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Sommaire

Objectifs pédagogiques 9 22 Une splénomégalie infectieuse [332] 187


23 Un syndrome mononucléosique [334] 189
[1] GÉNÉRALITÉS 24 Une hyperéosinophilie [311] . 191
1 Infection et immunité anti-infectieuse [203] 13
[4] INFECTIONS SELON LE SITE
2 Épidémiologie des maladies transmissibles [75] 22
3 États infectieux : définition, physiopathologie 25 Angines [77] 195
et critères de gravité [104, 200] 24 26 Rhinopharyngites[77] 199
4 Examens complémentaires en pathologie 27 Sinusites [90] 201
infectieuse [104, 200. 316] 29 28 Infections dentaires et parodontales [256] 205
29 Infections buccales [256] 207
[2] ANTI-INFECTIEUX
30 Otites [98] 209
5 Antibiotiques 31 Laryngites et épiglottites 214
5.1 Antibiothérapie : principes généraux [173] 39 32 Bronchiolite aiguë du nourrisson [86] 216
5.2 Effets indésirables des antibiotiques [173] 46 33 Bronchites infectieuses [86, 227] 218
5.3 B-lactamines[173] 50 34 Pneumonies aiguës communautaires [86] 222
5.4 Aminosides[173] 65 35 Pleurésies infectieuses [312] 236
5.5 Cyclines, glycylcyclines [173] 68 36 Endocardites infectieuses [80, 105] 239
5.6 Macrolides, kétolides, lincosamides, 37 Myocardites, péricardites [274] 250
synergistines [173] 70 38 Méningites [96, 330] 253
5.7 Phénicolés [173] 74 39 Encéphalites d'origine infectieuse [ATNC,
5.8 Rifamycines [173] 75 VIH et infections associées exceptées) [96] 263
5.9 Quinolones [173] 77 40 Abcès cérébral [96] 267
5.10 Polypeptides 81 41 Infections intra-abdominales [258, 275] 269
5.11 Acide fusidique 82 42 Infections urinaires [93] 273
5.12 Fosfomycine 83 43 Prostatites et orchi-épididymites[89, 93, 95] 278
5.13 Mupirocine 85 44 Infections sexuellement transmissibles [88, 89, 95] 282
5.14 Glycopeptides, lipopeptides [173] 86 45 Salpingites aiguës non tuberculeuses [88] 284
5.15 Oxazolidinones 90 46 Infections ostéoarticulaires [92, 307] 287
5.16 Associations incluant un sulfamide 91 47 Infections cutanées à pyogènes [87, 204, 207] 296
5.17 Nitrofuranes 93 48 Dermohypodermites aiguës bactériennes :
5.18 Quinoléines 94 de l'érysipèle à ta fasciite nécrosante [87, 204] 299
5.19 Imidazolés 95 49 Pathologies d'inoculation [101, 213] 302
5.20 Antituberculeux [106, 173] 96 50 Infections oculaires [212, 271] 305
6 Antiviraux
[5] INFECTIONS SELON LE PATHOGENE
6.1 Antiviraux : généralités 100
6.2Anti-Herpesviridae(horsCMV)[84] 101 Infections bactériennes
6.3Anti-CMV 105 51 Tableau des principales bactéries 309
6.4Antirétroviraux [85] 109 52 Infections à streptocogues, scarlatine,
6.5Agents actifs sur les virus des hépatites [83] 119 syndromes post-streptococciques [77] 310
6.6Antigrippaux et autres agents actifs sur 53 Infections à entérocoques [80] 316
les virus respiratoires [82] 123 54 Infections à pneumocoques [86] 319
7 Antiparasitaires [100] 126 55 Infections à staphylocoques [104, 207] 326
8 Antifongiques 130 56 Infections à méningocogue [96, 330] 332
9 Antiseptiques 135 57 Infections à gonocoque [95] 338
10 Vaccinations [76, 78, 107] 140 58 Infections à entérobactéries [104] 340
11 Approche immunothérapeutique des états infectieux 149 59 Fièvres typhoïdes [73, 302] 342
60 Salmonelloses non typhigues [73, 302] 345
[3] CONDUITE À TENIR DEVANT 61 Peste 347
12 Une fièvre [203] 152 62 Yersinioses 349
13 Un choc septique[104,200] 158 63 Infections à Pseudomonas 351
14 Un purpura fébrile [96, 104,200,330] 161 64 Coqueluche [78] 355
15 Un ictère fébrile [258, 320] 163 65 Infections à Haemophilus influenzae 359
16 Un exanthème fébrile [94, 314] 166 66 Brucellose 361
17 Un érythème noueux 170 67 Listériose[96] 365
18 Des érosions et ulcérations génitales et orales [343] 172 68 Diphtérie [77] 367
19 Un écoulement génital [88, 89] 174 69 Botulisme 369
20 Une diarrhée infectieuse [73, 194, 302] 177 70 Infections à Clostridium difficile 371
21 Des adénopathies [291] 183 71 Tétanos [103] 374

7
Sommaire

72 Bactériémies et suppurations à anaérobies 116 Trichinellose[311] 563


Gangrène gazeuse [207] 376 117 Ectoparasitoses [79] 565
73 Infections à Chlamydiae [95] 380 Infections fongiques
1k Infections à mycoplasmes [86] 384 118 Tableau des champignons 569
75 Légionellose [86] 386 119 Mycoses systémiques 570
76 Rickettsioses[101] 389 120 Mycoses superficielles [87, 288] 577
77 Fièvre Q [80, 101] 393 Infections à autres agents
78 Maladie de Lyme et borrélioses [101] 395 121 Maladies à prions 582
79 Bartonelloses[101] 399
80 Leptospiroses [320] 401
6 INFECTIONS SUR SITUATIONS
81 Syphilis et autres tréponématoses [95, 343] 404
PARTICULIERES
82 Infections à Helicobacterpylori 408 122 Voyage en pays tropical : conseils avant
83 Infection à Tropheryma whipplei [maladie de Whipple) 410 le départ, pathologie au retour [99, 107] 586
84 Tuberculose [106] 412 123 Pathologies infectieuses chez les migrants [102] 591
85 Infections à mycobactéries atypiques 420 124 Maladies infectieuses et grossesse [20] 596
86 Lèpre 422 125 Infections bactériennes néonatales [20] 606
87 Actinomycoses - Nocardioses 425 126 Infections chez le sujet âgé 610
Infections virales 127 Infections chez le neutropénique [81] 613
88 Tableau des virus 428 128 Infections et immunodépressions [81, 127] 617
89.1 Généralités sur les infections à Herpès virus [84] 429 129 Infections chez l'usager de drogue
89.2 Infections à Herpès simplex virus (HSV) [84, 96] 431 intraveineuse (en dehors du VIH) 622
89.3 Varicelle [84] 436 7 INFECTIONS NOSOCOMIALES -
89.4 Zona [84] 438 HYGIENE HOSPITALIERE
89.5 Infections à cytomégalovirus [84] 440
89.6 Infections à virus d'Epstein-Barr [EBV] [77, 84, 334] 443 130 Infections nosocomiales : généralités [91] 625
89.7 Infections à HHV-6, HHV-7 et HHV-8 [84] 445 131 Infections urinaires associées aux soins [91] 628
90.1 Hépatites virales - Introduction [83, 320] 447 132 Pneumonies nosocomiales [86] 631
90.2 Hépatite virale A [83, 320] 448 133 Infection du site opératoire [91] 634
90.3 Hépatite virale B [83, 320] 450 134 Infections liées aux cathétersb(ILC) [91, 104, 105] 638
90.4 Hépatite virale C [83, 320] 459 135 Infections sur matériel étranger [91, 105] 641
90.5 Autres hépatites à virus hépatotropes [83, 320] 464 136 Infections transmises par la transfusion
91.1 Infections à rétrovirus autres que VIH-1 466 de sang ou de ses dérivés [91] 644
137 Infections virales nosocomiales [91] 647
91.2 Infection à ViH et sida [85] 468
138 Infections fongiques nosocomiales [91] 651
92 Grippe saisonnière [82] 488
139 ATNC [prions! et milieux de soin [91] 655
93 Autres viroses respiratoires [86] 494
140 Hygiène en milieu de soins 658
94 Oreillons [97] 497
141 Antibioprophylaxie en chirurgie 664
95 Rougeole 499
96 Rubéole 502 [8] PRÉVENTION - SANTÉ PUBLIQUE
97 Rage [213] 504
142 Tests diagnostiques 669
98 Infections à entérovirus 507
143 Surveillance des maladies infectieuses en France [75] 672
99 Arboviroses 510
144 Déclaration obligatoire des maladies
100 Fièvres hémorragiques virales 513
nfectieuses en France [73, 75] 676
101 infection à Hantavirus en France 515
145 Éviction et prophylaxie collective 678
102 Poxviroses 517
146 Toxi-infections alimentaires - Risques
103 Papillomaviroses[95] 519 sanitaires liés à l'eau et à l'alimentation [73] 679
Infections parasitaires 147 Infection et travail : maladies
104 Tableau des parasites 521 professionnelles - accidents du travail 685
105 Paludisme [99, 107] 522 148 Accidents exposant aux risques VIH,
106 Amœbose [100, 107] 530 VHBet V H C [ 2 0 2 ] 691
107 Trichomonose 533 149 Bioterrorisme 698
108 Toxoplasmose 534 150 Plan grippe aviaire 702
109 Leishmanioses 537
110 Trypanosomoses humaines 540 [9] ANNEXES
111 Parasitoses intestinales [100, 311] 545 151 Bon usage des anti-infectieux à l'hôpital et en ville 704
112 Distomatoses [311] 550 152 Collège des Universitaires des Maladies
113 Bilharzioses[shistosomoses][311] 552 Infectieuses et Tropicales 711
114 Filarioses et dracunculose [311] 556 153 Index 719
115 Échinococcoses[100, 311] 560 154 Abréviations 731

8
Objectifs pédagogiques

Dans le cadre de la réforme des études médicales, la commission pédagogique nationale a élaboré en 2001 et révisé
en 2007 une liste d'objectifs pédagogiques terminaux. Vous trouverez ci-dessous tous les items se rapportant aux
maladies infectieuses et tropicales figurant dans le Module 7 ou les autres Modules 2, 8, 11 ainsi que dans les 2' et
3' parties du programme national.

N° 82-Grippe. Chap. 6.6,92


MODULE 7
- Diagnostiquer une grippe.
N° 73 - Risques sanitaires liés à l'eau et à - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
l'alimentation. Toxi-infections alimentaires. suivi du patient.
Chap. 20, 59, 60, 144, 146
N° 83 - Hépatites virales. Anomalies biologiques
- D i a g n o s t i q u e r une t o x i - i n f e c t i o n alimentaire et
hépatiques chez un sujet asymptomatique.
connaître les principes de prévention.
Chap. 6.5, 90.1 à 90.5
- Argumenter une conduite pratique devant une TIAC.
- Diagnostiquer une hépatite virale.
- Préciser les principaux risques liés à la consomma-
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
tion d'eau ou d'aliments.
suivi du patient.
N° 75 - Épidémiologie et prévention des maladies - Interpréter des anomalies biologiques hépatiques
transmissibles : méthodes de surveillance. chez un sujet asymptomatique.
Chap. 2, 143, 144
N° 84 - Infections à herpès virus de l'enfant et de
- Préciser les bases de l'épidémiologie des maladies l'adulte immunocompétents. Chap. 6.2, 89.1 à 89.7
transmissibles et les mesures de surveillance et de
- Diagnostiquer et traiter une poussée d'herpès
prévention.
cutané et muqueux.
- Déclarer une maladie transmissible.
- Diagnostiquer et traiter une varicelle et en connaître
N° 76 - Vaccinations : bases immunologiques, les complications.
indications, efficacité, complications. Chap. 10 - Diagnostiquer et traiter un zona dans ses différentes
- Appliquer le calendrier des vaccinations en France. localisations.
- Conseiller une vaccination adaptée en fonction du - Préciser les complications de la maladie herpétique
risque individuel et collectif. chez la femme enceinte, le nouveau-né et l'atopique.
-Argumenter les contre-indications et expliquer les N° 85 - Infection à VIH. Chap. 6.4, 91.2
complications des vaccinations.
- Informer et conseiller en matière de prévention de
N° 77 - Angines et rhinopharyngites de l'enfant et la transmission sanguine et sexuelle du VIH.
de l'adulte. Chap. 25, 26, 52, 68, 89.6 - Diagnostiquer une infection à VIH.
- Diagnostiquer une angine et une rhinopharyngite. - Annoncer les résultats d'une sérologie VIH.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le -Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient. suivi du patient.
- Diagnostiquer une mononucléose infectieuse. - Savoir reconnaître les principales infections oppor-
tunistes.
N° 78 - Coqueluche. Chap. 10, 64 - S a v o i r reconnaître les principales pathologies
- Diagnostiquer une coqueluche. malignes associées à l'infection VIH.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient. N° 86 - Infections bronchopulmonaires
du nourrisson, de l'enfant et de l'adulte.
N° 79 - Ectoparasitose cutanée : gale et pédiculose. Chap. 32, 33, 34, 54, 74, 75, 93,132
Chap. 117 - Diagnostiquer une bronchiolite du nourrisson, une
- Diagnostiquer une gale et une pédiculose. pneumopathie, une bronchopneumopathie de l'enfant
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le ou de l'adulte.
suivi du patient. - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
prise en charge.
N° 80 - Endocardite infectieuse. Chap. 36, 53, 77 - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
- Diagnostiquer une endocardite infectieuse. suivi du patient.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
N° 87 - Infections cutanéomuqueuses bactériennes
suivi du patient.
et mycosiques. Chap. 47, 48,120
N° 81 - Fièvre aiguë chez un malade immunodéprimé. - Diagnostiquer et traiter un impétigo, une folliculite,
Chap. 127,128 un furoncle, un érysipèle.
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur - Diagnostiquer et traiter une infection cutanéomu-
prise en charge. queuse à Candida albicans.

9
Objectifs pédagogiques

- Diagnostiquer et traiter une infection à dermatophy- - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
tes de la peau glabre, des plis et des phanères. prise en charge.
N° 88 - Infections génitales de la femme. - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
Leucorrhées. Chap. 19, 44, 45 suivi du patient.
- Diagnostiquer une infection génitale de la femme. N° 97 - Oreillons. Chap. 94
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Diagnostiquer les oreillons.
suivi de la patiente.
N° 98 - Otalgies et otites chez l'enfant et l'adulte.
N° 89 - Infections génitales de l'homme. Écoulement Chap. 30
urétral. Chap. 19,43,44
- Expliquer les principales causes d'otalgie chez
- Diagnostiquer une infection génitale de l'homme. l'adulte et l'enfant.
-Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Diagnostiquer une otite moyenne aiguë, une otite ex-
suivi du patient. terne, une otite séromuqueuse.
N° 90 - Infections nasosinusiennes de l'enfant et - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
de l'adulte. Chap. 27 suivi du patient.
- Diagnostiquer une rhinosinusite aiguë.
N° 99 - Paludisme. Chap. 105,122
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient. - Mettre en œuvre les mesures de prophylaxie adaptées.
- Diagnostiquer un paludisme.
N° 91 - Infections nosocomiales. Chap. 130 à 139 - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
- Reconnaître le caractère nosocomial d'une infection. suivi du patient.
- Savoir appliquer et expliquer les mesures de pré-
vention des infections nosocomiales. N° 100 - Parasitoses digestives : lambliase, ténia-
sis, ascaridiose, oxyurose, amcebose.
N° 92 - Infections ostéoarticulaires. Disco spondylite. Chap. 7.106,111,115
Chap. 46
- Diagnostiquer les principales parasitoses digestives.
- Diagnostiquer une infection osseuse et articulaire.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient.
suivi du patient.
- Connaître les principales helminthoses intestinales,
N° 93 - Infections urinaires de l'enfant et de causes d'une hyperéosinophilie sanguine.
l'adulte. Leucocyturie. Chap. 42, 43
- Diagnostiquer une infection urinaire chez le nour- N° 101 - Pathologie d'inoculation.
risson, l'enfant et l'adulte. Chap. 49, 76, 77, 78, 79
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Identifier les situations à risques de pathologie
suivi du patient. d'inoculation.
- Diagnostiquer et argumenter les principes du traite-
N° 94 - Maladies éruptives de l'enfant. Chap. 16 ment d'une maladie de Lyme et d'une maladie des
- Diagnostiquer et distinguer une rougeole (95), une griffes du chat.
rubéole (96), un mégalérythème épidémique, un
exanthème subit (89.7), une mononucléose infec- N° 102 - Pathologie infectieuse chez les migrants.
tieuse (89.6), une scarlatine (52). Chap. 123
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le - Diagnostiquer les pathologies infectieuses fréquen-
suivi du patient. tes dans les populations de migrants.
N° 95 - Maladies sexuellement transmissibles : - Donner des conseils d'hygiène et de prévention
gonococcies, chlamydiose, syphilis. adaptés aux conditions de vie des migrants.
Chap. 43, 44, 57, 73,81,103 N° 103 - Prévention du tétanos. Chap. 71
- Diagnostiquer une gonococcie, une chlamydiose, une - Exposer les modes de contamination de la maladie.
syphilis.
- Savoir appliquer la prophylaxie.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient. N° 104 - Septicémie. Chap. 3, 4,13,14, 55, 58,134
N° 96 - Méningites infectieuses et méningo- - Diagnostiquer une septicémie.
encéphalites chez l'enfant et chez l'adulte. - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
Chap. 14, 38, 39, 40,56, 67, 89.2 prise en charge.
- Diagnostiquer une méningite ou une méningo- - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
encéphalite. suivi du patient.

10
Objectifs pédagogiques

N° 105 - Surveillance des porteurs de valve et N° 200 - État de choc. Chap. 3, 4,13, 14
de prothèse vasculaire. Chap. 36,134,135 - Diagnostiquer un état de choc.
- Expliquer les risques inhérents aux valves artificiel- - Prise en charge immédiate.
les et aux prothèses vasculaires et les mesures pré-
ventives correspondantes. N° 202 - Exposition accidentelle aux liquides
- Diagnostiquer une complication liée au matériel pro- biologiques (conduite à tenir). Chap. 148
thétique ou au traitement associé. - D é c r i r e la prise en charge immédiate d'une
personne victime d'une exposition sexuelle ou d'une
N° 106 - Tuberculose. Chap. 5.20, 84 exposition accidentelle au sang.
- Diagnostiquer une tuberculose thoracique et connaî-
tre les localisations extra-thoraciques. N° 203 - Fièvre aiguë chez l'enfant et chez l'adulte.
-Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le Chap. 1,12
suivi du patient. - Diagnostiquer une fièvre aiguë chez l'enfant et chez
l'adulte.
N° 107 - Voyage en pays tropical : conseils avant - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
le départ, pathologies du retour : fièvre, diarrhée.
prise en charge.
Chap. 10,105,106,122
- Identifier les critères de gravité d'un syndrome
- Donner des conseils d'hygiène et des mesures de
infectieux.
prévention adaptés.
- Rechercher les principales causes de fièvre et de diar- N° 204 - Grosse jambe rouge aiguë. Chap. 47, 48
rhée chez un patient au retour d'un pays tropical. - Diagnostiquer une grosse jambe rouge aiguë.
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur
AUTRES MODULES
prise en charge.
Module 2 - De la conception à la naissance N° 207 - Infection aiguë des parties molles (abcès,
N° 20 - Prévention des risques fœtaux : infection, panaris, phlegmon des gaines).
médicaments, toxiques, irradiation. Chap. 124,125 Chap. 47, 55, 72
- Expliquer les éléments de prévention vis-à-vis des - Diagnostiquer une infection aiguë des parties molles
infections à risque fœtal. (abcès, panaris, phlegmon des gaines).
- Préciser les particularités de la pharmacocinétique - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
des médicaments chez la femme enceinte et les ris-
prise en charge.
ques des médicaments durant la grossesse.
- Donner une information sur les risques liés au taba- N° 212 - œil rouge et/ou douloureux. Chap. 50
gisme, à l'alcool, à la prise de médicaments ou de dro- - Diagnostiquer un œil rouge et/ou douloureux.
gues, à l'irradiation maternelle pour la mère et le fœtus. - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
prise en charge.
Module 8 - Immunopathologie, réaction inflammatoire
N° 127 - Transplantation d'organes : aspects N° 213 - Plaies, piqûres et morsures. Prévention de
épidémiologiques et immunologiques ; principes la rage. Chap. 49, 97
de traitement et surveillance ; complications et - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
pronostic ; aspects éthiques et légaux. Chap. 128 prise en charge.
- Expliquer les mesures préventives vis-à-vis de la
Module 11 - Synthèse clinique et thérapeutique.
rage devant une morsure d'animal errant.
De la plainte du patient à la décision thérapeutique.
Urgences. Thérapeutique générale
DEUXIÈME PARTIE :
N°173 - Prescription et surveillance des anti-
MALADIES ET GRANDS SYNDROMES
infectieux. Chap. 5.1 à 5.9, 5.14, 5.20
- Prescrire et surveiller un médicament appartenant N° 227 - Bronchopneumopathie chronique
aux principales classes d'anti-infectieux. obstructive. Chap. 33
N° 194 - Diarrhée aiguë et déshydratation - Diagnostiquer une bronchopneumopathie chronique
chez le nourrisson, l'enfant et l'adulte. Chap. 20 obstructive.
- Diagnostiquer une diarrhée aiguë chez le nourrisson, - Identifier les situations d'urgence et planifier leur
l'enfant et l'adulte. prise en charge.
- Diagnostiquer un état de déshydratation chez le - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
nourrisson, l'enfant et l'adulte. suivi du patient.
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur - Décrire les principes de la prise en charge au long
prise en charge. cours.

11
Objectifs pédagogiques

N° 256 - Lésions dentaires et gingivales. Chap. 28, 29 N° 311 - Éosinophilie. Chap. 24.111 à 116
- Diagnostiquer les principales lésions dentaires et - Devant une éosinophilie, argumenter les principales
gingivales. hypothèses diagnostiques et justifier les examens
complémentaires pertinents.
N° 258 - Lithiase biliaire et complications.
Chap. 15, 41 N° 312 - Épanchement pleural. Chap. 35
- Diagnostiquer une lithiase biliaire et ses complications. - Devant un épanchement pleural, argumenter les
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur principales hypothèses diagnostiques et justifier les
prise en charge. examens complémentaires pertinents.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le N° 314 - Exanthème - Érythrodermie. Chap. 16
suivi du patient. - Devant un exanthème ou une érythrodermie, argu-
N° 271 - Pathologie des paupières. Chap. 50 menter les principales hypothèses diagnostiques et
justifier les examens complémentaires pertinents.
- Diagnostiquer et traiter un orgelet, un chalazion.
N° 316 - Hémogramme : indications et interprétation.
N° 274 - Péricardite aiguë. Chap. 37 Chap. A
- Diagnostiquer une péricardite aiguë. - Argumenter les principales indications de l'hémo-
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur gramme, discuter l'interprétation des résultats et
prise en charge. justifier la démarche diagnostique si nécessaire.
N° 275 - Péritonite aiguë. Chap. 41 N° 320 - Ictère. Chap. 15, 80, 90.1 à 90.5
- Diagnostiquer une préritonite aiguë. - Devant un ictère, argumenter les principales hypo-
- Identifier les situations d'urgence et planifier leur thèses diagnostiques et justifier les examens com-
prise en charge. plémentaires pertinents.
N° 288 - Troubles des phanères. Chap. 120 N° 330 - Purpuras chez l'enfant et chez l'adulte.
- Diagnostiquer une alopécie et un onyxis. Chap. U, 38, 56
- Devant un purpura chez l'enfant ou chez l'adulte,
TROISIÈME PARTIE : ORIENTATION argumenter les principales hypothèses diagnostiques
DIAGNOSTIQUE DEVANT et justifier les examens complémentaires pertinents.
N° 291 - Adénopathie superficielle. Chap. 21 N° 332 - Splénomégalie. Chap. 22
- Devant une adénopathie superficielle, argumenter - Devant une splénomégalie, argumenter les princi-
les principales hypothèses diagnostiques et justifier pales hypothèses diagnostiques et justifier les exa-
les examens complémentaires pertinents. mens complémentaires pertinents.
N° 302 - Diarrhée aiguë chez l'enfant et chez N° 334 - Syndrome mononucléosique. Chap. 23,89.6
l'adulte (avec le traitement). Chap. 20, 59, 60 - Devant un syndrome mononucléosique, argumenter
- Devant une diarrhée aiguë chez l'enfant ou chez les principales hypothèses diagnostiques et justifier
l'adulte, argumenter les principales hypothèses les examens complémentaires pertinents.
diagnostiques et justifier les examens complémen-
taires pertinents. N° 343 - Ulcérations ou érosions des muqueuses
orales et/ou génitales. Chap. 18, 81
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le
suivi de l'évolution. - Devant des ulcérations ou érosions des muqueuses
orales et/ou génitales, argumenter les principales
N° 307 - Douleur et épanchement articulaire. hypothèses diagnostiques et justifier les examens
Arthrite d'évolution récente. Chap. 46 complémentaires pertinents.
- Devant une douleur ou un épanchement articulaire,
argumenter les principales hypothèses diagnostiques
et justifier les examens complémentaires pertinents.
- Devant une arthrite d'évolution récente, argumen-
ter les principales hypothèses, diagnostiquer et jus-
tifier les examens complémentaires pertinents.

12
Infection et immunité anti-infectieuse

- Lors d'une infection, [es manifestations cliniques et biologiques traduisent le rapport de force entre la virulence de
l'agent pathogène et la réponse immunitaire de l'hôte.
On distingue :
• les agents infectieux "saprophytes" qui peuvent être retrouvés sur la peau ou les muqueuses sans pathogénicité ;
• les agents infectieux "commensaux" qui se développent sans pathogénicité chez l'hôte en y assurant une fonction
métabolique (ex. : rôle dans la digestion) ;
• les agents infectieux "opportunistes" qui deviennent pathogènes en cas d'immunodépression.
- L'infection peut être acquise à partir d'un individu ou d'un animal izoonose], qu'il soit malade ou porteur asympto-
matique, d'un contact avec un vecteur inactif de l'environnement ou d'un vecteur vivant (insecte).
- L'infection communautaire est acquise en ville ; l'infection nosocomiale est acquise dans un établissement de soins
(Cf. Chap. 130).

Les exotoxines
1 AGENTS INFECTIEUX
De structure protéique, elles représentent l'élément uni-
On distingue : que de virulence pour certaines bactéries comme Clos-
- les virus, comportant un seul type d'acide nucléique, tridium tetani, agent du tétanos, Corynebacterium
ADN ou ARN, de multiplication strictement intra- diphtheriae, agent de la diphtérie ou Clostridium botuti-
cellulaire ; num, agent du botulisme. Ces bactéries ne sont patho-
- les bactéries, pour la plupart capables de se multiplier gènes que par l'intermédiaire de ces exotoxines,
dans des milieux inertes ; formées dans l'organisme au niveau du site de pénétra-
- les champignons ; tion de la bactérie (plaie du tétanos, angine de la diph-
- les parasites ; térie] ou même à l'extérieur de l'organisme (aliment
- les agents infectieux non conventionnels [sans acide contenant la toxine de C. botulinum}. Elles sont très puis-
nucléique] : prions. santes et agissent à très faible concentration. Les agents
anti-infectieux n'ont pas d'action sur les désordres dont
2 POUVOIR PATHOGÈNE elles sont responsables. Les exotoxines ont en commun
d'être modifiables par des procédés physicochimiques,
Le pouvoir pathogène varie selon l'espèce animale et comme la chaleur, qui leurfait perdre leur pouvoirtoxi-
l'agent infectieux. que mais conserve leur caractère antigénique (ana-
- Selon l'espèce animale : les agents infectieux peu- toxine], et d'être neutralisables par des anticorps, d'où
vent être pathogènes pour l'ensemble des espèces, l'intérêt d'une vaccination par anatoxines.
pour certaines espèces animales ou pour l'homme
D'autres exotoxines jouent un rôle important dans cer-
uniquement.
taines infections : toxine érythrogène de Streptococcus
- Selon l'agent infectieux lui-même : la plupart des pyogenes du groupe A, toxines nécrotiques ou hémo-
agents sont pathogènes ou le deviennent selon les lytiques des bactéries anaérobies responsables des
circonstances telles que le mode et le site de conta- gangrènes.
mination, la richesse de l'inoculum en agents patho-
Certaines exotoxines, agissant au niveau de l'épithé-
gènes, l'état immunitaire de l'hôte.
lium intestinal, sont responsables du pouvoir patho-
1. Pouvoir pathogène des bactéries gène de Vibrio cholerae, de certains Escherichia coli et
Le pouvoir pathogène d'une bactérie dépend de nom- de Staphylococcus aureus.
breux facteurs. Les endotoxines
« Adhésion De structure lipopolysaccharidique (LPS), ce sont des
Étape obligatoire au niveau des muqueuses, elle néces- constituants de la paroi de certaines bactéries à Gram
site des interactions entre adhésines bactériennes et négatif libérés au cours de la lyse bactérienne.
récepteurs cellulaires. « Synthèse d'enzymes
i Invasion Certaines bactéries synthétisent des enzymes : coagu-
L'adhésion est suivie d'une invasion par pénétration lase (S. aureus), streptokinase (S. pyogenes). D'autres
dans les cellules de l'hôte : ces bactéries "invasives" enzymes inactivent des agents anti-infectieux : pénicil-
vont induire un processus d'endocytose permettant leur linase, bêtalactamases, céphalosporinases. Ces enzy-
pénétration intracellulaire. Ce processus complexe a un mes agissent sur le micro-environnement tissulaire des
déterminisme génétique, chromosomique ou plasmidi- bactéries ou inhibent l'effet des antibiotiques.
que, différent selon les espèces bactériennes. Certai- * Multiplication bactérienne
nes bactéries passent entre les cellules des muqueuses C'est le principal mécanisme du pouvoir pathogène. On
pour coloniser la lamina propria sous-jacente. distingue selon ses modalités trois types de bactéries.
» Rôle des toxines Les bactéries à multiplication extracellulaire obligatoire
Certaines bactéries exercent leur pouvoir pathogène par Elles sont rapidement détruites par les mécanismes
l'intermédiaire de toxines. de bactéricidie des cellules phagocytaires. Elles

13
s'opposent à leur ingestion par certains constituants même minime constitue le plus souvent la porte d'entrée
(leur capsule ou paroi). Ces constituants sont des fac- du micro-organisme (staphylocoques, streptocoques...).
teurs majeurs de virulence (polysaccharide de la cap- En revanche, les muqueuses représentent la porte
sule de Streptococcus pneumoniae, protéine M de la paroi d'entrée de nombreuses infections. Leur pénétration
de S. pyogenes). Ces bactéries sont dites pyogènes. par des bactéries est précédée d'une phase d'adhé-
Elles sont responsables de bactériémies, de suppura- sion, due à des constituants de surface, facteurs de
tions et d'abcès. virulence (pili, fimbriae). La pénétration dépend du
Les bactéries à multiplication intracellulaire facultative pouvoir invasif de chaque bactérie.
Elles peuvent se multiplier dans le milieu extracellu-
- Autres facteurs anatomiques
laire et à l'intérieur des phagocytes mononucléés [ma-
crophages] dans lesquels leur devenir est variable : - L'excrétion des liquides biologiques, bile, sécrétions
destruction, multiplication ou quiescence, selon la viru- bronchiques, par exemple, entraîne un drainage per-
lence de la bactérie et l'état immunitaire de l'hôte. Ces manent et l'élimination d'agents infectieux, bacté-
bactéries ont in vitro une multiplication assez lente. ries essentiellement.
Elles sont représentées par les mycobactéries et les - A u niveau muqueux, de nombreuses substances
brucelles par exemple. Les infections dont elles sont chimiques (lysozyme dans la salive, pH acide de
responsables ont plusieurs caractères communs : l'estomac...] limitent la multiplication de certains
- évolution lente, fréquence des rechutes ; agents infectieux pathogènes. Une achlorhydrie gas-
- rôle primordial de l'immunité de type cellulaire, et en trique peut être source de pullulation microbienne
particulier des lymphocytes T ; digestive, de même qu'une altération du tapis muco-
- développement d'une hypersensibilité de type retardé, ciliaire au niveau respiratoire.
impliquant des macrophages et des lymphocytes T ; - Les aponévroses, les séreuses sont des barrières
- nécessité d'une pénétration et d'une activité intra- internes difficilement franchissables qui limitent
cellulaire des agents anti-infectieux utilisés.
l'extension d'un foyer infectieux.
Les bactéries à multiplication intracellulaire obligatoire
- La rate joue un rôle important dans l'opsonisation des
Elles se multiplient préférentiellement dans certaines
bactéries circulantes par voie sanguine. Une splénec-
cellules : cellules épithéliales [Chlamydia sp], endothé-
tomie ou une asplénie fonctionnelle (comme observée
liales (rickettsies). Ce caractère appartient également
au cours de certaines hémoglobinopathies) augmente
aux virus.
le risque d'infection grave à bactéries encapsulées
2. Pouvoir pathogène des virus
(pneumocoques, méningocoques...].
Il est le plus souvent dû à leur effet cytopathogène pou-
- L'intégrité anatomique et physiologique, notamment
vant aboutir à l'inactivation de la fonction des cellules
du système immunitaire, est conditionnée par un bon
ou à leur destruction selon les cellules cibles : épithé-
état nutritionnel. Le cercle vicieux malnutrition-infec-
lium bronchique pour Myxovirus influenzae, corps du
tion est un problème majeur de santé publique dans
neurone du système nerveux central pour le virus de
la rage, lymphocytes T auxiliaires (CD4+) pour le VIH... les populations défavorisées.
Certains virus persistent à l'état latent dans l'organisme 2. Réaction inflammatoire
[Herpès virus) ou s'intègrent au génome de l'hôte (VIH). L'afflux des cellules sanguines, la vasodilatation et
3. Pouvoir pathogène des champignons l'apport de facteurs humoraux au sein d'un foyer
II est en relation avec leur pénétration intratissulaire. infectieux définissent la réaction inflammatoire. Elle
De nombreux champignons se multiplient sous forme tend à circonscrire le foyer infectieux et apporte, en
filamenteuse provoquant destructions tissulaires et son sein, les éléments cellulaires et humoraux de
réaction inflammatoire. défense. Ce sont d'abord des facteurs non spécifiques
4. Pouvoir pathogène des parasites de l'immunité innée, puis des médiateurs spécifiques
Il est en relation avec leur multiplication intracellu- de l'immunité spécifique (dite aussi adaptative ou
laire et le site de cette multiplication pour les proto- cognitive). Ces deux systèmes sont capables d'inter-
zoaires : macrophages pour Leishmania sp, hématies agir en synergie. Cette réaction peut être diminuée,
pour Plasmodium sp. Pour les métazoaires, il est lié voire supprimée, dans certaines pathologies et par
au cycle de migration dans l'organisme à la phase ini- certains traitements (corticothérapie et AINSI qui
tiale et au site de fixation des vers adultes ensuite. exposent à des infections extensives sévères.
3. Éléments du système immunitaire
3 MOYENS DE DEFENSE
Ils sont cellulaires ou humoraux, divisés eux-mêmes en
1. Moyens anatomiques non spécifiques et spécifiques (T1-1).
Peau et muqueuses Les cellules immunitaires peuvent être distinguées
La peau intacte est une barrière imperméable pour la par les antigènes de d i f f é r e n c i a t i o n leucocytaire
quasi-totalité des micro-organismes. Une effraction exprimés à leur surface (T1 -2).

14
Infection et immunité anti-infectieuse

la lutte contre les parasites. Ils ont une localisation


essentiellement tissulaire, notamment let stratégi-
quement) dans les muqueuses. Une hyperéosinophi-
lie est observée lors des infections par métazoaires.
Basophiles et mastocytes
Respectivement localisés dans le sang périphérique et
dans les tissus (notamment les muqueuses], les poly-
nucléaires basophiles et les mastocytes possèdent des
granules dont le contenu est extrêmement acide (pH
proche de 1 ). Ils sont donc également très efficaces pour
détruire les pathogènes, et notamment les parasites.
Ils jouent un rôle tampon par rapport aux sécrétions des
éosinophiles (et vice versa). Des facteurs chimiotacti-
ques permettent de recruter ces deux types cellulaires
au même endroit.
La lignée monocytaire
Monocytes - Macrophages
- Les monocytes, issus de la moelle osseuse, migrent
rapidement du sang vers les différents organes pour
se différencier en macrophages. Ils acquièrent alors
une morphologie différente selon les tissus : cellules
de Küpffer au niveau hépatique, cellules gliales au
niveau cérébral... Leur capacité de phagocytose est
importante grâce à des récepteurs semblables à ceux
des PNN. Ils sont activés par les lymphocytes T par
> Les cellules l'intermédiaire de cytokines comme l'interféron
Les polynucléaires gamma. L'activation des macrophages entraîne une
Neutrophiles augmentation de leur activité métabolique, de leur
Produits par la moelle osseuse en 14 jours, après ma- contenu enzymatique, de leur activité phagocytaire et
turation, ils passent dans la circulation sanguine où microbicide. Les agents infectieux ingérés, en parti-
ils se distribuent en deux secteurs, circulant et mar- culier les bactéries, peuvent être détruits, se multi-
giné, adhérant à la paroi vasculaire. La durée de vie plier ou persister dans les macrophages selon leur
des polynucléaires neutrophiles (PNN) après sortie de état d'activation et le niveau d'immunité cellulaire.
la moelle est inférieure à 48 heures. Les PNN sont Leurs effets s'adressent avant tout aux agents infec-
capables de phagocytose grâce à des récepteurs tieux à développement intracellulaire. Leur activation
membranaires pour le complément et le fragment Fc aboutit à la flambée oxydative, c'est-à-dire une impor-
des immunoglobulines. Leur cytoplasme contient des tante production de radicaux oxygénés dans laquelle
granulations de deux types : granulations primaires intervient la synthèse d'oxyde nitrique (NO), permet-
ou azurophiles qui sont des lysosomes et contiennent tant la lyse du micro-organisme ingéré. Ces mécanis-
la myélopéroxydase (MPO), péroxydase spécifique du mes de destruction des agents infectieux sont sous la
polynucléaire neutrophile, et granulations secondai- dépendance de plusieurs gènes [le gène Nramp-1 est
res ou spécifiques, contenant entre autres de la lac- apparu déterminant pour l'évolution de certaines
toferrine. Plus d'une centaine d'enzymes différentes pathologies comme la leishmaniose, la tuberculose).
sont présentes dans les granulations des PNN. Leur - Les macrophages sont également des cellules pré-
équipement enzymatique (myélopéroxydase, produc- sentatrices d'antigènes qui, en association avec les
tion d'eau oxygénée, de dérivés chlorés et de NO molécules du complexe majeur d'histocompatibilité
[oxyde nitrique]) permet la lyse intracellulaire du (CMH) HLA de classe I mais surtout de classe II, per-
micro-organisme ingéré. Le contenu de leurs granu- mettent l'activation des lymphocytes T. Cette pré-
lations peut être déversé dans leur micro-environne- sentation antigénique est dite restreinte aux
ment et agir en extra-cellulaire. Leur rôle est capital molécules HLA, déterminant ainsi la réponse immu-
dans la défense contre les bactéries, ce qui explique nitaire spécifique.
la fréquence et la gravité des infections bactériennes Les cellules dendritiques localisées dans les tissus ou
chez les patients neutropéniques. au niveau ganglionnaire, ou les cellules de Langerhans
Éosinophiles au niveau de la peau ont la capacité de présenter l'anti-
Les polynucléaires éosinophiles possèdent des gra- gène aux lymphocytes T dits naïfs. Ces cellules jouent
nules dont le contenu est extrêmement basique (pH donc un rôle majeur dans l'initialisation de la réponse
proche de 10 avec notamment la protéine basique ma- immunitaire T. Certaines d'entre elles dérivent des
jeure, MBP pour major basic protein), sont dévolus à monocytes du sang périphérique. On en décrit une

15
Infection et immunité anti-infectieuse

cipales propriétés des 5 classes sont regroupées dans philes ou des macrophages. Ainsi se forme un pont
le tableau T1-3. entre la bactérie et le phagocyte qui permet et facilite
Il existe 4 sous-classes d'IgG, dont les propriétés fonc- sa captation intracellulaire. Ces anticorps sont spéci-
tionnelles diffèrent, notamment en termes d'activa- fiques de chaque sérotype pour une même bactérie et
tion du complément. représentent l'un des éléments de la résistance vis-
Les IgA sécrétoires présentes dans les sécrétions et à la à-vis de ces bactéries.
surface des muqueuses sont constituées de deux molé- - Les a n t i c o r p s de classe IgA pourraient inhiber
cules d'IgA réunies par une pièce J et entourées par une l'adhérence bactérienne aux muqueuses et interve-
pièce sécrétoire produite par les cellules épithéliales. nir dans la neutralisation de virus. Ils n'ont pas
Lors d'un premier contact antigénique, la réponse d'effet bactéricide ou opsonisant. Dans la lumière
anticorps, spécifique des antigènes des agents infec- des muqueuses, ils forment de volumineux com-
tieux, est surtout le fait d'une production d'IgM. La plexes immuns qui limitent la pénétration des bacté-
production des anticorps de classe IgM est possible ries et facilitent les réponses immunitaires
chez le fœtus en cas d'infection anténatale, celle des spécifiques dans les plaques de Peyer.
IgG apparaît peu après la naissance et s'accroît pro- - Les anticorps peuvent neutraliser et inactiver cer-
gressivement pour atteindre le taux adulte vers l'âge tains virus en situation extra-cellulaire pour préve-
de 10-14 mois alors que les IgG maternelles dispa- nir leur dissémination. Ce rôle est important après
raissent en trois mois. La production des IgA débute une première infection : varicelle, rougeole, rubéole.
après la naissance et ces immunoglobulines sont
- Lors d'une réponse immunitaire, il y a toujours d'abord
détectables dans la salive à 3 semaines de vie.
une production d'IgM puis une production des au-
Les fonctions des anticorps sont diverses
tres isotypes, principalement des IgG au niveau
- Les anticorps antitoxines neutralisent les toxines, en
sérique. La recherche des IgM permet ainsi de dater
particulier les exotoxines. Leur rôle est primordial
une infection et également de détecter une primo-
contre des maladies dues exclusivement aux exotoxi-
nes, comme le tétanos, la diphtérie. La détermination infection. Ces examens biologiques nécessitent idéa-
du taux d'anticorps antitoxine dans le sérum permet lement deux dosages pour vérifier la cinétique de
de savoir si un sujet est ou non protégé contre ces ma- production de ces anticorps.
ladies. L'immunité peut être acquise passivement par Les cytokines
l'administration d'IgG spécifiques de l'antigène, ou Ce sont des glycoprotéines solubles permettant la coo-
activement par la vaccination utilisant une anatoxine. pération des cellules immunitaires grâce à des récep-
- Les anticorps bactéricides ont un effet lytique sur cer- teurs spécifiques. Leur rôle est complexe, dépendant
taines bactéries à Gram négatif. Ils sont surtout im- de l'état d'activation de la cellule et du niveau d'expres-
portants vis-à-vis des Neisseria. sion des récepteurs. Les caractéristiques des principa-
Les anticorps interviennent dans la cytotoxicité à mé- les cytokines intervenant dans les défenses contre les
diation cellulaire dépendante des anticorps (ADCC). infections sont répertoriées dans le tableau T1 -4.
Dans ce cas, l'anticorps assure la reconnaissance spé-
Une perturbation du réseau des cytokines est démon-
cifique d'un antigène sur la membrane de la cellule
cible par son Fab et la liaison à une cellule cytotoxi- trée au cours du choc septique : synthèse majeure et
que par l'intermédiaire des récepteurs Fc qui déclen- délétère de cytokines pro-inflammatoires telles que
chent le signal de lyse. TNF-alpha et IL-6. Leur synthèse est induite par la pré-
- Les anticorps ont surtout un rôle d'opsonisation vis- sence de lipopolysaccharides bactériens. Une physio-
à-vis des bactéries à développement extra-cellulaire pathologie semblable est décrite pour les méningites
obligatoire. Ces anticorps se fixent, par leur fragment bactériennes. Enfin, des déficits immunitaires ont été
Fab, sur les constituants de surface, support de la vi- rapportés lors de défaut de synthèse de cytokines mais
rulence de ces bactéries, et par leur fragment Fc sur aussi par absence et/ou modifications fonctionnelles
des récepteurs spécifiques des polynucléaires neutro- des récepteurs.

T1 -3 : ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DU SYSTÈME IMMUNITAIRE


IgG IgA IgM IgD IgE
Concentration sérique 8à16mg/l 1,5à4mg/l 0,5à2mg/i <0,5mg/l < 3 ug/l
Demi-vie (jours). 23 6 5 2,5 2,5
Fixation du complément
Voie classique lgG1,lgG3 +
Voie alterne IgGA lgA1,lgA2 + -
Rôle dans les défenses Opsonisation Immunité Réponse anticorps Immunogtobuline Activité
anti-infectieuses Passage placentaire muqueuse primaire ou réactivation membranaire antiparasitaire
Infection et immunité anti-infectieuse

variété croissante, avec des propriétés activatrices ou trices de l'antigène sous sa forme native grâce à une
tolérogènes qui en font des éléments centraux de la immunoglobuline de surface spécifique permettant la
régulation du système immunitaire. Les cellules den- reconnaissance antigénique, qui constituent le récep-
dritiques plasmacytoïdes, qui sont les principaux pro- teur pour l'antigène des lymphocytes B ou BCR. Après
ducteurs d'interféron alpha, jouent un rôle majeur activation, les lymphocytes B perdent cette immuno-
dans les défenses antivirales. globuline de surface et se différencient en plasmocytes
Les cellules dendritiques immatures phagocytent des sécrétant les immunoglobulines. Les lymphocytes B ont
antigènes puis elles se rendent dans un organe lym- également une capacité de mémorisation permettant
phoïde secondaire, achèvent leur maturation et expri- une réponse anticorps plus rapide et plus spécifique en
ment de grandes quantités de molécules de classe II et cas de réexposition antigénique. Ils sont enfin capables
présentent les peptides issus des antigènes qu'elles ont de modifier leur BCR en augmentant son affinité et en
phagocytés. Elles produisent aussi des cytokines qui changeant la classe d'immunoglobulines sécrétées
modulent la réponse des lymphocytes T reconnaissant (phénomène de switch). Les cinq classes d'immuno-
les antigènes qui leur sont présentés. globulines ont des propriétés effectrices différentes
Les cellules tueuses naturelles ou importantes en immunité anti-infectieuse, notamment
["NK" pour"Naturalkiller"] par leurs propriétés opsonisantes.
Issues de la moelle osseuse, les cellules NK possèdent * Les facteurs humoraux
des récepteurs permettant la reconnaissance de cellu- Le système du complément
les anormales, dépourvues de molécules de classe I, Constitué d'une trentaine de protéines, il permet une
sans sensibilisation préalable. Ces cellules jouent un défense immunitaire non spécifique, mais dont l'acti-
rôle central dans l'activation du système immunitaire vation peut être déclenchée par des immunoglobuli-
face à une agression antigénique par leur capacité de nes spécifiques.
lyse des cellules infectées mais aussi par la synthèse On distingue 3 voies d'activation :
de cytokines telle que l'interféron gamma. - la première, dite alterne, fait intervenir les endotoxi-
Les lymphocytes T nes et les polysaccharides bactériens ;
Les lymphocytes T, originaires de la moelle osseuse - la deuxième, dite classique, est déclenchée par les
comme toutes les cellules hématopoïétiques, se diffé- complexes antigènes-anticorps ;
rencient dans le thymus où s'effectue une sélection - la troisième ou voie dite des lectines, qui débute par
négative permettant l'élimination des clones autoréac- la fixation de la "mannose binding protein" sur les
tifs, c'est-à-dire capables de réagir avec les antigènes sucres constituant la paroi bactérienne.
du soi, et une sélection positive des clones spécifiques Dans ces 3 cas, l'activation en cascade aboutit à la for-
d'antigènes étrangers au soi. Les cellules T sont activées mation du complexe d'attaque membranaire, permet-
par la reconnaissance d'un antigène spécifique, qui lui- tant la création d'un pore dans la membrane plasmique
même est présenté en association avec les molécules des bactéries sensibles (dont les Neisseria) d'où une
du complexe HLA par une cellule présentatrice d'anti- lyse osmotique. Par ailleurs, les sous-unités C3a et C5a
gène (dendritique, macrophage ou lymphocyte B). Pour ont un effet chimiotactique sur les PNN.
cette reconnaissance, les cellules T possèdent un
Les immunoglobulines
récepteur [TCR pour T Cell Receptor] hétérodimérique
Ce sont des protéines composées de 2 chaînes lour-
alpha et bêta, plus rarement gamma et delta. La diver-
des identiques entre elles définissant classes et sous-
sité des TCR constitue le répertoire, dont les pertur-
classes et de 2 chaînes légères identiques entre elles
bations peuvent constituer le signe indirect d'une
(F1-1). Chaque chaîne protéique est constituée d'une
agression antigénique.
partie variable entrant dans la constitution du site de
Les lymphocytes T CD4.+, dits "helpers" sont activés fixation à l'antigène (Fab) et d'une partie constante
lorsque l'antigène, d'origine exogène, est associé aux constituant le site de fixation aux cellules immunitai-
molécules HLA de classe II (il doit avoir été interna-
res [fragment Fc des chaînes lourdes).
lisé et dégradé en peptides]. Les lymphocytes T CD8+,
cytotoxiques ou mémoires, sont activés lorsque l'anti-
gène est associé aux molécules HLA de classe I (il
s'agit alors d'antigènes cytosoliques, le plus souvent
du soi, mais pouvant aussi correspondre à l'intégra-
tion d'un génome infectieux par la cellule).
Les lymphocytes B
Ces lymphocytes sont dits B par référence à la Bourse
de Fabricius dont ils sont issus chez les oiseaux. Les
mammifères ne présentent pas d'organe semblable. Cinq chaînes lourdes sont décrites : G, A, M, D et E
Chez l'homme, ces cellules naissent et se différencient Les immunoglobulines correspondantes sont en ordre
dans la moelle osseuse. Ce sont des cellules présenta- quantitatif décroissant dans le sérum humain. Les prin-

16
Infection et immunité anti-infectieuse

T1-4 : PRINCIPALES CYTOKINES. CELLULES PRODUCTRICES ET FONCTIONS RECONNUES


Cytokines Cellule productrice Fonctions essentielles
IL-1 alpha et bêta Monocytes, macrophages Activation des cellulesT
Lymphocytes
Cellules épithéliales
IL-2 Cellules TH1 Activation pluricellulaire : cellules T, B, macrophages...
IL-4 Cellules TH2 Production d'IgE
IL-5 Cellules TH2 Facteurs de croissance des éosinophiles
Prolifération et sécrétion des cellules B
IL-6 Monocytes Production d'anticorps
Cellules endothéliales
CellulesT
IL-12 Monocytes, macrophages, lymphocytes B Promotion des cellules TH1 productrices d'IL-2 et d'interféron gamma
Interféron alpha Leucocytes Défense antivirale +++
Interféron bêta Fibroblastes
Interféron gamma Lymphocytes TCD4, CD8, NK activées Défense antivirale
Activation des macrophages +++
TNF-alpha Macrophages Activation de nombreux types cellulaires
TNF1-bêta Cellules T
G-CSF2 Macrophages Facteur de croissance de la lignée myéloïde
Fibroblastes
Cellules endothéliales
GM-CSP3 Macrophages Facteur de croissance des polynucléaires et des monocytes
Cellules endothéliales
CellulesT
TGF-bêta4 CellulesT Action "temps-dépendante" sur les cellules T, B, NK (activatrice puis
Macrophages activés inhibitrice)
1 Tumor Necrosis Factor - 2 Granulocyte Colony Stimulating Factor - 3 Granulocyte-Macrophage Colony Stimulating Factor - 4 Transforming
Growth Factor beta

L'immunité non spécifique : la phagocytose induite par l'ingestion des bactéries : augmentation de
Elle a pour conséquence l'ingestion et la destruction la consommation d'O2, de la production d'H2O2 et de
intracellulaire des agents infectieux par les phagocytes dérivés actifs de l'O 2 ("radicaux libres"] comme l'ion
qui sont de deux types : polynucléaires neutrophiles et superoxyde.
phagocytes mononucléés. - L'activité microbicide du polynucléaire neutrophile est
La phagocytose comprend plusieurs étapes, bien iden- assurée avant tout par H2O2 et certains dérivés actifs
tifiées pour les polynucléaires neutrophiles. de l'oxygène agissant en synergie avec la MPO et des
- La chimiotaxie est une mobilité directionnelle du dérivés des halogènes, iode ou chlore. D'autres
polynucléaire vers le foyer infectieux et les agents mécanismes microbicides indépendants de l'oxygène,
infectieux, induite par diverses substances dont abaissement du pH intracellulaire, protéines cationi-
certains facteurs activés du complément : C3a, C5a, ques, lysozyme ont un rôle moins certain.
complexe C5-C6-C7.
Les mécanismes microbicides sont plus complexes au
- L'ingestion des agents infectieux, préparée et favo-
niveau des macrophages. Ils ne contiennent pas de
risée par les anticorps opsonisants et les fractions
MPO. Le système dépendant de l'oxygène semble le plus
du complément, aboutit à la pénétration des agents
important.
infectieux dans le cytoplasme et à leur englobement
dans une vacuole de phagocyte ou phagosome. Cette
étape entraîne la dégranulation du polynucléaire, la [4] MECANISMES DE DEFENSE
migration intracytoplasmique des granulations, la ANTI-INFECTIEUX
fusion de leurs membranes avec celle du phago-
1. Bactéries
some et la libération dans le phagosome des enzy-
mes contenues dans les granulations. * Non spécifique
- L'inactivation et la destruction intracellulaire des - La défense repose sur une réaction inflammatoire
agents infectieux sont indépendantes des facteurs locale et systémique quand les bactéries ont fran-
humoraux. Cette étape est étroitement liée à la stimu- chi le revêtement cutanéomuqueux et la réponse im-
lation du métabolisme o x y d a t i f du polynucléaire munitaire non spécifique.

18
Infection et immunité anti-infectieuse

- Le complément est activé par la voie alterne et la voie * Anticorps sériques


des lectines, ce qui a pour conséquences la libération Ils ont une activité neutralisante directe sur les virus
de peptides chimiotactiques (C3a, C5a], l'opsonisation extra-cellulaires dont l'un des effets est de supprimer
des bactéries et la formation de complexes d'attaque la virémie et d'assurer une immunité solide dans cer-
des membranes. taines infections virales. La mesure du titre des anti-
- L'infection induit la production de cytokines par dif- corps spécifiques permet de savoir si un individu a
férents types cellulaires, notamment les macropha- déjà été infecté, même de façon inapparente, et est
ges qui, activés, sécrètent du TNF-alpha, de l'IL-1, protégé contre certaines infections virales (rougeole,
de l'IL-6 et de l'IL-8 ; le TNF agit sur les phagocytes ; rubéole, oreillons, varicelle...).
l'IL-1 et l'IL-6 ont de nombreuses activités inflam- Les anticorps antiviraux jouent un rôle important dans
matoires ; l'IL-8 favorise le chimiotactisme. d'autres infections virales comme la rage, la grippe,
- Les phénomènes de phagocytose mis en jeu dès le la poliomyélite.
contact avec les bactéries seront facilités par la pro- Les anticorps de surface de classe IgA s'opposent à
duction des anticorps spécifiques. l'implantation sur l'épithélium des muqueuses et à la
Les cellules de l'immunité innée reconnaissent les pénétration de certains virus, virus respiratoires et
motifs spécifiques des pathogènes, les PAMPs (patho- entérovirus notamment. Le développement de ces
gen associated molecular patterns] par des récepteurs anticorps est stimulé par les vaccins vivants atténués
ancestraux, les PRR [pattern récognition receptors). administrés par voie locale, respiratoire ou digestive.
- Spécifique Interférons
L'immunité antibactérienne induit aussi une réponse Ce sont des glycoprotéines fabriquées par toute cellule
immunitaire spécifique. Les bactéries possèdent de infectée par un virus in vitro et in vivo. Ils sont spécifi-
nombreuses molécules antigéniques de surface ou ques d'une espèce animale mais ne sont pas spécifi-
internes. Après phagocytose, les molécules protéi- ques d'un virus ou d'une famille de virus. On en distingue
ques sont présentées par les molécules du CMH au trois types :
récepteur pour l'antigène des lymphocytes T. Diffé- - IFN-alpha produit par les leucocytes ;
rentes sous-populations de cellules T CD4, TH1 ou - IFN-bêta d'origine fibroblastique ;
TH2 sont activées en fonction du type de cellule acti- - IFN-gamma produit par les lymphocytes T.
vatrice, les macrophages activant TH1, les cellules Les interférons entraînent un état réfractaire à la repli-
dendritiques et les lymphocytes B plutôt les TH2. Les cation virale en inhibant l'initiation de la traduction des
cellules T CD4 TH1 induisent une réaction d'hyper- protéines virales. Ils agissent donc à un stade tardif de
sensibilité retardée, les cellules T CD4 TH2 stimulent la réplication virale et leur effet se fait par l'intermé-
la production d'anticorps. diaire d'enzymes, protéine-kinase et 2-5' oligonucléo-
Les bactéries à développement extra-cellulaire sont tide-synthétase. Ils stimulent aussi les cellules NK qui
détruites par la fixation des anticorps à la surface de sont capables de lyser les cellules infectées par un
l'agent pathogène, l'activation du complément favo- virus. Leur rôle semble important dans la guérison
risant l'opsonisation et la phagocytose. Les bactéries spontanée de certaines infections virales.
à développement intracellulaire sont détruites par des * Facteurs de nécrose des tumeurs
macrophages activés par des cytokines (TNF-alpha, (TNF-alpha et TNF-bêta)
IFN-gamma) sécrétées par des cellules T, des cellu- Leurs actions antivirales sont proches de celles de
les NK. l'IFN-gamma. Ils ont des effets inhibiteurs synergi-
ques sur les virus à ARN et ADN et peuvent exercer
2. Virus
des activités cytotoxiques in vitro sur des cellules
Ils font intervenir les anticorps, l'interféron, le TNF et
infectées par un virus.
l'immunité cellulaire dont les rôles et l'importance sont
différents selon le type de virus [T1 -5). s Immunité cellulaire
Elle intervient par des phénomènes de cytotoxicité qui
aboutissent à la destruction de cellules infectées par un
virus. La cytotoxicité à médiation cellulaire s'exerce
selon trois modes :
- la cytotoxicité antivirale spécifique. Elle est restreinte
par les antigènes du CMH de classe I qui sont expri-
més par toutes les cellules de l'organisme. Elle est le
fait de lymphocytes T cytotoxiques (CTL) exprimant
l'antigène de différentiation CD8 qui leur sert à vérifier
que le peptide reconnu par leurTCR est bien porté par
une molécule de classe I du MHC. Le développement
de cette cytotoxicité a été démontré chez l'homme
après de nombreuses infections virales : cytomégalo-

19
Infection et immunité anti-infectieuse

virus, Herpès simplex virus, virus d'Epstein-Barr, 4. Champignons


Myxovirus influenzae par exemple. Au cours de l'infec- Les relations hôte-champignons sont complexes et
tion à VIH, elle apparaît au début de l'infection, puis font intervenir des moyens de défense de surface, la
disparaît peu à peu ; phagocytose, et l'immunité cellulaire. La peau et les
- la cytotoxicité naturelle. Elle est exercée par les cellu- muqueuses constituent une barrière mécanique et
les NK. Cette cytotoxicité naturelle apparaît plus pré- physicochimique efficace. L'immunité cellulaire locale,
cocement que la cytotoxicité liée aux CTL. Elle au niveau de la peau et des muqueuses, est un élé-
représente une réponse immédiate non spécifique à ment essentiel dans la défense contre les infections
une infection virale ; à Candida. Le déficit de cette fonction T-dépendante
- la cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps ou rend compte du développement des candidoses chro-
ADCC. Le rôle exact de cette cytotoxicité in vivo n'est niques cutanéomuqueuses et des candidoses bucca-
pas connu. les et œsophagiennes au cours de l'infection à VIH,
sans qu'il y ait cependant pénétration tissulaire et
Les lymphocytes T auxiliaires (CD4) ont un rôle impor-
dissémination systémique de l'infection.
tant dans l'activation des CTL spécifiques de l'antigène
La phagocytose par les neutrophiles et les macropha-
par l'intermédiaire de l'interleukine 2. La cytotoxicité NK
ges joue un rôle important dans la défense contre Can-
est stimulée par des cytokines telles que l'IL-2 et l'IFN-
dida et Aspergillus. Ces phagocytes sont capables in
gamma.
vitro de détruire ces champignons ou pour les macro-
L'immunité cellulaire joue un rôle prépondérant et phages activés, de réduire leur multiplication intra-
quasi exclusif dans la protection contre les virus du cellulaire. Ainsi, des infections graves et systémiques
groupe des Herpès virus. Son rôle apparaît plus mo- à Candida, a Aspergillus sont observées au cours des
deste dans d'autres infections virales comme la grippe, déficits quantitatifs ou qualitatifs (granulomatose
les entéroviroses. chronique familiale).
3. Parasites L'immunité cellulaire T-indépendante intervient dans la
L'immunité antiparasitaire est complexe. Dans la ma- défense systémique contre Cryptococcus neoformans et
jorité des parasitoses humaines, l'évolution chroni- Histoplasma capsulatum en activant les macrophages.
que est la règle. Il s'agit ainsi d'une immunité non Le rôle direct des lymphocytes cytotoxiques est éga-
stérilisante mais permettant une résistance progres- lement possible. Le rôle de l'immunité cellulaire
sive limitant la prolifération de l'agent pathogène mal- dépendant des lymphocytes apparaît primordial dans
gré les réinfestations. la défense contre ces deux dernières espèces de
Les défenses immunitaires contre les protozoaires font champignons.
appel aux mêmes intervenants que lors de la lutte
contre les bactéries intracellulaires. Cependant, l'effica-
5 LES SUPERANTIGENES
cité est moindre compte tenu de plusieurs spécificités Il s'agit de molécules d'origines microbiennes diverses
parasitaires : (exotoxine A de S. pyogenes, entérotoxines staphylococ-
- il existe une grande variabilité antigénique au sein ciques) capables d'activer les cellules T de façon oligo-
d'une même espèce parasitaire (Plasmodium, Trypa- donale [via la sous-unité bêta du TCR], aboutissant à
nosoma) ; une importante synthèse de cytokines pro-inflamma-
- les antigènes varient au cours du cycle parasitaire né- toires. Ces anomalies d'activation immunitaire sont
cessitant une adaptation permanente mais retardée source d'états de choc de sombre pronostic. De nom-
du système immunitaire ; breux autres agents pathogènes pourraient exprimer
- certaines protéines d'origine parasitaire perturbent le des superantigènes : Mycobacterium tuberculosis,
fonctionnement immunitaire optimal (diminution des Yersinia pseudotuberculosis, Plasmodium falciparum...
réponses prolifératives lors de l'infection par Trypano-
soma par exemple). 6 ÉVOLUTION D'UNE INFECTION
Les défenses immunitaires contre les helminthes - La plupart des agents infectieux induisent une réac-
dépendent des cellules myéloïdes et notamment des tion inflammatoire dont l'intensité, la durée et le re-
polynucléaires éosinophiles mais aussi des macro- tentissement général sur l'organisme sont variables.
phages et des plaquettes. Une cytotoxicité cellulaire L'analyse anatomopathologique des tissus inflam-
dépendante des IgE a été démontrée, permettant un matoires peut ainsi renseigner le clinicien sur le type
contrôle de l'infection. Cette particularité des défen- d'agents infectieux en cause, lorsque celui-ci n'a pu
ses immunitaires contre les métazoaires implique une être isolé. L'infiltrat de PNN évoque par exemple une
régulation très différente de la synthèse des facteurs infection bactérienne, un infiltrat lymphocytaire, une
de croissance hématopoïétiques (synthèse d'IL-5] et de virose ou la présence d'éosinophiles, une parasitose.
la commutation isotypique des immunoglobulines vers Selon l'intensité de la réponse, l'éradication micro-
la synthèse d'IgE (synthèse des cytokines de type TH2). biologique peut s'accompagner d'altérations tissu-

20
Infection et immunité anti-infectieuse

laires préjudiciables à l'hôte (exemple des méningi- une mémoire de l'agression, rendant l'éventuelle
tes bactériennes source de séquelles neurologiques). récidive potentiellement moins sévère ou impossi-
- La qualité de la réponse immune, en termes d'éradi- ble (exemples des viroses infantiles : rubéole, rou-
cation de l'agent infectieux, dépend de mécanismes geole...). Cette propriété de mémoire est bien
génétiques complexes : entendu mise à profit dans les vaccinations. Elle est
• chaque étape nécessaire au système immunitaire avant tout le fait de l'immunité cellulaire spécifique
pour la destruction des agents infectieux peut être (lymphocytes T CD8+ et B mémoires).
touchée par des anomalies génétiques, d'où la - La persistance de l'infection s'accompagne de modi-
possibilité de récidives et/ou de rechutes ; fications des interactions agent pathogène-immu-
• la variabilité interindividuelle pour un même agent
nité. L'évolution est alors extrêmement variable et
infectieux peut être expliquée par le polymorphisme
fonction de la capacité du micro-organisme à échap-
des molécules HLA aboutissant à la présentation
per aux défenses immunitaires (mycobactéries
d'épitopes différents, d'où une réponse immunitaire
plus ou moins intense et efficace. intramacrophagiques empêchant l'acidification des
- Lorsque l'agent pathogène est éradiqué, le système phagolysosomes], à exprimer de nouveaux antigènes
immunitaire doit être désactivé. Dans ce phéno- (Trypanosoma) ou à progressivement détruire les
mène, entrent en jeu des m é c a n i s m e s encore cellules immunocompétentes (VIH). Enfin, sans être
incomplètement élucidés, mais où l'apoptose (mort directement cytotoxique, un agent infectieux peut
cellulaire programmée] joue un rôle central. Le sys- activer une cytotoxicité cellulaire T CD8+ délétère
tème immunitaire est néanmoins capable de garder (hépatite B chronique).

21
Épidémiologie des maladies transmissibles

1. infections endogènes
1 DEFINITION
L'organisme humain sain héberge, dans son tube diges-
L'épidémiologie est l'étude, dans les populations humai- tif, sur sa peau et ses muqueuses, 1013 à 1014 germes
nes, de la fréquence et de la répartition des maladies et appartenant à plus de 500 espèces différentes de bac-
des états de santé (épidémiologie descriptive), des fac- téries, levures, protozoaires. La base de cette flore est
teurs qui déterminent cette fréquence et cette répartition acquise dès les premiers jours de la vie, au contact de
(épidémiologie analytique) et des résultats des interven- la mère et de l'environnement, mais elle s'enrichit et se
tions entreprises pour lutter contre les maladies et amé- diversifie au cours de la vie au fur et à mesure des
liorer les états de santé (épidémiologie évaluative). contacts avec le milieu extérieur. Une partie de cette
Les maladies transmissibles sont définies par leur flore, hébergée par l'organisme à l'état quiescent, sou-
étiologie (un ou plusieurs agents infectieux : bactéries, vent durablement ou même définitivement (et à laquelle
virus, parasites, champignons) et par leur capacité à se il convient d'ajouter de multiples virus latents), est
transmettre à plusieurs individus et entre individus. potentiellement pathogène, susceptible de provoquer
La connaissance épidémiologique de ces maladies est une maladie infectieuse chez certaines personnes ou
indispensable à leur prise en charge et à leur préven- dans certaines circonstances, lorsque sont altérées
tion. La participation des médecins praticiens est fon- les défenses locales ou générales : blessure, inter-
damentale dans ce domaine. vention chirurgicale, froid, défaillance immunitaire
Il en résulte que l'épidémiologie est un volet essentiel passagère ou durable. Ces maladies infectieuses "de
de la lutte contre les maladies transmissibles, com- circonstance" sont appelées opportunistes.
prenant la surveillance clinique et microbiologique des 2. Infections exogènes
infections, la prise en compte des facteurs de risque, Selon l'agent pathogène, le réservoir peut être hu-
la programmation et l'évaluation des mesures de lutte. main, animal ou environnemental (F2-1).
La majorité des agents pathogènes pour l'homme a
2 RESERVOIRS DE GERMES
pour réservoir l'homme lui-même, auquel ils se sont
Les infections peuvent être d'origine exogène (acqui- adaptés, souvent à l'exclusion de tout autre hôte.
ses à partir de l'entourage ou de l'environnement] ou L'homme a été ou est l'unique réservoir de la variole,
endogènes (provenant de la flore propre de l'hôte). de la rougeole, de la poliomyélite, de la varicelle, du

22
Épidémiologie des maladies transmissibles

choléra, de la typhoïde, de la méningite à méningoco- nelles, shigelles, vibrions cholériques, amibes, virus
que, de la syphilis et du paludisme. L'homme reste la de l'hépatite A, virus de la poliomyélite, légionnelles)
principale source de la tuberculose et de la grippe. ou animale, quand ces agents sont susceptibles de
Les infections dont le réservoir est exclusivement survivre quelque temps dans le milieu extérieur ;
humain sont potentiellement éradicables : l'éradica- - sol (ascaris, ankylostomes) ;
tion mondiale de la variole, confirmée dès 1980, a été - arthropodes (moustiques, mouches, tiques), vecteurs
obtenue par une campagne mondiale de vaccination et animés de plusieurs maladies d'origine humaine
de surveillance active ; l'OMS espère obtenir l'éradi- (paludisme transmis par l'anophèle, typhus histori-
cation de la poliomyélite dans les années à venir. que par le pou de corps...) ou animale (fièvre jaune
Plusieurs maladies infectieuses humaines ont un transmise par des moustiques du genre Aèdes,
réservoir animal. Ce sont les zoonoses, telles la peste maladie de Lyme par certaines tiques).
(rongeurs), la fièvre jaune (singes), la brucellose 3, Transmissions verticale et horizontale
[bétail), la rage (renard), les salmonelloses non typhoï- À ces divers modes de transmission dits "horizontaux"
diques (volaille, rongeurs etc.), la listériose... s'ajoute, pour certaines infections (rubéole, syphilis,
Enfin, certains agents infectieux ont pour réservoir le toxoplasmose, VIH, hépatite B), une transmission "ver-
sol (spores tétaniques, gangrène gazeuse) ou les ticale", de la mère à l'enfant, transplacentaire et/ou
poussières (histoplasmose, coccidioïdomycose), l'eau au moment de l'accouchement (VIH, virus de l'hépa-
(légionelles). tite B, syphilis, toxoplasmose).

3 MODES DE TRANSMISSION 4 INFECTIONS COMMUNAUTAIRES -


INFECTIONS NOSOCOMIALES ET
1. Transmission directe LIÉES AUX SOINS (CF. CHAP. 130)
Le transport des agents infectieux à partir du réser-
voir (F2-1) a lieu le plus souvent par contact direct de Les infections communautaires, qui regroupent la
personne à personne, notamment pour les agents grande majorité des infections, se définissent néga-
dont la survie dans le milieu extérieur est éphémère. tivement par rapport aux précédentes : ce sont les
La transmission directe est : infections acquises hors établissements de soins (non
-aéroportée pour certaines infections respiratoires liées aux soins).
(rougeole, tuberculose, varicelle et en partie la Les infections nosocomiales sont les infections
grippe] ; elle peut se faire à une distance de plusieurs contractées en établissements de soins ou en institu-
mètres ; tions (ni en incubation ni présentes à l'admission). On
- par contact avec les gouttelettes de salive (ménin- considère qu'un délai de 48 heures est nécessaire
gites bactériennes, infections à VRS..), on parle alors pour le développement d'une infection nosocomiale.
de transmission de type gouttelettes. Elle nécessite Les enquêtes nationales de prévalence qui sont réa-
un contact beaucoup plus rapproché (moins d'un lisées tous les 5 ans en France depuis 1996 ont per-
mètre] avec la personne source ; mis de mesurer que 5 à 7 % des patients hospitalisés
- manuportée pour les infections entériques, à trans- sont atteints d ' i n f e c t i o n s nosocomiales dans les
mission féco-orale (les mains étant souvent le vec- hôpitaux français.
teur, quand les conditions d'hygiène sont précaires, Les infections liées aux soins sont des infections dues
entre la source fécale et l'ingestion) et la transmis- à des micro-organismes contractés au cours d'actes
sion des bactéries multirésistantes (BMR) en milieu médicaux. Ces infections sont associées à une aug-
hospitalier ; mentation du risque de résistance bactérienne.
- sexuelle pour les infections sexuellement transmis- La surveillance des maladies transmissibles et la
sibles (syphilis, urétrites, infection VIH, hépatite B, déclaration obligatoire sont traitées aux chapitres 143
etc.] ; et 144.
- sanguine : le sang est susceptible de transmettre les
virus des hépatites B et C, le VIH, le CMV, des bac-
téries et des parasites (paludisme par exemple), à
l'occasion d'une transfusion, d'une blessure profes-
sionnelle.
La transmission peut aussi être directe à partir d'un
animal contagieux : aérienne (fièvre Q) ou cutanée
(rage, brucellose, tularémie).
2. Transmission indirecte
Elle passe par un intermédiaire inerte ou animé :
- e a u et alimentation, contaminées par des agents
d'infections entériques, d'origine humaine (salmo-

23
Etats infectieux : définition, physiopathologie
et critères de gravité
fusion sont recherchées, mais ces patients sont consi-
1 DÉFINITIONS DES ÉTATS INFECTIEUX
dérés comme étant porteurs d'un choc septique.
1. Infection 6. Syndrome de défaillance multiviscérale
L'infection est le résultat de l'agression d'un orga- (SDMV)
nisme par une bactérie, un virus, un parasite ou un Présence de plusieurs d y s f o n c t i o n s d'organe ne
champignon. Il en résulte une réponse inflammatoire permettant plus de maintenir l'homéostasie sans
liée à la présence de l'agent pathogène ou à l'invasion intervention.
du tissu. La bactériémie traduit la présence de bac-
téries viables dans le sang. De la même façon, vire- 2 PHYSIOPATHOLOGIE
mie, fongémie, parasitémie traduisent la présence de
virus, champignons, parasites. Le sepsis grave est une pathologie dont l'incidence est
estimée à 50-95 cas/100 000 ; son augmentation est
2. Syndrome de réponse inflammatoire
systémique (SRIS) estimée à 9 % par an.
Ce syndrome se caractérise par l'association de plu- 1. Événement initiateur
sieurs signes peu spécifiques pouvant être la consé- L'induction d'une réponse de l'hôte est liée soit à un
quence de différentes agressions cliniques graves produit de sécrétion du pathogène, soit à l'un de ses
(pancréatite aiguë, ischémie, polytraumatisme, choc fragments. Pour les bactéries à Gram positif ou né-
hémorragique, maladie de système). gatif, l'acide téchoïque et le lipopolysaccharide consti-
On parle de SRIS lors de l'association d'au moins deux tuent r e s p e c t i v e m e n t des f r a g m e n t s de p a r o i s
des signes suivants : capables d'induire un sepsis et un choc septique.
- température corporelle > 38 °C ou < 36 °C ; Face à cette agression, l'hôte met successivement en
- rythme cardiaque > 90 battements/min ; jeu une série de moyens de défenses comprenant : les
- rythme respiratoire > 20/min ou hyperventilation se barrières naturelles (épithéliums...), l'immunité innée
traduisant par une PaCO2 < 32 mmHg (< 4,3 kPa] en puis adaptative. Un déséquilibre de ces différents
air ambiant ; moyens participe à l'évolution vers une réponse ina-
- leucocytes > 12 000/mm 3 ou < 4 000/mm 3 ou > 10 % daptée se caractérisant cliniquement par la survenue
de cellules immatures (en l'absence d'autres cau- du choc septique.
ses connues). 2. Immunité innée et adaptative
3. Sepsis Dès la pénétration de l'agent pathogène dans l'orga-
II représente l'association du syndrome de réponse nisme, après le franchissement des barrières naturel-
inflammatoire systémique avec une infection confir- les, l'immunité innée représente la première ligne de
mée au moins cliniquement. défense de l'organisme. Elle a pour intermédiaires un
4. Sepsis grave ensemble de cellules et de médiateurs solubles pré-
C'est un sepsis associé à une dysfonction d'organe, sents à l'état normal dans l'ensemble de l'organisme.
une hypoperfusion ou une hypotension : La composante cellulaire associe les macrophages tis-
- la dysfonction d'organe se définit par : sulaires, les cellules dendritiques, les leucocytes et les
• une hypoxémie ; macrophages. Les facteurs solubles regroupent le sys-
• un débit urinaire < 0,5 ml/kg/h ; tème du complément, les collectines, les défensines
• une coagulopathie ; et les autres peptides antimicrobiens. Le rôle de l'im-
• une acidose métabolique ; munité innée est d'éliminer l'agent infectieux en or-
- l'hypoperfusion se traduit habituellement, mais non chestrant ces différents acteurs. La présentation par
exclusivement, par : les cellules dendritiques des peptides microbiens aux
• une acidose lactique ; lymphocytes T naïfs permet par sélection clonale le
• une oligurie ; développement de l'immunité adaptative. Il en résulte
• une encéphalopathie aiguë ; une prolifération de lymphocytes T et B avec produc-
- l'hypotension se définit comme une PA systolique tion d'anticorps spécifiques. Ceci permet d'insister sur
< 90 mmHg ou une réduction d'au moins 40 mmHg l'importance de la réponse initiale, innée, qui condi-
des chiffres tensionnels habituels, en l'absence tionne la réponse adaptative. L'activation de l'immu-
d'autre cause connue d'hypotension (médicaments nité innée repose sur la reconnaissance de motifs
hypotenseurs, choc cardiogénique). moléculaires spécifiques des agents pathogènes qui
5. Choc septique n'ont pas d'équivalent chez l'hôte (reconnaissance du
C'est un sepsis associé à une hypotension persistante, non-soi). Un polymorphisme génétique touchant cette
malgré un remplissage vasculaire adapté qualitative- signature moléculaire, en modifiant ainsi la structure
ment et quantitativement, accompagnée ou non de ou la quantité, est responsable d'une plus grande sus-
signes d'hypoperfusion. Les patients qui sont sous ceptibilité à l'infection.
drogues inotropes ou vasopressives peuvent ne plus De l'activation de l'immunité innée puis adaptative naît
être hypotendus au moment où les anomalies de per- une réponse cellulaire et humorale.

24
États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité

• Réponse cellulaire Parmi les éléments régulant l'ensemble de cette ré-


Le système monocyto-macrophagique libère de nom- ponse inflammatoire, différents polymorphismes géné-
breux médiateurs comme tes cytokines (TNF-alpha) ou les tiques ont été décrits et associés à une aggravation du
médiateurs lipidiques pouvant aggraver les lésions tis- pronostic. Ces polymorphismes touchent aussi bien les
sulaires. Les polynucléaires libèrent de nombreuses gènes codant pour les cytokines que les récepteurs de
molécules (LTB4, IL-1, IL-6...). Des substances pro- surface ou les voies de transduction intracellulaires.
inflammatoires et vasoactives sont produites par les 3. Mécanismes de la dysfonction d'organe
cellules endothéliales, on observe aussi une activation Les lésions tissulaires observées lors du sepsis condui-
des récepteurs de surface. Il existe par ailleurs une sant à la dysfonction d'organe résultent de l'activation
diminution des propriétés antithrombotiques et pro- de la réponse inflammatoire et du système neuro-endo-
fibrinolytiques responsables de profondes modifica-
crine. La principale conséquence est une altération de
tions de la coagulation lors du sepsis.
la phosphorylation oxydative à l'origine d'une dysoxie.
• Réponse humorale Les altérations de l'équilibre coagulolytique (hyper-
Les voies classiques et alternes du complément sont expression de facteur tissulaire, diminution des inhi-
activées tout comme le système kallicréine-kinine qui biteurs de la coagulation comme la protéine C ou
induit la production de bradykinine, puissant vasodi- l'antithrombine] aboutissent à un état procoagulant
latateur. Plusieurs travaux ont montré un rôle impor- qui, par une interaction avec les médiateurs pro-
tant du système nerveux central et périphérique dans inflammatoire, induit un cercle vicieux conduisant a la
la modulation de la réponse inflammatoire. défaillance d'organe.
L'ensemble de ces éléments conduit à une réponse
systémique qui est le produit de l'équilibre entre un 3 SCORES DE GRAVITÉ
versant pro-inflammatoire et un versant pro-inflam-
matoire (F3-1). En cas de déséquilibre au profit du Les scores, en réanimation, ont plusieurs rôles : épidé-
versant anti-inflammatoire, le sepsis évolue vers le sep- miologiques, méthodologiques ou économiques. Les
sis grave, le choc septique et le syndrome de défaillance scores de gravité visent à stratifier les patients en groupe
multiviscérale avec le décès du patient. de gravité homogènes pour comparer des procédures

25
États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité

et/ou des résultats et éventuellement tenter d'obtenir


un pronostic individuel. On distingue 3 types de scores
de gravité : généralistes, spécifiques ou de défaillances
viscérales (T3-1).

APACHE : Acute Physiology and Chrome Health Evaluation -


IGS : Indice de Gravité Simplifié - MPM : Modèle de Probabilité de
Mortalité - ASA : Score de [American Society of Anesthesiology -
NYHA : Score de la New York Heart Association - GCS : Glasgow Coma
Score - AÏS : Abbreviated InjuryScale - ISS : Injury Severity Score -
Variable Définition
RTS : Revised Trauma score - ODIN : Organ Dysfunctions and/or
Infection - MODS : Multiple Organ Dysfunction System - Âge Noter en années
LOD : Logistic Organ Dysfunction. Fréquence Noter la valeur la plus anormale pendant
Les scores en bleu sont détaillés dans le texte. cardiaque les premières 24 h (bradycardie). Si la
1, Le score APACHE (Acute Physiology and fréquence varie de 0 (arrêt cardiaque) [4 points)
à 1 60 (3 points), choisir la valeur 0 (4 points)
Chronic Health Evaluation)
Pression Employer la même méthode que pour
Le score APACHE est l'un des premiers scores déve- artérielle (PAS) la fréquence cardiaque. Par exemple si la PAS
loppés parmi les scores généralistes. Plusieurs ver- varie de 60 à 195, choisir 195 (4 points)
sions se sont succédées, la première version comptait
Température Prendre la température la plus anormale en °C
34 items différents, la deuxième ne retenait plus que
Pa02/Fi02 Noter le rapport seulement si le malade est
12 variables physiologiques associées à l'âge et un cer-
ventilé
tain nombre de maladies préexistantes. Comme dans
la première version, l'attribution du poids de certains Débit urinaire Si le malade ne reste qu'une partie des
24 premières heures en réanimation,
paramètres garde un caractère arbitraire, il a cepen- extrapoler la valeur du débit à 24 h, par
dant été validé sur une cohorte de 5 815 malades. La exemple : 1 l en 8 h correspond à 3 l par 24 h
dernière version, l'APACHE III, comporte 17 variables Urée sanguine Noter les valeurs en mmol/l ou g/l
avec un poids relatif beaucoup plus dispersé essayant
Globules blancs Diviser les valeurs par 1 000 : 900 globules
ainsi de compenser les défauts de la version II. Ce der- blancs = 0,9; 25 000GB = 25
nier score a été construit par régression logistique à
Potassium Noter la valeur la plus anormale en mEq/l
partir d'une base de données de plus de 37 668 patients.
Le principal problème est maintenant la complexité du Sodium Noter la valeur la plus anormale en mEq/l
système. Pour cette raison, l'APACHE II reste encore HC03 Noter la valeur la plus anormale en mEq/l
pour beaucoup plus utilisé que la version NI. Bilirubine Noter en mg/l ou µmol/l (uniquement
2, L'IGS (Indice de Gravité Simplifié) chez les patients ictériques)
Cet indice a été créé à partir d'une appréciation critique Score de Si le patient est sous sédation, tenir compte
Glasgow du score avant sédation soit par interrogation
du premier système APACHE. Deux versions sont déve- du médecin qui a prescrit la sédation, soit par
loppées, l'IGS I comporte 14 paramètres, la validation les documents disponibles
initiale s'est faite sur une cohorte de 679 malades. L'IGS Type d'admission Un malade est chirurgical s'il a été opéré une
II compte 17 paramètres dont le poids oscille entre 1 et semaine avant ou après admission en
26, fait intervenir le type d'entrée et des facteurs de gra- réanimation. Un malade est programmé si
vité préexistants. Son calcul nécessite le respect d'un l'intervention du médecin a été prévue au
moins 24 h à l'avance. Tous les autres
certain nombre de conventions résumées dans le ta- malades sont considérés médicaux
bleau T3-2. C'est le score actuellement le plus utilisé
Sida Malade VIH+ avec manifestations cliniques
en France (T3-3), il est directement corrélé à la morta-
comme pneumonie à Pneumocysti carinii,
lité hospitalière (F3-2). sarcome de Kaposi, lymphome, tuberculose,
3, Le score de Glasgow toxoplasmose, etc.
C'est le score spécifique neurologique le plus fréquem- Hémopathie Lymphome, leucémie aiguë, myélome
maligne multiple
ment utilisé (T3-4). Il a été validé dans la sévérité ini-
tiale d'un traumatisme crânien, l'évolution d'un état Cancer Prouvé par chirurgie, scanner ou autre
métastasé méthode
neurologique, le pronostic des accidents vasculaires

26
27
États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité

Cancers métastasés ; 2 Hémopathies malignes ; 3 Programmé ; 4 Médical ; 5 Chirurgical


Total IGS = total des points de chaque variable, mesuré après 24 heures de séjour en réanimation. Le risque de mortalité augmente avec le total (ex. : si score > 50, mortalité > 50 %)
États infectieux : définition, physiopathologie et critères de gravité

cérébraux et intervient au sein de nombreux autres


scores comme l'IGS et l'APACHE II.
1. Défaillance respiratoire (au moins un des critères suivants]
- PaO2 < 60 mmHg en air ambiant
- Ventilation artificielle
Ouverture Réponse Réponse 2. Défaillance cardiovasculaire
aux yeux motrice verbale (au moins un des critères suivants en l'absence d'hypovolémie)
Volontaire 4 Aux ordres 6 Malade orienté 5 - Pression artérielle systolique < 90 mmHg avec signes
Aux ordres 3 À la douleur 5 Malade confus 4 d'hypoperfusion périphérique
À la douleur 2 Adaptée 4 Propos délirants 3 - Utilisation de drogues inotropes ou vasopressives pour
Sans réponse 1 Inadaptée 3 Inintelligible 2 maintenir une pression artérielle systolique > 90 mmHg
En extension 2 Pas de réponse 1 3. Défaillance rénale (au moins un des critères suivants
Pas de réponse 1
en l'absence d'insuffisance rénale chronique)
4. Les scores de défaillance viscérale - Créatininémie > 300 umol/l
- Diurèse < 500 ml/24h ou < 180 ml/h
Historiquement, le premier score a été proposé par - Nécessité d'une épuration extrarénale
Knaus (T3-5), il recensait 5 défaillances d'organes. Plu-
4. Défaillance neurologique (au moins un des critères suivants)
sieurs autres scores ont été construits dont les scores
- Score de Glasgow < 6 (en l'absence de sédation]
MODS et LOD qui se focalisent sur les défaillances de
- Apparition brutale d'un syndrome confusionnel
6 organes : cerveau, cœur, poumon, rein, sang et foie
(T3-6). 5. Défaillance hépatique (au moins un des critères suivants)
- Bilirubine > 100 µmol/l
- Phosphatase alcaline > x 3
1. Défaillance cardiovasculaire 6. Défaillance hématologique
(présence d'au moins un des critères suivants) (au moins un des critères suivants)
- Fréquence cardiaque <= 54/min - Hématocrite s 20 %
- Pression artérielle moyenne <= 49 mmHg - Leucocytose < 2 000/mm3
- Tachycardie ventriculaire et/ou fibrillation ventriculaire - Plaquettes < 40 000/mm3
- pH s 7,24 avec PaCO2 <= 49 mmHg
2. Défaillance respiratoire
(présence d'au moins un des critères suivants)
- Fréquence respiratoire <= 5/min ou >= 49/min
-PaC02>=50mmHg
- AaD02 >= 350 mmHg avec (AaDO2 = 713 FiO2 - PaO2 - PaCO2)
- Ventilation au 4e jour de défaillance viscérale
3. Défaillance rénale (présence d'au moins un des critères
suivants chez des malades sans insuffisance rénale chronique)
- Diurèse <= 479 ml/24 h ou <= 1 59 ml/Sh
-Urée >= l00mg/100ml
- Créatininémie >= 3,5 mg/1 00 ml
4. Défaillance hématologique
(présence d'au moins un des critères suivants)
- Leucocytose <= 1 000/mnf
- Plaquettes <= 20 000/mm3
- Hématocrite <= 20%
5. Défaillance neurologique
- Score de Glasgow <= 6 (en l'absence de sédation)

28
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

Syndrome mononucléosique (Cf. Chap. 23)


[1] EXAMENS BIOLOGIQUES :
Plaquettes
ORIENTATION. DIAGNOSTIC,
Thrombopénie (< 150 000/mm3)
ACTIVITÉ ANTI-INFECTIEUSE
Périphérique au cours des viroses (MNI, VIH, fièvres
1. Éléments biologiques d'orientation vers hémorragiques avec syndrome rénal notamment), au
une pathologie infectieuse cours d'une coagulation intravasculaire disséminée,
• Hémogramme d'un paludisme, d'une typhoïde ou centrale (tubercu-
Hématies lose, leishmaniose), d'une prise médicamenteuse
(rifampicine...).
L'anémie de l'adulte (< 120 g/l) peut être observée
dans plusieurs situations infectieuses. Thrombocytose (> 450 OOO/mm3)
Observée dans les infections chroniques, elle témoi-
Anémie d'origine centrale, arégénérative
gne d'un syndrome inflammatoire chronique.
Elle peut être en rapport avec l'inflammation associée
à une infection subaiguë et prolongée, une carence * Marqueurs de l'inflammation
martiale (ankylostomose), une carence vitaminique B12 Non spécifiques, les marqueurs de l'inflammation
(botriocéphalose), une atteinte directe intramédullaire contribuent au diagnostic et à la surveillance des
(mycobactériose, leishmaniose, parvovirose B19), une infections.
toxicité médicamenteuse (zidovudine). La vitesse de sédimentation
Anémie d'origine périphérique, régénérative La vitesse de sédimentation s'accroît de manière fran-
Le plus souvent hémolytique, de mécanisme immuno- che dans les infections à pyogènes, mais peut rester
logique (mycoplasmes, EBV, CMV) ou non (endocardite normale ou peu élevée dans la plupart des infections
virales et certaines infections bactériennes (bactéries
sur prothèse, bactériémie à Ctostridium perfringens,
à tropisme intracellulaire, infections osseuses). Son
paludisme, trypanosomose, syndrome hémolytique et
élévation nécessite quelques jours.
urémique en rapport avec Escherichia coii 0157:H7).
La protéine C réactive
Leucocytes
La protéine C réactive (CRP) est un marqueur de
Polynucléose neutrophile (> 7 500/mm3) l'inflammation plus précoce et plus sensible que la
Elle évoque une infection à bactéries pyogènes, loca- vitesse de sédimentation. Elle se normalise également
lisée ou généralisée, et est souvent absente dans les plus vite.
infections bactériennes à tropisme intracellulaire et
La procalcitonine sérique
les protozooses (sauf amœbose tissulaire).
La procalcitonine sérique est un marqueur d'inflam-
Neutropénie (< 1 000/mm3) mation précoce, avec une moins bonne sensibilité mais
Elle se rencontre surtout dans les viroses mais aussi une meilleure spécificité que la CRP dans le diagnos-
dans l'endocardite subaiguë, les infections bactériennes tic des infections bactériennes, notamment des endo-
sévères, dans les infections bactériennes à tropisme cardites, des méningites et des bactériémies. Dans les
intracellulaire (typhoïde, brucellose, rickettsiose, tuber- bactériémies, au seuil à 0,5 ng/ml, la valeur prédictive
culose] dans certaines infections parasitaires (palu- négative de la procalcitonine est supérieure à 92 %
disme, leishmaniose] et par toxicité médicamenteuse mais sa valeur prédictive positive est médiocre.
(zidovudine, rifabutine...).
2. Éléments du diagnostic microbiologique :
Hyperéosinophilie (> 500/mm3) techniques d'identification des agents
Retrouvée dans les helminthiases, surtout lors des pha- infectieux
ses tissulaires (Cf. Chap. 24] et en cas de toxicité médi-
* Diagnostic direct
camenteuse (teicoplanine). Mise en évidence de l'agent infectieux
Hyperlymphocytose (> 4 000/mm3 chez l'adulte, L'examen direct au microscope sans coloration préa-
> 7 000/mm3 chez l'enfant) lable permet de mettre en évidence de nombreux
Elle oriente surtout vers une infection virale mais s'ob- champignons et parasites. L'utilisation de colorants
serve aussi dans la coqueluche et la trypanosomose. spécifiques permet de faciliter l'identification de micro-
Lymphopénie (< 1 000/mm3) organismes (par exemple Gram pour les bactéries et
Elle peut s'observer au cours de l'infection par le VIH, Candida ; Ziehl pour mycobactéries ; Giemsa pour
la tuberculose, la légionnellose ou le SRAS (syndrome Plasmodium, Trypanosoma, Leishmania, Toxoplasma
respiratoire aigu sévère). et Borrelia entre autres ; Gomori-Grocott pour Pneu-
Monocytose (> 7 000/mm3) mocystis...}.
Elle peut se voir au cours d'infections bactériennes Les techniques d'immunofluorescence directe (utili-
(endocardites infectieuses, brucellose, salmonellose, sant un anticorps marqué), rapides et souvent sensi-
tuberculose), parasitaires (paludisme, trypanosomose, bles, ont été développées pour la mise en évidence de
leishmaniose) ou virales dans le cadre d'un syndrome différents micro-organismes tels que Bordetella per-
mononucléosique. tussis, Legionella, Chlamydia trachomatis, Plasmodium,

29
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

Pneumocystis ou des virus respiratoires (virus respi- 3. Détermination de l'activité anti-infectieuse


ratoire syncitial [VR5], grippe, adénovirus). d'un antimicrobien
La culture des bactéries et des champignons sur des * Activité des antibiotiques et antibiogramme
milieux nutritifs spécifiques permet leur isolement et Réalisation
leur identification en fonction des conditions de pousse L'efficacité in vitro d'un antibiotique sur une souche
(milieu utilisé, température, atmosphère, morphologie bactérienne donnée peut être évaluée par la détermi-
des colonies) et de leurs propriétés enzymatiques et nation de la concentration minimale inhibitrice (CMI).
biochimiques. La CMI est définie comme la plus faible concentration
La présence de virus est détectée en visualisant l'ef- d'antibiotique inhibant, en 18 à 24 heures, toute crois-
fet cytopathogène sur cultures cellulaires, avec une sance visible d'une souche bactérienne donnée (bac-
confirmation par des anticorps spécifiques. tériostase). Cette valeur permet de classer cette
souche bactérienne dans les catégories "sensible",
Mise en évidence d'antigènes ou du génome de
"intermédiaire" ou "résistante" à cet antibiotique, en
l'agent anti-infectieux
fonction notamment de la concentration obtenue après
La recherche d'antigènes solubles permet d'établir un administration d'une dose de cet antibiotique en pra-
diagnostic microbiologique dans différents liquides bio- tique clinique humaine (Cf. Chap. 5.1 ). La CMI peut être
logiques (sang, urines, LCR, liquide broncho-alvéolaire déterminée par différentes méthodes.
[LBA]) pour certains agents, avec une sensibilité et une
La méthode par dilution
spécificité variables (Legionella, pneumocoque, virus de On cultive en milieu liquide une souche bactérienne à
l'hépatite B [VHB], cytomégalovirus [CMV], VIH, Asper- concentration constante (106/ml) dans des plaques ou
gillus, Cryptococcus, Plasmodium, Candida, Histopiasma tubes contenant des concentrations croissantes d'an-
entre autres). tibiotique, en déterminant la plus petite concentration
Les techniques de biologie moléculaire prennent une pour laquelle aucune pousse n'est visible. Cependant,
part croissante dans la mise en évidence des agents cette technique de référence n'est pas adaptée à la
infectieux. Les techniques d'hybridation avec une routine.
sonde marquée permettent un diagnostic positif direc- La méthode par diffusion
tement sur le prélèvement ou sur les cultures. Sur- Méthode couramment utilisée en routine, elle permet
tout, les techniques d ' a m p l i f i c a t i o n génomique, une approximation acceptable de la CMI. Des disques
comme la polymerase chain reaction (PCR) en temps de buvards imprégnés d'une quantité définie d'anti-
réel, permettent actuellement un diagnostic rapide et biotiques sont déposés à la surface d'un milieu gélose
sensible de nombreuses infections virales (VIH, VHB, préalablement ensemencé avec une suspension de la
VHC, Epstein-Barr virus [EBV], parvovirus...), bacté- souche bactérienne à étudier (106/ml). La concentration
riennes (mycobactéries, Chlamydia) ou parasitaires de l'antibiotique décroît à mesure de l'éloignement du
(Toxoplasma, Pneumocystis, Leishmania). Enfin, la disque. Après incubation, il existe une corrélation entre
recherche d'ARN ribosomal 16S (technique de PCR la valeur du diamètre d'inhibition de croissance (c'est-
"universelle", couplée au séquençage du produit à-dire la zone où il n'y a aucune multiplication bacté-
d'amplification) permet d'affirmer la présence et rienne) et la CMI. Plusieurs antibiotiques différents
d'identifier une bactérie dans un prélèvement (après peuvent ainsi être testés sur une seule plaque ense-
culture ou même directement sur le prélèvement). mencée avec la souche bactérienne à étudier, permet-
tant ainsi d'obtenir assez facilement un antibiogramme.
Diagnostic indirect
L'E-test
Le sérodiagnostic repose sur la mise en évidence
La méthode du E-test® consiste en l'application d'une
d'anticorps dirigés contre l'agent infectieux (par ag- bandelette imprégnée d'une concentration croissante
glutination, fixation du complément, immunofluores- de l'antibiotique sur une gélose ensemencée avec une
cence indirecte, ELISA ou Western-Blot). suspension de la souche b a c t é r i e n n e à étudier
Il peut être utilisé dans de nombreuses infections (106/ml). Après incubation, la CMI est lue directement
virales mais aussi bactériennes (Mycoplasma, Chlamy- sur l'échelle du E-test® à son intersection avec l'el-
dia, Legionella, Treponema, Leptospira, Salmonella, Yer- lipse de la zone d'inhibition de croissance. Cette tech-
sinia, Campylobacter et streptocoques). Leur intérêt nique est simple mais ne permet d ' é t u d i e r que
est plus limité dans les infections parasitaires et fon- 4 antibiotiques par boîte.
giques. L'interprétation est difficile du fait de sensibi- Lecture critique de l'antibiogramme
lités et de spécificités souvent limitées (réactions C'est une étape essentielle. Certains mécanismes de
croisées possibles). La mise en évidence d'IgM et/ou résistance d'une souche bactérienne à un antibiotique
l'ascension des taux sur 2 prélèvements réalisés à peuvent ainsi ne pas apparaître à l'état "brut", la sou-
15 jours d'intervalle sont des arguments en faveur che étant donnée sensible à l'antibiotique. Ainsi, une
d'une infection récente et/ou d'une réactivation. Le résistance à la méticilline chez Staphylococcus aureus
délai nécessaire à leur réalisation/interprétation en (SARM) indique que la souche sera très probablement
fait souvent un élément de diagnostic a posteriori. résistante in vivo à l'ensemble des B-lactamines dis-

30
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

ponibles en 2007, quel que soit le phénotype de sensi- biothérapie, acheminé rapidement au laboratoire en
bilité in vitro à ces antibiotiques. Une résistance à l'éry- informant le microbiologiste du contexte clinique et
thromycine et à la clindamycine a s s o c i é e à une des hypothèses diagnostiques.
sensibilité à la pristinamycine chez S. aureus laisse 2. Sang
préjuger de la présence d'une résistance de type ML5B
* Hémocultures
(macrolides, lincosamides et streptogramines B), qui
Réalisation
pourrait compromettre l'efficacité bactéricide de la
Les hémocultures doivent être réalisées le plus tôt
pristinamycine in vivo. Une résistance à l'acide nalidixi-
possible dans l'évolution de la maladie, avant tout trai-
que associée à une sensibilité vis-à-vis des fluoroqui-
tement anti-infectieux. Le nombre et le rythme des
nolones, chez E. coli par exemple, est l'indicateur d'une
hémocultures dépend de :
résistance de premier niveau qui pourra évoluer vers
- l'état clinique du patient : en cas de nécessité d'un
une résistance touchant les fluoroquinolones, en par-
traitement anti-infectieux urgent, 2 prélèvements
ticulier en cas de traitement prolongé à doses
espacés d'une demi-heure sont pratiqués ;
insuffisantes en monothérapie.
- l'existence et les caractéristiques de la fièvre : dans
De plus, cette classification in vitro en espèces sensi- le cas d'une fièvre continue, 3 prélèvements espa-
bles, intermédiaires ou résistantes n'est qu'un des
cés d'au moins 1 heure sont réalisés, alors que dans
éléments prédictifs de l'efficacité in vivo d'un antibio- le cas d'une fièvre discontinue, les hémocultures
tique, au même titre que les caractéristiques PK/PD
sont réalisées au moment de l'ascension thermique,
de l'antibiotique et les caractéristiques génétiques et
des frissons ou en cas d'hypothermie.
immunitaires de l'hôte (Cf. Chap. 5.1).
La méthode de référence pour la réalisation d'une hé-
• Activité des antifongiques et antifongigramme moculture est la ponction veineuse, même si elle est
La détermination de la sensibilité aux antifongiques re- possible sur cathéter ou dispositif implantable, mais
prend les mêmes principes que pour les bactéries, avec avec un risque de contamination augmenté. Elle doit
notamment la détermination de la CMI en milieu liquide être réalisée avant tout autre prélèvement sanguin.
et surtout l'E-test®. Cependant, la valeur prédictive in- Après lavage antiseptique des mains de l'opérateur,
suffisante des antifongigrammes actuels en limite la le site de ponction est préparé en 3 temps. Le dispo-
réalisation à des indications particulières (levures sitif de ponction veineuse spécifique "hémoculture"
isolées d'un prélèvement profond dont hémocultures, est introduit dans la veine et l'autre extrémité du dispo-
infections récidivantes résistantes au traitement, sen- sitif est piquée dans l'opercule des flacons pour aéro-
sibilité variable aux antifongiques, comme C. glabrata bies et anaérobies, préalablement désinfectés. Ils
par exemple, chez des patients fragilisés). doivent être remplis jusqu'au niveau requis (environ
• Activité des antiviraux 10 ml chez l'adulte). Les flacons d'hémoculture doivent
La caractérisation phénotypique de la sensibilité des être envoyés le plus rapidement possible au laboratoire
virus aux antiviraux peut être effectuée par la déter- de bactériologie. Celui-ci doit être prévenu en cas de
mination des concentrations d'antiviral inhibant 50 % suspicion de bactérie à croissance lente (Brucella spp,
de la réplication virale (CI50) (HSV, CMV), en mesu- Francisella spp, Bartonella spp, bactéries du groupe
rant soit l'ADN viral par hybridation, soit les plages de HACCEK [Haemophilus, Actinobacilius actinomycetem-
lyse, soit l'effet cytopathique. Ces techniques rare- comitans, Cardiobacterium, Capnocytophaga, Eikeneila,
ment utilisées en pratique clinique sont réalisées en Kingella]), de même qu'en cas de recherche spécifique.
cas de résistance ou de récidive après traitement. En cas de recherche spécifique (champignon ou myco-
Les tests génotypiques se fondent sur l'analyse des bactérie), un flacon spécifique (type Mycosis® ou Isola-
mutations présentes dans les gènes du fait de leur tor®) est rempli à la suite des flacons aéroanaérobies.
corrélation avec la sensibilité virale (transcriptase in- Interprétation
verse et protéase pour le VIH, kinase et polymérase En pratique, la signification clinique du résultat des
pour le CMV). Ces tests sont particulièrement utilisés hémocultures augmente avec le nombre d'hémocul-
dans la prise en charge de l'infection par le VIH (Cf. tures positives à un même micro-organisme. Plusieurs
Chap. 91.2). hémocultures positives à des micro-organismes
différents peuvent se rencontrer sur des terrains par-
[2] EXAMENS BIOLOGIQUES PAR SITE : ticuliers (cirrhose hépatique, dysimmunité) et/ou
RÉALISATION ET INTERPRÉTATION orientent vers un foyer digestif ou cutané selon les
micro-organismes.
1. Principes généraux Une seule hémoculture positive a une valeur certaine
En règle générale, la réalisation de prélèvements à lorsque le micro-organisme isolé est un pathogène
visée diagnostique microbiologique doit être large lors spécifique ou un opportuniste dans un contexte clini-
de tout geste invasif, dès lors qu'il existe une suspicion que compatible. Dans le cas de l'isolement d'un sta-
d'infection. Tout prélèvement doit être réalisé dans phylocoque à coagulase négative, d'une corynébactérie,
des conditions optimales d'asepsie, avant toute anti- d'un streptocoque oral, de Propionibacterium spp,

31
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

Bacillus spp, Micrococcus spp, il peut s'agir d'une conta- est aussi utile pour le débrouillage en cas de symptô-
mination (hémoculture faussement positive). mes atypiques ou pour le dépistage systématique dans
Des hémocultures négatives ne permettent pas d'éli- certaines situations à risque, comme la femme enceinte
miner formellement le diagnostic d'infection bacté- par exemple.
rienne ou fongique systémique. Elles doivent faire Réalisation
discuter la possibilité de faux négatifs, du fait d'un trai- L'urine doit être recueillie dans un récipient propre et
tement antibiotique/antifongique précessif et/ou en sec ne contenant pas de traces de détergent ou d'anti-
cours, d'une infection par des bactéries à croissance septique. L'échantillon doit être homogénéisé avant
lente (streptocoques déficients, bactéries du groupe l'analyse qui doit avoir lieu dans les 2 heures suivant
HACCEK), de la présence de bactéries intracellulaires la miction.
ne cultivant pas ou mal en flacon d'hémoculture Les zones réactives doivent être plongées dans l'urine
aéroanaérobies standard. puis être immédiatement retirées. La lecture de l'acti-
* Frottis sanguin vité de la nitrate réductase et de la leucocyte estérase
Il est réalisé à partir d'une goutte de sang prélevée doit se faire en respectant les conditions de lecture
par piqûre au bout d'un doigt ou d'un tube de sang sur énoncées par le fabricant (en général après 1 minute
anticoagulant, au besoin au lit du malade. d'attente, mais sans excéder 2 minutes).
Pour la recherche de Plasmodium, le frottis sanguin Interprétation
avec coloration de May-Grünwald-Giemsa est la tech- La leucocyte estérase reflète la présence de polynu-
nique la plus utilisée. C'est une technique rapide qui cléaires dans les urines, avec une sensibilité de 75 à
permet une bonne identification de l'espèce plasmo- 90 % et une spécificité de plus de 95 %. Un test faus-
diale et l'évaluation du pourcentage d'hématies para- sement négatif peut se voir en cas de glycosurie ou de
sitées. Idéalement, le prélèvement est effectué au protéinurie importante. Le test au nitrite est positif en
moment du clocher thermique, avant toute prise d'an- cas de présence de bactéries à Gram négatif qui ré-
tipaludéens. Il peut être aussi positif chez des patients duisent le nitrate en nitrite par le biais de la nitrate
apyrétiques. Il peut être mis en défaut dans les formes réductase lorsque leur taux atteint 105/ml. Ce test a
pauciparasitaires. Dans les formes graves de palu- une sensibilité de 35 à 85 % (test négatif en cas d'infec-
disme, une mesure de la parasitémie au 3e jour per- tion par des bactéries dépourvues de nitrate réductase,
met d'évaluer l'efficacité du traitement et de guider tels les staphylocoques, les entérocoques ou Pseudo-
une éventuelle modification thérapeutique. monas aeruginosa) et une spécificité de 95 % (test faus-
sement positif en cas de réalisation sur des urines non
Dans la recherche de filarioses lymphatiques, le frot-
tis sanguin permettant de mettre en évidence les micro- conservées au froid).
filaires doit être réalisé à certains moments précis de La combinaison des 2 tests permet d'améliorer la sen-
la journée en fonction du type de filariose (entre 11 et sibilité et la valeur prédictive négative. La valeur pré-
15 heures pour Loa loa, après 22 heures pour Wuche- d i c t i v e négative c o m b i n é e (les 2 tests n é g a t i f s )
reria bancrofti). supérieure à 95 % permet de ne pas réaliser d'ECBU
dans la majorité des situations. La valeur prédictive
Le frottis sanguin coloré peut aussi être indiqué pour
positive médiocre (environ 60 % en cas de positivité
la recherche de leishmanies, de trypanosomes, de
de l'un ou l'autre des 2 tests) doit conduire à la réali-
Borrelia recurrentis et de Babesia.
sation d'un ECBU dans la plupart des cas.
* Techniques de concentration
* Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
Goutte épaisse, microcentrifugation, gradient de den-
Réalisation
sité améliorent le rendement diagnostique par rap-
port au frottis sanguin. Ainsi, la goutte épaisse est plus L'ECBU doit être pratiqué avant toute antibiothérapie,
sensible que le frottis sanguin dans la mise en évi- de préférence sur la première miction du matin. Après
lavage des mains et toilette au savon ou avec une
dence de Plasmodium mais avec un temps de réponse
solution de Dakin de la zone vulvaire ou du méat uré-
plus long (1 à 2 heures) et sans permettre l'identifica-
thral, suivi d'un rinçage, les urines du 2e jet (après avoir
tion de l'espèce plasmodiale ni le calcul précis de la
éliminé les 20 premiers ml du 1 er jet) sont recueillies
parasitémie.
dans un flacon stérile sans toucher les bords supé-
3. Urines rieurs de ce flacon.
* Bandelette urinaire (BU) Les urines du 1 er jet peuvent être recueillies après
La BU n'est utile que chez les patients non sondés. massage prostatique en cas de suspicion de prosta-
Elle peut suffire à elle seule dans la prise en charge tite chronique. La détection de Chlamydia trachomatis
des cystites simples de la jeune femme non enceinte. par PCR se fait sur les urines du 1 er jet sans toilette
Elle est moins sensible que l'examen cytobactériolo- préalable. L'évocation du diagnostic d'urétrite ou de
gique des urines (ECBU) pour le diagnostic des infec- prostatite doit faire envisager la réalisation d'un
tions urinaires, qu'elle ne remplace donc pas et qui prélèvement urétral ou d'une spermoculture (Cf.
seul permet la réalisation d'un antibiogramme. Elle Chap. 43,44).

32
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

La recherche de mycobactéries (dans le diagnostic * Virurie


d'une leucocyturie aseptique) doit se faire sur La tota- La recherche d'une virurie (CMV, virus JC, adénovi-
lité des urines du matin 3 jours de suite. rus) se fait selon les mêmes modalités de recueil que
Dans le cas d'un nouveau-né ou d'un jeune enfant, le pour un ECBU. L'interprétation d'une virurie doit être
recueil se fait à l'aide d'une poche autocollante stérile, rigoureuse, en fonction du contexte clinique, du fait
de l'existence possible d'une virurie positive chez des
appliquée après toilette antiseptique de la zone péri-
sujets sains.
néale et maintenue en place au maximum 30 minutes.
Chez le patient sondé à demeure, le recueil des urines * Examen parasitologique des urines
se fait sur le site de prélèvement prévu à cet effet, La recherche d'œufs de Schistosoma haematobium se
après désinfection soigneuse de celui-ci. Le sondage fait après recueil des urines de 24 heures puis centri-
et la ponction sus-pubienne (indiquée seulement dans fugation ou filtration, en cas d'éléments cliniques ou
les rétentions fébriles d'urines chez l'homme) doivent biologiques évocateurs (hématurie et/ou leucocyturie,
rester des méthodes de recueil exceptionnelles. notamment amicrobienne). Elle est également possi-
ble après biopsie per cystoscopique d'une lésion vési-
Dans tous les cas, le flacon contenant les urines, her-
cale suspecte, placée dans du soluté physiologique.
métiquement fermé, doit être acheminé au labora-
* Antigènes solubles (antigénurie)
toire dans l'heure qui suit le prélèvement ou en cas
De nombreux antigènes solubles peuvent être recher-
d'impossibilité, être conservé à + 4 °C pendant quel-
chés dans les urines (notamment pour Legionella,
ques heures.
pneumocoque, Candida, Aspergillus) sur un prélèvement
Interprétation (T4-1)
standard. Les antigènes apparaissent souvent préco-
L'interprétation d'un ECBU se fait en fonction de la cement dans les urines avec une durée d'excrétion qui
leucocyturie, de la bactériurie, de la nature de la bac- peut être prolongée plusieurs semaines (Legionella).
térie isolée, du caractère mono- ou plurimicrobien de Pour le diagnostic de légionellose, seul le sérogroupe 1
la culture et du contexte clinique. de L. pneumophila est diagnostiqué par cette méthode.
Chez le patient sondé, la leucocyturie n'a pas de si- La recherche d'antigènes solubles pneumococciques
gnification. Le diagnostic d'infection urinaire repose n'est spécifique que dans les pneumococcies pulmo-
sur la mise en évidence d'une bactériurie > 105/ml et naires de l'adulte.
sur la mise en évidence d'une seule bactérie et/ou sur 4. Selles
la présence de symptômes évocateurs. * Coproculture
La mise en évidence d'une candidurie correspond le Réalisation
plus souvent à une colonisation devant conduire à éli- Les selles sont recueillies dès leur émission et une pe-
miner une cause favorisante (antibiothérapie, sonde à tite quantité est prélevée à l'aide d'une spatule puis trans-
demeure), mais peut être marqueur de candidose dis- férée dans un flacon propre à usage unique. Le
séminée chez le patient ayant plusieurs sites colonisés. prélèvement doit être aussitôt acheminé au laboratoire

33
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

mais peut être conservé une nuit à + 4 °C. Même si tout 5 Prélèvements de la sphère ORL
prélèvement des selles est mis en culture sur milieu Sécrétions nasales et rhinopharyngées, pus de sinus
sélectif d'isolement pour entérobactéries pendant 24 Le prélèvement pour isolement viral (pour virus in-
à 48 heures, le laboratoire de microbiologie doit être fluenza et para-influenza, rhinovirus, myxovirus, VRS,
informé en cas de recherches spécifiques. La recherche métapneumovirus, Herpès simplex...} et pour certai-
de salmonelles, shigelles, Yersinia, Campylobacter, nes bactéries (Bordetella, mycoplasme) se fait par
Clostridium difficile ou E. coli 0:157 doit être réalisée écouvillonnage de la paroi pharyngée postérieure, ou
sur des milieux et/ou dans des conditions de culture mieux par lavage nasopharyngé, et acheminement au
spécifiques. Il en est de même pour la recherche de laboratoire dans un milieu de transport adapté.
bactéries multirésistantes. Enfin, la recherche de Un frottis de muqueuse nasale réalisé à l'aide d'une
toxine doit être effectuée pour certaines souches curette peut être réalisé en cas de suspicion de lèpre
entérotoxinogènes (S. aureus par exemple). indéterminée ou lépromateuse.
Interprétation Le prélèvement de pus sinusien se fait au niveau du
L'examen direct microscopique après coloration de méat moyen, plus souvent pour des raisons épidémie-
Gram permet d'objectiver la présence (en cas de diar- logiques que de diagnostic étiologique.
rhée à bactéries invasives) ou l'absence (en cas de * Pus auriculaire
diarrhée à bactéries entérotoxinogènes) de leucocytes. Le pus auriculaire peut être prélevé après nettoyage
* Recherche de toxines de C. difficile du conduit auditif externe puis paracentèse à l'aide
= Examen parasitologique des selles d'un cathéter ou avec 2 écouvillons, l'un servant à réa-
La technique de prélèvement est la même que pour la liser un étalement sur lame et l'autre étant directe-
coproculture, avec encore plus la nécessité d'obtenir ment mis dans un milieu de transport. Les sécrétions
mucopurulentes au cours d'une otite externe peuvent
des selles émises très récemment (idéalement au
aussi être prélevées par écouvillonnage.
laboratoire). Il doit être répété du fait du caractère
intermittent de l'élimination des kystes/œufs/larves. Un * Prélèvements de gorge
examen direct est réalisé, avant et après coloration Le test de diagnostic rapide (TDR) streptococcique est
(lugol, MIF ou coloration spécifique du parasite recher- utilisé pour faire le diagnostic rapide de l'origine strep-
ché), pour la mise en évidence d'helminthes, de formes tococcique d'une angine aiguë érythématopultacée ou
érythémateuse. Il repose sur un écouvillonnage direct
végétatives ou kystiques d'amibes ou de flagellés ou
des amygdales ou du pharynx sans contamination par
d'oocystes de coccidies. Des techniques d'enrichisse-
d'autres éléments de la cavité buccale. La technique de
ment doivent être réalisées, notamment pour la mise
révélation varie selon les kits utilisés. La sensibilité du
en évidence d'œufs d'helminthes et de kystes de proto-
TDR est supérieure à 90 % et sa spécificité supérieure
zoaires. L'utilisation d'une technique d'extraction (non
à 95 %. La valeur prédictive négative est supérieure à
systématique dite de Baermann) est nécessaire à la 96 % et la valeur prédictive positive supérieure à 90 %.
recherche de larves rhabditoïdes d'anguillules.
L'examen cytobactériologique d'un prélèvement de
* Autres techniques parasitaires gorge peut être réalisé dans le cas d'une angine aiguë :
Le scotch test anal se réalise en collant un morceau - s'il existe des facteurs de risque de RAA ;
de ruban adhésif transparent sur un abaisse-langue - en cas d'aspect évocateur d'une origine streptococ-
(côté adhésif à l'extérieur), puis en l'appliquant forte- cique avec un TDR négatif ;
ment sur les plis radiaires de l'anus après avoir écarté - devant une angine ulcéronécrotique ou vésiculeuse,
les fesses du patient. Le ruban adhésif est ensuite une suspicion de diphtérie ou un phlegmon de
collé sur une lame de verre pour analyse microscopi- l'amygdale.
que à la recherche d'oxyurose ou plus rarement de Il est réalisé avant toute antibiothérapie à l'aide de
taeniase. 2 écouvillons pour examen direct et la mise en cul-
La biopsie de muqueuse rectale est utile dans le diag- ture sur milieu adapté. Un prélèvement mycologique
nostic des bilharzioses. Elle est effectuée à l'aide peut également être réalisé devant une candidose
d'une pince en zone anormale, voire en zone appa- oropharyngée.
remment saine. Le fragment est ensuite analysé sous 6, Sécrétions bronchopulmonaires
microscope à la recherche d'œufs de Schistosoma. - Réalisation
* Recherche de virus dans les selles Le diagnostic microbiologique des infections broncho-
Elle peut être effectuée sur un échantillon de selles pulmonaires repose sur le recueil de prélèvements
recueilli comme décrit précédemment. Cette recher- des sécrétions des voies aériennes inférieures non
che concerne essentiellement des parvovirus dont le contaminées par la flore oropharyngée.
virus de Norwalk et des réovirus dont le rotavirus, - Le recueil de l'expectoration, en vue d'un examen
mais aussi parfois les entérovirus, astrovirus et co- cytobactériologique des crachats (ECBC), doit être
rona-like virus. effectué après lavage antiseptique puis rinçage de la

34
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

cavité buccale, au cours d'un effort de toux si possi- être acceptable. Au-delà, l'ECBC perd toute validité du
ble provoqué (kinésithérapie), et en retenant plutôt fait d'une contamination avérée par la salive et ne doit
les échantillons émis après plusieurs rejets. La re- pas être mis en culture. L'examen direct après colo-
cherche de cryptocoque, d'Aspergillus, d'Histoplasma ration de Grain peut permettre de révéler une flore
ou de Pneumocystis peut aussi se faire sur un exa- bactérienne très prédominante, voire des trophozoïtes
men des expectorations induites. ou des kystes de Pneumocystis jiroveci, après colora-
- La recherche de BK s'effectue sur 3 prélèvements, tion de Gomori-Grocott. L'isolement après mise en
3 jours consécutifs, le matin à jeun. En l'absence d'ex- culture de 1 ou 2 pathogènes potentiels à un taux
pectoration, des tubages gastriques doivent être effec- >= 10 7 /mlest un argument en faveur de la responsabi-
tués également 3 jours consécutifs, le matin à jeun. lité de cette ou ces bactérie(s).
- L'aspiration endotrachéale permet d'obtenir un pré- Le seuil de significativité pour les bactéries est >= 103/ml
lèvement non dirigé des sécrétions endotrachéales pour le brossage bronchique protégé,>= 104/ml pour les
mais avec un risque élevé de contamination par la lavages bronchoalvéolaires et >= 106/ml pour les aspi-
flore oropharyngée. rations endotrachéales. Ces critères quantitatifs ne
- Le brossage bronchique protégé, intéressant en cas sont pas nécessaires pour les bactéries de genre
de foyer individualisé, permet d'obtenir un prélève- Nocardia, Mycobacterium, Legionella, Actinomyces.
ment sous contrôle visuel per fibroscopique. 7 Liquide céphalorachidien (LCR)
- Le lavage bronchoalvéolaire (LBA) permet d'explorer Réalisation
un territoire pulmonaire plus large et est particuliè- Le prélèvement de LCR s'effectue le plus souvent par
rement intéressant en cas d'atteinte diffuse et dans ponction lombaire. En cas de suspicion de méningite,
le diagnostic des pneumopathies des immunodépri- la ponction lombaire doit être réalisée avant toute an-
més, en permettant une recherche large de pathogè- tibiothérapie, sauf en cas de suspicion de méningite à
nes (bactériens, viraux, fongiques et parasitaires). méningocoque prise en charge en dehors du milieu
* Interprétation hospitalier. Au moins 3 tubes de 1 ml de LCR sont pré-
La validité d'un ECBC est établie sur la présence de levés. L'acheminement au laboratoire doit être rapide
polynucléaires neutrophiles (> 25/champ). Dans ce (moins de 30 minutes) et protégé du froid, du fait de
cas, un faible nombre de cellules épithéliales par la fragilité de certaines bactéries (méningocoque) et
champ (< 10) garantit un faible risque de contamina- de la lyse rapide des polynucléaires. Pour une meil-
tion par la salive, même si un taux inférieur à 25 peut leure interprétation en cas de blessure vasculaire, le

35
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

dernier tube prélevé doit être réservé pour l'examen Même si le prélèvement peut être unique, il est cepen-
cytologique. dant recommandé de faire plusieurs prélèvements
• Interprétation dans différents sites du champ opératoire (idéalement
L'examen direct du LCR après coloration de May-Grün- plus de 6), après changement de curette ou de trocart
wald-Giemsa permet de dénombrer les leucocytes et après chaque prélèvement, spécialement en cas de
donne, couplé à l'analyse biochimique, une orienta- suspicion d'infection de prothèse ostéoarticulaire.
tion diagnostique (T4-2) qui n'a de valeur que si elle * Interprétation
intègre les données cliniques. Après broyage, le prélèvement est mis en culture sur
Le diagnostic étiologique présomptif est apporté par milieux pour micro-organismes à Gram positif, à Gram
la mise en évidence du micro-organisme à l'examen négatif, anaérobie, voire BK (Lowenstein) ou fongiques
direct (après coloration de Gram), le diagnostic de (Sabouraud). L'isolement d'un saprophyte de la peau
certitude après mise en culture, éventuellement sur doit faire discuter de la responsabilité, sauf en cas
milieux spéciaux (BK) ou sur cultures cellulaires. d'isolement répétés (au moins 3).
D'autres techniques à demander spécifiquement peu- 10. Prélèvements de La peau et des phanères
vent être utilisées en complément, parmi lesquelles Les prélèvements de peau sont réalisés par écouvil-
la recherche de Cryptococcus neoformans par colora- lonnage de la peau au centre de la lésion, en prenant
tion à l'encre de Chine, la recherche d ' a n t i g è n e s garde de ne pas les contaminer par des bactéries
solubles bactériens viraux ou cryptococciques ou la colonisant le pourtour de la lésion. Cependant, pour
PCR (BK, HSV, CMV). la recherche de dermatophytes, le prélèvement est
8. Pus et liquides d'épanchement plutôt réalisé à la curette (lésions sèches) et en péri-
* Réalisation phérie de la lésion.
Les prélèvements doivent être réalisés avant toute La recherche d'infections cutanées atteignant le derme
antibiothérapie dans des conditions strictes d'asepsie. ou de parasites (cryptocoque, leishmaniose cutanée)
Dans le cas d'épanchements articulaires, les prélève- peut se faire sur biopsie cutanée (en particulier des
ments effectués au bloc opératoire doivent être privi- éléments nécrotiques dans le purpura fulminans). La
légiés. Le pus ou le liquide prélevé doit être acheminé recherche de leishmanie peut également se faire par
au laboratoire rapidement dans des tubes stériles ou scarification des berges de la lésion. La recherche de
à défaut dans une seringue stérile bouchée sans air, de teigne se fait sur des cheveux ou des poils de barbe
même qu'un flacon d'hémoculture aérobie et un anaé- arrachés avec une pince (teigne des cheveux et de la
robie ensemencé avec le liquide prélevé, pour analyse barbe) ou sur des squames prélevées par grattage avec
microbiologique. Un tube avec anticoagulant doit être un vaccinostyle, avec examen direct et mise en culture
également acheminé pour l'analyse cytologique et sur milieu de Sabouraud.
anatomopathologique. 11. Sécrétions génitales
* Interprétation * Prélèvements du tractus anogénital
L'examen direct du liquide d'épanchement et après Réalisation
coloration (de May-Grünwald-Giemsa) permet de Les prélèvements urétraux et vaginaux se font par
dénombrer les leucocytes qui, couplés à l'analyse bio- écouvillonnage, avec des écouvillons en dacron ou en
chimique et à l'examen anatomopathologique peuvent alginate (et non en coton) si la présence de Neisseria
donner une orientation diagnostique à confronteraux gonorrhoeae ou de Chlamydia est suspectée. Ces écou-
données cliniques. villons doivent être placés dans un milieu de transport.
L'examen microscopique après coloration de Gram à En présence d'une ulcération, un écouvillonnage est
partir d'un culot de centrifugation peut permettre l'ob- réalisé sur les berges et/ou la base de la lésion, après
servation de bactéries. La mise en culture sur milieu élimination des sérosités éventuelles avec un tampon
adapté permet l'isolement et l'identification des bac- imbibé d'eau physiologique stérile.
téries. La mise en évidence d'une bactérie saprophyte Interprétation
de la peau doit faire discuter de sa responsabilité, sauf
L'examen microscopique à l'état frais, ou après colora-
en cas d'isolement répété.
tion de May-Grünwald-Giemsa ou de Gram, permet de
9. Prélèvements osseux visualiser la présence de Trichomonas vaginatis, de
* Réalisation C. albicans dans le cas de vaginites, de cellules vagina-
Les prélèvements osseux sont souvent incontourna- les superficielles avec disparition du contour de la
bles, du fait d'une faible concordance des micro- cellule recouvertes de bactéries corynéformes ou anaé-
organismes isolés superficiellement avec ceux isolés robies (clue-cells) dans le cas de vaginoses, de Haemo-
chirurgicalement au site de l'infection (notamment philus ducreyi dans le cas de c h a n c r e mou, de
dans le pied diabétique). Ils doivent être réalisés au polynucléaires contenant des diplocoques à Gram néga-
bloc opératoire avant toute antibiothérapie, ou après tif dans le cas de gonococcies. La présence de Chlamy-
2 semaines d'arrêt en cas d'antibiothérapie préalable. diae peut être mise en évidence en immunofluorescence

36
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

directe ou mieux par PCR. Treponema pallidum est mis


3 IMAGERIE MEDICALE
en évidence par l'examen au microscope à fond noir de
la sérosité prélevée par le biologiste sur l'ulcération à Différentes techniques d'imagerie médicale sont à la
l'état frais. disposition du clinicien dans la prise en charge des
La mise en culture fait appel à des milieux standard pathologies infectieuses. Leur intérêt varie d'une in-
et des milieux spécifiques selon les micro-organis- dication à l'autre et en fonction du contexte d'urgence
mes suspectés. Elle est impossible pour T. pallidum. éventuel, ce qui fait qu'il n'existe pas de hiérarchisa-
Son interprétation est fonction du contexte clinique, tion, a priori, de ces examens. Cette hiérarchisation
délicate en particulier dans les uréthrites, cervicites est abordée au cas par cas dans les chapitres corres-
et vaginites où la responsabilité des espèces bacté- pondant aux différentes pathologies.
riennes saprophytes ne sera retenue qu'en cas d'iso-
1. La radiographie
lement d'une flore unique en grande quantité.
Elle reste l'examen de première intention dans plu-
Le diagnostic microbiologique d'infections virales fait
sieurs pathologies infectieuses telles que les infections
appel à des t e c h n i q u e s de biologie moléculaire
dentaires (orthopantomogramme), les pneumonies et
(papillomavirus) et/ou à la mise en culture sur milieux
les infections ostéoarticulaires notamment. La numé-
cellulaires (herpès).
risation des clichés permet une amélioration de la
• Spermoculture résolution et des contrastes. L'utilisation de produits
Réalisation de contraste peut être utile dans la compréhension des
Le prélèvement est réalisé après une miction suivie mécanismes physiopathologiques d'une infection (en
d'une toilette antiseptique du gland et recueilli dans particulier dans la recherche de fistules).
un flacon stérile, de préférence au laboratoire. 2. L'échographie
Interprétation Elle permet la mise en évidence de collections pro-
L'examen cytologique à l'état frais permet la recher- fondes, en particulier au niveau abdominal et pelvien.
che de T. vaginalis ou beaucoup plus rarement d'œufs Dans le cas de la prostate, l'examen peut être opti-
de schistosomes. La coloration de Gram permet d'ob- misé par l'utilisation de sondes endocavitaires. Elle
server d'éventuels micro-organismes et/ou polynu- est un examen clé en cardiologie, dans le diagnostic
cléaires. Le prélèvement est également mis en culture et le suivi des endocardites infectieuses (au mieux par
sur milieux standard et spécifiques selon les micro- voie transœsophagienne) et des péricardites. Elle per-
organismes suspectés. Le caractère monomicrobien met également de guider un prélèvement par ponc-
des cultures est un argument important en faveur de tion ou biopsie.
la responsabilité du micro-organisme isolé.
3. Le scanner ou tomodensitométrie
12. Examen de moelle osseuse
Il permet une analyse morphologique et éventuelle-
La moelle osseuse est recueillie par ponction ou biop- ment fonctionnelle de la plupart des organes. Les
sie médullaire. Des leishmanies ou des Anaplasma reconstructions coronales et sagittales rendent compte
peuvent être visualisées après coloration ou immuno- d'une radio-anatomie excellente avec des temps
marquage. La mise en culture permet d'objectiver la d'acquisition et de traitement d'images de plus en plus
présence de mycobactéries atypiques (Lowenstein), rapides. L'injection d'iode est nécessaire pour en amé-
de leishmanies (milieu NNN) ou d'Anaplasma (sur liorer la sensibilité et la spécificité mais impose des
lignée granulocytaire HL60). La PCR peut être utile précautions chez les patients allergiques et insuffisants
pour la mise en évidence de leishmanies. rénaux. L'opacification d'organes creux (entéro- ou
13. Biopsie tissulaire coloscanner, uroscanner) peut permettre de contribuer
Une biopsie tissulaire permet parfois de mettre en évi- au diagnostic ou de rechercher une porte d'entrée
dence un agent infectieux au sein d'une lésion, après éventuelle.
colorations spécifiques, immunomarquage ou techni- Il est particulièrement indiqué dans la prise en charge
ques de biologie moléculaire (PCR notamment). La pré- des infections pulmonaires et médiastinales, dans les
sence de certains éléments histologiques permet infections abdominopelviennes et dans la recherche
également d'orienter le diagnostic, comme la présence d'anomalies ganglionnaires ou vasculaires, mais aussi
de granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires avec dans la prise en charge des dermohypodermites à la
(mycobactéries) ou sans [Bartonella henselae] nécrose recherche de fasciite ou de myosite. Il est également
centrale, ou bien la visualisation de cellules à inclusion intéressant à visée diagnostique dans les infections cé-
(CMV) sur des biopsies digestives ou pulmonaires. rébrales et ostéoarticulaires mais moins performant
Une biopsie tissulaire permet également d'évaluer le que l'IRM. Il permet de guider des ponctions-biopsies
type et l'extension des lésions induites par un agent mais permet également la mise en place de drains à
infectieux, comme par exemple la biopsie hépatique visée évacuatrice dans le cas de collections suppurées
(infections à VHB, VHC, mycobactéries atypiques). profondes.

37
Examens complémentaires en pathologie infectieuse

4. L'IRM
L'IRM est la référence en imagerie en termes de pré-
cocité, de sensibilité et de spécificité dans les infections
cérébroméningées (en particulier dans l'analyse du cor-
tex, de la substance blanche et des espaces sous-
arachnoïdiens dans les encéphalites et les abcès
cérébraux), les infections ostéoarticulaires (notamment
les spondylodiscites et les épidurites] et les infections
vasculaires (anévrysme infectieux). Elle permet égale-
ment de guider la biopsie, notamment dans les spon-
dylodiscites. La non-disponibilité en urgence peut
cependant parfois faire préférer dans ces indications le
scanner qu'elle peut compléter secondairement.

38
Antibiothérapie : principes généraux

l'antibiotique dans le traitement d'une infection pro-


[1] INTRODUCTION
voquée par ces souches entraîne une bonne probabi-
Produits par des champignons ou des bactéries, par lité de succès thérapeutique.
synthèse ou hémisynthèse, les antibiotiques sont Espèces modérément sensibles
capables d'inhiber ou de détruire certaines espèces Les CMI des souches sont comprises entre la concen-
bactériennes. Ils ont connu un développement consi- tration critique inférieure et la concentration obtenue
dérable, en ralentissement depuis quelques années, dans le plasma après majoration de la posologie. Un
alors que se multiplient les mécanismes de résistance succès thérapeutique pourra être obtenu si l'antibio-
des bactéries. L'utilisation rationnelle des antibioti- tique atteint une concentration suffisante au site de
ques est donc essentielle. Elle repose sur la connais- l'infection (du fait de l'utilisation d'une posologie plus
sance des produits utilisés, l'analyse de l'infection à élevée], mais avec un risque accru d'apparition de
traiter, la prise en compte du terrain sur laquelle elle résistances.
survient, l'épidémiologie bactérienne et l'évolution des Espèces résistantes
résistances. Les CMI de l'antibiotique pour les souches sauvages
Les propriétés principales des différentes familles appartenant à ces espèces sont supérieures aux concen-
d'antibiotiques sont détaillées dans les chapitres qui trations habituellement obtenues in vivo. La probabilité
leur sont consacrés : spectre utile, pharmacocinéti- de succès thérapeutique est nulle ou très faible.
que, précautions d'utilisation, contre-indications, * Acquisition et diffusion de la résistance bactérienne
effets indésirables, indications, présentations et poso- aux antibiotiques
logies. Ces chapitres résument les connaissances pra- Une espèce modérément sensible peut acquérir des
tiques minimales concernant les antibiotiques et ne mécanismes de résistance. L'évolution des espèces
prétendent pas à l'exhaustivité. bactériennes vers la résistance dépend :
- de la pression de sélection exercée par les anti-
[2] CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES biotiques, qui vont détruire la flore sensible ;
DES ANTIBIOTIQUES - de la possibilité de leur transmission interhumaine,
notamment dans les groupes les plus exposés (crè-
La classification par famille regroupe les antibiotiques
che, hôpital, maison de retraite...) ;
apparentés par leur structure chimique et leur mode
- de la capacité de certaines espèces à accepter des
d'action. En revanche, leur spectre antibactérien peut gènes de résistance provenant d'autres espèces,
être très différent et de plus, évolue dans le temps.
favorisée de plus par les colonisations/infections
1. Données microbiologiques plurimicrobiennes au sein d'un même site/hôte.
• Activité antibactérienne Évolution des résistances
Elle est caractérisée en pratique par la CMI (concentra- Parmi les espèces dont la sensibilité aux antibiotiques
tion minimale inhibitrice de la croissance bactérienne s'est peu modifiée en France, on trouve les streptoco-
in vitro en milieu liquide) et par la CMB (concentration ques des groupes A, C, G aux pénicillines (mais non
minimale bactéricide laissant un nombre de bactéries aux macrolides], les brucelles, le tréponème de la
survivantes égal ou inférieur à 0,01 % d'un inoculum syphilis, les leptospires, les Borrelia.
bactérien standardisé à 10 6 . En revanche, certaines espèces comptent de plus en
La détermination de la sensibilité en routine est réa- plus de souches résistantes ; les entérocoques, les sta-
lisée par l'antibiogramme qui évalue l'inhibition de phylocoques, les gonocoques, les entérobactéries (tout
la pousse de la bactérie sans nécessairement la tuer particulièrement Profeus, Klebsiella, Serratia, Entero-
(Cf. Chap. 4). C'est un test de bactériostase. L'antibio- bacter) et Acinetobacter, Pseudomonas. Les pneumoco-
gramme est réalisé classiquement en boîte de Pétri ques sont moins sensibles aux pénicillines et résistent
par la méthode des disques, par E-test, mais de plus de plus en plus aux macrolides. De même, les ménin-
en plus par des automates. Dans certains cas cepen- gocoques sont moins sensibles aux pénicillines. Un
dant, la détermination de la CMI peut être nécessaire antibiogramme doit donc compléter obligatoirement
pour les espèces bactériennes dont la résistance est l'isolement et l'identification de ces germes au cours
en évolution : pneumocoque dont la sensibilité dimi- de toute infection invasive.
nue à la pénicilline, staphylocoques à coagulase néga- Mécanismes de résistance
tive et teicoplanine, staphylocoque doré et vancomycine. Les mécanismes de la résistance peuvent être la sé-
En fonction de la CMI, trois catégories peuvent être crétion d'une enzyme (ex. : bêtalactamase], la modi-
définies : f i c a t i o n de la cible d ' a c t i o n de l ' a n t i b i o t i q u e , la
Espèces sensibles diminution de la perméabilité membranaire (porines)
Les CMI de l'antibiotique pour les souches sauvages à l'antibiotique, des mécanismes d'efflux.
sont inférieures à la concentration critique inférieure L'information génétique qui induit la résistance résulte
(concentration de l'antibiotique obtenue dans le soit d'une mutation chromosomique, soit de l'acqui-
plasma par des posologies usuelles). L'utilisation de sition d'un plasmide ou d'un transposon.

39
Antibiothérapie : principes généraux

- En clinique, 80 à 90 % des résistances acquises sont


d'origine plasmidique (bacilles à Gram négatif,
staphylocoques). La résistance plasmidique est
transférable d'une bactérie à l'autre (au sein d'une
même espèce ou entre e s p è c e s d i f f é r e n t e s ) et
concerne souvent plusieurs familles d'antibiotiques
(le plasmide comportant plusieurs gènes de résis-
tance) telles que les B-lactamines, les aminosides,
les tétracyclines, les phénicolés, les sulfamides. Ce
mécanisme épargne les antibiotiques polypeptidi-
ques, les quinolones, les rifamycines, la fosfomy-
cine, les nitrofuranes.
- La mutation chromosomique a une importance plus
restreinte : elle ne s'exerce que vis-à-vis d'un seul
antibiotique et n'est, en principe, pas transférable
Un taux de bactéricidie à 0 correspond à une stase bactérienne.
d'une espèce b a c t é r i e n n e à l'autre. Le t a u x de La courbe concentration/efficacité en forme de sigmoïde a une pente
mutation est très variable d'une famille antibiotique intermédiaire abrupte correspondant à un effet seuil, avec
à l'autre ; il est particulièrement élevé pour les une absence d'efficacité en deçà et une bactéricidie au-delà de
quinolones, les rifamycines, la fosfomycine, l'acide la dose "statique" proche de la CMI.
fusidique. Ces antibiotiques ne doivent pas être Une telle relation souligne l'intérêt du maintien prolongé
d'une concentration antibiotique au-delà de la CMI (= temps-
utilisés en monothérapie. dépendant), sans que l'augmentation des concentrations au-delà de
2. Caractéristiques pharmacodynamiques ce seuil soit utile (= concentration-indépendant], ce d'autant que
La pharmacodynamie correspond à l'étude des effets l'efficacité bactéricide est souvent modérée.
de l'antibiotique sur les bactéries (efficacité).
* Bactéricidie
Un antibiotique bactériostatique arrête la croissance
des bactéries en empêchant la prolifération bacté-
rienne, il facilite la destruction des bactéries par les
défenses de l'hôte.
Un antibiotique bactéricide tue les bactéries. Les anti-
biotiques bactéricides (B-lactamines, aminosides,
fluoroquinolones) ont des CMB proches des CMI. Ils
sont à privilégier dans les infections graves et/ou à
inoculum important, ou dans les infections survenant
chez des sujets immunodéprimés.
* Efficacité antibiotique temps et
concentration-dépendante
L'activité antibactérienne des pénicillines, des cépha- La courbe concentration/efficacité en forme de sigmoïde a une pente
losporines, des glycopeptides et des fluoroquinolones douce indiquant une bonne corrélation entre concentration
(sur les staphylocoques) est dite "temps-dépendante" antibiotique et activité bactéricide.
Une telle relation souligne l'intérêt de doses croissantes
car elle est fonction de la durée d'exposition des bac- d'antibiotique au-delà de la dose "statique", avec souvent une activité
téries aux antibiotiques (F5.1-1). bactéricide importante pour des concentrations antibiotique élevées.
Par opposition, l'activité des aminosides et des fluoro- La "dose statique" est enfin souvent inférieure à la CMI, ce qui peut
quinolones sur les bactéries à Gram négatif est dite être une des raisons de l'effet postantibiotique observé pour certains
couples antibiotique/bactérie,
"concentration-dépendante" (F5.1-2).
* Effet postantibiotique * Fenêtre de sélection de mutants résistants
L'effet postantibiotique, pour un couple espèce bacté- La fenêtre de sélection correspond à un intervalle de
rienne/antibiotique, est l'effet sur la croissance bacté- concentrations où l'antibiotique est à risque de sélec-
rienne induit par un antibiotique après la suppression tionner des mutants résistants. La limite supérieure
du contact bactérie-antibiotique. Cet effet est variable de cet intervalle peut correspondre à des concentra-
selon le micro-organisme en cause, l'antibiotique uti- tions beaucoup plus élevées que la CMI, comme cela
lisé, sa concentration et le temps d'exposition. Il est ha- a été montré pour les fluoroquinolones. Cela souligne
bituellement quantifié par le délai de recroissance qu'une monothérapie à doses supérieures à la CMI ne
bactérienne après exposition à l'antibiotique. Il peut prémunit pas dans certaines situations d'un risque de
influer sur le choix des doses et des intervalles de sélection de mutants résistants. Ce risque est d'au-
prescription. tant plus grand que le temps pendant lesquelles les

40
Antibiothérapie : principes généraux

concentrations plasmatiques sont dans cette fenêtre la prostate et les milieux oculaires (Cf. chapitres spé-
de sélection est important. cifiques). Par ailleurs, dans les endocardites, seules
* Associations d'antibiotiques des concentrations sériques très élevées permettent
L'objectif de l'association de 2 antibiotiques peut être : aux antibiotiques de diffuser dans les végétations.
- d'élargir le spectre antibactérien ; * Demi-vie sérique (T1/2)
- et/ou de rechercher une synergie entre 2 antibioti- La demi-vie est habituellement utilisée pour détermi-
ques connus pour être synergiques ; ner l'intervalle des doses.
-et/ou de prévenir l'apparition de résistance à l'une Pour les antibiotiques temps-dépendants dépourvus
ou l'autre des molécules utilisées en association. d'effet postantibiotique, tels les B-lactamines sur les
L'activité antibactérienne des associations d'anti- bactéries à Gram négatif et les glycopeptides sur les
biotiques peut être étudiée au laboratoire par diffé- bactéries à Gram positif, il est important de ne pas
rentes t e c h n i q u e s qui ont permis d ' é t a b l i r les dépasser les intervalles dictés par la demi-vie, ou le
concepts de synergie, indifférence et antagonisme. cas échéant de privilégier la perfusion continue (en
Ainsi, si l'association B-lactamines-aminosides est tenant compte des contraintes de stabilité de l'anti-
habituellement synergique, toute association d'anti- biotique considéré).
biotiques ne signifie pas automatiquement gain ou Les antibiotiques dont l'activité antibactérienne est
même simple additivité en termes d'efficacité. "dose-dépendante" et qui exercent un effet postanti-
3. Caractéristiques pharmacocinétiques biotique, tels les aminosides, peuvent être adminis-
des antibiotiques trés à intervalles plus espacés : une injection toutes
À l'inverse de la pharmacodynamie, la pharmacociné- les 12 heures, voire toutes les 24 heures dans certai-
tique étudie les effets de l'organisme sur l'antibiotique. nes circonstances, pour une demi-vie de l'ordre de
• Absorption 2 heures.
La biodisponibilité des antibiotiques administrés par Les céphalosporines et la vancomycine, dont l'activité
voie orale est très variable selon les produits et influe est temps-dépendante, peuvent être administrés en
sur le choix de la posologie. perfusion continue. L'antibiotique à longue T 1/2 conti-
Certains antibiotiques ont une biodisponibilité nulle ou nue d'exercer son activité après l'arrêt du traitement.
très faible et doivent impérativement être administrés Plus ce délai est long, plus le risque de sélection de
parvoie parentérale pour exercer un effet systémique mutants résistants est important (azithromycine...).
(aminosides, polypeptides, certaines B-lactamines). * Élimination
D'autres antibiotiques ont une biodisponibilité excel- Les deux voies essentielles d'élimination des antibio-
lente, atteignant des taux sériques et tissulaires aussi tiques sont urinaire et/ou biliaire, sous forme méta-
élevés par voie orale que par voie parentérale : rifam- bolisée ou non.
picine, fluoroquinolones, sulfamides et dérivés, liné- En cas d'insuffisance hépatocellulaire, les antibioti-
zolide. Pour les molécules ayant une biodisponibilité ques à métabolisme hépatique prédominant doivent
moyenne (50-70 %), l'activité clinique est potentielle- être évités car l'adaptation posologique ne peut être
ment moindre parvoie orale que parvoie parentérale, qu'empirique.
à moins d'augmenter les posologies de la voie orale En revanche, en cas d'insuffisance rénale, facilement
(B-lactamines). évaluée par la clairance de la créatinine, on peut uti-
Pour certains antibiotiques, l'absorption digestive est liser soit des antibiotiques à métabolisme hépatique,
diminuée par la prise d'aliments (certaines céphalos- sans modification de la posologie, soit des antibioti-
porines orales, fosfomycine trométamol) ou la prise ques à élimination rénale, avec adaptation des moda-
concomitante d'antiacides à base de cations divalents : lités d'administration en fonction de la clairance de la
calcium, aluminium, magnésium (cas des tétracycli- créatinine, qui peut être calculée par la formule de
nes et des fluoroquinolones). Cockroft :
* Diffusion = volume de distribution Clairance
La diffusion dans l'organisme se définit par le volume de la créatinine =
de distribution qui peut intéresser préférentiellement
certains organes (par exemple les aminosides ont un (R = 1,23 chez l'homme)
volume de distribution faible excepté dans le rein). (R = 1,04 chez la femme)
La diffusion est modérée pour les B-lactamines, les Une diminution de la clairance de la créatinine conduira
aminosides, les glycopeptides ; bonne pour les tétra- soit à réduire la posologie (antibiotiques temps-dépen-
cyclines, les macrolides, les fluoroquinolones, la fos- dants), soit à espacer les doses (antibiotiques concen-
fomycine, les C3G par voie parentérale et l'acide tration-dépendants).
fusidique. Les dosages d'antibiotiques (pic et vallée en cas d'ad-
Les sites les plus difficiles d'accès pour les antibioti- ministration discontinue, résiduelle en cas d'adminis-
ques sont le liquide céphalorachidien, le cerveau, l'os, tration continue) doivent permettre de s'assurer de

41
Antibiothérapie : principes généraux

l'adéquation du schéma d'administration retenu et de


[3] MODALITES D'UTILISATION
l'adapter te cas échéant.
DES ANTIBIOTIQUES
4. Paramètres pharmacocinétiques/
pharmacodynamiques (PK/PD) 1 Quand faut-il prescrire une antibiothérapie ?
Les paramètres PK/PD permettent de définir les rè- L'antibiothérapie est justifiée lorsqu'elle apporte un
gles d'utilisation d'un antibiotique pour une bactérie bénéfice prouvé sur le plan individuel (ou éventuelle-
donnée en un site d'infection donné, en étudiant la ment collectif), en termes de morbidité, de mortalité ou
relation efficacité en fonction du temps. Ils intègrent de transmissibilité par exemple. La prescription d'une
les caractéristiques microbiologiques (= CMI), phar- antibiothérapie doit donc être limitée aux infections
macocinétiques (= concentrations antibiotiques en dont l'origine bactérienne est documentée ou probable
fonction du temps) et pharmacodynamiques (= bacté- et pour lesquelles d'autres mesures ne suffisent pas.
ricidie en fonction des concentrations antibiotiques)
Les règles d'utilisation des antibiotiques doivent per-
(F5.1- 3). Ces paramètres prédictifs d'efficacité peu-
mettre de limiter l'émergence de bactéries résistan-
vent varier pour un même antibiotique selon la bacté-
tes non seulement dans le foyer initial mais aussi au
rie considérée et/ou le site de l'infection, et vice versa.
niveau des flores commensales. Ainsi, dans les infec-
tions virales, les antibiotiques n'ont aucun effet cura-
tif, mais exercent de plus une pression de sélection
sur les flores commensales. Ils ne préviennent pas
les surinfections.
L'antibiothérapie est dite "prophylactique" ou "préven-
tive", lorsqu'elle vise à prévenir une infection précise
dans des circonstances définies : prévention de l'infec-
tion postopératoire (Cf. Chap. 133), de l'endocardite
bactérienne, des infections invasives à méningocoques,
du rhumatisme articulaire aigu, des infections chez le
splénectomisé.
Elle est dite "curative" lorsqu'elle vise une infection
bactérienne caractérisée du point de vue clinique et
bactériologique.
Elle est dite "probabiliste", "présomptive" ou "empiri-
que" lorsqu'elle vise une infection bactérienne non ca-
ractérisée sur un plan microbiologique, soit du fait d'un
diagnostic uniquement clinique (pratique ambulatoire
le plus souvent), soit en l'attente du résultat bactériolo-
gique. En cas d'état fébrile isolé et bien supporté, et en
l'absence de diagnostic clinique, l'antibiothérapie ne doit
pas être prescrite en urgence. Dans tous les cas, l'anti-
Pour Les a n t i b i o t i q u e s ayant une a c t i v i t é temps-
biothérapie probabiliste doit être adaptée lorsque la
dépendante sur une bactérie donnée, le paramètre
documentation bactériologique est connue.
pharmacodynamique corrélé avec une bonne effica-
cité in vivo est le temps au-delà de la CMI. Par exem- 2. Faut-il faire un prélèvement
ple, les B-lactamines sont efficaces dans le traitement bactériologique préalable ?
des otites moyennes aiguës et des pneumonies à En règle générale, la réalisation d'un prélèvement
pneumocoque dès lors que le temps au-delà de la CMI bactériologique doit être envisagée de façon systé-
dépasse 40 %. matique avant tout traitement antibiotique.
Pour les antibiotiques ayant une activité concentra- Le prélèvement est indispensable lorsque :
tion-dépendante sur une bactérie donnée, le paramè- - l'infection est sévère ;
tre pharmacodynamique corrélé avec une bonne - les bactéries pouvant être responsables sont variées
efficacité in vivo est le quotient inhibiteur (Cmax/CMI) et/ou de sensibilité inconstante aux antibiotiques
ou plus encore le rapport aire sous la courbe sur (endocardite, méningite, collections suppurées
24 heures/CMI. Par exemple, les fluoroquinolones diverses, infections de l'immunodéprimé, tubercu-
sont e f f i c a c e s dans le traitement des infections à lose, infections nosocomiales, malades porteurs de
Gram positif sensibles lorsque le rapport ASC 24h /CMI matériel étranger).
est supérieur à 40, et supérieur à 125 dans le traite- Le prélèvement bactériologique est superflu lorsque
ment des infections à Gram négatif. Les aminosides le diagnostic clinique est facile :
sont efficaces lorsque le quotient inhibiteur est supé- - scarlatine, impétigo, érysipèle, premier épisode de
rieur ou égal à 8. cystite aiguë de la jeune femme sans antécédents... ;

42
Antibiothérapie : principes généraux

-la sensibilité des bactéries responsables aux anti- de l'élimination des antibiotiques et/ou une augmen-
biotiques usuels est régulièrement documentée par tation du volume de distribution : grossesse, ascite,
des études épidémiologiques. L'extension continue œdème.
des résistances réduit le nombre de ces situations. 4. Faut-il utiliser une association
3. Quel antibiotique utiliser ? d'antibiotiques ?
Le choix initial repose sur l'analyse de plusieurs Une monothérapie suffit pour traiter efficacement la
critères. plupart des infections courantes.
* La bactérie Le recours aux associations d'antibiotiques peut avoir
En l'absence de certitude (prélèvements microbiologi- pour but :
ques en attente ou non faits), la nature de la bactérie - d'éviter l'émergence de bactéries résistantes dans
peut être évoquée sur un certain nombre d'arguments le foyer infectieux ;
tels que la clinique, la porte d'entrée, le terrain, le - l'obtention d'une bactéricidie accrue (recherche d'un
contage. effet synergique) ;
En cas d'infection sévère ou de terrain fragile, le traite- - et/ou l'élargissement du spectre antibactérien (trai-
ment après les prélèvements est probabiliste. Il est fondé tement d'urgence des infections sévères et micro-
sur la connaissance de la sensibilité usuelle du ou des biologiquement non documentées).
germe(s) habituellement en cause dans le type d'infec- Cependant, quel que soit le but, l'association d'antibio-
tion. Si le patient a reçu un antibiotique au préalable à tiques fait augmenter la pression de sélection sur la flore
dose adaptée pendant au moins 48 heures, les bactéries commensale. En conséquence, les prescriptions d'as-
à suspecter sont habituellement hors du spectre d'acti- sociations doivent être strictement limitées à des situa-
vité de cet antibiotique. tions bien définies. Les a n t i b i o t i q u e s utilisés en
Il convient enfin de préférer pour les antibiotiques à association doivent avoir une diffusion comparable au
activité comparable ceux dont l'impact sur la flore niveau du site infectieux considéré afin d'éviter les situa-
commensale est le plus faible. tions de "fausses associations". Le bien-fondé du main-
tien d'une association doit être réévalué, en particulier
* Le foyer infectieux
après identification bactérienne.
Il est nécessaire d'obtenir des concentrations effica-
ces au niveau du foyer. La connaissance des proprié- De ces trois arguments, isolés ou associés, découlent
tés pharmacocinétiques de chaque antibiotique est les indications d'une association d'antibiotiques :
donc indispensable. - selon la bactérie responsable et/ou l'antibiotique
(prévention de l'émergence de résistances) : myco-
En cas de foyer purulent, l'efficacité moindre des anti-
bactéries, Brucella, Enterobacter, Serratia, Citrobac-
biotiques (liée à un inoculum élevé, une diffusion moins
ter, Providencia et B-lactamines, Pseudomonas sp et
bonne et à des conditions physicochimiques particuliè-
B-lactamines ou fluoroquinolone, entérobactéries
res) impose d'obtenir une diminution rapide de la quan-
résistantes à l'acide nalidixique et fluoroquinolones,
tité de bactéries in situ (inoculum), en s'aidant du
Staphylococcus aureus et rifampicine, fluoroquinolo-
drainage chirurgical ou de techniques de ponction
nes, fosfomycine et acide fusidique ;
dirigée par imagerie (échographie, scanner). Cette stra-
- selon le site de l'infection : endocardite, infection
tégie majore l'efficacité et diminue le risque de sélec-
neuroméningée postchirurgicale, infection ostéoar-
tion de bactéries résistantes.
ticulaire, abdominopelvienne non documentée, infec-
* Le patient tion respiratoire grave non documentée ;
D'une façon générale, il faut privilégier la tolérance - selon le terrain sous-jacent : patient en état critique,
dans le traitement des infections bénignes. L'effica- neutropénique, infection nosocomiale.
cité est au premier plan dans le traitement des infec-
5. Le recours à la chirurgie est-il nécessaire ?
ticns sévères.
Toute collection doit faire envisager systématiquement
Le risque consenti dans le choix de l'antibiothérapie
une évacuation de celle-ci. Dans les suppurations
initiale doit être d'autant plus faible que le patient est
localisées, la priorité revient à l'évacuation de la collec-
plus fragile, soit du fait d'une immunodépression (neu-
tion par le biais d'une ponction guidée évacuatrice, d'un
tropénie, hémopathie maligne, traitement immuno-
drainage guidé par imagerie ou chirurgical, couplée à
suppresseur, corticothérapie, éthylisme chronique,
une antibiothérapie efficace.
âge avancé, diabète déséquilibré), soit du fait d'une
pathologie sous-jacente susceptible de décompensa- Le traitement rationnel et efficace des pathologies
tion (insuffisance respiratoire chronique, insuffisance infectieuses canalaires obstructives (biliaires et urinai-
cardiaque). res) repose sur la levée de l'obstacle couplée égale-
ment à une antibiothérapie efficace.
On privilégie alors les antibiotiques bactéricides, à
spectre large, ou des associations d'antibiotiques pour 6. Comment prescrire l'antibiothérapie ?
élargir le spectre. Les antécédents allergiques du pa- * Posologie et rythme d'administration
tient seront pris en compte, de même que les patho- Il convient dans toute antibiothérapie de respecter des
logies hépatiques ou rénales entraînant une diminution posologies et des rythmes d'administration de nature

43
Antibiothérapie : principes généraux

à assurer des concentrations appropriées au site de férence médicamenteuse au niveau de l'absorption et


l'infection et à éviter le sous-dosage. une observance thérapeutique parfaite sont indispen-
La dose unitaire sables.
Elle doit être adaptée à la gravité de l'infection, à la La voie intramusculaire
nature du foyer et à un éventuel état pathologique sous- Elle n'est pas utilisable avec tous les antibiotiques et
jacent (insuffisance rénale ou hépatique par exemple, nécessite de vérifier l'absence de trouble de l'hémos-
patient en réanimation). Le rythme d'administration est tase et de traitement anticoagulant. Elle peut être uti-
dépendant de ces éléments et des caractéristiques lisée avec des antibiotiques à demi-vie longue pour des
pharmacodynamiques attendues de l'antibiotique durées limitées du fait des problèmes de tolérance.
(nature de l'effet bactéricide, éventuel effet postanti- La voie sous-cutanée
biotique, caractéristiques pharmacocinétiques dont la Elle peut être utilisée pour certains antibiotiques, mais
demi-vie d'élimination). La dose unitaire est moins im- expose à des risques de sur- ou de sous-dosage du fait
portante et plus souvent répétée pour un antibiotique d'une grande variabilité interindividuelle en termes de
temps-dépendant (objectif : obtenir une concentration résorption.
d'antibiotique in situ le plus longtemps possible au Les indications d'administration locale d'antibiotiques
dessus de la CMI). À l'inverse, la dose unitaire est Elles sont très limitées : otites externes, infections
importante mais avec des intervalles entre 2 doses conjonctivales, de la peau, du vagin.
plus longs pour un antibiotique concentration-dépen- 7. Comment surveiller et évaluer le traitement ?
dant ( o b j e c t i f : a v o i r un r a p p o r t aire s o u s la
* Surveillance de l'efficacité du traitement
courbe/CMI le plus élevé possible).
Efficacité d'une antibiothérapie
Une dose forte initiale
Elle se juge principalement :
Dite "dose de charge", elle est parfois utilisée pour - sur l'amélioration clinique rapide (disparition de la
les aminosides car leur efficacité est "concentration- fièvre et des signes cliniques en rapport avec ;
dépendante" et pour certains antibiotiques à demi-vie - sur la stérilisation des prélèvements bactériologi-
longue comme la teicoplanine, l'azithromycine afin ques qui doivent être le plus souvent répétés et no-
d'obtenir plus rapidement l'état d'équilibre. tamment dans les infections sévères, en parallèle
Les B-lactamines, antibiotiques temps-dépendants, de dosages sériques d'antibiotiques ;
nécessitent, en cas d'administration en perfusion conti- - sur la normalisation des anomalies biologiques hé-
nue, la réalisation d'une dose de charge également. matologiques (leucocytose notamment) et des pa-
Les dosages sériques ramètres inflammatoires (procalcitonine, CRP,
Dans les cas graves ou en cas d'émonctoires déficients, vitesse de sédimentation) ;
ils permettent d'adapter la posologie à la sensibilité - sur la disparition des anomalies en imagerie médi-
du germe et à la capacité d'élimination au volume de cale le cas échéant.
distribution du patient pour éviter les effets toxiques Tolérance d'une antibiothérapie
et les sous-dosages. Elle se juge sur les plans clinique et biologique (sur-
* Voie d'administration veillance clé la fonction rénale pour les aminosides et
La voie intraveineuse la vancomycine notamment, dosages sériques des
Elle est la voie d'administration de référence pour les antibiotiques).
infections graves car elle évite les aléas de l'absorp- En cas d'efficacité du traitement
tion et permet d'obtenir rapidement des concentra- Il est recommandé de modifier lorsque cela est pos-
t i o n s élevées. En cas de traitement intraveineux sible une antibiothérapie pour une autre, tout aussi
prolongé, l'atteinte progressive du capital veineux peut efficace, mais à spectre plus étroit, et moins coûteuse,
faire recourir à l'utilisation de cathéters veineux cen- et dont la tolérance est au moins identique. Dans le
traux ou de chambres de perfusion implantables. cas d'une antibiothérapie probabiliste, le traitement
La voie orale initial sera éventuellement modifié selon les mêmes
Elle est la voie d'administration préférentielle lorsque principes en fonction de l'identification bactérienne
l'infection est initialement peu sévère et si les bacté- et/ou de l'antibiogramme.
ries suspectées ou documentées sont très sensibles à * Quelle conduite adopter en présence d'une fièvre
l'antibiotique choisi. C'est aussi la voie choisie pour les qui persiste ou réapparaît sous antibiothérapie ?
traitements de relais en cas d'évolution favorable. Le L'échec d'une antibiothérapie est habituellement dé-
choix doit se porter sur les molécules ayant les mêmes fini par la persistance des signes locaux et généraux
critères de sensibilité et une biodisponibilité per os pro- de l'infection après 48 à 72 heures de traitement à
che de la voie parentérale pour éviter le risque d'échec concentration efficace, l'apparition d'une nouvelle
ou de rechute. Les fluoroquinolones parentérales et per localisation septique ou l'extension locale ou générale
os répondent bien à ces nécessités. L'absence de trou- (emboles septiques) de l'infection et la persistance de
bles digestifs (vomissement, malabsorption), d'inter- la ou des même(s) bactérie(s) malgré une antibiothé-

44
Antibiothérapie : principes généraux

rapie jugée initialement adaptée. La rechute est défi- - Une interaction chimique ou médicamenteuse est
nie parla réapparition, après l'arrêt du traitement, du parfois en cause aussi bien ex vivo (incompatibilité
syndrome infectieux et de la même bactérie. L'ab- chimique entre les B-lactamines et les aminosides,
sence de rechute est le seul critère absolu de guéri- dénaturation des (B-lactamines dans les solutés glu-
son d'une infection. coses...) qu'/'n vivo (inactivation des fluoroquinolones
L'échec d'une antibiothérapie peut être microbiologique par les métaux).
II est lié à : - Une posologie insuffisante est une cause fréquente
- un problème de cible dans le cas d'une antibiothé- d'échec, en particulier pour les tissus d'accès diffi-
rapie probabiliste : cile (méninges, encéphale, prostate, œil, os).
• soit avec un pari bactériologique exact mais avec L'échec d'une antibiothérapie peut être stratégique
un défaut de sensibilité de la ou des bactérie(s) en - L'existence d'un foyer clos (comme porte d'entrée ou
cause, comme localisation secondaire) peut rendre compte
• soit avec un pari bactériologique inexact, parce de l'échec d'une antibiothérapie en théorie adaptée
que la bactérie est d'une autre espèce que celle et doit faire envisager un traitement associé (ponc-
anticipée, tion ou drainage chirurgical).
• soit parce que la cause de l'infection est virale, pa- - La présence d'un matériel prothétique implique un
rasitaire ou mycosique, traitement prolongé après nettoyage chirurgical,
•soit enfin parce que la maladie n'est pas infec- voire son ablation.
tieuse ;
* Durée de traitement et critères de guérison
- un défaut de bactéricidie (la catégorisation 5/l/R de
- La durée du traitement est extrêmement variable se-
l'antibiogramme n'évalue que l'effet bactériostatique
lon le germe, la localisation infectieuse et le terrain.
des antibiotiques), soit un foyer non ou peu accessible
Les durées de traitement sont souvent codifiées à
à l'antibiotique, dans les cas où la bactérie demeure
partir des résultats d'essais thérapeutiques et d'étu-
sensible in vitro au traitement administré ;
des cliniques.
- soit à l'acquisition de résistance, en considérant les
- Lorsqu'une association comportant un aminoside
facteurs de risque d'une telle acquisition parmi les-
est utilisée, la durée de l'association est habituelle-
quels une densité bactérienne élevée, la présence
ment courte, de l'ordre de 2 à 5 jours, sauf en cas
d'un corps étranger, certaines bactéries (staphyloco-
d'endocardite.
ques, Pseudomonas sp...) et plus encore, certains anti-
- L'antibiothérapie doit être interrompue brutalement,
biotiques : acide fusidique, fosfomycine, rifampicine
sans posologie dégressive.
et fluoroquinolones.
- Le seul critère de guérison est l'absence de rechute
L'échec d'une antibiothérapie peut être pharmacologique à l'arrêt du traitement.
- Pour la voie orale, un défaut d'observance ou un
défaut d'absorption doivent être systématiquement
évoqués.

45
Effets indésirables des antibiotiques

* Critères sémiologiques
[1] GÉNÉRALITÉS
L'analyse des caractéristiques cliniques et paraclini-
La pharmacovigilance revêt un intérêt tout particulier ques des phénomènes observés permet ou non de les
à chaque stade du développement et de l'usage des rapprocher des effets secondaires connus des anti-
médicaments dont les antibiotiques, et depuis 1984, la biotiques, et surtout d'exclure dans la mesure du pos-
déclaration des effets indésirables des médicaments sible d'autres diagnostics.
est obligatoire tant pour le corps médical que pour l'in- Ces critères chronologiques et sémiologiques per-
dustrie pharmaceutique. Même si les effets indésira- mettent de classer la relation entre le médicament
bles des antibiotiques sont relativement peu fréquents utilisé et les signes observés en 5 catégories : cer-
et rarement graves, ils doivent être bien connus des taine, vraisemblable, plausible, douteuse, exclue.
prescripteurs, pris en compte lors de la prescription, C'est une méthode très sensible mais peu spécifique.
prévus dans le suivi, identifiés et rapportés en cas de Cependant, la déclaration systématique des effets
survenue.
secondaires, leur collecte et leur analyse par les
1. Origine des accidents et incidents dus structures de pharmacovigilance (centres régionaux
aux antibiotiques de pharmacovigilance dont ta liste figure dans le dic-
* Erreurs thérapeutiques tionnaire Vidal, ou responsable de pharmacovigilance
Erreur de posologie, de durée, de voie d'administration, du laboratoire pharmaceutique] sont les outils per-
non-respect des contre-indications, automédication. mettant à l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des
* Effets indésirables propres aux médicaments Produits de Santé (AFSSAPS) de modifier les autori-
- Liés à l'effet pharmacodynamique principal à savoir sations de mise sur le marché (AMM) des médica-
l'action antibactérienne : réaction de Jarisch-Herxhei- ments commercialisés. Cette déclaration est
mer lors du traitement de la syphilis, choc endotoxi- obligatoire pour les effets indésirables dits graves
nique lors du traitement de la fièvre typhoïde, (nécessitant ou prolongeant une hospitalisation,
perturbation de la flore intestinale par les antibioti- entraînant une invalidité ou une incapacité perma-
ques à large spectre, sélection de mutants résistants, nente mettant en jeu le pronostic vital, ou enfin res-
sélection de Clostridium difficile, sélection de levures. ponsable de décès).
- Liés à un effet pharmacodynamique secondaire des
antibiotiques : troubles digestifs sous érythromycine [2] MÉCANISMES
par action sur les récepteurs de la motiline, diarrhée
motrice due à l'acide clavulanique. Les principaux mécanismes à l'origine des effets
- Liés à un état particulier du patient : réaction d'hyper- secondaires des antibiotiques sont au nombre de
sensibilité, surdosage en cas d'insuffisance rénale quatre.
ou hépatique. 1. Hypersensibilité
2. Critères d'imputabilité Le terme d'immunotoxicité serait plus adapté pour
C'est l'établissement du lien de causalité entre un évé- ces manifestations. Le médicament lui-même ou l'un
nement clinique et un médicament. La seule certitude de ses métabolites est responsable de la sensibilisa-
de l'origine médicamenteuse d'un accident cutané est tion (rôle d'haptène). Les réactions font appel soit à
un test de réintroduction positif mais cette pratique est un mécanisme IgE-dépendant, soit à une action sur
toujours à risque et éthiquement discutable (risque de les cellules effectrices (immunomodulation, produc-
réaction encore plus grave). En l'absence de critères tion de cytokines).
cliniques, biologiques ou histologiques spécifiques, Dans la classification de Gell et Coombs :
l'imputabilité médicamenteuse s'appuie sur un fais- - les réactions de type 1 regroupent les phénomènes
ceau d'arguments "intrinsèque" et "extrinsèque". anaphylactiques (immuno-allergie vraie) ;
L'imputabilité "intrinsèque" repose sur des critères - les réactions de type 2 sont habituellement à l'ori-
sémiologiques et chronologiques. gine des cytopénies ;
L'imputabilité "extrinsèque" repose sur la connais- - les réactions de type 3 font appel à la pathologie des
sance d'accidents identiques à un médicament donné : immuns complexes (phénomène d'Arthus) et sont
c'est l'argument de "notoriété". Mais un médicament responsables de vascularites ;
récemment commercialisé, même grand pourvoyeur - les réactions de type 4 sont à médiation cellulaire,
de toxidermie, peut avoir, au départ, une notoriété nulle responsables d'hypersensibilité retardée.
ou faible. Les phénomènes d'immunotoxicité sont à distinguer
Critères chronologiques des réactions anaphylactoïdes ou pseudo-allergiques
C'est l'étude de la relation temporelle entre l'admi- liées à une histamino-libération (syndrome de l'homme
nistration, l'arrêt et éventuellement, la réadministra- rouge lors de la perfusion rapide de vancomycine).
tion du médicament et la survenue des premiers L'exploration de l'hypersensibilité aux antibiotiques
signes cliniques. Les critères chronologiques varient est difficile car seules les réactions positives ont de la
selon le type d'effet indésirable et le médicament. valeur (test de dégranulation des éosinophiles, test de

46
Effets indésirables des antibiotiques

transformation lymphoblastique...), et encore témoi- - Action sur des récepteurs : fluoroquinolones et ré-
gnent-elles d'une sensibilisation, sans qu'il soit pos- cepteur de l'acide gamma-amino-butyrique, respon-
sible de parler "d'hypersensibilisation" et donc de sable des effets de ces antibiotiques au niveau du
rattacher avec certitude les manifestations présen- système nerveux central ; rôle agoniste de l'érythro-
tées par les patients, à la prescription du médicament. mycine sur les récepteurs de la motiline au niveau
Les tests cutanés pourraient avoir un intérêt. Les phé- du tube digestif.
nomènes d'hypersensibilité concernent essentielle- * Thésaurismose
ment la famille des B-lactamines et des sulfamides, Accumulation des tétracyclines dans l'os et les dents.
et sont beaucoup plus rares avec les autres antibioti-
ques, en particulier les aminosides. En pratique, ils [3] MANIFESTATIONS CLINIQUES
peuvent néanmoins concerner toutes les classes
d'antibiotiques. 1, Manifestations cutanées
2. Mécanismes biochimiques ou toxiques * Manifestations d'hypersensibilité
• Modifications enzymatiques Il s'agit classiquement de manifestations d'hypersen-
-Les macrolides, la télithromycine, interagissent avec sibilité. Les antibiotiques les plus en cause sont les
certains cytochromes P 450 entraînant l'inhibition B-lactamines (réactions croisées pénicillines-cépha-
enzymatique, et donc une accumulation potentielle- losporines dans 10 à 15 %) et les sulfamides. Le délai
ment toxique des dérivés de l'ergot de seigle, de la car- d'apparition des lésions cutanées est de 7 à 21 jours
bamazépine, des antivitamines K, de la théophylline. pour la plupart des effets indésirables dermatologiques
-Diminution également du métabolisme de la théo- sauf pour la pustulose exanthématique aiguë généra-
phylline par les fluoroquinolones à métabolisme lisée (moins de 48 heures) et le syndrome d'hypersen-
hépatique (énoxacine, péfloxacine, ciprofloxacine). sibilité médicamenteuse (2 à 6 semaines). Les formes
-Induction enzymatique au contraire sous l'effet de la cliniques des toxidermies sont nombreuses :
rifampicine qui diminue de ce fait les taux sériques des - urticaire, œdème de Quincke, exanthème maculopa-
médicaments à métabolisme hépatique (estroproges- puleux, plus rarement, érythème noueux, maladie
tatif, inhibiteurs de protéase...), ou accélère la forma- sérique, syndrome de Lyell, syndrome de Stevens-
tion de métabolites potentiellement toxiques (cas de Johnson (B-lactamines ++, sulfamides ++). Avec les
l'isoniazide). sulfamides, la fréquence est évaluée à 1/10 000 ;
• Formation de métabolites toxiques - purpura vasculaire : lésions cutanées infiltrées,
Myélotoxicité grave du chloramphénicol chez des pa- polymorphes, parfois nécrotiques ; aspect de vascu-
tients présentant une prédisposition génétique liée à larite leucocytoclasique en histologie. Dix pour cent
un déficit enzymatique. de ces purpuras sont d'origine médicamenteuse et
attribués essentiellement aux 6-lactamines et aux
3. Phototoxicité
sulfamides ;
Certains médicaments, comme les tétracyclines et les - érythème pigmenté fixe [cyclines, sulfamides) ;
fluoroquinolones, peuvent entraîner des photoderma- - pustulose exanthématique aiguë généralisée : pustu-
toses toxiques, par production de radicaux libres sous les stériles débutant au visage, dans un contexte fé-
l'effet des radiations solaires, responsables d'érythè- brile 2 jours après le début du traitement. Soixante
mes avec phlyctènes apparaissant dès la première ex- pour cent de ces pustuloses sont dues aux antibioti-
position solaire, et limités à la zone exposée, à distinguer ques, essentiellement 0-lactamines et pristinamycine ;
de la photosensibilisation ou "photo-allergie" entraînant
- exanthème, érythrodermie squameuse ou suintante
des lésions prurigineuses, urticariennes, dépassant la
dans le cadre d'un syndrome d'hypersensibilité mé-
zone exposée au soleil.
dicamenteuse (également appelé DRESS) associé à
4. Interférence avec un processus métabolique des arthralgies, à des adénopathies, de la fièvre, une
physiologique hyperéosinophilie, une cytolyse hépatique, une leu-
• Hypokaliémie copénie, un syndrome mononucléosique (minocy-
Avec les B-lactamines, ta fosfomycine, l'amphotéri- cline, sulfamides...) ;
cine B, le foscarnet, secondaire à une fuite rénale de - eczéma de contact pour les professionnels manipu-
potassium. lant les antibiotiques : clindamycine, érythromycine,
• Atteintes fonctionnelles aminosides, polymyxine, sulfamides, B-lactamines.
-Hyperbilirubinémie libre par inhibition de la capta- * Autres manifestations
tion de la bilirubine par l'hépatocyte et baisse de la - Signes locaux au point d'injection : douleur, rougeur,
glycuroconjugaison sous l'effet des rifamycines, de induration.
l'acide fusidique et de l'atazanavir ; compétition avec - Veinite en cas de perfusion d'antibiotiques insuffi-
la fixation aux protéines plasmatiques pour la biliru- samment dilués.
bine en présence de sulfamides (ictère nucléaire du 2. Choc anaphylactique
nouveau-né). 0,015 à 0,04 % des sujets traités par la pénicilline.

47
Effets indésirables des antibiotiques

3. Manifestations neurologiques • baisse de synthèse de procoagulants vitamine


* Système nerveux central K-dépendants par l'effet des C2G et C3G possé-
- Hallucinations, vertiges, hyperréflectivité, convul- dant le radical méthylthiotétrazole. Ce radical est
sions, coma (B-lactamines à fortes closes). présent dans le céfamandole, la céfopérazone, le
- Accidents convulsifs, troubles neurosensoriels avec céfotétan.
les fluoroquinolones. 7. Manifestations digestives
- Vertiges chez 20 % des sujets de moins de 40 ans - Gastrites et œsophagites lors de la prise de doxycy-
traités par la minocycline. cline à jeun.
- Insomnie, troubles visuels (halo brillant), troubles - Nausées, vomissements (macrolides, B-lactamines).
de l'accommodation (quinolones). - Diarrhée motrice (macrolides, acide clavulanique),
- Hypertension intracrânienne (tétracyclines, fluoro- déséquilibre de la flore intestinale.
quinolones). - Douleurs épigastriques-ulcération muqueuse œso-
* Signes cochléovestibulaires phagienne par l'effet direct des comprimés (tétra-
Toxicité des aminosides par accumulation dans l'en- cyclines).
dolymphe, destruction des cellules sensorielles ; rôle - Colonisation, voire surinfection à germes résistants
de la durée prolongée de traitement et de l'aire sous et levures.
la courbe (concentrations en fonction du temps). - Diarrhée et colite pseudo-membraneuse à Ctostri-
4. Manifestations rénales dium difficile.
» Néphropathie immuno-allergique 8. Manifestations hépatiques
Surtout avec les pénicillines : fièvre, hématurie, asso- - Hépatites cholestatiques d'hypersensibilité : sels
ciée ou non à un exanthème, une hyperéosinophilie : d'érythromycine avant tout, moins fréquentes avec
DRE55. les nouveaux macrolides.
* Néphrotoxicité vraie - Hépatites cytolytiques graves possibles avec les
- Néphropathie tubulo-interstitielle aiguë avec les kétolides.
céphalosporines de première génération, surtout la - Hépatites cholestatiques (plus rarement mixtes ou
céfaloridine, à forte dose. cytolytiques) à l'association amoxicilline-acide clavu-
- Tubulopathie provoquée par l'accumulation lysoso- lanique, de mécanisme immuno-allergique, dues à
miale des aminosides au niveau des cellules tubu- l'acide clavulanique, plus fréquentes chez l'homme
laires rénales : enzymurie, puis insuffisance rénale âgé, pouvant survenir 1 à 4 semaines après l'arrêt du
aiguë par néphropathie tubulo-interstitielle, pouvant traitement, d'évolution bénigne.
conduire à une nécrose tubulaire. - Hépatites cytolytiques du couple rifampicine-isonia-
- Cristallurie [sulfamides, fluoroquinolones, norfloxacine). zide, par effet inducteur enzymatique de la rifampi-
5. Manifestations pulmonaires cine, avec formation de dérivés acétylés de l'INH
toxiques pour la cellule hépatique. Mais c'est le pyra-
Pneumopathie interstitielle immuno-allergique, aiguë zinamide qui est souvent d'abord imputable en cas
ou subaiguë, caractérisée par de la fièvre, une toux, d'hépatite sous antituberculeux.
une dyspnée et des infiltrats labiles bilatéraux ; hyper-
- Hyperbilirubinémie sous rifampicine, acide fusidique.
cellularité au lavage broncho-alvéolaire, avec prédo-
minance de lymphocytes, présence de polynucléaires 9. Manifestations rhumatologiques
et d'éosinophiles. Antibiotiques responsables : mino- - Arthralgies, myalgies, arthrites sous quinolones et
cycline, B-lactamines, sulfamides. fluoroquinolones.
- Tendinopathie, rupture tendineuse (fluoroquinolones,
6. Manifestations hématologiques
surtout la péfloxacine) : facteur de risque représenté
- Cytopénie transitoire par hypersensibilité : B-lacta- par l'âge avancé, la corticothérapie.
mines, sulfamides. - Myosites (fluoroquinolones).
- Erythroblastopénie ou atteinte des autres lignées
par inhibition dose-dépendante de la synthèse pro- 10. Troubles de coagulation
téique mitochondriale par les phénicolés. Décrits avec les molécules comportant le radical
- Aplasie médullaire retardée souvent mortelle due méthyl-tétrazole-thiol (céfopérazone), réduction de la
au chloramphénicol. synthèse de la vitamine K, baisse du TP.
- Agranulocytose aiguë souvent grave par les sulfa- 11. Manifestations cardiaques
mides (sulfadiazine). Allongement de l'espace QT (moxifloxacine, clarithro-
- Anémie hémolytique par hypersensibilité ou déficit mycine, érythromycine IV, télithromycine) avec risque
en G6PD : sulfamides et dapsone. de torsade de pointes en cas de facteurs favorisants
- Thrombopathie sous B-lactamines à forte dose. (maladies cardiovasculaires, hypokaliémie, autres trai-
- Hypoprothrombinémie : tements allongeant l'espace QT, arythmies). L'utilisa-
• diminution de la synthèse de la vitamine K par les tion de ces antibiotiques nécessite de vérifier l'absence
bactéries digestives sous l'effet des antibiotiques d'associations médicamenteuses avec médicaments
à large spectre (B-lactamines, tétracyclines) ; allongeant l'espace QT.

48
Effets indésirables des antibiotiques

- limiter les prescriptions d'antibiotiques aux patho-


[3] CONDUITE À TENIR
logies bactériennes justiciables d'un traitement ;
L'arrêt du médicament est la règle, surtout si l'antibio- - à efficacité égale, choisir la molécule la moins toxi-
tique a une demi-vie longue. La pratique de poursuivre que et moduler le risque d'effets secondaires en fonc-
le médicament responsable en cas d'effet indésirable tion de la gravité du tableau infectieux motivant
("treating through hypersensitivity") est possible avec l'antibiothérapie ;
certains médicaments dans certaines conditions. La - respecter les contre-indications et les recomman-
réintroduction d'un médicament potentiellement dations en matière de posologie et de durée de
responsable d'un accident médicamenteux obéit à des traitement ;
règles strictes. Elle est formellement contre-indiquée - rester vigilant pendant le traitement et garder en
en cas d'antécédents anaphylactiques, d'urticaire, mémoire la possibilité d'un effet secondaire des anti-
d'œdème de Quincke. Des protocoles de désensibilisa- biotiques devant l'apparition d'événements cliniques
tion ont été établis pour certains médicaments (péni- ou biologiques pendant le traitement ;
cilline, cotrimoxazole). - en cas de suspicion d'effets indésirables, collecter
les critères d'imputabilité, choisir une alternative
[4] CONCLUSION antibiotique (même spectre, même diffusion mais
famille différente) et signaler le dossier à la phar-
La prescription des antibiotiques est un geste courant, macovigilance ;
pour des pathologies de gravité variable. Un large - en cas de confirmation d'un effet indésirable grave,
éventail de produits est disponible. En regard du ris- informer le patient et les correspondants médicaux,
que d'effets indésirables, les règles à respecter dans inscrire ces données dans le dossier.
l'antibiothérapie sont les suivantes :
- interrogatoire à la recherche d'antécédent allergique ;

49
B-lactamines

Quant à l'activité bactéricide des pénicillines, on sup-


[1] DONNÉES GÉNÉRALES
posait qu'elle résultait de la rupture, sous la pression
Les B-lactamines représentent la plus importante osmotique, de la paroi cellulaire fragilisée. Le méca-
famille antibiotique par le nombre de molécules dis- nisme de bactéricidie est probablement beaucoup plus
ponibles (une quarantaine en France) et par le volume complexe, par interaction avec le système de régula-
d'utilisation, aussi bien en ville qu'à l'hôpital. tion de l'activité des autolysines.
Ces molécules ont la même structure chimique de Les B-lactamines produisent habituellement un effet
base : le cycle bêtalactame. A partir de ce cycle, qua- bactéricide (sauf vis-à-vis des entérocoques pour les-
tre sous-familles (T5.3-1 ) ont été développées, les deux quels l'effet n'est le plus souvent que bactériostati-
premières étant de très loin les plus importantes : que : phénomène de tolérance). En dehors du cas
- les pénicillines (ou pénames), dérivées de l'acide particulier des carbapénèmes (Cf. infra), l'activité des
6-amino-pénicillanique (cycle bêtalactame + cycle B-lactamines est de type "temps-dépendant", avec un
pentagonalthiazolidine) ; effet postantibiotique faible ou nul et un effet inocu-
- les céphalosporines (ou céphèmes), dérivées de lum marqué.
l'acide 7-amino-céphalosporanique (cycle bêtalac-
tame + cycle hexagonal insaturé dihydrothiazine) ; En association, l'effet des B-lactamines est le plus
- les carbapénèmes (caractérisés par un atome de souvent :
carbone en position 1) ; - synergique avec les aminosides, aussi bien vis-à-vis
- les monobactames. des bacilles à Gram négatif que des cocci à Gram
Toutes ces molécules ont des caractéristiques com- positif ;
munes et des particularités propres à chaque classe - additif ou indifférent avec les fluoroquinolones.
d'où découlent des indications très différentes. 2, Mécanismes de résistance
Trois mécanismes de résistance sont décrits :
[2] CARACTÉRISTIQUES COMMUNES - une modification des protéines cibles, surtout obser-
vée chez les cocci à Gram positif (résistance à la mé-
1. Mécanisme d'action ticilline des staphylocoques par apparition d'une
Le classique mécanisme d'action des B-lactamines est nouvelle PLP de faible affinité [PLP2a] ; diminution
fondé sur la liaison de l'antibiotique aux enzymes par- de sensibilité aux B-lactamines des pneumocoques) ;
ticipant à la synthèse du peptidoglycane (constituant - une production d'enzymes (bêtalactamases) surtout
principal de la paroi bactérienne) : les protéines de liai-
observées chez les bacilles à Gram négatif ;
son des pénicillines (PLP), ou encore "penicillin-binding-
- une diminution de la perméabilité de la membrane
protein" (PBP). Il existe plusieurs PLP dénommées
externe, décrite exclusivement chez les bacilles à
PLP1, PLP2, etc. rendant compte des différences
Gram négatif.
d'activité d'une molécule à l'autre (parfois au sein même
d'une sous-famille). Ces PLP ont une affinité variable 3. Pharmacocinétique
vis-à-vis des différentes B-lactamines. D'une façon générale, les B-lactamines se caractéri-
La conséquence de cette interaction moléculaire en- sent par une absorption digestive souvent médiocre
tre PLP et B-lactamines est l'inhibition de la biosyn- expliquant :
thèse et du remodelage du peptidoglycane par - que nombre de molécules, notamment parmi les
inhibition des fonctions de transpeptidation (effet bac- B-lactamines à très large spectre, ne sont disponibles
tériostatique). que par voie parentérale ;

50
B-lactamines

- que les concentrations sériques sont souvent beau- teroides, mycobactéries, Mycoplasma, Chlamydiae, Le-
coup plus faibles parvoie orale que par voie veineuse.
gionella, rickettsies.
Résistance acquise
A l'exception de la ceftriaxone, la demi-vie d'élimination
des différentes B-lactamines actuellement disponibles Staphylococcus, Streptococcus pneumoniae : en France,
est brève (1 à 2 heures), impliquant une administrationen 2005, 30 % des pneumocoques sont de sensibilité di-
pluriquotidienne (2 à 6 administrations par jour selon minuée à la pénicilline (CMI > 0,12 mg/l). À prendre en
les molécules, la voie d'administration et les indications
compte pour le traitement des otites aiguës moyennes
thérapeutiques). Pour la plupart des B-lactamines, l'éli-
de l'enfant (> 50 % de souches avec une sensibilité di-
mination rénale prédominante impose une adaptation minuée) et des méningites (compte tenu de la gravité
posologique en cas d'insuffisance rénale. du tableau).
La diffusion tissulaire des B-lactamines est globale- 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-2)
ment satisfaisante à l'exception du LCR, de l'œil, de la
Biodisponibilité
prostate et de l'os. Dans le LCR, la diffusion varie net-
Pénicilline G
tement d'une molécule à l'autre.
Biodisponibilité orale : nulle.
Les principales caractéristiques pharmacocinétiques
Voie veineuse, demi-vie de 30 minutes, élimination ré-
des B-lactamines figurent dans les tableaux T5.2-8-
11-13-15. nale sous forme active.
Pénicillines retard
L Tolérance aux fi-lactamines
Voie intramusculaire, faible diffusion tissulaire, fai-
Les B-lactamines, surtout les pénicillines, peuvent être
à l'origine de manifestations immunoallergiques di- ble biotransformation : 15 à 20 %, excrétion : urines.
verses, certaines pouvant être graves (choc anaphy- Biclinocilline® : pic à 1 heure, taux sériques efficaces :
lactique, œdème de Quincke). 1 semaine.
Les accidents toxiques des B-lactamines sont rares Benzathine péni G (Extencilline®) : pic : 1 heure, taux
et variables selon les molécules : sériques efficaces 2 à 3 semaines.
- troubles neurologiques à type de convulsions : essen- Pénicilline V
tiellement observés avec l'imipénem et les pénicilli-Per os (demi-vie de 2 heures), non inactivée par l'aci-
dité gastrique, absorption gastro-intestinale : 50 à
nes, avec les facteurs favorisants reconnus : posologie
élevée (notamment dans un contexte d'insuffisance 60 % de la dose, biotransformation : 30 à 40 %, excré-
rénale), pathologie cérébrale sous-jacente ; tion : urines.
- perturbations des lignées sanguines à type d'ané- 5 Distribution
mie hémolytique, de leuconeutropénie ou de throm- - Satisfaisante : amygdale, muscle, poumons, liqui-
bopénie, des interstitiels, cavités synoviales, abcès.
-troubles hépatiques à type d'hépatites symptomati- - Médiocre : système nerveux central, méninges
ques ou non, cytolytiques ou cholestatiques ; (même si méningite), yeux, os, prostate.
- rares néphropathies tubulo-interstitielles aiguës ;
3. Mode d'administration (mode d'emploi) (T5.3-3)
-troubles de la coagulation essentiellement rappor-
* Pénicilline G
tés avec la pénicilline G à fortes doses, la ticarcilline
et la céfopérazone ; IM (pénicillines retard).
- enfin, en cas d'insuffisance cardiaque et/ou rénale, ilIV : 6 perfusions par 24 heures.
convient de tenir compte de la charge sodée (apport * Pénicilline V
quotidien le plus élevé pour ticarcilline et pénicilline G).
Per os : 3 ou 4 prises quotidiennes.
4. Principales indications thérapeutiques
[3] PÉNICILLINES G ET V
a Pénicilline V per os
1. Spectre utile - Angine aiguë streptococcique (dont la scarlatine) :
• Espèces habituellement sensibles (> 90 % des souches) 50 000 Ul/kg/j pendant 10 jours mais ce n'est plus le
Streptocoques, Corynebacterium diphteriae, Listeria traitement de référence depuis 2002.
monocytogenes, Bacillus anthracis, Streptobacillus mo-- Angine de Vincent non compliquée : 2 à 3 millions Ul/j
niliformis, Erysipelothrix rhusiopathiae, Neisseria me- pendant 10 jours chez l'adulte.
ningitidis, Pasteurella multocida, Moraxella, - Rouget du porc : 50 000 Ul/kg/j 7 à 10 jours.
Peptostreptococcus, Clostridium, Propionibacterium ac- - Prophylaxie de l'érysipèle récidivant : 2 à 4 millions Ul/j.
nes, Actinomyces israeli, Fusobacterium, Treponema, - Prophylaxie des infections pneumococciques chez
Borrelia, Leptospira. le sujet splénectomisé ou drépanocytaire ou ayant
* Espèces résistantes une asplénie fonctionnelle (100 000 Ul/kg/j si poids
Résistance naturelle inférieure 10 kg, 50 000 Ul/kg/j ou 2 millions Ul/j
Bacilles à Gram négatif : entérobactéries, aérobies pendant les 5 ans suivant la splénectomie chez l'en-
stricts non fermentaires, Moraxelta catarrhalis, Bac- fant, 2 ans chez l'adulte).

51
B-lactamines

1
Millions Ul

1
Millions Ul

- Prophylaxie de la scarlatine chez les sujets contacts : - Gangrène gazeuse ou bactériémie à Clostridium
2 à 3 millions Ul/j pendant 7 jours. perfringens : 250 000-300 000 Ul/kg/j pendant 7 à
- Syndrome post-streptococcique majeur : 1 à 2 mil- 10 jours.
- Actinomycose : 10 à 20 millions Ul pendant 6 semai-
lions Ul/j pendant 10 jours relayés par une antibio-
nes puis relais oral pendant plusieurs mois.
prophylaxie pendant 5 ans. - Leptospirose : 10 millions Ul pendant 7 à 10 jours.
* Pénicilline G IV ** Pénicillines retard
- Érysipèle de la face et des membres : 150 000 Ul/kg/j - Syphilis primaire, secondaire ou latente :
pendant 7 à 10 jours. • < 1 an : 2,4 millions Ul d'Extencilline® IM ;

52
B-lactamines

•> 1 an : Extencilline- (2,4 millions Ul en IM, 1 in- * Espèces résistantes


jection/semaine x 3) ou Biclinocilline* (1 million Résistance naturelle
Ul/j en IM pendant 15 jours). Cocci Gram positif : corynébactéries.
-Prophylaxie du RAA : Extencilline® : adulte 2,4 mil- BGN : Klebsiella, Moraxella catarrhalis, Yersinia, Providen-
lions Ul x 1/mois, enfant 1,2 million Ul x 1/mois. cia, Pseudomonas, Acinetobacter, Xanthomonas, Flavobac-
-Prophylaxie de l'érysipèle récidivant : 2,4 millions terium, Alcatigenes.
Ul x 1/mois. Résistance acquise
5. Effets indésirables Staphylocoques, S. pneumoniae péni-R, Escherichia
-Réactions allergiques (0,3 à 5 %). Il peut s'agir soit coli, Proteus mirabilis, Shigella, Vibrio cholerae, Hae-
d'une réaction brutale, médiée par les IgE (œdème mophilus influenzae, Neisseria gonorrhoeae, Fusobacte-
de Quincke, urticaire et choc anaphylactique], soit rium, Prevotella.
surtout (95 % des cas) d'une allergie à médiation cel- 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-2)
lulaire ou à immuns complexes : exanthème macu- » Biodisponibilité orale
lopapuleux, vascularite, cytopénie, fièvre isolée ou Faible pour l'ampicilline (40 %), bonne pour la bacam-
associée à des symptômes analogues à ceux de la picilline (95 %), la pivampicilline et l'amoxicilline (80 %).
maladie sérique. * Diffusion
-Troubles de l'agrégation plaquettaire pour de for- Extracellulaire, bonne dans la bile, dans le LCR à forte
tes doses de pénicilline G en IV. posologie (voie parentérale), médiocre dans la prostate.
- L'injection intrathécale de pénicilline G est formelle-
* Élimination
ment contre-indiquée (encéphalopathie sévère,
Voie biliaire 15 % et surtout urinaire 70 % (forme active).
convulsions) de même que l'injection IV "flash".
3. Mode d'administration (mode d'emploi)
6. Interactions médicamenteuses La forme orale peut être prise pendant ou entre les
Aucune. repas.
7. Précautions d'emploi et contre-indications 4. Principales indications thérapeutiques
-Allergie pénicilline. * Traitement curatif probabiliste
-Insuffisance rénale, adapter la posologie en fonc- - Pneumonie à pneumocoque (amoxicilline 3 g/j pen-
tion de la créatininémie ou de la clairance de la dant 7 jours).
créatinine (seulement en cas de très fortes doses). - Exacerbation aiguë de bronchite chronique obstruc-
- Forte teneur en sodium (teneur en sodium : 50 mg/ tive (Cf. Conférence de consensus, Chap. 33).
flacon de pénicilline G). - Méningite à L. monocytogenes, (enfant 200 mg/kg/j ;
8. Posologie (T5.3-3) adulte 12 g/j) pendant 21 jours en association à un
aminoside ou au triméthoprime sulfaméthoxazole
[4] PÉNICILLINES DU GROUPE A (Bactrim®).
- Méningite à méningocoque sensible à la pénicilline :
1. Spectre utile amoxicilline 200 mg/kg/j en 4 à 6 perfusions pen-
• Espèces habituellement sensibles (> 90 % des souches) dant 7 à 10 jours.
Streptocoques A, B, C, F, G et non groupables, S. pneu- - Méningite à pneumocoque sensible à la pénicilline :
moniae péni-S, Enterococcus faecalis, L. monocytoge- amoxicilline 200 mg/kg/j en 4 à 6 perfusions pendant
nes, Corynebacterium diphteriae, Erysipelothrix 10 jours.
rhusiopathiae, Eikenella, Neisseria meningitidis, Borde- - Endocardite à streptocoques non déficient : amoxicil-
tella pertussis, Clostridium, Propionibacterium acnes, line 100 à 150 mg/kg/j (si streptocoque D ou entéro-
Peptostreptococcus, Actinomyces, leptospires, Borrelia, coque : 150 à 200 mg/kg/j) en association à un
Treponema. aminoside (durée : Cf. Chap. 36).

53
B-lactamines

- Prophylaxie de l'endocardite bactérienne : 3 g en une 7. Précautions d'emploi et contre-indications


prise unique 1 heure avant le geste dentaire. - Manifestations allergiques parfois sévères (anaphy-
- Maladie de Lyme à la phase primaire : 3 g/j pendant laxie) et exceptionnellement fatales.
14 jours. - Allergie croisée pénicillines-céphalosporines : 5à
- Infections à P. muitocida : 50 à 100 mg/kg/j si bacté- 10% des cas.
riémie pendant 7 à 10 jours. - Réactions de Jarisch-Herxheimer (traitement de
- Érysipèle : 3 à 4,5 g/j pendant 15 jours. la maladie de Lyme).
- Syndrome fébrile inexpliqué chez une femme en- - Lors de doses élevées d'amoxicilline (prévention par
ceinte (suspicion de listériose). une majoration de l'apport hydrique), risque majoré
- Infection stomatologique de sévérité moyenne. de:
Traitement sur documentation • cristallurie ;
- Angine aiguë streptococcique : 1 g x 2/j pendant 6 jours. • encéphalopathies métaboliques, notamment chez
- Éradication de Helicobacter pylori en association à la l'insuffisant rénal.
clarithromycine et l'oméprazole (Cf. Chap. 82] : amoxi- - Interférence de mesures biologiques observées en
cilline 1 g x 2/j pendant 7 jours. cas de très fortes concentrations d'ampicilline :
- Infection urinaire documentée à micro-organisme • abaissement de la glycémie ;
sensible. • modifications du taux de protides sériques ;
• réaction colorée faussement positive de la glyco-
* Traitement préventif
surie mesurée par bandelette ;
- Endocardite bactérienne.
• positivation du test de Coombs direct (toutes
Situations particulières (femme enceinte...) les B-lactamines).
- Grossesse : pas d'évidence d'effet tératogène.
8. Posologie (T5.3-4)
- Allaitement : utilisation possible mais, la survenue
d'une diarrhée, d'une candidose ou d'une éruption
[5] PÉNICILLINES OU GROUPE M
cutanée chez le nourrisson allaité doit faire interrom-
pre l'allaitement (ou l'amoxicilline). 1. Spectre utile
5. Effets indésirables * Espèces habituellement sensibles (> 90 % des souches)
En dehors des manifestations allergiques communes Staphylocoque (blanc ou doré) sensible à la méticilline.
aux pénicillines, on observe des réactions cutanées * Espèces résistantes
(éruptions morbilliformes ou scarlatiniformes) très fré- Résistance naturelle
quentes en cas de mononucléose infectieuse (MNI), Entérobactéries et anaérobies.
d'infection à cytomégalovirus (CMV), de leucémie lym- Résistance acquise
phoïde chronique, d'association avec l'allopurinol. Staphylocoque (blanc ou doré) résistant à la méticilline.
- Manifestations allergiques : urticaire, fièvre, éosi- 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-2)
nophilie, œdème de Quincke, gêne respiratoire ; - L'absorption digestive de la cloxacilline est de 70 %,
exceptionnellement : choc anaphylactique. celle de l'oxacilline est de 40 %.
- Troubles hématologiques (rares et réversibles] : ané- - Leur diffusion est très faible dans l'œil, le tissu céré-
mie, leucopénie, thrombopénie. bral, le LCR et la prostate.
- Troubles digestifs : nausée, vomissement, diarrhée, - Elles s'éliminent uniquement parvoie urinaire sous
candidose ; rarement : colite pseudo-membraneuse. forme active.
- Troubles cutanéomuqueux : éruption maculopapu- - Par voie orale, le temps au-delà de la CMI50 de l'oxa-
leuse ; exceptionnellement : syndrome de Stevens- cilline et la cloxacilline est de 10 à 15% pour S. aureus
Johnson, érythème polymorphe, dermatite et de 30 % pour 5. pyogenes, soit insuffisant dans la
exfoliative. plupart des indications.
-Troubles hépatiques (rares) : augmentation modé- 3. Mode d'administration (mode d'emploi)
rée et transitoire des transaminases. La forme orale est à prendre de préférence une demi-
- Troubles rénaux (rares) : néphrite interstitielle aiguë. heure avant les repas.
Lors d'un traitement à forte posologie : risque d'encé- 4. Principales indications thérapeutiques
phalopathies métaboliques (troubles de la conscience,
- Infections systémiques (bactériémies, staphylococ-
mouvements anormaux, crises convulsives), notam-
cies malignes de la face, endocardites, ostéoarthri-
ment chez l'insuffisant rénal.
tes) à staphylocoques méti-S, par voie intraveineuse
6, Interactions médicamenteuses à la dose minimale de 100 mg/kg/j, en association à
- Méthotrexate : augmentation des effets et de la toxi- un aminoside en début de traitement.
cité hématologique du méthotrexate par inhibition - Les limites PK/PD mentionnées plus haut doivent li-
de la sécrétion tubulaire rénale par les pénicillines. miter au maximum l'utilisation des pénicillines M par
- Allopurinol : risque accru de réactions cutanées. voie orale aux infections cutanées non compliquées.

54
B-lactamines

- Infections cutanées : impétigo staphylococcique ; 3. Mode d'administration (mode d'emploi)


furoncle : 35 à 50 mg/kg/j peros pendant 10 jours. Adapter la posologie en fonction du degré d'insuffi-
5. Effets indésirables sance rénale.
-Manifestations allergiques : fièvre, urticaire, éosino- 4. Principales indications thérapeutiques
philie, œdème de Quincke, exceptionnellement choc - Antibiotique réservé à l'usage hospitalier.
anaphylactique. - Infections sévères à bacilles à Gram négatif sur don-
-Troubles digestifs : nausées, vomissements, diarrhées. nées de l'antibiogramme, en association avec un
-Augmentation rare et modérée des transaminases aminoside.
(ASAT, ALAT), exceptionnellement hépatites ictériques. - Traitement probabiliste des épisodes fébriles chez
-Possibilité de néphropathies interstitielles aiguës les patients neutropéniques.
immunoallergiques. 5. Effets indésirables
-Réactions hématologiques réversibles : anémies, - Apport sodé de 5,2 mmol de sodium par gramme
thrombopénies, leucopénies. de ticarcilline, risque de surcharge sodée chez les
-Encéphalopathies (fortes posologies), en particulier patients insuffisants cardiaques et/ou rénaux.
chez l'insuffisant rénal. - Hypokaliémie avec alcalose métabolique.
6. Interactions médicamenteuses - Thrombopathie associée éventuellement à des phé-
nomènes hémorragiques.
Aucune.
6. Interactions médicamenteuses
7. Précautions d'emploi et contre-indications
Méthotrexate : augmentation des effets et de la toxi-
-Réactions d'hypersensibilité (anaphylaxie).
cité hématologique.
-Allergie croisée avec les antibiotiques de la famille
des céphalosporines (5-10 %). 7. Précautions d'emploi et contre-indications
-Insuffisance rénale : inutile de réduire la posologie - Réactions d'hypersensibilité (anaphylaxie).
(pour ta forme orale). - Hypoagrégabilité plaquettaire avec saignement (chez
-Nouveau-né : risque d'hyperbilirubinémie (ictère l'insuffisant rénal).
- Surveiller régulièrement l'ionogramme sanguin
nucléaire).
(hypokaliémie avec alcalose métabolique sous trai-
8. Posologie (T5.3-5) tement prolongé).
- Veinite au point d'injection (respecter le volume
[6] CARBOXYPÉNIC1LLINES de reconstitution).
1. Spectre utile 8. Posologie (T5.3-6)
Les carboxypénicillines ont une activité modérée sur les
cocci à Gram positif (en particulier sur les staphyloco- [7] URÉIDOPÉNICILLINE
ques et les entérocoques). Le spectre s'étend sur les bac- 1. Spectre utile
téries à Gram négatif aérobies non productrices de Le spectre antibactérien des uréidopénicillines asso-
bêtalactamases. cie les bactéries à Gram positif et les bactéries à Gram
L'association à un aminoside est le plus souvent syner- négatif aérobies non productrices de bêtalactamases.
gique sur P. aeruginosa. 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-2)
2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-2) - Utilisation parentérale exclusive.
Diffusion méningée insuffisante pour le traitement des - Bonne diffusion méningée (15 à 25 % des concen-
méningites à bacilles à Gram négatif. trations sériques).

1
Paramètres PK/PD de la voie orale insuffisants dans la plupart des indications, en dehors des infections cutanées non compliquées
B-lactamines

Diffusion très intéressante dans la bile, avec obten- L'ertapénem inhibe également la synthèse des parois
tion de taux biliaires largement supérieurs aux taux cellulaires des bactéries après fixation aux protéines
sériques. de liaison aux pénicillines (PLP). Pour E. coli, l'affinité
- Faible liaison protéique : molécules ultrafiltrables, est la plus forte pour les PLP2 et 3.
donc une réinjection après dialyse est préconisée. * Mécanismes de résistance
3. Mode d'administration (T5.3-7) -Altération de la perméabilité par altération de
A. Principales indications thérapeutiques porine de 45 kDa, lieu de passage spécifique des
- Infections sévères à micro-oganismes sensibles, carbapénèmes.
sur données de l'antibiogramme, notamment - Modification enzymatique par des carbapénémases.
dans les localisations abdominopelviennes, pleuro- L'imipénem est très stable vis-à-vis des bêtalactama-
pulmonaires, ORL, méningées. ses plasmidiques mais peut être sensible aux
- Antibioprophylaxie en chirurgie colorectale, gynéco- bêtalactamases chromosomiques.
logique. 3. Spectre utile
- Traitement probabiliste des épisodes fébriles chez Les carbapénèmes sont des antibiotiques à très large
les patients granulopéniques. spectre dont l'usage doit être réservé au traitement des
5. Effets indésirables infections nosocomiales dues à des bactéries multi-
- Manifestations variées d'hypersensibilité : contre- résistantes.
indication chez les patients allergiques aux pénicillines. Pour l'imipénem et le méropénem, les espèces sen-
- Neutropénie réversible. sibles comprennent les corynébactéries sauf Coryne-
- Allongement du temps de saignement. bacterium jeikeium et C. urealyticum, les entérocoques
- Élévation des transaminases. sauf Enterococcus faecium, Listeria monocytogenes,
6. Précautions d'emploi et contre-indications Nocardia astéroïdes, Staphylococcus méti-S, Strepto-
Identiques à celles de la pénicilline. coccus, S. pneumoniae, les entérobactéries, Acineto-
7. Posologie (T5.3-7) bacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa.
Les espèces modérément sensibles sont Enterococ-
[8] CARBAPÉNÈMES cus faecium (40-80 %), Burkholderia cepacia et Clos-
tridium difficile.
1. Structure
Les espèces résistantes sont Corynebacterium jei-
Les carbapénèmes sont des B-lactamines dont le spec-
keium, C. urealyticum, Staphylococcus méti-R, Legionella,
tre d'activité exceptionnellement large couvre la plu-
Stenotrophomonas maltophilia, Chlamydiae, mycobacté-
part des bactéries aérobies et anaérobies, des
résistances acquises ayant toutefois émergé pour cer- ries, Mycoplasma, Rickettsia.
taines espèces. Pour l'ertapénem, le spectre utile est comparable,
sauf pour les entérocoques (y compris E. faecalis et
2. Mode d'action et mécanisme de résistance
E. faecium), Acinetobacter, B. cepacia et P. aeruginosa
Mode d'action qui font partie des espèces résistantes.
L'imipénem modifie la synthèse de la paroi bacté-
rienne en se fixant aux PLP (essentiellement 1 et 2, 4. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-8)
son affinité pour la PLP3 est plus faible que celle de - Administration parentérale du fait d'une absorption
l'ensemble des autres B-lactamines). Son activité n'est intestinale quasiment nulle.
pas influencée par l'inoculum, contrairement aux au- - Les concentrations tissulaires sont au-dessus des
tres B-lactamines. Il existe un effet postantibiotique CMI de la plupart des pathogènes habituellement sen-
sur les bactéries à Gram négatif. sibles. Les demi-vies plasmatiques sont de 1 heure

56
B-lactamines

pour l'imipénem et le méropénem et de 4 heures pour - Risque de convulsions avec le ganciclovir.


l'ertapénem. 9. Précautions d'emploi et contre-indications
-Limipénem est métabolisé rapidement sous une Imipénem et ertapénem : adaptation de posologie en
forme inactive au niveau de la bordure en brosse du
fonction de la clairance. L'ertapénem peut être utilisé
tubule proximal du rein ; pour cette raison il est
si la clairance de la créatinine est > 30 ml/min/1,73 m2.
associé à la cilastatine, inhibiteur de la déhydropep-
tidase, qui permet ainsi une élimination rénale sous 10. Posologie (T5.3-9)
forme active.
5. Mode d'administration (T5.3-9)
9] MONOBACTAMES (OU
6. Principales indications thérapeutiques
B-LACTAMINES MONOCYCLIQUES)
Infections sévères ou documentées avec antibio- 1. Spectre utile
gramme. De ce fait, les carbapénèmes sont principale- Les monobactames ont un spectre d'activité étroit sur
ment utilisés pour le traitement des infections
les bactéries à Gram négatif aérobies. Ils n'ont
nosocomiales. Une prescription probabiliste peut être
aucune activité sur les anaérobies et les bactéries à
défendue lors de la mise en jeu du pronostic vital. La
bonne diffusion des pénèmes autorise leur emploi Gram positif.
dans les sphères respiratoire, urogénitale mais aussi L'association à un aminoside est le plus souvent syner-
dans l'abdomen, les tissus mous. gique sur P. aeruginosa.
La forme IM d'imipénem est réservée, chez l'adulte, 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie (T5.3-8)
aux infections urinaires peu graves documentées à L'aztréonam ne peut être utilisé que par voie paren-
entérobactéries multirésistantes (BLSE). térale.
7. Effets indésirables La diffusion tissulaire est bonne dans le poumon,
- Réactions allergiques (rash, prurit, purpura, fièvre). le liquide péritonéal, la bile et le rein.
- Troubles digestifs (nausées, vomissement, diarrhée, 3. Mode d'administration (mode d'emploi)
imipénem et ertapénem). (T5.3-10)
- Colite à C. difficile.
4. Principales indications thérapeutiques
-Allergie croisée possible avec les autres B-lactamines.
-Convulsions (imipénem, dose en général trop éle- - Infections sévères documentées à bacilles à Gram
vée, insuffisance rénale, pathologie cérébrale sous- négatif (à l'exclusion des méningites) sur anti-
jacente, association avec le ganciclovir). biogramme :
-Céphalées (ertapénem). • infections des voies urinaires (pyélonéphrite et infec-
- Cytolyse hépatique, thrombocytose (ertapénem). tions urinaires compliquées, en cas de contre-
-Thrombose de la veine perfusée. indication aux C3G et fluoroquinolones) ;
- Positivation possible du test de Coombs direct. • infections des voies respiratoires inférieures
8. Interactions médicamenteuses nosocomiales ;
-Incompatibilité chimique entre l'association imipé- • bactériémies ;
nem-cilastatine et les lactates, ne pas utiliser de lac- • infections intra-abdominales et pelviennes ;
tates pour reconstituer ou administrer del'imipénem. • infections des os ou des tissus mous.
- Ne pas utiliser de solvants ou de liquides pour per- - Antibiothérapie probabiliste des infections sévères
fusion contenant du dextrose pour reconstituer ou en association avec un antibiotique actif sur les bac-
administrer l'ertapénem sodique. téries à Gram positif.

57
B-lactamines

5, Effets indésirables
[10] CÉPHALOSPORINES DE
Manifestations cutanées allergiques, digestives (nau-
PREMIÈRE GÉNÉRATION (C1G)
sées, vomissements), augmentation des transamina-
ses et des phosphatases alcalines chez environ 10 % 1. Spectre utile
des patients, réversibles à l'arrêt de l'antibiotique. Une L'activité est habituellement limitée aux cocci à Gram
hypersensibilité à l'aztréonam n'a été observée que positif (Streptocoques, Staphylococcus méti-S] et à
chez moins de 1 % des patients connus comme hy- quelques bacilles à Gram négatif non producteurs de
persensibles aux B-lactamines. bêtalactamases.
6. Interactions médicamenteuses 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie
- Manifestations cutanées d'origine allergique. (T5.3-11)
- Manifestations digestives : nausées, vomissements, Diffusion satisfaisante dans de nombreux tissus
diarrhées. mais insuffisante dans le LCR. Élimination urinaire.
- Manifestations hématologiques transitoires : essen- 3. Mode d'administration (mode d'emploi)
tiellement éosinophilie. (T5.3-12)
- Manifestations hépatiques : élévation transitoire des 4. Principales indications thérapeutiques
SGOT et SGPT, phosphatases alcalines. - Angines à streptocoques bêtahémolytique du groupe
- Réaction locale au site d'injection. A (Cf. Chap. 25).
7, Précautions d'emploi et contre-indications - Exacerbations aiguës de bronchite chronique (Cf.
En raison du bénéfice attendu, l'utilisation de l'aztréo- Chap. 33).
nam peut être envisagée au cours de la grossesse - Antibioprophylaxie en chirurgie pour les formes in-
si besoin. En effet, bien que les données cliniques jectables (Cf. Chap. 141).
soient insuffisantes, les données animales n'ont 5. Effets indésirables
pas mis en évidence d'effet malformatif ou fœtotoxi- Allergie cutanée (moindre par rapport aux pénicilli-
que. Le passage dans le lait maternel est très faible. nes et croisée avec ces dernières dans 5 % des cas),
En conséquence, l'allaitement est possible. maladie sérique, fièvre, cytopénies.
8. Posologie (T5.3-10) 6. Posologie (T5.3-12J

58
R-lactamines

- Antibioprophylaxie en chirurgie pour les formes in-


[11] CÉPHALOSPORINES DE
jectables (Cf. Chap. 141).
DEUXIÈME GÉNÉRATION (C2G)
4. Posologie : (T5.3-14)
1. Spectre utile
Par rapport aux C1 G, leur activité est plus étendue par [12] CÉPHALOSPORINES DE
les entérobactérïes (avec des variations en fonction TROISIÈME GÉNÉRATION
des molécules). ORALES (C3GO)
2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie 1. Structure
(T5.3-13) Le spectre s'élargit vers les bacilles à Gram négatif
Diffusion insuffisante dans le LCR. (BGN), mais s'accompagne d'une moindre activité sur
3. Principales indications thérapeutiques les cocci à Gram positif, en particulier le pneumocoque.
-Angines récidivantes (Cf. Chap. 25). 2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie
- Otites moyennes aiguës (Cf. Chap. 30). (T5.3-15)
-Sinusites aiguës de l'adulte (Cf. Chap. 27). Biodisponibilité des C3G orales inférieure à celle des
-Exacerbations aiguës de bronchite chronique (Cf. C1G : absorption digestive saturable à l'origine de
Chap. 33). concentrations sériques et tissulaires relativement

59
B-lactamines

basses. Ceci incite à la plus grande prudence dans - ORL : angine récidivante, sinusite aiguë, otite moyenne
l'interprétation des antibiogrammes, notamment en aiguë chez l'enfant (cefpodoxime-proxétil).
ce qui concerne les infections pneumococciques. - Exacerbations aiguës de bronchite chronique (Cf.
Elimination urinaire sous forme active. Chap. 33).
3. Mode d'administration (mode d'emploi) - Infections urinaires basses.
(T5.3-16) - Pyélonéphrite en relais d'une forme injectable (cé-
4. Principales indications thérapeutiques fixime).
Les C3G orales sont à réserver aux infections non sévères. 5. Posologie : (T5.3-16)

60
B-lactamines

1
Jusqu'à 200 à 300 mg/kg dans les méningites
2
Jusqu'à 70 à 100 mg/kg dans les méningites

que de sensibilité diminuée, voire résistant à la pé-


[13] CÉPHALOSPORINES DE
nicilline G surtout en cas de localisation méningée
TROISIÈME GÉNÉRATION ou d'otite moyenne récidivante chez l'enfant (cef-
INJECTABLES (C3GI) triaxone, céfotaxime), au traitement d'une fièvre chez
1. Spectre utile le neutropénique.
Leur résistance à l'hydrolyse par Les bêtalactamases - Pneumopathies bactériennes à pneumocoque (cef-
triaxone) ou présumées à bacilles Gram négatif.
les rend particulièrement intéressantes pour le trai-
- Exacerbation aiguë de bronchite chronique, généra-
tement des infections à BGN, mais leur activité est
lement en 2e intention (ceftriaxone).
variable sur Pseudomonas et Acinetobacter. Ainsi, le
- Infections urinaires sévères et/ou à micro-organis-
céfotaxime et la ceftriaxone sont inactives, alors que
mes résistants.
la ceftazidime, le céfépime et la cefpirome ont une ac- - Infections nosocomiales, en association à l'amika-
tivité supérieure sur P. aeruginosa. cine (ceftazidime, céfépime, cefpirome).
Elles sont actives sur les streptocoques. Les pneumo- - Suspicion clinique de purpura fulminans (ceftriaxone).
coques de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP) - Maladie de Lyme dans ses formes secondaires
restent sensibles à la ceftriaxone et au céfotaxime. et tertiaires (ceftriaxone).
Les C3G injectables sont inactives sur Listeria, les en- - Fièvre typhoïde (ceftriaxone).
térocoques, les staphylocoques méti-R, les micro- - En association à la fosfomycine pour certaines infec-
organismes intracellulaires, les bacilles à Gram tions documentées à staphylocoques méti-R et sen-
négatif anaérobies comme Bacteroides fragilis. sibles à la fosfomycine (méningites, ostéites).
2. Pharmacocinétique-pharmacodynamie - Antibioprophylaxie en chirurgie (Cf. Chap. 141).
(T5.3-15) 5. Effets indésirables
- Les C3G injectables ont une bonne diffusion sérique -Allergie croisée dans 5-10 % avec autres pénicillines.
et tissulaire générale et une diffusion méningée sa- - Boue biliaire avec pseudo-lithiase vésiculaire
tisfaisante à forte posologie. (ceftriaxone).
- Élimination biliaire importante pour ceftriaxone, uri- 6. Posologie (T5.3-16)
naire sous forme active pour toutes les autres. La
ceftriaxone se caractérise par une demi-vie élevée, [14] INHIBITEURS DE
autorisant une seule administration par 24 heures. BÊTALACTAMASES
3. Mode d'administration (mode d'emploi)
1. Structure
(T5.3-16)
Les inhibiteurs de bêtalactamases (acide clavulani-
4. Principales indications thérapeutiques que, sulbactam, tazobactam) sont des B-lactamines
Réservées à l'usage hospitalier sauf la ceftriaxone. ayant une activité antibactérienne intrinsèque très fai-
-Les C3G injectables sont réservées aux formes ble. Associés à certaines O-lactamines, ils en restau-
sévères des infections localisées ou généralisées à rent l'activité antibactérienne en servant de cible à
bacilles à Gram négatif, aux infections à pneumoco- l'hydrolyse des bêtalactamases.

61
B-lactamines

Ils se présentent sous forme d'une association fixe rapport. De plus, cette action synergique va dépen-
avec une B-lactamine classique. dre de la quantité d'enzymes produits par la bactérie
2. Spectre utile (effet inoculum) et du type de bêtalactamase présente
En pratique, de nombreuses conditions doivent être au site de l'infection.
réunies pour l'obtention de cette synergie : rapport Les bêtalactamases sensibles aux inhibiteurs de
précis des concentrations des deux produits au site bêtalactamases sont :
même de l'infection, maintien dans le temps de ce - les pénicillinases des bactéries à Gram positif ;

62
B-lactamines

- les pénicillinases chromosomiques et plasmidiques - Pneumonie communautaire de l'adulte avec facteur


des bacilles à Gram négatif (notamment les pénicil- de risque mais sans signe de gravité.
linases plasmidiques produites par H. influenzae, - Infections stomatologiques de sévérité moyenne, en
Moraxella catarrhalis, E. coli) ; 2e intention.
- les bêtalactamases à spectre étendu ; - Infections gynécologiques en association avec un an-
- les bêtalactamases des anaérobies stricts. tibiotique actif sur les Chlamydiae.
Les céphalosporinases chromosomiques sécrétées par Ils n'ont pas leur place dans : les angines aiguës, les
les BGN sont en règle générale résistantes aux inhibi- rhinites, les rhinopharyngites, les laryngites, les tra-
teurs de bêtalactamases. L'adjonction d'acide clavu- chéites, tes bronchites et les pneumopathies aiguës
lanique ne restaure pas l'activité antibactérienne de
du sujet sain.
l'amoxicilline sur les staphylocoques méti-R et ne
Autres infections
l'améliore pas sur les pneumocoques de sensibilité
diminuée à la pénicilline (car les mécanismes de - Infections à gonocoques sécréteurs de bêtalactamases.
résistance ne sont pas liés à la production de R-lacta- - Infections de la peau et des parties molles secondaires
mines dans ces cas). à une morsure animale ou à une plaie traumatique.
3. Pharmacoeinétique-pharmacodynamie Traitement sur documentation
(T5.3-8-11-13-15) - Infections urinaires hautes (ces associations ne sont
Tous ces inhibiteurs de bêtalactamase partagent les pas recommandées en traitement probabiliste de 1re in-
propriétés pharmacocinétiques des B-lactamines sans tention, compte tenu de la fréquence actuelle de la
influence notable d'un composé sur l'autre. Ils sont résistance de E. coli [près de 30 %]).
éliminés sous forme active par voie urinaire. - Infections du tube digestif (sigmoïdite).
Leur diffusion dans le LCR est très insuffisante. Ticarcilline-acide clavulanique
4. Mode d'administration (T5.3-17) Indications : infections sévères à bacilles à Gram né-
5. Principales indications thérapeutiques gatif résistantes aux autres B-lactamines (à l'exclu-
Elles sont réservées à l'usage hospitalier, sauf l'as- sion des méningites). Sa prescription est à usage
sociation amoxicilline-acide clavulanique et ampicil- hospitalier et le plus souvent en association avec d'au-
line-sulbactam. tres antibiotiques (aminosides, quinolones).
Parfois utilisée dans certains protocoles de traitement
* Amoxicilline-acide clavulanique et ampicilline-
sulbactam probabiliste des épisodes fébriles chez les patients
Traitement probabiliste neutropéniques chimio-induits.
- Otite moyenne aiguë. - Pipéracilline-tazobactam
-Sinusite aiguë. Indications : infections sévères, en milieu hospita-
- Exacerbation aiguë de bronchite chronique obstructive. lier, volontiers plurimicrobiennes à bactéries à Gram

63
B-lactamines

positif et négatif productrices d'une bêtalactamase quents avec les autres inhibiteurs de bêtalacta-
sensible à cet inhibiteur, à l'exclusion des méningites. mases, ces troubles peuvent être atténués par le
Parfois utilisée dans certains protocoles de traitement prise du médicament au cours des repas ; la surve-
probabiliste des épisodes fébriles au cours des neu- nue d'une diarrhée à C. difficile est à évoquer et à dif-
tropénies chimio-induites. férencier de ces diarrhées bénignes ;
6. Effets indésirables - surinfections à Candida (stomatite, vaginite) ;
- éruptions cutanées ou des manifestations allergi-
Ils comprennent les effets indésirables des B-lactami-
ques comme avec les autres B-lactamines ;
nes auxquelles sont associés leurs effets indésirables
- rarement, perturbations hépatiques de type cytoly-
propres :
tique ou cholestatique.
- troubles digestifs à type de nausées, vomissements
mais surtout diarrhée (jusqu'à 10 % des patients 7. Posologie (T5.3-17)
sous amoxicilline + acide clavulanique) ; moins fré-
Aminosides

tre étendu (BLSE), Serratia marcescens, Klebsiella


[1] STRUCTURE, RELATIONS
pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter
STRUCTURE-PROPRIÉTÉS baumannii.
Les aminosides, molécules naturelles ou semi-synthé-
tiques, sont des sucres aminés liés par un pont glyco- [4] PHARMACOCINÉTIQUE-
sidique à un noyau central aminocyclitol. La structure PHARMACODYNAMIE
des chaînes latérales est responsable des différences
1. Pharmacocinétique
d'activité entre les aminosides. La plupart d'entre eux
Les aminosides ne sont pas absorbés par voie entérale.
appartiennent au sous-groupe des désoxystreptami-
La demi-vie d'élimination est en moyenne de 2 heures.
nes substituées en 4-6, avec d'une part la kanamycine
La liaison aux protéines sériques est très faible.
et ses dérivés (amikacine, tobramycine) et d'autre part, Les taux tissulaires sont globalement inférieurs aux
la gentamicine et ses dérivés (nétilmicine, sisomicine). taux sériques, sauf dans la cavité péritonéale, le li-
Les aminosides sont des bases avec une activité quide pleural, les sécrétions bronchiques et le paren-
antibactérienne optimale en pH alcalin. chyme pulmonaire. Ils sont très élevés dans le cortex
rénal et le liquide synovial. La diffusion est médiocre
[2] MODE D'ACTION ET MÉCANISMES dans le liquide céphalorachidien (LCR), même en cas
DE RÉSISTANCE d'inflammation méningée. Elle est importante à tra-
vers la barrière placentaire dans le sang fœtal et dans
1. Mode d'action le liquide amniotique.
Les aminosides inhibent la synthèse des protéines Les aminosides sont éliminés par voie rénale sous
bactériennes. forme inchangée, biologiquement active ; 85 à 90 %
2. Mécanismes de résistance de la dose administrée sont retrouvés dans les urines
Trois mécanismes principaux de résistance aux ami- dès les premières 24 heures.
nosides peuvent s'associer chez une même bactérie : Certains terrains particuliers modifient ces propriétés.
-l'altération de la cible ribosomale, rare, par muta- * Chez l'insuffisant rénal
tion d'origine chromosomique ; On note une élévation des concentrations sériques au
- le défaut de perméabilité cellulaire, par mutation chro- pic, un allongement de la demi-vie d'élimination, une
mosomique, touchant au transport actif de l'ensem- diminution des concentrations urinaires. Des adapta-
ble des aminosides au travers de la paroi bactérienne ; tions thérapeutiques sont indispensables. Les amino-
-l'inactivation enzymatique, mécanisme le plus fré- sides sont facilement hémodialysables, car de faible
quemment rencontré et n'épargnant aucun aminoside, poids moléculaire (500 à 800 KD) : 50 % de la quantité
d'origine plasmidique, avec 3 classes d'enzymes inac- présente sont épurés en 4 à 6 heures.
tivatrices : les aminoglycosides-0 phosphotransféra- * Chez le nouveau-né
ses, les aminoglycosides-0 nucléotidyltransférases, Le volume de distribution est plus important et l'éli-
les aminoglycosides-N acétyltransférases. mination rénale est d'autant plus lente que le sujet est
immature (prématurité). Des adaptations thérapeuti-
[3] SPECTRE UTILE ques sont indispensables.

1. Espèces habituellement sensibles * Chez le sujet âgé


(> 90 % des souches) L'élimination des aminosides est moins dépendante de
l'âge du patient que de sa fonction rénale.
-Staphylocoques méticilline-sensibles, Listeria mono-
cytogenes, l'ensemble des bactéries à Gram négatif * Chez le neutropénique
(bacilles et cocci). Le volume de distribution est augmenté.
2.. Espèces résistantes 2. Pharmacodynamie
Les aminosides sont bactéricides. L'effet bactéricide
• Résistance naturelle
est majeur, très rapide (dès la première heure), concen-
-Streptocoques, entérocoques, Stenotrophomonas
tration-dépendant et indépendant de la taille de l'ino-
maltophilia, bactéries anaérobies strictes, Chlamy-
dia, mycoplasmes, rickettsies. culum bactérien.
• Résistance acquise [5] MODE D'ADMINISTRATION
Sa fréquence est variable selon les aminosides, les (MODE D'EMPLOI)
espèces bactériennes, les écologies bactériennes. La
sensibilité est donc imprévisible en l'absence d'anti- 1. Voie d'administration
biogramme, en particulier pour les staphylocoques La voie d'administration recommandée est la voie IV
résistants à la méticilline (sauf staphylocoque doré ou la voie IM. La voie sous-cutanée est fortement
dont plus de 80 % sont sensibles à la gentamicine), déconseillée (risque de nécrose cutanée). La voie orale
entérobactéries secrétrices de bêtalactamase à spec- est réservée à la décontamination du tube digestif.

65
Aminosides

Chez les patients à fonction rénale normale, la dose la surveillance des concentrations sériques ont fait
quotidienne est administrée en une injection quoti- baisser son incidence à moins de 5 %.
dienne, en perfusion lente sur 30 minutes de préférence Ses facteurs de risque sont : traitement prolongé au-
(sauf endocardite à entérocoque où l'administration se delà de 7 jours, insuffisance rénale préexistante, trou-
fait en deux injections quotidiennes). bles de l'hémodynamique, désordres acidobasiques
2. Dosages sériques (acidose) ou hydroélectrolytiques (hypovolémie, hypo-
Les dosages sériques sont nécessaires dès la pre- natrémie, hypokaliémie), association à des médica-
mière dose : la valeur au pic (30 minutes après la fin ments néphrotoxiques. L'évolution des insuffisances
de la perfusion] permet de juger de l'efficacité poten- rénales aiguës induites par des aminosides est habi-
tielle et d'adapter la dose suivante, la valeur résiduelle tuellement favorable sans séquelle histologique ou
(24 heures après la dose, juste avant la dose suivante) fonctionnelle.
permet de juger des capacités d'épuration rénale et 2. Toxicité cochléovestibulaire
d'adapter l'intervalle avec la dose suivante. Son incidence varie selon les études et les produits de
La valeur des concentrations sériques recommandées 3 à U % pour l'atteinte cochléaire et de 1 à 14 % pour
en pic et résiduelle varie en fonction de l'aminoside l'atteinte vestibulaire.
utilisé (T5.4-1). La valeur optimale du pic de concen- Les facteurs de risque sont : traitement prolongé plus
tration est telle que le rapport Pic/CMI doit être > 10. de 7 jours, traitement antérieur par un aminoside,
3. Durée de traitement administration d'autres médicaments ototoxiques,
Sauf situations très particulières (endocardites), la du- insuffisance rénale ou atteinte auditive antérieures.
rée de traitement ne doit pas excéder 5 jours. L'atteinte cochléaire est irréversible et non appareillage.
3. Réactions allergiques mineures
[6] PRINCIPALES INDICATIONS Il s'agit de rashs cutanés ou d'urticaire qui cessentà
THÉRAPEUTIQUES l'arrêt du traitement.
Les aminosides doivent être toujours utilisés en as-
[8] INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
sociation, le plus souvent à une B-lactamine ou à une
fluoroquinolone, dans les indications suivantes : Il convient d'éviter d'associer les aminosides à tout
- infections graves à bacilles à Gram négatif aérobies ; produit ototoxique et/ou néphrotoxique (amphotéri-
- infections graves à Pseudomonas aeruginosa ; cine B, cisplatine, daunorubicine, polymyxines...).
- infections graves à staphylocoques méti-S en asso- Les aminosides peuvent potentialiser l'action des
ciation avec une pénicilline M ; curarimimétiques, des myorelaxants et des anesthé-
- endocardites streptococciques, en association avec siques généraux (risque de blocage neuromusculaire
une fi-lactamine ou un glycopeptide, à condition que allant jusqu'à la paralysie respiratoire).
la résistance vis-à-vis de l'aminoside ne soit pas de
haut niveau ; [9] PRÉCAUTIONS D'EMPLOI ET
- traitement probabiliste des états fébriles chez le CONTRE-INDICATIONS
neutropénique et l'immunodéprimé ;
- listériose en association avec l'amoxicilline. 1. Précautions d'emploi
Les indications en dehors des établissements de santé La néphrotoxicité et l'ototoxicité des aminosides im-
sont inexistantes. posent les précautions d'emploi suivantes :
Indications particulières - précautions chez les sujets porteurs d'anomalies
- Infections urinaires à bactéries multirésistantes aux vestibulaire et cochléaire et les malvoyants ;
B-lactamines, aux fluoroquinolones sur documen- - chez l'insuffisant rénal, il est indispensable de pro-
tation bactériologique. céder à un ajustement de la posologie, de surveiller
- Tuberculose pour la streptomycine. régulièrement les fonctions rénale, cochléaire et
- Mycobactérioses atypiques et nocardioses pour vestibulaire et de pratiquer des dosages sériques de
l'amikacine. contrôle. La posologie doit être adaptée au degré de
- Gonococcie aiguë pour la spectinomycine. l'atteinte rénale en espaçant les doses, en fonction
- Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse pour de la clairance de la créatinine ;
la gentamicine lors des interventions urogénitales - éviter les traitements itératifs et/ou prolongés, par-
et digestives. ticulièrement chez les sujets âgés ;
- en cas d'intervention chirurgicale, informer l'anes-
[7] EFFETS INDÉSIRABLES thésiste-réanimateur de la prise de ce médicament;
- grossesse : il existe une toxicité potentielle pour
1. Néphrotoxicité l'appareil cochléovestibulaire du foetus qui limite
L'utilisation de la dose unique journalière, le raccour- l'utilisation des aminosides pendant la grossesse. Si
cissement des durées de traitement à moins de 5 jours, la prescription d'un aminoside est indispensable, il

66
Aminosides

convient d'adapter parfaitement la posologie au L'utilisation concomitante de polymyxines par voie pa-
poids et à la fonction rénale de la patiente ; rentérale, de toxine botulinique ou l'utilisation chez la
- allaitement : les aminosides passent dans le lait ma- femme enceinte ou allaitante sont des contre-indications
ternel. L'allaitement est donc déconseillé en cas de relatives.
prescription d'aminoside.
2. Contre-indications [10] POSOLOGIE (T5.4-1)
L'allergie aux antibiotiques de la famille des amino-
sides et la myasthénie sont des contre-indications
absolues.
Cyclines et glycylcyclines

[1] STRUCTURE [5] INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES


Les cyclines originelles étaient des antibiotiques 1. Doxycycline et minocycline
naturels, décrits dès 1948, isolés de souches de Strep-
* En première intention
tomyces. La structure de base est le noyau orthohydro-
- Brucellose, en association avec la rifampicine.
naphtacène sur lequel sont greffés des substituants
différents selon les tétracyclines. Les cyclines obte- - Infections génitales à Chlamydia et à Mycoplasma,
nues par hémisynthèse à la fin des années soixante, Ureaplasma.
la doxycycline et la minocycline ont des propriétés - Rickettsioses (association avec l'hydroxychloroquine
pharmacologiques et antimicrobiennes améliorées. [Plaquenil®] ou une fluoroquinolone dans l'endocar-
En 2006 la tigécycline, première glycylcycline, a été dite à Coxiella}.
mise sur le marché. - Prophylaxie du paludisme à Plasmodium falciparum
(Cf. Chap. 105).
[2] MODE D'ACTION * Indications possibles
- Pneumopathies atypiques IC. pneumoniae, C. psittaci,
Les cyclines sont des antibiotiques à large spectre, bac-
M. pneumoniae].
tériostatiques. En se liant à la sous-unité 30 5 du ribo-
- Pasteurellose, nocardiose, tularémie, charbon.
some, elles inhibent la synthèse protéique. La
- Sodoku, haverhilliose.
minocycline et la doxycycline sont les molécules les
- Maladie de Lyme, sauf si atteinte méningée.
plus actives in vitro et les plus utilisées en clinique.
Le développement de résistances par des micro- - Choléra, yersiniose.
organismes banals (efflux, sous l'influence du gène - Acné vulgaire.
plasmidique Tet, et protection du ribosome) explique -Traitement du paludisme à P. falciparum (Cf.
que les cyclines ne soient plus utilisées pour les infec- Chap. 105).
tions courantes mais pour des indications ciblées tel- - En 2e intention : leptospirose, syphilis, lèpre (minocy-
les que les infections à germes intracellulaires. cline).
La tigécycline est moins affectée par ces mécanismes 2. Tigécycline
de résistance. Infections compliquées de la peau et des tissus mous.
Infections intra-abdominales compliquées.
[3] SPECTRE UTILE L'expérience avec ce nouvel antibiotique est encore li-
1. Doxycycline et minocycline mitée chez les patients graves (bactériémiques) ou
avec pathologies sous-jacentes sévères.
Elles sont actives sur les germes dits intracellulaires
(Brucella, Chlamydia, Mycoplasma, Ureaplasma, Rickett-
siae, Coxiella) ainsi que Borrelia, Pasteurella, Franci- [6] EFFETS INDÉSIRABLES
sella, Leptospira, Vibrio, Yersinia, Proprionibacterium
1. Troubles digestifs
acnés, Nocardia, Bacillus anthracis, Burkholderia pseu-
domallei, Mycobacterium leprae et certaines mycobac- Nausées, vomissements, déséquilibre de la flore
téries atypiques, et sur Plasmodium falciparum. intestinale.
2. Tigécycline Epigastralgies, ulcérations œsophagiennes avec les
Elle est active sur la quasi-totalité des cocci à Gram cyclines orales.
positif, sur les entérobactéries, mais pas sur le bacille 2. Réaction de phototoxicité
pyocyanique. 3. Anomalies osseuses et dentaires
Coloration jaunâtre ou brunâtre, hypoplasie de l'émail
[4] PHARMACOCINÉTIQUE dentaire jusqu'à l'âge de 8 ans.
1. Doxycycline et minocycline 4. Troubles vestibulaires aigus
Excellente absorption intestinale mais diminuée par Vertiges, ataxie (minocycline, tigécycline).
les anti-acides et le calcium ;T1/2 d'environ 18 heures. 5. Anomalies biologiques
La diffusion tissulaire est bonne (poumon, peau, liquide Rare : neutropénie, thrombopénie, anémie hémolytique.
pleural, os) excepté dans le LCR. Les concentrations Fréquent : allongement du TCA et temps de prothrom-
intracellulaires sont élevées. L'élimination rénale est
bine, cytolyse hépatique, hyperbilirubinémie avec la
faible. L'excrétion biliaire est importante.
tigécycline.
2. Tigécycline
6. Toxidermies
Bonne diffusion tissulaire (pas de donnée sur le pas-
sage dans le LCR) ; concentrations sériques de l'ordre Exanthème, syndrome d'hypersensibilité médicamen-
de 0,8 ± 0,2 mg/l ; molécule peu métabolisée, éliminée teuse (minocycline).
à 59 % dans la bile et les fèces, 33 % dans les urines. 7. Candidose vaginale

68
Cyclines et glycylcyclines

2. Précautions d'emploi
[7] INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Pas d'administration concomitante de calcium (laita-
Association avec les rétinoïdes contre-indiquée, dé- ges, sels de calcium), aluminium, magnésium et d'anti-
conseillée avec les psoralènes. acides avec les cyclines orales.
Majoration de l'effet des AVK par modification de la Prises orales au cours des repas.
flore intestinale. Prévenir les patients du risque de phototoxicité en cas
Augmentation de l'élimination de la doxycycline par d'exposition solaire.
les inducteurs enzymatiques. Surveillance du TP et TCA chez les patients sous anti-
Diminution de la clairance de la warfarine par la coagulants (tigécycline).
tigécycline.
[9] POSOLOGIE ET MODE
[8] CONTRE-INDICATIONS D'ADMINISTRATION (T5.5-1)
ET PRÉCAUTIONS D'EMPLOI

1. Contre-indications
Femme enceinte, allaitement, enfant < 8 ans, allergie
aux cyclines.
Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines

Mycobacterium avium, M. marinum et M. xenopi (clari-


[1] MACROLIDES
thromycine, azithromycine).
1. Structure 4. Pharmacocinétique
Les macrolides ont en commun un noyau macrocycli- - L'absorption orale est soumise à des variations indi-
que lactone. Leur chef de file est l'érythromycine. viduelles et varie selon les molécules.
On distingue les macrolides à 14, 15 et 16 chaînons : - Les macrolides ont des pics sériques élevés, sauf
- C14 : clarithromycine, dirithromycine, érythromy- pour l'azithromycine, et une bonne diffusion tissu-
cine, roxithromycine ; laire, sauf dans le LCR et le tissu nerveux.
- C15 : azithromycine ; - Ils présentent de fortes concentrations intracellu-
- C16 : josamycine, midécamycine et spiramycine. laires dans les macrophages et les polynucléaires
(l'azithromycine donne les concentrations intracel-
2. Mode d'action et mécanismes de résistance
lulaires les plus élevées).
Ils inhibent la synthèse des protéines en se fixant sur la
- Les macrolides sont métabolisés au niveau hépati-
sous-unité 50 S du ribosome. Ils sont habituellement
que et éliminés majoritairement dans la bile.
bactériostatiques. La majorité des bacilles à Gram né-
- Leur demi-vie d'élimination est variable. Les pro-
gatif est naturellement résistante aux macrolides, leur
duits, ayant une demi-vie prolongée (dirithromycine
paroi bactérienne demeurant imperméable à cette fa-
et azithromycine), permettent une prise quotidienne ;
mille d'antibiotiques, mais il existe une exception avec
l'azithromycine se concentrant dans les tissus peut
la clarithromycine, efficace sur certains bacilles à
être administrée avec une durée de traitement rac-
Gram négatif.
courcie pour certaines indications.
Les résistances acquises sont essentiellement en
5. Mode d'administration
France le fait d'une modification de la cible bacté-
Pour l'érythromycine, la roxithromycine, la midéca-
rienne par l'intermédiaire d'une méthylase (méca-
mycine, la prise avant le repas assure les meilleurs
nisme codé par le gène Erm). Cette méthylation du
taux sériques. La clarithromycine doit être prise de
site de fixation de l'antibiotique entraîne une résis-
préférence durant les repas.
tance croisée entre macrolides (M), lincosamides (L)
et streptogramines B (SB) mais pas les kétolides. Ce 6. Indications thérapeutiques
type de résistance constitutive ou inductible dénommé • Angines aiguës
MLSB se manifeste vis-à-vis des cocci à Gram positif. Angines à streptocoques chez les patients intolérants
Le deuxième mécanisme de résistance (prédominant aux pénicillines (traitement court : azithromycine
dans certains pays européens) est de type efflux, codé 3 jours, josamycine et clarithromycine 5 jours) après
par le gène mef mais ne génère pas de résistance réalisation d'un prélèvement bactériologique pour cul-
croisée. ture et antibiogramme.
3. Spectre utile * Infections des voies respiratoires inférieures
Le spectre des macrolides est étroit. - Exacerbations aiguës de bronchites chroniques
Les espèces habituellement sensibles sont les strep- obstructives, si indication d'antibiothérapie.
tocoques (avec cependant un taux de résistance des - Pneumonies à bactéries intracellulaires : M. pneumo-
SBMA aux macrolides et apparentés de 15 à 30 %), les niae, Chlamydia psittaci, C. pneumoniae, Legionella
staphylocoques sensibles à la méticilline, les bacté- pneumophila, sauf Coxiella burnetii.
ries intracellulaires (Mycoplasma pneumoniae, Chla- - Coqueluche : surtout au début et prophylaxie de
mydiae, Legionella, Treponema), sauf Coxiella burnetii. l'entourage.
Parmi les espèces modérément et inconstamment * Infections urogénitales
sensibles figurent : Haemophilus influenzae, H. ducreyi, - Traitement minute des infections génitales à C. tra-
les pneumocoques avec cependant près de 50 % de chomatis par azithromycine.
souches résistantes (plus encore parmi les pneu- - Alternative aux cyclines dans les infections à M. geni-
mocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline talium, Ureaplasma urealyticum et H. ducreyi.
[PSDP]), les entérocoques. * Infections à mycobactéries atypiques
Parmi les espèces résistantes figurent staphyloco- - Infections à M. avium au cours du sida :
ques méti-R, entérobactéries, Pseudomonas, Bacteroi- • traitement préventif : azithromycine ;
des fragilis. • traitement curatif : clarithromycine.
- Infections à M. marinum et M. xenopi : clarithromycine.
L'azithromycine se distingue par une meilleure acti-
vité sur H. influenzae, Moraxella catarrhalis, Shigella, * Infection à Helicobacter pylori
Salmonella et Campylobacter. Clarithromycine.
Certains macrolides ont une activité sur Toxoplasma * Infections à certains bacilles à Gram négatif
gondii (spiramycine, clarithromycine, azithromycine) Salmonella, Shigella, Campylobacter -. clarithromycine.
et certaines mycobactéries non tuberculeuses comme Maladie des griffes du chat : azithromycine

70
Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines

• Toxoplasmose du sujet immunocompétent l'érythromycine, la clarithromycine, la josamycine car


Spiramycine. ils peuvent occasionner des torsades de pointe.
• Prophylaxie des infections invasives à méningocoques 9. Posologies(T5.6-1)
Depuis 2006, la spiramycine n'a plus d'indication dans
cette situation. [2] KÉTOLIDES
7. Effets secondaires Dérivés de l'érythromycine, les kétolides compren-
-Troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs nent actuellement la seule télithromycine.
abdominales). 1. Structure
-Réactions cutanées (exanthème maculopapuleux, Dérivés de la structure de l'érythromycine avec une
urticaire, prurit). molécule dépourvue de cladinose.
-Hépatites immunoallergiques (cytolyse et cholestase).
2. Mode d'action et mécanismes de résistance
-Acouphènes, voire surdité, chez le sujet âgé en cas
d'insuffisance rénale ou hépatique. La télithromycine n'induit pas le principal mécanisme
de résistance aux macrolides (MLSB), ce qui lui per-
8. Interactions médicamenteuses met de conserver une activité sur la quasi-totalité des
-L'association des macrolides à l'ergotamine et à souches de pneumocoques. De plus, les kétolides ne
la dihydroergotamine du fait d'un risque d'ergotisme sont pas reconnus par le mécanisme d'efflux des
avec nécrose des extrémités est contre-indiquée. streptocoques.
-Les macrolides augmentent les taux sériques de 3. Spectre utile
la bromocriptine (Bromokin®, Parlodel®) provo-
Proche des macrolides avec une efficacité conservée
quant l'accroissement de l'activité antiparkinso-
sur les pneumocoques, y compris ceux résistants à
nienne ou l'apparition de dyskinésies.
la pénicilline ou aux macrolides (environ 50 % des
- La josamycine et l'érythromycine majorent les effets
souches).
indésirables du triazolam (Halcion®) : troubles du
comportement. 4. Pharmacocinétique
- La josamycine, l'érythromycine et la roxithromycine L'absorption orale est bonne. Les concentrations tis-
augmentent les taux sériques de ciclosporine. sulaires sont plus élevées que celles du plasma. La té-
- L'association à la théophylline est déconseillée pour lithromycine est métabolisée par le foie. La demi-vie
l'érythromycine et doit être surveillée pour la clari- longue autorise une prise quotidienne unique.
thromycine, la josamycine, la roxithromycine. 5. Indications thérapeutiques
-Cisapride : Prépulsid®, ébastine : Kestin®, mizolastine : - Exacerbations aiguës des bronchites chroniques
Mizollen® sont contre-indiqués en association avec (5 jours).

71
Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines

- Pneumonies communautaires de gravité légère ou bies (Bacteroides, Clostridium [sauf C. difficile], Pep-
modérée (7 à 10 jours). tostreptococcus, Propionobacterium acnes).
- Sinusites aiguës maxillaires, notamment en cas d'al- La clindamycine est active sur Toxoplasma gondii.
lergie aux B-lactamines (5 jours). 4. Pharmacocinétique
6. Effets indésirables L'absorption digestive est bonne pour la clindamycine
- Troubles digestifs (diarrhée, nausées). (non modifiée par l'alimentation).
- Allongement de l'espace QT sur terrain prédisposé. Ils ont une bonne diffusion tissulaire, y compris dans
7. Interactions médicamenteuses - l'os et les abcès cérébraux.
Contre-indications La concentration intracellulaire est élevée, particulière-
L'association au cisapride (Prépulsid®), au pimozide ment au niveau des macrophages. Ils sont métabolisés
(Orap®) est contre-indiquée du fait du risque potentiel par le foie.
d'allongement de l'intervalle QT. 5. Indications thérapeutiques
La simvastatine (Lodales®, Zocor®), l'atorvastatine Elles concernent principalement la clindamycine.
(Tahor®) ne doivent pas être prescrits en même temps. - Infections à anaérobies : leur activité inconstante
La télithromycine est contre-indiquée chez le myas- sur B. fragilis a réduit cette indication.
thénique et en cas d'allongement acquis ou congéni- - Infections à staphylocoques sensibles et particuliè-
tal de l'intervalle QT. Son utilisation est déconseillée rement dans leurs localisations ostéoarticulaires.
au cours de la grossesse. - Infections à Actinomyces.
8. Posologie, mode d'administration (T5.6-2) - Prophylaxie de l'endocardite bactérienne : réservée aux
patients intolérants aux fi-lactamines (Cf. Chap. 36).
- Toxoplasmose cérébrale dans le sida : en associa-
tion avec la pyriméthamine chez les patients intolé-
rants à la sulfadiazine.
- Dermohypodermite nécrosante en association avec
la pénicilline G.
6. Effets secondaires
- Troubles digestifs : diarrhée simple (20 % des cas).
- Colite pseudo-membraneuse : par pression de sé-
[3] LINCOSAMIDES lection sur C. difficile, antibiotiques les plus impli-
qués dans sa survenue.
1. Structure
- Réactions hépatiques rares.
D'activité antibactérienne proche de celle des macroli- - Troubles hématologiques rares (leucopénie, neutro-
des, leur structure chimique est différente et comporte pénie, thrombopénie).
un acide aminé et un sucre reliés entre eux par une liai- - Réactions cutanées allergiques (plus fréquentes au
son amide. cours du sida).
Ils comprennent la lincomycine et son dérivé hémisyn- 7. Posologies, mode d'administration (T5.6-3)
thétique, la clindamycine, beaucoup plus actif.
2. Mode d'action et mécanismes de résistance [4] SYNERGISTINES
Inhibiteurs de la synthèse des protéines au niveau Elles comprennent la pristinamycine et l'associa-
de l'attachement sur le ribosome. tion injectable quinupristine/dalfopristine.
Les bacilles à Gram négatif sont naturellement résis-
1. Structure
tants par imperméabilité de leurs membranes.
Les synergistines ou streptogramines sont constituées
Chez les cocci à Gram positif, la pénétration est un
d'un mélange de 2 groupes d'antibiotiques polypepti-
phénomène passif mais les entérocoques sont natu- diques très proches chimiquement et agissant en
rellement résistants. synergie.
3. Spectre d'action Les pristinamycines I et II constituent la pristinamy-
Habituellement actifs sur les streptocoques et les sta- cine, l'association quinupristine/dalfopristine consti-
phylocoques méti-S, ainsi que sur certains anaéro- tue l'autre synergistine.

72
Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines

2. Mode d'action et mécanismes de résistance dermite bactérienne aiguë chez le sujet intolérant
La cible des 2 composants principaux est la sous-unité aux B-lactamines.
50 S du rïbosome par blocage de 2 étapes de L'élon- - Exacerbation aiguë de bronchite chronique si indi-
gation de la chaîne peptidique. Leur synergie peut cation d'antibiothérapie (AMM de 4 jours).
conduire à un effet bactéricide. - Pneumonies communautaires.
La plupart des bacilles à Gram négatif ont une résis- - Sinusites maxillaires aiguës.
tance naturelle par imperméabilité de la paroi. • Quinupristine/dalfopristine
Les résistances acquises restent rares avec les sta- Réservée à l'usage hospitalier dans les infections à
phylocoques, les pneumocoques ou les entérocoques. Gram + sensibles, si voie IV appropriée au cours des
Le mécanisme de résistance le plus fréquemment pneumopathies nosocomiales, infections de la peau
rencontré est une modification de la cible ribosomale. et des tissus mous, infections à Enterococcus faecium
Deux autres mécanismes sont possibles : inactiva- vanco-R.
tion enzymatique, phénomène d'efflux.
7. Effets indésirables
3. Spectre utile
• Pristinamycine
Proche des macrolides avec une activité meilleure sur
- Fréquents troubles digestifs (épigastralgies, nau-
staphylocoques, pneumocoques, streptocoques,
sées, vomissements), moindres en cas de prise en fin
entérocoques et H. influenzae.
de repas.
4. Pharmacocinétique
- Rares allergies cutanées.
L'absorption orale de la pristinamycine est bonne. La
diffusion tissulaire des synergistines est bonne sauf • Quinupristine/dalfopristine
dans le LCR. Elles ne sont pas actives dans les urines. - Veinotoxicité, faisant recommander l'administration
sur voie veineuse centrale.
5. Mode d'administration
La pristinamycine est disponible par voie orale, la qui- 8. Interactions médicamenteuses
nupristine/dalfopristine par voie intraveineuse. Chez les patients sous ciclosporine, elle augmente la
6. Indications thérapeutiques créatininémie et les taux circulants de ciclosporine
dont il faut alors ajuster la posologie.
• Pristinamycine
- Infections à staphylocoques. Contre-indication si hypersensibilité ou intolérance
-Infections dont l'étiologie peut être staphylococci- au gluten.
que ou streptococcique : impétigo ou dermohypo- 9. Posologies (T5.6-4)

73
Phénicolés

Antibiotiques d'utilisation très restreinte en France, en raison d'une toxicité hématologique, mais encore très utili-
sés dans les pays en développement en raison de leur faible coût et de leur efficacité sur certains pathogènes endé-
miques (Neisseria meningitidis, Haemophilus influenzae, Salmonella Typhi).

- Alors que le chloramphénicol subit un métabolisme


[1] RELATION STRUCTURE-ACTIVITÉ
hépatique qui le rend inactif (glucuroconjugaison),
Petites molécules composées d'un noyau aromatique le thiamphénicol ne subit pas de transformation hé-
et d'une chaîne acyl-amino-propanédiol. patique et est éliminé sous forme active dans la bile.
La substitution du groupement nitré NO2 du chloram-
phénicol par un groupement méthylsulfonyl CH3-SO2 [5] PRINCIPALES INDICATIONS
sur le noyau aromatique conduit au thiamphénicol de THÉRAPEUTIQUES
moindre toxicité hématologique. Elles découlent du spectre antibactérien et des pro-
priétés pharmacocinétiques des molécules de cette
[2] MODE D'ACTION ET MÉCANISME famille :
DE RÉSISTANCE - abcès cérébraux primitifs (en association avec une
C3G);
1. Mode d'action - méningites à Haemophilus influenzae sensible aux
Inhibition de la synthèse des protéines par fixation sur phénicolés chez des patients allergiques aux B-lac-
la sous-unité 50 S du ribosome. tamines ;
2. Mécanisme de résistance - dans les pays en développement : fièvres typhoïdes,
Essentiellement inactivation enzymatique (acétyl- méningites à méningocoque, typhus exanthématique.
transférase) d'origine plasmidique.
[6] EFFETS INDÉSIRABLES
[3] SPECTRE UTILE
1. Toxicité hématologique
Antibiotique bactériostatique à large spectre. - Insuffisance médullaire précoce, dose-dépendante
(> 4 g/24 h) et réversible. Sa prévention passe par un
1. Espèces les plus sensibles
contrôle hebdomadaire de la NFS.
Neisseria gonorrhoeae, N. meningitidis, Haemophilus - Aplasie médullaire profonde et prolongée : accident
influenzae, entérobactéries dont salmonelles et shigel- moins fréquent (1/20 000-1/60 000) spécifique du
les (avec cependant des CMI 10 à 100 fois supérieures chloramphénicol, non décrit avec le thiamphénicol.
e
à celles des céphalosporines de 3 génération [C3G] et
2. Syndrome gris des prématurés
fluoroquinolones), anaérobies (à un moindre degré :
et des nouveau-nés
Bacteroides fragilis), spirochètes et bactéries intracel-
lulaires. Potentiellement mortel.
2. Espèces naturellement résistantes [7] INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter, mycobactéries.
Le chloramphénicol prolonge la demi-vie du tolbuta-
[4] PHARMACOCINÉTIQUE mide, des phénytoïnes et des antivitamines K.

- Absorption digestive bonne (90 %) et rapide. [8] CONTRE-INDICATIONS


- Bonne distribution dans les différents tissus : ils se
concentrent notamment au niveau des ganglions Femme enceinte - Nourrisson de moins de 6 mois -
mésentériques, dans les liquides biologiques (liquide Insuffisance rénale grave.
céphalorachidien : 30-50 % des taux sériques) et
dans le parenchyme cérébral. [9] POSOLOGIE MODE D'ADMINISTRATION
- Bonne diffusion intracellulaire. (T5.7-1)

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