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Sommaire
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Objectifs pédagogiques
Dans le cadre de la réforme des études médicales, la commission pédagogique nationale a élaboré en 2001 et révisé
en 2007 une liste d'objectifs pédagogiques terminaux. Vous trouverez ci-dessous tous les items se rapportant aux
maladies infectieuses et tropicales figurant dans le Module 7 ou les autres Modules 2, 8, 11 ainsi que dans les 2' et
3' parties du programme national.
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Objectifs pédagogiques
- Diagnostiquer et traiter une infection à dermatophy- - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
tes de la peau glabre, des plis et des phanères. prise en charge.
N° 88 - Infections génitales de la femme. - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
Leucorrhées. Chap. 19, 44, 45 suivi du patient.
- Diagnostiquer une infection génitale de la femme. N° 97 - Oreillons. Chap. 94
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Diagnostiquer les oreillons.
suivi de la patiente.
N° 98 - Otalgies et otites chez l'enfant et l'adulte.
N° 89 - Infections génitales de l'homme. Écoulement Chap. 30
urétral. Chap. 19,43,44
- Expliquer les principales causes d'otalgie chez
- Diagnostiquer une infection génitale de l'homme. l'adulte et l'enfant.
-Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Diagnostiquer une otite moyenne aiguë, une otite ex-
suivi du patient. terne, une otite séromuqueuse.
N° 90 - Infections nasosinusiennes de l'enfant et - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
de l'adulte. Chap. 27 suivi du patient.
- Diagnostiquer une rhinosinusite aiguë.
N° 99 - Paludisme. Chap. 105,122
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient. - Mettre en œuvre les mesures de prophylaxie adaptées.
- Diagnostiquer un paludisme.
N° 91 - Infections nosocomiales. Chap. 130 à 139 - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
- Reconnaître le caractère nosocomial d'une infection. suivi du patient.
- Savoir appliquer et expliquer les mesures de pré-
vention des infections nosocomiales. N° 100 - Parasitoses digestives : lambliase, ténia-
sis, ascaridiose, oxyurose, amcebose.
N° 92 - Infections ostéoarticulaires. Disco spondylite. Chap. 7.106,111,115
Chap. 46
- Diagnostiquer les principales parasitoses digestives.
- Diagnostiquer une infection osseuse et articulaire.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient.
suivi du patient.
- Connaître les principales helminthoses intestinales,
N° 93 - Infections urinaires de l'enfant et de causes d'une hyperéosinophilie sanguine.
l'adulte. Leucocyturie. Chap. 42, 43
- Diagnostiquer une infection urinaire chez le nour- N° 101 - Pathologie d'inoculation.
risson, l'enfant et l'adulte. Chap. 49, 76, 77, 78, 79
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Identifier les situations à risques de pathologie
suivi du patient. d'inoculation.
- Diagnostiquer et argumenter les principes du traite-
N° 94 - Maladies éruptives de l'enfant. Chap. 16 ment d'une maladie de Lyme et d'une maladie des
- Diagnostiquer et distinguer une rougeole (95), une griffes du chat.
rubéole (96), un mégalérythème épidémique, un
exanthème subit (89.7), une mononucléose infec- N° 102 - Pathologie infectieuse chez les migrants.
tieuse (89.6), une scarlatine (52). Chap. 123
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Diagnostiquer les pathologies infectieuses fréquen-
suivi du patient. tes dans les populations de migrants.
N° 95 - Maladies sexuellement transmissibles : - Donner des conseils d'hygiène et de prévention
gonococcies, chlamydiose, syphilis. adaptés aux conditions de vie des migrants.
Chap. 43, 44, 57, 73,81,103 N° 103 - Prévention du tétanos. Chap. 71
- Diagnostiquer une gonococcie, une chlamydiose, une - Exposer les modes de contamination de la maladie.
syphilis.
- Savoir appliquer la prophylaxie.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient. N° 104 - Septicémie. Chap. 3, 4,13,14, 55, 58,134
N° 96 - Méningites infectieuses et méningo- - Diagnostiquer une septicémie.
encéphalites chez l'enfant et chez l'adulte. - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
Chap. 14, 38, 39, 40,56, 67, 89.2 prise en charge.
- Diagnostiquer une méningite ou une méningo- - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
encéphalite. suivi du patient.
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Objectifs pédagogiques
N° 105 - Surveillance des porteurs de valve et N° 200 - État de choc. Chap. 3, 4,13, 14
de prothèse vasculaire. Chap. 36,134,135 - Diagnostiquer un état de choc.
- Expliquer les risques inhérents aux valves artificiel- - Prise en charge immédiate.
les et aux prothèses vasculaires et les mesures pré-
ventives correspondantes. N° 202 - Exposition accidentelle aux liquides
- Diagnostiquer une complication liée au matériel pro- biologiques (conduite à tenir). Chap. 148
thétique ou au traitement associé. - D é c r i r e la prise en charge immédiate d'une
personne victime d'une exposition sexuelle ou d'une
N° 106 - Tuberculose. Chap. 5.20, 84 exposition accidentelle au sang.
- Diagnostiquer une tuberculose thoracique et connaî-
tre les localisations extra-thoraciques. N° 203 - Fièvre aiguë chez l'enfant et chez l'adulte.
-Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le Chap. 1,12
suivi du patient. - Diagnostiquer une fièvre aiguë chez l'enfant et chez
l'adulte.
N° 107 - Voyage en pays tropical : conseils avant - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
le départ, pathologies du retour : fièvre, diarrhée.
prise en charge.
Chap. 10,105,106,122
- Identifier les critères de gravité d'un syndrome
- Donner des conseils d'hygiène et des mesures de
infectieux.
prévention adaptés.
- Rechercher les principales causes de fièvre et de diar- N° 204 - Grosse jambe rouge aiguë. Chap. 47, 48
rhée chez un patient au retour d'un pays tropical. - Diagnostiquer une grosse jambe rouge aiguë.
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur
AUTRES MODULES
prise en charge.
Module 2 - De la conception à la naissance N° 207 - Infection aiguë des parties molles (abcès,
N° 20 - Prévention des risques fœtaux : infection, panaris, phlegmon des gaines).
médicaments, toxiques, irradiation. Chap. 124,125 Chap. 47, 55, 72
- Expliquer les éléments de prévention vis-à-vis des - Diagnostiquer une infection aiguë des parties molles
infections à risque fœtal. (abcès, panaris, phlegmon des gaines).
- Préciser les particularités de la pharmacocinétique - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
des médicaments chez la femme enceinte et les ris-
prise en charge.
ques des médicaments durant la grossesse.
- Donner une information sur les risques liés au taba- N° 212 - œil rouge et/ou douloureux. Chap. 50
gisme, à l'alcool, à la prise de médicaments ou de dro- - Diagnostiquer un œil rouge et/ou douloureux.
gues, à l'irradiation maternelle pour la mère et le fœtus. - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
prise en charge.
Module 8 - Immunopathologie, réaction inflammatoire
N° 127 - Transplantation d'organes : aspects N° 213 - Plaies, piqûres et morsures. Prévention de
épidémiologiques et immunologiques ; principes la rage. Chap. 49, 97
de traitement et surveillance ; complications et - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
pronostic ; aspects éthiques et légaux. Chap. 128 prise en charge.
- Expliquer les mesures préventives vis-à-vis de la
Module 11 - Synthèse clinique et thérapeutique.
rage devant une morsure d'animal errant.
De la plainte du patient à la décision thérapeutique.
Urgences. Thérapeutique générale
DEUXIÈME PARTIE :
N°173 - Prescription et surveillance des anti-
MALADIES ET GRANDS SYNDROMES
infectieux. Chap. 5.1 à 5.9, 5.14, 5.20
- Prescrire et surveiller un médicament appartenant N° 227 - Bronchopneumopathie chronique
aux principales classes d'anti-infectieux. obstructive. Chap. 33
N° 194 - Diarrhée aiguë et déshydratation - Diagnostiquer une bronchopneumopathie chronique
chez le nourrisson, l'enfant et l'adulte. Chap. 20 obstructive.
- Diagnostiquer une diarrhée aiguë chez le nourrisson, - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
l'enfant et l'adulte. prise en charge.
- Diagnostiquer un état de déshydratation chez le - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
nourrisson, l'enfant et l'adulte. suivi du patient.
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur - Décrire les principes de la prise en charge au long
prise en charge. cours.
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Objectifs pédagogiques
N° 256 - Lésions dentaires et gingivales. Chap. 28, 29 N° 311 - Éosinophilie. Chap. 24.111 à 116
- Diagnostiquer les principales lésions dentaires et - Devant une éosinophilie, argumenter les principales
gingivales. hypothèses diagnostiques et justifier les examens
complémentaires pertinents.
N° 258 - Lithiase biliaire et complications.
Chap. 15, 41 N° 312 - Épanchement pleural. Chap. 35
- Diagnostiquer une lithiase biliaire et ses complications. - Devant un épanchement pleural, argumenter les
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur principales hypothèses diagnostiques et justifier les
prise en charge. examens complémentaires pertinents.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le N° 314 - Exanthème - Érythrodermie. Chap. 16
suivi du patient. - Devant un exanthème ou une érythrodermie, argu-
N° 271 - Pathologie des paupières. Chap. 50 menter les principales hypothèses diagnostiques et
justifier les examens complémentaires pertinents.
- Diagnostiquer et traiter un orgelet, un chalazion.
N° 316 - Hémogramme : indications et interprétation.
N° 274 - Péricardite aiguë. Chap. 37 Chap. A
- Diagnostiquer une péricardite aiguë. - Argumenter les principales indications de l'hémo-
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur gramme, discuter l'interprétation des résultats et
prise en charge. justifier la démarche diagnostique si nécessaire.
N° 275 - Péritonite aiguë. Chap. 41 N° 320 - Ictère. Chap. 15, 80, 90.1 à 90.5
- Diagnostiquer une préritonite aiguë. - Devant un ictère, argumenter les principales hypo-
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur thèses diagnostiques et justifier les examens com-
prise en charge. plémentaires pertinents.
N° 288 - Troubles des phanères. Chap. 120 N° 330 - Purpuras chez l'enfant et chez l'adulte.
- Diagnostiquer une alopécie et un onyxis. Chap. U, 38, 56
- Devant un purpura chez l'enfant ou chez l'adulte,
TROISIÈME PARTIE : ORIENTATION argumenter les principales hypothèses diagnostiques
DIAGNOSTIQUE DEVANT et justifier les examens complémentaires pertinents.
N° 291 - Adénopathie superficielle. Chap. 21 N° 332 - Splénomégalie. Chap. 22
- Devant une adénopathie superficielle, argumenter - Devant une splénomégalie, argumenter les princi-
les principales hypothèses diagnostiques et justifier pales hypothèses diagnostiques et justifier les exa-
les examens complémentaires pertinents. mens complémentaires pertinents.
N° 302 - Diarrhée aiguë chez l'enfant et chez N° 334 - Syndrome mononucléosique. Chap. 23,89.6
l'adulte (avec le traitement). Chap. 20, 59, 60 - Devant un syndrome mononucléosique, argumenter
- Devant une diarrhée aiguë chez l'enfant ou chez les principales hypothèses diagnostiques et justifier
l'adulte, argumenter les principales hypothèses les examens complémentaires pertinents.
diagnostiques et justifier les examens complémen-
taires pertinents. N° 343 - Ulcérations ou érosions des muqueuses
orales et/ou génitales. Chap. 18, 81
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi de l'évolution. - Devant des ulcérations ou érosions des muqueuses
orales et/ou génitales, argumenter les principales
N° 307 - Douleur et épanchement articulaire. hypothèses diagnostiques et justifier les examens
Arthrite d'évolution récente. Chap. 46 complémentaires pertinents.
- Devant une douleur ou un épanchement articulaire,
argumenter les principales hypothèses diagnostiques
et justifier les examens complémentaires pertinents.
- Devant une arthrite d'évolution récente, argumen-
ter les principales hypothèses, diagnostiquer et jus-
tifier les examens complémentaires pertinents.
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Infection et immunité anti-infectieuse
- Lors d'une infection, [es manifestations cliniques et biologiques traduisent le rapport de force entre la virulence de
l'agent pathogène et la réponse immunitaire de l'hôte.
On distingue :
• les agents infectieux "saprophytes" qui peuvent être retrouvés sur la peau ou les muqueuses sans pathogénicité ;
• les agents infectieux "commensaux" qui se développent sans pathogénicité chez l'hôte en y assurant une fonction
métabolique (ex. : rôle dans la digestion) ;
• les agents infectieux "opportunistes" qui deviennent pathogènes en cas d'immunodépression.
- L'infection peut être acquise à partir d'un individu ou d'un animal izoonose], qu'il soit malade ou porteur asympto-
matique, d'un contact avec un vecteur inactif de l'environnement ou d'un vecteur vivant (insecte).
- L'infection communautaire est acquise en ville ; l'infection nosocomiale est acquise dans un établissement de soins
(Cf. Chap. 130).
Les exotoxines
1 AGENTS INFECTIEUX
De structure protéique, elles représentent l'élément uni-
On distingue : que de virulence pour certaines bactéries comme Clos-
- les virus, comportant un seul type d'acide nucléique, tridium tetani, agent du tétanos, Corynebacterium
ADN ou ARN, de multiplication strictement intra- diphtheriae, agent de la diphtérie ou Clostridium botuti-
cellulaire ; num, agent du botulisme. Ces bactéries ne sont patho-
- les bactéries, pour la plupart capables de se multiplier gènes que par l'intermédiaire de ces exotoxines,
dans des milieux inertes ; formées dans l'organisme au niveau du site de pénétra-
- les champignons ; tion de la bactérie (plaie du tétanos, angine de la diph-
- les parasites ; térie] ou même à l'extérieur de l'organisme (aliment
- les agents infectieux non conventionnels [sans acide contenant la toxine de C. botulinum}. Elles sont très puis-
nucléique] : prions. santes et agissent à très faible concentration. Les agents
anti-infectieux n'ont pas d'action sur les désordres dont
2 POUVOIR PATHOGÈNE elles sont responsables. Les exotoxines ont en commun
d'être modifiables par des procédés physicochimiques,
Le pouvoir pathogène varie selon l'espèce animale et comme la chaleur, qui leurfait perdre leur pouvoirtoxi-
l'agent infectieux. que mais conserve leur caractère antigénique (ana-
- Selon l'espèce animale : les agents infectieux peu- toxine], et d'être neutralisables par des anticorps, d'où
vent être pathogènes pour l'ensemble des espèces, l'intérêt d'une vaccination par anatoxines.
pour certaines espèces animales ou pour l'homme
D'autres exotoxines jouent un rôle important dans cer-
uniquement.
taines infections : toxine érythrogène de Streptococcus
- Selon l'agent infectieux lui-même : la plupart des pyogenes du groupe A, toxines nécrotiques ou hémo-
agents sont pathogènes ou le deviennent selon les lytiques des bactéries anaérobies responsables des
circonstances telles que le mode et le site de conta- gangrènes.
mination, la richesse de l'inoculum en agents patho-
Certaines exotoxines, agissant au niveau de l'épithé-
gènes, l'état immunitaire de l'hôte.
lium intestinal, sont responsables du pouvoir patho-
1. Pouvoir pathogène des bactéries gène de Vibrio cholerae, de certains Escherichia coli et
Le pouvoir pathogène d'une bactérie dépend de nom- de Staphylococcus aureus.
breux facteurs. Les endotoxines
« Adhésion De structure lipopolysaccharidique (LPS), ce sont des
Étape obligatoire au niveau des muqueuses, elle néces- constituants de la paroi de certaines bactéries à Gram
site des interactions entre adhésines bactériennes et négatif libérés au cours de la lyse bactérienne.
récepteurs cellulaires. « Synthèse d'enzymes
i Invasion Certaines bactéries synthétisent des enzymes : coagu-
L'adhésion est suivie d'une invasion par pénétration lase (S. aureus), streptokinase (S. pyogenes). D'autres
dans les cellules de l'hôte : ces bactéries "invasives" enzymes inactivent des agents anti-infectieux : pénicil-
vont induire un processus d'endocytose permettant leur linase, bêtalactamases, céphalosporinases. Ces enzy-
pénétration intracellulaire. Ce processus complexe a un mes agissent sur le micro-environnement tissulaire des
déterminisme génétique, chromosomique ou plasmidi- bactéries ou inhibent l'effet des antibiotiques.
que, différent selon les espèces bactériennes. Certai- * Multiplication bactérienne
nes bactéries passent entre les cellules des muqueuses C'est le principal mécanisme du pouvoir pathogène. On
pour coloniser la lamina propria sous-jacente. distingue selon ses modalités trois types de bactéries.
» Rôle des toxines Les bactéries à multiplication extracellulaire obligatoire
Certaines bactéries exercent leur pouvoir pathogène par Elles sont rapidement détruites par les mécanismes
l'intermédiaire de toxines. de bactéricidie des cellules phagocytaires. Elles
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s'opposent à leur ingestion par certains constituants même minime constitue le plus souvent la porte d'entrée
(leur capsule ou paroi). Ces constituants sont des fac- du micro-organisme (staphylocoques, streptocoques...).
teurs majeurs de virulence (polysaccharide de la cap- En revanche, les muqueuses représentent la porte
sule de Streptococcus pneumoniae, protéine M de la paroi d'entrée de nombreuses infections. Leur pénétration
de S. pyogenes). Ces bactéries sont dites pyogènes. par des bactéries est précédée d'une phase d'adhé-
Elles sont responsables de bactériémies, de suppura- sion, due à des constituants de surface, facteurs de
tions et d'abcès. virulence (pili, fimbriae). La pénétration dépend du
Les bactéries à multiplication intracellulaire facultative pouvoir invasif de chaque bactérie.
Elles peuvent se multiplier dans le milieu extracellu-
- Autres facteurs anatomiques
laire et à l'intérieur des phagocytes mononucléés [ma-
crophages] dans lesquels leur devenir est variable : - L'excrétion des liquides biologiques, bile, sécrétions
destruction, multiplication ou quiescence, selon la viru- bronchiques, par exemple, entraîne un drainage per-
lence de la bactérie et l'état immunitaire de l'hôte. Ces manent et l'élimination d'agents infectieux, bacté-
bactéries ont in vitro une multiplication assez lente. ries essentiellement.
Elles sont représentées par les mycobactéries et les - A u niveau muqueux, de nombreuses substances
brucelles par exemple. Les infections dont elles sont chimiques (lysozyme dans la salive, pH acide de
responsables ont plusieurs caractères communs : l'estomac...] limitent la multiplication de certains
- évolution lente, fréquence des rechutes ; agents infectieux pathogènes. Une achlorhydrie gas-
- rôle primordial de l'immunité de type cellulaire, et en trique peut être source de pullulation microbienne
particulier des lymphocytes T ; digestive, de même qu'une altération du tapis muco-
- développement d'une hypersensibilité de type retardé, ciliaire au niveau respiratoire.
impliquant des macrophages et des lymphocytes T ; - Les aponévroses, les séreuses sont des barrières
- nécessité d'une pénétration et d'une activité intra- internes difficilement franchissables qui limitent
cellulaire des agents anti-infectieux utilisés.
l'extension d'un foyer infectieux.
Les bactéries à multiplication intracellulaire obligatoire
- La rate joue un rôle important dans l'opsonisation des
Elles se multiplient préférentiellement dans certaines
bactéries circulantes par voie sanguine. Une splénec-
cellules : cellules épithéliales [Chlamydia sp], endothé-
tomie ou une asplénie fonctionnelle (comme observée
liales (rickettsies). Ce caractère appartient également
au cours de certaines hémoglobinopathies) augmente
aux virus.
le risque d'infection grave à bactéries encapsulées
2. Pouvoir pathogène des virus
(pneumocoques, méningocoques...].
Il est le plus souvent dû à leur effet cytopathogène pou-
- L'intégrité anatomique et physiologique, notamment
vant aboutir à l'inactivation de la fonction des cellules
du système immunitaire, est conditionnée par un bon
ou à leur destruction selon les cellules cibles : épithé-
état nutritionnel. Le cercle vicieux malnutrition-infec-
lium bronchique pour Myxovirus influenzae, corps du
tion est un problème majeur de santé publique dans
neurone du système nerveux central pour le virus de
la rage, lymphocytes T auxiliaires (CD4+) pour le VIH... les populations défavorisées.
Certains virus persistent à l'état latent dans l'organisme 2. Réaction inflammatoire
[Herpès virus) ou s'intègrent au génome de l'hôte (VIH). L'afflux des cellules sanguines, la vasodilatation et
3. Pouvoir pathogène des champignons l'apport de facteurs humoraux au sein d'un foyer
II est en relation avec leur pénétration intratissulaire. infectieux définissent la réaction inflammatoire. Elle
De nombreux champignons se multiplient sous forme tend à circonscrire le foyer infectieux et apporte, en
filamenteuse provoquant destructions tissulaires et son sein, les éléments cellulaires et humoraux de
réaction inflammatoire. défense. Ce sont d'abord des facteurs non spécifiques
4. Pouvoir pathogène des parasites de l'immunité innée, puis des médiateurs spécifiques
Il est en relation avec leur multiplication intracellu- de l'immunité spécifique (dite aussi adaptative ou
laire et le site de cette multiplication pour les proto- cognitive). Ces deux systèmes sont capables d'inter-
zoaires : macrophages pour Leishmania sp, hématies agir en synergie. Cette réaction peut être diminuée,
pour Plasmodium sp. Pour les métazoaires, il est lié voire supprimée, dans certaines pathologies et par
au cycle de migration dans l'organisme à la phase ini- certains traitements (corticothérapie et AINSI qui
tiale et au site de fixation des vers adultes ensuite. exposent à des infections extensives sévères.
3. Éléments du système immunitaire
3 MOYENS DE DEFENSE
Ils sont cellulaires ou humoraux, divisés eux-mêmes en
1. Moyens anatomiques non spécifiques et spécifiques (T1-1).
Peau et muqueuses Les cellules immunitaires peuvent être distinguées
La peau intacte est une barrière imperméable pour la par les antigènes de d i f f é r e n c i a t i o n leucocytaire
quasi-totalité des micro-organismes. Une effraction exprimés à leur surface (T1 -2).
14
Infection et immunité anti-infectieuse
15
Infection et immunité anti-infectieuse
cipales propriétés des 5 classes sont regroupées dans philes ou des macrophages. Ainsi se forme un pont
le tableau T1-3. entre la bactérie et le phagocyte qui permet et facilite
Il existe 4 sous-classes d'IgG, dont les propriétés fonc- sa captation intracellulaire. Ces anticorps sont spéci-
tionnelles diffèrent, notamment en termes d'activa- fiques de chaque sérotype pour une même bactérie et
tion du complément. représentent l'un des éléments de la résistance vis-
Les IgA sécrétoires présentes dans les sécrétions et à la à-vis de ces bactéries.
surface des muqueuses sont constituées de deux molé- - Les a n t i c o r p s de classe IgA pourraient inhiber
cules d'IgA réunies par une pièce J et entourées par une l'adhérence bactérienne aux muqueuses et interve-
pièce sécrétoire produite par les cellules épithéliales. nir dans la neutralisation de virus. Ils n'ont pas
Lors d'un premier contact antigénique, la réponse d'effet bactéricide ou opsonisant. Dans la lumière
anticorps, spécifique des antigènes des agents infec- des muqueuses, ils forment de volumineux com-
tieux, est surtout le fait d'une production d'IgM. La plexes immuns qui limitent la pénétration des bacté-
production des anticorps de classe IgM est possible ries et facilitent les réponses immunitaires
chez le fœtus en cas d'infection anténatale, celle des spécifiques dans les plaques de Peyer.
IgG apparaît peu après la naissance et s'accroît pro- - Les anticorps peuvent neutraliser et inactiver cer-
gressivement pour atteindre le taux adulte vers l'âge tains virus en situation extra-cellulaire pour préve-
de 10-14 mois alors que les IgG maternelles dispa- nir leur dissémination. Ce rôle est important après
raissent en trois mois. La production des IgA débute une première infection : varicelle, rougeole, rubéole.
après la naissance et ces immunoglobulines sont
- Lors d'une réponse immunitaire, il y a toujours d'abord
détectables dans la salive à 3 semaines de vie.
une production d'IgM puis une production des au-
Les fonctions des anticorps sont diverses
tres isotypes, principalement des IgG au niveau
- Les anticorps antitoxines neutralisent les toxines, en
sérique. La recherche des IgM permet ainsi de dater
particulier les exotoxines. Leur rôle est primordial
une infection et également de détecter une primo-
contre des maladies dues exclusivement aux exotoxi-
nes, comme le tétanos, la diphtérie. La détermination infection. Ces examens biologiques nécessitent idéa-
du taux d'anticorps antitoxine dans le sérum permet lement deux dosages pour vérifier la cinétique de
de savoir si un sujet est ou non protégé contre ces ma- production de ces anticorps.
ladies. L'immunité peut être acquise passivement par Les cytokines
l'administration d'IgG spécifiques de l'antigène, ou Ce sont des glycoprotéines solubles permettant la coo-
activement par la vaccination utilisant une anatoxine. pération des cellules immunitaires grâce à des récep-
- Les anticorps bactéricides ont un effet lytique sur cer- teurs spécifiques. Leur rôle est complexe, dépendant
taines bactéries à Gram négatif. Ils sont surtout im- de l'état d'activation de la cellule et du niveau d'expres-
portants vis-à-vis des Neisseria. sion des récepteurs. Les caractéristiques des principa-
Les anticorps interviennent dans la cytotoxicité à mé- les cytokines intervenant dans les défenses contre les
diation cellulaire dépendante des anticorps (ADCC). infections sont répertoriées dans le tableau T1 -4.
Dans ce cas, l'anticorps assure la reconnaissance spé-
Une perturbation du réseau des cytokines est démon-
cifique d'un antigène sur la membrane de la cellule
cible par son Fab et la liaison à une cellule cytotoxi- trée au cours du choc septique : synthèse majeure et
que par l'intermédiaire des récepteurs Fc qui déclen- délétère de cytokines pro-inflammatoires telles que
chent le signal de lyse. TNF-alpha et IL-6. Leur synthèse est induite par la pré-
- Les anticorps ont surtout un rôle d'opsonisation vis- sence de lipopolysaccharides bactériens. Une physio-
à-vis des bactéries à développement extra-cellulaire pathologie semblable est décrite pour les méningites
obligatoire. Ces anticorps se fixent, par leur fragment bactériennes. Enfin, des déficits immunitaires ont été
Fab, sur les constituants de surface, support de la vi- rapportés lors de défaut de synthèse de cytokines mais
rulence de ces bactéries, et par leur fragment Fc sur aussi par absence et/ou modifications fonctionnelles
des récepteurs spécifiques des polynucléaires neutro- des récepteurs.
variété croissante, avec des propriétés activatrices ou trices de l'antigène sous sa forme native grâce à une
tolérogènes qui en font des éléments centraux de la immunoglobuline de surface spécifique permettant la
régulation du système immunitaire. Les cellules den- reconnaissance antigénique, qui constituent le récep-
dritiques plasmacytoïdes, qui sont les principaux pro- teur pour l'antigène des lymphocytes B ou BCR. Après
ducteurs d'interféron alpha, jouent un rôle majeur activation, les lymphocytes B perdent cette immuno-
dans les défenses antivirales. globuline de surface et se différencient en plasmocytes
Les cellules dendritiques immatures phagocytent des sécrétant les immunoglobulines. Les lymphocytes B ont
antigènes puis elles se rendent dans un organe lym- également une capacité de mémorisation permettant
phoïde secondaire, achèvent leur maturation et expri- une réponse anticorps plus rapide et plus spécifique en
ment de grandes quantités de molécules de classe II et cas de réexposition antigénique. Ils sont enfin capables
présentent les peptides issus des antigènes qu'elles ont de modifier leur BCR en augmentant son affinité et en
phagocytés. Elles produisent aussi des cytokines qui changeant la classe d'immunoglobulines sécrétées
modulent la réponse des lymphocytes T reconnaissant (phénomène de switch). Les cinq classes d'immuno-
les antigènes qui leur sont présentés. globulines ont des propriétés effectrices différentes
Les cellules tueuses naturelles ou importantes en immunité anti-infectieuse, notamment
["NK" pour"Naturalkiller"] par leurs propriétés opsonisantes.
Issues de la moelle osseuse, les cellules NK possèdent * Les facteurs humoraux
des récepteurs permettant la reconnaissance de cellu- Le système du complément
les anormales, dépourvues de molécules de classe I, Constitué d'une trentaine de protéines, il permet une
sans sensibilisation préalable. Ces cellules jouent un défense immunitaire non spécifique, mais dont l'acti-
rôle central dans l'activation du système immunitaire vation peut être déclenchée par des immunoglobuli-
face à une agression antigénique par leur capacité de nes spécifiques.
lyse des cellules infectées mais aussi par la synthèse On distingue 3 voies d'activation :
de cytokines telle que l'interféron gamma. - la première, dite alterne, fait intervenir les endotoxi-
Les lymphocytes T nes et les polysaccharides bactériens ;
Les lymphocytes T, originaires de la moelle osseuse - la deuxième, dite classique, est déclenchée par les
comme toutes les cellules hématopoïétiques, se diffé- complexes antigènes-anticorps ;
rencient dans le thymus où s'effectue une sélection - la troisième ou voie dite des lectines, qui débute par
négative permettant l'élimination des clones autoréac- la fixation de la "mannose binding protein" sur les
tifs, c'est-à-dire capables de réagir avec les antigènes sucres constituant la paroi bactérienne.
du soi, et une sélection positive des clones spécifiques Dans ces 3 cas, l'activation en cascade aboutit à la for-
d'antigènes étrangers au soi. Les cellules T sont activées mation du complexe d'attaque membranaire, permet-
par la reconnaissance d'un antigène spécifique, qui lui- tant la création d'un pore dans la membrane plasmique
même est présenté en association avec les molécules des bactéries sensibles (dont les Neisseria) d'où une
du complexe HLA par une cellule présentatrice d'anti- lyse osmotique. Par ailleurs, les sous-unités C3a et C5a
gène (dendritique, macrophage ou lymphocyte B). Pour ont un effet chimiotactique sur les PNN.
cette reconnaissance, les cellules T possèdent un
Les immunoglobulines
récepteur [TCR pour T Cell Receptor] hétérodimérique
Ce sont des protéines composées de 2 chaînes lour-
alpha et bêta, plus rarement gamma et delta. La diver-
des identiques entre elles définissant classes et sous-
sité des TCR constitue le répertoire, dont les pertur-
classes et de 2 chaînes légères identiques entre elles
bations peuvent constituer le signe indirect d'une
(F1-1). Chaque chaîne protéique est constituée d'une
agression antigénique.
partie variable entrant dans la constitution du site de
Les lymphocytes T CD4.+, dits "helpers" sont activés fixation à l'antigène (Fab) et d'une partie constante
lorsque l'antigène, d'origine exogène, est associé aux constituant le site de fixation aux cellules immunitai-
molécules HLA de classe II (il doit avoir été interna-
res [fragment Fc des chaînes lourdes).
lisé et dégradé en peptides]. Les lymphocytes T CD8+,
cytotoxiques ou mémoires, sont activés lorsque l'anti-
gène est associé aux molécules HLA de classe I (il
s'agit alors d'antigènes cytosoliques, le plus souvent
du soi, mais pouvant aussi correspondre à l'intégra-
tion d'un génome infectieux par la cellule).
Les lymphocytes B
Ces lymphocytes sont dits B par référence à la Bourse
de Fabricius dont ils sont issus chez les oiseaux. Les
mammifères ne présentent pas d'organe semblable. Cinq chaînes lourdes sont décrites : G, A, M, D et E
Chez l'homme, ces cellules naissent et se différencient Les immunoglobulines correspondantes sont en ordre
dans la moelle osseuse. Ce sont des cellules présenta- quantitatif décroissant dans le sérum humain. Les prin-
16
Infection et immunité anti-infectieuse
L'immunité non spécifique : la phagocytose induite par l'ingestion des bactéries : augmentation de
Elle a pour conséquence l'ingestion et la destruction la consommation d'O2, de la production d'H2O2 et de
intracellulaire des agents infectieux par les phagocytes dérivés actifs de l'O 2 ("radicaux libres"] comme l'ion
qui sont de deux types : polynucléaires neutrophiles et superoxyde.
phagocytes mononucléés. - L'activité microbicide du polynucléaire neutrophile est
La phagocytose comprend plusieurs étapes, bien iden- assurée avant tout par H2O2 et certains dérivés actifs
tifiées pour les polynucléaires neutrophiles. de l'oxygène agissant en synergie avec la MPO et des
- La chimiotaxie est une mobilité directionnelle du dérivés des halogènes, iode ou chlore. D'autres
polynucléaire vers le foyer infectieux et les agents mécanismes microbicides indépendants de l'oxygène,
infectieux, induite par diverses substances dont abaissement du pH intracellulaire, protéines cationi-
certains facteurs activés du complément : C3a, C5a, ques, lysozyme ont un rôle moins certain.
complexe C5-C6-C7.
Les mécanismes microbicides sont plus complexes au
- L'ingestion des agents infectieux, préparée et favo-
niveau des macrophages. Ils ne contiennent pas de
risée par les anticorps opsonisants et les fractions
MPO. Le système dépendant de l'oxygène semble le plus
du complément, aboutit à la pénétration des agents
important.
infectieux dans le cytoplasme et à leur englobement
dans une vacuole de phagocyte ou phagosome. Cette
étape entraîne la dégranulation du polynucléaire, la [4] MECANISMES DE DEFENSE
migration intracytoplasmique des granulations, la ANTI-INFECTIEUX
fusion de leurs membranes avec celle du phago-
1. Bactéries
some et la libération dans le phagosome des enzy-
mes contenues dans les granulations. * Non spécifique
- L'inactivation et la destruction intracellulaire des - La défense repose sur une réaction inflammatoire
agents infectieux sont indépendantes des facteurs locale et systémique quand les bactéries ont fran-
humoraux. Cette étape est étroitement liée à la stimu- chi le revêtement cutanéomuqueux et la réponse im-
lation du métabolisme o x y d a t i f du polynucléaire munitaire non spécifique.
18
Infection et immunité anti-infectieuse
19
Infection et immunité anti-infectieuse
20
Infection et immunité anti-infectieuse
laires préjudiciables à l'hôte (exemple des méningi- une mémoire de l'agression, rendant l'éventuelle
tes bactériennes source de séquelles neurologiques). récidive potentiellement moins sévère ou impossi-
- La qualité de la réponse immune, en termes d'éradi- ble (exemples des viroses infantiles : rubéole, rou-
cation de l'agent infectieux, dépend de mécanismes geole...). Cette propriété de mémoire est bien
génétiques complexes : entendu mise à profit dans les vaccinations. Elle est
• chaque étape nécessaire au système immunitaire avant tout le fait de l'immunité cellulaire spécifique
pour la destruction des agents infectieux peut être (lymphocytes T CD8+ et B mémoires).
touchée par des anomalies génétiques, d'où la - La persistance de l'infection s'accompagne de modi-
possibilité de récidives et/ou de rechutes ; fications des interactions agent pathogène-immu-
• la variabilité interindividuelle pour un même agent
nité. L'évolution est alors extrêmement variable et
infectieux peut être expliquée par le polymorphisme
fonction de la capacité du micro-organisme à échap-
des molécules HLA aboutissant à la présentation
per aux défenses immunitaires (mycobactéries
d'épitopes différents, d'où une réponse immunitaire
plus ou moins intense et efficace. intramacrophagiques empêchant l'acidification des
- Lorsque l'agent pathogène est éradiqué, le système phagolysosomes], à exprimer de nouveaux antigènes
immunitaire doit être désactivé. Dans ce phéno- (Trypanosoma) ou à progressivement détruire les
mène, entrent en jeu des m é c a n i s m e s encore cellules immunocompétentes (VIH). Enfin, sans être
incomplètement élucidés, mais où l'apoptose (mort directement cytotoxique, un agent infectieux peut
cellulaire programmée] joue un rôle central. Le sys- activer une cytotoxicité cellulaire T CD8+ délétère
tème immunitaire est néanmoins capable de garder (hépatite B chronique).
21
Épidémiologie des maladies transmissibles
1. infections endogènes
1 DEFINITION
L'organisme humain sain héberge, dans son tube diges-
L'épidémiologie est l'étude, dans les populations humai- tif, sur sa peau et ses muqueuses, 1013 à 1014 germes
nes, de la fréquence et de la répartition des maladies et appartenant à plus de 500 espèces différentes de bac-
des états de santé (épidémiologie descriptive), des fac- téries, levures, protozoaires. La base de cette flore est
teurs qui déterminent cette fréquence et cette répartition acquise dès les premiers jours de la vie, au contact de
(épidémiologie analytique) et des résultats des interven- la mère et de l'environnement, mais elle s'enrichit et se
tions entreprises pour lutter contre les maladies et amé- diversifie au cours de la vie au fur et à mesure des
liorer les états de santé (épidémiologie évaluative). contacts avec le milieu extérieur. Une partie de cette
Les maladies transmissibles sont définies par leur flore, hébergée par l'organisme à l'état quiescent, sou-
étiologie (un ou plusieurs agents infectieux : bactéries, vent durablement ou même définitivement (et à laquelle
virus, parasites, champignons) et par leur capacité à se il convient d'ajouter de multiples virus latents), est
transmettre à plusieurs individus et entre individus. potentiellement pathogène, susceptible de provoquer
La connaissance épidémiologique de ces maladies est une maladie infectieuse chez certaines personnes ou
indispensable à leur prise en charge et à leur préven- dans certaines circonstances, lorsque sont altérées
tion. La participation des médecins praticiens est fon- les défenses locales ou générales : blessure, inter-
damentale dans ce domaine. vention chirurgicale, froid, défaillance immunitaire
Il en résulte que l'épidémiologie est un volet essentiel passagère ou durable. Ces maladies infectieuses "de
de la lutte contre les maladies transmissibles, com- circonstance" sont appelées opportunistes.
prenant la surveillance clinique et microbiologique des 2. Infections exogènes
infections, la prise en compte des facteurs de risque, Selon l'agent pathogène, le réservoir peut être hu-
la programmation et l'évaluation des mesures de lutte. main, animal ou environnemental (F2-1).
La majorité des agents pathogènes pour l'homme a
2 RESERVOIRS DE GERMES
pour réservoir l'homme lui-même, auquel ils se sont
Les infections peuvent être d'origine exogène (acqui- adaptés, souvent à l'exclusion de tout autre hôte.
ses à partir de l'entourage ou de l'environnement] ou L'homme a été ou est l'unique réservoir de la variole,
endogènes (provenant de la flore propre de l'hôte). de la rougeole, de la poliomyélite, de la varicelle, du
22
Épidémiologie des maladies transmissibles
choléra, de la typhoïde, de la méningite à méningoco- nelles, shigelles, vibrions cholériques, amibes, virus
que, de la syphilis et du paludisme. L'homme reste la de l'hépatite A, virus de la poliomyélite, légionnelles)
principale source de la tuberculose et de la grippe. ou animale, quand ces agents sont susceptibles de
Les infections dont le réservoir est exclusivement survivre quelque temps dans le milieu extérieur ;
humain sont potentiellement éradicables : l'éradica- - sol (ascaris, ankylostomes) ;
tion mondiale de la variole, confirmée dès 1980, a été - arthropodes (moustiques, mouches, tiques), vecteurs
obtenue par une campagne mondiale de vaccination et animés de plusieurs maladies d'origine humaine
de surveillance active ; l'OMS espère obtenir l'éradi- (paludisme transmis par l'anophèle, typhus histori-
cation de la poliomyélite dans les années à venir. que par le pou de corps...) ou animale (fièvre jaune
Plusieurs maladies infectieuses humaines ont un transmise par des moustiques du genre Aèdes,
réservoir animal. Ce sont les zoonoses, telles la peste maladie de Lyme par certaines tiques).
(rongeurs), la fièvre jaune (singes), la brucellose 3, Transmissions verticale et horizontale
[bétail), la rage (renard), les salmonelloses non typhoï- À ces divers modes de transmission dits "horizontaux"
diques (volaille, rongeurs etc.), la listériose... s'ajoute, pour certaines infections (rubéole, syphilis,
Enfin, certains agents infectieux ont pour réservoir le toxoplasmose, VIH, hépatite B), une transmission "ver-
sol (spores tétaniques, gangrène gazeuse) ou les ticale", de la mère à l'enfant, transplacentaire et/ou
poussières (histoplasmose, coccidioïdomycose), l'eau au moment de l'accouchement (VIH, virus de l'hépa-
(légionelles). tite B, syphilis, toxoplasmose).
23
Etats infectieux : définition, physiopathologie
et critères de gravité
fusion sont recherchées, mais ces patients sont consi-
1 DÉFINITIONS DES ÉTATS INFECTIEUX
dérés comme étant porteurs d'un choc septique.
1. Infection 6. Syndrome de défaillance multiviscérale
L'infection est le résultat de l'agression d'un orga- (SDMV)
nisme par une bactérie, un virus, un parasite ou un Présence de plusieurs d y s f o n c t i o n s d'organe ne
champignon. Il en résulte une réponse inflammatoire permettant plus de maintenir l'homéostasie sans
liée à la présence de l'agent pathogène ou à l'invasion intervention.
du tissu. La bactériémie traduit la présence de bac-
téries viables dans le sang. De la même façon, vire- 2 PHYSIOPATHOLOGIE
mie, fongémie, parasitémie traduisent la présence de
virus, champignons, parasites. Le sepsis grave est une pathologie dont l'incidence est
estimée à 50-95 cas/100 000 ; son augmentation est
2. Syndrome de réponse inflammatoire
systémique (SRIS) estimée à 9 % par an.
Ce syndrome se caractérise par l'association de plu- 1. Événement initiateur
sieurs signes peu spécifiques pouvant être la consé- L'induction d'une réponse de l'hôte est liée soit à un
quence de différentes agressions cliniques graves produit de sécrétion du pathogène, soit à l'un de ses
(pancréatite aiguë, ischémie, polytraumatisme, choc fragments. Pour les bactéries à Gram positif ou né-
hémorragique, maladie de système). gatif, l'acide téchoïque et le lipopolysaccharide consti-
On parle de SRIS lors de l'association d'au moins deux tuent r e s p e c t i v e m e n t des f r a g m e n t s de p a r o i s
des signes suivants : capables d'induire un sepsis et un choc septique.
- température corporelle > 38 °C ou < 36 °C ; Face à cette agression, l'hôte met successivement en
- rythme cardiaque > 90 battements/min ; jeu une série de moyens de défenses comprenant : les
- rythme respiratoire > 20/min ou hyperventilation se barrières naturelles (épithéliums...), l'immunité innée
traduisant par une PaCO2 < 32 mmHg (< 4,3 kPa] en puis adaptative. Un déséquilibre de ces différents
air ambiant ; moyens participe à l'évolution vers une réponse ina-
- leucocytes > 12 000/mm 3 ou < 4 000/mm 3 ou > 10 % daptée se caractérisant cliniquement par la survenue
de cellules immatures (en l'absence d'autres cau- du choc septique.
ses connues). 2. Immunité innée et adaptative
3. Sepsis Dès la pénétration de l'agent pathogène dans l'orga-
II représente l'association du syndrome de réponse nisme, après le franchissement des barrières naturel-
inflammatoire systémique avec une infection confir- les, l'immunité innée représente la première ligne de
mée au moins cliniquement. défense de l'organisme. Elle a pour intermédiaires un
4. Sepsis grave ensemble de cellules et de médiateurs solubles pré-
C'est un sepsis associé à une dysfonction d'organe, sents à l'état normal dans l'ensemble de l'organisme.
une hypoperfusion ou une hypotension : La composante cellulaire associe les macrophages tis-
- la dysfonction d'organe se définit par : sulaires, les cellules dendritiques, les leucocytes et les
• une hypoxémie ; macrophages. Les facteurs solubles regroupent le sys-
• un débit urinaire < 0,5 ml/kg/h ; tème du complément, les collectines, les défensines
• une coagulopathie ; et les autres peptides antimicrobiens. Le rôle de l'im-
• une acidose métabolique ; munité innée est d'éliminer l'agent infectieux en or-
- l'hypoperfusion se traduit habituellement, mais non chestrant ces différents acteurs. La présentation par
exclusivement, par : les cellules dendritiques des peptides microbiens aux
• une acidose lactique ; lymphocytes T naïfs permet par sélection clonale le
• une oligurie ; développement de l'immunité adaptative. Il en résulte
• une encéphalopathie aiguë ; une prolifération de lymphocytes T et B avec produc-
- l'hypotension se définit comme une PA systolique tion d'anticorps spécifiques. Ceci permet d'insister sur
< 90 mmHg ou une réduction d'au moins 40 mmHg l'importance de la réponse initiale, innée, qui condi-
des chiffres tensionnels habituels, en l'absence tionne la réponse adaptative. L'activation de l'immu-
d'autre cause connue d'hypotension (médicaments nité innée repose sur la reconnaissance de motifs
hypotenseurs, choc cardiogénique). moléculaires spécifiques des agents pathogènes qui
5. Choc septique n'ont pas d'équivalent chez l'hôte (reconnaissance du
C'est un sepsis associé à une hypotension persistante, non-soi). Un polymorphisme génétique touchant cette
malgré un remplissage vasculaire adapté qualitative- signature moléculaire, en modifiant ainsi la structure
ment et quantitativement, accompagnée ou non de ou la quantité, est responsable d'une plus grande sus-
signes d'hypoperfusion. Les patients qui sont sous ceptibilité à l'infection.
drogues inotropes ou vasopressives peuvent ne plus De l'activation de l'immunité innée puis adaptative naît
être hypotendus au moment où les anomalies de per- une réponse cellulaire et humorale.
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États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité
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États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité
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États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
ponibles en 2007, quel que soit le phénotype de sensi- biothérapie, acheminé rapidement au laboratoire en
bilité in vitro à ces antibiotiques. Une résistance à l'éry- informant le microbiologiste du contexte clinique et
thromycine et à la clindamycine a s s o c i é e à une des hypothèses diagnostiques.
sensibilité à la pristinamycine chez S. aureus laisse 2. Sang
préjuger de la présence d'une résistance de type ML5B
* Hémocultures
(macrolides, lincosamides et streptogramines B), qui
Réalisation
pourrait compromettre l'efficacité bactéricide de la
Les hémocultures doivent être réalisées le plus tôt
pristinamycine in vivo. Une résistance à l'acide nalidixi-
possible dans l'évolution de la maladie, avant tout trai-
que associée à une sensibilité vis-à-vis des fluoroqui-
tement anti-infectieux. Le nombre et le rythme des
nolones, chez E. coli par exemple, est l'indicateur d'une
hémocultures dépend de :
résistance de premier niveau qui pourra évoluer vers
- l'état clinique du patient : en cas de nécessité d'un
une résistance touchant les fluoroquinolones, en par-
traitement anti-infectieux urgent, 2 prélèvements
ticulier en cas de traitement prolongé à doses
espacés d'une demi-heure sont pratiqués ;
insuffisantes en monothérapie.
- l'existence et les caractéristiques de la fièvre : dans
De plus, cette classification in vitro en espèces sensi- le cas d'une fièvre continue, 3 prélèvements espa-
bles, intermédiaires ou résistantes n'est qu'un des
cés d'au moins 1 heure sont réalisés, alors que dans
éléments prédictifs de l'efficacité in vivo d'un antibio- le cas d'une fièvre discontinue, les hémocultures
tique, au même titre que les caractéristiques PK/PD
sont réalisées au moment de l'ascension thermique,
de l'antibiotique et les caractéristiques génétiques et
des frissons ou en cas d'hypothermie.
immunitaires de l'hôte (Cf. Chap. 5.1).
La méthode de référence pour la réalisation d'une hé-
• Activité des antifongiques et antifongigramme moculture est la ponction veineuse, même si elle est
La détermination de la sensibilité aux antifongiques re- possible sur cathéter ou dispositif implantable, mais
prend les mêmes principes que pour les bactéries, avec avec un risque de contamination augmenté. Elle doit
notamment la détermination de la CMI en milieu liquide être réalisée avant tout autre prélèvement sanguin.
et surtout l'E-test®. Cependant, la valeur prédictive in- Après lavage antiseptique des mains de l'opérateur,
suffisante des antifongigrammes actuels en limite la le site de ponction est préparé en 3 temps. Le dispo-
réalisation à des indications particulières (levures sitif de ponction veineuse spécifique "hémoculture"
isolées d'un prélèvement profond dont hémocultures, est introduit dans la veine et l'autre extrémité du dispo-
infections récidivantes résistantes au traitement, sen- sitif est piquée dans l'opercule des flacons pour aéro-
sibilité variable aux antifongiques, comme C. glabrata bies et anaérobies, préalablement désinfectés. Ils
par exemple, chez des patients fragilisés). doivent être remplis jusqu'au niveau requis (environ
• Activité des antiviraux 10 ml chez l'adulte). Les flacons d'hémoculture doivent
La caractérisation phénotypique de la sensibilité des être envoyés le plus rapidement possible au laboratoire
virus aux antiviraux peut être effectuée par la déter- de bactériologie. Celui-ci doit être prévenu en cas de
mination des concentrations d'antiviral inhibant 50 % suspicion de bactérie à croissance lente (Brucella spp,
de la réplication virale (CI50) (HSV, CMV), en mesu- Francisella spp, Bartonella spp, bactéries du groupe
rant soit l'ADN viral par hybridation, soit les plages de HACCEK [Haemophilus, Actinobacilius actinomycetem-
lyse, soit l'effet cytopathique. Ces techniques rare- comitans, Cardiobacterium, Capnocytophaga, Eikeneila,
ment utilisées en pratique clinique sont réalisées en Kingella]), de même qu'en cas de recherche spécifique.
cas de résistance ou de récidive après traitement. En cas de recherche spécifique (champignon ou myco-
Les tests génotypiques se fondent sur l'analyse des bactérie), un flacon spécifique (type Mycosis® ou Isola-
mutations présentes dans les gènes du fait de leur tor®) est rempli à la suite des flacons aéroanaérobies.
corrélation avec la sensibilité virale (transcriptase in- Interprétation
verse et protéase pour le VIH, kinase et polymérase En pratique, la signification clinique du résultat des
pour le CMV). Ces tests sont particulièrement utilisés hémocultures augmente avec le nombre d'hémocul-
dans la prise en charge de l'infection par le VIH (Cf. tures positives à un même micro-organisme. Plusieurs
Chap. 91.2). hémocultures positives à des micro-organismes
différents peuvent se rencontrer sur des terrains par-
[2] EXAMENS BIOLOGIQUES PAR SITE : ticuliers (cirrhose hépatique, dysimmunité) et/ou
RÉALISATION ET INTERPRÉTATION orientent vers un foyer digestif ou cutané selon les
micro-organismes.
1. Principes généraux Une seule hémoculture positive a une valeur certaine
En règle générale, la réalisation de prélèvements à lorsque le micro-organisme isolé est un pathogène
visée diagnostique microbiologique doit être large lors spécifique ou un opportuniste dans un contexte clini-
de tout geste invasif, dès lors qu'il existe une suspicion que compatible. Dans le cas de l'isolement d'un sta-
d'infection. Tout prélèvement doit être réalisé dans phylocoque à coagulase négative, d'une corynébactérie,
des conditions optimales d'asepsie, avant toute anti- d'un streptocoque oral, de Propionibacterium spp,
31
Examens complémentaires en pathologie infectieuse
Bacillus spp, Micrococcus spp, il peut s'agir d'une conta- est aussi utile pour le débrouillage en cas de symptô-
mination (hémoculture faussement positive). mes atypiques ou pour le dépistage systématique dans
Des hémocultures négatives ne permettent pas d'éli- certaines situations à risque, comme la femme enceinte
miner formellement le diagnostic d'infection bacté- par exemple.
rienne ou fongique systémique. Elles doivent faire Réalisation
discuter la possibilité de faux négatifs, du fait d'un trai- L'urine doit être recueillie dans un récipient propre et
tement antibiotique/antifongique précessif et/ou en sec ne contenant pas de traces de détergent ou d'anti-
cours, d'une infection par des bactéries à croissance septique. L'échantillon doit être homogénéisé avant
lente (streptocoques déficients, bactéries du groupe l'analyse qui doit avoir lieu dans les 2 heures suivant
HACCEK), de la présence de bactéries intracellulaires la miction.
ne cultivant pas ou mal en flacon d'hémoculture Les zones réactives doivent être plongées dans l'urine
aéroanaérobies standard. puis être immédiatement retirées. La lecture de l'acti-
* Frottis sanguin vité de la nitrate réductase et de la leucocyte estérase
Il est réalisé à partir d'une goutte de sang prélevée doit se faire en respectant les conditions de lecture
par piqûre au bout d'un doigt ou d'un tube de sang sur énoncées par le fabricant (en général après 1 minute
anticoagulant, au besoin au lit du malade. d'attente, mais sans excéder 2 minutes).
Pour la recherche de Plasmodium, le frottis sanguin Interprétation
avec coloration de May-Grünwald-Giemsa est la tech- La leucocyte estérase reflète la présence de polynu-
nique la plus utilisée. C'est une technique rapide qui cléaires dans les urines, avec une sensibilité de 75 à
permet une bonne identification de l'espèce plasmo- 90 % et une spécificité de plus de 95 %. Un test faus-
diale et l'évaluation du pourcentage d'hématies para- sement négatif peut se voir en cas de glycosurie ou de
sitées. Idéalement, le prélèvement est effectué au protéinurie importante. Le test au nitrite est positif en
moment du clocher thermique, avant toute prise d'an- cas de présence de bactéries à Gram négatif qui ré-
tipaludéens. Il peut être aussi positif chez des patients duisent le nitrate en nitrite par le biais de la nitrate
apyrétiques. Il peut être mis en défaut dans les formes réductase lorsque leur taux atteint 105/ml. Ce test a
pauciparasitaires. Dans les formes graves de palu- une sensibilité de 35 à 85 % (test négatif en cas d'infec-
disme, une mesure de la parasitémie au 3e jour per- tion par des bactéries dépourvues de nitrate réductase,
met d'évaluer l'efficacité du traitement et de guider tels les staphylocoques, les entérocoques ou Pseudo-
une éventuelle modification thérapeutique. monas aeruginosa) et une spécificité de 95 % (test faus-
sement positif en cas de réalisation sur des urines non
Dans la recherche de filarioses lymphatiques, le frot-
tis sanguin permettant de mettre en évidence les micro- conservées au froid).
filaires doit être réalisé à certains moments précis de La combinaison des 2 tests permet d'améliorer la sen-
la journée en fonction du type de filariose (entre 11 et sibilité et la valeur prédictive négative. La valeur pré-
15 heures pour Loa loa, après 22 heures pour Wuche- d i c t i v e négative c o m b i n é e (les 2 tests n é g a t i f s )
reria bancrofti). supérieure à 95 % permet de ne pas réaliser d'ECBU
dans la majorité des situations. La valeur prédictive
Le frottis sanguin coloré peut aussi être indiqué pour
positive médiocre (environ 60 % en cas de positivité
la recherche de leishmanies, de trypanosomes, de
de l'un ou l'autre des 2 tests) doit conduire à la réali-
Borrelia recurrentis et de Babesia.
sation d'un ECBU dans la plupart des cas.
* Techniques de concentration
* Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
Goutte épaisse, microcentrifugation, gradient de den-
Réalisation
sité améliorent le rendement diagnostique par rap-
port au frottis sanguin. Ainsi, la goutte épaisse est plus L'ECBU doit être pratiqué avant toute antibiothérapie,
sensible que le frottis sanguin dans la mise en évi- de préférence sur la première miction du matin. Après
lavage des mains et toilette au savon ou avec une
dence de Plasmodium mais avec un temps de réponse
solution de Dakin de la zone vulvaire ou du méat uré-
plus long (1 à 2 heures) et sans permettre l'identifica-
thral, suivi d'un rinçage, les urines du 2e jet (après avoir
tion de l'espèce plasmodiale ni le calcul précis de la
éliminé les 20 premiers ml du 1 er jet) sont recueillies
parasitémie.
dans un flacon stérile sans toucher les bords supé-
3. Urines rieurs de ce flacon.
* Bandelette urinaire (BU) Les urines du 1 er jet peuvent être recueillies après
La BU n'est utile que chez les patients non sondés. massage prostatique en cas de suspicion de prosta-
Elle peut suffire à elle seule dans la prise en charge tite chronique. La détection de Chlamydia trachomatis
des cystites simples de la jeune femme non enceinte. par PCR se fait sur les urines du 1 er jet sans toilette
Elle est moins sensible que l'examen cytobactériolo- préalable. L'évocation du diagnostic d'urétrite ou de
gique des urines (ECBU) pour le diagnostic des infec- prostatite doit faire envisager la réalisation d'un
tions urinaires, qu'elle ne remplace donc pas et qui prélèvement urétral ou d'une spermoculture (Cf.
seul permet la réalisation d'un antibiogramme. Elle Chap. 43,44).
32
Examens complémentaires en pathologie infectieuse
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
mais peut être conservé une nuit à + 4 °C. Même si tout 5 Prélèvements de la sphère ORL
prélèvement des selles est mis en culture sur milieu Sécrétions nasales et rhinopharyngées, pus de sinus
sélectif d'isolement pour entérobactéries pendant 24 Le prélèvement pour isolement viral (pour virus in-
à 48 heures, le laboratoire de microbiologie doit être fluenza et para-influenza, rhinovirus, myxovirus, VRS,
informé en cas de recherches spécifiques. La recherche métapneumovirus, Herpès simplex...} et pour certai-
de salmonelles, shigelles, Yersinia, Campylobacter, nes bactéries (Bordetella, mycoplasme) se fait par
Clostridium difficile ou E. coli 0:157 doit être réalisée écouvillonnage de la paroi pharyngée postérieure, ou
sur des milieux et/ou dans des conditions de culture mieux par lavage nasopharyngé, et acheminement au
spécifiques. Il en est de même pour la recherche de laboratoire dans un milieu de transport adapté.
bactéries multirésistantes. Enfin, la recherche de Un frottis de muqueuse nasale réalisé à l'aide d'une
toxine doit être effectuée pour certaines souches curette peut être réalisé en cas de suspicion de lèpre
entérotoxinogènes (S. aureus par exemple). indéterminée ou lépromateuse.
Interprétation Le prélèvement de pus sinusien se fait au niveau du
L'examen direct microscopique après coloration de méat moyen, plus souvent pour des raisons épidémie-
Gram permet d'objectiver la présence (en cas de diar- logiques que de diagnostic étiologique.
rhée à bactéries invasives) ou l'absence (en cas de * Pus auriculaire
diarrhée à bactéries entérotoxinogènes) de leucocytes. Le pus auriculaire peut être prélevé après nettoyage
* Recherche de toxines de C. difficile du conduit auditif externe puis paracentèse à l'aide
= Examen parasitologique des selles d'un cathéter ou avec 2 écouvillons, l'un servant à réa-
La technique de prélèvement est la même que pour la liser un étalement sur lame et l'autre étant directe-
coproculture, avec encore plus la nécessité d'obtenir ment mis dans un milieu de transport. Les sécrétions
mucopurulentes au cours d'une otite externe peuvent
des selles émises très récemment (idéalement au
aussi être prélevées par écouvillonnage.
laboratoire). Il doit être répété du fait du caractère
intermittent de l'élimination des kystes/œufs/larves. Un * Prélèvements de gorge
examen direct est réalisé, avant et après coloration Le test de diagnostic rapide (TDR) streptococcique est
(lugol, MIF ou coloration spécifique du parasite recher- utilisé pour faire le diagnostic rapide de l'origine strep-
ché), pour la mise en évidence d'helminthes, de formes tococcique d'une angine aiguë érythématopultacée ou
érythémateuse. Il repose sur un écouvillonnage direct
végétatives ou kystiques d'amibes ou de flagellés ou
des amygdales ou du pharynx sans contamination par
d'oocystes de coccidies. Des techniques d'enrichisse-
d'autres éléments de la cavité buccale. La technique de
ment doivent être réalisées, notamment pour la mise
révélation varie selon les kits utilisés. La sensibilité du
en évidence d'œufs d'helminthes et de kystes de proto-
TDR est supérieure à 90 % et sa spécificité supérieure
zoaires. L'utilisation d'une technique d'extraction (non
à 95 %. La valeur prédictive négative est supérieure à
systématique dite de Baermann) est nécessaire à la 96 % et la valeur prédictive positive supérieure à 90 %.
recherche de larves rhabditoïdes d'anguillules.
L'examen cytobactériologique d'un prélèvement de
* Autres techniques parasitaires gorge peut être réalisé dans le cas d'une angine aiguë :
Le scotch test anal se réalise en collant un morceau - s'il existe des facteurs de risque de RAA ;
de ruban adhésif transparent sur un abaisse-langue - en cas d'aspect évocateur d'une origine streptococ-
(côté adhésif à l'extérieur), puis en l'appliquant forte- cique avec un TDR négatif ;
ment sur les plis radiaires de l'anus après avoir écarté - devant une angine ulcéronécrotique ou vésiculeuse,
les fesses du patient. Le ruban adhésif est ensuite une suspicion de diphtérie ou un phlegmon de
collé sur une lame de verre pour analyse microscopi- l'amygdale.
que à la recherche d'oxyurose ou plus rarement de Il est réalisé avant toute antibiothérapie à l'aide de
taeniase. 2 écouvillons pour examen direct et la mise en cul-
La biopsie de muqueuse rectale est utile dans le diag- ture sur milieu adapté. Un prélèvement mycologique
nostic des bilharzioses. Elle est effectuée à l'aide peut également être réalisé devant une candidose
d'une pince en zone anormale, voire en zone appa- oropharyngée.
remment saine. Le fragment est ensuite analysé sous 6, Sécrétions bronchopulmonaires
microscope à la recherche d'œufs de Schistosoma. - Réalisation
* Recherche de virus dans les selles Le diagnostic microbiologique des infections broncho-
Elle peut être effectuée sur un échantillon de selles pulmonaires repose sur le recueil de prélèvements
recueilli comme décrit précédemment. Cette recher- des sécrétions des voies aériennes inférieures non
che concerne essentiellement des parvovirus dont le contaminées par la flore oropharyngée.
virus de Norwalk et des réovirus dont le rotavirus, - Le recueil de l'expectoration, en vue d'un examen
mais aussi parfois les entérovirus, astrovirus et co- cytobactériologique des crachats (ECBC), doit être
rona-like virus. effectué après lavage antiseptique puis rinçage de la
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
cavité buccale, au cours d'un effort de toux si possi- être acceptable. Au-delà, l'ECBC perd toute validité du
ble provoqué (kinésithérapie), et en retenant plutôt fait d'une contamination avérée par la salive et ne doit
les échantillons émis après plusieurs rejets. La re- pas être mis en culture. L'examen direct après colo-
cherche de cryptocoque, d'Aspergillus, d'Histoplasma ration de Grain peut permettre de révéler une flore
ou de Pneumocystis peut aussi se faire sur un exa- bactérienne très prédominante, voire des trophozoïtes
men des expectorations induites. ou des kystes de Pneumocystis jiroveci, après colora-
- La recherche de BK s'effectue sur 3 prélèvements, tion de Gomori-Grocott. L'isolement après mise en
3 jours consécutifs, le matin à jeun. En l'absence d'ex- culture de 1 ou 2 pathogènes potentiels à un taux
pectoration, des tubages gastriques doivent être effec- >= 10 7 /mlest un argument en faveur de la responsabi-
tués également 3 jours consécutifs, le matin à jeun. lité de cette ou ces bactérie(s).
- L'aspiration endotrachéale permet d'obtenir un pré- Le seuil de significativité pour les bactéries est >= 103/ml
lèvement non dirigé des sécrétions endotrachéales pour le brossage bronchique protégé,>= 104/ml pour les
mais avec un risque élevé de contamination par la lavages bronchoalvéolaires et >= 106/ml pour les aspi-
flore oropharyngée. rations endotrachéales. Ces critères quantitatifs ne
- Le brossage bronchique protégé, intéressant en cas sont pas nécessaires pour les bactéries de genre
de foyer individualisé, permet d'obtenir un prélève- Nocardia, Mycobacterium, Legionella, Actinomyces.
ment sous contrôle visuel per fibroscopique. 7 Liquide céphalorachidien (LCR)
- Le lavage bronchoalvéolaire (LBA) permet d'explorer Réalisation
un territoire pulmonaire plus large et est particuliè- Le prélèvement de LCR s'effectue le plus souvent par
rement intéressant en cas d'atteinte diffuse et dans ponction lombaire. En cas de suspicion de méningite,
le diagnostic des pneumopathies des immunodépri- la ponction lombaire doit être réalisée avant toute an-
més, en permettant une recherche large de pathogè- tibiothérapie, sauf en cas de suspicion de méningite à
nes (bactériens, viraux, fongiques et parasitaires). méningocoque prise en charge en dehors du milieu
* Interprétation hospitalier. Au moins 3 tubes de 1 ml de LCR sont pré-
La validité d'un ECBC est établie sur la présence de levés. L'acheminement au laboratoire doit être rapide
polynucléaires neutrophiles (> 25/champ). Dans ce (moins de 30 minutes) et protégé du froid, du fait de
cas, un faible nombre de cellules épithéliales par la fragilité de certaines bactéries (méningocoque) et
champ (< 10) garantit un faible risque de contamina- de la lyse rapide des polynucléaires. Pour une meil-
tion par la salive, même si un taux inférieur à 25 peut leure interprétation en cas de blessure vasculaire, le
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
dernier tube prélevé doit être réservé pour l'examen Même si le prélèvement peut être unique, il est cepen-
cytologique. dant recommandé de faire plusieurs prélèvements
• Interprétation dans différents sites du champ opératoire (idéalement
L'examen direct du LCR après coloration de May-Grün- plus de 6), après changement de curette ou de trocart
wald-Giemsa permet de dénombrer les leucocytes et après chaque prélèvement, spécialement en cas de
donne, couplé à l'analyse biochimique, une orienta- suspicion d'infection de prothèse ostéoarticulaire.
tion diagnostique (T4-2) qui n'a de valeur que si elle * Interprétation
intègre les données cliniques. Après broyage, le prélèvement est mis en culture sur
Le diagnostic étiologique présomptif est apporté par milieux pour micro-organismes à Gram positif, à Gram
la mise en évidence du micro-organisme à l'examen négatif, anaérobie, voire BK (Lowenstein) ou fongiques
direct (après coloration de Gram), le diagnostic de (Sabouraud). L'isolement d'un saprophyte de la peau
certitude après mise en culture, éventuellement sur doit faire discuter de la responsabilité, sauf en cas
milieux spéciaux (BK) ou sur cultures cellulaires. d'isolement répétés (au moins 3).
D'autres techniques à demander spécifiquement peu- 10. Prélèvements de La peau et des phanères
vent être utilisées en complément, parmi lesquelles Les prélèvements de peau sont réalisés par écouvil-
la recherche de Cryptococcus neoformans par colora- lonnage de la peau au centre de la lésion, en prenant
tion à l'encre de Chine, la recherche d ' a n t i g è n e s garde de ne pas les contaminer par des bactéries
solubles bactériens viraux ou cryptococciques ou la colonisant le pourtour de la lésion. Cependant, pour
PCR (BK, HSV, CMV). la recherche de dermatophytes, le prélèvement est
8. Pus et liquides d'épanchement plutôt réalisé à la curette (lésions sèches) et en péri-
* Réalisation phérie de la lésion.
Les prélèvements doivent être réalisés avant toute La recherche d'infections cutanées atteignant le derme
antibiothérapie dans des conditions strictes d'asepsie. ou de parasites (cryptocoque, leishmaniose cutanée)
Dans le cas d'épanchements articulaires, les prélève- peut se faire sur biopsie cutanée (en particulier des
ments effectués au bloc opératoire doivent être privi- éléments nécrotiques dans le purpura fulminans). La
légiés. Le pus ou le liquide prélevé doit être acheminé recherche de leishmanie peut également se faire par
au laboratoire rapidement dans des tubes stériles ou scarification des berges de la lésion. La recherche de
à défaut dans une seringue stérile bouchée sans air, de teigne se fait sur des cheveux ou des poils de barbe
même qu'un flacon d'hémoculture aérobie et un anaé- arrachés avec une pince (teigne des cheveux et de la
robie ensemencé avec le liquide prélevé, pour analyse barbe) ou sur des squames prélevées par grattage avec
microbiologique. Un tube avec anticoagulant doit être un vaccinostyle, avec examen direct et mise en culture
également acheminé pour l'analyse cytologique et sur milieu de Sabouraud.
anatomopathologique. 11. Sécrétions génitales
* Interprétation * Prélèvements du tractus anogénital
L'examen direct du liquide d'épanchement et après Réalisation
coloration (de May-Grünwald-Giemsa) permet de Les prélèvements urétraux et vaginaux se font par
dénombrer les leucocytes qui, couplés à l'analyse bio- écouvillonnage, avec des écouvillons en dacron ou en
chimique et à l'examen anatomopathologique peuvent alginate (et non en coton) si la présence de Neisseria
donner une orientation diagnostique à confronteraux gonorrhoeae ou de Chlamydia est suspectée. Ces écou-
données cliniques. villons doivent être placés dans un milieu de transport.
L'examen microscopique après coloration de Gram à En présence d'une ulcération, un écouvillonnage est
partir d'un culot de centrifugation peut permettre l'ob- réalisé sur les berges et/ou la base de la lésion, après
servation de bactéries. La mise en culture sur milieu élimination des sérosités éventuelles avec un tampon
adapté permet l'isolement et l'identification des bac- imbibé d'eau physiologique stérile.
téries. La mise en évidence d'une bactérie saprophyte Interprétation
de la peau doit faire discuter de sa responsabilité, sauf
L'examen microscopique à l'état frais, ou après colora-
en cas d'isolement répété.
tion de May-Grünwald-Giemsa ou de Gram, permet de
9. Prélèvements osseux visualiser la présence de Trichomonas vaginatis, de
* Réalisation C. albicans dans le cas de vaginites, de cellules vagina-
Les prélèvements osseux sont souvent incontourna- les superficielles avec disparition du contour de la
bles, du fait d'une faible concordance des micro- cellule recouvertes de bactéries corynéformes ou anaé-
organismes isolés superficiellement avec ceux isolés robies (clue-cells) dans le cas de vaginoses, de Haemo-
chirurgicalement au site de l'infection (notamment philus ducreyi dans le cas de c h a n c r e mou, de
dans le pied diabétique). Ils doivent être réalisés au polynucléaires contenant des diplocoques à Gram néga-
bloc opératoire avant toute antibiothérapie, ou après tif dans le cas de gonococcies. La présence de Chlamy-
2 semaines d'arrêt en cas d'antibiothérapie préalable. diae peut être mise en évidence en immunofluorescence
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
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Examens complémentaires en pathologie infectieuse
4. L'IRM
L'IRM est la référence en imagerie en termes de pré-
cocité, de sensibilité et de spécificité dans les infections
cérébroméningées (en particulier dans l'analyse du cor-
tex, de la substance blanche et des espaces sous-
arachnoïdiens dans les encéphalites et les abcès
cérébraux), les infections ostéoarticulaires (notamment
les spondylodiscites et les épidurites] et les infections
vasculaires (anévrysme infectieux). Elle permet égale-
ment de guider la biopsie, notamment dans les spon-
dylodiscites. La non-disponibilité en urgence peut
cependant parfois faire préférer dans ces indications le
scanner qu'elle peut compléter secondairement.
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Antibiothérapie : principes généraux
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Antibiothérapie : principes généraux
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Antibiothérapie : principes généraux
concentrations plasmatiques sont dans cette fenêtre la prostate et les milieux oculaires (Cf. chapitres spé-
de sélection est important. cifiques). Par ailleurs, dans les endocardites, seules
* Associations d'antibiotiques des concentrations sériques très élevées permettent
L'objectif de l'association de 2 antibiotiques peut être : aux antibiotiques de diffuser dans les végétations.
- d'élargir le spectre antibactérien ; * Demi-vie sérique (T1/2)
- et/ou de rechercher une synergie entre 2 antibioti- La demi-vie est habituellement utilisée pour détermi-
ques connus pour être synergiques ; ner l'intervalle des doses.
-et/ou de prévenir l'apparition de résistance à l'une Pour les antibiotiques temps-dépendants dépourvus
ou l'autre des molécules utilisées en association. d'effet postantibiotique, tels les B-lactamines sur les
L'activité antibactérienne des associations d'anti- bactéries à Gram négatif et les glycopeptides sur les
biotiques peut être étudiée au laboratoire par diffé- bactéries à Gram positif, il est important de ne pas
rentes t e c h n i q u e s qui ont permis d ' é t a b l i r les dépasser les intervalles dictés par la demi-vie, ou le
concepts de synergie, indifférence et antagonisme. cas échéant de privilégier la perfusion continue (en
Ainsi, si l'association B-lactamines-aminosides est tenant compte des contraintes de stabilité de l'anti-
habituellement synergique, toute association d'anti- biotique considéré).
biotiques ne signifie pas automatiquement gain ou Les antibiotiques dont l'activité antibactérienne est
même simple additivité en termes d'efficacité. "dose-dépendante" et qui exercent un effet postanti-
3. Caractéristiques pharmacocinétiques biotique, tels les aminosides, peuvent être adminis-
des antibiotiques trés à intervalles plus espacés : une injection toutes
À l'inverse de la pharmacodynamie, la pharmacociné- les 12 heures, voire toutes les 24 heures dans certai-
tique étudie les effets de l'organisme sur l'antibiotique. nes circonstances, pour une demi-vie de l'ordre de
• Absorption 2 heures.
La biodisponibilité des antibiotiques administrés par Les céphalosporines et la vancomycine, dont l'activité
voie orale est très variable selon les produits et influe est temps-dépendante, peuvent être administrés en
sur le choix de la posologie. perfusion continue. L'antibiotique à longue T 1/2 conti-
Certains antibiotiques ont une biodisponibilité nulle ou nue d'exercer son activité après l'arrêt du traitement.
très faible et doivent impérativement être administrés Plus ce délai est long, plus le risque de sélection de
parvoie parentérale pour exercer un effet systémique mutants résistants est important (azithromycine...).
(aminosides, polypeptides, certaines B-lactamines). * Élimination
D'autres antibiotiques ont une biodisponibilité excel- Les deux voies essentielles d'élimination des antibio-
lente, atteignant des taux sériques et tissulaires aussi tiques sont urinaire et/ou biliaire, sous forme méta-
élevés par voie orale que par voie parentérale : rifam- bolisée ou non.
picine, fluoroquinolones, sulfamides et dérivés, liné- En cas d'insuffisance hépatocellulaire, les antibioti-
zolide. Pour les molécules ayant une biodisponibilité ques à métabolisme hépatique prédominant doivent
moyenne (50-70 %), l'activité clinique est potentielle- être évités car l'adaptation posologique ne peut être
ment moindre parvoie orale que parvoie parentérale, qu'empirique.
à moins d'augmenter les posologies de la voie orale En revanche, en cas d'insuffisance rénale, facilement
(B-lactamines). évaluée par la clairance de la créatinine, on peut uti-
Pour certains antibiotiques, l'absorption digestive est liser soit des antibiotiques à métabolisme hépatique,
diminuée par la prise d'aliments (certaines céphalos- sans modification de la posologie, soit des antibioti-
porines orales, fosfomycine trométamol) ou la prise ques à élimination rénale, avec adaptation des moda-
concomitante d'antiacides à base de cations divalents : lités d'administration en fonction de la clairance de la
calcium, aluminium, magnésium (cas des tétracycli- créatinine, qui peut être calculée par la formule de
nes et des fluoroquinolones). Cockroft :
* Diffusion = volume de distribution Clairance
La diffusion dans l'organisme se définit par le volume de la créatinine =
de distribution qui peut intéresser préférentiellement
certains organes (par exemple les aminosides ont un (R = 1,23 chez l'homme)
volume de distribution faible excepté dans le rein). (R = 1,04 chez la femme)
La diffusion est modérée pour les B-lactamines, les Une diminution de la clairance de la créatinine conduira
aminosides, les glycopeptides ; bonne pour les tétra- soit à réduire la posologie (antibiotiques temps-dépen-
cyclines, les macrolides, les fluoroquinolones, la fos- dants), soit à espacer les doses (antibiotiques concen-
fomycine, les C3G par voie parentérale et l'acide tration-dépendants).
fusidique. Les dosages d'antibiotiques (pic et vallée en cas d'ad-
Les sites les plus difficiles d'accès pour les antibioti- ministration discontinue, résiduelle en cas d'adminis-
ques sont le liquide céphalorachidien, le cerveau, l'os, tration continue) doivent permettre de s'assurer de
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Antibiothérapie : principes généraux
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Antibiothérapie : principes généraux
-la sensibilité des bactéries responsables aux anti- de l'élimination des antibiotiques et/ou une augmen-
biotiques usuels est régulièrement documentée par tation du volume de distribution : grossesse, ascite,
des études épidémiologiques. L'extension continue œdème.
des résistances réduit le nombre de ces situations. 4. Faut-il utiliser une association
3. Quel antibiotique utiliser ? d'antibiotiques ?
Le choix initial repose sur l'analyse de plusieurs Une monothérapie suffit pour traiter efficacement la
critères. plupart des infections courantes.
* La bactérie Le recours aux associations d'antibiotiques peut avoir
En l'absence de certitude (prélèvements microbiologi- pour but :
ques en attente ou non faits), la nature de la bactérie - d'éviter l'émergence de bactéries résistantes dans
peut être évoquée sur un certain nombre d'arguments le foyer infectieux ;
tels que la clinique, la porte d'entrée, le terrain, le - l'obtention d'une bactéricidie accrue (recherche d'un
contage. effet synergique) ;
En cas d'infection sévère ou de terrain fragile, le traite- - et/ou l'élargissement du spectre antibactérien (trai-
ment après les prélèvements est probabiliste. Il est fondé tement d'urgence des infections sévères et micro-
sur la connaissance de la sensibilité usuelle du ou des biologiquement non documentées).
germe(s) habituellement en cause dans le type d'infec- Cependant, quel que soit le but, l'association d'antibio-
tion. Si le patient a reçu un antibiotique au préalable à tiques fait augmenter la pression de sélection sur la flore
dose adaptée pendant au moins 48 heures, les bactéries commensale. En conséquence, les prescriptions d'as-
à suspecter sont habituellement hors du spectre d'acti- sociations doivent être strictement limitées à des situa-
vité de cet antibiotique. tions bien définies. Les a n t i b i o t i q u e s utilisés en
Il convient enfin de préférer pour les antibiotiques à association doivent avoir une diffusion comparable au
activité comparable ceux dont l'impact sur la flore niveau du site infectieux considéré afin d'éviter les situa-
commensale est le plus faible. tions de "fausses associations". Le bien-fondé du main-
tien d'une association doit être réévalué, en particulier
* Le foyer infectieux
après identification bactérienne.
Il est nécessaire d'obtenir des concentrations effica-
ces au niveau du foyer. La connaissance des proprié- De ces trois arguments, isolés ou associés, découlent
tés pharmacocinétiques de chaque antibiotique est les indications d'une association d'antibiotiques :
donc indispensable. - selon la bactérie responsable et/ou l'antibiotique
(prévention de l'émergence de résistances) : myco-
En cas de foyer purulent, l'efficacité moindre des anti-
bactéries, Brucella, Enterobacter, Serratia, Citrobac-
biotiques (liée à un inoculum élevé, une diffusion moins
ter, Providencia et B-lactamines, Pseudomonas sp et
bonne et à des conditions physicochimiques particuliè-
B-lactamines ou fluoroquinolone, entérobactéries
res) impose d'obtenir une diminution rapide de la quan-
résistantes à l'acide nalidixique et fluoroquinolones,
tité de bactéries in situ (inoculum), en s'aidant du
Staphylococcus aureus et rifampicine, fluoroquinolo-
drainage chirurgical ou de techniques de ponction
nes, fosfomycine et acide fusidique ;
dirigée par imagerie (échographie, scanner). Cette stra-
- selon le site de l'infection : endocardite, infection
tégie majore l'efficacité et diminue le risque de sélec-
neuroméningée postchirurgicale, infection ostéoar-
tion de bactéries résistantes.
ticulaire, abdominopelvienne non documentée, infec-
* Le patient tion respiratoire grave non documentée ;
D'une façon générale, il faut privilégier la tolérance - selon le terrain sous-jacent : patient en état critique,
dans le traitement des infections bénignes. L'effica- neutropénique, infection nosocomiale.
cité est au premier plan dans le traitement des infec-
5. Le recours à la chirurgie est-il nécessaire ?
ticns sévères.
Toute collection doit faire envisager systématiquement
Le risque consenti dans le choix de l'antibiothérapie
une évacuation de celle-ci. Dans les suppurations
initiale doit être d'autant plus faible que le patient est
localisées, la priorité revient à l'évacuation de la collec-
plus fragile, soit du fait d'une immunodépression (neu-
tion par le biais d'une ponction guidée évacuatrice, d'un
tropénie, hémopathie maligne, traitement immuno-
drainage guidé par imagerie ou chirurgical, couplée à
suppresseur, corticothérapie, éthylisme chronique,
une antibiothérapie efficace.
âge avancé, diabète déséquilibré), soit du fait d'une
pathologie sous-jacente susceptible de décompensa- Le traitement rationnel et efficace des pathologies
tion (insuffisance respiratoire chronique, insuffisance infectieuses canalaires obstructives (biliaires et urinai-
cardiaque). res) repose sur la levée de l'obstacle couplée égale-
ment à une antibiothérapie efficace.
On privilégie alors les antibiotiques bactéricides, à
spectre large, ou des associations d'antibiotiques pour 6. Comment prescrire l'antibiothérapie ?
élargir le spectre. Les antécédents allergiques du pa- * Posologie et rythme d'administration
tient seront pris en compte, de même que les patho- Il convient dans toute antibiothérapie de respecter des
logies hépatiques ou rénales entraînant une diminution posologies et des rythmes d'administration de nature
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Antibiothérapie : principes généraux
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Antibiothérapie : principes généraux
rapie jugée initialement adaptée. La rechute est défi- - Une interaction chimique ou médicamenteuse est
nie parla réapparition, après l'arrêt du traitement, du parfois en cause aussi bien ex vivo (incompatibilité
syndrome infectieux et de la même bactérie. L'ab- chimique entre les B-lactamines et les aminosides,
sence de rechute est le seul critère absolu de guéri- dénaturation des (B-lactamines dans les solutés glu-
son d'une infection. coses...) qu'/'n vivo (inactivation des fluoroquinolones
L'échec d'une antibiothérapie peut être microbiologique par les métaux).
II est lié à : - Une posologie insuffisante est une cause fréquente
- un problème de cible dans le cas d'une antibiothé- d'échec, en particulier pour les tissus d'accès diffi-
rapie probabiliste : cile (méninges, encéphale, prostate, œil, os).
• soit avec un pari bactériologique exact mais avec L'échec d'une antibiothérapie peut être stratégique
un défaut de sensibilité de la ou des bactérie(s) en - L'existence d'un foyer clos (comme porte d'entrée ou
cause, comme localisation secondaire) peut rendre compte
• soit avec un pari bactériologique inexact, parce de l'échec d'une antibiothérapie en théorie adaptée
que la bactérie est d'une autre espèce que celle et doit faire envisager un traitement associé (ponc-
anticipée, tion ou drainage chirurgical).
• soit parce que la cause de l'infection est virale, pa- - La présence d'un matériel prothétique implique un
rasitaire ou mycosique, traitement prolongé après nettoyage chirurgical,
•soit enfin parce que la maladie n'est pas infec- voire son ablation.
tieuse ;
* Durée de traitement et critères de guérison
- un défaut de bactéricidie (la catégorisation 5/l/R de
- La durée du traitement est extrêmement variable se-
l'antibiogramme n'évalue que l'effet bactériostatique
lon le germe, la localisation infectieuse et le terrain.
des antibiotiques), soit un foyer non ou peu accessible
Les durées de traitement sont souvent codifiées à
à l'antibiotique, dans les cas où la bactérie demeure
partir des résultats d'essais thérapeutiques et d'étu-
sensible in vitro au traitement administré ;
des cliniques.
- soit à l'acquisition de résistance, en considérant les
- Lorsqu'une association comportant un aminoside
facteurs de risque d'une telle acquisition parmi les-
est utilisée, la durée de l'association est habituelle-
quels une densité bactérienne élevée, la présence
ment courte, de l'ordre de 2 à 5 jours, sauf en cas
d'un corps étranger, certaines bactéries (staphyloco-
d'endocardite.
ques, Pseudomonas sp...) et plus encore, certains anti-
- L'antibiothérapie doit être interrompue brutalement,
biotiques : acide fusidique, fosfomycine, rifampicine
sans posologie dégressive.
et fluoroquinolones.
- Le seul critère de guérison est l'absence de rechute
L'échec d'une antibiothérapie peut être pharmacologique à l'arrêt du traitement.
- Pour la voie orale, un défaut d'observance ou un
défaut d'absorption doivent être systématiquement
évoqués.
45
Effets indésirables des antibiotiques
* Critères sémiologiques
[1] GÉNÉRALITÉS
L'analyse des caractéristiques cliniques et paraclini-
La pharmacovigilance revêt un intérêt tout particulier ques des phénomènes observés permet ou non de les
à chaque stade du développement et de l'usage des rapprocher des effets secondaires connus des anti-
médicaments dont les antibiotiques, et depuis 1984, la biotiques, et surtout d'exclure dans la mesure du pos-
déclaration des effets indésirables des médicaments sible d'autres diagnostics.
est obligatoire tant pour le corps médical que pour l'in- Ces critères chronologiques et sémiologiques per-
dustrie pharmaceutique. Même si les effets indésira- mettent de classer la relation entre le médicament
bles des antibiotiques sont relativement peu fréquents utilisé et les signes observés en 5 catégories : cer-
et rarement graves, ils doivent être bien connus des taine, vraisemblable, plausible, douteuse, exclue.
prescripteurs, pris en compte lors de la prescription, C'est une méthode très sensible mais peu spécifique.
prévus dans le suivi, identifiés et rapportés en cas de Cependant, la déclaration systématique des effets
survenue.
secondaires, leur collecte et leur analyse par les
1. Origine des accidents et incidents dus structures de pharmacovigilance (centres régionaux
aux antibiotiques de pharmacovigilance dont ta liste figure dans le dic-
* Erreurs thérapeutiques tionnaire Vidal, ou responsable de pharmacovigilance
Erreur de posologie, de durée, de voie d'administration, du laboratoire pharmaceutique] sont les outils per-
non-respect des contre-indications, automédication. mettant à l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des
* Effets indésirables propres aux médicaments Produits de Santé (AFSSAPS) de modifier les autori-
- Liés à l'effet pharmacodynamique principal à savoir sations de mise sur le marché (AMM) des médica-
l'action antibactérienne : réaction de Jarisch-Herxhei- ments commercialisés. Cette déclaration est
mer lors du traitement de la syphilis, choc endotoxi- obligatoire pour les effets indésirables dits graves
nique lors du traitement de la fièvre typhoïde, (nécessitant ou prolongeant une hospitalisation,
perturbation de la flore intestinale par les antibioti- entraînant une invalidité ou une incapacité perma-
ques à large spectre, sélection de mutants résistants, nente mettant en jeu le pronostic vital, ou enfin res-
sélection de Clostridium difficile, sélection de levures. ponsable de décès).
- Liés à un effet pharmacodynamique secondaire des
antibiotiques : troubles digestifs sous érythromycine [2] MÉCANISMES
par action sur les récepteurs de la motiline, diarrhée
motrice due à l'acide clavulanique. Les principaux mécanismes à l'origine des effets
- Liés à un état particulier du patient : réaction d'hyper- secondaires des antibiotiques sont au nombre de
sensibilité, surdosage en cas d'insuffisance rénale quatre.
ou hépatique. 1. Hypersensibilité
2. Critères d'imputabilité Le terme d'immunotoxicité serait plus adapté pour
C'est l'établissement du lien de causalité entre un évé- ces manifestations. Le médicament lui-même ou l'un
nement clinique et un médicament. La seule certitude de ses métabolites est responsable de la sensibilisa-
de l'origine médicamenteuse d'un accident cutané est tion (rôle d'haptène). Les réactions font appel soit à
un test de réintroduction positif mais cette pratique est un mécanisme IgE-dépendant, soit à une action sur
toujours à risque et éthiquement discutable (risque de les cellules effectrices (immunomodulation, produc-
réaction encore plus grave). En l'absence de critères tion de cytokines).
cliniques, biologiques ou histologiques spécifiques, Dans la classification de Gell et Coombs :
l'imputabilité médicamenteuse s'appuie sur un fais- - les réactions de type 1 regroupent les phénomènes
ceau d'arguments "intrinsèque" et "extrinsèque". anaphylactiques (immuno-allergie vraie) ;
L'imputabilité "intrinsèque" repose sur des critères - les réactions de type 2 sont habituellement à l'ori-
sémiologiques et chronologiques. gine des cytopénies ;
L'imputabilité "extrinsèque" repose sur la connais- - les réactions de type 3 font appel à la pathologie des
sance d'accidents identiques à un médicament donné : immuns complexes (phénomène d'Arthus) et sont
c'est l'argument de "notoriété". Mais un médicament responsables de vascularites ;
récemment commercialisé, même grand pourvoyeur - les réactions de type 4 sont à médiation cellulaire,
de toxidermie, peut avoir, au départ, une notoriété nulle responsables d'hypersensibilité retardée.
ou faible. Les phénomènes d'immunotoxicité sont à distinguer
Critères chronologiques des réactions anaphylactoïdes ou pseudo-allergiques
C'est l'étude de la relation temporelle entre l'admi- liées à une histamino-libération (syndrome de l'homme
nistration, l'arrêt et éventuellement, la réadministra- rouge lors de la perfusion rapide de vancomycine).
tion du médicament et la survenue des premiers L'exploration de l'hypersensibilité aux antibiotiques
signes cliniques. Les critères chronologiques varient est difficile car seules les réactions positives ont de la
selon le type d'effet indésirable et le médicament. valeur (test de dégranulation des éosinophiles, test de
46
Effets indésirables des antibiotiques
transformation lymphoblastique...), et encore témoi- - Action sur des récepteurs : fluoroquinolones et ré-
gnent-elles d'une sensibilisation, sans qu'il soit pos- cepteur de l'acide gamma-amino-butyrique, respon-
sible de parler "d'hypersensibilisation" et donc de sable des effets de ces antibiotiques au niveau du
rattacher avec certitude les manifestations présen- système nerveux central ; rôle agoniste de l'érythro-
tées par les patients, à la prescription du médicament. mycine sur les récepteurs de la motiline au niveau
Les tests cutanés pourraient avoir un intérêt. Les phé- du tube digestif.
nomènes d'hypersensibilité concernent essentielle- * Thésaurismose
ment la famille des B-lactamines et des sulfamides, Accumulation des tétracyclines dans l'os et les dents.
et sont beaucoup plus rares avec les autres antibioti-
ques, en particulier les aminosides. En pratique, ils [3] MANIFESTATIONS CLINIQUES
peuvent néanmoins concerner toutes les classes
d'antibiotiques. 1, Manifestations cutanées
2. Mécanismes biochimiques ou toxiques * Manifestations d'hypersensibilité
• Modifications enzymatiques Il s'agit classiquement de manifestations d'hypersen-
-Les macrolides, la télithromycine, interagissent avec sibilité. Les antibiotiques les plus en cause sont les
certains cytochromes P 450 entraînant l'inhibition B-lactamines (réactions croisées pénicillines-cépha-
enzymatique, et donc une accumulation potentielle- losporines dans 10 à 15 %) et les sulfamides. Le délai
ment toxique des dérivés de l'ergot de seigle, de la car- d'apparition des lésions cutanées est de 7 à 21 jours
bamazépine, des antivitamines K, de la théophylline. pour la plupart des effets indésirables dermatologiques
-Diminution également du métabolisme de la théo- sauf pour la pustulose exanthématique aiguë généra-
phylline par les fluoroquinolones à métabolisme lisée (moins de 48 heures) et le syndrome d'hypersen-
hépatique (énoxacine, péfloxacine, ciprofloxacine). sibilité médicamenteuse (2 à 6 semaines). Les formes
-Induction enzymatique au contraire sous l'effet de la cliniques des toxidermies sont nombreuses :
rifampicine qui diminue de ce fait les taux sériques des - urticaire, œdème de Quincke, exanthème maculopa-
médicaments à métabolisme hépatique (estroproges- puleux, plus rarement, érythème noueux, maladie
tatif, inhibiteurs de protéase...), ou accélère la forma- sérique, syndrome de Lyell, syndrome de Stevens-
tion de métabolites potentiellement toxiques (cas de Johnson (B-lactamines ++, sulfamides ++). Avec les
l'isoniazide). sulfamides, la fréquence est évaluée à 1/10 000 ;
• Formation de métabolites toxiques - purpura vasculaire : lésions cutanées infiltrées,
Myélotoxicité grave du chloramphénicol chez des pa- polymorphes, parfois nécrotiques ; aspect de vascu-
tients présentant une prédisposition génétique liée à larite leucocytoclasique en histologie. Dix pour cent
un déficit enzymatique. de ces purpuras sont d'origine médicamenteuse et
attribués essentiellement aux 6-lactamines et aux
3. Phototoxicité
sulfamides ;
Certains médicaments, comme les tétracyclines et les - érythème pigmenté fixe [cyclines, sulfamides) ;
fluoroquinolones, peuvent entraîner des photoderma- - pustulose exanthématique aiguë généralisée : pustu-
toses toxiques, par production de radicaux libres sous les stériles débutant au visage, dans un contexte fé-
l'effet des radiations solaires, responsables d'érythè- brile 2 jours après le début du traitement. Soixante
mes avec phlyctènes apparaissant dès la première ex- pour cent de ces pustuloses sont dues aux antibioti-
position solaire, et limités à la zone exposée, à distinguer ques, essentiellement 0-lactamines et pristinamycine ;
de la photosensibilisation ou "photo-allergie" entraînant
- exanthème, érythrodermie squameuse ou suintante
des lésions prurigineuses, urticariennes, dépassant la
dans le cadre d'un syndrome d'hypersensibilité mé-
zone exposée au soleil.
dicamenteuse (également appelé DRESS) associé à
4. Interférence avec un processus métabolique des arthralgies, à des adénopathies, de la fièvre, une
physiologique hyperéosinophilie, une cytolyse hépatique, une leu-
• Hypokaliémie copénie, un syndrome mononucléosique (minocy-
Avec les B-lactamines, ta fosfomycine, l'amphotéri- cline, sulfamides...) ;
cine B, le foscarnet, secondaire à une fuite rénale de - eczéma de contact pour les professionnels manipu-
potassium. lant les antibiotiques : clindamycine, érythromycine,
• Atteintes fonctionnelles aminosides, polymyxine, sulfamides, B-lactamines.
-Hyperbilirubinémie libre par inhibition de la capta- * Autres manifestations
tion de la bilirubine par l'hépatocyte et baisse de la - Signes locaux au point d'injection : douleur, rougeur,
glycuroconjugaison sous l'effet des rifamycines, de induration.
l'acide fusidique et de l'atazanavir ; compétition avec - Veinite en cas de perfusion d'antibiotiques insuffi-
la fixation aux protéines plasmatiques pour la biliru- samment dilués.
bine en présence de sulfamides (ictère nucléaire du 2. Choc anaphylactique
nouveau-né). 0,015 à 0,04 % des sujets traités par la pénicilline.
47
Effets indésirables des antibiotiques
48
Effets indésirables des antibiotiques
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B-lactamines
50
B-lactamines
- que les concentrations sériques sont souvent beau- teroides, mycobactéries, Mycoplasma, Chlamydiae, Le-
coup plus faibles parvoie orale que par voie veineuse.
gionella, rickettsies.
Résistance acquise
A l'exception de la ceftriaxone, la demi-vie d'élimination
des différentes B-lactamines actuellement disponibles Staphylococcus, Streptococcus pneumoniae : en France,
est brève (1 à 2 heures), impliquant une administrationen 2005, 30 % des pneumocoques sont de sensibilité di-
pluriquotidienne (2 à 6 administrations par jour selon minuée à la pénicilline (CMI > 0,12 mg/l). À prendre en
les molécules, la voie d'administration et les indications
compte pour le traitement des otites aiguës moyennes
thérapeutiques). Pour la plupart des B-lactamines, l'éli-
de l'enfant (> 50 % de souches avec une sensibilité di-
mination rénale prédominante impose une adaptation minuée) et des méningites (compte tenu de la gravité
posologique en cas d'insuffisance rénale. du tableau).
La diffusion tissulaire des B-lactamines est globale- 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-2)
ment satisfaisante à l'exception du LCR, de l'œil, de la
Biodisponibilité
prostate et de l'os. Dans le LCR, la diffusion varie net-
Pénicilline G
tement d'une molécule à l'autre.
Biodisponibilité orale : nulle.
Les principales caractéristiques pharmacocinétiques
Voie veineuse, demi-vie de 30 minutes, élimination ré-
des B-lactamines figurent dans les tableaux T5.2-8-
11-13-15. nale sous forme active.
Pénicillines retard
L Tolérance aux fi-lactamines
Voie intramusculaire, faible diffusion tissulaire, fai-
Les B-lactamines, surtout les pénicillines, peuvent être
à l'origine de manifestations immunoallergiques di- ble biotransformation : 15 à 20 %, excrétion : urines.
verses, certaines pouvant être graves (choc anaphy- Biclinocilline® : pic à 1 heure, taux sériques efficaces :
lactique, œdème de Quincke). 1 semaine.
Les accidents toxiques des B-lactamines sont rares Benzathine péni G (Extencilline®) : pic : 1 heure, taux
et variables selon les molécules : sériques efficaces 2 à 3 semaines.
- troubles neurologiques à type de convulsions : essen- Pénicilline V
tiellement observés avec l'imipénem et les pénicilli-Per os (demi-vie de 2 heures), non inactivée par l'aci-
dité gastrique, absorption gastro-intestinale : 50 à
nes, avec les facteurs favorisants reconnus : posologie
élevée (notamment dans un contexte d'insuffisance 60 % de la dose, biotransformation : 30 à 40 %, excré-
rénale), pathologie cérébrale sous-jacente ; tion : urines.
- perturbations des lignées sanguines à type d'ané- 5 Distribution
mie hémolytique, de leuconeutropénie ou de throm- - Satisfaisante : amygdale, muscle, poumons, liqui-
bopénie, des interstitiels, cavités synoviales, abcès.
-troubles hépatiques à type d'hépatites symptomati- - Médiocre : système nerveux central, méninges
ques ou non, cytolytiques ou cholestatiques ; (même si méningite), yeux, os, prostate.
- rares néphropathies tubulo-interstitielles aiguës ;
3. Mode d'administration (mode d'emploi) (T5.3-3)
-troubles de la coagulation essentiellement rappor-
* Pénicilline G
tés avec la pénicilline G à fortes doses, la ticarcilline
et la céfopérazone ; IM (pénicillines retard).
- enfin, en cas d'insuffisance cardiaque et/ou rénale, ilIV : 6 perfusions par 24 heures.
convient de tenir compte de la charge sodée (apport * Pénicilline V
quotidien le plus élevé pour ticarcilline et pénicilline G).
Per os : 3 ou 4 prises quotidiennes.
4. Principales indications thérapeutiques
[3] PÉNICILLINES G ET V
a Pénicilline V per os
1. Spectre utile - Angine aiguë streptococcique (dont la scarlatine) :
• Espèces habituellement sensibles (> 90 % des souches) 50 000 Ul/kg/j pendant 10 jours mais ce n'est plus le
Streptocoques, Corynebacterium diphteriae, Listeria traitement de référence depuis 2002.
monocytogenes, Bacillus anthracis, Streptobacillus mo-- Angine de Vincent non compliquée : 2 à 3 millions Ul/j
niliformis, Erysipelothrix rhusiopathiae, Neisseria me- pendant 10 jours chez l'adulte.
ningitidis, Pasteurella multocida, Moraxella, - Rouget du porc : 50 000 Ul/kg/j 7 à 10 jours.
Peptostreptococcus, Clostridium, Propionibacterium ac- - Prophylaxie de l'érysipèle récidivant : 2 à 4 millions Ul/j.
nes, Actinomyces israeli, Fusobacterium, Treponema, - Prophylaxie des infections pneumococciques chez
Borrelia, Leptospira. le sujet splénectomisé ou drépanocytaire ou ayant
* Espèces résistantes une asplénie fonctionnelle (100 000 Ul/kg/j si poids
Résistance naturelle inférieure 10 kg, 50 000 Ul/kg/j ou 2 millions Ul/j
Bacilles à Gram négatif : entérobactéries, aérobies pendant les 5 ans suivant la splénectomie chez l'en-
stricts non fermentaires, Moraxelta catarrhalis, Bac- fant, 2 ans chez l'adulte).
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B-lactamines
1
Millions Ul
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Millions Ul
- Prophylaxie de la scarlatine chez les sujets contacts : - Gangrène gazeuse ou bactériémie à Clostridium
2 à 3 millions Ul/j pendant 7 jours. perfringens : 250 000-300 000 Ul/kg/j pendant 7 à
- Syndrome post-streptococcique majeur : 1 à 2 mil- 10 jours.
- Actinomycose : 10 à 20 millions Ul pendant 6 semai-
lions Ul/j pendant 10 jours relayés par une antibio-
nes puis relais oral pendant plusieurs mois.
prophylaxie pendant 5 ans. - Leptospirose : 10 millions Ul pendant 7 à 10 jours.
* Pénicilline G IV ** Pénicillines retard
- Érysipèle de la face et des membres : 150 000 Ul/kg/j - Syphilis primaire, secondaire ou latente :
pendant 7 à 10 jours. • < 1 an : 2,4 millions Ul d'Extencilline® IM ;
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B-lactamines
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B-lactamines
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B-lactamines
1
Paramètres PK/PD de la voie orale insuffisants dans la plupart des indications, en dehors des infections cutanées non compliquées
B-lactamines
Diffusion très intéressante dans la bile, avec obten- L'ertapénem inhibe également la synthèse des parois
tion de taux biliaires largement supérieurs aux taux cellulaires des bactéries après fixation aux protéines
sériques. de liaison aux pénicillines (PLP). Pour E. coli, l'affinité
- Faible liaison protéique : molécules ultrafiltrables, est la plus forte pour les PLP2 et 3.
donc une réinjection après dialyse est préconisée. * Mécanismes de résistance
3. Mode d'administration (T5.3-7) -Altération de la perméabilité par altération de
A. Principales indications thérapeutiques porine de 45 kDa, lieu de passage spécifique des
- Infections sévères à micro-oganismes sensibles, carbapénèmes.
sur données de l'antibiogramme, notamment - Modification enzymatique par des carbapénémases.
dans les localisations abdominopelviennes, pleuro- L'imipénem est très stable vis-à-vis des bêtalactama-
pulmonaires, ORL, méningées. ses plasmidiques mais peut être sensible aux
- Antibioprophylaxie en chirurgie colorectale, gynéco- bêtalactamases chromosomiques.
logique. 3. Spectre utile
- Traitement probabiliste des épisodes fébriles chez Les carbapénèmes sont des antibiotiques à très large
les patients granulopéniques. spectre dont l'usage doit être réservé au traitement des
5. Effets indésirables infections nosocomiales dues à des bactéries multi-
- Manifestations variées d'hypersensibilité : contre- résistantes.
indication chez les patients allergiques aux pénicillines. Pour l'imipénem et le méropénem, les espèces sen-
- Neutropénie réversible. sibles comprennent les corynébactéries sauf Coryne-
- Allongement du temps de saignement. bacterium jeikeium et C. urealyticum, les entérocoques
- Élévation des transaminases. sauf Enterococcus faecium, Listeria monocytogenes,
6. Précautions d'emploi et contre-indications Nocardia astéroïdes, Staphylococcus méti-S, Strepto-
Identiques à celles de la pénicilline. coccus, S. pneumoniae, les entérobactéries, Acineto-
7. Posologie (T5.3-7) bacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa.
Les espèces modérément sensibles sont Enterococ-
[8] CARBAPÉNÈMES cus faecium (40-80 %), Burkholderia cepacia et Clos-
tridium difficile.
1. Structure
Les espèces résistantes sont Corynebacterium jei-
Les carbapénèmes sont des B-lactamines dont le spec-
keium, C. urealyticum, Staphylococcus méti-R, Legionella,
tre d'activité exceptionnellement large couvre la plu-
Stenotrophomonas maltophilia, Chlamydiae, mycobacté-
part des bactéries aérobies et anaérobies, des
résistances acquises ayant toutefois émergé pour cer- ries, Mycoplasma, Rickettsia.
taines espèces. Pour l'ertapénem, le spectre utile est comparable,
sauf pour les entérocoques (y compris E. faecalis et
2. Mode d'action et mécanisme de résistance
E. faecium), Acinetobacter, B. cepacia et P. aeruginosa
Mode d'action qui font partie des espèces résistantes.
L'imipénem modifie la synthèse de la paroi bacté-
rienne en se fixant aux PLP (essentiellement 1 et 2, 4. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-8)
son affinité pour la PLP3 est plus faible que celle de - Administration parentérale du fait d'une absorption
l'ensemble des autres B-lactamines). Son activité n'est intestinale quasiment nulle.
pas influencée par l'inoculum, contrairement aux au- - Les concentrations tissulaires sont au-dessus des
tres B-lactamines. Il existe un effet postantibiotique CMI de la plupart des pathogènes habituellement sen-
sur les bactéries à Gram négatif. sibles. Les demi-vies plasmatiques sont de 1 heure
56
B-lactamines
57
B-lactamines
5, Effets indésirables
[10] CÉPHALOSPORINES DE
Manifestations cutanées allergiques, digestives (nau-
PREMIÈRE GÉNÉRATION (C1G)
sées, vomissements), augmentation des transamina-
ses et des phosphatases alcalines chez environ 10 % 1. Spectre utile
des patients, réversibles à l'arrêt de l'antibiotique. Une L'activité est habituellement limitée aux cocci à Gram
hypersensibilité à l'aztréonam n'a été observée que positif (Streptocoques, Staphylococcus méti-S] et à
chez moins de 1 % des patients connus comme hy- quelques bacilles à Gram négatif non producteurs de
persensibles aux B-lactamines. bêtalactamases.
6. Interactions médicamenteuses 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie
- Manifestations cutanées d'origine allergique. (T5.3-11)
- Manifestations digestives : nausées, vomissements, Diffusion satisfaisante dans de nombreux tissus
diarrhées. mais insuffisante dans le LCR. Élimination urinaire.
- Manifestations hématologiques transitoires : essen- 3. Mode d'administration (mode d'emploi)
tiellement éosinophilie. (T5.3-12)
- Manifestations hépatiques : élévation transitoire des 4. Principales indications thérapeutiques
SGOT et SGPT, phosphatases alcalines. - Angines à streptocoques bêtahémolytique du groupe
- Réaction locale au site d'injection. A (Cf. Chap. 25).
7, Précautions d'emploi et contre-indications - Exacerbations aiguës de bronchite chronique (Cf.
En raison du bénéfice attendu, l'utilisation de l'aztréo- Chap. 33).
nam peut être envisagée au cours de la grossesse - Antibioprophylaxie en chirurgie pour les formes in-
si besoin. En effet, bien que les données cliniques jectables (Cf. Chap. 141).
soient insuffisantes, les données animales n'ont 5. Effets indésirables
pas mis en évidence d'effet malformatif ou fœtotoxi- Allergie cutanée (moindre par rapport aux pénicilli-
que. Le passage dans le lait maternel est très faible. nes et croisée avec ces dernières dans 5 % des cas),
En conséquence, l'allaitement est possible. maladie sérique, fièvre, cytopénies.
8. Posologie (T5.3-10) 6. Posologie (T5.3-12J
58
R-lactamines
59
B-lactamines
basses. Ceci incite à la plus grande prudence dans - ORL : angine récidivante, sinusite aiguë, otite moyenne
l'interprétation des antibiogrammes, notamment en aiguë chez l'enfant (cefpodoxime-proxétil).
ce qui concerne les infections pneumococciques. - Exacerbations aiguës de bronchite chronique (Cf.
Elimination urinaire sous forme active. Chap. 33).
3. Mode d'administration (mode d'emploi) - Infections urinaires basses.
(T5.3-16) - Pyélonéphrite en relais d'une forme injectable (cé-
4. Principales indications thérapeutiques fixime).
Les C3G orales sont à réserver aux infections non sévères. 5. Posologie : (T5.3-16)
60
B-lactamines
1
Jusqu'à 200 à 300 mg/kg dans les méningites
2
Jusqu'à 70 à 100 mg/kg dans les méningites
61
B-lactamines
Ils se présentent sous forme d'une association fixe rapport. De plus, cette action synergique va dépen-
avec une B-lactamine classique. dre de la quantité d'enzymes produits par la bactérie
2. Spectre utile (effet inoculum) et du type de bêtalactamase présente
En pratique, de nombreuses conditions doivent être au site de l'infection.
réunies pour l'obtention de cette synergie : rapport Les bêtalactamases sensibles aux inhibiteurs de
précis des concentrations des deux produits au site bêtalactamases sont :
même de l'infection, maintien dans le temps de ce - les pénicillinases des bactéries à Gram positif ;
62
B-lactamines
63
B-lactamines
positif et négatif productrices d'une bêtalactamase quents avec les autres inhibiteurs de bêtalacta-
sensible à cet inhibiteur, à l'exclusion des méningites. mases, ces troubles peuvent être atténués par le
Parfois utilisée dans certains protocoles de traitement prise du médicament au cours des repas ; la surve-
probabiliste des épisodes fébriles au cours des neu- nue d'une diarrhée à C. difficile est à évoquer et à dif-
tropénies chimio-induites. férencier de ces diarrhées bénignes ;
6. Effets indésirables - surinfections à Candida (stomatite, vaginite) ;
- éruptions cutanées ou des manifestations allergi-
Ils comprennent les effets indésirables des B-lactami-
ques comme avec les autres B-lactamines ;
nes auxquelles sont associés leurs effets indésirables
- rarement, perturbations hépatiques de type cytoly-
propres :
tique ou cholestatique.
- troubles digestifs à type de nausées, vomissements
mais surtout diarrhée (jusqu'à 10 % des patients 7. Posologie (T5.3-17)
sous amoxicilline + acide clavulanique) ; moins fré-
Aminosides
65
Aminosides
Chez les patients à fonction rénale normale, la dose la surveillance des concentrations sériques ont fait
quotidienne est administrée en une injection quoti- baisser son incidence à moins de 5 %.
dienne, en perfusion lente sur 30 minutes de préférence Ses facteurs de risque sont : traitement prolongé au-
(sauf endocardite à entérocoque où l'administration se delà de 7 jours, insuffisance rénale préexistante, trou-
fait en deux injections quotidiennes). bles de l'hémodynamique, désordres acidobasiques
2. Dosages sériques (acidose) ou hydroélectrolytiques (hypovolémie, hypo-
Les dosages sériques sont nécessaires dès la pre- natrémie, hypokaliémie), association à des médica-
mière dose : la valeur au pic (30 minutes après la fin ments néphrotoxiques. L'évolution des insuffisances
de la perfusion] permet de juger de l'efficacité poten- rénales aiguës induites par des aminosides est habi-
tielle et d'adapter la dose suivante, la valeur résiduelle tuellement favorable sans séquelle histologique ou
(24 heures après la dose, juste avant la dose suivante) fonctionnelle.
permet de juger des capacités d'épuration rénale et 2. Toxicité cochléovestibulaire
d'adapter l'intervalle avec la dose suivante. Son incidence varie selon les études et les produits de
La valeur des concentrations sériques recommandées 3 à U % pour l'atteinte cochléaire et de 1 à 14 % pour
en pic et résiduelle varie en fonction de l'aminoside l'atteinte vestibulaire.
utilisé (T5.4-1). La valeur optimale du pic de concen- Les facteurs de risque sont : traitement prolongé plus
tration est telle que le rapport Pic/CMI doit être > 10. de 7 jours, traitement antérieur par un aminoside,
3. Durée de traitement administration d'autres médicaments ototoxiques,
Sauf situations très particulières (endocardites), la du- insuffisance rénale ou atteinte auditive antérieures.
rée de traitement ne doit pas excéder 5 jours. L'atteinte cochléaire est irréversible et non appareillage.
3. Réactions allergiques mineures
[6] PRINCIPALES INDICATIONS Il s'agit de rashs cutanés ou d'urticaire qui cessentà
THÉRAPEUTIQUES l'arrêt du traitement.
Les aminosides doivent être toujours utilisés en as-
[8] INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
sociation, le plus souvent à une B-lactamine ou à une
fluoroquinolone, dans les indications suivantes : Il convient d'éviter d'associer les aminosides à tout
- infections graves à bacilles à Gram négatif aérobies ; produit ototoxique et/ou néphrotoxique (amphotéri-
- infections graves à Pseudomonas aeruginosa ; cine B, cisplatine, daunorubicine, polymyxines...).
- infections graves à staphylocoques méti-S en asso- Les aminosides peuvent potentialiser l'action des
ciation avec une pénicilline M ; curarimimétiques, des myorelaxants et des anesthé-
- endocardites streptococciques, en association avec siques généraux (risque de blocage neuromusculaire
une fi-lactamine ou un glycopeptide, à condition que allant jusqu'à la paralysie respiratoire).
la résistance vis-à-vis de l'aminoside ne soit pas de
haut niveau ; [9] PRÉCAUTIONS D'EMPLOI ET
- traitement probabiliste des états fébriles chez le CONTRE-INDICATIONS
neutropénique et l'immunodéprimé ;
- listériose en association avec l'amoxicilline. 1. Précautions d'emploi
Les indications en dehors des établissements de santé La néphrotoxicité et l'ototoxicité des aminosides im-
sont inexistantes. posent les précautions d'emploi suivantes :
Indications particulières - précautions chez les sujets porteurs d'anomalies
- Infections urinaires à bactéries multirésistantes aux vestibulaire et cochléaire et les malvoyants ;
B-lactamines, aux fluoroquinolones sur documen- - chez l'insuffisant rénal, il est indispensable de pro-
tation bactériologique. céder à un ajustement de la posologie, de surveiller
- Tuberculose pour la streptomycine. régulièrement les fonctions rénale, cochléaire et
- Mycobactérioses atypiques et nocardioses pour vestibulaire et de pratiquer des dosages sériques de
l'amikacine. contrôle. La posologie doit être adaptée au degré de
- Gonococcie aiguë pour la spectinomycine. l'atteinte rénale en espaçant les doses, en fonction
- Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse pour de la clairance de la créatinine ;
la gentamicine lors des interventions urogénitales - éviter les traitements itératifs et/ou prolongés, par-
et digestives. ticulièrement chez les sujets âgés ;
- en cas d'intervention chirurgicale, informer l'anes-
[7] EFFETS INDÉSIRABLES thésiste-réanimateur de la prise de ce médicament;
- grossesse : il existe une toxicité potentielle pour
1. Néphrotoxicité l'appareil cochléovestibulaire du foetus qui limite
L'utilisation de la dose unique journalière, le raccour- l'utilisation des aminosides pendant la grossesse. Si
cissement des durées de traitement à moins de 5 jours, la prescription d'un aminoside est indispensable, il
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Aminosides
convient d'adapter parfaitement la posologie au L'utilisation concomitante de polymyxines par voie pa-
poids et à la fonction rénale de la patiente ; rentérale, de toxine botulinique ou l'utilisation chez la
- allaitement : les aminosides passent dans le lait ma- femme enceinte ou allaitante sont des contre-indications
ternel. L'allaitement est donc déconseillé en cas de relatives.
prescription d'aminoside.
2. Contre-indications [10] POSOLOGIE (T5.4-1)
L'allergie aux antibiotiques de la famille des amino-
sides et la myasthénie sont des contre-indications
absolues.
Cyclines et glycylcyclines
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Cyclines et glycylcyclines
2. Précautions d'emploi
[7] INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Pas d'administration concomitante de calcium (laita-
Association avec les rétinoïdes contre-indiquée, dé- ges, sels de calcium), aluminium, magnésium et d'anti-
conseillée avec les psoralènes. acides avec les cyclines orales.
Majoration de l'effet des AVK par modification de la Prises orales au cours des repas.
flore intestinale. Prévenir les patients du risque de phototoxicité en cas
Augmentation de l'élimination de la doxycycline par d'exposition solaire.
les inducteurs enzymatiques. Surveillance du TP et TCA chez les patients sous anti-
Diminution de la clairance de la warfarine par la coagulants (tigécycline).
tigécycline.
[9] POSOLOGIE ET MODE
[8] CONTRE-INDICATIONS D'ADMINISTRATION (T5.5-1)
ET PRÉCAUTIONS D'EMPLOI
1. Contre-indications
Femme enceinte, allaitement, enfant < 8 ans, allergie
aux cyclines.
Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines
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Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines
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Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines
- Pneumonies communautaires de gravité légère ou bies (Bacteroides, Clostridium [sauf C. difficile], Pep-
modérée (7 à 10 jours). tostreptococcus, Propionobacterium acnes).
- Sinusites aiguës maxillaires, notamment en cas d'al- La clindamycine est active sur Toxoplasma gondii.
lergie aux B-lactamines (5 jours). 4. Pharmacocinétique
6. Effets indésirables L'absorption digestive est bonne pour la clindamycine
- Troubles digestifs (diarrhée, nausées). (non modifiée par l'alimentation).
- Allongement de l'espace QT sur terrain prédisposé. Ils ont une bonne diffusion tissulaire, y compris dans
7. Interactions médicamenteuses - l'os et les abcès cérébraux.
Contre-indications La concentration intracellulaire est élevée, particulière-
L'association au cisapride (Prépulsid®), au pimozide ment au niveau des macrophages. Ils sont métabolisés
(Orap®) est contre-indiquée du fait du risque potentiel par le foie.
d'allongement de l'intervalle QT. 5. Indications thérapeutiques
La simvastatine (Lodales®, Zocor®), l'atorvastatine Elles concernent principalement la clindamycine.
(Tahor®) ne doivent pas être prescrits en même temps. - Infections à anaérobies : leur activité inconstante
La télithromycine est contre-indiquée chez le myas- sur B. fragilis a réduit cette indication.
thénique et en cas d'allongement acquis ou congéni- - Infections à staphylocoques sensibles et particuliè-
tal de l'intervalle QT. Son utilisation est déconseillée rement dans leurs localisations ostéoarticulaires.
au cours de la grossesse. - Infections à Actinomyces.
8. Posologie, mode d'administration (T5.6-2) - Prophylaxie de l'endocardite bactérienne : réservée aux
patients intolérants aux fi-lactamines (Cf. Chap. 36).
- Toxoplasmose cérébrale dans le sida : en associa-
tion avec la pyriméthamine chez les patients intolé-
rants à la sulfadiazine.
- Dermohypodermite nécrosante en association avec
la pénicilline G.
6. Effets secondaires
- Troubles digestifs : diarrhée simple (20 % des cas).
- Colite pseudo-membraneuse : par pression de sé-
[3] LINCOSAMIDES lection sur C. difficile, antibiotiques les plus impli-
qués dans sa survenue.
1. Structure
- Réactions hépatiques rares.
D'activité antibactérienne proche de celle des macroli- - Troubles hématologiques rares (leucopénie, neutro-
des, leur structure chimique est différente et comporte pénie, thrombopénie).
un acide aminé et un sucre reliés entre eux par une liai- - Réactions cutanées allergiques (plus fréquentes au
son amide. cours du sida).
Ils comprennent la lincomycine et son dérivé hémisyn- 7. Posologies, mode d'administration (T5.6-3)
thétique, la clindamycine, beaucoup plus actif.
2. Mode d'action et mécanismes de résistance [4] SYNERGISTINES
Inhibiteurs de la synthèse des protéines au niveau Elles comprennent la pristinamycine et l'associa-
de l'attachement sur le ribosome. tion injectable quinupristine/dalfopristine.
Les bacilles à Gram négatif sont naturellement résis-
1. Structure
tants par imperméabilité de leurs membranes.
Les synergistines ou streptogramines sont constituées
Chez les cocci à Gram positif, la pénétration est un
d'un mélange de 2 groupes d'antibiotiques polypepti-
phénomène passif mais les entérocoques sont natu- diques très proches chimiquement et agissant en
rellement résistants. synergie.
3. Spectre d'action Les pristinamycines I et II constituent la pristinamy-
Habituellement actifs sur les streptocoques et les sta- cine, l'association quinupristine/dalfopristine consti-
phylocoques méti-S, ainsi que sur certains anaéro- tue l'autre synergistine.
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Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines
2. Mode d'action et mécanismes de résistance dermite bactérienne aiguë chez le sujet intolérant
La cible des 2 composants principaux est la sous-unité aux B-lactamines.
50 S du rïbosome par blocage de 2 étapes de L'élon- - Exacerbation aiguë de bronchite chronique si indi-
gation de la chaîne peptidique. Leur synergie peut cation d'antibiothérapie (AMM de 4 jours).
conduire à un effet bactéricide. - Pneumonies communautaires.
La plupart des bacilles à Gram négatif ont une résis- - Sinusites maxillaires aiguës.
tance naturelle par imperméabilité de la paroi. • Quinupristine/dalfopristine
Les résistances acquises restent rares avec les sta- Réservée à l'usage hospitalier dans les infections à
phylocoques, les pneumocoques ou les entérocoques. Gram + sensibles, si voie IV appropriée au cours des
Le mécanisme de résistance le plus fréquemment pneumopathies nosocomiales, infections de la peau
rencontré est une modification de la cible ribosomale. et des tissus mous, infections à Enterococcus faecium
Deux autres mécanismes sont possibles : inactiva- vanco-R.
tion enzymatique, phénomène d'efflux.
7. Effets indésirables
3. Spectre utile
• Pristinamycine
Proche des macrolides avec une activité meilleure sur
- Fréquents troubles digestifs (épigastralgies, nau-
staphylocoques, pneumocoques, streptocoques,
sées, vomissements), moindres en cas de prise en fin
entérocoques et H. influenzae.
de repas.
4. Pharmacocinétique
- Rares allergies cutanées.
L'absorption orale de la pristinamycine est bonne. La
diffusion tissulaire des synergistines est bonne sauf • Quinupristine/dalfopristine
dans le LCR. Elles ne sont pas actives dans les urines. - Veinotoxicité, faisant recommander l'administration
sur voie veineuse centrale.
5. Mode d'administration
La pristinamycine est disponible par voie orale, la qui- 8. Interactions médicamenteuses
nupristine/dalfopristine par voie intraveineuse. Chez les patients sous ciclosporine, elle augmente la
6. Indications thérapeutiques créatininémie et les taux circulants de ciclosporine
dont il faut alors ajuster la posologie.
• Pristinamycine
- Infections à staphylocoques. Contre-indication si hypersensibilité ou intolérance
-Infections dont l'étiologie peut être staphylococci- au gluten.
que ou streptococcique : impétigo ou dermohypo- 9. Posologies (T5.6-4)
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Phénicolés
Antibiotiques d'utilisation très restreinte en France, en raison d'une toxicité hématologique, mais encore très utili-
sés dans les pays en développement en raison de leur faible coût et de leur efficacité sur certains pathogènes endé-
miques (Neisseria meningitidis, Haemophilus influenzae, Salmonella Typhi).
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