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AGRI f f f ^ Petits ruminants

r Une fiche pour chaque maladie


r Les grands principes des traitements médicamenteux ^^piPiP
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Christian Mage 3e édition

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Bibliothèque
Ecole Nationale Vétérinaire

Maladies parasitaires
du mouton
Prévention, diagnostic et traitement

3 e édition

Christian Mage

INSTITUT DE
L'ELEVAGE
Crédits photographiques

P.-J. Alzieu: 9.2, 9.3, 10.1, 10.2, 10.3, 12.3, 13.1, 13.2, 13.3, 13.4, 13.5, 13.6, 13.7, 13.8;
Badit: 12.1, 12.2; CSML: 33,1, 33.2; Faculté de pharmacie Limoges: 20.2, 21.1; J.-M.
Gourreau: 19.3, 19.4; D. Kerbœuf: 9.1 ; C. Mage: 2.1, 2.4, 5.3, 6.1, 6.3, 6.4, 8.1, 8.2, 10.4,
10.5, 11.1, 11.3, 11.4, 14.1, 14.2, 14.3, 19.1, 22.1, 22.2, 2 2 . 4 , 27.1, 33.3, V.2.1, V . 2 . 2 ; Parasito-
logie ENV Nantes: 5.2, 6.2, 17.1, 17.2, 17.3, 19.2, 20.1 ; Pfizer: 1.1, 1.2, 1.3, 2.2, 2.3, 4.1, 5.1 ;
D. Rondelaud: 11.2; J.-L. Zonderland: 22.3.

Maladies parasitaires du mouton


© Éditions France Agricole, 2016
ISBN: 978-2-85557-434-9

8, cité Paradis
75493 Paris cedex 10

Tous droits réservés pour tous pays.

A u x termes de l'article 4 0 de la loi du 11 mars 1957 « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle
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et la source.

Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit ne respectant pas la législation en vigueur
constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 à 4 2 9 du Code pénal.
Sommaire
V|
Préface l
IX
Avant-propos

Introduction X

PARTIE I - LES MALADIES PARASITAIRES INTERNES i

1 Les maladies parasitaires digestives 5


1 La strongylose gastro-intestinale 6
22
2 L'haemonchose
2
3 La nématodirose 9
4 La strongyloïdose 31
5 La monieziose 34
6 La coccidiose
7 La cryptosporidiose 46
8 La paramphistomose 48

2 Les maladies parasitaires du poumon 51


9 La dictyocaulose 52
10 Les protostrongylinoses 55

3 Les maladies parasitaires du foie 62


11 La fasciolose ou maladie de la grande douve 63
12 La dicrocoeliose ou maladie de la petite douve 73

4 L'œstrose 77
13 L'œstrose ovine 78

5 Les cestodoses larvaires 86


14 La cysticercose 87
15 La cœnurose 91
16 L'échinococcose 93

PARTIE II - LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES


PAR DES PARASITES EXTERNES 95
17 La gale 97
18 La teigne 102
10
19 Les myiases 5
20 L'infestation par les poux 112

V
21 L'infestation par les tiques 115
22 Maladie transmise par les tiques: la piroplasmose ou babésiose ovine 118

PARTIE III - LES DIAGNOSTICS 123


23 Les diagnostics visuels 125
24 Les diagnostics biologiques 126
25 Les diagnostics des parasites externes 132

PARTIE IV - LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES 133


26 La posologie, un point important 135
27 Identifier les causes d'inefficacité 137
28 Les strongylicides à action adulticide et larvicide 140
29 Des strongylicides à durées d'action variables 141
30 Les activités des médicaments sur un ou plusieurs parasites 144
31 Les douvicides selon les stades de grandes douves 145
32 Les anticoccidiens 147
33 Les médicaments contre les parasites externes 148
34 Les délais d'attente à respecter 150

PARTIE V - LES PRATIQUES DE GESTION PARASITAIRE


DANS LES T R O U P E A U X DE MOUTONS 153

1 Le contrôle des parasites 155


35 Le contrôle de Moniezia ou Taenia chez des agneaux d'herbe 156
36 Le contrôle des coccidies chez les agneaux de bergerie 157
37 Le contrôle des strongles gastro-intestinaux 158
38 Le contrôle des strongles pulmonaires 164
39 Le contrôle des myiases 165
40 Le contrôle des grandes douves ou Fasciola hepatica 167
41 Le contrôle des petites douves ou Dicrocœlium 168
42 Le contrôle des tiques 16g

2 Le principe de prévention agronomique et hygiénique 170

Index 173

Listes des tableaux, figures et photos 177

VI
Préface
C'est avec un réel plaisir que je rédige la préface de l'ouvrage que vous avez entre les
mains: Maladies parasitaires du mouton.

Ce livre n'est pas une production directe de l'Institut de l'Élevage mais nous avons souhaité
y adjoindre notre logo pour plusieurs raisons:
• la collaboration de longue date avec les Éditions France Agricole pour la publication
d'ouvrages et notamment sur la santé des animaux;
• la qualité remarquable de la synthèse proposée sur des questions complexes et
qui demeurent d'actualités et notre volonté d'une diffusion large de ces acquis
et connaissances;
• la personnalité de l'auteur, Christian Mage, ancien collaborateur expert de l'Institut
de l'Élevage sur les questions de parasitisme pendant près de 34 ans. Vraisemblable-
ment, une bonne part du contenu de ces chapitres provient des études, des expériences
et du travail de Christian de cette période.

À l'époque d'Internet et de l'accès aux informations en quelques clics, il nous semble tou-
jours moderne de regrouper sous forme pédagogique les informations d'un même sujet.
Cette compilation des connaissances, des références et des expériences sur le parasitisme
des ruminants sera utile pour les acteurs des filières, qu'ils soient étudiants, éleveurs, ensei-
gnants, conseillers ou vétérinaires.

Les attentes de la société par rapport à l'élevage sont de divers ordres. Aujourd'hui, avec
l'agroécologie, on évoque souvent la multi-performance économique, environnementales
et sociale. Face aux débats citoyens, l'élevage devra progresser simultanément sur toutes
ces dimensions. L'utilisation judicieuse de toutes les techniques et technologies doit être
retenue. La maîtrise du parasitisme des animaux avec des techniques éprouvées fait partie
de ces solutions. De son efficacité sur la mortalité, les croissances et le bien-être des ani-
maux dépendra son impact sur l'économie et l'environnement en limitant l'utilisation des
ressources naturelles par unité produite. Enfin, la promotion de l'élevage à l'herbe néces-
site un contrôle du parasitisme lors des phases de pâturages.

Au nom de tous les futurs lecteurs et utilisateurs de ce livre, je tiens à remercier Christian
Mage pour ce bel ouvrage de synthèse.

Joël Merceron
Directeur général, Institut de l'Élevage

vil
Avant-pro pos
Les parasitoses et leur gestion est une problématique prégnante des élevages de ruminants
et en particulier des élevages d'ovins, qu'ils soient conduits au pâturage ou en bâtiment.
Au-delà de la question du bien-être animal, les enjeux de la gestion des parasites sont
économiques et environnementaux.

Les infestations parasitaires ont pour conséquence de réduire les performances de produc-
tion (perte de poids, chute de la production laitière, modification de la qualité du lait,
retard de croissance, baisse de la fertilité, avortements, hausse de la mortalité) et peuvent
être à l'origine de saisies à l'abattoir et de dépréciation de la peau. Leur traitement à mau-
vais escient peut aussi être une source de dépenses non négligeable.

La maîtrise du parasitisme a toujours été de nature complexe, mais celle-ci se complexifie


encore ces dernières années avec le développement de résistances aux traitements. Ce
phénomène de résistance, généralisé pour les strongles gastro-intestinaux des chèvres, est
en forte progression chez les ovins. Pour maintenir un arsenal thérapeutique efficace, il
convient donc de changer l'usage des antiparasitaires, et notamment des anthelminthiques,
en passant d'un traitement systématique de tous les animaux réalisé à des périodes définies
par la force des habitudes à des traitements ciblés sur les réelles périodes à risque d'infesta-
tion (dépendantes des modalités de conduite des animaux au pâturage et des conditions
climatiques). Par ailleurs, pour nombre de parasites, une bonne gestion ne vise pas une éra-
dication des parasites, mais bien une maîtrise avec par exemple le maintien, à des périodes
clefs, de contacts entre les parasites et les animaux pour favoriser les défenses immunitaires
de ces derniers, tout en limitant les infestations massives aux conséquences souvent drama-
tiques. Ainsi, pour préserver la santé de son troupeau, l'éleveur doit, à la fois, raisonner la
gestion du pâturage et les traitements, en tenant compte d'une part des périodes à risques
réels d'infestation, et d'autre part de l'état d'infestation réel des animaux.

Une gestion efficace du parasitisme nécessite donc, avant tout, de connaître la biologie des
parasites, les modalités d'infestation des animaux, les modalités de prévention et de traite-
ments, les caractéristiques des médicaments antiparasitaires, les outils de diagnostics utiles
à la prise de décision... autant d'éléments décrits avec précision dans cet ouvrage pour chacun
des parasites d'intérêt, qu'ils soient externes ou internes, respiratoires ou digestifs.

Au-delà de ces éléments factuels, Christian Mage nous livre aussi dans cet ouvrage son
expertise pratique pour identifier les moments les plus propices aux traitements et les pro-
duits à utiliser.

Cet ouvrage unique en son genre constitue, sans aucun doute, une référence à consulter
régulièrement.

Valérie DAVID
Responsable du service santé et bien-être animal de l'Institut de l'Élevage

IX
Introduction
L'élevage du mouton est pratiqué dans de nombreuses régions françaises selon diverses
conduites. Cette production occupe une place économique conséquente au niveau national.
Elle permet une valorisation des surfaces fourragères par la conduite des troupeaux de
moutons au pâturage pendant plusieurs mois, voire par une présence permanente des
animaux sur les prairies. Ces pratiques d'élevage entraînent des infestations par différents
parasites dont les conséquences zootechniques et pathologiques sont dépendantes du
niveau de l'infestation des animaux.

Le passage des moutons en bergerie pendant l'hiver est responsable du développement


d'autres genres de parasites vivant essentiellement sur la peau ou dans l'intestin. La qua-
lité des produits recherchée par le consommateur oblige les éleveurs de moutons à rai-
sonner et à adapter les interventions thérapeutiques aux besoins. Cette voie permettra de
répondre aux critères de certification et de traçabilité des produits pour une assurance
qualité. De bonnes pratiques de traitement sont obligatoires pour atteindre ces objectifs
compatibles avec une bonne santé des animaux. Les connaissances actuelles sur la biologie
des parasites, leurs conséquences zootechniques et pathologiques apportent des possibi-
lités nouvelles pour obtenir de bonnes pratiques d'élevage.

Afin d'être accessibles au plus grand nombre de personnes (éleveurs, conseillers, vétéri-
naires et enseignants agricoles), les informations nécessaires à une bonne pratique sont ici
répertoriées et synthétisées. Les différents parasites des moutons sont présentés avec une
description des méthodes de diagnostic et de leur interprétation et des exemples de contrôle
des infestations parasitaires selon les systèmes de production et de conduite de troupeau
sont proposés.
Dans les conditions d'élevage des troupeaux de moutons au pâturage, quelle que soit la
région (plaines, plateaux, montagnes ou région sèche), les animaux sont soumis à une voire
plusieurs infestations parasitaires. Selon le degré d'infestation des brebis et des agneaux,
dépendant des pratiques d'élevage, il y aura des répercussions zootechniques, de fertilité,
de croissance, de viande produite ou des manifestations de maladies. La brebis et l'agneau
sont des catégories d'animaux de rente relativement sensibles aux différentes parasitoses.
Les pertes économiques peuvent être importantes. Il faut distinguer les parasites rencon-
trés principalement dans les conditions de pâturage et les parasites de bergerie (figure 1.7)
pour une meilleure compréhension de leur évolution dans les conditions d'élevage et pour
une meilleure gestion de la prévention.

Pâturage Bergerie

Brebis Strongles gastro-intestinaux


Ostertagia
Hœmonchus
Strongles pulmonaires
Dlctyocaules
Protostrongles Protostrongles
Muellerius
Œstres
Grande douve
Acariens Acariens
Strongles gastro-intestinaux

Agneaux Ostertagia

Agnelles de renouvellement Haemonohus

Strongles pulmonaires
Dictyocaules
Protostrongles Protostrongles
Muellerius
Œstres
Grande douve
Acariens Acariens
Moniezia
Coccidies Coccidies

Figure 1.1 Les principales sources d'infestation parasitaire du mouton


Source: C. Mage

Pour beaucoup de parasites internes, il faut distinguer trois niveaux d'informations dans
le domaine de la parasitologie:

• L'excrétion dans les matières fécales; ce sont des œufs ou des larves qui sont rejetés
avec les matières fécales dans le milieu extérieur, le pâturage, la bergerie. Ces éléments
parasitaires, identifiés au laboratoire, précisent la nature de l'infestation. Ils sont dénom-
brés et les résultats sont présentés en nombre d'œufs ou de larves par gramme de fèces.
• La contamination est représentée par les populations d'éléments infestants, les larves
de 3 e génération, les métacercaires de grande douve ou de paramphistomes sur le

3
pâturage. Ce sont les éléments parasitaires qui se sont développés à partir des œufs
ou des larves rejetés dans les crottes sur le sol. La prairie se trouve contaminée par des
populations de larves infestantes de strongles gastro-intestinaux dont on exprime le
niveau de contamination par le nombre de larves infestantes par kilogramme d'herbe.
Ces informations ne sont pas des indicateurs précis du risque de manifestations cli-
niques par une de ces parasitoses. Il n'existe pas de relation directe entre le nombre
de larves par kilogramme d'herbe et le nombre de parasites hébergés par l'animal.
• L'infestation correspond aux parasites hébergés dans l'appareil digestif, le poumon,
le foie. Il s'agit du niveau parasitaire constitué des populations adultes et larvaires des
différents parasites présents dans l'organisme du mouton. C'est l'infestation qui est
responsable de la maladie avec l'apparition de symptômes, mais aussi de manifesta-
tions zootechniques.

Base d'épidémiologie parasitaire

Excrétion: œufs ou larves rejetés avec les crottes dans le milieu extérieur.
Contamination: larves infestantes de 3 e génération (métacercaires) sur l'herbe.
Infestation: parasites présents dans l'appareil digestif, le p o u m o n ou le foie du mouton.

4
Les maladies
parasitaires
digestives
Les strongyloses gastro-intestinales sont provoquées par des strongles vivant dans l'appa-
reil digestif et localisés essentiellement dans la caillette et l'intestin grêle. Plusieurs genres
de strongles gastro-intestinaux infestent les ovins, mais certains d'entre eux sont plus patho-
gènes que d'autres avec des fréquences très différentes au cours de l'année. Un des points
communs des principaux strongles digestifs chez les ovins est leur développement sur les
pâturages, source d'infestation des moutons. Les conduites de pâturage des troupeaux de
moutons selon les régions naturelles ont un rôle sur le déroulement des infestations para-
sitaires et le degré d'infestation.

Parmi les pathologies dominantes qui sont sous le vocable strongylose, on distingue quatre
catégories:

• la strongylose gastro-intestinale due aux strongles Ostertagia, Trichostrongylus, Coo-


peria, Chabertia, Trichuris, Œsophagostomum;
m l'haemonchose due à Haemonchus contortus;
m la nématodirose due à Nematodirus;
• la strongyloïdose due à Strongyloïdes, strongles de l'intestin grêle.

5
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La strongylose
gastro-intestinale

La maladie - les symptômes


La strongylose gastro-intestinale peut être provoquée par un ou plusieurs strongles dans
l'appareil digestif. La maladie se développe au pâturage, elle est due principalement aux
Ostertagia et aux Haemonchus (cf. haemonchose) dans la caillette ou aux Cooperia et
Nematodirus (cf. nématodirose) dans l'intestin grêle (tableau 1.1). Les autres strongles ne
sont présents chez les ovins qu'épisodiquement et les manifestations cliniques sont très
peu fréquentes.

À l'exception de l'haemonchose et de la nématodirose, qui sont abordées séparément, la


strongylose gastro-intestinale regroupe l'infestation par tous les parasites, dont les strongles
dominants sont Ostertagia, Cooperia, Trichostrongylus.

j Tableau 1.1 Principaux strongles gastro-intestinaux des moutons

Caillette Intestin grêle Caecum-côlon


Ostertagia Cooperia Œsophagostomum
Hasmonchus Trichostrongylus Chabertia
Trichostrongylus Nematodirus Trichuris

Bunostomum

Strongyloïdes

La strongylose se développe surtout après une infestation massive sur une courte durée.
À l'inverse, lorsque l'infestation est peu importante chez des moutons en bon état corporel,
il n'y a pas de symptôme.

Ce sont les agneaux d'herbe en primo-infestation et les moutons déficients, en mauvais


état corporel, qui seront concernés par la maladie. La conduite de pâturage est l'un des
paramètres qui favorisent l'infestation des moutons, en particulier pour les agneaux et
pour les brebis épuisées par la lactation. Toutefois, la maladie peut se développer quelques
semaines après un traitement antiparasitaire. Ce phénomène s'explique par l'élimination
médicale des strongles qui induit une perte de l'immunité acquise par le mouton, puis par
une réinfestation importante aussitôt après. La strongylose peut se manifester suite à
l'accumulation de strongles dans la caillette pendant le pâturage, souvent en grand nombre
en fin d'été et en automne. Cette infestation est d'autant plus importante qu'il y a à cette

6
période une forte contamination des prairies par des larves infestantes et un pâturage sur
de faibles hauteurs d'herbe. La strongylose gastro-intestinale peut avoir des manifestations
cliniques à divers moments de la période de pâturage, voire pendant l'hiver suite à un
affaiblissement de la brebis.

La strongylose est causée bien souvent par la migration des stades larvaires d'Ostertagia
dans la caillette. Deux types de maladies appelées ostertagioses sont à distinguer:

• L'ostertagiose de type I est due aux migrations des larves d'Ostertagia dans la muqueuse
de la caillette pendant la période estivale. La pénétration de la larve infestante (stade
larvaire L3) dans la muqueuse, puis sa sortie après deux transformations (stades larvaires
L4 et immatures L5) pour continuer son évolution au stade adulte à l'intérieur de la
lumière de la caillette, provoquent des lésions de la paroi (lésions nodulaires). Lorsque
la quantité de larves ingérées est élevée, les nombreux nodules constitués de cellules
non fonctionnelles pour la fonction digestive entravent les capacités physiologiques
de la caillette du mouton. Chez les jeunes ovins, l'ostertagiose de type I sévit de juin à
octobre au cours de la saison de pâture, mais peut aussi se manifester à la fin de la
première saison d'herbe. Elle se caractérise souvent sur l'ensemble d'un lot de moutons
par de la diarrhée, une perte de poids et d'état corporel. La mortalité est variable.
• L'ostertagiose de type II apparaît de février à mai, sur des animaux en bergerie ou
élevés en plein air, après l'ingestion massive de larves infestantes en fin de saison de
pâture. Cette forme de la maladie est due au « désen kyste ment » et à la sortie simul-
tanée des larves d'Ostertagia de la muqueuse de la caillette, après une période d'hy-
pobiose pendant l'hiver. La maladie se manifeste par de la diarrhée intermittente, un
manque d'appétit, une perte de poids et d'état corporel ainsi qu'une anémie impor-
tante. Elle débute souvent avec les modifications hormonales au moment de l'agnelage
d'hiver et au début de printemps. L'ostertagiose de type II est aggravée lorsque la
maladie est associée à la fasciolose. Les symptômes se caractérisent par de la diarrhée,
un amaigrissement rapide et important. Bien souvent, les moutons se déplacent avec
difficulté; ils perdent l'appétit. La maladie peut évoluer vers la mort si le diagnostic
et le traitement ne sont pas réalisés précocement.

La biologie
Les strongles gastro-intestinaux excrètent des oeufs qui, rejetés avec les crottes, contaminent
le pâturage. L'œuf ne peut se développer que dans le milieu extérieur (photo 7.7). Il est
protégé par une coque qui lui permet de résister un certain temps dans les crottes. L'évolution
de l'œuf en larve infestante ou L3 nécessite trois transformations (L1, L2, L3) liées à la tem-
pérature, l'humidité et l'oxygénation (figure 7.7). Le froid, la neige conservent relativement
bien les larves infestantes et même les œufs. Par contre, la chaleur et la sécheresse leur sont
préjudiciables. La survie moyenne sur les pâturages est de 6 à 8 mois en automne-hiver.

La transformation des larves infestantes en ver adulte se déroule par mues successives dans
le tube digestif pour la plupart des strongles. Pour Ostertagia, le plus répandu dans la plu-
part des régions françaises, la larve migre dans la muqueuse de la caillette (photo 7.2), et
dans l'intestin grêle pour Cooperia. La migration est rapide (4 à 5 jours) d'avril à octobre,
puis de novembre à mars les larves s'enkystent; elles sont en vie ralentie, appelée aussi

7
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

Photo 1.1 Œuf de strong les gastro-intestinaux.


Source : Pfizer

Cycle évolutif des


strongles gastro-intestinaux

Œuf

I
Larve L 1
Sur la
prairie
Larve L 2

Larve L 3
ou larve
infestante
qui attend
le mouton

Larve L 4

Dans le
Larve L 5
corps
du mouton

Adultes
/ \
Mâle Femelle
\ ^
Œufs rejetés
par les crottes

Figure 1.1 Cycle évolutif des


strongles gastro-intestinaux.

8
LU
—1
<

vrt
ULI

O
££

<
U

Photo 1.2 Larve infestante de strongles gastro-intestinaux. O


u
Source : Pfizer
z
o
ce
phase d'hypobiose, pendant 3 à 4 mois dans la muqueuse. La reprise d'activité des larves h-
amène habituellement une sortie progressive de la muqueuse de la caillette. Le réveil des
larves et la sortie de la muqueuse de la caillette sont accélérés par la modification de l'état
physiologique de la brebis lors de l'agnelage. Les larves évoluent au stade adulte qui va
excréter des œufs de strongles dans les crottes (photo 1.3). Chez certains animaux la sortie
brutale des larves provoque la maladie, la strongylose gastro-intestinale, suite à des agnelages
de fin d'hiver, avec parfois peu d'œufs de parasites par gramme de matières fécales.

Photo 1.3 Ostertagia adultes, strongles de la caillette.


Source : Pfizer
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

Certains strongles pondent plus d'œufs que d'autres, Ostertagia est peu prolifique par
rapport aux strongles Cooperia dans l'intestin grêle, ce qui complique tout diagnostic à
partir des matières fécales. Il n'est pas possible d'identifier le genre de strongles présents
à partir des œufs excrétés, excepté ceux de Nematodirus et de Strongyloïdes.

LMnfestation naturelle
Le déroulement de l'infestation parasitaire des moutons s'effectue selon les pratiques de
conduite des troupeaux en zone herbagère, en zone sèche et en zone de montagne.

Pâturage des moutons en zone herbagère


Les prairies sont l'endroit où les moutons s'infestent en broutant l'herbe. Les principales
parasitoses des moutons sont présentées sur la figure 1.2. Les pâturages sont contaminés
d'une année à l'autre. Le froid hivernal ne détruit pas en totalité les larves infestantes de
strongles digestifs. Toutes les prairies pâturées par les ovins durant l'année sont contami-
nées par la présence de larves infestantes de strongles digestifs. Pendant la période hiver-
nale, la population larvaire sur les prairies pâturées l'année précédente baisse. À la mise à
l'herbe en mars-avril, les prairies sont encore contaminées.

Figure 1.2 Conduite de troupeaux de moutons en zone herbagère, infestation parasitaire.


Source : C. Mage

10
Des dizaines ou des centaines de larves infestantes de strongles subsistent par kilogramme !1,|
d'herbe. Plusieurs situations doivent être prises en considération. «J

Prairie pâtuiée par les brebis seules b-


LU
Les brebis vides ou gestantes contaminent peu les pâtures par l'excrétion d'œufs de strongles
dans les crottes. Les infestations successives des animaux ont amené le développement de
réactions immunitaires et le nombre d'œufs éliminés avec les excréments baisse rapidement.
Une reprise de l'excrétion d'œufs par les brebis s'observe à l'agnelage, lors d'une perte d'état O
corporel ou après une vermifugation et une réinfestation des animaux. Lors d'un agnelage Oí,
de printemps, les brebis présentent un grand nombre d'œufs dans les crottes quelques semaines i»
avant et après celui-ci. Ensuite, le nombre d'œufs dans les excréments diminue fortement. Les Q
œufs rejetés sur la pâture donnent une nouvelle génération de larves infestantes dès juillet,
dont le nombre est faible en été et en automne. Cependant l'infestation en fin de pâturage ui
est importante avec un grand nombre de strongles Ostertagia dans la caillette dont la majo- «/I
rité est au stade enkysté dans la muqueuse de la caillette (tableau 1.2)

I
>
Tableau 1.2 Degré d'infestation des brebis par les strongles gastro-intestinaux U
en fin de pâturage, zone herbagère en Limousin
O
Genre de strongles Nombre de strongles Minimum Maximum o¿
h~
Caillette Hœmonchus 2 050 300 4 500 m
Ostertagia 48 737 15 960 89 500
Larves L4 d'Ostertagia 33 400 12 200 50 300
Trichostrongylus 3 025 100 8 300

Intestin grêle Cooperia 582 20 2 250


Chabertia 134 8 260

Caecum-côlon Œsophagostomum 44 2 100

Total 87 972 28 590 155 210

Source: Institut de l'Élevage

Les brebis conduites en agnelage d'automne ont un nombre important d'œufs dans les
excréments à cette période-là seulement. Une grande partie des œufs n'auront pas d'évo-
lution en larves sur les pâturages sur la période fin d'été-début d'automne. Les larves infes-
tantes sur l'herbe sont peu nombreuses à cette période (voir figure 1.1, p. 8).

Ces conditions de recyclage des strongles sont modifiées par un traitement antiparasitaire à
action immédiate réalisé avant la mise à l'herbe ou quelques semaines après. L'élimination
des strongles du mouton supprime aussi l'immunité acquise. Les brebis s'infestent avec les

n
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

larves de l'année précédente, excrètent un grand nombre d'œufs de strongles dans les fèces
sur les prairies qui évoluent et donnent un pic de larves infestantes apparaissant début juillet
(•figure 1.3). Cette situation facilite l'infestation massive des moutons et nécessite bien sou-
vent pendant l'été la réalisation d'interventions curatives pour interrompre la maladie.

BERGERIE \ PÂTURAGE | BERGERIE

Larves infestantes/kg
de M.S d'herbe

Larves 8000
infestantes

de strongles
digestifs

J F M A M J J A S 0 N D
Agnelage

Larves infestantes de strongles digestifs

Larves infestantes de strongles digestifs après traitement à ta mise l'herbe ou à l'agnelage

Figure 1.3 Contamination en strongles digestifs des prairies pâturées.

Prairie pâturée par les agneaux et les brebis

Dans cette conduite d'élevage, ce sont les agneaux d'herbe qui sont les contaminateurs
principaux des prairies.

Agnelage de printemps

Lors de l'agnelage de printemps et dès la mise au pâturage, les agneaux ingèrent avec
l'herbe des larves infestantes qui ont survécu à l'hiver. L'excrétion d'oeufs de strongles dans
les crottes croît rapidement au cours du printemps. Les œufs rejetés sur les prairies donnent
une nouvelle génération de larves infestantes dont le pic se situe courant juin et se main-
tient une partie de l'été (figure 1.4). En automne, la contamination des pâtures diminue.

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de strongles
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Naissance Sevrage

Figure 1.4 Contamination en strongles digestifs des prairies pâturées par des agneaux.

C'est à partir du sevrage que les répercussions zootechniques et pathologiques se mani-


festent (figure 1.5 et tableau 1.3). Les conséquences sont d'autant plus importantes lorsqu'en
été les agneaux sevrés sont maintenus sur les prairies pâturées au printemps et que le taux
de matière sèche offerte est très faible. Inversement, si les agneaux font face à l'agression
parasitaire, un état d'immunité s'installe; l'excrétion parasitaire diminue en fin d'été.

13
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

Figure 1.5 Infestation des brebis par les strongles gastro-intestinaux.


S o u r c e : C. Mage

Tableau 1.3 Degré d'mfestation des agneaux par les strongles gastro-intestinaux
après 4 mois de pâturage de printemps en zone herbagère Limousin

Strongles gastro-intestinaux Nombre


Hœmonchus 520
2 965
Ostertagia
34
L4 Ostertagia 41
Cooperia 11
Nematodirus 914
Chabertia 107
Œsophagostomum 6
Trichuris 26
Total 4 624
S o u r c e : Institut de l'Élevage

Agnelage d'été-automne

Dans cette conduite d'élevage, les agneaux s'infestent à partir des larves infestantes présentes
sur les pâturages. La contamination des prairies sera faible si elles ont été pâturées par les
brebis après le pâturage du couple brebis-agneaux au printemps et au début de l'été.

Selon l'âge des agneaux nés en été-automne et la durée de pâturage, l'infestation sera
plus ou moins importante. Bien souvent, l'infestation des agneaux de cette production
n'engendre pas de conséquences pathologiques. Par contre, de fortes excrétions d'œufs
dans les crottes, qui ne sont pas en relation avec le degré d'infestation, s'observent lors
d'un sevrage ou d'un changement de conditions de vie des agneaux.

14
Agnelage permanent

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soumis en priorité à une infestation qui développe bien souvent une strongylose. o
IV

Pâturage des moutons en conduite intensive sur des prairies temporaires <
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La conduite des moutons dans des systèmes intensifs de 12 à 20 brebis par hectare néces-- yj
site de longues séquences de pâturage sur des prairies temporaires. La gestion de la pro- Wl
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taires. Seul le risque d'haemonchose existe.

Pâturage hivernal

Pendant l'hiver, les œufs de strongles gastro-intestinaux déposés sur les prairies avec les
crottes n'évoluent pas en larves infestantes. Cette situation s'observe aussi bien lors d'hivers
froids que d'hivers doux, mais aussi avec des conditions climatiques océaniques. Cette pra-
tique de pâturage n'aggrave pas la contamination des prairies par la présence de nouvelles
larves infestantes de strongles durant l'hiver, ni même au printemps. L'infestation des brebis
peut augmenter sur cette période par l'ingestion de larves infestantes de strongles au
début de l'hiver surtout avec une très faible hauteur d'herbe pâturée (1 à 2 cm). De plus,
un mauvais état corporel rend les animaux plus sensibles à l'infestation d'Ostertagia, par
l'ingestion des larves infestantes présentes sur les prairies.

Le désenkystement des larves de strongles de la muqueuse de la caillette va entraîner une


strongylose gastro-intestinale, ou ostertagiose de type II.

P â t u r a g e d e s moutons en zone s è c h e ou en montagne

La conduite des moutons dans les zones sèches (sud-est de la France, Cévennes, Quercy,
Périgord) ou de montagne se caractérise par des séquences de pâturage distinctes entre
le printemps, l'été et l'automne (figure 1.6). Au printemps, les larves qui ont survécu à

15
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

Nombres
de larves
infestantes
de strongles
gastro-
intestinaux
1000

Figure 1.6 Contamination des prairies en zone sèche par des larves infestantes de strongles
gastro-intestinaux.
Source : Institut de l'élevage

l'hiver sont peu nombreuses et l'infestation des brebis est peu importante. Le recyclage
des strongles est interrompu sur ces surfaces fourragères, dès que les animaux sont trans-
férés l'été dans les parcours ou dans les alpages. L'infestation estivale des moutons est
relativement réduite sur ces pâturages. Ils sont peu contaminés par des larves infestantes
de strongles gastro-intestinaux par l'absence d'animaux depuis de nombreux mois. De plus,
dans ces régions d'élevages, l'ensoleillement voire la sécheresse estivale limitent fortement
le développement des oeufs en larves infestantes et l'infestation des moutons par consé-
quent. Le pâturage d'automne pratiqué alternativement sur les repousses après récolte de
foin et sur les prairies de printemps maintient un faible recyclage parasitaire. L'infestation
des moutons demeure à un niveau faible avec peu de conséquences cliniques, excepté le
risque d'haemonchose (figures 1.7 et 1.8).

Parcours

A | M | T
Agnelage Lutte
Lutte Agnelage

Strongles digestifs
Hasmonchus
Œstres
Strongles pulmonaires •I
Acariens Acariens

Figure 1.7 Conduite de troupeaux de moutons en zones séchantes, infestation parasitaire.


Source: C. Mage

16
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Figure 1.8 Conduite de troupeaux de moutons en zones de montagne, infestation parasitaire.
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Source : C. Mage «JS
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Le diagnostic o
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Sur l'anima! vivant t/j
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Le diagnostic peut se réaliser sur les symptômes indiquant une suspicion de strongylose.
Une appréciation du niveau d'infestation est réalisable sur les agneaux encore non immu-
nisés par examen coprologique individuel (technique Mac. Master, technique Calamel-Soulé)
ou de mélange à partir de 5 ou 6 animaux. Le dénombrement des œufs de strongles gastro-
intestinaux par gramme de crottes (o.p.g.) indique le niveau d'infestation des agneaux
jusqu'à 5-7 mois. Sur les autres catégories de moutons, les résultats de l'examen coprolo-
gique ne sont pas extrapolables au nombre de strongles hébergés par l'animal. L'excrétion
fluctue avec l'état physiologique de la brebis et selon les genres de strongles. Elle est très
élevée chez un mouton malade qui est sur le point de mourir.

Sur l'animal mort


À partir d'une autopsie, on pratique au laboratoire d'analyses vétérinaires un bilan para-
sitaire qui comprend une numération et une identification des populations de strongles
présentes dans la caillette et dans l'intestin.

La prévention
La prévention consiste à contrôler l'infestation des moutons à un niveau compatible avec
les performances zootechniques des différentes catégories d'animaux. Dans tous les sys-
tèmes d'élevage, les ovins s'infestent avec des strongles gastro-intestinaux à divers degrés
durant le pâturage.

17
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La conduite alternée des moutons sur les prairies de pâtures et sur les prairies « saines »,
telles que les repousses d'ensilage, de foin ou sur des dérobées, facilite le contrôle de l'in-
festation des animaux. Toutes les pratiques de pâturage qui permettent aux agneaux
d'herbe après le sevrage d'exploiter des prairies « saines » sur le plan parasitaire sont à
développer. Dans la plupart des systèmes d'élevage de moutons, il faut intégrer une pré-
vention thérapeutique pour contrôler l'infestation et le développement de la strongylose.
Pour cela, il faut distinguer deux catégories d'anthelminthiques.

Les strongylicides à action immédiate


Ces médicaments détruisent les strongles gastro-intestinaux présents chez le mouton trois
heures après l'administration pour certains et trois jours environ pour d'autres (tableau 1.4).
Ils n'évitent pas les réinfestations (figure 1.10) aussitôt après le traitement lorsque les ani-
maux sont maintenus sur les prairies contaminées par les larves infestantes. Pour ces rai-
sons, les interventions thérapeutiques sont à organiser et à adapter selon les conduites de
pâturage (voir la fiche 37 «Le contrôle des strongles gastro-intestinaux»). Le choix du
strongylicide doit prendre en compte le développement biologique des strongles, stade
larvaire ou adulte pour avoir une bonne efficacité.

| Tableau 1.4 Anthelminthiques à action immédiate

Famille Matière active


Albendazole

Fenbendazole

Mébendazole
Benzimidazoles
Oxibendazole

Oxfendazole

Thiabendazole

Fébantel
Pro-benzimidazoles
Nétobimin

Imidazothiazole Lévamisole

Les strongylicides à action rémanente


Quatre anthelminthiques présentent une action rémanente à ce jour sur le marché fran-
çais. Ces médicaments éliminent les strongles gastro-intestinaux présents dans l'appareil
digestif et contrôlent la réinfestation des moutons par les larves infestantes ingérées avec
l'herbe pendant toute la durée de la rémanence (figure 1.9). L'absence de strongles chez
les brebis et chez les agneaux entraîne une interruption de l'excrétion d'œufs de strongles
dans les crottes pendant toute la durée d'activité du strongylicide et par conséquent sur
les larves infestantes sur la prairie. Le développement biologique des strongles étant inter-
rompu pendant une assez longue période, cela réduit la contamination des prairies.

18
Principe d'actions des médicaments
contre les strongles gastro intestinaux

jours
2-3

Doramectine
Moxidectine
Moxidectine LA

jours
14 21 28 35 100-110

Closantel = Hœmonchus

= Œstres

= Grande douve

jours

Figure 1.9 Principe d'action des strongylicides.

La moxidectine

Administrée par voie buccale et par voie injectable, elle présente une rémanence de 35 jours
sur les strongles Ostertagia. Ce médicament a une efficacité sur les autres strongles gastro-
intestinaux du mouton, mais la durée de rémanence n'est pas mentionnée dans l'autorisa-
tion de mise sur le marché (AMM). L'utilisation de la moxidectine à l'appui des données
épidémiologiques permet un contrôle de l'infestation des moutons pour les strongles, ainsi
que pour des Haemonchus. En production d'agneaux d'herbe, de bons résultats zootech-
niques sont obtenus avec un premier traitement six semaines après la mise à l'herbe et un
second traitement huit semaines après (soit 6 et 14 semaines après la mise à l'herbe).

La moxidectine LA qui s'administre par voie injectable à la base de l'oreille, présente une
rémanence de 110 jours sur les divers strongles gastro-intestinaux et pulmonaires (voir
figure 1.9). Cette molécule s'utilise par une injection sous-cutanée à la mise à l'herbe des
brebis. Le délai d'attente pour l'abattage est de 104 jours. L'utilisation est interdite sur les
brebis en production laitière avec transformation du lait.

19
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La doramectine

Administrée par voie injectable, elle présente une rémanence de 28 jours vis-à-vis des
strongles gastro-intestinaux et de 35 jours contre les strongles pulmonaires. Le délai d'at-
tente est de 70 jours pour la commercialisation des animaux et elle est interdite sur les
brebis laitières dont le lait est utilisé pour une consommation humaine.

L'ivermectine

Injectable par voie sous-cutanée, elle présente une rémanence de 2 à 3 semaines environ
dans l'organisme de l'animal. L'autorisation de mise sur le marché (AMM) n'a pas d'indi-
cation de durée de rémanence. Ce médicament agit sur les différents genres de strongles
gastro-intestinaux et pulmonaires infestant les moutons. Son utilisation est interdite sur
les brebis en production laitière. Le délai d'attente est de 28 jours pour l'abattage des
moutons et la commercialisation de la viande et des abats.

Le closantel

Actif essentiellement sur Hœmonchus, strongle de la caillette, ce médicament se fixe aux


protéines sanguines, ce qui apporte une durée d'activité dans l'organisme du mouton de
6 à 8 semaines (voir figure 1,9). Le produit n'est pas utilisable sur les brebis en production
laitière ni même avant l'agnelage.

Une particularité : les agnelles de


renouvellement en zone herbagère
Cette catégorie de jeunes animaux a d'importants besoins pour le développement sque-
lettique et pour la gestation. La conduite au pâturage sans complémentation en automne
favorise l'infestation par les strongles et le développement de la maladie (figure 1.10). Les
agnelles présentent bien souvent une perte d'état avec de la mortalité.

Hsmonchus y'

;
Ostertagia Bali
Agnelage
J | F M A M | J J A I S I 0 I N D
Sevrage

Figure 1.10 Infestation de strongles gastro-intestinaux des agneaux à l'herbe et des agnelles
de renouvellement.
Source: C. Mage

20
Des modalités particulières de prévention sont à entreprendre sur les agnelles de
renouvellement.

Toutes les agnelles nées en automne, élevées en bergerie et celles nées au printemps
reçoivent la prévention thérapeutique prévue pour les agneaux d'herbe selon les conduites
de pâturage.

Sur la période automnale, le contrôle de l'infestation s'effectue:

• par des traitements avec des antiparasitaires à action immédiate (voir tableau 1.4); ils
sont à réaliser avant la lutte et à l'entrée en bergerie;
• avec des antiparasitaires rémanents (tableau 1.5), pratiqués en automne en tenant
compte de la durée d'efficacité du médicament et de son spectre d'activité.

L'amélioration de l'état corporel des agnelles induit une meilleure fertilité et prolificité.

I Tableau 1,5 Anthelminthiques à action rémanente

Famille Matière active Durée de rémanence


Avermectine Ivermectine 15-21 jours
Doramectine 28 jours

Milbémycine Moxidectine 35 jours


Moxidectine LA 120 jours

Salicylanilides Closantel' 1 ' 6-8 s e m a i n e s

1,1
Actif essentiellement sur Hœmonchus.

Le traitement
Lors de strongylose gastro-intestinale, le traitement des moutons peut se réaliser:

• avec l'un des strongylicides à action immédiate (voir tableau 1.3, p. 18). Les médica-
ments éliminent la plupart des strongles gastro-intestinaux et les œufs de ces parasites
présents dans le tube digestif. La courte durée d'action de ces médicaments ne pro-
tège pas contre les réinfestations lorsque les moutons sont maintenus sur des prairies
contaminées par des larves infestantes de strongles;
• avec des strongylicides à action rémanente (tableau 1.4):
- Ivermectine et génériques injectables, doramectine
- Moxidectine, moxidectine LA
- Closantel (cf. fiche 2: L'hsemonchose)

Ces strongylicides éliminent les stades biologiques des strongles digestifs et contrôlent la
réinfestation des moutons durant la rémanence du produit.

Ces molécules assurent une action thérapeutique mais aussi une action de contrôle sur la
réinfestation des moutons maintenus sur des prairies pâturées auparavant.

21
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

L'haemonchose

La maladie - les symptômes


La maladie est due aux strongles de la caillette Hœmonchus. Elle se développe au pâturage
après infestation des moutons par des larves infestantes, L'haemonchose apparaît brutalement
dans un troupeau. Il n'est pas possible de prévoir la maladie qui peut se manifester dans tous
les élevages dans la période de juin à septembre principalement. Les agneaux à l'herbe sont
en général les premiers atteints dans le troupeau du fait de leur plus grande sensibilité à
l'infestation. Les brebis en mauvais état corporel ou venant d'allaiter au printemps sont une
autre catégorie d'animaux sensibles pouvant présenter une haemonchose pendant l'été.

Les brebis vides ou gestantes, en bon état corporel pendant l'été, sont moins exposées au
développement de la maladie. Cela explique essentiellement pourquoi les manifestations
cliniques ne s'observent pas sur toutes les brebis du troupeau. L'évolution de la maladie
est très rapide après l'infestation. Les symptômes se caractérisent par la perte d'appétit et
la prostration des animaux. Il peut y avoir une manifestation d'un œdème sous-glossien
appelé « la bouteille » (photo 2.1). L'anémie se développe simultanément et la mort des
moutons est rapide en l'absence d'un diagnostic établi dès les premiers symptômes. Cela
peut s'observer chez des agneaux d'herbe sevrés et complémentés au pâturage ou des
agnelles conservées pour le renouvellement du troupeau.

Photo 2.1 Brebis avec œdème sous glossien due à l'haemonchose.


Source : C.Mage

22
L'haemonchose peut se confondre avec une pathologie métabolique. Au départ, la Symp-
tomatologie évolue par un problème ruminai pour se terminer par une mortalité subite
comme dans le cas d'entérotoxémie « aiguë ».

Une autre phase évolutive de la maladie peut exister lors d'infestations massives à l'automne.
Dans ce cas, il peut y avoir inhibition des larves de 4 e stade dans la muqueuse de la cail-
lette. Cette inhibition des larves disparaît lors d'un stress tel que l'agnelage. La sortie mas-
sive des larves de la muqueuse de la caillette provoque parfois une pathologie de fin d'hiver,
début de printemps, sur des brebis affaiblies. Les symptômes sont l'apparition d'un oedème
sous-glossien (signe de la « bouteille »), une perte d'état corporel importante et rapide.
L'apparition de cette pathologie peut se confondre avec la fasciolose qui se caractérise par
les mêmes signes cliniques.

La biologie
Haemonchus contortus est un strongle de la caillette, rouge ou blanchâtre, de 10 à 30 mm
de long et de 0,4 à 0,6 mm de diamètre, qui est hématophage (photo 2.2).

Photo 2.2 Haemonchus adulte.


Source: Pfizer

Les adultes femelles pondent des œufs qui ne se distinguent pas des autres genres de
strongles gastro-intestinaux. Les œufs excrétés avec les crottes, par les moutons, sur la
prairie, poursuivent leur évolution sous des conditions climatiques particulières. L'évolution
en larve de 1 er stade (L1) nécessite de l'humidité au niveau du sol, mais surtout une tem-
pérature optimale comprise entre 18 et 26 °C pendant plusieurs jours consécutifs. Ensuite,
la larve évolue en larve de 2 e stade (L2), puis en larve de 3 e stade (L3) qui est le stade infes-
tant pour le mouton. Le développement biologique se déroule principalement de juin à

23
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

septembre, période pendant laquelle les conditions climatiques sont favorables (figure 2.1).
Le développement des larves infestantes s'effectue sur des prairies pâturées par des brebis
ou par des agneaux (photo 2.3). Les populations de larves infestantes sont peu nombreuses
par rapport aux autres genres de strangles gastro-intestinaux tels Ostertagia, Trichostrongylus.

Milliunités
de t y r o s i n e

Figure 2.1 Infestation des moutons par Haemonchus contortus et effets sur la caillette.
Source : C. Mage

Photo 2.3 Larve infestante r/'Hœmonchus contortus.


Source : Pfizer

24
LMnfestation naturelle
Les prairies sont contaminées d'une année à l'autre par des larves infestantes qui survivent
aux conditions climatiques hivernales. Le nombre de ces larves diminue durant l'hiver. Le
vieillissement de ces larves amène une diminution du nombre de larves durant l'hiver, avec
une élimination de cette génération en avril-mai.

La contamination des prairies est assurée par l'excrétion d'oeufs d'Haemonchus dans les
crottes des brebis et des agneaux. La nouvelle génération de larves se développe dès que
les conditions climatiques sont favorables, avec de l'humidité au sol et une température
moyenne supérieure à 18 °C pendant plusieurs jours consécutifs. La contamination des
pâturages se rencontre aussi bien sur les prairies pâturées de mars à novembre que sur
celles qui sont pâturées seulement début juillet, après la récolte des excédents fourragers
en ensilage. Le pâturage d'été sur repousses après ensilage par des agneaux ou des agnelles
de renouvellement permet l'évolution rapide en 3-4 jours d'une population de larves infes-
tantes relativement importante {tableau 2.1). Cette apparition brutale des larves infestantes
sur des pâtures illustre les conséquences pathologiques imprévisibles sur les animaux.

I Tableau 2.1 Contamination des prairies par Haemonchus contortus


Nombre de larves infestantes par kilo de matière sèche
Zone herbagère
Poitou- Limousin
Mois Zone sèche
Charentes Pâturage
Pâturage
permanent tournant
Mars 0 0 0 0

Avril 0 0 0 0

Mai 84 212 44 17

Juin 255 1 173 408 21

Juillet 179 954 212 232


Août 136 767 233 25

Septembre 78 742 378 13

Octobre 0 75 23 4

Novembre — 59 0 0

Source : Institut de l'Élevage

Le pâturage permanent, mais aussi la conduite de pâturage extensive des brebis et de leurs
agneaux jusqu'en juillet, puis des brebis seules augmentent de 2 à 3 fois plus les popula-
tions de larves infestantes qu'en pâturage tournant.

L'infestation des brebis et des agneaux se réalise essentiellement de mi-juin à début sep-
tembre, aussi bien dans les régions herbagères que sèches (sud-est de la France, Périgord,
Quercy). L'haemonchose peut se développer avec un faible nombre de strongles hébergés

25
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

chez le mouton. Des cas pathologiques sont observés avec des populations d'Hœmonchus
de 200 parasites comme de 6 000 parasites par animal. De plus, la maladie peut apparaître
aussi 5 à 7 jours au minimum après un traitement des moutons avec un strongylicide à
action immédiate. La courte durée d'action de ces médicaments ne contrôle pas la réinfes-
tation au pâturage.

Les larves & Hœmonchus provoquent une forte pathogénie par leurs actions mécanique et
traumatique (tableau 2.2) lors de l'évolution en adulte. La migration des larves dans les cel-
lules de la caillette provoque une inflammation, puis une congestion de la muqueuse avec
une hypersécrétion du mucus. Cette action traumatique développe un œdème de la sous-
muqueuse avec de l'hypertrophie et une modification du pH et de la pepsine (tableau 2.3).

| Tableau 2.2 Évolution des Hœmonchus contortus dans la caillette


Temps après Situation des parasites
infestation
6 heures 1 4 % de l a r v e s atteignent la caillette a v e c 3 7 % en position intra-muqueuse

24 h e u r e s Apparition des L4 d a n s la m u q u e u s e

48 h e u r e s Apparition des L4 à la s u r f a c e de la m u q u e u s e

4 e jour 8 7 % des l a r v e s sont à la s u r f a c e de la m u q u e u s e , 13% des l a r v e s sont d a n s


la m u q u e u s e

6 e jour Apparition des adultes immatures à la s u r f a c e de la m u q u e u s e

11 e jour 9 4 % de la population est au stade adulte

Source: A. Dakkak, Ph. Dorchies

I Tableau 2,3 Les effets de ('infestation par Hœmonchus contortus


Types de perturbations Valeurs moyennes
Modification du pH
- a v a n t infestation 1,8 à 2
- a p r è s infestation
• 2 e jour + 0,05
• 6 e -10 e jour 3,94
• 14e jour 3,20
• 6 e -22 e jour 3,90

Concentration de la pepsine (milli-unité de tyrosine)


- avant infestation 7 120-7 230
- a p r è s infestation
• 4 e jour 9 240
• 12 e jour 8 840

Source: A. Dakkak, Ph. Dorchies

Au stade adulte, le strangle a une action spoliatrice due à l'hématophagie d'Hœmonchus qui
prélève de 0,015 à 0,075 ml de sang par strangle et par jour. Cette spoliation est complétée

26
par des hémorragies importantes de la muqueuse de la caillette par les stades immatures et
les adultes d'Haamonchus (photo 2.4). L'anémie se développe aussitôt l'installation des strangles
dans la caillette et provoque un affaiblissement de l'organisme. Ceci favorise le développe-
ment d'infections bactériennes telles que les toxi-infections par Clostridium.

La digestion est perturbée par une diminution de la sécrétion d'acide chlorhydrique.


L'affaiblissement des animaux augmente la réceptivité des moutons aux autres types de
strongyloses.

Photo 2.4 Lésions de la caillette due à l'hœmonchose.


Source: C. Mage

Le diagnostic
Sur l'animal vivant
L'observation du comportement des brebis et des agneaux au pâturage est un des seuls
moyens de diagnostic qui permettent la décision d'une intervention thérapeutique.

La recherche des larves infestantes d'Hsemonchus sur l'herbe 1 peut être une aide au dia-
gnostic symptomatologique, mais la disponibilité des résultats est tardive par rapport à
l'évolution de la maladie.

1. La recherche de larves infestantes d'Heemonchus se réalise à partir de 100 à 200 prélèvements d'herbe sur la
parcelle où étaient les moutons malades. Les prélèvements s'effectuent au hasard sur toute la parcelle en coupant
l'herbe au ras du sol.

27
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

L'examen des crottes ou examen coproscoplque n'est pas un élément de diagnostic car il
ne distingue pas les genres d'œufs de strongles gastro-intestinaux.

Un dosage du pepsinogéne sanguin peut être pratiqué lors de suspicion de la maladie. Un


taux supérieur à 1 000 milli-unités est un indicateur de la dégradation de la muqueuse de la
caillette par les migrations des Hœmonchus durant la période à risque de l'haemonchose.

Sur l'animal mort


Après autopsie, le diagnostic est confirmé par le dénombrement des Hœmonchus dans la
caillette. Les strongles sont identifiables à leur couleur rouge/rosée et à leur taille de 10 à
30 mm de long. De plus, la caillette présente des lésions hémorragiques (photo 2.4), de
petits ulcères à certains endroits, des nodules blanchâtres et, bien souvent, une hyper-
trophie de la muqueuse.

La prévention
Aucune action n'est possible sur la conduite de pâturage pour contrôler l'infestation des
moutons du fait de la rapidité d'évolution du parasite. Le contrôle du développement de
l'haemonchose s'effectue par administration de strongylicides à action rémanente à la
période de risque parasitaire qui se situe de juin à septembre. Le contrôle de l'infestation
est de 6 à 8 semaines avec le closantel, de 35 jours avec la moxidectine, de 110 jours avec
la moxidectine LA et de 2 à 3 semaines avec l'ivermectine ou générique injectable.

Le traitement
En présence de signes cliniques d'haemonchose, le traitement peut être pratiqué avec l'un
des strongylicides (voir tableau 1.4, p. 21) ainsi qu'avec des molécules telles que le nitroxinil,
le closantel, la moxidectine et moxidectine LA, l'ivermectine ou des génériques. Tous ces
médicaments apportent dans la majorité des cas une guérison totale. Cependant, avec les
anthel minthiques à action immédiate de 3 à 70 heures, les réinfestations ne sont pas
contrôl ées. Une nouvelle haemonchose peut se manifester aussitôt après le traitement
lorsque les moutons sont maintenus sur une prairie contaminée par des larves infestantes
d'H&monchus. Les strongylicides à action rémanente apportent un contrôle de la réinfes-
tation pendant la durée d'activité du médicament après le traitement.

28
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La nématodirose (SI
O
Û£
Q

La maladie - les symptômes •-UJ

La nématodirose est provoquée par les strongles Nematodirus localisés dans l'intestin grêle.
La maladie est peu fréquente dans l'élevage ovin. L'infestation n'est que saisonnière et ne
se développe que chez des jeunes animaux au pâturage, âgés de moins de un an. Dans les
productions ovines, la nématodirose se manifeste de mai à juin sur des agneaux d'herbe de
l'année. Toutefois, le développement de la maladie est rapide et grave, avec de nombreux
agneaux atteints en même temps dans un lot. Les animaux présentent une diarrhée abon-
dante avec du mucus salissant l'arrière-train et la queue. Les agneaux présentent des signes
de douleurs abdominales, ils s'étirent, hésitent à se déplacer et présentent une soif intense.
Des infections bactériennes sont courantes, entraînant une déshydratation des agneaux
avec l'œil enfoncé. La maladie se traduit par une mortalité importante dès les 2-3 jours sui-
vants les premiers symptômes.

La biologie
Le strongle Nematodirus adulte mesure 10 à 30 mm de long et vit habituellement dans la
lumière du tube digestif, collé à la muqueuse. Il se nourrit de chyme ou détritus alimen-
taires, perturbe la digestion et spolie l'animal. On distingue Nematodirus filicolis,
Nematodirus helvetianus, Nematodirus spathiger, Nematodirus battus qui se différencient
au laboratoire par leurs aspects morphologiques.

Les œufs de Nematodirus produits par les stades adultes sont identifiables des autres genres
de strongles. Ils sont rejetés sur la pâture avec les crottes. Ils sont très résistants au froid et
peuvent survivre sur les prairies pendant deux ans. Dans le milieu extérieur, les œufs subissent
une évolution qui amène la formation de larve L1, puis de larve L2 et de larve L3.

Ce développement biologique se réalise dans l'œuf qui éclot dès la formation de la larve L3
ou larve infestante.

Après ingestion par le mouton, la larve évolue au stade adulte suite à une migration dans
la paroi digestive.

29
j j j ^ J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

L'infestation naturelle
Les larves infestantes apparaissent chaque année au printemps et la fréquence de l'infes-
tation des moutons est très variable même sur des prairies fortement contaminées. Ce sont
les larves L4 qui provoquent une action pathogène sur les animaux. Lorsque le développe-
ment des larves est important au début du printemps, la plupart des jeunes agneaux ne
broutent presque pas et ingèrent très peu de L3.

Par contre, si la contamination des prairies apparaît plus tard dans le printemps, les agneaux
seront capables de résister à l'infestation.

Les réactions immunitaires se développent à partir d'une primo-infestation vers l'âge de


10 à 12 semaines. À l'âge de 6 mois, les agneaux ne sont plus sensibles aux larves infes-
tantes ingérées avec l'herbe. En production d'agneaux d'herbe, l'âge critique se situe entre
4 et 10 semaines.

Le diagnostic
Le diagnostic se pratique essentiellement par l'observation des symptômes. L'examen copro-
logique a peu d'intérêt chez des moutons malades car la phase de maladie est due aux
larves L4. Ces stades larvaires ne produisent pas d'œufs de Nematodirus.

La prévention
11 n'y a pas de mesure particulière à prendre sur les conduites de pâturage existantes. La
prévention thérapeutique réalisée pour le contrôle de l'infestation des moutons par les
strongles gastro-intestinaux, intervient également sur le strongle Nematodirus.

Le traitement
Lors de nématodirose, le traitement est pratiqué sur tous les agneaux du lot avec un stron-
gylicide. Les anthelminthiques à action immédiate ne contrôlent pas les réinfestations qui
peuvent se développer les jours suivants, lorsque les animaux sont maintenus sur une prairie
contaminée. Certaines molécules de la famille des avermectines n'ont pas d'efficacité contre
Nematodirus.

30
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La strongyloïdose

La maladie - les symptômes


La strongyloïdose est une strongylose gastro-Intestinale due aux Strongyloïdes, localisés
dans l'intestin grêle.

La maladie se rencontre principalement chez les agneaux de bergerie, mais aussi parfois
chez les agneaux d'herbe au moment du sevrage.

Le développement de la maladie est pratiquement simultané avec celui de la coccidiose.


Ceci implique que la strongyloïdose est bien souvent identifiée après la guérison de la
coccidiose.

La maladie se manifeste sous forme d'entérite aiguë parfois hémorragique. Le symptôme


dominant est la diarrhée, avec du mucus jaunâtre ou noirâtre, et des cas d'hémorragies.
Les agneaux présentent une soif intense, un appétit diminué et un amaigrissement parfois
important.

La biologie
Le strongle Strongyloïdes mesure de 3,5 à 6 mm de longueur et vit dans l'intestin grêle.
Les vers se situent dans des galeries qu'ils creusent dans l'épithélium glandulaire ou dans
la sous-muqueuse. Ils se nourrissent des tissus intestinaux du mouton.

Les œufs émis par les strongles commencent leur développement dans l'intestin grêle de
l'agneau. C'est un œuf embryonné qui est rejeté avec les crottes dans le milieu extérieur
(photo 4.1). Ils éclosent très rapidement et donnent des larves qui deviennent infestantes
ou larve L3.

31
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

Photo 4.1 Œufs de Strongyloïdes.


Source : Pfizer

L'infestation du mouton s'effectue par la pénétration transcutanée des larves infestantes.


Les larves migrent par la voie lymphatique, puis sanguine, passent par les poumons.
Toutefois, l'infestation peut s'accomplir par la bouche lors de léchage. Ensuite, les parasites
sont déglutis et parviennent dans l'intestin grêle.

L'infestation naturelle
La voie normale de l'infestation des moutons est la pénétration transcutanée des larves
infestantes. Cette pénétration peut être assurée par contact de la peau avec la litière, les
fèces... L'infestation des moutons est favorisée par la concentration des animaux dans les
bâtiments ou dans les zones de parcage.

Les agneaux sont plus sensibles à l'infestation que les brebis car la peau plus fine et plus
souple facilite la pénétration des larves. De plus, une réaction immunitaire se développe
à l'âge de 9 mois. C'est pour cela qu'une primo-infestation s'installe plus facilement qu'une
réinfestation et concerne les agneaux principalement. Ceci est aggravé lorsque le mouton
est affaibli et surtout en présence d'une infestation de coccidies qui diminue les défenses
locales de l'intestin grêle.

L'infestation entraîne une action pathogène de nature traumatique et irritative, suite aux
perforations de la peau ou des muqueuses digestives pendant la migration.

32
Le diagnostic
Le diagnostic peut s'orienter sur les symptômes avec toutefois des difficultés d'interpréta-
tion. La recherche des œufs par examens coprologiques dès les premiers symptômes précise
l'absence ou la présence de Strongyloïdes. Les œufs sont de petite taille et identifiables
par rapport à ceux des autres strongles.

La prévention
La prévention consiste à éliminer les éléments infestants dans les bâtiments d'élevage par
une désinfection à l'eau bouillante à haute pression. Cette désinfection doit être pratiquée
au moins à l'entrée et à la sortie de bergerie.

Le traitement
Dès le diagnostic de la strongyloïdose, le traitement est réalisé sur tous les agneaux du lot
avec un strongylicide.

33
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La monieziose

La maladie - les symptômes


Le Moniezia expansa ou ténia de son nom commun, localisé dans l'intestin grêle, est res-
ponsable de la maladie. Elle se développe principalement chez les agneaux au pâturage.
Le parasite s'implante dans la muqueuse de l'intestin grêle par la fixation du scolex.
L'extension en longueur de Moniezia entraîne un encombrement du tube digestif. Le para-
site provoque une réaction traumatique par l'irritation de la muqueuse intestinale, une
spoliation des nutriments tels le calcium et la vitamine B, et secrète des substances
« toxiques ». Les symptômes se manifestent principalement sur l'agneau d'herbe par une
perte d'état corporel rapide et importante. Les animaux présentent un ventre ballonné,
une laine sèche et terne. La diarrhée apparaît avec de temps à autre des morceaux blan-
châtres qui sont des anneaux de Moniezia. Cette pathologie parasitaire se complique par-
fois par le développement d'une entérotoxémie. L'irritation des cellules de l'intestin par
les ténias favorise la production des bactéries Clostridium responsable de mort brutale des
agneaux (entérotoxémie). Les signes cliniques de monieziose sont rares chez les brebis.

La biologie
Le Moniezia se localise dans l'intestin grêle. De couleur blanchâtre, il mesure environ 3 à
5 m de long sur 1 à 2 cm de largeur. Le Moniezia est constitué d'anneaux contenant des
œufs qui sont rejetés dans les crottes sur la prairie ( p h o t o 5.1).

Photo 5.1 Œufs de Moniezia.


Source : Pfizer

34
L'évolution biologique se poursuit chez un hôte intermédiaire, l'oribate, qui est un acarien
vivant dans le sol des pâtures. Les oribates ingèrent les œufs de Moniezia et plusieurs stades
larvaires se succèdent pour atteindre celui de cysticerques. Ce stade de développement
larvaire dure de 1 à 3 mois lorsque la température est comprise entre 25 et 30 °C et de 3 à
5 mois entre 18 et 20 °C. Ceci est le dernier stade évolutif de Moniezia dans l'oribate. Après
l'ingestion de l'hôte intermédiaire avec l'herbe par le mouton, la larve est libérée dans
l'intestin grêle, elle se fixe à la muqueuse par le scolex (tête du Moniezia, photo 5.2) pourvue
de quatre ventouses. Les cysticerques se développent en Moniezia adulte avec une succes-
sion d'anneaux (photo 5.3). Les plus anciens sont repoussés vers l'extrémité postérieure du
ver pour la production de nouveaux anneaux à partir du scolex

Photo 5.2 Tête de Moniezia. Photo 5.3 Moniezia dans l'intestin


Source: Parasitologie ENV Nantes de l'agneau.
Source: C. Mage

L'infestation naturelle
Les ovins s'infestent au pâturage par l'ingestion des oribates avec l'herbe. Les animaux de
première année d'herbe (agneaux, agnelles) sont les plus sensibles à l'infestation. En pra-
tique, seuls les jeunes présentent une infestation conséquente surtout dans les premiers
mois de pâturage. Les agneaux peuvent être infestés par 10 à 30 Moniezia dans l'intestin
grêle. Cela se traduit par une chute de croissance importante et rapide. C'est au printemps
et au début de l'été que l'infestation des agneaux se réalise. Toutefois, l'infestation avec
plusieurs dizaines de ténias se développe aussi en automne sur les agneaux nés en fin d'été
qui pâturent avec leur mère. Le risque existe sur toutes sortes de pâturage, mais il est plus
important sur les prairies naturelles que temporaires.

Les autres catégories de moutons ont développé un état immunitaire qui réduit, voire sup-
prime l'infestation des animaux. Il apparaît que c'est plutôt l'infestation répétée et pro-
gressive qui entraîne le développement de la maladie qu'une infestation massive sur une
courte période.

Des traitements antiparasitaires non raisonnés ont des conséquences parfois néfastes sur
l'infestation. L'absence d'activité ovicide de la plupart des médicaments a pour conséquence

35
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

que les œufs de Moniezia sont rejetés viables dans les crottes et contaminent la prairie.
Les oribates infestés sont en plus grand nombre et en contrepartie, cela augmente le risque
d'infestation des jeunes animaux qui pâturent.

L'infestation naturelle existe dans tous les systèmes d'élevage de toutes les régions, que ce
soit en zone herbagère, en zone sèche ou en montagne.

Les oribates

Ce sont des acariens de 0,4 à 1 mm de long, vivant dans le sol des prairies. La densité est estimée
à 10 000 par mètre carré. Ils vivent de 12 à 18 mois, enfouis dans le sol l'hiver, ce qui pérennise
l'infestation d'une a n n é e à l'autre, et fixés au pied des végétaux le reste du temps. Les oribates
sont sensibles à la sécheresse. Ils sont mobiles et s'infestent facilement puisqu'ils absorbent de la
nourriture d'origine fécale.

Le diagnostic
L'infestation des ovins se diagnostique par la présence d'anneaux blanchâtres de Moniezia
dans les crottes. Le diagnostic visuel est praticable 4 à 6 semaines après une primo-infes-
tation d'agneaux à l'herbe. Ce procédé est le plus précoce pour détecter une infestation
par Moniezia.

Le diagnostic peut être effectué par la recherche d'œufs de Moniezia dans les crottes
(examen coprologique). L'excrétion d'œufs est irrégulière dans les crottes et l'examen peut
être négatif en présence d'animaux infestés. Par ailleurs, le nombre d'œufs de Moniezia
n'a pas de relation avec le degré d'infestation des moutons.

La prévention
La suppression des oribates, hôtes intermédiaires dans le sol est impossible. Le pâturage
sur des prairies temporaires d'une durée de 4 à 5 ans n'interrompt pas le cycle évolutif des
Moniezia. Seule la prévention thérapeutique peut être entreprise. Elle consiste à traiter
les jeunes animaux de 1 r e année d'herbe sensibles à l'infestation.

Le contrôle de l'infestation des agneaux d'herbe nés en fin d'hiver peut se concevoir avec
deux traitements au minimum: un premier traitement un mois et demi environ après la
mise à l'herbe et un second traitement début juillet.

Les systèmes de conduite de pâturage des agneaux sur les mêmes prairies au printemps et
en été augmentent le niveau de contamination des pâtures et de l'infestation des agneaux.
Cette situation de pâturage nécessitera une intervention supplémentaire en cours d'été
pour contrôler l'infestation des agneaux.

Pour ne pas aggraver la contamination des prairies par l'expulsion d'œufs de Moniezia
après tout traitement, il faut maintenir les moutons 12 heures au minimum en dehors du
pâturage, soit en bergerie, soit dans un parc.

36
Les traitements antiparasitaires sont à réaliser et à raisonner selon les principales pratiques
de pâturage. Wï
O
Les antiparasitaires (tableau 5.1) contre Moniezia se classent en deux catégories : N
111

• Activité spécifique sur Moniezia : la matière active est le praziquantel. Ce médicament


n'a pas une activité totale sur les œufs de Moniezia.
• Activité sur Moniezia et sur les strongles : c'est le cas de certains anthelminthiques de
la famille des benzimidazoles et des pro-benzimidazoles. Ces antiparasitaires ont une
action immédiate sur le parasite après l'administration et ne détruisent pas les œufs
de Moniezia chez l'animal. L'activité thérapeutique est obtenue en respectant la poso-
logie. Par contre, d'autres antiparasitaires nécessitent parfois des adaptations de poso-
logie pour obtenir une efficacité acceptable.

Le produit TENIFIT®, issu de l'aromathérapie, a une activité contre Moniezia, et n'est pas
ovicide.

I Tableau 5.1 Antiparasitaires contre Moniezia


Famille Matière active Noms commerciaux
Pyrazino-isoquinoléine Praziquantel Cestocur®

Albendazole V a l b a z e n ® - Disthelm®
Benzimidazoles Fenbendazole Panacur®
Oxfendazole S y n a n t h i c ® - Oxfénil®

Fébantel Rintal®
Pro-benzimidazoles
Nétobimin Hapadex®

Le traitement
Lorsque des moutons présentent des symptômes de monieziose, une intervention théra-
peutique est à réaliser sur les animaux malades. L'activité thérapeutique s'obtient avec l'un
des antiparasitaires actifs contre Moniezia. Il est important de ne pas aggraver la conta-
mination de la prairie par le rejet des œufs dans les crottes après traitement.

37
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La coccidiose

La maladie - les symptômes


La maladie est provoquée par les coccidies, parasites de l'intestin grêle qui vivent et se
multiplient dans les cellules épithéliales. La multiplication des différents stades biologiques
de coccidies pathogènes: Eimeria ovinoidalis, Eimeria ovina, Eimeria crandallis détruisent
une partie, voire la totalité de la muqueuse intestinale (tableau 6.1). La coccidiose est plus
spécifique chez l'agneau élevé en bergerie et avec une plus faible fréquence chez l'agneau
à l'herbe que chez la brebis.

[Tableau 6.1 Principales espèces de coccidies des ovins

Espèces
Eimeria ovinoidalis Eimeria weybridgensis Eimeria faurei
Eimeria crandallis Eimeria punctata Eimeria granulosa
Eimeria ovina Eimeria parva Eimeria intricata
Eimeria ashata Eimeria pallida

Cette parasitose entraîne une coccidiose clinique dès le jeune âge des agneaux avec une
diarrhée hémorragique, parfois noirâtre (photo 6.7), ou une constipation dans certains cas.
Il peut y avoir une première phase de coccidiose chez le jeune agneau de 12-16 jours due
aux premiers stades biologiques du parasite, les schizontes de 1 re et 2 e génération. Ce sont
ces éléments parasitaires qui provoquent la destruction des cellules dans l'intestin. Les
symptômes sont la diarrhée et il n'y a pas d'excrétion parasitaire dans les crottes.

Photo 6.1 Agneau atteint de coccidiose.


S o u r c e : C. Mage

45
Une seconde phase de coccidiose clinique après 3-4 semaines d'âge est provoquée par les
gamontes, stades biologiques terminaux du parasite. Ils sont localisés dans le caecum et l'iléon,
entraînant une destruction des cellules. La diarrhée peut devenir très abondante, avec émis-
sion de muqueuse poisseuse qui se colle à la laine. Elle peut évoluer en dysenterie.

L'agneau a parfois des coliques avec efforts expulsifs. En position debout, l'agneau a le dos
voussé, les membres rassemblés. La laine est sèche, terne, avec parfois des taches blanches
sur les flancs. L'état général se détériore, il y a une perte d'appétit, une soif intense, un
amaigrissement et de l'anémie.

Lors de phase aiguë, la coccidiose entraîne des troubles nerveux. Elle a un caractère endé-
mique et, parfois, une allure épidémique. La coccidiose se développe en priorité sur les
agneaux en bergerie. Toutefois, la maladie se rencontre sur les agneaux d'herbe après la
mise à l'herbe, ainsi qu'au sevrage et lors de sous-alimentation durant l'été ou l'automne.
Elle apparaît aussi bien en élevage traditionnel qu'en élevage industriel.

Les conditions d'hygiène du bâtiment favorisent l'évolution et la survie du parasite. Les


changements de conditions d'habitat, de nourriture, les stress et diverses interventions
thérapeutiques sont des facteurs favorisant le développement de la maladie chez les mou-
tons, surtout chez les agneaux et les agnelles. La mortalité est assez fréquente lors de
traitement tardif sur les animaux.

Il existe aussi une coccidiose subclinique qui se traduit par des conséquences zootechniques
et économiques dans la production d'agneaux de boucherie et d'agnelles de renouvelle-
ment et dans la plupart des systèmes de production. La croissance des agneaux est per-
turbée, avec un allongement de la durée d'élevage et des répercussions sur le classement
des carcasses.

La biologie
Les parasites libèrent des ookystes dans le milieu extérieur avec les crottes. Dans un milieu
humide, l'ookyste survit plusieurs mois. Les ookystes fixés à la litière, aux murs, aux man-
geoires, aux râteliers poursuivent leur évolution par une sporulation, donnant des sporo-
zoïtes, éléments infestants.

Les coccidies sont localisées dans les cellules épithéliales de l'intestin et libèrent des ookystes
rejetés dans le milieu extérieur avec les crottes. À ce stade d'évolution, leur forme est sphé-
rique, de 15 à 20 microns de diamètre. Dans un milieu humide, l'ookyste survit plusieurs mois.

Le froid ne détruit que partiellement des ookystes après une longue durée d'exposition
(moins de 8 °C pendant 2 mois), mais le pouvoir infestant est éliminé assez rapidement en
15 jours. Le soleil stérilise les ookystes par action conjointe des ultra-violets et de la dessic-
cation. Par contre, la fermentation des fumiers et, à un degré moindre, les lisiers sont nocifs
pour les ookystes.

Après ingestion de l'ookyste (photo 6.2) par les moutons, la bile et la trypsine dégradent
l'enveloppe du parasite. Cet élément parasitaire quitte le duonédum et entre dans les cel-
lules de l'épithélium de l'intestin grêle (figure 6.1). Une première génération se développe
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

appelée schizontes de 1 r e et 2 e génération. Elle est issue d'une multiplication asexuée


nommée schizogonie. Le cycle se poursuit dans le gros intestin, c'est la phase de gamogonie,
par l'évolution d'une seconde génération de coccidies, les gamontes de 1 re et 2 e généra-
tion. La durée du cycle varie avec l'espèce de coccidies. La période prépatente est de 16 à
18 jours.

Photo 6.2 Ookyste de coccidie ou élément infestant.


Source: Parasitologic ENV Nantes

GAMOGONIE
GROS INTESTIN

SECONDE
GÉNÉRATION
SCHIZOGONIE

mérozoites

/•:f V GENERATION ENVIRONNEMENT


SCHIZOGONIE EXTÉRIEUR

Trophozoites
dans les cellules SPORULATION Wookystes
endothélia les
Ookyste s
sporozoïte sporulés L*.
INTESTIN ingérés par
¿Ssporoblastes
GRÊLE l'agneau I
j) 4sporocytes
avec 2 sporozoites
chacun

Figure 6.1 Biologie des coccidies Eimeria.


Source: C. Mage

40
L'infestation naturelle
Les agneaux ingèrent les ookystes sporulés par léchage et vivent avec une infestation de
coccidies dans l'intestin. L'infestation entraîne une coccidie subclinique chez la majorité
des animaux, ce qui ralentit la croissance et allonge les durées d'élevage. Cette infestation
naturelle évolue en coccidiose clinique chez certains agneaux du lot par des facteurs favo- Q
risant tel que le stress, les écarts de température, les changements alimentaires.

L'infestation naturelle se réalise principalement dans les bâtiments d'élevage. La première


infestation du mouton a lieu dans les premiers jours après la naissance. Le degré d'infes-
tation des animaux peut être aggravé par des pratiques d'élevage qui augmentent la
contamination des bâtiments. En effet, cette contamination est assurée principalement par
les agneaux (photo 6.3) dont l'excrétion d'ookystes augmente lors du sevrage, du change-
ment de nourriture, de traitement divers. La concentration des agneaux dans ces locaux
favorise le développement d'une forte infestation et le maintien d'un environnement à
risque de coccidiose. Cette situation s'observe aussi dans des systèmes d'élevage à l'herbe,
pratiquant le surpâturage et un passage journalier sur les mêmes lieux.

Photo 6.3 Diarrhée de coccidiose du jeune agneau.


Source : C. Mage

L'infestation de coccidie entraîne une diminution de l'absorption et de la digestion des


protéines. Elle modifie le rapport entre les globulines et favorise le développement d'une
flore anaérobie de l'intestin avec présence de Clostridium.

41
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

C'est une maladie parasitaire dominante chez les agneaux de bergerie. Après un an d'âge
et sur les brebis, l'infestation est moins importante, la fréquence des cas cliniques est faible
et l'excrétion d'ookystes est fortement réduite (figure 6.2).

ookystes par grammes de crottes (o.p.g)

22000 -,

Figure 6.2 Excrétion d'ookystes de coccidies par les brebis et les agneaux.
Source: C. Mage

Le diagnostic
Sur l'anima! vivant
Les symptômes de diarrhée hémorragique ou noirâtre avec une laine sèche et un ventre
resserré chez les agneaux sont des orientations de diagnostic de coccidiose. Toutefois, cette
symptomatologie n'est pas spécifique de la maladie chez des moutons à l'herbe.

L'orientation de diagnostic peut être complétée par la mise en évidence d'ookystes par
examens coproscopiques à partir de crottes. Un typage d'espèces de coccidies indique la
présence ou non de coccidies pathogènes. Le dénombrement d'éléments parasitaires (copros-
copie) n'est pas un élément d'appréciation du degré d'infestation ni de la maladie. L'examen
peut être négatif lors de coccidiose car les desquamations de la muqueuse intestinale
entraînent les ookystes dans le milieu extérieur. Il faut diagnostiquer les espèces de cocci-
dies pour identifier celles qui sont pathogènes.

Un diagnostic thérapeutique peut être pratiqué. Il consiste à traiter quelques moutons malades
avec un anticoccidien et à observer si la guérison est obtenue les 3 ou 4 jours suivants.

42
Sur l'animal mort
Le diagnostic peut s'effectuer par autopsie du ou des premiers agneaux morts à partir des
lésions intestinales. La coccidiose entraîne la disparition de morceaux de muqueuse intes-
tinale. La muqueuse est plus ou moins enflammée avec des lésions hémorragiques visibles
sur une grande partie de l'intestin. Elle est surtout amincie avec une diminution des villo-
sités. On peut relever des taches blanches sur la muqueuse correspondant à des lieux de
multiplication parasitaire. Toutefois, des formations de nodules contenant des éléments
parasitaires sont visibles sur la muqueuse.

La prévention
Hygiénique
Les ookystes, éléments infestants, sont très résistants aux agents chimiques. Le formol, les
acides phénoliques, sulfuriques n'ont pas d'action. Il en est de même pour l'eau de javel.

La prévention consiste à éviter que les agneaux s'infestent dans les premières semaines
après la naissance dans des bergeries ou dans les parcs d'agnelage. La destruction des
ookystes ne s'obtient que par l'eau bouillante (photo 6.4). Le contrôle de l'infestation des
moutons nécessite une désinfection des bâtiments d'élevage après un décapage du sol,
des murs et des râteliers par pulvérisation d'eau bouillante à haute pression à la rentrée
en bergerie. Le sol, les râteliers, les murs jusqu'à 1 m de hauteur sont à pulvériser.

Photo 6.4 Désinfection à haute pression avec de l'eau bouillante.


Source: C. Mage

43
n
I t j LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTiVES

Ce mode de prévention est prioritaire dans les bâtiments d'engraissement successif de lots
d'agneaux. Il est à réaliser entre la sortie et l'arrivée d'un nouveau lot d'animaux et après
enlèvement du fumier. Cette intervention doit être complétée par la réalisation d'un pail-
lage et d'une aération correcte, ainsi que par la suppression de zones humides.

Thérapeutique
Le contrôle de l'infestation de coccidies s'effectue par une intervention thérapeutique réa-
lisée dès le plus jeune âge de l'agneau, afin d'agir sur les premiers stades du parasite. Après
l'élimination des premiers stades biologiques que sont les schizontes, il y aura peu de
gamontes, stades terminaux de coccidies, avec ainsi peu de dégradation de la muqueuse
de l'intestin et peu de risques de coccidiose clinique (figure 6.3).

Naissance agneaux

coccidiose subclinique coccidiose clinique

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12113114 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30131132133134135 36 37

• 1 1
Toltrazuril

I l ! ! ! ! I ! I Sulfamide
'1111111
| | | | | | | | Dicjazuri | 1

- Distribution aliments -
,¡ • ' ' Produits naturels ! Í ! 1 1
i r—

Figure 6.3 Principe de contrôle des coccidioses de l'agneau de bergerie.


Source: C. Mage

La réalisation de l'intervention thérapeutique doit tenir compte du mode d'action et de


la durée d'activité du médicament sur les stades biologiques des coccidies. Les anticocci-
diens disponibles permettent des interventions par drogage à tout âge de l'agneau. Par
contre, avec un produit incorporé à l'aliment, l'agneau n'est en mesure de le consommer
qu'à partir de 12-15 jours d'âge. Dans ce cas, la distribution est assurée sur une période de
30 jours, ou par séquence de 15 jours avec un apport pendant 10 jours.

Selon la métabolisation des médicaments anticoccidiens, il faudra un second traitement


15 à 20 jours après, ou en début de période à risque d'infestation.

Pour les agneaux d'herbe, le contrôle de l'infestation de coccidies s'effectue avec une inter-
vention thérapeutiq ue dès le jeune âge et au moment du sevrage, voire à la mise en ber-
gerie pour la finition d'engraissement.

44
La phytothérapie présente des produits avec une activité contre les coccidies, surtout sur LU
les premiers stades biologiques, les schizontes. Ces produits ont une action centrée sur la V»
prévention, car ils n'ont pas d'effet positif pour obtenir une guérison chez des agneaux
avec des symptômes de coccidies cliniques.
u
Il existe des produits d'aromathérapie efficaces contre les coccidies. s'agit de Eimericox™,
w
Oilis™, etc. O
u
Dans la production d'agneaux de bergerie où l'on recherche les performances pour pro-
duire de la viande, un anticoccidien est distribué ou incorporé à l'aliment (tableau 6.2).
Cette intervention thérapeutique peut être appliquée pendant le premier mois d'engrais-
sement ou par séquence durant l'engraissement (ex. : tous les 15 jours avec un apport pen-
dant 10 jours).

I Tableau 6.2 Principaux anticoccidiens

Matière active Noms commerciaux


Sulfadimétoxine 20% Nombreux
Sulfadimérazine 33% Nombreux
Sulfadimidine Sulfadimerazine®

Deccox®
Acti D e c o c c i
Décoquinate
Rumicox®
Mediamix V Alicox®

Diclazuril Vecoxan®

Toltrazuril Baycox® ovis

Le traitement
Lorsque des symptômes de coccidiose sont identifiés sur un ou plusieurs moutons, le trai-
tement est à pratiquer rapidement sur tous les animaux du lot.

Les traitements sont pratiqués dès les premiers symptômes de coccidies cliniques (diarrhée,
laine sèche...). La guérison sera d'autant mieux obtenue que le traitement pratiqué sera
précoce. En présence de quelques cas cliniques de coccidioses dans un lot, on effectue un
traitement des agneaux malades. Si le nombre d'animaux malades est important, on pra-
tique un traitement anticoccidien sur tous les agneaux du lot, pour ne pas avoir de cocci-
dioses cliniques à répétition. Avec les sulfamides, il est suggéré de faire le traitement
pendant 5 jours consécutifs.

45
M LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La cryptosporidiose

La maladie - les symptômes


La cryptosporidiose est une affection des agneaux nouveau-nés. Les animaux malades pré-
sentent souvent une diarrhée verdâtre à noirâtre, de la déshydratation. Les lésions provo-
quées par la cryptosporidiose à la surface de l'intestin grêle entraînent une perturbation
de l'absorption digestive et une forte sécrétion de mucus, déclenchant ainsi la diarrhée.
De nombreux agneaux sont infestés par des cryptosporidies et la maladie peut concerner
une grande partie des animaux d'un même lot. Elle se développe chez des agneaux immuno-
déprimés suite à un passage d'infections bactériennes et virales ou après d'importants
changements de température. L'affaiblissement de l'animal peut évoluer vers la mort sur-
tout lorsqu'il y a association de plusieurs vecteurs.

La biologie
Les cryptosporidies sont localisées dans les cellules épithéliales de l'intestin grêle en posi-
tion extracytoplasmique. Ces parasites produisent des ookystes qui sont rejetés dans le
milieu extérieur avec les matières fécales. L'excrétion peut être importante et peut atteindre
des chiffres de 1 à 7 millions d'ookystes par gramme par animal. L'évolution biologique
est rapide permettant d'avoir des ookystes sporulés en 3 à 4 jours après l'infestation. Les
agneaux nouveau-nés s'infestent en ingérant les ookystes qui, dans l'appareil digestif,
libèrent des sporozoïtes s'attachant aux cellules épithéliales. Se développent ensuite des
trophozoïtes qui présentent une multiplication axesuée (mérogonie ou schizogonie) pour
donner des mérontes qui vont à leur tour parasiter d'autres cellules et produire une nou-
velle génération de mérontes.

Le diagnostic
Le diagnostic clinique n'est pas possible car aucun symptôme n'est caractéristique de la
cryptosporidiose. Par contre, le diagnostic de laboratoire est envisageable par la mise en
évidence des ookystes de cryptosporidies dans les matières fécales. Celle-ci s'appuie sur des
techniques de coloration, de flottaison et/ou de sédimentation, d'immunofluorescence et
de marquages immunologiques.

46
L'infestation naturelle
Les agneaux nouveau-nés s'infestent dans le milieu extérieur par léchage de la paille, des
murs, des râteliers. L'infestation peut être directe d'un animal malade à un animal sain ou
Indirecte par l'alimentation ou l'eau renfermant des ookystes de cryptosporidies. Les ookystes
sont très résistants dans le milieu extérieur dès lors qu'ils ne sont pas soumis à de fortes
températures ou à la dessiccation : la survie est de 3 mois à 15-20 °C, plus de 1 an à 4-6 °C.

Prévention
La prévention consiste à détruire autant que possible les parasites dans l'environnement
et réduire les possibilités de contact du parasite avec les animaux. Le nettoyage des bâti-
ments d'élevage doit se faire à l'eau bouillante à haute pression. La plupart des désinfec-
tants chimiques aux posologies usuelles sont inefficaces.

Traitement
Il n'y a pas de médicament disposant d'une autorisation de mise sur le marché (AMM).
Toutefois, le traitement des agneaux malades peut se concevoir avec l'une des trois molé-
cules qui donnent des résultats variables: le lasalocide, le lactate d'halofuginone, le
décoquinate.

47
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La paramphistomose

La maladie - les symptômes


La paramphistomose est due à la présence de paramphistomes dans le rumen et de stade
larvaire du parasite en migration dans la caillette et le duodénum. Les symptômes sont
peu caractéristiques. On observe de la diarrhée, une perte d'état corporel et, comme l'on
se trouve souvent en présence de polyparasitisme, il est difficile de faire la part de ce qui
est dû aux paramphistomes. Les fèces sont parfois très liquides et noirâtres.

Moins l'état corporel des moutons est bon, plus ils sont sensibles à l'infestation et aux
manifestations cliniques. Les paramphistomes sont parfois à l'origine de nécrose de la paroi
du rumen. Ces lésions du rumen entraînent des perturbations de la digestion des aliments
et sont responsables de l'amaigrissement rapide et important, pouvant conduire à des
avortements chez certains animaux en mauvais état de santé.

En situation de forte infestation parasitaire, la paramphistomose peut amener à des pertes


de laine, le mouton est plus lent pour se déplacer, et peut présenter des grincements de
dents dus à la douleur digestive.

C'est une parasitose présente dans les élevages qui ont des zones de pâturage humides.

La biologie
Les paramphistomes sont de la famille des trématodes, comme la grande douve. Deux
espèces de paramphistomes sont présents en France: Paramphistomum daubneyi et
Paramphistomum cervi. Ces parasites sont de forme ovoïde et de couleur rosée, fixés par
leur ventouse à la paroi ruminale ( p h o t o 8.1). Ils sont localisés entre les papilles du rumen
et sont parfois très nombreux, plusieurs milliers.

Photo 8.1 Paramphistomes dans le rumen.


Source : C. Mage

48
Des œufs de paramphistomes sont rejetés dans le milieu extérieur avec les fèces à raison
de plusieurs centaines par gramme de crotte. En présence d'humidité au sol et d'une tem- i/t
pérature de 10 à 15 °C minimum, l'évolution biologique en zone humide sur les prairies O
donne un miracidium qui se déplace dans l'eau à la rencontre d'un hôte intermédiaire: un S
escargot aquatique, Lymnaea truncatula, Lymnaea glabra ou planorbe. Après une trans- o
H-
formation dans l'escargot aquatique en sporocystes puis en cercaires, ces derniers quittent
%A
la limnée, et se transforment en métacercaires, les éléments infestants, qui se fixent à
l'herbe et résistent dans le milieu extérieur aux différentes conditions climatiques. X
Q.
S
L'infestation naturelle <

<
O.
Les moutons s'infestent en ingérant les métacercaires avec l'herbe dans les zones humides,
marécageuses, dans les prairies avec une irrigation par immersion. Plus les animaux surpâ-
turent dans les endroits humides, plus l'infestation augmente. Elle se développe surtout
pendant la période estivale et en automne lorsque l'herbe est rase dans les prairies. Le
niveau parasitaire est aggravé par un pâturage des moutons dans les endroits humides lors
d'année de sécheresse. Après ingestion des métacercaires par le mouton, il y a une migra-
tion des stades larvaires dans la caillette et dans le duodénum. Ensuite, le paramphistome
adulte se localise dans les papilles du rumen, se fixe à la paroi grâce à une ventouse buc-
cale. L'infestation peut être de plusieurs centaines à plusieurs milliers de paramphistomes
positionnés en forme d'essaims. Ils se nourrissent de débris végétaux, de la muqueuse
ruminale, et peuvent survivre plusieurs années dans la panse.

Le diagnostic
L'infestation des moutons par des paramphistomes est diagnostiquée par examen copro-
logique à partir de prélèvements de fèces. Le diagnostic est à faire en fin de saison de
pâturage sur les différents lots de moutons de l'élevage. Les œufs de paramphistome sont
ressemblants à ceux de la grande douve, avec bien souvent un nombre important d'œufs
au gramme de fèces. Le diagnostic peut être effectué à l'abattoir par la recherche du para-
site sous les papilles ruminales dans le rumen (photo 8.2).

Photo 8.2 Lésions de paramphistomose dans


le rumen.
Source: C. Mage

49
jjj^J LES MALADIES PARASITAIRES DIGESTIVES

La prévention
Agronomique
La prévention agronomique consiste à supprimer les sources d'infestation des moutons
dans les prairies. Le principe est le même que pour la grande douve, étant donné que ces
deux parasites ont une évolution biologique dans les mêmes lieux. L'assainissement de la
zone d'infestation par un drainage local, l'ouverture de fossé ou la captation d'une source
est le moyen le plus approprié.

Thérapeutique
Les populations de paramphistomes chez les moutons infestés sont contrôlées par un trai-
tement de fin de pâturage avec de l'oxyclozanide.

Le traitement
Lors de symptômes de paramphistomose, le traitement est réalisé avec l'oxyclozanide sur
l'animal malade, voire sur le lot d'animaux pour éviter de nouveaux cas de pathologie
pendant la période de fin d'automne et d'hiver.

50
Les maladies
parasitaires
du poumon
Le mouton ne présente pas une « strongylose » respiratoire unique, mais des infestations
bronchiques et pulmonaires dues à plusieurs espèces de strongles. Ces parasites vivent dans
la trachée, les grosses bronches, les bronchioles ou même les alvéoles du poumon (photo 9.7).

Ces infestations ont un développement essentiellement saisonnier.

51
LES MALADIES PARASITAIRES DU POUMON

La dictyocaulose

La maladie - les symptômes


La dictyocaulose est due à l'infestation des ovins par des larves infestantes d'un strongle
pulmonaire: le dictyocaule. C'est une maladie avec une fréquence variable selon les régions.
Les larves migrent au travers des poumons, évoluent au stade adulte, se localisent dans les
bronches et la trachée (tableau 9.1).

Tableau 9.1 L e s strongïes pulmonaires

Dictyocaulus filaria Protostrongylus Muellerius


rufescens capillaris
Localisation T r a c h é e et b r o n c h e s Bronchioles Alvéoles

Taille 3 à 10 cm sur 1 mm 2 à 4 cm de long 1 à 2,5 cm de long

Description Allure de fragment de corde de violon Couleur r o u s s â t r e

La maladie se développe lors du passage des larves dans le poumon provoquant irritations
et lésions du tissu pulmonaire. Quelques strongïes suffisent pour l'apparition des premiers
signes cliniques. Cette étape pathologique est complétée par l'obstruction des voies respi-
ratoires et, bien souvent, par le développement de complications bactériennes et/ou virales.

Les ovins atteints présentent des symptômes qui sont chronologiquement de l'essouffle-
ment, de la toux, du jetage. L'évolution de la maladie est parfois rapide, les animaux
peuvent présenter une perte d'état corporel importante et la mortalité apparaît.

La biologie
Les dictyocaules sont localisés dans les bronches et la trachée. Au stade adulte, la taille est
de 6 à 7 cm (photo 9.1). Ces strongïes rejettent des œufs dans lesquels évoluent des larves
L1 ou premier stade qui sont dégluties. Après le transit digestif, les larves L1 sont rejetées
avec les crottes dans le milieu extérieur (figure 9.1). Elles deviennent rapidement infes-
tantes ou L3 (photo 9.2). L'évolution des larves L1 en larves infestantes ou L3 est directe et
se déroule à proximité des crottes. La survie des larves infestantes est de l'ordre de 4 à
12 semaines. Elles sont détruites par les gelées.

52
Photo 9.1 Dictyocaule adulte. Photo 9.2 Larve infestante de dictyocaule
Source: D. Kerbœuf ou L3.
Source : P.-J. Alzieu

Cycle évolutif des dictyocaules


Larve 1

Larve 3
Sur la
prairie

Larve L3 = larve
infestante qui
« attend » le mouton
Larve 3

Larve 4
Larve immature (L5)

Dans le corps Adultes


du mouton

Mâle Femelle

\
Œufs
/
larves L 1 rejetés
dans les crottes
(larves de
premier stade)

Figure 9.1 Cycle évolutif des


dictyocaules.

On peut considérer que les prairies non utilisées par les ovins au cours de l'hiver sont pra-
tiquement indemnes de larves de dictyocaules. L'évolution des larves infestantes en vers
adultes se déroule par un passage des L3 dans le tube digestif et dans la paroi intestinale,
puis dans les voies lymphatique et sanguine pour atteindre le poumon.

53
LES MALADIES PARASITAIRES DU P O U M O N

Les larves migrent dans le tissu pulmonaire. Les lésions provoquées par le parasite facilitent
le développement bactérien et viral et peuvent être la cause d'infection ( p h o t o 9.3).

Photo 9.3 Dictyocaules dans le poumon responsables de la dictyocaulose.


Source: P.-J. Alzieu

L'infestation naturelle, le diagnostic, la prévention ainsi que le traitement sont commentés


avec les autres parasitoses pulmonaires aux pages 57, 59, 60 et 61.

54
LES MALADIES PARASITAIRES DU P O U M O N

Les protostrongylinoses

La maladie - les symptômes


La maladie se développe sous forme chronique essentiellement après infestation des mou-
tons lors du pâturage. Elle est relativement fréquente chez les animaux élevés dans les
régions sèches. L'essoufflement avec un battement important des flancs, même à l'arrêt,
est le symptôme le plus caractéristique. La maladie est d u e :

• aux lésions trachéo-bronchiques provoquées par l'épaississement des tissus dû aux


larves ( p h o t o 10.1);
m aux lésions du parenchyme pulmonaire, avec des nodules et des parties des lobes du
poumon non fonctionnelles ( p h o t o 10.2). L'aspect en « grains de plomb » disséminés
dans le parenchyme est provoqué par Muellerius. Les lésions pulmonaires causées
demeurent et ne sont pas réversibles ( p h o t o 10.3).

Photo 10.1 Lésions de protostrongylinose sur le poumon.


Source: P.-J. Alzieu

55
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

Photo 10.2 Tissu pulmonaire lésé par des protostrongles.


Source: P.-J. Alzieu

Photo 10.3 Lésions du poumon après complication pulmonaire.


Source: P.-J. Alzieu

La biologie
Protostrongylus rufescens se localise dans les bronchioles et Muellerius ca pilia ris dans les
alvéoles pulmonaires. Ce sont des strongles de petite taille : 2 à 4 cm pour Protostrongylus
et 1 à 2,5 cm pour Muellerius.

56
Les strongles adultes rejettent des œufs qui éclosent dans les bronches des moutons para-
sités, donnent naissance à des larves L1 qui muent immédiatement. Ce sont des larves L2
ou de 2 e âge qui sont rejetées dans le milieu extérieur, soit dans le jetage, soit dans les
crottes après déglutition et passage dans l'appareil digestif. Ces larves sont sensibles au
froid ( - 10 °C), mais résistent aux sécheresses estivales. Les larves L2 poursuivent leur évo-
lution dans un escargot terrestre du genre Helicella. Ces escargots vivent en bordure des
parcs, sur les talus et les herbes sèches. Ils sont de préférence sur les sols calcaires et alca-
lins. Après pénétration dans l'organisme du mollusque, les larves passent au stade L4 qui
constitue le stade infestant pour les petits ruminants.

L'infestation des ovins s'effectue par l'ingestion de l'escargot terrestre avec l'herbe. La
larve L4 libérée dans l'appareil digestif migre par voie lymphatique et sanguine et se loca-
lise dans les bronchioles et les alvéoles. Ces protostrongles se nourrissent de mucus, ils ne
sont pas hématophages.

L'infestation naturelle
La contamination des prairies par les larves L1 de dictyocaules s'effectue principalement à
partir d'animaux infestés présents dans le troupeau. Une autre voie de contamination peut
exister exceptionnellement par les vers de terre qui hébergent des larves L3, qu'ils libèrent
de temps à autre sur le sol.

Les ovins s'infestent au pâturage par l'ingestion des larves L3. Les animaux en première
année d'herbe (agneaux, agnelles) et ceux qui n'ont pas développé d'immunité (brebis en
bergerie...) sont les plus sensibles à l'infestation [photo 10.4). Cette catégorie d'animaux
va être le relais multiplicateur de la contamination du pâturage par l'excrétion de larves
dans les crottes. Par ailleurs, les moutons mal nourris, affaiblis, en mauvais état corporel
sont plus réceptifs à ces maladies parasitaires.

Photo 10.4 Les brebis au pâturage en région sèche sont bien souvent infestées
par les protostrongles.
Source: C. Mage

57
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

L'infestation est d'autant plus grave qu'elle est massive sur une courte durée. Dans ces
conditions, la maladie se développe rapidement. Par contre, une faible infestation répétée
pendant une longue durée provoque une évolution chronique de la maladie.

La contamination des prairies par des larves L1 de protostrongles est assurée par les mou-
tons infestés qui rejettent les éléments parasitaires dans les crottes. De plus, elle est main-
tenue par l'existence de l'escargot Helicella, hôte intermédiaire parasité ( p h o t o 10.5).

Photo 10.5 Escargot terrestre Helicella, hôte intermédiaire.


Source: C. Mage

Les ovins s'infestent dans l'herbe. Le mode de pâturage des moutons qui consiste à brouter
très près du sol facilite l'infestation.

L'ingestion des éléments infestants avec l'herbe s'effectue progressivement durant la période
estivale (figure 10.1). C'est essentiellement l'accumulation des protostrongles dans les bron-
chioles et les alvéoles qui va faire apparaître les signes cliniques.

Figure 10.1 Infestation par les strongles pulmonaires chez les agneaux et agnelles de renouvellement.
Source : C. Mage

58
Le diagnostic
[33 4/1
UJ
un
Sur l'animal vivant ©
z
La broncho-pneumonie ou l'œstrose font partie des diagnostics différentiels à élimine!
partir des symptômes. Un rythme respiratoire accéléré avec un battement de flanc est un >-

z
{ J
élément du diagnostic de protostrongylinose.

Le diagnostic de I
o
Ci
<J\

t-
o

o
d'œufs et d'émission de larves des parasites dans les crottes. o£
CL

Sur l'animal mort yy


—i

S'il est autopsié rapidement, le diagnostic est possible. L'incision des bronches et bronchioles
permet de voir sur la muqueuse des dictyocaules (3 à 10 cm) ou des filaments roussâtres
de protostrongles (2 à 4 cm). Le raclage des lésions ainsi que des pressions sur l'éponge
pulmonaire chassent les parasites situés profondément dans le poumon.

2. La coproscopie selon la méthode Baermann est plus sensible et fiable que les autres techniques pour détecter
les larves L1 de dictyocaules et de protostrongles. Cet examen n'a qu'une valeur qualitative. Le nombre de larves
n'est pas le reflet du degré d'infestation. Il est conseillé de faire des prélèvements de crottes sur plusieurs moutons
du lot. Ces prélèvements doivent être maintenus au frais (+ 4 °C) et transportés au laboratoire le plus rapidement
possible en indiquant l'objet de la recherche.

59
LES MALADIES PARASITAIRES DU P O U M O N

La prévention
L'infestatlon des ovins par les dictyocaules et les protostrongles n'étant pas systématique
dans tous les élevages, ainsi que dans tous les lots d'animaux d'un troupeau, il faut prati-
quer un diagnostic annuel. Le dépistage est à effectuer par examen coproscopique après
la période d'infestation des moutons et avant la rentrée en bergerie (figure 10.2).

Période à risque d'infestation

Figure 10.2 Prévention de l'intestation des ovins par les strongles pulmonaires.
Source: C. Mage

La nécessité d'intervention sur les moutons, qui est le seul moyen d'action, est définie ainsi.
La présence de larves L1 de dictyocaules ou de prostostrongles à l'examen se concrétise
par la réalisation d'un traitement antiparasitaire sur les animaux.

Contre i'infestation par les dictyocaules


De nombreux antiparasitaires ont une action contre les dictyocaules (tableau 10.1) et sur
tous les stades biologiques du parasite. L'activité immédiate de 3 heures à 70 heures environ
pour certains médicaments nécessite qu'après leur utilisation, il n'y ait pas de réinfestation
des animaux. Après traitement, les animaux doivent pâturer des prairies « saines » (repousses
après ensilage, foin, dérobées...) ou être rentrés en bergerie.

Les strongylicides à action rémanente (Moxidectine, Ivermectine injectable) suppriment


I'infestation, mais contrôlent aussi la réinfestation des moutons pendant la durée d'activité
du médicament après le traitement de l'animal.

6o
I Tableau 10.1 Anthelminthiques contre les strongles pulmonaires
1n
Mode d'action Famille Matière active Noms commerciaux
UJ
Imidazothiazole Lévamisole Nombreux
O
Z
Benzimidazoles Albendazole Valbazen®-Disthelm®
Fenbendazole Panacur® >
Immédiat Oxfendazole Synanthic® O
z
(de 3 h à 70 h)
Pro-benzimidazoles
Fébantel Rintal® o
ce.
Nétobimin Hapadex® H-
\J\
Avermectine Ivermectine (orale) Oramec®
o

-
Rémanent
(10 à 15 jours) Avermectine Ivermectine Nombreuses
o
os
présentations CL

Doramectine Dectomax®-Zearl®
IA
- (28 jours) uu
- (42 jours) Milbémycine Moxidectine Cydectine®

- (120 jours) Milbémycine Moxidectine LA Cydectine® LA

Contre l'infestation par les protostrongles


Les antiparasitaires actifs sur les dictyocaules ont aussi une activité sur les protostrongles
à la posologie indiquée par le fabricant. Cependant, celle-ci est nettement moins perfor-
mante à cause d'une irrigation partielle des tissus profonds du poumon dans lesquels sont
localisés les parasites. De plus, les antiparasitaires ont seulement une activité sur les strongles
adultes et ne détruisent pas les stades larvaires.

Pour obtenir de bons résultats sur l'élimination de l'infestation parasitaire, les traitements
peuvent être réalisés avec des benzimidazoles à l'entrée en bergerie de la façon suivante:

m un traitement avec deux fois la posologie indiquée; cela permet une destruction d'un
plus grand nombre de parasites;
• un traitement à posologie réduite (voire de moitié) pendant 5 jours consécutifs. L'élimi-
nation des strongles adultes permet l'évolution des stades larvaires en adultes, ainsi la
répétition des traitements supprime progressivement les parasites localisés dans les alvéoles.

Le traitement des strongyloses respiratoires


Dès l'apparition de symptômes, avec la confirmation de l'infestation par un diagnostic, le
traitement est à pratiquer sur tous les animaux du lot. Il est important dans ce cas de
prendre les dispositions de conduite d'élevage pour interrompre la réinfestation. Le choix
d'un médicament s'effectue dans la liste des antiparasitaires actifs sur les strongles pulmo-
naires (tableau 70.7).

6i
Les maladies
parasitaires du foie
Le foie est un organe important dans la vie des moutons. Deux parasites, la grande
douve - Fasciola hepatica, la petite douve - Dicrocoelium ont la particularité de se déve-
lopper dans le foie et les canaux biliaires après avoir migré dans le tissu hépatique. Le
pâturage est la condition obligatoire pour une infestation des moutons. Les prairies humides
avec présence d'escargots aquatiques sont les lieux où les brebis et les agneaux s'infestent.
C'est une parasitose souvent sous-estimée en production ovine. À l'opposé, dans les pâtu-
rages en région sèche, c'est par un escargot terrestre que l'infestation hépatique de la
petite douve se développe chez les moutons.

Les perturbations hépatiques ont de lourdes conséquences sur les aspects de la fertilité et
de la croissance chez les jeunes, et de nombreux cas de mortalité.

62
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

La fasciolose ou maladie
de la grande douve

La maladie - les symptômes


La fasciolose est due à la présence dans le foie et les canaux biliaires de la grande douve
appelée Fasciola hepatica. La maladie se développe dans un premier temps lors de l'inva-
sion du foie par les jeunes grandes douves ou adolescaria. Elles se nourrissent de cellules
hépatiques laissant des traînées très visibles au niveau du tissu hépatique. Cette phase de
migration est très traumatisante pour l'animal, surtout lorsque l'infestation est massive.
Elle s'accompagne d'hémorragies au niveau du tissu du foie traversé par le parasite, mais
aussi de prolifération de germes anaérobies très pathogènes, ce qui peut provoquer une
hépatite nécrosante.

La maladie évolue dans un second temps par une action mécanique et phlogogène. Après
cette phase de migration, les jeunes grandes douves pénètrent dans les canaux biliaires.
Elles s'accrochent aux parois pour se nourrir de sang. Cette prédation entraîne l'anémie
du mouton, d'où l'accélération de la diminution de globules rouges entraînant l'épuise-
ment des réserves de fer de l'organisme. Ceci est accéléré par un phénomène d'hémolyse.
La spoliation sanguine est d'autant plus insidieuse que les ponctions sont de faible quan-
tité (1 ml/jour), mais multiples.

Les épines tégumentaires et les ventouses des douves provoquent une abrasion de l'épi-
thélium des voies biliaires. Les douves adultes obstruent les voies biliaires lors d'accumula-
tion et d'enroulement dans les canaux, provoquant des « bouchons » d'aspect glaireux
muqueux avec possibilité de rétention biliaire.

Les symptômes se caractérisent par un amaigrissement rapide et important et une anémie.


Parfois, la diarrhée est présente. La laine tombe, l'animal a des difficultés pour se déplacer.
Les brebis présentent un oedème de l'auge ou signe de la « bouteille ».

Lors d'infestation massive, les jeunes grandes douves provoquent le développement suraigu
de la maladie et, dans ce cas, la mort des animaux est fréquente et brutale dans les deux
premières semaines de l'infestation. La maladie peut évoluer aussi de façon plus lente,
suite à une infestation des moutons par un grand nombre d'éléments infestants. La mor-
talité intervient 6 à 8 semaines après l'infestation.

63
^ j y j LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

La biologie
La grande douve ou Fasciola hepatica est un ver plat qui, à l'état adulte, a une forme
triangulaire, une couleur blanc nacré. Ce parasite mesure 2 à 2,5 cm de long ( p h o t o 7 7.7).

Photo 11.1 Grande douve.


Source : C. Mage

Des œufs sont produits par les grandes douves, stockés dans la vésicule biliaire et rejetés
sur la prairie avec les crottes. Dans les conditions de milieu extérieur et au contact du sol,
un miracidium s'extrait des œufs et recherche un escargot aquatique, hôte intermédiaire
(Lymnaea truncatula) pour poursuivre son évolution (voir encadré). Dans le mollusque, le
miracidium se transforme en sporocystes qui produisent des rédies. Celles-ci se développent
et donnent des cercaires qui sont expulsées hors de l'escargot aquatique dans le milieu
extérieur ( p h o t o 11.2). Ces éléments parasitaires se fixent sur l'herbe et s'enkystent. Ce
sont des métacercaires, les éléments infestants des animaux. Le développement biologique
dans le milieu extérieur est lié aux conditions climatiques. Les œufs de Fasciola hepatica
ne résistent pas à de fortes sécheresses ni à des températures de 0 °C. Les cercaires ne
peuvent se déplacer et vivre qu'en présence d'eau. De plus, le développement biologique
dans le milieu extérieur nécessite une température supérieure à 10 °C. Plus celle-ci aug-
mente, plus l'évolution est rapide dans l'escargot aquatique.

64
Après ingestion par les moutons, les métacercaires se désenkystent dans le tube digestif
et les larves de grande douve évoluent. Ces jeunes douves traversent l'intestin et migrent
vers le foie. Ensuite, les jeunes douves traversent le tissu hépatique, se logent dans les
canaux biliaires où elles deviennent adultes.

L'infestation naturelle
Les moutons s'infestent au pâturage en ingérant des métacercaires, éléments infestants
avec l'herbe. L'infestation des animaux a lieu à proximité des endroits humides (sources,
mares, rigoles...) où vivent les hôtes intermédiaires de la grande douve. Ces zones d'infes-
tation sont bien souvent limitées en surface dans une prairie, ainsi que dans l'élevage. Les
moutons peuvent aussi s'infester en s'abreuvant dans les rigoles, les mares, car l'eau véhi-
cule des éléments infestants de grande douve.

La limnée, hôte intermédiaire de la grande douve

L'escargot aquatique, hôte intermédiaire de la grande douve se nomme Lymnaea truncatula ou


limnée tronquée de son nom commun. Ce mollusque mesure 8 à 12 mm de hauteur et a une
coquille en spirale en forme de marches d'escalier. Il vit dans les endroits humides du sol, mais la
présence permanente de l'eau n'est pas nécessaire. La limnée est présente dans des « zones iso-
lées », telles qu'aux abords des sources ou des résurgences, à l'extrémité des rigoles, dans les
zones de piétinement et aux environs des abreuvoirs. D'autres espèces de limnées peuvent servir
d'hôtes intermédiaires de la grande douve telle que Lymnaea glabra, qui vit aussi dans les endroits
humides des pâturages.

La limnée tronquée présente deux générations annuelles dans la plupart des régions françaises:

• La première (génération de printemps) se développe à partir des pontes fournies par les escargots
qui ont survécu à l'hiver. Elle pond de mai à juin en fonction des conditions climatiques du milieu
et meurt souvent lors de l'estivation (juillet), parfois lors de la remise en eau en septembre.
• Les survivants de la première génération sont à l'origine des individus de la seconde génération
de fin d'été, début d'automne. Ces derniers passent l'hiver et fournissent des pontes l'année
suivante à partir de la mi-avril, ce qui permet un nouveau cycle.

Le mollusque passe l'hiver dans le milieu immergé avec un enfouissement dans le sédiment super-
ficiel lors de basses températures (moins de 5 °C). La venue de la belle saison se traduit par une
émersion progressive de l'escargot dans le temps, avec un séjour quasi permanent dans les zones
inondées à partir de mai (température de 15 °C et plus). L'assèchement estival des habitats des
limnées entraîne la mise en léthargie du mollusque avec fixation permanente de la coquille dans
les zones abritées. La limnée ne se réfugie pas dans les fentes de retrait du sol. Les escargots se
rencontrent le plus souvent à proximité du collet des plantes. La survenue des premières pluies
post-estivales provoque la réimmersion forcée des limnées et la reprise de leur activité avec des
immersions de plus courte durée. Ces dernières disparaissent lorsque les conditions hivernales
apparaissent.

L'infestation évolue de façon variable selon les élevages car elle est conditionnée par le
degré de contamination de la prairie et le mode de pâturage. Toutefois, les agneaux ou
agnelles de première année d'herbe sont très sensibles à la primo-infestation. C'est aussi
le cas des brebis qui allaitent et de celles qui sont en mauvais état corporel.

65
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

C'est durant la période de pâturage que l'infestation se réalise avec une fréquence impor-
tante lors de surpâturage. Par ailleurs, l'infestation se rencontre surtout dans les prairies
permanentes, mais aussi dans les prairies temporaires, dès qu'il y a une zone humide avec
des escargots, hôtes intermédiaires (figure 7 7.7).

Figure 11.1 Infestation de grande douve - Fasciola hepatica - chez les brebis.
Source: C. Mage

Le nombre de douves dans le foie peut être supérieur à 100 parasites. Le rythme d'évolu-
tion des métacercaires en phase adulte dépend du nombre d'éléments infestants ingérés.
Plus celui-ci est grand, plus le développement est ralenti. Dans le cas d'infestation massive,
les jeunes grandes douves peuvent rester dans le tissu hépatique pendant plusieurs mois.

Les stades larvaires de douves ou adolescaria provoquent une augmentation des globulines,
une fuite protéique à travers l'épithélium biliaire enflammé, ainsi qu'une fuite plasmatique.
La migration des adolescarias provoque des lésions du parenchyme hépatique, ce qui déve-
loppe des réactions fibreuses ( p h o t o 11.3). De plus, la circulation sanguine est altérée par
l'envahissement cellulaire suite au passage des larves de douves dans les vaisseaux.

Photo 11.3 Foie douvé.


Source: C. Mage

La spoliation sanguine des parasites adultes entraîne une perte de globules rouges, une
réduction de leur durée de vie et une fuite permanente de fer.

66
La présence de grandes douves induit une sous-productivité. L'appétit des moutons est
perturbé, entraînant une diminution d'ingestion d'environ 15%. La croissance des agneaux
est ralentie, voire annulée, avant d'observer les signes cliniques. Les brebis infestées ont
une baisse de fertilité.

Dans les conditions d'élevage des régions herbagères, il existe trois périodes à risque de
forte infestation et de pathologie:

• La première se situe à la mise à l'herbe (figure 11.2) car les endroits humides des prai-
ries sont contaminés par des métacercaires (photo 11.4). Ces éléments infestants ont
survécu à l'hiver.

Figure 11.2 Évolution de l'infestation des moutons par Fasciola


hepatica ou grande douve.

Photo 11.4 Métacercaires de Fasciola hepatica (grande douve).


Source: C. Mage

67
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

• La seconde période apparaît fin juin, début juillet. Elle est due à la libération d'un nombre
important de métacercaires sur l'herbe par les escargots aquatiques. Les éléments infestants
proviennent d'une évolution biologique dans la limnée au printemps. Les agneaux d'herbe
nés en hiver sont la catégorie d'animaux concernée en priorité par cette infestation.
• La troisième période s'observe début septembre. C'est la plus importante. Elle est due
à une forte population de métacercaires sur l'herbe qui ont été libérés par la nouvelle
génération d'escargots aquatiques (voir figure 11.2, p. 67) Toutes les catégories de
moutons sont concernées par cette infestation. Cependant, les agnelles de renouvel-
lement peuvent avoir un développement du squelette perturbé par l'infestation de
début d'automne.

L'infestation des moutons par Fasciola hepatica existe aussi de temps à autre dans les
régions sèches. Les endroits où les animaux s'infestent sont des parcelles de fond de vallée
(appelées « combes ») et des résurgences de sources.

Particularités de l'infestation parasitaire


dans le Sud-Est de la France
Les pratiques de gestion de la production fourragère sous un climat chaud conduisent à
un système d'irrigation des prairies par inondation de celles-ci. L'humidité et la chaleur
facilitent le développement des escargots aquatiques dans les fossés de retenue et de cir-
culation de l'eau, mais aussi l'évolution biologique de la grande douve et la production
de métacercaires. L'immersion des prairies entraîne la dispersion des limnées et des élé-
ments infestants de Fasciola hepatica sur les prairies. Le pâturage de ces prairies fortement
contaminées par les brebis et les agnelles conduit à l'ingestion de métacercaires avec l'herbe.
Dans ces conditions, le niveau d'infestation des animaux est élevé avec plusieurs centaines
de grandes douves dans le foie (figure 11.3).

FOIE
Adolescarias Immatures Adultes

Migration : Migration :
digestive parenchyme
canaux biliaires
lymphatique hépathique
sanguine

Fasciola hepatica : âge 1 | 2 | 3 | 4 5 6 | 7 8 9 | 10 11 12 13 14 semaines


Taille (mm) 4-6 6-8 8-10 >10 12-15
Infestation Infestation
|Mai| Juinj Juillet | Août | (Septembre lOctobre 1
Pâturage Crau Alpage Crau

Figure 11.3 Conditions d'infestation des moutons par Fasciola hepatica sur les prairies irriguées par
inondation (printemps).
Source : C. Mage

68
Lors du pâturage de printemps, l'infestation des moutons s'effectue sur cette période. Les
éléments infestants poursuivent leur évolution en adolescarias. Les premiers symptômes
de la maladie (perte d'appétit, difficulté de déplacements, anémie et mortalité) s'observent
dès la première partie de pâturage en alpage. En l'absence de gestion de l'infestation avant
la montée en alpage, la mortalité peut être très importante. Le diagnostic s'effectue prin-
cipalement par autopsie dans cette situation.

Le pâturage d'automne après la descente d'alpage se réalise sur les prairies pâturées au
printemps porteuses de métacercaires. La faible hauteur d'herbe disponible sur cette période
facilite un pâturage plus ras et l'ingestion des éléments infestants de grande douve.
L'infestation évolue par le développement des stades larvaires en adultes de Fasciola hepa-
tica dans l'organisme du mouton. L'apparition des symptômes (anémie, mortalité) s'observe
pendant la période hivernale, au début du printemps (figure 11.4).

C'est une parasitose dominante en région sèche conditionnée par les pratiques d'irrigation
et le climat méditerranéen.

FOIE
Adolescarias Immatures Adultes

Migration : Migration :
digestive parenchyme canaux biliaires
lymphatique hépathique
sanguine

Fasciola hepatica: àge | 1 [ 2 | 3 j 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 ¡semaines


Taille (mm) 4-6 6-8 8-10 >10 2-15
Infestation Anémie mortalité Infestation
Octobre Novembre Décembre Février | Mars

Pâturage Crau Bergerie pâturage Crau

Figure 11.4 Conditions d'infestation des moutons par Fasciola hepatica sur les prairies irriguées
par inondation (automne).
Source: C. Mage

Le diagnostic
Le diagnostic de l'infestation des moutons peut s'effectuer à partir des symptômes, mais
nécessite de l'expérience. Il est préférable de réaliser des examens spécifiques à des périodes
stratégiques de la conduite d'élevage.

69
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

L'examen coprologique
Cet examen, qui consiste en une numération des œufs de Fasciola hepatica, nécessite la
présence de douves adultes dans le foie. Il faut près de 3 mois après une infestation pour
avoir des œufs de grande douve dans les crottes. L'infestation des moutons par des douves
immatures n'est pas identifiée par cet examen.

Dans les conditions d'élevage en région herbagère où le risque d'infestation est important,
les examens sont à réaliser sur les brebis fin juin, début septembre et à la rentrée en ber-
gerie (figure 11.5). Les prélèvements doivent être effectués sur plusieurs animaux d'un lot.
Lorsqu'un examen est positif, on considère que le lot de moutons est infesté. Le nombre
d'œufs par gramme de crottes n'est pas un indicateur du degré d'infestation. L'examen
peut être individuel selon la technique Mac Master sur 5 à 6 animaux pour 100, soit s'effec-
tuer sur un mélange de 15 à 20 prélèvements selon la technique Calamel et Soulé.

Méthodes Mois
A M J J A S 0 N
de diagnostic

Coproscopique
t ! t
Sérologique
t t
Sur agneaux d'herbe et
t
agnelles de renouvellement
(recherche des anticorps)

Sur agneaux en priorité

Abattoir
Guérison après
traitement des moutons malades
Figure 11.5 des
(contrôle Possibilités
foies) de diagnostic d'une infestation des ovins par la grande douve.

Thérapeutique
L'examen sérologique
Il a pour but de quantifier les anticorps de la grande douve présents dans l'organisme des
animaux. Cet examen est interprétable seulement sur les moutons de première année
d'herbe tels que les agneaux et les agnelles. Il est à réaliser fin juin, début septembre et à
la rentrée en bergerie à partir de prises de sang sur dix animaux. L'examen peut se prati-
quer individuellement ou sur le mélange des prélèvements d'un lot de moutons. Le taux
d'anticorps est exprimé en unités et indique le degré d'infestation. Des techniques sérolo-
giques peuvent être pratiquées, telle la technique ELISA, mais elles ne sont que semi-
quantitatives pour la plupart.

70
Le contrôle des foies à l'abattoir
Réalisé sur les agneaux d'herbe abattus dès juin, il est un indicateur de la présence de
l'infestation du troupeau de provenance. Ce procédé peut aussi être un élément de sensi-
bilisation pour les élevages d'une même région. Bien souvent, ce diagnostic est tardif par
rapport aux premiers symptômes.

Le diagnostic thérapeutique
C'est une pratique qui a son intérêt pour confirmer la symptomatologie. Lorsque, à partir
des signes cliniques, il y a supposition d'une infestation par la grande douve, le diagnostic
est confirmé en pratiquant un traitement spécifique sur quelques animaux malades. Si la
guérlson est obtenue dans les 4 à 6 jours suivants, on conclut à une fasciolose.

La prévention
Agronomique
Cette action de prévention s'oriente sur la suppression des sources d'infestation des mou-
tons. Pour cela, il faut repérer dans les prairies les zones où les animaux s'infestent. La
limnée vit souvent aux extrémités distales d'un réseau hydrographique alors que les autres
limnées ont besoin d'un niveau d'eau plus conséquent. Selon la topographie, des aména-
gements sont à réaliser pour éliminer l'hôte intermédiaire.

En cas de diagnostic confirmé de grande douve, le choix de la méthode de lutte s'effectue


en prenant en compte la taille des lots de moutons infestés et l'identification des zones
d'infestation sur les pâturages.

En zone d'infestation étendue (au-delà de 0,5 ha), le drainage est le moyen de lutte à
entreprendre sur les prairies marécageuses.

Une étude pédologique est à faire au préalable. Lorsque la zone d'infestation est de faible
superficie, il est nécessaire de procéder à un captage. L'eau canalisée dans les fossés d'éva-
cuation avec une clôture de chaque côté est un moyen simple, efficace et peu coûteux. Les
limnées disparaissent rapidement après l'élimination de l'humidité du sol.

Thérapeutique
Le contrôle des populations de grande douve chez les ovins s'effectue par des traitements
douvicides systématiques (tableau 7 7.7). Ils sont à réaliser sur le lot de moutons fin juin,
début septembre et à la rentrée en bergerie après un diagnostic positif. Le traitement doit
éliminer les populations adultes et immatures de grande douve présentes chez les mou-
tons, d'où l'importance de raisonner le choix du médicament. Certains douvicides sont très

71
^jyj LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

liés aux protéines plasmatiques et présentent une certaine durée d'action. Outre l'action
fasciolicide ponctuelle au moment de l'administration du douvicide, certaines molécules
telles que le closantel présentent une fraction résiduelle rémanente (figure 11.6). Les larves
s'imprègnent du médicament et sont à la longue vouées à la mort, ou bien à une évolu-
tion en adulte perturbée ne permettant pas l'éclosion des œufs dans les crottes. La pratique
des traitements des moutons avec l'un de ces douvicides élimine l'infestation, mais aussi
la contamination des prairies, d'où une réduction importante du risque de grande douve
après deux ou trois années de traitement systématique.

| Tableau 11.1 Principaux douvicides

Famille Matière active Noms commerciaux


Triclabendazole Fascinex®- Fascicur®
Benzimidazoles
Albendazole V a l b a z e n ® - Disthelm®

Nïtrophénylguanidine Nétobimim Hapadex®

Nitroximil Dovenix®
Salicylanilides Closantel Séponver®
Oxyclozanide Zanil®

Produits Durée d'activité

Triclabendazole 60-70 h
Closantel 4 sem.
Nitroxinil 30-60 h
Oxyclozanide 10-30 h
Nétobimin 60-70 h

Figure 11.6 Les anthelminthiques contre la grande douve


Source : C. Mage

Le traitement
Dès l'apparition des symptômes de fasciolose, le traitement est réalisé sur les moutons
malades, voire sur le lot d'animaux pour éviter de nouveaux cas de pathologie. Le douvi-
cide à utiliser doit être actif sur les douves adultes et sur les douves immatures qui sont
essentiellement responsables de la maladie. Dans cette situation, il faut faire en sorte qu'il
n'y ait pas une réinfestation massive aussitôt après le traitement pour éviter toute rechute.
Les douvicides à longue action apportent un contrôle des réinfestations possibles durant
les 4 semaines environ après le traitement.

Des échecs de traitement sont possibles sur des moutons douvés, trop anémiés. En effet,
certaines molécules douvicides nécessitent pour leur transport dans le sang une fixation
péri-érythrocitaire qui n'existe pas lorsqu'il y a une spoliation sanguine et surtout une fuite
permanente du fer.

72
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

La dicrocœliose ou >ILI

maladie de la petite douve


Q

È
Lu
CL
<
La maladie - les symptômes
yj
La maladie de la petite douve se manifeste chez les moutons élevés au pâturage après une
infestation massive et répétée. Elle est due à l'accumulation de petites douves, vers plats, LU

dans les canaux biliaires du mouton.

Les animaux présentent une perte d'état corporel, de la diarrhée et parfois de l'anémie.
L'une des conséquences de la maladie est le développement d'une cirrhose. Le foie est
altéré, les tissus fonctionnels sont remplacés par du tissu fibreux et les canaux biliaires se
distendent. Ceci entraîne un mauvais fonctionnement du foie qui peut être aggravé par D
©
une durée d'infestation se prolongeant.
111
La dicrocœliose se développe plus facilement lorsque les animaux sont sous-alimentés et wi

infestés par d'autres parasites tels que la grande douve dans les régions herbagères et les
strongles digestifs. Les signes cliniques se manifestent en dominante à l'automne et en
hiver. Cependant, cette maladie parasitaire présente une incidence pathologique assez ÎS
réduite par rapport aux autres parasitoses. u
O

La biologie
U

Q
<
La petite douve ou Dicrocœlium lanceolatum ou dentriticum est un ver plat mesurant au
stade adulte 6 à 7 mm de long sur 1,5 à 2,5 mm de large ( p h o t o 12.1). Sa forme est fuselée
et sa couleur brune.

Photo 12.1 Petite douve.


Source : Badit

73
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

Le parasite adulte se localise dans les canaux biliaires et pond des œufs qui contiennent
un miracidium. Les œufs sont rejetés sur la prairie avec les crottes.

Un escargot terrestre (groupe Helicella et Zebrina) constitue un premier hôte du parasite


(photo 12.2). Il ingère les œufs qui éclosent dans son intestin, libèrent le miracidium qui se
transforme en sporocyste qui à son tour évolue en cercaires. Les cercaires sont expulsées à
l'extérieur de l'escargot par des sécrétions de mucus. Les boules de mucus fixées aux végé-
taux sont ingérées par une fourmi (Formica nigricans, Formica cunicularia), second hôte
intermédiaire. Les cercaires s'enkystent dans la cavité abdominale de la fourmi (photo 12.3).

Photo 12.2 Escargot terrestre. Photo 12.3 Fourmi infestée, fixée à l'herbe.
Source: Badit Source: J.-P. Alzieu

Le nombre de kystes ou métacercaires par fourmi est très variable, de 20 à 130. Les fourmis
infestées restent accrochées aux herbes. L'infestation des moutons se déroule par l'inges-
tion de la fourmi avec l'herbe. Les métacercaires migrent vers les canaux biliaires très rapi-
dement, une heure après l'infestation, et deviennent adultes 7 semaines après. La petite
douve se nourrit de sucs hépatiques.

L'infestation naturelle
Les moutons s'infestent dans les conditions naturelles en ingérant des fourmis parasitées,
accrochées aux herbes. L'infestation se déroule essentiellement pendant la période estivale
de juin à septembre (figure 12.1). Dans les élevages des régions sèches, l'infestation se
développe pratiquement chaque année, tandis qu'en zone herbagère, elle est présente
lors d'été sec.

74
il

Diagnostic/coproscopie

Figure 12.1 Principe de l'infestation des moutons par la petite douve.

Les moutons hébergent des populations très variables de douves dans le foie après une année
de pâturage, avec parfois un très grand nombre de parasites (100 à 300 douves). Le surpâtu-
rage favorise l'infestation des moutons, ce qui est souvent le cas les années de sécheresse.

Après infestation des brebis, les éléments infestants ou métacercaires sont extraits des
fourmis par la digestion. Les larves de petites douves migrent et se localisent dans le foie.

Le diagnostic
Les symptômes ne permettent pas de faire un diagnostic différentiel. Ils sont semblables
à d'autres maladies parasitaires internes.

Pour dépister l'infestation de petite douve dans un troupeau, il faut procéder à des exa-
mens coprologiques. Les prélèvements de crottes sont à réaliser sur plusieurs moutons du
troupeau.

En fin de pâturage, octobre-novembre, le dénombrement des œufs de petite douve peut


s'effectuer sur chaque prélèvement ou sur le mélange si celui-ci est supérieur à 30 grammes.

À partir de 300 œufs par gramme de crottes, il est estimé que l'infestation des moutons
nécessite un traitement antiparasitaire.

75
IH LES MALADIES PARASITAIRES DU FOIE

La prévention
La suppression des sources d'infestation des moutons serait le moyen le plus efficace de la
prévention, mais en pratique cela est illusoire.

Lorsque le diagnostic sur le troupeau est positif en fin de pâturage, on doit pratiquer un
traitement des animaux avec l'un des douvicides actifs sur le parasite (tableau 12.1). Le
traitement est réalisé à la rentrée en bergerie. Plus la prévention thérapeutique sera mise
en place tôt en automne sur le troupeau, meilleur sera l'état corporel des brebis pendant
la phase de gestation ou d'agnelage pendant l'hiver et le début du printemps.

Ce contrôle de l'infestation est à effectuer sur tous les lots de moutons de l'élevage (brebis,
agnelles).

I Tableau 12,1 Antiparasitaires actifs contre ia petite douve

Famille Matière active Noms commerciaux


Benzimidazole Albendazole Valbazen®-Disthelm®
Nitrophénylguanidine Nétobimin Hapadex®

Le traitement
En présence de symptômes, la guérison des animaux malades s'obtient par le traitement
avec l'un des douvicides. Lorsque la maladie se développe sur des moutons au pâturage,
il faut éviter une réinfestation aussitôt après le traitement. Les antiparasitaires ont une
durée d'action de 60-70 heures, par conséquent, les moutons ne doivent pas être main-
tenus sur les prairies ou les parcours contaminés.

76
L'œstrose
Parmi les nombreux insectes, une mouche, Œstrus ovis, a la particularité de se développer
auprès d'animaux élevés au pâturage. C'est avec des températures chaudes au cours de
l'année et surtout en période estivale que les mouches se développent et viennent infester
les brebis et les agneaux.

L'originalité de l'infestation parasitaire est que les parasites sont localisés dans les voies
nasales des moutons. Le mouchage est une des caractéristiques de la maladie. Il s'agit d'une
parasitose présente sur tout le territoire.

77
L'ŒSTROSE

L'œstrose ovine

La maladie - les symptômes


L'œstrose ovine est due à la présence et au développement de larves d'insectes dans les
cavités nasales et les sinus frontaux du mouton. C'est un insecte diptère, Œstrus ovis, qui
provoque la maladie ou myiase cavitaire.

Lors de l'infestation, les larves irritent la muqueuse par leurs crochets et leurs épines,
déclenchent une inflammation aiguë. Le mouton éternue, secoue la tête et présente un
jetage séreux ou séro-sanguinolent (photo 13.1).

Photo 13.1 Un jetage muqueux.


Source: J.-P. Alzieu

En quelques jours, apparaissent des surinfectations bactériennes qui aggravent l'inflam-


mation. Le jetage devient alors muqueux et muco-purulent. La maladie peut affecter l'état
général lorsque les larves passent des cavités nasales aux sinus.

De plus, elle est souvent aggravée par la décomposition des larves mortes dans les cavités
nasales. L'œstrose peut provoquer l'obstruction du passage nasal, mais aussi le développe-
ment d'abcès pulmonaire.

78
Les symptômes se traduisent essentiellement par du coryza plus ou moins important.
L'écoulement nasal aux deux narines constitue le symptôme le plus constant. Ce jetage est
d'abord clair, séreux, parfois teinté de sang, puis devient muqueux et muco-purulent. En
>
fonction des stades larvaires, de l'ancienneté de l'infestation et de la saison, la nature du O
jetage varie. LU

Les ovins présentent fréquemment des éternuements et du prurit nasal. Lors de fortes O
infestations, la démarche peut être modifiée avec apparition des troubles nerveux. Cette
maladie est appelée « faux tournis ».
b
L'œstrose fait partie des rhinites des petits ruminants qui regroupent des affections à symp-
tomatologie locale très voisine. Elle est souvent confondue avec d'autres causes de jetage
telles que l'irritation nasale par les poussières, la bronchite vermineuse, la broncho-
pneumonie infectieuse enzootique, les allergies au pollen ou au foin (tableau 13.1).

I Tableau 13.1 Principales c a u s e s de rhinites chez les ovins

m Tumorales
et assimilées
Allergiques

Froid Œstrose Broncho-pneumonie Adénocarcinome Pollen


Pluie infectieuse de la pituitaire
Tonte

Poussières Rhinite nécrotique Adénomatose Foin


pulmonaire

La biologie
L'insecte Œstrus ovis est une mouche (photo 13.2) mesurant de 10 à 12 mm de longueur,
recouvert de longs poils brun clair. Les mouches pondent des larves de 1 er stade (L1) aux
commissures nasales des ovins.

Photo 13.2 La mouche est un petit insecte dont le thorax


est gris bleuté et l'abdomen jaunâtre à reflets métalliques.
L'appareil buccal est atrophié, supprimant la possibilité
de se nourrir, d'où une durée de vie de quelques jours.
Source: J.-P. Alzieu

79
L'ŒSTROSE

Les larves L1 mesurent de 1 à 8 mm de longueur. Elles sont translucides, blanchâtres, avec


de fines épines autour de la bouche et des crochets responsables d'une forte irritation de
la muqueuse. Les larves L1 se nourrissent de l'excédent nasal et des sérosités contenues
dans les fosses nasales ( p h o t o 13.3).

Photo 13.3 Larve de 1er stade (L1).


Source: J.-P. Alzieu

Les larves de 2 e stade ou L2 mesurent 3,5 à 12 mm de long {photo 13.4). Elles présentent
des plaques postérieures de couleur orangée à brun clair. Ces larves disposent d'épines
ventrales et de crochets buccaux.

Photo 13A Larve de 2e stade (L2).


Source : J.-P. Alzieu

8o
Les larves de 3e stade ou L3 mesurent plus de 20 mm de long et sont relativement molles.
Elles sont de couleur blanc-jaunâtre au début, puis présentent des bandes transversales
sombres (photo 13.5). Des crochets buccaux recourbés vers la face ventrale sont à l'extré-
mité antérieure. La face buccale est munie de petites dents.

Photo 13.5 Larve de 3e stade (L3).


Source: J.-P. Alzieu

La pupaison correspond au passage de la vie parasitaire à la vie libre par l'intermédiaire


d'une pupe (photo 13.6) qui provient de la larve L3. Cette larve est rejetée sur le sol lors
d'éternuement. Elle s'enfonce rapidement dans le sol pour former une pupe d'où sort à la
belle saison une mouche adulte capable de disséminer les larves d'œstres. La mouche vole
de mi-juin à mi-septembre avec des variations possibles selon la climatologie. Il y a une
seule génération de mouches par an.

Photo 13.6 Pupe.


Source: J.-P. Alzieu

8i
L'ŒSTROSE

L'infestation naturelle
Dans les conditions d'élevage français, l'infestation est présente chez la plupart des mou-
tons en France ( 4 3 % dans le Limousin ( f i g u r e 13.1), 5 9 % dans le Sud-Ouest). Les animaux
sont infestés par les mouches durant la période estivale de mi-juin à mi-septembre avec
des possibilités en automne lors de fortes températures (figure 13.2).

Figure 13.1 Fréquence de l'infestation des ovins parles œstres en Limousin.


Source : Institut de l'élevage, École nationale vétérinaire de Toulouse

I
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Agnelage i ~~—-—. I
j | f | m | a | m | j j A S 0 I N D

Figure 13.2 Infestation des moutons par les œstres.


Source: C. Mage

L'infestation des brebis se caractérise par une dizaine de larves de février à septembre, puis
par une population comprise entre 5 et 20 larves d'octobre à janvier. La primo-infestation
se concrétise par 20 à 30 larves d'octobre à janvier et d'une dizaine de février à mars.

82
L'infestation est dominée par les larves L1 localisées principalement dans la cavité nasale.
E
Quelle que soit la période de l'année, cette infestation est caractérisée par des larves L1.
Les larves L2 et les larves L3 sont essentiellement localisées dans les sinus.
>
o
La présence de quelques larves L3 semble être l'élément déterminant de l'évolution des
LU
larves dans leur croissance. Durant la période estivale, l'évolution des larves L1 en larves
L3 paraît se développer de façon régulière, seulement sur quelques larves, au fur et à q
mesure que les larves L3 sont rejetées dans le milieu extérieur. ûi
ls/1
Par contre, apparaît l'existence d'un cycle évolutif hivernal des œstres chez les ovins. Durant
cette période, un plus grand nombre de larves L1 subissent une diapause ou vie ralentie
de longue durée. Les larves L3 se localisent dans les voies nasales pendant l'hiver et évo-
luent en nymphe au printemps suivant. Cette évolution biologique correspond aux symp-
tômes d'œstrose apparaissant en fin d'hiver dans de nombreux troupeaux de moutons.
Cela explique que cette symptomatologie n'est pas due à une infestation des brebis pen-
dant l'hiver.

Le diagnostic
Le diagnostic s'effectue principalement par l'observation de symptômes qui évoluent en
plusieurs étapes (photos 13.7 et 13.8). L'éternuement et non la toux est un élément com-
plémentaire du diagnostic. Un diagnostic différentiel peut être réalisé en procédant à un
traitement curatif sur quelques animaux malades. La disparition des symptômes en quelques
jours confirme la présence d'œstres et la nécessité d'un traitement des brebis du troupeau.
La recherche d'anticorps selon la technique ELISA chez les agneaux ou agnelles en primo-
infestation peut-être une possibilité de diagnostic.

Photo 13.7 Un jetage clair et séreux au début de l'infestation.


Source: J.-P. Alzieu

83
EEl
f » J L'ŒSTROSE

' 31
Photo 13.8 Un jetage muqueux avec obstruction des commissures nasales.
Source : J.-P. Alzieu

La prévention
Le contrôle de l'infestation des ovins et du développement de la maladie peut se réaliser
seulement en agissant thérapeutiquement sur les animaux (figure 13.3).

Le closantel (Séponver®) permet la prévention de cette parasitose. Cet antiparasitaire de


la famille des salicylanilides se fixe aux albumines plasmatiques. Ceci confère à ce médica-
ment une longue durée d'action naturelle de 6 à 8 semaines sur les œstres et d'autres
parasites (cf. Haemonchose).

L'administration de l'antiparasitaire aux moutons s'effectue fin juin, ce qui correspond à


la période d'infestation, et supprime le développement des populations larvaires pendant
une partie de l'été.

Un second traitement, pratiqué début septembre, contrôlera l'infestation de fin d'été et


le développement de l'œstrose en hiver ou début de printemps.

L'ivermectine et ses génériques, mais aussi la doramectine et la moxidectine présentent


une certaine durée d'action sur les parasites présents chez les moutons. Les interventions
avec ces molécules sur les animaux sont à pratiquer et répéter pendant la période à risque
d'infestation durant l'été (tableau 13.2).

84
13
m
z

>
O
UJ
w.
O

h-

Infestation 9

ClosanteI

!
Ivermectine
Moxidectlne injectable
Nitroxinil

Figure 13.3 Principe de contrdle de I'infestation d'cestres chez les moutons.


Source: C. Mage

Le traitement
En présence de signes cliniques d'œstrose, le traitement curatif est à réaliser sur tous les
animaux du lot, voire sur le troupeau. Le tableau 13.2 liste les antiparasitaires utilisables
pour supprimer la maladie.

| Tableau 13.2 Antiparasitaires contre les œstres

Mode d'action Matière active


Curatif et préventif Closantel

Nitroxinil
Ivermectine injectable, génériques
Curatif
Doramectine
Moxidectine injectable

85
Les cestodoses

Ce sont des maladies parasitaires consécutives à l'évolution de stades larvaires de certains


parasites ayant pour hôte définitif les carnivores et essentiellement le chien. Le mouton
est un hôte intermédiaire. Trois espèces de ténias du chien développent chez les ovins trois
formes larvaires:

• les cysticerques;
• lecœnure;
• l'échinocoque.

Le diagnostic de l'infestation du mouton n'est possible qu'après autopsie ou à l'examen


des carcasses à l'abattoir.

86
LES CESTODOSES LARVAIRES

La Cysticercose

La maladie - les symptômes u


La maladie présente peu de signes cliniques sur l'animal. Elle est due à des cysticerques
provoquant des lésions hépatiques de forme vermiculaire, blanchâtres souvent hémorra-
giques. Ceci correspond au cheminement de l'embryon du parasite à la surface du foie.

La cysticercose a pour conséquence principale la saisie de la carcasse ou une pénalisation


de 30 à 4 0 % de sa valeur commerciale après abattage.

Toutefois, lors d'infestation brutale et massive, il peut se produire une hépatite traumati-
sante consécutive à la migration des cysticerques.

Dans ce cas, les lésions hépatiques accompagnées de complications bactériennes provoquent


des symptômes similaires à l'hépatite nécrosante (voir fiche 7 7, La fasciolose ou maladie
de la grande douve).

Les cysticerques sont parfois nombreux (plusieurs dizaines) fixés à tous les organes de l'ab-
domen: foie, intestin, mésentère, paroi abdominale. Ils sont appelés « boules d'eau » par
les bouchers {photo 14.1). Ils se présentent sous la forme de petits kystes fragiles remplis
de liquide et laissant voir un petit point blanc constituant le scolex du futur ténia.

Photo 14.1 Cysticerques sur carcasse d'agneaux.


Source: C. Mage

87
LES CESTODOSES LARVAIRES

La biologie
Les cystlcerques sont des larves de cestodes, appelées aussi vésicules, et ne contenant qu'un
seul scolex du ténia.

Deux genres de cysticerques se rencontrent chez les ovins:

• Cysticercus tenuicollis est la larve de Taenia hydatigena du chien. Il forme une vésicule
de la taille d'un petit pois à celle d'un œuf de poule.
• Cysticercus ovis est la larve du Taenia ovis du chien. Il forme des vésicules en grain de
riz dans les muscles.

Le chien s'infeste par ingestion de kystes de cysticerques en mangeant de la viande (photo 14.2).
Les scolex contenus dans le kyste se libèrent et se fixent par leurs crochets à la paroi intesti-
nale. Le ténia se développe en formant des anneaux où mûrissent les œufs. Les anneaux sont
expulsés dans les crottes. Le mouton, hôte intermédiaire, ainsi que tous les ruminants et le
porc, ingèrent avec l'herbe les œufs qui poursuivent leur évolution {photo 14.3, figure 14.1).
L'embryon est libéré, traverse la muqueuse digestive puis est véhiculé par la circulation san-
guine vers les organes où il se localise définitivement:

• Cysticercus tenuicollis se fixe et se développe dans la cavité péritonéale après une


migration à travers le parenchyme hépatique.
• Cysticercus ovis se fixe dans tous les muscles.

LOCALISATION
DES CYSTICERQUES:
^ «muscles
; • cavité péritonéale

Figure 14.1 Cycle biologique des cysticerques.


Source: C. Mage

88
Photo 14.2 Les cysticerques sont ingérés par les chiens et se développent
en Taenia.
Source: C. Mage

Photo 14,3 L'infestation des agneaux s'effectue au pâturage.


Source : C. Mage

89
LES CESTODOSES LARVAIRES

Le diagnostic
Le contrôle effectué par les Inspecteurs sanitaires sur les carcasses des moutons à l'abattoir
est un moyen de diagnostic. A u niveau du chien de l'élevage, il existe une possibilité de
diagnostic qui consiste à faire un examen des fèces de l'animal. La présence d'éléments
blanchâtres dans les matières fécales précise l'existence de segments ovigères chez le chien
et des cysticerques chez le mouton.

La prévention
Le seul moyen de contrôler le développement des cysticerques consiste à supprimer les
parasites adultes chez le chien en le traitant régulièrement contre le ténia ou téniasis tous
les 3 mois. La matière active de l'antiparasitaire utilisable est le praziquantel.

L'infestation des chiens, propagateurs de cysticerques, est supprimée aussitôt après le trai-
tement. De plus, la prévention repose aussi sur la suppression de l'infestation des chiens
en évitant la consommation de viscères suspects.

Le traitement
Il n'y a pas de moyen biologique ni thérapeutique pour éliminer les kystes de cysticerques
chez le mouton. Le diagnostic du parasite chez l'animal vivant n'est pas possible.

90
LES CESTODOSES LARVAIRES

La cœnurose

La maladie - les symptômes


La maladie est due à des cœnures ou kystes dans la moelle épinière ou dans l'encéphale
du mouton. Ces parasites sont très pathogènes, ils provoquent des compressions au niveau
des centres nerveux.

Les symptômes sont:

• une encéphalite aiguë lors d'infestation massive;


• un tournis, l'animal tourne en rond, la tête de côté;
• une paralysie du train postérieur lorsque la larve se localise dans la moelle épinière;
• ou des troubles nerveux variant avec la localisation du kyste.

Après quelques mois de maladie, la mort est la seule issue.

La biologie
Le cœnure est une larve (mono-vésiculaire et polycéphalique), appelée aussi vésicule, conte-
nant plusieurs scolex de futurs cestodes. Cœnurus cerebralis est la larve de Taenia multiceps
du chien, infesté par ingestion de viande.

À partir du scolex contenu dans le kyste, le parasite s'est développé en ténia avec formation
d'anneaux contenant des œufs. Après expulsion des anneaux dans les crottes du chien, le
mouton, hôte intermédiaire, ingère les œufs avec l'herbe (figure 15.1). Les embryons de
cœnure traversent la muqueuse digestive et se fixent dans le système nerveux. Des kystes de
1 à 4 mm de diamètre se forment dans l'encéphale ou dans la moelle épinière.

LOCALISATION DES CŒNURES:


• système nerveux
ABATS
• encéphale
• moelle épinière

Figure 15.1 Cycle biologique des cœnures.


Source: C. Mage

91
LES CESTODOSES LARVAIRES

Le diagnostic
Les symptômes nerveux chez le mouton, appelés « tournis », sont les éléments de
diagnostic.

A u niveau du chien, le diagnostic s'effectue dès qu'il y a des éléments blanchâtres dans les
matières fécales.

La prévention
Le contrôle de l'infestation des moutons par le cœnure consiste à supprimer les parasites
adultes chez le chien. Le traitement du chien est à réaliser régulièrement tous les 3 mois
avec un ténicide (tableau 75.7).

I Tableau 15.1 Principaux antiparasitaires contre les cestodes du chien

Matière active Noms commerciaux Mode d'administration Présentation


Fenbendazole Panacur® Voie orale Comprimés

Mébendazole Telmin® KH Voie orale Comprimés

Ascatène®-Stromiten® Comprimés
Niclosamide Voie orale
Gelminthe®-Vitaminthe® Pâte

Nitroscanate Lopatol® Voie orale Comprimés

Oxfendazole Dolthène® Voie orale Suspension buvable

Nombreuses spécialités
(Cestem®, Drontal®,
Praziquantel Voie orale Comprimés
Droncit®, Milbémax®,
Praziqual®, Profender®...)

La prévention doit s'orienter sur la suppression de l'infestation des chiens en évitant la


consommation de viscères contaminés.

Le traitement
La guérison du mouton n'est pas possible. Il n'y a pas de médicaments qui soient actifs sur
le stade biologique des coenures chez les moutons.

92
LES CESTODOSES LARVAIRES

L'échinococcose LU
Wi
O
u
u
O
u
O

La maladie - les symptômes


L'échinococcose est provoquée par un parasite, l'échinocoque, qui est très pathogène sui-
vant la localisation du ou des kystes. Les moutons atteints maigrissent progressivement et
présentent parfois des troubles hépatiques ou une gêne respiratoire.

Cette maladie parasitaire est très grave car elle peut se transmettre à l'homme qui peut
seulement guérir par une intervention chirurgicale toujours délicate.

La biologie
L'échinocoque est une larve (polyvésiculaire et polycéphalique) appelée vésicule ou kyste
hydatique contenant plusieurs autres vésicules qui renferment plusieurs scolex de futurs
cestodes, jusqu'à 40.

Echinococcus polymorphus est la larve du ténia échinocoque. C'est un très petit ténia de
quelques millimètres qui est un parasite du chien, mais aussi du renard.

Ces animaux s'infestent par ingestion de kystes d'échinocoques avec la viande. Les scolex
contenus dans les kystes se libèrent et se fixent à la paroi intestinale. Le ténia se développe
en formant des anneaux contenant des œufs. Après expulsion des anneaux dans les crottes,
le mouton ingère les œufs avec l'herbe qui poursuivent leur évolution. L'embryon libéré
et véhiculé par la circulation sanguine se répartit dans de nombreux organes. Des kystes
larvaires se forment surtout dans le foie et les poumons (figure 16.1).

Ce parasite existe partout en France avec une fréquence peu importante et peut se ren-
contrer chez tous les mammifères.

• poumon

Figure 16,1 Cycle biologique des échinocoques.


Source: C. Mage

93
LES CESTODOSES LARVAIRES

Le diagnostic
Le diagnostic se réalise à l'abattoir lors du contrôle des carcasses ou à l'autopsie par la
présence de kystes hydatiques. L'infestation de moutons doit alerter les personnes de l'éle-
vage côtoyant les chiens proches des troupeaux parasités.

La prévention
La prévention repose sur la suppression des parasites chez le chien par des traitements
systématiques tous les 3 mois contre les échinocoques. Les antiparasitaires utilisables chez
le chien sont regroupés dans le tableau 15.1 (p. 92) et doivent contenir du praziquantel,
seule molécule active sur les échinocoques.

Le traitement
Il n'y a pas de médicaments actifs sur le stade larvaire des échinocoques chez le mouton,
d'où l'impossibilité de pratiquer un traitement de l'animal.

94
Les maladies

externes ou 1
transmises par
des parasites
externes
Les maladies parasitaires externes sont provoquées par plusieurs parasites localisés au niveau
de la peau avec un développement dans l'épiderme pour certains. Les parasites sont des
acariens, des insectes et un champignon. (Ainsi, les tiques sont des parasites externes capables
de transmettre des maladies, comme la piroplasmose, lors de leur piqûre.) Leurs lieux de
vie de prédilection sont les bâtiments d'élevage, mais aussi le milieu extérieur:
• Les sources principales d'infestation des moutons sont les bâtiments d'élevage dans
lesquels vivent les différents parasites. Le maintien des animaux en bergerie pendant
plusieurs semaines, voire plusieurs mois favorise l'infestation des brebis et des agneaux.
La concentration des moutons permet la contamination par le contact d'un animal à
un autre. Les infestations parasitaires sont essentiellement contrôlées par des inter-
ventions sur les moutons. Les bâtiments sont rarement désinsectisés, ce qui maintient
les parasites pour de nouvelles infestations des animaux.
• Dans les conditions d'élevage des moutons au pâturage, le regroupement de trou-
peaux en alpage est une des causes de maintien de certaines parasitoses dans les éle-
vages. Par ailleurs, l'évolution des conditions climatiques apporte d'importantes
modifications de certains parasites dans les élevages. La prévalence de certaines para-
sitoses progresse, avec de graves conséquences par leur rôle de vectrices d'agents
infectieux. Ces parasitoses seront l'un des freins économiques dans les élevages de
moutons au cours des prochaines années.

96
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

La gale

La maladie - les symptômes


La maladie est due à plusieurs parasites. On distingue trois types de gale:

• La gale psoroptique est due à un acarien du genre Psoroptes (photo 17.1). Elle se déve-
loppe sur tout le corps du mouton. La toison est feutrée dans un premier temps, puis
souillée. Elle tombe après grattage ou mordillement. Des croûtes jaunâtres apparaissent
recouvrant une peau suintante. La maladie débute en région dorsale, puis s'étend vers
l'avant. C'est la gale la plus fréquente chez le mouton. Elle entraîne du grattage.
• La gale sarcoptique est due à un acarien du genre Sarcoptes (photo 17.2). La maladie
s'appelle aussi le « noir museau ». Elle se développe sur le front principalement. La
peau devient très épaisse.
• La gale chorioptique est due à un acarien du genre Chorioptes (photo 17.3). Elle reste
localisée à la partie postérieure de l'animal. Les lésions sont parfois discrètes, la peau
est recouverte de squames.

sii.
Photo 17.1 Psoroptes. Photo 17,2 Sarcoptes.
Source: Parasitologie ENV Nantes Source: Parasitologie ENV Nantes

Photo 17.3 Chorioptes.


Source: Parasitologie ENV Nantes

97
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

La gale sévit surtout sur des animaux en manque d'état corporel et sur une mauvaise hygiène.
La maladie apparaît principalement sur les moutons après passage en bergerie, mais aussi au
printemps et en fin d'été dans les élevages où elle sévit à l'état endémique.

Les symptômes sont discrets en début d'infestation. Il y a apparition du prurit avec quelques
mèches tirées de la toison. La maladie évolue rapidement dans un lot provoquant une
forte augmentation du temps passé des animaux au grattage. La toison s'arrache par
plaques sur le dos et sur les flancs. Des touffes de laine s'observent sur les clôtures suite
au prurit. La peau s'épaissit et il apparaît une induration du derme dans les croûtes. Des
plaies et des abcès de surinfection apparaissent. Chez l'agneau se développent des taches
blanches et humides sur le corps qui donnent un aspect d'agneau « léopard ». La laine est
blanchie par la salive suite au léchage provoqué par le prurit. Ces tâches sont très caracté-
ristiques de l'infestation et sont associées à un grattage important des agneaux.

La biologie
Les psoroptes sont des acariens allongés volumineux, de 0,60 à 0,70 mm, avec un rostre
deux fois plus long que large, les pattes débordant largement du corps. L'acarien vit à la
surface de l'épiderme dans la couche cornée, se nourrit de cellules kératinisées. Il ne creuse
pas de galerie mais peut atteindre par perforation le corps muqueux. Le psoropte femelle
vit 30 à 40 jours environ, et pond 90 à 100 œufs à la surface de la peau dans les anfractuo-
sités humides des croûtes. La durée du cycle biologique est de 12 jours environ. Il peut sur-
vivre dans le milieu extérieur pendant plusieurs mois, avec des températures de 20 à 40 °C.

Les sarcoptes sont de forme presque ronde, de petite taille, 0,25 à 0,40 mm, leur rostre est
court et carré. Les pattes sont courtes, les antérieurs dépassent à peine le rostre et les pos-
térieurs sont souvent invisibles sur une vue dorsale. L'acarien vit à la surface de la peau la
plupart du temps. Les femelles fécondées creusent des galeries sinueuses dans l'épiderme
jusqu'au niveau du corps muqueux. Les œufs y sont pondus par nombre de 4 à 6 par jour
pendant un à deux mois. Les larves remontent à la surface de la peau. La durée d'évolu-
tion biologique est de 10 à 26 jours environ.

Les chorioptes mesurent 0,30 à 0,40 mm. Les mâles ont des lobes postérieurs munis d'ap-
pendices. L'acarien n'entre pas en contact avec la partie interne de la peau. Il vit à la sur-
face de l'épiderme. Le cycle d'évolution se déroule en quatre stades biologiques: l'œuf, la
larve, la nymphe et l'adulte.

L'infestation naturelle
L'infestation se développe par le contact du mouton avec l'acarien. Le contact animal/
parasite se réalise dans les bâtiments d'élevage principalement. Ce sont les lieux où les
acariens survivent le mieux: les parties en bois recouvertes de suint, les anfractuosités des
murs. La forte densité des animaux favorise le développement de l'infestation parasitaire
dans le bâtiment. L'infestation parasitaire passe aussi par le contact d'un mouton sain avec

98
un mouton infesté dans un élevage voisin ou introduit dans le troupeau. Toutefois, l'infes-
tation peut se réaliser à l'extérieur par frottement des moutons à des piquets en bois, ou
à des troncs d'arbres.

L'évolution biologique des acariens est maintenue par l'absence de désinfection systéma-
tique annuelle des bâtiments d'élevage. Elle est aussi maintenue au sein d'un troupeau
par des traitements non appropriés.

Le diagnostic
Le diagnostic clinique s'effectue à partir des symptômes: prurit, perte de laine, croûtes
jaunes. Au laboratoire, ce sont les acariens des gaies qui sont diagnostiqués en présence
de la maladie. Le diagnostic est réalisé sur des croûtes, des éléments de la peau après grat-
tage, des brins de laine arrachés dans la zone des lésions. Le grattage de la peau est pra-
tiqué énergiquement sur plusieurs points différents du corps du mouton. Le prélèvement
est examiné au laboratoire pour une identification des acariens. Toutefois, le diagnostic
de présence d'infestation peut s'effectuer selon une méthode simplifiée. L'échantillon est
mis sur un fond noir, réchauffé par l'éclairage d'une lampe. Avec une lampe et une loupe
(grossissement 10 à 15 fois), il est possible d'observer des acariens.

La prévention
La prévention s'effectue par la désinfection systématique et annuelle des bâtiments d'éle-
vage avant l'entrée des moutons. La désinfection se réalise par une pulvérisation à haute
pression à l'eau bouillante des murs, des râteliers, du sol, complétée par une pulvérisation
de produits acaricides.

Les principaux médicaments sont des organophosphorés ou des pyréthrinoïdes à utiliser


selon la concentration en principe actif et à la dilution conseillée par le fabricant pour
obtenir la concentration de la solution finale.

Le traitement
Lorsqu'un ou plusieurs moutons sont infestés dans un troupeau, le traitement est réalisé
sur tous les animaux du lot. Les médicaments utilisables sont les matières actives : organo-
phosphorés, formamidine, pyréthrinoïdes, ivermectine injectable, moxidectine injectable,
doramectine (tableau 17.1). L'élimination des psoroptes, acariens dominants du mouton,
s'obtient avec deux traitements consécutifs à 15-20 jours d'intervalle. Les produits à base
d'organophosphorés, formamidine, pyréthrinoïdes sont utilisés par balnéation avec une
baignoire couloir ou circulaire (voir modalités de traitement). Les autres médicaments,
ivermectine et moxidectine, s'administrent par injection sous-cutanée et la doramectine
par injection intramusculaire. Les délais d'attente pour la commercialisation des animaux
après le traitement doivent être respectés.

99
j j j ^ ^ J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

| Tableau 17.1 Principaux antiparasitaires actifs contre a c a r i e n s

Famille Matière active


Diazinon
Organophosphorés
Phoxim

Formamidine Amitraz

Fenvalerate
Pyréthrinoïdes
Deltaméthrine

Ivermectine injectable - génériques


Avermectines
Doramectine

Milbémycine Moxidectine injectable

Les modalités de traitement


La balnéation
Cette méthode nécessite un matériel spécial (assez onéreux) et une grande quantité d'eau.
Le bain doit durer au moins 30 secondes par mouton, en maintenant la tête immergée au
moins deux fois pour une bonne efficacité. Il faut que les produits imprègnent bien la laine
et le suint, pour assurer une meilleure efficacité dans le temps.

Deux types de matériel sont proposés:

• La baignoire circulaire dans laquelle les moutons sont traités par groupe de quatre.
Les animaux effectuent un tour et demi en 30 secondes environ. Un intervenant situé
au centre de la baignoire immerge la tête des moutons. Le matériel nécessite 1 800 à
4 000 litres d'eau et deux individus au minimum.
• La baignoire couloir qui mesure 3 à 10 m de long et 1,20 m de profondeur. Un plan
incliné facilite la sortie des moutons à une extrémité. Cette baignoire nécessite 2 500
à 10 000 litres d'eau et trois intervenants.

La douche
Cette intervention se réalise avec un matériel spécial présentant une pression de 4 à 5 kg/cm2.
La consommation d'eau est de 30 à 50 litres par animal. Les moutons sont regroupés par
lots et introduits dans la douche. La quantité de produit utilisée à chaque lot est récupérée
dans un bac de réception, filtrée et réutilisée. Le traitement doit durer 3 à 4 minutes pour
une bonne imprégnation du produit dans la laine. Un parc d'égouttage des animaux est
nécessaire à la sortie. Les moutons doivent être abreuvés avant le bain pour éviter les acci-
dents consécutifs à l'ingestion du produit de traitement.

ioo
Précautions d'emploi extraites de l'autorisation de mise sur le marché (AMM)

• Pour les humains


Les personnes qui traitent les moutons par baignades ou pulvérisations doivent être équipées
de vêtements imperméabilisés, de gants, de masques avec filtre pour limiter les inhalations de
produits et un contact avec la peau. On ne doit pas fumer, et le lavage des mains est obliga-
toire. Lors de projection de produits sur la peau ou les yeux, il f a u t rincer a b o n d a m m e n t avec
de l'eau.
Les produits doivent être tenus hors de portée des enfants et à l'écart des denrées alimentaires.
L'utilisation d'une perche pour immerger les moutons p e r m e t d'éviter le contact du produit
avec la peau et l'inhalation des vapeurs du produit.

• Pour les moutons


Laisser les a n i m a u x se reposer et les faire boire avant le t r a i t e m e n t . Il ne f a u t pas immerger les
moutons fatigués ou excités.

• Pour l'environnement
Les médicaments présentent un risque de toxicité pour les intervenants et pour l'environnement
lorsqu'ils sont déversés. Ils sont toxiques pour les palmipèdes et les poissons. Le déversement
de la suspension de produit dans le milieu extérieur doit être contrôlé obligatoirement pour ne
pas polluer les sources, les puits, les ruisseaux, les mares et les a n i m a u x qui boivent cette eau.

101
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

La teigne

La maladie - les symptômes


La teigne est causée par un champignon, Trichophyton verrucosum, qui se développe dans
les pores de la peau. C'est la multiplication des champignons qui provoque la maladie. Les
éléments parasitaires provoquent des réactions inflammatoires du tégument qui ne sont
pas prurigineuses. Les lésions ont une évolution d'allure circulaire avec une dépilation. Elles
sont recouvertes de squames grisâtres d'aspect farineux, ou de croûtes épaisses qui se
délitent. La pathogénie de l'affection est liée à l'action mécanique du champignon et pro-
bablement à une action antigénique suite à l'élaboration de substances toxiques.

La biologie
Le parasite de la famille des dermatophytes est un champignon kératophile et kératinoly-
tique qui trouve la kératine pour vivre chez les êtres vivants ou dans le milieu extérieur
souillé de débris de poils, de laine. Il peut survivre dans le milieu extérieur à l'état de spores.
Ce sont des éléments très résistants pouvant survivre pendant cinq ans. Les champignons
ont la possibilité de contaminer facilement le milieu extérieur, soit en se reproduisant, soit
par la longue résistance de leurs spores, soit par la multiplication asexuée.

La durée d'évolution biologique est de 8 à 20 jours. Les lésions sont inapparentes au début,
puis une petite croûte apparaît à la base d'une touffe de poils hérissés.

L'infestation naturelle
L'infestation se développe dans un troupeau à partir de moutons infestés ou d'un milieu
contaminé par les champignons. Cette situation explique la possibilité d'évolution des
teignes dans un troupeau en dehors de toute introduction d'animaux teigneux. L'apport
de paille, de fourrage contaminé dans un élevage, ou la mise des animaux dans un

102
bâtiment non désinfecté suffit pour déclencher une infestation du troupeau. Les mauvaises
conditions d'ambiance et d'hygiène des bergeries sont des facteurs favorisant le dévelop-
pement de l'infestation. Parfois, la teigne apparaît après des microtraumatismes de la peau q
ou sur des animaux atteints d'autres parasitoses externes. Les carences en vitamines A et
Ui
C, en fer ou en cuivre peuvent avoir un rôle non négligeable dans l'infestation.

Le diagnostic
Le diagnostic s'effectue par la forme des lésions. La confusion avec d'autres infestations para-
sitaires, telles la gale est peu probable. Toutefois, il ne faut pas confondre ces lésions avec
celles des carences en zinc à l'origine de dépilations mais à contour irrégulier. Le diagnostic
de laboratoire identifie les dermatophytes à partir de raclage des lésions, poils ou croûtes. Un
examen direct microscopique s'effectue entre lame et lamelle sur le contenu du prélèvement
écrasé dans la potasse à 10% ou dans du lactophénol d'Amann. Ce diagnostic peut être com-
plété par la mise en culture, permettant de préciser l'espèce de dermatophyte en cause.

La prévention
La prévention consiste à détruire le champignon par une désinfection des bâtiments d'éle-
vage et du matériel. Un décapage à l'eau bouillante est conseillé sur le sol, les murs, les
râteliers, les mangeoires. Certains désinfectants peuvent être utilisés (tableau 18.1). Le
matériel est trempé dans des solutions antifongiques.

Tableau 18.1 Désinfectants des bâtiments d'élevage contre le champignon


Trichophyton verrucosum

Soude 8%
Lessive de soude 4%
Formol 2-5%
Grésyl 1,5%
Énilconazole (Imavéral®) 0,2%

Le traitement
Un mode d'Intervention curative locale est réalisable sur les moutons.

103
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

Traitement local
Ce traitement consiste à appliquer sur les lésions une solution de substances fongicides à dif-
férents rythmes selon les produits. La guérison s'obtient si l'ensemble des moutons atteints
est traité, car certains individus peuvent être porteurs asymptomatiques de spores. Il est pré-
férable d'arracher les croûtes (les détruire) pour effectuer le traitement local (tableau 18.2).

j Tableau 18,2 Antifongiques à action locale

Produits Modes d'utilisation


Solution aqueuse à 0,2%
Énilconazole (Imavéral ND) Pulvérisation après brossage des lésions
(4 traitements à 4 jours d'intervalle)

Produit naturel Spray sur les lésions pendant 3-4 jours consécutifs

Préparations pour application locale : Application chaque jour sur les lésions pendant
- teinture d'iode diluée au 3A dans l'alcool 1 semaine
ou la glycérine;
- pâte de Thiabendazole à 5 %

D'autres modes de traitement local sont réalisables avec des extraits de plantes (Solanacés;
Curcuma longa, Leucos aspera) et avec l'aromathérapie.

104
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

Les myiases W"!


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La maladie - les symptômes


Le terme myiase désigne une affection provoquée par des larves de certaines mouches
carnassières qui se développent à la surface ou dans les couches superficielles de la peau.
Les mouches appartiennent à plusieurs espèces: Lucilia, Wohlfartia principalement et
Calliphora et Phormia. L'infestation est fréquente pendant les périodes chaudes de l'été.
Elle se caractérise par la présence d'asticots dans divers endroits du corps du mouton, dans
les blessures fraîches, dans l'orifice du rectum, de la vulve, de la verge, du fourreau, entre
les onglons (photo 19.1) L'infestation par les asticots peut s'accompagner de perte d'appétit,
de perte d'état corporel, de toxémie, et même de mortalité suite à des affections secon-
daires. Lors de myiases cutanées, les larves en dévorant la peau détachent la laine qui tombe
en découvrant la plaie. Les cavités creusées par les larves peuvent être impressionnantes.

Photo 19.1 Myiase due à Lucilia sericata.


Source : C. Mage

Lors de myiase à Wohlfartia magnifica, les lésions sont essentiellement sur les zones non
lainées: les orifices des organes génitaux, l'entrée du conduit auriculaire, la base des cornes,
et parfois sur les plaies du corps.

105
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

La myiase des espaces interdigités appelée aussi podomyiase constitue la localisation la


plus fréquente. Les insectes sont attirés par l'espace interdigité des deux onglons, mais
l'infestation peut se faire consécutivement à une inflammation d'origine traumatique ou
d'origine infectieuse (piétin, panaris interdigité). Après la colonisation des larves de
Wohlfartia, le pied se déforme, devient tuméfié et la boiterie est importante. Les deux
doigts sont écartés. Plus l'infestation est ancienne, plus les tissus sont lésés en profondeur
avec présence de nombreuses galeries. Les lésions et l'inflammation sont considérables et
les surinfections locales accroissent les dommages tissulaires.

La myiase vulvaire et du fourreau est favorisée par les écoulements et les tuméfactions
locales (chaleurs et période de post-partum chez les agnelles et les brebis). Chez les agnelles,
la douleur et le prurit sont intenses, générant mordillement et grattage. Chez les mâles,
les larves sont déposées à l'orifice du fourreau et colonisent rapidement la cavité. La verge
peut présenter des lésions graves. La queue coupée courte dans certaines races est un fac-
teur très favorable à l'infestation.

La myiase auriculaire se développe à l'entrée du conduit de l'oreille. La présence du contenu


plus ou moins crasseux semble être l'un des lieux de prédilection pour la ponte. Elle se
développe aussi sur le pavillon de l'oreille à partir des plaies provoquées par l'irritation
locale créée par le frottement des boucles d'identification. Cette localisation de myiase est
un endroit où il y a de nouvelles colonisations après le traitement. Lors de myiases à Lucilia
sericata, les asticots ne sont retrouvés qu'au niveau de zones enlainées (toison), lésées pré-
alablement soit par des traumatismes, soit par suite de macération locale (essentiellement
vers les épaules) au niveau du garrot, sur le dos et la croupe. Ces myiases peuvent être une
complication fréquente du syndrome « pourriture de la toison » (due à la multiplication
locale de bactéries Pseudomonas aeruginosa) et de la maladie des laines jaunes.

Biologie
Les agents de myiases externes des moutons sont des insectes de la famille des Calliphoridae.

Les insectes du genre Lucilia sont de coloration brillante, souvent métallique, bleue, verte,
à abdomen homogène ou pourvu de bandes transversales ( p h o t o 19.2). Les femelles sont
ovipares; leurs larves de 3 e âge (L3) présentent des stigmates postérieurs superficiels. La
mouche adulte mesure 6 à 11 mm. Les mouches pondent entre 1 000 et 3 000 œufs pré-
férentiellement sur les plaies, les blessures des moutons, sur les cadavres ou toute matière
organique en décomposition. Les larves éclosent 10 heures environ après la ponte et évo-
luent en 2 jours en larves de 3 e âge (L3) d'une taille de 15 mm de long (photo 19.3). Les
L3 tombent sur le sol et, après une pupaison de durée variant entre 4 et 24 jours, évoluent
en adultes. Le cycle complet se réalise en une dizaine de jours en période estivale (figure
19.1). Lorsque la température du sol est inférieure à 7 °C, la pupe de Lucilia sericata reste
inactive. Par contre, elle a une activité durant la belle saison.

106
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Photo 19.2 Lucilia sericata.


Source: Parasitology ENV Nantes

Photo 19.3 Larves de Lucilia,


Source : J . - M . Gourreau

107
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

5 jours

Figure 19.1 Cycle évolutif de Lucilia sericata.

Les insectes du genre Wohlfartia sont de couleur grisâtre, mesurent 8 à 14 mm au stade adulte
et ont un abdomen clair et tacheté avec des yeux rouge brique {photo 19.4). Cette mouche
ne peut se développer que sur des matières organiques en décomposition. Les larves L1 ont
un pouvoir de sécrétion de substances protéolytiques et se nourrissent d'abord de cellules
épidermiques et de lymphe extravasée, puis de tissus plus ou moins nécrosés et d'exsudats.
Elles n'ont pas de contact direct avec le système sanguin de l'animal. Les larves de 2 e (L2) et
de 3 e âge (L3) se nourrissent de la même manière que les larves L1. La durée d'évolution du
stade larvaire L1 au stade larvaire L3 varie avec la quantité de nutriments disponibles pour
les larves. En moyenne, l'évolution se réalise en quelques jours, de 5 à 7 jours {figure 19.2).

Photo 19.4 Wohlfartia magnifica.


Source : J.-M. Gourreau

108
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Mouche Wohlfartia yu
Larve L1 Wì

Larve L2 Stade larvaire


de 5 à 7 jours
LU
parasites obligatoires
de la peau
et des muqueuses

Figure 19.2 Cycle évolutif de Wohlfartia magnifica.

L'infestation naturelle
Les mouches du genre Lucilia sont présentes dans les réglons de plaine. Elles ont une acti-
vité diurne durant la belle saison, elles sont attirées par les suintements sur les animaux
(plaies, blessures...) et ne se reproduisent que sur des tissus lésés. Les mouches du genre
Wohlfartia se rencontrent plus souvent en altitude. Elles sont actives de fin juin-début juillet
à septembre pendant les heures chaudes des journées ensoleillées. Par temps couvert, ou
de pluie, elles s'abritent sous les plantes et sont inactives. Les mouches femelles ont une
perception olfactive très développée et sont attirées par les animaux à sang chaud, par la
toison humide, l'odeur du suint et par les blessures. Les lieux d'activité privilégiés sont les
écoulements de plaies, mais aussi la peau à tout stade d'inflammation, les muqueuses ocu-
laires, nasales et génitales, même sans lésion persistante. L'infestation s'effectue pendant
la période chaude de l'été (figure 19.3). Elle se développe chez les moutons très rapidement
et en l'absence de soins, les asticots progressent et génèrent de véritables cavités ou tunel-
lisations dans les zones atteintes. La fréquence de l'infestation dans les troupeaux de mou-
tons dépend de la température estivale. Plus il y a de journées très chaudes et humides, plus
le risque d'avoir des animaux atteints de myiase est important. L'infestation a une incidence
clinique et zootechnique en plus des inflammations locales provoquées par Lucilia et
Wohlfartia. Il apparaît rapidement des risques généraux liés à une souffrance marquée de
l'animal. Les moutons infestés répugnent à se déplacer, restent en arrière du troupeau,
mangent moins. L'état de santé évolue à un état de déficience générale qui aboutit souvent
à la mort. Les surinfections bactériennes et les productions associées de toxines, difficiles à
résorber accélèrent la morbidité développée par les larves. Les conséquences économiques
sont directement liées à la gravité de l'infestation des moutons par les larves.

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jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

Base des cornes

Oreilles
(boucles
d'identification)
Vulve

Poitrail
(frottement Verge, fourreau
chez les béliers)

(fourchet, piétin, panari)

Figure 19.3 Parties du corps du mouton à inspecter pour diagnostiquer les myiases.

Le diagnostic
Le diagnostic s'effectue essentiellement de visu par la présence d'asticots à différents endroits
du corps du mouton. Bien souvent, le diagnostic est réalisé lorsque le développement de
l'infestation est avancé. Pour éviter les pertes économiques provoquées par les myiases, le
diagnostic doit être effectué par un contrôle systématique des moutons pendant la période
chaude de l'été. Le diagnostic visuel consiste à observer la toison, la vulve, le fourreau, la
base des cornes, les oreilles. L'identification des mouches Wohlfartia et Lucilia n'est pas
réalisable en élevage.

La prévention
Elle consiste à rechercher la suppression des lieux de ponte et de développement larvaire.
Pour les myiases Lucilia sericata pondant sur les matières en décomposition, il convient de
détruire ou d'enfouir les cadavres et de pulvériser d'insecticide les murs des bâtiments
d'élevage, les tas de fumier stockés à l'extérieur. Pour Wohlfartia, cette mesure est plus
difficile à réaliser, car les mouches sont plus dispersées dans l'environnement. On peut
envisager l'aspersion d'insecticide sur les endroits dépourvus d'herbe, qui sont souvent les
aires de repos des moutons pendant l'été. Une autre possibilité de prévention par la voie
thérapeutique est envisageable pour les troupeaux de moutons qui sont conduits en estive
ou sur des parcours pendant la période estivale. L'application de produits par épandage
(Pour On) sur le dos des moutons est une voie de prévention. Le dicyclanil contrôle l'infes-
tation des myiases pendant 16 semaines.

Les traitements insecticides avec des organophosphorés ou des pyréthrinoïdes par balnéa-
tion, douche ou pulvérisations peuvent être utilisés. La faible rémanence de certains pro-
duits nécessite de répéter fréquemment les traitements pendant la période chaude.

110
Le contrôle des infestations de myiases est assuré par l'application sur le dos des moutons
wrt
d'un produit naturel issu de l'aromathérapie: Oxylis™. Le produit présente une action insec- LU

ticide et répulsive qui protège les animaux pendant 5 à 6 semaines. Une première application W"
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du produit Oxylis™ est à faire au début de la période à risque de myiases (début juin en zone
herbagère), puis une deuxième application début août et une troisième mi-septembre.
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Le traitement
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Le traitement consiste à nettoyer la plaie avec un désinfectant puis à appliquer un insec-


ticide pour permettre la destruction des larves. De nouvelles applications locales sont bien
souvent nécessaires à quelques jours d'intervalle pour obtenir l'élimination totale des larves
évitant ainsi la recontamination immédiate de la plaie par les insectes. Le traitement s'ef-
fectue avec des insecticides tels le diazinon, le propétamphos, la formamidine, les pyré-
thrinoïdes, et Oxylis™. Lors d'infestation grave, une antibiothérapie par voie générale est
recommandée en complément de l'intervention insecticide. Le traitement peut s'effectuer
avec des anti-infectieux classiques: pénicilline, dihydrostreptomycine, oxytétracycline.

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jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

L'infestation par les poux

La maladie - les symptômes


L'infestation du mouton par les poux est due à des anoploures ou poux piqueurs et à des
mallophages ou poux broyeurs (photos 20.1 et 20.2). Elle se rencontre principalement chez
des moutons en bergerie, surtout chez les agneaux. Les poux sont visibles à l'œil nu dans
les plis de la toison. Les anoploures entraînent une irritation de la peau par les piqûres
qu'ils réalisent pour se nourrir de sang. Cette irritation provoque le grattage du mouton
et la chute de morceaux de laine. Les mallophages provoquent de la démangeaison de la
peau, amenant l'animal à se gratter. Ils broient les poils de laine pour se nourrir et entraînent
la chute de brins ou de parties de la toison. On peut penser qu'une forte infestation chez
des agneaux a des répercussions sur la croissance et la durée d'engraissement. La peau
peut présenter après tannage des lésions de piqûres d'anoploures provoquant une dimi-
nution de la valorisation de cette partie du 5 e quartier par les mégissiers.

Photo 20.1 Anoploure.


Source: Parasitologie ENV Nantes

La biologie
Les poux sont des insectes de 1 à 1,5 mm de long. Les poux piqueurs ou anoploures ont une
tête allongée, plus étroite que le thorax; tandis que chez les poux broyeurs ou mallophages,
la tête est aussi large que longue et plus large que le thorax. Ils ont des antennes bien visibles,
comportant 5 articles (ou segments) pour les anoploures, et 3, 4 ou 5 segments pour les mal-
lophages. Le thorax est divisé en deux parties généralement. Ce sont des parasites perma-
nents des animaux. Le développement biologique se déroule entièrement sur le mouton.
Les femelles pondent des œufs appelés lentes de forme ovoïde, de 1 mm environ de longueur.

112
Les lentes sont fixées au poil au ras de la peau. L'éclosion se réalise 6 jours après environ;
une petite larve très fragile est libérée, mue et atteint le stade adulte. La durée du cycle
évolutif est d'environ 18 jours. Les adultes vivent 6 à 8 semaines et sont peu résistants à la
chaleur (les adultes sont morts en 15 minutes à 60 °C, les lentes sont tuées en 5 minutes à
60 °C, en 15 minutes à 50 °C).

L'infestation naturelle
Les poux vivent sur les moutons et dans les bâtiments d'élevage, ce qui crée les sources
d'infestation dans un élevage. L'infestation s'effectue par le contact d'animal à animal et
principalement chez les moutons en bergerie, voire plus fréquemment chez les agneaux à
l'engraissement. Les poux broyeurs ou mallophages se nourrissent de squames et de débris
épidermiques. Les poux piqueurs ou anoploures sont hématophages et peuvent transmettre
des bactéries entraînant une spoliation et un défaut d'aspect et de structure de la peau.
L'infestation par les poux concerne tout le lot d'animaux, voire plusieurs lots dans une
bergerie.

Le diagnostic
L'infestation par les poux est diagnostiquée visuellement. Le diagnostic consiste à écarter
des morceaux de laine sur le dos des moutons, sous l'encolure, pour voir les poux ainsi que
les lentes fixées sur les poils au ras de la peau. L'identification des poux broyeurs et piqueurs
s'effectue avec un grossissement de 12 à 20 fois. Elle se réalise principalement sur les carac-
téristiques morphologiques de la tête et des pièces buccales des insectes. Les mallophages
ont des pièces buccales broyeuses à mandibules fortes, tandis que les anoploures ont une
pièce buccale rétractée au repos qui s'étire lors de piqûre de la peau. Ils sont visibles à l'oeil
nu sur le dos du mouton lorsqu'ils sont très nombreux.

La prévention
La prévention consiste à procéder à une désinsectisation de la bergerie à l'entrée et à la
sortie des animaux. Il est conseillé de pratiquer une pulvérisation à haute pression à l'eau
bouillante des murs, du sol et des râteliers. Celle-ci peut être complétée par une pulvéri-
sation avec une solution insecticide. La prévention passe par un diagnostic visuel des poux
et des lentes à l'achat des moutons avant de les introduire dans le troupeau. Une applica-
tion de produit ayant une action sur les poux peut être pratiquée en début de période
d'infestation des moutons. Le produit naturel Oxylis™ assure une action répulsive de plu-
sieurs semaines vis-à-vis des poux.

Le traitement
Les poux présents sur les moutons sont éliminés par les médicaments de la famille des
organophosphorés et des pyréthrinoïdes appliqués sur le corps de l'animal (tableau 20.1).

113
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

Les produits sont utilisés par pulvérisation principalement. Ils peuvent l'être aussi par bain.
En présence de poux piqueurs anoploures, le traitement peut s'effectuer avec de l'ivermec-
tine, de la doramectine par voie injectable et avec de la moxidectine par voie orale et
injectable. Les médicaments n'ont pas d'activité sur les lentes, par conséquent le contrôle
des poux nécessite deux traitements à 15 jours d'intervalle pour s'assurer de l'élimination
des populations de poux issues des lentes après le premier traitement. Cette pratique
concerne tous les médicaments.

S Tableau 20.1 Principaux médicaments contre les poux

Matière active Nom déposé


Dimpylate Dimpygal®

Phoxim Sébacil®

Amitraz Taktic®

Deltaméthrine Butox®-Versatrine®

Cyperméthrine Ectofly®

Ivermectine Nombreuses présentations injectables

Doramectine Dectomax®-Zearl®

114
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

L'infestation par les tiques

La maladie - les symptômes


Ces parasites ont un rôle de transmission d'agents pathogènes chez les ruminants. Les
tiques se fixent de préférence dans les endroits du corps à la peau fine. Les parasites sont
présents au niveau de la tête, du garrot, sous les épaules, la face intérieure des cuisses et
la base de la queue ( p h o t o 21.1). Ils provoquent une réaction inflammatoire locale. La
tique va dilacérer le derme. L'effraction de la peau est réalisée par deux crochets entraî-
nant de la douleur. Les glandes salivaires sécrètent un cément qui assure la fixation du
parasite à la peau du mouton. Cela aggrave l'inflammation par l'action toxique de la salive.
Il peut y avoir après le départ de la tique un point de nécrose avec la possibilité d'exsuda-
tion prolongée. Sur la lésion cutanée peuvent se greffer des affections bactériennes, voire
des myiases, voire la dermatophytose. Le parasite appelé aussi Ixodes a un effet spoliateur
qui se concrétise par une quantité de 0,6 gramme environ de sang prélevé par repas. Ce
prélèvement sanguin dure 4 à 5 jours avec une phase d'aspiration lente, suivie d'une phase
d'aspiration rapide. C'est au cours de cette dernière que des agents pathogènes sont transmis
à l'animal tels les piroplasmes, les anaplasmes, les rickettsies, les chlamydias... L'infestation
provoque de l'anémie et du prurit, et des retards de croissance chez les jeunes animaux.

Photo 21.1 Tiques.


Source: Fac. Pharmacie Limoges

La biologie
Les tiques vivent la majeure partie de leur vie dans le milieu extérieur. Les facteurs clima-
tiques ont un rôle déterminant en ce qui concerne l'alternance de leur période d'activité

115
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

et de diapause. Il existe de nombreuses familles (7 à 8) de tiques. Les principales espèces


françaises sont: Ixodes, Dermacentor, Rhipicephalus, Hœmaphysalis, Boophilus. Elles mesurent
3 à 10 mm, ont des couleurs et des évolutions biologiques différentes. Certaines nécessitent
un, deux ou trois hôtes pour leur cycle évolutif. Pour les Ixodes, espèce fréquente en France,
l'évolution biologique se décompose ainsi:

• La première étape consiste à la recherche de la femelle par le mâle sous l'influence


de phéromones, puis à la fécondation qui se déroule principalement sur l'animal. La
femelle se gorge de sang pendant plusieurs jours, puis se laisse tomber sur le sol.
• Pour la ponte, la femelle cherche un emplacement sombre et abrité. Les œufs sont
enduits d'une substance cireuse imperméabilisante et demeurent agglutinés en groupe.
La femelle pond de 500 à 7 000 œufs selon l'espèce pendant plusieurs semaines, après
quoi elle meurt.
• L'éclosion des œufs s'effectue après une incubation de 2 à 36 semaines selon l'espèce
et les conditions microclimatiques. Une larve sort de chaque œuf.
• La vie larvaire se déroule dès les premiers jours par un durcissement de la cuticule. La
larve reste immobile jusqu'à ce que les conditions climatiques deviennent favorables.
Elle se positionne sur un brin d'herbe en attendant le passage de l'animal. Elle se fixe
sur l'hôte avec ses pattes puis par son rostre, prend son repas sanguin pendant quelques
jours, puis se laisse tomber sur le sol. Après quelques semaines de vie sur le sol, elle
subit une mue qui la transforme en nymphe.
• La nymphe à son tour se fixe sur un hôte, prend son repas sanguin pendant quelques
jours, tombe sur le sol et mue en mâle ou en femelle.

L'évolution biologique nécessite le passage sur trois hôtes différents. La durée totale du
cycle peut être de quelques mois à 3-4 ans. Ce type de cycle est celui de nombreuses espèces,
dont Ixodes ricinus et Dermacentor.

L'infestation naturelle
L'infestation des moutons s'effectue au pâturage surtout dans les prairies avec des haies
et des broussailles. L'absence d'entretien des pâtures est un facteur favorisant l'infestation
des moutons. Les tiques du genre Ixodes ricinus vivent dans les haies, les genêts, les bruyères,
en lisière des bois et dans les pâtures. Le genre Dermacentor reticulatus est une tique active
au printemps et en automne en bordure des bois et dans les prairies. Elle se fixe plus spé-
cialement au niveau du cou et de la nuque. Dermacentor marginatus est une espèce fré-
quente chez les ovins et les caprins.

Le diagnostic
Le diagnostic s'effectue par l'observation des tiques sur le corps des moutons. L'identification
des espèces de tiques est réalisée par la récolte de tiques sur les animaux ou dans la prairie.
Le prélèvement pratiqué sur les moutons doit se faire sans endommager le rostre du parasite
qui est indispensable à la diagnose du genre. On anesthésie Ixodes avec de l'éther et on le
détache de l'animal en évitant tout mouvement de rotation. Les tiques sont récupérées dans

116
ni
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LU
éviter la putréfaction et envoyées à un laboratoire spécialisé (École nationale vétérinaire, etc.) 3
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La prévention
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vu
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La destruction des tiques dans le milieu extérieur est utopique. L'entretien des haies, I, Q ¿

fauche des refus sont des moyens de limiter le développement biologique des parasite ^
dans le milieu extérieur. CL

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Une prévention médicamenteuse peut se réaliser par l'application de pyréthrinoïdes su o
atta
les parties basses du corps, les pattes, le ventre, l'encolure, entre les postérieurs, les endroit H"
où les tiques auront le contact avec l'animal. Le contrôle des infestations par les tique <£
s'effectue aussi par l'application de produits naturels (Oxylis™) par pulvérisation au niveai h -
(Si
des parties basses du corps. Les applications des produits médicamenteux ou naturels son 111
à renouveler toutes les 3-4 semaines pendant la période à risque qui tend à aller du prin- u.
temps à l'automne dans de nombreuses régions. E
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Le traitement
La destruction des tiques sur les moutons est réalisée par un traitement des animaux du
troupeau. Le traitement est effectué avec l'une des molécules citées dans le tableau. Les
molécules de la famille des avermectines, comme l'abamectine et la doramectine, ou de
la famille des milbémycines ont une efficacité limitée. C'est surtout sur les tiques du genre
Boophilus que l'efficacité est notée.

Le traitement se réalise aussi avec des pyréthrinoïdes ou des organophosphorés ou certains


produits naturels (Oxylis™). Le mode de traitement s'effectue par bains, douches, ou par
pulvérisation des moutons (tableau 21.1).

! Tableau 21.1 Produits actifs contre les tiques

Famille Principal actif


Organophosphorés Dympilate, Phoxim

Formamidine Amitraz

Pyréthrinoïdes F e n v a l é r a t e , Deltaméthrine

Produit naturel O x y l i s ™ huiles e s s e n t i e l l e s

Les produits provoquent le décrochement de la tique et la mort progressive. Ce sont les


mêmes que ceux utilisés contre la gale, toutefois, certains médicaments nécessitent une
posologie supérieure contre les tiques. La tique est un insecte très résistant, d'où un certain
délai pour sa destruction suite au contact avec le produit.

117
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

Maladie transmise par


les tiques : la piroplasmose
ou babésiose ovine

La maladie - les symptômes


La piroplasmose est une maladie due à des protozoaires du genre Babesia ou piroplasmes
transmis aux moutons par des tiques infectées lors de succion de sang {photos 22.1 et 22.2).
C'est une maladie virulente, inoculable, infectieuse, non contagieuse. Après une incubation
de 3 à 5 jours, les symptômes apparaissent avec une température élevée durant plusieurs
jours (fièvre supérieure à 42 °C). Les animaux malades présentent une émission d'urine
mousseuse et de couleur brunâtre, de la diarrhée et un ictère caractérisé par une colora-
tion jaune pâle de la peau et des muqueuses. L'anémie se développe progressivement, les
muqueuses buccales, oculaires et vaginales pâlissent. La production laitière diminue pro-
gressivement. La maladie évolue rapidement. Il peut y avoir de la mortalité lors de dia-
gnostic et d'intervention tardifs. La maladie entraîne des pertes économiques importantes,
de la mortalité, une baisse de production et exige une surveillance accrue des animaux.
Elle se développe le plus souvent pendant les mois de mai-juin et septembre-octobre. Toutes
les catégories de moutons sont sensibles à la piroplasmose. Après une infestation, les ani-
maux développent une réaction immunitaire de protection contre les réinfestations de
piroplasmes. Toutefois, cette protection n'est pas totale. Elle présente une spécificité vis-
à-vis des piroplasmes d'où des possibilités de maladie sur des moutons après un change-
ment de région d'élevage. Elle peut se manifester dans un troupeau à partir d'autres genres
de piroplasmes, dont certains sont plus ou moins virulents.

Photos 22.1 et 22.2 Les tiques transmettent les piroptames.


Source: C. Mage

118
La biologie
Les protozoaires pathogènes pour les moutons sont Babesia divergens d'une taille de 2,5
à 5 microns et Babesia ovis d'une taille de 1 à 2,5 microns. Ils sont libérés par les tiques
lors de la succion et ils pénètrent dans les hématies, se divisent en huit heures environ,
pour libérer de nouveaux parasites qui pénètrent dans des hématies saines. Cette division
est une schizogonie qui aboutit à des mézoroïtes.

Ce sont les ovins malades ou guéris qui sont les réservoirs de parasites. Seule la tique femelle
s'infeste à partir d'un mouton porteur de piroplasmes lors du repas de sang par l'intermé-
diaire de la salive. Les éléments infectants arrivent dans le tube digestif de la tique et
gagnent le tissu ovarien. Les éléments parasitaires passent par les œufs, puis par les larves
et vont dans les glandes salivaires des nymphes et des adultes.

L'infection de la tique se transmet d'une génération à une autre génération par l'intermé-
diaire des œufs.

Les piroplasmes sont transmis aux moutons par les tiques infectées. Lors de la piqûre et de
la succion de sang, les piroplasmes sont libérés dans le sang de la brebis et pénètrent dans
les hématies (globules rouges). Les piroplasmes se nourrissent de cytoplasme des hématies
et d'éléments du plasma sanguin (photo 22.3).

Après plusieurs transformations des parasites dans les globules rouges, ces derniers éclatent,
libèrent les parasites qui pénètrent dans des globules rouges sains.

Photo 22.3 Globules rouges infestés par les piroplasmes (microscope).


L'infection est représentée par les points sombres dans les hématies.
Source: J.-L. Zonderland

119
jjj^^J LES MALADIES PARASITAIRES EXTERNES OU TRANSMISES PAR DES PARASITES EXTERNES

L'infestation naturelle
L'Infestation des moutons se réalise au pâturage, dans les lieux de vie des tiques, à proxi-
mité des haies, des broussailles, voire au milieu de la prairie lorsque celle-ci n'est pas entre-
tenue (photo 22.4). Elle apparaît au printemps et en automne et bien souvent dans certaines
prairies connues comme étant à risque. Les tiques se fixent à l'encolure, autour de la tête,
sous le poitrail et entre les membres antérieurs et postérieurs. Elles provoquent de la
démangeaison, mais surtout un agacement du mouton par la succion du sang. Une seule
tique infestée suffit sur plusieurs centaines présentes sur un mouton pour transmettre des
piroplasmes. Dans la pratique, toutes les tiques ne sont pas infectées.

Photo 22.4 Les brebis se regroupent dans les lieux de vie des parasites.
Source: C. Mage

Les piroplasmes sont transmis par les tiques dans le sang de l'animal et se développent
dans les globules rouges où ils poursuivent leur évolution biologique. Les moutons sont
atteints de piroplasmose. Les animaux des régions indemnes sont sensibles à l'infestation
lorsqu'ils sont introduits dans des élevages où celle-ci existe. La maladie peut se manifester
brusquement à la suite de l'achat ou de la location de nouvelle pâture. Les animaux guéris
conservent quelques parasites, bien tolérés, favorisant l'entretien de la protection immu-
nitaire. La brebis transmet cette immunité à son agneau, qui persiste trois mois environ.
En l'absence de réinfestation, l'immunité ne dure pas plus de deux ou trois années, ensuite
l'animal redevient sensible à l'infestation. Toutefois, un mouton peut présenter de nou-
veau une piroplasmose après une rupture d'immunité suite à une maladie intercurrente,
des perturbations physiologiques (agnelage, lactation), un stress. Les agneaux nés de mères
non immunisées sont sensibles à l'infestation de piroplasmes jusqu'à l'âge de 2 mois.
L'infestation peut être due à une nouvelle souche de piroplasmes car l'immunité acquise
vis-à-vis d'une souche n'assure pas la protection contre les autres.

120
B1
M a

Le diagnostic LU
z
Sur l'animal vivant, on distingue deux types de diagnostic :
>
o
yj
• Le diagnostic clinique qui repose sur les symptômes de la maladie, l'anémie, l'hémoglo-
binurie, voire une urine noirâtre, mousseuse; ce diagnostic doit être différencié d'à G
maladies telles l'épérythrozoonose, l'anaplasmose, ou de l'heemonchose.

• Le diagnostic de laboratoire consiste à mettre en évidence des piroplasmes si \Ui
fiû
frottis de sang; ce diagnostic consiste à prélever du sang avec un tube héparine
procéder à une coloration au May Grünwald-Giemsa.
1
<
ea
D
La prévention O
LU

l/ï
La destruction totale des tiques est illusoire. Cependant, lorsque les moutons sont por s O
de tiques en grand nombre, on peut procéder à un traitement des animaux avec un pro- SE
duit à base d'organophosphorés ou de pyréthrinoïdes. Ce procédé n'est pas une gar,
de contrôle de la Piroplasmose. <
CL
O
La p r é m u n i t i o n Q£
£L
Dans les troupeaux avec quelques cas de maladie, il faut favoriser l'entretien de l'ét;
prémunition chez les jeunes animaux. En pratique, cela consiste à faire pâturer les agn <
dans les pâturages où la Piroplasmose se manifeste habituellement. o®

WS
I l _ jj

D
La c h i m i o - p r é v e n t i o n o!
h-
Lors de développement systématique de piroplasmose chaque année, une chimio-prévei V/Ì
yj
est possible par l'injection d'imidocarbe au début de la période à risque de la maladi
médicament assure une protection de 1 à 3 mois en permettant à l'immunité de s'ins- r —1
si le mouton est infesté. OÎ
<J

Le traitement UJ

2s
(A
_ z
nistration d'imidocarbe (Carbesia, nom commercial) par injection intramusculaire i 1
sous-cutanée est également utilisable). Il peut être renouvelé 36 heures après dar Stf
s
h-
cas pathologiques. Selon l'évolution de la maladie, un traitement complémentaire
UJ
effectué avec des hépato-protecteurs, diurétiques, laxatifs, tonicardiaques. Cela
complété par l'apport de sérum glucosé, de solution bicarbonatée. O
^
«
§
121
jjj^^J LES M A L A D I E S PARASITAIRES EXTERNES O U T R A N S M I S E S PAR DES PARASITES EXTERNES

Biologie des tiques

Les tiques appelées Ixodes ricinus vivent uniquement à l'extérieur. Leur période d'activité est sai-
sonnière: printemps et automne. Elles ne se déplacent que de quelques centaines de mètres. Lors
de la recherche du mouton, elles se localisent dans les zones herbagères, montant et descendant
sur les brins d'herbe. Lorsque la tique est fixée sur l'animal, elle émet un cément qui rendra l'an-
crage de ses pièces buccales très résistant. Le repas de sang dure une semaine pour la larve ou
l'adulte sur un seul et même mouton. La prise de nourriture est plus importante la nuit. La tique
consomme une dominante de lymphe en début de repas, puis en fin de succion, elle ingère une
plus grande quantité de sang.

Lorsqu'un Ixode ricinus se détache avant la fin de son repas, il recherche alors un autre mouton,
comme hôte.

L'évolution biologique de génération en génération se réalise dans les haies et peut durer un an.

122
LES D I A G N O S T I C S

Les diagnostics visuels ws


—i
u
D
Wrt

w
A u c o n t a c t des a n i m a u x , e t p a r l ' o b s e r v a t i o n des b r e b i s et des a g n e a u x , il est possible t_
d ' a v o i r q u e l q u e s o r i e n t a t i o n s sur la s a n t é d u t r o u p e a u . Des s y m p t ô m e s o u c e r t a i n e s m a n i - ©
f e s t a t i o n s e x t é r i e u r e s s o n t des i n d i c a t e u r s d e c e r t a i n e s i n f e s t a t i o n s p a r a s i t a i r e s ou d e l'évo-
Z
l u t i o n e n p h a s e de m a l a d i e (tableau 23.1). Ces é l é m e n t s s o n t r é p e r t o r i é s s e l o n les m a l a d i e s
<
p a r a s i t a i r e s digestives, p u l m o n a i r e s et a u t r e s .

T a b l e a u 23.1 D i a g n o s t i c s v i s u e l s de c e r t a i n e s i n f e s t a t i o n s p a r a s i t a i r e s
SA
Strongles gastro-intestinaux Diarrhée, amaigrissement uy

- Haemonchus Anémie, perte d'appétit, difficultés de déplacement,


amaigrissement, mortalité

Strongles pulmonaires
-Dictyocaules Essoufflement, toux

- Protostrongles, Muellerius Essoufflement, toux, difficultés de déplacement, jetage, mortalité

Œstres Mouchage nasal important

Grande douve Anémie, perte d'appétit, amaigrissement, mortalité

Paramphistomes Diarrhée, amaigrissement, grincement de dents

Acariens (Psoroptes) Perte de lainage par plaques, grattage

Moniezia Ventre ballonnée, taches blanches dans les crottes, croissance


nulle

Coccidies Diarrhée, croissance du jeune âge affaiblie, taches blanches sur


les flancs

125
LES DIAGNOSTICS

Les diagnostics biologiques

La coproscopie
Il s'agit de la recherche des oeufs ou des larves de premier stade dans les crottes. L'examen
s'effectue à partir de prélèvements de matières fécales individuels ou sur le mélange de
ceux-ci. Le volume de crottes doit être égal ou supérieur à 5 g ou 30 g selon la technique
d'examen pratiquée au laboratoire d'analyses. Le transport au laboratoire d'analyses doit
être le plus rapide possible, avec un maintien au frigo (proche de 4 °C) pour éviter la des-
truction des larves de premier stade par la chaleur. Il faut aussi éviter l'éclosion de larves
à partir des œufs contenus dans les matières fécales.

Les résultats sont exprimés en nombre d'œufs de parasites par gramme de crottes. Ils indiquent
la nature de l'infestation présente sur les animaux du troupeau à partir de l'excrétion para-
sitaire. Le niveau de l'excrétion d'œufs ou de larves de parasites n'est pas en relation avec
le degré d'infestation du mouton, ni avec la maladie. Le niveau d'excrétion parasitaire est
dépendant de l'état physiologique, de l'état corporel de la brebis (figures 24.1 et 24.2) et
des différents parasites (figures24.3 et24.4). Certains strongles pathogènes (ex.: Ostertagia,

œufs/gramme —
200-2500

œufs/gramme - p - - œufs/gramme
15-150 15-150

AGNELAGE
LUTTE

Figure 24.1 Excrétion d'œufs de strongles gastro-intestinaux chez les brebis.


Source : C. Mage

126
15-100 œufs/gramme ± 200 à 1000 œufs/gramme
O O

B o n état corporel M a u v a i s état corporel


note 2- > 2,5 note 1 - 1 , 5

Figure 24.2 Excrétion d'œufs de strongles gastro-intestinaux chez les brebis selon l'état corporel.

S o u r c e : C. M a g e

INFESTATION EXCRETION EXEMPLE INTERPRETATION


(fin pâturage) (œufs/gramme)

Adultes 300 • Méthode Mac Master


45 6 œufs de strongles x 50 = 300
3 œufs de strongles x 15 = 45
OSTERTAGIA
Larves
enkystées

Larves
H/EMONCHUS
enkystées

COOPERIA Adultes

200 4 œufs de strongles x 50 = 200


NEMATODIRUS Adultes 30 2 œufs de strongles x 15 - 30

Figure 24.3 Diagnostic de strongles gastro-intestinaux chez la brebis (coproscopie).

S o u r c e : C. M a g e

INFESTATION EXCRETION EXEMPLE INTERPRETATION


(fin juin) (œufs/gramme)

Méthode Mac Master


16 œufs de strongles x 50 - 801
Adultes
5 œufs de strongles x 15 = 75
OSTERTAGIA 5000/8000

Larves

H/EMONCHUS Adultes

COOPERIA Adultes

200 4 œufs de strongles x 50 = 200


NEMATODIRUS Adultes 30 2 œufs de strongles x 15 - 30

Figure 24.4 Diagnostic de strongles gastro-intestinaux chez les agneaux (coproscopie).

S o u r c e : C. M a g e

127
LES DIAGNOSTICS

Hcemonchus) pondent peu d'oeufs comparés à d'autres strongles ( f i g u r e 24.5). Bien sou-
vent, le nombre est très faible par rapport aux strongles de l'intestin grêle du genre
Cooperia, peu pathogènes chez le mouton.

INFESTATION EXCRÉTION
(œufs/gramme)
coproscopie
Adultes
1-700
paramphistomes

800

450

150

Larves

Figure 24.5 Diagnostic de I'infestation de paramphistomes chez les moutons.


Source: C. Mage

L'excrétion parasitaire est produite par les populations de strongles ou tout autre parasite
adulte dans l'organisme du mouton. Les stades larvaires en migration ou en hypobiose ne
sont pas diagnostiqués par cet examen. L'interprétation est toujours difficile et vouloir conclure
sur un niveau d'infestation parasitaire ou de degré de maladie demeure peu réaliste. Les œufs
de strongles gastro-intestinaux ont une même morphologie, ce qui ne permet pas d'identifier
les espèces de strongles digestifs responsables de l'infestation. Seuls les œufs de strongles
Nematodirus dans l'intestin grêle et les Trichures dans le cœcum/côlon ont des caractéristiques
morphologiques facilitant le diagnostic. Chez l'agneau à l'herbe en primo-infestation, l'excré-
tion d'œufs de strongles peut être élevée dès les trois premiers mois de pâturage.

Les œufs de grande douve seront toujours en très faible nombre par gramme de matières
fécales. Cela ne conduit pas à une estimation de la gravité de la maladie et du nombre de
larves de Fasciola hepatica en migration dans l'organisme et le foie. Les paramphistomes
sont des parasites du rumen qui excrètent parfois plusieurs centaines d'œufs par gramme
de fèces. Les stades larvaires en migration dans le duodénum ne sont pas diagnostiqués et
ils représentent une partie de l'évolution de la paramphistomose. Ces deux parasitoses ont
une phase de prépatence de trois mois entre l'infestation et l'excrétion des œufs dans les
crottes des animaux, période pendant laquelle les examens sont négatifs en présence de
parasite chez les moutons.

L'infestation de coccidies chez les agneaux est diagnostiquée par la coproscopie à 20 jours
environ après l'infestation qui suit la naissance. Trois à quatre semaines après l'infestation

128
les agneaux présentent un pic d'excrétion d'ookystes de coccidies avec plusieurs milliers,
voire des centaines de milliers d'ookystes par gramme de crottes. L'excrétion tend à dimi-
nuer aux cours des semaines suivantes pour avoir des reprises d'excrétion d'ookystes lors
de changement de conditions de vie, le sevrage, l'alimentation, le logement, les divers
stress (figure 24.6). Il arrive qu'en phase de coccidiose clinique le niveau de l'excrétion
parasitaire soit faible. Les éléments parasitaires sont fortement éliminés de l'agneau avec
la diarrhée. Cette situation est une limite de l'interprétation de la coproscopie. Lors de
symptômes de coccidiose, il est recommandé que la coproscopie soit complétée par un
diagnostic des espèces de coccidies permettant ainsi d'identifier les espèces pathogènes.

1 000 000 —

100 000 —

10 000 — 10 000 —

1 000 — 1 000 —
Ookystes de coccidies

100 — 100 —

Naissance
i 1 I 2 I 3 I 4 I 5 I 6 I 7 8 1 9 1 10 I 11 I 12 1 13 1 14 i 15 1
SEMAINES SEVRAGE

Figure 24.6 Excrétion d'ookystes de coccidies chez les agneaux (gramme/fèces).


Source: C. Mage

Dans la gestion annuelle d'un troupeau de moutons, dans le cadre de bonnes pratiques
parasitaires, il est proposé un positionnement des outils de diagnostic parasitaire pour une
réalisation minimale au cours de l'année (figures 24.7 et 24.8).

NUMÉRO DE L'ANIMAL

ESPÈCES DE COCCIDIES NOMBRE D'OOKYSTES PAR GRAMME DE FÈCES

Eimeria ovina 1

Eimeria ovinoïdalis 1

Eimeria crandallis 1

Autres (préciser) 1

Figure 24.7 Diagnostic des espèces de coccidies chez les agneaux.


Source: C. Mage

129
Troupeau de moutons

Brebis & •-Jeunes ]


Agneaux moutons

Coproscopie Grande douve


Paramphistomes
Petite douve

Méthode
Strongles pulmonaires
BAERMANN

Grande Sérologie Grande


douve anticorps "douve

Strongles Strongles
Pepsinogène —
caillette'*" caillette

Grande Sérologie Grande


douve anticorps douve

Strongles Strongles
AGNEAUX Pepsinogène
caillette***" "caillette
AGNELLES

renouvellement
Coproscopie Paramphistomes
Petite douve
Méthode
BAERMANN Strongles pulmonaires

Coproscopies*
Identification des espèces* Coproscopies * Identification des espèces *
Coccidies après 20 jours Coccidies après 20 jours

Figure 24.8 Diagnostic des infestations parasitaires internes.


Source: C. Mage

La s é r o l o g i e

C'est un examen pratiqué sur le sérum à partir de sang prélevé sur le mouton.

Recherche des anticorps

Il s'agit d'un examen immunologique qui consiste à rechercher les anticorps développés par
l'animal suite au passage de la grande douve dans l'organisme et dans le foie. Ce sont les
stades immatures de la grande douve qui développent les premières réactions immunitaires
et l'apparition des anticorps anti-Fasciola hepatica. La méthode ELISA est la plus utilisée
avec des résultats de taux d'anticorps présentés de façon semi-quantitative. Les résultats
positifs précisent qu'une infestation parasitaire s'est développée chez les moutons d'un
troupeau (tableau 24.1). Cette méthode permet la détection des anticorps anti-Fasciola
hepatica dès la 3 e semaine d'infestation des moutons. Toutefois, des résultats négatifs peuvent
s'observer sur des animaux faiblement infestés. Le seuil de détection des anticorps par la
technique de sérologie ELISA utilisée ne permet pas un diagnostic précoce de l'infestation.

130
Chez des agneaux et des agnelles en première année de pâturage, un diagnostic positif
indique une primo-infestation au cours des mois écoulés. Après un traitement douvicide
larvicide à la bonne posologie, les anticorps anti-Fasciola hepatica disparaissent 60-90 jours
après le traitement chez la brebis et les agnelles.

I Tableau 24.1 Diagnostic de grande douve - sérologie pour les brebis

TAUX INFESTATIONS
ANTICORPS NOMBRE GRANDES DOUVES/BREBIS
Très élevés fort positifs
> 80 - 200 STADES
> 150%
IMMATURES
Positifs + ADULTES
1-60
80% - < 150%

Faible positifs STADES IMMATURES


1-10
30% - 80% + ADULTES

Négatif
0
< 30%

Source: C. Mage

Dosage du pepsinogène sanguin

Un examen enzymatique, le dosage du pepsinogène sanguin, consiste à évaluer le niveau


d'infestation de la caillette par les strongles Ostertagia et Haemonchus. Les lésions de la
muqueuse de la caillette provoquées par la migration de stades larvaires des strongles
permettent le passage du pepsinogène sanguin de la caillette vers le sang. Le taux moyen
normal est de 300-400 milli-unités, et le seuil pathologique se situe aux alentours de
1 000-1 800 milli-unités. Cet examen peut s'utiliser pour décider de la réalisation d'un trai-
tement des agneaux ou des brebis au cours du pâturage en période à risque de forte infes-
tation par les strongles de la caillette (figure 24.9).

Dosage de pepsinogène sanguin

> 1800 mU

Strongylose = ostertaglose
= hœmonchose
1500 mU

1400 mU

Infestation
c o n s é q u e n c e s zootechniques

900 mU

800 mU

Normal

500 mU

mU = milliunités

Figure 24.9 Diagnostic des strongles de la caillette chez la brebis /Ostertagia, Heemonchusj.
Source: C. Mage
131
m LES
Y ^ L DIAGNOSTICS

Les diagnostics des parasites


externes

Le diagnostic des acariens responsables de la gale s'effectue par un raclage énergique de


la peau, de la laine et des croûtes représentant les lésions de la maladie. Ces éléments sont
observés en direct sous le microscope pour rechercher et identifier les acariens (sarcoptes,
sporoptes, chorioptes). Le diagnostic biologique à partir du prélèvement est facilité par la
mise en suspension de celui-ci dans de l'eau pendant 4 à 6 heures. La recherche des aca-
riens sous le microscope est plus aisée et l'on a plus de chances d'avoir un diagnostic positif
et de ne pas conclure à l'absence d'infestation par erreur.

L'infestation par les poux passe par un examen direct de la laine avec une loupe (grossis-
sement x 5-8). Un prélèvement de laine à la base de la peau peut s'effectuer et à l'aide
d'une loupe il sera diagnostiqué la présence de poux broyeurs et ou de poux piqueurs. Le
diagnostic entre les deux types de poux s'appuie sur la morphologie de chaque insecte.Le
pou piqueur est de couleur sombre suite au sang consommé sur le mouton et le pou broyeur
est de forme plus ronde et de couleur claire.

L'infestation est caractérisée par la présence de chaque parasite sur plusieurs moutons d'un
lot et non sur le nombre de parasites sur un seul mouton du troupeau.

132
IV
Les
médicaments
antioarasitaires
Les antiparasitaires sont des médicaments dont l'utilisation doit se faire dans le respect des
indications de l'autorisation de mise sur le marché (AMM). On ne doit pas utiliser des médi-
caments de façon routinière ou en ne respectant pas les délais d'attente. De telles pratiques
ont des conséquences graves pour la santé humaine à cause des résidus dans le lait ou dans
la viande. Ces pratiques présentent aussi des risques de toxicité pour l'environnement car
les médicaments ont des dégradations plus ou moins rapides dans le milieu extérieur.
L'enjeu est tel que l'on doit tenir compte du développement des parasites, du mode d'ac-
tion et du spectre d'activité pour pratiquer les traitements appropriés au contrôle parasi-
taire des moutons.

Les connaissances acquises sur la parasitologie en élevage, associées au mode d'action et


au spectre d'activité des antiparasitaires facilitent le positionnement des traitements. Ceux-ci
sont à intégrer aux différentes conduites des troupeaux de moutons selon les régions de
production dans une démarche de prévention. Cette orientation préventive conduit à une
politique d'agriculture durable avec une gestion des traitements antiparasitaires sur les
moutons. Le but est d'assurer le contrôle des infestations à un niveau faible sans pertur-
bation zootechnique sur les animaux et sans manifestations cliniques. De plus, il s'agit de
maintenir une bonne utilisation des médicaments pour avoir une bonne activité et assurer
l'avenir des médicaments, sans développement de situations de résistances. D'autre part,
un bon positionnement des interventions antiparasitaires sur les différentes catégories de
moutons est un moyen de réduction des charges de l'élevage, permettant de maintenir la
production ovine dans les régions rurales.

134
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

La posologie, un point
important OC
O
Q_

L'administration de médicaments aux moutons sous quelque forme que ce soit, doit être o
la plus précise possible selon le poids de l'animal (figure 26.1). Plus les antiparasitaires pré-
sentent une concentration importante, plus la quantité de produit à administrer sera faible
et le risque de sous-dosage sera élevé. Il faut bien évaluer le poids des moutons pour éviter
tout sous-dosage du médicament.

u
Poids (kg)
70 o—I
o

O
Ou

A M
Mise Mise
bas bas

Figure 26.1 Exemple d'évolution du poids des brebis en production d'agneaux d'herbe.
Source: C. Mage

Lorsque l'on pratique un traitement des animaux avec une posologie unique pour le lot,
on doit prendre en compte le poids de l'animal le plus lourd comme référence. De plus,
lorsqu'on procède au traitement par estimation du poids, il faut tenir compte de la varia-
tion importante du poids selon le stade physiologique par race et des écarts entre le poids
minimum et le poids maximum dans un troupeau (tableau 26.1). Cette pratique peut
entraîner pour de nombreux antiparasitaires un sous-dosage qui peut varier de 20 à 3 0 %
en moyenne (tableau 26.2).

135
E 1 LES M É D I C A M E N T S ANTI PARASITAI RES

T a b l e a u 26.1 E x e m p l e de v a r i a t i o n du poids s u r différents lots de b r e b i s


d a n s un é l e v a g e à fa m i s e à l'herbe

Lots Poids (kg)


Moyenne Valeurs extrêmes
Brebis ayant mis bas mi-janvier 65 44 79
±6,7

Brebis gestantes 74 56 92
±10,4

Brebis allaitantes depuis 15 jours 60 38 78


±8,01
S o u r c e : C. Mage

T a b l e a u 26.2 R é p a r t i t i o n du poids d e s m o u t o n s d a n s un t r o u p e a u

Poids des brebis dans un troupeau

Inférieur Moyen Supérieur

+ 10 kg + 20 kg
-i . i
Poids (kg) par 60 64 74 84
pesées

% de moutons 5 41 40 14
S o u r c e : C. Mage

136
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Identifier les causes


d'inefficacité

Lorsqu'on pense qu'il y a inefficacité d'un produit après un ou plusieurs traitements suc-
cessifs, on doit diagnostiquer la cause, surtout si des symptômes de maladies parasitaires
sont présents après l'intervention thérapeutique. La vérification de cette hypothèse consiste
à contrôler les points suivants:

• La conservation du produit doit être assurée à l'abri de la lumière et de la chaleur


dans son emballage d'origine.
• L'utilisation du médicament après l'ouverture doit se faire rapidement.
• La date de péremption ne doit pas être dépassée.
• L'administration du produit doit s'effectuer correctement en respectant les indications
de posologie (tableau 27.1) et le mode d'emploi, en agitant les suspensions et en
vérifiant la propreté, le réglage et le bon fonctionnement du matériel de drogage
(photo 27.1).

Photo 27.1 Le drogage est une voie d'administration


des antiparasitaires.
Source : C. Mage

137
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

I Tableau 27.1 Estimation du poids des brebis et du sous-dosage des strongylicides


dans un troupeau de brebis (race Vendéenne)

Poids (kg) Répartition des brebis Estimation


en% par classe de poids du sous-dosage en%
Estimé 60

Moyen 64 plus de 64 kg 48,5

Minimum 43 de 64 à 75 kg 32,0 18-20

Maximum 92 de 76 à 85 kg 16,5 28-31


S o u r c e : C. Mage

Si l'inefficacité continue à se manifester, on peut avancer dans un second temps l'hypothèse


d'une résistance des parasites à l'antiparasitaire. Les parasites présentent une sensibilité plus
ou moins grande à l'action d'un produit anthelminthique; ce caractère a un support géné-
tique qui se transmet de génération en génération. Le parasite semble s'accoutumer au
produit, qui ne détruit que les parasites les plus sensibles, mais il a sélectionné les parasites
les plus résistants. L'utilisation anarchique des anthelminthiques chez le mouton est un des
facteurs favorisants. Lorsqu'un parasite devient moins sensible à un produit, il peut le devenir
également à d'autres produits de la même famille ou chimiquement proches. Tout un groupe
d'anthelminthiques peut devenir moins efficace et ce, pour une durée indéterminée.

Ceci a été observé avec les strongylicides en élevage ovin et pour vérifier s'il y a une dimi-
nution d'efficacité, on doit observer quelques règles:

• Un diagnostic de la résistance des strongles chez les moutons. Il consiste à effectuer des
prélèvements de crottes sur dix animaux (au minimum), puis à réaliser un traitement
antiparasitaire sur la moitié des moutons et à effectuer, de nouveau, des prélèvements
de crottes 10 jours après le traitement. Les prélèvements sont adressés à un laboratoire
vétérinaire départemental pour examen coproscopique individuel (technique Mac
Master ou Calamel-Soulé).
• Lorsque l'examen est positif, il est recommandé d'utiliser une autre famille ou groupe
chimique de produits pour traiter les moutons. De plus, à l'appui des connaissances
sur les maladies parasitaires des ovins, on s'attachera à développer un programme de
prévention adapté aux conditions d'élevage (voir fiche 7, Les strongyloses).

Les résistances des parasites aux médicaments antiparasitaires

Des résistances de strongles gastro-intestinaux ont été mentionnées chez les moutons.
Même si les cas de résistances ne sont pas aussi fréquents que dans les élevages de mou-
tons de l'hémisphère sud, il faut anticiper ce phénomène afin de disposer à l'avenir de
médicaments efficaces.

138
La sélection de populations de parasites résistants dépend d'abord du mode d'utilisation
des anthelminthiques. Le développement de résistances à ces molécules est favorisé par :
une fréquence d'utilisation importante ; W
un sous-dosage ; y
l'absence d'alternance entre familles de molécules ; [Z
•»
un mauvais choix du moment du traitement ou des animaux à traiter.

Les conditions de pâturage permanent sur les mêmes prairies conduisent à un fort risque
d'infestation avec une fréquence importante de traitements anthelminthiques à action
immédiate. Ceci favorise le développement de résistances en « concentrant » les réactions ^
de résistance dans la population des strongles.
D
Les vers sensibles à l'anthelminthique sont éliminés par le traitement, tandis que les strongles
résistants se multiplient. La fréquence des strongles résistants augmente dans la popula- \J
tion et le phénomène de résistance se voit amplifié. Les strongles résistants vont éliminer ^
des œufs résistants à la molécule dans le milieu extérieur sur la prairie, et donneront de ^
nouvelles générations de larves infestantes résistantes qui seront ingérées avec l'herbe par
les moutons. L'évolution est rapide si l'on ne prévient pas les infestations parasitaires chez 111
les brebis et chez les agneaux.

La prévention des infestations parasitaires et des risques de résistance des parasites passe
par une utilisation rationnelle des anthelminthiques. Cette voie doit tenir compte des ^
connaissances acquises sur le déroulement des infestations parasitaires et surtout des modes
et durée d'action des différentes molécules antiparasitaires. Des études confirment qu'un
traitement antiparasitaire appliqué pendant plusieurs années (voire plus de quinze ans)
sur des troupeaux de brebis et d'agneaux permet une bonne gestion des infestations sans
générer de résistance.

En cas de suspicion d'inefficacité d'un traitement, il recommandé de procéder à un dia-


gnostic assez rapidement (voir la fiche 27 Identifier les causes d'inefficacité) pour ne pas
développer une forte population d'œufs et de larves de strongles sur la prairie qui soit
résistante. Les résultats techniques et économiques du troupeau passent par ces étapes. De
plus, c'est la voie à prendre pour continuer de disposer d'antiparasitaires efficaces à l'avenir.

139
m
[t j | LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Les strongylicides à action


adulticide et larvicide

Le choix du strongylicide doit tenir compte de l'activité de la molécule sur les stades bio-
logiques des strongles. Certains médicaments n'éliminent que les strongles adultes présents
dans la lumière (c'est-à-dire le tube de l'appareil digestif). D'autres agissent aussi bien sur
les stades larvaires de strongles Ostertagia en hypobiose dans la muqueuse de la caillette
que sur les stades adultes. Pendant une grande période de pâturage, d'avril à octobre, les
strongles digestifs sont éliminés par tous les strongylicides (tableau 28.1). Par contre, en
période hivernale de novembre à mars, les populations larvaires dominantes de strongles
à ce moment-là ne sont détruites qu'avec des strongylicides ayant une activité larvicide.

Certains médicaments provoquent une lyse de l'appareil digestif du strongie et l'élimina-


tion du parasite; d'autres médicaments agissent sur le système nerveux du strongie, entraî-
nant une excitation du parasite, son épuisement, sa mort et son expulsion du mouton. Les
œufs des strongles ne sont pas détruits systématiquement par les strongylicides; cependant
le développement biologique est perturbé et les œufs n'évolueront pas en larves dans le
milieu extérieur.

Tableau 28.1 Activité des strongylicides sur les s t a d e s biologiques des strongles
gastro-intestinaux
Famille Matière active Activité
Strongles Larves de
adultes strongles
Avermectine Ivermectine •

Doramectine
Benzimidazoles Thiabendazole
Oxibendazole
Albendazole •

Fenbendazole •
Oxfendazole
Pro-benzimidazoles Fébantel •

Nétobimin
Imidazothiazoles Lévamisole
Milbémycine Moxidectine, Moxidectine LA •

140
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES m
mm

Des strongylicides à durées WS


y j
- j

d'action variables
QQ

<
Ùm

>
z
0

ih™

Une action immédiate KJ


^
G

Après administration de certains médicaments par drogage ou par injection, les strongy- U 1

licides se dégradent dans l'organisme de l'animal en plusieurs métabolites, dont certains < U
se.
l'excrétion des éléments parasitaires dans les crottes pendant cette période. Q

Albendazole 1
<tfi
Oxfendazole
3h - 70h
Fenbendazole Strongles digestifs - pulmonaires U
Mébendazole Moniezia
Thiabendazole >
S J
Fébentel
Z
Nétobimin
O
Lévamisole Q£

0 30 60 90 120 jours S—
"«n
1 - albendazole 10mg/kg - grande douve
l/l
I ! 15mg/kg - petite douve SAS
O

Figure 29.1 Antiparasitaires à courte durée d'action.


Source: C. mage

Une action rémanente


Des molécules telles que les avermectines et la milbémycine présentent une durée d'acti-
vité plus ou moins longue appelée action rémanente (figure 29.2, tableau 29.1)

141
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Strongles digestifs - pulmonaires


Œstres'
Acariens 1

A
Moxidectine

A
Moxidectine LA

Ivermectine
1 1 1
* "'— -TY i 1 i
30 60 90 120 jours
1 - Injectable

Figure 29.2 Action et spectre d'activité des antiparasitaires à longue durée d'action.
Source: C. Mage

J Tableau 29.1 Durée de l'efficacité de la moxidectine

Pourcentage d'efficacité
Strongles gastro-intestinaux/jour 7 14 21 28 35
Teladorsagia ou Ostertagia 100 100 100 100 99,9
Hœmonchus contortus 100 100 100 100 100
Trichostrongylus colubriformis 53,6 35,2 18,2 0 0
Source: D. Kerbœuf, J . Hubert, S. Cardinaud, F. Blond-Rioux (1995)

Ces médicaments ont ainsi une activité qui persiste sur des strongles, éliminant l'infesta-
tion, l'excrétion des éléments parasitaires dans les crottes et le développement des larves
infestantes dans les prairies (figure 29.3).

Produits Durée d'activité


Thiabendazole 6h !
Oxfendazole 60-70 h k .
Fenbendazole 60-70 h k .
Albendazole 60-70 h k .
Nétobimin 60-70 h k .
Fébantel 60-70 h k>
Lévamlsole 3h
Ivermectine 15-21 jours
Doramectine 21 jours tllHlii 1
Moxidectine 35 jours
Moxidectine LA 120 jours

Figure 29.3 Les anthelminthiques contre les strongles (mode d'action).


Source: C. Mage

Pour l'ivermectine injectable et pour la moxidectine buvable et injectable, cette activité


thérapeutique concerne les principaux strongles gastro-intestinaux et pulmonaires.

142
T/Ï
-

LU
A —J
GQ
Hœmonchus seulement (tableau 29.2 et figure 29.4).
<
(V
\ Tableau 29.2 Durée d'efficacité du closante! sur le strongle Hœmonchus contortus

Semaines
>
Z
o
98 91,30 | 82,40 \ 57,40
U
Source: Ph. Dorchies et J . Ducos de Lahitte <
-, o
IAI
Strangles digestifs - pulmonaires >IU

Œstres
Acariens
Moxidectine LA
Q
Cydectine LA®

LU
90 120 jours
Q
U
Œstres
Closante!
Hœmonchus >
Ivermectine
Grande douve
U
Œstrocur® Z
Strongles digestifs - pulmonaires ou
1—
m
90 120 jours
LU
Figure 29.4 Antiparasitaires à longue durée d'action. Q
Source: C. Mage

L'utilisation de ces médicaments doit tenir compte impérativement de l'efficacité sur les
différents strongles infestant les moutons, mais aussi de l'activité sur les différents parasites
présents chez les ovins.

143
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Les activités des


médicaments sur un
ou plusieurs parasites

Les médicaments antiparasitaires se répartissent par catégorie selon l'activité thérapeutique,


toutefois, ces médicaments ont parfois une efficacité sur d'autres parasites internes ou externes.
Cependant, cette efficacité n'est réelle que si tous les parasites concernés sont présents simul-
tanément chez les moutons. Il arrive que l'activité thérapeutique soit obtenue avec des poso-
logies différentes selon les parasites. Par ailleurs, certains médicaments ont une action
rémanente seulement sur quelques parasites et ont une action immédiate sur d'autres para-
sites (tableau 30.1). Cela doit être pris en compte pour gérer les traitements et optimiser les
résultats thérapeutiques. L'utilisation des médicaments nécessite de tenir compte des indica-
tions mentionnées sur la fiche du produit indiquant le spectre d'activité et la posologie.

j Tableau 30.1 Spectre d'activité des anthelminthiques


Produits Strongles Strongles pulmonaires Œstres Grande Acariens Petite
digestifs douve douve
Dictyocaules Protostrongles 1 Muellerius

Thiabendazola X X - - - - - -

Œxfendazole X X X X - - - -

Fenbendazole x X X X - - - -

Albendazole x X X X - X - X
(10 mg/kg) (15 mg/kg)
Nétobimin x X X X - X - X
(20 mg/kg)
Fébantel x X X X - - - -

Lévamisole x X X X - - - -

Ivermectine x X X X X - X -

Doramectine x X X X X - X -

Moxidectine x X X X X - X -

Moxidectine LA X X X X X - X -

Triclabendazole - - - - - X - -

Closentel x - - - X X - -
Hœmonchus

Nitroxinil - - - - X X - -

Oxyclozanide - - - - - X - -

Source : C. Mage

144
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Les douvicides selon les


stades de grandes douves

Plusieurs médicaments ont une action sur les grandes douves. Le mode d'action sur le para-
site diffère selon les molécules (figure 31.1). La métabolisation des médicaments chez le
mouton est assez longue pour la plupart des douvicides. On distingue une action immédiate
pour des douvicides tels que l'oxyclozanide, le nitroxinil, le triclabendazole et l'albendazole
à la posologie de 10 mg/kg. Le closantel se fixe aux protéines sanguines et a une action qui
persiste pendant quatre semaines environ. Certains douvicides ont une activité seulement
sur les grandes douves adultes présentes dans le foie. Ces médicaments n'éliminent pas les
stades immatures des douves présentes dans l'organisme de l'animal (figure 31.2). Cependant,
d'autres douvicides ont une activité adulticide et larvicide, éliminant la majorité des parasites
du foie du mouton. Cet aspect est important à prendre en compte pour tout traitement
contre la grande douve chez le mouton car ce sont les stades immatures des douves qui
développent les premières actions pathogènes et qui doivent être éliminés en priorité. Plus
l'infestation du mouton est importante, plus l'activité thérapeutique sera réduite, due à une
faible teneur en fer dans le système sanguin de l'animal provoquée par la réaction hémato-
phage de la grande douve. Le fer étant le véhicule des douvicides chez l'animal, lorsqu'il en
manque on observe parfois des échecs de traitement contre ce parasite chez le mouton, lors
d'une forte infestation.

Produits Durée d'activité

Triclabendazole 60-70 h
Closantel 4 sem.
Nitroxinil 30-60 h
Oxyclozanlde 10-30 h
Nétobimln 60-70 h

Figure 31.1 Les anthelminthiques contre la grande


douve Imode d'action).
Source : C. Mage

145
LES M É D I C A M E N T S ANTIPARASITAIRES

—1

INFESTATION

Adulticide Action immédiate

Action immédiate
Adulticide
larvicide
Action rémanente

Figure 31.2 Action des douvicides durant l'infestation de grande douve des moutons.
Source: C. Mage

146
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Les anticoccidiens Vrt

VJ
u
O
Selon les molécules, l'action antiparasitaire est plus orientée sur certains stades biologiques u
des coccidies, les schizontes ou les gamontes, voire sur tous les stades biologiques des coc-
cidies. Le mode d'administration doit être pris en compte ainsi que la durée d'action pour z
<
faire le choix du produit le plus approprié à son type de conduite des agneaux (figure 32.1).
Wrt
m
Naissance agneaux
Coccidiose subclinique Coccidiose clinique
Schizontes Gamontes
1re génération 2e génération 1 rs génération 2e génération

1 2 3 4 5 6 7 9 | 1 0 | 1 1 | 1 2 | 1 3 | 1 4 | 1 5 | 1 6 | 1 7 | 1 8 | 1 9 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33
Toltrazuril

Diclazuril

Sulfamides
Décoquinate i

Produits naturels

Figure 32.1 Mode d'action des anticoccidiens.


Source: C. Mage

La molécule toltrazuril a une action sur les premiers stades de coccidies, les schizontes et
sur les gamontes. Ce produit a une durée d'activité de 35 à 40 jours sur l'infestation de
coccidies. Il peut être utilisé en prévention en l'appliquant dès le jeune âge de l'agneau,
vers 4 à 7 jours, et en situation curative lors de coccidiose clinique. Le diclazuril a une action
sur les seconds stades de schizontes et sur les gamontes. Pour une utilisation en prévention
de coccidiose subclinique et clinique, le traitement est à réaliser vers trois semaines d'âge.
L'action immédiate du produit conduit à effectuer un second traitement deux semaines
après pour un contrôle de l'infestation de coccidies sur la période à risque.

Par ailleurs, l'action anticoccidienne d'un produit incorporé à un aliment complémentaire


sera optimale si les agneaux consomment suffisamment d'aliment pendant la phase lactée.
C'est le cas pour les sulfamides qui ont une action sur les gamontes, pour le décoquinate et
les produits naturels qui ont une action sur les tout premiers stades des schizontes.

147
LES M É D I C A M E N T S ANTIPARASITAIRES

Les médicaments contre


les parasites externes

Les produits contre les parasites externes utilisés par bain ou par douche nécessitent une
préparation de la suspension pour traiter les animaux (photos 33.1 et 33.2). Cette suspen-
sion doit disposer d'une concentration suffisante pour une bonne efficacité, en tenant
compte des recommandations du fabricant (tableau 33.1). Elle doit être renouvelée au fur
et à mesure du traitement en fonction du nombre de moutons traités dans le troupeau.

| Tableau 33.1 Principaux antiparasitaires actifs contre les parasites externes

Famille Matière active Noms Délais d'attente (jours)


commerciaux
Lait Viande
Diazinon Diazadip 0 14
Organophosphorés
Phoxim Sébacil 50 % solution Interdit® 28

Formamide Amitraz Taktic 1 14

Fenvalérate Acadrex 60 0 0

Butox 7,5 0 0
Pyréthroïdes
Deltamétrine Butox 50 % 0 3

Versatrine 0 0
1
Ivomec injectable Interdit' ' 28

Ivermectine ECO 1 %
Interdit® 42
injectable
Avermectine Ivermectine
Baymec injectable Interdit'21 42

Qualimec injectable Interdit'3' 42


1
Dectomax Interdit' ' 70
2
Mylbémycine Moxidectine Cydectine injectable Interdit' ' 40
3
Pyridinamine Dicyclanil Clik Interdit' ' 40

Pyréthrinoïde Fenvalérate Acadrex 60 0 0


111
Interdit sur les brebis laitières en lactation et les femelles laitières de moins de 21 jours avant l'agnelage.
'2> Interdit sur les brebis laitières en lactation ainsi que les agnelles gravides et les brebis taries dans les 60 jours
avant la mise bas.
<3> Interdit chez les brebis dont le lait est destiné à la consommation.
S o u r c e : C. Mage

148
tu
Z
OC
UJ
i—
X
LU
Wi
i 11
Ud
•M

<
oc
<
a.
vs
UJ

UJ
oc

Z
o
V
Photos 33.1 et 33.2 Chantier de baignade et de douchage des montons contre des parasites WTJ
externes. S—
Z
Source: CSML UJ
S
<
U
mmm

Q
*»UJ

i/i
LU
-A

Photo 33.3 La pulvérisation est un mode d'application des antiparasitaires contre certains
parasites externes des moutons.
Source: C. Mage

149
r
i
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Les délais d'attente


à respecter

Tout médicament administré à un mouton a une diffusion dans diverses parties de l'orga-
nisme de l'animal et se dégrade plus ou moins rapidement dans les tissus. Ces limites maxi-
males de résidus (LMR) sont établies pour chaque médicament lors de l'obtention de
l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Cela précise les conditions d'utilisation des
antiparasitaires tout en respectant les délais d'attente établis et évite ainsi tout résidu de
médicaments dans la viande ou dans le lait (tableaux 34.1, 34.2, 34.3, 34.4). Des délais
d'attente ont été établis pour certains antiparasitaires sur les principes définis par la loi
sur la pharmacie vétérinaire de 1976. Des limites maximales de résidus (LMR), selon les
normes en vigueur dans la réglementation européenne, sont demandées pour les médica-
ments mis sur le marché depuis plusieurs années.

| Tableau 34.Î Délai d'attente d e s strongylicides

Strongylicides Délai d'attente (jours)


Lait Viande et abats
Albendazole Interdit 10

Fébantel 0 10

Fenbendazole 8,5 16
Ivermectine
- injectable Interdit'1) 28
- buvable Interdit <z) 3
Doramectine Interdit I3' 70

Lévamisole Interdit I3' 3

Moxidectine
- buvable 5 14
- injectable Interdit (3> 82
Moxidectine LA Interdit '4> 104

Nétobimin Interdit 10
Oxfendazole 8 14
1
I ' Interdit sur les brebis laitières en lactation et les femelles laitières de moins de 21 jours avant l'agnelage.
121
Interdit sur les brebis laitières en lactation et les femelles laitières de mois de 28 jours avant l'agnelage.
131
Interdit chez les brebis laitières en lactation ainsi que chez les agnelles gravides et les brebis taries dans
les 60 jours avant la mise bas.
141
Interdit chez les brebis laitières en lactation et à tous les stades de vie des brebis.

150
R I
i T a b l e a u 3 4 . 2 D é l a i d'attente d e s d o u v i c i d e s at
tu
Douvicides Délai d'attente (jours) 8-
U
Lait Viande et abats Il S
1*1
CL
Albendazole Interdit 10 tst
lu
Closantel Interdit 28 OÉ

Nétobimin Interdit 10 -<


LU
Nitroxinil Interdit 50 1-
Z
Oxyclozanide 7 14 LU
H-
Triclabendazole Interdit 28 1-
Source: C. Mage
<
D
us
j T a b l e a u 3 4 . 3 D é l a i d'attente d e s a n t i c o c c i d i e n s mam

<
_f
Anticoccidiens Délai d'attente (jours)
«LU
Lait Viande et abats Q

0 7 uñ
Décoquinate LU
NI
Sulfadimérazine 12 12

Sulfadimidine 10 12

Sulfadimétoxine 12 12

Diclazuril 0 0

Toltrazuril Interdit 42

I T a b l e a u 34.4 D é l a i s d'attente d e s a n t i p a r a s i t a i r e s e x t e r n e s

Famille Matière active Noms Délais d'attente


commerciaux
Lait (jours) Viande (jours)

Avermectines Ivermectine Nombreuses Interdit'" (2) 28-42


injectable présentations
Doramectine Dectomax-Zearl Interdit <2> 70
121
Milbémycine Moxidectine Cydectine Interdit 82
injectable injectable
Cydectine LA Interdit I 3 ' 104

" I Interdit sur les brebis laitières en lactation et les femelles laitières de moins de 21 jours avant l'agnelage.
'2> Interdit sur les brebis laitières en lactation ainsi que les agnelles gravides et les brebis taries dans les 60 jours
avant la mise bas.
I 3 ' Interdit à tous les stades de vie des brebis.

151
LES MÉDICAMENTS ANTIPARASITAIRES

Cela entraînera probablement des modifications des délais d'attente actuels, d'où la néces-
sité de vérifier les indications mentionnées sur les médicaments.

Ce paramètre ne doit surtout pas être négligé pour la traçabilité de l'origine de l'animal
pour le consommateur et pour la certification de la qualité de la viande, du lait et de ses
dérivés par des labels et des marques.

152
dans les
troupeaux
de moutons
Des applications selon les conduites
de troupeaux
Assurer une production numérique convenable, une limitation des charges d'exploitation,
cela oblige à une mise en place sur le troupeau de moutons des connaissances techniques.
Cette étape passe par la fertilité, la prolificité, la valorisation des carcasses et une gestion
de la santé des animaux. Sur cette partie, la gestion des parasitoses est un point important
au niveau économique. Cela va des retards de croissance à de longues durées d'élevage
des agneaux, à la mortalité. À cela s'ajoute le coût des médicaments utilisés pendant une
année pour des interventions curatives suite à des signes cliniques de maladies parasitaires.
Des frais sont dus aussi aux traitements réalisés à de mauvaises périodes de l'évolution des
parasites dans un but de prévention. Dans d'autres situations d'élevage, les frais sont pro-
voqués par des infestations parasitaires sous-estimées, ignorées ou non diagnostiquées.

Dans les conditions d'élevage pratiquées au pâturage ou en bergerie, les moutons sont
infestés naturellement par des parasites sans qu'il y ait systématiquement le développement
de la maladie. L'infestation demeure parfois à un faible niveau, ce qui facilite les réactions
immunitaires de l'animal et une protection du mouton contre les réinfestations.

À ce jour, les connaissances actuelles sur la parasitologie, sur les médicaments antiparasi-
taires, leur mode d'action et leur spectre d'activité dans les conditions d'élevage permettent
d'appliquer une gestion des parasitoses. Des applications sont proposées selon les conduites
des troupeaux de moutons et selon les régions de production. Cette orientation va dans
le sens d'une limitation des risques de contamination toxique de l'humain limitant ainsi
tout risque de pollution environnementale.

154
Le contrôle
pa rasites
La phase de contrôle parasitaire dans un troupeau s'organise par la gestion des médicaments
parasitaires. La décision du choix de molécule pour gérer une ou des infestations parasitaires
doit porter sur la durée d'action de l'antiparasitaire et de son spectre d'activité.

Les questions à se poser se résument ainsi :

Veut-on :

• Limiter les manipulations des brebis et des agneaux ?


• Réduire la pénibilité due aux interventions sur les animaux ?
• Réduire le nombre de traitements antiparasitaires durant l'année ?
• Contrôler une ou plusieurs infestations parasitaires de pâturage ou de bergerie avec
une seule molécule ?
• Profiter d'une courte ou d'une longue protection après le traitement ?

On doit projeter le déroulement des infestations parasitaires suite aux traitements appli-
qués contre les strongles gastro-intestinaux, les strongles pulmonaires, la grande douve,
les coccidies, etc.

155
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle de Moniezia
ou Taenia chez des agneaux
d'herbe

L'infestation des agneaux est contrôlée avec des médicaments à action spécifique contre
le Moniezia et en maintenant les animaux 12 heures au minimum hors de prairies pâtu-
rées; de préférence dans la bergerie pour que l'excrétion parasitaire ne contamine pas les
pâturages. Plusieurs modes d'intervention sont à concevoir selon les conduites des jeunes
animaux.

Un premier traitement des agneaux est pratiqué un mois et demi environ après la mise à
l'herbe, puis un second fin juin-début juillet, et un troisième début août. Un traitement
supplémentaire peut être nécessaire en automne sur des agnelles de renouvellement si
l'infestation parasitaire est présente.

156
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des coccidies chez


les agneaux de bergerie

Selon le choix de l'anticoccidien, les agneaux élevés en bergerie seront traités pour assurer
une gestion de l'infestation de coccidies de préférence selon les modalités suivantes:

• Dès 3 à 7 jours d'âge avec la molécule toltrazuril. Les premiers stades de coccidies (les
schizontes) seront éliminés par l'action du produit et la durée d'action de plus de
30 jours assurera le contrôle des réinfestations des agneaux dans le bâtiment.
• Dès que les agneaux commencent à lécher de la farine à 10-12 jours d'âge environ, il
est possible d'apporter un complément alimentaire contenant du décoquinate ou des
produits naturels (phytothérapie, aromathérapie) ayant une action anticoccidienne. La
distribution de ces produits est apportée pendant quelques semaines pour assurer le
contrôle de coccidiose subclinique et de la maladie durant la période à risque.
• Dès 15-20 jours d'âge avec la molécule diclazuril. Les éventuelles réinfestations des
agneaux dans les conditions d'élevage conduiront à effectuer un traitement supplé-
mentaire quelques semaines après.
• L'utilisation des sulfamides s'effectue par intégration du produit dans un complément
alimentaire, distribué pendant quelques semaines à partir de 2-3 semaines d'âge. Lors
d'interventions par drogage des agneaux avec cette molécule, un traitement supplé-
mentaire sera nécessaire dans de nombreux cas (figure 36.1).

Naissance agneaux

Coccidiose subclinique Coccidiose clinique


1 | 2| 3| 4 5 | 6 | 7 j 8 | 9[TÏÏ 12 14 15| 16| 17| 1819 20 21 22 23 24 25 26ij 27128| 29 30 31 32 33 34 35 36 37

Toltrazuril

Sulfamide

Diclazuril
Décoquinate
Distribution a ments j I I I I
Produits naturels

Figure 36.1 Anticoccidiens et infestation des agneaux.


Source: C. Mage

157
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des strongles


gastro-intestinaux

Contrôles parasitaires pour les zones


herbagères
Pour l e s brebis

Avec des molécules à action immédiate

Dans les zones herbagères, les traitements antiparasitaires peuvent être pratiqués avec des
molécules à action immédiate (figure 37.1). Dans cette situation les interventions sur les
brebis sont réalisées un mois à un mois et demi après la mise au pâturage. Les traitements
sont renouvelés toutes les 5-6 semaines jusqu'à la fin de pâturage (figure 37.2).

INFESTATION

Infestation
Excrétion

Benzimidazoles
Autres

Ivermectine .

Moxidectine 35 J

Ivermectine
+ Closantel c„ .
56 J

Moxidectine LA
120 J

Figure 37.1 Action des antiparasitaires durant I'infestation de strongles des moutons.
Source : C. Mage

158
IVI
m m m

Strangles digestifs
Hsemonchus
Œstres
z
1—
Strangles pulmonaires
Grande douve il j
Acariens Acariens l—

N
5a
Strongles oS s
gastro-intestinaux
t—
Haemonchus m
S t r o n g l e s pulmonaires
<
Antiparasitaires

à action immédiate lia


Œstres

Grande douve
z
Figure 37.2 Contrôle des infestations parasitaires des brebis avec des molécules à action immédiate
ooc
(conduite de troupeaux de moutons en zone herbagère). H"
Source: C. Mage VA
\J%
Les autres parasitoses tels les œstres ou la grande douve nécessitent des interventions spé-
cifiques, voire un diagnostic biologique pour la grande douve au préalable.
UJ
—1

Avec des molécules à action rémanente < 0


OC
l _

z
la période de traitement des brebis s'organise pour un meilleur profit de la O
u
parasitaire.
LU

de l'infestation, une absence d'excrétion et une réduction de la contamination des prairies


en été. Dans ce cas, une intervention de rentrée en bergerie peut compléter le programme
de gestion des parasitoses. Seule la grande douve n'est pas contrôlée et nécessite un dia-
gnostic biologique en début d'été et à l'automne pour assurer le besoin de traitements
appropriés (figure 37.3).

Exemple avec la moxidectine ou avec l'association ivermectine et closantel. Les interven-


tions sur les brebis auront une organisation de contrôle des infestations par les strongles,
et les œstres pendant le pâturage en les pratiquant mi-mai et mi-août. Les durées d'activité
des molécules assureront un niveau parasitaire faible sans conséquences sur la santé et la
productivité. Toutefois, dans le cas de traitements avec la moxidectine, des diagnostics de
grande douve doivent être réalisés en début d'été et à l'automne pour assurer la maîtrise
de l'infestation par cette parasitose (figures 37.2 et 37.4).

159
LE CONTROLE DES PARASITES

Strangles digestifs
Hœmonchus
Œstres
Strangles pulmonaires
Grande douve
Acariens, Acariens
M J N

Strongles gastro-intestinaux
Hœmonchus
Œstres

Strongles pulmonaires

Moxidectine LA

Grande douve

Diagnostic traitement

Figure 37,3 Contrôle des infestations parasitaires des brebis avec une molécule de longue action
Iconduite de troupeaux de moutons en zone herbagère).
Source : C. Mage

Coccidies
Moniezia
Strongles digestifs
Hœmonchus
Œstres
Strongles pulmonaires
Grande douve
Agnelage Acariens
M N
Coccidies

Moniezia

* !
Praziquantel
Strongles gastro-intestinaux
Hœmonchus
Œstres

Strongles pulmonaires Moxidectine

Grande douve
Ivermectine
+
Closantel

Figure 37.4 Contrôle des infestations parasitaires des brebis avec des molécules à action rémanente
(conduite de troupeaux de moutons en zone herbagère).
Source: C. Mage

160
principaux parasites de pâturage dont la grande douve.
• X
Z3
^
Une intervention antiparasitaire à action immédiate de fin de pâturage complétera le Z
gramme de gestion des parasitoses.
S™
Ui

P o u r ¡es a g n e a u x é l e v é s à l'herbe et l e s a g n e l l e s
de r e n o u v e l l e m e n t
6
La gestion des parasitoses est capitale pour produire de la viande ou pour avoir un dévelop- oc
h-
t Vft
<
O
t/t
UJ
Avec des molécules à action immédiate
Z
Dans cette situation, les interventions sur les agneaux sont réalisées un mois et demi. s o
la mise au pâturage. Les traitements sont renouvelés toutes les 5-6 semaines jusqu'à B£
de pâturage (figure 37.1, p. 160). t»
US
l/s
Les autres parasitoses telles les œstres, la grande douve ne sont pas contrôlées et néces- UJ
sitent des interventions spécifiques, voire pour la grande douve un diagnostic bioloç O
préalable. Ui
>«3
«o
Avec des molécules à action rémanente on
H-
Z
Avec la molécule moxidectine, ce sont les strongles gastro-intestinaux et les œstres qui t O
contrôlés pendant la période de pâturage. Un premier traitement des agneaux et agr s u
est effectué fin mai et un second traitement début août pour assurer un contrôle de ces para-- UJ
sitoses. Pour les agnelles, futures brebis, un traitement de fin de pâturage peut être prati 3 .u
lors de rentrée tardive en bergerie avec une molécule à action immédiate (figure 37.5).

Dans cette situation, l'infestation de la grande douve est gérée par un diagnostic courant
juin et début septembre et un traitement avec une molécule larvicide si la présence de
douves est mise en évidence.

L'association des molécules ivermectine et closantel est utilisée pour un contrôle des para-
sitoses dominantes au pâturage. Un premier traitement est effectué fin mai, puis un second
traitement début août et un troisième début octobre.

161
LE CONTROLE DES PARASITES

Coccidies
Moniezia
Strangles digestifs
Hsemonchus
Œstres
Strangles pulmonaires
Grande douve
Agnelage Acariens
M Jt N
Coccidies

Moniezia

* !
Praziquantel

S t r o n g l e s gastro-intestinaux

Hsemonchus i

Œstres !

Strongles pulmonaires |
M o x i d e c t i n e LA

Grande douve
Ivermectine +

Closantel

Figure 37,5 Contrôle des infestations parasitaires des agneaux à l'herbe et des agnelles de renouvellement
avec des molécules à action rémanente (conduite de troupeaux de moutons en zone herbagère).
Source : C. Mage

Contrôles parasitaires pour les zones sèches


et zones de montagne
Les conduites de troupeaux de moutons dans ces zones d'élevage se distinguent par des
séquences de pâturage différentes entre le printemps, l'été et l'automne. Ces conditions
d'élevage ont un impact direct sur les populations parasitaires infestant les moutons et sur
le niveau de l'infestation. Par conséquent, la gestion des infestations parasitaires doit être
adaptée au management des troupeaux de ces zones (figure 37.6).

162
m
H
Estive
<
Parcours Z
H-
m
J 1 F M A | M | J | J | A | S 0 1 N D 1 LU
Agnelage Lutte H-
Lutte Agnelage Z

Strongles digestifs O

Hssmonchus H-
Œstres Ln
Strongles pulmonaires <
Acariens Acariens 0
Strongles gastro-intestinaux i/%
LU
_J
Heemonchus 0
Œstres Z
O
Strongles pulmonaires
CkS
Moxidectlne
I/Î
5/S
LU
G r a n d e douve Q
LU
Ivermectine
+

Closantel <0

S—
Figure 37.6 Conduite de troupeaux de moutons en zones sèches, en zone de montagne et gestion
2:
des infestations parasitaires avec des molécules à action rémanente.
O
Source : C. Mage U
LU

163
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des strongles


pulmonaires

La plupart des médicaments utilisés pour les traitements contre les strongles gastro-
intestinaux ont une action sur le strongle Dictyocaulus et contrôlent ainsi l'infestation
naturelle qui peut exister dans certains élevages.

La prévention de l'infestation par les protostrongles et Muellerius consiste à pratiquer un


diagnostic en fin de pâturage et à effectuer un traitement à l'entrée en bergerie si celui-ci
est positif (figure 38.1).

Strongles pulmonaires " J ^ F j M ^ A [ M J J j J ' A [ S ; 0 ] M ^ 0


Diagnostic coproscopies-methode Baermann
mélanges de crottes ou individuelles

Présence infestation-protostrongles
Traitement A

Figure 38.1 Gestion des infestations de strongles pulmonaires.


Source: C. Mage

164
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des myiases

Le contrôle des myiases responsables du mouchage s'organise par des traitements des brebis
et des agneaux dès le début de la période à risque d'infestation selon les apparitions des
manifestations dans les régions de production de moutons. Selon les molécules choisies le
produit peut maîtriser l'infestation pendant une partie de l'infestation des animaux. C'est
le cas avec le produit dicyclanil, sous la présentation commerciale Clik®, qui présente une
longue activité de plusieurs semaines vis-à-vis de Lucilia sericata. Un traitement trop précoce
en fin de printemps ne permet pas de couvrir une prévention des moutons en automne. Le
produit dicyclanil, sous la présentation commerciale Clikzin®, a une activité de plus courte
durée qui ne protège pas les moutons pendant la période à risque de myiases. Les moutons
nécessitent deux ou trois interventions pendant la période à risque (figure 39.1).

Périodes à risques de myiases et contrôle de l'infestation

Plein air-zone herbagère

| Mai | Juin | Juillet | Août ¡Septembre] Octobre

Oxylis™
Ectofly®

Dicyclanil'1' 1

Zone sèche

j Mai | Juin [ Juillet | Août ¡Septembre] Octobre

Oxylis™

Ectofly®
Dicyclanil'21 f |

Zone de montagne

Juin Juillet Août Septembre Octobre

Oxylis™
Ectofly®

(1) Dicyclanil-Nom commercial clik®


Période à risque (2) Dicyclanil-Nom commercial clikzin®

ATTENTION: respecter les précautions d'emploi mentionnées pour


l'utilisateur et l'environnement

Figure 39.1 Périodes à risque de myiases et contrôle de l'infestation.


Source: C. Mage

165
LE CONTROLE DES PARASITES

Le produit naturel biocide Oxylis™, a une action insecticide et répulsive et présente une
durée d'action de 5 à 6 semaines. Trois applications en Pour On, réparties entre mi-juin,
mi-août et mi-septembre assurent un contrôle de cette parasitose dans les régions herba-
gères. En région de montagne avec estive, les applications de Oxylis™ sont réalisées à la
montée en alpage et dans la seconde quinzaine d'août pour une prévention des mouches
Wohlfartia magnifica, principales mouches de montagne.

La molécule cyperméthrine (Ectofly®) présente une action sur les mouches à myiases. Trois
traitements à 6-8 semaines d'intervalle durant la période à risque de myiases assurent la
gestion de cette parasitose.

166
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des grandes


douves ou Fasciola hepatica

Dans les élevages à faible risque d'infestation la prévention s'appuie sur le diagnostic par
examens coproscopiques ou immunologiques chez les agneaux et les brebis. Le traitement
est réalisé lorsque les examens sont positifs. Dans les élevages à fort risque d'infestation,
la prévention consiste à pratiquer des traitements systématiques début juillet, début sep-
tembre et à l'entrée en bergerie. Les traitements sont à réaliser avec des douvicides ayant
une activité sur les douves adultes et immatures (figure 40.1).

Grande douve | j | F | ^ ^
1 1 1
Fasciola hepatica ' —

Diagnostic sérologie sur mélange de sérums


par lot de moutons

Présence infestation
Traitement douvicide larvicide
et adulicide

Figure 40.1 Gestion des infestations de grande douve chez les moutons.
Source: C. Mage

167
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des petites


douves ou Dicrocœlium

L'infestation des moutons est à diagnostiquer en fin de pâturage par l'examen de fèces
sur plusieurs animaux du lot. Le traitement est pratiqué lorsque les examens sont positifs
avec une excrétion au-delà de 300 œufs de petite douve par gramme (o.p.g.) de crottes
(figure 41.1).

Petite douve - Dicrocoelium | J F | M | A | M | J | J | A N


S 0 D 1
Diagnostic coproscopies

Présence infestation
Traitement si brebis avec un état corporel
mauvais à faible A

Figure 41.1 Gestion des infestations de petite douve chez les moutons.

S o u r c e : C. M a g e

168
LE CONTROLE DES PARASITES

Le contrôle des tiques

Le contrôle des tiques dans un troupeau s'organise par un diagnostic de l'infestation sur
les moutons. Lorsqu'un grand nombre d'animaux sont porteurs de tiques un traitement
est réalisé. L'intervention thérapeutique est pratiquée sur tous les moutons du lot par bain
(ou balnéation), ou par douchage. Selon les régions, de nouveaux traitements sont néces-
saires durant le pâturage pour éliminer les tiques.

Les traitements systématiques effectués à une date fixe annuellement ne sont pas garants
d'une maîtrise totale de l'infestation.

169
Le principe
de prévention
agronomique
et hygiénique
Tout principe de prévention consiste à interrompre le cycle biologique des parasites et de
préférence dans le milieu extérieur. Cette voie évite ainsi l'infestation de l'animal et la
contamination de son lieu de vie.

La gestion des strongles gastro-intestinaux nécessite des pratiques de pâturage alterné sur
des prairies pâturées au printemps, puis sur des repousses d'ensilage, d'enrubannage ou
de foin pendant l'été et l'automne. Cette conduite des brebis et des agneaux sur des prai-
ries temporaires récentes ou sur des prairies non pâturées depuis un an limitera l'infesta-
tion par les strongles gastro-intestinaux. Ces pratiques fourragères sont la première étape
à organiser et ce sont ces voies qui doivent être utilisées par les éleveurs de moutons en
élevages biologiques. Les interventions antiparasitaires sur les brebis et sur les agneaux
seront intégrées à ces managements de troupeaux pour rechercher la suppression en partie
de l'infestation des animaux et l'excrétion des oeufs dans les crottes et pour réduire le plus
possible la contamination des prairies en population de larves infestantes de strongles.

Plus les brebis et les agneaux pâturent sur la même prairie une grande partie de l'année,
voire toute l'année, plus le niveau parasitaire sera élevé. Des manifestations cliniques de
strongyloses gastro-intestinales de type Ostertagiose, Hœmonchose et des répercussions
sur la croissance des agneaux élevés à l'herbe et des agnelles de renouvellement seront
présentes sur le troupeau de moutons (figure V.2.1).

J | F | M A | M | J | J | A s | 0 | N D

Figure V.2.1 Principe de gestion des infestations de strongles gastro-intestinaux


par une prévention agronomique.
Source: C. Mage

170
Le principe de prévention agronomique et hygiénique

Le contrôle de la grande douve et des paramphistomes doit s'appuyer sur le repérage des
zones humides présentes sur les prairies pâturées. Selon la topographie des pâturages,
diverses possibilités d'assainissement pourront être réalisées. L'assèchement de ces zones
supprimera les conditions de vie de la limnée tronquée, hôte intermédiaire de la grande
douve. Les voies d'assainissement sont les captages de sources ou de résurgences de source,
mais aussi l'ouverture de fossés pour un bon écoulement de l'eau, qui ne facilite pas le
développement des limnées en eau courante. Les clôtures des rigoles suppriment l'accès des
animaux aux zones contaminées par les éléments infestants, les métacercaires {photo V.2.1).

Photo V.2.1 L'assainissement, le captage de sources supprime


la limnée tronquée, hôte intermédiaire de la grande douve
et des paramphistomes.
Source: C. Mage

Les parasites de bâtiments sont contrôlés en grande partie par une désinfection de tous
les bâtiments d'élevage à l'eau bouillante à haute pression avant l'entrée en bergerie.
Cette pratique éliminera un grand nombre d'éléments parasitaires tel que les ookystes de
coccidies, de cryptosporidies, les oeufs de Strongyloïdes, les poux, les acariens agents de la
gale et les champignons agents de la teigne. La désinfection doit être réalisée avec du
matériel de bonne qualité afin d'obtenir de l'eau bouillante pour une pulvérisation à haute
pression sur le sol et les murs sur une hauteur de 1 m environ (photo V.2.2).

171
Photo V.2.2 La désinfection à l'eau bouillante à haute pression élimine les éléments parasitaires
des bâtiments d'élevage.
Source: C. Mage

172
Index
A Coopena, 5, 6, 10, 128
Abamectine, 117 Coproscopie, 42, 59, 126, 128
Acarien, 3, 125, 132 Coproscopique, 28, 59
Chorioptes, 97, 132 Coryza, 79
Psoroptes, 97 Cryptosporidiose, 46
Sarcoptes, 97, 132 Cyperméthrine, 166
Sporoptes, 132 Cysticercose, 87
Adolescaria, 66 Cysticerque, 86, 87, 90
Albendazole, 18, 37, 61, 72, 76, 140, 145,
150, 151 D
Amltraz, 100 Décoquinate, 47, 147, 151, 157
Anaplasma, 115 Deltaméthrine, 100, 114
Anaplasmose, 121 Dermacentor, 116
Anoploure, 112 Dermatophyte, 102, 103
Anthelmlnthique, 18, 61 Désenkystement, 15
Anticoccldlen, 44 Diazinon, 100, 111
Aromathérapie, 157 Diclazuril, 147, 151, 157
Avermectlnes, 21, 30, 61, 100, 117, 140, Dicrocœlium, 168
141, 151 Dicrocœliose, 73
Dictyocaule, 3, 52, 57, 125, 164
B Dictyocaulose, 52
Babesia, 118 Dicyclanil, 110
Babéslose, 118 Dimpylate, 114
Balnéation, 100 Doramectine, 20, 21, 61, 84, 100, 114,
Benzimidazole, 18, 37, 61, 72, 76, 140 117, 140, 150, 151
Boophilus, 116 Douvicide, 71, 76, 145

C E
Chabertia, 5 Échinococcose, 93
Chlamydias, 115 Échinocoque, 86
Closantel, 20, 21, 28, 72, 84, 143, 145, Encéphalite, 91
151, 159, 161 Énilconazole, 104
Clostridium, 27, 34 Entérotoxémie, 23, 34
Coccidies, 3, 38, 44, 45, 125 Épérythrozoonose, 121
Coccidiose, 38, 45, 129 Épithélium, 31, 63

Cœnure, 86, 91 Examen immunologique, 130


Extracytoplasmique, 46
Cœnurose, 91

173
F injectable, 60, 99, 143, 150, 151
Fasciola hepatica, 63, 64, 68, 70, 128, injectable - génériques, 100
130, 167 oral, 61
Fasciolicide, 72 Ixodes, 115, 116
ricinus, 116
Fasciolose, 7, 23, 63, 71
Fébantel, 18, 37, 61, 140, 150
K
Fenbendazole, 18, 37, 61, 140, 150
Kératinolytique, 102
Fenvalérate, 100
Kératophile, 102
Formamidine, 99, 100, 111
Formica
L
cunicularia, 74
Lasalocide, 47
nigricans, 74
Lévamisole, 18, 61, 140, 150
G Limnée, 65, 71
Gale, 97 Lucilia, 105
sericata, 106, 165
Gamogonie, 40
Lymnaea
Gamonte, 39, 147
glabra, 49
Grande douve, 125
truncatula, 49

H M
Hsemaphysalis, 116 Maladies parasitaires respiratoires, 51
Haemonchose, 6, 15, 22, 25, 28, 121, 170 Mallophage, 112, 113
due à Hœmonchus contortus, 5 Mébendazole, 18, 92
Hœmonchus, 3, 6, 19, 20, 22, 25, 28, 125, Métacercaire, 4, 49, 64, 66, 68, 74, 75
128, 131, 143
Milbémycine, 21, 61, 100, 117, 140,
contortus, 23
141, 152
Halofuginone, 47
Miracidium, 64
Helicella, 57, 58, 74
Moniezia, 3, 125, 156
hématophage, 23
expansa, 34
Hématophagie, 26
Monieziose, 34, 37
Hépatite, 87
Moxidectine, 19, 21, 28, 60, 61, 84, 99,
Hypobiose, 7, 9, 128, 140
114, 140, 159, 161
buvable, 143, 150
I
injectable, 100, 143, 150, 151
Imidazothiazoles, 18, 61, 140
Moxidectine LA, 21, 28, 61, 140, 150, 159
Imidocarbe, 121 Muellerius, 3, 55, 125, 164
Immunité, 13 Myiase, 105
Inhibition, 23
Insecticide, 110 N
Ivermectine, 20, 21, 28, 61, 84, 114, Nématodirose, 6, 29
140, 159 due à Nematodirus, 5
buvable, 150 Nematodirus, 10, 29, 128

174
Index

Nétobimin, 18, 37, 61, 72, 76, 140, Pro-benzimidazoles, 18, 37, 61, 140
150, 151 Propétamphos, 111
Niclosamide, 92 Protéines, 20
Nitrophénylguanidine, 18, 37, 61, 72, Protostrongles, 3, 58, 125, 164
76,139 Protostrongylinose, 55, 59
Nitroscanate, 92 Protostrongylus rufescens, 56
Nitroxinil, 28, 72, 145, 151 Pupaison, 81
Pyrazino-isoquinoléine, 37
O Pyréthrinoïdes, 99, 100, 110, 111, 113,
Œdème sous-glossien, 22 117, 121
Œsophagostomum, 5
Œstres, 3, 125 R
Œstrose, 78 Rhipicephalus, 116
Œstrus ovis, 78, 79 Rickettsie, 115
Ookyste, 39, 46, 129
Organophosphorés, 99, 100, 110, 121 S
Oribate, 35, 36 Salicylanilides, 21, 72, 84
Ostertagia, 3, 5, 6, 10, 19, 126, 131, 140 Schizonte, 38, 40, 44, 147, 157
Ostertagiose, 7, 170 Scolex, 34
de type I, 7 Strongle pulmonaire, 61
de type II, 7, 15 Strongylicide, 21, 26, 60, 138, 140
Ovicide, 35 Strongyloïdes, 10, 31, 33
Oxfendazole, 18, 37, 61, 140, 150 Strongyloïdose, 31
Oxibendazole, 18, 140 due aux Strongyloïdes, 5
Oxyclozanide, 50, 72, 145, 151 Strongylose, 5, 7, 21
Oxylis, 113, 117, 166 Sulfadimérazine, 151
Sulfadimétoxine, 151
P Sulfadimidine, 151
Paramphistome, 4, 49, 125, 128, 171 Sulfamide, 45
Paramphistomose, 48
Paramphistomum daubneyi, 48 T
Pepsine, 26 Teigne, 102
Péri-érythrocitaire, 72 Ténia, 34
Petite douve, 73 Ténicide, 92
Phoxim, 100, 114 TENIFIT, 37
Phytothérapie, 45, 157 Thiabendazole, 18, 140
Piroplasme, 115, 118, 120 Tique, 115
Piroplasmose, 118, 120 Toltrazuril, 147, 151, 157
Podomyiase, 106 Trichophyton verrucosum, 102
Polyparasitisme, 48 Trichostrongylus, 5
Praziquantel, 37, 90, 92 Trichure, 128

175
Trichuris, 5 W
Triclabendazole, 72, 145, 151 Wohlfartia, 105

V Z
Vermifugation, 11 Zebrina, 74

176
Listes des tableaux,
figures et photos
Tableaux
Tableau 1.1 Principaux strangles gastro-Intestinaux des moutons 6
Tableau 1.2 Degré d'infestation des brebis par les strongles gastro-intestinaux
en fin de pâturage, zone herbagère en Limousin 11
Tableau 1.3 Degré d'infestation des agneaux par les strongles gastro-intestinaux
après 4 mois de pâturage de printemps en zone herbagère Limousin . . . 14
Tableau 1.4 Anthelmlnthiques à action immédiate 18
Tableau 1.5 Anthelminthiques à action rémanente 21
Tableau 2.1 Contamination des prairies par Heemonchus contortus 25
Tableau 2.2 Évolution des Heemonchus contortus dans la caillette 26
Tableau 2.3 Les effets de l'infestation par Haemonchus contortus 26
Tableau 5.1 Anti parasita i res contre Moniezia 37
Tableau 6.1 Principales espèces de coccidies des ovins 38
Tableau 6.2 Principaux anticoccidiens 45
Tableau 9.1 Les strongles pulmonaires 52
Tableau 10.1 Anthelminthiques contre les strongles pulmonaires 61
Tableau 11.1 Principaux douvicides 72
Tableau 12.1 Antiparasitalres actifs contre la petite douve 76
Tableau 13.1 Principales causes de rhinites chez les ovins 79
Tableau 13.2 Antiparasitaires contre les oestres 85
Tableau 15.1 Principaux antiparasitaires contre les cestodes du chien 92
Tableau 17.1 Principaux antiparasitaires actifs contre acariens 100
Tableau 18.1 Désinfectants des bâtiments d'élevage contre le champignon
Trichophyton verrucosum 103
Tableau 18.2 Antifongiques à action locale 104
Tableau 20.1 Principaux médicaments contre les poux 114
Tableau 21.1 Produits actifs contre les tiques 117
Tableau 23.1 Diagnostics visuels de certaines infestations parasitaires 125
Tableau 24.1 Diagnostic de grande douve - sérologie pour les brebis 131
Tableau 26.1 Exemple de variation du poids sur différents lots de brebis
dans un élevage à la mise à l'herbe 136
Tableau 27.1 Estimation du poids des brebis et du sous-dosage des strongyllcides
dans un troupeau de brebis (race Vendéenne) 138

177
Tableau 28.1 Activité des strongylicides sur les stades biologiques
des strongles gastro-intestinaux 140
Tableau 29.1 Durée de l'efficacité de la moxidectine 142
Tableau 29.2 Durée d'efficacité du closantel sur le strongle Haemonchus
contortus 143
Tableau 30.1 Spectre d'activité des anthelminthiques 144
Tableau 33.1 Principaux antiparasitaires actifs contre les parasites externes 148
Tableau 34.1 Délai d'attente des strongylicides 150
Tableau 34.2 Délai d'attente des douvicides 151
Tableau 34.3 Délai d'attente des anticoccidiens 151
Tableau 34.4 Délais d'attente des antiparasitaires externes 151

Figures
Figure 1.1 Les principales sources d'infestation parasitaire du mouton 3
Figure 1.1 Cycle évolutif des strongles gastro-intestinaux 8
Figure 1.2 Conduite de troupeaux de moutons en zone herbagère,
infestation parasitaire 10
Figure 1.3 Contamination en strongles digestifs des prairies pâturées 12
Figure 1.4 Contamination en strongles digestifs des prairies pâturées
par des agneaux 13
Figure 1.5 Infestation des brebis par les strongles gastro-intestinaux 14
Figure 1.6 Contamination des prairies en zone sèche par des larves infestantes
de strongles gastro-intestinaux 16
Figure 1.7 Conduite de troupeaux de moutons en zones séchantes,
infestation parasitaire 16
Figure 1.8 Conduite de troupeaux de moutons en zones de montagne,
infestation parasitaire 17
Figure 1.9 Principe d'action des strongylicides 19
Figure 1.10 Infestation de strongles gastro-intestinaux des agneaux à l'herbe
et des agnelles de renouvellement 20
Figure 2.1 Infestation des moutons par Haemonchus contortus et effets
sur la caillette 24
Figure 6.1 Biologie des coccidies Eimeria 40
Figure 6.2 Excrétion d'ookystes de coccidies par les brebis et les agneaux 42
Figure 6.3 Principe de contrôle des coccidioses de l'agneau de bergerie 44
Figure 9.1 Cycle évolutif des dictyocaules 53
Figure 10.1 Infestation par les strongles pulmonaires chez les agneaux
et agnelles de renouvellement 58
Figure 10.2 Prévention de l'infestation des ovins par les strongles pulmonaires 60
Figure 11.1 Infestation de grande douve - Fasciola hepatica - chez les brebis 66

178
Listes des tableaux,figures et photos

Figure 11.2 Évolution de l'infestation des moutons par Fasciola hepatica


ou grande douve 67
Figure 11.3 Conditions d'infestation des moutons par Fasciola hepatica
sur les prairies irriguées par inondation (printemps) 68
Figure 11.4 Conditions d'infestation des moutons par Fasciola hepatica
sur les prairies irriguées par inondation (automne) 69
Figure 11.5 Possibilités de diagnostic d'une infestation des ovins
par la grande douve 7°
Figure 11.6 Les anthelminthiques contre la grande douve 72
Figure 12.1 Principe de l'infestation des moutons par la petite douve 75
Figure 13.1 Fréquence de l'infestation des ovins par les œstres en Limousin 82
Figure 13.2 Infestation des moutons par les oestres 82
Figure 13.3 Principe de contrôle de l'infestation d'œstres chez les moutons 85
Figure 14.1 Cycle biologique des cysticerques 88
Figure 15.1 Cycle biologique des coenures 91
Figure 16.1 Cycle biologique des échinocoques 93
Figure 19.1 Cycle évolutif de Lucilia sericata 108
Figure 19.2 Cycle évolutif de Wohlfartia magnifica 109
Figure 19.3 Parties du corps du mouton à inspecter pour diagnostiquer
les myiases 110
Figure 24.1 Excrétion d'œufs de strongles gastro-intestinaux chez les brebis 126
Figure 24.2 Excrétion d'œufs de strongles gastro-intestinaux chez les brebis
selon l'état corporel 127
Figure 24.3 Diagnostic de strongles gastro-intestinaux chez la brebis
(coproscopie) 127
Figure 24.4 Diagnostic de strongles gastro-intestinaux chez les agneaux
(coproscopie) 127
Figure 24.5 Diagnostic de l'infestation de paramphistomes chez les moutons 128
Figure 24.6 Excrétion d'ookystes de coccidies chez les agneaux (gramme/fèces) 129
Figure 24.7 Diagnostic des espèces de coccidies chez les agneaux 129
Figure 24.8 Diagnostic des infestations parasitaires internes 130
Figure 24.9 Diagnostic des strongles de la caillette chez la brebis
(Ostertagia, Hœmonchus) 131
Figure 26.1 Exemple d'évolution du poids des brebis en production d'agneaux
d'herbe 135
Figure 29.1 Antiparasitaires à courte durée d'action 141
Figure 29.2 Action et spectre d'activité des antiparasitaires à longue
durée d'action 14 2
Figure 29.3 Les anthelminthiques contre les strongles (mode d'action) 142
Figure 29.4 Antiparasitaires à longue durée d'action 143

179
Figure 31.1 Les anthelminthiques contre la grande douve (mode d'action) 145
Figure 31.2 Action des douvicides durant l'infestation de grande douve
des moutons 146
Figure 32.1 Mode d'action des anticoccidiens 147
Figure 36.1 Anticoccidiens et infestation des agneaux 157
Figure 37.1 Action des antiparasitaires durant l'infestation de strangles
des moutons 158
Figure 37.2 Contrôle des infestations parasitaires des brebis avec des molécules
à action immédiate (conduite de troupeaux de moutons en zone
herbagère) 15g
Figure 37.3 Contrôle des infestations parasitaires des brebis avec une molécule
de longue action (conduite de troupeaux de moutons en zone
herbagère) 160
Figure 37.4 Contrôle des infestations parasitaires des brebis avec des molécules
à action rémanente (conduite de troupeaux de moutons en zone
herbagère) 160
Figure 37.5 Contrôle des infestations parasitaires des agneaux à l'herbe et des
agnelles de renouvellement avec des molécules à action rémanente
(conduite de troupeaux de moutons en zone herbagère) 162
Figure 37.6 Conduite de troupeaux de moutons en zones sèches, en zone
de montagne et gestion des infestations parasitaires avec
des molécules à action rémanente 163
Figure 38.1 Gestion des infestations de strongles pulmonaires 164
Figure 39.1 Périodes à risque de myiases et contrôle de l'infestation 165
Figure 40.1 Gestion des infestations de grande douve chez les moutons 167
Figure 41.1 Gestion des infestations de petite douve chez les moutons 168
Figure V.2.1 Principe de gestion des infestations de strongles gastro-intestinaux
par une prévention agronomique 170

Photos
Photo 1.1 Œuf de strongles gastro-intestinaux 8
Photo 1.3 Ostertagia adultes, strongles de la caillette 9
Photo 1.2 Larve infestante de strongles gastro-intestinaux 9
Photo 2.1 Brebis avec œdème sous glossien due à l'haemonchose 22
Photo 2.2 Haemonchus adulte 23
Photo 2.3 Larve infestante d'Hsemonchus contortus 24
Photo 2.4 Lésions de la caillette due à l'hsemonchose 27
Photo 4.1 Œufs de Strongyloïdes 32
Photo 5.1 Œufs de Moniezia 34
Photo 5.2 Tête de Moniezia 35
Photo 5.3 Moniezia dans l'intestin de l'agneau 35

180
Listes des tableaux,figures et photos

Photo 6.1 Agneau atteint de coccidiose 38


Photo 6.2 Ookyste de coccidie ou élément infestant 40
Photo 6.3 Diarrhée de coccidiose du jeune agneau 41
Photo 6.4 Désinfection à haute pression avec de l'eau bouillante 43
Photo 8.1 Paramphistomes dans le rumen 48
Photo 8.2 Lésions de paramphistomose dans le rumen 49
Photo 9.1 Dictyocaule adulte 53
Photo 9.2 Larve infestante de dictyocaule ou L3 53
Photo 9.3 Dictyocaules dans le poumon responsables de la dictyocaulose 54
Photo 10.1 Lésions de protostrongylinose sur le poumon 55
Photo 10.2 Tissu pulmonaire lésé par des protostrongles 56
Photo 10.3 Lésions du poumon après complication pulmonaire 56
Photo 10.4 Les brebis au pâturage en région sèche sont bien souvent infestées
par les protostrongles 57
Photo 10.5 Escargot terrestre Helicella, hôte intermédiaire 58
Photo 11.1 Grande douve 64
Photo 11.2 Limnée 64
Photo 11.3 Foie douvé 66
Photo 11.4 Métacercaires de Fasciola hepatica (grande douve) 67
Photo 12.1 Petite douve 73
Photo 12.2 Escargot terrestre 74
Photo 12.3 Fourmi infestée, fixée à l'herbe 74
Photo 13.1 Un jetage muqueux 78
Photo 13.2 La mouche est un petit insecte dont le thorax est gris bleuté
et l'abdomen jaunâtre à reflets métalliques. L'appareil buccal
est atrophié, supprimant la possibilité de se nourrir, d'où
une durée de vie de quelques jours 79
er
Photo 13.3 Larve de 1 stade (L1) 80
Photo 13.4 Larve de 2 e stade (L2) 80
e
Photo 13.5 Larve de 3 stade (L3) 81
Photo 13.6 Pupe 81
Photo 13.7 Un jetage clair et séreux au début de l'infestation 83
Photo 13.8 Un jetage muqueux avec obstruction des commissures nasales 84
Photo 14.1 Cysticerques sur carcasse d'agneaux 87
Photo 14.2 Les cysticerques sont ingérés par les chiens et se développent
en Taenia 89
Photo 14.3 L'infestation des agneaux s'effectue au pâturage 89
Photo 17.1 Psoroptes 97
Photo 17.2 Sarcoptes 97
Photo 17.3 Chorioptes 97

181
Photo 19.1 Myiase due à Lucilia sericata 105
Photo 19.2 Lucilia sericata 107
Photo 19.3 Larves de Lucilia 107
Photo 19.4 Wohlfartia magnifica 108
Photo 20.1 Anoploure 112
Photo 20.2 Mallophage 112
Photo 21.1 Tiques 115
Photos 22.1 et 22.2 Les tiques transmettent les piroplames 118
Photo 22.3 Globules rouges infestés par les piroplasmes (microscope) 119
Photo 22.4 Les brebis se regroupent dans les lieux de vie des parasites 120
Photo 27.1 Le drogage est une voie d'administration des antiparasitaires 137
Photos 33.1 et 33.2 Chantier de baignade et de douchage des montons contre
des parasites externes 149
Photo 33.3 La pulvérisation est un mode d'application des antiparasitaires
contre certains parasites externes des moutons 149
Photo V.2.1 L'assainissement, le captage de sources supprime la limnée tronquée,
hôte intermédiaire de la grande douve et des paramphistomes 171
Photo V.2.2 La désinfection à l'eau bouillante à haute pression élimine
les éléments parasitaires des bâtiments d'élevage 172

Achevé d'imprimer par MultiPrint (Bulgarie) en mars 2016


Dépôt légal : mars 2016
La réussite en matière d'élevage ovin repose pour beaucoup sur
la maîtrise des infestations parasitaires. C'est m ê m e la principale
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zootechnique et économique.

Dans cette nouvelle édition, le lecteur trouvera pour chaque maladie


parasitaire (sous forme de fiche) :

O les symptômes O le diagnostic

C la biologie O la prévention

O l'infestation naturelle O le traitement

De plus, l'auteur présente l'ensemble des connaissances actuelles concernant


l'évolution des différentes infestations parasitaires des brebis et des agneaux
dans les pratiques d'élevage.

Ce guide pratique forme à l'administration des antiparasitaires. Il détaille leur


galénique, leur posologie, leur mode d'action et leur surveillance.

Enfin, les modalités de prévention des différentes parasitoses sont décrites


selon les principales conduites d'élevage en zone herbagère, en zone sèche ou
en montagne.

Tout y est exposé avec simplicité et illustré avec de nombreux schémas et photos
pour constituer un outil de travail indispensable aux éleveurs. L'ouvrage
intéressera également tous les autres acteurs des filières ovines lait et viande,
les étudiants comme les prescripteurs.

Christian Mage est ingénieur agricole, docteur en sciences naturelles et consultant en santé
animale. Il a conduit des actions de recherches appliquées sur la santé des animaux et
conseille depuis de nombreuses années les éleveurs ovins. Auteur de publications techniques
et scientifiques, il participe à de nombreuses conférences nationales et internationales.

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