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« Revitaliser l’Église après les restrictions dues à la COVID-19
oblige un regard lucide sur les fragilités sous-jacentes qu’elle
a révélées. Nous avons constaté des conflits importants par
rapport à la gestion de la pandémie, une baisse de participation
aux rencontres – y compris par Zoom – et, depuis un certain
allégement des restrictions, la préférence de plusieurs pour vivre
l’Église depuis leur salon ! Ce livre nous invite à revenir à la case
départ et à nous interroger sur notre conception de l’Église. Il
nous oblige à réfléchir à notre rôle en tant que membre, à notre
rapport avec l’autorité, à notre besoin de relations significatives,
ainsi qu’à notre responsabilité envers un monde en souffrance.
Bref, il nous invite à faire un bilan de santé dont l’issue ne
serait ni un vaccin, ni un test PCR, mais un retour au Dieu
de la Parole et à son projet de bâtir son Église. »
MIKE EVANS, président d’Évangile 21

« L’Église locale est une réalité merveilleuse. Si ce n’est pas


votre expérience, je vous encourage à lire ce livre. Il vous
aidera à redécouvrir pourquoi vous avez besoin de l’Église
locale, et pourquoi l’Église locale a besoin de vous. Vivre la
vie d’Église telle que Dieu l’a voulue est la meilleure chose
que nous puissions faire pour notre croissance spirituelle et
celle des autres. »
BENJAMIN EGGEN, ancien coordinateur du blog La
Rébellution ; auteur de Soif de plus ? ; coauteur du livre
Une vie de défis
« La crise sanitaire de ces derniers mois aura profondément
marqué notre société occidentale, y compris notre façon de
vivre l’Église. Force est de constater que, malgré la créativité
et le progrès considérable dans la maîtrise des outils numé-
riques, beaucoup de nos communautés font face à un déficit
relationnel important. À cela s’ajoute une compréhension de
plus en plus individualiste sur la manière de considérer et
de vivre l’Église locale. Collin Hansen et Jonathan Leeman
nous rappellent les vérités bibliques essentielles qui constituent
le fondement de la vision de Dieu pour l’Église. Un livre
rafraîchissant qui peut servir de base dans nos assemblées à
une réflexion post-COVID sur le véritable sens de l’Église. »
JÉRÉMIE DÉGLON, pasteur, coordinateur d’Évangile21 et
directeur des conférences E21

« Avec la pandémie, nous avons découvert les rencontres


d’Église virtuelles. Mais si l’Église sur YouTube vous suffit,
vous êtes en danger, et vous avez urgemment besoin de lire
ce livre. Merci à Collin Hansen et à Jonathan Leeman pour
ce livre tellement utile qui nous rappelle ce qu’est l’Église
et combien elle est essentielle pour notre transformation à
l’image de Christ. Un livre qui tombe à pic. »
VINCENT BOURREL , pasteur de l’Église Baptiste Toulouse
Métropole

« En tant que jeune chrétien, je dois avouer que je ne com-


prenais pas l’importance de l’Église locale dans le plan de
Dieu. Si c’est aussi votre cas, ce livre va changer votre point de
vue. En effet, en Christ, Dieu accomplit son projet glorieux :
rassembler son peuple pour l’adorer. »
JONATHAN MEYER, pasteur de l’Église Évangélique Action
Biblique de la Servette à Genève

« Dans la providence de Dieu, ce livre arrive dans le meilleur


des moments, alors que plusieurs réfléchissent à l’importance
des rassemblements. Les auteurs nous font comprendre clai-
rement l’importance de faire partie d’une communauté de
croyants engagés qui se rassemble dans un même lieu et au
même moment pour l’adoration du Dieu vivant. »
MICHAEL CARON, pasteur à l’Église Évangélique Baptiste
de Shawinigan-Sud ; partenaire du ministère 9Marks pour
la francophonie

« C’est un livre à lire absolument, non seulement parce que


les auteurs parlent du sujet avec un grand discernement, mais
aussi parce que les chrétiens en ont profondément besoin en
ce moment. Beaucoup croient que l’avenir du christianisme
réside dans l’Église virtuelle, et la pandémie de COVID-19
renforce cette idée. Vous trouverez Redécouvrir l’Église locale
très utile pour vous rappeler de l’importance de rester ferme-
ment attaché à la vision biblique de l’Église et de n’en adopter
aucune autre. Je recommande vivement la lecture de ce livre. »
NIMA ALIZADEH, président et fondateur, Iranian
Revelation Ministries Inc.
« Ce livre arrive à point nommé à une époque remplie de
confusion et de déception quant à l’aspect essentiel des Églises
locales. Hansen et Leeman nous offrent une vision logique,
pratique, biblique et élémentaire du rôle de l’Église dans la
vie du croyant. Il est difficile d’imaginer qu’un croyant peut
grandir en Christ et vivre l’Évangile avec constance sans l’aide
de l’Église locale. Si vous vous demandez pourquoi il en est
ainsi, vous devez lire ce livre pour être convaincu et encouragé.
J’espère et prie que notre Dieu utilisera ce livre pour contribuer
à la redécouverte et à l’édification de l’Église d’aujourd’hui. »
MIGUEL NÚÑEZ , pasteur principal, International Baptist
Church, Santo Domingo, République dominicaine

« Même avant la pandémie de COVID-19, l’on assistait à


l’émergence de différents points de vue concernant l’Église
chrétienne. Les restrictions dues à la pandémie nous ont une
fois de plus fait remettre en question notre vision de l’Église
et de sa fonction. Il est donc nécessaire, maintenant plus
que jamais, de rétablir une vision juste de l’Église. Collin
Hansen et Jonathan Leeman ont relevé ce défi et proposent
ce livre pour nous aider à parvenir à un tel rétablissement.
Rédigé dans un style lucide et conversationnel, Redécouvrir
l’Église locale nous offre une vision biblique convaincante,
remplie de profondeur et de sagesse pratique. Chaque Église
devrait lire ce livre et en discuter. Il est rempli de conseils
bibliques importants pour aider les croyants à redécouvrir
l’Église de Jésus-Christ afin de lui rendre gloire et faire pro-
gresser l’Évangile. »
KEES VAN KRALINGEN, ancien, Independent Baptist
Church de Papendrecht aux Pays-Bas, éditeur de
Reformation Today, membre du conseil de The Gospel
Coalition Nederland.

« Redécouvrir l’Église locale est un livre pertinent, actuel et


indispensable dans un monde post-pandémie. On ne peut plus
tenir l’Église pour acquise ; la présente génération veut savoir
pourquoi nous faisons les choses telles que nous les faisons.
Hansen et Leeman combinent habilement la pensée biblique
et l’expérience du monde réel pour nous livrer un manifeste
qui propose une vision de l’Église pour aujourd’hui. Pourquoi
nous réunissons-nous physiquement à l’ère du virtuel ? Qui a
donné à l’Église l’autorité de proclamer la vérité ? Comment
aimons-nous ceux qui font partie de l’Église et ceux qui n’en
font pas partie ? Comment pratiquons-nous la discipline dans
l’Église : avec fermeté et amour ? Parfois percutant (l’immo-
ralité des Églises homogènes), rempli d’exemples éloquents
(l’Église en tant qu’ambassade) et toujours réfléchi, ce livre
devrait être lu et discuté dans votre Église. »
J. MACK STILES, missionnaire et ancien pasteur au
Moyen-Orient, auteur de L’ évangélisation

« Il fut un temps où les vérités fondamentales sur l’Église


n’étaient étrangères qu’aux chrétiens de nom qui avaient renié
leur engagement envers l’Église depuis longtemps. Avec l’arri-
vée de la COVID-19 et la disponibilité des réunions en ligne,
un nombre croissant de croyants préfèrent assister au culte
dans le confort de leur salon. Ce livre facile à lire et riche en
anecdotes personnelles est donc publié à un moment crucial.
Collin Hansen et Jonathan Leeman nous invitent à redécou-
vrir l’Église en appréciant une vision globale de celle-ci. En
parcourant ce livre, votre amour sera renouvelé pour l’Église
et pour sa tête, le Seigneur Jésus-Christ. »
CONRAD MBEWE , pasteur, Kabwata Baptist Church,
Lusaka, Zambie
REDÉCOUVRIR L’ÉGLISE LOCALE
REDÉCOUVRIR
L’ÉGLISE LOCALE
Pourquoi le
rassemblement des
croyants devrait être
une priorité et un
engagement

COLLIN HANSEN &


JONATHAN LEEMAN
Édition originale en anglais sous le titre :
Rediscover Church: Why the Body of Christ Is Essential
Copyright © 2021 par Collin Hansen et Jonathan Leeman
Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers.
1300 Crescent Street, Wheaton, IL 60187, U.S.A.
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Pour l’édition française :


Redécouvrir l’Église locale : pourquoi le rassemblement des croyants devrait être une
priorité et un engagement
© 2021 Publications Chrétiennes, Inc.
Publié par Éditions Cruciforme
230, rue Lupien, Trois-Rivières (Québec)
G8T 6W4 – Canada
Site Web : www.editionscruciforme.org
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Susan Attar, Émilie Bapst


Adaptation de couverture et mise en page : Rachel Major

ISBN : 978-2-925131-23-6 (broché)


ISBN : 978-2-925131-24-3 (eBook)

Dépôt légal – 3e trimestre 2021


Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

« Éditions Cruciforme » est une marque déposée de Publications Chrétiennes, Inc.

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle Édition
de Genève (Segond, 1979) de la Société Biblique de Genève. Avec permission.
Pour mon groupe de maison :
Ceux qui traversent une pandémie ensemble restent ensemble
– Collin

À mes frères et sœurs de Cheverly Baptist Church


– Jonathan
TABLE DES MATIÈRES

Préface de la série.. .................................................................. 15


Introduction........................................................................... 17

1. QU’EST-CE QU’UNE ÉGLISE ?............................................ 27

2. QUI PEUT APPARTENIR À L’ÉGLISE ?................................ 43

3. A-T-ON VRAIMENT BESOIN DE SE RÉUNIR ?. . ................... 59

4. POURQUOI LA PRÉDICATION ET L’ENSEIGNEMENT


SONT-ILS ESSENTIELS ?............................................... 75

5. EST-IL VRAIMENT NÉCESSAIRE DE


DEVENIR MEMBRE ?..................................................... 91

6. LA DISCIPLINE D’ÉGLISE PEUT-ELLE VRAIMENT


ÊTRE EMPREINTE D’AMOUR ?. . .................................. 113

7. COMMENT AIMER LES MEMBRES QUI SONT


DIFFÉRENTS DE NOUS ?. . ............................................ 133

8. COMMENT DÉMONTRER DE L’AMOUR ENVERS


CEUX QUI NE FONT PAS PARTIE DE L’ÉGLISE ?.. ........ 149

9. QUI DIRIGE L’ÉGLISE ?.................................................... 165

13
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Conclusion
Vous n’obtiendrez pas l’Église que vous souhaitez,
mais quelque chose de bien mieux.. .............................. 185
Lectures recommandées......................................................... 199
Remerciements...................................................................... 203

14
PRÉFACE DE LA SÉRIE

Pensez‑vous qu’il est de votre devoir de contribuer à l’édifica-


tion d’une Église en bonne santé ? Si vous êtes chrétien, nous
croyons que c’est le cas.
Jésus vous ordonne de faire des disciples (Mt 28.18‑20).
Jude vous exhorte à vous édifier sur votre très sainte foi
(Jud 20,21). Pierre vous appelle à mettre au service des autres
le don que vous avez reçu (1 Pi 4.10). Paul vous recommande
de professer la vérité dans l’amour pour que votre Église croisse
à tous égards (Ép 4.13,15). Suivez‑vous notre raisonnement ?
Que vous soyez membre ou dirigeant d’une Église, les
livres de la série « Bâtir des Églises en bonne santé » visent à
vous aider à accomplir ces ordonnances bibliques et à jouer
ainsi votre rôle dans l’édification d’une Église en bonne santé.
Autrement dit, nous espérons que ces livres vous aideront à
aimer davantage votre Église comme Jésus l’aime.
9Marks envisage de produire un livre concis et accessible
sur chacune des caractéristiques que Mark Dever a appelées
les neuf traits essentiels d’une Église en bonne santé, ainsi que
quelques autres ouvrages abordant le sujet de l’Église. Ces
ouvrages portent essentiellement sur la prédication textuelle, la
théologie biblique, l’Évangile, la conversion, l’évangélisation,

15
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

l’adhésion à l’Église locale, la discipline d’Église, la formation


de disciples et leur croissance, ainsi que la direction de l’Église.
Les Églises locales existent pour manifester la gloire de Dieu
aux nations. Leurs membres y parviennent en fixant les yeux
sur l’Évangile de Jésus‑Christ, en faisant confiance au Seigneur
pour le salut de leur âme et en s’aimant les uns les autres dans
la sainteté, l’unité et l’amour de Dieu. Que le Seigneur puisse
utiliser ce livre pour vous aider à poursuivre ce but.

Dans l’espérance,

Mark Dever et Jonathan Leeman


Éditeurs de la série

16
INTRODUCTION

Peut-être avez-vous de nombreuses raisons pour ne pas aller à


l’église. En effet, durant cette pandémie, bon nombre de gens
ont cessé de s’y rendre ; selon certaines statistiques, jusqu’à un
tiers des habitués n’y vont plus. Peut-être en faites-vous partie.
Ce livre se veut un guide pour vous aider à redécouvrir l’Église
ou à découvrir pour la première fois en quoi c’est la volonté
de Dieu que vous fassiez de ces rassemblements de l’Église
locale une priorité et un engagement.
En bref, un chrétien sans Église est un chrétien en difficulté.
Il est révolu le temps où l’on pouvait supposer que les
croyants en Jésus-Christ, engagés dans leur foi, compre-
naient l’importance de l’Église. Le nombre de ceux qui
s’identifient comme chrétiens dépasse largement le nombre
de ceux qui assistent à une réunion hebdomadaire. L’essentiel
des dons et du service dans nos Églises est fait, en géné-
ral, par quelques-uns seulement. On ne peut donc pas dire
que c’est la COVID-19 qui a soudainement convaincu les
chrétiens qu’ils n’ont pas besoin de l’Église. Des millions
de chrétiens avaient déjà fait ce choix avant que nos rassem-
blements impliquent l’inscription en ligne, la distanciation
sociale et le port du masque.

17
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

La COVID-19 a néanmoins accéléré la tendance à séparer


la foi personnelle de la religion organisée. Les confinements
nous ont pris par surprise, tant par leur apparition soudaine
que par leur durée indéterminée. Et il est difficile de revenir à
ses habitudes quand on ne les a pas suivies pendant des mois.
C’est un problème qui ne concerne pas seulement l’Église.
Reprendre le chemin de la salle de sport n’est pas chose aisée
quand, pendant des mois, vous avez été effrayé par l’idée d’en
franchir le seuil.
Retourner à l’église serait déjà assez compliqué si l’unique
problème était qu’une maladie mortelle nous a éloignés les
uns des autres depuis plus longtemps que ce qu’on aurait pu
imaginer. Or, la crainte de contracter la COVID-19 est sans
doute la moindre des raisons ayant convaincu les chrétiens de
rester à la maison. Les polémiques sur les masques, les vac-
cins et bien d’autres choses ont divisé les membres d’Églises,
confinés dans leurs maisons et scotchés à leur fil d’actualité
Facebook avec son flux de mises en garde de tout genre et
de théories complotistes. Les chrétiens s’aimaient davantage
avant les réseaux sociaux. Si l’on retire le vecteur d’unité qu’est
l’expérience de l’adoration communautaire hebdomadaire sous
le même toit, les liens d’affection ont vite fait de s’effilocher.
Mais ce n’est pas tout. La politique peut entraîner une
division encore plus grande. Comment peut-on adorer Dieu
aux côtés de ceux qui ont des priorités si différentes des nôtres ?
Bien sûr, les chrétiens peuvent partager les mêmes points de

18
Introduction

vue sur la Trinité, le baptême et même l’eschatologie. Mais


à quoi bon, si l’on sent que l’on a davantage de points com-
muns avec nos alliés politiques qui ne sont peut-être même
pas chrétiens ?
La même chose s’applique à l’instabilité raciale. On pour-
rait se demander pourquoi nos voisins inconvertis voient les
solutions aux problèmes avec tant de clarté, alors que le couple
qui a l’habitude de s’asseoir derrière nous à l’église chaque
semaine affiche des points de vue si dangereux et incultes dans
ce qu’il publie sur les réseaux sociaux. Tout porte à croire qu’on
ne sera plus jamais en sécurité ni à l’aise dans cette assemblée.
Et c’est sans parler des pasteurs ! Ils ont entendu nos plaintes.
Pourquoi n’ont-ils pas fait l’effort de tendre la main et prendre
de nos nouvelles pendant que nous étions confinés à la maison ?
Nous sommes même en droit de nous demander à quoi ils ont
passé leur temps durant la pandémie. Les messages en ligne
manquaient d’enthousiasme, du moins ceux que nous prenions
la peine d’écouter au milieu du brouhaha des enfants. De toute
manière, les pasteurs étaient souvent bien moins intéressants
que les dirigeants courageux qui se sont attaqués de front aux
problèmes lors des interviews à la télévision et dans les jour-
naux. Finalement, il était plus facile que jamais de ne pas assister
au culte de notre assemblée et d’écouter des messages en ligne
d’autres pasteurs, et ce, sans en ressentir aucune culpabilité. Nous
savions que personne ne verrait la différence puisque nous ne
pouvions pas voir nos pasteurs face à face de toute façon.

19
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Certes, nous avons tous bien des raisons de ne plus retour-


ner dans nos Églises. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles ne s’at-
tendent même pas à ce que nous revenions un jour. Elles sont
en train de mettre en place des Églises virtuelles et embauchent
des pasteurs tout aussi virtuels. Plus besoin de se lever tôt le
dimanche matin, ni même de se donner la peine de s’habiller.
Plus besoin de tourner en rond afin de trouver un endroit où
se garer. Plus besoin d’entendre les bébés pleurer pendant le
culte ou de se forcer à bavarder avec les personnes qui ont des
idées politiques opposées. Plus besoin d’essayer d’étouffer ses
bâillements pendant un message trop long. Plus besoin de
prendre le pain et le vin.

QUEL AVENIR POUR L’ÉGLISE ?


Y a-t-il donc un avenir pour l’Église ? Serait-ce l’Église vir-
tuelle ? Oui et non. C’est pourquoi le but de ce livre est de vous
convaincre de redécouvrir l’Église. Non par naïveté, comme
si nous ne pouvions imaginer pourquoi quelqu’un aurait des
difficultés avec l’Église locale. D’ailleurs, quiconque aime
l’Église doit apprendre à pardonner et à être patient avec les
frères et sœurs en Christ. Dieu ne nous invite pas à l’église
parce que c’est un endroit confortable susceptible de procurer
un peu d’encouragement spirituel. Il nous invite dans une
famille spirituelle composée de marginaux et de parias. Il nous
accueille dans une maison qui n’est pas toujours comme on
la voudrait, mais qui est exactement celle dont on a besoin.

20
Introduction

Essayez de vous souvenir de l’Église avant la pandémie.


Lorsque vous regardiez autour de vous l’assemblée réunie pour
chanter, prier et écouter la Parole de Dieu, vous vous disiez
peut-être que tout le monde était heureux d’être là. Certains
écoutaient discrètement le pasteur prêcher alors que d’autres
s’exclamaient « Amen ! » pour soutenir une affirmation. D’autres
encore levaient les mains en entendant le groupe de louange
entonner un chant ou bien se cachaient le visage dans le recueil
de cantiques. Certains vous souhaitaient la bienvenue en vous
embrassant chaleureusement, tandis que d’autres vous saluaient
avec un timide « bonjour » avant de tourner les talons.
Néanmoins, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles
semblent être, même au sein d’une Église pleine de sourires. La
pandémie a mis de la pression sur nos relations et a fait resurgir
nos blessures et nos craintes cachées derrière nos mines réjouies.
Derrière chaque sourire à l’église se cache une histoire.
Celle d’une famille qui s’est disputée durant tout le trajet de la
maison à l’entrée du bâtiment. Celle d’une veuve qui pleure la
perte d’un être cher qui a déjà été oublié par les autres. Celle
d’une âme solitaire qui, au milieu d’une vie de souffrance et de
douleurs, doute de la bonté de Dieu. Ou peut-être même celle
d’un pasteur qui se demande comment motiver son Église à
suivre Christ alors que, durant toute la semaine, il a lui-même
plusieurs fois échoué dans ce domaine.
Semaine après semaine dans l’église, on ne sait jamais
réellement ce que ressentent les gens ni ce qu’ils pensent, et ce,

21
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

quelle que soit leur apparence. On ne peut non plus connaître


la vraie raison qui les pousse à venir. C’est pourquoi il est
impossible de savoir qui reviendra. Telle personne aura fait des
recherches sur les positions doctrinales de différentes Églises
avant d’en choisir une. Telle autre a juste besoin de se faire
des amis dans une nouvelle ville. Telle autre n’en finit pas de
passer d’une église à l’autre sans jamais trouver la perle rare.
Telle autre, au contraire, ne peut s’imaginer quitter l’église
où elle a grandi et été témoin de chaque étape de la vie, de
la naissance au mariage et à la mort. En ne regardant qu’aux
apparences, on ne peut connaître toute l’histoire des gens,
même dans notre propre église.
Pourquoi alors vouloir redécouvrir l’Église ? Qu’est-ce qui
vous motiverait à sortir du lit de nouveau le dimanche matin
ou à vous lever du canapé après le travail un soir en semaine
pour assister à une réunion de prière ? Pourquoi, alors qu’il
existe d’autres options, ressentir le besoin de retourner dans
une assemblée en particulier ? Et pourquoi, finalement, se
prendre la tête avec le christianisme ? Le monde n’a quasi-
ment pas remarqué l’absence de l’Église durant la pandémie.
Qu’est-ce que l’Église, de toute façon ? Est-ce un club d’en-
traide pour les personnes faibles mentalement et émotionnel-
lement ? Est-ce un groupe d’action politique pour ceux qui
partagent les mêmes idées et qui sont étroits d’esprit ? Est-ce
une association d’entraide communautaire pour des personnes
qui apprécient les vieilles chansons ?

22
Introduction

Bien avant la menace d’une contagion mortelle, l’Église


est apparue de plus en plus étrange aux yeux du monde, à une
époque où des voisins se réunissent rarement pour des raisons
telles qu’une discussion intime, un enseignement paisible ou
pour chanter avec enthousiasme – a fortiori lorsque le sujet
abordé est tiré d’un livre ancien considéré par les chrétiens
comme l’autorité absolue et contenant des pratiques étranges
comme le sacrifice d’animaux.
Alors, que se passe-t-il au juste lorsque vous allez à l’église ?
On ne parle pas ici uniquement du message, des chants ou de
la réunion en elle-même (quoique nous aborderons ces sujets
et d’autres encore dans ce livre). Il est plutôt question de ce
qui se cache derrière les sourires, au-delà des chants ou de la
lecture de la Parole, à savoir les plans et les desseins de Dieu,
parce que votre Église est plus que ce qu’il n’y paraît. Elle est,
en réalité, la prunelle des yeux de Dieu, le corps pour lequel
Jésus-Christ a offert le sien. Elle est essentielle.
C’est pourquoi Dieu emploie l’image la plus intime des
relations humaines – le mariage – pour expliquer ce qui se
passe dans votre Église. En enseignant sur le sujet du mariage
à l’Église d’Éphèse, l’apôtre Paul écrit :

Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé


l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier
en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire
paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni
rien de semblable, mais sainte et irréprochable (Ép 5.25-27).

23
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Dans ce passage, Paul nous amène à faire une déduction


à partir de l’image d’une relation que nous connaissons, celle
du mariage, pour comprendre une réalité invisible concernant
l’Église. Un mari aime sa femme en donnant sa vie pour elle.
De même, Jésus-Christ – le Fils unique de Dieu, conçu
par l’Esprit Saint, né de la vierge Marie, crucifié sur l’ordre
de Rome, ressuscité des morts le troisième jour – s’est livré
lui-même pour l’Église. À travers son sacrifice à la croix, il
a pardonné tous ceux qui se détournent de leurs péchés et
placent leur confiance en lui. Vous pouvez être saint, car Jésus
a livré son corps à la mort. Tout comme vous nourrissez et
prenez soin de votre corps, ainsi Christ nourrit et chérit son
Église (Ép 5.29).
Pensez à ce profond mystère, lorsque vous trouvez que la
vieille dame assise à côté de vous a mis trop de parfum, quand
l’homme devant vous n’arrive pas à suivre le rythme en tapant
des mains et quand votre ami qui est à l’autre bout de la
rangée oublie de vous souhaiter un joyeux anniversaire. Il est
d’autant plus difficile d’appréhender ce mystère lorsqu’on est
seul à la maison, car c’est surtout en dépit des imperfections
des membres du corps de Christ que nous nous rappelons que
personne ne s’approche de Dieu autrement que par la grâce
seule. Personne ne peut acheter une place à sa table. On ne
peut qu’y être invité.
Croyez-le ou non, votre Église devient encore plus fasci-
nante. L’apôtre Paul dit à l’Église de Corinthe : « Vous êtes

24
Introduction

le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa


part » (1 Co 12.27). En effet, votre Église est le corps même
de Christ. Ceci est valable pour le banquier qui fait partie
du conseil des diacres comme pour l’alcoolique en rémission
qui est incapable de contrôler son odeur corporelle. Ceci est
valable pour la belle jeune femme qui vous accueille à l’entrée
avec le sourire comme pour celle qui offre ses services à la
garderie et qui n’a jamais eu d’invitation à un rendez-vous
galant. Si vous vous êtes repentis de votre péché et que vous
avez cru à la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection
de Jésus, vous appartenez tous à Christ, et vous vous apparte-
nez les uns aux autres. Paul dit aux Romains : « Car, comme
nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que
tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui
sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et
nous sommes tous membres les uns des autres » (Ro 12.4,5).
En Christ, votre Église est parfaite, c’est-à-dire sans tache ni
ride. Cela reste vrai même en temps de pandémie et d’instabilité
politique. Vous le savez déjà, ou vous finirez par le découvrir :
en pratique, l’Église est composée de membres qui pèchent
encore contre Dieu et les uns envers les autres, alors même que
l’Esprit les sanctifie. Ils vous marchent sur les pieds ; ils sautent
leur tour à la garderie ; ils disent des choses blessantes ; ils font
preuve d’une partialité offensante, et la liste est longue.
En redécouvrant l’Église par le biais de ce livre, il faudra
vous rappeler de ce qui fait partie du domaine de l’invisible.

25
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Vous retournez à l’église parce que vous appartenez à Dieu et


parce que Christ a livré son corps pour vous. Ainsi, Christ a
formé un corps composé de croyants de toute tribu, de toute
langue, de tout peuple et de toute nation (Ap 5.9). Dans ce
corps, aucune personne n’est plus importante qu’une autre, car
tous lui appartiennent par la grâce seule et par le seul moyen
de la foi. Il n’existe ni partialité pour le riche ni favoritisme
pour celui que l’on juge important (Ja 2.1-7). Et parce que
nous devons tout à Jésus-Christ, nous partageons tout, les uns
avec les autres : « Et si un membre souffre, tous les membres
souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres
se réjouissent avec lui » (1 Co 12.26).
Vous appartenez à Dieu et les uns aux autres. Un seul corps,
avec plusieurs membres – vous compris. Vous avez de nom-
breuses raisons de ne pas redécouvrir l’Église, mais une nécessité
de le faire : à travers ces personnes que vous ne tenez pas vrai-
ment en haute estime, Dieu veut démontrer son amour pour
vous. C’est le seul amour qui puisse nous sortir de notre égocen-
trisme et nous placer dans une communion qui transcende les
puissances à l’œuvre dans ce monde mal en point. C’est la seule
manière pour nous de trouver la guérison, ensemble.
Au-delà de tout cela, votre Église est le lieu où Christ affirme
qu’il est présent de façon unique. Nous irions jusqu’à dire que
votre Église et la nôtre sont l’endroit où le ciel touche la terre,
là où nos prières commencent à être exaucées. « Que ton règne
vienne et que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

26
1

QU’EST-CE QU’UNE ÉGLISE ?


Jonathan Leeman

Peut-être que vos parents vous ont emmené à l’Église quand


vous étiez enfant. Les miens l’ont fait. Certaines choses m’ont
plu, d’autres non. L’une des choses que j’aimais, c’était de
jouer à cache-cache avec mes copains dans le bâtiment de
l’église. C’était un édifice tentaculaire, irrégulier, regor-
geant de couloirs, de portes et d’escaliers inattendus – parfait
pour jouer à cache-cache. Si vous m’aviez demandé alors :
« Qu’est-ce qu’une Église ? », je vous aurais certainement dési-
gné le bâtiment.
En tant qu’adolescent, la seule chose qui m’intéressait à
l’église, c’était le groupe de jeunes qui se réunissait les ven-
dredis pour des soirées agrémentées de chansons amusantes,
de sketchs rigolos et de courtes méditations. Si vous m’aviez
demandé si j’avais déjà envisagé de devenir membre de l’Église,
je n’aurais pas su quoi vous répondre. N’en voyant pas la
pertinence, j’aurais certainement balayé cette question du
revers de la main.

27
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

À l’université, j’ai arrêté d’aller à l’église. Je croyais


encore aux vérités du christianisme, du moins dans ma tête.
Pourtant, c’est le monde que je désirais, plus que je ne désirais
Jésus. Ainsi, je me vouais à la poursuite du monde. Je pense
que j’étais ce qu’on appelle un chrétien de nom seulement.
J’appelais Jésus mon Sauveur, mais il n’était assurément pas
mon Seigneur. J’avais « cru », mais je ne m’étais pas « repenti »
et je n’avais pas « cru » comme Jésus nous appelle à le faire.
Si vous m’aviez demandé : « Qu’est-ce qu’une Église ? », je
vous aurais certainement répondu que c’est un lieu où se
réunissent « plein de gens qui veulent suivre Jésus, et c’est
pour cela que je ne veux pas y aller ». Ironiquement, plus je
prenais mes distances avec l’Église, plus je comprenais ce
qu’elle était.
Et vous, vous êtes-vous déjà posé la question : qu’est-ce
qu’une Église ?

LA PRÉDICATION ET LES GENS


En août 1996, j’ai achevé mes études universitaires et j’ai
déménagé à Washington, D.C., pour y chercher du travail.
Un ami chrétien m’a parlé d’une église qui se trouvait en
ville. Éprouvant un peu de culpabilité quant à ma manière
de vivre, mais désirant surtout apporter un sens à ma vie
et quelque chose de plus profond, j’ai décidé de m’y rendre.
Je ne me souviens pas du message que le prédicateur avait
apporté le premier dimanche où je suis retourné à l’église,

28
Qu’est-ce qu’une Église ?

mais je me rappelle y être allé à nouveau pour le culte du


dimanche soir, ainsi que pour l’étude biblique du mercredi
soir. La semaine suivante, j’ai fait la même chose : dimanche
matin, dimanche soir et mercredi soir. Alors que j’étais une
personne qui n’assistait jamais à des réunions d’église, je
suis devenu quelqu’un qui prenait plaisir à s’y rendre trois
fois par semaine. Personne ne m’y obligeait, mais quelque
chose me poussait à y aller.
Plus précisément, quelqu’un m’y poussait – le Saint-Esprit –
et pour ce faire, il a utilisé deux moyens. Tout d’abord, les
prédications du pasteur Mark Dever. Je n’avais jamais entendu
quelque chose de semblable. Mark prêchait la Bible verset par
verset, chapitre par chapitre, sans aucun embarras.
Par exemple, un dimanche, Mark a prêché sur un passage
du livre de Josué qui est particulièrement difficile à digérer.
Dieu a ordonné à Josué d’entrer dans une ville cananéenne
et de tuer tous les hommes, ainsi que toutes les femmes,
les jeunes et les vieux, sans oublier le bétail, les moutons et
les ânes. Mark a lu le texte à voix haute, puis s’est arrêté en
nous dévisageant.
« Que va-t-il nous dire maintenant ? me suis-je demandé.
Ce passage est dément ! »
Mark a continué : « Si vous êtes chrétien, vous devriez savoir
pourquoi un texte comme celui-ci se trouve dans la Bible. »
« Comment ? Que dit-il ? »

29
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Dans un premier temps, l’interpellation de Mark m’a


agacé. « Je devrais savoir pourquoi c’est écrit dans la Bible ?
Et pourquoi tu ne me le dis pas, Monsieur le prédicateur ? »
Cependant, un peu plus tard, le défi de Mark a com-
mencé à prendre tout son sens dans ma tête. Des versets
tels que ceux qui ont été lus par Mark nous rappellent que
Dieu ne nous doit aucune explication ; c’est nous qui lui
en devons. Ce n’est pas Dieu qui passe en jugement, mais
nous. Il est le Créateur et le Juge. Lui seul peut donner la
vie et la reprendre.
Je ne me souviens pas de ce que Mark a dit ensuite. Ce
qui est important, c’est que mon monde avait déjà changé. La
réalité telle que je la percevais avait été réordonnée. Je voyais
avec des yeux nouveaux – un peu comme de nouvelles pers-
pectives que l’on gagne avec l’âge, mais en un instant. Une
conviction avait pris place dans mon cœur : Dieu est Dieu.
Je ne le suis pas.
Une bonne prédication aura ce même effet dans votre vie,
semaine après semaine. Fidèlement, elle révèle la Bible et trans-
forme les yeux de notre cœur pour qu’ils voient le monde avec
la perspective de Dieu et non la nôtre. Nous reviendrons sur
la question de la prédication au chapitre 4.
Pourtant, le Saint-Esprit n’a pas seulement utilisé la pré-
dication pour m’attirer dans cette Église. Il a également
utilisé des personnes. Un homme appelé Daniel m’a invité
à me joindre à sa famille chaque samedi matin pour prendre

30
Qu’est-ce qu’une Église ?

le petit déjeuner et étudier le livre d’Ésaïe. Un couple de


retraités, Hélène et Pierre, m’ont invité à dîner, comme l’ont
fait Paul et Alice, un autre couple plus âgé. L’étreinte de
l’Église a été douce et chaleureuse. J’avais quelques amis non
chrétiens à l’université près de là où j’habitais, mais j’avais
également le désir de passer de plus en plus de temps avec
mes nouveaux amis de l’église et d’inviter mes amis de la
faculté à se joindre à nous.
Cette communauté, avec son amour et ses engagements,
m’offrait une image différente de ce que je connaissais de
la vie. Jusque-là, je vivais pour me servir. Eux, ils vivaient
pour servir Dieu et les autres. J’utilisais mes paroles pour me
vanter ou critiquer les autres. Eux, ils utilisaient leurs paroles
pour encourager. Je parlais de Dieu comme je l’aurais fait
d’un livre de philosophie, mais eux en parlaient comme s’ils
le connaissaient. Je voulais faire la fête durant les weekends.
Eux, ils voulaient trouver leur plaisir en Christ.
Cette assemblée m’a également permis de jeter un nou-
veau regard sur la ville où elle se trouvait. Nous étions à
Washington, D.C., une ville bouillonnante de débats autour
des élections à venir en novembre 1996. Les membres de
l’église aussi aimaient en parler. Certains d’entre eux ont
même pris des congés de quelques semaines dans leurs cir-
conscriptions respectives pour faire campagne pour les sièges
de leurs employeurs au Congrès ou au Sénat. Pourtant, ces
mêmes personnes parlaient de politique comme d’un sujet

31
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

simplement important. La ville, quant à elle, voulait qu’ils en


parlent comme si c’était l’ultime but dans la vie. Les membres
de l’église ne faisaient que s’ intéresser à la politique, alors que
la ville voulait qu’ils en fassent une idole.
Ainsi, au sein de l’Église, la culture politique était plus
calme, moins frénétique et plus respectueuse. Notre entente
au sujet des choses qui ont une valeur suprême, telles que la
source de la justice éternelle, nous a permis d’être en désac-
cord, avec amour, sur des choses importantes telles que les
meilleures stratégies politiques à mettre en œuvre pour la
justice aujourd’hui.
Les clivages démographiques traditionnels ont également
perdu de leur influence. J’étais un jeune homme célibataire âgé
d’une vingtaine d’années. Au fil des mois, j’ai fini par passer
de plus en plus de temps avec des couples de septuagénaires
ou une veuve octogénaire. Mes premières relations d’amitié
véritables et profondes avec les frères et sœurs de certaines
minorités ont pris naissance dans cette Église.
En somme, j’ai appris que la cité de Dieu avance à un
rythme différent même lorsqu’elle participe à des marches
civiques et culturelles dans les villes de ce monde.
Si vous m’aviez demandé à cette époque ce qu’est une
Église, j’aurais été incapable de vous donner une réponse bien
structurée. Néanmoins, ces deux notions, à savoir la prédi-
cation et les gens – une parole d’Évangile et une société de
l’Évangile – germaient déjà dans mon esprit. J’étais conscient

32
Qu’est-ce qu’une Église ?

du fait qu’une Église a quelque chose à voir avec un groupe de


personnes qui se réunissent pour être façonnées par la Parole
de Dieu. De cette manière, ces personnes commencent à vivre
ensemble en tant que peuple différent, un peuple qui est à la
fois dans le monde et hors du monde.

POURQUOI UNE BONNE COMPRÉHENSION DE L’ÉGLISE EST


ESSENTIELLE : VIVRE COMME SI NOUS ÉTIONS AU CIEL
Je vous repose la question : qu’est-ce qu’une Église à votre avis ?
À seulement effleurer la question, on risque de passer à
côté de la douce bonté que Dieu entend partager avec nous
au travers de sa famille. Après tout, votre compréhension
de ce qu’est l’Église façonnera votre vie et votre manière
de vivre.
Par exemple, pensez à la façon dont les gens aujourd’hui
parlent : ils « adhèrent » à une Église, comme s’il s’agissait
d’un club. Ou bien ils « vont à l’église » comme s’il s’agissait
d’un bâtiment. Ou encore ils « apprécient l’Église » comme s’il
s’agissait d’un spectacle. Quels présupposés montrons-nous
lorsque nous parlons de l’Église en ces termes ? De plus, com-
ment ces présupposés façonnent-ils notre façon de nous impli-
quer dans notre Église ? Je dirais qu’à cause d’eux, il est facile
de penser à notre Église le temps des réunions et de l’ignorer
le reste du temps.
« Mais attendez ! disent les Écritures. L’Église est en fait un
rassemblement et une communion de la famille de Dieu, le

33
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

corps de Christ et le temple du Saint-Esprit. » Donc, si nous


continuons à agir comme si nos Églises n’étaient pas plus que
des clubs, des bâtiments ou des spectacles, nous passerons à
côté de l’abondance de soutien et de bénédictions dont Dieu
veut nous faire bénéficier.
L’objectif de ce livre consiste à vous aider à redécouvrir
l’Église pour que vous puissiez à la fois comprendre ce qu’elle
est et découvrir en retour les richesses qu’apporte le fait de
vivre en tant que frères ou sœurs dans la famille de Dieu ;
la joie de vivre en tant que partie du corps de Christ unie à
d’autres membres du corps ; et la puissance contre-culturelle
de vivre comme une brique dans le saint temple dans lequel
Dieu habite sur terre à présent. Nous voudrions que vous
fassiez l’expérience de tous ces bénéfices et bénédictions, pour
votre bien et pour le bien de vos amis et voisins qui ne sont
pas croyants.
Ce dont vos amis inconvertis ont besoin plus que tout,
c’est non seulement de vos paroles d’Évangile, mais aussi
d’une communauté de l’Évangile qui rende témoignage de
la vérité de vos paroles d’Évangile. Vous voulez qu’ils voient
la vie de votre Église et qu’ils s’écrient : « Dieu transforme
réellement les gens. Et il est effectivement en train de bâtir
une ville juste – ici même dans l’Église » (voir 1 Co 14.25 ;
Hé 11.10).
Songeons simplement à ceci : les dirigeants politiques amé-
ricains ont pendant longtemps désigné les États-Unis comme

34
Qu’est-ce qu’une Église ?

étant une « cité sur une colline ». Pourtant, redécouvrir l’Église,


c’est en partie redécouvrir que nos Églises doivent justement
être ces cités sur la colline, que nous vivions aux États-Unis
ou dans un autre pays. Voilà ce dont nous avons le plus besoin
(que l’on soit chrétien ou pas) durant ces temps culturellement
et politiquement tumultueux.
Aujourd’hui, le ciel ne descendra pas sur terre par le
biais d’une nation, quelle qu’elle soit. Cela n’a d’ailleurs pas
été le cas depuis que Dieu a lié sa présence au Temple de
l’ancien Israël.
Et pourtant, de manière remarquable, étonnante et
incroyable, votre Église, celle que nous désirons que vous
redécouvriez, est le lieu où selon la Bible le ciel a commencé à
descendre sur terre :

• Là, le royaume de Dieu est proche (Mt 4).


• Là, la volonté de Dieu est faite sur la terre comme au ciel
(Mt 6).
• Là, nous amassons des trésors dans le ciel (Mt 6).
• Là, nous lions et délions sur terre ce qui a été lié et délié au
ciel (Mt 16 ; 18).
• Nous sommes le temple céleste (1 Co 3 ; 1 Pi 2)

Le ciel descend jusque sur la planète terre par le biais de


nos réunions d’Églises. Et lorsque cela se produit, on offre
aux citoyens de ce pays l’espoir d’une nation meilleure et, aux
résidents de cette cité, l’espoir d’une cité meilleure et durable.

35
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Quels que soient les défis auxquels vous êtes confrontés en


tant que Nord-Américains, Européens, ou autre, en tant que
minorité ethnique ou non, riche ou pauvre, votre espérance
pour une société juste et paisible ne doit pas reposer sur les
royaumes de ce monde. Elle devrait plutôt s’ancrer dans le Roi
lui-même, qui établit son royaume céleste dans l’avant-poste
que nous appelons l’Église locale.

QU’EST-CE QU’UNE ÉGLISE ?


Qu’est-ce qu’une Église ? La Bible emploie un certain nombre
de métaphores pour répondre à cette question. L’Église est
la famille et la demeure de Dieu, le corps de Christ, le
temple du Saint-Esprit, le pilier et le fondement de la vérité,
l’Épouse de Christ et son troupeau, et plus encore. Chacune
de ces métaphores nous dit quelque chose de merveilleux
concernant votre Église et la nôtre. Nous avons besoin de
toutes ces métaphores, car il n’y a aucune autre organi-
sation, aucun autre corps, ni aucun autre peuple qui soit
semblable à l’Église. Nous en avons abordé quelques-unes
dans l’introduction et nous continuerons de le faire tout
au long de ce livre.
Voici la définition théologique de l’Église sur laquelle nous
méditerons dans le reste du livre :

36
Qu’est-ce qu’une Église ?

L’Église est composée de chrétiens (chapitre 2)

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ (chapitre 3)

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi (chapitre 4),

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques (chapitre 5),

afin de manifester la sainteté et l’amour de


Dieu (chapitre 6)

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié (chapitre 7),

dans le monde entier (chapitre 8),

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens (chapitre 9).

ENFIN, MEMBRE DE L’ÉGLISE


Quelques mois après mon arrivée à Washington D.C., l’un
de mes nouveaux amis m’a invité à me joindre à l’Église.
Plus précisément, il m’a invité à emménager dans l’un des
appartements pour hommes que l’Église possédait. Mais seuls
ses membres pouvaient y habiter. Il s’agissait de magnifiques
logements sur la colline du Capitole, dans un beau quartier,

37
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

et de plus, le loyer était abordable. « Bien sûr que je vais me


joindre à l’Église ! Dis-moi où je dois signer ! » lui ai-je répondu.
Ce que je désirais pour un gain financier, Dieu le voulait
pour mon bien.
L’Église m’a demandé d’assister à plusieurs réunions pour
devenir membre et d’avoir un entretien avec le pasteur Mark.
Ayant grandi au sein d’une Église, je connaissais les bonnes
réponses. L’assemblée a ensuite voté pour m’accepter comme
membre en novembre 1996.
Si vous m’aviez demandé à ce moment-là ce qu’est une
Église, je vous aurais probablement donné une réponse vague
et générique. Je me souviens d’un jour où le pasteur et moi
rentrions d’un déjeuner et où je lui donnais du fil à retordre
concernant l’entêtement de notre Église à vouloir obtenir le
titre de « baptiste ». Voilà ce sur quoi le jeune de vingt-trois
ans que j’étais aimait débattre.
À vrai dire, j’avais un pied dedans et l’autre dehors, du
moins durant la première année. Le samedi soir, je faisais la
fête avec mes amis non chrétiens. Le dimanche matin, j’allais
à l’église. C’était comme vouloir s’asseoir sur deux chevaux
en même temps. Il est évident que cela ne peut durer bien
longtemps.
Mais le Seigneur a été plein de grâce. Petit à petit, il a
changé mes désirs et a commencé à me mettre sur un seul
cheval. J’ai commencé à me repentir et à regarder à Jésus à
la fois comme mon Sauveur et mon Seigneur. La Bible est

38
Qu’est-ce qu’une Église ?

devenue passionnante et mes amis chrétiens, précieux. Le


péché me semblait de plus en plus stupide et même, détestable.
Me repentir comprenait l’abandon des péchés de ma jeu-
nesse, le genre de péché contre lequel les pasteurs mettent en
garde les jeunes.
Cependant, la repentance biblique a également une dimen-
sion communautaire. Dans mon cas, cela impliquait l’aban-
don d’une vie individualiste, sans attache et autonome. Cela
signifiait de me joindre à une famille et en être responsable,
d’inviter d’autres chrétiens dans ma vie et d’avoir des discus-
sions parfois embarrassantes qui pourraient inclure la confes-
sion de mes péchés ou la reconnaissance de mes faiblesses.
Cela incluait aussi de chercher des hommes plus âgés qui
seraient mes mentors et des plus jeunes en qui je pourrais
m’investir. J’ai appris à faire preuve d’hospitalité envers les
nouveaux venus ou ceux qui étaient dans le besoin, ainsi qu’à
me réjouir avec ceux qui se réjouissent et à souffrir avec ceux
qui souffrent.
Autrement dit, la repentance implique toujours l’amour.
Jésus a dit : « Je vous donne un commandement nouveau :
aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, vous
aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront
que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns
pour les autres » (Jn 13.34,35).
Remarquez que Jésus n’a pas dit que les inconvertis verront
que nous sommes ses disciples par l’amour que nous avons

39
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

pour eux, même si cela est vrai. Il dit qu’ils sauront que nous
sommes ses disciples, par l’amour que nous avons les uns pour
les autres. Intéressant, n’est-ce pas ? Comment cela se peut-il ?
Notez de quel genre d’amour il s’agit : « comme je vous ai
aimés... » Comment Jésus nous a-t-il aimés ? Il nous a aimés
d’un amour qui porte le péché, qui se sacrifie et qui répand
sa grâce. « Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce
que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort
pour nous » (Ro 5.8).
Qu’est-ce qu’une Église ? C’est un groupe de personnes qui
se savent aimées de Christ et qui cherchent à s’aimer les unes
les autres de la même manière. C’est ainsi que le pasteur Mark,
Hélène et Pierre, puis Paul et Alice m’ont aimé, moi, ce jeune
de vingt-trois ans qui chevauchait sur deux chevaux à la fois.
D’ailleurs, c’est de cette façon que les membres de notre
Église nous aiment, Collin et moi, encore aujourd’hui : avec
un amour qui pardonne, qui est patient et qui supporte tout.
C’est aussi de cette manière que nous cherchons à les aimer
en retour.
Voilà l’amour que les incroyants dans le monde ont besoin
non seulement d’entendre par nos paroles, mais également de
voir dans notre vie communautaire. Il les poussera à s’excla-
mer : « Nous voulons cela, nous aussi ! Pouvons-nous nous
joindre à vous ? »
À cela nous répondons : « Ah, mes amis ! Laissez-moi
d’abord vous conduire à la source de cet amour. »

40
L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
2

QUI PEUT APPARTENIR


À L’ÉGLISE ?
Collin Hansen

Quand j’étais jeune, ma famille et moi nous rendions souvent


à l’Église, mais pas toutes les semaines. Ce n’était pas une
priorité dans notre vie. Chaque fois que nous y allions, je
m’imaginais que tout le monde nous jugeait, s’interrogeant sur
le motif de notre absence les semaines précédentes. Peut-être
en était-il ainsi, mais probablement pas. La plupart d’entre eux
ne venaient pas non plus régulièrement. Alors que je m’asseyais
au fond de la salle avec mes parents, de nombreuses questions
fusaient dans mon esprit concernant l’évolution et les dino-
saures. J’en ai donc conclu que lorsque ma génération prendrait
le relais, nous laisserions l’Église derrière nous comme une
sorte d’illusion insensée pour les gens plus âgés.
Vous pouvez donc comprendre mon étonnement lorsque
j’ai commencé à voir des adolescents passionnés par Jésus et
par l’Église. Je ne pensais pas que c’était possible. Je supposais

43
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

qu’il fallait être bizarre, un genre de marginal, pour vraiment


apprécier l’Église. Mais ces jeunes avaient l’air heureux, mais
moi, je ne l’étais pas. Contrairement à moi, ils semblaient
avoir un but dans la vie et de l’espoir. J’ai été d’accord de me
joindre à eux pour une retraite d’Église, mais je restais per-
plexe. Qu’est-ce qui pouvait donner tant de joie à ces jeunes ?
Puis, un jour lors de cette retraite, la raison m’est claire-
ment apparue. En dehors de la foi en Jésus, nous sommes
condamnés par notre péché et séparés de Dieu. Mais, à travers
la mort sacrificielle de Jésus sur la croix, nous recevons le par-
don de nos péchés lorsque nous nous en repentons et nous en
détournons. Parce que Jésus est ressuscité d’entre les morts,
nous pouvons bénéficier de la paix et de la communion éter-
nelle avec le Dieu trinitaire : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Je suis incapable de dire si j’avais déjà entendu ce message
à l’Église. Si c’était le cas, cela ne m’avait pas marqué comme
lors de cette retraite. Je ne serai jamais plus le même. Je me suis
converti. Le changement est apparu immédiatement aux yeux
des membres de ma famille et de mes amis : j’avais la joie, la
liberté et l’espérance. À la suite de ma conversion, beaucoup
d’entre eux ont cru également.
Plus tard, je me suis fait baptiser et je suis devenu membre
d’une Église. À présent, je comprenais pourquoi j’avais eu une
opinion si négative de l’Église quand j’étais jeune. C’est parce
que je ne m’étais pas encore converti. Ma famille s’attendait
à une présence respectueuse et non à une participation sans

44
Qui peut appartenir à l’Église ?

réserve. J’ai eu besoin de redécouvrir l’Église et de répondre


pour moi-même aux interrogations telles que : qui peut y
appartenir et comment devient-on éligible pour être membre ?
Qui, donc, peut devenir membre d’une Église ? Ce sont les
chrétiens baptisés. Des personnes qui sont nées de nouveau et
qui peuvent s’identifier comme croyants par le baptême. Certes,
nos amis pédobaptistes diraient que les enfants de croyants
peuvent également devenir membres d’une Église par le bap-
tême des enfants (en tant que membres non-communiants).
Mais tous s’accordent pour dire qu’en ce qui concerne les
adultes, une personne doit être née de nouveau et être baptisée
pour devenir membre d’une Église. Nous nous pencherons sur
le baptême dans le chapitre 5. Réfléchissons, pour le moment,
à la conversion et à sa nécessité dans la redécouverte de l’Église.

S’INVITER À UNE FÊTE


Il est probable que ceux d’entre nous qui vont à la même Église
depuis un certain temps ne se rendent pas compte combien elle
peut paraître étrange pour un visiteur. Si vous n’avez aucune idée
de ce qu’est une Église, le simple fait d’entrer dans le bâtiment
demande du courage. Où faut-il aller ? Que faut-il dire ? Suis-je
même autorisé à y entrer ? Y a-t-il quelqu’un qui m’attend ou
qui se réjouit de ma présence ? Comment dois-je m’habiller ? Et
comme si cela ne suffisait pas, la COVID-19 a ajouté d’autres
questions relatives à l’Église : est-ce que les réunions sont en

45
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

présentiel ou à distance, à l’intérieur ou à l’extérieur, avec ou


sans masque ? Sans parler des exigences vaccinales !
Pour quelqu’un qui n’est pas un habitué de l’Église, la ter-
minologie paraît aussi étrange. Dans quel autre lieu peut-on
entendre parler de « bénédiction » ? Où s’assied-on sur un banc ?
La musique n’est pas familière et, dans certaines Églises, on ne
chante qu’accompagnés d’un orgue. Les chants qu’on chantait il
y a trente ans sont encore appelés « musique chrétienne contem-
poraine ». À la radio, on les appellerait plutôt des chansons
du « bon vieux temps ». Parfois, même l’odeur y est distincte.
Quelqu’un pourrait mettre en bouteille l’odeur de moquette
humide, de café refroidi, de laque à cheveux et de bougies
soufflées, et vendre ce parfum sous le nom de « nostalgie ».
Si vous obtenez les bonnes réponses à vos nombreuses
questions concernant l’Église, alors bravo ! Maintenant, il
faut jongler avec les réponses qui varient d’une Église à l’autre.
Quelle est la différence entre un baptiste, un catholique, un
méthodiste, un presbytérien et un anglican ? Et tout cela sans
parler du fait qu’une Église baptiste aux États-Unis ne res-
semble en rien à une Église baptiste en Ouganda.
Une fois, j’ai eu l’occasion de prêcher dans une Église pen-
tecôtiste en Italie. J’ai préparé un message deux fois moins
long que mon habituel message de trente minutes, laissant
ainsi suffisamment de temps pour la traduction. Quand j’ai
eu fini, personne n’a bougé. Je me suis rendu compte que je
n’avais pas pris la peine de demander combien de temps devait

46
Qui peut appartenir à l’Église ?

durer le message. J’ai su plus tard qu’ils s’attendaient à ce que


je prêche une heure. Ils ont dû se sentir lésés. Les coutumes
divergent d’une Église à l’autre, d’une tradition à l’autre et
d’un pays à l’autre.
Visiter une Église peut faire l’effet de s’inviter chez des
étrangers lors d’une fête célébrée habituellement en famille.
Imaginez que vous décidiez de frapper à la porte d’un inconnu
pour le réveillon de Noël. Toutes les personnes présentes se
connaissent et s’aiment (du moins en apparence, pour le temps
du réveillon). Mais vous êtes un étranger pour la famille.
Imaginez ensuite qu’ils vous invitent à vous joindre à eux pour
les festivités. Grâce à la culture populaire, vous avez une idée
générale de ce qui va se passer : il y aura peut-être un repas
et des cadeaux. Mais le genre d’aliments servis dépendra des
traditions familiales particulières et transmises depuis des
générations. Il en sera de même pour la façon dont les cadeaux
seront distribués et à qui ils seront donnés : cela dépendra des
us et coutumes de la famille. Si vous faites un faux pas, vous
gâcherez cette expérience intime pour tout le monde.
C’est le genre de sentiments que l’on peut éprouver lorsque
l’on visite une Église, et cela même si elle désire ardemment
que vous soyez là et que vous la rejoigniez. Plus haut, nous
avons comparé l’Église à une famille spirituelle. Qu’est-ce que
cela signifie ? Pour faire partie d’une famille, il faut être issu
de celle-ci ou être adopté. La Bible emploie ces deux concepts
pour décrire ce qu’on appelle la conversion, moyen par lequel

47
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

nous entrons dans cette famille spirituelle qu’est l’Église. Tout


comme on ne choisit pas de naître ou d’être adopté, on ne
choisit pas non plus de se convertir. Regardons donc ce qu’en-
seigne la Bible sur la nécessité de la naissance spirituelle et de
l’adoption pour faire partie de l’Église.

IL VOUS FAUT NAÎTRE DE NOUVEAU


Si le concept de la nouvelle naissance vous rend confus,
vous n’êtes pas le seul. D’ailleurs, la nouvelle naissance a
été source de confusion pour l’un des premiers disciples de
Jésus et a permis l’une des discussions les plus connues du
Nouveau Testament. Le nom du disciple était Nicodème,
et l’on peut lire le récit de cette rencontre dans Jean 3. Cet
homme appartenait aux pharisiens, un groupe de Juifs qui
observaient la loi à la lettre et qui étaient souvent en conflit
avec Jésus sur l’interprétation de ladite loi. Nicodème n’était
pas à l’aise à l’idée de rencontrer Jésus en plein jour, de peur
d’être vu en compagnie de l’ennemi. Mais il ne pouvait nier
ce qu’il voyait en Jésus. Il était évident pour lui que Jésus
serait incapable de faire des miracles, comme transformer
l’eau en vin aux noces de Cana, s’il n’était pas envoyé par
Dieu. Néanmoins, Nicodème n’avait même pas eu le temps
de formuler sa question quand Jésus a tenu des propos qui
ont eu l’effet d’une bombe : « En vérité, en vérité, je te le dis,
si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume
de Dieu » (Jn 3.3).

48
Qui peut appartenir à l’Église ?

Comment ? Nicodème pose alors la seule question adé-


quate suite à l’affirmation de Jésus : comment est-ce possible ?
Lorsqu’on quitte le ventre de sa mère, on ne peut y retourner.
Mais la réponse que Jésus donne n’aide pas vraiment à clarifier
ses propos : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne
naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de
Dieu » (Jn 3.5).
Voilà la clé pour répondre aux questions soulevées dans
ce chapitre : qui peut visiter une Église pour un culte d’ado-
ration ? La réponse est : tous ! Mais qui peut appartenir à la
famille spirituelle appelée l’Église ? Ce sont uniquement ceux
qui sont entrés dans le royaume de Dieu, ceux qui sont nés
d’eau et d’Esprit, selon Jésus, c’est-à-dire seulement ceux qui
sont nés de nouveau et qui ont été baptisés. De quelle manière
cela se produit-il ? Jésus l’a expliqué à un Nicodème interloqué :
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait
la vie éternelle » (Jn 3.16).
Nicodème pensait qu’on ne pouvait entrer dans le royaume
de Dieu qu’en obéissant à la loi de Dieu et à ses directives
interminables sur le travail et le repos, sur l’alimentation pure
et impure, et sur divers sacrifices d’animaux. Jésus a résumé
la loi de manière révolutionnaire et pourtant simple : « Crois
en moi et je donnerai ma vie pour toi. »
Il a ensuite poursuivi en expliquant que sa mort prochaine
sur la croix, qui pourrait ressembler à une défaite, est en fait le

49
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plan de Dieu pour satisfaire sa justice et pardonner les péchés.


Et Jésus le prouvera par sa résurrection d’entre les morts. Tous
ceux qui placent leur foi en lui le suivront au ciel, après leur
mort. Lorsque ce monde prendra fin, leurs corps ressusciteront
et ils profiteront des joies de l’éternité, au milieu du règne
de Jésus dans le royaume de Dieu. Tous ceux qui croient en
Christ seront sauvés du jugement de Dieu en ce qui concerne
le péché. Mais ceux qui refusent de croire en lui souffriront
une punition éternelle à cause de leur désobéissance (Jn 3.36).
Plus tard, l’apôtre Paul le dira ainsi : « Si tu confesses de
ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que
Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Ro 10.9).
Lorsque nous naissons pour la première fois, nous héritons
du péché de nos parents, que l’on peut relier à la rébellion
originelle d’Adam et Ève (Ge 3). C’est pourquoi nous avons
besoin de naître de nouveau pour que nous ne mourions pas
sans espérance. Nous avons besoin d’être sauvés des consé-
quences de notre péché que sont la mort éternelle et la séparation
d’avec Dieu notre Créateur. Mais tout comme nous n’avons
pas demandé de naître la première fois, de même, seul notre
Créateur peut nous faire naître de nouveau. « Béni soit Dieu,
le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande
miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par
la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts » (1 Pi 1.3).
La foi pour croire en Jésus est donc un don de Dieu
(Ép 2.8). Dieu prend plaisir à la donner à ceux qui la lui

50
Qui peut appartenir à l’Église ?

demandent. C’est un cadeau qu’il fait à tous ceux qui se


repentent, se détournent de leurs péchés, et qui placent leur
foi en Jésus-Christ seul et en rien ni personne d’autre. Lorsque
les apôtres ont été témoins du don de repentance accordé non
seulement aux Juifs, mais aussi aux païens, ils ont glorifié Dieu
(Ac 11.18). Suivre Dieu implique l’abandon de tous les autres
dieux. Quand nous naissons de nouveau, nous lui appartenons
entièrement. Redécouvrir l’Église, c’est prendre conscience ou
se souvenir de la raison pour laquelle nous nous réunissons
en premier lieu. Nous le faisons pour adorer Dieu – le Père,
le Fils et le Saint-Esprit – qui nous a sauvés du péché et de la
mort. C’est ce que nous chantons, et ce que nous enseignons.
C’est ce que nous observons au moment du baptême et du
repas du Seigneur.
Sans la conversion, sans la nouvelle naissance, il n’y a pas
d’Église à redécouvrir. Si Jésus n’est pas mort pour nous sauver
de nos péchés, s’il n’est pas ressuscité le troisième jour, il n’y
a pas plus d’espérance dans l’Église qu’il y en a à l’extérieur.

ADOPTÉS COMME SES FILS ET SES FILLES


Il y a quelques années, je parlais de l’Église avec des proches.
Ils savaient qu’à l’âge de quinze ans, j’avais vécu une puissante
expérience de conversion. Quand je suis né de nouveau, tout a
changé. J’ai appris à connaître Dieu par le biais de la Bible et de
la prière. J’aimais lui chanter des cantiques. Je voulais que tous
mes amis sachent comment naître de nouveau. Malgré tout,

51
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certains de mes proches n’ont pas compris, bien qu’ils aient


essayé. Chaque fois qu’ils franchissaient le seuil de l’église,
ils m’en informaient. Je savais que cela n’avait pas réellement
d’intérêt pour eux, et qu’ils cherchaient uniquement à me faire
plaisir. Je leur ai donc suggéré d’arrêter d’aller à l’église ; voilà
enfin une idée qui leur a plu ! Ils ont trouvé d’autres manières
de s’occuper le dimanche matin. Je voulais simplement qu’ils
comprennent qu’il n’y a pas de valeur intrinsèque à assister
à des réunions d’Église, si l’on n’est pas convaincu de ce que
l’on chante, de ce que l’on entend ou de ce que l’on dit.
Je ne recommanderais pas comme stratégie d’évangélisa-
tion d’encourager les gens à ne plus aller à l’église. Mais dans
ce cas précis, c’était nécessaire, car l’Église où se rendaient mes
proches n’enseignait pas clairement la conversion. Finalement,
ils ont rencontré un autre pasteur qui les a invités à croire en
Jésus et à naître de nouveau. Ils ont commencé à fréquenter
son église et y ont été baptisés. Ils appartiennent à cette famille
spirituelle depuis plus de vingt ans maintenant.
La conversion peut se produire à l’intérieur ou à l’exté-
rieur de l’Église. Elle est soit une expérience solitaire, soit une
expérience partagée avec des amis, mais elle devrait toujours
aboutir à une relation d’Église. On retrouve cette dimension
corporative lorsque la Bible décrit la conversion comme une
adoption. Parfois, notre langage actuel ne fait pas honneur au
nombre de fois où la Bible parle de la croissance spirituelle au
pluriel ; en réalité, le « vous » signifie la plupart du temps « vous

52
Qui peut appartenir à l’Église ?

tous ». Par exemple, dans Galates 4.4,5, il est écrit : « Mais


lorsque le moment est vraiment venu, Dieu a envoyé son Fils,
né d’une femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient
sous la loi afin que nous recevions le statut d’enfants adoptifs. »
Certaines versions ont traduit « fils » pour garder la référence à
la position privilégiée de l’héritier dans l’Antiquité. Mais cette
promesse s’applique à chaque homme et à chaque femme qui
croit en Jésus. Lorsque Dieu vous adopte et qu’il vous accorde
le don de la foi en son Fils, il vous accueille dans une famille
spirituelle composée de frères et de sœurs – c’est l’Église.
Réfléchissez-y : dans une adoption, un enfant a de nou-
veaux parents. Mais il hérite également d’une nouvelle fratrie.
En devenant un fils, il devient aussi un frère ; ce sont deux
nouvelles relations distinctes. Lorsque vous devenez un fils ou
une fille, vous avez une place sur la photo de famille, aux côtés
de vos frères et sœurs. C’est ce qui se produit au moment de
la conversion. Votre Père vous place sur la photo de famille,
entouré de vos nouveaux proches.
Examinons plus attentivement cette photo. Dieu est le Père
qui nous a « prédestinés à l’adoption » (Ép 1.5). Avant même
le commencement du temps, il a réuni cette famille à travers
tous les âges et tous les lieux. Dieu est le Fils, notre frère aîné,
envoyé par le Père pour nous délivrer de l’esclavage du péché et
de la mort afin de nous unir dans une seule famille (Ro 8.15 ;
Ga 4.4). Dieu est l’Esprit qui « rend témoignage à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu » (Ro 8.16). Ainsi, dans

53
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l’adoption, la photo de famille est un instantané d’action.


Trois personnes – le Père, le Fils et le Saint-Esprit – travaillent
ensemble en parfaite harmonie, et ce, en notre faveur.
Et où nous situons-nous sur cette photo ? En tant que fils
et filles de Dieu, nous sommes héritiers avec Christ (Ro 8.17 ;
Ga 7.7). Cela implique que nous partageons son héritage
(Ép 1.11,14).
Qu’est-ce que cela inclut ? Dans Colossiens 1.16, l’apôtre
Paul affirme que « toutes choses ont été créées par lui et pour
lui ». Votre grand-tante a peut-être été généreuse avec ses
richesses, mais cela ne peut rivaliser avec l’héritage proposé ici.
Dans les familles, on ne s’entend pas toujours, mais les liens
qui unissent les membres les uns aux autres aident à persévérer et
à passer au travers des conflits. Les liens du sang prévalent. C’est
vrai aussi pour l’Église. Parce que nous avons été réconciliés avec
Dieu par la repentance et la foi, nous l’avons également été les
uns avec les autres. Dans l’Église primitive, le sang de Christ
surpassait les divisions entre juifs et païens, clivages bien plus
importants comparés à ce que l’on peut rencontrer dans nos
Églises aujourd’hui. Notez le miracle accompli par la conversion
quand les juifs et les païens croient ensemble dans l’Évangile :

Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du


dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la mai-
son de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres
et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angu-
laire. En lui, tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être

54
Qui peut appartenir à l’Église ?

un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés


pour être une habitation de Dieu en Esprit (Ép 2.19-22).

Lorsqu’une Église prend plaisir dans la joie que procure


la conversion, les croyants obtiennent une nouvelle perspec-
tive sur ce qui les divise encore. Le saint temple de Dieu est
difficilement détruit.

MIS À PART
L’une des plus grandes responsabilités qui m’aient été données
en tant qu’ancien dans mon Église est celle d’avoir un entre-
tien avec les nouveaux membres. Au cours des cinq dernières
années, les autres anciens et moi-même avons accueilli plus
d’un millier de nouveaux membres. Ainsi, je peux dire que
j’ai entendu beaucoup d’histoires de conversion. Je ne suis pas
là pour faire subir un interrogatoire à ceux qui souhaiteraient
devenir membres, mais simplement pour m’assurer qu’ils ont
expérimenté la conversion dont nous parlons dans ce chapitre
et qu’ils sont capables d’expliquer la démarche à quelqu’un
d’autre qui désirerait devenir chrétien.
L’histoire de chaque personne est unique. Certaines per-
sonnes se sont enfoncées particulièrement loin dans le péché,
mais pour la plupart, ce n’est pas le cas. Je ne rencontre que
rarement des gens qui ne se sont pas éloignés de l’Église pen-
dant un certain temps. En général, la foi de quelqu’un est dif-
férente de celle qu’on pouvait trouver dans son foyer quand il

55
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était plus jeune. J’aime écouter ces récits captivants de l’œuvre


de Dieu concernant l’adoption et la manière dont ils sont nés
de nouveau. Cela ne m’ennuie jamais.
Parfois, je rencontre quelqu’un qui veut faire partie de notre
Église, mais qui de toute évidence n’est pas né de nouveau.
Il m’arrive alors de lui demander de m’expliquer la Bonne
Nouvelle, ou l’Évangile de Jésus-Christ. Et là, c’est comme si
j’avais demandé à mon fils âgé de six ans d’expliquer la théorie
d’Einstein sur la relativité. Je n’obtiens en retour qu’un regard
vide d’expression. D’autres fois, je vais entendre des histoires
sur l’Église, la moralité, les épreuves, mais rien de relatif au
péché et à la grâce salvatrice de Jésus-Christ. Aucune trans-
formation radicale impliquant un passage de la mort à la vie
ou du jugement à la résurrection.
Là où je vis, il est plutôt courant pour les Églises d’inclure
un certain nombre de membres qui ne sont pas convertis. Peu
d’entre elles donnent l’impression de comprendre en quoi
cela pourrait être problématique. Mais la Bible présente la
conversion comme une transformation qui met le peuple de
Dieu à part du monde. C’est une expérience qui change la
destinée d’une personne. C’est ce que les auteurs de l’Ancien
Testament appelaient la « nouvelle alliance ». Par le biais du
prophète Jérémie, Dieu a fait une promesse à Israël : « Je met-
trai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je
serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jé 31.33). Un peu
plus tard, écrivant également de la part de Dieu, le prophète

56
Qui peut appartenir à l’Église ?

Ézéchiel anticipe ce que Jésus affirmera à Nicodème : « Je vous


donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit
nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous
donnerai un cœur de chair » (Éz 36.26,27).
De tels passages ne permettent pas d’avoir une vision de
l’Église comme d’un lieu où l’on s’efforce d’être un peu gentil
et où l’on essaie de s’entraider un peu, du moins si cela nous
arrange. En effet, la nouvelle alliance pénètre au fond des
cœurs et produit un changement radical. Elle nous pousse à
nous détourner de notre ancienne vie et à nous tourner vers
Christ. Elle nous transmet la puissance de l’Esprit pour obéir
à la loi écrite dans notre nouveau cœur.
Au sein d’une Église, il est impossible de connaître vrai-
ment l’état spirituel de chacun ni ce qu’une personne croit
au plus profond de son cœur. Mais cela ne change en rien le
dessein architectural de la Bible pour nos Églises, ce qu’elle a
prévu pour nous et ce que nos pratiques doivent être. Si vous
êtes né de nouveau, si vous vous êtes repenti de votre péché
et avez cru en Jésus, vous pouvez appartenir à l’Église. Vous
n’êtes pas obligé de vous contenter d’accomplir un devoir sans
compréhension ni but, tout en rêvant, comme je l’ai fait plus
jeune, à un avenir sans Église. Lorsque vous vous convertissez,
vous ne pouvez vous empêcher d’adorer Dieu. Vous ne désirez
qu’une seule chose, celle de vous réunir et de louer Dieu avec
d’autres croyants en Jésus-Christ.
En parlant de rassemblements...

57
L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
3

A-T-ON VRAIMENT BESOIN DE


SE RÉUNIR ?
Jonathan Leeman

Durant l’année 2020 et au début de l’année 2021, les nou-


velles au sujet de manifestations politiques ont dominé les
grands titres des médias américains. Les partis de gauche
affirmaient qu’ils protestaient contre les brutalités policières
faites contre les minorités, tandis que ceux de droite disaient
qu’ils protestaient contre une élection présidentielle qui leur
était volée.
Lorsque des milliers de citoyens s’assemblent pour mani-
fester dans des buts politiques, le public prête l’oreille. Les
journalistes arrivent sur les lieux, les caméras sont allumées,
les politiciens donnent des interviews, et ceux qui sont restés
à la maison ont les yeux rivés sur leur téléphone, cliquant sur
tous les liens possibles et imaginables. Ensuite, après quelques
semaines, un législateur adoptera peut-être de nouvelles lois.
Une agence gouvernementale adoptera alors de nouvelles

59
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

politiques, et la conscience d’une nation sera changée, ne


serait-ce qu’un peu.
Les regroupements de personnes ont un puissant impact,
non seulement sur ce qui se passe lorsqu’ils s’assemblent, mais
aussi concernant leur devenir une fois réunis. Les individus
d’un groupe ont la capacité de devenir un mouvement, une
force, et même le symbole de quelque chose de nouveau qui
va se produire dans le monde, pour le meilleur ou pour le pire.
Ensemble, on peut aller plus loin.
Il est peu étonnant que les académiciens écrivent des
ouvrages sur la psychologie des foules. Les gens s’assemblent avec
leurs désirs et leurs griefs et un orateur charismatique affirme
tout haut ces désirs et ces griefs. Le monde regarde alentour et
voit que les gens acquiescent de la tête ; il entend leurs cris de
ralliement. Les individus se rendent compte qu’ils ne sont pas
seuls et leurs désirs s’intensifient. Ils sont mobilisés pour passer
à l’action, pour construire ou parfois même pour détruire.
Qu’est-ce qui rend ces rassemblements si puissants ? C’est
le fait que vous soyez là, physiquement. Vous voyez, vous
entendez et vous ressentez. Contrairement au moment où vous
visionnez quelque chose à l’écran et que par conséquent vous
en êtes physiquement éloigné, un rassemblement vous entoure
littéralement. Il définit toute votre réalité. Dieu nous a créés
avec un corps et une âme, et mystérieusement, il les entrelace
l’un avec l’autre de sorte que ce qui affecte notre corps affecte
aussi notre âme. Lors d’un rassemblement, on expérimente ce

60
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

que les autres personnes aiment, haïssent, craignent et croient,


et notre jugement quant à ce qui est normal et à ce qui est juste
peut rapidement dévier. Les affections de la foule deviennent
les nôtres. Ceci n’est pas étonnant, car Dieu nous a aussi créés
comme des créatures à son image (voir Ge 1.26-28). Il nous a
fait pour que nous imitions sa propre justice, mais nous avons
choisi d’imiter d’autres choses. C’est ainsi que se forment
différentes cultures. Nous ressemblons à d’autres personnes
autour de nous, les imitant et les copiant autant dans ce qui
est bon que dans ce qui est mauvais. Le fait de se rassembler
accélère simplement le processus.
Cependant, les rassemblements ne sont pas puissants seu-
lement pour ceux qui y participent. Ils affectent également
ceux qui restent en périphérie. Peut-être vous êtes-vous déjà
promené dans un parc quand, tout à coup, vous avez aperçu
une foule de gens près de vous et vous avez tourné la tête
dans leur direction. « Qu’est-ce qui se passe ? » vous êtes-
vous demandé. Alors, vous vous êtes dirigé vers l’arrière de
la foule et avez cherché à vous frayer un chemin à travers les
gens réunis. Pourquoi ? Parce que vous vous êtes demandé si
vous n’étiez pas en train de passer à côté de quelque chose –
quelque chose d’important. Ou alors, vous avez reçu une
notification sur votre smartphone à propos d’une manifes-
tation réunissant 200 000 personnes dans votre ville. Vous
vous êtes dit que ce devait être hyper important et vous avez
cliqué sur le lien.

61
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Les rassemblements ont le pouvoir de changer des vies, de


changer les cultures, de changer le monde. Ils sont puissants.

LES ÉGLISES SE RASSEMBLENT ET SONT À ELLES SEULES


DES RASSEMBLEMENTS
Tout comme une manifestation politique, un rassemblement
d’Église façonne un peuple, individuellement et collective-
ment, en une culture, une force ou un mouvement. Il nous
modèle en tant que cité de Dieu. Et comme pour une mani-
festation, l’assemblée offre un témoignage visible aux yeux du
monde entier. Elle lui proclame que nous sommes citoyens
des cieux. Ceux qui nous entourent s’interrogent : « Qu’est-ce
qui se passe là-bas ? »
L’un de nos amis, qui est pasteur, a récemment observé
que, lorsque les quarantaines liées à la COVID-19 se sont
terminées, son Église a constaté à quel point ses rassemble-
ments sont profondément spirituels. C’est le terme qu’il a
employé : « spirituels ». Et il a raison de dire cela, car nos
rassemblements sont spirituels. Pourtant, ironiquement, ils
sont spirituels, du moins en partie, parce que ce sont des
rassemblements physiques.
Dieu a toujours voulu que son peuple s’assemble et qu’il
soit physiquement réuni autour de lui. C’est pourquoi il a
créé Adam et Ève avec des corps physiques et qu’il a marché
avec eux dans le jardin d’Éden. Il les a bannis de sa présence
seulement lorsqu’ils ont péché.

62
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

Dieu a ensuite rassemblé le peuple d’Israël dans la Terre


promise et leur a dit de se réunir régulièrement dans le Temple
où il demeurait (p. ex., De 16.16 ; 31.10-12,30). Ils ont encore
péché et encore une fois, ils ont été chassés du pays.
La plus grande preuve du désir de Dieu d’être rassemblé
avec son peuple se trouve probablement dans l’incarnation.
Le Fils de Dieu s’est revêtu d’un corps humain. Celui qui est
avec Dieu et qui était Dieu (Jn 1.1,2) s’est incarné pour être
avec nous (Jn 1.14). Et il a promis de bâtir son Église, un mot
qui signifie, lorsqu’il est traduit littéralement, « assemblée »
(Mt 16.18).
Vous ne vous êtes peut-être jamais demandé pourquoi Jésus
a choisi le terme « église ». Les Juifs à l’époque de Jésus se réu-
nissaient dans des synagogues, mais Jésus n’a pas employé le
terme « synagogue ». Il a employé le mot « église ». Pour quelle
raison ? On trouve la réponse en parcourant l’histoire biblique.
En regardant en arrière, on remarque qu’il a été prophétisé
que Jésus réunirait un peuple dispersé par l’exil (voir Joë 2.16).
En regardant en avant, on comprend que Jésus voulait que
ces assemblées – ces Églises – anticipent l’assemblée finale
où Dieu demeurera définitivement avec son peuple : « Voici
le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux,
et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux »
(Ap 21.3 ; voir 7.9s).
Nos Églises locales rassemblées représentent la présence de
Dieu parmi les hommes, c’est-à-dire l’endroit où le ciel rencontre

63
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

la terre. « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis


au milieu d’eux » (Mt 18.20 ; voir aussi v. 17). C’est une chose
qui ne se produit pas sur Internet ou dans notre esprit, mais qui
se produit « lorsque vous vous réunissez en assemblée », pour
reprendre une phrase de Paul qui suggère que l’Église n’est pas
une Église jusqu’à ce qu’elle s’assemble (1 Co 11.18).
Parfois, on entend dire « qu’une Église, c’est des gens et non
un lieu ». Il serait plus juste de dire qu’une Église est un peuple
assemblé en un même lieu. Le fait de se rassembler régulière-
ment fait de l’Église une Église. Cela n’implique pas qu’elle cesse
d’être une Église lorsque les gens ne sont plus rassemblés, pas
plus qu’une équipe sportive cesse d’être une équipe quand ses
membres ne jouent plus. L’élément à retenir, c’est que se réunir
est nécessaire pour qu’une Église soit une Église, tout comme
une équipe doit se rassembler pour jouer afin d’être une équipe.
Jésus a organisé le christianisme de la même manière. Il
veut que notre christianisme soit centré autour de nos rassem-
blements réguliers, en passant du temps les uns avec les autres,
en apprenant les uns des autres, en nous encourageant, en nous
corrigeant et en nous aimant les uns les autres. Des choses
spirituelles se produisent lorsque les chrétiens se tiennent bras
dessus, bras dessous, en respirant le même air, en joignant leurs
voix en chœur, en écoutant le même message et en mangeant
le même pain (voir 1 Co 10.17). On regarde alors autour de
soi et on pense : « Je ne suis pas le seul à partager la même foi.
Que pouvons-nous faire ensemble ? »

64
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

Voici beaucoup de théologie, mais elle vient avec une leçon


qui explique pourquoi l’auteur aux Hébreux écrit ainsi :

Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à l’amour
et aux bonnes œuvres. N’abandonnons pas notre assemblée,
comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous
réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’appro-
cher le jour. Car si nous péchons volontairement après avoir
reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice
pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l’ar-
deur d’un feu qui dévorera les rebelles (Hé 10.24-27).

Dans nos assemblées, nous nous incitons mutuellement à


l’amour et aux bonnes œuvres. Nous nous encourageons les
uns les autres. Remarquez la mise en garde de l’auteur : si nous
continuons à pécher en n’accomplissant pas ces choses – ce qui
inclut le fait de ne pas se réunir – nous devons nous attendre
au jugement de Dieu. On peut dire qu’il prend cela au sérieux !
Ainsi, ce n’est pas l’acte de s’assembler dans une église qui
fait de nous des chrétiens, mais c’est ce que nous sommes
appelés à faire. Se réunir démontre que l’Esprit de Dieu est
en nous et c’est pourquoi nous désirons être en compagnie de
ceux qui appartiennent à Christ.

CENTRÉS SUR LA PAROLE DE DIEU


Au début du livre, je vous ai raconté comment, à mon arrivée
dans la ville de Washington, D.C., je suis passé de quelqu’un

65
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

qui n’assistait jamais à une réunion d’Église à quelqu’un qui


s’y rendait trois fois par semaine. Avant cela, j’évitais le peuple
de Dieu et j’avais un peu honte d’être vu en leur présence.
Et voilà que, d’une manière étrange et inattendue, je désirais
être avec eux. Chaque semaine, j’attendais avec impatience le
moment de retrouver l’Église.
Qu’est-ce qui a provoqué ce changement ? Je voulais avant
tout écouter Dieu. Après tout, c’est ce qui distingue les assem-
blées d’Église des rassemblements politiques ou autres : nous
nous réunissons autour de la Parole même de Dieu : « C’est
pourquoi nous rendons continuellement grâces à Dieu du
fait qu’en recevant la parole de Dieu, que nous vous avons
fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des
hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la
parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez » (1 Th 2.13).
Lors des réunions d’Églises, Dieu parle et les citoyens de la
planète Terre peuvent l’écouter et croître ensemble autour de
sa Parole. Lorsque les incroyants participent à nos assemblées,
Paul promet qu’ils seront convaincus de péché, que les secrets
de leur cœur seront dévoilés et qu’ils tomberont sur leur face,
adorant Dieu et publiant que « Dieu est réellement au milieu
de vous » (voir 1 Co 14.24,25).

LE DÉFI DE LA COVID-19 : PAS DE RASSEMBLEMENT


La pandémie de la COVID-19 a été un défi pour les Églises du
monde précisément parce que, dans de nombreux endroits, les

66
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

saints ont eu de la difficulté à se réunir et à apprendre ensemble


à chérir les paroles de Dieu. Après quelques mois passés sans
se rassembler au début de la pandémie, j’ai eu le sentiment
de perdre de vue mon Église. Des amis me demandaient :
« Comment va ton Église ? », et j’avais du mal à leur répondre.
Je téléphonais régulièrement et envoyais des messages aux
membres individuellement, sans pour autant embrasser
l’Église dans son ensemble. Elle donnait l’impression d’être
comme l’eau de pluie dans un parking après un orage : de
l’eau étalée en fines couches, des flaques éparpillées ici et là.
Les anciens s’inquiétaient particulièrement pour les
membres faibles spirituellement qui luttaient dans leur foi
ou qui devaient affronter des tentations particulières. Nous
nous inquiétions pour ceux qui s’étaient déjà éloignés spiri-
tuellement, ceux qui avaient déjà un pied en dehors de l’Église.
Et pourtant, le fait de ne pas pouvoir se réunir a affecté
tout le monde : chrétiens matures et immatures confondus.
Nous avons tous besoin de voir et d’écouter nos frères et sœurs
en Christ de manière régulière. Sinon, nous serons réduits à
n’observer que la conduite de nos collègues de travail, de nos
amis à l’école ou des personnages de séries télévisées.
Lorsque la pandémie a débuté, de nombreuses Églises
ont diffusé leurs cultes en direct et beaucoup de voix se sont
élevées pour vanter les mérites de « l’Église virtuelle ». Des
pasteurs qui jusqu’alors avaient décrié cette idée ont ouvert
des « campus virtuels » et y ont consacré des pasteurs à temps

67
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

plein. Ces campus étaient destinés à ne jamais prendre fin.


Certains disaient que c’était un développement passionnant
dans l’histoire de l’accomplissement du Grand Mandat.
Nous nous demandons néanmoins ce que nous perdons
quand notre vision de l’Église n’est rien de plus qu’une réu-
nion hebdomadaire en ligne. Pour commencer, nous pen-
sons de moins en moins à nos frères et sœurs en Christ. Ils
ne nous viennent pas nécessairement à l’esprit. Nous ne les
croisons pas, donc nous n’avons pas ces conversations rapides
qui mènent à des discussions plus longues autour d’un repas.
En outre, nous nous retirons nous-mêmes du chemin de l’en-
couragement, de la transparence et de l’amour.
Rendons grâce à Dieu pour la possibilité qu’il nous donne
de « télécharger » des vérités bibliques virtuellement. Mais
remercions-le pour le fait que la vie chrétienne est bien plus
qu’un transfert de données. Lorsque l’Église n’a lieu qu’en ligne,
nous ne pouvons pas sentir, expérimenter ou observer ces vérités
incarnées dans la famille de Dieu, vérités qui non seulement
fortifient notre foi, mais créent aussi des chaînes d’amour entre
les frères et sœurs. L’Église virtuelle est un oxymore.
Pensez-y. Peut-être luttez-vous toute la semaine avec une
haine secrète envers un frère ou une sœur. Mais sa présence au
repas du Seigneur vous amène à une conviction et à la confes-
sion. Vous luttez avec la suspicion à l’égard d’une sœur, mais
lorsque vous la voyez chanter les mêmes chants de louange
que vous, votre cœur s’adoucit. Ou vous luttez avec l’anxiété

68
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

engendrée par les événements politiques qui se déroulent dans


votre pays. Puis vous entendez le prédicateur proclamer la
venue prochaine du Christ victorieux, et les « amen » reten-
tissent autour de vous. Vous vous rappelez alors votre espé-
rance : vous êtes citoyen du ciel. Ou bien vous êtes tenté de
garder votre lutte secrète, mais la question remplie de tendresse
et de fermeté du couple âgé avec qui vous dînez vous attire
vers la lumière : « Comment ça va, vraiment ? »
Rien de tout cela ne peut être vécu virtuellement. Dieu a
fait de nous des êtres physiques et relationnels. La vie chré-
tienne et la vie d’Église ne peuvent en aucune façon être télé-
chargées. Elles doivent être regardées, entendues, assumées et
suivies. Ainsi, Paul a exhorté Timothée à veiller sur sa vie et
sur sa doctrine, car toutes deux sont déterminantes pour le
sauver lui-même et ceux qui l’écoutent (1 Ti 4.16).
Il n’est pas surprenant que l’Église virtuelle ou en ligne
connaisse un franc succès. C’est pratique et, honnêtement,
cela permet d’éviter des relations compliquées. On peut
comprendre le fait que ce soit une grande tentation. Lorsque
j’étais encore célibataire, j’ai déménagé dans une autre ville.
Je ne fréquentais aucune Église et je ne connaissais personne.
Quelques jours après mon arrivée, une pensée m’est venue :
« Tu peux faire ce que tu veux, aller où tu veux. Personne n’est
là pour voir, entendre ou poser des questions. C’est plutôt
sympa. » Heureusement, l’Esprit m’a immédiatement repris :
« Tu sais parfaitement d’où te vient cette pensée. Ce n’est pas

69
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

une pulsion à suivre. » Quelle grâce ! Je suis reconnaissant que


l’Esprit ait repris mon cœur ce jour-là. Mais ne passez pas à
côté de la leçon : en général, il entend utiliser les frères et sœurs
de l’Église pour nous aider à combattre la folie et la tentation.
Il est vrai que les réunions d’Église sont parfois contrai-
gnantes, mais l’amour aussi. Les relations sont occasionnellement
compliquées, mais l’amour aussi. Les conversations vulnérables
sont effrayantes dans certains cas, mais l’amour également.
Nous craignons que ce mouvement vers une Église vir-
tuelle soit une tendance vers un christianisme individuel. On
peut débattre sur la sagesse à utiliser un tel outil durant un
temps limité dans une situation d’urgence, telle une pandémie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les villes côtières des
États-Unis n’ont pas été autorisées à se réunir le dimanche
soir à cause des coupures d’électricité imposées par le gou-
vernement. Soit. Mais offrir ou encourager l’Église virtuelle
comme option permanente, même si c’est fait avec de bonnes
intentions, fait du tort à la marche chrétienne. Cela conduit
les chrétiens à penser la foi en des termes individualistes. Cela
leur enseigne qu’ils peuvent suivre Jésus comme membres de
la « famille de Dieu » dans un sens abstrait, sans leur inculquer
ce qu’implique le fait de faire partie d’une famille et de faire
des sacrifices pour elle.
À cet égard, les pasteurs devraient, autant que possible,
encourager les gens à ne pas privilégier l’assistance virtuelle.
J’ai récemment dit aux autres anciens de mon assemblée :

70
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

« Mes frères, nous devons trouver une manière douce de rap-


peler aux membres que l’option en ligne n’est pas bonne pour
eux. Elle n’est pas favorable pour leur marche chrétienne et elle
n’est pas convenable pour leur foi. Nous voulons que cela soit
clair dans leur esprit, de peur qu’ils ne deviennent complai-
sants, sans faire les efforts pour s'assembler avec nous, s’ils le
peuvent. » L’injonction biblique de se réunir n’est pas censée
être un fardeau (voir Hé 10.25 ; 1 Jn 5.3), mais un bienfait
pour notre foi, notre amour et notre joie.

L’AMBASSADE DU CIEL
Nous avons amorcé ce chapitre en comparant la réunion
d’Église à une manifestation. Mais il existe une bien meilleure
métaphore pour la suite du livre. Les rassemblements d’Église
sont des ambassades du ciel.
Une ambassade est un avant-poste officiellement approuvé
d’un pays à l’intérieur des frontières d’un autre pays. Elle
représente son gouvernement auprès de la nation étrangère.
Par exemple, si jamais vous visitez Washington, D.C., vous
pourrez vous promener dans l’allée des Ambassades où des
ambassades du monde entier sont alignées les unes derrière les
autres. Vous verrez le drapeau et l’ambassade du Japon, puis
ceux du Royaume-Uni, suivis de ceux de l’Italie, puis ceux de la
Finlande. Chaque ambassade représente une nation du monde
et son gouvernement. En entrant dans l’une d’entre elles, vous
entendriez la langue du pays qu’elle représente. Auprès des

71
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

membres du personnel, vous expérimenteriez la culture de


la nation représentée. Si vous participiez à un dîner de l’am-
bassade, vous pourriez goûter les mets nationaux. Et si vous
vous faufiliez dans l’un de ses bureaux, on suppose que vous
apprendriez des faits concernant ses affaires diplomatiques.
Qu’est-ce qu’une réunion d’Église ? C’est une ambassade
du ciel. Si l’on pénétrait dans votre Église ou la nôtre, qu’est-ce
qu’on y trouverait ? Un peuple très distinct, composé d’étran-
gers, d’exilés, de citoyens du royaume de Christ. Dans de telles
Églises, on entend les paroles du Roi du ciel. On entend le
langage céleste de la foi, de l’espérance et de l’amour. On a
un avant-goût du festin céleste final par le biais du repas du
Seigneur. Et on est conduit à mener des affaires diplomatiques
en annonçant l’Évangile aux habitants du pays ainsi qu’à ceux
du monde entier.
Non seulement cela, mais on devrait aussi commencer à
vivre la culture du ciel. Les citoyens célestes de cette ambassade
sont doux et humbles de cœur. Alors qu’ils suivent Christ,
ils ont faim et soif de justice. Ils ont le cœur pur. Ce sont des
faiseurs de paix qui tendent la joue et font le premier pas. Ils
donneraient leur chemise et leur veste si on le leur demandait.
Ils ne regardent pas une femme avec envie et ne commettent
pas d’adultère ; ils restent éloignés de la haine et ne perpètrent
pas de meurtre.
Jésus n’a pas demandé aux Nations Unies, à la Cour
suprême ou au département de philosophie d’une université

72
A-t-on vraiment besoin de se réunir ?

de le représenter en prononçant ses jugements. Il l’a demandé


aux humbles ; à votre Église et à la nôtre.
Malheureusement, nos Églises ne déclareront et n’incar-
neront pas toujours le ciel comme elles le devraient. Nous
vous décevrons et ferons preuve d’insensibilité. Parfois, nous
pécherons même contre vous. Nos assemblées ne sont que des
signes et des ombres de cette future assemblée céleste, tout
comme le pain que nous mangeons lors du repas du Seigneur
est une préfiguration du banquet céleste à venir. Elles sont des
représentations d’une réalité future. Pourtant, nous aspirons
à vous diriger vers le centre du ciel, qui est Christ lui-même.
Il est sans péché et ne déçoit jamais. La bonne nouvelle, c’est
que les pécheurs tels que vous peuvent se joindre à nous dans
cette entreprise, à condition seulement que vous confessiez
vos péchés et le suiviez.

73
L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
4

POURQUOI LA PRÉDICATION
ET L’ENSEIGNEMENT
SONT-ILS ESSENTIELS ?
Collin Hansen

Qu’est-ce qui donne le droit à un prédicateur de se tenir


debout chaque semaine pendant plus ou moins une demi-
heure et d’affirmer parler au nom de Dieu ? Même le président
des États-Unis ne se vante pas d’autant d’autorité. Personne
ne pense qu’un professeur de maths ou de littérature mérite
un tel privilège. Et combien d’autres monologues avez-vous
l’occasion d’entendre de nos jours ? Ce qui était populaire à
une époque, et même de l’ordre de la distraction itinérante
dans l’Antiquité, est loin d’ameuter les foules de nos jours
et encore moins de tracer la voie vers une carrière lucrative
dans la prise de parole publique.
Les prédicateurs tirent leur autorité non d’une connais-
sance supérieure, d’un pouvoir politique ou d’une rhéto-
rique pompeuse. Ils la tirent de la Parole de Dieu seule. Paul

75
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

encourage son jeune disciple Timothée, pasteur à Éphèse, à


prêcher la Parole et à insister en toute occasion, favorable ou
non, à reprendre, à censurer et à exhorter, avec toute douceur
et en instruisant (2 Ti 4.2).
Les prédicateurs ne font pas figure d’autorité dans l’ana-
lyse d’une série Netflix, pas plus que dans la recommanda-
tion d’un restaurant ou le partage de points de vue sur les
théories conspirationnistes sur Facebook. Ils peuvent faire
de bonnes remarques, intéressantes et valables. Ils peuvent
aussi être de bon conseil dans la recherche d’un emploi par
exemple. Mais une autorité toute particulière leur est accor-
dée quand il s’agit de parler de la part de Dieu à travers la
prédication de sa Parole.
Jésus est le prédicateur par excellence, et son sermon sur
la montagne est le summum de la prédication. Sa vérité et sa
puissance transforment les vies et touchent les cœurs encore
aujourd’hui. Mais pour ceux qui l’ont entendu à l’époque,
son message a résonné différemment de ce qu’ils avaient l’ha-
bitude d’entendre de la part de leurs enseignants. Matthieu
nous dit qu’après que Jésus ait achevé son discours, la foule
a été frappée de sa doctrine, car il enseignait comme ayant
autorité, et non pas comme leurs scribes (Mt 7.28,29). Les
scribes étaient les enseignants officiels en Israël. Pourquoi
donc est-ce que les foules n’ont pas respecté leur autorité ?
C’est parce qu’ils ont enseigné leurs propres pensées et ont
ajouté leurs propres lois à la loi de Dieu. Jésus, étant Dieu

76
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

lui-même, a enseigné avec autorité comme celui qui a écrit


la loi et y a obéi parfaitement.
En redécouvrant l’Église, nous recherchons l’autorité divine
et non pas une simple sagesse humaine que l’on trouve en
abondance aujourd’hui. On n’a jamais eu accès à autant
d’informations. Les livres sur le développement personnel
dominent la liste des best-sellers. Les podcasts promettent
de nous aider à devenir de meilleures personnes. On ne peut
jamais atteindre le fond de l’Internet. Ainsi, une Église qui
propose de la sagesse humaine fait face à une vive concurrence.
Pourquoi écouter un pasteur local quand on peut s’abonner à
une chaîne YouTube ? Pourquoi se donner la peine de se lever
le dimanche matin quand on peut regarder les informations
télévisées où sont interviewés de puissants politiciens ?
Nous nous levons et nous nous réunissons chaque
semaine avec l’Église pour écouter ce que veut nous dire
le divin Roi – sa bonne nouvelle et son conseil pour notre
vie. Il nous parle chaque fois que nous ouvrons nos bibles,
certes, mais nous l’écoutons ensemble lors de nos réunions
hebdomadaires. C’est lors de nos réunions que nous sommes
façonnés ensemble, en tant que peuple. C’est pourquoi la
prédication et l’enseignement sont essentiels à nos rassem-
blements. Centrer nos réunions autour de la Parole de Dieu
développe une culture céleste qui doit nous caractériser en
tant que peuple distinct, pour que nous soyons le sel et la
lumière dans nos villes et nos pays respectifs.

77
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Avec l’aide de l’Esprit, on discerne la sagesse divine quand


on l’entend. Et elle ne ressemble pas à la sagesse humaine
des scribes autoproclamés de notre temps qui prolifèrent sur
les réseaux sociaux et les étagères des librairies. L’autorité du
prédicateur couvre la totalité de ce que Dieu a dit, sans aller
au-delà. Les prédicateurs peuvent se rendre coupables d’en
dire trop ou pas assez. Ainsi, la Parole de Dieu doit être la
base, mais aussi la limite de toute prédication.
Mark Dever compare souvent l’œuvre du prédicateur
à la tâche du facteur. Ce dernier ne se présente pas à votre
porte en ayant ouvert votre courrier, ajouté quelques notes
personnelles, refermé l’enveloppe pour la mettre enfin dans
votre boîte à lettres. Le facteur livre simplement le courrier.
Ainsi en est-il du prédicateur. La Parole nous aide à dis-
cerner sa propre autorité, qui est celle de livrer le message.
Rien de plus.
Les gourous qui promeuvent le développement personnel
manquent d’autorité parce qu’ils trouvent un intérêt à vous
dire ce que vous voulez entendre – sinon vous n’achèteriez
pas leur produit ou ne souscririez pas à leurs programmes.
De tels scribes vont au-delà de ce que proclame la Parole de
Dieu et revendiquent une autorité qui ne leur appartient pas.
Ils cherchent à influencer votre conscience sur des sujets qui
ne sont pas déterminés par les seules Écritures. Ils tentent
de vous dire qui fréquenter, pour qui voter, dans quelle
école inscrire vos enfants ou encore quel type de vêtements

78
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

porter pour que tous admirent votre piété. Il est possible


que dans toutes ces choses, ils donnent quelques conseils de
sagesse, mais il ne faut pas confondre bon conseil et autorité
divine. La prédication n’est pas réservée pour des réflexions
humaines, mais pour la puissance divine.

AINSI PARLE L’ÉTERNEL


À travers l’Ancien Testament, les prophètes ont souvent
répété cette expression : « Ainsi parle l’Éternel ». Ils ont
parlé avec autorité parce que Dieu leur a confié son mes-
sage et qu’ils l’ont transmis de sa part. Cela implique que
les prophètes n’ont pas toujours dit ce que le peuple voulait
entendre. D’ailleurs, il était courant que les rois punissent
les prophètes quand ils n’aimaient pas ce qu’ils entendaient.
Par exemple, le roi Sédécias a fait jeter le prophète Jérémie
dans une citerne pour qu’il y meure de faim (Jé 38.9).
Pourquoi le roi a-t-il fait cela ? Jérémie avait dit aux Juifs de
Jérusalem que s’ils restaient dans la ville, les Chaldéens les
tueraient. Il avait raison, bien sûr, mais ce n’était pas ce que le
roi et ses commandants militaires voulaient entendre. C’était
mauvais pour le moral (v. 2-4). Ils ont accusé le messager afin
de ne pas entendre le message. Ils ont préféré les prophètes
qui les berçaient de mensonges réconfortants. Mais Dieu n’a
pas été amusé par les mensonges : « Voici, je vais les nourrir
d’absinthe, et je leur ferai boire des eaux empoisonnées ;

79
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

car c’est par les prophètes de Jérusalem que l’impiété s’est


répandue dans tout le pays » (Jé 23.15).
Par le biais de son prophète Ézéchiel, Dieu a réprimandé
les conducteurs ou « bergers » d’Israël qui avaient menti au
peuple qu’ils devaient protéger : « Fils de l’homme, prophé-
tise contre les bergers d’Israël ! Prophétise, et dis-leur, aux
bergers : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Malheur aux
bergers d’Israël, qui se paissaient eux-mêmes ! Les bergers
ne devaient-ils pas paître le troupeau ? Vous avez mangé
la graisse, vous vous êtes vêtus avec la laine, vous avez tué
ce qui était gras, vous n’avez point fait paître les brebis »
(Éz 34.2,3).
Les expériences d’Israël sont des avertissements pour nous
qui redécouvrons l’Église. Nous sommes enclins à rechercher
des dirigeants qui ne nous disent que ce que nous voulons
entendre. Et en retour, les dirigeants sont tentés de donner aux
gens ce qu’ils veulent, parce qu’il est plus facile de gagner leur
vie ainsi. Il est même possible pour des prédicateurs de donner
l’impression de ne prêcher que l’audacieuse vérité quand, en
fin de compte, ils ne parlent sévèrement que des gens qui ne
fréquentent pas leurs Églises. Ils paraissent courageux, mais ne
mettent jamais au défi ceux qui les soutiennent financièrement.
Voilà sans doute le grand défi que doivent relever la plu-
part des prédicateurs. Comment enseigner la Parole et rien
que la Parole, sans froisser les susceptibilités de quelques-
uns ? Comment peuvent-ils dire la vérité, aussi difficile qu’elle

80
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

soit à entendre, aux personnes qui ont le contrôle de leurs


ressources financières et qui peuvent les expulser, eux et
leurs familles, de leurs maisons et de leurs communautés ?

ENSEIGNER LA PAROLE À SOI-MÊME


Au vu de cette tentation pour les prédicateurs, il est impor-
tant que nous soyons disposés à écouter la Parole et à en tenir
compte, même si ce n’est pas toujours agréable et que, au
départ, nous ne sommes peut-être pas d’accord avec ce que
nous y trouvons. En redécouvrant l’Église, nous cherchons des
prédicateurs qui ne vont pas seulement nous rendre dépen-
dants d’eux pour révéler des perspectives bibliques cachées,
mais qui nous montreront comment nous enseigner la Parole
à nous-mêmes.
Les meilleurs prédicateurs ne sont pas ceux qui vous
éblouissent par leurs propres compétences, mais ceux qui
vous montrent la gloire de Dieu telle qu’elle est révélée dans
sa Parole. Lorsqu’on contemple Dieu de cette manière, on
désire toujours plus de lui. L’empressement à lire et à appliquer
la Parole pour soi-même ne fait que s’intensifier. C’est ainsi
qu’on entre dans un cercle vertueux. Plus les prédicateurs
nous aideront à connaître et à aimer la Parole, plus nous y
prendrons goût pour nous-mêmes et plus nous prendrons goût
à des prédications consistantes.
Ce genre de relation entre les prédicateurs et les membres
d’Église est la clé d’une Église en bonne santé, car il n’y a

81
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

jamais qu’un seul enseignant dans l’Église. Nous avons tous


été appelés à enseigner la Parole, chacun à son niveau. Par
exemple, tous les anciens et pas uniquement le prédicateur
doivent être capables d’enseigner (1 Ti 3.2). Les parents
enseignent la Parole à leurs enfants (De 6.7). Les femmes
plus âgées enseignent les plus jeunes (Tit 2.3-5).
Considérez l’œuvre de la Parole de Dieu dans une Église
à travers au moins quatre actions : 1) le prédicateur apporte
la Parole pour l’Église dans sa globalité ; 2) les membres de
l’Église accueillent la Parole de Dieu par leur bouche et leur
cœur à travers les chants et les prières collectives ; 3) chaque
membre de l’Église s’enseigne lui-même la Parole ; et 4) divers
membres enseignent la Parole à d’autres, ainsi qu’à la géné-
ration suivante. De ce fait, chaque membre de l’Église a été
appelé d’une manière ou d’une autre à être non seulement un
étudiant, mais aussi un enseignant des Écritures.
Par une telle approche de la Parole, les Églises se protègent
d’un des problèmes les plus courants aujourd’hui, un problème
anticipé et observé par les écrivains bibliques eux-mêmes. Paul
dit à Timothée d’avertir les Éphésiens de « ne pas s’attacher
à des fables et à des généalogies sans fin, qui produisent des
discussions plutôt qu’elles n’avancent l’œuvre de Dieu dans
la foi » (1 Ti 1.4). De même, dans la seconde lettre de Paul à
Timothée, il dit « qu’il viendra un temps où les hommes ne
supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeai-
son d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule

82
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de


la vérité, et se tourneront vers les fables » (2 Ti 4.3,4). Nous
voyons donc qu’une Église centrée sur la Parole trouvera moins
d’intérêt dans « ses propres désirs » et dans la spéculation qui
donne l’apparence de la connaissance, mais qui, en vérité,
indique la folie. Paul aurait peut-être pensé que Satan lui-
même a créé l’Internet comme outil pour diviser et distraire
les Églises avec d’interminables spéculations.
Réfléchissez au défi unique du prédicateur d’aujourd’hui.
Celui-ci n’a pas beaucoup de temps pour capter votre attention
au travers des distractions causées par vos enfants, la som-
nolence ou les messages qui s’affichent sur votre smartphone
pendant que vous tentez d’écouter la prédication en ligne.
Mais les réseaux sociaux, les vidéos et les podcasts volent qua-
siment chaque instant de libre entre le travail, le transport et le
sommeil. Pas étonnant qu’on ait l’impression que nos Églises
ne sont pas sur la même longueur d’onde ! Nous n’accordons
pas la priorité aux mêmes pages des Écritures ! Les Églises qui
sortiront plus fortes de la pandémie de COVID-19 sont celles
qui auront su faire la différence entre la prédication puissante
de la Parole et les innombrables autres paroles qui rivalisent
entre elles pour obtenir notre attention.

QU’EST-CE QU’UNE BONNE PRÉDICATION ?


Dans votre redécouverte de l’Église, vous serez amenés à écou-
ter des prédications de style et de longueur variés. Vous ne

83
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

trouverez dans la Bible aucune formule claire à ce sujet. Il est


vrai que la Bible est inspirée de Dieu, mais en la lisant, on
perçoit quand même les différents styles que les auteurs ont
adoptés pour leurs écrits. Le style de Paul n’est pas celui de
Pierre, qui n’est pas celui de Jean. Vous préfèrerez peut-être
les prédications empreintes d’une ferveur émotionnelle ou qui
font de nombreuses références au grec et à l’hébreu. Quelles
que soient les différentes approches, elles sont utilisées par
Dieu pour nous pousser à l’amour et à l’obéissance.
On entend parfois des prédicateurs débattre sur des sujets
tels que de savoir si les prédications devraient être thématiques
ou textuelles. Certaines situations justifient une prédication
thématique. Mais trop souvent, les prédications thématiques
sapent l’autorité du prédicateur en le menant à modifier légère-
ment le sens d’un texte biblique pour faire passer son message.
C’est pourquoi nous croyons qu’il est préférable de privilégier
les prédications textuelles qui exposent le texte en faisant du but
du passage biblique le but de la prédication. Comme l’ont fait
remarquer de nombreux prédicateurs, Paul ne leur commande
pas de simplement prêcher, mais de prêcher la Parole.
La prédication qui parcourt de manière séquentielle,
semaine après semaine, les versets et les chapitres de la Bible
permet à Dieu, et non au prédicateur, de fixer le calendrier.
Comme nous l’avons vu précédemment, celui qui prêche
transmet un message. « Cette semaine, nous allons écouter ce
que Dieu a à nous dire dans Romains 1, la semaine prochaine

84
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

dans Romains 2 et la semaine suivante dans Romains 3. »


Lorsque les Écritures sont exposées ainsi, on découvre que
le calendrier de Dieu ne s’aligne pas exactement au nôtre. Il
se peut qu’il y ait certains sujets difficiles dans Romains, par
exemple, que le prédicateur hésite à aborder. Mais l’enveloppe
est là, prête à être ouverte : une lettre de Dieu en attente
d’être lue.
Après tout, quel agenda veut-on réellement suivre, le nôtre
ou celui de Dieu ? Ses voies sont au-dessus des nôtres et elles
sont meilleures (És 55.9). Nous devrions suivre ses directives et
non celles du monde. L’inattendu se produit lorsqu’on entend
l’Esprit nous parler à travers la Parole de Dieu, alors que, de
toute évidence, le prédicateur ne fait que reprendre le passage
là où il était rendu la semaine précédente.
Dans votre redécouverte de l’Église, vous verrez que d’autres
sujets suscitent des débats. Qu’est-ce qui est le mieux : les pré-
dications en direct, en présentiel ou en différé ? Il y a plusieurs
années, j’ai eu l’occasion de discuter avec un prédicateur par-
ticulièrement talentueux. Dans une autre vie, il aurait été un
humoriste à succès. D’ailleurs, il étudiait les humoristes pour
reproduire les mêmes manières de faire participer l’auditoire
pendant qu’il prêchait. Il était profond dans sa compréhension
des concepts bibliques et théologiques, et il les expliquait avec
créativité aux foules sceptiques. Son Église s’était agrandie au
point de s’étendre dans divers endroits à travers la région et
même le pays, grâce à la diffusion des enregistrements de ses

85
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

prédications plutôt qu’en privilégiant les prédicateurs locaux et


en présentiel. Je n’oublierai jamais sa logique. Il disait que cela
n’avait pas de sens de faire écouter aux gens un prédicateur de
niveau moyen alors qu’ils pouvaient en écouter un excellent,
tel que lui. Je ne peux le contredire si son but est de multiplier
le nombre de ses adeptes.
Après réflexion, j’en suis venu à la conclusion que son argu-
ment ne tient pas la route. Dans son scénario, il ne rivalise pas
seulement avec ses pasteurs adjoints et ses stagiaires. Il rivalise
avec tout prédicateur, mort ou vivant. Dans ce cas, pourquoi
ne pas diffuser les enregistrements des prédicateurs d’excep-
tion tels que Billy Graham ? Et si les Églises embauchaient un
acteur pour réciter les meilleurs sermons de Charles Spurgeon ?
Peut-être faudrait-il organiser un championnat entre les meil-
leurs prédicateurs, comme on le ferait pour un sport, où les
chrétiens seraient appelés à voter pour celui qu’ils préfèrent.
Suivant la finale, on saurait enfin qui est le prédicateur qui les
détrône tous, la crème de la crème. Ainsi, personne ne serait
plus jamais obligé d’écouter les messages d’un prédicateur
moyen ou médiocre. On aurait le meilleur – si c’est ce que
Dieu estime être le meilleur pour nous.
Mais ce n’est pas le cas. Le meilleur prédicateur pour vous
est celui qui est fidèle à la Parole de Dieu. C’est encore mieux
s’il est prêt à vous rencontrer pour boire un café ou vous
visiter lorsque vous êtes hospitalisé. Il y a une raison pour
laquelle on ne se contente pas de lire les Écritures ensemble

86
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

lors de nos cultes. La prédication fait ressortir l’autorité de la


Parole de Dieu de par la personnalité médiatrice de l’ensei-
gnant et de par son expérience, dans un contexte contempo-
rain, en tenant compte des exigences locales et personnelles
spécifiques. L’homme dont je viens de parler est peut-être
un meilleur prédicateur que le vôtre, mais le vôtre est plus à
même de connaître votre Église. C’est un élément essentiel
dans l’application de la Bible pour votre vie et pour celle de
votre assemblée.
Il est évident qu’un pasteur est incapable de connaître tous
les détails intimes de chaque membre de l’assemblée. C’était
un défi pour de nombreux pasteurs de prêcher devant une
caméra durant les confinements liés à la COVID-19, car leur
prière est de sentir l’Esprit en action à travers nos réactions face
à leurs prédications, en temps réel. Lorsqu’ils nous regardent
dans les yeux, le Saint-Esprit rappelle à leur esprit l’encourage-
ment dont nous avons besoin devant nos difficultés. Pour que
les pasteurs puissent répondre avec sensibilité aux incitations
de l’Esprit lors de la prédication (ainsi que pour bien d’autres
raisons), une Église devrait éviter de tamiser la luminosité de
sa salle de culte, comme s’il fallait imiter les salles de cinéma
ou de spectacle.

LE TEMPS ET L’ESPACE
En fin de compte, la prédication n’est pas exclusivement la
transmission d’informations. Si telle est sa seule fin, alors ce ne

87
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

serait pas le moyen le plus efficace pour y parvenir. On pourrait


passer à la vidéo, aux podcasts ou même simplement aux livres
et en finir avec les cultes en assemblée. Or, la prédication ne
concerne pas uniquement notre être et notre marche avec Jésus.
Elle sert aussi à modeler une culture céleste et à bâtir une cité
céleste au sein même de notre Église. Elle façonne la vie d’Église.
Deux choses se produisent lors d’un enseignement en pré-
sentiel et qui sont impossibles à reproduire par le biais d’un
podcast avec un pasteur que vous ne connaîtrez jamais person-
nellement. Tout d’abord, l’assemblée et le prédicateur vivent
ensemble la prédication en tant qu’événement commun dans
le temps et l’espace. Bien entendu, il y a du bon à appliquer
un sermon durant nos temps de réflexions personnelles, mais
il y en a encore davantage à l’appliquer les uns avec les autres,
en tant que peuple de Dieu. Ensemble, nous donnons vie à
la prédication par la façon dont nous nous traitons les uns
les autres durant la semaine. Rappelez-vous également que
le prédicateur n’est pas au-dessus de nous. Il fait partie de la
famille, et lui aussi est façonné, au même titre que nous, par la
Parole de Dieu en vue de transformer notre Église en une cité
céleste. La prédication présente un message particulier pro-
venant des Écritures et s’adresse à des personnes spécifiques,
dans un lieu spécifique, qui ont convenu ensemble d’obéir à
Dieu et de s’aimer les uns les autres.
Cela dit, la seconde chose qui se produit lors d’un culte en
présentiel, c’est que l’exemple du pasteur et de sa personnalité

88
Pourquoi la prédication et l’enseignement sont-ils essentiels ?

donne le ton à l’assemblée dans sa globalité. On le comprend,


il est effrayant pour un prédicateur de prendre conscience que
son Église reproduira ses faiblesses tout comme ses points forts.
Lors d’un cours d’homilétique au séminaire, mon professeur
m’a dit quelque chose qui m’a donné beaucoup à réfléchir.
Il m’a dit que ma congrégation n’allait probablement pas se
souvenir des mots exacts employés dans mes sermons avec le
temps, mais que Dieu allait continuer néanmoins à utiliser mes
paroles, ainsi que mon exemple de sainteté et d’intégrité, pour
façonner l’Église. Le caractère et le message du prédicateur
s’entremêlent et, par la puissance du Saint-Esprit, les auditeurs
sont transformés par ces paroles, même s’ils ne s’en souviennent
pas toujours. Cela est vrai pour l’enseignement en général et
pas seulement pour la prédication. La plupart du temps, ce
n’est pas l’étalage de connaissances que font les professeurs
qui marquera les esprits, mais plutôt leur sagesse ainsi que leur
manière de communiquer et de nous démontrer leur affection.
Ainsi, dans votre redécouverte de l’Église, cherchez ces
prédicateurs qui vous aimeront suffisamment pour savoir, tels
de bons chirurgiens, inciser ou recoudre ce qui est nécessaire
dans votre vie pour le bien de votre âme. Cherchez ceux qui
reconnaissent que leur autorité vient du Roi des rois, et qui
proclament sa Bonne Nouvelle et son conseil. Ceux pour qui
l’essentiel n’est pas leur salaire. Leur but est plutôt d’être un
exemple pour vous, et non de vous impressionner par leur
savoir et leur charisme.

89
L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
5

EST-IL VRAIMENT
NÉCESSAIRE DE
DEVENIR MEMBRE ?
Jonathan Leeman

À l’université, j’ai passé six mois à Bruxelles, en Belgique.


Durant cette période, mon passeport a expiré. Je me suis
donc rendu à l’ambassade américaine. En y pénétrant, j’étais
en territoire américain.
Cette ambassade détenait l’autorité du gouvernement de
mon pays. Elle était en mesure d’attester les exigences de mon
pays ainsi que ses intentions. Elle pouvait dire des gens comme
moi : « Il est l’un des nôtres. »
Debout au guichet, j’ai donc tendu mon passeport qui
avait expiré à l’agent. Il m’a posé quelques questions et a
ajouté des éléments dans son ordinateur, puis j’ai reçu rapi-
dement un nouveau passeport confirmant ma citoyenneté
américaine. L’ambassade n’a pas fait de moi un citoyen. Je suis
citoyen de naissance. Cependant, elle a reconnu et confirmé

91
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

officiellement ma citoyenneté. Elle parle au nom de mon pays


d’une manière qu’il m’est impossible de reproduire, et ce,
malgré ma citoyenneté.

LES ÉGLISES ONT-ELLES RÉELLEMENT DE L’AUTORITÉ ?


De même, les Églises ne font pas des gens des chrétiens.
On devient chrétien par la nouvelle naissance, comme nous
l’avons vu au chapitre 2. Mais les Églises sont des ambassades
du ciel auxquelles Christ a assigné la tâche de reconnaître
notre citoyenneté céleste. Les baptistes, les presbytériens et
les anglicans peuvent être en désaccord au sujet de l’autorité
qui se prononce à ce sujet, si c’est la congrégation dans sa
totalité ou bien les anciens ou encore l’évêque qui agit pour
le compte de l’assemblée. Tous, néanmoins, s’accordent pour
dire que Jésus a donné cette autorité aux Églises. Au lieu de
distribuer des passeports, les Églises baptisent et partagent
le repas du Seigneur.
Les chrétiens d’aujourd’hui ne considèrent pas souvent les
Églises comme ayant revêtu une autorité venant de la part de
Dieu. Les parents ? Bien sûr. Les gouvernements ? Absolument.
Mais les Églises ?
D’ailleurs, voici ce que nous enseigne le passage où Jésus
donne les clés du royaume aux Églises dans Matthieu 16
et 18. Pour commencer, dans Matthieu 16.13‑20, Jésus nous
enseigne que les clés sont utilisées pour confirmer les vraies
confessions de l’Évangile. Pierre confesse l’identité de Jésus et

92
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

Jésus confirme la réponse de Pierre, lui promet de bâtir son


Église et, dans ce but, donne « les clés du royaume des cieux »
(v. 19) à Pierre et aux apôtres. À quoi servent ces clés ? Elles
lient et délient sur terre ce qui est lié et délié au ciel. On ne
parle plus ainsi de nos jours, il est donc possible de passer à
côté du sens de ce verset. Mais pensez à ces clés comme étant
l’autorité que possède une ambassade pour déclarer formel-
lement les lois et les décrets du gouvernement de son pays.
Deuxièmement, dans Matthieu 18.15‑20, Jésus enseigne
que les clés sont utilisées pour confirmer les authentiques confes-
seurs de l’Évangile. Il tend les clés du royaume à une Église
locale comme fondement pour arrêter toute affiliation avec
quelqu’un dont la vie et la profession de foi ne concorderaient
pas. Cela est semblable à l’autorité d’une ambassade qui déclare
de manière formelle qui sont ses citoyens.
Pour résumer, les Églises possèdent les clés du royaume,
c’est-à-dire l’autorité de confirmer de la part du ciel le quoi et
le qui de l’Évangile : Qu’est-ce qu’une confession juste ? Qui
est un vrai confesseur ?

Le pouvoir des clés du royaume des cieux, c’est le


droit de déclarer de la part de Jésus le quoi et le qui
de l’Évangile : Qu’est-ce qu’une confession juste ?
Qui est un vrai confesseur ?

93
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Une autre analogie qui peut aider à comprendre le pouvoir


des clés détenu par l’Église est celle d’un juge à la cour. Un
juge ne fait pas la loi tout comme il ne rend pas une personne
innocente ou coupable. Mais le juge détient l’autorité de la part
du gouvernement, celle d’interpréter la loi et de rendre un juge-
ment officiel : « coupable » ou « non coupable ». Ainsi en est-il
des déclarations de l’Église. Elles sont officielles, représentant
le royaume du ciel sur la terre.
Il arrive que les Églises portent de mauvais jugements,
tout comme les ambassadeurs et les ambassades ou les juges
et les cours. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de la tâche
assignée à l’Église par Jésus.

LES ORDONNANCES : NOS PASSEPORTS CÉLESTES


De quelle manière les Églises rendent-elles des jugements
officiels ?
Tout d’abord, comme nous l’avons vu au chapitre pré-
cédent, elles le font à travers la prédication. Lorsque le pré-
dicateur prêche, il « lie » ou « délie » les consciences de la
congrégation à sa compréhension de la Parole de Dieu.
Ensuite, les Églises lient ou délient au travers des ordon-
nances (dans le sens qu’elles sont ordonnées par Jésus). Le bap-
tême vient en premier ; c’est la porte d’entrée pour devenir
membre d’une Église. Ceux qui s’assemblent au nom de Christ
(Mt 18.20) baptisent les personnes dans ce nom (28.19). Par
le baptême, nous déclarons : « J’appartiens à Jésus », et l’Église

94
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

confirme : « Cette personne appartient à Jésus ». Les deux


parties proclament quelque chose.
Le baptême est suivi du repas du Seigneur. C’est le repas
de famille régulier pour les membres d’une Église (voir
Mt 26.26‑29). Dans un sens, devenir membre d’une Église,
c’est simplement devenir participant à la table du Seigneur,
puisque c’est par ce biais qu’à long terme, nous nous reconnais-
sons comme croyants. Paul affirme que « puisqu’il y a un seul
pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ;
car nous participons tous à un même pain » (1 Co 10.17). Le
fait de partager un seul et même pain démontre que nous
formons un seul corps. Cela confirme que nous sommes des
croyants. Là encore, différentes dénominations chrétiennes
sont en désaccord sur ce que représente exactement le pain
de la communion. Mais toutes s’accordent pour dire que le
repas du Seigneur est un repas d’Église, par lequel toute l’as-
semblée reconnaît l’appartenance des uns et des autres au
corps de Christ.
Trop souvent, les chrétiens abordent les ordonnances de
manière individualiste. On pratique le baptême et le repas
du Seigneur à la maison, dans les camps ou en voyage à
l’étranger. Le fait de devoir rester à la maison pendant les
différents confinements liés à la COVID-19 n’a fait que
conforter cette pensée.
Il est vrai que le Nouveau Testament ne limite pas le
baptême au cadre de l’Église, comme on peut le voir dans

95
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

le récit du baptême de l’eunuque éthiopien par Philippe


(Ac 8.26‑40). Une œuvre missionnaire dans des nouvelles
contrées doit pouvoir y recourir. Mais la pratique habituelle
est la célébration de ces deux ordonnances dans le cadre de
rassemblements de l’Église, sous ses regards attentifs. Dans
Actes 2.41, nous voyons 3 000 personnes se faire baptiser
pour devenir membres de l’Église de Jérusalem. De même,
Paul nous met en garde contre le fait de participer à la table
du Seigneur si l’on « ne discerne pas le corps », autrement dit,
l’Église (1 Co 11.29). Puis il nous indique de « nous attendre
les uns les autres » avant de le prendre (v. 33). C’est un évé-
nement d’Église.
Une fois, alors que je prenais le repas du Seigneur avec
l’Église, j’ai dit aux frères qui m’entouraient que, pendant la
prise de ce dernier, on devrait se regarder les uns les autres
puis, à la fin, se faire une accolade. Je voulais qu’on prenne
bien conscience de la nature corporative du moment. Mes amis
ont un peu grogné, mais se sont pliés à ma requête. Nous nous
sommes donc tous rapprochés les uns des autres, nous avons
pris le repas du Seigneur, puis nous nous sommes regardés et
nous nous sommes fait une accolade. Honnêtement, c’était
un peu étrange. Les gars ont ricané. Je ne recommande pas
forcément cette méthode en soi, j’essaie seulement d’appuyer
l’idée que le repas du Seigneur est un moment familial et
non individuel.

96
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

QU’EST-CE QUE L’ADHÉSION COMME


MEMBRE D’UNE ÉGLISE ?
Que signifie exactement être membre d’une Église ?
C’est le moyen par lequel nous nous reconnaissons de
manière formelle et nous nous engageons les uns envers les
autres en tant que croyants. C’est ce que nous créons en nous
reconnaissant mutuellement à travers les ordonnances. Pour
vous donner une définition, devenir membre d’une Église,
c’est lorsqu’une Église confirme la profession de foi et super-
vise la marche d’un chrétien, alors que le croyant se soumet
à l’Église et à son cadre. Voici un schéma pour nous aider à
comprendre ce concept :

Devenir membre d’une Église, c’est :

qui confirme la profession de foi et


supervise la formation de disciple

Une Église
d’un chrétien, qui
(tous ses membres)

se soumet à

Le mot soumission fait peur, particulièrement quand il s’ap-


plique à l’Église. Mais cela doit être dit malgré tout ! Lorsqu’on
devient membre d’une Église, on ne se soumet pas unique-
ment aux dirigeants ou à l’institution dans un sens vague

97
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

de bureaucratie. On se soumet à une famille et à tous ses


membres. C’est une manière de dire : « Voici le groupe parti-
culier de chrétiens que j’invite dans ma vie et à qui je rendrai
compte de ma marche avec Jésus. Je leur demande de prendre
la responsabilité de ma vie chrétienne. Si je suis découragé, ce
sera maintenant à eux de m’encourager. Si je dévie du chemin
étroit, ce sera leur devoir de me corriger. Si je suis dans un
bourbier financier, ce sera à eux de me venir en aide. »
Mais c’est un engagement qui va dans les deux sens. En
demandant aux autres membres de l’Église de prendre soin
de vous, vous promettez aussi de prendre soin d’eux. Vous
faites maintenant partie de « l’Église » figurant sur le segment
de gauche du schéma ci-dessus, qui confirme la profession de
foi et supervise la formation des autres. Nous y reviendrons
dans un moment.
Si vous avez prêté attention, ce qui devrait aussi être évident,
c’est que le baptême, le repas du Seigneur et l’adhésion comme
membre d’une Église sont apparentés. Bien que des exceptions
existent, d’ordinaire les Églises baptisent les gens qui ensuite
deviennent membres. Le repas du Seigneur est le privilège qui
s’ensuit pour les membres d’Église, qu’ils le partagent dans leur
propre assemblée ou lorsqu’ils en visitent une autre. Après tout,
les trois éléments œuvrent ensemble pour produire la même
chose, à savoir reconnaître les croyants et les mettre à part en
tant que peuple de Dieu. Ensemble, ils déclarent aux nations
de la terre : « Voici les citoyens du royaume des cieux ! »

98
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

N’EST-IL PAS SUFFISANT D’APPARTENIR À


L’ÉGLISE UNIVERSELLE ?
Parfois, les gens aiment dire : « Je n’ai pas besoin de devenir
membre d’une Église puisque j’appartiens déjà à l’Église uni-
verselle de Christ. » (C’est ainsi que les théologiens appellent
le corps de Christ dans sa globalité à travers le monde et
dans toute l’histoire.) Est-ce une notion juste ? Peut-on oublier
l’Église locale sous prétexte qu’à la conversion, on devient tous
membres de l’Église universelle ?
La réponse est courte et négative. Il est vrai qu’on n’est
pas obligé de devenir membre d’une Église pour être sauvé.
Notre adhésion comme membre de l’Église universelle est un
don (Ép 2.11‑22), tout comme le sont la justice de Christ et
la foi. Mais nous avons besoin d’appartenir à une Église pour
être obéissants aux Écritures. De la même manière que notre
foi se « revêt » de bonnes œuvres (Co 3.10,12 ; Ja 2.14‑16),
ainsi nous nous « revêtons » localement de notre apparte-
nance universelle. Être membre de l’Église universelle ne
doit pas rester une notion abstraite. Si c’est une réalité, elle se
verra sur la terre, dans le temps et l’espace, avec de véritables
personnes dont les noms pourraient être Élisabeth, David,
Ahmed ou Hiromi. Les confinements liés à la pandémie ne
changent rien à cela.
Si l’Esprit de Dieu habite en vous, vous aurez le désir de
vous engager envers le corps de Christ. Vous ne pourrez pas
vous en empêcher. L’appartenance authentique à l’Église

99
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

universelle crée l’envie de faire partie d’une Église locale.


Elle est une démonstration de notre appartenance à l’Église
universelle. Voici un diagramme pour illustrer cette relation :

La relation entre les membres de l’Église universelle


et de l’Église locale

crée

L’appartenance à l’Église l’appartenance à l’Église


universelle (la foi) locale (les œuvres)

qui prouve
et démontre

Comme nous, vous avez peut-être eu des amis qui ont


essayé de vivre leur vie chrétienne en dehors d’une Église
locale et dont la foi a diminué petit à petit, parfois jusqu’à
disparaître complètement. J’ai encouragé un ami à devenir
membre de mon Église après qu’il l’ait eu fréquentée pendant
plusieurs mois. Il a décliné mon invitation, car il n’aimait
pas l’idée d’avoir à rendre des comptes. Entre-temps, il s’em-
bourbait dans le péché. Comme l’on pouvait s’y attendre, sa
présence aux réunions est devenue de plus en plus sporadique
jusqu’à devenir inexistante. Un jour, alors qu’on prenait un
café ensemble, il m’a dit : « Jonathan, je ne suis plus chrétien,
en tout cas pas un chrétien de ton genre. »

100
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

Le fait d’appartenir à une Église nous offre la sécurité de


la bergerie, celle dont Jésus-Christ est le Berger. Cela nous
offre une nourriture spirituelle, puisque nous devenons des
membres du corps dont Christ est la tête. Cela nous offre aussi
l’amour d’une famille, celle dont Christ est le premier-né d’un
grand nombre d’héritiers. Cela nous attribue finalement des
obligations et des responsabilités en tant que citoyens d’une
nation dont Christ est le Roi.

EST-CE QUE L’ADHÉSION COMME MEMBRE D’UNE ÉGLISE


EST VRAIMENT BIBLIQUE ?
Une autre question que posent les gens est de savoir si la néces-
sité de devenir membre d’une Église se trouve réellement dans
la Bible. Peut-être vous êtes-vous posé cette même question.
Si nous n’avions que le temps d’une montée en ascenseur
pour vous répondre, nous vous redirigerions vers des passages
tels que Matthieu 18.17 et 1 Corinthiens 5.2, où Jésus et
Paul parlent d’excommunier quelqu’un, ou bien le verset 12
où Paul utilise l’expression « ceux du dedans ». Ou encore,
nous vous dirigerions vers Actes 2, où Luc affirme que 3 000
personnes ont été « ajoutées » à l’Église à Jérusalem (v. 41).
Il y a aussi Actes 6 concernant la « convocation de la multi-
tude de disciples » (v. 2). Il est vrai que l’expression « devenir
membre d’une Église » n’est pas employée dans la Bible de la
même manière qu’aujourd’hui, mais elle est sous-entendue à
quasiment chaque occurrence du mot Église dans le Nouveau

101
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Testament. Luc indique que l’Église ne cessait de prier


pour Pierre lorsqu’il était en prison (Ac 12.5). Paul, de son
côté, écrit « aux Églises de la Galatie » (Ga 1.2). Quoiqu’ils
n’aient pas disposé de tous les outils dont nous bénéficions
aujourd’hui, tels que des cours pour les futurs membres ou
des listes de noms gérées par ordinateur, les responsables
savaient qui étaient leurs membres et ils les connaissaient
chacun par leur nom.
Il y a une vue d’ensemble à ne pas négliger pour discer-
ner les grands desseins que Dieu tient en réserve pour nos
Églises. À travers la Bible, Dieu a toujours tracé une ligne
bien visible autour de son peuple pour l’identifier. Le jardin
d’Éden avait une dimension intérieure et une autre exté-
rieure, tout comme c’était le cas pour l’arche. En Égypte,
le peuple d’Israël, isolé dans la région de Gosen, était aussi
délimité de la même manière. Pensez aux plaies elles-mêmes :
certaines visaient uniquement l’Égypte et non le peuple de
Dieu. Dieu a dit :

Mais en ce jour-là, je distinguerai le pays de Gosen où habite


mon peuple, et là il n’y aura point de mouches, afin que
tu saches que moi, l’Éternel, je suis au milieu de ce pays.
J’établirai une distinction entre mon peuple et ton peuple
(Ex 8.18,19).

Des mouches ! Dieu a utilisé des mouches pour tirer une


ligne de séparation entre le peuple qui lui appartient et ceux

102
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

qui ne lui appartiennent pas ! Puis, Israël s’est rendu dans le


désert où Dieu lui a donné des lois sur la pureté afin de poser
une délimitation entre l’intérieur et l’extérieur du camp. Les
personnes impures devaient se rendre à l’extérieur du camp. À
la fin, il a conduit son peuple en Terre promise, lieu qui avait
aussi une dimension à la fois intérieure et extérieure.
Dieu a toujours mis son peuple à l’écart pour que celui-ci
soit la manifestation de sa propre gloire. Il veut que ces ambas-
sades se démarquent des autres. Il n’est pas surprenant que
Paul utilise le langage de l’Ancien Testament lorsqu’il écrit :

Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger.


Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y
a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord
y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec
l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les
idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme
Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je
serai leur Dieu et ils seront mon peuple. C’est pourquoi, sortez
du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez
pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. Je serai pour
vous un Père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit
le Seigneur tout-puissant (2 Co 6.14‑18).

Lorsque les gens demandent si la notion de devenir membre


d’une Église se trouve dans la Bible, c’est souvent parce qu’ils
imaginent quelque chose de l’ordre d’un programme, comme

103
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

une adhésion à la salle de sport ou à un club. Et cela, en


effet, ne se trouve pas dans la Parole. Enlevons ces idées-là de
nos têtes et appliquons-y plutôt l’image du « temple du Dieu
vivant » utilisée par Paul pour décrire ce que nous sommes.
Ce temple ne peut être mis « sous le joug » ou « en partena-
riat », « en communion » ou « en accord » avec les incroyants.
Pour quelle raison ? Parce que Dieu habite dans ce temple et
s’identifie à lui. Certes, nous devons inviter les non-croyants
à nos rassemblements (1 Co 14.24,25), mais l’essentiel ici est
que l’Église doit être au clair sur qui sont ses membres et qui
ne le sont pas, par souci d’avoir un bon témoignage. Dieu
veut que nous nous démarquions et que nous soyons diffé-
rents pour que notre témoignage soit attirant et irrésistible
pour le monde.
En tant que telle, l’appartenance à une Église est une
réalité totalement assumée dans presque toutes les pages des
épîtres du Nouveau Testament ; seul le langage varie. Être
membre d’une Église, c’est être membre d’une famille, et
cela engendre des obligations familiales. C’est être membre
d’un corps, et cela entraîne toutes les dynamiques impliquant
le fait d’être connecté à chaque partie de ce corps. Chaque
métaphore biblique pour l’Église nous aide à comprendre
ce que signifie l’adhésion comme membre, et chacune est
nécessaire, parce que rien dans ce monde ne peut être com-
paré à l’Église.

104
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

ÊTRE MEMBRE EST UNE FONCTION


Revenons à l’image de l’Église en tant qu’ambassade ou
avant-poste du royaume des cieux. Il y a un dernier élément
que nous souhaitons aborder dans ce chapitre : être membre
n’est pas seulement un statut, c’est aussi un rôle ou une
fonction – et il est attendu que l’on se présente au travail
(Hé 10.24,25).
Vous rappelez-vous de ce qui s’est passé lorsque mon pas-
seport a expiré et que j’ai dû me rendre à mon ambassade
pour en recevoir un nouveau ? Supposons que, m’ayant remis
mon nouveau passeport, l’ambassade me confie alors le travail
de vérifier moi-même des passeports. C’est un peu ce qui se
produit lorsqu’on devient membre d’une Église : elle vous met
au travail pour protéger, confirmer et déclarer le quoi et le qui
de l’Évangile. Elle vous donne une fonction.
D’où vient cette fonction ? C’est une question pertinente,
car elle permet de voir comment toute la Bible s’harmonise.
Prenons l’exemple du commandement de Dieu à Adam dans
Genèse 1 qui est d’être fécond, de se multiplier et de régner sur
la terre (v. 28). Il devait être un roi (voir aussi Ps 8). Prenons
maintenant le commandement de Dieu s’adressant à Adam
dans Genèse 2, et lui demandant de cultiver le jardin et d’en
prendre soin (v. 15). Adam devait aussi être un prêtre et aider à
assurer la garde de l’endroit où le Dieu saint faisait sa demeure.
Dieu destinait Adam à être un prêtre-roi.

105
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Le travail d’Adam en tant que roi : assujettir ce


nouveau territoire et régner sur lui.
Le travail d’Adam en tant que prêtre : garder le jardin
où le Dieu saint demeure.

Bien sûr, Adam a échoué dans sa fonction. Il a laissé le


serpent pénétrer à l’intérieur de son territoire. Noé, Abraham
et la nation d’Israël ont eux aussi échoué. Christ est alors
venu et a parfaitement accompli la fonction de prêtre et de
roi, puis nous a également assigné la tâche d’être des prêtres-
rois. « Vous êtes [...] un sacerdoce royal » (1 Pi 2.9).
Ce qui est remarquable, c’est que votre fonction en tant
que membre de l’Église est la même que celle qu’Adam avait
reçue. Seulement, cette version de cette fonction qui vous
est donnée par Christ se base sur la nouvelle alliance. Nous
devons agrandir les limites du jardin en tant que rois, tout
en prenant soin du jardin, en tant que prêtres.
En tant que rois, nous nous efforçons de faire des disciples
et d’être des ambassadeurs de la réconciliation. Notre but est
d’amener d’autres cœurs à se soumettre à Dieu et d’amener
les confins de la terre sous la domination de l’Évangile. Au
chapitre 8, nous reviendrons sur ce sujet et nous réfléchirons
davantage au Grand Mandat (Mt 28.18‑20 ; 2 Co 5.18-20).

106
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

Notre fonction de roi en tant que membres : faire des


disciples et élargir le royaume.
Notre fonction de prêtre en tant que membres :
maintenir notre sainteté en gardant le quoi et le qui
de l’Évangile, et protéger le royaume.

En tant que prêtres, notre fonction est de prendre soin de


l’endroit où Dieu réside, c’est-à-dire l’Église. Nous devons
veiller à ce que ce qui est pur soit séparé de ce qui est impur
dans notre vie individuelle ainsi que dans notre vie com-
munautaire en veillant sur le quoi et le qui de l’Évangile.
Dans une Église congrégationnelle, cela implique de voter,
d’accepter ou non quelqu’un comme membre dans la com-
munauté, d’aider nos frères et nos sœurs à marcher dans la
sainteté et de faire tout notre possible pour que l’Église reste
centrée sur l’Évangile (Ac 17.11). Nous aborderons le sujet
plus en profondeur dans le chapitre sur la discipline d’Église
(1 Co 3.16,17 ; 2 Co 6.14 – 7.1).
L’essentiel à se rappeler pour le moment, c’est qu’être
membre d’une Église n’a rien à voir avec une certaine forme
de passivité. Ce n’est pas un simple statut. Ce n’est pas non
plus comme être membre d’un club, d’une association ou
d’un programme quelconque. C’est une fonction dans
laquelle il faut toujours être actif. Elle nécessite donc de

107
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

recevoir une formation. Il faut s’y atteler de tout son cœur


et de toute sa pensée. On doit également y songer en termes
d’impact : Qu’allez-vous produire cette semaine ? Avez-vous
un impact positif sur votre groupe en participant activement
à chacune des tâches qui se présentent à vous, ou est-ce que
vous êtes un tire-au-flanc ?
De plus, si votre fonction est de veiller sur le quoi et sur
le qui de l’Évangile, il vous faut l’étudier et le comprendre.
Quelles sont ses implications ? Qu’est-ce qui le met en dan-
ger ? Quelle est sa relation avec les autres doctrines de la foi
telles que la Trinité, le péché ou la fin des temps ? Qu’est-ce
que cela implique pour votre travail, pour votre engagement
en politique, pour l’éducation de vos enfants ? Quelle est la
différence entre une foi authentique dans la vie de quelqu’un
et une foi de façade ou simplement nominative ? Faites-vous la
différence entre un membre d’Église qui tombe dans le péché
parce qu’il est faible et un membre qui s’y adonne parce qu’il
est un incroyant – un loup dans la bergerie ? Savez-vous quelle
attitude vous devez adopter face à ces deux cas ? Faites-vous
la différence entre un vrai et un faux enseignant ?
Ou encore, connaissez-vous les autres membres de votre
Église et investissez-vous votre vie dans la leur ? Leur permet-
tez-vous de bousculer votre agenda ? Les aidez-vous financiè-
rement lorsqu’ils ont des difficultés ? Ou est-ce que vous vous
tenez à l’écart d’eux, estimant suffisant votre investissement
de 90 minutes de présence à l’Église le dimanche ?

108
Est-il vraiment nécessaire de devenir membre ?

On passe des années à l’école et parfois à l’université pour


être formé en vue d’une carrière future. On passe ensuite
en moyenne 40 heures par semaine à s’y consacrer, et on
continue d’apprendre, d’être formé et de grandir. Tout cela
est bon. Pourtant, à quoi pourrait-on s’attendre si l’on était
aussi concentré, intentionnel et travailleur dans notre tâche
de protection du peuple de Dieu et de diffusion de l’Évangile ?

UNE MISSION SÉRIEUSE


Lorsque quelqu’un envisage de devenir membre de l’assemblée
dans laquelle je suis pasteur, à la fin de l’entretien, je lui dis
quelque chose de ce genre :

Mon ami, en devenant membre de cette Église, tu deviens


coresponsable du fait qu’elle continue ou non de proclamer
fidèlement l’Évangile. Cela implique que tu deviens cores-
ponsable non seulement dans ce que l’Église enseigne, mais
aussi pour la fidélité de ses membres. Un jour, tu te tiendras
debout devant Dieu et tu rendras compte de la façon dont
tu as rempli cette responsabilité. Nous avons besoin de plus
d’ouvriers pour la moisson, donc j’espère que tu te joindras à
nous dans cette mission.

Avoir un entretien pour devenir membre, c’est un peu


comme avoir un entretien d’embauche. Jésus a demandé à
Pierre ce qu’il pensait de lui, à savoir qui il était pour lui avant
de l’envoyer en mission pour bâtir son Église. Nous devrions

109
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bien faire la même chose : assurons-nous que les gens savent


qui est Jésus et qu’ils comprennent la mission dans laquelle
ils s’engagent en devenant membres de l’Église.

110
L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
6

LA DISCIPLINE D’ÉGLISE
PEUT-ELLE VRAIMENT ÊTRE
EMPREINTE D’AMOUR ?
Jonathan Leeman

Le terme « discipline d’Église » vous fait peut-être frémir. Dans


les faits, les Églises pratiquent-elles encore vraiment la discipline ?
La discipline peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?
La discipline d’Église est bien un élément essentiel de la
formation du disciple chrétien. Notez que disciple et discipline
sont des termes connexes. Bien que la discipline implique à la
fois l’enseignement et la correction, beaucoup ont tendance
à employer le mot « discipline » pour désigner la partie de
la correction. L’instruction et la correction sont toutes deux
nécessaires à la croissance. Des élèves progresseraient-ils si leur
professeur de mathématiques leur expliquait la leçon, mais ne
corrigeait jamais leurs erreurs ? Deviendraient-ils meilleurs si
leur instructeur de golf leur montrait comment manier un
club, mais ne les aidait pas à améliorer leur swing ?

113
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

De la même manière, faire des disciples chrétiens implique


l’instruction et la correction, mais les gens utilisent le terme
« discipline d’Église » pour désigner uniquement la deuxième
étape, à savoir celle de sanctionner le péché. Le processus de
discipline commence par des avertissements exprimés en privé,
comme lorsqu’une amie m’a un jour pris à part dans un cou-
loir de l’église pour me dire : « Tu peux être vraiment égoïste
parfois », avant d’énumérer plusieurs exemples concrets. Ce
n’était pas facile à entendre, mais mon amie avait raison et
elle m’a aidé à progresser en m’en parlant avec franchise. Le
processus de discipline prend fin quand la personne se repent
ou, si nécessaire, lorsque l’Église retire de la liste de membres
l’individu qui refuse de se repentir et l’écarte de la participa-
tion à la sainte cène.
Plusieurs emploient aussi le terme « discipline d’Église »
pour se référer plus étroitement et uniquement à cette dernière
étape, en disant par exemple : « Nous avons exercé la discipline
d’Église sur Jean. » Ils entendent par là qu’ils ont retiré à Jean
son statut de membre de l’Église et lui ont interdit de partici-
per à la sainte cène. Pour faire référence à cette dernière étape,
ils pourraient également employer le mot excommunication
(pensez à « ex-communion »).
Cette dernière étape de la discipline d’Église est en fait
l’inverse de l’adhésion à l’Église. Rappelez-vous le chapitre
précédent : l’adhésion implique l’affirmation d’une profession
de foi. La discipline, dans sa phase finale, signifie révoquer

114
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

cette affirmation à cause d’un péché qui est (1) non confessé,
(2) avéré, et (3) grave. Lorsqu’une Église retire un individu de
la liste de ses membres, elle n’affirme pas en toute certitude
qu’il n’est pas chrétien. Les Églises n’ont pas une vision à
rayons X comme celle du Saint-Esprit, qui leur permettrait de
sonder le cœur d’une personne. L’Église déclare simplement :
« Nous ne voulons plus reconnaître publiquement ta profession
de foi. Ce péché spécifique dans ta vie, dont tu refuses de te
défaire (critère 1) et à propos duquel les faits sont incontes-
tables (critère 2), est suffisamment grave (critère 3) pour miner
la crédibilité de ta profession de foi. »
À partir de quel moment considère-t-on qu’un péché est
grave ? Il va sans dire que cela nécessite un jugement au cas
par cas, mais le principe est le suivant : certains péchés non
confessés font perdre toute crédibilité à une profession de foi,
tandis que d’autres ont un impact moins conséquent. Il va
de soi qu’une Église ne devrait pas excommunier le mari qui
mange égoïstement tout le pot de crème glacée malgré les
tendres remontrances de son épouse. Il s’agit bien sûr d’un
exemple purement hypothétique. En revanche, l’Église devrait
excommunier le mari qui abandonne son épouse.
De manière générale, les personnes exclues de la liste des
membres d’une Église devraient pouvoir continuer d’assister
librement aux rassemblements publics de l’Église (à moins que
des menaces physiques, civiles ou autres entrent en jeu). Mais
ces personnes ne sont plus considérées comme des membres.

115
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Elles ne doivent plus prendre part au repas du Seigneur. Les


conversations dans le couloir après le culte, s’il y en a, ne
devraient pas être légères et décontractées. Elles devraient être
sobres et ponctuées de sérieux appels à la repentance.
La discipline d’Église n’est pas une punition ou un châti-
ment, pas plus qu’une mauvaise note en classe. Le but de la
discipline, comme une mauvaise note, est de pousser les gens
à se repentir. Comme le dit Paul, « qu’un tel homme soit livré
à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit
sauvé au jour du Seigneur Jésus » (1 Co 5.5).
Cependant, au-delà du bienfait que la discipline d’Église
procure à l’individu dans le péché, elle fait aussi du bien à
l’Église dans son ensemble, en particulier à ceux qui sont
peut-être vulnérables quant au fait de se faire exploiter ou
abuser par des personnes mal intentionnées. Ces dernières
années, certaines personnes ont déserté des Églises parce que
ces dernières n’avaient pas pris les dispositions nécessaires à
l’égard des abus dont elles avaient été victimes. Veillez tou-
tefois à ne pas pécher par excès de zèle. Aidez plutôt votre
assemblée à progresser dans une conception biblique de
l’Église, où les abus ont de la difficulté à rester dans l’ombre
et où les membres vulnérables trouvent dans cette commu-
nauté un véritable refuge. Ce genre de conception biblique
inclut une culture de formation de disciples et de discipline,
dans laquelle les membres vivent de manière ouverte et trans-
parente, en sachant qu’ils peuvent confesser leurs péchés

116
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

dès qu’ils en ont conscience, tandis qu’ils sont relativement


« petits », avant que les fissures morales ne s’élargissent et
deviennent semblables à de profonds abîmes. Une telle Église
dispose également d’une méthode connue et transparente
pour gérer les « plus gros » péchés lorsqu’ils surviennent, allant
jusqu’à l’annonce publique et l’exclusion.

L’AMOUR SELON LE MONDE


Il s’agissait-là d’un court résumé de la discipline d’Église. Nous
désirons maintenant poursuivre ce chapitre en replaçant la
discipline d’Église dans une discussion plus large au sujet de
l’amour. Si la discipline est difficile à aborder de nos jours,
c’est parce qu’elle nous semble dénuée d’amour.
Ma première expérience avec la discipline d’Église remonte
à la fin des années 1990, alors que j’étais encore célibataire.
Je déjeunais avec un partenaire de course et bon ami à moi.
Nous étions en train de discuter de ma vie amoureuse. Je l’ai
ensuite interrogé sur ses propres centres d’intérêt, et il a admis
avoir un mode de vie caractérisé par le péché. Lorsque je lui
ai demandé s’il savait ce que la Bible enseignait, il a répondu
que oui. Mais il était convaincu que la Bible avait tort. Il
refusait de faire demi-tour. Quelques jours plus tard, j’ai invité
un autre bon ami pour le confronter à nouveau, mais nous
sommes parvenus au même résultat. Par la suite, les anciens
de l’Église ont été impliqués. Ils ont obtenu la même réponse.
Finalement, les anciens ont présenté le cas à l’Église. Celle-ci

117
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

a donné à mon ami un délai supplémentaire de deux mois


pour se repentir. Il ne l’a pas fait. L’Église a donc décidé de le
retirer de la liste de membres par mesure disciplinaire. Son
péché remplissait les trois critères : il ne voulait pas se repentir ;
le péché était incontestable, c’est-à-dire que tout le monde était
d’accord sur les faits ; et il était suffisamment grave pour miner
la crédibilité de sa profession de foi.
Durant ces quelques mois, je me suis parfois demandé si
nous faisions preuve d’amour. Appliquer la discipline d’Église
ne m’a pas toujours paru un acte d’amour. Mes instincts cultu-
rels me chuchotaient à l’oreille que ce n’était pas le cas.
Le monde vous dira que l’amour est le feu que vous res-
sentez lorsque vous rencontrez la personne que l’univers, ou
Dieu, a conçue pour vous. C’est ce qui « survient » lorsque vous
découvrez la personne qui vous « complète ». Le monde vous
dira aussi que l’amour consiste à laisser une autre personne
poursuivre la passion qui l’habite, peu importe ce que c’est.
Pour trouver l’amour, il faut donc se connaître, s’exprimer
et se réaliser. Si l’amour nécessite de vous débarrasser de vos
parents, de votre classe sociale, de l’Église, des conceptions
traditionnelles de la moralité, voire de la société tout entière,
qu’il en soit ainsi. L’amour exige que vous fassiez ce qui est
bon pour vous-même.
L’amour ne juge jamais, paraît-il. L’amour libère les gens.
C’est l’atout final, l’argument qui fait taire tous les autres, la
justification ultime pour faire ce que vous désirez ardemment

118
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

faire : « Mais j’aime ça... », « S’ils s’aiment réellement, on devrait


accepter... » et « Si Dieu est amour, il n’empêchera sûrement
pas... »
L’amour, ou du moins notre conception de l’amour, est la
seule loi non négociable. Le monde ne croit pas que Dieu est
amour, mais plutôt que l’amour est dieu.
Malheureusement, la culture « ambiante » n’est pas la seule
à définir l’amour de cette façon. Trop souvent, les chrétiens
succombent à cette conception de l’amour.
Pour vous aider à redécouvrir l’Église, nous voudrions dans
ce chapitre vous convaincre de trois choses. Premièrement,
la discipline d’Église est biblique. Deuxièmement, elle est
empreinte d’amour. Certes, il se peut qu’une Église ne pra-
tique pas la discipline d’une manière aimante, mais la pratique
que Jésus a établie est assurément aimante. Troisièmement,
elle nous enseigne l’amour selon Dieu, et c’est ce qu’il y a de
plus remarquable.
Nous conclurons le chapitre par une réflexion pratique sur
ce que tout cela implique pour vous.

LA DISCIPLINE EST-ELLE VRAIMENT BIBLIQUE ?


Pour commencer, la discipline d’Église est-elle vraiment dans
la Bible ? Oui.
Matthieu 18. Jésus aborde le sujet dans Matthieu 18, lors-
qu’il enseigne qu’un bon berger laisse les quatre-vingt-dix-neuf
autres brebis du troupeau pour retrouver la seule qui s’est

119
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

égarée (v. 10-14). Comment partir à la recherche de la brebis


égarée ? Jésus répond :

Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il


t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends
avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle
sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les
écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église,
qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain (v. 15-17).

Notez que Jésus souhaite que l’affaire reste la plus discrète


possible. Mais il parle également de la porter devant toute
l’Église. Nous sommes tous concernés par le problème de
l’autre, car nous partageons le même nom de famille. Nous
sommes responsables les uns des autres en tant que membres
d’un seul corps.
Notez également que Jésus développe une procédure bien
précise. L’affaire doit être établie en présence de deux ou
trois témoins, comme c’était le cas dans l’Ancien Testament
(De 19.15). Il ne veut pas que les fausses accusations ou la
justice populaire régissent l’Église. Il ne veut pas non plus que
les pasteurs avancent leurs propres interprétations du caractère
des gens : « Il est orgueilleux. » Au contraire, le péché doit être
vérifiable et les faits doivent être incontestables.
1 Corinthiens 5. Paul enseigne la même chose dans
1 Corinthiens 5. Il confronte l’Église de Corinthe au sujet
d’un membre qui couche avec la femme de son père (v. 1).

120
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

L’Église et ses membres sont déjà au courant de la situation,


mais pour une raison quelconque, ils en semblent fiers. Ils
pensent sûrement faire preuve d’amour et de tolérance. Quoi
qu’il en soit, Paul leur signale qu’ils ne doivent pas s’enfler
d’orgueil ; au contraire, l’homme qui agit de la sorte doit être
« ôté du milieu [d’eux] » (v. 2).
Que devons-nous retenir du fait que la solution de Paul
est beaucoup plus directe et radicale que celle de Jésus ? Il
n’existe pas de procédure unique en ce qui concerne la disci-
pline d’Église. Chaque cas doit être étudié avec soin et sagesse,
en prenant compte des faits particuliers de l’affaire et de tous
les détails contextuels qui pourraient être pertinents. L’Église
ne doit pas simplement être empreinte d’amour. Elle doit aussi
faire preuve de sagesse.
Le passage de 1 Corinthiens 5 nous aide aussi à saisir le
but de la discipline. Premièrement, elle expose le péché (voir
v. 2) qui, comme le cancer, aime passer inaperçu.
Deuxièmement, la discipline met en garde contre un plus
grand jugement à venir (v. 5).
Troisièmement, la discipline est salutaire. C’est le dernier
recours de l’Église lorsque tous les autres avertissements sont
ignorés (v. 5).
Quatrièmement, la discipline protège les autres membres de
l’Église. Tout comme le cancer s’étend d’une cellule à l’autre,
le péché se propage rapidement d’une personne à l’autre (v. 6).

121
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Cinquièmement, la discipline préserve le témoignage de


l’Église lorsque celle-ci commence à suivre les voies du monde
(voir v. 1). Après tout, les Églises sont appelées à être le sel
et la lumière du monde. Jésus a dit : « Mais si le sel perd sa
saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être
jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes » (Mt 5.13).

LA DISCIPLINE D’ÉGLISE NOUS ENSEIGNE L’AMOUR


DE DIEU
Nous pouvons être convaincus intérieurement que Jésus nous
a donné la discipline d’Église, tout en ayant encore peur de
suivre son enseignement, parce que d’autres instincts nous
soufflent à l’oreille que la discipline est dénuée d’amour. C’est
presque comme si nous nous considérions comme plus aimants
que Jésus.
Nous devons remodeler ces instincts. Posons-nous donc
la question suivante : la discipline d’Église est-elle vraiment
empreinte d’amour ?
Il est clair que dans les Écritures nous voyons que la disci-
pline et l’amour sont inséparables : « Le Seigneur corrige celui
qu’il aime » (Hé 12.6, BDS). Aux yeux de Dieu, l’amour et
la discipline ne sont pas contradictoires. Il enseigne d’ailleurs
que l’amour est le motif derrière la discipline.
L’auteur de l’épître aux Hébreux décrit la discipline comme
un acte d’amour, car elle nous aide à grandir dans la sainteté,
la justice et la paix : « Dieu, c’est pour notre bien qu’il nous

122
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

corrige, afin de nous faire participer à sa sainteté. Certes, sur


le moment, une correction ne semble pas être un sujet de joie
mais plutôt une cause de tristesse. Mais par la suite, elle a
pour fruit, chez ceux qui ont ainsi été formés, une vie juste,
vécue dans la paix » (Hé 12.10,11, BDS). L’expression « elle a
pour fruit une vie juste vécue dans la paix » dépeint l’image
d’arbres croulant sous le poids des fruits lorsqu’ils sont prêts
pour la récolte. N’est-ce pas là un beau tableau ?
Concrètement, notre culture véhicule l’idée selon laquelle
l’amour équivaut à l’expression de soi, mais l’on trouve dans la
Bible un certain nombre de choses qui vont à l’encontre de
cette pensée. Elle déclare que l’amour ne se réjouit point de
l’injustice, mais qu’il se réjouit de la vérité (1 Co 13.6). Elle
décrit l’amour comme un partenaire de la vérité (2 Jn 1.13).
Vous vous considérez peut-être comme quelqu’un d’aimant,
mais si vous ne marchez pas selon la vérité et mettez votre
plaisir en ce que Dieu qualifie de mauvais, vous n’êtes visi-
blement pas aussi aimant que vous le pensez.
Jésus lui-même englobe l’amour avec le respect des com-
mandements de Dieu. Il dit à propos de lui-même : « Il faut
que le monde reconnaisse que j’aime le Père et que j’agis
conformément à ce qu’il m’a ordonné » (Jn 14.31, BDS). Il
dit la même chose à notre sujet : « Celui qui a mes comman-
dements et qui les garde, c’est celui qui m’aime » (v. 21). Il
ajoute même que si nous gardons ses commandements, nous
demeurerons dans son amour (15.10). Et Jean dit que si nous

123
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gardons la Parole de Dieu, l’amour de Dieu sera parfait en


nous (1 Jn 2.5).
Ces passages dévoilent que la plupart d’entre nous ont besoin
de revoir radicalement leur conception de l’amour. Dans la
Bible, l’amour (comme la foi) conduit à l’obéissance, et l’obéis-
sance est un signe d’amour (et de foi), comme on le voit ici :

conduit à

L’amour biblique l’obéissance

qui elle-même
caractérise

Pensez à la leçon biblique selon laquelle « Dieu est amour »


(1 Jn 4.16). Lorsque des personnes qui prétendent aimer Dieu
s’éloignent de lui, nous montrons que nous les aimons davan-
tage en les corrigeant et en leur disant : « Non, non, non. Dieu
est amour. Donc si tu recherches l’amour, tu dois revenir à
Dieu. » Ceux qui s’opposent à Dieu et lui désobéissent fuient
l’amour. Ils choisissent autre chose que l’amour, bien qu’ils
appellent cela de l’amour.
Si Dieu est amour, nous aimons les autres lorsque nous
leur partageons l’Évangile afin qu’ils puissent connaître Dieu.

124
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

Si Dieu est amour, nous aimons les autres lorsque nous leur
enseignons tout ce que Dieu commande afin qu’ils puissent à
leur tour le refléter auprès de leurs semblables.
Si Dieu est amour, nous montrons aux autres que nous
les aimons lorsque nous les corrigeons quand ils s’éloignent
de Dieu.
Si Dieu est amour, nous aimons les autres en leur retirant
leur statut de membre de l’Église lorsqu’ils s’obstinent à pour-
suivre leurs propres désirs plutôt que de poursuivre ceux de
Dieu, car leur seul espoir d’avoir la vie et l’amour est justement
de reconnaître qu’ils sont en train de se détourner de Dieu.
Ainsi, les Églises devraient pratiquer la discipline d’Église
par amour :

• par amour pour le pécheur, afin qu’il se repente ;


• par amour pour les autres membres de l’Église, afin qu’ils
ne s’égarent pas ;
• par amour pour les non-chrétiens, afin que l’Église ne soit
pas pour eux un autre lieu de mondanités de plus ;
• par amour pour Christ, afin que nous puissions représenter
son nom avec droiture.

LA SAINTETÉ DE L’AMOUR DE DIEU


La discipline d’Église nous enseigne une caractéristique bien
spécifique de l’amour de Dieu, mais celle-ci est très souvent
absente des définitions : l’amour de Dieu est saint. On ne peut

125
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pas avoir l’amour de Dieu sans la sainteté qui s’y rattache.


Son amour sert ses objectifs saints, qui sont remplis d’amour.
Parfois, les gens opposent ce qu’ils appellent les « Églises de la
sainteté » aux « Églises de l’amour ». La distinction est impos-
sible. S’il manque à une Église la sainteté ou l’amour, alors
elle est privée et de l’un et de l’autre.
La relation entre l’amour et la sainteté nous aide égale-
ment à comprendre les thèmes récurrents de l’exclusion et
de l’exil dans la Bible. Des passages tels que Matthieu 18 et
1 Corinthiens 5 ne nous dépeignent pas un Dieu qui serait en
train d’accomplir quelque chose de nouveau ou de différent.
Ils nous donnent un aperçu de ce que Dieu a toujours fait.
Il a toujours banni le péché de sa présence. Lorsqu’Adam et
Ève ont péché, Dieu les a exclus du jardin. Il a exclu le monde
déchu de l’arche de Noé. Il a exclu les Cananéens de la Terre
promise, et plus tard, il a exclu son propre peuple de cette
même terre. Toutes les lois relatives au Tabernacle visaient
également à exclure les choses impures et impies. Et au dernier
jour, Dieu promet d’exclure tous ceux dont la foi ne reposera
pas sur l’œuvre achevée de la vie incarnée de Christ, de sa
mort substitutive et de sa résurrection qui a vaincu la mort.
Mais cela implique autre chose. Dieu a exclu le péché et les
pécheurs, mais simultanément, il a aussi attiré les gens à lui
dans le but de les refaçonner à son image afin qu’ils puissent
manifester son amour saint aux nations : « la terre sera remplie
de la connaissance de la gloire de l’Éternel comme le fond de

126
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

la mer par les eaux qui le couvrent » (Ha 2.14). Comment la


terre sera-t-elle remplie ? Repensez à l’ordre donné par Dieu à
Adam et Ève de remplir la terre : ceux qui ont été créés à son
image, qui sont nés de nouveau par l’Esprit, rempliront ce
mandat originel et témoigneront en tous lieux de son image
aimante, sainte et juste.
Nos Églises, telles des épingles réparties sur une carte du
monde, en sont le point de départ. Elles sont les ambassades
de l’amour saint et glorieux de Dieu. Le plan même de Dieu
pour l’Église, nous dit Paul, est que « les dominations et les
autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par
l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu » (Ép 3.10). C’est
pourquoi Paul prie ensuite pour que nous ayons la capacité
de « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur,
la longueur, la profondeur et la hauteur, et [de] connaître
l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance » (v. 18,19).
Manifester la sagesse et la gloire de Dieu signifie « connaître
et expérimenter l’amour de Christ » – sa largeur, sa longueur,
sa profondeur et sa hauteur.

CE QUE TOUT CELA IMPLIQUE POUR VOUS


Il reste encore beaucoup à apprendre sur la discipline d’Église.
À partir de quel moment peut-on dire qu’il y a restauration ?
(Lorsque la personne se repent.) Comment une Église doit-elle
pratiquer la discipline ? (En impliquant le moins de personnes
possible, en donnant aux individus le bénéfice du doute, en

127
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

laissant les responsables d’Église aux commandes de la pro-


cédure, en impliquant finalement toute l’Église, et ainsi de
suite.) Nous voulions seulement vous donner un aperçu.
En fin de compte, la discipline d’Église est difficile, mais
aimante. Elle protège les gens de leur propre aveuglement. Un
jour, ma femme et moi-même avons dû confronter une de nos
amies proches à propos d’une mauvaise décision qu’elle prenait
dans son milieu de travail. Elle a rejeté notre correction. Nous
avons impliqué deux autres amis, puis deux autres encore. Elle
a repoussé notre amour à chaque fois. À plusieurs reprises au
cours de ce processus qui a duré quelques semaines, j’ai eu des
maux de ventre et fait des insomnies, ce qui n’est absolument
pas habituel chez moi. Nous avons tout de même continué
dans ce sens, car nous avions confiance dans le fait que Dieu
est plus aimant et plus sage que nous, et que nous pouvions
nous fier à sa Parole. Contre toute attente, cette amie a fini
par revenir vers nous et nous a annoncé qu’elle avait renoncé
à son attitude pécheresse. Dieu soit loué ! C’était une période
difficile, mais cela en valait la peine.
Mais au-delà du fait de protéger des personnes de leur
propre aveuglement, la discipline d’Église protège également
les personnes vulnérables qui seraient des proies faciles pour des
gens mal intentionnés. Vous vous souvenez peut-être du mou-
vement #MeToo de 2018, qui a permis aux victimes d’agres-
sions sexuelles de sortir de l’ombre. Le label #ChurchToo a
rapidement suivi. De plus en plus de voix ont commencé à

128
La discipline d’Église peut-elle vraiment être empreinte d’amour ?

demander aux Églises de s’attaquer à leur propre négligence


à ce sujet. Si l’abus sexuel est terrible, une Église qui l’ignore
est au moins aussi mauvaise, précisément parce que Dieu a
chargé les Églises d’être des lieux de réparation, de guérison et
de restauration pour toutes les injustices que le monde inflige,
y compris les abus et les agressions. Il va sans dire que cet
appel était salutaire pour les Églises et qu’elles avaient besoin
de l’entendre. Heureusement, de nombreuses Églises ont pris
l’habitude de résoudre ces problèmes de manière fidèle, ferme
et rapide. D’autres ne le font pas. Elles sont mal éduquées et
mal équipées pour répondre à cette problématique, et elles
sont lentes à réagir. Ou pire encore, elles refusent de voir le
problème. Quoi qu’il en soit, la solution n’est pas de déserter
les Églises. Nous devons plutôt nous assurer que nos Églises
ouvrent la Bible et s’emparent des outils que Dieu a fournis
pour (au mieux) prévenir ces abus ou (au pire) apporter une
réponse ferme aux abus : une culture de formation de dis-
ciples et de discipline. Une Église qui pratique la discipline de
manière humble, aimante et responsable n’a tout simplement
pas besoin d’un mouvement #MeToo ou #ChurchToo pour
lui rappeler quoi faire.
Quelle leçon pouvez-vous personnellement tirer de tout
cela ? Assurez-vous de construire des relations avec les autres
membres de l’Église afin de les connaître, mais aussi pour
vous faire connaître. La confiance se développe dans un envi-
ronnement où les conversations sont humbles et honnêtes.

129
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Efforcez-vous d’être une personne facile à corriger. Si ce


n’est pas le cas, vos amis et les membres de votre famille en
déduiront rapidement que vous corriger est un exercice futile,
voire dangereux, et ils arrêteront. Vous vous retrouverez alors
sans protection !
Invitez les gens à vous connaître. Accueillez favorablement
les commentaires constructifs. Confessez vos péchés. Prenez
le risque d’être embarrassé. Encouragez les autres dans leur
marche avec Christ. Soyez prêt à avoir des conversations
gênantes au cours desquelles vous défiez le péché avec dou-
ceur et tendresse. Concrètement, cela veut dire que vous devez
commencer par des questions, et non des accusations, afin de
vous assurer de bien comprendre la situation.
Les pasteurs ne sont pas les seuls à devoir faire cela. Tous
les membres sont concernés. Si vous et les autres membres de
votre Église vivez de cette manière, la majeure partie de la
discipline d’Église ne concernera jamais plus d’une ou deux
personnes. Les anciens n’en entendront jamais parler. Le corps
fonctionnera comme il se doit, chaque membre édifiant le
corps dans l’amour (Ép 4.15,16). Et petit à petit, d’un degré
de gloire à un autre, votre assemblée deviendra une ambassade
qui reflétera le saint amour de Dieu.

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L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
7

COMMENT AIMER LES


MEMBRES QUI SONT
DIFFÉRENTS DE NOUS ?
Collin Hansen

Imaginez que votre but soit d’implanter une Église aussi rapi-
dement que possible. Votre objectif principal serait la crois-
sance numérique. Vous souhaitez attirer les gens. Quelle serait
votre stratégie ?
Vous commencerez probablement par l’enseignement,
n’est-ce pas ? De nos jours, vous pouvez tout à fait atteindre
les gens à l’échelle internationale grâce aux livres, aux podcasts
et aux vidéos. Vous pourriez même en venir à la conclusion
que l’Église en ligne ou virtuelle est le meilleur moyen d’aug-
menter rapidement vos effectifs. Bâtir l’Église autour d’une
personnalité ou d’un enseignant dynamique est probablement
le moyen le plus rapide pour la faire croître drastiquement.
Mais ce n’est pas le seul moyen. Prenez le temps de louange
comme exemple. Beaucoup d’Églises vivent encore comme

133
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

dans les temps anciens, avec un temps de louange « démodé ».


Vous décidez donc que votre Église ne jouera que des chants
modernes et avant-gardistes. Vous engagez un groupe de musi-
ciens dans la vingtaine et les encouragez même à enregistrer
leur musique à des fins de diffusion numérique. Cela permet-
tra à votre Église d’avoir une communauté de fans en ligne
qui, vous l’espérez, contribueront à lui donner la réputation
d’une Église novatrice et grandissante.
Et qu’en est-il de la communauté ? Les gens demandent de
la musique et de l’enseignement, mais ce dont ils ont vraiment
besoin, c’est d’amis. Il n’est pas toujours facile de répondre à
ce besoin lorsque chacun est occupé à travailler ou voyager.
Pourtant, les groupes de maison semblent être le moyen le
plus efficace pour aider les gens à tisser des liens. Mais com-
ment s’y prendre pour les former ? Vous pourriez rassembler
des personnes en fonction de leur localisation ou vous baser
sur les groupes d’amis préexistants. Cependant, la meilleure
approche est probablement de constituer ces groupes en fonc-
tion de l’étape de vie où se trouvent les personnes concernées
ou encore en fonction de leurs centres d’intérêt. Regroupez
tous les jeunes parents. Rassemblez tous les célibataires dans
un groupe et les personnes dont les enfants ont déjà quitté la
maison dans un autre. Formez un groupe pour les personnes qui
aiment faire de la moto. Formez-en un autre pour les personnes
qui pratiquent le tricot. Les possibilités sont infinies. Les gens
finiront par être attirés par votre Église grâce à la variété des

134
Comment aimer les membres qui sont différents de nous ?

programmes proposés. Vous aurez acquis le meilleur ministère


jeunesse de la ville, au point que les parents voudront changer
d’Église. Organisez un service le samedi soir pour que les gol-
feurs puissent libérer leur dimanche matin. Plus les gens pour-
ront participer de diverses manières sans avoir à changer leur
style de vie, plus il sera facile pour votre Église de se développer.
Cet exercice donne un aperçu du raisonnement qu’ont de
nombreux responsables d’Église aujourd’hui. Le premier objec-
tif que nous avons cité était la croissance numérique. Mais avez-
vous saisi l’idée qui se dissimule sous toutes ces stratégies ? Les
gens aiment être entourés de personnes qui leur ressemblent. Ils
se sentent à l’aise dans des configurations familières et prévi-
sibles. Ils veulent côtoyer des personnes qui apprécient le même
style d’enseignement, qui ont les mêmes goûts musicaux, qui se
posent les mêmes questions au sujet du mariage, de l’éducation
des enfants ou des relations amoureuses, et qui, bien souvent,
ont la même couleur de peau. La manière la plus rapide et la
plus efficace pour développer une grande Église est d’identifier
une partie de la population qui partage un certain nombre
d’intérêts et de répondre à ses besoins par la façon d’enseigner,
de chanter et d’entretenir les amitiés. Il ne s’agit pas là d’une
nouvelle tendance, mais tout simplement de la méthode qui a
été adoptée durant une grande partie de l’histoire de l’Église.
C’est précisément la raison pour laquelle nous devons
redécouvrir l’Église en tant que communauté de personnes
hétéroclites. L’Église locale est le lieu où Jésus nous enseigne à

135
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

aimer toutes sortes de personnes, y compris nos ennemis : une


tribu et une autre, une race et une autre, une nation et une
autre. Et tout comme le soleil du matin perce l’horizon, l’ac-
complissement de la prophétie de l’Ancien Testament devrait
se réaliser en premier lieu dans nos communautés :

De leurs glaives ils forgeront des hoyaux,


Et de leurs lances des serpes :
Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre,
Et l’on n’apprendra plus la guerre (És 2.4).

Parcourez donc du regard les tables lors des repas fraternels


du dimanche midi, observez de plus près le petit groupe qui
se rend à la maison de retraite le mercredi soir ou le groupe
de prière des hommes du vendredi matin et interrogez-vous
sur ce que vous voyez. Y voit-on un amour partagé au sein
d’une communauté diversifiée et unifiée ?

L’ÉGLISE EST DESTINÉE AUX PÉCHEURS


À première vue, les douze disciples de Jésus se ressemblaient
beaucoup : ils étaient tous des hommes de race juive. Avant
que Jésus ne les appelle à le suivre, plusieurs d’entre eux travail-
laient en tant que pêcheurs. Pour d’autres, leur métier d’origine
n’est pas précisé. Mais nous savons que Jésus a appelé Matthieu
alors que celui-ci était assis au bureau des péages (Mt 9.9).
Nous n’accordons peut-être pas beaucoup d’importance à ce

136
Comment aimer les membres qui sont différents de nous ?

détail, mais Matthieu savait que cette précision était impor-


tante pour ses lecteurs juifs. Pourquoi ? Parce qu’ils détestaient
les collecteurs d’impôts, bien plus que les gens peuvent de nos
jours détester le fisc. Les collecteurs d’impôts juifs travaillaient
pour une force d’occupation haïe par le peuple. Ils percevaient
l’argent qui allait servir à nourrir et approvisionner les sol-
dats romains qui les dominaient avec brutalité. En appelant
Matthieu, Jésus a attisé la colère des pharisiens : « Comment
votre maître peut-il manger de la sorte avec des collecteurs
d’impôts et des pécheurs notoires ? », ont-ils demandé aux
disciples. Jésus a entendu leur question et leur a répondu :
« Les bien-portants n’ont pas besoin de médecin ; ce sont les
malades qui en ont besoin. Allez donc apprendre quel est le
sens de cette parole : "Ce que je veux, c’est la compassion bien
plus que les sacrifices." Car je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs » (Mt 9.11-13, BDS).
Aujourd’hui, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de
l’Église, beaucoup partagent la confusion des pharisiens.
L’Église n’est-elle pas réservée aux personnes qui votent pour le
bon parti ? L’Église n’est-elle pas réservée aux personnes dont la
vie est ordonnée ? L’Église n’est-elle pas réservée aux personnes
qui se ressemblent, qui pensent et qui parlent comme moi ?
Aux yeux d’un visiteur peu familier avec le concept
d’Église, les membres peuvent sembler si heureux, si prospères
et si bien organisés. Et parfois, c’est précisément l’impression
que l’Église veut donner.

137
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Mais ce n’était pas là l’intention de Jésus. Seuls les malades


vont chez le médecin. Et seuls les pécheurs vont à l’Église. Les
pharisiens pensaient qu’ils n’avaient pas besoin de Jésus pour
être justes. Pourtant, Matthieu et les autres pécheurs savaient
qu’ils avaient besoin de Jésus. Ils avaient honte de leur passé, ils
se sentaient coupables de ce qu’ils avaient fait ou n’avaient pas
fait. Son amour ne ressemblait en rien à tout ce qu’ils avaient
connu auparavant. Autrefois, ils étaient des parias. Désormais,
ils côtoyaient le Fils de Dieu ! Ils ne pouvaient plus vivre sans lui.
Ces collecteurs d’impôts et ces pécheurs n’auraient pas
formé une communauté si Jésus ne les avait pas rassemblés. Ils
n’avaient pas grand-chose en commun, si ce n’est le fait d’être
rejetés par les pharisiens. Mais Jésus a réuni des personnes qui
n’auraient naturellement jamais été amies ou alliées. Dans
ce même groupe des Douze, Jésus a également appelé un
homme nommé Simon, que tout le monde connaissait comme
le zélote (Ac 1.13). Le parti zélote cherchait à renverser l’oc-
cupant romain par la violence. Ils en voulaient aux pharisiens
de ne pas en faire assez pour expulser les étrangers. Mais ils
détestaient encore plus les collaborateurs, des hommes comme
Matthieu, le collecteur d’impôts.
Il est facile d’imaginer les conversations gênantes qui avaient
lieu entre Simon et Matthieu. Pourtant, Jésus les a appelés tous
les deux. Il les aimait tous les deux. Il a consacré des années
de sa vie à leur enseigner à tous les deux le royaume de Dieu
qui transcende toutes les divisions qui peuvent exister ici-bas.

138
Comment aimer les membres qui sont différents de nous ?

UNE COMMUNAUTÉ EXCLUSIVE


La raison pour laquelle nous devons redécouvrir l’Église en
tant que communauté de personnes hétéroclites est que nous
tombons trop facilement dans les conceptions que le monde
offre en termes de communauté. Le monde nous propose deux
options. La première consiste à célébrer la diversité en privilé-
giant les différences en matière d’ethnicité, de nationalité, de
genre et, de plus en plus, d’orientation sexuelle. Cette vision
du monde nous pousse à nous sentir bien lorsque ces divers
éléments sont inclus dans notre communauté. Le fait qu’une
pièce soit remplie de visages de la même couleur nous semble
être une chose mauvaise, voire immorale.
La deuxième option consiste à célébrer l’uniformité. Dans
une grande partie du monde, on ne peut pas – ou du moins
on n’est pas censé – mélanger différentes ethnies. Certaines
personnes vivent dans des zones reculées où il n’existe qu’une
seule classe économique ou qu’une seule ethnie. D’autres
vivent dans un pays fonctionnant avec un système de castes
qui sélectionnent les personnes bien avant leur naissance, sans
leur laisser la possibilité de passer d’une caste à l’autre, ou
dans un système politique qui exige l’obéissance à l’État dans
tous les domaines, y compris la religion. L’uniformité est alors
considérée comme la valeur suprême. Une pièce où se trouvent
réunies des personnes qui sont en désaccord les unes avec les
autres sur la politique ou leur vision du monde est considérée
comme une chose mauvaise, voire immorale.

139
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

À première vue, ces deux conceptions du monde – diver-


sité et uniformité – peuvent sembler opposées. Mais ces dif-
férences masquent des similitudes sous-jacentes. Ces deux
conceptions créent une communauté par l’entremise de
l’exclusion. Cela ressort de façon encore plus évidente du
côté de l’uniformité. Si vous ne votez pas pour le bon parti,
si vous ne fréquentez pas la bonne Église ou si vous côtoyez
des personnes de la mauvaise caste, vous êtes exclu de la
communauté. Néanmoins, du côté de la diversité, le schéma
est le même. Seul un certain type de diversité est autorisé.
Vous pouvez être issu d’une ethnie différente, mais vous
n’avez pas le droit d’être en désaccord au sujet de l’éthique
sexuelle. Vous pouvez être fier d’être originaire d’un autre
pays, mais vous n’avez pas le droit de soutenir le mauvais
parti politique. Vous êtes célébré pour votre genre, mais vous
n’avez pas le droit de parler des distinctions biologiques qui
existent entre les genres.
Quels que soient leurs prétextes, ces deux conceptions
créent une communauté par l’exclusion. Elles créent des
sortes de clubs sociaux exclusifs où on ne peut entrer que
sur invitation. Le mécanisme est le même lorsque dans
des marches de protestation, on ne laisse aucune place aux
contestations internes, ou lorsque dans un programme aca-
démique, la liberté et la dissidence idéologique sont étouffées.
Vous faites partie de « ceux du dedans » parce que les autres
sont « ceux du dehors ».

140
Comment aimer les membres qui sont différents de nous ?

COMMENT SE DÉMARQUER AUX YEUX DU MONDE ?


Nos Églises agissent parfois de la même façon, que ce soit en
privilégiant l’uniformité ou la diversité, car c’est l’idée que
nous nous faisons de la communauté. Si nous ne savons pas
comment nous y prendre pour bâtir une Église dans laquelle
les gens peuvent être en désaccord sur des thèmes comme la
politique, c’est parce que nous évitons souvent les personnes
qui nous mettent mal à l’aise. Nous ne savons pas comment
bâtir une Église multiethnique, parce que nous ne menons pas
des vies multiethniques. Nous ne savons pas comment inclure
d’autres classes économiques que la nôtre, parce que nous
n’en côtoyons pas d’autres au quotidien. Nous ne savons pas
comment nous concentrer sur notre unité en Christ, parce que
nous sommes habitués à observer nos différences physiques.
Lorsqu’une Église suit les modèles du monde, elle ne peut
pas se démarquer aux yeux du monde. Pourquoi ? Parce que
les membres n’ont pas besoin de l’Église pour intégrer ce type
de communauté. Si vous voulez côtoyer des personnes qui
partagent votre zèle idéologique, vous pouvez participer à
une manifestation ou rejoindre un parti politique. Si vous
avez besoin d’amis avec qui passer du temps, vous pouvez
intégrer une équipe sportive ou une communauté de jeux
vidéo en ligne. Si vous voulez vous plaindre de la météo et
de vos maux et douleurs, vous pouvez rejoindre les personnes
âgées au café du coin de la rue. L’Église se démarque aux
yeux du monde lorsqu’elle rassemble des personnes qui ne

141
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

s’associeraient pas naturellement – les collecteurs d’impôts et


les zélotes, les pécheurs et les pharisiens. C’est ce qui rendait
l’Église primitive si étrange, au point que certains ont affirmé
qu’elle a « bouleversé le monde » (Ac 17.6).
Dans le monde antique, la religion était liée à d’autres
aspects de l’identité, notamment à la politique, à l’ethnie ou
à la tribu auxquelles les gens étaient rattachés. Lorsqu’ils par-
taient en guerre, ils se battaient contre des peuples qui avaient
des dieux locaux et des dirigeants différents. Les Romains ont
conquis de petits groupes de ce genre un peu partout. Les
Juifs étaient étranges à leurs yeux, car ils n’adoraient qu’un
seul Dieu au lieu d’en adorer plusieurs. Mais les Romains
n’ont mis fin au culte de ce Dieu dans les temples que lorsque
les Juifs se sont révoltés contre l’autorité politique de Rome.
Les chrétiens étaient différents. Ils adoraient ce même
Dieu. Mais ils adoraient aussi un homme, Jésus, qui pré-
tendait être Dieu. Si les chrétiens semblaient aussi étranges,
c’est parce qu’ils insistaient sur le fait que Jésus n’était pas
un enseignant local ou un révolutionnaire politique, mais le
Seigneur de l’univers. Jésus se soumettait certes aux autori-
tés locales, mais il affirmait aussi qu’elles n’avaient d’autorité
que celle qu’il leur avait accordée. Personne n’avait jamais
vu ni entendu quelque chose de semblable. Le christianisme
était donc attrayant d’une manière bien singulière pour les
habitants de l’Empire romain, parce que Jésus avait réussi à
rassembler des gens qui ne se fréquentaient habituellement

142
Comment aimer les membres qui sont différents de nous ?

pas : des esclaves et des personnes libres, des pauvres et des


riches, des Juifs et des non-Juifs. C’est cette unification dans
la diversité qui a fait du christianisme une menace singulière
pour les pouvoirs politiques de Rome, qui voyaient à juste titre
leur autorité subvertie par les valeurs d’un royaume supérieur.
C’est ce genre de communauté que nous devons retrouver
dans l’Église, cette communion entre des personnes différentes
unies par Christ seul. Et c’est le genre de communauté que le
monde remarque. C’est le genre de communauté qui menace
son statu quo. Cette communauté est bâtie sur une foi com-
mune et un amour commun pour Jésus-Christ. L’apôtre Paul
a exhorté les Éphésiens ainsi :

Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à


marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été
adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous
supportant les uns les autres avec amour, vous efforçant de
conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Il y a un seul
corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à
une seule espérance par votre vocation ; il y a un seul Seigneur,
une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous,
qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous (Ép 4.16).

Aucune pandémie, aucune élection ni aucune vidéo virale


ne peut menacer ce type d’unité. Lorsqu’une controverse éclate,
la communauté de l’Église s’allie dans l’amour, l’empathie et

143
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

la confiance. Ses membres « [s’efforcent] de conserver l’unité


de l’Esprit par le lien de la paix ».

LA RÉSISTANCE AUX DIVISIONS


Cette communauté est également capable de résister aux
divisions mondaines parce que ses membres valorisent et
respectent leurs différences. L’apôtre Paul a vivement repris
l’Église de Corinthe lorsqu’elle avait du mal à rester unie au
milieu de la différence. Ce sont les divisions dans l’Église qui
ont inspiré son célèbre enseignement sur l’amour : « [L’amour]
excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout »
(1 Co 13.7).
C’est de leurs divisions qu’a également découlé l’enseigne-
ment de Paul le plus limpide au sujet du corps de Christ. Il
a utilisé cette métaphore pour décrire combien il est impor-
tant que tous les membres de l’Église s’unissent et travaillent
ensemble. Dans un corps, le pied ne regarde pas la main avec
mépris. L’oreille n’est pas jalouse de l’œil, car on a besoin
d’entendre autant qu’on a besoin de voir. On a tous déjà res-
senti de la douleur et de l’inconfort dans une zone du corps
à laquelle on ne pensait pas vraiment. C’est pour cette raison
que, selon Paul, nous ne devons jamais tenir pour acquis les
membres du corps soi-disant moins importants. « Dieu a dis-
posé le corps de manière à donner plus d’honneur à ce qui en
manquait, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais
que les membres aient également soin les uns des autres. Et

144
Comment aimer les membres qui sont différents de nous ?

si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si


un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec
lui » (1 Co 12.24-26).

UNE ÉGLISE PLUS DURABLE


Le corps est une communauté de personnes hétéroclites. Nous
ne sommes pas tous pareils, et nous avons besoin les uns des
autres. Dieu a voulu que nous ayons chacun des dons diffé-
rents, pour notre bien. Nous professons la même croyance
en Jésus‑Christ, mais nous bénéficions d’une diversité d’ex-
périences. C’est là la vision de Dieu pour l’Église qu’il nous
appartient de redécouvrir. Ce modèle ne constitue pas le moyen
le plus rapide pour bâtir l’Église la plus grande. Mais il s’agit
du moyen le plus durable pour construire une Église saine.
Si vous souhaitez bâtir une grande Église rapidement,
vous vous concentrerez sur la personnalité singulière du pas-
teur et sur son enseignement, et non sur les dons différents
que Dieu a faits à chaque membre du corps. Vous choisirez
également la musique qui conviendra à la catégorie d’âge, de
classe sociale et d’ethnie que vous souhaiterez favoriser (par
exemple, de jeunes professionnels blancs dans la vingtaine,
ayant un bon revenu, beaucoup de temps libre et le besoin
d’intégrer une communauté).
Ces Églises ne sont pas pour autant mauvaises et dans le
péché. D’ailleurs, dans l’histoire du monde, la plupart des
Églises ont été créées par des personnes qui se ressemblaient

145
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

et avaient des centres d’intérêt commun. Dans certains cas,


comme celui des minorités ethniques dans certaines régions
du monde, des Églises étaient créées séparément, parce que des
gens étaient exclus des Églises établies en raison du racisme
ou de la barrière de la langue. Dieu emploie effectivement les
nombreux et différents types d’Églises dans le but d’atteindre
une même communauté avec la bonne nouvelle de Jésus.
Mais l’exemple des disciples de Jésus et des premières
Églises dirigées par Paul révèle un élément que nous devons
nous réapproprier aujourd’hui. La politique et la pandémie de
la COVID-19 ont conduit de nombreuses Églises au-delà du
point de rupture. Il semble plus facile de chercher une Église
dans laquelle tout le monde pense, vote et pèche comme vous.
Mais si vous voulez croître spirituellement, il est préférable
de vous tourner vers une communauté de personnes qui sont
différentes de vous.
D’honorer les personnes dont les capacités diffèrent des
vôtres.
D’espérer toutes choses dans l’amour.
De maintenir l’unité de l’Esprit par le lien de la paix.
De respecter le zélote ou le collecteur d’impôts assis à côté
de vous.
Vous voulez trouver une Église qui capte l’attention de
ce monde ? Trouvez-en une qui ressemble au monde à venir,
celui qui nous attend.

146
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.

148
8

COMMENT DÉMONTRER DE
L’AMOUR ENVERS CEUX
QUI NE FONT PAS PARTIE ..

DE L’ÉGLISE ?
Collin Hansen

À quoi sert une Église ? Qu’est-il censé se passer au cours des


rassemblements de jeunes, des cultes, des études bibliques et
des réunions dans les maisons ? Comment êtes-vous censé
vous sentir et qu’êtes-vous censé faire en tant que membre
d’une Église ?
Les réponses à ces questions vous sembleront peut-être
évidentes. Mais au cours de l’histoire, les Églises ont répondu
à ces interrogations d’au moins quatre manières différentes.
Nous pouvons comparer ces quatre alternatives à ce que nous
voyons dans la Parole de Dieu au sujet de la manière dont
l’Église doit agir envers ceux qui se trouvent à l’extérieur de
ses murs, mais aussi envers ceux qui sont à l’intérieur. Ces

149
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

réponses ne s’excluent pas nécessairement l’une l’autre ; cer-


taines se recoupent. Pourtant, les Églises ne mettent généra-
lement l’accent que sur un seul des aspects de la relation entre
ceux qui font partie de l’Église (les « initiés ») et ceux qui n’en
font pas partie (les « non-initiés »).
Premièrement, certains croient que l’Église sert à par-
tager l’Évangile. Selon eux, l’Église a pour but d’accueillir
des personnes dans un bâtiment le dimanche matin afin
qu’elles aient l’occasion d’entendre la bonne nouvelle de Jésus
et qu’elles se convertissent. La prédication et l’enseignement
se concentrent essentiellement sur les bases : notre problème
avec le péché, le sacrifice de Jésus et la nécessité de croire. Les
réunions d’Église ont tendance à graviter autour de thèmes
standards tels que les relations, l’éducation des enfants, les
finances, la culture populaire et d’autres sujets susceptibles de
concerner aussi les gens de l’extérieur. Le prédicateur cherche
alors à faire le lien entre ces situations du quotidien et notre
besoin de Jésus.
Deuxièmement, certains croient que l’Église sert à accomplir
de bonnes œuvres. Selon eux, l’Église a pour objectif de mobili-
ser ses membres pour aider des personnes de l’extérieur de façon
tangible. Ces Églises offrent souvent de la nourriture ou des
vêtements de seconde main aux plus démunis. La prédication et
l’enseignement mettent l’accent sur les œuvres bonnes de Jésus et
sur son commandement rappelant d’aimer son prochain comme
soi-même. Les responsables exhortent les membres à travailler

150
Comment démontrer de l’amour envers ceux qui ne font pas...

et à voter de sorte qu’il y ait des changements en faveur des


moins fortunés. Les cultes sont ponctués d’annonces à propos
des journées consacrées à ces œuvres et du besoin de bénévoles.
Des témoignages de personnes de l’extérieur dont le niveau de
vie a été amélioré grâce aux gens de l’Église sont encouragés.
Troisièmement, certains croient que l’Église sert à apporter
la guérison. Selon eux, l’Église doit montrer aux personnes
de l’extérieur que leur vie s’améliore lorsqu’elles entrent dans
l’église. La prédication et l’enseignement mettent l’accent sur
les miracles de Jésus, sur la puissance de l’Esprit et sur le fait
qu’aujourd’hui, il nous donne les mêmes moyens de guérir des
personnes de leurs souffrances physiques, spirituelles, finan-
cières et mentales. Dans leurs sermons, les pasteurs insistent
sur le fait qu’avec l’aide de Dieu, les gens de l’Église peuvent
surmonter n’importe quel défi. Les cultes d’adoration sont
marqués par de la musique entraînante et des réactions phy-
siques face à l’action de l’Esprit. D’ailleurs, il arrive que cer-
tains cultes soient presque exclusivement consacrés à la prière
en faveur d’une guérison immédiate.
Quatrièmement, certains croient que l’Église sert à prodi-
guer de la grâce. Selon eux, l’Église doit offrir à ses membres
le pardon qu’ils ne peuvent recevoir ailleurs. La prédication
et l’enseignement gravitent autour du rôle de l’Église en tant
que médiatrice entre les humains et Dieu. À la fin des cultes,
les membres reçoivent de la part du dirigeant le pain et le
vin représentant le corps et le sang de Christ. Une personne

151
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

étrangère à cette assemblée particulière, mais initiée dans une


autre Église trouvera sûrement de nombreuses similitudes avec
sa propre assemblée, et ce, quel que soit le culte auquel elle
assistera dans ce genre d’Église.
Peut-être reconnaissez-vous votre Église actuelle dans l’un
de ces scénarios. Peut-être y voyez-vous deux ou trois Églises
que vous connaissez. Ou au contraire, l’Église est peut-être un
concept si nouveau pour vous que ces scénarios vous semblent
tous aussi étrangers les uns que les autres ! Vous visiterez peut-
être certaines Églises en tant que membre d’une autre Église et
aurez l’impression que tout aura été planifié sur mesure pour
vous. Dans d’autres Églises, il se peut que personne ne vous
remarque. Dans ce chapitre, notre objectif est donc de vous
aider à redécouvrir l’Église en explorant ce que la Bible enseigne
sur le but de l’Église et sur les relations que doivent entretenir
les membres de l’Église avec les personnes de l’extérieur.

LE GRAND MANDAT
Commençons par les dernières paroles de Jésus à ses disciples
avant son ascension au ciel, après sa résurrection :

Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez,
faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer
tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous
les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18-20).

152
Comment démontrer de l’amour envers ceux qui ne font pas...

Jésus conclut ce message d’adieu en expliquant ses paroles.


Toute autorité lui appartient, donc ce commandement n’est pas
une option. Les disciples n’ont pas l’autorité de faire ce qu’ils
veulent. Jésus promet de bâtir son Église. Lui seul a l’autorité
de faire cela. Jésus promet également que, quoi qu’il arrive à
ses disciples, il sera avec eux. Mais cela ne se limite pas à eux.
Cette promesse et ce commandement s’appliquent à tous les
disciples à venir, jusqu’à la fin des temps.
Il faut se rappeler que Jésus a prononcé ces paroles avant de
monter au ciel. Sa promesse a donc certainement réconforté
les disciples, qui étaient loin d’imaginer ce qui les attendait
après son départ.
Jésus a prononcé ce message d’adieu aux initiés par excellence,
c’est-à-dire aux hommes qui avaient marché et parlé avec lui
pendant des années. Mais il est intéressant de noter que dans
ce passage, il ne dit rien au sujet de leur statut d’initiés. Il leur
donne simplement un ordre sur ce qu’ils doivent faire vis-à-vis des
non-initiés. Tout comme il a fait d’eux ses disciples, ils doivent
aller et faire d’autres disciples. Le champ d’action, cependant,
change radicalement. Il s’étend bien au-delà des rives de la Galilée
et de la ville de Jérusalem. Jésus les envoie vers « toutes les nations ».
Lorsqu’on regarde en arrière, force est de constater qu’ils
ont obéi et véritablement fait des disciples partout, de l’Inde
à l’Afrique en passant par l’Europe.
Que devaient donc faire ces initiés pour transformer les
non-initiés en disciples de Jésus ? Pour commencer, les baptiser.

153
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

De nos jours, les Églises ne s’accordent pas sur la question


du baptême : doit-il être pratiqué peu après la naissance ou
peu après la profession de foi en Jésus-Christ ? Cette question
dépasse le cadre de ce court ouvrage et nous n’y répondrons
pas ici. Cependant, tout le monde s’accorde pour dire que les
disciples ont baptisé les nouveaux croyants au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, comme Jésus l’a ordonné. Cela signifie
qu’ils ont enseigné aux non-initiés l’existence de la Trinité,
à savoir qu’il y a un seul Dieu constitué de trois personnes.
Compte tenu de la croyance juive en un Dieu unique et de
la croyance romaine en plusieurs dieux, l’enseignement de
cette doctrine a probablement nécessité beaucoup de patience,
d’attention et de temps. Les non-initiés que les disciples ren-
contraient, peu importe le lieu, ont certainement eu beaucoup
de mal à saisir cette doctrine.
La dernière tâche donnée par Jésus englobe à peu près
tout le reste : « Enseignez-leur à observer tout ce que je vous
ai prescrit. » Dans la Bible, l’enseignement de Jésus remplit
quatre livres. Les disciples ont passé plusieurs années à ses
côtés. Ils n’auraient pas été fidèles à ce commandement s’ils
s’étaient contentés d’enseigner la croix et le tombeau vide,
puis d’encourager les gens à croire. Oui, la conversion peut
transformer des non-initiés en initiés. Mais les nouveaux ini-
tiés doivent ensuite apprendre à « observer » l’enseignement de
Jésus. Et tout comme Jésus a donné l’exemple aux disciples, ces
derniers ont dû enseigner aux nouveaux croyants à observer les

154
Comment démontrer de l’amour envers ceux qui ne font pas...

commandements et les enseignements de Jésus en montrant


eux-mêmes l’exemple. Une fois encore, l’obéissance à cette
partie du Grand Mandat a dû demander beaucoup de temps
et de patience. Ce n’est probablement pas le genre de chose que
l’on peut accomplir simplement par des appels vidéo, et encore
moins par des podcasts où la discussion est à sens unique. Il
est préférable de mettre en pratique ce genre d’enseignement
en personne, dans le cadre d’une relation, d’un dialogue, et
ce, au sein de l’Église.

L’ÉGLISE D’AUJOURD’HUI
D’après le Grand Mandat, que pouvons-nous donc conclure
du rôle de l’Église ? Quelle doit être la relation entre les ini-
tiés et les non-initiés ? Nous voyons que Jésus a demandé aux
premiers responsables d’Église, les initiés par excellence, de
transformer les non-initiés en initiés par le biais de la conver-
sion. Ce processus a commencé dans leur propre foyer, avec
leurs enfants et leur famille élargie, mais il s’est finalement
étendu aux étrangers du monde entier. L’Église ne doit jamais
perdre de vue cet appel à l’évangélisation. Quoi qu’elle fasse,
l’Église doit enseigner et montrer comment devenir un disciple
de Jésus-Christ.
Ensuite, nous voyons qu’une Église doit développer des
relations profondes et durables. Il est impossible d’enseigner
tout ce que Jésus a commandé à des personnes que l’on connaît
et voit à peine. De plus, de nos jours, en comparaison avec

155
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les derniers siècles, enseigner les paroles de Jésus nécessite


encore plus de temps, en Occident du moins, car nous sommes
revenus à un état de confusion religieuse proche de ce que les
disciples ont dû rencontrer. Tout au long de l’histoire de la
chrétienté, qu’il s’agisse de l’Église européenne établie ou de
sa variante américaine à la croyance facile, des non-initiés ont
su parler et agir comme des initiés, même s’ils ne croyaient pas
réellement en Jésus. Ils connaissaient le jargon. Ils observaient
les fêtes chrétiennes. Ils pouvaient identifier les trois personnes
de la Trinité aussi facilement qu’un et deux font trois. C’est
ce qu’on appelle le nominalisme chrétien. Mais aujourd’hui,
à l’exception de certaines zones en Occident, le nominalisme
a tendance à se tarir.
Je discute souvent avec des pasteurs qui travaillent avec des
jeunes. Et depuis au moins cinq ans, j’entends le même mes-
sage : aujourd’hui, il faut deux fois plus de temps pour faire
les mêmes progrès dans la formation de disciples qu’il y a dix
ans. De moins en moins de non-initiés savent ce que Jésus a
déclaré, au-delà des allusions célèbres relatives au jugement et à
l’amour. Lorsqu’ils deviennent des initiés, ils ne comprennent
que très peu ce que signifie suivre Jésus – qui il est, ce qu’il a
fait et ce qu’il a ordonné. Une Église qui comprend bien son
rôle doit arrêter de répéter les mêmes formules simplistes de
développement personnel et doit plutôt s’efforcer de sonder les
profondeurs de la théologie. Une foi aussi superficielle n’aide
pas les nouveaux croyants à obéir à Jésus, puisqu’il nous a

156
Comment démontrer de l’amour envers ceux qui ne font pas...

clairement dit de nous attendre à ce que le monde déteste


ses disciples (Mt 5.11 ; 10.22 ; Mc 13.13 ; Lu 21.17 ; Jn 5.18).
Une mise en garde similaire s’applique aux Églises qui se
concentrent uniquement sur le fait de guérir ou de prodi-
guer la grâce. Certes, la prière caractérise toute Église fidèle.
Et l’Esprit a le pouvoir de guérir, aussi bien les initiés que
les non-initiés. Mais le rôle de l’Esprit est d’abord de nous
aider à nous souvenir de ce que Jésus a enseigné et accompli
(Jn 14.26). Toute guérison physique ou aide financière de
ce côté-ci du ciel est bonne, oui, mais pas définitive. Vos
dettes peuvent être effacées sur terre. Mais à moins que
Dieu n’ait pardonné vos offenses par le sang de Jésus, la
dette de votre péché demeure, de même que le jugement
éternel de Dieu. Nous devons veiller à ne pas donner l’im-
pression que rejoindre l’Église apporterait ici et maintenant
de quelconques avantages financiers ou physiques tangibles.
Cela réduirait Jésus à un simple moyen d’atteindre des fins
mondaines et temporaires.
Lorsqu’il s’agit de prodiguer la grâce, l’Église marche sur
une corde raide. Ce livre traite du caractère essentiel du corps
de Christ. Dieu a autorisé les responsables d’Églises à admi-
nistrer en son nom les ordonnances du baptême et de la sainte
cène. Ils préservent ces moyens de grâce, qui ne sont réservés
qu’aux initiés. Vous ne pouvez pas proposer un petit plongeon
dans la piscine de votre jardin, un peu de pain de mie accom-
pagné d’une canette de Coca-Cola et appeler cela l’Église.

157
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D’un autre côté, aucun simple mortel ne peut déterminer


la destinée spirituelle d’une personne, qu’elle soit membre
d’une Église ou à l’extérieur de celle-ci. L’apôtre Paul a dit
à Timothée, son protégé et le pasteur d’Éphèse : « Car il y
a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les
hommes, Jésus-Christ homme, qui s’est donné lui-même en
rançon pour tous. C’est là le témoignage rendu en son propre
temps » (1 Ti 2.5,6). La grâce vient de Dieu et appartient à
tous ceux qui la demandent par la foi. Elle n’est pas stockée
par l’Église et distribuée à la demande des responsables. Vous
n’avez pas besoin de l’Église pour naître de nouveau, mais vous
avez besoin de l’aide de l’Église pour marcher avec les jambes
flageolantes de votre foi naissante.

QU’EN EST-IL DU RESTE DES COMMANDEMENTS


DE JÉSUS ?
Jusqu’à présent, dans ce chapitre, nous avons établi que l’Église
a pour but d’aider les non-initiés à devenir des initiés par la
conversion. Lorsque ces non-initiés intègrent l’Église, les initiés
leur enseignent patiemment et consciencieusement à obéir à
tout ce que Jésus a commandé. En redécouvrant l’Église, vous
constaterez qu’exceller dans cette tâche n’est pas donné à tout le
monde. On entend souvent parler de l’Évangile, autrement dit
de la croix et de la résurrection. Mais on n’entend que très peu
parler des Évangiles, ces quatre livres qui rassemblent les récits
des premiers disciples de Jésus. Ils sont constitués de dizaines de

158
Comment démontrer de l’amour envers ceux qui ne font pas...

chapitres consacrés à l’enseignement de Jésus, et ils culminent


avec la croix et la résurrection. Il est primordial de comprendre
le lien entre l’Évangile et les Évangiles si nous voulons retrouver
une Église qui s’engage à la fois dans l’évangélisation et dans la
vie en tant que membres prêts à pratiquer de bonnes œuvres,
c’est-à-dire d’élever nos enfants dans la crainte du Seigneur,
d’aller au travail chaque jour en représentant Christ, de faire
du bien à nos voisins non chrétiens, d’accomplir des œuvres
de compassion et de justice, de nous impliquer dans la sphère
publique lorsque l’occasion se présente, et ainsi de suite.
La structure même des Évangiles nous indique que Jésus
savait que sa mission consistait à s’offrir lui-même en sacrifice
pour expier le péché. Il a expliqué aux disciples : « Car le Fils
de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir
et donner sa vie comme la rançon de beaucoup » (Mc 10.45 ;
voir aussi Mt 20.28). L’Évangile selon Matthieu repose sur
le moment où Pierre confesse que Jésus est Christ, le Messie
d’Israël promis de longue date (Mt 16.16). À partir de ce
moment précis, Jésus commence à expliquer à ses disciples
qu’il doit se rendre à Jérusalem, souffrir aux mains des chefs
juifs, mourir sur la croix et ressusciter des morts le troisième
jour (v. 21). Une fois que nous comprenons la mission de Jésus,
nous pouvons saisir celle de l’Église qui consiste à partager
cet Évangile relatant ce que Jésus a accompli.
Mais si c’était tout ce que Jésus était venu faire, nous n’au-
rions pas besoin de tous les autres chapitres des Évangiles.

159
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Nous n’aurions pas besoin du sermon sur la montagne rap-


porté dans les chapitres 5 à 7 de l’Évangile selon Matthieu.
Nous n’aurions pas besoin que Jésus nous explique comment
les membres de l’Église doivent se comporter les uns envers
les autres, comment ils doivent se comporter avec les gens de
l’extérieur, et comment ils peuvent contribuer à une société
bonne et juste. Dans ce sermon, Jésus nous dit : « Vous êtes
la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne
peut être cachée [...] Que votre lumière luise ainsi devant les
hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glo-
rifient votre Père qui est dans les cieux » (5.14,16).
Ce passage est la clé de la réconciliation entre l’évangélisation
et les bonnes œuvres, les initiés et les non-initiés. Avez-vous déjà
participé à une veillée de Noël avec des chandelles à l’Église ?
Si ce n’est pas le cas, vous pouvez aisément vous en faire une
idée. Chacun allume sa bougie et passe la flamme à la personne
suivante, tout en chantant « Minuit, chrétiens » ou un autre
cantique de Noël. La pièce sombre au début du cantique finit
par flamboyer de lumière et de chaleur. La lueur d’une seule
bougie brise l’obscurité. Celle de dizaines de bougies la chasse.
C’est ce qui se produit lorsqu’une Église obéit collecti-
vement aux commandements de Jésus. Celui de renoncer à
la colère. De rejeter la convoitise. D’aimer ses ennemis. De
donner aux personnes dans le besoin. De ne s’inquiéter de
rien. Lorsque les chrétiens initiés agissent ainsi les uns envers
les autres et envers les non-initiés, le monde remarque leurs

160
Comment démontrer de l’amour envers ceux qui ne font pas...

bonnes œuvres comme on observerait une ville située sur une


montagne et illuminée par les lumières scintillantes de Noël.
Leur clarté brille à tel point que les gens de l’extérieur veulent
entrer et rendre gloire au Père qui est aux cieux.
L’ordre ici est crucial. Trop souvent, les chrétiens et les
Églises se préoccupent tellement de racheter la culture ou de
transformer la ville qu’ils en oublient d’ordonner de mettre
de l’ordre dans leurs propres maisons. Comme nous nous
sommes efforcés de le dire tout au long de ce livre, les Églises
doivent d’abord chercher à devenir une culture rachetée et
des cités célestes transformées. Ce n’est qu’à ce moment-là
que leur amour, leurs bonnes œuvres et leur quête de jus-
tice se répandront à l’extérieur avec intégrité. Lorsque cela
se produira, les citoyens tourmentés par ce monde et par ses
révolutions manquées pourront alors se présenter à la porte
de notre ambassade et demander refuge.

L’ÉGLISE, UN BIENFAIT POUR TOUS


L’Église existe-t-elle pour les initiés ou pour les non-initiés ?
De manière complémentaire, pour les deux. L’apôtre Paul a
enseigné : « Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion,
pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en
la foi » (Ga 6.10). Tout non-initié est le bienvenu dans l’Église
et est invité à devenir un initié par la foi.
Au sein de l’Église, les chrétiens apprennent à obéir à tout
ce que Jésus a ordonné, y compris la manière dont ils doivent

161
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honorer Dieu et aimer les non-initiés dans leur famille, au


travail et dans leur quartier. Lorsque les initiés se font du bien
les uns aux autres, ils brillent ensemble, tel le phare d’une
sainte espérance pour un monde prisonnier des ténèbres de la
nuit. Adolphe-Charles Adam l’exprime bien dans les paroles
du cantique de Noël « Minuit, chrétiens » :

Le Rédempteur a brisé toute entrave,


La Terre est libre et le Ciel est ouvert.
Il voit un frère où n’était qu’un esclave,
L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer.

162
L’Église est composée de chrétiens

qui se réunissent en tant qu’ambassade terrestre


du royaume céleste de Christ

pour proclamer la Bonne Nouvelle et les commandements


de Christ le Roi,

pour se reconnaître dans un même esprit comme ses


citoyens à travers les ordonnances bibliques,

afin de manifester la sainteté et l’amour de Dieu

par le biais d’un peuple uni, mais diversifié,

dans le monde entier,

en s’appuyant sur l’enseignement et l’exemple


des anciens.
9

QUI DIRIGE L’ÉGLISE ?


Jonathan Leeman

Tout le monde sait ce qu’est un pasteur, n’est-ce pas ? Même


les non-chrétiens le savent d’une manière approximative. Et
si ce n’est pas le cas, ils en ont au moins entendu parler à la
télévision. Le pasteur a pour fonction de diriger une Église.
C’est celui qui se tient debout à l’avant lors des réunions
d’Église et qui parle pendant un certain temps. Après le
culte, on le retrouve parfois à l’arrière près de la sortie, ser-
rant la main des personnes qui quittent la salle. Durant la
semaine, il accomplit toutes sortes de bonnes œuvres, ou
quelque chose du genre.
Il serait peut-être plus correct de dire que la plupart des
gens ont une vague impression de ce qu’est un pasteur. Leur
conception du pasteur a été forgée avec l’expérience, en regar-
dant la télévision ou en observant le pasteur de l’Église qu’ils
fréquentaient occasionnellement lorsqu’ils étaient enfants.
Cela signifie que si nous commençons à comparer nos
notes, nous découvrirons qu’elles divergent. Certains auront

165
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l’image d’une personnalité attrayante et charismatique,


capable d’enchanter une salle de cinq mille personnes avec
la vivacité d’esprit d’un humoriste. D’autres auront l’image
d’un homme plus âgé dont les messages sont un peu difficiles
à suivre parce qu’il consacre la majeure partie de la semaine
à rendre visite à des personnes hospitalisées ou à aider son
prochain dans le besoin. D’autres auront l’image d’un confé-
rencier sévère aux sourcils froncés, agitant sa Bible du haut
de la chaire et exprimant semaine après semaine ses opinions
sur tout. D’autres encore se souviendront des blessures, voire
des abus, de la part de l’homme que la congrégation estimait
pourtant et honorait du titre de « pasteur ».

LE PLAN DE JÉSUS POUR LA FORMATION DE DISCIPLES


L’objectif de ce livre étant de redécouvrir l’Église, nous avons
consacré la majeure partie de ses pages à l’Église – c’est-à‑dire
à l’ensemble des membres ; à savoir vous. Cependant, les res-
ponsables jouent un rôle crucial dans toute Église, et nous
les appellerons indifféremment pasteurs et anciens, car c’est
ce que fait la Bible (voir Ac 20.17,28 ; Tit 1.5,7 ; 1 Pi 5.1,2).
Votre capacité à accomplir votre tâche en tant que membre
de l’Église dépendra de celle des pasteurs ou des anciens à
accomplir la leur. Votre tâche, comme nous l’avons vu au
chapitre 5, consiste à être un prêtre-roi. Jésus vous a chargé
de veiller sur le quoi et le qui de l’Évangile, et de répandre la

166
Qui dirige l’Église ?

Bonne Nouvelle sur toute la surface de la Terre en faisant des


disciples. Mais quel est le rôle d’un pasteur ?
Alors que les Églises sortent de la pandémie de la COVID-
19, il est plus important que jamais de connaître la réponse à
cette question, en raison de l’impact que les confinements liés
à la COVID-19 ont eu sur la confiance au sein des Églises, que
ce soit entre les membres ou à l’égard des responsables. Nous
y reviendrons un peu plus loin, mais le rétablissement de la
confiance passe, entre autres, par la bonne compréhension du
rôle du pasteur. En quelques mots, le rôle d’un pasteur consiste
à vous équiper afin que vous puissiez accomplir votre tâche.
Nous lisons cela dans Éphésiens 4.11‑16. L’apôtre Paul nous
dit que Jésus a accordé un certain nombre de dons à son Église,
dont les pasteurs (v. 11). Il nous explique ensuite pourquoi
Jésus a fait ce don aux Églises : « pour le perfectionnement
des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification
du corps de Christ » (v. 12). Le travail du pasteur consiste à
équiper les saints pour que ces derniers puissent accomplir
leur tâche. Il nous enseigne comment nous comporter les uns
envers les autres, dans ce but :

Mais en professant la vérité dans l’amour, nous croîtrons à tous


égards en celui qui est le chef, Christ. C’est de lui, et grâce à
tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coor-
donné et formant un solide assemblage, tire son accroissement
selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie
lui-même dans l’amour (v. 15,16).

167
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Chaque membre du corps de Christ a un rôle à effectuer.


Nous participons tous au projet d’édification de ce corps dans
l’amour. Les pasteurs nous enseignent et nous forment pour
cette tâche.
Le rassemblement hebdomadaire de l’Église est donc un
temps où les membres sont formés pour ce travail. Il per-
met à ceux qui exercent la fonction de pasteur d’équiper les
membres de sorte qu’ils connaissent l’Évangile, qu’ils vivent
selon l’Évangile, qu’ils protègent le témoignage évangélique
de l’Église et qu’ils répandent l’Évangile dans la vie des autres
et de ceux qui sont en dehors des murs de l’Église. Si Jésus
charge les membres de se soutenir et de s’édifier mutuellement
dans l’Évangile, alors il charge les pasteurs de les former pour
cette tâche. Si les pasteurs ne font pas bien leur travail, il en
sera de même pour les membres.

Travail des anciens + travail des membres = plan de


Jésus pour la formation de disciples

Lorsqu’on joint le travail du pasteur à celui des membres,


qu’obtient-on ? Le plan de Jésus pour la formation de dis-
ciples. Il ne s’agit pas d’un programme que l’on peut ache-
ter dans une librairie chrétienne, d’une méthode intégrale
contenant un manuel réservé à l’enseignant ni d’un guide

168
Qui dirige l’Église ?

pour l’élève et des affiches à fixer sur le mur de la classe


d’école du dimanche. On le trouve tout simplement dans
Éphésiens 4.

ÉQUIPER EN ENSEIGNANT
Le ministère qui consiste à équiper les membres de l’Église
est centré sur l’enseignement et sur la vie du pasteur ou de
l’ancien qui en est responsable. Nous retrouvons ce principe
dans l’instruction de Paul à Timothée : « Veille sur toi-même
et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car, en
agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux
qui t’écoutent » (1 Ti 4.16).
Examinons ces éléments un par un. L’une des princi-
pales caractéristiques qui distinguent l’ancien des membres
de l’Église est qu’il doit être « propre à l’enseignement »
(1 Ti 3.2). Cela ne signifie pas qu’un ancien peut monter en
chaire, se tenir devant un millier de personnes et les captiver
par sa sagesse et son esprit. Cela signifie plutôt que si vous
avez du mal à comprendre la Bible ou à gérer une situation
difficile de la vie, vous savez que vous pouvez frapper à sa
porte, lui demander de l’aide, et que vous obtiendrez une
réponse biblique au problème que vous rencontrez. Vous avez
confiance dans le fait que, lorsqu’il ouvre la Bible, il n’en retire
pas des principes insensés. Il vous en donne une interprétation
fidèle. Il enseigne « les choses qui sont conformes à la saine
doctrine » (Tit 2.1).

169
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Un dimanche après-midi, lisez l’intégralité des trois épîtres


que Paul a écrites à deux pasteurs, Timothée et Tite, et prenez
la peine de souligner chaque référence à l’enseignement. Votre
main en ressentira très vite de la fatigue. En voici quelques
exemples : dans sa deuxième lettre à Timothée, Paul lui
demande de s’en tenir au modèle d’enseignement sain qu’il
a entendu de sa bouche (2 Ti 1.13). Ce qu’il a entendu de la
part de Paul, il doit le confier à des hommes fidèles et capables
de l’enseigner aussi à d’autres (2.2). Il doit s’efforcer de dis-
penser droitement la parole de la vérité (v. 15). Il doit éviter
les discours vains qui s’écartent de la vérité (v. 16,18). Et il
doit enseigner et instruire comme Dieu veut qu’il enseigne,
en sachant que la repentance conduit à la connaissance de la
vérité (v. 24,25). Paul conclut en ordonnant à Timothée de
persévérer dans la prédication de la Parole, en corrigeant, en
réprimandant et en encourageant avec une grande patience
(4.2, BDS).
L’image que Paul dépeint à la fois à Timothée et à Tite est
celle d’un travail lent, quotidien, répétitif et exigeant beaucoup
de patience, qui consiste à amener des personnes à grandir
dans la piété. Un ancien ne force pas, mais il enseigne, car
un acte de piété qui est fait sous la contrainte est tout sauf de
la piété. L’acte de piété est un choix délibéré découlant d’un
cœur régénéré par la nouvelle alliance.
Lorsque les anciens enseignent, l’assemblée commence à
servir et à accomplir de bonnes œuvres. Le passage d’Actes 16

170
Qui dirige l’Église ?

dépeint une très belle image de ce modèle, lorsque Paul et ses


compagnons se présentent pour la première fois à Philippes.
Paul apporte son enseignement à un groupe de femmes, dont
une nommée Lydie. « Le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour
qu’elle soit attentive à ce que disait Paul » (v. 14). Il la baptise.
Puis elle déclare à Paul et à ses compagnons : « Si vous me
jugez fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeu-
rez-y. » Luc, auteur du récit, conclut : « et elle nous pressa par
ses instances » (v. 15). Donc Paul prêche, Lydie est sauvée et se
met immédiatement au travail en faisant preuve d’hospitalité !

ÉQUIPER EN DONNANT L’EXEMPLE


L’enseignement n’est pas la seule tâche des anciens. Ils doivent
également donner l’exemple au troupeau par leur façon de
vivre. Pierre enseigne : « Voici les exhortations que j’adresse
aux anciens qui sont parmi vous, paissez le troupeau de Dieu
qui est sous votre garde » (1 Pi 5.1,2). Et comment doivent-
ils paître le troupeau, selon Pierre ? « En étant les modèles du
troupeau » (v. 3).
Le travail d’un ancien consiste à appeler les membres à imi-
ter son comportement. C’est ce que dit Paul aux Corinthiens :
« Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs. Pour cela je
vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et
fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes
voies en Christ, quelle est la manière dont j’enseigne partout
dans toutes les Églises » (1 Co 4.16,17).

171
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Les chrétiens sont parfois surpris lorsqu’ils recherchent


dans la Bible la description du rôle d’un ancien, car ils
constatent que les auteurs décrivent bien plus souvent son
caractère que son rôle (1 Ti 3.2‑7 ; Tit 1.6‑9). Il est également
intéressant de noter que ces descriptions du caractère d’un
ancien font référence à des attributs qui devraient caractériser
tout chrétien : être sobre, modéré, réglé dans sa conduite,
hospitalier, et ne pas être adonné au vin, ni violent, ni attaché
à l’argent, mais être indulgent, pacifique, et ainsi de suite. Ces
qualités ne devraient-elles pas caractériser tout chrétien ? Les
seules exceptions sont : « propre à l’enseignement » (1 Ti 3.2)
et « il ne faut pas qu’il soit un nouveau converti » (v. 6). On
pourrait se demander pourquoi Paul n’exige pas des prérequis
plus remarquables de la part des anciens, comme « avoir fait
ses preuves à la tête de grandes organisations », « avoir fondé
sept orphelinats » ou « avoir été à l’origine d’un réveil ayant
conduit à la conversion de centaines de personnes ». La raison
est directement liée au fait que l’ancien est un exemple. En
plus d’être propre à l’enseignement, sa vie doit pouvoir être
imitée par les autres chrétiens.
Les anciens ne constituent pas une « classe » distincte de
chrétiens, comme on distinguerait les aristocrates des gens du
peuple, ou bien les prêtres médiévaux des laïcs. Concrètement,
un ancien est un chrétien et un membre de l’Église qui est
mis à part parce que son caractère est exemplaire et qu’il est
capable d’enseigner.

172
Qui dirige l’Église ?

Ce qui distingue l’ancien du membre ordinaire, bien que


l’ancien soit formellement identifié par un titre, est une dif-
férence de maturité et non de classe. Comme un parent
avec son enfant, l’ancien cherche constamment à inciter les
membres à grandir en maturité. Il s’agit sans aucun doute
d’une fonction bien distincte. Et tous les chrétiens matures
ne remplissent pas forcément les conditions requises. Au
fond, l’ancien doit s’efforcer de montrer l’exemple pour que
les membres l’imitent, tout comme il imite lui-même Christ
(voir 1 Co 4.16 ; 11.1).
Pour employer des métaphores, il montre comment utiliser
des outils comme le marteau et la scie, puis il les place entre les
mains des membres de l’Église. Il joue des gammes au piano
ou fait un swing avec son club de golf, puis il demande aux
membres de l’Église de reproduire ses gestes.
En fait, on pourrait dire qu’être un pasteur-ancien consiste
à passer sa vie entière à prêcher par l’exemple. Vous avez déjà
dû voir cela à l’école primaire : un enfant apporte un jouet
en classe, il en parle à ses camarades et il le leur montre. Il les
laisse le manipuler et analyser comment il fonctionne.
Telle est la vie d’un pasteur ou d’un ancien. Il dit aux
membres de son Église : « Laissez-moi vous enseigner le che-
min de la croix. Observez-moi marcher. Voici comment on
supporte la souffrance. Voici comment on aime ses enfants.
Voici comment on partage l’Évangile. Voici à quoi ressemblent
la générosité et la justice. Laissez-moi vous montrer comment

173
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

être vaillants pour la vérité et bienveillants à l’égard des per-


sonnes brisées. »
En tant que membres, quel est notre devoir vis-à-vis de
nos anciens ? L’auteur de l’épître aux Hébreux l’expose en
quelques mots : « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous
ont annoncé la parole de Dieu ; considérez quelle a été la fin
de leur vie, et imitez leur foi » (Hé 13.7).

LES AVANTAGES DE LA PLURALITÉ


Si le rôle d’un ancien est d’avoir un mode de vie que chaque
chrétien peut suivre, les Églises gagnent à en avoir plusieurs.
Certes, nous en apprenons beaucoup en observant les hommes
qui exercent un ministère pastoral professionnel à plein temps.
Mais nous apprenons également beaucoup de l’ancien qui
travaille à plein temps en dehors de l’Église en tant qu’ensei-
gnant, employé d’usine ou conseiller financier. Le fait que ces
hommes aient des métiers différents nous donne l’occasion
de voir comment la piété peut être vécue dans différentes
sphères. De plus, durant la semaine, un pasteur ne peut pas
à lui seul effectuer tout le travail de berger. Deux personnes
peuvent faire le double du travail. Trois personnes peuvent
faire le triple. Et ainsi de suite.
Le Nouveau Testament ne nous précise jamais combien
d’anciens une Église doit avoir, mais il fait constamment réfé-
rence « aux anciens » d’une Église locale au pluriel, comme
lorsque Paul a envoyé chercher « à Éphèse les anciens de

174
Qui dirige l’Église ?

l’Église » (Ac 20.17), ou quand Jacques a écrit : « Quelqu’un


parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église »
(Ja 5.15 ; voir aussi Ac 14.23 ; 16.4 ; 21.18 ; Tit 1.5).
Par ailleurs, il n’est pas dit que tout pasteur ou ancien
doit être rémunéré, et au moins un passage suggère que seuls
certains le sont (1 Ti 5.17,18). Dans tous les cas, il est difficile
d’imaginer les Églises du Ier siècle rémunérer tous leurs anciens.
Ni Collin ni moi-même, par exemple, ne recevons nos revenus
d’une Église. Nous travaillons à plein temps pour des minis-
tères « paraéglise ». Pourtant, nous sommes tous deux anciens
ou pasteurs dans nos Églises respectives. Nous aimons le fait
qu’il s’agisse de notre travail du soir et du weekend ! Nous
servons en tant qu’anciens « non salariés » ou « laïcs » (appelez
cela comme vous voulez), ce qui signifie que nous assistons
régulièrement à des réunions d’anciens, que nous apportons de
temps en temps un enseignement lors de certaines activités de
la vie d’Église, que nous sommes appelés pour gérer diverses
situations de crises familiales ou pour faire du counseling de
préparation au mariage, et plus encore. Cela signifie également
que l’Église doit toujours être au premier plan de notre vie
de prière, même si, nous l’espérons, tous les autres chrétiens
aspirent à en faire de de même.
La pluralité d’anciens ne signifie pas que le pasteur qui
prêche le plus n’a pas de rôle distinctif. Jacques était spéciale-
ment reconnu comme l’un des responsables principaux dans
l’Église de Jérusalem (Ac 15.13 ; 21.18), comme c’était le cas de

175
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Timothée à Éphèse et de Tite en Crète. À Corinthe, tous les


anciens ne se seraient pas consacrés au ministère de la prédica-
tion autant que Paul (Ac 18.5 ; 1 Co 9.14 ; 1 Ti 4.13 ; 5.17). Par
ailleurs, une assemblée fait peu à peu confiance, d’une manière
bien singulière, au prédicateur fidèle et régulier de la Parole
de Dieu, de sorte que même les autres anciens finissent par le
traiter comme le premier d’entre eux, qui mérite « un double
honneur » (1 Ti 5.17). Néanmoins, le prédicateur ou pasteur
n’est fondamentalement qu’un ancien de plus, dont le statut
est égal à celui de tous les autres hommes appelés par l’Église.
La pluralité des anciens présente un certain nombre
d’avantages :

• Elle contrebalance la faiblesse pastorale. Aucun pasteur


n’est doué dans tous les domaines. Mais d’autres hommes
pieux ont des dons, des passions et des points de vue
complémentaires.
• Elle procure de la sagesse pastorale additionnelle. Personne
n’est omniscient.
• Elle enraye la mentalité « c’est nous contre lui » qui peut par-
fois s’installer entre une Église et le pasteur.
• Elle permet de stabiliser la direction dans l’Église, de sorte
que, même si un pasteur quitte l’assemblée, l’Église possède
toujours le solide rempart des autres responsables.
• Elle trace une trajectoire de disciple claire pour les hommes
de l’Église. Ils ne sont pas forcément tous appelés par Dieu
à servir en tant qu’anciens. Mais tout homme devrait se

176
Qui dirige l’Église ?

demander : Pourquoi n’ intégrerais-je pas ce ministère et ne


ferais-je pas le nécessaire pour servir le corps de cette manière ?
Il est bon d’y aspirer, dit Paul (1 Ti 3.1).
• Elle offre aussi un exemple de vie de disciple pour les femmes.
Les femmes plus âgées dans la foi doivent se consacrer à la
discipline des plus jeunes, comme le font les anciens pour
toute l’assemblée (Tit 2.3,4).

LE CARBURANT DE LA CONFIANCE
Le plan de Jésus pour la formation de disciples, nous l’avons
dit un peu plus tôt, est que les anciens accomplissent leur
rôle en équipant les membres, de sorte que ces derniers
puissent eux-mêmes effectuer leur tâche. Mais il est primor-
dial de reconnaître que tout cela ne peut fonctionner que
si la confiance règne entre les membres et les anciens. La
confiance est comme l’huile qui permet au moteur des projets
de Jésus pour la formation des disciples de tourner. Sans elle,
les engrenages s’arrêtent.
Pensez-y. Nous écoutons, imitons et suivons les personnes
en qui nous avons confiance. Si je crois que vous vivez dans
l’intégrité, que vous m’aimez et que vous avez de bonnes inten-
tions à mon égard, il me sera plus facile de recevoir vos paroles
d’instruction ou de correction, même les plus difficiles. Si je
ne vous fais pas confiance, je remettrai en question et douterai
de tout ce que vous direz, même des choses les plus simples.
Une Église saine est donc constituée de responsables qui sont

177
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

dignes de confiance, mais aussi de personnes qui sont prêtes


à accorder leur confiance.
Si les confinements liés à la COVID-19 ont été si éprou-
vants, c’est en partie dû au fait que la confiance diminue
naturellement lorsque les personnes ne se voient pas en chair
et en os. À l’exception des situations de conflits, côtoyer phy-
siquement des personnes permet d’instaurer une atmosphère
de confiance.

• « Oui, je le connais. Nous avons déjà déjeuné ensemble.


C’est un bon gars. Je l’aime bien. »
• « La conversation par courrier électronique n’a fait qu’em-
pirer. Nous avons donc décidé d’en parler en personne,
face à face, et nous avons tout mis au clair. Tout va bien
mieux maintenant. »

Le fait de côtoyer des personnes accroît généralement la


confiance, tandis que l’absence accroît la tentation pour nos
cœurs de sombrer dans l’inquiétude, le scepticisme, et même
la peur. Durant les confinements liés à la COVID-19, de
nombreux pasteurs se sont rendu compte que les réserves
de confiance de leurs Églises, qu’ils avaient mis des années
à constituer, s’épuisaient à vue d’œil. Durant les premières
semaines de confinement, au printemps 2020, la situation
semblait stable dans les Églises. Mais la pression est montée
au fur et à mesure que les semaines devenaient des mois. Tout
d’abord, de nombreux pays ont renforcé les restrictions qu’ils

178
Qui dirige l’Église ?

avaient imposées. Puis, au cours de l’été, des mouvements de


protestations contre le racisme ont éclaté aux États-Unis. À
l’automne, les élections présidentielles américaines ont attisé
les tensions qui étaient déjà palpables. Enfin, tout l’hiver a été
envahi par les questions relatives à l’investiture du nouveau
président des États-Unis. Ces tensions politiques ont été exa-
cerbées par le fait que les Églises ne se réunissaient pas ou ne
le faisaient qu’en comité réduit. Une Église qui ne peut pas se
réunir et dont les réserves de confiance sont faibles est comme
une voiture dont le moteur est à court d’huile. Comme nous
l’avons dit plus tôt, les engrenages commencent alors à grin-
cer – entre un membre et les anciens, et entre les membres
eux-mêmes, y compris par le biais des réseaux sociaux. À
chaque étape, les pressions politiques qui menaçaient l’unité se
renforçaient, tandis que les difficultés à se réunir tous ensemble
rendaient la confiance, entre les membres et envers les respon-
sables, encore plus difficile à préserver.
Collin et moi-même avons parlé à des dizaines de pasteurs
qui ont été critiqués par des gens qui avaient des opinions dif-
férentes. Ils nous ont raconté que des membres – parfois même
des responsables en place depuis longtemps – avaient quitté
l’Église à cause de ce qu’ils avaient dit ou n’avaient pas dit.
Nous n’aborderons pas les questions politiques dans ce
livre, mais nous pouvons offrir rapidement quelques mots à
tous ceux d’entre vous qui ont perdu confiance dans les res-
ponsables de leur Église, que ce soit pour des raisons politiques

179
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

ou autres. Si vous en faites partie, sachez qu’il s’agit d’une


affaire importante. Votre principal moyen de grandir spirituel-
lement est d’entendre la Parole de Dieu. Cela signifie que si
votre conjoint, vos enfants ou vous-même n’avez pas confiance
dans les pasteurs, vous aurez du mal à entendre la Parole de
Dieu de leur part semaine après semaine, ce qui vous nuira
spirituellement au fil du temps. Il s’agit donc d’un problème
à aborder et à résoudre, dans la mesure du possible.
Le problème vient peut-être de vous. Vous devez au moins
envisager cette possibilité, surtout si les personnes desquelles
vous vous détournez font partie de vos amis et sont des res-
ponsables que vous connaissez et en qui vous avez confiance
depuis des années. Priez pour cela et demandez à une personne
de confiance de vous faire part de ses critiques. Peut-être que le
problème vient d’un ou de plusieurs anciens, auquel cas vous
devrez peut-être vous adresser directement à eux.
Nous ne pouvons évidemment pas poser un diagnostic de
votre situation spécifique ici. Mais nous pouvons vous dire
que si tous vos efforts pour rétablir la confiance ont échoué,
il serait peut-être préférable de partir et de trouver une Église
où vous ferez suffisamment confiance aux pasteurs pour les
laisser remettre en question votre point de vue, si nécessaire.
Ne cherchez pas simplement une Église qui confirmera tout
ce que vous savez déjà.
Oui, les chrétiens doivent toujours travailler à la récon-
ciliation. Mais dans certains cas, l’humilité exige que nous

180
Qui dirige l’Église ?

mettions les conflits les plus insolubles de côté pendant un cer-


tain temps et que nous demandions au Seigneur de les résoudre
en son temps et à sa manière. Jusqu’à ce que ce moment arrive,
il est crucial que votre capacité à entendre et à appliquer la
Parole de Dieu ne soit pas entravée par une confiance brisée.
En tant que pasteur, je préférerais que quelqu’un quitte mon
Église en raison d’un manque de confiance en moi (même si
j’étais convaincu qu’il avait tort et que j’avais raison) afin qu’il
puisse, avec le temps, grandir dans la piété ailleurs. Peut-être
qu’entendre la Parole de Dieu prêchée ailleurs lui permettra
de grandir pour qu’un jour, nous puissions nous réconcilier.
Je dois moi-même également continuer de grandir. Le plus
important, c’est que les gens soient encadrés par des respon-
sables en qui ils ont confiance, et non qu’ils soient sous ma
direction. La bonne nouvelle, c’est que toutes les Églises qui
prêchent l’Évangile jouent dans la même équipe, celle du
royaume de Dieu.

QU’EN EST-IL DES DIACRES ?


En plus des pasteurs ou anciens et des membres, le Nouveau
Testament reconnaît une autre fonction : celle des diacres.
Les diacres ne représentent pas un deuxième corps décision-
nel. Dieu donne aux diacres trois tâches précises : repérer et
répondre aux besoins concrets, protéger et promouvoir l’unité
de l’Église, puis servir et soutenir le ministère des anciens.
Pour résumer cela schématiquement, si les anciens disent :

181
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

« Allons au point A », il n’est pas du ressort des diacres de


dire : « Non, allons au point B ». En revanche, ils servent les
anciens et toute l’Église en signalant : « Nous n’avons pas ce
qu’il nous faut pour aller jusqu’au point A. »
Le récit d’Actes 6 n’utilise jamais le mot diacre en tant que
nom, mais il l’emploie comme verbe. Dans nos bibles, on le
traduit par « servir » (v. 2). Voici le contexte du passage : l’Église
de Jérusalem était divisée à cause de la présence de différentes
ethnies – comme cela a souvent été le cas dans l’histoire du
monde. Les veuves de langue grecque étaient négligées dans
la distribution de nourriture, contrairement aux veuves de
langue hébraïque. Les apôtres ont fait remarquer qu’il n’était
pas convenable pour l’Église qu’ils « diacrent les tables » (tel
que c’est dit littéralement en grec, Ac 6.2), alors qu’ils étaient
appelés à se consacrer à la prédication de la Parole et à la prière.
C’est pourquoi ils ont chargé l’Église de trouver des personnes
pieuses et compétentes dont le rôle serait de s’assurer que les
veuves soient bien prises en charge. Le fait de s’occuper du
bien-être physique des membres reflète la protection et le soin
que Dieu assure à ses enfants ; cela leur apporte souvent des
bénéfices sur le plan spirituel en plus de constituer un témoi-
gnage pour ceux qui sont à l’extérieur de l’Église.
Derrière le fait de prendre matériellement soin des membres
se cache un deuxième aspect du travail du diacre : lutter pour
l’unité du corps. Dans le passage, en prenant soin des veuves,
les diacres ont contribué à rendre plus équitable la répartition

182
Qui dirige l’Église ?

de nourriture entre ces femmes. C’était important, car la


négligence physique entraînait à ce moment-là une désunion
spirituelle au sein du corps (voir Ac 6.1). Les diacres ont été
instaurés pour éviter les divisions au sein de l’Église. Leur
travail consistait à agir comme des amortisseurs pour le corps.
Enfin, les diacres ont été nommés pour soutenir le minis-
tère des apôtres. En exerçant leur ministère auprès des veuves,
les diacres soutenaient en fait les enseignants de la Parole
dans leur ministère. En ce sens, les diacres étaient fonda-
mentalement destinés à encourager et à soutenir le ministère
des anciens. Et quel a été le résultat ? « La parole de Dieu se
répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait
beaucoup à Jérusalem » (Ac 6.7).
Si chaque chrétien est appelé à servir et à œuvrer pour
préserver l’unité de l’Église, pourquoi reconnaître officielle-
ment la fonction de diacre ? Parce qu’elle rappelle à l’Église
combien ce ministère de service reflète le cœur de l’Évangile
et de notre Seigneur Jésus-Christ. « Le Fils de l’homme est
venu non pas pour être servi, mais pour servir », a-t-il déclaré.
Le mot « servir » qu’il utilise dans ce passage est celui que
nous traduisons ailleurs par « diacre » (Mc 10.45). Jésus est
venu « pour être diacre ». De même que les anciens donnent
l’exemple d’une vie selon la doctrine chrétienne, les diacres
donnent l’exemple d’une vie de service.
Gloire à Dieu pour le don des anciens et des diacres.
Dans votre redécouverte de l’Église, nous espérons que ce

183
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

mot – don – restera gravé dans votre esprit. Dieu vous aime,
et il vous a fait don des anciens et des diacres. Les considé-
rez-vous comme un don ? Remerciez-vous Dieu pour ce don
qu’il vous a fait ? Vous le pouvez. Ils effectuent leur tâche
pour votre bien et pour l’avancement de l’Évangile. Dieu leur
a confié une lourde responsabilité : « Ils veillent sur vos âmes
dont ils devront rendre compte » (Hé 13.17). Nous pouvons
leur faire confiance dans cette tâche – et leur obéir – en gar-
dant à l’esprit que le Dieu qui sait et voit toutes choses leur
demandera des comptes.

184
CONCLUSION
Vous n’obtiendrez pas l’Église que vous souhaitez,
mais quelque chose de bien mieux

Nous aimerions conclure ce livre par deux histoires.


Commençons par celle de Thomas et Alice. Nous avons modi-
fié les prénoms et certains détails, mais il s’agit d’une histoire
vraie. Thomas et Alice ont passé plusieurs années à servir en
tant que missionnaires dans une grande ville d’Asie où il n’y
avait que très peu de vie d’Église. Aujourd’hui, ils vivent dans
une grande ville du sud des États-Unis où l’Église a une très
grande place, et ils s’y rendent chaque semaine.
Malheureusement, le temps qu’ils ont passé en mission
a été éprouvant pour leur mariage, et ils se querellent sans
arrêt depuis ce temps. Si vous interrogez Thomas, il vous dira
qu’Alice le critique sans cesse et qu’au fond de lui, il en vient
même à se demander s’il pourra supporter d’être marié à cette
femme pour le reste de sa vie. Alice, de son côté, éprouve la
même chose. Le côté décontracté et charmeur de Thomas,
qui fait sourire tout le monde, lui donne la nausée. Où est
son côté charmeur lorsqu’il rentre à la maison de mauvaise
humeur, qu’il s’en prend aux enfants et qu’il l’interroge en lui

185
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

faisant des reproches sur ce qu’elle a fait de sa journée ? Elle


se demande pourquoi elle l’a épousé.
Mais un autre problème se cache derrière tout cela : ils n’en-
tretiennent pas vraiment de relations avec les membres de leur
Église. Ils vivent en périphérie. Ils se présentent le dimanche
au culte qui dure en tout soixante-quinze minutes, mais c’est
à peu près tout. Personne ne sait qu’ils ont des combats, car
ils ne partagent jamais leurs difficultés.
Ironiquement, Thomas et Alice se considèrent comme des
chrétiens qui ont une certaine maturité. Ils dirigent tous deux
des études bibliques depuis le temps où ils étaient responsables
d’étudiants au sein de groupes bibliques universitaires. Ils
savent comment utiliser le bon jargon lorsqu’ils prient devant
d’autres personnes. Mais ils sont plus orgueilleux qu’ils ne le
pensent. Ils ne reconnaissent pas à quel point ils ont besoin
de l’Église et combien Jésus veut prendre soin d’eux par l’in-
termédiaire de la leur. Ils restent donc en périphérie, laissant
l’Église dans l’ignorance quant à leurs luttes, ce qui l’empêche
totalement de les aider.
Qu’espérons-nous pour Thomas et Alice ? Qu’ils fassent
preuve d’humilité et s’engagent plus sérieusement dans l’Église,
même si cela implique des sacrifices. Ils pourraient chercher
des moyens d’alléger leur emploi du temps hebdomadaire et
consacrer plus de temps à tisser des relations. Ils pourraient
revoir leurs projets de vacances et de jours fériés, et chercher
des moyens d’impliquer d’autres membres dans ces projets. Ils

186
Conclusion

pourraient carrément envisager de se rapprocher et d’emmé-


nager plus près de l’Église, afin de faciliter et d’augmenter la
fréquence des contacts. Aller faire quelques courses au magasin
et les déposer chez une autre famille de l’Église se transforme
facilement en une conversation de trente minutes, chose qui
arrive rarement lorsqu’on habite trop loin. Ces conversations
spontanées ne sont peut-être pas bonnes pour votre emploi
du temps, mais elles peuvent l’être pour votre âme.
Voici une deuxième histoire, celle de Jasmine. Jasmine a
grandi avec un beau-père qui abusait d’elle physiquement et
sexuellement, puis dans un foyer d’accueil où elle a subi ces
mêmes traitements. Par la grâce de Dieu, elle est devenue
chrétienne à l’âge adulte et a épousé un homme chrétien.
Malheureusement, les premières années de leur mariage ont
été difficiles à cause de toutes les cicatrices, les peurs, la colère
et les blessures qu’elle portait encore en elle.
Mais Dieu a merveilleusement pourvu en accordant à
Jasmine un mari patient et une Église aimante. Au cours
de leurs premières années de mariage, le couple a participé
à de nombreuses séances de counseling pastoral. Jasmine a
également passé beaucoup de temps avec d’autres femmes de
l’Église. Chaque semaine, elles s’asseyaient pour écouter la
Parole de Dieu et se réunissaient pour les études bibliques.
Petit à petit, Jasmine a commencé à s’ouvrir, comme une
fleur timide réchauffée par le soleil. Elle a appris à accorder
sa confiance. Elle a appris à maîtriser son tempérament

187
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

violent. Elle a cessé de considérer chaque personne dans


sa vie comme une menace. Elle a cessé de voir chaque
minute de chaque journée comme une bataille pour gar-
der le contrôle et protéger sa vie. Et par-dessus tout, elle
a commencé à se tourner vers l’extérieur et elle a appris à
aimer et à se préoccuper des autres. Quelles souffrances
ressentaient-ils ? Quels fardeaux portaient-ils ? Comment
pouvait-elle leur montrer son amour ? Les membres de la
famille et les amis non chrétiens qui l’avaient connue enfant
ne pouvaient qu’être émerveillés.
Qu’espérons-nous pour Jasmine ? Nous souhaitons qu’elle
aille de l’avant. Nous souhaitons qu’elle puisse s’attendre à ce
que d’autres se dévouent pour elle, et qu’elle continue elle-
même à se dévouer pour les autres.
Il n’est pas nécessaire d’être extraverti pour être un membre
fidèle de l’Église. Certaines personnes ont beaucoup d’énergie
émotionnelle à dépenser, tandis que d’autres n’en ont que très
peu. Dépensez ce que vous avez, tout simplement. Soyez fidèle,
avec toutes les ressources que Dieu vous a données pour aimer
et vous laisser aimer par votre Église.

NE TRAITEZ PAS L’ÉGLISE COMME UN MAGASIN


Comme nous l’avons dit au début de ce livre, vous trouve-
rez de nombreuses raisons pour ne pas aller à l’Église. C’est
pour cela que nous considérons la période actuelle comme
une bonne occasion de redécouvrir l’Église. La désertion

188
Conclusion

des Églises ne s’est pas amorcée au début de la pandémie ou


lorsque la politique a commencé à diviser les gens. Le monde
cultive en chacun de nous des instincts qui vont à l’encontre
de la vision de l’Église exposée dans ce livre. Nous devons
redécouvrir l’Église si nous souhaitons la voir s’épanouir, et
ce, peu importe ce que l’avenir nous réserve.
Le langage même que les gens utilisent aujourd’hui pour
décrire leur besoin de trouver une Église révèle le problème de
fond. On entend souvent des chrétiens dire qu’ils « essayent
des Églises », un peu comme s’ils étaient dans un magasin.
Lorsque vous cherchez une Église de cette façon, vous vous
concentrez sur ce que cette Église peut faire pour vous et
non sur ce que vous pouvez faire pour l’Église. Cette atti-
tude suggère également que l’Église est une simple question
de préférences, comme si vous étiez en train de choisir entre
plusieurs marques de ketchup. Et évidemment, le client a tou-
jours raison. La fidélité ne dure que dans la mesure où l’Église
continue à répondre à vos besoins.
Examinez le rôle que joue la technologie aujourd’hui.
Nous avons déjà discuté de la façon dont l’Église en ligne
et les podcasts donnent l’impression que nous n’avons pas
besoin de fréquenter d’autres chrétiens pour grandir spiri-
tuellement. Il suffit de trouver nos prédicateurs et nos chants
de louange favoris en ligne, puis d’utiliser des plateformes
comme YouTube pour créer une expérience spirituelle per-
sonnalisée qui surpasse les humbles efforts de l’Église au bout

189
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

de la rue, où l’on doit souvent s’asseoir à côté de familles que


nous n’avons pas vraiment envie de connaître.
Mais le défi que les nouvelles technologies représentent
pour les Églises ne date pas d’hier. Nous ne sommes pas les
premiers à remarquer ce phénomène. L’automobile a gran-
dement contribué à mettre un terme à la discipline dans de
nombreuses Églises. Soudainement, un homme pouvait divor-
cer de son épouse sans motif et tout simplement fréquenter
l’Église d’un autre quartier ou d’une autre ville. Il n’aurait pas
à se repentir publiquement, à la demande des responsables
d’Église appelés à protéger et à prendre soin de son ex-femme
et de ses enfants. Le fait est que les nouvelles technologies ne
sont pas nécessairement mauvaises. Elles créent simplement
de nouveaux défis qui sont bien souvent ignorés.
C’est pour cela que l’Église doit être constamment redé-
couverte. C’est parce que nous avons tendance à oublier ce
que Dieu veut pour nous. L’apôtre Paul a dit aux Philippiens :
« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que
l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus
de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses
propres intérêts, considère aussi ceux des autres. » Puis il a cité
l’exemple de Jésus : « Existant en forme de Dieu, il n’a point
regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais
il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur,
en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un
vrai homme » (Ph 2.3,4,6,7). Jésus s’est humilié lui-même en

190
Conclusion

mourant sur la croix et il a été exalté par Dieu. Si nous voulons


que l’Église soit marquée par l’unité et l’amour, nous devons
suivre ce même chemin d’abnégation. Aucune autre voie ne
permet d’atteindre le sommet qui mène à l’approbation de
Dieu : « C’est bien, bon et fidèle serviteur » (Mt 25.21).
Je (Collin) connais un pasteur qui dit souvent que per-
sonne n’obtient l’Église qu’il souhaite, mais que chacun trouve
l’Église dont il a besoin. Nous avons tous besoin d’Églises
qui nous appellent à quelque chose de plus grand que nous-
mêmes. Nous avons besoin d’Églises qui nous attirent vers
Dieu. Lorsque nous suivons l’exemple de Jésus, nous trouvons
l’Église dont nous avons besoin.

UNE INSTITUTION FORMATIVE


De nos jours, nous avons tous l’habitude de tirer parti d’insti-
tutions telles que la famille, le travail et l’école pour atteindre
nos objectifs personnels d’obtenir l’attention et l’acceptation.
Une fois que nous avons obtenu ce que nous voulons, ou que
l’institution nous demande quelque chose que nous ne voulons
pas donner, nous pouvons nous en débarrasser et viser une
autre cible. Trouver un nouvel emploi. Trouver une nouvelle
famille. Trouver une nouvelle école.
Mais ce n’est habituellement pas de cette façon que nous
grandissons. En général, si les relations ne vous mettent pas au
défi et ne vous font pas sortir de votre zone de confort, elles ne
peuvent pas non plus vous changer en une meilleure personne.

191
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Pensez-y ! Qui sont les personnes les plus importantes dans


votre vie ? Se contentent-elles de vous approuver et d’acquiescer
à chacune de vos décisions ? Ou avez-vous confiance qu’elles
vous aimeront quoi qu’il arrive, et qu’elles vous aiment suf-
fisamment pour vous dire la vérité ? Les relations que vous
entretenez avec les membres de votre famille et vos amis sont
forgées contre vents et marées. Ces derniers vous suivront dans
vos meilleurs moments, se tiendront à côté de vous dans vos
pires moments et frayeront le chemin devant vous dans les
moments où vous serez le plus vulnérable.
C’est ce type d’Église que nous devons redécouvrir. L’Église
n’est pas qu’une institution de plus que nous pouvons utiliser
pour nous créer un beau CV et développer notre identité
personnelle. L’Église nous forme pour que nous devenions des
hommes et des femmes de Dieu. Ensemble, nous devenons
plus forts. Mais en parallèle, nous en apprenons aussi sur ce
que Dieu veut que nous soyons en tant qu’individus, selon
nos capacités et nos passions uniques. L’Église ne néglige pas
nos personnalités. Au contraire, elle les met en valeur en nous
reliant au Créateur qui nous a créés tels que nous sommes,
mais aussi à d’autres personnes à qui nous pouvons offrir de
l’amour et de la force dont nous ne soupçonnions pas l’exis-
tence. Vous n’avez peut-être pas l’Église que vous vouliez.
Mais vous avez l’Église dont vous aviez besoin sans le savoir.
Nous sommes tous les deux bien conscients qu’il existe de
nombreuses Églises qui ne correspondent pas à cette vision.

192
Conclusion

Vous pensez peut-être que nous sous-estimons les défis. Au


contraire, en raison de nos fonctions, nous en savons beaucoup
plus que la plupart des gens sur le côté obscur des Églises.
Nous en avons nous-mêmes fait l’expérience. Nous en avons
entendu parler de la bouche d’autres personnes. Nous en avons
été témoins avec des amis et des membres de notre famille. Et
nous ne vous demandons pas de tolérer les abus ou la théologie
hérétique. Nous ne sommes pas en train d’approuver abso-
lument toutes les Églises ou de tolérer les abus de pouvoir et
d’autorité qui, nous le savons, sont courants dans les Églises
d’hier et d’aujourd’hui.
Néanmoins, nous croyons qu’il faut vous attendre à ce
qu’il y ait des frictions dans l’Église. Vous ne devez pas vous
attendre à vous entendre avec tout le monde. Vous ne devez
pas vous attendre à partager la même vision, les mêmes
priorités, les mêmes stratégies. Ces moments de friction nous
mettent tous à l’épreuve. Ils nous amènent à nous deman-
der s’il ne serait pas préférable de nous rendre dans l’Église
voisine. Peut-être bien, du moins pour un temps, mais pro-
bablement pas pour toujours, car dans cette Église-là, vous
serez entouré de pécheurs rachetés par la grâce de Dieu.
Et vous serez toujours vous-même un pécheur racheté par
la grâce de Dieu. Vous y trouverez du bon et du mauvais,
peut-être à un moindre degré. Mais tant que Jésus ne sera
pas revenu, aucune Église ne pourra être épargnée par les
désaccords et les déceptions.

193
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

Imaginez que l’Église soit comme des vagues déferlant


sur des rochers. Les vagues représentent l’Église. Les rochers
représentent tous les autres membres de l’Église ainsi que
vous-même. Jour après jour, année après année, les vagues
déferlent de façon incessante. Elles se précipitent sur chaque
rocher et les bousculent les uns contre les autres. D’un mois à
l’autre, vous ne remarquez peut-être pas de grande différence.
Mais au fil des années, et même des décennies, vous obser-
vez des changements. Alors que les vagues s’écrasent et que
les rochers se cognent les uns contre les autres, leur surface
rugueuse devient lisse. Le soleil révèle leur bel aspect poli.
Aucun rocher ne ressort de ce processus avec la même taille
ou la même forme. Mais chacun d’entre eux est embelli d’une
manière bien singulière.
Il n’est pas surprenant que Pierre lui-même reprenne la
métaphore des pierres pour décrire l’Église. Premièrement,
Pierre veut nous faire comprendre que l’Église est bâtie sur le
fondement de Jésus. Il fait le lien entre Ésaïe 28.16 et Jésus :
« Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ;
Et celui qui croit en elle ne sera point confus » (1 Pi 2.6).
Deuxièmement, il veut nous faire comprendre que Dieu
savait dès le départ que Jésus ne serait pas estimé par tout
le monde. Pour appuyer cela, dans 1 Pierre 2.7,8 il cite le
Psaume 118.22 (« la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient
est devenue la principale de l’angle ») et Ésaïe 8.14 (« une pierre
d’achoppement, un rocher de scandale »).

194
Conclusion

Troisièmement, il veut que nous prenions conscience que


Jésus a bâti quelque chose de magnifique – à savoir nous,
l’Église : « Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par
les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-
mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour for-
mer une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir
des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ »
(1 Pi 2.4,5).
Il n’est pas nécessaire de comprendre toutes les allusions à
l’Ancien Testament pour s’émerveiller de ce que Dieu accom-
plit dans l’Église. Par la foi en Jésus, nous avons été sauvés
de notre péché par Dieu et pour Dieu. Nous n’avons pas été
sauvés par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Dieu est en train
de bâtir quelque chose de bien plus grand que chacun d’entre
nous. Pierre a du mal à contenir son enthousiasme :

Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal,


une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annon-
ciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son
admirable lumière, vous qui autrefois n’étiez pas un peuple,
et qui maintenant êtes le peuple de Dieu, vous qui n’aviez pas
obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde
(1 Pi 2.9,10).

Il se passe beaucoup de choses dans votre Église locale


lorsque la sonorisation ne fonctionne pas, que vous vous réu-
nissez dans un stationnement parce que vous n’êtes pas à l’abri

195
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

du virus dans un espace clos, que les enfants pleurnichent


pour avoir à manger, que votre sœur Brigitte ronfle pendant la
bénédiction, que votre frère Jean-Paul publie quelque chose de
stupide sur Facebook, et que le pasteur n’a pas assez de temps
pour préparer son sermon parce qu’il doit gérer un enterrement
et trois visites imprévues à l’hôpital. En redécouvrant l’Église,
vous verrez de la beauté là où la plupart du monde ne verra
que des pierres.

SOYEZ PRÉSENT, TOUT SIMPLEMENT


Nous avons écrit ce livre pour vous aider à redécouvrir l’Église,
afin que vous puissiez voir en quoi le corps de Christ est
essentiel. Et maintenant ? Quelle est la prochaine étape ? Nous
avons de bonnes nouvelles. Elle est plus facile que vous ne
l’imaginez. Il suffit d’être présent et de proposer votre aide.
C’est vrai, et c’est la grande leçon à tirer de ce livre. Quand
je (Collin) parle avec de nouveaux membres de l’Église, je
leur fais une grande promesse. Et jusqu’à présent, personne
n’est revenu me voir pour se plaindre que je l’avais rompue.
Je leur promets que s’ils sont présents régulièrement aux réu-
nions et aux activités de l’Église et s’ils cherchent à prendre
soin des autres, ils trouveront tout ce dont ils ont besoin chez
nous. Ce peut être la croissance spirituelle, des amitiés, des
connaissances bibliques ou une aide pratique. Ils obtiendront
tout ce qu’ils veulent de l’Église en accomplissant ces deux
simples tâches.

196
Conclusion

Si vous ne participez pas régulièrement, vous ne vivez pas


l’expérience formative de l’Église. Vous ne progressez pas dans
la connaissance biblique si vous n’avez pas accès à l’enseigne-
ment, et vous n’aurez pas de relations profondes sans passer
du temps dans la prière avec d’autres. Si vous ne recherchez
pas le bien des autres, vous prendrez la mauvaise habitude de
juger l’Église parce qu’elle ne répond pas à vos besoins et que
les autres ne vous tendent pas la main. Nous n’avons jamais
vu des personnes redécouvrir l’Église et obtenir ce qu’elles
veulent de la communauté sans prendre la peine d’être régu-
lièrement présentes et de demander aux autres comment elles
peuvent aider.
N’oubliez pas que vous êtes le corps de Christ. Vous êtes
peut-être une main, une oreille ou un œil. Quel que soit
le membre, vous êtes essentiel. Le corps ne fonctionne pas
correctement sans vous. Et vous avez vous-même besoin du
corps de Christ. Alors, soyez présent et posez des questions
autour de vous. Les autres chrétiens ont besoin de vous, plus
que vous ne pouvez l’imaginer. Et un jour, vous comprendrez
à quel point vous aviez également besoin d’eux.

197
LECTURES RECOMMANDÉES

Les livres que nous vous proposons ci-dessous vous aideront


à approfondir les idées enseignées dans le présent ouvrage.
Alors que vous cherchez à redécouvrir l’Église locale et son
rôle dans votre vie chrétienne, nous vous suggérons de lire
ces livres avec un ami afin de pouvoir discuter des idées qui
s’y trouvent ainsi que de la façon de les appliquer.
La série « Bâtir des Églises en bonne santé » est un excellent
point de départ. Au total, cette série comptera 14 livres. Nous
vous encourageons à lire tous les livres de cette série au fur et
à mesure de leur publication.

DEVER, Mark, Faire des disciples : comment aider les autres à


suivre Jésus, Trois-Rivières, Québec, Éditions Cruciforme,
2019.
HELM, David, La prédication textuelle : comment bien com-
muniquer la Parole de Dieu aujourd’ hui, Trois-Rivières,
Québec, Éditions Cruciforme, 2017.
JOHNSON, Andy, La mission : comment l’Église locale doit
atteindre toutes les nations, Trois-Rivières, Québec, Éditions
Cruciforme, 2021.

199
REDÉCOUVRIR L'ÉGLISE LOCALE

LAWRENCE, Michael, La conversion : comment Dieu se forme


un peuple, Trois-Rivières, Québec, Éditions Impact, 2019.
LEEMAN, Jonathan, Être membre d’une Église locale : l’impor-
tance de représenter Jésus aux yeux du monde, Trois-Rivières,
Québec, Éditions Cruciforme, 2018.
LEEMAN, Jonathan, La discipline d’Église, Trois-Rivières,
Québec, Éditions Cruciforme, 2018.
ONWUCHEKWA, John, La prière : comment prier ensemble
façonne l’Église, Trois-Rivières, Québec, Éditions Cruciforme,
2020.
ROARK, Nick, Robert Cline, La théologie biblique : comment
enseigner fidèlement l’Évangile dans l’Église, Trois-Rivières,
Québec, Éditions Cruciforme, 2020.
RINNE, Jeramie, Les anciens : comment devenir un berger
comme Jésus, Trois-Rivières, Québec, Éditions Cruciforme,
2019.
SMETHURST, Matt, Les diacres, Éditions Cruciforme,
Trois-Rivières, Québec, Éditions Cruciforme, 2022.
STILES, Mack, L’ évangélisation, Éditions Cruciforme,
Trois-Rivières, Québec, Éditions Cruciforme, 2021.

200
Lectures recommandées

AUTRES SUGGESTIONS DE LECTURE


DEVER, Mark, Jamie Dunlop, Une communauté irrésistible,
Trois-Rivières, Québec, Éditions Cruciforme, 2021.
KELLER, Timothy, Le Dieu prodigue : revenir au cœur de la
foi chrétienne, La Maison de la Bible, 2013.
KELLER, Timothy, Pour une vie juste et généreuse : grâce de
Dieu et pratique de la justice, Farel, 2018.

201
REMERCIEMENTS

Collin tient à remercier David Byers pour son réel soutien


dans la prière tout au long de la rédaction de ce livre. Nous
voudrions également tous deux exprimer notre gratitude pour
les courts passages émanant des articles et livres suivants,
que nous avons adaptés pour les besoins de ce livre, avec
la permission des auteurs : Chapitre 2 : Jonathan Leeman,
« The Corporate Component of Conversion », 29 février 2012,
9Marks.org ; Chapitre 3 : Jonathan Leeman, « Do Virtual
Churches Actually Exist ? », 9 novembre 2020, 9Marks.org ;
« Churches : The Embassies and Geography of Heaven », 20
décembre 2020, 9Marks.org ; Chapitre 5 : Jonathan Leeman,
« Church Membership Is an Office and a Job », 7 mai 2019,
9Marks.org ; Chapitre 6 : Jonathan Leeman, Is It Loving to
Practice Church Discipline ?, Wheaton, Ill., Crossway, 2021 ;
« The Great American Heartache: Why Romantic Love
Collapses on Us », 21 novembre 2018, DesiringGod.org ;
Chapitre 9 : Jonathan Leeman, « Church Membership Is an
Office and a Job », 7 mai 2019, 9Marks.org ; Understanding
the Congregation’s Authority, Nashville, B&H, 2016.

203
À propos d’Évangile 21
Évangile 21 rassemble des pasteurs et des responsables
chrétiens profondément décidés à renouveler leur foi dans
l’Évangile du Christ et à repenser concrètement leurs pratiques
et leurs ministères en vue de les conformer aux Écritures.

Nous voulons :
࡟ apporter réconfort, encouragement et enseigne-
ment aux responsables de l’Église d’aujourd’hui et de
demain afin qu’ils soient mieux équipés pour nourrir
leurs ministères de principes et de pratiques qui glo-
rifient le Sauveur et procurent du bien à ceux pour
lesquels il a versé son sang.
࡟ défendre cet Évangile avec clarté, compassion, cou-
rage et joie, unissant joyeusement notre cœur à celui
des autres croyants par-delà les barrières confession-
nelles, ethniques et sociales.
࡟ promouvoir dans l’Église un élan unificateur, un zèle
pour honorer le Christ et multiplier le nombre de ses
disciples, les rassemblant autour de Jésus au sein
d’un mouvement authentique et dynamique. Une telle
mission, fondée sur la Bible et centrée sur la personne
de Christ, est le seul avenir viable pour l’Église.
࡟ servir l’Église que nous aimons en invitant tous nos
frères et sœurs à se joindre à nous dans cet effort
refondateur de l’Église contemporaine sur la base de
l’Évangile historique de Jésus-Christ, de sorte que notre
vie et nos discours soient pleinement authentiques et
intelligibles pour les gens de notre époque.
࡟ travailler ardemment avec tous ceux qui acceptent la
Confession de foi (disponible sur le site Internet), et sou-
mettent l’ensemble de leur vie à la seigneurie du Christ,
avec une confiance inébranlable dans la puissance de
l’Esprit pour transformer les personnes, les peuples et
les cultures.

Les moyens d’action


Évangile 21 se veut un lieu de ressources centré sur l’Évangile
pour les pasteurs et les responsables chrétiens. Nous agissons
à travers :

࡟ des séminaires
࡟ un site Internet : www.evangile21.com
࡟ la publication d’ouvrages de référence
࡟ un site Internet pour les jeunes :
www.larebellution.com
࡟ un site Internet consacré à la louange dans l’Église :
www.hymnes21.com
Bâtir des Églises en bonne santé

Votre Église est-elle en bonne santé ?


Le ministère de 9Marks existe pour donner une vision
biblique et des ressources pratiques aux dirigeants d’Église
dans le but de manifester la gloire de Dieu aux nations par
l’entremise d’Églises en bonne santé.

À cette fin, le ministère 9Marks désire aider les croyants à iden-


tifier les neuf traits essentiels d’une Église en bonne santé :

1. une prédication qui expose toute la Bible de


manière systématique ;
2. une doctrine centrée sur l’Évangile ;
3. une compréhension biblique de la conversion et de
l’évangélisation ;
4. une compréhension biblique de ce qu’est un membre
de l’Église ;
5. une compréhension biblique de la discipline
dans l’Église ;
6. un souci biblique concernant la formation et la crois-
sance des disciples ;
7. une compréhension biblique de la direction
d’une Église.
8. une compréhension biblique et pratique de la prière ;
9. une compréhension biblique et pratique de la mission.
Chez 9Marks, nous produisons des articles, des livres, des
critiques de livres et un journal en ligne. Nous organisons
des conférences, enregistrons des interviews et produisons
d’autres ressources pour équiper les Églises afin qu’elles
puissent faire rayonner la gloire de Dieu.

Pour plus de ressources de 9marks en


français, visitez :

fr.9marks.org

Les ressources de 9Marks ont été traduites


dans plus de 49 langues. Veuillez visiter le site
Web suivant pour en savoir plus !

9marks.org/about/international-efforts
Publications Chrétiennes est une maison d’édition évangélique qui
publie et diffuse des livres pour aider l’Église dans sa mission parmi
les francophones. Ses livres encouragent la croissance spirituelle en
Jésus-Christ, en présentant la Parole de Dieu dans toute sa richesse,
ainsi qu’en démontrant la pertinence du message de l’Évangile pour
notre culture contemporaine.

Nos livres sont publiés sous six différentes marques éditoriales qui
nous permettent d’accomplir notre mission :

Nous tenons également un blogue qui offre des ressources gratuites


dans le but d’encourager les chrétiens francophones du monde entier
à approfondir leur relation avec Dieu et à rester centrés sur l’Évangile.

reveniralevangile.com

Procurez-vous nos livres en ligne ou dans la plupart des librairies chrétiennes.


pubchret.org | XL6.com | maisonbible.net | blfstore.com

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