu, une activité risquée.
94 Le dessein de Dieu pour l’Église

Au cas où vous penseriez que c’était uniquement à l’époque de l’Ancien


Testament, le Nouveau Testament nous offre un exemple similaire dans
la célèbre parabole du fils prodigue. Quand le fils cadet rentre du pays
lointain, la Bible rapporte : « Or, le fils aîné était dans les champs... »
(Lu 15.25.) Si vous vous demandez ce qu’il y faisait, ses paroles remplies
d’indignation nous indiquent qu’il y travaillait : « Voici, il y a tant d’années
que je te sers, sans n’avoir jamais transgressé tes ordres... » (Lu 15.29.) Il
avait fidèlement participé aux travaux de la ferme. C’était caractéristique
de la vie de famille de l’époque. C’est ce que l’apôtre Paul avait à l’esprit
en écrivant à Timothée au sujet de la maison de Dieu. Elle fonctionnait
selon un ordre établi, mais comptait aussi des domaines de responsabi-
lité pour les serviteurs et les enfants, selon leurs niveaux de maturité
respectifs. Considérons, à présent, quels devraient être les rôles des
membres de l’Église locale. Étudions, pour ce faire, des passages perti-
nents du Nouveau Testament.

Assister aux rassemblements de l’Église


Le tout premier rôle des membres de l’Église dans la vie de l’assemblée est
d’assister à ses réunions. Il est étonnant de voir combien d’Églises parlent
d’un grand nombre de membres, alors que peu de gens sont présents lors
des cultes. Où sont les individus dont les noms figurent pourtant sur
ces longues listes de membres ? Nombre d’entre eux pensent qu’il suffit
d’être baptisés et de figurer sur la liste de l’Église pour obtenir ce qu’ils
veulent. Fréquenter l’Église ne leur apparait pas comme une obligation,
une fois qu’ils en sont devenus membres.
Nous avons vu précédemment la description des individus devenus
chrétiens le jour de la Pentecôte :

Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fra-


ternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières […] Tous ceux qui
croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun […] Ils
étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain
dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de
cœur (Ac 2.42,44,46).
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 95

Impossible d’ignorer le fait que les croyants du Nouveau Testament


participaient activement aux rassemblements de l’Église pendant la
semaine. Ils ne se sont certainement pas contentés d’inscrire leur nom
sur une liste de membres d’Église avant de disparaître aussitôt.
C’est en assistant à ces rassemblements qu’ils ont appris la doctrine
chrétienne en compagnie des apôtres. C’est lors de ces réunions qu’ils
partageaient, rompaient le pain et priaient ensemble. Certes, il n’y avait
pas de livres chrétiens à l’époque et encore moins Internet pour téléchar-
ger des sermons. Néanmoins, la vie de l’Église ne se réduit pas à écouter
des sermons. Ce sont des moments d’encouragement mutuel avec d’autres
croyants, des temps délibérément mis à part pour les rencontrer et ado-
rer Dieu collectivement. L’auteur de l’épître aux Hébreux a écrit ceci :
« Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à l’amour et aux bonnes
œuvres. N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume
de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant
plus que vous voyez s’approcher le jour » (Hé 10.24,25). Les croyants ne
pouvaient s’exhorter mutuellement à l’amour et aux bonnes œuvres que
lors de ces rencontres régulières. Le premier rôle des membres dans la
vie de l’Église est d’assister aux réunions de l’assemblée. Les absences
peuvent arriver, mais elles doivent être justifiées par des circonstances
qui les rendent inévitables.

Obéir aux commandements de réciprocité


Le Nouveau Testament est rempli de commandements impliquant
« les uns les autres » et une certaine forme de réciprocité. Ce sont des
appels divins et apostoliques destinés aux chrétiens ; ils soulignent le
fait que les chrétiens sont responsables d’agir d’une certaine manière
envers les autres croyants. En voici quelques exemples : « Aimez-vous
les uns les autres » (Jn 13.34), « instruisez-vous et exhortez-vous les uns
les autres » (Col 3.16), « par honneur, usez de prévenances réciproques »
(Ro 12.10), « ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres »
(Ro 12.16), « ne nous jugeons donc plus les uns les autres » (Ro 14.13),
« accueillez-vous donc les uns les autres » (Ro 15.7), « [soyez] parfaitement
96 Le dessein de Dieu pour l’Église

unis dans un même esprit et dans un même sentiment » (1 Co 1.10),


« rendez-vous, par amour, serviteurs les uns des autres » (Gal 5.13),
« portez les fardeaux les uns des autres » (Gal 6.2), « [supportez-vous] les
uns les autres avec amour » (Ép 4.2), « soyez bons les uns envers les
autres, compatissants » (Ép 4.32a), « [pardonnez-vous] réciproquement »
(Ép 4.32b), « entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par
des cantiques spirituels » (Ép 5.19), « [soumettez-vous] les uns aux autres »
(Ép 5.21), « consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles »
(1 Th 4.18), « ne parlez point mal les uns des autres, frères » (Ja 4.11),
« ne vous plaignez pas les uns des autres, frères » (Ja 5.9), « confessez
vos péchés les uns aux autres » (Ja 5.16a), « et priez les uns pour les
autres » (Ja 5.16b), etc.
Ce genre d’activités constituent le ciment de la communion dans
la vie de l’Église. Elles démontrent le souci mutuel qu’ont les chrétiens
les uns envers les autres et leur détermination à ne rien permettre
qui soit susceptible d’entraver leurs relations. Les commandements
impliquant « les uns les autres » ne doivent pas être restreints par le
tribalisme dans l’Église. La seule ligne de démarcation doit être celle
qui sépare les chrétiens des non-chrétiens. La plupart de ces activités
se déroulent en dehors du contexte des rassemblements de l’Église et
montrent que le lien de l’unité chrétienne acquis par le sang de Christ
et réalisé par l’œuvre du Saint-Esprit est très réel à un niveau person-
nel. Les chrétiens se servent mutuellement en mettant à profit leurs
dons individuels, mais nous verrons cela plus en détail dans le pro-
chain paragraphe de ce chapitre. Pour l’instant, disons que les chrétiens
devraient considérer que leur rôle dans l’Église consiste à observer ces
commandements de réciprocité.

L’utilisation des dons dans l’Église


Un autre rôle des membres de l’Église est celui d’utiliser leurs dons indi-
viduels pour servir le Seigneur Jésus-Christ par l’intermédiaire de son
Église. L’image préférée de Paul concernant les rôles des membres de
l’Église dans la vie de l’assemblée n’est pas celle de la famille, mais bien
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 97

celle du corps humain. À l’Église de Corinthe, il a dit : « Vous êtes le corps


de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part » (1 Co 12.27).
Plus tôt dans ce même chapitre, il a évoqué les responsabilités réciproques
des membres de l’Église en utilisant l’exemple des rôles respectifs des
pieds et des mains dans le corps humain. Il a également parlé des dif-
férentes fonctions des oreilles et des yeux. Au milieu de l’explication
de ces différents rôles, il a aussi évoqué le nez, sans le mentionner, en
posant cette question : « Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il
était tout ouïe, où serait l’odorat ? » (1 Co 12.17.) Il entendait par là que les
croyants sont pourvus de dons variés que Dieu leur a attribués et qu’ils
doivent les utiliser dans le contexte de l’Église pour qu’elle grandisse
selon le dessein de Dieu.
Certes, presque tous les exemples de Paul semblent très étrangers
à l’Église contemporaine, mais les principes demeurent applicables. Il
a écrit :

Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais


le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère
tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour
l’utilité commune. En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de
sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; à
un autre, la foi, par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par
le même Esprit ; à un autre, le don d’opérer des miracles ; à un autre, la
prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité
des langues ; à un autre, l’interprétation des langues. Un seul et même
Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier
comme il veut (1 Co 12.4-11).

Depuis l’avènement des mouvements pentecôtistes et charismatiques


au siècle dernier, certains prétendent que l’Église est censée fonctionner
avec tous ces dons, même de nos jours. Ce n’est pas le sujet de ce livre
de montrer qu’il s’agissait en grande partie de dons nécessaires au cours
de la phase naissante de l’Église du Nouveau Testament. Néanmoins, il
est toujours vrai que le Saint-Esprit attribue des dons aux croyants dans
l’Église afin qu’ils puissent tous participer à sa croissance quantitative
98 Le dessein de Dieu pour l’Église

et qualitative. Chaque Église devrait avoir toute une variété de dons,


de services et d’activités vivifiées par « le même Dieu qui opère tout en
tous » (1 Co 12.6). Ces dons sont tous attribués par le Seigneur « pour
l’utilité commune » (1 Co 12.7).
Paul était très catégorique sur le fait que les croyants doivent utiliser
leurs dons et ne doivent pas se contenter d’aller à l’église comme on va
au cinéma. Il a écrit ceci à l’Église de Rome :

Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous
les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs,
nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les
uns des autres. Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui
nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce en proportion
de la foi ; que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère ;
que celui qui enseigne s’attache à son enseignement, et celui qui exhorte
à l’exhortation ; que celui qui donne le fasse avec libéralité ; que celui qui
préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec
joie (Ro 12.4-8, italique pour souligner).

Les dons sont simplement des capacités. Dieu veut que les croyants
les utilisent dans l’Église pour son édification et aussi pour témoigner
dans le monde selon les directives de Christ.
Malheureusement, ce n’est pas ainsi que la plupart des Églises fonc-
tionnent aujourd’hui. L’image populaire n’est pas celle d’un corps, mais
d’un bus. Tout le monde devrait participer à la vie de l’Église, mais
quelques individus seulement se retrouvent à tout faire pendant que les
autres profitent simplement de la balade. La plupart du temps, ils sont
à moitié endormis en attendant d’arriver à destination. Le seul moment
où les gens s’impliquent activement, c’est lorsque le bus roule sur un
nid-de-poule et qu’ils sont brusquement tirés de leur sommeil. Sous la
poussée d’une soudaine montée d’adrénaline, ils lancent des insultes au
conducteur et lui reprochent sa conduite imprudente. Mais le ronflement
du moteur les berce finalement jusqu’à la fin du trajet.
On dit que dans la plupart des Églises, un tiers des membres fait tout
le travail, un autre tiers regarde le travail accompli, et le dernier tiers
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 99

n’a aucune idée de ce qui se passe. D’après mon expérience personnelle,


je pense que c’est en effet le cas, encore faut-il parvenir à motiver ce
premier tiers à commencer ! Très souvent, réussir à motiver un tiers de
l’Église à servir est déjà un exploit. Trop de chrétiens ne font rien de
plus que de se rendre à l’Église. C’est loin de ce à quoi la vie de l’Église
du Nouveau Testament est censée ressembler.

Les dons varient en importance et en fonction


Certains dons dans l’Église sont plus essentiels à sa mission que d’autres.
Le rôle de l’Église dans le monde étant surtout celui de proclamer la
vérité de Dieu, ceux pourvus de dons et d’appels liés plus directement
à la proclamation auront tendance à être plus notables que ceux qui en
sont dépourvus. Ils prêchent et enseignent depuis la chaire. On leur
accorde également une part plus élevée du budget de l’Église. Ce n’est
pas parce qu’ils sont arrogants ou cupides, mais en raison du rôle qu’ils
jouent dans l’édification et la croissance de l’Église. Paul a instruit son
protégé Timothée en disant : « Que les anciens qui dirigent bien soient
jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la
prédication et à l’enseignement. Car l’Écriture dit : Tu ne muselleras
point le bœuf quand il foule le grain. Et l’ouvrier mérite son salaire »
(1 Ti 5.17,18). Dans le langage d’aujourd’hui, Paul dit simplement que les
pasteurs devraient être payés et dûment rétribués.
Cela ne signifie pas que les pasteurs doivent travailler seuls. Le reste
des membres de l’Église est appelé à œuvrer à leurs côtés et à obéir au
Grand Mandat. Permettez-moi d’utiliser l’exemple du culte dominical,
c’est-à-dire les moments où toute l’Église se réunit pour prier, chanter
des louanges à Dieu et entendre la prédication de la Parole de Dieu. Le
pasteur et sa famille ne devraient pas être les seuls à venir tôt à l’église
pour préparer la salle de culte : allumer les lumières, ouvrir les fenêtres
pour aérer la pièce, balayer le sol, disposer les chaises et les tables, mettre
en place les fleurs décoratives et autres accessoires, distribuer les livres
des cantiques, et ainsi de suite. Où sont les autres ? Ne savent-ils pas
que, bien avant ce jour, le pasteur s’affairait à préparer son sermon ? Ne
100 Le dessein de Dieu pour l’Église

voient-ils pas que, selon le nombre de questions que le sermon susci-


tera dans la vie des membres, il aura probablement aussi du pain sur la
planche pour le reste de la semaine en raison du nombre de personnes
qui vont lui demander conseil ? Assurément, d’autres membres peuvent
se charger de préparer la salle de culte et superviser sa fermeture. Ils
doivent également s’impliquer en invitant amis, parents, voisins, cama-
rades de classe et collègues de travail à l’église. Beaucoup de gens sont
devenus chrétiens parce qu’un croyant n’avait cessé de les inviter à
l’église. Les membres de l’Église doivent également s’impliquer à d’autres
moments du culte : lecture de la Bible, prière et conduite de la louange.
Il faut également prendre soin des visiteurs et assurer un suivi. D’autres
peuvent s’impliquer dans l’enregistrement des sermons et, grâce à la
technologie numérique actuelle, s’assurer que les sermons soient téléver-
sés sur Internet afin que des personnes dans le monde puissent écouter
les messages.

Mettre ces dons à profit tous les jours de la semaine


Jusqu’à présent, je n’ai fait qu’aborder les différents rôles que les membres
de l’Église peuvent jouer lors du culte du dimanche. Mais la vie de l’Église
n’a pas lieu seulement le jour du Seigneur. Le reste de la semaine est
aussi concerné. Dans les premiers jours de l’Église, Luc a rapporté ceci :

Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le
pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de
cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur
ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés (Ac 2.46,47).

De toute évidence, la vie de l’Église se poursuivait tout au long de la


semaine alors que les croyants mettaient leurs dons au service les uns
des autres, et servaient ensemble dans le monde « chaque jour ». Ils uti-
lisaient leurs maisons comme des extensions de la vie de l’Église, pour
les petites réunions d’Église, mais aussi à des fins d’hospitalité.
Lorsque les membres de l’Église réalisent que nous avons le monde
à gagner à Christ, ils comprennent que l’Église a besoin de l’implication
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 101

de tous. Il n’y a pas de place pour que certains dorment à l’arrière.


Pour accomplir le Grand Mandat, les membres de l’Église doivent
s’organiser pour sensibiliser les enfants, les jeunes, les hommes et les
femmes de la communauté à l’Évangile du Seigneur Jésus-Christ. Il
faut également atteindre les plus démunis ainsi que les professionnels.
Des séminaires, des conférences et des camps doivent être organisés.
Cela nécessitera de nombreuses mains pour s’occuper de la publicité
et de la planification. Au cours de tels événements, maintes personnes
devront travailler dans les coulisses pendant que ceux qui prêchent et
enseignent s’affaireront à mener leur tâche à bien. Ensuite, il convient
de penser au travail de suivi, dans lequel de nombreux membres
d’Église peuvent s’impliquer. Souvent, c’est pendant la période d’ar-
rosage continu de la semence qui a été semée pendant les réunions
d’évangélisation que les âmes cèdent finalement aux appels de Christ.
Ne sous-estimez jamais la place accordée au suivi qui se fait souvent
par de fidèles soldats de la croix de Christ. Ce sont souvent eux qui
posent la cerise sur le gâteau.

Les dons financiers fidèles et généreux


Un autre domaine d’implication à ne pas négliger dans la vie de l’Église
est celui des dons financiers ; les chrétiens ordinaires y jouent un
rôle déterminant. Tant que l’Église sera sur terre, elle aura besoin de
finances. Le don de la dîme et des offrandes représente par consé-
quent une part importante du rôle des membres de l’Église. Si certains
chrétiens se demandent si nous, en tant que croyants du Nouveau
Testament, sommes tenus d’apporter la dîme à l’Église pour soutenir
l’œuvre, personne ne doute que la mission de l’Église est principa-
lement garantie par les dons financiers de ses membres. Dès le cha-
pitre 2 des Actes, nous lisons : « Ils vendaient leurs propriétés et leurs
biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de
chacun » (Ac 2.45). Deux chapitres plus loin, nous lisons : « Car il n’y
avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui possédaient des champs
ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu’ils avaient
102 Le dessein de Dieu pour l’Église

vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on faisait des distri-
butions à chacun selon qu’il en avait besoin » (Ac 4.34,35). Plus tard,
Paul a encouragé Timothée, un jeune pasteur de l’Église, à veiller à ce
que les veuves âgées de l’Église, dépourvues de parents susceptibles
d’en prendre soin, soient prises en charge par l’Église (1 Ti 5.3-16).
Les croyants de l’Église que Dieu a bénis par des moyens financiers
devraient considérer l’importance de leur contribution généreuse aux
soins de leurs frères et sœurs en proie à des difficultés économiques.
Cela devrait s’additionner à leur don régulier à l’Église pour soutenir
son fonctionnement normal (comme payer ses pasteurs et d’autres per-
sonnes qui servent l’Église à temps plein). Nous avons déjà vu que Paul
a exhorté Timothée, dans 1 Timothée 5.17, à s’assurer que les pasteurs
soient dûment payés. Cela ne peut se faire que grâce à la contribution
financière et fidèle des chrétiens de l’Église.
Or, en Afrique, c’est un domaine de grande faiblesse dans l’Église
chrétienne. C’est en partie une conséquence de l’ère missionnaire pion-
nière, car ceux qui venaient implanter les Églises sur le continent africain
étaient entièrement soutenus par leurs pays d’origine. Nous ne savions
pas exactement qui soutenait ces missionnaires étrangers ni combien
de soutien ils recevaient. Les prédicateurs n’étaient pas affectés par les
dons ou l’absence de dons des croyants visant à soutenir l’Église. Aussi
les croyants pensaient-ils s’en tirer à bon compte en donnant le moins
possible, voire rien du tout. Renverser cette tendance est une tâche ardue.
Beaucoup prétendent être sans argent. Pourtant, ces mêmes personnes
se baladent avec des smartphones très onéreux dans leurs mains et pos-
sèdent des téléviseurs coûteux chez elles. Elles sont disposées à dépenser
autant pour elles-mêmes, mais prétendent ne pas avoir d’argent pour
soutenir l’œuvre du Seigneur et de l’Église. Un changement culturel
radical s’impose.
Dans certaines Églises, les dirigeants ont abusé de ces finance-
ments. Les pasteurs se sont rempli les poches en escroquant le trou-
peau. Je traiterai de cette question dans le paragraphe sur la direction
de l’Église.
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 103

Prier pour le bien-être de l’Église


Le sujet de la prière est étroitement lié au don financier. En fait, la prière
est encore plus importante et vitale. Les chrétiens qui se privent pour
soutenir l’œuvre de Dieu sont généralement ceux qui se meurtrissent
tout autant les genoux dans la prière pour cette même œuvre. Jésus a dit :
« Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6.21). Les deux vont
de pair. Là où notre don s’arrête, commence notre prière. Nous savons
que notre don est limité, mais Dieu peut aller bien plus loin, si nous
l’invitons dans notre situation désespérée. C’est pourquoi nous donnons,
puis nous prions. Normalement, la prière est en grande partie exercée
par les croyants à l’échelle individuelle. Quand on lit la Bible, cependant,
il est évident que les croyants se réunissaient aussi pour prier collecti-
vement. Ce n’était pas juste une affaire individuelle et privée. L’Église
organisait des réunions de prière.
L’Église du Nouveau Testament était une Église de prière. Luc ajoute
la prière à la description de l’Église peu de temps après sa naissance. Il
rapporte : « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la
communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières »
(Ac 2.42). C’était, en partie, en raison du climat d’adversité dans lequel
était née l’Église. Persécutée dès le début, elle s’est beaucoup appuyée
sur le soutien de sa tête souveraine. Le peuple de Dieu savait qu’il avait
besoin de l’intervention divine pour survivre à l’hostilité des autorités
juives et romaines. Quand Jacques a été tué et que Pierre a été arrêté,
ils s’attendaient tous à ce que Pierre subisse le même sort que Jacques.
Pourtant, un ange de Dieu a été envoyé pour le sauver miraculeusement.
Pierre pensait même qu’il rêvait jusqu’à ce qu’il se retrouve en sécurité à
l’extérieur des murs bien gardés de la prison. La Bible dit : « Après avoir
réfléchi, il se dirigea vers la maison de Marie, mère de Jean, surnommé
Marc, où beaucoup de personnes étaient réunies et priaient » (Ac 12.12).
Oui, l’Église du Nouveau Testament était indéniablement une Église de
prière. La prière est la responsabilité de tous les membres de l’Église.
Nous ne devons jamais la perdre de vue, même quand notre Église ne
traverse pas de période d’épreuves et de persécutions. Le Grand Mandat
104 Le dessein de Dieu pour l’Église

ne peut être accompli qu’avec l’aide de Dieu. Les âmes ne peuvent être
sauvées du péché que par l’œuvre directe du Saint-Esprit. Il est donc
crucial d’implorer Dieu de bénir nos efforts pour lui alors que nous
accomplissons notre mission d’évangélisation. Les réunions de prière
de l’Église devraient être fixées au moment et à l’endroit qui convient le
mieux aux membres de l’Église.
Un domaine de prière spécifiquement mentionné, que nous ne devons
jamais négliger, est celui de la prière pour notre nation et ses dirigeants.
Paul a écrit à Timothée, le jeune pasteur de l’Église d’Éphèse :

J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications,
des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et
pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie
paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable
devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la connaissance de la vérité (1 Ti 2.1-4).

Ce commandement ne dépend pas de vos affinités avec le dirigeant


ou le président de votre pays. De plus, la raison principale n’est pas que
votre pays puisse devenir prospère, mais plutôt paisible, de façon à vous
permettre de vivre votre foi chrétienne sans entrave. L’autre raison est
que ce contexte pacifique favorise la poursuite du mandat d’évangélisation
par l’Église. Cette dernière devrait prier pour l’extension du royaume
de Dieu dans sa société. Les membres de l’Église sont par conséquent
invités à inclure cette requête dans leurs prières comme une part inté-
grante de leur responsabilité.

Les autres domaines d’implication de l’Église


J’ai exposé les plus importants, mais il existe d’autres domaines de la vie
de l’Église dans lesquels les chrétiens devraient s’impliquer.
L’administration de l’Église, par exemple, est encore un autre domaine
dans lequel tous les membres devraient être impliqués. On y trouve :
des anciens et des diacres ; des personnes engagées dans la gestion des
réunions d’Église et des ministères ou services ; des gens qui veillent à la
Quel est le rôle des membres de l’Église ? 105

transparence et à l’intégrité de la gestion financière (budgets et dépenses).


Ceux qui n’occupent pas ces positions devraient apprendre à se soumettre
et à coopérer avec leurs responsables. Selon la forme d’administration de
votre Église, les membres ordinaires de l’Église peuvent avoir d’autres
fonctions. Par exemple, dans certaines Églises, presque toutes les grandes
décisions doivent être votées. Dans de tels cas, il importe que les membres
de l’Église prennent des décisions éclairées en étant bien informés sur
les questions soumises à un vote. Dans les assemblées où l’on recourt au
vote à tous les niveaux de la direction, il est essentiel que les membres de
l’Église apprennent à connaître les candidats à la direction, bien avant le
jour du vote. Les membres doivent se considérer comme les intendants
de l’Église du Dieu vivant.

Assurer la croissance spirituelle à


l’échelle individuelle
La croissance spirituelle personnelle des membres de l’Église n’est norma-
lement pas considérée comme le rôle de l’Église. Pourtant, il est crucial
de l’inclure pour clore ce chapitre. Ce que nous avons souligné avant tout
dans ce chapitre ne sera pas effectif dans la vie d’un chrétien à moins
qu’une croissance spirituelle n’ait lieu dans sa vie. Seul un chrétien en
pleine croissance voudra bien participer aux divers rassemblements de
l’Église pour grandir encore davantage dans sa vie chrétienne. Seul un
chrétien en pleine croissance se souciera suffisamment des autres chré-
tiens pour mettre à exécution chacun des commandements impliquant
une réciprocité (« les uns les autres »), que nous avons vu précédemment
dans ce chapitre. Seul un chrétien en pleine croissance tiendra à utili-
ser ses dons et ses finances pour servir le Seigneur Jésus-Christ dans
l’Église et par son intermédiaire. Seul un chrétien en pleine croissance
consacrera délibérément du temps à la prière collective dans l’Église.
Par conséquent, les membres de l’Église devraient être exhortés à faire
de leur croissance spirituelle une priorité dans leur vie. Cela se traduira
par une plus grande implication dans la vie et la fertilité de l’Église.
L’apôtre Pierre l’exprime ainsi :
106 Le dessein de Dieu pour l’Église

À cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la
vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la
maîtrise de soi la patience, à la patience la piété, à la piété l’amitié fraternelle,
à l’amitié fraternelle l’amour. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec
abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connais-
sance de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pi 1.5-8).

Notez que Pierre exhorte les croyants à faire tous leurs efforts pour
grandir spirituellement. Il termine en disant que l’un des résultats de
leur croissance est qu’ils seront plus efficaces et fructueux dans leur
connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est le genre de chrétiens
que tout dirigeant d’Église désire ardemment voir parmi ses fidèles : des
croyants qui grandissent et qui, par conséquent, jouent leur rôle dans la
vie de l’Église sans avoir toujours besoin d’être incités à le faire.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 6

Quel est le rôle des membres de l’Église ?

Résumé
Comme dans tout ménage, les membres de la maison de Dieu ont des
tâches à accomplir. Les membres de l’Église doivent assister fidèlement
aux rassemblements réguliers, au cours desquels ils peuvent apprendre
la doctrine chrétienne, avoir une communion fraternelle, rompre le pain
et prier ensemble. Tous les membres sont également appelés à obéir avec
amour aux commandements impliquant « les uns les autres », à utiliser
leurs dons et leurs capacités pour la croissance quantitative et qualitative
de l’Église, ainsi qu’à prier et à contribuer au succès de l’œuvre de l’Église.
Tout cela exige une croissance continue dans la maturité chrétienne et
la capacité à prendre part au ministère.

Questions d’étude
1. Quel lien l’auteur établit-il entre votre croissance personnelle en
Christ et les fruits que vous portez en tant que membre d’Église ?
Comment avez-vous vécu cela ?

2. « Lorsque les membres de l’Église réalisent que nous avons le monde


à gagner à Christ, ils comprennent que l’Église a besoin de l’impli-
cation de tous » (p. 100-101). En quoi les tâches des membres, telles
qu’elles sont décrites dans ce chapitre, contribuent-elles à l’accom-
plissement du Grand Mandat ?
108 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. Quelles capacités, attributions et opportunités avez-vous actuellement


qui pourraient aider quelqu’un dans votre Église locale ?

4. Bien que les dons financiers fidèles et généreux constituent une


part importante de l’appartenance à l’Église, l’auteur déplore que de
nombreux chrétiens africains ne considèrent pas cela comme leur
devoir. Aussi les appelle-t-il à un « changement culturel radical » sur
cette question (p. 102). Êtes-vous d’accord avec cette observation ?
Selon vous, comment ce changement pourrait-il être effectué tout
en se prémunissant contre l’exploitation financière qui sévit dans
de nombreuses Églises ?

5. La prière est l’une des responsabilités qui incombent à ceux qui


font partie de l’Église. Votre Église organise-t-elle des réunions de
prière ? À quoi devraient servir ces réunions ? Comment votre Église
peut-elle encourager ses membres à prier en dehors des réunions
de prière de l’Église ?
7

QUI DEVRAIT DIRIGER


L’ÉGLISE ?

B ien que nous soyons nombreux à ne plus vivre dans des villages,
l’idée qu’un dirigeant, même s’il s’agit d’un dirigeant d’Église, res-
semble à un chef tribal persiste encore dans notre inconscient. Tout
d’abord, un chef n’est pas réellement choisi par le peuple. C’est une
question d’hérédité. La fonction lui revient, parce que « les dieux » l’ont
placé dans le bon arbre généalogique, à la bonne position dans cette
famille, et au bon moment. Une fois qu’il est établi chef, c’est comme
si l’esprit des dieux venait habiter en lui. Être chef, en particulier sou-
verain, est la position la plus élevée de la tribu. Il dispose peut-être de
beaucoup d’anciens et conseillers pour l’aider, mais ses décisions sont
définitives. Il est le gardien absolu de la vaste contrée qui appartient
à toute la tribu. Son aura remplit de crainte les gens qui se retrouvent
en sa présence. Il a un siège spécial, son trône, ainsi que de nombreux
assistants à son service. À une époque révolue, même la vie des indivi-
dus de sa tribu était à sa merci. S’il exigeait votre mort, vous mourriez
sans pouvoir contester sa décision. C’était le genre de pouvoir absolu
qu’exerçaient les chefs.

109
110 Le dessein de Dieu pour l’Église

Lorsque vous comprenez cette image, vous commencez à voir pour-


quoi les pasteurs et autres dirigeants d’Églises en Afrique ont tendance
à être traités avec une dignité à faire pâlir les dirigeants politiques
occidentaux. Ils finissent par n’avoir de comptes à rendre à personne et
abusent facilement de l’argent, des biens et des femmes de l’Église, et s’en
tirent à bon compte. Il est impératif de revenir à la Bible pour examiner
ce que Dieu dit quant aux qualifications des personnes responsables de
l’Église et comment mener à bien cette tâche.

Les Églises doivent être dirigées par des anciens


À l’époque de la Bible, les Églises étaient dirigées par des anciens. Ce
concept n’était pas nouveau, car tout au long de l’Ancien Testament, le
peuple d’Israël était aussi dirigé par des anciens. Même le mot en dit
long sur l’âge des individus. Les anciens étaient des chefs de familles, de
clans et de tribus, qui se réunissaient pour donner une direction à toute
la nation. Ainsi, lorsque Moïse et Aaron ont planifié le grand exode du
peuple d’Israël hors d’Égypte, ils ont d’abord rencontré les anciens pour
les convaincre de cette décision (Ex 4.29). Plus tard, soixante-dix anciens
ont été choisis pour aider Moïse à traiter les affaires judiciaires de la
nation (No 11.16,24). Ces anciens étaient assis à la porte de la ville pour
gérer toutes sortes de différends entre les gens et rendre des jugements
aboutissant à un châtiment ou à un acquittement (De 21.19 ; 22.15).
Cette tradition des anciens s’est poursuivie jusqu’à l’époque du
Nouveau Testament, à Jérusalem, et partout où les Israélites se sont dis-
persés. Lors de la diaspora, les anciens dirigeaient dans les synagogues,
où ils formaient des organes de direction. La vie religieuse des Juifs
était bien supervisée, même lorsqu’ils se trouvaient loin du temple de
Jérusalem. Les anciens ne s’occupaient pas seulement des affaires judi-
ciaires, mais également des biens de la synagogue, des soins aux malades
et de la collecte des contributions.
Ce concept a été transposé dans la vie de l’Église primitive (voir
Ac 11.30 ; 20.17 ; 21.18 ; Ja 5.14). Même lorsque les apôtres vivaient encore
et supervisaient l’Église de Jérusalem, ils travaillaient avec les anciens
Qui devrait diriger l’Église ? 111

(Ac 15.6,22). Dans l’esprit des apôtres, les anciens des Églises étaient
désignés par Dieu. Nous le voyons dans le discours d’adieu de Paul aux
anciens d’Éphèse : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau
sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église de
Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20.28). Paul ne faisait
pas allusion à une déclaration prophétique surnaturelle. Il croyait plutôt
que, lorsque le peuple de Dieu prie et que les événements providentiels
sont accompagnés de qualifications bibliques chez un individu consi-
déré pour la position d’ancien, on peut dire à juste titre que Dieu est à
l’origine de la nomination de cette personne.
Les apôtres se considéraient comme des anciens de l’Église, et non
comme un groupe d’hommes appartenant à une classe à part, supérieure
aux anciens. L’apôtre Pierre a écrit : « Voici les exhortations que j’adresse
aux anciens qui sont parmi vous, moi, ancien comme eux, témoin des souf-
frances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée :
Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte,
mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec
dévouement » (1 Pi 5.1,2, italique pour souligner). Les anciens étaient les
principaux dirigeants de l’Église. Lors de l’implantation des Églises, il
était de la responsabilité des missionnaires pionniers de veiller à ce que
les hommes de cette Église soient encadrés jusqu’à atteindre un niveau de
maturité suffisant pour être nommés anciens. Le travail d’implantation
d’Églises était achevé uniquement lorsque des anciens qualifiés étaient
établis. Nous lisons que c’est ce que Paul et Barnabas ont fait parmi les
Églises qu’ils implantaient en Galatie : « Ils désignèrent des anciens dans
chaque Église, et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au
Seigneur, en qui ils avaient cru » (Ac 14.23). C’est à ce moment-là qu’ils
considéraient leur mission accomplie.
Le travail des anciens consiste essentiellement à veiller sur le trou-
peau. Les instructions que Pierre a données (dont une partie est précitée)
l’illustrent bien. Voici le reste de la citation : « Paissez le troupeau de Dieu
qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon
Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme
dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les
112 Le dessein de Dieu pour l’Église

modèles du troupeau. Et lorsque le souverain berger paraîtra, vous obtien-


drez la couronne incorruptible de la gloire » (1 Pi 5.2-4). En utilisant le
mot « berger », Pierre compare le travail des anciens à celui de simples
bergers qui prennent soin des brebis. C’était une métaphore courante.
David l’a utilisée à propos de Dieu quand il a écrit : « Le Seigneur est mon
berger » (Ps 23.1). Il arrivait souvent, dans l’Ancien Testament, que Dieu
utilise cette métaphore pour désigner son peuple par le mot brebis, et
les anciens d’Israël par le mot bergers (p. ex., Éz 34). Il est crucial que les
personnes occupant la fonction d’anciens considèrent leur travail sous
cet angle. Les meilleurs bergers faisaient paître leur brebis dans de bons
pâturages ; ils les abreuvaient d’eau fraîche, les protégeaient des animaux
sauvages, veillaient sur chacune individuellement, les nourrissaient quand
elles étaient souffrantes et s’assuraient de leur sécurité en les plaçant
dans leur enclos en fin de journée. Ils partaient à la recherche des brebis
errantes, et faisaient tout leur possible pour les retrouver et les rame-
ner en lieu sûr. Toutes ces responsabilités incombent aux anciens dans
un sens spirituel. Les anciens sont les bergers assistants de Christ. Ils
dirigent l’œuvre tout en gardant à l’esprit ce que Jésus-Christ, le chef de
l’Église, souhaite les voir accomplir. Sa volonté est clairement exprimée
dans la Bible. Dans la citation ci-dessus, Pierre souligne que les anciens
doivent accomplir leur tâche avec bon cœur et non par attrait pour
une rémunération terrestre. Jésus en personne, le chef du troupeau, les
récompensera lors de son retour sur terre.
Ce travail doit être effectué par un leadership empreint d’un esprit
de serviteur. Même dans l’Ancien Testament, les anciens devaient appli-
quer la pensée de Dieu parmi le peuple de Dieu pour leur bien spirituel
dans un monde spirituellement hostile. Ils ne détenaient pas le pouvoir
absolu d’agir à leur guise. S’ils agissaient de la sorte, Dieu exprimait son
mécontentement concernant ce qu’il voyait. Par exemple, nous lisons
dans Jérémie 23.1-4 :

Malheur aux bergers qui détruisent et dispersent le troupeau de mon pâtu-


rage ! dit l’Éternel. C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël, sur
les bergers qui paissent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les
avez chassées, vous n’en avez pas pris soin ; voici, je vous châtierai à cause
Qui devrait diriger l’Église ? 113

de la méchanceté de vos actions, dit l’Éternel. Et je rassemblerai le reste de


mes brebis de tous les pays où je les ai chassées ; les ramènerai dans leur
pâturage ; elles seront fécondes et multiplieront. J’établirai sur elles des
bergers qui les paîtront ; elles n’auront plus de crainte, plus de terreur, et il
n’en manquera aucune, dit l’Éternel.

Les anciens en Israël ne se souciaient pas du peuple de Dieu, et Dieu


prévoyait de les remplacer par ceux qui prendraient soin de lui.
Il en va de même pour l’Église du Nouveau Testament. Les anciens
sont des dirigeants dotés d’une autorité déléguée par Dieu, mais ils sont
tenus d’user de cette autorité avec douceur, et dans un esprit de tendresse
et d’amour à l’égard du troupeau, « non comme dominant sur ceux qui
[leur] sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau »
(1 Pi 5.3). Leur persuasion en tant qu’anciens devrait découler en grande
partie du magnétisme spirituel de leur caractère exemplaire, de la gestion
de leur propre maison et de leurs compétences pédagogiques.
Parmi les anciens, certains se consacrent à la prédication et à l’ensei-
gnement. Paul y fait allusion lorsqu’il écrit à Timothée : « Que les anciens
qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux
qui travaillent à la prédication et à l’enseignement » (1 Ti 5.17). Dans
certaines Églises, ces derniers sont appelés « pasteurs » ; dans d’autres
assemblées, ils portent des titres différents. Paul dit ici que ces per-
sonnes devraient être payées par l’Église et dûment rémunérées. Ce
livre n’étant pas destiné à aborder ce sujet, nous nous contenterons de
souligner deux choses. Tout d’abord, il est vital d’avoir un serviteur au
sein de la direction de l’Église qui prêche régulièrement la Parole de
Dieu. Cet individu devrait se sentir appelé à cette œuvre et manifester
de toute évidence un don de prédicateur, car il remplira le même genre
de rôle que Timothée et Tite dans le Nouveau Testament. Paul a écrit
ceci à Timothée :

Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu
soit accompli et propre à toute bonne œuvre. Je t’en conjure devant Dieu
et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de
114 Le dessein de Dieu pour l’Église

son avènement et de son royaume, prêche la Parole, insiste en toute occa-


sion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et
en instruisant (2 Ti 3.16 – 4.2).

Il manque à l’Église un don essentiel de Dieu quand elle est dépour-


vue d’un tel serviteur. La santé et la croissance de cette Église seront
inévitablement retardées.
Deuxièmement, il est tout aussi important qu’un tel serviteur tra-
vaille au sein de la direction de l’Église et non au-dessus d’elle. Pierre,
un apôtre, se considérait tel un « ancien comme eux » (1 Pi 5.1). En outre,
dans Actes 15, lorsque la question de la circoncision a été réglée par les
dirigeants de l’Église à Jérusalem, apôtres et anciens l’ont fait conjoin-
tement (Ac 15.2,4,6,22). Les anciens ne relèvent pas d’un pasteur. Il est
l’un d’eux. Ils travaillent ensemble en équipe. En raison de la centralité
de la prédication de la Parole dans la vie de l’Église, la personne désignée
pour être le « pasteur » assurera la direction du reste de l’équipe d’anciens
de l’Église. Toutefois, ce statut n’implique pas que les autres doivent lui
rendre des comptes. Il doit y avoir une responsabilité mutuelle entre
le pasteur et le reste des anciens. Je le répète : le pasteur est l’un des
anciens ; il n’est pas au-dessus d’eux.

Les anciens doivent être bibliquement qualifiés


La Bible insiste sur le fait que les Églises devraient être dirigées par
des pasteurs et des anciens spirituellement matures. C’est ce que Paul
dit à Timothée, dans 1 Timothée 3.1-7. Il donne des instructions simi-
laires à Tite, dans Tite 1.5-9. Notez qu’à partir des aptitudes énoncées,
un individu doit se qualifier dans trois domaines pour être désigné
ancien dans l’Église.
La dévotion personnelle. Dans les deux listes de qualifications don-
nées à Timothée et à Tite, Paul souligne que la personne considérée pour
intégrer la fonction d’ancien doit être vraiment exemplaire. À Timothée,
il dit ceci : « Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une
seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre
à l’enseignement. Il faut qu’il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais
Qui devrait diriger l’Église ? 115

indulgent, pacifique, désintéressé » (1 Ti 3.2,3). À Tite, il écrit : « Car il


faut que l’évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu ; qu’il ne
soit ni arrogant, ni colérique, ni adonné au vin, ni violent, ni porté à un
gain honteux ; mais qu’il soit hospitalier, ami des gens de bien, modéré,
juste, saint, tempérant » (Tit 1.7,8). L’œuvre sanctifiante du Saint-Esprit
devrait être évidente dans le caractère moralement transformé d’une
personne avant qu’elle ne soit considérée pour occuper le poste d’ancien.
Sa dévotion devrait être manifeste pour tous, car cette personne ne sera
pas simplement amenée à conduire le troupeau par ses propos, mais aussi
par son exemple d’obéissance à Dieu dans l’Église.
La gestion de sa propre maison. Dans les deux listes de qualifica-
tions requises pour occuper la fonction d’ancien, Paul mentionne éga-
lement la nécessité de faire ses preuves en matière de gestion familiale.
À Timothée, il écrit : « Il faut qu’il dirige bien sa propre maison, et qu’il
tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté ; car
si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il
soin de l’Église de Dieu ? » (1 Ti 3.4,5.) À Tite, il écrit : « s’il s’y trouve
quelque homme irréprochable, mari d’une seule femme, ayant des enfants
fidèles, qui ne soient ni accusés de débauche ni rebelles1 » (Tit 1.6). Cela
est vital pour une raison évidente formulée dans la question de Paul à
Timothée : si quelqu’un est incapable de diriger sa propre maison, com-
ment s’y prendra-t-il pour diriger l’Église de Dieu ? Il échouera à coup
sûr. Par conséquent, il ne convient pas de le nommer à ce poste. Les
principes requis dans la direction d’une Église sont fondamentalement
identiques à ceux qui le sont dans la gestion familiale. La nécessité d’un
enseignement régulier est la même. L’équilibre entre amour et discipline
est similaire. Il en va de même de l’importance de montrer l’exemple à
ceux que l’on éduque.
Compétences pédagogiques. Cette qualité doit être perceptible notam-
ment dans la capacité d’enseigner la Parole de Dieu et les questions
doctrinales. La liste des qualifications que Paul confie à Timothée en
fait mention de manière si lapidaire qu’on pourrait presque passer à
côté. Parmi les qualifications personnelles, l’apôtre dit qu’un ancien doit
être « propre à l’enseignement » (1 Ti 3.2). Mais avec Tite, il développe
116 Le dessein de Dieu pour l’Église

ce point : « [Il faut qu’il soit] attaché à la vraie Parole telle qu’elle a été
enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de
réfuter les contradicteurs » (Tit 1.9). Cela est vital pour la vie de l’Église,
car les anciens dirigent le peuple de Dieu par la Parole de Dieu. Un
ancien ne devrait pas être un anticonformiste, qui ne cesse de changer
ce qu’il croit ou qui enseigne ses propres croyances non basées sur la
Bible. Cela ne veut pas dire pour autant que chaque ancien doit savoir
prêcher la Parole de Dieu avec brio. La prédication est une forme spé-
cialisée d’enseignement. C’est une proclamation publique de la Parole
de Dieu faisant autorité. Tous les anciens n’ont pas à être doués dans
ce domaine. Néanmoins, chaque ancien devrait être capable d’ouvrir la
Bible et d’instruire un individu, un petit groupe de croyants ou même
un groupe plus important, selon les cas et en fonction de son niveau de
don. De cette façon, il conduira le peuple de Dieu dans la saine doctrine
et ramènera ceux qui s’égarent à une foi saine. Voilà en quoi consiste
le véritable travail de l’ancien.
Il convient de mentionner ici que les anciens dans la Bible ont tou-
jours été des hommes. Il n’y a pas une seule mention d’une « ancienne »
dans l’Église, dans le Nouveau Testament, ni même en Israël, dans
l’Ancien Testament. Le rôle d’instruire dans la Parole de Dieu toute
l’Église ne revient pas à la femme, à cause de ce que Paul a dit plus tôt,
dans 1 Timothée 2 : « Que la femme écoute l’instruction en silence, avec
une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni
de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le
silence » (1 Ti 2.11,12). Cela mérite d’être souligné aujourd’hui en raison
de l’atmosphère d’égalitarisme qui semble exiger la modification de cette
norme biblique.

Les anciens devraient être assistés par des diacres


Le Seigneur a béni l’Église primitive en y ajoutant des milliers de nou-
veaux convertis. Elle s’est tellement agrandie que les anciens étaient
submergés par leur charge de travail. Il leur était devenu impossible d’y
faire face. Ils se sont réunis et ont décidé d’instaurer un nouveau rôle,
Qui devrait diriger l’Église ? 117

qui prendra plus tard le nom de « diaconat ». Nous en lisons l’histoire


dans Actes 6.

En ce temps-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes mur-


murèrent contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans
la distribution qui se faisait chaque jour. Les douze convoquèrent la mul-
titude des disciples, et dirent : Il n’est pas convenable que nous laissions
la Parole de Dieu pour servir aux tables. C’est pourquoi, frères, choisissez
parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient
pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi.
Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de
la Parole (Ac 6.1-4).

Ces hommes ont reçu par la suite le nom de diacres, comme nous
le verrons lorsque nous examinerons les qualifications requises pour
cette fonction.
Nous apprenons de ce passage qu’à mesure qu’une Église gran-
dit, elle ne doit pas nécessairement augmenter le nombre d’anciens ;
elle devrait plutôt envisager de nommer également des diacres. Nous
remarquons aussi que les responsabilités transmises par les anciens
aux diacres concernaient des questions pratiques, telles que la prise en
charge de personnes financièrement nécessiteuses. Cela peut inclure
aujourd’hui la gestion des finances de l’Église, le soin apporté aux
orphelins et aux veuves (ainsi qu’à toute autre personne dans le besoin)
au sein de l’Église, l’entretien des locaux de l’église, etc. En revanche,
l’enseignement et la prédication de la Parole de Dieu doivent rester la
responsabilité des anciens.

Les diacres doivent être qualifiés bibliquement


La lecture du choix des premiers diacres, dans Actes 6, révèle que les
apôtres étaient soucieux de bien choisir des personnes dûment qualifiées.
La Bible rapporte ces paroles des apôtres : « C’est pourquoi, frères, choi-
sissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage,
qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de
118 Le dessein de Dieu pour l’Église

cet emploi » (Ac 6.3). Ils recherchaient des hommes vraiment dévoués et
instruits pour cette fonction.
Lorsque Paul a énuméré les qualifications des diacres à Timothée, il
n’y avait guère de différences avec celles des anciens. Il a écrit :

Les diacres aussi doivent être honnêtes, éloignés de la duplicité, des excès du
vin, d’un gain sordide, conservant le mystère de la foi dans une conscience
pure. Qu’on les éprouve d’abord, et qu’ils exercent ensuite leur ministère,
s’ils sont sans reproche. Les femmes, de même, doivent être honnêtes, non
médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. Les diacres doivent être maris
d’une seule femme, et bien diriger leurs enfants et leur propre maison
(1 Ti 3.8-12).

Seule différence notable : les diacres n’étaient pas obligés de savoir


enseigner, contrairement aux anciens, pour lesquels c’était une exigence.
Si un diacre finit par s’impliquer dans la prédication, comme Philippe
dans Actes 8.26-40, c’est parce qu’il est déjà doué dans ce domaine. Ce
n’est certainement pas une exigence pour la fonction de diacre dans
l’Église. Les diacres doivent toutefois « [conserver] le mystère de la foi dans
une conscience pure » (1 Ti 3.9). Autrement dit, ils doivent avoir la doc-
trine chrétienne pour fondement. Sur le plan de la dévotion personnelle
et de la bonne gestion de leurs foyers, il n’y a pas de réelle différence
entre les qualifications des anciens et celles des diacres.
Puisque nous avons abordé la question des femmes pour le poste
d’ancien, il vaut la peine d’évoquer les femmes diacres. Il est plus dif-
ficile de parvenir à une conclusion définitive à ce sujet. Bibliquement,
la fonction de diacre ne comporte aucune autorité. Le nom même de
« diacre » traduit simplement le mot « serviteur » en grec. En ce sens, il
n’est pas nécessaire d’exclure les femmes de ce poste. En outre, Phœbé,
dans Romains 16.1,2, est qualifiée de « diaconesse » (« servante » en grec)
de l’Église d’Enchères. D’autres soutiennent que le mot est utilisé dans
un sens générique et ne fait pas référence à un poste. Ensuite, il y a
les femmes incluses dans la liste des qualifications pour la fonction de
diacres dans 1 Timothée 3. Qui étaient-elles ? S’agissait-il de femmes dia-
conesses ou simplement de femmes assistant les diacres, ou les épouses
Qui devrait diriger l’Église ? 119

de diacres ? La question reste entière. Ceux qui pensent que seuls les
hommes peuvent être diacres citent parfois la clause selon laquelle les
diacres devraient être « maris d’une seule femme » (1 Ti 3.12) ; selon eux,
cela exclut les femmes de cette fonction. Ils peuvent également souligner
que le Nouveau Testament ne mentionne pas l’exemple d’une femme
ordonnée à un poste quelconque de l’Église. Comme vous pouvez le
constater, déterminer si les femmes peuvent être diacres ou non n’est
pas aussi facile que de déterminer si elles peuvent avoir le rôle d’ancien
ou non, puisque la fonction d’anciens est réservée aux hommes.

Le travail des anciens ne doit pas être usurpé


Parmi les dirigeants de l’Église, ce n’est pas l’esprit de service qui est le
plus exhibé. Nous sommes bien plus souvent témoins de la mentalité
de chef africain que j’ai mentionnée en début de chapitre. C’est ce qui
est reproduit dans l’Église. Les pasteurs sont en grande partie respon-
sables d’une telle attitude. La quête de reconnaissance et de titres en est
symptomatique. À une époque, dans l’Église protestante, les pasteurs
étaient simplement appelés « pasteur » ou « révérend » ou « évêque », selon
l’étiquette confessionnelle. Aujourd’hui, bien des gens arborent les titres
d’« apôtre » et de « prophète ». Je préfèrerais parfois qu’on s’en tienne à
l’appellation de « frère » ou de « sœur » en Christ.
Néanmoins, il n’est pas tant question de changer ou de bannir les
titres que d’arrêter cette tendance à considérer les dirigeants de l’Église
comme des chefs de village ou de tribu. Dans certaines Églises, surtout
en zones rurales, les fonctions de dirigeants sont contrôlées et occupées
uniquement par la famille la plus puissante de la région. Ils décident
qui doit diriger l’Église, et c’est souvent quelqu’un issu de leur propre
famille. En général, c’est un descendant du pionnier de cette Église. Si
cette personne a un lien de parenté avec le chef, c’est encore pire. Dans
l’Afrique rurale, les Églises deviennent facilement le centre social de tout
un village ; le chef de village finit alors par faire partie de la direction
de l’Église, uniquement par respect pour sa position dans la commu-
nauté. Parfois, les gens intègrent la direction de l’Église en raison de leur
120 Le dessein de Dieu pour l’Église

richesse. C’est une façon de les garder dans l’Église. C’est aussi un moyen
pour eux d’être reconnus pour leurs contributions financières. Dans
tous ces cas, la qualité spirituelle de la personne n’est même pas prise
en compte, ce qui est une erreur fatale. C’est d’ailleurs ce qui décime la
spiritualité de l’Église.
Il existe aussi le phénomène d’anciens autoproclamés, chose tota-
lement étrangère au Nouveau Testament. Comment cela se passe-t-il ?
Des personnes mécontentes de ce qui se passe dans leur Église décident
simplement de créer une nouvelle Église. Elles commencent à se rencon-
trer dans une maison ou une salle de classe. Après avoir rassemblé une
petite foule, les hommes de tête se nomment anciens de cette Église. Une
telle pratique n’existe pas dans le Nouveau Testament. Des personnes qui
désirent instaurer une nouvelle Église devraient d’abord se placer sous
une Église déjà établie, jusqu’à ce que les anciens de cette Église établie
leur imposent les mains pour les désigner anciens. Nous ne pouvons pas
simplement nous autoproclamer anciens.
Parfois, le pasteur nomme sa propre femme pasteur-associée. Là
encore, il n’existe pas de précédent biblique pour justifier une telle
pratique. C’est un phénomène totalement étranger à la Bible, devenu
pourtant très courant dans les Églises en Afrique. Comme nous l’avons
déjà affirmé, la direction de l’Église biblique est masculine. Nombre de
dirigeants d’Église dans la Bible étaient mariés (comme l’apôtre Pierre),
mais rien ne dit nulle part que leurs épouses sont également devenues
dirigeantes de l’Église. L’épouse d’un pasteur n’est autre que l’épouse
d’un pasteur. Elle est sa compagne de vie. Dans l’Église, le pasteur tra-
vaille avec une équipe d’anciens. Nous devons revenir à une direction
biblique dans l’Église.
Il y a aussi un grand besoin de restaurer dans le leadership la notion
de serviteurs dans l’Église. La vague actuelle de démagogues doit prendre
fin. De grands orateurs manipulent les membres de l’Église pour qu’ils
leur fassent don de leurs biens et de leur argent, alors qu’ils vivent comme
des chefs. C’est un vice qui se répand de plus en plus, en particulier dans
les Églises urbaines. Si des voleurs se rendaient sur le parking de l’Église
un dimanche et dérobaient la voiture la plus luxueuse, il ne serait pas
Qui devrait diriger l’Église ? 121

surprenant de découvrir que c’est celle du pasteur ! Si Judas Iscariote se


trouvait parmi nous aujourd’hui, il n’aurait pas besoin de nous identifier
au moyen d’un baiser. Il suffirait qu’il dise à ceux qui seraient envoyés
pour arrêter le pasteur de choisir l’homme avec le costume et le parfum
les plus onéreux. De toute évidence, ces pratiques sont inacceptables.
S’il existe un domaine de la vie de l’Église qui nécessite une vraie
réforme, c’est bien la direction de l’Église. Trop de choses y sont inac-
ceptables. Lorsque la tête est malade, le reste du corps ne peut pas aller
bien. Notre pratique de la direction de l’Église doit être en accord avec
la Bible, qui offre une multitude d’enseignements à ce sujet. Il n’y a donc
aucune excuse : les mauvaises pratiques doivent cesser. Faisons en sorte
que nos Églises soient dirigées par des anciens bibliquement qualifiés
et dotés d’un cœur de serviteur. Ces derniers devraient être assistés par
des diacres tout aussi qualifiés, à mesure que l’œuvre dans l’Église prend
de l’ampleur. C’est ce qu’enseigne la Bible.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 7

Qui devrait diriger l’Église ?

Résumé
Les Églises du Nouveau Testament, inspirées des commandements des
apôtres et du modèle des synagogues juives, étaient dirigées par des
anciens. Les anciens sont des hommes bibliquement qualifiés, chargés
de guider le troupeau, de l’instruire et de lui enseigner par l’exemple les
commandements du Seigneur dans la Bible. Ils devraient compter parmi
eux un homme doué, capable de nourrir régulièrement le troupeau par
la prédication. Les anciens sont assistés par des diacres dans les œuvres
de service non pastorales.

Questions d’étude
1. D’après les qualifications d’un ancien mentionnées dans
1 Timothée 3.1-7 et Tite 1.5-9, quels sont les trois domaines de qua-
lification requis pour le titre d’ancien dans l’Église ?

2. Quels pièges avez-vous observés, ou quel danger y a-t-il à donner à


une personne une fonction d’enseignant ou de prédicateur en pre-
nant en compte uniquement son talent d’orateur ?
Qui devrait diriger l’Église ? 123

3. Quelles sont les différences entre le travail d’un diacre et celui


d’un pasteur ? En quoi ces rôles sont-ils confondus dans les Églises
actuellement ?

4. Selon les principes d’administration de l’Église enseignés dans ce


chapitre, qu’y a-t-il de mal à ce qu’un pasteur nomme couramment
sa femme pasteur-associée ?

5. Nous avons vu que les Africains, imprégnés de l’exemple du chef


tribal, méprisent un leader qui vient parmi eux pour les servir ; en
revanche, ils respectent le dirigeant qui marque une séparation et
qui attend d’être servi. Que répondre à cela, à la lumière de l’exemple
de Jésus ?
8

POURQUOI PRATIQUER
LE BAPTÊME ET LA
SAINTE CÈNE ?

O utre l’enseignement de la Parole de Dieu, la louange et la prière,


le baptême et la sainte cène sont les activités les plus visibles du
culte chrétien. Le bâtiment et le mobilier d’une église reflètent souvent
ces activités. En un seul regard, nous pouvons saisir l’importance que
l’Église a accordée au thème abordé dans ce chapitre.
Pour bien des chrétiens, le baptême et la sainte cène restent un mys-
tère. Ils se font baptiser sans conviction, pour la simple raison que c’est
un commandement biblique, mais ils manquent de connaissance quant à
sa signification et à sa portée. De même, lorsqu’un pasteur ou un ancien
prie à l’occasion de la sainte cène et que le pain et le jus ou vin sont dis-
tribués, de nombreux chrétiens n’ont pas idée à quel point ce repas frugal
leur est bénéfique sur le plan spirituel. Ils pensent que quelque chose
de mystique se produit et les affecte lorsqu’ils ingurgitent le pain et le
jus ou le vin. Étant en proie à cette perception erronée, ils manipulent
souvent le pain et la coupe comme s’il s’agissait d’objets magiques. Cette
perception de la sainte cène est superstitieuse, voire idolâtre.

125
126 Le dessein de Dieu pour l’Église

Dans l’esprit de beaucoup d’Africains, le simple fait de voir un pas-


teur ou un ancien prier pour la sainte cène leur rappelle le sorcier du
village invoquant le monde des esprits pour prétendument briser tout ce
qui cause la misère dans la vie de ceux qui sont venus le trouver pour
obtenir de l’aide. Ils savent ce que cela signifie d’observer avec admiration
un sorcier faire bouger un peu d’os et de plumes d’animaux morts sur le
sol en chantant quelques paroles dans une transe évidente. Enfin, ils ont
l’habitude de le voir préparer une concoction et la leur donner à boire
dans le cadre de leur pratique de purification. Il peut aussi donner aux
gens des racines qu’ils doivent mettre dans l’eau de leur prochain bain.
Tandis qu’ils se baignent et mangent, en obéissant aux instructions du
sorcier, quelque chose est censé se produire dans le monde des esprits.
Ils seront soi-disant libérés de la malédiction et du sort mystérieux qui
a été jeté sur leur vie.
Est-ce vraiment ce qui se passe lorsque vous entrez dans les eaux
baptismales, ou que vous mangez le pain et buvez la coupe pendant la
sainte cène ? Examinons la Bible pour voir ce qu’elle enseigne au sujet
de ces deux ordonnances1.

Seulement deux ordonnances


Il convient de préciser, pour commencer, que le Seigneur Jésus-Christ n’a
ordonné que le baptême et la sainte cène comme ordonnances durables
dans l’Église. Certaines assemblées chrétiennes observent également le
lavage des pieds comme une ordonnance, mais il est difficile de faire
valoir qu’il s’agit là d’un commandement du Seigneur.
En ce qui concerne le baptême, voici ce que le Seigneur Jésus-Christ
a dit juste avant son ascension : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel
et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28.18,19).
Au sujet de la sainte cène, l’apôtre Paul a écrit aux Corinthiens :

Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur
Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces,
le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci
Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ? 127

en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit :


Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de
moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez
ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne (1 Co 11.23-26).

Le commandement du Seigneur Jésus de prendre part à la sainte cène


est sans équivoque. En effet, il a dit : « Faites ceci en mémoire de moi. »
Jésus a commandé que ces deux ordonnances soient observées jusqu’à
son retour ; il faut toutefois noter que chacun ne se fait baptiser qu’une
seule fois, peu de temps après sa profession de foi, comme nous le ver-
rons, mais que nous devons participer régulièrement à la sainte cène.
C’est une différence majeure entre ces deux ordonnances.

Le baptême
Je suis baptiste ; j’ai donc des convictions doctrinales à ce sujet. Je pars
du principe que le baptême est réservé aux croyants et qu’il se fait par
immersion. Ce livre n’a pas pour but de plaider en faveur de cette posi-
tion. Je le dis simplement d’emblée.
Comme nous l’avons noté au chapitre 3, le baptême est un com-
mandement du Seigneur Jésus-Christ, le chef suprême de l’Église. Cet
acte est censé être le premier acte d’obéissance d’un nouveau chrétien.
Même dans une Église qui offre au préalable des cours sur le baptême,
il devrait pouvoir se faire baptiser sans avoir à attendre trop longtemps
avant d’être jugé prêt. D’une part, une personne baptisée annonce au
monde qu’elle est devenue un disciple du Seigneur Jésus-Christ. D’autre
part, celui qui baptise le nouveau converti ajoute son propre témoignage :
d’après ce qu’il a vu et entendu, la profession de foi de cette personne
est recevable. Examinons quelques particularités du baptême.
1. Le baptême symbolise ce qui s’est passé spirituellement dans la vie
du nouveau converti. Paul l’a exprimé ainsi dans sa lettre aux Romains :

Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce


abonde ? Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-
nous encore dans le péché ? Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés
128 Le dessein de Dieu pour l’Église

en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons
donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme
Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi
nous marchions en nouveauté de vie (Ro 6.1-4).

Le baptême auquel Paul faisait référence n’était pas le baptême d’eau,


mais le baptême de l’Esprit, le baptême dans la mort de Christ. C’est
ce qui arrive à tous ceux qui deviennent de véritables convertis, et
cela se produit au moment de leur régénération. Ils meurent au péché.
Comment ? Tout comme Jésus est mort dans ce monde de péché, a été
enseveli et est ressuscité dans une vie nouvelle, de même lorsque nous
devenons chrétiens, nous sommes unis à Christ par le Saint-Esprit, et
l’expérience de Christ devient la nôtre. Nous aussi, nous mourons au
péché et sommes capables de marcher dans une vie nouvelle. C’est pour-
quoi un vrai chrétien ne peut pas continuer à mener une vie de péché.
C’est le raisonnement de Paul dans Romains 6.
Le baptême d’eau symbolise cette réalité. Lorsque nous sommes
immergés dans l’eau, nous témoignons de notre mort à notre vie passée.
Cette vie est terminée. Nous avons été ensevelis avec Christ. Lorsque
nous sortons de l’eau, nous témoignons que nous sommes une personne
nouvelle et ressuscitée, et que notre seul désir est désormais de glorifier
Dieu. Quel merveilleux symbole que celui du baptême ! Cela explique
pourquoi il devrait avoir lieu peu de temps après qu’une personne se
convertit à Christ, plutôt que d’attendre. Par le baptême, le nouveau
converti témoigne de ce qui s’est passé par son union à Christ.
2. Le baptême est étroitement lié au message de l’Évangile. Le bap-
tême était la profession de foi visible de ceux qui se repentaient et met-
taient leur confiance en Christ. Le jour de la Pentecôte, lorsque les gens
qui écoutaient la prédication de Pierre ont été soumis à une conviction
intense et lui ont demandé, ainsi qu’au reste des apôtres, ce qu’ils devaient
faire, Pierre a répondu : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit
baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous
recevrez le don du Saint-Esprit » (Ac 2.38).
Au sujet de Philippe annonçant l’Évangile à l’eunuque éthiopien sur
son char, la Bible rapporte :
Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ? 129

Comme ils continuaient leur chemin, ils rencontrèrent de l’eau. Et l’eunuque


dit : « Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? » Philippe
dit : « Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible ». L’eunuque répondit : « Je
crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu ». Il fit arrêter le char ; Philippe et
l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque
(Ac 8.36-38).

Comme indiqué au chapitre 3, dans le verset précédant ce passage,


il nous est seulement dit que Philippe a commencé par Ésaïe 53 et
qu’il a annoncé à l’eunuque la bonne nouvelle au sujet de Jésus-Christ.
Pourtant, la requête de l’eunuque montre clairement que Philippe avait
inclus dans leur conversation la nécessité d’être baptisé aussitôt après
sa profession de foi.
3. Le baptême est une porte d’entrée dans l’Église. Le Grand Mandat
est formulé de la manière suivante : « [...] Allez, faites de toutes les nations
des disciples, les baptisant [...] » (Mt 28.19.) Ce n’est qu’après cela que Jésus
leur ordonne de leur enseigner à observer tout ce qu’il a commandé.
Nous le voyons également dans le livre des Actes. Le jour de la Pentecôte,
quand Pierre a fini de prêcher, il nous est dit : « Ceux qui acceptèrent sa
parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta
d’environ trois mille âmes » (Ac 2.41).
4. Le baptême n’est pas essentiel au salut. Nous sommes justifiés
devant Dieu sur la base de l’œuvre accomplie par Christ. Nous ne pou-
vons rien y ajouter et rien y soustraire par nos œuvres de justice. Le
baptême est important, mais n’a aucun pouvoir salvateur en lui-même.
Nous devons déjà être chrétiens pour être baptisés. Comme nous l’avons
vu, il s’agit simplement du premier acte d’obéissance d’une personne qui
prétend que Jésus est désormais son maître et Seigneur.
Après avoir déclaré sans équivoque que le baptême ne nous sauve
pas, il convient d’affirmer avec la même insistance qu’un chrétien qui
résiste au baptême vit dans la désobéissance et la rébellion. C’est un
commandement du Seigneur Jésus-Christ. Pourquoi appeler Jésus-Christ
notre Seigneur quand nous refusons de faire ce qu’il nous demande
si clairement ?
130 Le dessein de Dieu pour l’Église

La sainte cène
Parfois, la sainte cène est appelée la communion, l’eucharistie ou encore
le repas du Seigneur. À vrai dire, j’aime beaucoup l’expression « repas
du Seigneur », parce que ce repas se distingue véritablement de tous les
autres repas. Il s’agit, en effet, du repas du Seigneur. C’est lui qui nous
en a donné le menu en nous demandant aussi d’y prendre part en sou-
venir de lui. Nous l’avons déjà mentionné lorsque nous avons examiné
1 Corinthiens 11.23. Dans ce passage, Paul dit que l’idée de la sainte cène
ne vient pas de lui. Il transmet simplement à l’Église de Corinthe ce qu’il
a reçu du Seigneur Jésus-Christ.
Chaque auteur des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) fait réfé-
rence à la façon dont Jésus a institué ce repas. Le fait que chacun le men-
tionne sans exception suggère qu’il s’agissait d’un acte très important.
Du témoignage de ces auteurs, il en ressort que, la nuit précédant la
trahison de notre Seigneur, il a rassemblé ses douze disciples dans une
chambre haute pour prendre un repas avec eux. Vers la fin de ce repas,
il leur a donné des instructions sur la façon dont ce repas devait être
perpétuellement célébré en son honneur, jusqu’à son retour. Examinons
quelques-unes de ces caractéristiques.
1. La relation entre la sainte cène et la Pâque. Il est instructif que la
sainte cène ait été instituée pendant la fête des pains sans levain, appe-
lée la Pâque. D’ailleurs, Jésus a qualifié ce qu’il allait manger avec ses
disciples ce jour-là de Pâque. La Bible rapporte :

La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait […] Le jour des
pains sans levain, où l’on devait immoler la Pâque, arriva, et Jésus envoya
Pierre et Jean, en disant : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la
mangions […] Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait
dit ; et ils préparèrent la Pâque. L’heure étant venue, il se mit à table, et les
apôtres avec lui. Il leur dit : J’ai désiré vivement manger cette Pâque avec
vous, avant de souffrir (Lu 22.1,7,8,13-15).

Impossible par conséquent de comprendre la sainte cène en dehors


du contexte de la Pâque, qui nous est rapporté dans Exode 12. Israël était
en captivité en Égypte, et Dieu était sur le point de délivrer son peuple
Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ? 131

en infligeant des plaies spectaculaires et miraculeuses par l’intermédiaire


de Moïse. Le dernier de ces fléaux devait être la mort du fils premier-né
dans chaque foyer en Égypte. Afin d’éviter que cela ne se produise dans
les foyers des Israélites, ils devaient étaler le sang d’un agneau ou d’un
chevreau sur le cadre de la porte de leurs maisons le jour où l’ange de
la mort traverserait le pays. Dieu a dit à Moïse :

Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le
sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous
détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir
de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous
le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants (Ex 12.13,14).

La relation entre la Pâque et la sainte cène devrait être évidente.


Les Israélites ont survécu à la mort dans leurs foyers grâce au sang
des animaux qui recouvrait les cadres de leurs portes. Nous sommes
sauvés de la colère de Dieu par le sang du Seigneur Jésus-Christ. La
Pâque était un repas, comme la sainte cène. Toutes deux parlent de
l’intervention de Dieu qui sauve son peuple de l’esclavage et de la tyran-
nie. L’esclavage en Égypte est une image de l’esclavage du péché. Le
sang des animaux sacrifiés dans l’Ancien Testament préfigure le sang
de Christ dans le Nouveau Testament. Voilà le sens de la sainte cène.
C’est un rappel de la façon dont nous avons été sauvés de l’esclavage
au péché et de la colère de Dieu par le sacrifice expiatoire du Fils de
Dieu sur la croix.
2. La sainte cène est un souvenir et non une reconstitution. Jésus n’est
plus crucifié quand nous prenons la sainte cène. Rien de mystérieux ne
se produit lorsqu’on prie et rompt le pain à la vue de l’assemblée. Le pain
et la coupe ne deviennent pas le corps et le sang de Christ de manière
littérale. Ces éléments demeurent uniquement un rappel et ne consti-
tuent en aucun cas une reconstitution. Jésus est actuellement au ciel. Il
ne souffre plus et ne meurt plus chaque fois que nous prenons la sainte
cène. Il est mort une fois pour toutes. Dieu a été pleinement satisfait du
prix que Jésus a payé sur la croix pour notre péché. Il ne souffrira plus
jamais et ne mourra plus jamais.
132 Le dessein de Dieu pour l’Église

Il est nécessaire de souligner cette vérité : nous ne répétons pas la


crucifixion de Jésus-Christ lorsque nous prenons la sainte cène. La Bible
nous dit que Jésus est mort une fois pour toutes et que son sacrifice a
été suffisant :

De même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de
beaucoup d’hommes, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui
l’attendent pour leur salut […] lui, après avoir offert un seul sacrifice pour
les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu ; il attend désor-
mais que ses ennemis soient devenus son marchepied. Car, par une seule
offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés
(Hé 9.28 ; 10.12-14).

La sainte cène dépeint simplement la mort toute-suffisante de Christ


comme un rappel pour nous, ses disciples.
Dans un autre ouvrage, j’ai écrit : « La sainte cène n’est donc pour
nous qu’un souvenir. Il ne s’agit pas de la réitération de l’événement
lui-même. Elle s’apparente à une cérémonie commémorative pour un
membre de famille décédé il y a environ un an. Nous ne nous atten-
dons pas à ce que les gens pleurent, parce que la mort a eu lieu il y a
longtemps. Nous nous attendons à ce que la famille du défunt utilise ce
temps pour se remémorer le passé. C’est ce que nous faisons lors de la
sainte cène. Nous ne reconstituons pas la mort du Seigneur Jésus. Elle
a eu lieu il y a deux mille ans. Nous ne faisons que nous la rappeler2. »

Qui est qualifié pour participer à la sainte cène ?


Le baptême et la sainte cène sont réservés aux chrétiens. Nous avons
vu que la seule différence est que le baptême a lieu au début de la vie
du chrétien, alors que nous devons participer régulièrement à la sainte
cène, tout au long de notre vie.
Il y a une idée erronée selon laquelle seuls ceux qui sont vraiment,
vraiment saints devraient participer à la sainte cène. Cela vient d’une
mauvaise compréhension de 1 Corinthiens 11.27 : « C’est pourquoi celui
qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera
Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ? 133

coupable envers le corps et le sang du Seigneur. » L’adverbe « indigne-


ment » a été souvent mal interprété, comme si les chrétiens pouvaient,
à certaines occasions, être indignes de participer à la sainte cène et, en
conséquence, s’abstenir d’y prendre part. Ainsi, beaucoup de gens, moti-
vés par une sincère humilité et le sentiment de ne pas être à la hauteur
des diktats de leur propre conscience, s’interdisent de prendre part au
repas. Cela est parfois exacerbé par les propos de la personne condui-
sant la sainte cène : « Examinez-vous. Si votre conscience vous accuse
aux yeux de Dieu, éloignez-vous, sinon vous inviterez le jugement de
Dieu sur vous-même. »
En outre, nous pouvons penser à tort que le jugement ayant frappé
les Corinthiens quand ils ont pris part honteusement à la sainte cène
(voir 1 Co 11.30) venait du fait que celle-ci avait des pouvoirs mystiques
causant des maux mystérieux et mortels chez les participants « indignes ».
Dans certaines Églises, les femmes sont invitées à ne pas prendre la
sainte cène en période de menstruations, sous prétexte qu’elles sont
alors impures.
Heureusement, cette mauvaise interprétation de 1 Corinthiens 11.27
n’est pas systématique. D’ailleurs, la Bible Parole de Vie (PDV) peut nous
aider à en saisir le véritable sens : « C’est pourquoi celui qui mange le
pain du Seigneur, ou qui boit sa coupe sans respect, celui-là est cou-
pable envers le corps et le sang du Seigneur. » En d’autres termes, ce
n’est pas que la personne soit indigne, car nous le sommes tous ! Paul
nous met en garde sur la façon dont une personne se conduit tout en
participant à la sainte cène. Chaque chrétien qui est en communion
avec d’autres chrétiens de l’Église devrait prendre part à la sainte cène.
Ce qui est important, c’est l’attitude de chacun pendant ce repas. Les
participants doivent délibérément méditer sur l’œuvre accomplie par
Christ à la croix.

Autoriser les variations


Il y aura quelques variations d’une Église à une autre dans la façon de
procéder au baptême et de prendre la sainte cène. Par exemple, la personne
134 Le dessein de Dieu pour l’Église

qui conduit les deux ordonnances peut employer des paroles différentes.
Pour ce qui est de la sainte cène, certains utilisent du vrai pain, tandis
que d’autres préfèrent des biscuits salés. De même, certains ont recours à
n’importe quelle boisson rouge pour symboliser le sang de Christ, tandis
que d’autres tiendront à utiliser du jus de raisin rouge voire du vin. La
fréquence de ces ordonnances varie également. Certaines Églises prennent
la sainte cène chaque semaine ; d’autres ne le font qu’une fois par mois. En
fin de compte, nous ne pouvons pas pontifier dans les moindres détails
la façon dont ces ordonnances doivent être exécutées. Chaque Église aura
sa propre culture et devrait se sentir libre de la suivre tant qu’elle ne
contredit pas le sens de l’ordonnance.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 8

Pourquoi pratiquer le baptême et la sainte cène ?

Résumé
La sainte cène et le baptême sont les seules ordonnances que Jésus a
données à l’Église chrétienne. Le baptême se pratique par l’immersion
totale dans l’eau de ceux qui ont fait une profession de foi crédible. Il
symbolise la réalité de l’inclusion du croyant en Christ. Bien que le bap-
tême ne soit pas essentiel au salut, il est étroitement lié au message de
l’Évangile et constitue une porte d’entrée dans l’Église. La sainte cène
est un repas frugal collectif constitué de pain et de jus ou de vin qui
rappellent le corps sacrificiel et le sang de Jésus-Christ ; il n’est réservé
qu’aux croyants. Il n’est pas pour ceux qui s’en estiment « dignes », qui
ont vécu une vie juste avant la prise de ce repas, mais pour ceux qui y
prennent part d’une manière respectable, reconnaissant sa valeur et sa
signification lorsqu’ils y participent.

Questions d’étude
1. Trouvez-vous que les mots « ordonnance » et « sacrement » évoquent
des pensées ou connotations différentes ? Quelles sont ces diffé-
rences ? D’où viennent-elles, selon vous ?

2. « Le baptême est une porte d’entrée dans l’Église » (p. 129). À votre
avis, pourquoi une Église ne devrait-elle pas accepter parmi ses
membres des personnes non baptisées ?
136 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. Quels signes d’initiation votre communauté tribale pratique-t-elle


pour les hommes ? Selon vous, en quoi la signification du baptême
peut-elle être comparée à de tels signes d’initiation culturelle ?

4. Comment votre Église locale pratique-t-elle le baptême ? Quels avan-


tages ou inconvénients pensez-vous que cela apporte ?

5. Comment votre Église locale pratique-t-elle la sainte cène ? Quels


avantages ou inconvénients pensez-vous que cela apporte ?
9

QUE DEVRAIT-IL SE PASSER


PENDANT LE CULTE ?

L es visites dans les palais des chefs des régions tribales d’Afrique sont
toujours précédées d’une brève discussion sur les questions de pro-
cédure et de protocole. On vous conduit d’abord dans une pièce où un
officier du palais vous donne les instructions sur le cérémonial à respec-
ter. Si vous êtes venu en groupe, le chef du groupe est informé spécifi-
quement de l’endroit où il doit s’agenouiller en arrivant dans la présence
du chef, et où le reste d’entre vous doit attendre. On lui indique à quel
signal il peut commencer à parler, comment il doit saluer et s’adresser
au chef, le regarder en respectant un certain angle et comment lui pré-
senter ceux qui l’accompagnent. Rendre visite au chef les mains vides
serait une insulte ; le visiteur est donc aussi informé du moment où il
est approprié d’indiquer la nature du présent qu’il a apporté au chef et
comment ce cadeau doit lui être dévoilé. Si vous voulez présenter une
sollicitation au chef, on vous indique également comment formuler cette
requête. Si vous avez la peau claire, l’agent du protocole peut vous garan-
tir que le chef sera sans doute tolérant sur vos écarts en raison de votre
appartenance à une autre culture. En revanche, si vous êtes l’un de ses

137
138 Le dessein de Dieu pour l’Église

sujets, l’officier vous avertit de certaines pénalités que vous encourez en


cas de non-respect de l’étiquette en présence du chef. Lorsque l’exposé
des directives se termine et qu’il est temps pour vous d’entrer dans la
présence du chef, vous êtes étonné de voir à quel point tous ces proto-
coles se déroulent à la lettre. La façon dont tout le monde s’agenouille en
présence du chef, se lève, ou applaudit au besoin, révèle que vous n’êtes
pas devant une personne ordinaire. Vous êtes en présence de l’autorité
royale. C’est ainsi que vous devez procéder, et il est vivement recom-
mandé de vous y soumettre.
Bien que Dieu soit notre Père, il est aussi le Seigneur de l’univers.
Dans le ciel, il est adoré par des milliers et des milliers d’anges dans une
sainte adoration. Sur terre, il nous invite aussi à l’adorer collectivement
en tant que peuple qui lui appartient. Le culte d’adoration n’a pas pour
but que l’adorateur se sente bien. Il s’agit d’adorer Dieu en lui rendant
ce qui lui est dû. Il prend plaisir à notre adoration.
La présence de Dieu au milieu de son Église rassemblée est unique ;
aussi, quand nous allons à sa rencontre, nous « entrons dans sa présence ».
Jésus a dit : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je
suis au milieu d’eux » (Mt 18.20). Ces paroles de Jésus ont été pronon-
cées lors d’une discussion sur le rassemblement collectif de l’Église en
vue d’excommunier un pécheur obstiné du milieu d’elle. L’apôtre Paul
a fait écho à cette pensée dans une situation similaire en s’adressant
aux Corinthiens : « Au nom du Seigneur Jésus, vous et mon esprit étant
assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus, qu’un tel homme
soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit
sauvé au jour du Seigneur Jésus » (1 Co 5.4,5). Ce genre de chose peut se
produire lorsque l’Église est assemblée au nom du Seigneur Jésus-Christ.
Dans un sens, Jésus est toujours avec nous, car il est omniprésent,
puisqu’il est Dieu. Pourtant, cette promesse suggère une présence spéciale
lorsque son peuple se rassemble en son nom. C’est particulièrement vrai
lorsque nous nous réunissons pour ce que nous appelons « le culte d’ado-
ration ». Chaque Église authentique se rassemble ainsi au moins une fois
par semaine. Dans ce chapitre, nous posons la question : « Que devrait-il
se passer pendant ces cultes d’adoration ? » La Bible nous indique-t-elle
Que devrait-il se passer pendant le culte ? 139

ce qu’il convient de faire et ne pas faire, à l’instar de l’officier du proto-


cole dans le palais du chef ? Ou sommes-nous libres d’entrer simplement
dans la présence de Dieu et de faire tout ce qui nous passe par la tête ?

Les activités qui devraient être incluses dans nos


cultes d’adoration
La lecture du Nouveau Testament révèle l’existence de nombreuses
preuves d’activités observées régulièrement par l’Église rassemblée, dès
le tout premier jour de son existence. Luc décrit ces activités comme
suit : « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la commu-
nion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières » (Ac 2.42).
Cette liste nous montre déjà que l’Église se réunissait au moins pour :
1) Écouter la prédication de la Parole de Dieu ; 2) se retrouver dans une
communion fraternelle ; 3) prendre la sainte cène ; et 4) prier. J’ai déjà
fait référence à ce passage à plusieurs reprises ; en effet, il décrit non
seulement les activités de l’Église primitive, mais aussi le modèle que
nous devons suivre dans l’Église jusqu’au retour de Christ.
Au chapitre 1, nous avons noté que les activités énumérées dans
Actes 2.42 nous permettent de voir concrètement les caractéristiques
distinctives d’une Église authentique. Là où ces activités font défaut, il y
a de quoi être sceptique quant à l’authenticité d’une Église. Au chapitre 3,
nous avons souligné la première activité relatée dans Actes 2.42 : l’ins-
truction des croyants dans le cadre du Grand Mandat. Au chapitre 6, nous
avons vu, dans ce même passage, que les croyants se sont engagés dans
des activités descriptibles : l’enseignement des apôtres et la communion
fraternelle, la fraction du pain et les prières. Ce passage est donc central.
Utilisez-le pour examiner ce qui se passe dans votre Église et ce à quoi
vous vous êtes engagé lorsque vous rencontrez d’autres croyants. Pour
vous rafraîchir la mémoire, passons brièvement en revue chacune des
activités mentionnées dans ce verset.
L’instruction biblique. On nous dit que les disciples persévéraient
dans l’enseignement des apôtres. Dans le Grand Mandat, Jésus a dit que
les personnes ayant été baptisées doivent apprendre à observer (à obéir
140 Le dessein de Dieu pour l’Église

à) tout ce qu’il a commandé (Mt 28.20). Quelles activités devraient carac-


tériser les cultes d’adoration ? Premièrement, nous pouvons affirmer,
sans équivoque, qu’elles devraient comporter une instruction suivie de
la Parole de Dieu.
La communion fraternelle. On nous dit aussi que les disciples per-
sévéraient dans « la communion fraternelle ». Cela fait référence à la vie
corporelle de l’Église rassemblée. Les croyants doivent non seulement
s’intéresser au culte « vertical » lorsqu’ils se rassemblent, mais aussi à la
communion « horizontale », c’est-à-dire chercher à se servir mutuelle-
ment. Le chant collectif pendant le culte en est un exemple. Les chants
sont souvent dirigés vers Dieu, mais ils sont aussi destinés à enrichir la
foi des autres croyants. Paul a dit ceci : « Ne vous enivrez pas de vin : c’est
de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit ; entretenez-vous
par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant
et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur » (Ép 5.18,19).
Les ordonnances. On nous dit aussi que les disciples persévéraient
dans la fraction du pain. Cela fait référence à « la sainte cène », qui est
l’une des deux ordonnances instituées par Jésus pour l’Église, l’autre étant
le baptême (voir Ac 2.41 et Mt 28.19). Le baptême doit avoir lieu à des
moments opportuns, chaque fois que des personnes viennent à Christ
dans la repentance et par la foi. Certaines Églises célèbrent la sainte
cène chaque semaine ; d’autres le font moins fréquemment. La Bible
ne prescrit pas la fréquence, mais il est crucial que cette ordonnance
soit observée régulièrement. Celle-ci rappelle aux croyants le prix payé
pour leur rédemption. Ce rappel leur est nécessaire de façon régulière,
sinon fréquente.
La prière. On nous dit enfin que les disciples persévéraient dans « les
prières ». Les prières occupaient beaucoup de place dans les réunions de
l’Église rassemblée. Elles ne faisaient pas simplement office d’introduc-
tion et de conclusion. Paul a écrit ceci à Timothée alors que ce dernier
commençait à diriger l’Église d’Éphèse :

J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications,
des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et
pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie
Que devrait-il se passer pendant le culte ? 141

paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable


devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la connaissance de la vérité (1 Ti 2.1-4).

Voici une façon de considérer ces quatre activités : lorsque l’Église


se réunit, Dieu nous parle à travers sa Parole telle qu’elle est prêchée,
enseignée, étudiée et chantée. Nous répondons collectivement par notre
bienveillance mutuelle. Dieu nous parle de sa rédemption gracieuse en
Jésus-Christ par l’intermédiaire de ses ordonnances, lorsque nous les
mettons en œuvre et y prenons part. En retour, nous sentons combien
nous avons besoin de son soutien et lui répondons en priant pour nous-
même, notre famille, notre Église, notre communauté, nos dirigeants et
les nations du monde. Voilà ce qui devrait avoir lieu lors de nos cultes
d’adoration. Si le Nouveau Testament était personnifié en l’officier du
protocole au palais du chef, c’est ce qu’il nous dirait de faire lorsque nous
nous présentons devant Dieu en tant qu’assemblée.

Qu’en est-il du prélèvement de la dîme et


des offrandes ?
Tout au long de l’histoire, l’Église a cherché à savoir si nous sommes
libres d’ajouter autre chose à cette liste. Il est possible de tergiverser
sur l’ajout de ce qui est appelé « l’offrande » ou « la collecte ». Cela fait
référence à la possibilité pour les chrétiens de consacrer à Dieu la dîme
et les offrandes dans le cadre de leur dévotion. Puisque ces collectes
sont généralement utilisées pour le bien de l’Église, elles s’inscrivent
manifestement dans l’engagement des disciples envers « la communion
fraternelle ». Il nous est dit que « tous ceux qui croyaient étaient dans
le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs pro-
priétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon
les besoins de chacun » (Ac 2.44,45). Ces collectes avaient lieu lors des
réunions de l’Église ; nous le lisons également dans les instructions
de Paul aux Corinthiens : « Pour ce qui concerne la collecte en faveur
des saints, agissez, vous aussi, comme je l’ai ordonné aux Églises de la
Galatie. Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à
142 Le dessein de Dieu pour l’Église

part chez lui ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n’attende
pas mon arrivée pour recueillir les dons » (1 Co 16.1,2). Paul voulait que
cette collecte de l’Église d’Achaïe destinée à l’Église de Judée soit faite
chaque semaine lors de ses rassemblements ; ainsi, il n’aurait pas besoin
de solliciter des dons supplémentaires lors de son passage à Corinthe
avant de se rendre en Judée.
Certaines Églises procèdent à cette collecte pendant le culte. D’autres
préfèrent qu’elle soit organisée à la fin ; pour ce faire, une boîte est
placée en vue près des portes de sortie. À chaque Église son organisa-
tion. Ce livre n’a pas pour objectif d’aider à régler cette question d’une
manière ou d’une autre. Quelle que soit la méthode privilégiée par une
Église, deux maux sont à éviter : 1) Amadouer l’assemblée pour que ses
membres donnent de plus en plus d’argent ; 2) attirer l’attention sur soi
quand on donne. La Bible dit que Dieu aime celui qui donne « avec joie »
(2 Co 9.7). Par conséquent, bien que les dirigeants de l’Église puissent
faire des appels aux dons de temps en temps, ils devraient se garder de
culpabiliser leurs membres s’ils ne donnent pas un certain montant. Pour
plus de détails, vous pouvez lire les exemples d’invitations mesurées et
bienveillantes de l’apôtre Paul, dans 2 Corinthiens, aux chapitres 8 et 9.

Y a-t-il d’autres choses qu’une Église peut faire lors de


ses cultes d’adoration ?
Au-delà du possible ajout de « la collecte », qui reste une question ouverte,
y a-t-il un autre ajout légitime au culte qui soit attesté par la Bible ? C’est
une question importante, surtout de nos jours. Revenons à l’illustration
de la visite au palais du chef. Qui détermine l’étiquette à observer en
présence du chef et les activités que vous êtes autorisé à pratiquer à ce
moment-là ? Les sujets du chef ou le chef lui-même ? Il semble assez
évident que c’est le chef. Avant d’entrer en présence de l’autorité royale,
vous devez connaître la bonne conduite à suivre. Vous ne pouvez ni
modifier ce que dit le chef ni y ajouter ou y soustraire quoi que ce soit.
C’était la préoccupation principale de Paul dans sa première lettre à
Timothée. Vers la moitié de la lettre, il dit ceci : « Je t’écris ces choses, avec
Que devrait-il se passer pendant le culte ? 143

l’espérance d’aller bientôt vers toi ; mais, si je tarde, tu sauras comment il


faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant,
la colonne et l’appui de la vérité » (1 Ti 3.14,15). Nous avons déjà examiné
ce texte au chapitre 2, où nous affirmions que les dirigeants de l’Église
n’ont pas le droit d’introduire dans la vie de l’Église ce que Dieu lui-même
n’a pas autorisé. Ils devraient toujours s’interroger : « Que dit la Bible ? »
Le Saint-Esprit a veillé à ce que la pensée du chef de l’Église soit inscrite
dans la Bible. Paul déclare que c’est la raison pour laquelle il a donné des
instructions si scrupuleuses à Timothée dans cette épître : l’Église appar-
tient à Dieu. C’est « la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la
colonne et l’appui de la vérité ». Timothée n’avait pas le droit d’introduire
des pratiques dans l’Église sans l’approbation divine. L’Église devait reflé-
ter les activités que Dieu avait autorisées par sa Parole écrite. Paul s’est
empressé de donner ces instructions par écrit à Timothée, au cas où sa
visite soit retardée. De toute évidence, ces instructions dépassent le cadre
du culte d’adoration, mais l’incluent incontestablement. Cette instruction
à Timothée s’applique à tous les dirigeants de l’Église aujourd’hui. Dieu
a lui-même déclaré ce qui devrait se passer lorsque nous nous rassem-
blons pour l’adorer. Nous ne devons rien y ajouter ni rien y soustraire.

Nos Églises devraient-elles aussi inclure des séances


de délivrance ?
Ces dernières années, nos Églises en Afrique ont connu une tendance crois-
sante à inclure des « séances de délivrance ». Ces dernières sont devenues
un phénomène courant lors des rassemblements de l’Église. L’autre jour,
j’ai vu une pancarte en face d’une Église qui disait ceci (j’omets volontai-
rement le nom de l’Église) : « … vous invite tous à ses cultes du dimanche.
Une maison de signes et de miracles. Les liens de la stérilité, du sida, de
la tuberculose, de la sorcellerie sont brisés, les rêves maléfiques prennent
fin, les témoignages d’embauche par la puissance de Jésus-Christ abondent
(Jn 14.20). » Ce genre de pancarte est très courant aujourd’hui. Les nouveaux
visiteurs de notre Église demandent parfois, après le culte, pourquoi il n’y
a pas de séance de délivrance. Celles-ci sont souvent considérées comme
144 Le dessein de Dieu pour l’Église

l’aboutissement de tout ce qui se passe pendant le culte. Si l’on demande


où, dans la Bible, on nous enseigne à avoir des séances de délivrance dans
nos cultes d’adoration, on nous oriente généralement vers le livre des Actes,
où les apôtres accomplissaient de nombreux miracles et guérissaient les
malades. On nous renvoie aussi à Jacques 5.14,15, où il est dit :

Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et
que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; la
prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis
des péchés, il lui sera pardonné.

Soulignons que nulle part dans le livre des Actes les apôtres n’accom-
plissaient leurs nombreux miracles et guérisons lors des cultes d’adoration
de l’Église. Au contraire, selon le témoignage commun, l’Église se rassem-
blait pour recevoir l’instruction biblique. Notez également que dans la
lettre de Jacques, ce ne sont pas les anciens ou les pasteurs qui appellent
les malades à venir à eux (devant l’assemblée), mais les membres malades
qui demandent à leurs anciens de venir chez eux pour prier pour eux.
Pourquoi les séances de délivrance sont-elles devenues un phéno-
mène si courant dans les Églises d’Afrique ? La réponse est évidente : les
pasteurs d’Église sont vite devenus l’équivalent des sorciers dans l’esprit
populaire africain. Même les chrétiens viennent à l’Église non pas en
méditant sur le culte qu’ils devraient rendre à Dieu, leur divin Bienfaiteur,
mais plutôt en pensant à ce qu’ils peuvent obtenir de la part de Dieu par
l’entremise de son serviteur, et surtout de ses puissantes intercessions
et interventions. Bien que cela soit devenu populaire, ce n’est pas ainsi
que l’on doit se conduire dans la maison de Dieu pendant le culte. Aucun
argument biblique ne soutient ce genre de conduite.

En tant qu’Africains, nous sommes de très bons


chanteurs, mais…
Un autre domaine qui doit être abordé est notre louange dans l’assem-
blée. Nous, les Africains, aimons chanter. Nous chantons quand nous
marions nos enfants, nous chantons pour célébrer les naissances et
Que devrait-il se passer pendant le culte ? 145

lors des funérailles. Nous chantons quand nous recevons des visiteurs
importants et nous chantons pour accompagner leur départ. Nous chan-
tons pour accueillir la pluie et nous chantons au moment des récoltes.
Nous chantons (et dansons !), que nous soyons heureux ou tristes. Nous
avons une culture du chant très développée. Cela ne fait aucun doute.
Néanmoins, concernant la conduite à suivre pendant le culte d’adora-
tion, il nous faut aborder deux aspects de cet amour du chant afin de le
mettre véritablement au service de l’adoration de Dieu.
Notre chant ne doit pas éclipser la prédication de la Parole de Dieu ;
au contraire, il doit la servir. Nous avons noté, dans le premier chapitre,
que dans bon nombre de nos Églises, les chorales abondent. Ajoutez à
cela le fait que chaque chœur entonne un chant en se rendant sur l’es-
trade, avant de chanter le chant collectif convenu, et regagne sa place
en chantant un refrain. Une fois que toutes ces chorales ont chanté, il
reste très peu de temps pour une prédication consistante de la Parole
de Dieu. Cessons cette tendance et veillons jalousement à réserver à la
prédication le temps qui lui revient. En effet, rien ne compte plus dans
le culte d’adoration que de se recueillir devant Dieu tandis qu’il nous
parle par le moyen de l’exposition fidèle de sa Parole.
Le contenu de notre louange collective doit également être davan-
tage marqué par la richesse de la doctrine et de l’expérience chrétienne.
Trop de chants dans nos Églises consistent en la répétition inlassable de
quelques mots, sans beaucoup de variation. Par exemple, un chant peut
commencer sur un très bon rythme africain par ces simples paroles :
« Nous allons. » Le conducteur de la louange ajoute continuellement dif-
férents compléments tels que : « au ciel » ou « avec mon frère » ou « avec
mon Jésus » ou « avec ma bible », tandis que l’assemblée reprend en cœur
« nous allons ». Le chant peut durer ce qui semble être une éternité,
même s’il est souvent considéré comme étant le meilleur chant dans
nos Églises. À la lumière des grandes vérités sur Dieu et des richesses
insondables de Christ que la Bible nous révèle, n’y a-t-il pas une meil-
leure façon d’adorer notre Dieu incomparable ?
Considérez ceci : la Bible nous révèle notre Dieu en tant que Père,
Fils et Saint-Esprit. Il est trois en un, et un en trois, de toute éternité et
146 Le dessein de Dieu pour l’Église

pour toujours. Il habite la lumière inaccessible ; il ne change pas. Il est


tout-puissant, omniprésent, et omniscient. Il est le créateur souverain
et le dirigeant de toutes choses ; il est aux commandes en tout temps,
et gouverne selon le conseil de sa volonté. C’est un Dieu de sagesse qui
ne commet jamais d’erreur. Toutes ses voies sont parfaites. C’est un être
saint, qui hait le péché d’une haine parfaite ; c’est un Dieu juste, qui doit
punir le péché et récompenser la justice. C’est un Dieu de bonté, plein de
miséricorde, d’amour et de grâce. Il se réjouit de pardonner aux pécheurs
repentants. Il fait tout cela pour sa propre gloire. C’est à ce Dieu que
nous devons tout notre être. C’est ce Dieu que les anges adorent. C’est
ce Dieu qui nous invite à l’adorer avec le reste de la création. Nos chants
devraient refléter ces vérités sublimes et nous faire méditer sur ce que
Dieu nous a révélé à propos de lui-même.
Notez que je n’ai pas même évoqué les vérités glorieuses touchant à
la personne et à l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ dans notre rédemp-
tion. Chanter les richesses insondables de Christ nous amène à un
autre niveau, qui atteint des notes que même les anges ne peuvent pas
chanter. Il faut ensuite ajouter les vérités de la Parole de Dieu, l’Église
de Dieu et l’espérance éternelle que nous avons en tant que croyants.
Vous commencez à réaliser que, dans l’immensité et les profondeurs
de la personne de Dieu, et de ce qu’il a fait pour nous en Christ, il y
a des vérités susceptibles d’inspirer les hymnes et les chants les plus
glorieux, même dans nos langues ordinaires et dans nos saisons les
plus sombres. Notre louange devrait par conséquent être au service du
ministère de l’enseignement et de la prédication en reflétant ces vérités
qui remplissent notre Bible. Se limiter à chanter inlassablement « Nous
allons » est terriblement carencé, même si la musique nous remplit
d’enthousiasme avec son beau rythme africain. C’est un domaine dans
lequel il nous faut changer !
Une personne dont l’hymne a saisi ce dont je parle est Emmanuel T.
Sibomana (1915-1975), un pasteur burundais. Il a écrit dans sa propre
langue un hymne intitulé « Ô combien la grâce de Dieu m’émerveille ! »
Au risque de rendre ce chapitre trop long, je voudrais le citer intégrale-
ment pour que le lecteur en apprécie la richesse :
Que devrait-il se passer pendant le culte ? 147

Ô combien la grâce de Dieu m’émerveille !


Elle m’a libéré de mes liens et m’a affranchi !
Comment cela s’est-il produit ?
Sa propre volonté, oui, sa volonté,
M’a affranchi, et j’en témoigne à présent.

Mon Dieu m’a choisi, alors que je ne le méritais,


Pour me faire asseoir à côté de mon Roi dans les parvis célestes.
Écoutez ce que mon Seigneur a fait,
Ô, c’est par amour qu’il a couru
À la rencontre de son fils égaré ! C’est ce que Dieu a accompli.

Non pas par ma justice, car je n’en ai pas,


Mais par sa miséricorde, Jésus, Fils de Dieu,
A souffert sur le bois du Calvaire ;
Il a été crucifié avec des voleurs ;
Grande fut sa grâce envers moi, son enfant perdu.

Et quand je pense à la façon dont, au Calvaire,


Il a porté le châtiment du péché à ma place,
Étonné, je me demande pourquoi
Lui, l’homme sans péché, devait mourir
Pour quelqu’un d’aussi vil que moi ; il est mon Sauveur !

Désormais, le seul désir de mon cœur est de demeurer


En lui, mon cher Sauveur, mon refuge, mon bouclier et mon rempart,
Lui, qui me couvre et me protège
Des flèches de Satan ; je suis en sécurité à ses côtés.
Seigneur Jésus, écoute ma prière, donne-moi ta grâce ;

Quand émergent de mauvaises pensées par la malice de Satan,


Ô, chasse-les toutes
Et puisses-tu, jour après jour,
Me garder sous ton influence, Roi de mon cœur.
Que tout mon être, mes yeux, mes oreilles et ma voix

Se joignent à toute la création sur un air joyeux :


Louons celui qui a brisé la chaîne
Qui me retenait dans le péché
Et retrouvons la liberté ! Chantons et réjouissons-nous1 !
148 Le dessein de Dieu pour l’Église

Pour clore ce chapitre, revenons là où nous avons débuté : avec l’of-


ficier du protocole au palais du chef. Quand nous entrons dans la pré-
sence de Dieu, nous entrons dans la présence d’un Roi. En effet, il est le
Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. La Bible révèle comment nous
conduire en sa présence. Comme nous l’avons déjà dit, n’y ajoutons rien
et n’y soustrayons rien. Veillons à écouter les paroles du sage dans le livre
de l’Ecclésiaste : « Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur
ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel,
et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses. Car, si
les songes naissent de la multitude des occupations, la voix de l’insensé
se fait entendre dans la multitude des paroles » (Ec 5.1,2).
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 9

Que devrait-il se passer pendant le culte ?

Résumé
La Bible nous indique la marche à suivre lors des rassemblements en
tant qu’Église au nom du Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que nous voyons
dans les commandements apostoliques faisant autorité et dans leur mise
en pratique au sein des premières Églises. Lorsque nous nous rassem-
blons, nous devons écouter les instructions fidèles de la Parole de Dieu,
prier ensemble, observer les ordonnances et nous servir mutuellement.

Questions d’étude
1. Quels éléments d’adoration le Saint-Esprit nous a-t-il donnés dans sa
Parole ? Dans quelle mesure reflètent-ils la pratique dans votre Église ?

2. Que répondriez-vous à quelqu’un suggérant que la pratique régulière


de ces éléments d’adoration limite l’œuvre du Saint-Esprit ?

3. Selon vous, avec quelles attentes la personne moyenne de votre région


se rend-elle au culte ?
150 Le dessein de Dieu pour l’Église

4. Pourquoi les séances de délivrance sont-elles si attrayantes pour cer-


taines Églises en Afrique ? Quel préjudice cela entraine-t-il, selon vous ?

5. Ce chapitre nous appelle à imiter l’exemple de l’apôtre Paul, dans


2 Corinthiens 8 et 9, qui lance aux fidèles des invitations à donner qui
sont mesurées et bienveillantes. En tant que dirigeant dans votre Église,
quelles pratiques issues de ces deux chapitres aimeriez-vous imiter ?

6. Chantez-vous des louanges riches en contenu biblique dans vos cultes


d’adoration ? La plupart de ces chants solidement ancrés dans la
Bible sont-ils écrits par des musiciens africains locaux ou viennent-
ils majoritairement de l’Occident ? Cela est-il un problème auquel
il faut remédier ?
10

COMMENT L’ÉGLISE
DEVRAIT-ELLE LEVER
DES FONDS ?

J ’ai mentionné au début du chapitre 6 que ma mère est morte alors


que je n’avais que neuf ans. Comme le veut la norme dans le système
familial africain, sa sœur est venue nous chercher dans la maison de papa
pour nous emmener, mes deux sœurs et moi, afin de nous élever avec
ses autres enfants. Les autres sœurs de maman nous ont également aidés
en nous prenant chez elles pendant les vacances scolaires. C’est ainsi que
j’ai traversé mon adolescence. L’incident que je m’apprête à raconter s’est
produit lors de ces vacances scolaires mémorables. Mes deux sœurs et moi
étions chez l’une des sœurs cadettes de maman ; elle était mariée à un
homme assez riche dans l’une des villes minières de Zambie. La maison
se trouvait dans une zone spécifique où vivaient les cadres supérieurs
de la société minière. Je jouais dehors un samedi après-midi, lorsque j’ai
remarqué un homme arrivant à vélo ; il s’est mis à frapper à la porte.
L’adolescent que j’étais a couru vers lui. Il m’a demandé si mon oncle
était là. Je lui ai répondu que non. L’homme m’a remis une enveloppe
en me sommant de dire à mon oncle qu’ils ne l’avaient pas vu à l’Église

151
152 Le dessein de Dieu pour l’Église

depuis très longtemps, mais qu’ils souhaitaient qu’il s’occupe du sujet


abordé dans l’enveloppe dès que possible. En remontant sur son vélo,
l’homme s’est retourné et m’a dit : « Si je ne le vois pas à l’Église demain,
je passerai la semaine prochaine pour avoir une réponse. »
Je n’étais qu’un garçon. La curiosité a eu raison de moi. En empor-
tant l’enveloppe à l’intérieur, je l’ai malicieusement ouverte pour voir
ce qu’elle contenait. C’était un document portant le nom de mon oncle.
Dessus y figurait la somme des montants qu’il devait à l’Église en matière
de dîmes impayées et de promesses de dons (peut-être pour un projet
de construction). J’étais encore jeune, mais je me souviens de m’être
senti indigné, d’autant plus que mon oncle allait rarement à l’Église. Son
mode de vie permettait de comprendre pourquoi il ne considérait pas
l’Église comme une priorité. Pourtant, les gens de l’Église ne sont pas
venus lui parler de l’état de son âme. Ils s’intéressaient uniquement à
son argent. Je ne me souviens pas si j’étais déjà converti, mais si oui, je
l’étais depuis peu. Je ne savais que très peu de choses sur l’enseignement
de la Bible concernant la collecte de fonds d’une Église. J’ai pourtant
compris que cette approche était tout à fait inappropriée. Au cours des
quarante années qui se sont écoulées depuis cet incident, j’ai été témoin
de nombreuses manœuvres inacceptables de la part des Églises visant
à collecter des fonds. Il est donc justifié que, dans un livre sur l’Église,
je consacre au moins un chapitre à répondre à la question : « Comment
une Église devrait-elle lever des fonds ? »
Il ne fait aucun doute que chaque Église a besoin d’argent et que cet
argent vient premièrement de ses propres membres. L’Église a besoin
d’argent pour payer tous ceux qu’elle emploie, et en particulier ceux
qui se consacrent à la tâche de pasteur du troupeau et à la prédication.
Ces personnes ont souvent besoin de transport et d’hébergement, et
l’Église doit y pourvoir. L’Église a aussi besoin d’argent pour entretenir
ses bâtiments, payer ses factures et couvrir d’autres frais qui lui sont
imposés par les municipalités et l’État. Les Églises qui ne possèdent
pas leur propre bâtiment doivent payer un loyer pour leur local des-
tiné aux réunions. L’Église a besoin d’argent pour financer ses diverses
activités telles que le travail auprès des enfants, les camps de jeunes et
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 153

de nombreux autres efforts d’évangélisation. Si l’Église a commencé à


soutenir une œuvre missionnaire, c’est une dépense supplémentaire à
prendre en compte. Dans le monde technologique d’aujourd’hui, l’Église
a besoin d’argent pour acheter et entretenir des équipements tels que des
systèmes de sonorisation, des équipements de musique, des ordinateurs
et des imprimantes. L’Église s’occupe également de ses membres les plus
vulnérables sur le plan économique, en particulier les orphelins et les
veuves. Personne ne peut remettre en doute le fait que chaque Église a
besoin d’argent. Plus l’Église est grande, plus elle a besoin d’argent pour
soutenir ses activités. La question est donc la suivante : Comment l’Église
peut-elle légitimement lever des fonds ?
La première difficulté pour répondre à cette question vient simple-
ment du fait que le sujet de l’argent est toujours sensible. Nous travail-
lons toute notre vie pour en gagner et nous ne semblons jamais en avoir
assez. Nous passons beaucoup de temps à essayer d’en obtenir davantage
de nos employeurs ou de nos entreprises. Par conséquent, le donner
n’importe comment suscite généralement de la réticence de notre part.
Dès le moment où quelqu’un se met à parler de notre argent pour nous
demander de nous en séparer, nous nous sentons menacés. Ses argu-
ments ont intérêt à être très convaincants pour que nous acceptions de
nous séparer de notre argent.
La deuxième difficulté pour répondre à cette question vient du
fait que la Bible reste plutôt silencieuse sur le mode de collecte de
fonds pour l’Église. Cela ne signifie pas que la Bible est muette sur
les questions liées à l’argent. En fait, la plupart des enseignements
bibliques touchant à l’argent concernent notre attitude envers l’argent,
y compris le verset mondialement connu : « Car l’amour de l’argent est
une racine de tous les maux » (1 Ti 6.10). C’est ce manque d’informa-
tions qui a amené de nombreux dirigeants d’Église à recourir à toute
méthode susceptible de rapporter de l’argent. Miel ou vinaigre sont
tour à tour utilisés pour soutirer de l’argent des poches des membres
de leur Église. On vous dit alors que Dieu vous bénira abondamment
si vous donnez votre argent à l’Église, ou qu’il vous punira sévèrement
si vous ne le faites pas. Ces deux messages ont tendance à rapporter
154 Le dessein de Dieu pour l’Église

de l’argent. Or, ce n’est certainement pas ainsi que Dieu souhaite ins-
pirer son peuple à être généreux pour sa cause. Il veut que notre don
soit joyeux et sincère.
Maintenant que nous avons pris conscience à la fois de la sensibilité
de ce sujet et du manque d’informations bibliques, examinons comment
le Nouveau Testament nous guide dans trois moyens de recueillir les
fonds indispensables pour l’Église et ses activités ici-bas.

La dîme
La dîme étant principalement une pratique de l’Ancien Testament, de
nombreux chrétiens croient sincèrement et enseignent que la dîme ne
s’applique pas au Nouveau Testament. Ils soutiennent que, par la mort
de Christ, nous avons été libérés de la loi et de ses exigences. Mais au
contraire, en tant que croyants du Nouveau Testament, nous devrions jus-
tement donner beaucoup plus que ne donnaient les croyants de l’Ancien
Testament au moyen de leur dîme, en guise de reconnaissance pour le
salut que Jésus-Christ nous a acquis à la croix. Je tiens toutefois à pré-
ciser une chose. En abordant le thème de la dîme, je comprends que
certains croyants s’en tiennent à cette façon de voir les choses, et je ne
vise aucunement, dans ce livre, à les convaincre du contraire.
Selon moi, il y a tout de même de bonnes raisons de penser que la
dîme est le principal moyen par lequel Dieu veut que son Église lève
des fonds. Assurément, la dîme est beaucoup enseignée dans l’Ancien
Testament. Elle constituait une forme d’impôt : les chefs de famille de
la nation d’Israël donnaient un dixième de leur revenu pour soutenir
les prêtres et les activités religieuses liées au tabernacle, et plus tard, au
temple. Le peuple de Dieu devait donner un dixième des récoltes, des
fruits des arbres et des troupeaux. Dans Lévitique 27.30-32, nous lisons :

Toute dîme de la terre, soit des récoltes de la terre, soit du fruit des arbres,
appartient à l’Éternel ; c’est une chose consacrée à l’Éternel. Si quelqu’un
veut racheter quelque chose de sa dîme, il y ajoutera un cinquième. Toute
dîme de gros et de menu bétail, de tout ce qui passe sous la houlette, sera
une dîme consacrée à l’Éternel.
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 155

Il convient également de souligner que le concept même de la dîme


ne trouve pas son origine dans la loi de Moïse. Genèse 14.17-20 révèle
qu’il s’agissait déjà d’une forme de don personnel envers ceux qui rem-
plissaient le rôle de prêtres. Dans ce passage, Melchisédek bénit Abram,
et Abram lui donne « la dîme de tout » (v. 20). La Bible prend soin de
nous l’expliquer : Melchisédek était sacrificateur du Dieu Très-Haut (v. 18).
Ainsi, bien avant que Moïse n’institutionnalise la dîme dans la vie de
la jeune nation d’Israël, partager « la dîme de tout » avec ceux qui les
servaient spirituellement était déjà un concept et un principe dans la
vie du peuple de Dieu.
Dans l’Ancien Testament, la dîme était donnée aux Lévites (voir
No 18.21 et Hé 7.5), parce qu’ils n’avaient pas d’autres moyens de sub-
sistance ou d’héritage. Ils consacraient leur vie au service de Dieu en
travaillant au tabernacle et au temple. Il était donc juste que le reste de
la population partage ses revenus et son héritage avec eux au moyen de
cette forme d’impôt.
Il nous est impossible de passer à côté de l’application de ce principe
dans le Nouveau Testament : nous n’avons pas de prêtres à la manière de
l’Ancien Testament, mais nous avons des pasteurs qui consacrent leur vie
à la prédication et à l’enseignement de la Parole de Dieu. Nous devons
les soutenir financièrement de la même manière que les croyants de
l’Ancien Testament soutenaient les prêtres. C’est ce que Paul a enseigné
aux Corinthiens :

Ne savez-vous pas que ceux qui remplissent les fonctions sacrées sont nour-
ris par le temple, que ceux qui servent à l’autel ont part à l’autel ? De même
aussi, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de
l’Évangile (1 Co 9.13,14).

Il est juste et logique que les membres de l’Église mettent fidèlement


de côté un pourcentage régulier du fruit de leur labeur et le partagent
avec ceux qui œuvrent pour eux dans le contexte de l’Église. Grâce à
la symbiose du système de la dîme, l’Église du Nouveau Testament est
soutenue dans tous ses ministères, à l’instar des prêtres et des serviteurs
de Dieu dans l’Ancien Testament.
156 Le dessein de Dieu pour l’Église

Les offrandes volontaires


Le deuxième moyen légitime de collecter des fonds pour une Église est
par les offrandes volontaires ou promesses de dons. Voici ce qu’a ensei-
gné l’apôtre Paul à l’Église de Corinthe :

Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez, vous aussi,
comme je l’ai ordonné aux Églises de la Galatie. Que chacun de vous, le
premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu’il pourra, selon sa
prospérité, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour recueillir les dons
(1 Co 16.1,2 ; voir aussi 2 Co 8.1 – 9.15).

L’offrande volontaire vient s’ajouter à la dîme. Elle est souvent liée


à un projet très précis dans la vie de l’Église. Vous remarquerez dans le
passage précité qu’il ne s’agissait pas d’une collecte habituelle. Il s’agis-
sait d’une « collecte en faveur des saints » en raison d’une famine en
Judée. Paul a encouragé les Églises de Galatie, de Macédoine et d’Achaïe
à faire une collecte spéciale, qu’il récupèrerait plus tard pour la livrer
aux chrétiens touchés par cette famine.
Si la dîme repose sur notre fidélité, l’offrande volontaire, elle, dépend
de notre générosité. Bien que Paul ait vraiment exhorté les Corinthiens
à être généreux en donnant pour cette cause, il a rapidement ajouté :
« Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni
contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9.7).
Comme indiqué précédemment, les offrandes volontaires et les pro-
messes de dons sont souvent liées à des besoins et intentions spécifiques.
Il peut s’agir d’un projet de construction ou du soutien d’un mission-
naire, d’organiser un camp pour les jeunes dans l’Église ou d’aider les
veuves dans leur détresse, d’acheter un générateur pour le bâtiment
de l’Église ou une voiture pour le pasteur. Les besoins sont variés. Un
besoin est présenté aux membres de l’Église ; ils prennent le temps de
prier pour savoir combien ils peuvent donner, et au moment opportun,
une collecte est organisée.
Souvent, les chrétiens finissent par donner proportionnellement à
leurs revenus. Ceux qui ont les « poches vides » donnent souvent plus
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 157

que ceux qui gagnent bien leur vie. Personne ne devrait mépriser la
pièce de monnaie (c’est-à-dire, la petite quantité) que la veuve donne
malgré son maigre revenu (voir Lu 21.1-4). Ce qui compte, c’est le cœur.
Néanmoins, il arrive que les plus indigents donnent des sommes éton-
namment importantes, simplement parce que leur cœur est particuliè-
rement touché par la cause en question. C’est ce dont Paul a témoigné
au sujet des croyants macédoniens quand ils ont entendu parler de la
famine en Judée. Voici ses propos :

Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans
les Églises de la Macédoine. À travers la grande épreuve de leurs afflictions,
leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance
de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement
selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens, nous demandant avec
de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux
saints. Et non seulement ils ont contribué comme nous l’espérions, mais ils
se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur, puis à nous, par la volonté
de Dieu (2 Co 8.1-5).

Quand Dieu touche le cœur de son peuple, c’est ce qui arrive inlas-
sablement et c’est prodigieux !

La facturation des services


Un autre moyen de collecter des fonds pour l’Église consiste à fournir
des services aux gens à un prix réglementaire. C’est une pratique que
nous ne considérons habituellement pas comme de la collecte de fonds
pour l’Église, et pourtant, nous y avons souvent recours. Par exemple,
nous facturons fréquemment des frais pour assister à un camp ou à
une conférence. Cela nous aide à couvrir une partie des coûts d’orga-
nisation de ces événements. Nous vendons aussi des livres chrétiens à
ceux qui souhaitent les lire. De cette façon, nous sommes en mesure
de continuer à fournir des livres aux croyants pour les aider à pro-
gresser dans leur marche spirituelle. Une Église peut louer son aire
de stationnement à une école voisine ou à tout autre établissement à
un prix modique, et utiliser ces fonds pour couvrir ses propres coûts
158 Le dessein de Dieu pour l’Église

d’entretien. À l’époque biblique, l’apôtre Paul s’est joint à Priscille et à


Aquilas pour fabriquer des tentes et les vendre en vue de soutenir son
œuvre missionnaire pendant un certain temps (Ac 18.1-5). Plus tard, il
a pu dire aux anciens de l’Église d’Éphèse : « Je n’ai désiré ni l’argent,
ni l’or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous-mêmes que ces
mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient
avec moi » (Ac 20.33,34).
Un exemple historique remarquable en la matière est celui de
William Carey (1761-1834). Il est connu pour être le père de la mis-
sion moderne. En tant que pasteur baptiste en Angleterre, il couvrait
les besoins de sa famille en fabriquant, en vendant et en réparant des
chaussures. Plus tard, il a complété ses revenus de pasteur en travail-
lant à temps partiel comme enseignant. La raison pour laquelle il est
appelé le père de la mission moderne est qu’à une époque où l’Église
en Europe n’avait pas pour habitude d’envoyer délibérément et béné-
volement des missionnaires, Carey a convaincu ses collègues pasteurs
baptistes en Angleterre de l’envoyer comme missionnaire en Inde. Or,
les Églises étaient très pauvres et amassaient très peu d’argent pour le
soutenir, lui et sa famille, dans sa mission. Ainsi, peu de temps après
son arrivée en Inde, Carey a cherché diverses formes de revenus pour
subvenir à ses besoins. Au fil des ans, il a même fini par maîtriser de
nombreuses langues indiennes, de sorte qu’il s’est retrouvé employé
en qualité de professeur de langues indiennes au Fort William College
en Inde. Il utilisait sa paye pour soutenir le travail missionnaire qu’il
effectuait. William Carey a même imprimé et vendu des journaux et des
dictionnaires. Les fonds recueillis dans le cadre de ces activités étaient
réinvestis dans ces mêmes ouvrages de littérature, que Carey a utilisés
si efficacement pour répandre la vérité de Jésus-Christ.
Une pratique qu’il faut décourager est celle consistant à supplier les
non-chrétiens de donner de l’argent à l’Église. Elle est devenue très cou-
rante, surtout lorsque les Églises collectent des fonds pour leurs projets
de construction. Les membres de l’Église défilent alors dans les rues de la
ville avec des boîtes de conserve à la main pour demander aux automo-
bilistes de faire un don dans le cadre de leur campagne de financement.
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 159

Quel que soit le montant que cela rapporte, quel service offrez-vous
en échange de l’argent reçu ? Ceux qui n’ont nul intérêt pour la cause de
Christ ont l’impression de faire une faveur à l’Église. Plutôt que d’implo-
rer de telles faveurs, demandez à vos jeunes d’aller laver ces voitures et
d’être payés pour le travail effectué. Il s’agira alors d’un échange équi-
table pour un service rendu.

La nécessité de réformer
S’il y a un domaine de la vie de l’Église dans lequel l’Église africaine est
à la traîne, c’est bien celui-ci : le soutien fidèle et généreux de l’œuvre
du Seigneur par la dîme, les offrandes volontaires et la prestation de
services. C’est en grande partie parce qu’une seule génération sépare
l’Église d’Afrique de l’époque pionnière où des missionnaires interna-
tionaux sont venus implanter des Églises en étant soutenus par les pays
occidentaux. La subsistance financière de l’Église et de ses ministères
ne dépendait alors pas directement des dons financiers de ses membres.
Leur pasteur missionnaire s’en sortait (voire, prospérait) assez bien sans
leur aide. Ainsi, bien qu’ils aient reçu un enseignement sur l’importance
de participer financièrement à la gestion de l’Église, ils ont grandi avec
la mentalité africaine selon laquelle les dons ne sont pas réellement
importants. Inverser cette tendance s’avère très difficile.
Si l’Église en Afrique veut mûrir et prendre sa place dans l’élan
missionnaire qui inaugurera le retour du Seigneur, il lui faut remédier
à cela. Les membres de nos Églises doivent apprendre à être fidèles,
généreux et résolus sur les questions financières dans le contexte de
l’Église. Il est vital que les dirigeants de l’Église enseignent aux jeunes
croyants l’importance de la contribution financière afin que, très tôt dans
leur vie chrétienne, ils prennent l’habitude de donner. Les jeunes et les
plus pauvres de l’Église devraient être amenés à voir que leur « petite
offrande » compte pour le Seigneur autant que celle des chrétiens qui
ont les « poches bien remplies ». En réalité, c’est souvent le petit don de
nombreux membres de l’Église qui soutient le plus l’œuvre du Seigneur,
et non le grand don de quelques donateurs importants.
160 Le dessein de Dieu pour l’Église

Pour ceux parmi nous qui appliquent le principe de la dîme, il est


également crucial de rappeler aux membres de l’Église que la dîme
appartient au Seigneur ; Dieu lui-même n’a eu de cesse de le rappeler
aux enfants d’Israël. Elle ne leur appartient pas. Ils devraient apprendre
à la donner fidèlement pour l’œuvre du Seigneur dans le cadre de leur
adoration.
Étant donné qu’il s’agissait d’une forme d’impôt, vous pouvez bien
comprendre pourquoi le Seigneur a posé la question pénétrante et a
promis une grande récompense à celui qui donne la dîme fidèlement :

Un homme trompe-t-il Dieu ? Car vous me trompez, et vous dites : « En quoi


t’avons-nous trompé ? » Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés
par la malédiction, et vous me trompez, la nation tout entière ! Apportez à
la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans
ma maison ; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées, et
vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands
pas sur vous la bénédiction en abondance. Pour vous je menacerai celui qui
dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera
pas stérile dans vos campagnes, dit l’Éternel des armées. Toutes les nations
vous diront heureux, car vous serez un pays de délices, dit l’Éternel des
armées (Ma 3.8-12).

Nous devons certes enseigner aux jeunes croyants à prendre l’habi-


tude de donner régulièrement, fidèlement et généreusement à l’œuvre
du Seigneur, mais évitons de parler constamment d’argent. C’est une
source d’irritation dans de nombreuses Églises de nos jours. Les pas-
teurs flattent toujours leurs membres pour qu’ils contribuent finan-
cièrement à l’Église. Les sermons sont conçus pour se terminer par
un appel à donner de l’argent. Cela a atteint des proportions si grandes
que nombre de gens ont cessé d’aller à l’Église afin d’éviter cette gêne.
Les Églises sont devenues des machines à gagner de l’argent. Les pro-
messes que Dieu a faites aux Israélites dans Malachie 3 sont tellement
rabâchées que ce qui était censé être des promesses générales pour
le peuple de Dieu résonne désormais comme des promesses réser-
vées aux individus qui paient la dîme. On demande aux membres de
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 161

l’Église de « semer des graines » dans le sol fertile du ministère d’un


« homme de Dieu » pour obtenir une récolte exceptionnelle en retour.
Dieu est traité comme un banquier promettant un intérêt énorme sur
tout argent que son peuple verse à l’Église. En conséquence, certaines
personnes ont donné beaucoup d’argent à l’Église ou au ministère d’un
prédicateur en attendant de recevoir « l’argent miracle » en retour. En
fin de compte, elles ont entraîné leurs familles dans la pauvreté, parce
qu’aucun rendement financier de ce type ne leur est parvenu. C’est le
prédicateur et son Église qui se sont enrichis aux dépens du chrétien
non averti. Ce n’est certainement pas ainsi que l’Église devrait lever
des fonds.
La contribution financière des croyants doit résulter de leur marche
saine avec Dieu. Elle doit déborder de leur vie spirituelle. C’est ce que j’ai
trouvé regrettable dans l’histoire que j’ai racontée au début de ce cha-
pitre. L’Église de mon oncle ne s’intéressait qu’à son argent ; ils avaient
mis en place un système pour qu’il se sente coupable et remplisse ses
obligations financières. Or, ils n’ont presque rien fait pour l’aider sur le
plan spirituel. C’est tout simplement indigne.
Les dirigeants de l’Église devraient accorder la priorité à la crois-
sance spirituelle de leurs membres ; leur fidélité et leur générosité en
découleront. Les responsables de l’Église doivent aussi rendre compte de
l’argent qu’ils amassent. Le principe selon lequel un pasteur n’a pas de
comptes à rendre aux anciens de l’Église ainsi qu’au reste de l’assemblée
est étranger au Nouveau Testament. Lorsque l’apôtre Paul a amassé de
l’argent pour lutter contre la famine, comme nous l’avons mentionné
précédemment, il a mis en place des garanties et des contrôles pour
assurer la transparence, la responsabilité et l’intégrité dans le processus.
À la suite des paroles que nous avons lues dans 1 Corinthiens 16.1,2, Paul
a écrit : « Et quand je serai venu, j’enverrai avec des lettres, pour porter
vos libéralités à Jérusalem, les personnes que vous aurez approuvées. Si
la chose mérite que j’y aille moi-même, elles feront le voyage avec moi »
(1 Co 16.3,4). Dans la deuxième épître de Paul aux Corinthiens, il a de
nouveau mentionné ce sujet. En faisant référence à un homme désigné
pour voyager avec lui à Jérusalem, Paul a écrit :
162 Le dessein de Dieu pour l’Église

[…] de plus, il a été choisi par les Églises pour être notre compagnon de
voyage dans cette œuvre de bienfaisance, que nous accomplissons à la
gloire du Seigneur lui-même et en témoignage de notre bonne volonté.
Nous agissons ainsi, afin que personne ne nous blâme au sujet de cette
abondante collecte dont nous avons la charge ; car nous recherchons ce qui
est bien, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes
(2 Co 8.19-21).

J’aime cette dernière phrase : « Nous recherchons ce qui est bien,


non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes. » Nous
devrions avoir des systèmes de comptabilité dans l’Église qui empêchent
quiconque de détourner des fonds sans être aussitôt découvert. Cela aug-
menterait la confiance du peuple de Dieu qui souhaite que son argent
serve bien à la fin pour laquelle il l’a donné initialement.
De nos jours, il existe une tendance populaire inacceptable : les
membres de l’Église donnent leur offrande hebdomadaire, que le pas-
teur apporte chez lui, pour décider comment l’argent doit être utilisé.
Cette pratique est souvent justifiée par le texte dans Actes, qui dit que
« tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient,
apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu, et le déposaient aux
pieds des apôtres ; et l’on faisait des distributions à chacun selon qu’il
en avait besoin » (Ac 4.34,35). La différence majeure dans ce cas, c’est
que les fonds étaient apportés aux apôtres collectivement. Cette pra-
tique offrait à la fois de la transparence et des garanties. Le phénomène
devenu courant aujourd’hui est celui de l’argent confié à un seul homme,
qui le ramène chez lui, et le donne ou se le garde comme il l’entend.
C’est inacceptable.
Permettez-moi de terminer sur une note plus positive en attirant
votre attention sur l’ordre des méthodes de collecte de fonds. L’accent
devrait être mis d’abord sur la fidélité dans la dîme, puis sur la géné-
rosité dans les offrandes volontaires et, enfin, sur les initiatives dans
la prestation de services payants. La générosité n’a de sens que lorsque
le minimum a déjà été donné sous forme de dîme. Essayer d’amasser
des fonds supplémentaires grâce à l’offre de divers services devrait
être la « cerise sur le gâteau ». Cela ne devrait jamais être le principal
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 163

moyen de collecte de fonds pour l’Église. Si vous inversez les priorités,


vous transformerez peu à peu et malencontreusement l’Église en un
repaire de voleurs au lieu d’une maison de prière (voir Lu 19.45,46).
Lorsque nous recueillons des fonds pour l’Église, assurons-nous donc
de préserver la spiritualité de l’Église et de ses membres comme notre
priorité absolue.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 10

Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ?

Résumé
Chaque Église a besoin d’argent pour gérer ses affaires internes et
externes ; la principale source de cet argent vient de ses propres membres.
La Bible se centre davantage sur notre attitude de cœur envers l’argent ;
mais elle guide tout de même l’Église sur la façon de recueillir l’argent
dont elle a besoin, en particulier grâce aux dîmes et aux offrandes. Les
Églises peuvent aussi utiliser légalement leurs installations pour géné-
rer des revenus et remplir ainsi la mission que Dieu leur a donnée.
Dans tous les cas, la spiritualité de l’Église et de ses membres doit être
la priorité absolue.

Questions d’étude
1. L’abus financier décrit par l’auteur dans ce chapitre est-il visible
dans votre contexte culturel ? Avez-vous un exemple précis en tête ?

2. Selon 2 Corinthiens 9.7, nous devons donner intentionnellement et


joyeusement. Est-ce que cela signifie que nous devons donner « quand
nous en avons envie » ? En quoi cela est-il différent ?

Selon vous, en quoi ce principe d’intentionnalité dans les dons se


rapporte-t-il au principe de donner régulièrement pour répondre
aux besoins courants de l’Église ?
Comment l’Église devrait-elle lever des fonds ? 165

3. L’histoire de la veuve (Lu 21.1-4) est parfois utilisée pour encourager


les gens à donner tout ce qu’ils ont. Que penser de cela à la lumière
de 2 Corinthiens 8.12, « en raison de ce qu’elle peut avoir à sa dis-
position, et non de ce qu’elle n’a pas » ?

4. L’auteur montre que l’enseignement selon lequel il nous faut « semer


des graines » fait de Dieu « un banquier promettant un intérêt énorme
sur tout argent que son peuple verse à l’Église » (p. 161). D’après votre
expérience, quel a été le préjudice causé par cet enseignement ?
Comment pouvez-vous montrer, à partir de la Bible, que cet ensei-
gnement est inexact ?

5. Beaucoup de nouvelles Églises en Afrique sont implantées en utili-


sant des fonds occidentaux. D’après votre expérience, quels sont les
avantages et les inconvénients de ce mécénat ?
11

VOTRE ÉGLISE DEVRAIT-ELLE


S’ENGAGER DANS LE DOMAINE
DE LA MISSION ?

«
À cinq, c’est la mi-temps ; à dix, la partie est gagnée. » Tout jeune
homme ayant grandi dans un village ou une ville d’Afrique com-
prendra cette phrase. Elle nous a souvent valu bien des ennuis avec nos
parents. C’était notre façon de déterminer la mi-temps de nos matchs
de football et à quel moment ils se terminaient. La partie n’avait aucune
limite temporelle. Personne ne regardait sa montre. Seul le nombre de
buts marqués comptait. Quand une équipe marquait cinq buts, c’était la
mi-temps. Quand une équipe en marquait dix, elle avait gagné. Si vous
affrontiez une équipe qui n’était pas aussi douée que la vôtre, le match se
terminait très rapidement. En revanche, si le niveau de l’équipe adverse
était équivalent au vôtre, le match pouvait durer éternellement. Tous se
démenaient. Il arrivait que le soleil soit déjà couché et que nous ayons du
mal à voir le ballon, mais il nous fallait continuer le jeu, car de derrière
les cages, on nous criait : « À cinq, c’est la mi-temps ; à dix, c’est gagné.
On est loin du compte ! » Puis, en désespoir de cause, le propriétaire du
ballon le ramassait brusquement et rentrait chez lui. C’est ainsi que le

167
168 Le dessein de Dieu pour l’Église

jeu prenait fin. C’est alors que la réalité nous rattrapait : nous avions le
sentiment d’avoir quitté l’école depuis un bon moment, pourtant nous
n’avions pas fait nos devoirs, nous avions oublié d’arroser le potager
(tâche ménagère qui incombait souvent aux garçons) et nous étions ter-
riblement en retard pour le souper. Ça allait barder !
C’est ce genre de perte de la notion du temps qui a empêché l’Église
d’Afrique de s’impliquer dans l’œuvre de la mission. Nous participons à
une sorte de jeu dans lequel « à cinq, c’est la mi-temps ; à dix, la partie
est gagnée », qui nous empêche de nous engager dans ce que le chef de
l’Église nous a ordonné d’accomplir. Je me souviens lorsque les anciens
de notre Église ont présenté, pour la première fois, la nécessité pour
notre Église locale de s’impliquer dans l’implantation d’Églises. Ce fut
une bataille difficile et toutes les excuses imaginables ont été évoquées.
Nous n’avions que deux anciens, pas de bâtiment, pas assez d’argent.
Nous n’étions qu’une jeune Église. Sans la détermination de mon col-
lègue ancien et la mienne, tout espoir de s’impliquer dans la mission
aurait pris fin ce jour-là. Nous avons toutefois continué à soutenir que
l’œuvre missionnaire nous incombait et que rien dans la Bible n’indiquait
la nécessité d’avoir plus d’anciens, d’avoir un bâtiment pour l’Église, ou
d’avoir beaucoup d’argent avant de considérer d’y prendre part. Rien dans
la Bible ne dispense une jeune Église d’apporter sa contribution. C’est
ainsi que nous avons convaincu la Kabwata Baptist Church réticente
d’initier ce qui est devenu aujourd’hui une aventure des plus glorieuses
et des plus épanouissantes.

Qu’entendons-nous par le mot « mission » ?


Le mot « mission » fait référence à ce que Jésus a exigé de son Église avant
son ascension au ciel ; c’est ce qu’on a fini par appeler le Grand Mandat :

Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de
toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20 ;
voir aussi Mc 16.15,16 ; Lu 24.45-49 ; Jn 20.21).
Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de la mission ? 169

L’œuvre missionnaire consiste à aller vers des gens qui n’ont pas
entendu l’Évangile pour le leur présenter avec l’espoir qu’ils se repentent
de leurs péchés et placent leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ
comme leur Sauveur. Ces convertis doivent être rassemblés dans des
Églises locales, pour apprendre à vivre d’une manière qui plaît à Dieu
et à l’adorer. Par ce processus de multiplication, l’Évangile doit infiltrer
chaque peuple, chaque langue, chaque tribu et chaque nation avant le
retour de Jésus-Christ, qui conclura l’Histoire. L’œuvre missionnaire
comporte beaucoup de détails, mais il s’agit là d’une définition des
plus élémentaires.
Le fait que tous les auteurs de l’Évangile aient mentionné ce Grand
Mandat souligne la notion de priorité de la mission pour le Seigneur
Jésus-Christ avant son ascension au ciel. Une simple lecture du livre
des Actes aura tôt fait d’indiquer que c’était le programme principal de
l’Église à partir du jour de la Pentecôte. Les apôtres ont parcouru l’Asie
Mineure et l’Europe pour prêcher l’Évangile et implanter des Églises.
Bien qu’à l’origine, la persécution qui a éclaté à Jérusalem les ait forcés à
se disperser, la prédication de l’Évangile et l’implantation d’Églises sont
rapidement devenues leur tâche principale. Ils étaient prêts à tout sacrifier
et même à mourir plutôt que d’arrêter cette œuvre. Ils avaient compris
que cette mission leur avait été confiée par le Seigneur Jésus-Christ.
L’ignorer revient à pécher contre lui.
Soulignons tout de même ceci : bien que l’évangélisation fasse partie
de la mission, les deux ne sont pas la même chose. Dans ce chapitre, je
veux mettre en évidence la notion d’une Église qui tend la main à une
autre communauté ou à un autre groupe de personnes en vue d’y établir
la foi chrétienne par la voie de l’implantation d’une Église locale viable.
Cela peut même impliquer l’apprentissage d’une nouvelle langue. Or,
nous qualifions parfois l’évangélisation d’œuvre « missionnaire ». Si nous
nous arrêtons là, nous n’accomplissons pas ce que Jésus nous a enseigné
dans les passages énumérés précédemment. Dans l’esprit de Christ, la
mission consiste à ce que les Églises soient ses « témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre »
(Ac 1.8). Remarquez l’extension de la communauté locale aux contrées les
170 Le dessein de Dieu pour l’Église

plus reculées du monde. C’est le programme auquel nos Églises devraient


participer volontairement et avec persévérance. Ce ne sera pas facile.
Il convient également de préciser que les actes de bienveillance
accomplis dans une communauté plus pauvre peuvent être un bon moyen
d’exprimer l’amour divin qu’il a mis dans nos cœurs en tant que peuple
de Dieu, mais ce n’est pas l’œuvre première que Jésus avait à l’esprit
quand il a énoncé le Grand Mandat. Il est vrai que le péché a apporté
son lot de souffrances dans ce monde. Nous devrions par conséquent
nous soucier de toutes les souffrances humaines et faire tout notre pos-
sible, en fonction de nos moyens, pour les atténuer. Dans les Évangiles,
nous lisons combien Jésus était ému de compassion, ce qui le poussait
à guérir les malades et nourrir les affamés ; il a même ressuscité les
morts. Son amour déversé dans nos cœurs devrait nous pousser à faire
de notre mieux, pareillement. Ce n’est toutefois pas la tâche principale
de la mission. Celle-ci consiste à prêcher ou à promouvoir l’Évangile
dans un seul but : amener les gens à se repentir et mettre leur foi dans
leur Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui répondent à l’Évangile
de cette manière devraient être rassemblés dans des Églises locales, pour
y être instruits dans les voies de Dieu. Nous ne devons jamais perdre
de vue cette trajectoire.
Maintenant que j’ai précisé que le travail missionnaire consiste avant
tout à prêcher l’Évangile et à implanter de nouvelles Églises dans les
régions et les communautés où ce témoignage fait défaut, j’ajouterai tout
de même qu’il inclut souvent bon nombre d’ouvriers qui s’associent aux
côtés des pasteurs missionnaires pour alléger leur charge de travail et
gérer d’autres domaines dans lesquels il y a des besoins. Cela peut impli-
quer des missionnaires qui se spécialisent dans l’étude des langues, le
travail de traduction de la Bible, ainsi que la production et la distribution
de diverses publications chrétiennes. Il peut également s’agir de per-
sonnes formées pour éduquer ou s’impliquer dans le domaine médical,
de personnes susceptibles d’enseigner dans les écoles et de travailler dans
les cliniques associées à l’œuvre missionnaire. Cet enseignement peut
même comporter l’enseignement au niveau supérieur, en fonction de la
situation sur le terrain. Dans les cas où il existe des niveaux élevés de
Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de la mission ? 171

pauvreté ou des maladies mortelles qui déciment une génération d’adultes


ayant des enfants, il peut être nécessaire de fonder des orphelinats ou
d’instaurer des programmes d’aide alimentaire pour les enfants. Dans
le monde actuel, le travail de la mission peut requérir un personnel
formé dans le domaine de la technologie numérique pour développer
des programmes d’évangélisation sur Internet. En fin de compte, alors
que le travail missionnaire prend de l’ampleur, vous constaterez que le
pasteur missionnaire principal est épaulé par une équipe plus ou moins
assidue qui travaille à ses côtés, comme c’était le cas pour l’apôtre Paul.
Examinez son équipe dans Actes 20.4. Toutes les personnes nommées
dans ce verset ont joué divers rôles de soutien au ministère de Paul,
tandis qu’il accomplissait l’œuvre principale « d’implanteur » d’Église.

Comment les Églises participent-elles à la mission ?


Afin de mieux comprendre comment les Églises devraient s’impliquer
dans la mission de nos jours, revenons à l’époque du Nouveau Testament.
Nous allons voir que l’Église primitive participait à l’œuvre missionnaire
d’au moins quatre façons.
1. Elle envoyait des missionnaires. Le livre des Actes nous en offre
un exemple typique, celui des dirigeants de l’Église d’Antioche qui prient
ensemble lors d’une réunion des responsables. Voici ce qui est rapporté :
« Pendant qu’ils servaient le Seigneur dans leur ministère et qu’ils jeû-
naient, le Saint-Esprit dit : Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour
l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, après avoir jeûné et prié, ils
leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir » (Ac 13.2,3). Ce qui est
étonnant dans ce texte, c’est que Barnabas et Saul étaient les missionnaires
fondateurs de cette Église. Pourtant, dans l’obéissance au Saint-Esprit, les
dirigeants de l’Église les ont mis à part et les ont envoyés vers d’autres
champs missionnaires. Dans ce passage, nous voyons qu’il incombe aux
dirigeants de l’Église d’identifier, dans la prière, ceux que Dieu appelle
à cette œuvre cruciale et de les envoyer. L’appel s’accompagne des dons.
Il peut être indiqué de veiller à ce qu’ils reçoivent une formation appro-
priée pour la tâche à accomplir.
172 Le dessein de Dieu pour l’Église

2. Elle priait pour les missionnaires. Elle priait que Dieu suscite de
plus en plus de missionnaires. C’est ce que Jésus voulait dire en tenant ces
propos : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le
maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Lu 10.2). Les
Églises du Nouveau Testament priaient également pour ceux qui servaient
déjà dans le cadre des missions. L’apôtre Paul, qui était presque toujours
impliqué dans l’implantation d’Églises, a souvent imploré les chrétiens des
Églises déjà établies de prier pour lui. À une occasion, il a écrit :

Je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l’amour de


l’Esprit, à combattre avec moi, en adressant à Dieu des prières en ma faveur,
afin que je sois délivré des incrédules de Judée, et que les dons que je porte à
Jérusalem soient agréés des saints, en sorte que j’arrive chez vous avec joie,
si c’est la volonté de Dieu, et que je jouisse au milieu de vous de quelque
repos (Ro 15.30-32).

3. Elle levait des fonds et envoyait un soutien financier aux mission-


naires. L’Église de Philippes, par exemple, a soutenu Paul dans son travail
missionnaire en Europe. Il a pu leur écrire, à une occasion :

Vous le savez vous-mêmes, Philippiens, au commencement de la prédication


de l’Évangile, lorsque je partis de la Macédoine, aucune Église n’entra en
compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait ; vous fûtes les seuls à
le faire, car vous m’envoyâtes déjà à Thessalonique, et à deux reprises, de
quoi pourvoir à mes besoins. Ce n’est pas que je recherche les dons, mais
je recherche le fruit qui abonde pour votre compte. J’ai tout reçu, et je suis
dans l’abondance ; j’ai été comblé de biens, en recevant par Epaphrodite ce
qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu
accepte, et qui lui est agréable (Ph 4.15-18).

Cela explique en partie pourquoi, bien que l’épître de Paul aux


Philippiens ait été écrite en prison, elle est la plus joyeuse de toutes ses
lettres. L’Église de Philippes a joué un rôle très important dans la col-
lecte et l’envoi de fonds si nécessaires, même quand il était en prison.
4. Elle recevait les rapports de missionnaires. Les Églises de l’époque
du Nouveau Testament recevaient des nouvelles par l’intermédiaire de
Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de la mission ? 173

rapports que les missionnaires leur envoyaient ou lors de leurs visites.


Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais les lettres de l’apôtre
Paul aux Églises, que nous lisons dans le Nouveau Testament, leur per-
mettaient, entre autres, de savoir ce qui se passait dans sa vie et son
ministère. La plupart des informations ne se trouvaient pas dans les
lettres mêmes, mais dans les instructions qu’il donnait aux personnes
chargées de les remettre. Aussi a-t-il écrit aux Colossiens :

Tychique, le frère bien-aimé et le fidèle ministre, mon compagnon de service


dans le Seigneur, vous communiquera tout ce qui me concerne. Je l’envoie
exprès vers vous, pour que vous connaissiez notre situation, et pour qu’il
console vos cœurs. Je l’envoie avec Onésime, le frère fidèle et bien-aimé, qui
est des vôtres. Ils vous informeront de tout ce qui se passe ici (Col 4.7-9).

C’est ainsi que les Églises participaient aux missions à l’époque de


l’Église primitive. Deux mille ans plus tard, la mission est toujours la res-
ponsabilité de l’Église et de chaque chrétien. Nous devons soit envoyer et
soutenir des missionnaires par nos prières et nos finances, soit être nous-
mêmes dans le champ missionnaire. Il n’y a pas de place pour l’indifférence.
C’est le plan historique de Dieu, et notre participation active y est requise.
C’est ainsi que l’Évangile est arrivé en Afrique. Les missionnaires
sont venus d’Europe et d’Amérique pour vivre et mourir sur ce continent
afin de partager l’Évangile avec nous. Nombre d’entre eux sont morts
peu après leur arrivée, à cause de la malaria ou d’autres maladies. Cela
n’a pas arrêté la venue ininterrompue de missionnaires sur ce continent.
Lorsque la nouvelle de la mort de missionnaires parvenait en Europe
et en Amérique, de nouveaux arrivaient. Ils ont appris nos nombreux
dialectes africains ; ils nous ont appris à lire et à écrire ; ils ont traduit
la Bible dans nos dialectes ; ils ont prêché l’Évangile et nous ont ensei-
gné la Parole de Dieu. Dans nombre de nos villages, ils ont implanté
des Églises, qui ont enseigné à nos ancêtres à être des disciples dans
la vie chrétienne. Au milieu du siècle dernier, les pionniers de la mis-
sion ont remis les Églises aux mains des dirigeants africains indigènes.
Aujourd’hui, c’est à notre tour de prendre part au Grand Mandat et de
nous impliquer dans la mission.
174 Le dessein de Dieu pour l’Église

Nos Églises actuelles devraient former des missionnaires pour les


envoyer évangéliser et implanter des Églises dans de nouvelles commu-
nautés, de nouveaux villages, de nouvelles villes et de nouveaux pays, en
particulier dans les endroits où les gens n’ont jamais entendu l’Évangile.
Le travail de la mission doit être au cœur de nos réunions de prière. Les
dépenses liées à cette œuvre devraient occuper une place prépondérante
dans les budgets de nos Églises. Nous devrions mettre au défi les croyants
de nos assemblées d’envisager sérieusement de devenir missionnaires,
ou de s’engager personnellement à prier régulièrement et à soutenir
continuellement l’œuvre missionnaire par leurs finances.

Pourquoi de nombreuses Églises ne s’engagent-elles


pas dans la mission ?
Hélas, très peu d’Églises africaines sont activement et délibérément impli-
quées dans la mission. J’entends rarement parler d’Églises actuelles dans
lesquelles se déroule ce qui se produisait dans les Églises du Nouveau
Testament. Pour quelle raison ? Un certain nombre de croyances profon-
dément ancrées et inconscientes empêchent l’Église d’Afrique de jouer
son rôle dans le Grand Mandat. En voici quelques-unes :
1. Nous avons tendance à penser que nous sommes à la fin du pro-
cessus de la mission. Les missionnaires sont venus d’ailleurs pour établir
le christianisme ici, en Afrique. Le travail a été accompli. Tout ce qu’il
nous reste à faire, c’est de nous assurer que nous évangélisions notre
propre peuple et nos voisins, de sorte que nos Églises puissent continuer
à croître en nombre. Nous ne réalisons pas que le flambeau nous a été
transmis et que nous devons être ceux qui envoient des missionnaires
dans des régions qui ont désespérément besoin d’entendre l’Évangile.
2. Nous pensons que les missionnaires sont forcément de couleur
« blanche ». La plupart des missionnaires pionniers dont nous avons vu
les images sont de type caucasien. William Carey, Mary Slessor, David
Livingstone, Stanley Moffat, Olive Doke, etc. étaient tous de ce type. En
outre, pour la plupart d’entre nous, les seuls missionnaires que nous
connaissons ne sont pas africains. Lorsque des missionnaires viennent
Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de la mission ? 175

dans nos Églises pour prêcher ou partager avec nous ce qu’ils font, ou
simplement pour adorer Dieu avec nous, ce sont invariablement des
étrangers. Ainsi, le concept d’avoir des missionnaires issus de notre
peuple est très étrange. Pourtant, la seule raison pour laquelle cela parait
étrange, c’est parce que nous n’avons pas encore commencé à envoyer
nous-mêmes des missionnaires. Plus tôt nous commencerons à le faire,
mieux ce sera ; nous nous habituerons bientôt à voir des missionnaires
de toutes les couleurs de peau.
3. Nous pensons que la mission n’est réservée qu’à des personnes excep-
tionnelles. Ils ont entendu une voix audible les appelant à quitter tout ce
qu’ils faisaient pour se rendre dans les régions les plus dangereuses et
les plus nécessiteuses du monde afin d’y apporter l’Évangile. Nous sup-
posons par conséquent qu’ils ne sont pas comme nous. Ils doivent avoir
un courage et une force extraordinaires. Plus tôt nous nous rendrons
compte que les missionnaires sont des gens aussi ordinaires que nous le
sommes et souffrent les mêmes angoisses que nous, mieux ce sera pour
l’Église d’Afrique. L’appel à l’œuvre missionnaire s’adresse aux chrétiens
ordinaires et aux Églises ordinaires en proie aux luttes. C’est le sens de
l’obéissance qui surmonte les obstacles.
4. Nous pensons malheureusement que seules les personnes et les
Églises très riches devraient soutenir le travail missionnaire. Nous nous
imaginons que notre Église doit d’abord être en mesure de lever les fonds
pour le soutien d’un missionnaire avant de pouvoir nous impliquer dans
l’œuvre missionnaire. Presque toutes les Églises que je connais traversent
des difficultés financières à cause de la faible économie dans notre pays.
Payer les salaires des pasteurs et répondre aux autres besoins de l’Église
et de ses membres, s’avère être particulièrement difficile pour beaucoup
d’assemblées. Aussi, l’œuvre missionnaire est-elle considérée comme
« sacrifiable », avec l’excuse que nous ne pouvons nous le permettre. Or,
en réalité, nous le pouvons. Vous savez, le secret du grand nombre de
missionnaires de l’Occident venus en Afrique n’était pas le soutien de
riches Églises. Non. Beaucoup de chrétiens démunis et d’Églises pauvres
ont donné le peu qu’ils avaient ; les montants additionnés ont permis à
des missionnaires d’être soutenus sur le terrain. Il s’agissait d’un effort
176 Le dessein de Dieu pour l’Église

collectif. Si chacune de nos Églises en Afrique contribuait un peu à


l’œuvre missionnaire, nous serions surpris de voir à quel point le total
serait élevé et combien de travail pourrait être accompli pour promou-
voir l’Évangile sur ce continent et même au-delà. Dans le cadre de la
mission, le peu que l’on donne nous propulse très, très loin !
5. Nous supposons que, parce que notre Église n’a envoyé aucun mis-
sionnaire, nous ne devrions donc pas nous soucier de l’œuvre missionnaire.
Autrement dit, seules les Églises ayant des familles missionnaires en leur
sein devraient intégrer la mission dans leurs annonces, prières et dons
réguliers. Il est intéressant de voir ce que Paul a écrit à l’Église de Rome :

Mais maintenant, n’ayant plus rien qui me retienne dans ces contrées, et
ayant depuis plusieurs années le désir d’aller vers vous, j’espère vous voir
en passant, quand je me rendrai en Espagne, et y être accompagné par
vous, après que j’aurai satisfait en partie mon désir de me trouver chez
vous (Ro 15.23,24).

Paul n’était pas un missionnaire issu de l’Église de Rome, mais il


supposait toujours qu’ils l’aideraient dans son œuvre missionnaire alors
qu’il se dirigeait vers l’Espagne. Nos Églises devraient en faire autant.
Nous devons développer des relations avec les missionnaires envoyés
par d’autres Églises et voir comment nous pouvons être pour eux un
moyen de bénédiction.
6. Enfin, nous pensons que le temps n’est pas encore venu pour nous de
nous salir les mains dans l’œuvre missionnaire. Rappelez-vous : « À cinq,
c’est la mi-temps ; à dix, la partie est gagnée. » Nous en sommes encore à
la première mi-temps, selon nous. Nous n’avons pas encore marqué les
cinq buts. Nous attendons un signal pour nous impliquer dans la mission.
Quoi qu’il en soit, il ne s’est pas encore produit. Par conséquent, nous
n’avons pas mauvaise conscience quant à l’absence totale de la mission
dans nos budgets et nos prières. Nous pensons que notre heure n’est pas
encore venue. C’était aussi la croyance générale des Églises en Europe
et en Amérique avant le grand mouvement missionnaire des xviiie et
xixe siècles, associé à William Carey et à Adoniram Judson. Alors que
le jeune Carey promouvait l’essor missionnaire, un pasteur plus âgé lui
Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine de la mission ? 177

a dit ce qui résumait la croyance générale à l’époque : « Jeune homme,


asseyez-vous ; quand Dieu sera heureux de convertir le monde païen, il le
fera sans votre aide ni la mienne. » William Carey n’était pas d’accord. Il
a préféré prêcher le sermon missionnaire le plus célèbre de l’histoire de
l’humanité, d’après Ésaïe 54.2,3, intitulé : « Attendez-vous à de grandes
choses de Dieu ; tentez de grandes choses pour Dieu. » Dans ce sermon,
Carey a supplié ses collègues pasteurs de considérer qu’il était temps de
s’impliquer dans la mission à l’étranger, parce que c’était l’appel absolu
de Dieu à l’Église. Finalement, il a atteint son but avec la naissance de la
Baptist Missionary Society. Il est à présent temps, pour l’Église d’Afrique,
de relever le défi de la mission, parce que Dieu l’exige de nous.

Nos Églises devraient s’engager dans la mission


Il est temps de se débarrasser de la mentalité « d’assistés » dans l’Église
africaine et d’entrer dans une mentalité « d’assistants ». Devant l’énorme
croissance du christianisme en Afrique, les missiologues affirment que
l’Afrique est sur le point de devenir le prochain continent à envoyer le
plus de missionnaires dans le reste du monde. Le cas échéant, les Églises
en Afrique doivent se défaire de cette mentalité précitée en six points.
Tâchons de reconnaître que le Grand Mandat exprimé par le Seigneur
Jésus-Christ à ses disciples ne leur était pas adressé à eux seulement,
mais à nous également, pour notre époque. Nous ne sommes pas à la fin
d’un processus, mais au beau milieu. L’Évangile qui nous est parvenu
à un coût si élevé pour tant de missionnaires étrangers doit désormais
être transmis à ceux qui ont besoin de l’entendre dans d’autres régions…
à un coût élevé pour nous !
La seconde venue de Christ est liée à la propagation de l’Évangile.
Jésus a dit : « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le
monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations » (Mt 24.14).
Votre Église devrait-elle s’impliquer dans l’œuvre missionnaire ? La
réponse est un « Oui ! » retentissant ! Si votre Église veut plaire à Christ,
le chef de l’Église, elle doit faire tout son possible, de façon délibérée et
avec constance, pour veiller à ce que des missionnaires soient formés,
178 Le dessein de Dieu pour l’Église

envoyés, soutenus (par la prière et les finances) et encouragés, tandis


qu’ils prennent part à l’œuvre missionnaire. Vous devriez travailler
sans relâche pour vous assurer que des Églises centrées sur l’Évangile,
où la Parole de Dieu est fidèlement prêchée, sont établies dans de nou-
veaux endroits du monde, jusqu’à ce que toutes les nations entendent
l’Évangile. Alors Jésus reviendra et entamera l’accomplissement final
de toutes choses.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 11

Votre Église devrait-elle s’engager dans le domaine


de la mission ?

Résumé
La « mission » consiste à accomplir le Grand Mandat. Dès le début, le pro-
gramme principal des Églises a été de prêcher l’Évangile, de faire des dis-
ciples, de former des dirigeants et d’implanter d’autres Églises. Les œuvres
de bienfaisance peuvent soutenir l’œuvre missionnaire, mais la mission
ne se limite pas à cela. Les Églises doivent envoyer des missionnaires,
prier pour eux, les soutenir financièrement et garder le contact avec eux.

Questions d’étude
1. En quoi l’évangélisation se distingue-t-elle de la mission ?

2. Quelles raisons l’auteur invoque-t-il lorsqu’il soutient que les actes


de charité (donner aux pauvres, creuser des puits, mener des actions
sanitaires, aider les orphelins, etc.) ne sont pas la même chose que
l’œuvre missionnaire ?

3. Comment ces œuvres de charité peuvent-elles soutenir l’œuvre de


la mission ?
180 Le dessein de Dieu pour l’Église

4. Combien de tribus ou de groupes de personnes autour de vous ou


dans votre pays n’ont pas entendu la bonne nouvelle de Jésus-Christ ?
(Demandez autour de vous, ou, dans la mesure du possible, effectuez
une recherche sur Internet pour répondre à cette question.)

Quelles raisons l’auteur invoque-t-il pour expliquer la lenteur des


Africains à se lancer dans l’œuvre missionnaire ?

5. Votre Église locale est-elle impliquée dans le soutien de missionnaires


ou associée avec eux ? Dans quelle mesure ce soutien est-il régulier ?

Que pouvez-vous faire en tant qu’individu ou en tant qu’Église pour


consolider votre soutien aux missionnaires ?
12

VOTRE ÉGLISE DEVRAIT-


ELLE S’IMPLIQUER DANS LA
FORMATION DES PASTEURS ?

S i vous passez devant un village africain typique, vous constaterez


bien souvent que chaque maison possède un abri ouvert placé en
évidence quelque part au milieu de la propriété. Puis il y en a un autre,
souvent plus grand, au beau milieu du village. Pour les non-initiés, cet
abri ouvert représente tout simplement un endroit où les gens peuvent
s’asseoir et s’abriter de la chaleur du soleil ou de la pluie. Mais pour ceux
qui ont grandi dans le village, cette structure sommaire est le lieu où se
transmet la culture familiale ou tribale, de génération en génération. Cette
transmission culturelle s’opère souvent par l’intermédiaire des chefs de
familles, et plus important encore, par la bouche du conteur du village.
En Afrique de l’Ouest, ces conteurs sont appelés des « griots ». Ils racontent
des histoires entremêlées de simples refrains que les auditeurs reprennent
en chœur. Le conteur du village est le dépositaire de l’histoire de la tribu
et du village même. Il est doué d’une mémoire exceptionnelle. Il a reçu
nombre de ces histoires de la génération précédente et sait bien qu’il est
responsable de leur transmission. Ainsi, certains jours, les tambours du

181
182 Le dessein de Dieu pour l’Église

village invitent la jeune génération à regagner l’abri ouvert central ; ils se


rassemblent alors avec enthousiasme autour de cet homme pour l’entendre
narrer une nouvelle histoire captivante et enchanteresse du passé. Chaque
histoire est astucieusement enjolivée et comporte une leçon importante
destinée à inculquer des valeurs culturelles et morales à la génération des
adultes en devenir du village. Les événements marquants qui ont façonné
l’histoire de la tribu sont racontés et ainsi transmis à la génération suivante.
Les dirigeants du village et de la tribu sont nourris, tandis que le conteur
enseigne, influence et inspire ces jeunes esprits et cœurs.
La tâche de transmettre les connaissances et les valeurs d’une géné-
ration plus âgée à une génération plus jeune en vue de jeter des bases
solides pour les générations à venir est non seulement fondamentale
pour nos communautés en général, mais encore plus indispensable pour
l’avenir de l’Église. C’est ce qui se passe chaque semaine lorsque l’Église
se réunit et écoute la prédication de la Parole de Dieu. D’une manière
particulière, c’est ce qui se produit lorsque de jeunes gens, qui sentent
l’appel à la prédication et au ministère pastoral, se rassemblent pour être
instruits afin de se préparer à cette tâche.

L’histoire de la formation pastorale


Il n’y a rien de nouveau dans la formation des prédicateurs dans le chris-
tianisme. Dans l’Ancien Testament, il existait des écoles de prophètes.
Ces écoles avaient été instituées dans le but de former de jeunes gens à
l’office prophétique en Israël. Ceux qui y étaient formés portaient sou-
vent le nom de « fils des prophètes » (2 R 2.3-15).
Le Nouveau Testament évoque l’excellent exemple de notre Seigneur
Jésus-Christ, qui a consacré près de trois ans de sa vie à préparer douze
hommes à l’œuvre du ministère qu’ils accompliraient après son départ.
Jésus a soigneusement choisi ces hommes très tôt dans son ministère.
Il leur enseignait la vérité de Dieu et sur Dieu, en contraste avec les
notions en vogue à leur époque. Il les éclairait avec une sagesse centrée
sur Dieu quand ils se laissaient tenter par les rivalités et qu’ils étaient
galvanisés par la soumission des démons à leur autorité. Jésus vivait de
Votre Église devrait-elle s’impliquer dans la formation des pasteurs ? 183

manière transparente devant eux pour qu’ils voient à quoi ressemble


la vraie piété. Il travaillait avec eux et les envoyait deux par deux pour
prêcher l’Évangile dans les villes et les villages voisins. Il les préparait à
porter son message de salut jusqu’aux extrémités de la terre. Juste avant
de quitter la terre pour le ciel, Jésus a prié le Père en disant :

Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire […]
J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du
monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole […]
Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données ; et ils les ont reçues,
et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as
envoyé (Jn 17.4,6,8).

Plus tôt, il leur avait dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce
que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés
amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon
Père » (Jn 15.15). En d’autres termes, ces hommes avaient mûri de manière
significative grâce à ses instructions. Ils étaient fin prêts à assumer la
tâche de leadership, et ils le seraient encore davantage avec la venue du
Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte. C’est ce que nous faisons aujourd’hui
lorsque nous sommes impliqués dans la formation des pasteurs. Nous
leur enseignons tous les fondements de la vérité chrétienne et les aidons
à mûrir spirituellement par la même occasion.
Dans le Nouveau Testament, nous avons aussi l’exemple des apôtres
qui ont pris des hommes plus jeunes sous leur aile, non seulement pour
les aider dans le ministère, mais aussi pour les encadrer et leur trans-
mettre le relais du ministère. C’est dans ce contexte que Paul a écrit
ces célèbres paroles à Timothée : « Et ce que tu as entendu de moi en
présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui
soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2 Ti 2.2). Au moment
opportun, Paul a envoyé Timothée comme pasteur à l’Église d’Éphèse
et a laissé Tite en Crète en qualité de pasteur. Ces hommes avaient été
formés ; ils étaient devenus capables d’assumer ces rôles ecclésiastiques.
C’est un domaine dans lequel nos Églises africaines sont très faibles.
Nous connaissons tous l’importance d’avoir un pasteur bien formé comme
184 Le dessein de Dieu pour l’Église

responsable du ministère pastoral, tant sur le plan de l’enseignement,


depuis la chaire, que du travail de conseiller pastoral dans l’Église. Nous
voulons un pasteur maîtrisant la doctrine chrétienne, habile dans l’en-
seignement de la Parole de Dieu et la gestion de l’Église, quelqu’un de
discipliné et mature dans son caractère. Lorsque notre pasteur part s’oc-
cuper d’une autre Église ou prend sa retraite, nous nous empressons à lui
trouver un remplaçant. Nous savons que l’Église a besoin d’un pasteur.
Or, très peu d’Églises participent réellement au travail de formation de
la prochaine génération de pasteurs. Notre attitude, en général, consiste
à penser que c’est le travail des instituts bibliques. Quant au financement
des instituts bibliques, nous l’ignorons et ne cherchons pas à savoir s’il
existe des besoins dans ce domaine. C’est cette attitude qui doit changer
si nous souhaitons voir, dans les années à venir, des Églises vertueuses
avec des bases solides. Nos Églises ont le devoir de s’investir dans la
formation des pasteurs.

Reconnaître les pasteurs potentiels


Le premier rôle d’une Église dans la formation des pasteurs est celui de
reconnaître les individus qui semblent manifester dans leur vie l’appel
de Dieu pour le ministère pastoral. Il arrive souvent que des personnes
désœuvrées soient les premières à s’inscrire à l’institut biblique, parce
qu’elles y voient là une opportunité de trouver facilement un emploi.
De nombreux instituts bibliques veulent augmenter le nombre de leurs
inscriptions ; ils ont par conséquent tendance à accepter presque tous
ceux qui postulent. Ils finissent alors par y intégrer des individus qui
ne sont pas vraiment sérieux dans leur désir de servir au sein du minis-
tère pastoral.
L’Église locale est la mieux placée pour effectuer cette sélection. En
effet, les dirigeants et les membres de l’Église savent, par expérience, à
quel point le témoignage du salut d’une personne est crédible. Ils savent
aussi si la personne a mûri dans les choses de Dieu et si elle est sérieuse
dans son désir de servir le Seigneur. Ils discernent si elle est humble,
dotée d’un esprit d’équipe, ou si elle veut simplement réaliser ses propres
Votre Église devrait-elle s’impliquer dans la formation des pasteurs ? 185

rêves et se mettre en avant. Ils considèrent à quel point cet individu est
enseignable et comment il a progressé dans sa connaissance de la Bible.
Ils cherchent à savoir si ses relations personnelles sont saines avec les
membres du genre opposé.
L’Église locale est également la mieux placée pour préparer une per-
sonne à la formation en institut biblique. Contrairement à la plupart des
professions, où une personne ne peut exercer que lorsqu’elle possède un
diplôme, la compétence dans le ministère pastoral est quelque chose que
l’on peut développer avant même de recevoir une formation officielle.
Le contexte de l’Église permet à l’intéressé d’exercer ses dons, lesquels
deviennent évidents pour son entourage. C’est dans l’Église locale que
les dirigeants remarquent une telle croissance et commencent à deman-
der à l’individu s’il se sent appelé au ministère de la prédication, ce qui
l’aide à confirmer son propre sentiment d’être appelé. Son pasteur peut
même lui suggérer quelques livres à lire sur le ministère pastoral, de
sorte qu’au moment où il s’apprête à aller à l’institut biblique, il sait à
quoi s’attendre. C’est une partie vitale de l’implication d’une Église dans
la formation des pasteurs : la prospection et la préparation.

Offrir un programme de stages pastoraux


Une autre façon d’impliquer votre Église dans la formation des pasteurs
est de proposer un programme de stage. Dans le cadre de ce programme,
un homme plus jeune, aspirant à devenir pasteur, se joint à un pasteur
plus mûr pendant un certain temps, de la même manière que les apôtres
étaient avec Jésus ou que Timothée apprenait de l’apôtre Paul.
Les pasteurs stagiaires peuvent alors voir comment un pasteur utilise
son temps pendant la semaine et prépare ses sermons. Ils observent sa
conduite envers sa femme et ses enfants. Ils étudient ses rapports avec
les membres de l’Église et ceux qui l’assistent dans la direction de l’as-
semblée. On leur donne également des devoirs de lecture à faire, ce qui
leur permet de comprendre la théorie sous-jacente de ce qu’ils observent
dans la vie et le ministère du pasteur. Le pasteur leur consacre du temps
pour discuter de divers sujets découlant de leurs observations et lectures.
186 Le dessein de Dieu pour l’Église

Il remet en question leurs présupposés pour les inciter à réfléchir plus


franchement à leurs propres croyances et pratiques. Ils accompagnent
le pasteur dans ses visites aux malades et aux affligés. Ils ont également
l’occasion de participer à des réunions de direction ; ils observent com-
ment elles sont gérées afin de produire les programmes bien huilés qu’ils
admirent tant à l’église. Ils participent à la gestion de la fréquentation
de l’Église, en particulier par le suivi de nouveaux visiteurs. Selon l’ap-
préciation de leur niveau de don, on peut leur demander de diriger des
études bibliques, des réunions de prière et des cultes d’adoration. On
peut même les solliciter pour prêcher !
Il est absolument crucial pour ceux qui se forment au ministère
pastoral d’y être d’abord introduit et d’en faire l’expérience. Cela leur
permet d’avoir une vision tridimensionnelle de l’Église et de la vie pas-
torale. De cette façon, ils sauront quoi faire lorsqu’ils assumeront une
charge pastorale. Il en va de même dans les études de médecine. Malgré
la formation pratique reçue par les étudiants en médecine, en particu-
lier vers la fin de leurs études, on s’attend à ce qu’ils travaillent sous la
direction d’un médecin expérimenté pendant un certain temps, avant de
pouvoir être autorisés à exercer seuls. La raison en est simple : des vies
sont en jeu. Par exemple, laisseriez-vous un chirurgien vous opérer en
sachant qu’il n’a reçu qu’une simple formation théorique en étudiant des
livres ? Bien sûr que non ! Si vous ne pouvez pas obtenir l’intervention
d’un chirurgien très expérimenté, vous voulez au moins un médecin
ayant pratiqué des opérations similaires avec succès, sous l’œil atten-
tif d’un praticien émérite. Si cela est vital pour ceux qui s’occupent
exclusivement de notre corps, combien ceux qui veillent sur nos âmes
devraient-ils être dûment formés ?
Pour mettre en place ce programme de stages pastoraux, une Église
se doit d’investir du temps et de l’argent. Les pasteurs stagiaires ont
besoin d’être logés et nourris. Ils doivent également percevoir une petite
allocation leur permettant de couvrir d’autres frais supplémentaires. Si
nous voulons voir naître dans les années à venir des Églises solides et
en bonne santé, nos Églises actuelles doivent mettre de l’argent de côté
et investir dans ce domaine.
Votre Église devrait-elle s’impliquer dans la formation des pasteurs ? 187

Soutenir les instituts bibliques


Une autre façon de participer activement à la formation de la prochaine
génération de pasteurs est de soutenir financièrement un ou plusieurs
instituts bibliques. Ces établissements sont importants, parce qu’ils dis-
pensent une formation spécialisée à ceux qui seront bientôt les prédi-
cateurs et les enseignants réguliers dans les Églises. La santé des Églises
en dépend.
Parmi les principaux cours offerts à l’institut biblique figurent :
1. L’histoire de l’Église. Ce cours explique ce qui s’est passé dans l’his-
toire de l’Église depuis l’époque biblique jusqu’à nos jours. Les étudiants
apprennent comment certaines doctrines que nous chérissons ont été
forgées dans la fournaise de la controverse. Ils s’informent des erreurs
commises par les dirigeants d’Églises dans le passé, en vue de ne pas
tomber dans les mêmes travers en servant Dieu. Ils étudient aussi com-
ment le christianisme est arrivé dans leur région, et le prix payé par les
missionnaires pionniers. Comme le conteur du village, les professeurs
d’histoire de l’Église veillent à ce que les étudiants saisissent les valeurs
qui ont propulsé le christianisme à travers l’histoire jusqu’à aujourd’hui.
Comme le dit le proverbe : « Si vous ne savez pas d’où vous venez, vous
ne saurez pas où vous allez. »
2. La doctrine chrétienne. Le grand mot pour désigner ce cours est
la « théologie systématique ». Ce cours explique les principaux ensei-
gnements du christianisme. Dans ce cours, l’étudiant apprend ce que la
Bible enseigne sur Dieu, sur nous-mêmes en tant qu’êtres humains, sur
Jésus-Christ notre Rédempteur, sur la façon dont on devient chrétien,
sur l’Église, et sur l’avenir, y compris la seconde venue de Christ, sur le
ciel et l’enfer. Les pasteurs bien instruits dans la saine doctrine seront
capables de discerner l’erreur doctrinale à des kilomètres !
3. Les études bibliques. Le principal manuel d’enseignement pour
tout pasteur est la Bible. Il est vital pour lui de savoir enseigner à partir
de ce précieux livre. À l’institut biblique, les étudiants apprennent qui
a écrit les différents livres de la Bible, comment l’ensemble de la Bible a
été assemblé, les sujets des différents livres de la Bible et comment les
188 Le dessein de Dieu pour l’Église

enseigner de sorte que l’intention originale de l’auteur ne soit pas pro-


fanée. Les étudiants peuvent également apprendre l’hébreu ou le grec,
les langues dans lesquelles l’Ancien et le Nouveau Testament ont été
écrits. Trop de gens non formés à l’enseignement approprié des Écritures
finissent par enseigner des hérésies tout en citant la Bible.
4. La théologie pratique. Enfin, les pasteurs doivent être formés aux
aspects pratiques de la tâche qu’ils sont appelés à remplir. Dans ce cours,
les étudiants apprennent comment préparer des sermons, travailler avec
d’autres dirigeants dans l’Église, organiser la vie de l’Église, administrer
les baptêmes et la sainte cène, conseiller ceux qui traversent des épreuves,
organiser des mariages et des funérailles, etc.
Nous voyons bien que la formation à l’institut biblique est importante
pour les hommes qui vont œuvrer parmi nous en qualité de pasteur
pendant une saison indéterminée. Par conséquent, nous devons encou-
rager ceux qui souhaitent assumer cette charge dans l’Église à prendre
le temps de faire ces études au préalable.
Diriger un institut biblique coûte très cher. Certains professeurs
doivent avoir un emploi à temps plein à l’institut pour que ce dernier
remplisse son rôle. L’établissement a également besoin de personnel
administratif et auxiliaire. Vient ensuite le coût de l’accueil des étudiants
de l’institut. Bien souvent, les étudiants n’ont pas les moyens de cou-
vrir le coût réel de leur formation. Les Églises qui n’ont pas d’étudiants
dans un institut biblique devraient également envisager de contribuer
financièrement au soutien de tels établissements, par pur désir de voir
de futurs pasteurs formés par le genre de qualité d’enseignement que
seuls les instituts bibliques sont capables de transmettre. Qui sait, peut-
être qu’un jour l’un de ces pasteurs succédera-t-il à celui qui vous sert
de pasteur actuellement !
Il y a deux autres façons pour les Églises de soutenir la formation
des pasteurs.
1. Leurs pasteurs devraient offrir certains cours. Les pasteurs ont
accumulé beaucoup d’expérience dans le ministère ; il est logique qu’ils
soient les principaux instructeurs de ceux qui souhaitent rejoindre un
jour leurs rangs. Certains professeurs seront pleinement employés par
Votre Église devrait-elle s’impliquer dans la formation des pasteurs ? 189

les écoles de formation, tandis que d’autres pasteurs, impliqués actuelle-


ment dans un ministère pastoral actif, devront compléter leurs efforts.
2. Les Églises devraient participer à la gestion de ces instituts bibliques.
À strictement parler, ces instituts devraient appartenir aux Églises, même
s’ils relèvent des organes supérieurs des dénominations ecclésiastiques.
Lorsque les Églises, et en particulier les pasteurs d’Églises, font partie
de la direction de ces établissements de formation, cela aide ces derniers
à respecter leur objectif initial et leur position doctrinale. Les Églises
peuvent alors fonctionner comme des points d’ancrage pour ces instituts,
les empêchant ainsi de s’égarer.

Le manque de finances
La principale excuse en Afrique pour justifier le défaut d’implication de
tant d’Églises dans la formation des pasteurs, c’est le manque d’argent
(imaginaire ou réel). Mais avez-vous remarqué que nous trouvons tou-
jours de l’argent pour des choses qui nous semblent très importantes ?
Les Églises arrivent à trouver de l’argent pour le camp des jeunes ou
pour organiser une sortie destinée aux couples mariés ou pour rénover
leur Église, mais elles prétendent ne pas avoir d’argent à investir dans
la formation des pasteurs. En réalité, dans l’esprit de ceux qui sont res-
ponsables des finances de l’Église, les jeunes et les couples mariés, ainsi
que la rénovation de l’église, sont plus importants que la préparation
des serviteurs de Dieu (qu’ils ne connaissent peut-être même pas) à leur
futur ministère. Cet état d’esprit doit changer.
Comme nous l’avons déjà noté, l’Église d’Afrique connaît une crois-
sance fulgurante et régulière. Les statisticiens disent qu’au début du
xxe siècle, il y avait moins de 9 millions de chrétiens sur le continent
africain. Au début du xxie siècle, soit cent ans plus tard, il y en avait
environ 380 millions. Certes, la plupart d’entre eux sont des chrétiens de
nom, mais la croissance reste tout de même phénoménale. On estime que
d’ici le milieu du siècle présent, le nombre de chrétiens professants en
Afrique se situera entre 600 et 700 millions. Il faudra bien que tous ces
chrétiens puissent intégrer des Églises, sous la direction de responsables
190 Le dessein de Dieu pour l’Église

et de pasteurs dûment formés. Si nos Églises sont vraiment tournées vers


l’avenir, elles doivent se préparer à cette récolte abondante en consacrant
du temps et de l’argent à la formation de ces futurs dirigeants. Ce n’est
pas le moment de prétendre que nous n’avons pas d’argent. La formation
pastorale n’est pas facultative. Elle est essentielle au ministère de chaque
Église, car elle participe de manière responsable au Grand Mandat que
Jésus a confié à l’Église.
Une grande partie du chaos et de la confusion dont nous sommes
témoins de nos jours dans les Églises sur le continent africain est due
à l’ignorance. Rappelons ceci : les statisticiens nous disent que 90 % des
individus qui occupent actuellement la fonction de pasteur sur ce conti-
nent ne sont pas formés. Ils ont simplement été mis à part pour la charge
du ministère. Faute d’avoir suivi une formation digne de ce nom, des
hommes exercent leur ministère dans des Églises, mais ignorent tout de
l’histoire de l’Église, de la théologie systématique, de la doctrine chré-
tienne, des compétences nécessaires pour enseigner correctement la
Parole de Dieu, ainsi que du ministère pastoral dans l’Église et par son
intermédiaire. Le niveau de confusion dans les Églises n’a donc rien de
surprenant ? Aucune autre profession ne tolérerait ce qui se passe de
nos jours. D’ailleurs, les gouvernements des pays africains ont remarqué
cette confusion et commencent à exiger que les pasteurs soient formés
avant d’être autorisés à prendre en charge la direction des Églises. Si
nous voulons voir des améliorations, l’Église d’Afrique doit payer le prix
en consacrant du temps et de l’argent pour former des pasteurs.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 12

Votre Église devrait-elle s’impliquer dans la


formation des pasteurs ?

Résumé
Il est fondamental, pour l’avenir de l’Église, qu’une fondation biblique
solide soit établie pour les générations à venir. Cela s’accomplit grâce à la
prédication hebdomadaire régulière, mais aussi par la reconnaissance des
pasteurs potentiels et de leur formation en instituts bibliques, ainsi que
dans les structures locales. Les Églises ont donc le devoir de s’impliquer
dans les instituts bibliques pour encadrer l’instruction de la prochaine
génération de pasteurs.

Questions d’étude
1. Quel exemple d’instruction voyons-nous dans l’Ancien Testament,
ainsi que dans les ministères de Jésus, de Paul et de Timothée, dans
le Nouveau Testament ?

2. Votre pasteur a-t-il des occasions de recevoir, lui aussi, des ensei-
gnements et de se perfectionner dans son appel ? Que pouvez-vous
faire en tant qu’Église pour l’aider à s’instruire ?

3. On observe que lorsque les jeunes gens vont à l’étranger pour suivre
une formation de pasteur, la plupart d’entre eux finissent par y rester,
et choisissent de servir sur place, au lieu de rentrer en Afrique comme
pasteurs. Pourquoi en est-il ainsi, selon vous ? Que pouvons-nous
192 Le dessein de Dieu pour l’Église

faire pour encourager ces hommes hautement qualifiés à rentrer en


Afrique et à servir chez nous ?

4. Avant de lire ce chapitre, était-il évident pour vous que la formation


de futurs prédicateurs et pasteurs faisait partie de l’accomplissement
du Grand Mandat ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi avons-nous mis
cet aspect de côté, selon vous ?

5. Quels critères utilisez-vous, ou avez-vous utilisés dans le passé, pour


repérer des pasteurs potentiels ?

Ces critères correspondent-ils à 1 Timothée 3 ?

Prenez le temps de discuter avec certains hommes de votre Église


qui aspirent à devenir pasteurs. Découvrez quels encouragements
ou frustrations ils peuvent avoir, et comment vous pouvez les aider.
13

QU’EN EST-IL DE LA
DISCIPLINE D’ÉGLISE ?

U n aspect de la vie sur notre continent que je chéris vraiment est


notre sens de la communauté. Nous vivons tous dans des foyers
séparés, mais notre sentiment d’appartenance réciproque est quelque
chose que j’ai rarement observé ailleurs. Non seulement les voisins
se connaissent, mais ils s’intéressent également à la conduite de leurs
enfants. Je me souviens, dans ma jeunesse, qu’il n’était pas rare que
mes parents aillent rendre visite à une famille du quartier, notamment
pour signaler à d’autres parents voisins un délit grave qu’ils avaient
pu observer chez leur enfant. De même, si un adulte du quartier me
surprenait à mal agir, je savais que mes parents le sauraient aussitôt et
que j’aurais de gros problèmes. Ce sens de la communauté nous a beau-
coup aidés quand nous étions jeunes. Nous savions que nous devions
nous conduire de notre mieux, que nos parents soient présents ou non.
Toute la communauté considérait qu’il était de son devoir d’aider nos
parents à nous élever pour que nous devenions de bons citoyens. Je
peux donc très bien comprendre le dicton suivant : « Il faut un village
pour élever un enfant. »

193
194 Le dessein de Dieu pour l’Église

Ce qui est vrai dans la société en général l’est aussi dans la vie de
l’Église, surtout quand il s’agit de discipline. Tous les membres de l’Église
doivent veiller les uns sur les autres tout au long du processus de sanc-
tification qui a lieu dans nos vies sur le plan individuel. Admettons-le :
le sujet de la discipline est impopulaire. Il est aussi difficile de l’aborder
que d’aller à l’hôpital pour subir une intervention chirurgicale. Vous
savez que ça va faire mal. Pourtant, c’est un passage nécessaire de la
vie dans ce monde déchu. Le péché n’est jamais tolérable. Quand les
membres d’une Église voient d’autres chrétiens de l’assemblée faire ce
qui est manifestement mal et détournent la tête, comme si cela ne les
concernait pas, ils plongent cette Église dans une spirale descendante
en ce qui a trait à la vraie piété et à la spiritualité. La discipline d’Église
doit être l’affaire de tous dans l’Église.

La discipline préventive
Si nous avons tendance à avoir une vision négative de la discipline
d’Église, c’est en partie parce que nous commençons toujours par son
aspect négatif. Nous considérons la discipline réparatrice comme la seule
forme de discipline. Or, il existe aussi une discipline préventive. En fait,
plus nous nous engageons dans la discipline préventive, moins nous
aurons besoin de la discipline réparatrice. C’est valable également dans
la vie quotidienne. Si vous êtes discipliné dans votre pratique sportive
et dans le maintien d’une bonne alimentation, vous constaterez que vos
visites chez le médecin seront moins fréquentes. En revanche, si vous
négligez cette forme positive de discipline, votre corps résistera difficile-
ment à toutes sortes de maladies et vos factures médicales s’accumuleront.
La discipline préventive fait référence au type de discipline qui pro-
duit directement des qualités spirituelles positives dans la vie du peuple
de Dieu. Elle fait référence au ministère d’enseignement et de formation
de l’Église qui nourrit l’esprit des croyants. L’instruction régulière de
la Parole de Dieu fait partie de cet enseignement et de cette formation ;
elle est achevée lorsque les croyants prennent part à la vie de l’Église.
Comme les membres sont solidaires, ils s’entraident : le fer aiguise le fer
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 195

(Pr 27.17). En servant ensemble dans divers domaines et ministères de


l’Église, ils apprennent à se conduire avec respect dans leur humilité et
leur zèle pour Christ.
La discipline préventive crée de l’ordre dans l’Église. La raison en
est simple : la plupart des membres de l’Église apprennent comment ils
sont censés vivre et ce qu’ils sont censés faire quant à l’utilisation de
leurs dons dans la vie de l’Église. Une maison bien ordonnée en est une
belle illustration. Lorsque des invités arrivent, les enfants de la maison
savent qu’ils sont censés sortir pour les saluer, puis laisser place aux
parents pour qu’ils s’entretiennent avec eux. Tous les enfants de la maison
savent qu’ils sont censés garder leur chambre bien rangée et participer
aux tâches ménagères. Même lorsqu’ils partent en visite quelque part,
ils savent comment se conduire loin de chez eux et à quel moment il
leur faut rentrer à la maison. S’ils apprennent à le faire régulièrement
sans qu’on le leur demande constamment, ils en ressortent disciplinés.
Une Église devrait être ainsi. Bien ordonnée. L’apôtre Paul a écrit
aux Corinthiens : « Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre »
(1 Co 14.40). Aux Colossiens, il a écrit : « Car, si je suis absent de corps, je
suis avec vous en esprit, voyant avec joie le bon ordre qui règne parmi
vous, et la fermeté de votre foi en Christ » (Col 2.5). Le fruit de la disci-
pline préventive est une Église bien ordonnée.

La discipline réparatrice
Cela nous amène à la forme de discipline que nous redoutons sou-
vent d’aborder. La discipline réparatrice, comme son nom l’indique, est
cette forme de discipline qui cherche à restaurer les chrétiens et à les
conduire dans une santé spirituelle authentique. On l’appelle aussi la
discipline correctrice. Elle s’applique en présence d’un péché tenace. Cela
requiert des explications supplémentaires. En effet, la croyance erronée
dans l’esprit de nombreux responsables et membres d’Église veut que,
chaque fois qu’un chrétien a commis un péché notoire, en particulier
un péché sexuel ou scandaleux, il ou elle doive être discipliné. Ce point
de vue est erroné.
196 Le dessein de Dieu pour l’Église

Nous sommes tous pécheurs et nous péchons tous les jours. Nous
commettons des péchés volontaires et des péchés d’omission. Nous
péchons en pensées, en paroles et en actes. Si nous devions discipliner
des chrétiens sous prétexte qu’ils ont péché, alors toute l’Église, y com-
pris les anciens, devrait constamment être soumise à une discipline
réparatrice ! Si nous affirmons qu’elle n’est réservée que pour certains
péchés et pas pour d’autres, encore faut-il répondre à la question : « Où
tracer la limite ? » Quels passages de la Bible utilisons-nous pour justifier,
par exemple, le fait de discipliner un homme qui a commis l’adultère
et non l’homme qui, de colère, a battu sa femme ? Pourquoi devrions-
nous discipliner un jeune qui a volé l’argent de l’Église et pas celui qui
a proféré des mensonges ?
Les choses se compliquent lorsque nous commençons à utiliser la
discipline d’Église de la même manière que les juges des tribunaux
infligent des punitions. Au tribunal, le juge veut simplement savoir si
l’accusé est coupable d’une infraction, conformément à la loi du pays.
S’il est coupable, le juge le punit selon ce que prescrit le Code pénal. Le
fait qu’il s’agisse d’une première infraction ou d’une récidive influencera
le jugement en soustrayant ou ajoutant une certaine sévérité à la peine.
Les dirigeants de l’Église n’agissent pas particulièrement en qualité de
juges, mais plutôt comme des médecins. Pour eux, le problème n’est pas
qu’une personne ait péché, mais plutôt que la personne s’entête à pécher
de manière incorrigible. Le but des dirigeants de l’Église est toujours
de guérir leurs membres plutôt que de se contenter de les punir pour
ce qu’ils ont commis.
C’est une différence très importante. Si les responsables de l’Église
ne font pas cette différence, les membres craindront de venir les voir
en quête de conseils lorsqu’ils seront aux prises avec le péché, à cause
de leurs propres faiblesses et échecs. Ils percevront les responsables de
l’Église comme des policiers empressés de les traîner dans la salle d’au-
dience ; ils ne les verront pas comme des médecins qui veulent simple-
ment les conduire dans la salle d’opération, dans le cas où l’opération
s’avèrerait nécessaire pour extirper le cancer mettant leur vie en danger.
Il est crucial que les membres de l’Église comprennent que nous sommes
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 197

tous des pécheurs en plein processus de sanctification au quotidien. Ils


devraient savoir que la discipline réparatrice n’est utilisée qu’en cas de
refus d’obéissance à l’enseignement explicite de la Bible sur la façon de
vivre telle que Christ l’entend et l’exige. En fait, la discipline réparatrice
est l’un des outils de Dieu pour sanctifier son peuple sur terre.
À strictement parler, il n’y a que deux formes de discipline répara-
trice enseignées dans la Bible :
1. L’avertissement privé ou public. C’est l’exhortation que reçoit un
membre de l’Église en vue de l’amener à se repentir du péché dans lequel
il persiste. Cela peut prendre la forme d’une réprimande ou d’un aver-
tissement. Paul a écrit à Tite à propos de ces deux choses. Il a dit : « Dis
ces choses, exhorte, et reprends, avec une pleine autorité. Que personne
ne te méprise » (Tit 2.15). Il a également dit : « Éloigne de toi, après un
premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions ;
sache qu’un homme de cette espèce est perverti, et qu’il pèche, en se
condamnant lui-même » (Tit 3.10,11).
La remontrance privée est souvent le dernier avertissement avant
l’excommunication. C’est cette réprimande ou cet avertissement privé
par lequel le pécheur obstiné est averti des conséquences désastreuses
du mode de vie répréhensible qu’il a choisi. Parfois, elle peut aussi avoir
lieu là où le cycle de péché et de repentance d’un individu devient une
sorte de mascarade. Malgré des signes de véritable repentance auxquels
vous voulez croire, vous réalisez que la personne en question a besoin
d’un « traitement de choc » afin de ne pas tenir pour acquise la grâce du
pardon de Christ. Ainsi, les dirigeants de l’Église l’exhortent à instiller
la crainte révérencieuse du Seigneur dans son cœur.
La réprimande publique a souvent lieu dans les cas où le péché d’un
membre est devenu public ou a le potentiel de le devenir. Ainsi, bien
que le membre ait confessé le péché aux responsables de l’Église et qu’il
soit manifestement repentant, il est important que ceux qui connaissent
ou connaîtront la nature de son péché soient également convaincus
que les dirigeants de l’Église n’ont pas été négligents. D’où la nécessité
de cette réprimande publique. L’exemple flagrant est celui d’un péché
sexuel engendrant une grossesse. La grossesse n’est peut-être pas encore
198 Le dessein de Dieu pour l’Église

évidente, mais ce n’est qu’une question de temps. Bien que les individus
impliqués puissent être véritablement repentants, il est important que
l’Église soit au courant de ce péché et que les individus soient répri-
mandés publiquement. De cette façon, l’Église sait que les dirigeants
n’approuvent pas ce style de vie. Cela signifie également que, lorsque la
grossesse devient visible et que des personnes extérieures commencent
à interroger les membres de l’Église à ce sujet, ces derniers peuvent
répondre : « Oui, nous le savons. Ils ont confessé leur péché à l’Église et
nos responsables les ont réprimandés à ce sujet. » Cela préserve l’hon-
neur de l’Église de Christ.
2. L’excommunication. C’est l’exclusion d’un membre de la commu-
nauté des croyants de l’Église. C’est le retrait de tous les privilèges dont
la personne jouissait en tant que membre de l’Église. Cela comprend évi-
demment l’exclusion de la sainte cène, même si la personne est toujours
la bienvenue pour assister aux réunions des cultes d’adoration, dans la
mesure où elle ne les perturbe pas. Nous voyons l’apôtre Paul exhorter
l’Église de Corinthe à utiliser cette forme de discipline lorsqu’il écrit :

Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec
quelqu’un qui, se nommant frère, est débauché, ou cupide, ou idolâtre, ou
outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel
homme. Qu’ai-je, en effet, à juger ceux du dehors ? N’est-ce pas ceux du
dedans que vous avez à juger ? Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Ôtez le
méchant du milieu de vous (1 Co 5.11-13).

Nous voyons, dans ce texte, que l’excommunication n’est pas pour


ceux qui vont simplement à l’église, mais pour ceux qui prétendent
être chrétiens tout en menant une vie pécheresse. Paul parle d’une per-
sonne « se nommant frère ». Plus tard, il dit que Dieu jugera ceux qui
sont à l’extérieur de l’Église ; il incombe à ceux qui sont dans l’Église
« d’ôter le méchant » du milieu de l’Église. Ceci est particulièrement
important à souligner en raison de la croyance populaire selon laquelle
les chrétiens devraient se garder de juger. Puisque nous sommes tous
pécheurs, pourquoi condamner les autres et même leur demander de
quitter l’Église ? Nous ne disciplinons pas les gens parce qu’ils ont péché ;
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 199

nous les disciplinons parce qu’ils continuent de pécher. Nous voulons les
aider à combattre le péché dans leur vie, ce que chaque chrétien devrait
faire, au lieu de l’embrasser, et de le nourrir dans leur cœur et leur vie.
Nous voyons aussi dans 1 Corinthiens 5.11-13 que ceux dont le mode
de vie peut être décrit comme étant répréhensible doivent être disciplinés
par l’excommunication. Paul ne dit pas que tous ceux qui ont commis un
péché sexuel ou qui ont volé de l’argent ou qui se sont enivrés doivent
être excommuniés. Si c’était le cas, cela signifierait que dès lors qu’une
personne est coupable de l’une de ces infractions, elle devrait être excom-
muniée. Il utilise plutôt des mots suggérant un mode de vie. Il emploie les
termes suivants : « [...] débauché, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou
ivrogne, ou ravisseur ». Comme vous pouvez le constater, le péché devient
caractéristique d’un style de vie. Ce sont ces personnes qui devraient
être excommuniées. Le but de l’excommunication est que de telles per-
sonnes parviennent à voir que Jésus-Christ, le chef de l’Église, veut qu’elles
recherchent la sainteté, parce que lui-même est saint (1 Pi 1.14-16).
Combien de temps devrait durer l’excommunication d’une personne ?
Aussi longtemps que la personne persiste obstinément dans le péché. Par
conséquent, il est erroné de fixer une période définie. Vous ne pouvez
pas dire que vous excommuniez quelqu’un pour un an ou deux. Et si la
personne se repent avant la fin de cette période ? Et si elle persiste dans
un péché tenace bien au-delà de cette période ? Dans le cas d’excom-
munication mentionné dans 1 Corinthiens 5.1-5, dès lors que l’individu
discipliné s’est vraiment repenti de ses méfaits, l’apôtre Paul a aussitôt
demandé à l’Église de Corinthe de le rétablir comme membre. Il a écrit :

Si quelqu’un a été une cause de tristesse, ce n’est pas moi qu’il a attristé,
c’est vous tous, du moins en partie, pour ne rien exagérer. Il suffit pour
cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en
sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il
ne soit accablé par une tristesse excessive. Je vous exhorte donc à faire acte
de charité envers lui […] Or, à qui vous pardonnez, je pardonne aussi ; et ce
que j’ai pardonné, si j’ai pardonné quelque chose, c’est à cause de vous, en
présence de Christ, afin de ne pas laisser à Satan l’avantage sur nous, car
nous n’ignorons pas ses desseins (2 Co 2.5-8,10,11).
200 Le dessein de Dieu pour l’Église

Ce qui pousse les gens à se repentir lorsqu’ils sont excommuniés,


c’est que les autres membres de l’Église leur retirent leur communion
fraternelle. Quelques-uns voudront peut-être encore fraterniser avec la
personne excommuniée. D’autres, qui par des liens familiaux ou pro-
fessionnels, continueront à la voir, limiteront leurs rapports en évitant
de fraterniser avec elle. Néanmoins, elle remarquera que la majorité des
membres qui lui étaient chers lui auront retiré leur communion et la
douleur sera vive. Le message sera très clair pour elle : on ne peut pas
danser avec le diable toute la semaine et s’attendre à être accueilli à bras
ouverts parmi le peuple de Dieu, le jour du Seigneur, ou tout autre jour
d’ailleurs. Le peuple de Dieu est affligé par ce mode de vie opiniâtre et
pécheur. Les personnes excommuniées doivent choisir soit de persister à
vivre dans le péché en étant privées de communion avec le peuple de Dieu
qui leur est cher, soit de rejeter le péché et d’être rétablies dans la com-
munion fraternelle. L’excommunication les maintient à un croisement.
Si elles tournent à gauche, elles restent à l’extérieur de l’Église. Si elles
prennent finalement le droit chemin, l’Église est prête à les accueillir.
Lorsqu’une personne se repent véritablement d’un mode de vie
pécheur, elle peut être en proie à beaucoup de chagrin. Elle se rend
compte qu’elle a non seulement fait du tort à des individus précis dans
l’Église, mais surtout, qu’elle a fait du tort au chef suprême de l’Église,
le Seigneur Jésus-Christ. Il est vital de ne pas retarder sa restauration,
car le chagrin peut la submerger et Satan peut l’utiliser pour la détruire
davantage en la rendant amère envers le peuple de Dieu. La restauration
ne devrait pas être une simple annonce de la levée de l’excommunication.
Elle devrait être réelle. Ceux qui lui étaient autrefois proches devraient
faire tout leur possible pour rassurer la personne de leur estime et de
leur désir de restaurer les liens d’amitié. Paul a écrit : « Je vous exhorte
donc à faire acte de charité envers lui » (2 Co 2.8).

Le processus disciplinaire
Ce livre ne vise pas à examiner les détails des procédures exactes que les
Églises devraient suivre pour s’assurer que la discipline réparatrice ait
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 201

lieu. Selon la forme administrative de votre Église (congrégationaliste,


presbytérienne ou épiscopale), vous constaterez des différences dans la
façon d’administrer la discipline de l’Église. Certaines formes adminis-
tratives de l’Église permettent une plus grande implication des membres
de l’Église dans l’élaboration de la discipline à administrer, tandis que
d’autres n’engagent que des anciens.
Jésus a dit :

Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu
as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux
personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou
de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse
aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publi-
cain (Mt 18.15-17).

Il semble y avoir trois étapes dans le traitement d’une question


disciplinaire dans ce texte. La première étape est privée, car il s’agit
d’une offense personnelle. Vous mettez ce frère en face de son péché ;
s’il reconnait sa faute et s’en repent, vous devez lui pardonner et clore
ainsi l’affaire. S’il ne reconnait pas sa faute, vous passez à la deuxième
étape : vous prenez un ou deux autres témoins pour écouter l’affaire.
Celle-ci devient alors semi-privée ; cela apporte de l’objectivité, car elle
est officialisée par deux ou trois témoins. Si la personne fautive est
persuadée par ces témoins et présente ses excuses, l’affaire s’arrête là.
Si elle persiste à refuser et que vous êtes toujours convaincu qu’elle
vous a fait du tort et qu’elle doit se repentir, Jésus déclare clairement :
« Dis-le à l’Église. » C’est la troisième étape. C’est généralement à ce stade
que des Églises qui respectent l’une comme l’autre l’autorité de la Bible
ne sont pas totalement d’accord. Pour certaines personnes, « l’Église »
signifie tous les membres de l’Église, qui se pencheront ensuite sur la
question. Pour d’autres, cela implique l’Église en tant qu’institution ;
vous le signalez donc aux dirigeants de l’Église, qui se chargeront de
l’affaire. Enfin, si cette dernière étape est terminée et que la personne
persiste encore à s’accrocher à son péché, et qu’elle manifeste un manque
flagrant de repentance, alors « l’Église » traite cette personne avec la
202 Le dessein de Dieu pour l’Église

même aversion que les Juifs avaient pour les païens et les publicains
(ou collecteurs d’impôts).
Bien que nous ne soyons jamais entièrement d’accord sur le méca-
nisme et le processus à suivre, en raison de nos différentes formes
d’administration de l’Église, comprenons, cependant, que notre res-
ponsabilité est de faire en sorte que ceux qui persistent dans le péché
soient disciplinés (par la réprimande ou l’excommunication). Le but
ultime est leur restauration à la plénitude spirituelle. Dans le livre de
l’Apocalypse, le Seigneur Jésus-Christ a averti les Églises qu’il les puni-
rait lui-même si elles ne disciplinaient pas ceux qui vivent au milieu
d’elles dans un péché flagrant. Souvent, cette punition directe par le
Seigneur Jésus implique des jugements temporels et même la mort.
Ainsi, nous lisons :

Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit
prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu’ils se livrent à la
débauche et qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. Je lui ai donné
du temps afin qu’elle se repente, et elle ne veut pas se repentir de sa débauche.
Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux
qui commettent adultère avec elle, à moins qu’ils ne se repentent de leurs
œuvres. Je frapperai de mort ses enfants ; et toutes les Églises connaîtront
que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de
vous selon ses œuvres (Ap 2.20-23).

À la lumière de ce récit qui donne à réfléchir, nous devons voir que la


discipline de l’Église est un acte d’amour, et non un acte de haine. Lorsque
nous administrons la discipline d’Église, nous cherchons à empêcher le
jugement de Dieu sur son peuple. Pourtant, il est triste de constater que
bien des gens voient cette discipline comme un acte de malveillance. Ils
ont tendance à sympathiser avec le pécheur obstiné. En effet, il arrive
souvent qu’une personne disciplinée par une Église change tout sim-
plement d’Église. Les dirigeants de la nouvelle Église ont alors tendance
à ne retenir que la version du fautif dans l’histoire. En lui faisant bon
accueil, ils ont l’impression de lui exprimer de l’amour, au mépris de
l’excommunication de son Église précédente. En fin de compte, le péché
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 203

chez cette personne continue de croître tel un cancer qui finit par la
détruire. Et ça, ce n’est pas de l’amour.
Notre plus grand obstacle à la discipline d’Église dans le contexte
africain est notre sens de l’ubuntu. Nous avons des liens sociaux, tribaux,
familiaux et culturels très forts, qui empiètent sur l’Église. Lorsque les
responsables de l’Église présentent un cas de péché tenace, nous perdons
de vue tout ce qui a été mentionné ci-dessus, et notre forte émotion de
solidarité avec cette personne l’emporte. En fin de compte, nous sapons
la discipline d’Église, parce que nous continuons secrètement à être en
communion avec elle… jusqu’à ce que le jugement de Dieu tombe sur
elle ou sur le reste de l’Église. Nous devons être bibliques et veiller à
ce que la discipline, préventive et réparatrice, soit exercée au sein de
l’Église afin que nos assemblées soient sanctifiées, pour la gloire de Dieu.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 13

Qu’en est-il de la discipline d’Église ?

Résumé
La discipline d’Église est à la fois préventive et réparatrice. La discipline
préventive consiste à enseigner et à former des disciples dans l’Église pour
encourager la maturité des chrétiens. Dans une discipline réparatrice ou
corrective, l’Église cherche à restaurer les chrétiens qui s’éloignent de la
foi. Lorsque les membres coopèrent avec les anciens dans un processus
d’excommunication fondé sur la Bible, ils font preuve d’amour à l’égard
de l’individu, de l’Église et de Christ.

Questions d’étude
1. Dans vos propres termes, quelle est la différence entre le recours à
la discipline d’Église dans le but de punir et son utilisation visant
à la restauration ?

2. Quelles sont les deux formes de discipline réparatrice (ou correctrice)


que la Bible enseigne ?

D’après votre expérience avec les Églises, comment avez-vous vu ces


deux formes de discipline réparatrice (ou correctrice) être appliquées ?
Qu’en est-il de la discipline d’Église ? 205

3. L’auteur mentionne les questions que les gens du dehors de l’Église


se mettent à poser aux membres (p. 198). Que répondriez-vous à l’idée
que nous ne devons pas nous soucier de ce que pensent les autres,
tant que nous connaissons la vérité ?

4. Comment notre nature communautaire en tant qu’Africains peut-elle


nous inciter à ignorer l’importance et l’application de la discipline
réparatrice (ou correctrice) ?

Compte tenu du jugement de Dieu, est-ce vraiment une preuve


d’amour pour le pécheur ?

5. Selon vous, serait-il facile pour d’autres chrétiens de vous aborder si


vous viviez dans le péché ? Que pouvez-vous faire pour favoriser cela ?
14

CE QUE CROIT VOTRE ÉGLISE,


ÇA COMPTE ?

V ous avez probablement déjà entendu une variante de cette histoire,


si caractéristique de la vie sur notre continent. Un travailleur se
rend chez son employeur pour lui demander un congé. Imaginons que le
nom de cet homme soit Chanda. Chanda annonce que son père est mort.
On lui donne alors la permission d’aller enterrer son père. Un an plus
tard, il demande à nouveau un congé du même genre, la raison invoquée
étant le décès de son père. Le congé lui est accordé malgré tout. Quelques
mois plus tard, Chanda entre dans le bureau de son superviseur, l’air
très triste. Ce dernier lui demande ce qui se passe, ce à quoi il répond :
« Je suis anéanti. J’ai reçu un appel de ma sœur me disant que mon père
était mort dans un accident de voiture. » À ce moment-là, le superviseur,
d’origine européenne, croit que Chanda se moque de lui et pense devoir
lui rafraichir la mémoire. Exaspéré, il réplique : « Chanda, combien de
pères as-tu ? L’année dernière, ton père est décédé. Il y a six mois, ton
père est mort. Te voici à nouveau en train de me dire que ton père est
mort. Si ce n’était de ta triste mine, je t’aurais chassé de mon bureau en
me disant que tu te moques de moi. Dis-moi, combien de pères as-tu ? »

207
208 Le dessein de Dieu pour l’Église

Chanda, toujours l’air abattu, répond : « J’en avais cinq, monsieur. Trois
sont morts. C’est très triste. Il ne m’en reste plus que deux. »
L’histoire peut sembler drôle, mais la scène est très représentative
de la réalité. Dans beaucoup de tribus africaines, les frères de votre père
sont aussi vos pères, tandis que les sœurs de votre père sont vos tantes.
De même, les sœurs de votre mère sont aussi vos mères, tandis que les
frères de votre mère sont vos oncles. Il s’ensuit également que les enfants
des frères de votre père et les enfants des sœurs de votre mère sont vos
frères et sœurs. Ce ne sont pas vos cousins. Ce sont les enfants des sœurs
de votre père et les enfants des frères de votre mère qui sont vos cousins.
Cette culture est si profondément ancrée dans l’esprit qu’elle l’est tout
autant dans les émotions. Chanda était vraiment bouleversé par la mort
de celui qui, dans l’esprit occidental, n’était qu’un oncle. C’est comme si
son père biologique était mort. En définitive, ce que vous croyez affecte
inévitablement votre façon de vivre.
Il en va de même dans l’Église et la vie chrétienne. Ce que vous
croyez détermine votre mode de vie. Aussi la doctrine est-elle fonda-
mentale. Puisque j’utilise souvent le mot « doctrine » dans ce chapitre,
permettez-moi d’en donner la définition. La doctrine fait référence à un
ensemble de croyances qui rassemble un groupe de personnes. Dans le
cas présent, nous parlons d’un ensemble de croyances qui caractérise une
Église. Les croyances sont suffisamment claires pour être enseignées (aux
membres ou par eux). Le terme « doctrine » peut également désigner l’une
de ces croyances, par exemple, la doctrine de la justification par la foi.
Rappelons-le, elle est suffisamment claire pour être enseignée aux gens.
Historiquement, les Églises sont fondées sur des enseignements particuliers,
qui sont censés être tirés de la Bible. Ces enseignements sont appelés « doc-
trines ». Ceux qui forment ces Églises sont censés croire ces enseignements.
La doctrine est importante, car si un chrétien croit une hérésie, sa
vie la reflètera. Les conséquences seront pires encore pour une Église,
parce qu’elle rassemble beaucoup de gens. Quand une Église se base sur
un enseignement erroné, sa pratique l’est également. Par sa mauvaise pra-
tique, elle déshonore le Seigneur. Cette déduction logique coule de source.
Pourtant, de nos jours, il y a une très forte résistance à l’instruction
Ce que croit votre Église, ça compte ? 209

doctrinale. Beaucoup de gens ont l’impression que, dès lors que vous
enseignez la doctrine aux chrétiens, vous encouragez les divisions et le
manque d’amour. Ils rejettent donc tout en bloc. Ce qui est préjudiciable,
néanmoins, ce n’est pas tant la doctrine chrétienne que la mauvaise
doctrine, et donc la mauvaise pratique.
Permettez-moi d’illustrer l’importance d’une doctrine juste. Un jour,
alors que Jésus était avec ses disciples, il leur a dit : « Ils vous excluront
des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir
croira rendre un culte à Dieu » (Jn 16.2). Les pires ennemis de l’Église
chrétienne ont souvent été des religieux. Durant les premiers jours de
l’Église, c’étaient les chefs du peuple juif qui ne voyaient pas qu’avec la
venue de Christ, l’ancienne alliance cédait la place à une nouvelle alliance.
Par conséquent, l’Église n’était pas l’ennemie de Dieu, mais plutôt l’ac-
complissement de ses promesses à la nation d’Israël. Si les dirigeants
juifs l’avaient compris, ils auraient accueilli favorablement la naissance
de l’Église chrétienne. Pourtant, ils ne l’ont pas fait. Ils ont cru à tort
que l’Église était l’ennemie de Dieu ; par conséquent, ils ont persécuté
les chrétiens. Ceux qui professaient la foi en Christ étaient chassés des
synagogues. Certains ont même été tués, ce qui fut le cas d’Étienne, dans
Actes 7. L’apôtre Paul, autrefois persécuteur de l’Église avant d’en deve-
nir plus tard l’un de ses principaux défenseurs, a écrit aux Corinthiens :
« Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu,
avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun
des chefs de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient
pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Co 2.7,8). Pour quelle raison les
dirigeants religieux du peuple juif ont-ils fait crucifier Jésus-Christ ? Ils
avaient une croyance erronée. Ce que vous croyez détermine vos actes.
Aussi est-il important de savoir ce que l’on croit en tant que chrétien et
en tant qu’Église. Nos actes reflètent ce que l’on croit.

La colonne et l’appui de la vérité


Dieu a donné à l’Église une mission cruciale : préserver et propager la
vérité. Votre Église ne peut s’acquitter de cette responsabilité que si les
210 Le dessein de Dieu pour l’Église

membres et les dirigeants de l’Église connaissent cette vérité. Nous avons


vu, au chapitre 2, ce que l’apôtre Paul a écrit à Timothée, qui servait en
tant que jeune pasteur : « Je t’écris ces choses, avec l’espérance d’aller
bientôt vers toi ; mais, si je tarde, tu sauras comment il faut se conduire
dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et
l’appui de la vérité » (1 Ti 3.14,15). Nous avions vu, dans ce chapitre, ce
que révélaient ces versets : Timothée ne devait pas gérer l’Église en s’ap-
puyant sur son propre raisonnement pragmatique, parce qu’il en était
simplement l’intendant. L’Église appartient à Dieu. Il devait la diriger
selon la pensée de Dieu. Ce texte s’est également avéré très utile au cha-
pitre 9, lorsque nous avons réfléchi à ce qui devrait se passer pendant
nos cultes d’adoration. Il était nécessaire de le rappeler à cause de notre
tendance à introduire, dans nos cultes d’adoration, tout ce que les gens
semblent apprécier. Gardons à l’esprit que l’Église appartient à Dieu ; il
désire que nous la dirigions selon sa pensée à lui.
En revanche, je n’ai pas souligné dans ces deux chapitres la dernière
partie de la description de l’Église. Paul évoque « la colonne et l’appui
de la vérité ». Que voulait-il dire par là ? Il emprunte le registre de la
maçonnerie pour souligner une vérité importante sur le rôle de l’Église
dans le monde. En maçonnerie, une colonne est un pilier qui soutient
le toit d’un édifice. Un appui est un contrefort qui soutient, renforce
ou stabilise une structure. L’image qui en découle est celle de l’Église
soutenant la vérité pour que tout le monde l’entende contre les vents et
marées de l’erreur dans le monde. La vérité reste constante et inébran-
lable lorsque l’Église remplit fidèlement son devoir. Elle est une colonne
et un appui de la vérité.
Paul veillait à ce que Timothée dirige l’Église de telle manière qu’elle
ne soit pas entravée dans l’accomplissement de ce mandat. La question
que nous abordons dans ce chapitre est encore plus fondamentale que
celle-là : si l’Église ne connaît pas la vérité, comment peut-elle en être la
garante dans un monde saturé d’erreurs ? Il est de la plus haute impor-
tance que les responsables de l’Église connaissent la vérité et la trans-
mettent au reste des membres, en particulier aux nouveaux convertis.
C’est pourquoi Paul a insisté auprès de Tite sur le fait que les qualifications
Ce que croit votre Église, ça compte ? 211

des anciens de l’Église devaient inclure l’obligation pour eux de connaître


la vérité sur Jésus-Christ. Il a écrit, à propos d’un ancien, qu’il doit être
« attaché à la vraie Parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable
d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs » (Tit 1.9).
Les anciens doivent être des hommes ancrés dans la vérité.
Remarquez l’expression « la vraie Parole telle qu’elle a été enseignée ».
Cela suggère qu’il ne devrait pas y avoir de nouvel enseignement dans
l’Église. Notre rôle est d’être de fidèles intendants de la vérité révélée
de Dieu. Votre Église ne devrait pas proposer des enseignements fan-
taisistes adaptés à notre époque et à la mode. Elle ne devrait pas non
plus essayer de fusionner ses enseignements avec des enseignements
culturels, comme les religions traditionnelles africaines, afin d’être plus
acceptable aux yeux du peuple. Elle ne devrait répandre que « la vraie
Parole telle qu’elle a été enseignée ». Oui, telle qu’elle a été enseignée
tout au long de la Bible.

La sanctification s’opère par la vérité


La vie spirituelle des croyants dépend de leur connaissance de la vérité.
Nous avons déjà vu qu’une croyance erronée ne peut conduire qu’à
une vie erronée, parce que notre expérience de vie reflète ce que nous
croyons. Maintenant, je veux aller plus loin encore en affirmant que le
Saint-Esprit utilise la vérité biblique afin de rendre les croyants de plus
en plus semblables au Seigneur Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père.
Jésus a demandé au Père : « Sanctifie-les par ta vérité : ta Parole est la
vérité » (Jn 17.17). La vérité est l’instrument que Dieu utilise pour sanc-
tifier son peuple.
Malheureusement, l’opinion erronée qui prévaut aujourd’hui est la
suivante : l’émotivité rapproche les gens de Dieu. Plusieurs croient avoir
besoin d’atteindre un certain apogée émotionnel (peut-être à la suite d’un
sermon chargé d’émotion ou en raison de la musique émouvante jouée
pendant le culte) pour accéder au niveau de spiritualité suivant. Pendant
un temps très limité, ces stratégies permettent aux gens de ressentir un
plus grand attachement émotionnel au christianisme, mais cela ne dure
212 Le dessein de Dieu pour l’Église

jamais. Les épreuves et les tentations finissent très vite par pousser ces
personnes à se détourner de leur obéissance à Christ. Seuls ceux qui
sont profondément ancrés dans les vérités de l’Évangile ont tendance à
surmonter ces assauts contre l’âme et à aller vers de plus hauts sommets
de piété. Il faut que la pensée soit remplie de la vérité pour que le cœur
embrasse vraiment Christ, et ce, malgré les épreuves et les tentations de
la vie. Aussi est-il vital de savoir ce que votre Église croit. Si elle croit et
enseigne la vérité à propos de Christ, la vie de ses membres manifestera
rapidement une maturité qui glorifie Dieu.
Paul a également dit aux Thessaloniciens : « Pour nous, frères
bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuelle-
ment grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement
pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité »
(2 Th 2.13). La croyance en la vérité est une composante essentielle de
notre salut et de notre sanctification. L’Église devrait jalousement garder
la vérité et veiller à ce qu’elle soit enseignée régulièrement afin qu’un
nombre croissant de personnes soient sauvées et sanctifiées. La grâce de
l’élection de Dieu devient manifeste chez les individus qui sont arrachés
du monde par l’enseignement de la vérité de Dieu qui saisit leur cœur.
C’est le principal moyen de les appeler hors du monde et de les sanctifier.
Quand une Église perd la vérité et colporte des erreurs, en particulier
des hérésies accablantes, elle ne produit plus le fruit du salut et de la
sanctification. C’est une tragédie.
Paul a également énoncé cette vérité aux Éphésiens. Faisant référence
au Seigneur Jésus-Christ, il a déclaré :

Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les
autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs,
pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère
et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous
parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à
l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ ; ainsi,
nous ne serons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de
doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens
de séduction (Ép 4.11-14).
Ce que croit votre Église, ça compte ? 213

Sans l’enseignement de la vérité dans l’Église, les croyants restent


vulnérables aux faux enseignants. Lorsque la vérité est enseignée par des
instructeurs que Jésus a donnés à l’Église, les croyants deviennent plus
unis, grandissent en maturité spirituelle et travaillent conjointement au
service de Christ dans le monde. C’est ainsi que l’Église est censée être.
C’est ce que Jésus, le chef de l’Église, veut voir.

Quelques doctrines fondamentales de l’Église


À la lumière de ce qui précède, il est logique que le malin s’oppose à ce que
l’Église de Jésus-Christ soit au clair sur ses croyances. Il est donc vital pour
chaque Église d’avoir une déclaration doctrinale bien définie et fondée sur
la Bible. Les dirigeants de l’Église devraient, de temps à autre, attirer l’at-
tention des membres sur cette déclaration. Les Églises fondées sur la vérité
accompliront de grands exploits pour Dieu dans ce monde, un monde plein
d’erreurs et de péchés. Quelles sont les grandes vérités que votre Église
devrait croire et enseigner ? En voici quelques-unes (brièvement exposées) :
La Bible. Elle comprend soixante-six livres ; elle est la seule parole
inspirée de Dieu. Elle ne comporte pas d’erreurs. Bien qu’elle n’aborde
pas tous les détails de la vie, tout ce que nous devons savoir sur les voies
de Dieu et la façon de nous réconcilier avec lui par Jésus-Christ y est
clairement exposé. C’est un livre complet. Nul besoin de révélations sup-
plémentaires pour surmonter les situations de la vie. Tout ce qu’il nous
reste à faire, c’est d’étudier la Bible. Elle devrait être l’autorité absolue
pour régler toutes les questions liées à Dieu, à sa volonté pour nos vies
et à la façon de gérer l’Église.
Dieu. Il n’y a qu’un seul Dieu éternel, qui est le créateur et le maître
de tout l’univers. Tout existe pour sa gloire. Dieu est infini dans toutes
ses caractéristiques ; il existe en trois personnes : le Père, le Fils et le
Saint-Esprit. Il est tout-puissant et omniscient. Il est un Dieu de sainteté,
de vérité, d’amour et de justice. Ce sont des aspects essentiels de son
être. Il s’est révélé dans la création, par l’intermédiaire de ses prophètes
à travers l’histoire, et enfin par son Fils, le Seigneur Jésus-Christ. Ce
Dieu seul doit être adoré, maintenant et à jamais.
214 Le dessein de Dieu pour l’Église

Les êtres humains. Quand Dieu a créé l’univers, il a également créé


les êtres humains comme le point culminant de sa création. Ce sont les
seules créatures, à la fois masculines et féminines, qu’il a créées à son
image. Bien qu’ils aient été créés intègres, ils ont péché et encourent
désormais le châtiment contre lequel Dieu les avait mis en garde, à savoir
la mort. Ils ont perdu leur innocence et leur communion avec Dieu. Ils
sont également devenus corrompus dans leur pensée, leur cœur et leur
volonté. Cette corruption a été transmise à toutes les générations jusqu’à
nous. Nous sommes tous nés pécheurs et méritons la colère de Dieu, à
la fois dans cette vie et dans l’éternité, dans le feu de l’enfer.
Le salut. Dieu est miséricordieux, aimant et bon. Même s’il ne nous
doit rien, il a pourvu à un Rédempteur en la personne de son propre
Fils, Jésus-Christ. La Bible résume cette doctrine par ces paroles bien
connues : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie
éternelle » (Jn 3.16). Jésus est né sans péché et a vécu une vie parfaite-
ment juste. De cette façon, il nous a accordé le don de la justice. Il est
mort volontairement sur la croix comme notre substitut. Dieu est ainsi
resté juste tout en accueillant librement les pécheurs dans son ciel, à la
seule condition qu’ils se repentent du péché et mettent leur confiance
en son Fils, Jésus-Christ. Ceux qui se repentent et croient sont déclarés
justes par Dieu, et deviennent ses enfants. L’Esprit Saint, qui accomplit
l’œuvre du salut dans l’âme humaine, vient résider également dans le
cœur de ceux qui sont convertis et instaure alors un processus de sanc-
tification (c’est-à-dire de croissance dans la sainteté). La perfection est
atteinte quand ils arrivent au ciel. C’est le cœur du message chrétien.
C’est l’Évangile qui doit être proclamé jusqu’aux extrémités de la terre.
L’Église. (Tout ce livre traite de cette doctrine, par conséquent je serai
très bref.) Tous ceux qui se repentent et croient au Seigneur Jésus-Christ
devraient être baptisés et devenir membres d’une Église locale, pour
adorer et servir activement avec d’autres croyants. L’Église locale est une
expression régionale de l’unique corps universel de Christ composé des
chrétiens nés de nouveau partout sur la terre, et de ceux qui sont déjà au
ciel. Les dirigeants de l’Église n’étant pas omniscients, ils accueilleront,
Ce que croit votre Église, ça compte ? 215

par inadvertance, des non-convertis, et certains vrais croyants régresse-


ront. En conséquence, les Églises sur terre ne seront jamais parfaites (par
exemple, les Églises d’Asie Mineure, dans Apocalypse 2 et 3). Néanmoins,
elles s’efforceront d’atteindre cette perfection par l’instruction régulière
de la Parole de Dieu et la discipline d’Église.
Dans d’autres domaines de croyance, les Églises ne seront pas toujours
d’accord. On peut citer notamment des sujets théologiques profonds tels
que l’élection et la prédestination ; des problèmes liés à la quantité de
l’Ancien Testament que nous sommes censés pratiquer à l’ère du Nouveau
Testament ; et des sujets épineux tels que les circonstances dans lesquelles
les chrétiens peuvent légitimement divorcer et se remarier. À cela peuvent
s’ajouter des questions liées à l’Église, comme les modes de baptême et
l’administration de la sainte cène. D’autres sujets auront trait à l’avenir,
en particulier au règne millénaire de Christ. Ce qui compte, c’est que
chaque Église adopte une position sur ces questions après une rigoureuse
étude de la Bible. Il est également important de reconnaître que, dans la
mesure où il s’agit de questions secondaires, on ne devrait pas rompre la
communion avec d’autres chrétiens qui voient les choses différemment.

Votre Église devrait être une école de doctrine


Puisque ce que croit votre Église est important, veillez à ce qu’elle devienne
intentionnellement une école de doctrine chrétienne. C’était la première
caractéristique observable de l’Église primitive. « Ils persévéraient dans
l’enseignement des apôtres… » (Ac 2.42.) Pourquoi ? Parce que les apôtres
savaient que ces nouveaux croyants reflèteraient dans leur vie ce qu’ils
croyaient. Ils voulaient donc leur transmettre la vérité. Nous devrions les
imiter. Les sermons prêchés régulièrement dans nos Églises sont souvent
réduits à une simple source d’inspiration pour encourager les gens à vivre
résolument pour Christ. Or, ils devraient aussi être riches sur le plan doc-
trinal et mettre en lumière les vérités de la Bible pour aider les chrétiens
à grandir dans leur compréhension de Dieu et de ses voies. Nos Églises
devraient aussi organiser des études bibliques et des séminaires au cours
desquels la doctrine chrétienne est enseignée avec plus de profondeur,
216 Le dessein de Dieu pour l’Église

et où les croyants ont l’occasion de poser des questions pertinentes et


recevoir des réponses. Les sermons galvanisants seuls sont comme un
repas cuit sur un feu de brindilles. Celui-ci s’enflamme très vite et fait
beaucoup de bruit, mais vous découvrez vite que votre repas n’est pas
bien cuit. Il faut alimenter le feu avec des bûches. Elles mettent plus de
temps à prendre, mais elles brûlent aussi plus longtemps et permettent
de bien cuire un repas. Comme nous l’avons vu, les enseignements riches
en doctrine produisent des chrétiens solides qui, à leur tour, conduisent
leurs familles et leurs communautés à marcher dans les voies de Dieu.
Autrefois, il était normal de désigner les Églises par leurs caracté-
ristiques doctrinales. Il s’agissait d’Églises catholiques, presbytériennes,
baptistes ou méthodistes. Elles avaient également des confessions de
foi avec des déclarations doctrinales assez explicites, incluant des ver-
sets bibliques à l’appui. C’est lentement devenu l’exception à la règle. La
tendance actuelle est de fédérer des Églises autour de personnalités, la
personnalité charismatique du leader étant la principale attraction pour
les gens. Si vous demandez aux membres de ces Églises la confession
de foi de leur Église, ils ne sauront probablement pas répondre à cette
question. Ce qui compte pour eux, c’est que leur pasteur soit un bon
prédicateur qui prie pour eux quand ils sont malades. Cela explique en
partie pourquoi nos Églises ont si peu d’impact sur nos sociétés.
Une autre tendance actuelle, en particulier ici, en Afrique, consiste
à établir les caractéristiques de l’Église selon les tribus. Même lorsque
ces Églises adoptent la langue officielle du pays (comme l’anglais ou le
français) et se situent dans les grandes villes peuplées d’individus issus
de nombreuses tribus, vous constaterez immanquablement que les gens
de telle Église sont presque tous de la même tribu. Ce qui compte dans
l’esprit des gens, ce n’est pas tant la profession de foi de l’Église que la
tribu majoritairement représentée. C’est une erreur, car l’Église devrait
inclure des gens « de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de
toute nation » (Ap 5.9). Tout au plus, ce qui devrait nous démarquer, c’est
ce que l’Église croit, autrement dit, la doctrine chrétienne.
Une conséquence tragique de notre incapacité à mettre l’accent sur
l’instruction doctrinale a été la prolifération des sectes « chrétiennes »
Ce que croit votre Église, ça compte ? 217

sur le continent africain. Une nouvelle « Église » émerge quasiment tous


les jours et ne tarde pas à attirer de grandes foules. En général, ce ne
sont pas de nouveaux convertis. Ce sont des membres d’une Église qui
abandonnent leur ancienne assemblée pour une nouvelle assemblée.
La vulnérabilité de ces gens est très vite exploitée par des loups dégui-
sés en brebis : ils sont victimes de fraude financière et d’abus sexuels.
Malgré la conduite manifestement abjecte de leurs dirigeants, ils leur
donnent toujours l’honneur qui revient exclusivement à Jésus-Christ.
Certaines victimes sont de vrais chrétiens qui n’ont pas appris à discer-
ner la vérité de l’erreur, parce qu’ils se nourrissaient uniquement d’un
perpétuel régime de sermons galvanisants. La seule façon d’inverser
cette tendance ? Il faut que les responsables de l’Église commencent à
prendre au sérieux la nécessité de transformer leurs Églises en écoles
de doctrine chrétienne saine.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 14

Ce que croit votre Église, ça compte ?

Résumé
La doctrine d’une Église (l’ensemble des croyances auquel elle est attachée)
détermine ce qu’elle pratique ainsi que le mode de vie de ses membres.
La Bible comporte un ensemble de croyances digne de confiance qui a
été enseigné et transmis ; les Églises et leurs anciens doivent le connaître
et l’enseigner. Ces vérités, et non l’émotivité, sont l’instrument que Dieu
utilise pour appeler son peuple et le rendre saint. Les Églises devraient
donc recevoir une prédication doctrinale instructive et être édifiées sur
la vérité, et non sur leurs pasteurs ou leurs tribus.

Questions d’étude
1. L’auteur fait référence à l’accusation suivante : « Dès lors que vous
enseignez la doctrine aux chrétiens, vous encouragez les divisions
et le manque d’amour » (p. 209). Est-il possible pour les chrétiens de
ne pas avoir de doctrine ? Pourquoi ou pourquoi pas ?

2. À votre avis, en quoi est-il avantageux pour une assemblée chrétienne


d’avoir ses doctrines exprimées clairement dans une « déclaration
de foi » ?
Ce que croit votre Église, ça compte ? 219

3. Que signifie la phrase suivante : l’Église est « la colonne et l’appui de


la vérité » (1 Ti 3.15) ?

4. Votre Église a-t-elle une déclaration de foi définie ou une confession


doctrinale qu’elle incarne et prêche ?

Si oui, la prédication régulière est-elle théologiquement en accord


avec cette déclaration ?

5. Compte tenu de nos règles tribales en Afrique, que devrait faire un


chrétien lorsque des doctrines bibliques s’opposent aux règles de nos
tribus ? Si nous prenions position contre les règles tribales, serions-
nous prêts à payer le prix de la persécution qui pourrait en résulter ?
15

COMMENT VOTRE ÉGLISE


DEVRAIT-ELLE GRANDIR
SPIRITUELLEMENT ?

C hola est indigné. Il veut écrire un article sur son blogue à propos
de ce qui le plonge dans cet état : en Afrique, vous n’avez pas besoin
de réaliser quoi que ce soit pour gagner le respect des gens ; il vous suf-
fit de vivre assez longtemps pour compter parmi les anciens de votre
famille ou de votre communauté. Pourquoi est-ce un sujet brûlant pour
Chola, et pourquoi tient-il tant à écrire à ce propos ? Un de ses oncles
est un bon à rien. Il est sans emploi et sans abri et n’est plus marié, car
sa femme a divorcé. Il a une dépendance à l’alcool et aux jeux d’argent.
Tout le monde le sait dans la famille. Or, en raison de son grand âge, qui
fait de lui le doyen de la famille, on lui donne souvent une place d’hon-
neur et on lui demande même de prononcer quelques mots à l’occasion
de célébrations familiales. Selon Chola, la famille compte un certain
nombre d’oncles et de tantes admirables, qui font preuve de maturité et
de sagesse. Pourtant, en présence de cet oncle bon à rien, ils sont laissés
de côté, au profit de cet homme qui occupe alors le devant de la scène.
Chola est furieux à ce sujet et c’est compréhensible. Pour reprendre ses

221
222 Le dessein de Dieu pour l’Église

propos : en Afrique, vous n’avez pas besoin de réaliser quoi que ce soit
pour gagner le respect des gens ; il vous suffit de vivre assez longtemps !
Je retrouve souvent la même attitude dans les cercles ecclésiastiques.
Les pasteurs d’Églises gagnent le respect de la société en raison de leur
longévité, tout simplement. Leurs Églises peuvent bien avoir mauvaise
réputation à cause d’abus sexuels et de scandales financiers, il n’empêche
que lors d’événements publics, tout le monde s’incline devant eux comme
des roseaux qui plient sous le vent, leur laissant occuper le devant de la
scène. L’indignation de Chola dans le cercle familial devrait être la nôtre
dans les cercles de l’Église. Il ne suffit pas d’être impliqué dans la direc-
tion de l’Église ; encore faut-il l’aider à grandir en maturité spirituelle
pour glorifier Dieu. Si Jésus a équipé son Église de dons d’enseignement,
c’est bien pour que le peuple de Dieu puisse…

… [parvenir] à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état


d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ ; ainsi, nous ne
serons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par
la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction
(Ép 4.13,14).

Si vous n’avez pas entendu la phrase « l’Église en Afrique fait 1 km


de largeur, mais seulement 2,5 cm de profondeur », alors bienvenue sur
la planète Terre. Je l’entends partout où je vais, à la fois sur le continent
africain et dans d’autres régions du monde. C’est un fait notoire, bien
que douloureux. D’une part, il célèbre l’ampleur de la propagation du
christianisme dans toute l’Afrique. D’autre part, il déplore le manque de
profondeur spirituelle dans l’Église africaine. Le contraste entre les deux
est frappant. Du côté des nombres, nous observons une croissance conti-
nue. Du côté de la maturité, cependant, nous remarquons le manque de
profondeur qui nous empêche d’exercer un impact positif sur le conti-
nent. C’est le fardeau que j’aborde dans ce chapitre.
Strictement parlant, ce chapitre aurait dû s’intituler : « Devrait-on
s’inquiéter de la croissance de l’Église en maturité spirituelle ? » En
fait, si nous pouvions répondre à cette préoccupation, notre plus grand
défi serait résolu. Très peu de responsables d’Église s’inquiètent de la
Comment votre Église devrait-elle grandir spirituellement ? 223

croissance spirituelle de l’Église. Lorsque celle-ci est abordée dans les


réunions des responsables de l’Église, c’est souvent de la croissance quan-
titative dont il est question (comme si Dieu ne s’intéressait qu’au nombre
de personnes dans son Église). Rien ne saurait être plus éloigné de la
vérité. Dieu cherche à être glorifié par le mode de vie de son peuple.
Malheureusement, ce que l’apôtre Paul a dit à propos du peuple juif
s’applique souvent à l’Église d’Afrique aujourd’hui : « […] le nom de Dieu
est blasphémé parmi les païens à cause de vous » (Ro 2.24). Chaque diri-
geant d’Église devrait se préoccuper du mode de vie des membres de
l’assemblée, que ce soit à l’église, à la maison et dans la société en général.
Dans un sens, le sujet de la maturité chrétienne ayant déjà été abordé
dans ce livre, ce chapitre pourrait sembler inutile. Si tous les chrétiens
étaient disposés à comprendre et à pratiquer ce qui a été enseigné dans
les chapitres précédents, cela propulserait la spiritualité de l’Église à un
autre niveau. Par exemple, si les membres de l’Église comprenaient ce
qu’est vraiment l’Église, avec Christ comme chef, et quel est son rôle
principal dans le monde, elle en serait entièrement transformée. Ajoutez
à cela l’impact qui se produirait sur le continent si tous les chrétiens
de nom saisissaient vraiment le glorieux Évangile de Jésus-Christ ; s’ils
ne devenaient membres de l’Église qu’après avoir répondu au véritable
Évangile et avoir décidé de mener des vies imprégnées de l’Évangile
en servant l’Église. Il ne fait aucun doute que cela se traduirait par un
réveil spirituel jamais vu auparavant dans le monde. Tous ces sujets ont
été abordés dans les chapitres précédents. Leur compréhension et leur
mise en pratique produiraient assurément une Église mature et fertile
qui plairait à Dieu.
Néanmoins, ce chapitre n’est pas une simple reprise de ce qui a été
abordé dans les chapitres précédents ; il vise à définir la nécessité de la
croissance spirituelle. Il énonce également les activités principales devant
être mises en place dans la vie de l’Église pour garantir cette croissance.
Ce chapitre aura été pleinement efficace s’il vous persuade (en tant que
pasteur ou ancien) que votre objectif principal est la croissance de l’Église
dans la sainteté, et que vous devez mettre en place les moyens bibliques
en vue de cette croissance.
224 Le dessein de Dieu pour l’Église

La nécessité de la croissance spirituelle


Une brève étude du Nouveau Testament révèlera que le Seigneur
Jésus-Christ et les apôtres étaient préoccupés par la croissance spi-
rituelle de ceux qui devenaient disciples de Christ. Il ne suffisait pas
que les individus fassent une profession de foi et soient ajoutés au
nombre des disciples. Ils voulaient que ces personnes grandissent en
maturité spirituelle.
Peu de temps après que Jésus ait commencé son ministère public,
il a prêché le célèbre sermon sur la montagne. Ce sermon plaidait en
faveur de la croissance spirituelle d’une manière qui aurait dû faire
tomber tous les auditeurs à la renverse. Il a dit : « Si votre justice ne
surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans
le royaume des cieux » (Mt 5.20). Les scribes et les pharisiens étaient
connus pour leur apparente justice. Ils étaient considérés comme la jus-
tice incarnée. Pour les auditeurs, cela a dû être un choc de s’entendre
dire que seuls ceux dont la justice surpassait celle des scribes et des
pharisiens seraient les bienvenus au ciel. Que voulait dire Jésus ? Il suffit
de lire la suite des chapitres 5 et 6 de Matthieu pour se rendre compte
que lorsque Jésus observait la justice des pharisiens, il ne voyait qu’une
justice superficielle et hypocrite. Ils ne vivaient pas dans une sainteté
authentique. Celle-ci était comme une bague plaquée or sur un morceau
d’aluminium, et non une bague en or massif. Dans les chapitres 5 et 6
de l’Évangile selon Matthieu, Jésus a évoqué le besoin de piété inté-
rieure en donnant des exemples sur la nécessité de contrôler la colère
et la luxure, de préserver les liens du mariage, l’intégrité de ses vœux,
et de ne pas chercher à se venger, mais plutôt à aimer ses ennemis. Il
a terminé le chapitre 5 en disant : « Soyez donc parfaits, comme votre
Père céleste est parfait » (Mt 5.48).
Au chapitre 6, Jésus est allé plus loin en condamnant l’ostentation
des pharisiens en matière d’aumône, de prières et de jeûne. Il a lancé un
appel à la vraie piété qui ne cherche pas les louanges des hommes, mais
l’approbation de Dieu. Il a dit à plusieurs reprises : « […] et ton Père, qui
voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6.4,6,18). Seule une âme vraiment
Comment votre Église devrait-elle grandir spirituellement ? 225

pieuse cherche l’approbation de Dieu seul. Or, c’est ce que Jésus exige
de ceux qui sont vraiment enfants de Dieu. Quiconque lit ceci doit par-
faitement savoir qu’une telle existence est impossible. Cela requiert une
croissance spirituelle authentique. C’est précisément l’exhortation de
Jésus. Avec l’aide du Saint-Esprit, ce genre de vie devient possible dans
une très large mesure. Ce devrait être la quête ultime et sincère de tout
le peuple de Dieu. Les responsables d’Églises devraient aider chaque
chrétien à grandir de plus en plus dans sa vie spirituelle.
L’Église de Corinthe a particulièrement donné du fil à retordre à
l’apôtre Paul. Elle était caractérisée par l’immaturité. Il y régnait des
divisions au sujet des personnalités de leurs anciens, dirigeants et pré-
dicateurs, de l’immoralité sexuelle, des poursuites intentées à l’encontre
d’autres croyants, de l’indifférence vis-à-vis des sensibilités et des scru-
pules de chacun, des profanations de la sainte cène, de la compétition
vaniteuse pour les dons spirituels et l’acceptation de fausses doctrines,
surtout au sujet de la résurrection. Paul était très affligé par tout cela.
Au début de sa première lettre aux Corinthiens, il a mis le doigt sur
le véritable problème : la plupart des croyants de l’Église n’avaient pas
grandi en maturité. Il a écrit : « Pour moi, frères, ce n’est pas comme
à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des
hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du
lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ;
et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore
charnels » (1 Co 3.1,2). Lorsque Paul avait fondé l’Église, il avait ensei-
gné aux croyants les bases de la vie chrétienne. Il s’attendait à ce qu’ils
soient désormais prêts pour les vérités plus profondes de la foi. Mais
en entendant les nouvelles au sujet de la confusion qui régnait dans
cette Église, il en a conclu qu’ils étaient encore des enfants immatures
en Christ. Ils avaient encore besoin qu’on les aide à mûrir et à aban-
donner leur pensée mondaine.
Vers la fin de cette première lettre aux Corinthiens, Paul évoque à
nouveau leur manque de maturité. Il écrit : « Frères, ne soyez pas des
enfants sous le rapport du jugement ; mais pour la méchanceté, soyez des
enfants, et, à l’égard du jugement, soyez des hommes faits » (1 Co 14.20).
226 Le dessein de Dieu pour l’Église

La véritable maturité spirituelle leur aurait permis de surmonter leurs


tendances vaniteuses et pécheresses, en particulier celles qui consis-
taient à utiliser leurs dons spirituels pour rivaliser les uns avec les
autres. On peut en dire autant des scandales qui continuent de secouer
tant d’Églises de nos jours. Si seulement les croyants étaient spirituelle-
ment matures dans leur pensée, ces scandales seraient neutralisés. Les
relations interpersonnelles dans l’Église seraient moins égoïstes, plus
aimantes et viseraient à glorifier Dieu. C’est dans ce but que Paul a écrit
ses lettres aux Églises, dont 1 Corinthiens. Tous les enseignements dans
les épîtres du Nouveau Testament étaient destinés à favoriser la crois-
sance spirituelle chez les croyants, car la maturité n’est pas facultative
à la vie chrétienne. Les pasteurs devraient par conséquent exhorter les
chrétiens à grandir en maturité.
L’auteur inconnu de l’épître aux Hébreux avait la même préoccupa-
tion, à savoir que les destinataires de sa lettre grandissent en maturité
chrétienne. Il a écrit :

C’est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui


est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres
mortes, de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des
mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel (Hé 6.1,2).

Quiconque lit l’épître aux Hébreux s’aperçoit rapidement qu’elle a


dû être adressée aux croyants juifs pour qu’ils comprennent que Christ
dépasse de loin les prophètes et les prêtres d’Israël. L’auteur s’est senti
poussé à rétablir cet enseignement fondamental. Toutefois, il voulait
vraiment que les destinataires de sa lettre « tendent à ce qui est par-
fait ». Ils avaient besoin de passer des enseignements spirituels de base
à des doctrines et pratiques plus matures en Christ. Mais cela ne doit
pas rester la préoccupation d’un seul homme. Tout dirigeant chrétien
devrait s’en préoccuper. L’Église devrait être comme une échelle, avec
de jeunes croyants en bas et des chrétiens plus matures à des niveaux
plus élevés de maturité. Les responsables de l’Église devraient être
au sommet pour exhorter tout le monde à continuer à tendre vers la
maturité spirituelle.
Comment votre Église devrait-elle grandir spirituellement ? 227

Les moyens de la croissance en maturité


La maturité spirituelle ne s’acquiert pas à la suite d’un seul événement
dans la vie d’un chrétien. C’est un processus qui dure toute la vie. C’est
l’équivalent de la croissance physique. Bien qu’une bonne alimentation
puisse accélérer la croissance physique, vous ne pouvez pas acquérir une
taille adulte du jour au lendemain. Là où il y a de la vie, il doit y avoir
de la croissance, mais cela requiert du temps. La question à se poser est
celle-ci : « Que devons-nous mettre en place dans la vie de l’Église et dans
la vie des croyants de sorte qu’ils continuent à grandir à un rythme opti-
mal vers la maturité spirituelle ? » C’est la responsabilité des dirigeants
de l’Église. Si je devais donner une réponse à cette question, ce serait
que les responsables de l’Église s’assurent de bien administrer un régime
régulier et complet de prédication et d’enseignement de la Parole de Dieu.
Seul ce genre de régime entraînera une véritable croissance spirituelle.
Au chapitre 3, nous avons appris que l’une des principales responsabi-
lités de l’Église ici sur terre est d’instruire les croyants grâce à l’enseigne-
ment assidu de la Parole de Dieu. Nous avons vu comment Jésus a prié le
Père : « Sanctifiez-les dans la vérité ; ta parole est la vérité » (Jn 17.17). Nous
avons lu également, dans Éphésiens 5.25-27, comment Jésus sanctifie son
Église par la Parole afin qu’elle puisse paraître devant lui « glorieuse,
sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable ».
Dans ce chapitre, l’accent était mis sur le fait que l’Église est censée être
une institution éducative où le peuple de Dieu est régulièrement instruit
dans le plein conseil de Dieu. C’est uniquement cela qui garantira sa
maturité et c’est la responsabilité de l’Église. Si la prédication et l’ensei-
gnement de la Parole de Dieu doivent produire la maturité spirituelle,
il leur faut être (a) fidèles au texte de la Bible (b) doctrinalement riches
et (c) pertinents dans l’application. Examinons chaque point.
L’enseignement doit être visiblement fidèle au texte biblique. Quand
Paul a écrit sa dernière épître à Timothée, il a dit :

Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu
soit accompli et propre à toute bonne œuvre. Je t’en conjure devant Dieu
228 Le dessein de Dieu pour l’Église

et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de
son avènement et de son royaume, prêche la Parole, insiste en toute occa-
sion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et
en instruisant (2 Ti 3.16 – 4.2).

Paul voulait que Timothée utilise intentionnellement la Bible dans


son enseignement, car Timothée n’était pas un apôtre inspiré. Il devait
tirer son enseignement directement des Écritures. C’est ce que nous
appelons la prédication et l’enseignement « bibliques » ou « textuels ». Les
personnes écoutant la prédication ou l’enseignement devraient être en
mesure de voir que ce qui est expliqué est légitimement issu du texte de
la Bible. Les chrétiens grandissent dans leur appréciation de la Bible, et de
ses enseignements, lorsque les personnes responsables de l’enseignement
dans l’Église démontrent que leurs propos viennent de la Parole de Dieu.
Je ne saurais trop insister sur ce point. Cette approche de l’ensei-
gnement du peuple de Dieu permet à Dieu lui-même, plutôt qu’à de
simples auteurs humains, de s’adresser à ses enfants. Ils sentent que le
prédicateur parle avec une autorité qui vient de la Parole de Dieu ; ils
peuvent voir la vérité en vérifiant dans le texte même. Ils apprennent
à vous respecter comme prédicateur pour votre intégrité à prêcher la
Parole de Dieu. Vous n’essayez pas de leur imposer vos opinions person-
nelles de manière sournoise. Ils apprennent les leçons de Dieu dans les
paroles que le Saint-Esprit a lui-même préservées pour leur instruction.
Lorsque cet enseignement englobe l’ensemble de la Bible, les croyants
dans l’Église en sont considérablement impactés. Toute l’assemblée est
transformée, car le peuple de Dieu entend la voix de Dieu, de la Genèse
à l’Apocalypse. Ils apprennent à partir de la loi et des prophètes de
l’Ancien Testament, ainsi que des Évangiles, des Actes et des épîtres du
Nouveau Testament. Certains passages bibliques comportent des vérités
qui s’apparentent à des mangues : elles sont à la portée des petits enfants.
D’autres passages exposent des vérités que seules les girafes peuvent
atteindre. De tels passages exigent une étude approfondie, même de la
part du meilleur des hommes. Au fur et à mesure que les membres de
votre Église voient leur pasteur se donner du mal pour expliquer de
tels textes, ils grandissent dans leur appréciation de la Bible. Certains
Comment votre Église devrait-elle grandir spirituellement ? 229

passages sont des vérités très désagréables, que les croyants apprendront
et appliqueront tout de même, parce que le pasteur leur aura expliqué
ces textes des Écritures et les aura inclus dans son programme de pré-
dication. Prêcher toute la Bible d’une manière textuelle fournira à votre
Église un régime spirituel équilibré.
Ce genre de ministère produit un fruit en particulier : les croyants
acquièrent des connaissances bibliques. Ils sont exposés à l’ensemble des
Écritures saintes et apprennent, par l’exemple du pasteur, à l’approfondir
pour trouver la nourriture spirituelle consistante que réclame leur âme.
Alors qu’ils s’engagent collectivement dans l’étude biblique inductive,
ils en apprécient les vérités spirituelles et partagent leurs découvertes
avec leurs amis.
La forme de prédication de loin la plus populaire de nos jours est
ce que nous appelons la prédication « thématique ». Un pasteur propose
un thème de prédication, puis recourt à la Bible pour introduire le
sujet. Il enseigne sur ce thème, tout en consultant la Bible de temps à
autre pour y trouver des textes venant étayer ses arguments. À la fin,
les gens repartent avec la pensée du pasteur plutôt qu’avec la pensée
de Christ révélée dans le texte biblique. Si cette forme d’enseignement
n’est pas à exclure dans le ministère d’un pasteur, elle ne doit jamais
être la principale méthode d’enseignement dans l’Église. La lacune
majeure de ce type de prédication est que le pasteur se restreint aux
sujets qu’il affectionne et peut traiter sans difficulté. L’exhaustivité des
vérités des Écritures, destinées à façonner la vie des croyants d’une
manière plus holistique, fait alors terriblement défaut. Si nous sou-
haitons voir des chrétiens bien équilibrés et spirituellement matures
dans nos Églises, nous devons délibérément et activement enseigner
et prêcher de manière textuelle.
L’enseignement doit être doctrinalement riche. Dans le chapitre pré-
cédent, j’ai abordé le sujet de la doctrine. Nous avons vu que la décla-
ration de foi de votre Église est importante, au même titre que celle
des chrétiens de votre assemblée. Faites-en une devise : sans solidité
doctrinale, les chrétiens ne peuvent pas devenir de solides croyants. Ils
doivent recevoir l’enseignement de la doctrine chrétienne par l’exposition
230 Le dessein de Dieu pour l’Église

régulière de la Parole de Dieu. Ils pourront ainsi voir par eux-mêmes


que ce sont des vérités divines.
La tendance actuelle consiste à se contenter de tirer des leçons dévo-
tionnelles de la Bible, au lieu d’y puiser les riches vérités doctrinales.
Nous sommes trop prompts à dire aux fidèles ce qu’ils devraient faire
sans leur présenter, au préalable, ce qu’ils devraient croire. Cela les prive
de profondes racines spirituelles. Prenons exemple sur l’apôtre Paul.
Quand il a écrit sa lettre aux Romains, il a attendu la dernière partie de
sa lettre (le chapitre 12) pour leur dire comment vivre. Dans les onze
premiers chapitres, il a couvert de nombreuses doctrines, notamment
les deux natures de Christ, la dépravation totale, la justification par la
foi seule, la grâce de Dieu, la sanctification positionnelle et progressive,
l’adoption spirituelle, la persévérance finale des saints, et l’élection éter-
nelle. Ce n’est qu’après avoir établi ces doctrines, qu’il a abordé le mode
de vie du croyant en Christ. Nous devrions enseigner les « impératifs »
de la Bible (comment vivre) à la suite des « indicatifs » de la Bible (ce que
nous devons croire).
Le but de ce livre n’est pas d’enseigner aux pasteurs comment s’y
prendre. Je cherche simplement à exhorter tous ceux qui assument un
rôle d’enseignant dans l’Église à veiller à ce que les doctrines du chris-
tianisme soient sciemment tirées des textes de la Bible. Nous n’aurons
jamais de chrétiens stables et spirituellement matures dans nos Églises
à moins de les aider à s’enraciner dans « la foi qui a été transmise aux
saints une fois pour toutes » (Jud 3).
L’enseignement doit être appliqué de manière pertinente. Nous l’avons
déjà vu à partir de l’exemple de Paul. Après avoir exposé la doctrine
chrétienne dans les onze premiers chapitres de Romains, il a enseigné
la pratique chrétienne dans les cinq chapitres restants. Il a appliqué la
doctrine à la pratique afin que les chrétiens puissent vivre d’une manière
qui plaît à Dieu. Il a parlé de la nécessité pour les chrétiens romains
d’être totalement consacrés à Dieu, d’utiliser leurs dons pour un service
mutuel, de vivre dans l’amour et de ne pas riposter en cas d’offense, de
se soumettre à ceux qui sont en position d’autorité sur eux, de s’accepter
les uns les autres dans l’Église, malgré les différences religieuses, etc.
Comment votre Église devrait-elle grandir spirituellement ? 231

Tous ces sujets étaient pertinents dans le contexte de la vie à Rome ; Paul
se souciait du fait que les croyants de cette ville vivaient en conformité
avec ce que dit la Bible, et non avec leurs pratiques culturelles.
Beaucoup de thèmes dans notre propre contexte africain nécessitent
l’éclairage du flambeau de la Bible. À mesure que la Parole de Dieu est
enseignée et que les doctrines bibliques sont exposées, nous devons passer
à la pratique. Je pense à des domaines tels que le culte des ancêtres, le
tribalisme, la corruption, les rites funéraires et funèbres, les rites d’ini-
tiation, le mariage et les relations familiales, la sexualité humaine, le chef
serviteur, les relations avec les réfugiés et les étrangers, la culture et les
traditions, la superstition et la sorcellerie, le monde des esprits (esprits
des ancêtres, Satan, les démons et les anges), les tabous, la polygamie,
les sacrifices traditionnels, la dot de la mariée et les mariages, les veuves
et les orphelins, le syncrétisme religieux, la maladie et la guérison, etc.
Comme vous pouvez le voir, la liste est infinie. Si les chrétiens veulent
grandir en maturité, ils doivent apprendre à réfléchir à ces questions du
point de vue de Dieu. Ils sauront alors comment vivre en société d’une
manière qui glorifie vraiment le Dieu de la Bible. Ces enseignements
doivent être basés sur la Bible et découler de doctrines du christianisme
tirées des Écritures.
Voici un autre appel pour clore ce chapitre : si nos Églises veulent
grandir spirituellement, nous devons aider les membres à développer une
culture de la lecture. Vous avez sans doute entendu le dicton : « Si vous
voulez cacher quelque chose à un Africain, mettez-le dans un livre. » C’est
une triste vérité. Notre peuple ne saisit pas les bienfaits de la lecture.
On ne devrait pas lire juste pour réussir à des examens. L’esprit a besoin
d’être nourri autant que le corps. Un pasteur qui inspire ses membres
à lire de bons livres chrétiens en récoltera rapidement les fruits, car
cela deviendra une aide puissante pour son ministère d’enseignement.
Beaucoup de disciples de Christ ont mis par écrit leur connaissance de
Dieu et de ses voies. Certains sont morts depuis ; d’autres vivent dans des
contrées lointaines, par-delà les mers et les continents. Pourtant, grâce à
leurs livres, les chrétiens de nos Églises peuvent tout de même accéder
à ces enseignements et en bénéficier abondamment. Par conséquent, si
232 Le dessein de Dieu pour l’Église

votre Église vise la maturité spirituelle, aidez ses membres à développer


une culture de la lecture.
Nos Églises ont besoin de grandir spirituellement. Comme je l’ai dit
au début de ce chapitre, conformément à Romains 2.24 : « Le nom de Dieu
est blasphémé parmi les païens à cause de vous. » Nous ne le savons que
trop bien. La raison principale en est le manque de maturité dans la vie
des croyants de nos Églises. De toute évidence, le blâme repose sur ceux
qui occupent le rôle d’enseignants. Il est nécessaire d’opérer un chan-
gement radical dans la façon dont nous accomplissons notre ministère.
Nous devons enseigner en restant fidèles au texte de la Bible, en extrayant
les riches doctrines de la foi chrétienne et en appliquant ces vérités de
manière pertinente à la vie du peuple de Dieu. Nous devons aussi susciter
parmi le peuple de Dieu un amour pour la lecture de bons livres chré-
tiens sains. Si nous pouvons le faire assez fréquemment, nous verrons
nos Églises produire des croyants spirituellement matures qui, à leur
tour, exerceront un impact sur notre continent, pour la gloire de Dieu.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 15

Comment votre Église devrait-elle


grandir spirituellement ?

Résumé
Une Église devrait évaluer sa croissance et sa maturité non pas en fonc-
tion de la durée de son existence, ni de ses possessions, ni du nombre
de membres qui la fréquentent, mais d’après la maturité spirituelle de
ses fidèles. C’était le fardeau des auteurs des épîtres aux Églises. Les
responsables de l’Église devraient la guider et la rallier à la croissance
spirituelle en servant de modèle, en appliquant patiemment les pratiques
bibliques de l’Église que nous venons d’examiner, et en prêchant des
sermons qui soient fidèles au texte biblique, doctrinalement solides et
pertinents dans leur application.

Questions d’étude
1. Comment se manifeste l’observation suivante « l’Église en Afrique
fait un 1 km de largeur, mais seulement 2,5 cm de profondeur » dans
votre contexte culturel ?

2. L’auteur reconnaît un certain nombre d’avantages dont bénéficient à


la fois le pasteur et l’assemblée lorsque le pasteur prêche fidèlement
les textes de la Bible, livre par livre (« prédication textuelle »), au lieu
de se concentrer sur des sujets à prêcher (« prédication thématique »).
Lequel de ces avantages a été le plus important pour vous ?
234 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. On pense que la plupart des pays africains sont majoritairement


chrétiens (80 % en Afrique du Sud, 85 % en Zambie, 70 % au Kenya,
tandis que le Nigeria compterait la sixième plus grande population
chrétienne au monde). Nombre de pasteurs fidèles sur le terrain
rejettent fermement ces chiffres. Quel est le pourcentage générale-
ment supposé de chrétiens dans votre pays ? Que répondriez-vous à
ces nombres et pourquoi ?

4. Quels sont les problèmes culturels urgents dans votre pays (repre-
nez la liste de la p. 231) qui ont besoin d’être abordés à la lumière
du flambeau de la Bible ?

5. Comment votre Église locale peut-elle développer la culture de


la lecture de bons livres chrétiens pour favoriser la maturité de
l’assemblée ?
16

COMMENT VOTRE ÉGLISE


DEVRAIT-ELLE GRANDIR
NUMÉRIQUEMENT ?

S ’il y a une chose qui me dérange à propos de la politique en Afrique,


c’est la façon dont les politiciens cherchent à attirer les foules dans
leurs partis politiques. Très peu de choses sont énoncées et comprises
sur les politiques que ces partis ont l’intention d’appliquer en cas d’élec-
tion. Les candidats se rapprochent souvent des groupes tribaux. Ainsi, les
partis représentant les plus grandes tribus sont susceptibles de rester au
pouvoir à moins qu’un génocide n’ait lieu et qu’une tribu perde sa majo-
rité écrasante. Parfois, l’approche est facilitée grâce à une personnalité
charismatique. Je me souviens d’un candidat qui a remporté un jour une
élection dans mon pays. Il a promis de réduire les impôts, et en paral-
lèle, de construire pour le peuple des maisons de trois pièces destinées à
être distribuées gratuitement. Lorsqu’on lui demandait comment il allait
y parvenir malgré une baisse des impôts, il se contentait de répondre :
« Votez pour moi et vous verrez. » Eh bien, aussi dénuée de sens que
puisse être cette réponse, il a quand même remporté l’élection grâce à
sa personnalité magnétique. Les maisons de trois pièces n’ont jamais été

235
236 Le dessein de Dieu pour l’Église

construites. La méthode qui consiste à distribuer des articles gratuits


pour augmenter le nombre de voix lors d’élections est sans doute la plus
dégradante qui soit : vêtements gratuits, nourriture gratuite, bière de mil
gratuite. Cette pratique permet de gonfler le nombre de votes des partis
politiques, y compris lors des réunions dans le cadre des campagnes.
Certains individus possèdent les cartes de membre de tous les grands
partis politiques ainsi que les vêtements pour en faire la promotion. En
fonction du parti politique dont la visite est annoncée dans la commu-
nauté, les gens rentrent vite se changer pour enfiler la tenue de rigueur
et se munir de la carte appropriée. Les dirigeants des partis politiques
n’ont même pas besoin d’expliquer comment ils espèrent développer la
nation une fois qu’ils seront élus. Ils n’ont qu’à ôter leur veste, la nouer
autour de leur taille et danser pour galvaniser la foule pendant que de la
bière de mil gratuite coule à flots… et que les promesses de votes affluent.
Le peuple n’a pas la moindre conviction sur les orientations politiques.
Tout est construit sur la politique de la faim. Avec un tel état d’esprit,
il est difficile d’entrevoir la possibilité d’avoir un jour, sur le continent,
une politique mature.
Hélas, ce même état d’esprit prévaut de plus en plus dans les Églises
en pleine croissance. Tout y est question de tribus, de leaders charis-
matiques et de consumérisme. Il y a très peu d’enseignements qui
remettent en question ce mode de pensée. À chaque émergence d’une
nouvelle Église en ville, les nouveaux convertis sont en réalité peu
nombreux. En les visitant, on constate que ce sont les mêmes per-
sonnes qui fréquentaient autrefois les autres assemblées et qui affluent
désormais vers ces nouvelles Églises. Dans certains cas, leur Église
tribale est désormais présente dans la zone. Dans d’autres cas, lassés
de leur ancien leader charismatique, ils veulent à présent en essayer
un nouveau. À moins que leur motivation ne soit d’obtenir des choses
gratuites de la nouvelle Église, dans la mesure où leur ancienne Église
se montre moins généreuse. Est-ce ainsi que se sont développées les
Églises dans le Nouveau Testament ?
Rien n’est plus exaltant à lire que le livre des Actes des Apôtres. Il
déborde d’énergie avec ces missionnaires qui révolutionnent le monde
Comment votre Église devrait-elle grandir numériquement ? 237

par la prédication de l’Évangile. Au début, ils ne sont qu’une poignée


d’hommes et de femmes. Dissimulés dans une pièce à Jérusalem,
à l’abri des chefs du peuple juif, ils attendent, selon l’instruction de
Jésus, le Saint-Esprit qu’il a promis d’envoyer. Le jour de la Pentecôte, le
Saint-Esprit survient et les remplit : ils ne seront plus jamais les mêmes.
Jérusalem, la Judée, la Samarie et le monde connu d’alors sont transfor-
més. En fait, le jour même de la Pentecôte, l’Église passe d’une poignée
de personnes à près de trois mille âmes (Ac 2.41). L’Église de Jérusalem
se met à grandir de jour en jour. On nous dit que « le Seigneur ajoutait
chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Ac 2.47). Au chapitre 4
du livre des Actes, nous lisons que le nombre de personnes est passé
de trois mille à cinq mille. La Bible rapporte : « Cependant, beaucoup de
ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes
s’éleva à environ cinq mille » (Ac 4.4). Le chapitre 6 relate que la crois-
sance était telle que les apôtres ne suffisaient plus à la tâche et négli-
geaient des veuves. C’est à ce moment qu’ils ont nommé les premiers
diacres. Assurément, il s’agit là du modèle par excellence de la croissance
numérique d’une Église !
Devrions-nous rechercher une croissance aussi phénoménale
aujourd’hui ? Cette question semble superflue puisque l’Église d’Afrique
est déjà en pleine expansion. Même les Églises qui se réunissent sous
les arbres dans les villages ne cessent de croître. Celles qui possèdent
des locaux doivent souvent abattre quelques murs et agrandir leurs bâti-
ments afin d’accueillir leur assemblée qui ne cesse d’augmenter. Même
s’il existe peu d’assemblées aussi grandes que celle de Jérusalem, il ne
fait aucun doute que nos Églises continuent de se développer en tout
lieu. Les assemblées dont le nombre décroît ou stagne sont l’exception
à cette règle. Pourquoi se donner la peine d’aborder le sujet de la crois-
sance numérique de l’Église dans ce cas ?
La question essentielle n’est pas : faut-il rechercher la croissance numé-
rique dans nos Églises ? Comme nous l’avons vu, cela se produit déjà par-
tout autour de nous. En revanche, la vraie question est celle-ci : comment
votre Église devrait-elle croître numériquement ? Autrement dit, quelle
méthode, approuvée par Dieu, nous assurera une croissance numérique ?
238 Le dessein de Dieu pour l’Église

La croissance a lieu quand les gens répondent


à l’Évangile
À la lecture du livre des Actes, il est évident que l’Église de Jérusalem
grandissait à mesure que les gens répondaient à l’Évangile. Les trois
mille premiers convertis ont été ajoutés à l’Église le jour de la Pentecôte
alors qu’ils recevaient l’Évangile :

Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom
de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du
Saint-Esprit […] Et, par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhor-
tait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse. Ceux qui acceptèrent
sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta
d’environ trois mille âmes (Ac 2.38,40,41).

Nous trouvons exactement le même témoignage lorsque l’Église est


passée à cinq mille âmes. La Bible rapporte :

Tandis que Pierre et Jean parlaient au peuple, survinrent les sacrificateurs,


le commandant du temple, et les sadducéens, mécontents de ce qu’ils ensei-
gnaient le peuple, et annonçaient en la personne de Jésus la résurrection
des morts. Ils mirent la main sur eux, et ils les jetèrent en prison jusqu’au
lendemain ; car c’était déjà le soir. Cependant, beaucoup de ceux qui avaient
entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s’éleva à environ cinq
mille (Ac 4.1-4).

Remarquez ce qui a agacé les sadducéens : c’est le message de l’Évangile


proclamé par les apôtres. Leur message était qu’en Jésus-Christ, la résur-
rection d’entre les morts était une réalité, ce qui allait à l’encontre de
la croyance et de l’enseignement des sadducéens. Ceux qui ont cru à ce
message de l’Évangile ont été ajoutés à l’Église de Jérusalem.
Nous devons le souligner à nouveau de nos jours. La croissance de
l’Église devrait se produire par la prédication de l’Évangile. Seuls ceux qui
répondent à l’Évangile par la repentance et la foi devraient être ajoutés à
l’Église. Nous avons déjà évoqué le sujet en expliquant pourquoi l’Évangile
est si important pour l’Église (au chapitre 4), et qui doit être considéré
Comment votre Église devrait-elle grandir numériquement ? 239

comme membre d’Église (au chapitre 5). Nous avons vu, au chapitre 4,
que l’Évangile est crucial pour l’Église, car c’est grâce à ce message qu’elle
gagne ses nouveaux membres. Dans ce chapitre, nous avons aussi défini
ce qu’est l’Évangile, à quoi les gens ont besoin de répondre pour être
sauvés et devenir membres d’une Église. Nous avons également noté
que le Saint-Esprit utilise ce message pour transmettre la vie spirituelle
à ceux qui seraient spirituellement morts autrement, demeurant ainsi
sous la colère du Dieu Tout-Puissant. Au chapitre 5, nous avons vu que
les non-chrétiens ne peuvent pas devenir membres d’une Église, car
ils sont spirituellement morts, esclaves du monde, du diable et de leur
propre nature pécheresse. Cela change uniquement à partir du moment
où ils reçoivent l’Évangile : ils deviennent alors de nouvelles créatures
en Christ. Seules les personnes ayant été régénérées spirituellement et
moralement devraient être accueillies en tant que membres de l’Église.
Par conséquent, nous ne saurions trop insister sur l’importance de prê-
cher assidument et avec précision à partir de l’Évangile afin d’assurer la
croissance numérique de l’Église.
La tendance moderne consistant à recourir à des « miracles » pour
accroitre le nombre de fidèles est pour le moins alarmante. Que ces
miracles se produisent ou non n’est pas la question. Ce qui est sûr,
c’est que les personnes qui fréquentent des Églises pour y chercher
ou y trouver autre chose que le salut en Christ seront toujours per-
dues dans le péché, et condamnée à l’enfer. Seule l’œuvre régénératrice
du Saint-Esprit, résultant de la repentance devant Dieu et de la foi au
Seigneur Jésus-Christ, peut faire d’une personne un véritable chrétien.
Il ne fait aucun doute que les allégations de miracles attirent une grande
foule dans l’Église. L’attitude du Seigneur Jésus-Christ envers ceux qui
le suivaient à cause de ses miracles était la prudence, et non l’enthou-
siasme. Il leur a dit : « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais
pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme
vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu lui-même a marqué de
son sceau » (Jn 6.27). Il voulait qu’ils cherchent auprès de lui le salut, et
non la nourriture physique. Cela devrait être notre attitude également
lorsque nous recherchons la croissance numérique de notre Église. Il
240 Le dessein de Dieu pour l’Église

nous faut encourager les gens à rechercher véritablement le salut de leur


âme. Voir ou expérimenter des miracles ne se traduit pas automatique-
ment par la foi en Jésus-Christ pour le pardon des péchés. En fait, cela
devient souvent une distraction. Tout ce que les gens veulent, c’est ce
qui leur sera bénéfique matériellement ou physiquement. C’est temporel,
alors que leur plus grand besoin est spirituel.

La croissance a lieu par l’œuvre du Saint-Esprit


Il ne fait aucun doute que nous devons répandre activement l’Évangile si
nous voulons assister à une croissance numérique dans nos Églises. C’est
ce que nous avons vu dans les Actes. L’Évangile était activement prêché
en tout lieu, et les gens se convertissaient en répondant positivement au
message. Ils étaient ajoutés à l’Église, laquelle grandissait. Néanmoins,
derrière toute cette fertilité se trouvait l’œuvre du Saint-Esprit. Lui seul
convertit les cœurs de pierre en cœurs tendres. Lui seul donne la vue aux
aveugles spirituels, leur permettant ainsi de croire au Sauveur crucifié.
Le Saint-Esprit est la troisième Personne de la Sainte Trinité bénie.
Il ne peut être manipulé. Il est souverain et fait ce qu’il veut. Nous ne
pouvons jamais anticiper quel individu il convertira et à quel moment.
C’est ce que Jésus a enseigné à Nicodème lorsqu’il a dit :

En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne


peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et
ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut
que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le
bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme
qui est né de l’Esprit (Jn 3.5-8).

Dans ce passage, Jésus a enseigné deux leçons essentielles à Nicodème.


La première : les êtres humains sont totalement incapables de générer des
conversions spirituelles. Il a dit : « Ce qui est né de la chair est chair, et
ce qui est né de l’Esprit est esprit » (v. 6). En tant qu’êtres humains, il ne
nous est possible d’engendrer d’autres êtres humains que par le proces-
sus naturel de l’accouchement. Seul le Saint-Esprit est capable de donner
Comment votre Église devrait-elle grandir numériquement ? 241

naissance spirituellement. Lorsque l’on aborde le sujet de la croissance


de l’Église, il est impératif de rappeler cette vérité. Seul l’Esprit Saint est
capable de nous donner de nouvelles recrues du monde et de les incor-
porer à l’Église en tant qu’âmes nouvellement régénérées. Il est l’Esprit
qui donne la vie. Il est à même de ressusciter les morts spirituels et d’en
faire des enfants de Dieu. Nous devrions remercier Dieu de sa présence
actuelle dans le monde qui œuvre précisément dans ce sens.
La deuxième leçon que Jésus a enseignée à Nicodème est la suivante :
dans l’œuvre de la régénération, le Saint-Esprit est totalement souve-
rain. Il fait ce qu’il veut. Jésus a dit : « Le vent souffle où il veut, et tu en
entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi
de tout homme qui est né de l’Esprit » (v. 8). En grec, le mot « esprit » et
le mot « vent » sont exactement le même mot. Il n’est possible de dire
dans quel sens l’auteur a employé le terme qu’à la lecture du contexte.
Les traducteurs ont choisi d’utiliser le mot « vent » dans la première
partie de ce verset, et « Esprit » dans la dernière partie. Quelle que soit
la traduction retenue dans la première partie du verset, notre Seigneur
a voulu souligner que l’œuvre du Saint-Esprit échappe totalement au
contrôle humain. Le vent souffle où il veut. Vous ne pouvez en entendre
que le son. Impossible d’indiquer où il va et à quel moment. Vous n’êtes
qu’un destinataire de son activité souveraine. Enfin, Jésus a conclu en
disant que cela est transposable à tous ceux qui sont nés de l’Esprit. Les
êtres humains ne peuvent pas manipuler ce processus. Le Saint-Esprit
est absolument souverain quant au choix de ceux qu’il régénère.
Cela étant dit, il est également crucial de dénoncer une idée fausse
qui justifie souvent un nombre perpétuellement faible dans une Église
par l’affirmation que le Saint-Esprit retient ses bénédictions. Ce genre de
raisonnement est suspect, dès lors que l’Église voisine fait l’expérience
de la bénédiction du même Saint-Esprit par le salut de nombreuses
âmes. On a tendance à supposer que l’Église qui grandit doit utiliser des
moyens mondains, tandis que l’Église qui stagne ou diminue est réelle-
ment spirituelle. Ce n’est pas nécessairement le cas. Cela pourrait bien
être révélateur d’un manque de ferveur évangélisatrice et d’une paresse
spirituelle. Il est primordial de sonder le cœur dans de telles situations.
242 Le dessein de Dieu pour l’Église

Il faut toutefois noter que, du fait que le Saint-Esprit donne une nou-
velle naissance à qui il veut, il peut, temporairement, refuser cette béné-
diction ; les conversions sont alors très rares. Dans ces cas-là, l’Église stagne
numériquement. En fait, il peut même y avoir une diminution temporaire
du nombre des fidèles. L’œuvre d’évangélisation ne doit pas être délaissée
pour autant. Nous ne devons pas davantage recourir à des moyens de pres-
sion ou à des astuces pour inciter les gens à venir. Demeurons fidèles dans
la diffusion de l’Évangile. Le travail d’ensemencement doit se poursuivre.
C’est cette même semence que le Saint-Esprit fera germer dans les âmes
de son peuple quand il sera enclin à donner vie aux morts.

La croissance est un fruit de la prière


Notre rôle dans la question de la croissance numérique est celui de la
prédication et de la prière. En prêchant, nous répandons la semence. En
priant, nous demandons à l’Esprit Saint de vivifier ceux qui entendent
afin que la semence disséminée puisse germer dans leur cœur.
L’ensemencement n’est rien si le Saint-Esprit n’infuse pas la vie à la
place de la mort. L’apôtre Paul y a fait allusion lorsqu’il écrit : « J’ai planté,
Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui
qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait
croître » (1 Co 3.6,7). Si nous souhaitons que notre Église grandisse numé-
riquement d’une manière qui honore Dieu, nous devons être une Église
qui prie. Cela ne garantit pas la croissance, mais c’est le signe évident
que nous comprenons notre totale dépendance vis-à-vis de Dieu quant
à la croissance de notre Église.
La prière nous préserve aussi dans notre vision et notre vie spiri-
tuelle. Nous voyons la croissance comme un effet du salut des individus
et de leur entrée dans le royaume de Dieu, ce qui est notre désir premier.
Dans la prière, nous ne demandons pas à Dieu de faire croître notre
Église. Nous lui demandons, en revanche, de faire croître son royaume
pour qu’il soit glorifié. Nous disons : « Notre Père, qui es aux cieux ! Que
ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur
la terre comme au ciel » (Mt 6.9,10). C’est ainsi que l’Église du Nouveau
Comment votre Église devrait-elle grandir numériquement ? 243

Testament s’est étendue. Les apôtres n’étaient pas des spécialistes de la


croissance de l’Église. Ils exécutaient le Grand Mandat que Jésus leur avait
confié. Nous avons vu, à maintes reprises, à quel point les directives de
Jésus sont cruciales pour notre compréhension de l’Église. Nous devrions
toujours y revenir pour éviter de nous égarer. Jésus avait commandé à
ses apôtres : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.
Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28.18,19). Ceux à qui les apôtres ont
prêché l’Évangile, et qui se sont repentis et ont cru, ont été baptisés ; ils
ont été ajoutés à l’Église, et l’Église a grandi. Suivons leur exemple. Ne
nous intéressons pas uniquement aux chiffres. Demandons à Dieu, dans
la prière, et désirons de tout cœur le salut de ceux avec qui nous parta-
geons l’Évangile. Notre Église grandira, parce que les gens répondront à
l’Évangile que nous leur transmettrons par la puissance du Saint-Esprit.
C’est le seul type de croissance de l’Église qui soit vraiment agréable à
Dieu, parce qu’elle est centrée sur sa gloire et non sur la nôtre.

La croissance ne doit jamais se faire au détriment


de la piété
Lorsque les gens sont consumés par le zèle de voir leur Église grandir
numériquement, ils peuvent tomber dans le piège de désirer le grand
nombre au détriment de la piété. Il est intéressant de noter que l’Église
de Jérusalem grandissait alors que les apôtres exerçaient la discipline
d’Église. Peu de temps après que l’Église ait atteint la barre des cinq mille
âmes, un homme, nommé Ananias, et sa femme, Saphira, ont vendu
un bien ; quand ils ont apporté l’argent aux apôtres, ils ont prétendu
que c’était tout ce qu’ils avaient perçu de cette vente. Or, ils mentaient.
L’apôtre Pierre les a confrontés à ce sujet, chacun à son tour, et ils sont
morts sur le coup, l’un après l’autre. On nous dit qu’à la suite de cet
événement, « une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de
tous ceux qui apprirent ces choses » (Ac 5.11). La quantité ne doit jamais
remplacer la qualité dans l’Église. Tel a été le message de Dieu et de ses
apôtres lors de ce stupéfiant événement disciplinaire.
244 Le dessein de Dieu pour l’Église

Les dirigeants de l’Église craignent souvent de recourir à la disci-


pline ; ils redoutent de perdre certains fidèles. La première fois que j’ai
été témoin de cette peur, c’était avant de devenir pasteur. Je travaillais
comme ingénieur dans les mines de cuivre zambiennes. Un soir, j’ai vu
une voisine, qui était mère célibataire, recevoir un homme marié. Alors
qu’elle l’escortait jusqu’à la voiture le lendemain matin, tout prouvait qu’il
s’agissait d’un adultère. Je suis allé confronter la dame le jour même. Elle
m’a simplement mis en garde en me disant qu’elle me verserait de l’huile
bouillante sur la tête si jamais je racontais aux anciens de son Église ce
que j’avais vu. En quittant sa maison, je lui ai conseillé de mettre l’huile
à chauffer sur le poêle, parce qu’elle allait en avoir besoin ! Eh bien, à ma
grande surprise, lorsque j’ai rapporté les faits aux anciens de son Église,
ils m’ont répondu : « Nous ne pouvons pas la confronter. Si nous le faisons,
nous la perdrons. » J’étais sidéré. Je n’aurais jamais pensé entendre cela de
la part de responsables d’Église. C’était il y a plus de trente ans. Depuis, j’ai
appris. Nombre de dirigeants d’Église ignorent volontairement le péché
par peur de perdre des membres. En vérité, lorsque la discipline d’Église
est gérée correctement et que le péché tenace est puni, l’Église peut certes
perdre des membres pendant un temps, mais bien souvent, la bénédic-
tion de Dieu ne tarde pas à visiter l’Église. Le péché dissimulé afflige
le Saint-Esprit ; il retire alors ses influences gracieuses d’une Église. Le
nombre de personnes dans l’Église semble augmenter, mais généralement,
il ne s’agit pas de personnes vraiment converties. L’Église devient alors une
« synagogue de Satan » (Ap 2.9 ; 3.9), plutôt qu’une Église de Jésus-Christ.
L’Église est censée être le « sel de la terre » et la « lumière du monde »
(Mt 5.13-16). Quel est l’intérêt d’avoir des milliers de membres d’Église si
le sel a perdu sa saveur et se retrouve « foulé aux pieds par les hommes » ?
(v. 13.) En quoi le nombre de membres dans notre Église devrait-il nous
réjouir s’il y manque les bonnes œuvres censées briller devant les
hommes pour qu’ils les voient et « glorifient [notre] Père qui est dans
les cieux » (v. 16) ? Les grandes assemblées dénuées de piété ne signifient
rien aux yeux de Dieu. Les anciens de l’Église devraient être disposés
à perdre leur position dans l’Église plutôt que de permettre au péché
flagrant d’y demeurer impuni.
Comment votre Église devrait-elle grandir numériquement ? 245

Dès lors que vous mettez l’accent sur la piété, vous constatez, dans
la plupart des cas, que votre Église ne connaît pas la croissance la plus
fulgurante. Jésus a dit : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte,
spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui
entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent
à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Mt 7.13,14). Les gens veulent
appartenir à une Église où ils seront autorisés à vivre comme ils l’en-
tendent, plutôt que d’être mis au défi de vivre selon la Parole de Dieu.
Paul a averti Timothée que ce phénomène serait caractéristique des der-
niers temps. Il a dit : « Car il viendra un temps où les hommes ne sup-
porteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre
des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs
propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers
les fables » (2 Ti 4.3,4). Ainsi, le fait qu’une Église soit remplie ne signifie
pas nécessairement qu’elle est bénie de Dieu le Saint-Esprit. Bien souvent,
c’est parce que le péché y est toléré. Ne suivez pas de tels exemples. Ils
vont à l’encontre de la raison d’être même de l’Église.
Nous devons rechercher une véritable croissance spirituelle, mais
nous ne devrions pas pour autant mépriser les Églises qui acceptent
la présence de beaucoup de non-chrétiens ; en effet, cela donne l’oc-
casion aux non-croyants d’entendre l’Évangile. Tant que ces Églises ne
transforment pas le culte en divertissement, nous devrions remercier
Dieu pour la soif spirituelle dans la communauté, qui pousse les gens à
fréquenter l’Église bien avant leur conversion. Nous pouvons accueillir
ces grandes foules tant que les personnes non converties ne sont pas
désignées comme des membres d’Église à part entière (souvent pour
s’assurer de leur présence uniquement). Seules les personnes converties
peuvent être ajoutées à la liste des membres de l’Église.
La tragédie actuelle est que la croissance de l’Église en Afrique com-
prend majoritairement des personnes non converties. C’est un phéno-
mène regrettable qui a abouti à de graves compromis spirituels. Les
Églises sont devenues des clubs sociaux ou tribaux, plutôt que « l’Église
du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité » (1 Ti 3.15). Cela doit
changer si nous tenons à ce que l’Église glorifie Dieu. Notre soif de
246 Le dessein de Dieu pour l’Église

nombres nous pousse à utiliser des moyens insidieux pour accroitre


le nombre des membres. Un mauvais esprit de compétition entre les
Églises vient parfois alimenter cela. Cessons d’essayer d’impressionner
les autres et recherchons la gloire de Dieu seul ! C’est ce qui nous pous-
sera à nous soucier du salut des âmes avant de les amener à devenir des
membres d’Église.
Nous vivons à une époque où les nombres comptent beaucoup. La
qualité est sacrifiée au profit de la quantité. Les entreprises le font et
s’en tirent souvent à bon compte. Cette attitude du monde semble s’être
immiscée dans l’Église. Si les chiffres sont mis en avant aujourd’hui, ce
n’est pas ce qui compte le plus aux yeux de Dieu. Le budget de l’Église
ne reflète pas nécessairement sa spiritualité. Ainsi donc, lorsque nous
recherchons la croissance numérique, ne le faisons pas au détriment de
la croissance spirituelle. Les deux doivent aller de pair. Si, par fidélité
à la vérité, l’Église traverse une longue période de faible croissance ou
de stagnation, que le peuple de Dieu ne se décourage pas et qu’il reste
fidèle à son Seigneur ! C’est ce qui compte par-dessus tout.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 16

Comment votre Église devrait-elle


grandir numériquement ?

Résumé
De nombreuses Églises en Afrique connaissent une croissance numérique.
La vraie préoccupation n’est pas de savoir si nous allons attirer des gens,
mais si les méthodes que nous utilisons pour les attirer sont fidèles à
la Parole de Dieu. Seuls ceux qui répondent favorablement à l’Évangile
devraient être intégrés à l’Église en qualité de membres ; nous devrions
par conséquent poursuivre notre croissance en prêchant l’Évangile.
Attendons-nous à ce que la croissance vienne de l’œuvre du Saint-Esprit
et recherchons cette croissance dans la prière, sans pour autant désirer
la croissance numérique au détriment de la maturité spirituelle.

Questions d’étude
1. Dans notre contexte africain, où les Églises grandissent rapidement,
qu’elles prêchent ou non la vérité, comment nous assurer de rester
fidèles, même durant les saisons où le Seigneur ne semble pas aug-
menter le nombre des nouveaux convertis ?

2. Selon vous, comment est-il possible de manipuler les gens et de se


retrouver avec une croissance numérique qui n’est pas une œuvre
surnaturelle du Saint-Esprit, mais une œuvre découlant d’un pur
charisme humain ?
248 Le dessein de Dieu pour l’Église

3. « L’attitude du Seigneur Jésus-Christ envers ceux qui le suivaient


à cause de ses miracles était la prudence et non l’enthousiasme »
(p. 239). En quoi l’attitude de Jésus dans Jean 2.23-25 reflète-t-elle
cette déclaration ? De quoi Jésus se soucie-t-il ?

4. Quels compromis avez-vous été tenté de faire dans votre Église locale
afin d’attirer plus de monde ? Dans quelles tentations avez-vous vu
d’autres Églises tomber ?

5. L’auteur nous conseille de nous soucier davantage, dans nos prières,


de la croissance du royaume de Dieu que de la croissance de notre
Église en particulier (p. 242). Votre intérêt pour votre Église locale
est-il équilibré par rapport à votre intérêt pour le royaume plus vaste
de Dieu (voir Mt 6.10) ?
17

QUELS RAPPORTS VOTRE


ÉGLISE DEVRAIT-ELLE
ENTRETENIR AVEC LES
AUTRES ÉGLISES ?

I l y a quelques années, ma famille vivait dans un arrondissement très


proche d’un quartier résidentiel plus pauvre et gangrené par la cri-
minalité. La différence économique entre les deux zones d’habitat était
comme la nuit et le jour, caractéristique commune dans bon nombre
de nos villes africaines. Il ne se passait pas une semaine sans que nous
parvienne la nouvelle d’un cambriolage nocturne d’une maison de notre
quartier. Finalement, un homme a convoqué les chefs de famille de notre
zone résidentielle. Il nous a demandé de former un groupe de surveillance
du quartier. Accompagnés d’un policier armé, les hommes se relayaient
pour patrouiller dans le secteur la nuit. Généralement, cela impliquait
trois hommes à la fois. Les foyers ne pouvant y participer apportaient
leur soutien en fournissant des collations aux équipes de patrouille de
nuit. Des dons ont été récoltés pour l’achat d’un téléphone cellulaire
servant d’assistance téléphonique. En cas de vol, l’équipe de patrouille

249
250 Le dessein de Dieu pour l’Église

était avertie sur-le-champ et se précipitait pour prêter main-forte. C’était


souvent entre minuit et le petit matin, juste avant le lever du soleil. J’y
ai participé plusieurs fois. Nous consacrions la plupart de notre temps
à patrouiller dans ce quartier résidentiel plus pauvre ainsi que le nôtre.
Les cambrioleurs n’utilisaient pas de voitures. Ils marchaient. Ils por-
taient les biens volés sur leur tête. Quand nous étions avertis d’un vol
commis dans les parages, nous avions vite fait d’attraper les voleurs tan-
dis qu’ils essayaient de regagner leur lieu de vie. L’existence du groupe
de surveillance du quartier a été de courte durée. En effet, la nouvelle
a vite fait le tour du quartier gangrené par la criminalité : beaucoup de
leurs amis avaient été attrapés. Aussi le nombre des cambriolages a-t-il
considérablement diminué. Notre effort collectif a porté ses fruits. Les
foyers individuels n’auraient pas pu, à eux seuls, renverser cette ten-
dance, mais en travaillant conjointement, le niveau de criminalité a pu
être réduit. Les Églises devraient, elles aussi, se serrer les coudes quand
il s’agit d’obéir au Grand Mandat.

Pourquoi les Églises devraient-elles être en contact


avec d’autres Églises ?
Le Seigneur Jésus-Christ nous a confié le Grand Mandat. Ce livre l’a men-
tionné un certain nombre de fois : « Allez, faites de toutes les nations des
disciples… » (Mt 28.19.) Il est impossible pour une Église de réaliser cela
toute seule. Les Églises doivent travailler conjointement pour accomplir
cette tâche à l’échelle mondiale. Pourquoi ? Parce que Jésus a tendance
à distribuer ses dons et ses ressources différemment dans ses Églises.
Certaines assemblées disposent de ressources humaines considérables ;
d’autres ont des fonds susceptibles de les aider à accomplir ce travail mis-
sionnaire majeur. Certaines Églises ont une affection particulière pour la
prière ; d’autres sont suffisamment proches des besoins pour intervenir et
apporter une aide de manière concrète. Les Églises qui restent tournées
vers l’intérieur n’accompliront jamais grand-chose pour Christ. Seules les
Églises conscientes de l’ampleur de la tâche que Jésus a confiée à l’Église
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 251

voient la nécessité de se rapprocher d’autres Églises en vue d’une coopé-


ration. À quoi ressemble cette coopération concrètement ?
Avant de répondre à cette question, mentionnons une raison sup-
plémentaire de tisser des liens avec d’autres Églises locales. En vérité,
le corps de Christ ne se limite pas à votre Église locale. Le corps de
Christ inclut les croyants de votre assemblée et d’autres Églises locales
à travers le monde, partout où l’Évangile a porté ses fruits. Selon la
Bible, nous formons tous un seul corps et une seule et même famille.
Il est donc logique de tisser des liens de réciprocité, car nous sommes
vraiment frères et sœurs en Christ, malgré nos différentes localisations
géographiques, nos cultures, nos ethnies et nos langues.
L’apôtre Paul a écrit aux Romains : « Car, comme nous avons plu-
sieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas
la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un
seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres »
(Ro 12.4,5). Le fait même qu’il se soit inclus dans ce « seul corps en
Christ » suggère qu’il ne le limitait pas à la seule Église de Rome. Il fai-
sait référence à l’ensemble des croyants en Christ, parce qu’il n’était pas
lui-même membre de l’Église de Rome. De même, avant son ascension,
le Seigneur Jésus-Christ a prié spécifiquement pour que son peuple sur
terre reflète l’unité qui existe au sein de la Trinité :

Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui
croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père,
tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous,
pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que
tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn 17.20-22).

Jésus a prié non seulement pour ceux qu’il avait appelés à le suivre
quand il était sur terre, mais aussi pour tous ceux qui deviendraient
croyants par leur témoignage. Quelle était sa prière ? Il a prié que tout
son peuple soit uni, comme Dieu est uni dans la Trinité. Cela est accom-
pli, dans une certaine mesure, par l’œuvre de l’Esprit Saint dès qu’il
nous baptise en Christ, au moment de notre conversion. Néanmoins,
252 Le dessein de Dieu pour l’Église

cela doit être mis concrètement en pratique, à mesure que les croyants
apprennent à tisser des liens de réciprocité dans l’Église locale et au-delà.
Un autre passage de la Bible qui enseigne cette unité des croyants
au-delà de l’Église locale est 1 Corinthiens 12 :

Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les


membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps,
ainsi en est-il de Christ. Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un
seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves,
soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit (1 Co 12.12,13).

Lorsque nous devenons chrétiens, nous ne sommes pas simplement


immergés dans un seul corps, le corps de Christ ; nous sommes aussi
scellés par un seul Esprit, l’Esprit du Dieu vivant, qui vient résider
en nous définitivement. Il en résulte un véritable sentiment fraternel
avec les autres chrétiens, où qu’ils se trouvent. Nous formons une vraie
famille en Christ.
Peut-être un passage supplémentaire nous convaincra-t-il que les
relations avec d’autres chrétiens ne se limitent pas à notre Église locale :
Jean, chapitre 10. Le Seigneur Jésus-Christ y déclare :

Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît


et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai
encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut
que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau,
un seul berger (Jn 10.14-16).

Nous n’avons qu’un seul berger et il n’a qu’un seul troupeau. Certes,
nous nous trouvons dans différents endroits du monde et nous nous
rassemblons dans des bâtiments qui ne se ressemblent pas. Pourtant,
aux yeux du Seigneur Jésus-Christ, nous ne formons qu’un seul trou-
peau. Ne perdons jamais cela de vue.
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 253

Pour quelles activités les Églises peuvent-elles


s’associer ?
À l’évidence, d’après le Grand Mandat, les Églises doivent s’associer pour
s’entraider dans le but d’apporter l’Évangile au monde entier. Tout le
reste en découle. Les chapitres 8 et 9 de 2 Corinthiens en sont une bonne
illustration. La famine avait sévi en Judée. Paul voulait s’assurer que les
Églises en Europe (dans les provinces de Macédoine et d’Achaïe) viennent
en aide à leurs frères et sœurs en Judée, de sorte qu’ils puissent surmonter
cette période particulièrement éprouvante. Il faudrait lire l’intégralité de
2 Corinthiens 8 et 9 pour en apprécier tout le contexte. Néanmoins, les
versets suivants résument très bien ce qui se passe lorsque les Églises
s’organisent pour s’entraider :

Car le secours de cette assistance non seulement pourvoit aux besoins des
saints, mais il est encore une source abondante de nombreuses actions de
grâces envers Dieu. En considération de ce secours dont ils font l’expérience, ils
glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l’Évangile de Christ,
et de la libéralité de vos dons envers eux et envers tous ; ils prient pour vous,
parce qu’ils vous aiment à cause de la grâce éminente que Dieu vous a faite.
Grâces soient rendues à Dieu pour son don merveilleux ! (2 Co 9.12-14.)

Dans ce passage des Écritures, certains domaines de coopération


entre Églises sont mis en évidence.
Tout d’abord, les Églises se sont engagées collectivement dans « le
secours de cette assistance », qui répondait aux besoins des chrétiens.
Paul relève « la libéralité de [leurs] dons envers eux ». Les Églises de
Macédoine et d’Achaïe ont contribué généreusement à ce projet de lutte
contre la famine. Un peu plus tôt, dans 2 Corinthiens 8, il est question
d’un individu choisi conjointement par les Églises pour escorter Paul, qui
allait apporter cette collecte de l’Europe vers l’Asie Mineure. Il a écrit :

Nous envoyons avec lui le frère dont la louange en ce qui concerne l’Évangile
est répandue dans toutes les Églises ; de plus, il a été choisi par les Églises
pour être notre compagnon de voyage dans cette œuvre de bienfaisance,
254 Le dessein de Dieu pour l’Église

que nous accomplissons à la gloire du Seigneur lui-même et en témoignage


de notre bonne volonté (2 Co 8.18,19).

Ainsi, les Églises ont non seulement uni leurs forces pour recueillir
des fonds, mais elles ont également assuré la responsabilité des fonds
en choisissant ensemble une personne qui convoierait l’argent collecté.
Les Églises ne devraient pas uniquement travailler sur des projets
de nature sociale, mais elles devraient aussi joindre leurs efforts pour
soutenir le travail missionnaire d’implantation d’Églises. Quiconque lit
le Nouveau Testament ne tarde pas à découvrir que les Églises ont bel
et bien travaillé ensemble dans ce domaine. L’apôtre Paul en est un bon
exemple. Il a d’abord été soutenu par l’Église d’Antioche, alors qu’il a
entrepris son premier voyage missionnaire avec Barnabas, dans Actes 13.
Par la suite, lors de son deuxième voyage missionnaire avec Silas, après
avoir implanté l’Église à Philippes, cette dernière assemblée de chrétiens
s’est chargée, en grande partie, de son soutien financier, comme il le
souligne dans Philippiens 4.15. Cela dit, à certains moments, d’autres
Églises, comme l’Église de Rome, l’ont également assisté (Ro 15.24).
Deuxièmement, les Églises ont coopéré dans le domaine de la prière.
Cette pratique est née des activités communes des Églises. La générosité
des Églises de Macédoine et d’Achaïe a eu pour fruit « de nombreuses
actions de grâces envers Dieu » de la part des Églises de Judée. Une autre
conséquence a été que les Églises de Judée les aimaient et priaient pour
eux, comme l’a exprimé Paul dans le passage précité (2 Co 9.12-14). Les
Églises ne devraient pas se contenter de prier pour ce qui se passe en
leur sein. Il est également indiqué de prier pour d’autres Églises, en par-
ticulier celles avec lesquelles les échanges sont réguliers. Alors qu’elles
travaillent ensemble pour la cause de l’Évangile, elles ont le devoir de
se soutenir mutuellement devant le trône de Dieu.
Nous devons prier pour d’autres Églises et d’autres chrétiens. Paul a
écrit aux Éphésiens au sujet du combat spirituel que tout croyant doit mener
et les a exhortés ainsi : « Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de
prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et
priez pour tous les saints » (Ép 6.18). Notez qu’il dit « pour tous les saints ». Il
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 255

n’a pas précisé s’il faisait uniquement allusion aux saints de l’Église d’Éphèse,
pour la simple et bonne raison que tout chrétien a besoin du soutien des
autres chrétiens dans la prière. Par exemple, les Églises situées en dehors
du monde musulman devraient prier pour les Églises situées en territoire
musulman, à cause de la persécution qu’y subissent les frères et sœurs. Ils
ont besoin de la grâce de Dieu pour persévérer malgré l’adversité.
Pour que les Églises puissent œuvrer conjointement dans des projets,
des missions et dans la prière, il faut une communication cohérente. À
l’époque de la rédaction du Nouveau Testament, la communication était
particulièrement compliquée. Il n’y avait ni bureau de poste, ni télé-
graphe, ni téléphone. Il n’y avait ni Internet ni textos. Cela n’empêchait
pas les Églises de faire de leur mieux pour se tenir réciproquement infor-
mées. Chaque fois qu’un frère ou une sœur en Christ voyageait d’une
ville à l’autre, on s’assurait que l’Église de cette ville en soit informée
par l’Église d’origine de cette personne. De même, à son retour, cette
dernière rapportait des nouvelles de l’Église visitée.
Dans le même ordre d’idées, si vous lisez les épîtres de l’apôtre Paul,
vous découvrez vite qu’elles mentionnent des individus ayant été spé-
cifiquement envoyés pour parler aux Églises de sa propre situation en
tant que missionnaire. Il savait qu’en l’absence de nouvelles, les Églises
ne lui enverraient aucune aide et ne prieraient pas pour lui de manière
ciblée. Cela n’était possible que grâce à une communication suivie. Il a
écrit, par exemple :

Tychique, le frère bien-aimé et le fidèle ministre, mon compagnon de service


dans le Seigneur, vous communiquera tout ce qui me concerne. Je l’envoie
exprès vers vous, pour que vous connaissiez notre situation, et pour qu’il
console vos cœurs. Je l’envoie avec Onésime, le frère fidèle et bien-aimé, qui
est des vôtres. Ils vous informeront de tout ce qui se passe ici (Col 4.7-9).

Il a rédigé aux Romains une lettre d’éloge au sujet de Phœbé, dans


laquelle il a dit :

Je vous recommande Phœbé, notre sœur, qui est diaconesse de l’Église de


Cenchrées, afin que vous la receviez en notre Seigneur d’une manière digne
256 Le dessein de Dieu pour l’Église

des saints, et que vous l’assistiez dans les choses où elle aurait besoin de
vous, car elle en a aidé beaucoup ainsi que moi-même (Ro 16.1,2).

Cela montre à quel point la communication était importante pour


l’apôtre Paul. Elle doit l’être aussi pour nous. À notre époque où la tech-
nologie facilite la communication instantanée à distance (par textos,
courrier électronique et réseaux sociaux, entre autres), nos Églises et
nos missionnaires n’ont aucune excuse de ne pas communiquer avec les
Églises sœurs. C’est ce qui alimente nos vies de prière les uns pour les
autres et augmente notre sentiment de communion en tant qu’Églises.
Il ne fait aucun doute que les structures confessionnelles sont d’un
grand soutien dans la coopération et la communication entre Églises. Grâce
à de telles structures, les Églises peuvent s’impliquer ensemble dans des
activités conjointes : l’organisation de conférences communes, l’implanta-
tion d’Églises, la gestion d’un institut biblique, d’une école ou d’une univer-
sité pour former des pasteurs, le développement d’un ministère chrétien
de publication, la gestion d’un établissement de santé comme une clinique
ou même un hôpital, l’aide aux sinistrés, l’ouverture d’un orphelinat, le
développement de fonds de retraite pour les pasteurs et autres employés
de l’Église, la gestion d’une station de diffusion pour la radio ou la télé-
vision, etc. La liste est interminable. Cependant, même les Églises qui ne
font pas partie de telles structures confessionnelles devraient apprendre
à travailler avec d’autres assemblées chrétiennes pour réaliser ce qui est
autrement impossible pour la plupart des Églises de manière individuelle.

Où tracer les limites ?


Nous sommes un seul corps de Christ et nous avons un « Grand Mandat »
commun à remplir. Pourtant, il n’est pas toujours possible pour une
assemblée chrétienne de se lier et de coopérer avec toutes les autres
Églises. La question à se poser est donc la suivante : où doit-on concrè-
tement tracer des limites ?
La limite doctrinale est évidente. Nous avons souligné, tout au long de
ce livre, que la doctrine est importante. L’Église est décrite comme étant
« la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 257

de la vérité » (1 Ti 3.15). L’enseignement de la vérité sur Jésus-Christ et la


diffusion de cette vérité est l’une des fonctions premières de l’Église sur
terre. En conséquence, il est logique de constater une association plus
étroite des Églises qui partagent la même compréhension de ce que dit
la Bible sur le salut de l’âme et d’autres domaines de la révélation divine.
En regagnant Antioche, après leur voyage missionnaire, Paul et
Barnabas ont constaté que les personnes venues de Jérusalem proposaient
un enseignement contraire à celui qu’ils avaient inculqué à l’Église. Ils
n’ont pas fermé les yeux sur ce problème en prétextant vouloir préserver
l’unité et la communion. La Bible rapporte ceci :

Quelques hommes, venus de Judée, enseignaient les frères, en disant : « Si


vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. »
Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion ; et les
frères décidèrent que Paul et Barnabas, et quelques-uns des leurs monte-
raient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens, pour traiter cette question
(Ac 15.1,2).

Cette question doctrinale devait être réglée avant que de vraies rela-
tions fraternelles puissent se poursuivre.
Il doit en être de même pour nous aujourd’hui. Bien qu’entre un chré-
tien et un autre ou entre une Église et une autre les croyances ne soient
jamais exactement les mêmes en tout point, il est toujours important
de ne s’associer qu’avec les Églises qui adhèrent aux mêmes croyances
doctrinales principales, en particulier sur la question de la conversion.
Les Églises qui ont perdu l’Évangile doivent être évangélisées, et non
considérées comme des assemblées chrétiennes. De même, ceux qui
professent être chrétiens, tout en enseignant un salut par les œuvres,
devraient être évangélisés, et non considérés comme des frères en Christ.
La coopération entre Églises peut également être affectée par la
manière dont les différentes Églises pratiquent leur culte. La vérité en
laquelle nous croyons détermine la façon dont nous vivons en tant que
croyants, et aussi en tant qu’Églises locales. Rappelez-vous : avant que
l’apôtre Paul ne décrive l’Église comme étant la colonne et l’appui de la
vérité, il a parlé à Timothée de la nécessité pour l’Église de se conduire
258 Le dessein de Dieu pour l’Église

d’une certaine manière. « Je t’écris ces choses, avec l’espérance d’aller


bientôt vers toi ; mais, si je tarde, tu sauras comment il faut se conduire
dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et
l’appui de la vérité » (1 Ti 3.14,15). Il importait à Paul que l’Église d’Éphèse,
que Timothée servait en qualité de pasteur, se conduise dignement. Il
lui a donc envoyé cette lettre remplie d’instructions pratiques. Force
est de constater que les Églises ayant ce qu’on appelle un « règlement
de l’Église » commun ont tendance à s’associer. C’est tout à fait logique.
Un exemple de cette application commune de la foi ressort dans la
conduite des femmes de l’Église du Nouveau Testament. Paul n’a pas
laissé ce sujet à l’initiative des différentes Églises. Par exemple, aux
Corinthiens, il a écrit :

Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes
les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il
ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, comme le
dit aussi la loi. Si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles inter-
rogent leur mari à la maison ; car il est malséant à une femme de parler
dans l’Église. Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce
à vous seuls qu’elle est parvenue ? Si quelqu’un croit être prophète ou spi-
rituel, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du
Seigneur. Et si quelqu’un l’ignore, qu’il l’ignore (1 Co 14.33-38).

Si je cite ce texte, ce n’est pas dans l’espoir de régler la question


controversée de nos jours du rôle des femmes dans l’Église, mais plutôt
d’attirer votre attention sur la façon dont l’apôtre Paul a annoncé que
cela devrait être identique « dans toutes les Églises des saints ». Il voulait
que l’ensemble des Églises ait la même compréhension des rôles fémi-
nins. Cela permettrait aux Églises de tisser des liens de réciprocité, et
de travailler conjointement sans controverse sur ce sujet.
Cela explique pourquoi les Églises qui appartiennent à une même
dénomination ont tendance à être plus liées les unes aux autres. En effet,
ces Églises ont en commun les mêmes croyances et un règlement simi-
laire. Ces choses-là figurent dans leurs constitutions et sont appliquées
concrètement au sein de leurs Églises et lors de leurs rassemblements.
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 259

Dans notre réflexion sur la coopération entre Églises, nous devons


également nous méfier de la tendance à construire des empires ecclé-
siastiques avec de nombreuses Églises relevant d’une seule Église mère.
À cause de la mentalité du « fondateur » que nous avons abordée dans
les chapitres précédents, ces empires ne sont pas construits autour d’une
Église, mais autour d’une seule personne. Nous avons déjà abordé à
quel point cette pratique est inacceptable. Même là où il y a des struc-
tures confessionnelles avec des systèmes de gouvernement épiscopaux
ou presbytériens, les Églises individuelles doivent toujours se considérer
comme égales les unes aux autres, si elles veulent espérer une coopéra-
tion significative entre elles.
Méfions-nous aussi de l’esprit de compétition. Certains dirigeants
d’Église redoutent d’exposer leurs membres au ministère d’autres servi-
teurs de Dieu, dans d’autres Églises, par crainte de perdre leurs membres.
Ils ont un sentiment de propriété sur le troupeau du Seigneur Jésus-Christ
qui n’est pas justifié dans les Écritures. Comme je l’ai indiqué précé-
demment, les membres d’un certain nombre d’Églises qui se réunissent
dans le cadre de conférences inter-Églises peuvent en retirer un effet
enrichissant pour leur vie. Les dons que Jésus attribue aux autres Églises
devraient aussi bénéficier aux membres de votre propre Église, la raison
étant que nous appartenons à un seul corps, le corps de Christ.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 17

Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec


les autres Églises ?

Résumé
Une Église ne peut pas accomplir le Grand Mandat toute seule. Non
seulement toutes les Églises font partie du même corps de Christ, mais
le Seigneur leur a attribué divers fardeaux, ressources et opportunités.
Il veut voir de l’unité parmi son peuple, car nous ne formons qu’un
seul troupeau. Les Églises peuvent s’associer pour subvenir aux besoins
matériels communs, pour soutenir l’œuvre d’évangélisation et pour prier.

Questions d’étude
1. Quelles raisons l’auteur invoque-t-il pour expliquer la nécessité de
la coopération entre Églises en vue d’accomplir le Grand Mandat ?

2. Est-il possible de tisser des liens dans notre propre Église locale au
point d’oublier notre union spirituelle et chrétienne avec d’autres
Églises ? Comment surmonter ce problème ?
Quels rapports votre Église devrait-elle entretenir avec les autres... 261

3. Votre Église coopère-t-elle actuellement avec une autre Église (dans


la prière, les missions, les finances, l’aide pratique, etc.) ? Selon vous,
qu’est-ce qui a contribué au succès ou à l’échec de vos tentatives
de coopération ?

4. Quelles ressources, bénédictions et opportunités votre Église


possède-t-elle actuellement qui pourraient profiter à une autre Église
dans son accomplissement du Grand Mandat ?

5. En tant que dirigeant ou membre d’Église, trouvez-vous plus facile


de recevoir un soutien gratuit que d’offrir vous-même un soutien
gratuit à d’autres assemblées ? Le cas échéant, qu’est-ce que cela révèle
au sujet de votre cœur ?
18

QUEL LIEN VOTRE ÉGLISE


DEVRAIT-ELLE AVOIR
AVEC L’ÉTAT ?

L a vie dans un village africain typique est très différente de la vie


citadine, en particulier concernant les rôles masculins et féminins.
Pères et mères sortent pour rapporter de la nourriture au foyer, mais les
hommes le font souvent en chassant des animaux, tandis que les femmes
s’emploient à rassembler des aliments trouvés dans la nature : fruits, noix,
racines, céréales, etc. En général, les femmes puisent aussi de l’eau dans
un puits, un ruisseau ou une rivière à proximité ; elles la rapportent à la
maison pour les utilisations domestiques : boire, cuisiner, se laver. Dans
les villages, les familles disposent également de parcelles de terre desti-
nées à une agriculture de subsistance. Souvent, l’homme défriche la terre
à l’aide d’une simple hache, tandis que la femme laboure la terre avec
une houe. Quant au bois de chauffage, les femmes ramassent générale-
ment des branches sèches qu’elles emploient pour cuire les repas, tandis
que les hommes se chargent de transporter les plus grandes bûches qui
illuminent le lieu de rencontre propice à des activités de socialisation
le soir. Les hommes se servent également de la hache pour fendre les

263
264 Le dessein de Dieu pour l’Église

bûches en plus petits morceaux pour allumer le feu destiné à la cuisson


des aliments. Les femmes se chargent des activités telles que cuisiner
des aliments, balayer la maison ainsi que ses abords, laver les vêtements,
allaiter les bébés et les tout-petits. Les hommes ont tendance à se charger
de la gestion intégrale du foyer et de la discipline des enfants plus âgés.
Au fur et à mesure que les enfants grandissent, les femmes s’occupent
de l’éducation des filles plus âgées, tandis que les hommes prennent en
charge celle des garçons plus âgés, en vue de les préparer à la vie d’adulte
et au mariage. Il existe sûrement des exceptions à cette description, mais
voilà à quoi ressemble généralement la vie du village africain typique.
Le dicton « la place de la femme est dans la cuisine » n’a pas de connota-
tion négative, comme c’est souvent le cas dans un contexte plus urbain.
Hommes et femmes connaissent leurs rôles respectifs. Il n’y a presque
pas de conflit. Chacun joue son rôle et le foyer villageois va bon train
avec beaucoup d’harmonie et de joie.
En un sens, c’est ainsi que Dieu voit l’interaction entre l’Église et
l’État. Les deux ont des sphères de responsabilité différentes, le but étant
de s’assurer que l’existence humaine dans le monde de Dieu soit har-
monieuse. Quand l’un interfère avec le rôle de l’autre, cet équilibre est
perturbé ; les conséquences sont désastreuses. Revenons au tout début
de l’existence humaine pour y voir plus clair.

Les origines de l’Église et de l’État


Une étude des premiers chapitres de la Bible révèle une époque où il
n’y avait ni Église ni État. C’était avant qu’Adam et Ève ne tombent
dans le péché, selon Genèse 3. Avant cette époque, la famille était vrai-
semblablement l’unité de regroupement pour les êtres humains. Dieu
a dit à Adam et Ève : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et
assujettissez-la ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du
ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » (Ge 1.28). Tant qu’il n’y
avait pas de péché dans le monde, cette vie harmonieuse était possible.
Les humains auraient continué à cultiver et à remplir la terre de Dieu
sans avoir besoin de l’Église et de l’État.
Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ? 265

Malheureusement, comme le rapporte Genèse 3, Ève a écouté les


mensonges de Satan par l’entremise du serpent. Elle a désobéi aux ins-
tructions de Dieu en mangeant le fruit de l’arbre défendu. Elle en a donné
à son mari, qui en a mangé. Aussitôt, leur nature est devenue corrompue.
Dieu est intervenu en prononçant un jugement sur chacun des deux (et
sur le serpent également). La pire forme de ce châtiment est la mort.
Assurément, Genèse 3 est, à juste titre, le chapitre le plus dégrisant de
toute la Bible. Aujourd’hui encore, nous payons les conséquences de la
désobéissance d’Adam et Ève. Pour reprendre les paroles de l’apôtre Paul :
« C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le
monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous
les hommes, parce que tous ont péché » (Ro 5.12).
Le besoin de rédemption a été immédiat, c’est pourquoi l’Église est
devenue nécessaire. La promesse du Sauveur est énoncée dès Genèse 3.
Dieu a dit au serpent : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta
postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon »
(Ge 3.15). Avec le recul, compte tenu de la révélation complète de l’Ancien
et du Nouveau Testament, nous savons qu’il s’agissait d’une promesse fai-
sant référence à la mort de Jésus-Christ sur la croix pour le pardon de
nos péchés (voir, par ex., Hé 2.14). Nous en voyons aussi un aperçu dans
les habits de peau que Dieu a pourvus pour Adam et Ève (Ge 3.21). Notre
nudité spirituelle est couverte par la justice de Jésus-Christ, laquelle nous a
été procurée par sa vie parfaite et sa mort sur la croix. Si le sacrifice d’Abel
a été accepté, c’était, en partie, parce qu’il s’agissait d’une offrande de sang
(Ge 4.4). Conscient du fait qu’il avait péché contre Dieu, il lui fallait être
réconcilié avec lui par la mort d’un substitut. L’étude de ce qu’on appelle
la théologie biblique montre comment le plan rédempteur de Dieu est
assemblé et se développe à travers les récits de la Bible, jusqu’à atteindre
son apogée avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ lui-même. C’est
le message central de la nation d’Israël, dans l’Ancien Testament, et au cœur
de l’Église de Jésus-Christ, dans le Nouveau Testament. L’Église existe en
raison du besoin de rédemption et de réconciliation avec Dieu.
Quelle est la raison de l’existence de l’État ? C’est encore une fois les
conséquences hideuses de la chute. La corruption, une fois entrée dans
266 Le dessein de Dieu pour l’Église

la nature humaine, a rendu les êtres humains chroniquement égoïstes


et égocentriques. La relation la plus bénie entre un homme et sa femme
n’a pas été épargnée. La rupture dans la relation conjugale entre Adam et
Ève apparaît dans les raisons évoquées par Adam pour expliquer à Dieu
comment il a fini par lui désobéir : « La femme que tu as mise auprès de
moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé » (Ge 3.12). Il a jeté le blâme sur
sa femme pour justifier sa propre désobéissance ! La famille humaine n’a
pas été épargnée non plus. Les deux premiers frères nés dans ce monde
auraient dû se lier l’un à l’autre par une affection fraternelle pour le reste
de leurs jours sur terre. Hélas, Caïn a assassiné Abel, par pure jalousie :
l’offrande d’Abel avait été acceptée par Dieu, contrairement à la sienne.
Ayant été banni pour vivre comme un fugitif tout le reste de sa vie, Caïn
craignait que ceux qui le trouvent le tuent. Le besoin de sécurité et de
justice se faisait déjà sentir. Dieu a dit à Caïn : « Si quelqu’un tuait Caïn,
Caïn serait vengé sept fois » (Ge 4.15). Plus tard, après le déluge, Dieu a
institué la peine de mort pour ceux qui auraient commis un meurtre.
Cette dernière n’était pas destinée à être exécutée à titre de vengeance
individuelle, mais plutôt par la société organisée. Il a dit :

Sachez-le aussi, je redemanderai le sang de vos âmes, je le redemanderai à


tout animal ; et je redemanderai l’âme de l’homme à l’homme, à l’homme
qui est son frère. Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son
sang sera versé ; car Dieu a fait l’homme à son image (Ge 9.5,6).

Il est évident, dans ces premiers chapitres de la Genèse, que l’orga-


nisation des êtres humains dépassait le cercle familial. Ils ont formé des
clans, qui étaient des regroupements familiaux issus d’un patriarche.
Ensuite, ces regroupements sont devenus des nations, et ces nations se
sont répandues sur toute la terre. La Bible dit : « Telles sont les familles
des fils de Noé, selon leurs générations, selon leurs nations. Et c’est
d’eux que sont sorties les nations qui se sont répandues sur la terre
après le déluge » (Ge 10.32). Au sein de ces nations, les êtres humains se
sont organisés sous la direction de rois. Ils avaient aussi des armées qui
répondaient à leur besoin de défense, et à leur soif d’acquérir plus de
terres et de biens auprès des autres. Cela explique les batailles qui sont
Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ? 267

relatées dans Genèse 14 entre divers rois, pour aboutir à Abram sauvant
son neveu et ses biens. Le système étatique assurait non seulement la
protection contre les agressions extérieures, mais également la sécurité
des individus et des familles, ainsi que la justice. Dans le langage d’au-
jourd’hui, nous disons que l’État est le garant « de la loi et de l’ordre ».
Sans cela, l’existence humaine sur terre serait impossible à cause de la
nature déchue de l’homme.

Les rôles de l’Église et de l’État


Ce qui précède nous montre que l’Église et l’État jouent des rôles diffé-
rents. En termes simples, l’Église joue un rôle plutôt vertical, assurant une
relation juste entre les êtres humains et Dieu, tandis que l’État joue un
rôle plutôt horizontal, assurant une relation juste entre les êtres humains.
Nous verrons plus loin que cette simplification est un peu excessive,
étant donné que les deux se nourrissent l’un de l’autre. Comment aimer
Dieu, qui est invisible, si vous n’aimez pas d’autres êtres humains, qui
sont visibles (1 Jn 4.20). Quoi qu’il en soit, comme nous l’avons vu avec
l’exemple de la vie dans le village africain, une bonne compréhension
des différents rôles des institutions nous permet de réduire les conflits
et de favoriser la coopération. Jésus lui-même, lorsqu’il était sur terre
et que le peuple juif était soumis à une administration romaine, a dit :
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc 12.17).
Il n’était pas disposé à confondre ces deux domaines du règne de Dieu,
à savoir l’État et l’Église.
Quel est le rôle de l’État ? Il consiste avant tout à promulguer des lois
et à les faire respecter pour que règne l’ordre dans la société, et surtout
pour garantir la protection des faibles et des plus vulnérables. C’est aussi
celui d’assurer la sécurité contre les agressions extérieures, comme nous
l’avons déjà vu. Évidemment, comme une nation doit vivre en commu-
nauté, l’État assure également l’acheminement de divers biens et services
tels que de l’eau potable, un bon assainissement, un réseau de transport
efficace, etc. Si l’on développe encore un peu plus, l’État peut également
assurer la fourniture d’électricité, la prestation de services bancaires,
268 Le dessein de Dieu pour l’Église

de systèmes postaux, etc. Compte tenu des besoins des personnes en


situation de précarité, l’État pourvoit également des services éducatifs et
médicaux, souvent sous la forme d’infrastructures et de réglementations.
Les citoyens, eux, participent en payant des impôts et des taxes sur ces
opérations financées par l’État.
Pendant ce temps, quel rôle joue l’Église ? Nous avons déjà vu que le
rôle de l’Église est l’évangélisation des perdus et l’édification des chré-
tiens, soit le salut et la sanctification. Dans la mesure où l’Église reste
fidèle dans l’enseignement et la prédication de la Parole de Dieu, non
seulement elle amène à Christ les citoyens de la nation, mais elle amé-
liore aussi indirectement les normes morales de la nation. Chaque être
humain possède une conscience : même si une personne ne répond pas
favorablement à l’Évangile, si elle entend la Parole de Dieu, elle sait qu’il
s’agit de la vérité. En temps et lieu, cela relève le niveau moral général
parmi les citoyens d’une nation. Bien entendu, le but de l’Église est de voir
des individus venir à la repentance et à la foi en Christ. Le cas échéant,
ils deviennent membres à part entière de l’Église et sont instruits pour
devenir des citoyens responsables du monde de Dieu. L’un des principaux
bénéfices de l’Église dans la nation est qu’elle engendre des mariages plus
solides par la conversion et l’instruction de ses citoyens à propos du plan
de Dieu pour le mariage, et la vie de famille. Les foyers brisés affaiblissent
la société, mais les familles solidaires renforcent une nation. Ainsi, quelle
que soit l’étape de la vie dans laquelle se trouvent les personnes touchées
par l’Évangile, elles recherchent le bien d’autrui et la gloire de Dieu. Elles
utilisent leurs dons et leur formation pour remplir le mandat culturel de
Genèse 1.28 : se multiplier, remplir la terre et la soumettre. Les chrétiens
exerçant des responsabilités au gouvernement veillent également à ce
que les principes divins dictent la promulgation et l’application des lois
du pays. Comme nous l’avons déjà vu, tout comme l’État lève des fonds
au moyen des impôts, l’Église finance ses opérations par les dîmes et les
offrandes de ses membres. Oui, ceux qui appartiennent à l’Église rendent
à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu !
L’Église devrait également enseigner à ses membres leur responsa-
bilité vis-à-vis de l’État. Paul l’a expliqué aux chrétiens romains :
Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ? 269

Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point
d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été insti-
tuées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre
que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur
eux-mêmes […] Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez
l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la
crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur (Ro 13.1,2,7).

Les chrétiens doivent obéir à toutes les lois du pays, à moins que
ces lois ne soient directement opposées aux lois de Dieu. Dans ce cas, ils
devraient dire : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5.29).
Les chrétiens doivent également apprendre à être fidèles dans le règle-
ment de leurs impôts, tout comme on leur apprend à être fidèles dans
le paiement de la dîme. Ils vivent dans deux royaumes, et ils doivent
être fidèles dans les deux.
Les dirigeants de l’Église sont là pour conduire le troupeau par
l’exemple en montrant la responsabilité des chrétiens envers l’État. Non
seulement sont-ils tenus d’obéir aux lois du pays et d’être fidèles dans
le paiement de leurs impôts, mais ils doivent également faire preuve de
respect envers les dirigeants locaux et gouvernementaux.

Conflit et coopération entre l’Église et l’État


En raison de la nature déchue des êtres humains qui dirigent les nations,
à certains moments, l’Église sera obligée de se rebeller contre l’État. Il
en va de même dans le village africain, quand il devient évident que,
pour sauver les enfants de sévices incessants, la personne innocente
doit faire face au conjoint et défendre sa progéniture. Parfois, le fait de
rester silencieux revient à conspirer avec l’ennemi. Nous avons déjà vu
qu’à certains moments, l’Église devra dire : « Il faut obéir à Dieu plutôt
qu’aux hommes. » C’est souvent le cas lorsque l’État promulgue des lois
condamnant l’adoration de Dieu.
Il arrive aussi que l’État considère qu’il est de sa responsabilité
d’interférer avec l’Église. C’est le cas lorsque les dirigeants de l’Église
commencent à maltraiter des membres de l’Église physiquement,
270 Le dessein de Dieu pour l’Église

financièrement ou sexuellement. Autrement dit, cela arrive dans des


circonstances où les lois du pays qui cherchent à protéger les personnes
vulnérables dans la société sont violées, sous couvert de liberté religieuse.
Dans de telles situations, l’État peut avoir à intervenir pour protéger ses
citoyens. Dans certains cas, des pasteurs et des prêtres ont été arrêtés
pour avoir agressé des mineurs sexuellement. Sur le continent africain,
les gouvernements sont très préoccupés par les nombreux pasteurs qui
escroquent les membres de leur Église et mettent enceintes les jeunes
filles. Bien que l’État ne puisse pas dire à l’Église comment gérer ses
affaires, un certain nombre de gouvernements africains proposent une
législation pour enrayer cette tendance. Cela se produit lorsque l’Église
perd sa « saveur » (voir Mt 5.13). L’Église ne doit pas attendre que cela se
produise. Il devrait exister des outils pour mettre fin à de tels abus et
des mécanismes permettant de discipliner ceux qui se rendent coupables
de tels méfaits.
L’Église coopère également avec l’État, en particulier pour venir en
aide aux plus vulnérables de la société. Elle tend à apporter aux plus
nécessiteux de la nourriture, des vêtements, la santé et l’éducation. En
effet, les chrétiens se préoccupent de toute souffrance humaine et pas
seulement de la souffrance éternelle. L’État a tendance à voir l’Église
comme un partenaire, car grâce à ses efforts, les citoyens ont une meil-
leure qualité de vie, qui sans elle serait inespérée. L’État permet égale-
ment aux dirigeants de l’Église de s’acquitter de certains devoirs civiques
comme les mariages, en particulier les mariages de ses propres membres
d’Église. Cela s’accorde bien avec le fait que l’Église est aussi impliquée
dans les familles de ses membres : naissances, maladies et décès.
Le pire danger dans cette coopération est lorsqu’elle prend une tour-
nure politique : les dirigeants de l’Église et les dirigeants politiques se
serrent la main pour gagner des élections. Voici ce qui se passe générale-
ment à l’occasion de ces évènements : les politiciens incitent les pasteurs
d’énormes assemblées à les soutenir en échange de faveurs financières
ou de faveurs gouvernementales, s’ils remportent les élections. Parfois,
les politiciens courtisent les pasteurs pour qu’ils se rangent de leur côté
de cette manière ; à leur tour, ces pasteurs essaient de convaincre les
Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ? 271

membres de leur Église de soutenir les candidats qui leur ont fait de
telles faveurs. Cette pratique est très courante, mais elle n’est pas juste
pour autant. Rappelez-vous ce que nous avons appris dans les chapitres
précédents : l’Église ne nous appartient pas. Elle appartient au Seigneur
Jésus-Christ. Il lui a confié le Grand Mandat, qui définit son rôle dans ce
monde. Prendre l’Église et commencer à l’utiliser à des fins politiques en
vue de servir des intérêts personnels, c’est inviter sur nous le jugement
du Seigneur Jésus-Christ. Ne jouons pas avec le feu. Les dirigeants de
l’Église devraient se méfier des cadeaux des politiciens en période élec-
torale. Ces cadeaux sont souvent empoisonnés.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 18

Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ?

Résumé
L’Église et l’État ont chacun leur fonction dans le monde. Les deux sont
nécessaires à cause de la chute ; en effet, les êtres humains se sont retour-
nés contre Dieu, et les uns contre les autres. L’État promulgue des lois
et les fait respecter pour maintenir l’ordre et garantir le bien-être de la
société, tandis que l’Église œuvre pour permettre à chacun de venir à
Christ dans la repentance et par la foi. Les Églises devraient enseigner
à leurs membres à être des citoyens fidèles et obéissants à Dieu. L’Église
peut parfois être forcée de résister à l’État, et l’État peut parfois avoir
besoin d’interférer avec l’Église. Dans certains cas, les deux institutions
peuvent également coopérer, comme lorsque les dirigeants de l’Église
s’occupent de tâches civiques telles que les cérémonies de mariage.

Questions d’étude
1. En quoi l’Église et l’État diffèrent-ils dans leur façon de lever des
fonds pour s’acquitter de leurs tâches ?

2. De nombreux politiciens africains aiment utiliser les chaires des


Églises pour promouvoir leurs partis politiques. Que diriez-vous à
un pasteur qui prétend honorer l’autorité en invitant des politiciens
à s’adresser à l’Église en vue de solliciter des votes ?
Quel lien votre Église devrait-elle avoir avec l’État ? 273

3. Pendant la pandémie de la COVID-19, l’État de la plupart des pays


a ordonné aux Églises de ne pas se rassembler, afin de réduire la
propagation de la maladie. S’agissait-il d’un cas d’ingérence de l’État
dans l’Église ?

Les Églises rebelles avaient-elles raison de résister à l’ordre de l’État


en organisant leurs rassemblements dominicaux malgré tout ?

4. Dans quelles circonstances est-il juste que les chrétiens résistent


à l’État ?

5. L’Église « relève le niveau moral général parmi les citoyens », contri-


buant ainsi à la solidité des mariages et des familles, ce qui renforce
la société (p. 268). Pensez-vous à d’autres bénéfices que retire l’État
grâce à la présence des Églises sur son territoire ?
19

COMMENT L’ÉGLISE OFFENSE-


T-ELLE DIEU OU PLAÎT-ELLE
À DIEU ?

I l y a quelques années, j’ai assisté à un atelier pour théologiens dans


un institut biblique à Lusaka, en Zambie. Quelqu’un a présenté un
article dont je ne me rappelle pas le titre. Il a parlé de quelque chose
qui ne m’avait jamais vraiment effleuré l’esprit auparavant. Il a évo-
qué un souvenir d’enfance à l’école : on leur avait demandé un jour
d’indiquer les prénoms de leurs mères. Pour la première fois, il avait
pris conscience qu’il ignorait comment s’appelait sa mère ! Pour lui,
elle avait toujours été « Amake Jeff », ce qui signifie « la mère de Jeff ».
L’enseignant lui a demandé de se préparer à dire à la classe le prénom
de sa mère, quand il reviendrait la prochaine fois. De retour à la mai-
son, il a demandé à sa mère comment elle s’appelait. Elle lui a dit son
prénom, ce qui l’a rempli de joie. Pourtant, une fois à l’école, lorsque
son professeur lui a demandé de dire le prénom de sa mère devant la
classe, il a eu du mal à le prononcer. C’était comme « lourd » sur sa
langue. Il avait l’impression de lui manquer de respect ou de la rabaisser.

275
276 Le dessein de Dieu pour l’Église

Il a finalement mentionné son prénom et s’est senti mal à l’aise après


coup. Pour lui, elle était « Amake Jeff ». C’était son nom honorable, son
titre respectueux.
En tant que compatriote africain, je peux m’identifier à cet orateur.
J’aurais certes pu mentionner le nom de ma mère à d’autres personnes,
mais jamais je n’aurais appelé ma mère ou mon père par leur prénom.
Jamais ! Cela aurait été trop irrespectueux. Je n’avais pas vraiment réa-
lisé cela jusqu’au jour de cette conférence. Cela me rappelle comment
les Hébreux, au fil des siècles, ont laissé de côté les voyelles composant
le nom de Dieu. La raison en est simple : ils ne mentionnaient jamais
son nom. Il était trop sacré pour être cité ; en fin de compte, seules les
consonnes ont été conservées dans l’orthographe hébraïque.
Notre rapport à nos parents et notre rapport à Dieu sont des liens
verticaux. Dans le cinquième commandement, Dieu a dit : « Honore ton
père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel,
ton Dieu, te donne » (Ex 20.12). Il a donné ce commandement précisément
en raison de cette relation verticale. Si vous déshonorez vos parents, que
vous voyez, comment pouvez-vous prétendre honorer Dieu, que vous
ne voyez pas ? Nos marques de respect à l’égard de nos parents peuvent
légèrement différer d’une culture à l’autre. Néanmoins, cette responsa-
bilité nous incombe toujours, car elle nous a été donnée par Dieu : nous
devons respecter sincèrement nos parents. Ils représentent le rôle de
Dieu dans nos vies tandis que nous grandissons. Nous apprenons à prier
Dieu en disant : « Notre Père, qui es aux cieux », parce que nous disons
« notre père » depuis longtemps, pour désigner nos pères terrestres. Par
conséquent, nous transposons simplement à Dieu un aspect du respect
que nous avons pour notre père terrestre. Ce parallèle montre pourquoi,
en tant qu’Église, l’une de nos plus grandes responsabilités est de nous
assurer que nous honorons bien Dieu. En tant que membres d’Églises,
nous sommes tels des enfants qui grandissent dans un foyer. Quand nous
honorons Dieu, il est content ; quand nous lui manquons de respect, il
est offensé. Nous devons veiller à toujours l’honorer. Comment honorer
Dieu de façon à lui plaire ?
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 277

Notre rapport à la gloire de Dieu


Nous plaisons à Dieu (en tant qu’Église, et en particulier, en tant que
responsables d’Églises) lorsque nous recherchons la gloire de Dieu dans
notre adoration et dans tous les autres aspects de la vie de l’assemblée.
Rien ne saurait être plus crucial. C’est avec révérence et soumission que
nous sommes invités à nous approcher de Dieu. Sa Parole doit être sou-
veraine dans nos vies et notre Église, et le servir devrait être notre joie
première. Ayons pour but d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre
pensée, de toute notre âme et de toutes nos forces (De 6.5 ; Mc 12.30). Il
doit être notre plus grand plaisir. Mais ce doit être un plaisir empreint
de révérence devant sa majesté, et non un plaisir frivole et superficiel.
Examinons cela un peu plus en détail.
Dans l’Ancien Testament, Dieu a commandé ce qui suit à son peuple,
par l’intermédiaire de Moïse : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma
face » (Ex 20.3). Dieu voulait être souverain dans leur vie et leur adora-
tion. Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul a écrit aux Corinthiens :
« Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez
quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10.31). Cela
devrait être notre principale motivation dans tous les domaines de la
vie chrétienne, y compris l’adoration. C’est notre raison d’être. En tant
qu’êtres humains, nous avons été créés comme la pièce maîtresse de la
création de Dieu pour manifester l’excellence divine dans toutes nos
activités. Comme nous le verrons, le péché a tout dévasté en nous ren-
dant égocentriques. Dans le salut, Dieu cherche à restaurer cette relation
légitime avec ceux qu’il régénère individuellement et collectivement dans
l’Église. Aussi Dieu est-il bienheureux lorsque ses enfants saisissent cela
et recherchent délibérément sa gloire et son approbation en toutes choses.
Quand l’Église prêche l’Évangile de la grâce surabondante de Dieu en
Christ, qu’elle dévoile ce qu’il en a coûté à Dieu pour racheter notre salut,
ceux qui assistent régulièrement aux cultes dans cette Église répondent
avec amour à Dieu et se soumettent volontiers à sa volonté pour leur vie
(Ro 12.1,2). Leur obéissance à la Parole de Dieu découle du cœur.
278 Le dessein de Dieu pour l’Église

Nous péchons quand nous usurpons la gloire qui revient à Dieu


seul pour la donner à toute autre créature, y compris nous-mêmes.
Tout péché est offensant pour Dieu, mais le péché d’idolâtrie est le plus
déplaisant, parce qu’il vole la gloire qui revient à Dieu. Il est un Dieu
jaloux, qui ne partage sa gloire avec personne d’autre (Ex 34.14 ; De 5.9 ;
etc.). Paul a décrit l’idolâtrie en ces termes : « Se vantant d’être sages, ils
sont devenus fous ; et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en
images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes,
et des reptiles » (Ro 1.22,23). Dans l’Antiquité, les gens fabriquaient des
images en marbre et en métal, puis s’inclinaient devant elles en guise
d’adoration. D’autres adoraient les grands arbres et les montagnes. De nos
jours, la tendance dans l’Église consiste à élever les êtres humains à la
position qui revient normalement à Dieu seul. Le constat est le suivant :
les Églises cherchent davantage à impressionner et à divertir les gens
qu’à honorer Dieu. Les chants sélectionnés pour « l’adoration » sont, en
réalité, choisis pour leur contenu et leurs airs agréables. L’accent est mis
sur la musique (et la danse !), et non sur la prédication de la Parole de
Dieu. En outre, au lieu d’estimer les pasteurs et les prédicateurs à leur
juste valeur, c’est-à-dire comme de simples intermédiaires enseignant
la Parole de Dieu, nous avons tendance à les élever au point où leurs
opinions personnelles font autorité sans être remises en question. La vie
de l’Église semble s’articuler autour de leur personnalité, au lieu d’être
centrée sur Dieu. Ils se permettent d’introduire tout ce qu’ils veulent
dans le culte et l’Église de Dieu, et nous acquiesçons sans broncher.
Or, comme nous l’avons vu plus tôt dans ce livre, Dieu a expressément
décrit le culte raisonnable qu’il attend de notre part. Ne permettons à
personne d’introduire des innovations incongrues, même s’il s’agit du
pasteur de l’Église.

Notre rapport à la vérité de Dieu


Nous honorons Dieu en préservant et en propageant sa vérité dans le
monde. Dieu s’est révélé dans la création, mais à cause de la chute, rap-
portée dans Genèse 3, et de l’aveuglement spirituel qui en a résulté, Dieu
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 279

a aussi veillé à ce que sa vérité soit proclamée par les prophètes à travers
l’histoire, et préservée pour nous dans la Bible. Cette vérité inclut la
seule façon dont les êtres humains peuvent trouver le pardon auprès de
Dieu, grâce à la vie et à l’œuvre expiatoire du Seigneur Jésus-Christ, en
particulier sa mort et sa résurrection. Nous devons venir à Dieu dans un
esprit de repentance et placer notre confiance dans l’œuvre que Christ
a accomplie pour nous réconcilier avec Dieu. Cette vérité doit être pro-
clamée dans le monde entier par l’Église. L’Église qui se consacre à la
préservation et à l’annonce de cette vérité plaît à Dieu.
Lorsque l’Église ne préserve pas la vérité de Dieu et préfère céder
aux demi-vérités et aux mensonges propagés par le monde, elle déplaît au
Seigneur. Elle peut, par exemple, adopter des croyances et des pratiques
syncrétistes. En Afrique, ce syncrétisme se manifeste par le mélange
du christianisme avec les croyances et les pratiques traditionnelles afri-
caines. Les gens ripostent parfois : « Mais nous sommes Africains, et c’est
ce que nos ancêtres ont toujours cru ! » Si les croyances de nos ancêtres
ne s’alignent pas sur la Bible, mettons-les de côté ; décidons de croire
uniquement ce que la Bible enseigne et vivons en conséquence. Vouloir
mélanger les deux génère de la confusion chez les jeunes croyants et
nous expose au jugement de Dieu. Notre culte devrait également suivre
l’enseignement de la Bible à ce propos, au lieu d’être dicté par les pra-
tiques ancestrales. C’est la Bible qui doit guider et façonner nos croyances
et nos pratiques.
Ensuite, l’Église déshonore et déplaît à Dieu quand elle succombe à
la soi-disant éducation occidentale d’aujourd’hui. La Bible enseigne que
Dieu a créé le monde en six jours et s’est ensuite reposé le septième.
Lorsque l’Église chrétienne ne parvient pas à préserver et à propager
cette vérité, préférant embrasser la croyance la plus populaire répandue
dans le monde (que le monde n’a fait qu’évoluer sur des millions, voire
des milliards d’années), elle déshonore et déplaît à Dieu. Le monde gît
dans les ténèbres ; l’Église est censée y faire luire sa lumière. Dans ces
ténèbres, le monde a inventé une multitude de faux enseignements,
notamment sur la sexualité humaine. Le mariage est en train d’être
redéfini. Il n’est plus limité à l’engagement à vie d’un homme et d’une
280 Le dessein de Dieu pour l’Église

femme. En fait, le monde occidental est en train d’atteindre un stade où


il n’y a plus de vérité objective. Ce que vous croyez détermine la vérité
pour vous. Or, l’Église ne doit pas céder à cela. Elle est appelée à pour-
suivre son enseignement de la norme biblique, sous peine de s’exposer
à la colère de son Seigneur.
Tant de compromis sapent les fondements de l’Église à propos de
la vérité. Un des ennemis grandissants est l’inclusion religieuse. L’idée
selon laquelle le salut ne se trouve que dans l’œuvre accomplie par
Jésus-Christ est de plus en plus considérée comme étant le point de
vue isolé de quelques fanatiques religieux. L’opinion populaire veut que
toutes les religions mènent à Dieu. La sincérité semble être l’élément
fondateur des tenants de ces croyances ; autrement dit, Dieu les accep-
tera pourvu qu’ils soient sincères. Or, notre Bible dit, au contraire : « Il
n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom
qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sau-
vés » (Ac 4.12). Nous devons proclamer cette vérité avec une humilité et
un amour authentiques. C’est le seul Évangile qui sauve du péché et de
l’enfer. L’Église qui prend au sérieux le Grand Mandat en fournissant des
efforts d’évangélisation et de mission est celle qui plaît à Dieu. Quand
une Église abandonne l’Évangile, Dieu vient à elle et ôte son chande-
lier de sa place (Ap 2.5). Si l’édifice demeure en place et que les gens
s’y rassemblent encore, la mort et la décadence ont déjà commencé à la
gangréner. Le jugement de Dieu s’ensuit.

Notre rapport au péché parmi nous


Nous avons déclaré que Dieu est saint. La Bible dit : « Comme des enfants
obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autre-
fois, quand vous étiez dans l’ignorance. Mais, puisque celui qui vous a
appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon
qu’il est écrit : Vous serez saints, car je suis saint » (1 Pi 1.14-16). Cela n’est
pas négociable dans l’Église, parce que c’est la nature essentielle de Dieu
d’être saint. Il déteste toute forme de péché. Chaque fois que le peuple de
Dieu s’est entêté à persister dans le péché, à un moment ou à un autre,
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 281

Dieu est intervenu pour le punir. Il a retiré son Esprit du milieu d’eux
et, dès lors, ces croyants rebelles n’ont plus formé qu’un club social.
Dans bon nombre d’Églises, le péché tenace est rapidement traité si
le coupable est un jeune qui n’est lié à aucune personnalité influente ou
famille « puissante » dans l’Église. En revanche, lorsque le coupable est
le fils ou la fille d’un responsable d’Église, d’une personnalité fortunée
dans l’Église, ou d’une figure politique puissante dans la communauté,
les dirigeants de l’Église ont tendance à vouloir taire le péché de la
personne répréhensible. Pire encore, lorsque le fautif est lui-même un
responsable de l’Église, la tentation consiste alors à étouffer l’affaire. Or,
cela est inacceptable. Dieu ne fait pas de différence entre les individus.
En réalité, ceux qui occupent une fonction de dirigeant devraient être
tenus à une norme encore plus élevée. Les qualifications énoncées dans
1 Timothée 3 et Tite 1 suggèrent que les dirigeants doivent être « un cran
au-dessus » dans l’Église en ce qui concerne la piété. Ils doivent montrer
l’exemple par leurs paroles et leurs actes. S’ils marchent dans le péché,
il faut qu’ils soient démis de leurs fonctions.
L’hypocrisie dégage une odeur nauséabonde pour Dieu. Le péché
dissimulé n’est caché qu’aux yeux des hommes. Dieu le voit. Le Dieu
que nous adorons est un Dieu qui voit tout. Dans l’Ancien Testament, il
a puni toute la nation d’Israël lorsqu’Acan a secrètement caché dans sa
tente les trésors pillés de Jéricho (Jos 7). Dans le Nouveau Testament, il a
puni Ananias et Saphira quand ils ont menti en prétendant que l’argent
apporté aux apôtres et destiné aux pauvres était le montant total perçu
pour la vente de leur propriété (voir Ac 5). Quand Jésus était sur terre, il
a amplement dénoncé les scribes et les pharisiens à cause de leur hypo-
crisie. Il a dénoncé cette duplicité en recourant à un registre incisif qui
n’apparaît nulle part ailleurs dans ses autres sermons :

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous nettoyez le


dehors de la coupe et du plat, et qu’au-dedans ils sont pleins de rapine et d’in-
tempérance. Pharisien aveugle ! Nettoie premièrement l’intérieur de la coupe
et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net. Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites ! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis,
qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins d’ossements
282 Le dessein de Dieu pour l’Église

de morts et de toute espèce d’impuretés. Vous de même, au-dehors, vous


paraissez justes aux hommes, mais, au-dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie
et d’iniquité (Mt 23.25-28).

À la lumière de ces paroles acérées sorties de la bouche de notre


Sauveur, les responsables d’Église devraient faire tout leur possible pour
veiller à débusquer tout péché dissimulé dans leurs rangs et dans l’Église
en général. Devant un refus de repentance, la discipline d’Église s’im-
pose. Il ne devrait pas y avoir d’exceptions et de personnes privilégiées.
Il faut encourager un esprit d’humble repentance dans l’Église en rap-
pelant le pardon gratuit et complet qui nous est offert grâce au sacrifice
expiatoire de Christ. Tous les péchés ne doivent pas être portés devant
l’assemblée pour une mesure disciplinaire, mais tous les péchés connus
appellent à la repentance. Nous sommes tous pécheurs. Nous péchons
de diverses manières chaque jour. Lorsque nous prenons conscience du
péché, en particulier lorsqu’il est exposé par l’enseignement régulier
de la Parole de Dieu, il ne faut pas chercher à le dissimuler ou à nier
son existence. Au contraire, nous devons le confesser dans une vraie
repentance du cœur. La Bible dit : « Si nous disons que nous n’avons
pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point
en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous
les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jn 1.8,9). Une
repentance humble, sincère et continue devrait caractériser notre Église
si elle tient à plaire à Dieu.

Nos rapports mutuels


Les chrétiens ont parfois la bonne croyance et la bonne pratique, mais
la mauvaise attitude de cœur, en particulier envers les autres chrétiens.
Cela déplaît grandement à Dieu. Quand les pharisiens ont demandé à
Jésus quel était le plus grand commandement, il a répondu :

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et
de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et
voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 283

toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les pro-


phètes (Mt 22.37-40).

Notez que Jésus ne s’est pas contenté de terminer par le commande-


ment qui parle de notre amour pour Dieu. Il a inclus notre amour pour
les autres êtres humains. Vous ne pouvez pas aimer Dieu, que vous ne
pouvez voir, si vous n’aimez pas votre frère, qui est assis juste à côté de
vous (voir 1 Jn 4.20). En vérité, peu de croyants prétendraient ne pas aimer
leurs frères chrétiens, mais dans la pratique, ils manquent souvent de le
manifester. L’absence d’amour dans l’Église est un constat très courant
à l’origine de la destruction de nombreuses assemblées.
Ce n’est pas nouveau. Prenez l’Église de Corinthe, par exemple. Les
dons y étaient abondants et la doctrine y était profusément enseignée.
Pourtant, c’était aussi une Église remplie de querelles au sujet de leurs
dirigeants. Ils se poursuivaient en justice. Ils se moquaient totalement de
la sensibilité religieuse et des codes éthiques de leur prochain. Ils se que-
rellaient pour savoir quels dons prévalaient. Paul était tellement alarmé
par leur conduite qu’il a fini par leur donner la meilleure description
de la nature de l’amour que l’on puisse trouver dans la Bible. Il a écrit :

L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est point envieux ; l’amour
ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête,
il ne cherche point son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le
mal, il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il excuse
tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne périt jamais. Les
prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie.
[…] Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ;
mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour (1 Co 13.4-8,13).

Paul voulait que les chrétiens corinthiens fassent passer l’amour au


premier plan, avant toutes les choses pour lesquelles ils se querellaient.
Lorsque l’amour est au centre, nous sommes mieux à même de gérer
nos différends personnels.
L’amour mutuel devrait être la marque de fabrique de l’Église chré-
tienne. Jésus a dit : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-
vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les
284 Le dessein de Dieu pour l’Église

uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous
avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13.34,35). Cet amour n’est
pas un simple commandement ; il prend « naissance » chez les croyants
lorsqu’ils naissent de nouveau. Le Saint-Esprit les remplit de sa personne ;
l’amour est un fruit de l’Esprit. Il est par conséquent logique que, lorsque
ceux qui sont remplis du Saint-Esprit se réunissent, l’amour soit pré-
sent parmi eux. C’est ce qui plaît vraiment au Seigneur. Quand l’amour
fait défaut dans l’Église, le Seigneur est déshonoré, parce qu’il y est mal
représenté ; il est alors insatisfait.
Dans l’Église primitive, la preuve d’affection mutuelle parmi les
croyants était réelle. La Bible dit : « Tous ceux qui croyaient étaient dans
le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs pro-
priétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon
les besoins de chacun » (Ac 2.44,45). Nous lisons aussi :

La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme. Nul
ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était com-
mun entre eux [...] Car il n’y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui
possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix
de ce qu’ils avaient vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on
faisait des distributions à chacun selon qu’il en avait besoin (Ac 4.32,34,35).

C’est ainsi que l’Église devrait fonctionner. Cela plaisait vraiment au


Seigneur, et il a énormément béni l’Église primitive.
L’amour n’est pas un supplément facultatif à une Église. Là où il
y a de l’amour, le Seigneur est satisfait. Là où il n’y a pas d’amour, le
Seigneur est offensé. Décririez-vous votre Église comme un endroit où
l’amour est déversé ou comme un endroit où les gens partent à cause
d’un manque d’attentions amicales et affectueuses ? Ne traitez pas cette
question à la légère. Dieu veut que son Église manifeste son amour pour
ses enfants. Le Psalmiste a dit :

Voici, oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer
ensemble ! C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend
sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements.
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 285

C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion ;
car c’est là que l’Éternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité (Ps 133).

Il y a d’autres domaines dans lesquels l’Église offense ou plaît à


Dieu. J’ai simplement évoqué les principaux. L’honneur de Dieu est en
jeu. En guise d’exercice, il serait indiqué de lire les lettres de Christ aux
sept Églises dans le livre de l’Apocalypse. Il est mécontent d’un certain
nombre d’entre elles. Les principaux problèmes qu’il leur reproche sont
ceux mentionnés ci-dessus. Si vous voulez que votre Église plaise à Dieu :
1) assurez-vous de faire tout pour sa gloire ; 2) préservez jalousement sa
vérité et diffusez-la ; 3) efforcez-vous de préserver la piété parmi vous,
et 4) maintenez une atmosphère d’amour fraternel. Mais vous encourrez
indéniablement le mécontentement de Dieu si vous transformez l’Église
en terrain de jeu, si vous ne chérissez plus la vérité de Dieu telle qu’elle
est révélée dans la Bible, si vous permettez au péché et à l’hypocrisie de
régner parmi vos membres, ou encore, si vous reléguez l’affection fra-
ternelle à la catégorie des affaires secondaires de la vie de l’Église. Vous
devriez désirer l’approbation de Dieu, car c’est la raison d’être première
de l’Église. L’Église n’est pas là pour rendre les gens heureux. C’est le
but de nombreux clubs sociaux, mais certainement pas de l’Église. Si
quelque chose déplait à Dieu dans votre Église, vous devez l’aborder et
le rectifier pour qu’en fin de compte, votre Église devienne une Église
qui plaise à Dieu. Comment s’y prendre avec sagesse et d’une manière
qui honore Dieu ? Ce sera le sujet de notre dernier chapitre.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 19

Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-


elle à Dieu ?

Résumé
L’Église plaît à Dieu lorsque les chrétiens cherchent à le glorifier dans
leur adoration et dans tous les domaines de la vie de l’Église. Lorsque
cette gloire est rendue à une créature, y compris à nous-mêmes, Dieu
est offensé : c’est un péché commis à son encontre. L’Église glorifie Dieu
notamment par sa fidélité à sa Parole, par son engagement à ne pas traiter
le péché à la légère ou à ne pas le dissimuler, et par l’amour sincère et
concret entre ses membres. Une Église dépourvue de ces choses-là déplait
à Dieu, même si elle s’épanouit dans d’autres domaines. Les Églises d’au-
jourd’hui doivent refléter la sainteté et la pureté observées dans la Bible.

Questions d’étude
1. Nous devons « [rechercher] délibérément sa gloire et son approbation
[de Dieu] en toutes choses » (p. 277). Dans quels domaines de votre vie
votre motivation a-t-elle été votre propre gloire et votre propre plaisir,
au détriment de la gloire et du plaisir de Dieu ? (Prenez en compte
votre famille, votre travail et votre vie privée.)

Confessez ces choses à la lumière des promesses de Romains 8.1 et


1 Jean 1.9.
Comment l’Église offense-t-elle Dieu ou plaît-elle à Dieu ? 287

2. Quelles pratiques traditionnelles africaines les Églises ou les déno-


minations de votre pays ont-elles mélangées avec le culte biblique
de Dieu ? Relevez-en au moins deux.

3. Lorsque les dirigeants font preuve de favoritisme dans la façon de


traiter les membres pécheurs, quel mal cela fait-il à l’assemblée ?

4. Est-il possible de mettre en pratique certaines caractéristiques


bibliques d’une Église bien ordonnée (par exemple, la façon de gérer
les membres et la discipline d’Église) sans les qualités intérieures de
la sainteté ou de l’amour ?

Comment mettre en œuvre ces caractéristiques bibliques externes


sans oublier ce qui compte le plus ?

5. L’une des raisons pour lesquelles certains membres d’Églises n’ai-


ment pas les autres est parce qu’ils ne les connaissent pas, tout sim-
plement. Quelles pratiques ou quels outils une Église pourrait-elle
utiliser pour aider les membres à faire plus ample connaissance ?
20

COMMENT POUVEZ-
VOUS AIDER À RÉFORMER
VOTRE ÉGLISE ?

S i vous avez lu ce livre de A à Z, vous avez probablement reconnu


certains domaines de votre vie d’Église qui ont sérieusement besoin
d’être réformés. Par « réformés », j’entends que certains aspects de la
croyance et de la pratique de votre assemblée doivent être rendus
conformes au dessein de Dieu pour l’Église tel qu’il est enseigné dans la
Bible. Il y a deux réponses possibles à ce constat. La première est de ne
rien faire à ce sujet, soit parce que vous tirez profit d’une pratique non
biblique dans votre Église, soit parce que vous ne pensez pas que le jeu
en vaille la chandelle. Bref, votre conscience n’est pas suffisamment saisie
par la Parole de Dieu pour vous faire perdre votre paix intérieure tant
qu’une pratique manifestement non biblique dans votre Église n’est pas
rectifiée. Hélas, c’est l’attitude de la majorité des gens. Ils remarquent
des pratiques inacceptables et non bibliques dans leur assemblée, mais
détournent le regard, bien déterminés à ne pas être dérangés.
La deuxième réponse consiste à faire quelque chose à ce sujet. Peu
importe votre façon de procéder pour contribuer au changement. Trop

289
290 Le dessein de Dieu pour l’Église

d’individus bien intentionnés ont détruit l’Église en essayant de la réfor-


mer, parce qu’ils s’y sont mal pris. Ce chapitre est destiné à assister la
personne qui souhaite aider son assemblée à se conformer au dessein
divin pour l’Église. Il est destiné à encourager une telle personne à s’y
prendre d’une manière qui honore Dieu. Je partirai du principe que la
personne cherchant à apporter des changements dans l’Église est déjà
un responsable d’Église, voire le pasteur. Mais dans la foulée, j’aborderai
également la possibilité pour des non-dirigeants d’Église d’aider à réfor-
mer leur assemblée. Pour le moment, concentrons-nous sur la manière
de favoriser une réforme de votre Église en tant que dirigeant d’Église.

Priez pour que Dieu vous vienne en aide


Si votre position vous permet de déterminer un domaine de mauvaise
pratique flagrante dans votre Église et de comprendre la nécessité d’abor-
der ce sujet, votre première responsabilité consiste à prier. Que vous
soyez ou non un responsable d’Église, prier est toujours indiqué ! Lorsque
vous priez, vous vous adressez au propriétaire de l’Église au sujet de son
foyer. Nous avons vu dans ce livre que l’Église est « la maison de Dieu,
qui est l’Église du Dieu vivant » (1 Ti 3.15). Lorsque vous priez, vous vous
adressez à celui qui est le plus intéressé par son bien-être. Vous devez le
prier comme Jésus nous a appris à prier et dire : « Notre Père qui es aux
cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté
soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6.9,10). Vous voulez voir Dieu
glorifié dans son Église par une plus grande soumission de son peuple
à son roi, à son règne et à sa volonté ? Vous souhaitez y voir une plus
grande disposition à obéir à Dieu, reflétant celle du ciel ? Alors, priez !
Priez pour la sagesse et la faveur. La sagesse est la capacité de mettre
en pratique vos connaissances de la manière la plus utile qui soit pour
vous-même et votre entourage. En lisant ce livre, vous avez acquis des
connaissances. Vous avez désormais besoin de sagesse pour savoir com-
ment les appliquer au mieux en vue de secourir ceux qui peuvent en
bénéficier. En fin de compte, la sagesse vient de Dieu. La Bible dit : « Si
quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu,
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 291

qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée »
(Ja 1.5). Priez Dieu pour qu’il vous montre comment vous adresser à ceux
qui ont besoin d’être abordés d’une manière qui ne sera pas offensante,
mais convaincante. Demandez-lui de vous indiquer la façon de mettre
en pratique vos connaissances dans votre Église de la manière la plus
appropriée qui soit. Dans un sens, vous priez aussi pour la faveur, afin que
les personnes aux commandes, et donc susceptibles d’opérer les change-
ments nécessaires, soient bien disposées à votre égard et accueillent vos
suggestions. La sagesse est ce que vous leur transmettez ; la faveur est
ce qu’ils vous accordent. En présence de ces deux éléments, vos recom-
mandations de réforme seront très favorablement perçues dans l’Église.
Concernant la sagesse, il est bon de ne pas se contenter de prier. En
parallèle à la prière, cherchez aussi conseil auprès de ceux dont les nom-
breuses années d’expérience dans le ministère et la direction de l’Église
leur ont enseigné la sagesse biblique. Leur connaissance ne vient pas
d’un manuel. Ils ont été dans les tranchées. Ils ont commis des erreurs
et en ont tiré des leçons. Ne soyez pas comme Roboam, le fils du roi
Salomon : il a rejeté les conseils des hommes mûrs, qui avaient servi avec
son père, leur préférant les avis des plus jeunes avec lesquels il avait
grandi. En fin de compte, le peuple a rejeté son règne et Israël a fini par
se scinder en deux nations (voir 1 R 12). Les hommes expérimentés vous
diront que l’expérience est le meilleur enseignant. Cherchez la sagesse
auprès de ceux qui ont fait leurs preuves.
Priez pour la prévalence de la grâce et de la puissance de Dieu. Les
changements honorant Dieu chez les individus et dans les Églises ne
peuvent se produire que par l’action directe du Saint-Esprit dans le cœur
humain. Aucun gadget ou astuce ne saurait les insuffler. Vous ne luttez
pas contre la chair et le sang, mais contre les esprits mauvais dans les
lieux célestes (Ép 6.12). Laissez Dieu agir par la puissance de son Esprit
Saint, sinon vous serez totalement désarmé et vaincu. Comme nous allons
le voir, l’instrument indispensable pour apporter de tels changements
est l’enseignement de la Parole de Dieu. Néanmoins, l’Esprit de Dieu doit
faire luire cette Parole dans le cœur de son peuple avec un pouvoir de
conviction de sorte qu’elle s’accompagne de la soumission à la volonté
292 Le dessein de Dieu pour l’Église

de Dieu. Priez pour que cela se produise ; les membres de l’Église auront
ainsi un regard spirituel régénéré sur le dessein de Dieu pour l’Église et
désireront en voir la réalisation dans la vie de leur assemblée. Bien sou-
vent, cela implique l’abandon de pratiques adulées. Ils seront confrontés
à des moqueries de la part de proches en raison des changements qu’ils
opéreront dans leur Église. Priez pour qu’ils désirent l’approbation de
Dieu par-dessus tout et qu’ils suivent ses directives avec joie.

Enseignez la Parole de Dieu


Le principal instrument de réforme tant sur le plan personnel que col-
lectif, dans la vie de l’Église, c’est la Parole de Dieu, la Bible. L’apôtre
Paul affirme que c’est l’outil de prédilection de Jésus pour assainir son
Église. Comme nous l’avons déjà vu dans les chapitres précédents, il a
dit que Jésus aime l’Église et s’est livré pour elle, « afin de la sanctifier
en la purifiant et en la lavant par l’eau de la Parole, pour faire paraître
devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable,
mais sainte et irréprochable » (Ép 5.26,27). Votre rôle est de servir Dieu
en enseignant fidèlement la Parole de Dieu. De cette façon, Jésus-Christ
peut utiliser cette Parole dans la vie de son peuple pour le sanctifier et
le conformer de plus en plus à son image, individuellement, et à son
dessein, collectivement. C’est un immense privilège pour un pasteur
ou un responsable d’Église. En enseignant fidèlement la Parole de Dieu,
semaine après semaine, vous pouvez observer la transformation du peuple
de Dieu et de la vie de l’Église.
Apprenez à appliquer la Parole de Dieu de manière pertinente à la
vie de l’Église. La prédication est destinée à éclairer l’esprit, à émouvoir
le cœur et à inciter la volonté de l’auditeur à faire la volonté de Dieu.
Cela est souvent facilité quand la prédication applique avec clarté et per-
tinence la vérité enseignée à la vie des auditeurs. Si le passage expliqué
concerne Christ en tant que chef de l’Église, demandez à vos auditeurs
s’ils ont l’intention d’obéir à la volonté de Jésus dans leur façon de s’im-
pliquer dans la vie de l’Église. Si le passage concerne le Grand Mandat,
demandez-leur de s’interroger sur leur fidélité dans leur rôle missionnaire
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 293

(en tant qu’expéditeurs ou missionnaires eux-mêmes). Prennent-ils part à


l’œuvre d’évangélisation et de la mission ? Si le passage concerne le baptême
ou la sainte cène, insistez à nouveau ; invitez vos auditeurs à interroger leur
conscience pour savoir s’ils obéissent à Christ sur la question du baptême
et de la sainte cène. Si le passage porte sur la gestion financière, n’hésitez
pas à mettre vos auditeurs au défi d’être fidèles et généreux lorsqu’il s’agit
de soutenir l’œuvre du Seigneur. Assurez-vous que le passage des Écritures
prêché soit correctement expliqué avant de commencer à l’appliquer. Ne
vous précipitez pas. Le peuple de Dieu doit d’abord apprendre la vérité
avant d’être invité à exprimer ce qu’il compte en faire.
Pour assister à une transformation au sein de votre assemblée locale,
soyez vous-même un bon exemple de quelqu’un qui se repent et obéit à
la Parole de Dieu, dès lors que vous prenez conscience de la nécessité de
changement dans des domaines de votre vie. Le défi de Paul aux Juifs de
son époque s’applique également aux dirigeants de l’Église d’aujourd’hui.
Il a écrit :

Toi qui te donnes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies
de Dieu, qui connais sa volonté, qui apprécies la différence des choses,
étant instruit par la loi ; toi qui te flattes d’être le conducteur des aveugles,
la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des insensés,
le maître des ignorants, parce que tu as dans la loi la règle de la science
et de la vérité ; toi donc, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas
toi-même ! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes ! Toi qui dis de
ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère ! Toi qui as en abo-
mination les idoles, tu commets des sacrilèges ! Toi qui te fais une gloire
de la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi ! Car le nom
de Dieu est blasphémé parmi les païens à cause de vous, comme cela est
écrit (Ro 2.17-24).

Ceux qui enseignent la Parole de Dieu devraient être les premiers


à se conformer à son enseignement. Dans le cas contraire, les auditeurs
ne feront que s’endurcir dans leur désobéissance. Soyez donc le change-
ment que vous souhaitez voir se produire dans la vie du peuple de Dieu
et dans l’Église.
294 Le dessein de Dieu pour l’Église

Prévoyez des occasions de discussion et du temps pour la transition.


Le fait que la vérité soit devenue très claire pour vous ne signifie pas
qu’elle l’est aussi pour tout le monde. Certaines personnes apprennent
lentement ; elles ont besoin de plus de temps pour comprendre la vérité
en profondeur. Donnez-leur l’occasion de poser des questions et de
demander des éclaircissements : cela les aidera à réfléchir et à mieux
saisir ce qui est enseigné. D’autres sont de fervents traditionalistes ; ils
mettent plus de temps à abandonner les pratiques longtemps adulées,
même s’ils voient finalement qu’elles ne sont pas conformes à la Parole
de Dieu. Quelqu’un a dit un jour que les derniers mots d’une Église
mourante sont : « Mais nous avons toujours procédé de cette façon. » Il
est bon de leur laisser le temps de voir à quel point ces pratiques sont
bibliquement inacceptables dans l’espoir qu’ils comprennent enfin le
besoin de changement. Un dirigeant qui pense que tout le monde est
prêt à changer, simplement parce qu’il a enseigné qu’un changement
est nécessaire, est probablement un très jeune ambitieux ayant encore
beaucoup à apprendre sur la nature humaine déchue. Apprenez à être
très patient avec les gens si vous tenez à voir un jour le changement
désiré dans l’Église. Un leader impatient brisera le peuple, s’il n’est pas
lui-même brisé avant par le peuple.

Discutez avec vos collègues responsables


La réforme d’une Église dans ses croyances et ses pratiques doit com-
mencer par le haut et descendre jusqu’à la base. Les responsables de
l’Église doivent être convaincus que c’est la volonté de Dieu et être favo-
rablement disposés. Là où les dirigeants ne sont pas de bonne foi, il n’y
aura pas de réforme, mais une rébellion. Rien n’est plus important que
de discuter avec vos collègues responsables de l’Église. Dites-leur ce que
vous voyez dans la Bible concernant la vie de l’Église et comment cela
semble contredire la façon dont l’assemblée est actuellement dirigée.
Même si vous êtes le pasteur, il est vital de convaincre les autres anciens
de l’Église lorsque vous cherchez à amorcer un changement. Évitez de les
prendre par surprise, car s’ils rejettent les changements proposés, vous
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 295

ne pourrez plus faire grand-chose par la suite. Ce sont les gardiens des
brebis ; soyez certain que la majorité des brebis les suivront.
C’est souvent dans le dialogue avec les responsables de l’Église que
vous aurez particulièrement besoin de sagesse et de faveur. C’est là
qu’entre en jeu la prière : demandez à Dieu cette sagesse et cette faveur.
Vous avez besoin de sagesse pour déterminer la meilleure façon de
présenter le domaine qui requiert selon vous une réforme. Vous avez
besoin de la faveur et de la bonne disposition des autres responsables
qui examineront votre requête. S’ils sont vraiment les serviteurs de Dieu
et qu’ils vous considèrent tel un humble enfant de Dieu qui désire voir
le Seigneur glorifié dans son Église, vous gagnerez probablement leur
faveur. S’ils vous voient comme un monsieur je-sais-tout ou un fier petit
messie autoproclamé, vous vous êtes déjà tiré une balle dans le pied.
Vous n’obtiendrez rien du tout.
La patience est également de rigueur lorsque vous traitez avec les
responsables de votre Église. S’il vous a fallu du temps pour prendre
conscience de certaines pratiques qui vous incommodent dans la ges-
tion de l’Église, ne vous attendez pas à ce que les anciens adoptent votre
point de vue après quelques mots d’explication seulement. Rappelez-vous
combien il a été difficile dans le Nouveau Testament pour l’Église de
Jérusalem d’accepter les païens non plus comme « des étrangers, ni des
gens du dehors ; mais [comme des] concitoyens des saints, gens de la mai-
son de Dieu » (Ép 2.19). Dieu a dû montrer à Pierre dans une vision, alors
qu’il était dans la maison de Simon le tanneur, de ne pas appeler impur
ce que Dieu avait rendu pur. Ce n’est qu’à son arrivée dans la maison de
Corneille que Pierre a compris la vision. Il a dit : « En vérité, je reconnais
que Dieu ne fait point de favoritisme, mais qu’en toute nation celui qui
le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Ac 10.34,35). Ce que
Pierre avait saisi n’était pas aussi facile à comprendre pour les frères de
Jérusalem. Ils étaient furieux en apprenant que Pierre était entré dans la
maison d’un païen pour converser avec lui (Ac 10.28 ; 11.3). Il a fallu que
Pierre explique laborieusement et patiemment à l’Église de Jérusalem
comment Dieu l’avait conduit à saisir cette vérité historique. C’est ainsi
qu’en fin de compte, les autres responsables de l’Église sont parvenus à
296 Le dessein de Dieu pour l’Église

la même compréhension. Plus tard, dans Actes 15, certains qui avaient
« cru » cette vérité ne l’avaient manifestement pas saisie et voulaient que
les païens soient circoncis avant de pouvoir hériter des promesses de
Dieu. Une réunion a été nécessaire entre ces frères, Paul et Barnabas,
ainsi que les apôtres et les anciens à Jérusalem. Lorsque les dirigeants
ont été convaincus, ils ont présenté la discussion et la conclusion au reste
de l’Église. C’est ainsi que les choses devraient se passer. Ce processus
requiert beaucoup de patience.
Parfois, la meilleure façon de gérer cette phase consiste non seule-
ment à discuter avec les dirigeants, mais aussi à étudier le sujet ensemble
avec le groupe des responsables. Que vous soyez ou non un pasteur, vous
pouvez toujours donner aux responsables un livre (ou un CD ou un lien
vers un site Internet) qui enseigne le sujet en question : ils pourront
ainsi apprendre par eux-mêmes et à leur propre rythme. Informez-les du
fait que vous souhaitez en discuter avec eux par la suite. À mesure que
vous étudiez et discutez du sujet avec eux, prenez soin d’écouter leurs
doutes et leurs appréhensions. Montrez-leur, avec douceur et patience,
à partir de la Bible, ce que semble être la pensée de Christ pour son
Église et comment « l’obéissance vaut mieux que les sacrifices » (1 S 15.22).
Les bergers assistants doivent conduire le troupeau dans la voie que le
grand berger des brebis a tracée pour elles. Espérons qu’avec le temps,
les responsables surmonteront leurs doutes et leurs craintes pour aller
de l’avant de façon cohérente et conduire le troupeau à réformer ses
croyances et ses pratiques, en vue de refléter au mieux le dessein de
Dieu pour l’Église.
Je tiens à présent à m’adresser à ceux qui ne sont pas encore des
anciens, mais qui lisent ce livre et découvrent des domaines à réformer
dans leur Église. Suivez les conseils indiqués ci-dessus, même si vous
n’avez peut-être pas l’occasion d’enseigner directement à l’assemblée.
Évitez d’aller de maison en maison pour dire aux membres de l’assemblée
ce qui ne va pas dans l’Église. Discutez-en plutôt avec les responsables.
La plus grande erreur des jeunes « réformateurs » dans l’Église est la sui-
vante : après avoir découvert la vérité dans la Bible et saisi à quel point
leur assemblée a tort dans telle croyance ou telle pratique, ils se mettent
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 297

à attaquer les responsables de l’Église concernant leurs pratiques erronées


et commencent à exiger des changements. Ils pensent naïvement qu’en
agissant ainsi, ils parviendront à embarrasser leurs dirigeants et obtien-
dront une réforme des croyances et des pratiques de l’Église. Critiquer
publiquement les responsables de l’Église ne fonctionne jamais. Cela
contribue uniquement à perdre le peu de faveur que vous aviez autre-
fois auprès des dirigeants et à vous apposer à vous-même une étiquette
de « fauteur de troubles et rebelle ». Si vous vous obstinez à vous agiter
pour provoquer un changement, on vous montrera rapidement la porte
de sortie. Dans certains cas, vous serez même excommunié pour avoir
causé la désunion dans l’Église. Ce que vous avez de bon à donner finira
par être considéré comme mauvais. Vous perdrez ce que vous espériez
gagner. N’essayez jamais de conduire la voiture depuis le siège arrière.
Vous ne feriez que perturber le conducteur, qui devra immobiliser le
véhicule et vous demander de sortir ! La ferveur des jeunes gens doit
être régulée par la sagesse spirituelle et la patience.

Parfois, le changement est rejeté


La situation la plus délicate à gérer dans la vie de tout véritable enfant de
Dieu est celle-ci : l’enseignement de la Bible vous montre ce qu’il convient
de croire ou comment vivre, mais lorsque vous en faites part à ceux qui
comptent pour vous, c’est le rejet total. À vos yeux, c’est clair comme du
cristal ; pour eux, c’est comme si vous vouliez retourner au Moyen Âge.
Vous êtes tiraillé entre deux options : rester avec eux et être abattu, ou
partir en quête d’herbe plus verte ailleurs. Comment devriez-vous gérer
cette situation de crise liée à la réforme des croyances ou des pratiques
de votre Église ? Considérez les prophètes de l’Ancien Testament et leur
souffrance causée par le rejet qu’ils ont subi de la part du peuple d’Israël,
alors même qu’ils annonçaient la Parole de Dieu. Leur exemple sera une
source d’encouragement pour vous.
1. Évaluez l’importance du sujet nécessitant une réforme. Certaines
questions sont plus importantes que d’autres. Cela déterminera l’urgence
de votre action. Si le problème relève de l’idolâtrie, ou s’il s’agit d’une
298 Le dessein de Dieu pour l’Église

entrave à l’Évangile, de sorte que les âmes des hommes et des femmes
sont en jeu, vous devrez peut-être considérer sérieusement de quitter
cette Église pour en trouver une autre. S’il s’agit d’un problème de gestion
financière ou de nécessité pour l’Église de contribuer à la formation de
futurs pasteurs, il sera peut-être préférable de patienter un peu. Évitez
de traiter toutes les tentatives de réforme de la même façon. Certaines
sont plus urgentes et plus profondes que d’autres. Choisissez vos batailles
judicieusement. Apprenez à être diplomate.
2. Examinez également les raisons du rejet des modifications que vous
suggérez. Votre Église est-elle traditionnelle au point de mettre au second
plan ce que dit la Bible quant à sa constitution et à ses pratiques ? Dans
ce cas, au lieu de vous concentrer sur des changements en particulier,
il semble indiqué d’aider au préalable votre Église à apprécier l’autorité
et la toute-suffisance des Écritures. Corriger premièrement ce problème
permettra de débloquer la situation. Le problème est-il que vous n’avez
pas encore gagné le droit d’être écouté à un tel niveau ? La personne
responsable de l’Église est-elle opposée au changement ? Peut-être vous
êtes-vous précipité et n’avez-vous pas su rallier le peuple de Dieu à votre
cause. Mieux vaut remettre cette affaire à plus tard et poursuivre votre
service dans l’Église jusqu’à ce que leur conscience réclame un change-
ment. Voici le conseil de Paul à Timothée :

Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles ; il doit, au
contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience ; il
doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur
donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que,
revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est
emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté (2 Ti 2.24-26).

Rappelez-vous aussi l’importance de la prière. Priez pour vous armer


de patience lorsque vous êtes dans une situation où votre conscience
vous trouble en raison de ce que vous avez appris de la Parole de Dieu.
Ensuite, réintroduisez ce sujet et aidez l’Église à se réformer. Le rejet de
la réforme est souvent symptomatique d’un autre problème. Un bilan
incisif peut s’avérer être très utile pour de futurs plans.
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 299

3. Examinez l’état spirituel de la direction de l’Église. Dans le pire


des cas, vous pourriez découvrir que vous avez affaire à un dirigeant
d’Église non converti. C’était souvent l’origine du problème en Israël. Le
jugement de Dieu sur la nation d’Israël était précédé d’une série de rois
malveillants qui offensaient Dieu en permettant les pires formes d’ido-
lâtrie. Ils persécutaient même les prophètes qui cherchaient à les rame-
ner à Dieu. C’est ce qui a conduit le Seigneur Jésus-Christ à se lamenter
ainsi : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux
qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants,
comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez
pas voulu ! » (Mt 23.37). Voilà à quoi ressemblent les personnes non régé-
nérées. Ils ne se soucient pas de la gloire de Dieu. Ils ne se soucient pas
vraiment de ce que dit la Parole de Dieu, surtout si cela va à l’encontre
de leurs penchants personnels ou culturels. Ils refuseront d’abandonner
les péchés qu’ils chérissent, même si vous prêchez de tout votre cœur. Ils
vivront dans un contexte de haine personnelle, de rancœur et d’animosité,
de commérages et de calomnie, pourvu qu’ils restent aux commandes.
En fait, ils semblent mieux prospérer dans un tel contexte. Si vous vous
retrouvez dans une telle situation, le mieux à faire pour vous-même est
de prêcher l’Évangile avant que votre temps ne soit écoulé. Ce n’est qu’une
question de temps avant que ces personnes à la direction de l’Église ne
vous chassent dès qu’ils se rendront compte que vous perturbez leur zone
de confort, que vous soyez le pasteur ou un membre ordinaire de l’Église.
Cherchez à quitter l’Église de la manière la plus glorifiante pour Dieu et
la plus pacifique. N’oubliez pas qu’il y a, dans l’assemblée, des enfants de
Dieu sincères, même s’ils sont entre de mauvaises mains. Ne détruisez
pas leur foi par votre façon de partir. Clarifiez les sujets sur lesquels vous
avez imploré un changement et laissez cela par écrit dans les registres de
l’Église. Puis, demandez au Seigneur de vous conduire dans une Église où
l’équipe dirigeante sera plus disposée à écouter la voix du grand Berger
des brebis, le Seigneur Jésus-Christ.
GUIDE D’ÉTUDE POUR LE CHAPITRE 20

Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ?

Résumé
Dès lors que nous voyons des domaines où la volonté de Dieu est négligée
dans l’Église, nos consciences ne devraient pas nous laisser tranquilles
jusqu’à ce que nous puissions témoigner d’un changement biblique. En
fonction de notre position dans l’Église et de l’autorité que Dieu nous
a conférée (pour être en mesure de mettre en œuvre ce qui est juste),
nous devrions tenter de la réformer, en priant au préalable, en recher-
chant la sagesse, en nous armant de patience, en faisant confiance à la
Parole de Dieu, en donnant l’exemple de ce que nous voulons voir et en
consultant les autres responsables.

Questions d’étude
1. Dressez une liste des changements qui vous tiennent le plus à cœur
dans votre Église locale actuelle.

2. Comparez la liste ci-dessus avec la liste que vous avez établie en


répondant à la question 5 du guide d’étude qui se trouvait à la suite
de l’introduction de ce livre. Qu’avez-vous ajouté ou supprimé ?
Comment pouvez-vous aider à réformer votre Église ? 301

3. On dit qu’en Afrique, vous ne pouvez pas corriger ceux qui sont
plus âgés que vous ou qui ont autorité sur vous. Si vous êtes pasteur,
pensez-vous avoir l’humilité nécessaire pour entendre la vérité de la
bouche de quelqu’un sous votre autorité ?

Quels conseils ce livre donne-t-il sur la façon d’apporter les chan-


gements que vous souhaitez voir, si vous n’êtes pas un responsable
d’Église ?

4. Si vous êtes un responsable d’Église et que vous souhaitez intro-


duire des changements, quels sont les trois principaux obstacles à
anticiper ? Énumérez-les et commencez à prier pour la capacité et
la sagesse de les gérer.

5. Si vous êtes un pasteur dans votre Église locale, ou un prédicateur


habituel, citez trois applications de la Parole de Dieu dans votre ser-
mon le plus récent qui se sont avérées pratiques pour la vie com-
munautaire de la région et de l’Église.
ÉPILOGUE

E n rédigeant ce livre, j’ai voulu montrer quel était le dessein de Dieu


pour l’Église de sorte que notre génération d’assemblées chrétiennes
sur le continent africain s’aligne sans compromis sur la volonté de Dieu.
La gloire de Dieu rayonne davantage lorsque l’Église accomplit son des-
sein tel qu’il est enseigné dans la Bible.
J’ai mentionné, dans l’introduction, les nombreuses raisons de remer-
cier Dieu pour ce qui se passe dans l’Église en Afrique : sa croissance
fulgurante ; la jeunesse de sa population, laissant entrevoir un avenir
prometteur ; son zèle si caractéristique ; et la culture communautaire
sur le continent venant enrichir la communion entre chrétiens. Ces
bénédictions accordées par Dieu à l’Église d’Afrique ne sauraient être
sous-estimées ; c’est ce que j’ai voulu rappeler au début de cet ouvrage
sur l’Église, même si la critique que j’en fais est parfois acérée.
Dans les pages de ce livre, j’ai cherché à répondre aux questions les
plus élémentaires concernant le dessein de Dieu pour l’Église. Ce genre
de questions demande des réponses fidèles aux Écritures, le but étant de
donner au lecteur une vision tridimensionnelle de la gestion de l’Église
sur terre selon Dieu. J’ai volontairement évité de tomber dans le dogme
quand il s’agissait de détails secondaires que la Bible ne précise pas, et

303
304 Le dessein de Dieu pour l’Église

dont nous ne saisirons probablement la portée qu’à notre arrivée au ciel.


En revanche, sur les aspects immuables de la Bible, j’ai tenu à être ferme.
J’ai témoigné, en tant qu’enfant du continent, de la situation de
l’Église en Afrique : prise dans une ornière, elle est privée de la capacité
de s’élever au-delà de son niveau actuel. J’ai écrit dans un style incisif,
que n’auraient pu se permettre les missionnaires étrangers et les prédi-
cateurs internationaux en visite, sans être grossièrement qualifiés d’in-
jurieux. Quant à l’application des enseignements bibliques concluant les
chapitres, j’ai piqué dans le vif, tout en priant que le lecteur discerne à
quel niveau apporter le changement nécessaire pour une gestion plus
biblique de son Église et, par conséquent, qui glorifie Dieu davantage.
Au lecteur d’appliquer les leçons de ce livre ! Le changement n’est pas
facile. Pourtant, accepter d’en payer le prix et de combler délibérément
les lacunes contribuera, sans nul doute, à faire de l’Église de Christ sur
le continent africain une grande bénédiction pour le reste de l’Église
mondiale, dans l’attente active du retour de notre Sauveur Jésus-Christ, le
Juste. Ma prière est que par la lecture de cet ouvrage s’accomplisse, dans
une certaine mesure, ce que Dieu avait l’intention de réaliser en conce-
vant son Église : « C’est pourquoi les dominations et les autorités dans les
lieux célestes connaissent aujourd’hui, par l’Église, la sagesse infiniment
variée de Dieu […] À lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ,
dans toutes les générations, aux siècles des siècles ! Amen ! » (Ép 3.10,21.)
NOTES

Chapitre 1
1. Louis Berkhof, Précis de doctrine chrétienne, Trois-Rivières, Québec,
Éditions La Rochelle, 2018, p. 198.

Chapitre 4
1. Robert Robinson, « Come, Thou fount of every blessing » [Viens, toi
la source de toutes les bénédictions], trad. libre.

2. Extrait de l’hymne de Charles Wesley, « Love Divine, All Loves


Excelling » [Amour divin, surpassant tous les autres amours], trad.
libre.

Chapitre 5
1. Extrait du cantique de Lidie H. Edmunds, « My Faith Has Found a
Resting Place » [Ma foi a trouvé un lieu de repos], trad. libre.

305
306 Le dessein de Dieu pour l’Église

Chapitre 7
1. L’expression « ayant des enfants fidèles » peut également être tra-
duite, à juste titre, par « dont les enfants soient croyants » (voir
S21). Le mot grec « fidèles » peut donc être traduit « croyants ». Le
contexte détermine quel mot français est approprié dans la traduc-
tion. Toutefois, l’auteur préfère le mot « fidèle » dans le cas présent,
car la fidélité est un fruit de l’éducation des enfants au sein du foyer.
Seul Dieu peut donner la foi (la croyance), y compris aux enfants
de parents membres de l’Église.

Chapitre 8
1. Je préfère le mot « ordonnance » à « sacrement » lorsqu’il s’agit du
baptême et de la sainte cène, bien que ce terme ne me semble pas
déplacé. « Ordonnance » met l’accent sur le fait qu’il s’agit d’un com-
mandement, tandis que « sacrement » souligne la transmission de la
sainteté à ceux qui y participent. Je suspecte que le mystère souvent
lié à ces deux activités soit partiellement causé par cette nuance.

2. Conrad Mbewe, Foundations for the Flock—Truths about the Church for
All the Saints [Fondations pour le troupeau – Vérités concernant
l’Église pour tous les saints], trad. libre, Hannibal, Missouri, Granted
Ministries Press, 2011, p. 91.

Chapitre 9
1. Emmanuel T. Sibomana, « O How the Grace of God amazes me »
[Ô Combien la grâce de Dieu m’émerveille], trad. libre, copyright
Church Mission Society, tous droits réservés. Cité avec l’aimable
autorisation de la Church Mission Society.
Votre Église est-elle en bonne santé ?
Le ministère de 9Marks existe pour donner une vision biblique et des
ressources pratiques aux dirigeants d’Église dans le but de manifester
la gloire de Dieu aux nations par l’entremise d’Églises en bonne santé.

À cette fin, le ministère 9Marks désire aider les croyants à identifier les neuf
traits essentiels d’une Église en bonne santé :

1. une prédication qui expose toute la Bible de manière systématique ;


2. une doctrine centrée sur l’Évangile ;
3. une compréhension biblique de la conversion et de l’évangélisation ;
4. une compréhension biblique de ce qu’est un membre de l’Église ;
5. une compréhension biblique de la discipline dans l’Église ;
6. un souci biblique concernant la formation et la croissance
des disciples ;
7. une compréhension biblique de la direction d’une Église.
8. une compréhension biblique et pratique de la prière ;
9. une compréhension biblique et pratique de la mission.

Chez 9Marks, nous produisons des articles, des livres, des critiques de
livres et un journal en ligne. Nous organisons des conférences, enregistrons
des interviews et produisons d’autres ressources pour équiper les Églises
afin qu’elles puissent faire rayonner la gloire de Dieu.

Pour plus de ressources de 9marks en français, visitez :

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Les ressources de 9Marks ont été traduites dans plus de


49 langues. Veuillez visiter le site Web suivant pour en
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P O U R ALLER PLUS LOI N

DOUX ET HUMBLE DE COEUR


DANE ORTLUND

Dans Matthieu 11, Jésus se décrit comme étant « doux et


humble de cœur », désirant ardemment que son peuple trouve
le repos en lui. Ce livre s’inspire de ses paroles, plongeant dans
les passages de la Bible qui parlent de l’affection de Christ
pour les pécheurs afin d’encourager les croyants las et chan-
celants dans leur cheminement vers le ciel.

5.5 x 8.5 po | broché | 230 pages


978-2-925131-26-7
P O U R ALLER PLUS LOI N

GUIDE D’ÉTUDE
Doux et humble de coeur

DANE ORTLUND

Conçu pour être utilisé en parallèle avec le livre, ce guide


d’étude aide les lecteurs à approfondir leur réflexion sur cette
merveilleuse réalité biblique. Il comprend des questions de dis-
cussion organisées en 10 leçons, chaque leçon couvrant 2 ou 3
chapitres du livre. Cette ressource accessible s’avérera très utile
dans le contexte d’une étude personnelle ou en petit groupe.

5.5 x 8.5 po | reliure agrafée | 63 pages


978-2-925131-29-8
P O U R ALLER PLUS LOI N

DE GLOIRE EN GLOIRE
DANE ORTLUND

Dans ce livre, Dane Ortlund guide les croyants vers Jésus en


démontrant que la sanctification ne survient pas en faisant
plus ou en devenant meilleur, mais en approfondissant les
merveilleuses vérités de l’Évangile, celles qui ont été déver-
sées sur eux lorsqu’ils ont été unis à Christ au départ. L’auteur
encourage les lecteurs à fixer leur regard sur Jésus dans leur
lutte contre le péché, à s’en remettre à sa grâce et à découvrir
leur identité inébranlable en Christ.

5.5 x 8.5 po | broché | 186 pages


978-2-925131-47-2
Publications Chrétiennes est une maison d’édition évangélique qui
publie et diffuse des livres pour aider l’Église dans sa mission parmi
les francophones. Ses livres encouragent la croissance spirituelle en
Jésus-Christ, en présentant la Parole de Dieu dans toute sa richesse,
ainsi qu’en démontrant la pertinence du message de l’Évangile pour
notre culture contemporaine.

Nos livres sont publiés sous six différentes marques éditoriales qui
nous permettent d’accomplir notre mission :

Nous tenons également un blogue qui offre des ressources gratuites


dans le but d’encourager les chrétiens francophones du monde entier
à approfondir leur relation avec Dieu et à rester centrés sur l’Évangile.

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