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Manifestation de La Sorcellerie Et La Ma
Manifestation de La Sorcellerie Et La Ma
SOMMAIRE
INTRODUCTION.................................................................................1
I. MÉTHODE......................................................................................1
V. DISCUSSION.................................................................................13
CONCLUSION...................................................................................15
ANNEXE...............................................................................................16
BIBLIOGRAPHIE..............................................................................28
ANTHROPOLOGIE de la religion
INTRODUCTION
I. Sorcellerie
1. Définition
Selon Dominique Camus (1988, p.7), la sorcellerie est « un ensemble de procédures
magiques exécutées secrètement par un praticien pour satisfaire une demande entraînant
l’action d’un homme contre un autre, et pouvant provenir soit directement de l’officiant, soit
d’un tiers pour le compte du quel il agira ».
La sorcellerie peut être également définie comme « l’art ou la science de faire le mal, seul ou
en groupes, par la manipulation des forces occultes de l’univers pour nuire aux autres »
La sorcellerie est donc l’ensemble des activités mauvaises du sorcier. C’est le déploiement du
mal dans ses dimensions les plus horribles. La sorcellerie est aussi la sphère du mal,
autrement dit le règne du mal où se déploie surtout la méchanceté de l’homme sorcier.
1. Sorcier
La sorcellerie fait partie intégrante du système religieux des Ewés, raison pour laquelle
Surgy appelle sorciers « anato » ou « adzeto » des hommes ou des femmes qui sont jugés ou
se déclarent eux-mêmes propriétaires (to) d’une puissance appelée na ou adze au moyen de
laquelle ils ne cessent de commettre le mal.. (SURGY, 1988, p.167)
Egalement en latin « sortiarius » et traduit littéralement par « diseur de sort » le sorcier est
défini par le P. Gilbert DAGNON comme une « personne appartenant à une corporation
secrète qu’on croit en liaison avec le démon et qui peut se déplacer invisiblement, jeter des
maléfices, rendre invisiblement les autres malades ou leur infliger subitement la mort »
(DAGNON, 1992.p.25)
Le père Meinrad HEBGA définit le sorcier comme une « personne habitée, même à son insu,
par un pouvoir maléfique qui la pousse à nuire, à détruire, à causer la maladie et la mort ».
(Revue TELEMA n° 516 du 4/82)
De cette dernière définition, nous pouvons dire que la sorcellerie peut être acquise de façon
volontaire ou de façon involontaire et même par héritage.
Quant à Jean PLIYA, il appelle sorciers des «"possédés " particuliers des satanistes, qui
sacrifient volontiers des membres de leur famille et de leur parenté proche pour obtenir des
pouvoirs » (PLIYA, 2002, p.62)
2. Manifestation
La manifestation de la sorcellerie semble de nos jours être associée une minorité marginalisée
de la société. Malgré les dispositions collectives de certaines ethnies togolaises, l’éradication
de la sorcellerie paraît de plus en plus utopique : est- ce à cause de la conscience individuelle
qui se déploie à l’insu de la société pour conserver ce patrimoine ancestral ou à cause des
nouvelles formes et de l’importance du rituel sorcier pour la diaspora.
Cette rituélie, soutenue par des connaissances précises en magie verte, magie sexuelle et une
astrologie simple mais efficace, donne un ensemble cohérent d'une redoutable efficacité.
La sorcellerie, en tant que démarche "écologique" rustique et pure, est un acte d'amour de la
créature vers le créateur.
La filiation en sorcellerie était souvent une affaire de clan ou de famille. Le passage des
pouvoirs ou initiation se faisait par cooptation entre divers groupes se connaissant ou
s'appréciant. La plupart des gens se trouvaient écartés de cette caste particulière, soit pour
incompétence, soit simplement que leur tempérament ne convenait pas, ou plus probablement
parce qu'ils n'appartenaient pas à la race sorcière. Il existe effectivement des caractères
chromosomiques et génétiques qui constituent une véritable race sorcière, ceci
indépendamment des diverses ethnies. Les inquisiteurs avaient pour devoir de déceler la
véritable race sorcière car les caractères chromosomiques et génétique apparaissaient souvent
bien évidente. Même s’'ils condamnaient non seulement au bûcher les sorciers, mais
également leur descendance cela pouvait bien faire preuve de la non dignité humaine/
reconnaître cetteLes adeptes de la basse sorcellerie, ces parias animés d'une volonté de
puissance, se contentaient des miettes de récits, de recettes de bonnes femmes et se
nourrissaient de superstitions auxquelles ils mêlaient des fragments mal compris de magie
cérémonielle ou de kabbale chrétienne (comme s'il pouvait y avoir une kabbale chrétienne).
II. La magie
1. Définitions
«La magie est l'art de produire dans la nature des choses au-dessus du pouvoir des hommes,
par le secours des démons; ou en employant certaines cérémonies que la religion interdit 1 »
L’exercice de cet art revient au magicien qui peut ne pas être un sorcier. On distingue la magie
noire, la magie naturelle, la coelestialis qui signifie l’astrologie Judiciaire, et la caeremonialis;
cette dernière consiste dans l’invocation des démons; en conséquence d’un pacte formel ou
tacite fait avec les puissances infernales: Ses diverses branches sont: la cabale,
l’enchantement; le sortilège, l'évocation des morts et des esprits malfaisants, la découverte des
trésors cachés et des plus grands secrets, la divination, le don de prophétie, celui de guérir par
les techniques magiques et par des pratiques mystérieuses les maladies les plus opiniâtres; de
préserver de tous maux, tous dangers, au moyen d'amulettes, de talismans, la fréquentation du
sabbat, etc...
1
1) D'après l’Encyclopédie théologique de l'abbé Migne. Paris 1852. vol. 49, Page 23.
3. Magie : fonctionnement
La magie ou, plus précisément les magies sont un ensemble de techniques, de pratiques ou
d'ascèse, tant intellectuelles que psychiques, physiques ou psychologiques, visant une action
mentale ou une réalisation sur le plan matériel.
Il est malaisé de définir le mode d'action de la magie. Selon le type même de sa mise en
œuvre ou de sa qualité, une magie "fonctionne" soit en intervenant au niveau du divin par
invocation ou demande aux forces supérieures, soit en interférant dans le plan astral (c'est le
cas de la magie symbolique ou de certaines formes de la Kabbale), soit en évoquant des forces
inférieures (goétie, théurgie ainsi que certaines magies cérémonielles et sorcelleries). La
magie peut également utiliser des forces naturelles peu connues, en utilisant des processus
techniques parfois très simples. Ces dernières pratiques canalisent ou potentialisent des
énergies en jouant sur des processus physiques, physiologiques ou symboliques la plupart du
temps inconnus des profanes {sorcellerie, tellurisme. magies sexuelles, radioniques}. Un autre
procédé usité par quelques maîtres fait appel à la création et à la manipulation d'égrégores
{sorcellerie. magie cérémonielle, magies religieuses, magie sexuelle).
La magie est un syncrétisme de sciences relativistes où des vérités contraires en apparence
la magie, comme la sorcellerie ou la Kabbale possèdent leurs propres systèmes de références,
Manifestation de la sorcellerie et la magie dans l’Afrique 4
contemporaine : cas du Togo
ANTHROPOLOGIE de la religion
aux idéaux et portraits de barbarisme et de sauvage que les colons ont attribué aux peuples
négro-africains.Notons également que les adzeto tuent parfois par simple envie de chair
fraîche et de satisfaire leurs désirs faméliques. Dans ce cas la plupart de leurs victimes sont
des enfants ou fœtus ; ce qui explique certaines fausses couches. (RIVIERE, 1988,p.198). Par
ailleurs, dans le contexte ancien de pénurie alimentaire notamment en viande, typiquement lié
aux pays tropicaux, les mythes de dévoration s’amplifient d’autant que chacun a ressenti un
jour ou l’autre la faim le tenailler. Un mythe Watchi exprime bien à la fois la satisfaction
fictive des pulsions, tout en la condamnant comme un cannibalisme mystique d’autant plus
répréhensible que les victimes en sont choisies, dans une société lignagère à l’intérieure de la
famille et dans une société qui valorise la procréation, parmi les enfants de préférence.
Dans un tel mythe l’accent a été mis sur le fait que les sorciers s’opposent directement à
Dieu. (RIVIERE, 1988,p.198)
Tout à fait distinct de la magie dans l’esprit populaire, la sorcellerie se nomme Adze. En
français, s’emploient indifféremment les termes de sorcier et d’envoûteur, mais on peut
distinguer entre le jeteur de sort qui utilise des éléments matériels et le sorcier à l’action
purement spirituelle. Toujours maléfique pour le groupe social, la sorcellerie agit de manière
si subtile que la cause du mal ou du désordre (stérilité, mauvaise récolte, faillite dans les
affaires, maladie, mort) n’est identifiable qu’après les symptômes apparues. Condamnée
comme acte offensif (réel ou imaginaire), elle est entreprise par un individu ou un groupe
d’individus que l’on suspecte de dévorer les âmes, d’avoir le don de double vision, de pouvoir
disparaître à volonté, de se métamorphoser, de circuler la nuit, etc.; leur force réside dans le
rapport qu’ils entretiennent avec les Na et les puissances du désordre.
Les Na errantes constituent une confédération d’esprits mauvais. Généralement, elles
s’assemblent et commettent leurs méfaits en groupe. Affectées par le dynamisme du sang,
elles cherchent de nuit et dans les lieux fréquentés à infliger des tourments, aussi tente-t-on de
les apaiser en leur offrant le cœur des volailles sacrifiées ou le sang des immolations qui
pénètrent dans la terre où certains se cachent, dans les forêts où se font l’enracinement de
préférence des autres.
Le terme Na peut aussi désigner les « esprits de sorciers » présents dans une personne
devenue sorcière. Une telle interpénétration est le siège de véritables agents intrinsèque à la
sorcellerie et témoigne de l’équivalence des termes anato et adzeto. (SURGY, 1988, p.170)
LE VAMPIRISME
LE DÉDOUBLEMENT
Le dédoublement est une capacité de faire sortir l’esprit de son corps afin de pouvoir
exercer ou d’opérer une action d’une manière invisible, mais réelle. (RIVIERE, 1988, p.201).
Sans ce processus ils ne peuvent quitter, leur corps physique durant le sommeil pour aller
absorber la vitalité de certaines personnes ou parfois même celle de leur bétail ou de leur
récoltes, ou se livrer à toute autre sorte de vilénie .L’une des actions propres de la sorcellerie
est la manducation de la chair humaine. Mais il risque sa propre vie parce qu’en cas de non
retour dans la couverture corporelle avant le levé du jour, ou lorsqu’il est tué en cours
d’exercice, son corps meurt au même moment. (Cf. annexe n°2)
LA MÉTAMORPHOSE
Le sorcier peut aussi envoûter une personne à partir des objets lui ayant appartenu (linge
par exemple) à partit des déchets prélevés sur elle (salive, urine, ongle, cheveux …) ou des
représentations du sujet. Ici, l’image photo de la personne joue un rôle particulièrement dans
l’envoûtement parce qu’elle rappelle ou représente directement l’ombre spirituelle ou double
de la personne. (RIVIERE, 1988, p.185)
Il existe d’autres types d’actions sorcières telles que les possessions maléfiques, des
blessures magiquement ou adroitement infligée qui sont autant d’attentats à la vie et donc
autant d’actions mauvaises.
Pour réussir efficacement à ces actions, les sorciers utilisent certains médiums tels que
des oiseaux de tout genre et en général des bêtes : hibou, moineau, fourmi, cancrelat, chat
noir, tourterelle. (Cf. annexe n°2)
Comme leur activité les marginalise par rapport aux gens normaux, leur totem et leur
refuge les singularise en les associant à l’activité nocturne (hibou), à la brousse sauvage et
inculte (baobab). Les baobabs creux les accueillent le plus souvent leur offrent un lieu de
réunion, comme certains irokos dont la puissance et la vitalité symbolisent leur mystification.
Dans les cocotiers où on peut observer la présence de chauve-souris ou les clignotements
nocturnes provenant des lucioles, la présence des adzeto se détermine superstitieusement
évidente. Claude Rivière note également que ces animaux sont le réceptacle de l’incarnation
du sorcier. (RIVIÈRE, 1988, p.195). C’est pour quoi le adzéto ne doit ni tuer, ni manger de tels
animaux en particulier la chouette. L’adzexe (chouette ou hibou) est le messager de la mort et
est de sexe féminin. Une femme en grossesse qui en aperçoit un, expose son fœtus à des
conséquences néfastes telles l’avortement. Le Kpoti est sans doute un arbre végétal qui
anéanti le pouvoir du hibou. (RIVIÈRE, 1988, p.196.)
Le feu, la nuit, le rouge, le sang sont symboliques à l’activité sorcière. C’est à ce titre que tout
sorcier est considéré comme ami de l’obscurité et ayant de la prédilection dans la hantise des
lieux sombres et déserts et que le voyageur ne saurait se remettre en marche sans danger qu’à
l’aube à moins d’avoir pris sur lui certaines dispositions anti-sorcières. L’une d’elles est la
nudité qui fait appel au naturel qui est symbolise non seulement la pureté de l’être humain
mais aussi chez les fons du Bénin, une malédiction ou la force naturelle et originelle de tout
homme contre le surnaturel. Ce point fort qu’ignore bien de jeune contemporain est utilisé
dans la grande majorité des envoûtements à la démence ou autres et des victimes de la
sorcellerie. Ce qu’illustre l’usage des poupées volutes, ayant la forme humaine et percées par
des pointes et objets pointures de tout genre. (Kossou, 1971, p. 45).
Dans la divination, le grain eve, brun-rouge, de la taille d’un marron d’Inde représente la
notion de Naou d’Adze.
De même, certains pensent que le sorcier dégage du feu dans son déplacement nocturne. Et
pour cette raison, les Nganga, du Kénya et du Cameroun en particulier utilisent dans
leurstraitements de guérison d’envoûtements des tirs de feu, la danse du feu et l’immolation
d’une chèvre. (De Rosny, 1992, p.126)
Les majorités des transmissions se font dans les cénacles des «mages-devins », des
sorciers-médiums. Chez les Togolais en particulier les éwés, l’hérédité maternelle,
l’envoûtement et l’initiation sont les facteurs de cette transmission. Certaines interprétations
de problèmes naturels ou sociaux et parfois oniriques conduisent à cette intégration non-
consentie.
Le mode de transmission par hérédité : suppose que les géniteurs sont ancrés et enracinés dans
la sorcellerie. Ainsi leur progéniture est sans ambages héritier de leur pouvoir magique et
donc de leur patrimoine. Aussi est-il évident qu’une femme sorcière soit porteuse d’enfants
sorciers même si l’homme ne l’est point. Cette relation permet de comprendre également que
les liens vitaux ou alliances de conservation du groupe sont les raisons qui poussent une
femme enceinte à attribuer l’enfant à naître au groupe d’appartenance. Le degré de la
sorcellerie sera plus élevé si sa conception coïncide avec le moment de l’activité sorcière de
sa mère. Selon Edouard BRASEY (1989, p.29), le sorcier peut avoir les caractéristiques d’un
magicien, d’un enchanteur, d’un envoûteur, d’un devin, d’un voyant, d’un médium, d’un
spirite, d’un nécromancien, d’un alchimiste, d’un thaumaturge, ou d’un occultiste.
Etant membre à part entière de l’association, le nouveau sorcier acquiert des informations plus
ou moins confidentielles. Les projets du groupe concernant les meurtres ou attentats par
intoxication ou empoisonnement de ses ennemis éminents ou potentiels lui parviennent et il a
le droit de converser sur telle ou telle affaire directement ou indirectement liée à eux. Rivière
explique également qu’en cas de répartition discontinue des sectes d’une région à une autre, le
sorcier peut se réinitier par le don du sang ou d’une vie humaine chaque fois qu’il change de
région.
Dans l’association chacun joue un rôle particulier. Outre le chasseur qui est le donneur de
gibier, il y a celui qui dépèce la viande. Parfois il n’est étonnant de voir de vieilles femmes
dont le tibia porte une plaie incurable. Celle-ci ne guérit point, car elle est sans cesse ravivée
par le couteau avec lequel ses compagnes la dépècent. Sa jambe sert de table de boucherie.
Autrefois, certaines ethnies se basaient sur les anomalies génétiques telles que les bébés
siamois, les trisomies, ou sur les malformations externes dont l’éléphantiasis (cf. annexe n°5),
pour détecter les bébés sorciers ou toute personne porteuse du germe de la sorcellerie.
Les adze- vodu sont des vodu d’un genre très particulier qui au lieu de mettre en rapport avec
les puissances divines, mettent en relation avec des puissances qui leur sont adverses. On peut
citer « Akpatsu », « Tsetsoklitso », « kenesi », (SURGY, 1988, pp.168-171). Contrairement à
l’aliénation du sorcier où les puissances maléfiques investissent son corps indépendamment
de sa volonté, les adze-vodu ne possèdent ni ne se laissent posséder par le propriétaire.
Parmi les critères de reconnaissance des sorciers figurent notamment la stérilité, les excès
d’affection, de pauvreté ou de richesse, l’acharnement dans la lutte pour le pouvoir et la
rancœur tenace contre un membre de la famille. Les excès aussi bien d’amour à l’égard des
enfants, que de dénuement ou d’opulence, apparaissent comme des critères de détection des
sorciers. Certains sorciers font semblant en aimer trop les enfants ; Ils les approchent surtout
pour repérer dans leur subconscient le lieu de « promenade de leur double » afin de les tuer.
L’existence d’un sorcier se manifeste tjrs post hoc (RIVIÈRE, 1988. p.196). Le malheur prouve
à juste titre ses manigances secrètes et le grief que le sorcier nourrit contre la victime permet
de le repérer. Ce repérage, issu d’une hantise s’éprouve notamment dans l’imaginaire du rêve
ou dans quelque état hallucinogène. Dans le modèle persécutif qui est celui de la sorcellerie,
la maladie peut signifier soit la conséquence d’une faute, soit un ensorcellement par attaque
exogène, surtout de la part de marginaux ou de femmes qui étrangères originellement au
lignage de leur mari, sont plus aisément accusées de sorcellerie. Cependant, il convient de
remarquer que la plupart des soupçons ne se traduisent pas en accusations.Une menace peut
équivaloir a postériori à un sortilège.
Autrefois, les chefs cantons et les parents des plaignants ou des victimes privilégiaient
l’ordalie. Cette méthode bien qu’elle soit actuellement désuète, fut très efficace. (Cf. annexe
n°4)
Quelques signes qui permettent de diagnostiquer un cas d’envoûtement
Il existe beaucoup de procédés pour identifier la cause du mal. Tout commence par un
discernement de la nature des sorts ; et ensuite leur neutralisation en recourant au bon sorcier.
Le recours aux défunts est également possible dans ce diagnostique. Certains praticiens
interprètent les songent. D’autres utilisent les procédés de voyance en faisant des traits sur le
sol. D’autres encore pratiquent la divination appelée chez les Ewés « afakaka ». (SURGY,
1988,p.174).
La dette cannibalique est un véritable jeu qui n’échappe au sorcier. Puisqu’après les orgies de
tontine qui donnent accès au groupe sorcier, l’appartenance de nos jours ne dépend plus
tellement de la renommée sociale ni des critères d’ancienneté gérontocratique. Ce qui fait que
les sorciers survivent grâce à la ruse, la raison du plus fort et certains intègrent les Nouvelles
associations religieuses en complicité avec les pasteurs. Cette méthode consiste à se faire
« ami avec l’ennemi de son ennemi » pour gagner toujours du sang soit en dénichant les
sorciers du groupe d’appartenance, ou d’autres groupes usant des mêmes stratégies ; soit lors
des séances d’exorcisme, le sorcier use de tout son pouvoir pour aider le prêtre ou pasteur
dans la délivrance. Ainsi, il fait croire au ministre qu’il est maître de son art de délivrance.
Cette stratégie qui fut récemment exploitée à Gbananmè diocèse d’Abomey Bénin. (Cf.
annexe n°8)
Aujourd’hui les sorciers ne sont plus des hommes craintifs, mais émancipés. Ils ne se
cachent plus dans l’obscurité pour exercer toutes les pratiques, ils font de la publicité de leur
produit et savoir pour avoir de la notoriété. Ainsi, nous pouvons noter le cas du marché des
gris-gris d’Akodesséwa, où chaque étalage ou hangar est intitulé et se différencie l’un de
l’autre par la spécialité des sorciers de la place.
Depuis les années 94, les chaines de TV et certaines Radios n’hésitent pas à passer des
émissions ou annonces publicitaires sur tel ou tel visionnaire ou guérisseur traditionnel. Les
relations de marketing qu’entretiennent ses personnes avec les mass-médias sont plus ou
moins discrètes. Cette discrétion est une politique qui séduit facilement les hauts cadres et
autorités politico-administratives. Cette relation n’empêche pas la présence de certains
faussaires qui tôt ou tard sont démantelés. Mais plus il existe de ruses plus le niveau de
crédibilité des sorciers baisse. Ce qui fait qu’aujourd’hui la population est très sceptique et
réticente face à tout vendeur d’illusion se qualifiant de sorcier, voyant, sorcier, nécromancien
ou d’un magicien. Dans les pays développés, il existe un code pénal qui prohibe ces activités
illégales mais son application demeure utopique puisque devant toutes les cours de justice ou
autorités de juridiction les cas de meurtres ou agressions sorcières n’aboutissent pas à terme à
cause de l’insuffisance de preuve de culpabilisation des accusés.
Le sorcier marge apporte bonheur et fortune, le sorcier voyant livre les secrets de l’avenir à
ses consultants, le magnétiseur calme à distance les douleurs de ses patients, et le sorcier
médium-spirite dialogue avec les esprits des défunts.
Le kabbaliste est un jongleur d'univers, il peut à son gré modeler le temps et les évènements,
comprendre les mécanismes de la matière, influencer les évènements, guérir, allonger sa vie
pour approfondir son étude de la tradition2. Il se retire de la vie sociale pour mieux éviter
l'agitation des hommes. Il pratique l’ascèse du vide dans l’unique but, d'adoration du Nom
ineffable.
L'étude de la kabbale pratique offre la possibilité de décupler les effets obtenus au niveau des
grandes magies. Bien que nous puissions nous contenter de cette seule mais grandiose
discipline (surtout au niveau de la compréhension intellectuelle), il est préférable de connaître
les autres traditions, pour choisir celle qui correspond le plus à la personnalité de chacun.
Nous étudierons ces objets, qui n'ont rien de comparable avec (Annexe)
Les talismans ne sont pas seulement des "porte-bonheur", mais ce sont des outils magiques
capables de faire réussir certaines opérations, qui sans eux ne seraient même pas possibles.
III. DISCUSSION
La sorcellerie conforte la morale aidant par un bastingage de crainte les individus qui la
tiennent pour vrai à s’intégrer à la société et en définissant ce qui est mauvais pour l’homme
notamment les infractions aux règles morales qui ne sont pas justiciables du tribunal
coutumier. Un aspect import de cette mise en ordre social est qu’elle permet l’élimination du
sein de la société de tout perturbateur notoire accusé de cette anomie capitale qu’est l’action
sorcière.
Du point de vue sociologique, elle est sécurisante d’une part en ce qu’on s’imagine avoir
identifié le mal et trouvé par des protections (même fallacieuses) les mesures nécessaires pour
y remédier, d’autre part en ce qu’elle permet de briser des relations devenues intolérables sans
que le résultat en soit tenu pour une détestable offense, notamment dans le cas de rapports qui
sont censé impliquer une affection, du moins un support mutuel. Ainsi, par l’accusation de
sorcellerie, se règlent des hostilités entre frères à propos de l’héritage ou plus fréquemment
entres concubines (coépouses) d’un homme, ce qui justifie parfois la répudiation. La
suspicion de sorcellerie situe particulièrement là où se trouve la rancune et là où aucune issue
juridique ne prédomine, ne s’offre pour se débarrasser d’un mal.
Sous l’angle psychologique, la sorcellerie donne une réponse stéréotypée aux divers motifs
d’anxiété en les nommant, c’est-à-dire en personnifiant les agents responsables des
événements puis en proposant des remèdes adaptés. Ainsi joue-t-elle le rôle de palliatif de
l’agressivité et de l’angoisse, par une décharge imaginaire sur un individu suspecté (mais pas
toujours accusé), qui produit une dérivation de l’hostilité vers des objets et personnes
reconnues comme susceptibles de nuire.
L’idéologie de la sorcellerie éwé sert aussi de norme à la pratique puisqu’elle prescrit des
règles de conduite applicables pour la détection des sorciers et pour la protection des
éventuelles victimes, soit par des préventions personnelles, soit par des liquidations
collectives de querelles familiales à certaines époques de l’année, notamment avant la fête des
Manifestation de la sorcellerie et la magie dans l’Afrique 14
contemporaine : cas du Togo
ANTHROPOLOGIE de la religion
prémices d’ignames (chez tous les Ewés) et dans la préparation du Pe-Ekpe (premier de l’an
des Mina). Ces rituels annuels destinés à assurer la prospérité sont souvent entachés de dédain
à cause de certains participants adversaires irréconciliés.
Idéologiquement, puis qu’on attribue à l’interférence néfaste de la sorcellerie, les échecs de la
magie curative, celle-ci voit renforcée la confiance placée en elle.
Enfin, sous une optique psychanalytique, la preuve d’explication s’élargira à une estimation
qui part des idées ridicules et superstitieuses qui émanent des occidentaux pour aboutir au
corpus intégrateur de la magie maléfique et bénéfique se référant aux infortunes de la libido,
à la projection des passions, au subconscient des rêves et à la libération de l’agressivité sur
son semblable.
Actuellement, avec la floraison des nouvelles sectes et l’effectif pléthorique des nouvelles
associations religieuses qui se galvanisent dans la mission évangélisatrice de lutte et de
conversion des sorciers en Chrétiens nous pouvons sans doute observer une regression de la
sorcellerie qui se détermine par une forme voilée et le commerce. Cependant, il n’empêche de
remarquer que les mauvais épis se sont dissimulés dans la masse de ces associations et il en
résulte que certaines usent du mal pour guérir le mal. C’est-à-dire du pouvoir des transes et de
l’hypnose de la sorcellerie pour rendre une guérison fictive, fascinante et réelle aux yeux de
tous mais irréel dans le tréfonds du cœur. Il faut reconnaître qu’en toute pratique ou rituel
religieux et traditionnel se déploie une certaine énergie vitale et en particulier spirituelle. De
ce fait, le corps tout comme les autres composantes de l’être humain s’épuise d’une manière
ou d’une autre. Ceci justifie que la force du sorcier ne demeure quotidiennement constante et
que l’homme ne peut passer tout le temps autour du culte ou des sacrifices. Dans l’actuelle
société togolaise émancipée par la foi, les actes sorciers deviennent de plus en plus archaïques
parce qu’étant aguerri et endoctrinée par les pasteurs des Nouvelles Associations Religieuses,
et églises adventistes, les consciences individuelles s’inspirent de leur arme la plus puissante à
savoir la prière pour déjouer un temps soit peu les attentats sorciers. (LOIZAGA, 1996, p. 75)
Les sorciers n’ont certes pas diminué en quantité mais s’adapte aux nouvelles stratégies de ces
églises. Leur première démarche est d’infiltrer le groupe de croyant pour recueillir des
informations et critiques en leur endroit. Par la suite, ils parviennent après de multiples
tentatives de détournement, d’accusation, de chantages sexuels et ci-possible
d’empoisonnement à mettre la main sur le pasteur qui offrait son ministère contre de l’argent.
CONCLUSION
Que l’on croie ou que l’on n’y croie pas, la sorcellerie existe. Elle se manifeste en
général sous des formes horribles, effroyables, inhumaines et même infrahumaines. Elle
constitue un danger implacable dans les villes et villages de nos continents. La sorcellerie est
un phénomène très complexe et ses manifestations varient d’une région à une autre, d’un coin
à un autre.
Au terme de notre développement, il ressort que la sorcellerie n’est en fait qu’un
pouvoir qui peut servir à un objectif bénéfique ou maléfique.
Nous sommes à même de dire que la sorcellerie évolue dans le temps en changeant de
méthodes. Ainsi, elle peut facilement infiltrer les nouvelles associations religieuses tout en
gardant les mêmes principes meurtriers. Toutefois l’examen du phénomène dans son
ensemble nous a permis de comprendre un peu cet univers qui pour une bonne majorité des
Togolais paraissait est synonyme de méfiance. Raison pour laquelle certains pensent qu’il
faudrait la prévenir en intégrant les groupes ou églises nouvelles.
La magie quant à elle laisse apparaitre ses manifestations mais la compréhension du
phénomène reste seulement réserve au initiés. .par ailleurs elle se manifeste sous divers
formes et de la on parle de magie positive ou négative selon qu’elle nuit ou qu’elle avantage
l’homme
En somme la sorcellerie est négative alors que les bons ou mauvais effets de la magie dépend
de l’utilisateur
ANNEXE
Annexe : n°1
La sorcellerie serait apparue dans le monde par suite de la voracité des anciens hommes.
Ceux-ci vivaient avec Dieu mais se montraient insatiables malgré toutes les offrandes dont ils
bénéficiaient. Ils mangeaient avec Dieu et entretenaient d’excellentes relations avec lui.
Cependant, un jour, Dieu étant absent, les hommes mangèrent son repas et le laissèrent
affamé toute la journée. La même action se répéta plusieurs fois de suite et Dieu, avant de
rompre ses relations avec ses anciens hommes, gourmands insatiables, fit en sorte qu’ils aient
un odorat différent de celui qu’ils avaient précédemment. La chair humaine sentait si bon
qu’ils n’ont pas hésité à diriger leur gourmandise contre leur propre enfant. Ainsi, est née la
sorcellerie qui se veut exploitation de l’homme par l’homme c’est-à-dire pratiquée par les
humains contre les humains.
Annexe : n°2
Habituellement, on pense que si un sorcier métamorphosé est tué lorsqu’il a revêtu la forme
animale, son corps réel qui repose ailleurs meurt au même instant... On dit néanmoins qu’avec
les callosités de la peau de l’hippopotame le pouvoir magique est communiqué. Certains font
fétiches avec les os et la queue d’un écureuil pour voler sans être vus. Il est même des
employés de banque qui en portent pour annuler la puissance de ces voleurs ; à moins que ce
ne soit à d’autres fins moins avouables.
Puisqu’ils fréquentent le monde vivant de la brousse, quoi d’étonnant à ce que les sorciers
soient supposés connaître le langage des oiseaux et autres animaux, à ce qu’ils utilisent des
plantes soporifiques en fumée pour voler la personne endormie, à ce qu’ils administrent des
poisons végétaux à effet immédiat ou lointain, avec parfois pour résultat des symptômes
identiques à ceux de maladies connues ?
Bonaberi.com: Patrick N'Guema N'Dong: Cet homme fait peur
www.bonaberi.com › News › Sciences et Education (10/04 /2012)
Annexe : n°3
K. et N. vivent ensemble à l’Est Mono (dans le Sud Est). Kifem est devin et N. prétend que K
lui a donné ses Alewa, qui ont attrapé l’âme de l’enfant se Sama.
Ce que naturellement K. nie.
Le chef avait alors demandé à N. pourquoi il s'était sauvé de la maison, alors K. nie lui avoir
prêté ses Alea. N. reconnut alors qu’il avait eu aussi d’autres Alewa d’un de ses parents mais
que ce parent les a repris.
A la question du chef : qui a tué l’enfant de Sama ?, N. n’acquiesça pas. Mais sur de savoir
qui l’a mangé ?, N. répondit : « J’ai suivi deux hommes sur le rocher des sorciers « Efelu
Kaayo », on m’a donné de la viande et j’ai mangé. Mais je n’ai pas mangé l’enfant de
Sama ».
Le chef dit alors : Tu dis que tu n’as pas mangé de la viande de cet enfant, alors que tu as
demandé un chien pour aller à la chasse. Quand ce chien attrapé du gibier, à qui l’animal
revient-il ? (il s’agit d’un proverbe : Nsulma ha ni kakpa nam’le, ani na muwa : tu as
demandé un chien pour attraper une biche ; qui a reçu la biche).
N. répondit que le gibier est revenu à Kifem qui lui avait prêté ses alewa.
Le chef insista : comment se fait-il que tu demandes un chien pour tuer un gibier et que
l’animal revient au seul propriétaire du chien ? C’est alors que le chef, estimant que l’affaire
n’étant plus de sa compétence, envoya les plaignants à l’ordalie (kasankada) à Santé.
L’homme de Kasanga (Kasandadu) leur demanda de confesser leurs fautes. (Ba kali bo nosi :
on gronde sa bouche ; un examen de conscience).
k. dit : je suis avec mes alewa, mais je ne l’au pas envoyé attrapé les enfants de Sama mon
beau père.
N. dit : c’est kifem qui m'a remis les alewa qui ont mangé l’enfant.
Lee Kasankadu les envoya alors chercher de l’eau (qui servira à se purifier après l’épreuve) et
le bois pour chauffer l’huile dans le Celea (récipient où ils plongeront la main pour prendre
l’anneau en cuivre kokoye)
A leur retour, Kasankadu leur dit : qui d’entre vous n’a pas vu dans cette affaire. (Qui ne se
sent pas coupable ?) ; K. dit qu’il n’a pas vu (= qu’il est innocent).
Alors Kasankadu mit l’huile de karité et l’huile de palme, qu’ils avaient apporté pour la
circonstance, dans le celea.
Après une nouvelle invitation à la confession, le kasankadu prit un roseau, frappa légèrement
la tête de kifem, puis le trempa dans l’huile enflammée, mais il ne brûla pas ; après deux
reprises le roseau ne brûla toujours pas.
Ensuite, il lui posa l’anneau sur la tête en lui demandant s’il pouvait le sortir du fond de
Celea. K. après avoir acquiescé, s’approcha du récipient, plongea la main droite dans l’huile
enflammée, le tira tout brûlant et le mit dans le petit pot d’eau médicamenteuse. Sa main ne
fut pas brûlée. Mais quand ce fut le tour de N., sa main brûla et l’anneau colla à sa peau.
Après avoir été traité avec des plantes médicinales par le Kasankadu, il avoua qu’il avait agir
en connivence avec une sorcière. (Raymond VERDIER, Le pays Kabiyé Cité des dieux, cité
des hommes. Paris Ed. Karthala 1982, pp. 164-166)
spagyrie, des notions d'astrologie médicale sont souhaitables pour la préparation des remèdes
personnalisés, la préparation des élixirs, des extraits, des pierres végétales et des philtres en
général.
La connaissance des plantes utilisées en magie et sorcellerie. Il ne s'agit nullement de
botanique, rassurez-vous, mais simplement de connaître et de reconnaître les plantes de base
utiles aux rituels, leur cueillette et les préparations simples de base pour les rendre actives.
Ces connaissances seront indispensables pour les fumigations rituelles, préparation des
accessoires, talismans et pantacles. Ainsi que pour les évocations et invocations en sorcellerie
et magie cérémonielle. Indispensable aussi en magie égrégorique (que nous étudierons de
manière approfondie), ainsi que pour les envoûtements et contre-envoûtements. Bien entendu,
la connaissance des plantes est indispensable en spagyrie. Ceux qui seront désireux de suivre
une voie de thérapeute auront tout intérêt à approfondir cet aspect.
Connaissance des minéraux : mêmes commentaires que pour les plantes.
L'harmonisation des énergies (un chapitre important que nous étudierons également).
Il s'agit de techniques mixtes, à la fois psychiques et physiques, faisant appel à une
manipulation physique associée à une mise en condition particulière.
Cette technique sera utilisée dans la réharmonisation des énergies avant un rituel, mais aussi
en magie et en sorcellerie pour préparer soit un assistant, soit pour restaurer les énergies d'un
patient après un désenvoûtement par exemple. La réharmonisation sera particulièrement utile
avant une évocation de géomancie, pour les thérapeutes elle permettra une accélération du
processus de guérison et surtout favorisera une augmentation de la résistance aux influences
négatives.
La radiesthésie : bien que non indispensable, elle permettra à ceux qui la pratiquent (même à
un stade élémentaire) de détecter les influences négatives ou positives. Elle facilitera en outre
l'élaboration de certains sorts et surtout des "grilles" en sorcellerie.
Autre avantage, surtout en sorcellerie, elle donne la possibilité de reconnaître l'emplacement
d'un lieu ou d'un courant tellurique (les bases de radiesthésie indispensables font l'objet d'un
chapitre spécial dans la suite du présent cours).
La géométrie magique, absolument indispensable. Il ne s'agit pas, rassurez-vous, de
mathématiques mais de la connaissance des modes de construction utiles pour la confection
des pentacles, talismans, rituels, cercles, décoration des objets magiques (utiles en sorcellerie,
en kabbale, magie cérémonielle, magie sexuelle, talismanie, etc...). Ces notions font partie du
cours.
Annexe : n°6
Dans la divination, le grain eve, brun-rouge, de la taille d’un marron d’Inde représente la
notion de Na, ou d’Adze. Le grand sacrifice des boko dzisa, au Na comporte l’immolation
d’une chèvre rouge ou rousse et la délimitation du lieu sacrificiel par trois cercles
concentriques : noir, blanc et rouge. Rivière précise qu’il s’agit des trois couleurs les races
humaines pures et originelles que Na incarne dans le monde. Une autre interprétation présente
le rouge comme le sang dont se repaissent les sorciers. Une jeune fille de teint trop clair (dite
de couleur rouge chez les éwés) peut être objet de méfiance, car les adzeto sont souvent très
rouges contrairement aux albinos. Et dans certaines localités les gens évitent de porter des
pagnes de couleur rouge dominante.
Enfin sont taxés de magie diabolique, certains objets qui servent d’indices du pouvoir sorcier
détenu par une personne : un monticule de terre battue (adzevodu) sur lequel a été posée une
jarre percée de trous, contenant éventuellement des restes d’ossements et imprégnée d’huile
rouge ; un bloc de bois rappelant celui sur lequel les bouchers coupent leur viande au marché ;
différents couteaux servant au dépeçage de la viande; différentes gargoulettes contenant une
eau utile aux libations ; des animaux séchés: hibou, vautour, chat, peau de crocodile et parfois
même des crânes humains.(Surgy, 1988, pp.167-174).
Annexe n°7
Un cultivateur des bords du lac Togo - histoire rapportée comme telle – (Delude, in Rivière,
1969,p.33 et p194), suscite-t-il des jaloux, que ceux-ci, après avoir fait des gris-gris se
transforment en agoutis qui la nuit vont ronger un grande partie des tubercules de manioc du
paysan chanceux. Celui-ci, constatant les dégâts, se poste durant deux nuits pour chasser les
agoutis. La seconde nuit, il tire au fusil. Il entend des plaintes humaines. Au second coup, les
deux agoutis étaient redevenus hoes blessés. Ils furent soignés, traînés en justice et
condamnés. Habituellement, avec l’expérience de certains féticheurs et guérisseurs
traditionnels, il est possible de croire que lorsqu’on tue un sorcier métamorphosé en une
forme animale qu’au même instant son corps humain réel meurt.
On dit qu’ils sortent de leur écorce. L’expression en Fon est traduite par « é non ton sin akpamè »
Ainsi les sorciers peuvent se déplacer dans les airs et se rendre d’une façon invisible dans des endroits
fermés toutes portes closes. C’est par ce déplacement qu’ils vont aux nuits de sabbat. Par ce même
déplacement ils vont nuire à leur semblable. Ce pouvoir s’acquiert par la cérémonie dite de "l’ailation
" c’est à dire pousser des ailes. C’est une forme de métamorphose qui s’opère et celle -ci est qualifiée
selon les termes du Père HEBGA de « métamorphose active ».
A ce niveau, le sorcier opère sur sa propre personne. Il se transforme, se travestit pour aller sous cette
apparence d’emprunt commettre des crimes dans l’anonymat et dans l’impunité.
Le pouvoir de la métamorphose serait contenu dans la calebasse de la sorcière appelée "AZEKA" en
Fon. C’est un objet réel préparé par des rites particuliers et destiné à être avalé.
la messe pour leur permettre de participer à l’Eucharistie qui se célèbre désormais à 10h »,
explique le curé. « Ceux qui sont partis commencent par revenir. C’est cela qui explique
l’affluence aujourd’hui malgré l’absence des membres du groupe Padre Pio. Mais dans la
semaine, ils participent aux manifestations de Parfaite. Elle envoie des émissaires pour
écouter ce que je vais dire à l’homélie. Dès qu’on commence par parler d’obéissance à
l’Eglise, les partisans de Parfaite manifestent leur mécontentement dans l’église. Ils en sont
venus à proférer des menaces. Nous ne sommes pas en sécurité », commente l’Abbé Vitouley
avec regret.
Avant la communion au Corps du Christ, le Père Valentin rappelle à ceux qui sont sur le coup
de l’excommunication à cause de leur appartenance au groupe de Parfaite de s’abstenir de
s’approcher de la table sainte. « Malgré l’instruction de Mgr Eugène Houndékon, certains
partisans de Parfaite tentent de communier. Je les connais. Beaucoup sont venus à la messe.
Ils ne mesurent malheureusement pas la gravité de leur acte parce qu’on leur dit que c’est leur
droit de communier »déplore le Père Vitouley.
Quelques-uns se rapprochent de nous et nous saluent chaleureusement. Gabriel Tobossou, 50
ans, secrétaire du conseil pastoral paroissial, nous présente un couple, M. Luc Amonlo, 28
ans, artiste plasticien et sa femme Marie Lucrèce. C’est un couple qui appartient au
mouvement de Parfaite et qui continue de venir à la messe du dimanche. « J’ai entendu parler
de Gbanamè au moment où j’habitais Allada. Ma femme était gravement malade. Elle avait
mal au pied et ne pouvait pas bouger. Elle sentait des douleurs dans tout son corps. Pendant ce
temps, nous vivions également une crise financière. Quand j’ai entendu parler de ce qui se
passe à Gbanamè, je suis arrivé avec ma moto et je me suis installé dans le village. J’ai
rencontré Parfaite. Elle m’a demandé de lui réaliser un tableau avec les paroles de la prière
dénommée ‘Notre Père qui est sur terre à Gbanamè’ ». Il est convaincu que Parfaite est
l’incarnation de l’Esprit-Saint et de Dieu le Père : «Cette jeune fille déclare qu’elle est Dieu.
Même Jésus n’a pas dit cela. Si elle a le courage de le dire, c’est qu’elle l’est vraiment ».
Il affirme : « Parfaite a prié pour ma femme, et depuis, elle est guérie. Un être qui réalise tant
de miracles ne peut qu’être Dieu ».Sa femme confirme : «nous n’avons plus jamais eu de
problème dans notre foyer». Puis elle avance en claudiquant cependant. «Nous avons la paix
du cœur », ajoute Luc Amonlo. Ce couple marié religieusement à l’Eglise, autrefois très
engagé sur la paroisse de Gbanamè est maintenant tout dévoué pour la cause de Parfaite et du
Père Mathias.
Par contre, Gabriel Tobossou est catégorique: «Parfaite n’est pas Dieu. Moi, je n’y crois pas».
Jeanne de Chantal Kossouho, 33 ans, trésorière du conseil pastoral paroissial, détermine deux
critères de discernement qui lui font dire que Parfaite et ses amis sont menés par le diable. «
Quand on analyse le phénomène de Gbanamè, on se rend bien compte que c’est contraire à la
foi chrétienne et à la volonté de Dieu. Ces gens sont conduits par le mensonge et la course à
l’argent. Leur théorie se base d’abord sur des mensonges. C’est un tissu de contre-vérités. Un
exemple : Mgr Houndékon est venu cette année pour la confirmation à Gbanamè. L’Eglise
était pleine. Mais les gens qui soutiennent Parfaite ont raconté que tout le monde a déserté
l’église, laissant seul Mgr Houndékon ; ce qui est un grand mensonge. Par ailleurs, sur leur
prétendue colline sainte, ils font du commerce ; Jésus n’a jamais vendu quelque chose en
contrepartie de ses miracles. Parfaite et les siens vendent de l’huile, des chapelets, du sel, des
bougies. Ce qui se fait ailleurs. Mais eux, ils interdisent à toute autre personne de vendre ces
mêmes articles sur la colline ! Que Dieu se fasse de l’argent et que les hommes meurent de
faim ! J’en suis convaincue : Dieu n’est pas là-bas ».
Mathieu Yéhoumè, 62 ans, vice-président du conseil pastoral paroissial, explique aussi le
phénomène qui, selon lui, est né du goût trop prononcé pour l’argent. « Quand l’Abbé
Mathias a commencé son ministère ici, il ne parlait pas d’argent. Un jour, je suis allé le voir, il
m’a dit : ‘quand les hommes ne donnent pas l’argent pour quelque chose, ils n’y croient pas.
Je vais exiger désormais aux malades des demandes de messe’. Il a ensuite ajouté à cela la
vision et les révélations de Parfaite. Tout ce qui se passe aujourd’hui est un montage pour
exploiter la misère des populations ».
Un autre membre du conseil pastoral paroissial, Raymond Djonouhoun, 70 ans, affirme avec
vigueur sa foi en Dieu. Il dit avec la force de son âge : « Parfaite est venue ici, possédée par
un esprit mauvais. Nous en sommes tous témoins. Nous avons prié ensemble pour elle. Qu’on
en vienne aujourd’hui à l’appeler Dieu est une aberration et une déviance regrettables. Les
indices de discernement sont clairs. Par exemple, le chapelet qu’ils utilisent compte 9 grains
au lieu de 10. Ils se trompent de chemin, ils ne sont pas dans la vérité. Quand Jésus guérit un
homme, il dit : ‘ta foi t’a sauvé’. Mais sur la colline, les malades sont confiés à un guérisseur,
frère de l’Abbé Mathias, qui leur prescrit des produits. C’est une véritable secte qui combat
l’Eglise catholique. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils se perdent. On ne peut que prier pour
eux ».
Par Serge BIDOUZO et Valérie ZINSOU
Témoignage « Des âmes qui se perdent et qui veulent engloutir tout le peuple »
Parfaite n’a fait que le catéchisme. Par contre, le Père Mathias a fait 16 ans au séminaire, il a
exercé son ministère sacerdotal pendant au moins 11 ans. Il ne peut pas ignorer tout cela ; ne
pas pouvoir s’asseoir, réfléchir, discerner, c’est mauvais.
Ce sont deux âmes ou trois âmes qui se perdent mais qui veulent engloutir tout le peuple.
Quand les foules présentent leurs intentions de prière, Parfaite lève la main sur ces intentions
et dit qu’elle les valide, qu’elle arrache la sorcellerie à tous ceux qui sont sorciers et dont les
noms sont mentionnés ; cela dépasse l’entendement humain ; c’est le diable.
Soyons réellement chrétiens
A mes frères catholiques, je demande d’être réellement chrétiens. Nous sommes nés dans
l’Eglise et nous sommes baptisés dans l’Eglise. Nous n’avons pas été convertis par les
miracles, nous n’avons pas reçu le baptême à cause des miracles. Nous n’avons donc pas à
courir après les miracles, le sensationnel, notre foi n’est pas là. Il n’y a pas de plus grand
miracle que de transformer le pain en corps et de transformer le vin en sang du Christ. Et la
plus grande révélation s’est réalisée en Jésus-Christ une fois pour toutes. Il y a un chant en fon
qui dit:« katolika, fie xwé wɛ nyi lɔ xwé. So wɛ fan we gni lɔ na fan, a na bo jɛ dohwin mɛ
we nyi lɔ na wa ko bo jɛ, nu ɖagbe ɖe nɔ nyɔn kpohoun wɛ a, yadé ba mi we hwi wu wɛ un
na yi gbe bo ji ɖo bi na wa ɖo nu ɖo fiɖe, Nɔn ɖagbé Malia ce un wa biɔ acɛ tɔn wé » (Eglise
catholique, c’est là où tu vas que moi aussi je vais… Aucune bonne action ne se fait sans la
souffrance… Marie ma mère, je t’en demande la grâce).
Journal La Croix du 1er octobre 2011, Cotonou, Benin
3
Cf. sacrosanctum concilium ,60; ou Droit Canon 1166
Manifestation de la sorcellerie et la magie dans l’Afrique 26
contemporaine : cas du Togo
ANTHROPOLOGIE de la religion
4
Cf. Sacrosanctum Concilium, 60. Ou Droit Canon 1166
Manifestation de la sorcellerie et la magie dans l’Afrique 27
contemporaine : cas du Togo
ANTHROPOLOGIE de la religion
B- L’intérêt
1- Rôle
Dans la lutte contre les attaques sorcières nous pouvons dire que les Sacramentaux jouent
un rôle d’une grande importance. Non seulement ils assurent la sanctification mais par eux
nous revêtons l’armure de Dieu afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable.
L’intérêt des sacramentaux n’est plus à démontrer. Nous n’en voulons pour preuve ce
témoignage rapporté dans le tome 2 de la voix de saint Gall sur la sorcellerie en africain :
Il s’agit d’une fille de 14 ans prénommée Lucienne, vivant précisément au quartier sainte
Rita à Cotonou. Pour raison de dévotion, sa tutrice a préféré la ceindre de perles bénies en
lieu et place des perles traditionnelles de beauté. Un jour qu’elle dormait voici que survint un
phénomène insolite : Un homme lui apparut sensiblement et lui présenta un objet à avaler.
Elle refusa. Une lutte terrible s’engagea dès lors entre elle et l’homme du cauchemar. Ce
dernier le menaça de plus bel : « Je t’égorgerai si tu ne cèdes pas. Tu dois aller manger avec
moi… » « Que je meure si je te cède » répondit-elle. N’en pouvant plus de se débattre, tel le
malin dans un bénitier, L’homme se sentit davantage dépourvu de ses forces. Il intima à la
fille l’ordre de jeter l’arme (les perles qu’elle portait au rein ). Rien n’y fit. Au contraire la
fille réussit à lui arracher ce qu’il voulait lui faire avaler. Aussitôt elle se réveilla, toute
terrifiée, tenant en main la fameuse potion :Il s’agit de cinq cauris dans une frange de tissu
noir.( Voir photo dans le document) . La fille réussit tout de même à identifier la personne.
C’était l’un de ses oncles qui la menaçait de la faire sorcière. Elle fit part à sa tutrice de ce qui
lui était arrivée, avec en main les cinq cauris dans le tissu noir. Ceci se passait dans la nuit du
14-15 Août 2002.
BIBLIOGRAPHIE
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Rêves de serpent, Patrick N'guema N'dong fabbikouassi.wordpress.com/.../le-livre-
de-Patrick-nguema-... (07/12/2004) Consulté le 08/04/2012