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Machine de Marly

FICHE D’IDENTITÉ

La machine est composée d’une plate-forme en bois mesurant 45m sur 57m qui repose sur des
pieux ancrés dans le lit du fleuve appelés pilotis. Ce système permet de maintenir la stabilité de
l’ensemble aux variations de poussée de l’eau. La plate-forme supporte l’ensemble des 14 roues et
le premier groupe des 64 pompes de rivière immergées dans la Seine. Une estacade constituée d’une
série de pieux en bois est installée en amont. Elle permet d’empêcher la glace et les débris de passer
dans la machine. Ce procédé existe aujourd’hui sous la forme de grilles métalliques et d’un appareil
qui en opère le nettoyage, le dégrilleur. L’eau du fleuve passe par 14 canaux en bois. Une vanne
manœuvrée manuellement est placée à l’entrée de chaque canal. Elle permet d’ouvrir, de fermer
l’arrivée d’eau, ainsi que d’en réguler individuellement le débit. Chaque canal amène l’eau sous une
roue à aubes et exerce la pou

De nombreux artisans sont intervenus pour en assurer le fonctionnement :

20 charpentiers
14 forgerons
15 manœuvres
4 poseurs de tuyaux
3 scieurs de long

Les principaux matériaux utilisés sont :

Le bois, 85 000t
l’acier, 17 000t
le cuivre, 850t
le plomb, 850t

Le coût :

Il s’est élevé à 3 859 583 livres, soit environ 122 millions d’euros. L’entretien s’élevait entre 49 000
et 89 000 livres par an.

La géographie :

Altitudes : Quai de Seine 27m, Marly (haut) 167m, Versailles (Picardie) 152m
Niveau de l’étiage : 0m
Niveau 1er puisard +48,45m
Niveau 2ème puisard 48,45 + 56,53 = 104,98m
Niveau tour du Levant 104,98 + 57,17 = 162,15m
Distance machine - 1er puisard : 200m
Distance machine - 2ème puisard : 650m
Distance machine – tour du Levant : 1200m

RÉCITS

STURM (lettres qui prennent la forme de récits semi-fictifs)


Lettre du 4 décembre 1716
p.109
Par les chemins de terre, Marly est à deux lieues allemandes communes de Paris , tandis qu’il faut
parcourir plus de sept lieues par voie fluviale sur la Seine . Entre ces deux points, le fleuve s’écoule
en trois quarts d’heure. C’est là que le roi a fait construire cette coûteuse machine par laquelle l’eau
est élevée pour être ensuite répartie vers un certain nombre de maisons de plaisance, en
particulier Marly et Versailles . On a construit une digue en travers de la Seine qui lui occasionne
une déclivité propre à mettre en marche quinze roues à aubes d’un diamètre de plus de 30 pieds. Les
palplanches qui se trouvent devant les biefs conduisant l’eau vers les roues, sont montées au moyen
de vis de métal. Par ces roues sont mus sept chevalets, tels qu’on les utilise généralement dans les
mines, qui sont posés côte à côte sur la pente d’une colline haute de six cents pieds et se meuvent
d’avant en arrière. Ces chevalets sont tous fabriqués avec des barres de fer, d’une meilleure
durabilité, alors que nous avons coutume, pour les mines, de les faire en bois. À trois endroits
différents, ces chevalets font fonctionner sept pompes de métal. Il y en a d’abord en bas près du
fleuve qui aspirent l’eau dans un puisard alimenté par le courant de la Seine . L’eau est ensuite
conduite à mi-pente par quatorze tuyaux en fonte, dont chacun a une épaisseur de 10 pouces, pour
être versée à cet endroit dans des cuves de cuivre. Dans ces réservoirs se trouvent de nouveau sept
pompes de métal, mues de la même manière par les chevalets décrits plus haut, qui versent l’eau
dans des tuyaux de même calibre par lesquels elle est conduite presque jusqu’en haut de la colline
pour être versée dans un autre réservoir. Le même genre de dispositif conduit enfin l’eau sur un haut
aqueduc de pierre par lequel elle parvient au sommet de la colline dans un très grand réservoir, dont
les parois sont revêtues de pierres et dont le fond également est rendu étanche par des pierres et du
ciment. Celui qui arrive à évaluer approximativement le coût monstrueux qu’a nécessité la
construction de cette formidable machine et la dépense annuelle pour son entretien, s’étonnera en
vérité qu’un roi puisse faire autant de frais pour son pur divertissement. Pourtant, ce n’est pas tout,
loin s’en faut. L’eau est acheminée par des tuyaux en fonte, qui la mènent dans d’autres réservoirs
vers divers lieux assez éloignés les uns des autres, et quand des vallées séparent des points fort
élevés, on a construit des ponts de pierre ou aqueducs qui mènent l’eau dans d’autres réservoirs à
partir desquels elle poursuit sa course dans des tuyaux de fonte. Un tel aqueduc a été élevé non loin
de Versailles , près d’un village du nom de Montreuil , à une hauteur de 120 pieds sur un mur dont
la base a une épaisseur d’au moins 24 pieds et le sommet une épaisseur de 8 pieds. Les tuyaux en
fonte sont tous constitués de plusieurs morceaux d’une longueur de cinq pieds, dont les extrémités
s’emboîtent et butent sur deux collets d’une épaisseur de 34 de pouce et d’une hauteur de 54 , qui,
une fois rendus bien étanches, sont serrés par des vis, comme le montre clairement la figure 20 de la
planche C. Les aqueducs sont bâtis en moellons et couverts à leur faîte de trois épaisseurs de pierres
de taille prises dans le ciment, dans lesquelles est creusé un canal de cinq pieds de large qui atteint
même la couche inférieure des pierres. Ce canal est entièrement revêtu de plomb et couvert d’une
large dalle de pierre taillée en arrondi dans sa partie supérieure. Une fois amenée sur les hauteurs
jusqu’à proximité de la ville de Versailles , l’eau tombe de nouveau dans un grand réservoir revêtu
de pierres. Et de là, elle descend, par les tuyaux en fonte décrits ci-dessus, des collines pour arriver
sous l’aile droite du château côté jardin, d’où elle remonte encore une fois pour s’accumuler dans
les derniers réservoirs, tous faits de cuivre, qui se trouvent alignés sur la terrasse de cette même aile.
De ce réservoir, l’eau se déverse une dernière fois dans le jardin par des tuyaux de mêmes
dimensions, placés dans de nombreux conduits voûtés, d’une largeur de deux pieds sur une hauteur
de cinq. Ces conduits ont des regards cachés ici et là dans les bosquets du jardin, auxquels on peut
accéder lorsqu’il est nécessaire de nettoyer ou de réparer les tuyaux. Quand les tuyaux de fonte
arrivent si près des fontaines qu’il leur faudrait se diviser en de multiples conduits tortueux, on les a
remplacés par des tuyaux de plomb qui se ramifient par la suite en de nombreuses branches.
Certains tuyaux ont un diamètre de plus de 16 pouces et une épaisseur de plomb d’un demi-pouce,
voire plus. Enfin, à l’endroit où l’eau doit jaillir, les tuyaux sont de métal. Si l’on se livre
maintenant à quelques calculs, en tenant compte de combien il a fallu de centaines de demi-
quintaux de métal pour les tuyaux des fontaines et les robinets, de centaines de demi-quintaux de
cuivre, de milliers de demi-quintaux de fonte et de plomb pour cet ouvrage
depuis Marly jusqu’à Versailles , on ne peut qu’être ébloui par la magnificence du roi . Et l’on ne
considère plus la rodomontade des Français comme excessive lorsqu’ils disent que le roi a dépensé
dix mille écus pour faire jaillir les eaux à Versailles .
PITZLER
p. 142
Lettres du 4 au 14 juillet 1685
Du haut de la colline dans ce jardin, on voit les grandes machines qui apportent l’eau de
la Seine à Versailles et dans ce jardin . Ces machines forment un système de rails associés à des
pompes, l’eau est puisée trois fois, refoulée dans des tuyaux de fers de 2´ de long, puis elle doit
remonter 2 000 pas, la dénivellation fait 500 pieds parisiens et leur taille et leur nombre sont
véritablement étonnants.

En a on a les rigoles avec 6 roues, en b une digue, en c un brise-glace, en d le canal afin de ne pas
gêner la navigation, en e la Seine
La digue est fermée par des compartiments en bois et recouverte de pierres, elle est également très
plate, afin que l’eau et la glace puissent aisément passer par-dessus, les brise-glace et les machines
étant recouverts de plomb sur les joints et aux extrémités et badigeonnés de bitume et d’huile. Le
brise-glace ressemble à peu près à ceci.
[Vue d’une digue de la machine de Marly ]

Sur la tour en C se déversent quatre canalisations dans un grand bassin, dont le diamètre intérieur
est de 1´ côté fleuve, de là l’eau est acheminée par un aqueduc et puis plus loin dans un canal en
pierre de 2´ de large à l’intérieur qui la conduit jusqu’à Versailles ; dans la vallée de Clagny elle est
acheminée sur un mur épais de 12´, et de là l’eau arrive de la colline au réservoir. Celui-ci est
réservé à l’usage de la bourgade et des petits jets d’eau, les grandes eaux dans le jardin , en haut,
non loin du grand mur, étant alimentées par cette machine équipée de seaux en cuivre, et actionnée
par le vent.
[Coupe d’un moulin à vent pour lever de l’eau]
[Détail d’un moulin à vent pour lever de l’eau]

Les réservoirs qui se trouvent sur des promontoires sablonneux et qu’on a voulu construire ont
finalement été faits de la manière suivante ; ils sont carrés, chaque côté faisant 200 pieds, les
fondations sont extrêmement solides, avec 12´ d’épaisseur, et 6´ au-dessus de ces fondations, tout
est pavé en double épaisseur et fait presque 2´ d’épaisseur, puis on a 2´ d’épaisseur de terre bien
argileuse, fort bien tassée, et à nouveau recouverte de pavés, et on a continué ce mur au milieu
duquel on a laissé un espace de 3´ de large, lui aussi consolidé avec de la bonne terre argileuse
jusqu’à la hauteur que l’eau est censée atteindre ; à son extrémité le mur se prolonge jusqu’à
dépasser de 2´ le niveau du terrain, puis il s’arrête ; on peut faire le tour à l’intérieur, et on y a
installé plusieurs robinets, pour pouvoir amener l’eau là où on le veut, et au sol l’on a aménagé un
trou afin d’évacuer entièrement l’eau et de nettoyer le réservoir

COFFREY
p.81
Le 25, nous avons été fort occupés à examiner et prendre en croquis la machine qui se trouve là, ce
que pourtant nous n’avons pu faire qu’à la dérobée. Cette machine peut à bon droit passer pour une
vraie merveille : 14 grandes roues de 32 pieds de diamètre poussent l’eau par des pistons refoulants
jusqu’au sommet du mont, à 62 toises de hauteur, la font passer par un aqueduc de 36 arches qui la
conduit jusqu’à Versailles , où elle est répartie par une multitude de conduites en métal. Les
tronçons de conduite sont vissés l’un à l’autre, chacun d’une longueur de 3 pieds et 1 pouce 14, et
d’un diamètre allant de 12, 34 de pied à 1 pied 12. L’inventeur de cette machine est un Liégeois, M.
de Ville . Elle compte dans les 1 000 balanciers.
Le bois de charpente employé tant pour les fondations dans la Seine que sur la machine même et ses
mécanismes jusqu’au sommet du mont a sûrement nécessité les arbres de toute une grande forêt.
Les jardins de Marly sont qualifiés de petit paradis, et c’est bien mérité. Le logement consiste en 1
grand pavillon et 12 petits, tous alignés le long d’une allée. Cet ensemble est sis sur le versant du
mont, ce qui lui offre la plus belle vue sur la Seine qu’on puisse imaginer. Les vertes allées en
berceau, les fontaines, la grande cascade, et autres compendieuses commodités méritent une
célébrité particulière et sont dignes de la curiosité des visiteurs étrangers.

p.86
« S’agissant de la machine , nous avons déjà fourni plus haut quelques indications, mais il faut
encore dire que c’est un tel ouvrage que, passerait-on 1 000 fois devant, à chaque fois on resterait
muet d’admiration en contemplant tant son énorme et robuste structure que les multiples
mouvements que commandent ses 14 roues. Si le roi a jamais accompli une chose grandiose et
extraordinaire, c’est assurément cette machine au moyen de laquelle, contre la nature même, il
contraint la Seine à escalader des monts, ce qui a inspiré les vers suivants à un poète né :
sequana Reginam cum vix intrasset in urbem
fons fieri Voluit, qui Modo flumen erat.
Ast ubi Marlaeos Conspexit Comminus hortos,
substitit, et cursum sistere iussit aquas,
quin et inaccessi praerupta Cacumina Montis
scandere, famosi tractus amore loci.
i nunc et fluvios Retro devolvere fluctus
aut dubita, aut Montes scandere posse nega. »

NEUMANN

Lettre du 7 février 1723


« [...]ensuite, je suis allé à Marly où j’ai vu la machine en fonction dans le fleuve, et
l’acheminement de l’eau sur les hauteurs. »

« et après avoir été lundi dernier pour la deuxième fois à Marly et avoir vu la machine à eau
s’y trouvant, l’avoir étudiée de fond en comble et pris des notes à son sujet [...] »
Les Etapes d'un touriste. Mes promenades à Versailles et dans ses environs , par Alexis Martin
Auteur : Martin, Alexis (1834-1904).

Il ne reste rien de la gigantesque et pourtant enfantine conception de Rennequin Sualem, rien des
quatorze colos- sales roues motrices, rien des deux cent quinze corps de pompe qui encombraient la
Seine, s'étageaient sur la côte et entouraient le puisard. Nous ne voyons plus maintenant sur le
fleuve, reposant sur dix arches et formant à l'intérieur une vaste salle, que la construction en pierre
et brique qui, depuis 1858, renferme la machine actuelle. Poussons du doigt la petite grille, entrons
dans la salle dont le toit est soutenu par une élégante charpente en fer; là, nous verrons évoluer six
roues à palettes ayant chacune 12 mètres de diamètre et 4m,50 d'épaisseur. Elles sont emboitées
dans des coursiers en maçonnerie, et des ouvertures pratiquées sur la muraille leur permettent de
correspondre aux vannes du barrage; elles se relient à l'arbre de couche par de doubles bielles et
communiquent le mouvement à des pompes horizontales à pistons plongeurs refoulant l'eau dans
ces conduites appuyées sur le sol qui montent à dé- couvert jusqu'à l'aqueduc. La machine peut
amener à l'aqueduc 1500 à 2000 mètres cubes d'eau par roue et par jour; elle est l'œuvre de l'ingé-
nieur Dufrayer.
Sans nous effrayer du bruit sourd et continu que font les roues en mouvement, mais l'œil charmé par
les myriades de gouttelettes que pleurent leurs lames et qui semblent, traversées par les rayons du
soleil, se transformer en une pluie de diamants, rappelons en quelques mots le passé de
la machine.
En 1682, lors de son installation, l'œuvre conçue par Rennequin Sualem (nous ne faisons que nom-
mer ici l'inventeur, nous reviendrons plus tard sur sa personnalité) fournissait journellement 5760
mètres cubes d'eau; mais son rendement alla toujours en diminuant, et quand, au bout de cent ans,
on songen à la remplacer, elle ne donnait plus que 230 mètres de liquide par vingt-quatre heures. En
1804, l’ingénieur Brunet lui substitua une machine plus simple, mais défectueuse encore. Treize ans
plus tard, on commença à employer les pompes à vapeur; celles-ci durent subir de nombreuses mo-
difications et n'arrivèrent jamais à fournir plus de 1700 mètres cubes d'eau par jour.
Tout en rappelant ces souvenirs, nous sommes arrivé au pied de l'aqueduc. Édifñé sous le règne de
Louis XIV, il a la grandeur et la majesté des constructions du dix-septième siècle; il développe sur
une longueur de près de 650 mètres ses trente-six arches hautes et gracieuses, et couronne su-
perbement la colline, dont nous avons maintenant atteint le sommet. Le hameau des Voisins et
Louveciennes se grou- pent à notre droite en regard des arcades (comine on dit dans le pays). Nous
avons eu le temps de nous reposer de la montée du Raidillon, aussi n'hésiterons-nous pas à entre-
prendre l'ascension de la tour de l'aqueduc; le gardien est justement sur le seuil de sa petite maison,
il nous donnera la clef et nous n'aurons à gravir que les cent trente-deux marches d'un escalier
commode pour arriver au fatte de la tour et voir se dérouler sous nos yeux, à perte de vue, lo
magnifique panorama de cette splendide campagne.

FONCTIONNEMENT

À cause de l’importance du dénivelé, les pompes ont été réparties sur trois niveaux à flanc de
coteau. Une première série de pompes envoyait l’eau dans un premier réservoir, d’où une deuxième
série faisait gravir l’eau dans un second réservoir. À ce niveau, un troisième jeu de pompes envoyait
l’eau jusqu’à l’aqueduc de Louveciennes.

La machine de Marly est le résultat de ce transfert de technologie. Ses constructeurs


originaires de Liège, Arnold de Ville et le charpentier Rennequin Sualem ont transposé, en
changeant d’échelle, les connaissances maîtrisées dès le XVI siècle dans la principauté.
L’industrie wallonne reposant sur l’extraction minière et la production de fonte par réduction
indirecte, la transformation de l’énergie hydraulique en travail par des machines en bois ou la
résolution des nappes aquifères dans les extractions minières ont donné une grande impulsion à
l’invention et à l’utilisation de machines d’exhaure. Les mécanismes utilisés à Marly y sont
déjà employés : roues à aube, manivelles, pompes, mécanismes de transmission.
Georgia Santangelo dir., Les maîtres de l’eau, d’Archimède à la machine de Marly
Musée-promenade, Marly-le-roi / Louveciennes, Éditions Artlys, 2006, 176 pages.
Michèle Virol

259 pompes, ses 14 roues de 36 pieds (11,6 m) de diamètre réparties sur trois rangées

Problèmes

Une partie de ce montant servait à payer la soixantaine d’ouvriers employés sur place en
permanence.
Démesurée et bruyante, la machine de Marly était assurément un ouvrage politique, lié à la
grandeur de Versailles, participant à la gloire de Louis XIV.
Sans tenir compte des problèmes de réapprovisionnement en bois et en fonte nécessaires aux
réparations, la machine de Marly demande énormément d'entretien. Une équipe de soixante ouvriers
sous les ordres d'un contrôleur, en prend soin.
Mémoire sur la machine de Marly, Périer, Jacques-Constantin, (1812, imprimerie de Porthmann )
« La multiplicité des pièces dont cette Machine est composée , nécessite un travail continuel pour
les réparer; soixante ouvriers y sont employés , et ont toujours occasionné une dépense annuelle de
70,000 francs, en comptant l'année moyenne depuis l'époque de sa construction. Cette longue suite
de tuyaux de conduite , placée sur la pente du terrain, dans la grande distance qui se trouve de la
rivière à l’aqueduc, laisse échapper, par la multiplicité des jonctions, une quantité d'eau
considérable, qui fait éprouver un déchet sur le produit de la Machine. Les pompes, placées sur les
bassins de reprise pour se renvoyer l'eau au premier bassin , de là au deuxième , et enfin au
haut de la tour, exigent encore une puissance qu'elles prennent de la Machine, et emploient une
grande partie de sa force ; en sorte que cette immense Machine fournit à peine , dans son état actuel,
19 à i5 pouces d'eau. Si l'on,compare ce chétif résultat à l'immensité des moyens employés pour
l'obtenir, et à la capacité des réservoirs destinés à contenir le modique produit, on sera sans doute
surpris de voir d'aussi grands efforts produire des effets aussi petits. Cependant, les défauts que l'on
reproche sans cesse à cette Machine ne peuvent pas être adressés à son auteur. Elle est simple dans
sa composition ; l'exécution en est bonne et solide , au moins était-elle ainsi dans son principe. Tout
démontre que son auteur était instruit et joignait à l'instruction une grande expérience. Il est certain
qu'à de légers perfectionnements près, que des moyens nouveaux d'exécution présentent
actuellement, on ferait mieux difficilement. Ce qui s'oppose donc aux grands effets que l'on espérait
de cette Machine , ce sont les difficultés que présente sa situation locale, et
qu'il était impossible d’éviter. L'élévation de la tour de l'aqueduc est de 5oo pieds au-dessus de la
rivière »
p.15 « La complication apparente de cette machine, son aspect gigantesque qui fit principalement sa
réputation, tenaient à ce que les deux systèmes de pompes qui reprenaient à mi-côte l'eau refoulée
immédiatement de la Seine ne pouvaient avoir de mouvement qu'en vertu de la force motrice
transmise du point inférieur du système général et émanant des eaux mêmes du fleuve. En
conséquence,

Matériaux
Le bois nécessaire à la fabrication de la machine provient des forêts de France. Quant aux pièces
métalliques et aux tuyaux de fonte, ils sont importés de Liège.
Radier rendu solide par pilots et palplanches et garni de mortier

Gondouin, Antoine-Marie, mémoire sur la machine de Marly-le-roi


La machine de Marly est améliorée dans les années 1805. Elle se caractérise par une nouvelle
utilisation de l'énergie fournie par les roues. Le nouveau défi consiste à élever d'un seul jet les eaux
à une hauteur de 85 mètres et à employer une partie de celles-ci afin de mouvoir une roue qui
conduit le restant de l'eau vers la cuvette de l'aqueduc de Marly. Mais son exécution, suspendue
dans un premier temps, est finalement abandonnée. D'autres propositions pour remplacer la
machine de Sualem voient le jour : des installations fonctionnant à la vapeur, à l'électricité. Brunet,
entrepreneur en charpente, propose un nouveau dispositif afin d'élever les eaux d'un seul jet grâce à
des roues hydrauliques. L'idée est prometteuse, mais elle n'est pas retenue. On lui préfère le projet
proposé par l'ingénieur Constantin Périer: les eaux seraient remontées au moyen de deux machines
à vapeur. Mais, une nouvelle fois, les travaux n'aboutissent pas. Seule la construction de Dufrayer
de 1855 à 1859 couronne les essais : elle fonctionne avec six roues à palettes mues par la Seine. Elle
alimente Versailles, Meudon, Saint-Cloud et quelques localités voisines en eau potable puisée à
Croissy dans les nappes souterraines. Elle est démolie en 1967.
« Je vois la nouvelle machine construite ; je vois l'ancienne détruite ces précieux matériaux vendus
et dispersés sans recours ni responsabilité ; et, peu d'années après , je ne vois plus de Machine du
tout. Dois-je rester spectateur insouciant ? Dois-je voir détruire, en silence , cette étonnante
Machine que j'ai déjà défendue dans un tems où contrarier l'autorité était un crime capital ? Non ,
sans doute ! » p.4

« Il est donc de mon devoir de prouver que la Machine que l'on a adoptée ne peut remplir le but que
l'on se propose ; qu'elle pourrait à peine fournir pendant deux ou trois mois, c'est-à-dire, dans le
tems où la hauteur de la rivière est la plus favorable, 20 pouces d'eau au plus , en supposant que
l'eau montée de la rivière , par cette nouvelle machine , soit suffisante pour produire sur la tour ces
20 pouces ; de prouver encore que le reste de l'année , soit par les hautes ou basses eaux , soit par
les gelées , soit encore par les réparations , elle restera dans l'inaction. Je le prouverai par les
expériences réitérées qui ont été faites ; et les expériences doivent, sans contredit, avoir plus
d'autorité que tous les calculs théoriques. Je prouverai que la Machine de Marly actuelle, rétablie et
rectifiée, est la seule qui doit être préférée , celle dont le produit doit être plus sûr et plus constant,
celle dont la restauration doit être la moins coûteuse et son entretien le moins dispendieux. » p.4
La machine de Marly, La politique sociale des Bâtiments du roi face aux accidents du travail
https://books.openedition.org/pur/47416?lang=fr
Comptes des Bâtiments du roi, op. cit., t. II, p. 283-294

« La durée de sa construction et sa maintenance ont provoqué de nombreuses blessures et des décès


parmi le personnel. Cet article s’attache à retracer la politique sociale mise en œuvre par
l’administration royale entre la fin du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle. »
Dès le début de son existence et juste au moment de sa construction, la machine de Marly a déjà un
coût humain qui se compte par des dizaines de blessés et quelques décès consignés dans les
Comptes de Bâtiments du roi.
« 13 septembre : au sieur Godefroy, chirurgien, pour avoir pensé [pansé] quinze charpentiers
blessez, depuis le 20 juin jusqu’au 12 septembre… 150 livres. »
« 11 octobre : à Boulant, charpentier, par gratification, à cause de quatre doigts qu’il a perdus en
travaillant… 40 livres. »
« 13 décembre : à la veuve Lameau, par gratification, à cause de la perte qu’elle a faite de son mari
qui a été noyé en travaillant… 30 livres4. »
« 14 febvrier : à Grenet, charpentier, par gratiffication, à cause qu’il a esté estropié d’un bras… 30
livres. »
« 2 may : à François Agy, charpentier, qui a eu une jambe cassée en travaillant, par gratiffication…
30 livres. »
« 16 may : au sieur Godefroy, chirurgien, pour avoir pensé et sollicité vingtun ouvriers blessés…
105 livres. »
« 23 may : à Jeanne Maugin dont le fils a été écrasé… 30 livres. »
« [4 juillet] A Pierre Boquentin, qui a esté écrasé dans les mouvements de la machine, par
gratiffication… 30 livres. »
« [8 août] A la veuve Guyen, par gratiffication, à cause de la perte de son mary qui a esté écrasé
dans les mouvemens de la machine… 30 livres. »
« En 1684, on compte au moins cinq morts et 87 blessés. La phase de construction correspond donc
à un pic de mortalité dans l’histoire de la machine. Puis, durant un siècle de fonctionnement, les
ouvriers en service pour la bonne marche, entretien et réparations de la machine sont à la merci de
trois types d’accidents : l’écrasement par un mécanisme, la blessure par un outil tranchant ou un
choc, enfin la noyade. Vue en coupe des roues et mécanismes en bord de Seine montrant la
complexité des mécanismes et pièces : roue et varlet en bois, manivelles et bielles en fer, corps de
pompe en fonte ou en cuivre, raccords de tuyaux en plomb… font intervenir autant de métiers :
charpentiers, forgerons, poseurs de tuyaux de fonte, plombier, fondeur de cuivre, etc. »
« Les mémoires de soins de la fin du règne de Louis XIV, bien que très incomplets, mentionnent des
pansements, embrocations, coutures de plaies liés à des accidents mais aussi de nombreuses
saignées, médecines, onces de quinquina, pilules de laudanum, pintes de tisane soporifique, sirops
de pavot, de capillaire ou de coquelicot qui tiennent en fait de la médecine courante. Surtout, on y
apprend que les blessures ne sont pas toutes liées aux mécanismes de la machine mais davantage
aux forges, ateliers de charpenterie, manipulations de bois, poutres, fers et matériaux, emplois
d’outils… »
MAIS à nuancer en comparant avec pas exemple le monde de la mine : « En bref la machine de
Marly, avec six à douze blessures par an (d’après les registres du chirurgien Godefroy) et un mort
en moyenne tous les cinq ans (d’après les états du personnel du directeur Lucas), est bien moins
mortelle que le monde la mine d’Ancien Régime, pour ce qui concerne le pays de Liège avec ses
multiples mines familiales qui manquent bien souvent d’investissement dans la sécurité. »

Architecture hydraulique, ou L'Art de conduire, d'élever et de ménager les eaux pour les
différens besoins de la vie, M. Belidor, commissaire provincial d'artillerie, professeur royal de
mathématiques, aux écoles du même corps, Charles-Antoine Jombert, (libraire de l’artillerie
et du génie, 1737-1739)
« ce grand Roi, sans avoir recours à la fiction, trouvoit dans ses finances & dans l'habileté de ceux
qui cherchoient à contribuer à fa gloire, tout ce qu'il falloit pour accomplir ses grands desseins »
« comment pouvoir s'en passer, dans un lieu que l'on vouloit enrichir de tout ce que l'imagination
peut se représenter de plus riant de ces lieux enchantés que les romans nous décrivent avec tant de
pompe ? »
« La machine est composée de 14 roues elles ont toutes pour objet de faire agir les pompes qui
forcent l'eau de monter jusques sur la tour élevée au sommet de la montagne, où elle se réunit à la
sortie de plusieurs tuyaux, pour couler sur un aqueduc & se rendre dans les réservoirs qui la
reçoivent. Comme il suffit d'entendre tout ce qui appartient à une de ce roues pour juger de l'effet
des autres,qui ne font que répéter à-peu-près la même manœuvre, je vais m'attacher à en faire le
détail partie à partie, pour ne point embrasser trop d'objets à la fois »

Idées pour la cabane :


-cabinet de travail : un des voyageurs qui a écrit ses lettre s’installe à la manière de Thoreau près de
la machine pour y retranscrire ce qu’il y voit. A la manière de Pouillon on déforme le récit pour
l’orienter vers une critique des grands chantiers inutiles et imposés.
« J'en ai cherché longtems les plans & les profils sans avoir pu les trouver, car ce n'étoit pas une
petite affaire que de prendre la peine de les aller lever moi-même fur les lieux heureusement un de
mes amis qui les avoir a bien voulu me les communiquer. Pour m'affurer s'ils étoient pas & pour en
faire la description, j'ai pasé huit jours à la Machine, où M. Delejpine qui en est le Contrôleur, m'a
donné tous les éclaircissemens que je pouvois désirer. Cette machine est située entre Marly & le
village de Lachauffée; à cet endroit, la rivière est barrée en partie par la machine, & par une pessière
ou digue qui fait regonfler les eaux. Pour ne point interrompre la navigation on a pratiqué i deux
lieues au-dessus de Marly, un canal pour le passage des bateaux. On a aussi construit un brise-glace
ou 3 toises de la machine, pour empêcher que les glaces ou les bois entraînés par le courant ne
l'endommagent; pour mieux garantir les vannes qui répondent aux roues de la machine on fait
encore un grillage de poutres, qui arrête tout ce qui feroit échappé au brise-glace. »

-cabinet de travail : cabane de charpentiers, cabinet de doléances, médecins.


Dans tous les cas, cabanes bois très simple, en planches de bois, murs porteurs sans poteaux, faite
de brics et de brocs de rebus de la machine = petites sections de bois assemblées. Cf sur la gravure,
sur les hauteurs de la colline on voit les matériaux qui vont servir à poursuivre la construction de la
machine. Se mettre au niveau du premier réservoir ? Peut être si on regarde la gravure des maisons
a pans de bois remplissage torchis. Reprendre les sections des coupes de la machine.

Le Pavillon des eaux, situé sur l’actuelle commune de Louveciennes, fut construit à l’intérieur de
l’enclos de la machine pour servir de logement de fonction à Arnold de Ville (1653-1722) qui
l’occupa jusqu’à sa mort en 1722. Il devint ensuite un pavillon pour Madame du Barry qui y résida
de 1769 à 1793.
Les travaux d’entretien nécessitaient l’usage d’une forge pour la réalisation des pièces métalliques
dégradées ou cassées, dont il ne reste aujourd’hui que des ruines.

Dimensionnements :
Afin de transmettre le mouvement rectiligne alternatif de la machine aux pompes des puisards, les
lignes de chevalets supportent chacune un groupe de deux tringles métalliques rigides (6 m long x
0,07 x 0,03 m), parallèles (distance moyenne 3,6 m) et animées de mouvement de va-et-vient.
Récit de la cabane
1/la cabane ne parle que de l’eau
2/la cabane passe de lieu en lieu par le lieu :
carrière de Condray ?

00 : cabane théorique

ERP récupère de l’eau de pluie puis s’emballe

devient la cabane de Marly

réemploi mais en fait c’est mieux de prévoir la disparition avant

la cabane est dans carrière et se rend compte que pb donc fait gouvernance de l’eau

poids énergétique des matériaux

3/la cabane passe de lieu en lieu par elle-même :

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