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La colibacillose aviaire

P. Stordeur
Département des Maladies Infectieuses et Parasitaires
Bactériologie et Pathologie des Maladies Bactériennes
Plan de l’exposé
 Introduction.
 Impact économique et sociétal.
 Pathogénie de la colibacillose.
 Pathologies associées au syndrôme de la
colibacillose.
 Facteurs de virulence connus associés aux APEC.
 Etat des recherches sur le sujet et perspectives.
Introduction
 Les Escherichia coli sont des hôtes commensaux du
tractus digestif de la volaille et la plupart d’entre elles ne
sont pas pathogènes.
 « Avian Pathogenic E. coli » ou APEC.
 Affecte la poule, la dinde et le canard.
 Sérogroupes particuliers (O1, O2 et O78).
 Plusieurs manifestations de la maladie suivant l’âge de
l’animal.
Impact économique et sociétal
 Importantes pertes économiques (6 millions d’euros de
pertes par an en Angleterre).
 Retard de croissance, diminution de l’efficience
alimentaire => augmentation des coûts pour l’éleveur en
terme de nourriture et de frais d’antibiotiques.
 Saisies à l’abattoir.
 Impact sociétal: augmentation des frais engendrés par ces
pathologies et risques accrus de tranfert de résistance aux
antibiotiques chez l’homme.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Mortalités embryonnaires et du jeune poussin
- La cause la plus importante de mortalité chez le poussin de
moins d’une semaine.
- Contamination de la membrane vitelline lors de la ponte.
- E. coli est l’agent primaire de l’infection.
- Mortalités embryonnaires peu avant l’éclosion et jusque 3
semaines après la naissance des poussins.
- Les œufs sont de moindre qualité: chauds et surface mouillée.
- Péricardite secondaire chez les survivants.
- DD: Aerobacter spp., Klebsiella spp, Proteus spp.,
Salmonella spp., Staphylococcus spp. et Enterococcus spp.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Septicémie et complexe respiratoire chronique
(CRD)
- Touche les animaux de 2 à 12 semaines (poulets de chair
essentiellement).
- Expression principale de la colibacillose.
- Morbidité >50 % et mortalité pouvant aller jusque 30 à 50
%.
- Contamination respiratoire et secondaire à un virus (BI,
Gumboro), un mycoplasme (M. gallisepticum), des agents
irritants (ammoniac, poussière).
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Septicémie et complexe respiratoire chronique (CRD)
- Signes cliniques: prostration, hyperthermie, détresse respiratoire
(respiration bec ouvert, cou tendu).
- Lésions: péricardite, périhépatite et aérosacculite. Parfois péritonite
par contiguïté de tissu.
- DD:
- Septicémie: Pasteurella spp., Salmonella spp., Streptococcus spp.
- Aérosacculite: Mycoplasma spp., Chlamydophila spp. (Dinde)
- Péricardite: Chlamydophila spp., Salmonella spp., Pasteurella spp.
- Périhépatite: Salmonella spp., Pasteurella spp.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Septicémie et complexe respiratoire chronique
(CRD)

Périhépatite et péricardite Péritonite (fibrine)


Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Septicémie et complexe respiratoire chronique
(CRD)

Périhépatite (fibrine) Thrombi hépatiques


Pathogénie
animaux porteurs
Excrétion
via MF Foie

Eau de
boisson
Tractus respiratoire
Poussière Péricarde
(poumons, sacs
Aliment aériens thoraciques)

Rate
Virus
Mycoplasme
agent irritant
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Swollen Head Disease
- Inflammation aiguë à subaiguë des cellules de la peau et
du tissu sous-cutané de la tête et des régions périorbitaires.
- Secondaire à un virus (pneumo, paramyxo, corona) ou à
des teneurs élevées en ammoniac.
- Morbidité faible (1%) mais mortalité forte chez les
animaux touchés.
- Apparition de la maladie vers la 30è semaine.
- Les conséquences sont essentiellement d’ordre
économique.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Lésions microscopiques:
- Oedème de la tête et de la région périorbitaire.
- Exsudat caséeux dans le tissu conjonctif.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Ovarites et salpingites
- Infection chronique. La contamination se fait par voie
ascendante (insémination artificielle) ou associée à des
lésions de péritonite ou d’impaction de l’oviducte
(contiguïté de tissu à partir du sac aérien abdominal).
- Affection de plus en plus
présente dans les élevages.
L’infection de la membrane
vitelline des poussins à la
naissance ne semble pas être
liée à cette affection.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Lésions microscopiques
- Diminution de la paroi de l’oviducte.
- Présence d’hétérophiles (H), de fibrine (F) et de débris
nécrotiques caséifiés (D).
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Dermatite nécrotique
- Apparition de plaques de fibrine sous la peau de la partie
inférieure de l’abdomen.
- Pas de mortalité ni de signes cliniques mais pertes
économiques importantes (18 millions de dollars par an
aux USA).
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Synovites et arthrites
- Boiteries, pertes de croissance et augmentation de
l’efficience alimentaire.
- DD: virus, Mycoplasma synoviae, Staphylococcus aureus,
Salmonella spp., Streptobacillus moniliformis.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Granulomes à Escherichia coli (Hjarres’s disease)
- Présente à l’âge adulte, mortalités sporadiques.
- Peu fréquents mais mortalité élevée dans certains lots
(75%).
- Granulomes présents dans le foie, le caecum, le duodénum
et le mésentère.
- Apparenté à des lésions de leucose.
- Peu de symptômes avant la mort (perte de condition).
- Mort par rupture des granulomes.
- DD: Virus (Marek, leucose), Mycobacterium avium,
Eubacterium, Bacteroïdes.
Pathologies associées au
syndrôme de la colibacillose.
 Granulomes à Escherichia coli (Hjarres’s disease)
Thérapeutique actuelle et
prévention
• Thérapeutique
- Basée essentiellement sur l’antibiothérapie (Sulfamides,
béta-lactamines et quinolones).
- Cependant, CECI N’EST PAS LA SOLUTION!!!!
- Etude sur 1600 souches (Projet APEC Fair6-CT98-4093)
=>augmentation importante de l’antibiorésistance chez les
souches APEC!
Sensible Intermediar Resistant % of resistance

Tetracyclin 7 2 99 93.5

Chloramphenicol 31 24 53 71.3
41
Streptomycin1 23 4 66.1
64
Amoxycillin 44 0 59.2
42
Trimethoprim 66 0 38.8
27
Oxolenic acid1 47 1 37.3
26
Flumequin 73 9 32.4
9
Nalidixic acid1 24 0 27.2
14
Difloxacin 79 15 26.8
25
Neomycin 83 0 23.1
23
Spectinomycin 85 0 21.3
7
Kanamycin1 33 0 17.5
9
Enrofloxacin 94 5 12.9
6
Gentamicin 101 1 6.5
0
Florphenicol 104 4 3.7
0
Colistin 108 0 0

72/108 résistantes à au moins 3 antibiotiques.


Thérapeutique actuelle et
prévention
 Prévention
- Contrôler les contaminations environnementales =>
réduire au maximum les facteurs prédisposants aux
infections respiratoires.
Exemple: mieux contrôler les contaminations fécales de la
poule au poussin par fumigation des œufs dans les 2 heures
suivant la ponte, en les récoltant au plus vite et en écartant
ceux en mauvais état ou présentant des souillures à leur
surface.
- Garantir des animaux indemnes de mycoplasmes.
Thérapeutique actuelle et
prévention
- Contrôle du taux d’humidité, de la ventilation, de la teneur
en poussières et en ammoniac dans l’air.
- Surveillance de la qualité de l’eau.
- Vaccination!!!
=> efficacité?
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 Les fimbriae
 Fimbriae de type 1 ou F1
- Une protéine majeure (FimA) + une adhésine (FimH).
- 9 gènes dont 7 localisés sur le même opéron.
- Expression dans la trachée, les poumons et les sacs aériens.
- Présente chez la majorité des souches APEC.
- rôle dans la pathogénie =>colonisation pulmonaire?
=> interaction avec le système
immunitaire (macrophages)?
=> Résistance au sérum?
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
=>Fimbriae de type P
- Présente chez 20 à 25 % des souches APEC.
- Une protéine majeure (PapA) et une adhésine terminale
(PapG).
- Codé par une ensemble de 11 gènes à localisation
chromosomique.
- Plus fréquents chez les souches isolées d’animaux morts
de septicémie que chez les poulets sains.
- Pas d’expression dans le tractus respiratoire supérieur
=>rôle plus tardif dans le processus infectieux.
=> interaction avec le système immunitaire (hétérophiles)
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 Résistance au sérum
- Présente chez les souches APEC associées à des lésions de
septicémie.
- Lié à la présence d’un gène appelé iss dont la localisation
est plasmidique (100 Kb).
- Corrélation entre résistance au sérum et taux de mortalité
chez le poussin d’un jour.
- Corrélation entre résistance au sérum et virulence des
souches chez des dindes de 3 semaines.
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 L’aérobactine
- Système de captation efficace du fer permettant aux
bactéries qui le possèdent de survivre en présence de faibles
concentrations en fer et par la même occasion de se
multiplier dans le sang ou les organes internes.
- 73 à 98 % des souches APEC possèdent ce système de
captation alors que c’est moins le cas pour les souches non
pathogènes.
- Système codé par un opéron localisé sur un plasmide de 80
Kb.
- Test diagnostic basé sur la détection de la protéine IutA
(récepteur membranaire pour le complexe aérobactine-Fer).
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 Les toxines (LT, VT, STX, CNF, CDT)
- Sujet à controverse!!
- Peu ou pas présentes, hormis les toxines VT2y associée à la
‘swollen head disease’ et la toxine ECVF ou Vat, décrite
chez une trentaine de souches APEC (Parreira et al., 1998;
Salvadori et al., 2001). Résultats confirmés par le projet
européen Fair6-CT98-4093 (1600 souches APEC).
- Présence de la toxine Stx1 chez 53 % des souches APEC
testées (Gyles et al., 2002).
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 Hémagglutination
- Associé au gène tsh dont la localisation est plasmidique.
- Préférentiellement présent chez les souches les plus
pathogènes.
- 42.5 % des souches possèdent ce gène.
- Rôle dans le développement des lésions des sacs aériens.
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 Le curli
- Structure filamentaire spiralée présente à la surface
bactérienne des E. coli et des Salmonella.
- Cette structure permet l’adhésion des bactéries à des
matrices extracellulaires et à des protéines du sérum.
- Présent chez 99 % des souches APEC.
- Rôle probable dans les étapes préliminaires de l’infection.
Facteurs de virulence connus
associés aux APEC.
 La capsule (antigène K1)
- Permet la résistance à l’effet bactéricide du complément
(interaction avec C3 et C3b des voies classiques et
alternatives du complément).
- L’antigène K1 est fréquemment associé aux souches
APEC les plus virulentes.
A l’heure actuelle…
• Diagnostic
- Sur base du sérotypage (O1, O2 et O78) et de la détection de
la protéine iutA (aérobactine).
 Permet la détection de 43 % des souches pathogènes!!
• Vaccination
- Existe mais fort peu efficace car peu de valences et très
grande hétérogénéité des souches APEC en terme de
facteurs de virulence.
Etat des recherches sur le
sujet et perspectives.
 Projet Européen Fair6-CT98-4093
- Collection de 1600 souches APEC (Belgique, France, Espagne)
isolées d’animaux (Poulets, canards, dinde) morts de
colibacillose.
- Recherche systématique de la sérotypie et de la biotypie.
- Recherche systématique de facteurs de virulence connus et
présents aussi chez d’autres espèces (adhésines, toxines, …).
- Passage systématique des souches en test de létalité sur
poussins d’un jour.
- Corrélation entre les facteurs de virulence détectés et la
pathogénicité des souches.
- Détermination des facteurs de virulence les plus importants.
Etat des recherches sur le
sujet et perspectives.
 Conclusions du projet Européen
- Les sérogroupes O1, O2 et O78 sont bien les plus fréquents mais
d’autres apparaissent aussi (O18, O35, …).
- Une dizaine de facteurs de virulence différents ont été mis en
évidence => confirme l’hétérogénéité des souches APEC.
- De nouveaux facteurs non encore décrits chez la volaille ont été mis
en évidence (adhésines Afa et F17).

Par ces recherches, une PCR multiplexe a été développée incluant


les facteurs de virulence statistiquement les plus représentatifs.
La détection des souches pathogènes est passée de 43 à 74 %.
L’ adhésine Afa
 Adhésine afimbriaire retrouvée chez des souches d’E. coli
initialement associées à des lésions de pyélonéphrite.
 Opéron de 6.7 Kb composé de 6 gènes.
 Plusieurs variants de l’opéron Afa suivant l’hétérogénéité
du gène afaE.
 Associée à des souches d’E. coli retrouvées chez l’homme
et le bovin.
Organisation de l’opéron Afa
Région conservée:4.1 Kb

F A B C D E

Régulateurs
transcriptionnels Invasine Adhésine
Protéine
Chaperon d’ancrage
L’ adhésine F17
 Adhésine fimbriaire associée à des souches d’Escherichia
coli diarrhéiques et/ou septicémiques.
 2 sous-unités majeures: F17A (sous-unité structurale) et
F17G (adhésine).
 Opéron de 5 Kb composé de 4 gènes.
 Plusieurs sous-variants (F17A-a, F17A-b, F17A-c, F17A-
d).
Organisation de l’opéron F17

5 Kb

A D C G

Sous unité Protéine


d’ancrage Adhésine
de structure Chaperon
Etat des recherches sur le
sujet et perspectives.
 Recherches du labo en la matière (Convention
MCMA)
- Nous avons montré pour la première fois que les adhésines
Afa et F17 présentes chez d’autres espèces comme
l’homme ou le bovin sont aussi présentes chez la volaille.
- Nous avons montré que les souches aviaires possédant les
adhésines Afa ou F17 sont pathogènes et capables de
reproduire des signes cliniques et des lésions de
colibacillose en modèles in vivo.
Etude du rôle des adhésines F17
dans la pathogénie de la
colibacillose
 Production de souches mutées pour le gène
f17A.
 Production de souches complémentées pour
ce gène.
 Tests en modèles in vitro et in vivo.
Production de mutants par disruption

Objectif:
 Remplacer le gène d’intérêt par une cassette
de résistance à un antibiotique (kanamycine
ou chloramphénicol)

Cassette
Gène cible
résistance
Production de mutants par disruption

 Etape 1
Intégration du plasmide thermosensible
pKD46 (AmpR) exprimant la recombinase
du phage Lambda Red ( Red)

pKD46 Electroporation
Production de mutants par disruption

 Etape 2:
Production de l’allèle disrupté à intégrer
dans le chromosome.
FRT FRT

A Gène X Z Kana

pKD4

P1
P2
50 20
Production de mutants par disruption

pKD4
(ADN)

FRT FRT
PCR
Kana
Production de mutants par disruption

 Etape 3:
Transformation dans une souche possédant
la  red recombinase.

FRT FRT

Kana

Electroporation
Production de mutants par disruption

 Etape 4:
Recombinaison et sélection des transformants
antibiorésistants (Kana, 37° C)

FRT FRT

A Kana Z
Wild-type Mutant Compl. Control -

Exp 1 70 7 56 1

Exp 2 60 5 48 3

Exp 3 65 10 51 2

Exp 4 57 4 47 2

Exp 5 58 4 58 2

Average 62 6 52 2
Etat des recherches sur le
sujet et perspectives.
 Perspectives
- Etude de l’effet immunogène et protecteur des adhésines
F17 ou Afa.
- BUT: apporter des valences supplémentaires au vaccin
actuel afin d’améliorer l’aspect préventif de la maladie.

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