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GÉOGRAPHIE 10
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES - CYCLE 3
LIVRE DE L’ÉLÈVE
Rédaction en chef Suzanne Schoeb (responsable),
François Walter (conseiller scientifique),
Laurence Ebner.
ISBN 978-2-88500-351-2
CATARO 051043
Edition 1
Nous remercions vivement toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration de ce moyen.
Pour faciliter la lecture du document, le masculin générique est utilisé pour désigner les personnes des deux sexes.
Lorsqu’une distinction est faite, il s’agit d’une nuance entre les hommes et les femmes qui se doit d’être mise en évidence.
Il arrive que l’appellation des pays et les limites des frontières territoriales ne fassent pas l’objet d’un consensus international.
Les choix pour cet ouvrage se basent sur l’état de reconnaissance officielle de la Confédération helvétique. Des précisions
sont données sur le site de l’enseignant.
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES - CYCLE 3
e
GÉOGRAPHIE 1O
Livre de l’élève
1
CLÉS DE LECTURE : REPÈRES
Chaque thème est repérable par une couleur, à droite en bordure de page. Au début
de chaque thème du livre, tu trouveras une double page présentant les apprentissages
visés, puis une double page avec l'introduction du thème.
Couleur
du thème
2
HÉMISPHÈRE (Nord ou Sud) 27, 42, 136
Une des deux moitiés de la sphère terrestre situées au nord
ou au sud de l’équateur.
HYDROSPHÈRE 28 CLÉS DE LECTURE : CODES
Partie de la Terre composée d’eau sous forme liquide (mer, océan,
lac, fleuve, rivière, etc.).
IDH (Indice de Développement Humain) 43, 83, 153
Indicateur composé de plusieurs paramètres permettant d’évaluer
le niveau de développement d’un pays.
IMMIGRATION SÉLECTIVE 136
Recrutement de main-d’œuvre immigrée en fonction des besoins
de PRÉCIPITATIONS
l’économie locale.
Renvois dans le livre de l’élève C’est toute l’eau qui
IMMIGRER 111, 139, 157
retombe sur Terre, sous
Action de se rendre dans un pays, avec l’intention d’y résider.
Renvoi à un mot-clé, par ex : PRÉCIPITATIONS forme solide (neige, grêle)
INCERTITUDE 30,
ou liquide 114, 152
(pluie).
Définition d’un terme central du module. Fait de ne pas être sûr de quelque chose.
INFRASTRUCTURES 33, 41, 48, 56, 76, 88, 152
Renvoi à une carte repères : Ensemble d’installations et d’équipements nécessaires
Lieu à repérer sur les cartes figurant à la fin du fichier à une collectivité.
de l’élève. INLANDSIS 28, 39
Immense
ISTHMEglacier recouvrant
: étroite unterre
bande de territoire très vaste.
Renvoi à un mot sous texte, par ex : isthme INTÉGRATION
entre deux117,
mers120, 134, 146, 149
ou océans.
Explication d’un mot utile à la compréhension d’un texte. Ensemble d’actions visant à favoriser l’adaptation d’un individu
dans un nouveau lieu de vie.
Renvoi au lexique, par ex : InterfaceD INTERFACE 77
Définition du mot donnée en pages 158-160 du livre. Zone de contact entre deux espaces distincts.
INTERMODAL (transport) 78, 90
Transport de marchandises faisant appel à différents modes
de transport successifs (p. ex. cargo-train-camion).
INTERMODALE (plate-forme) 93
Renvois dans les fiches de l’élève Lieu équipé d’infrastructures permettant le transfert des
marchandises d’un mode de transport à un autre.
INTERMODALITÉ 92
Renvoi vers le livre, par ex : logo p. 70, doc 6. Utilisation de plusieurs modes de transport au cours
d’undans
Indication des page(s) ou document(s) que tu dois consulter mêmeledéplacement.
livre.
IRRIGATION 22, 55, 98
Fait d’amener de l’eau vers une terre agricole.
Renvoi vers une feuille annexe :
ILLÉGAL (illégalité, illégalement) 97, 123, 150, 156
Utilisation d’une feuille annexe vierge pour réaliser l’exercice.
Voir légal.
LÉGAL (légalité, légalement) 80, 118, 151
Renvoi vers la feuille « Nos Constats » : Qui est en accord avec la loi (antonyme : illégal, illégalité,
illégalement).
Utilisation d’une feuille « Nos Constats » ou d’une feuille vierge pour réaliser l’exercice.
LINGUISTIQUE 120, 132
Qui a trait au langage.
LITTORAL 15, 33, 48, 77, 153
Zone de contact entre la terre et l’océan (ou la mer) ;
Autres éléments graphiques pour se repérer dénommé aussi côte ou rivage.
MAIN-D’ŒUVRE 73, 77, 82, 103, 121, 132, 134, 156
La source textuelle : texte original, parfois Ensemble Le
La rubrique dessavais-tu ? : brève
personnes (ouvriers, information
employés) qui travaillent
adapté, qui contient une légende permettant à la réalisation d’un
complémentaire au produit.
thème.
de savoir d'où il vient. MANUFACTURE 87
Lieu dans lequel des produits sont réalisés principalement
à la main et avec des outils. oi attribue-t-on
Pourqu
107 Haiyan, Katrina, Sandy… picaux ?
tro
des noms aux cyclones à
r la communication 15
Cela permet de faciliteCes noms doivent être
Pourquoi favoriser des jouets fabriqués l’échelle interna tion ale.
certain nombre de cri-
en coton biologique ? courts et ils suivent un les ouragans de l’Atlan-
exe mp le, pou r
tères. Par
Le coton biologique est cultivé sans engrais chimique lais, espagnol ou français
tique Nord, un nom ang t
tém atiq uem ent attribué puisque ce son
ni pesticide. Sa fibre est blanchie à l’eau oxygénée est sys
pay s qui bordent cette partie de
les lan gue s des s
et non au chlore. Les teintures sont réalisées sans mière lettre de ces nom
l’océan. De plus, la pre au fur et à mesure de
métaux lourds ou autres substances cancérigènes. ue
suit l’ordre alphabétiq que année.
Adapté de consoglobe.com leur apparition pour cha
3
Glacier Zongo, Bolivie
Diversité culturelle
4
TABLE DES MATIÈRES
e
GÉOGRAPHIE 1O
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : LES RISQUES LIÉS
AUX PHÉNOMÈNES ATMOSPHÉRIQUES
Introduction 8-11
A Qu’est-ce qu’un climat ? 12-19
B L’Homme influence-t-il l’effet de serre ? 20-25
C Comment prédire le climat ? 26-31
D S’adapter ou partir ? 32-37
E Le réchauffement climatique présente-t-il des avantages ? 38-41
F Quel destin pour les régions chaudes ? 42-47
G Faudra-t-il effacer certaines îles des cartes de géographie ? 48-51
H Canicule et sécheresse vont-elles devenir la norme ? 52-55
I Du global au local, que faire ? 56-61
DE LA PRODUCTION À LA CONSOMMATION
D’UN PRODUIT INDUSTRIEL
Introduction 62-65
A D’où proviennent les objets que je possède ? 66-69
B Où localiser la production industrielle ? 70-75
C La concentration des activités industrielles... 76-81
D Toutes les industries produisent-elles la même richesse ? 82-87
E Comment transporter les produits industriels ? 88-93
F Quels sont les critères de choix des consommateurs ? 94-99
G Quels sont les impacts de l’industrie du jouet sur le monde ? 100-103
5
LES INTERDÉPENDANCES
Pour prendre conscience de la manière dont les sociétés se représentent l'espace, pour
identifier comment elles l'organisent et résolvent les problèmes liés à son exploitation
et à son aménagement, il est nécessaire d’aborder les situations de manière systé-
mique, notamment en les explorant selon les trois entrées par les pôles représentés
ci-contre.
Ainsi, répondre aux questions posées par les modules implique de réfléchir selon
différents points de vue : politique, économique, social, éthique, culturel ou sur les
conditions naturelles (relief, climat, végétation, hydrographie, ressources naturelles).
Le schéma ci-contre permet de situer les thèmes de 10e année et les entrées priori-
tairement concernées par chacun des modules.
Le raisonnement géographique permet d’analyser à différentes échelles les interac-
tions entre ces trois angles d’approche.
DE LA PRODUCTION À LA CONSOMMATION
D’UN PRODUIT INDUSTRIEL
D’où proviennent les objets que je possède ? A
Où localiser la production industrielle ? B
La concentration des activités industrielles... C
Toutes les industries produisent-elles la même richesse ? D
Comment transporter les produits industriels ? E
Quels sont les critères de choix des consommateurs ? F
Quels sont les impacts de l’industrie du jouet sur le monde ? G
6
ENTRÉE PAR LE PÔLE ENVIRONNEMENT ENTRÉE PAR LE PÔLE ÉCONOMIE
Le changement climatique : De la production à
les risques liés aux phénomènes la consommation
atmosphériques d’un produit
industriel
B E
A
B D E
D G H I
A C G
D
C F F
C E F H
A B G
7
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE :
LES RISQUES LIÉS AUX PHÉNOMÈNES
ATMOSPHÉRIQUES
OCÉAN
PACIFIQUE
NORD
Caraïbes
F
Kiribati
G
Pérou
D
OCÉAN
PACIFIQUE
SUD
APPRENTISSAGES VISÉS
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– définir ce qu’est le climat et repérer les spécificités climatiques des différentes régions de la planète ;
– identifier les phénomènes à l’origine du changement climatique à différentes échelles spatiales
et temporelles ;
– déterminer les conséquences économiques, sociales et environnementales du changement climatique ;
– analyser les réponses apportées par les sociétés pour faire face aux risques liés au changement
climatique ;
– distinguer les différents acteurs intervenant dans les politiques de gestion des risques liés
au changement climatique ;
– acquérir et utiliser un vocabulaire spécifique en lien avec la problématique du changement climatique.
8
Groenland
Russie
E
E
Suède
C
Suisse
H
Tunisie
OCÉAN
A
ATLANTIQUE
NORD
OCÉAN
INDIEN
OCÉAN
ATLANTIQUE
SUD
Antarctique
B
9
Le changement climatique :
les risques liés aux phénomènes
atmosphériques
Les sociétés humaines sont dépendantes de l’état de l’atmosphère entourant la Terre. En effet, le climat
détermine les valeurs moyennes de pluie et de température pour un lieu donné. Ainsi, certaines régions
seront très arrosées, alors que d’autres seront désertiques. À certains endroits, il sera possible de cultiver
des ananas, alors qu’ailleurs, la pratique du ski sera le principal atout économique de la région. Au final,
le climat revêt une très grande importance pour la vie quotidienne des milliards d’habitants sur Terre.
Ce climat n’est pas immuable, il a beaucoup varié au Si la variabilité du climat a toujours existé, pourquoi
cours de l’histoire de la Terre, alternant des périodes le climat est-il aujourd’hui un sujet de préoccupation
chaudes qui ont favorisé le développement de cer- majeure ? La variation climatique observée actuelle-
taines espèces végétales et animales, et d’autres plus ment serait-elle différente de celles qui ont précédé ?
froides qui les ont fait disparaître. De nombreuses Faut-il s’inquiéter de l’augmentation de la tempéra-
espèces ont été capables de s’adapter à ces varia- ture sur Terre ? Ce réchauffement aura-t-il des effets
tions et ont traversé le temps. sur nos ressources, sur notre alimentation, sur l’éco-
nomie, sur nos modes de vie ? L’espèce humaine
aura-t-elle les moyens de s’adapter au changement ?
Le changement climatique actuel a ceci de particu-
lier qu’il se déroule sur un laps de temps très court,
environ 150 ans, alors que les changements précé-
dents s’opéraient sur plusieurs milliers d’années.
Il demandera donc une adaptation très rapide des
espèces végétales et animales. Face à ce changement
climatique, dont les effets se font déjà sentir partout
de différentes manières, les sociétés doivent s’inter-
roger sur leurs responsabilités, sur leurs modes de
vie et sur leurs futurs choix de société. Mais le chan-
gement climatique peut aussi être source d’évolution
et offrir de nouvelles opportunités de développer
des solutions durables pour tenter d’en atténuer les
effets et de s’y adapter.
Fjallsárlón, Islande, 2013.
équateur
tropique du Capricorne
10
Le changement climatique...
F
D
Le réchauffement
climatique présente-t-il
des avantages ?
G
I
H
Faudra-t-il effacer
certaines îles
Du global
des cartes de
au local,
géographie ?
que faire ?
Canicule
et sécheresse
vont-elles devenir
la norme ?
11
A
QU’EST-CE QU’UN CLIMAT ?
Le temps qu’il fait est un des sujets de préoccupation et de conversation les plus courants. Qu’il s’agisse de
prévoir une soirée grillades, une sortie à ski dans les Alpes, une nuit sous tente dans le Jura ou encore une
journée baignade, dans tous les cas, le temps qu’il va faire est un élément déterminant qui va influencer
nos décisions et nos comportements.
Ainsi, notre vie quotidienne est influencée par l’état nécessiteront des analyses à la fois précises et glo-
de l’atmosphèreD et ses variations à court terme, ce bales de la situation. Quelle est la différence entre
qu’on nomme communément la météo. Mais elle ce qu’on appelle la MÉTÉO et le CLIMAT ? Pourquoi
est aussi influencée par les tendances sur le long y a-t-il différents climats sur la planète ? Comment
terme, ce qu’on appelle le climat. À l’heure actuelle, sont-ils répartis ? Peut-on représenter un climat ? Le
ce sont les modifications du climat sur notre pla- climat en Europe a-t-il toujours été celui que l’on
nète qui sont au centre des préoccupations et des connaît aujourd’hui ?
réflexions de nos sociétés, parce que l’évolution qui
se dessine va avoir des effets sur les ressources, les
activités économiques, l’aménagement du territoire,
les migrationsD, les modes de vie et bien d’autres
choses encore.
MÉTÉO
Valeurs instantanées et locales
Des décisions devront être prises, des actions de différents paramètres de l’at-
devront être menées face à l’impact du changement mosphère (température, précipi-
tationsD, pression atmosphérique,
climatique dans les prochaines décennies. Elles taux d’humidité, vent). Les prévi-
sions météorologiques sont
établies à court terme
1 (5 à 10 jours).
CLIMAT
Conditions atmosphériques
moyennes (température et
précipitations) pour une région
donnée. Les données clima-
tiques sont construites
sur la base d’une longue
période d’observation
(minimum 30 ans).
12
Le changement climatique...
Arizona, États-Unis.
Londres, Royaume-Uni.
Vert : niveau 0.
Orange : niveau 3 = danger marqué.
Rouge : niveau 4 = danger fort. 7
Alpes suisses.
13
A
Anémomètre
Hygromètre et thermomètre
Pluviomètre
10
Deux métiers à la fois proches et différents
Le météorologueD étudie l’état de l’atmosphère et son évolution à l’échelle locale en
recueillant des données mesurées à l’aide d’instruments (thermomètre, pluviomètre,
baromètre, hygromètre, anémomètre), en examinant des images satellite [doc. 5] et en
utilisant des modèles numériques. Il peut ainsi prévoir le temps qu’il va faire à court
terme (environ cinq à dix jours). C’est un expert sur lequel les autorités s’appuient
pour lancer des alertes [doc. 7] et ainsi avertir la population de dangers liés aux phé-
nomènes météorologiques.
Le climatologue va établir des moyennes à partir des données instantanées recueil-
lies par les météorologues. Il va étudier les climats du passé, ses variations, et il va
essayer de prévoir l’évolution des climats dans un futur proche (quelques décennies).
C’est un expert sur lequel les gouvernements et organisations internationales s’ap-
puient pour élaborer des réponses au changement climatique.
Adapté de orientation.ch et science.lu
14
Le changement climatique...
D
am
M Gulf Stre S
OCÉAN
ATLANTIQUE A I
NORD
tropique du Cancer OCÉAN
OCÉAN PACIFIQUE
PACIFIQUE NORD
NORD
équateur S
Z
OCÉAN
INDIEN
tropique du Capricorne
OCÉAN OCÉAN
PACIFIQUE ATLANTIQUE
SUD SUD
5000 km
à l’équateur
cercle polaire antarctique
Source :
Stéphane Tourneur.
15
A
60 30 60 30
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Température (°C )
Température (°C )
40 20 40 20
20 10 20 10
0 0 0 0
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D
Source : climate-data.org Source : climate-data.org
16
Le changement climatique...
14 16
15
34
35
31
32
36 2
4
5
6
Tozeur Tozeur Tozeur
Djerba 32 Djerba Djerba
33
34
35 5 8
6 7
36
38
30
31 8
Précipitations (mm) 40
32 7
plus de 1000 6
33
de 600 à 1000
de 400 à 600 34 5
de 200 à 400 35 4
de 100 à 200 36 3
moins de 100 38 2
0 50 km 40 0 50 km 0 50 km
Montagnes et
hauts plateaux Source des données brutes: I.N.M Isotherme 1°C Isotherme 1°C
Source des données brutes: I.N.M Source des données brutes: I.N.M
17
A
La variabilité naturelle du climat
En étudiant les climats du passé, les climatologues ont pu déterminer que la Terre a
connu de nombreuses variations climatiques au cours de son histoire. Les causes de
ces variations sont d’origines naturelles : variations astronomiques modifiant le rayon-
nementD solaire, évolution de la position des continents en lien avec la tectonique des
plaques, période de volcanisme intense, chute d’une météorite sur Terre ou modifica-
tion des courants circulant dans les océans.
20 Variations de température depuis 250 000 ans par rapport à la température en 1950
-250000 -200 000 -150000 -100 000 -50 000 J.-C.
+4° C
1 million
d’humains Les variations de tempéra-
ture indiquées se basent sur
+2° C les mesures effectuées dans
les glaces de l'Antarctique.
Les valeurs mesurées sont
utilisées pour représenter
0° C
Avant-dernière Dernière période glaciaire approximativement les varia-
période glaciaire
tions à l'échelle de la Terre,
car les valeurs sont incom-
-2° C plètes ou manquantes pour
d'autres lieux sur la planète
où l'on ne peut pas analyser
-4° C des glaces aussi anciennes.
Disparition
de l’homme
de
Néandertal
-6° C
Apparition -8° C
d’Homo
sapiens
-10° C
21 Variations de température depuis 12 000 ans par rapport à la température en 1950
+2° C
Dernière Période
période postglaciaire Optimum +1° C
glaciaire médiéval
0° C
Petit
âge
glaciaire
-1° C
–12000 –10000 –8000 –6000 –4000 –2000 J.-C. 2000
22
Les données climatiques
Actuellement, grâce à nos moyens d’observation, il est relativement
aisé d’observer le climat. Il est par contre plus compliqué de recons-
tituer le climat du passé et de pré-
voir son évolution future.
Concernant l’étude du passé, des
scientifiques ont effectué des
carottages dans la glace à Vostok
(Antarctique). Ces forages, à plus
de 3000 mètres de profondeur, ont Carotte de glace
permis l’enregistrement d’environ dans son tube
420 000 ans d’histoire du climat de forage, 2004.
Station russe
grâce à l’analyse de la glace et des de Vostok,
bulles d’air qui y sont piégées. 1989.
18
Le changement climatique...
23
« Nous profitons d'une journée « portes ouvertes » pour nous rendre à Courtedoux (can-
ton du Jura) voir les dalles à traces de dinosaures. La matinée a été pluvieuse, nous
avons bien fait de mettre nos bottes pour nous rendre sur le site. Rapidement, nous
rejoignons un groupe emmené par un paléontologue qui propose une visite animée.
Nous apprenons que le climat de la région à l’époque était un peu similaire à celui des
Bahamas aujourd’hui. Notre guide, de formation
scientifique, donne des explications claires sur les
espèces de dinosaures qui ont laissé leurs traces
sur les dalles. C’est incroyable de penser que
nous sommes en face de ce qu’il reste, plusieurs
millions d’années après, d’une simple balade sur
la plage. On s’interroge : et si les enfants du futur
retrouvaient les traces de pas que nous avons
laissées sur les plages de nos vacances ? »
Témoignage de Manon et Yann, juratourisme.ch.
°C 22 22 23 24 26 28 29 28 28 27 25 23
19
B
L’HOMME INFLUENCE-T-IL L’EFFET DE SERRE ?
Les conditions climatiques qui règnent sur Terre ont permis le développement de nombreuses espèces
végétales et animales. Avec une température moyenne annuelle d’un peu plus de 15° C, la Terre se
différencie de ses planètes voisines. Sur celles-ci, les conditions sont tout autres : en comparaison, la
température moyenne sur Vénus est de 462° C et sur Mars elle est de -63° C, dépendant notamment de
la distance entre ces planètes et le Soleil.
C’est la composition de la fine couche d’air qui rythment notre vie quotidienne et les échanges phy-
entoure la Terre, appelée atmosphèreD, qui déter- sico-chimiques qui influencent le climat. Pourquoi la
mine les conditions qui règnent sur Terre. Cette température moyenne sur Terre est-elle d’environ
enveloppe gazeuse nous permet de respirer ; elle 15° C ? Quels sont les éléments gazeux qui com-
filtre certains rayons solaires ultraviolets (UV) nocifs posent l’atmosphère ? Quelles seraient les consé-
et surtout, elle contribue à maintenir autour de la quences d’une modification du fonctionnement de
Terre une partie de la chaleur issue du rayonnementD l’atmosphère ? L’espèce humaine peut-elle influen-
solaire. C’est également dans l’atmosphère que se cer le climat sur Terre ?
déroulent les phénomènes météorologiquesD qui
26
20
Le changement climatique...
1 Rayonnement solaire.
A
T
M
O
À E F F E T D E S
S Z E R R
G A E
P 2 Une partie du
rayonnement solaire
H est réfléchie par les 5 Une partie de cette chaleur est
nuages et la surface bloquée par les gaz à effet de serre.
È Cela entraîne le réchauffement de
de la Terre.
R la partie inférieure de l'atmosphère.
E
3 La plus grande partie du rayonnement
solaire est absorbée par les sols
et les océans, réchauffant ainsi
la surface de la Terre.
4 La surface de la Terre renvoie
cette chaleur dans l’atmosphère sous
forme de rayonnement infrarouge.
T E R R E
28 GAZ À EFFET
DE SERRE (GES)
Sans ce phénomène naturel, appelé effet de serre, le Ce sont des gaz contenus dans
développement de la vie serait plus difficile. En effet, l'atmosphère qui ont la pro-
priété de bloquer le rayonne-
la température moyenne à la surface de la Terre serait ment infrarouge émis par la
d’environ –18° C. Grâce à l’effet de serre, elle est d’en- surface de la Terre. Les activités
viron +15° C. humaines produisent un excès
de GES qui contribue à ren-
Le Soleil émet de l’énergie sous forme de rayons lumi- forcer l'effet de serre.
neux qui traversent l’atmosphère. La majeure partie de
cette énergie est absorbée par la surface de la planète,
sous forme de chaleur emmagasinée par les sols et les
océans.
Mais la surface de la planète renvoie une partie de cette
chaleur sous forme de rayonnement infrarouge. Celui-ci
est bloqué par les GAZ À EFFET DE SERRE, ce qui entraîne
un réchauffementD de la partie inférieure de l’atmos-
phère.
21
B
Les gaz à effet de serre (GES)
Oxygène
(O2) Gaz à effet
20.95 % de serre
94 %
Source : eduscol.education.fr
Azote (N2)
78.09 %
Autres 6 %
Dioxyde de 100 ans Respiration des êtres vivants, Utilisation massive d'énergies fossiles (charbon,
carbone (CO2) feux de forêt, volcans, etc. pétrole, gaz naturel) pour les transports,
les bâtiments, l’industrie et l'agriculture,
déforestationD (combustion des arbres)
MéthaneD (CH4) 12 ans Digestion des herbivores, Intensification des élevages (bovins) et
décomposition des des cultures (riz), décharges d'ordures
végétaux
Gaz fluorés De plusieurs centaines N'existent pas de Gaz des bombes aérosols, des climatiseurs
(CFC, HFC, PFC) à plusieurs milliers manière naturelle et des réfrigérateurs
d'années
L’influence de l’Homme sur l’évolu- 31 Répartition des sources d’émissions de gaz à effet
tion des GES ne se résume pas aux de serre liés à l’activité humaine
émissions de CO2. Les principales Répartition dans l’atmosphère
des quatre principaux gaz
sources de méthane sont d’origine à effet de serre liés à l’activité
humaine
anthropique. L’élevage intensif en
produit annuellement 80 millions de CO2
Dioxyde de carbone
tonnes, suite au processus de diges-
tion des ruminants. Quant à la rizicul-
ture, elle génère quelque 60 millions
de tonnes de méthane par an.
HFC-Hydrofluorocarbures
PFC-Perfluorocarbures
SF6-Hexafluorure de soufre
CH4
ANTHROPIQUE : produit directement ou Source : Cité des sciences
indirectement par les activités humaines.
et de l’industrie de Paris
N20 Protoxyde d’azote
22
Le changement climatique...
Le carbone
32 Le cycle du carbone
ATMOSPHÈRE
CO2
HYDROSPHÈRE
BIOSPHÈRE
(océans)
(végétaux et animaux)
Gaz
Charbon Pétrole
LITHOSPHÈRE
(écorce terrestre)
Source : Scottisch Centre for Carbon Storage (SCCS).
➊ Photosynthèse : les végétaux sur les continents et dans les océans absorbent
du CO2. Le carbone participe à la fabrication des tissus végétaux (bois,
feuilles, plancton) consommés ensuite par les animaux.
➋ Absorption du carbone par les océans : les océans absorbent de
CO2
Le dioxyde de carbone est un
grandes quantités de CO2. Par un processus chimique, celui-ci se des principaux GES. Sources natu-
dissout dans l’eau, puis entre dans la composition des coquilles et relles : respiration des êtres vivants,
des squelettes d’organismes marins. Une fois morts, ces organismes activité volcanique et feux de forêts.
marins se déposent sur le fond des océans et forment des couches Sources anthropiques : combustion
de sédiments. des énergies fossiles (production
d’énergie, transports, industrie),
➌ Stockage du carbone dans la lithosphère : à très long terme, les
agriculture et élevage intensifs,
sédiments forment les roches calcaires. Sous certaines conditions, déforestation (combustion
les restes d’organismes marins et de végétaux peuvent se transformer du bois).
en combustibles fossiles tels que pétrole, gaz ou charbon.
➍ Respiration : les organismes vivants respirent et rejettent du CO2 dans
l’atmosphère et l’hydrosphèreD.
➎ Décomposition (et fermentation) : les déchets végétaux et animaux se décomposent
et libèrent du CO2 et du méthane.
➏ Combustion : l'utilisation des combustibles fossiles (chauffage, transport, industrie)
rejette du CO2 dans l'atmosphère.
➐ Déforestation : la coupe massive d'arbres a un double effet. D'une part, brûler le bois
émet du CO2 , d'autre part, diminuer la surface végétale (la biomasse) réduit d'autant
la capacité de photosynthèse.
➑ Volcanisme (non représenté sur le schéma) : un volcan en éruption rejette du CO2
et de la vapeur d’eau dans l'atmosphère.
23
B
Le lien entre la concentration de CO2 et la température sur Terre
34
Que disent les scientifiques ?
Ouvert à tous les pays membres de l’ONU et créé en 1988, le GIEC
(Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a pour
mission d’évaluer l’état des connaissances liées aux changements clima-
tiques. Le réchauffement du système climatique ne peut plus être nié et,
un grand nombre de changements observés depuis les années 1950 n’ont
jamais été constatés dans les décennies et les millénaires qui ont précédé.
Parmi les multiples conclusions proposées dans les rapports du GIEC, on
pourra notamment relever que :
– Le réchauffement du système climatique est indéniable et, depuis les
années 50, un grand nombre des changements observés sont sans pré-
cédent depuis des décennies et des millénaires.
– Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude
à la surface de la planète que toute autre décennie depuis 1850.
– La concentration dans l’atmosphère de dioxyde de carbone (CO2) ainsi
que des deux autres principaux gaz à effet de serre a atteint des niveaux
sans précédent au cours des 800 000 dernières années (essentiellement Rapport 2018 du GIEC.
en raison des émissions de combustibles fossiles).
– L’influence des activités humaines a été prouvée : il est extrêmement probable que celles-ci constituent
la principale cause du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle.
– À mesure que le réchauffement climatique prendra de l’ampleur, la probabilitéD de répercussions graves
et généralisées qui risquent d’être imprévues ou irréversibles augmentera elle aussi.
– De manière générale, le monde est mal préparé aux risques qu’entraînent les changements climatiques.
Adapté de un.org
PPM : unité de mesure (parties par million). Nombre de molécules (ici de CO2) par million
de molécules d’air.
CAROTTAGE : forage permettant de prélever un échantillon de matière (roche, glace, etc.).
Voir LE, doc. 22, p. 18.
COMBUSTIBLE FOSSILE : matière riche en carbone (gaz, pétrole, charbon) issue de
la transformation d’êtres vivants végétaux et animaux.
IRRÉVERSIBLE : dont on ne peut inverser l’évolution, sans possibilité de retour en arrière.
24
Le changement climatique...
50 CFC 9000
7000
45 d'azo
te
8000
e
oxyd
40 Prot 6000
ne
M étha 7000
35 5000
6000
30
4000 5000
25
4000
3000
20 rb one
yde de ca 3000
15 Diox 2000
2000
10
1000
1000
5
Source : ipcc.ch/report.
0 0
0 1800 1850 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2010
1970 1990 2010
26.9 Gt 38 Gt 49 Gt
Population mondiale C02 (en millions
(en millions) de tonnes)
37 38
25
CC
COMMENT PRÉDIRE LE CLIMAT ?
De tout temps, l’homme a cherché à optimiser ses conditions de vie en organisant son environnement, en
exploitant des ressources, en produisant les aliments et les biens nécessaires à son existence, mais aussi
en cherchant à minimiser les risques. Les aléasD d’origine naturelle, notamment ceux d’ordre hydromé-
téorologique (ouragansD, inondations, sécheresseD, grêle, etc.) sont autant d’événements débouchant
parfois sur des catastrophes, le poussant à reconstruire, adapter ou modifier certaines de ses pratiques.
La connaissance des risques liés aux aléas météo- mieux le comprendre ? Pourquoi les experts n’ar-
rologiques et climatiques actuels et futurs permet rivent-ils pas tous aux mêmes prévisions ? À quoi
de s’y préparer et de s’adapter, en mettant en place sert un modèle climatique ? Un modèle climatique
des stratégies et des moyens d’action. Pour pouvoir peut-il contribuer à diminuer les risques ?
connaître de quoi l’avenir climatique de la planète
Terre sera fait, les experts scientifiques ont déve-
loppé des outils numériques appelés MODÈLES CLI-
MATIQUES. Ceux-ci permettent d’évaluer les condi- MODÈLE
tions futures, de prévoir des scénariosD d’évolution, CLIMATIQUE
de prendre les décisions et les mesures nécessaires. Logiciel complexe qui permet
Existe-t-il un lien entre les phénomènes météoro- de simuler le système clima-
tique terrestre. En y intégrant
logiques extrêmes et le changement climatique ? différentes valeurs de paramètres
Pourquoi le climat est-il si difficile à modéliser ? climatiques, on peut établir des
Comment déconstruire le système climatique pour prévisions concernant
l’évolution du climat
dans le futur.
tropique du Cancer
ue du Cancer
équateur
tropique du Capricorne
e du Capricorne
26
tropique du Cancer
équateur
Le changement climatique...
tropique du Capricorne
40 Évolution de la production économique par habitant, en cas de hausse de 1°C de la température moyenne
Sur cette représentation cartographique, la surface d’un pays est proportionnelle à sa population. Une
hausse de la température de 1°C entraîne une baisse de la production économique pour environ 60 %
de la population mondiale.
Variation de la production
économique
0,80 à 1,63 %
0,43 à 0,80 %
0,33 à 0,43 %
Impact insignifiant
– 0,32 à – 0,50 %
– 0,50 à – 0,97 %
– 0,97 à –1,30 %
–1,30 à –1,68 %
Sources : Natural Eart ; ScapeToad ; Perspectives de la population mondiale de l'ONU ;
Pas de données Service de cartographie du Groupe de la Banque mondiale ; calculs des services du FMI, 2015.
41
La caniculeD, un « signe » du réchauffementD climatique ?
La vague de chaleur qui touche tout l’hémisphèreD Nord depuis quelques PROBABILITÉ
semaines est un « signe sans ambiguïté » du changement climatique qui Évaluation du nombre de
l’a rendue « plus probable », selon une étude du World Weather Attribution chances qu’a un événement
(WWA). Les scientifiques soulignent que la canicule est compatible avec les de se produire. Une pro-
tendances annoncées par les modèles climatiques. Ils ne considèrent pas le babilité élevée signifie que
réchauffement comme le seul responsable de la canicule. l’événement a beaucoup
Des recherches ont été conduites pour déterminer la PROBABILITÉ que la cani- de chances de se
cule actuelle soit en lien avec le réchauffement climatique. […] Ils ont constaté produire.
une différence entre les diverses régions d’Europe. Pour les Pays-Bas, le Dane-
mark et l’Irlande, ils estiment que le changement climatique a « multiplié par plus
de deux la probabilité de la vague de chaleur actuelle », souligne G. Jan van Olden-
borgh, chercheur à l’institut météorologique néerlandais KNMI. En revanche, pour
les stations situées en Norvège, Suède et Finlande, les données leur permettent
uniquement de conclure que le changement climatique a augmenté la probabilité de
la chaleur actuelle, sans pouvoir toutefois la quantifier.
Adapté de « La canicule, un « signe » du réchauffement », 24heures.ch, 28.7.2018.
STRATÉGIE : art d’imaginer et de prévoir des actions dans le but d’atteindre un objectif.
27
C
42 Le système climat
Rayonnement
solaire COMPOSITION DE
L'ATMOSPHÈRE
ATMOSPHÈRE
CYCLE DU CARBONE
Évaporation ET CYCLE DE L'EAU
Nuages Précipitation
ACTIVITÉS
HUMAINES Interaction
atmosphère-
Agglomérations Interaction biosphère Volcans
glace-atmosphère Glaciers et
couverture
Industrie Échange Végétation neigeuse
d'énergie
CRYOSPHÈRE
Calotte ÉCOSYSTÈME
Transport glaciaire Interaction
sol-biosphère Lacs
Élevage Surface
Océans Fleuves terrestre
(courants, salinité
température) BIOSPHÈRE
Agriculture
HYDROSPHÈRE
43
Des modèles – jamais parfaits – sont élaborés à partir des composantes majeures du
système climatique : atmosphèreD, biosphèreD, cryosphèreD et hydrosphèreD, ainsi
que des très complexes transferts d’eau, d’énergie, de particules chimiques entre ces
quatre grands ensembles.
S’ajoute à cela la grande inconnue des catastrophes majeures (par exemple une érup-
tion volcanique importante) ou de la manière dont les sociétés humaines modifient
le « système terre-atmosphère » par leurs activités industrielles et agricoles. Or, dans
les deux cas, les conséquences sur le climat sont radicales.
Adapté de Philippe Rekacewicz, « Changements climatiques : le grand tournant »,
blog.mondediplo.net, 4.12.2009.
28
tropique du Cancer
équateur
Le changement climatique...
tropique du Capricorne
OCÉAN OCÉAN
ATLANTIQUE PACIFIQUE
Chaleur relâchée
dans l’atmosphère
Courant chaud
et en surface
Courant froid
OCÉAN et en profondeur
INDIEN
5000 km
à l’équateur
Source : Groupe d’experts intergouvenemental sur l’évolution du climat
45
L’albédo
La quantité de rayonnementD solaire réfléchi par la surface terrestre est appelée
albédo. Cette valeur s’exprime en pourcentage.
Une surface claire réfléchit beaucoup les rayons du soleil (effet miroir). Elle absorbe
peu d’énergie lumineuse et se réchauffe peu. Elle a un albédo élevé. Exemples : la
neige, un T-shirt blanc.
Une surface sombre réfléchit peu les rayons du soleil. Elle absorbe beaucoup d’éner-
gie lumineuse et se réchauffe. Elle a un albédo faible. Exemples : la surface d’une
route asphaltée, un T-shirt noir.
La majeure partie de la surface terrestre est composée d’eau (océans) et de surfaces
glacées (calottes glaciaires) qui réfléchissent les rayons du Soleil. La Terre a donc un
albédo moyen plutôt élevé : 35 %. À titre de comparaison, la Lune, avec sa surface de
roches volcaniques, a un albédo de 7 % seulement. La fonte de la banquise et des
calottes glaciaires, ou des activités humaines telles que la déforestationD, modifient
l’albédo de la Terre.
Quelques exemples de valeur d’albédo : neige fraîche ou glace : 87 %. Nuages (selon
type de nuages) : 40-90 %. Sable du désert : 40 %. Terre fraîchement retournée : 10 %.
Prairies : 27 %. Forêts : 15 %. Eau (selon surface lisse ou pas de l’eau) : 10-60 %.
Adapté de « L’effet albédo », climatechallenge.be
RÉFLÉCHI : renvoyé.
29
C
0,4
0,2
30
tropique du Cancer
équateur
Le changement climatique...
tropique du Capricorne
Le principe de précaution
Les sociétés prennent des mesures pour prévenir et gérer les risques : par exemple
limiter la vitesse réduit le risque d’accident de la route, la vaccination réduit le risque
de maladie, un paratonnerre réduit les risques de dégâts dus à la foudre.
Il est toutefois plus difficile de se mettre d’accord pour prendre des mesures face à
des risques difficiles à cerner et à évaluer, comme ceux induits par le changement
climatique. Les décisions de mesures
à adopter doivent alors tenir compte 48
d’une part la probabilité que l’aléa
survienne et d’autre part de l’ampleur
des conséquences (dégâts matériels,
victimes, coûts) si l’aléa devait se
réaliser.
49 50
En matière climatique, les États se sont enten-
dus sur cette définition du principe de précau-
tion : « En cas de risque de dommages graves
ou irréversibles, l’absence de certitude scienti-
fique absolue ne doit pas servir de prétexte pour
remettre à plus tard l’adoption de mesures
effectives visant à prévenir la dégradation de
l’environnement. »
Adapté de la Déclaration de Rio à l’issue de la
Conférence des Nations Unies sur l’environnement
et le développement, 1992.
INDUIT : provoqué.
31
D
S’ADAPTER OU PARTIR ?
Même si l’humanité réduisait rapidement et considérablement ses émissions de gazD à effet de serre,
l’impact sur le changement climatique ne serait pas immédiat. En effet, l’inversion des tendances d’évo-
lution actuelles prendrait des décennies et les concentrations déjà présentes dans l’atmosphèreD sont
telles que, selon les scientifiques, certaines modifications de l’environnement sont inévitables. Les
communautés humaines doivent alors également trouver des solutions à l’échelle locale pour s’adapter
à la modification de leur ÉCOSYSTÈME.
Les aléasD atmosphériques en lien avec le change- fisent pas, tant la modification de l’écosystème
ment climatique diffèrent selon les régions. Dans est importante, et certaines sociétés doivent alors
certaines, c’est la sécheresseD qui menace, dans quitter leur lieu de vie. L’étude de la situation au
d’autres on redoute les inondations dues à l’éléva- Pérou va permettre de répondre à certaines ques-
tion du niveau des océans ou à l’augmentation de tions. Comment le changement climatique affecte-
la fréquence et de l’intensité des précipitationsD. t-il différents écosystèmes ? Quelles mesures les
Face à ces aléas, les sociétés n’ont pas toutes le communautés locales peuvent-elles prendre pour
même niveau de VULNÉRABILITÉ. Souvent, ce ne s’adapter aux effets du changement climatique et à
sont d’ailleurs pas celles qui émettent le plus de la modification de leur environnement ? Quels sont
gaz à effet de serre qui seront les plus touchées par les acteurs qui se mobilisent autour de ces projets
ces aléas. d’adaptationD ? Des collaborations à l’échelle inter-
nationale sont-elles envisageables ?
Face aux risques induits par le changement clima-
•tique,Cosecha del trouver
les sociétés doivent aguale en las
moyen épocas
de lluvia a través de zanjas
de s’en
protéger et de s’y adapter, en prenant des mesures
detrèsinfiltración,
parfois habilitación
coûteuses. Parfois, ces mesures ne suf- de
lagunas naturales (qochas),
VULNÉRABILITÉ
realimentación de acuíferos u otros métodos que d’une
Degré de fragilité ayuden a la
retención de agua en el subsuelo y eviten la escorrentía superficial.
société. Celui-ci détermine sa
capacité à faire face à un aléa.
ÉCOSYSTÈME La vulnérabilité d’une société
Ensemble formé d’être
dépend de nombreux facteurs :
vivants, végétaux et ani- localisation, densité de popula-
maux, en interrelation avec tionD, gouvernance, capacités
leur espace de vie appelé financières, niveau de pré-
51 paration face à un
biotope. Celui-ci est déter-
miné par les conditions aléa, etc.
climatiques, géologiques
et hydrologiques
du lieu.
32
Le changement climatique...
52
Le Pérou est situé à l’ouest de l’Amérique du Sud. Il présente trois régions très différentes :
– La côte (ou littoralD) : bande de terre très aride située entre la cordillère des Andes et l’océan
Pacifique.
– La montagne : la cordillère des Andes y forme de nombreuses vallées et hauts plateaux. Certains
sommets dépassent 6000 mètres d’altitude et sont couverts de neiges persistantes et de glaciers.
– La forêt : plus de la moitié du pays est presque plate, très humide et couverte par la gigantesque
forêt tropicale amazonienne.
C’est au Pérou que se situait le cœur de l’empire Inca. On y trouve de nombreux sites archéolo-
giques et, aujourd’hui encore, beaucoup de Péruviens parlent le quechua, la langue inca.
La population péruvienne, auparavant concentrée essentiellement dans la montagne, se déplace
progressivement vers la région côtière où se situe la capitale, Lima.
Le Pérou est un pays en développement dont les revenus proviennent principalement des
richesses minièresD, de la pêche et de l’agriculture. Une part importante de la population vit
dans une grande pauvreté.
Iquitos
BRÉSIL
PÉROU TUMBES
LORETO
PIURA AMAZONAS
LAMBAYEQUE
Lima CAJAMARCA
SAN MARTÍN
OCÉAN Pisac LA LIBERTAD
PACIFIQUE
BOLIVIE
500 km ÁNCASH
HUÁNUCO
UCAYALI
Lac Titicaca PASCO
Côte REGIÓN
LIMA 2/ JUNÍN
Montagne PROVINCIA MADRE DE DIOS
DE LIMA 1/
10 à 19.9
AREQUIPA
20 à 49.9
50 à 2999.9 MOQUEGUA
Source:
INEI - Instituto Nacional de Estadistica e Informatica - 500 km
Censos Nacionales de Población y Vivienda (2018)
33
D
Les effets du changement climatique au Pérou
Face aux effets du changement climatique sur les activités humaines et les infrastruc-
tures du pays, il est nécessaire pour le Pérou de développer des projets permettant
de s’adapter à ces nouvelles conditions.
Huanuco
TOURISME
Pasco Dommage aux infrastructures
Junin et voies d'accès aux sites.
Lima
OCÉAN Madre de Dios
PACIFIQUE Huancavelica
Cuzco
OCÉA
INFRASTRUCTURES PACIFI
on Ica Apurimac Destruction de bâtiments
Ayacucho et d'axes de communication
Puno
Arequipa ÉLECTRICITÉ
Moquegua Diminution des ressources
500 km
en eau pour les barrages.
Tacna
Source : SPDA.
I. Interdire l’exploi-
H. Contraindre tation commerciale 57
les pêcheurs à des ressources de la El Niño
se former dans forêt amazonienne El Niño est un phénomène climatique qui revient
d’autres métiers. (bois, pétrole, etc.). de façon irrégulière tous les deux à sept ans. Les
eaux situées au large du Pérou se réchauffent, ce
qui entraîne un renversement des courants marins
s’accompagnant de fortes précipitations sur la côte et
d’une diminution du nombre de poissons. À l’inverse,
il provoque des sécheresses dans d’autres régions du
monde. Les scientifiques ignorent si le changement
climatique a une influence sur ce phénomène.
34
Le changement climatique...
58
Que faire pour s’adapter au recul des glaciers
andins ?
Le réchauffementD global constitue une préoccupa-
tion partagée par les pays membres de la Commu-
nauté andine. En effet, malgré le fait que nos pays
émettent peu de gaz à effet de serre, nos populations
andines subissent son impact de façon importante.
Le recul rapide des glaciers dans les Andes tropi-
cales est une des conséquences les plus évidentes
du réchauffement global. Ce phénomène menace les
disponibilités en eau pour les économies de subsis-
tance de certaines populations andines. Glacier Zongo, Bolivie.
C’est pour cette raison que le Secrétariat général de
la Communauté andine, conjointement avec la Banque mondiale, a décidé de créer le
« Projet d’adaptation à l’impact du recul des glaciers andins », pour mettre en place
des projets pilotes d’adaptation, qui pourront être répliqués par la suite dans d’autres
communautés andines.
Traduit et adapté de communidadandina.org
O E - 59%
S
35
D
Un exemple d’adaptation locale et de collaboration internationale
Les communautés locales développent des projets en fonction du type d’aléa et
de la configuration du lieu. Elles favorisent en particulier les projets intégrant la
cultureD locale et les pratiques traditionnelles. Parfois, les ressources financières
et les compétences locales ne suffisent pas. La collaboration internationale permet
alors d’échanger des connaissances, d’apporter un soutien technique et des moyens
financiers pour faire aboutir les projets.
61
La qocha, une technique ancestrale
Dans la région de Pumatella, des études menées grâce à la collaboration entre la Suisse et le
Bureau péruvien de météorologie et d’hydrologie ont montré que les précipitations vont diminuer
de 15 à 30 % d’ici 2030. Le programme PACC Perú (Programme d’Adaptation au Changement
Climatique) a donc proposé aux familles et aux communautés un soutien technique et une petite
aide financière pour construire des bassins naturels appelés qochas, tels qu’ils étaient utilisés dans
l’agriculture traditionnelle inca. Cette méthode permet en effet une utilisation plus efficace de l’eau.
À 4300 mètres d’altitude, Bernabé Huarca élève quelques dizaines d’animaux : des alpagas, des
moutons et des vaches. Ces deux dernières années, avec l’aide du PACC Perú, il a construit une
petite digue à l’extrémité d’une plaine, une zone autrefois utilisée comme terrain de football.
Le troupeau de Bernabé Huarca s’approche du petit lac pour boire et pour manger la végétation
flottante. Ces dernières années, quatre de ses fils ont quitté cette zone rurale pauvre. Mais lorsque
la qocha a été construite, les pâturages sont devenus plus verts, relève l’éleveur. Il sait que ses
voisins profitent aussi de son bassin, et d’autres bassins plus petits.
Adapté de Paula Dupraz-Dobias, « Des traditions ancestrales pour contrer le changement climatique »,
swissinfo.ch, 9.12.2014.
62
Le projet PACC Perú : des Suisses et des Un ingénieur du PACC et Bernabé vérifient
Péruviens unissent leurs efforts les blocs d’adobe qui renforcent la qocha.
Le Programme d’Adaptation au Changement Clima-
tique (PACC Perú) est une initiative de coopération 63
entre le Ministère péruvien de l’environnement et la
Direction suisse pour le développement et la coopé-
ration.
Le projet implique également l’organisation huma-
nitaire Helvetas et plusieurs universités suisses et
péruviennes. Son but est de limiter la vulnérabilité aux
changements climatiques des communautés rurales de
deux régions de montagne péruviennes. En effet, les
variations de températures et de précipitations dans les
Andes menacent leurs activités agricoles et leur sécu-
rité alimentaire.
Le programme permet aux communautés rurales, aux
autorités locales et aux ingénieurs d’échanger leurs
connaissances et d’imaginer des solutions simples
pour s’adapter aux changements climatiques. Il finance 64
également les travaux d’aménagement ou d’entretien
de retenues d’eau, de murets de soutènement ou de
reforestation, par exemple. Dans les zones concernées,
la majorité des familles paysannes ont amélioré leurs
connaissances, changé de pratique agricole ou contri-
bué à construire des ouvrages de protection.
Traduit et adapté de paccperu.org.pe et peru.helvetas.org.
36
Le changement climatique...
Vulnérabilité au changement
Faible Moyenne Élevée
La vulnérabilité
prend en compte les domaines suivants :
alimentation, eau, santé, services fournis
par les écosystèmes, habitat humain et
infrastructures.
Le niveau de préparation correspond
à la capacité politique, économique et
Source : Global Adaptation Index (index.gain.org) sociale d’un pays à s’adapter au
Élevée Moyenne Faible changement climatique.
PRÉPARATION
Absence de données
66
Accord de Paris (COP21 - 2015), art. 115
La Conférence [des parties] décide d’accroître de manière urgente et adéquate l’appui
apporté par les pays développés […] en matière de ressources financières, de tech-
nologies et de renforcement des capacités d’atténuationD et d’adaptation […]. À cet
égard, [elle] demande fermement aux pays développés d’amplifier leur aide financière,
en suivant une feuille de route concrète afin d’atteindre l’objectif consistant à dégager
ensemble 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour l’atténuation et l’adaptation.
Adapté de « Convention-cadre sur les changements climatiques », unfcc.int, 12.12.2015.
37
E
LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE PRÉSENTE-T-IL
DES AVANTAGES ?
Les régions proches des pôles ont un climat plus froid que le reste de la Terre. De prime abord, on pour-
rait croire que la hausse des températures observée sur Terre depuis quelques décennies va rendre ces
régions plus accueillantes et qu’elles tireront profit du changement climatique.
La réalité est plus nuancée. Les écosystèmesD de Cependant, le changement climatique ouvre aussi
ces régions sont particulièrement fragiles. La fonte de nouvelles perspectives pour ces régions, notam-
des glaces sur mer et sur terre, le dégel des sols, la ment dans le domaine de l’agriculture et du trans-
disparition de certaines espèces animales et végé- port maritime. Quels sont les effets de la hausse des
tales, ainsi que l’arrivée de nouvelles espèces sont températures dans les régions polaires ? Quelles
autant de modifications qui peuvent déséquilibrer opportunités nouvelles s’offrent aux habitants de
l’écosystème à l’échelle locale. ces régions ? Les effets du changement climatique
observés à l’échelle locale peuvent-ils avoir des
conséquences à l’échelle mondiale ?
67
Des agriculteurs dans leur champ de pommes de terre, Equaluit Ilua, Groenland, 2009.
38
Le changement climatique...
68
Pourquoi fait-il plus froid dans les régions
polaires ?
Dans ces régions, les rayons solaires sont plus obliques par
rapport à la surface du sol que dans les régions équatoriales.
Cela a deux conséquences :
– la part d’énergie du rayonnementD solaire absorbée lors
de la traversée de l’atmosphèreD est plus importante ;
– la surface de sol chauffée par le rayonnement solaire est
plus étendue.
Tu peux comparer cela à la différence de température que tu
ressens entre le rayonnement solaire à midi et le soir juste
avant que le Soleil ne se couche.
BANQUISE
Couche de glace se for-
mant à la surface de l’océan
lorsque celui-ci gèle.
La banquise peut faire jusqu’à
plusieurs mètres d’épaisseur.
Sa surface s’étend en hiver
et diminue en été.
INLANDSIS
Immense glacier recouvrant Cercle polaire
un territoire très vaste. arctique
Le Groenland et l’Antarctique
sont recouverts par un inland-
sis. Un glacier se forme par Pôle Nord
l’accumulation année après
année de précipitationsD
sous forme de neige.
Source : NSIDC.
39
E
L’ouverture de nouvelles routes maritimes
70
Ne pas se fier aux apparences
Sur la carte A, c’est le trajet rouge qui semble le plus court pour aller de l’Europe au Japon.
Sur la carte B (projection polaire), c’est le trajet bleu qui semble le plus court.
Carte A Carte B
Rotterdam OCÉAN
PACIFIQ
UE
OCÉAN
Tokyo ATLANTIQUE
OCÉAN
PACIFIQUE
Tokyo
OCÉAN
OCÉAN INDIEN
ATLANTIQUE
ATLANT
OCÉAN
IQUE
Rotterdam
DI N
IN CÉA
EN
O
Détroit de Béring – Passage du Nord-Est (14 100 km)
Canal de Suez – Passage du Sud-Est (voie traditionnelle, 21 100 km)
Passage du Nord-Est 41 46 71 22 18 19 27
40
Le changement climatique...
PERGÉLISOL
Le dégel du PERGÉLISOL
(OU PERMAFROST
Dans les régions très froides où la température moyenne annuelle est en anglais)
inférieure à 0° C, le sol reste gelé en permanence. Avec la hausse des Sol gelé en permanence, dans
températures, celui-ci dégèle et devient instable, induisant des dom- les hautes latitudes (régions
mages sur les infrastructuresD (routes, bâtiments). L’autre conséquence polaires) ou en haute altitude
majeure est la libération d’importantes quantités de méthane (CH4) – et (montagnes). Le dégel du
pergélisol est un des indica-
donc de carbone – qui étaient stockées dans le sol gelé. teurs du changement
climatique.
OCÉAN
ARCTIQUE
Baie
d'Hudson
Pôle
Nord
Formations de mares
émettant de grandes
quantités de méthane
et de CO2D, deltaD de
la Léna, Sibérie.
OCÉAN
ATLANTIQUE
Terres occupées
par du pergélisol
Terres libres
de pergélisol
Terres occupées
par du pergélisol Inlandsis
75
Dans le Grand-Nord canadien, des chercheurs au chevet du pergélisol
À Kuujjuarapik, village inuit situé au sud de la baie d’Hudson, le blizzard fait rage et empêche tout trafic aérien.
Des conditions inhabituelles pour un mois de décembre. « À cause du changement climatique, la banquise
tarde à se former sur la baie, ce qui crée une grande instabilité des masses d’air », nous explique-t-on.
C’est loin d’être la seule conséquence des bouleversements climatiques dans le Nunavik, cette région arctique
du Québec peuplée à 90 % d’Inuits. Ici, non seulement la banquise se réduit d’année en année, mais le pergé-
lisol, le sol gelé en permanence, caractéristique des régions arctiques, commence lui aussi à dégeler… Un vrai
problème pour les infrastructures de la région – routes d’accès et pistes d’aéroport défoncées, maisons qui
voient le sol s’affaisser sous leurs fondations –, mais aussi pour le devenir climatique de la planète.
Le pergélisol est en effet le plus gros réservoir de carbone continental de la planète, devant les réserves de
combustible fossile que sont le pétrole, le gaz et le charbon : « Dans le Grand-Nord canadien, on a enregistré
une hausse de 2° C de la température du sol à 4 mètres de profondeur entre 1992 et 2010 », explique Michel
Allard, chercheur québécois. Or, en dégelant, le pergélisol libère dans l’atmosphère du dioxyde de carbone et
du méthane, deux puissants gazD à effet de serre.
Il est cependant très difficile de modéliser la fonte du pergélisol et ses effets. « Tout ce qu’on sait aujourd’hui,
c’est qu’on est face à une redoutable boucle de rétroaction positive, poursuit le chercheur : plus la température
de l’air augmente, plus le pergélisol fond, plus la quantité de gaz à effet de serre augmente dans l’atmosphère,
ce qui entraîne une nouvelle hausse de la température de l’air, et ainsi de suite… »
Adapté deLaure Cailloce, « Pergélisol, le piège climatique », lejournal.cnrs.fr, 26.1.2015.
41
F
QUEL DESTIN POUR LES RÉGIONS CHAUDES ?
Quand on parle du changement climatique, on l’associe souvent d’abord au réchauffementD climatique
dont l’effet le plus visible et le plus médiatisé est la fonte de la banquiseD dans les régions polaires.
Pourtant, le changement climatique aura aussi des effets dans les ZONES CHAUDES du globe, là où vivent
des populations nombreuses et particulièrement vulnérables.
L’augmentation de la concentration de gazD à effet à des vents plus violents et à des précipitations plus
de serre dans l’atmosphèreD déstabilise l’ensemble intenses ? Les épisodes de sécheresse seront-ils
du système climatique et il est difficile de prévoir appelés à se répéter plus souvent ? La désertifica-
avec exactitude les effets à venir du changement tion va-t-elle gagner du terrain ?
climatique. Cependant, une augmentation de la fré-
quence et de l’intensité de phénomènes météoro-
logiquesD extrêmes (ouragans, tempêtes, précipita-
tionsD, sécheresseD, caniculeD, etc.) semble être un
ZONE CHAUDE
élément sur lequel s’accordent les experts. À l’avenir,
OU INTERTROPICALE
la répétition et l’intensification de tels aléasD météo- Ce sont les régions situées de
rologiques deviendront peut-être la norme qui part et d’autre de l’équateurD,
caractérisera le climat de ces régions. Faut-il s’at- entre le tropique du Cancer
tendre à davantage d’ouragansD ? Donneront-ils lieu (hémisphèreD Nord) et le
tropique du Capricorne
(hémisphère Sud).
76
Sacs de sable placés autour d’une maison pour la protéger de l’ouragan Florence,
à North Topsail Beach, Caroline du Nord (États-Unis), 12 septembre 2018.
42
Le changement climatique...
OCÉAN
ATLANTIQUE OCÉAN
Delta du
tropique du Cancer Delta du Mississipi Yangzi Jiang PACIFIQUE
Delta du
OCÉAN Tonkin
PACIFIQUE
Delta
équateur Delta de l’Amazone Delta duRouge
fleuve
Delta du Gange
du Niger
OCÉAN
Delta du Mississipi Delta du
tropique INDIEN Yangzi Jiang
Delta du
Tonkin
tropique du Capricorne
OCÉAN
OCÉAN Delta de Delta du
équateur ATLANTIQUE
l’Amazone Mékong
PACIFIQUE Delta
Delta du Gange
du Niger
5000 km
à l’équateur
tropique
OCÉAN
ATLANTIQUE OCÉAN
PACIFIQUE
tropique du Cancer
OCÉAN
PACIFIQUE
équateur
OCÉAN
INDIEN
tropique du Capricorne
OCÉAN OCÉAN
PACIFIQUE ATLANTIQUE
5000 km
à l’équateur
cercle polaire antarctique
Source : PNUD.
IDH très élevé (> 0.80) IDH élevé (0.70 à 0.80) IDH moyen (0.55 à 0.70) IDH faible (< 0.55) IDH indisponible
43
F
CycloneD, typhon, ouragan : des noms différents pour un phénomène
identique
Ces mots désignent un phénomène météorologique de type tourbillonnaire appelé
cyclone tropical, caractéristique des régions chaudes (entre 30° N et 30° S), accompagné
de vents dont la vitesse est égale ou supérieure à 118 km/h.
Il peut être nommé différemment selon l’endroit où se produit le phénomène. On parle
de cyclone dans l’océan Indien et le Pacifique Sud, de typhon dans le Pacifique Nord-
Ouest et enfin d’ouragan dans l’Atlantique et le Pacifique Nord-Est.
Une température de l’eau à plus de 26° C, sur au moins 50 mètres de profondeur, et une forte
évaporation favorisent la formation d’un cyclone tropical.
De l’air chaud et humide s’élève En s’élevant, l’air chaud et humide Au fur et à mesure que la dépres-
au-dessus de la surface de l’océan crée une dépression (zone où la pres- sion s’accentue au centre de la
(évaporation). En altitude, il entre sion atmosphérique est basse). Cette colonne d’air en rotation, la vitesse
en contact avec des masses d’air dépression s’accompagne d’un phéno- du vent augmente sur l’extérieur
froid, ce qui forme des nuages mène tourbillonnaire ascendant. de la colonne.
(condensation).
26o 26o
26o
Source : planetevivante.wordpress.com
80 81
Œil
Source : cyclonextreme.com
équateur OCÉAN
OCÉAN
PACIFIQUE
INDIEN
plus alimenté par l’eau chaude de l’océan.
OCÉAN
tropique du Capricorne
ATLANTIQUE
Il peut également s’affaiblir s’il atteint des
CYCLONES eaux trop froides ou s’il est trop proche
Principales trajectoires
de l’équateur (absence de phénomène
Source : cyclonextreme.com
tourbillonnaire).
44
Le changement climatique...
Les marées
Les marées de
de tempête
tempête
83 Les marées de tempête
La surélévation du niveau de la mer est un des principaux dangers d’un ouragan
La surélévation du niveau de la mer est un des principaux dangers d’un ouragan
La surélévation du niveau de la mer est un des principaux dangers d’un cyclone tropical.
Des vents forts poussent Lorsque l’ouragan atteint la terre, l’eau est comme aspirée
Des vents forts
lespoussent Lorsque l’ouragan atteint la terre, l’eau est comme aspirée
Des vents forts poussent les eaux Lorsque le cyclone atteint la terre, l’eau de l’océan est poussée
lesles
les
vers
eaux
eaux vers
vers
côtes. les côtes
côtes vers l’intérieur des terres.
Vagues
Vagues
de 33àà66m
de m
Ventsforts
forts
Vents
Maréede
Marée detempête
tempête
Ouragan Jusqu’à5050km
kmààl’intérieur
l’intérieurdes
desterres
terres Maréehaute
Marée haute
Ouragan Jusqu’à
Zones urbaines inondées
Zones urbaines inondées Niveaumoyen
moyen
Niveau del’eau
l’eau
26oooo
26
26
26 L’eau se déplace rapidement, peut atteindre 8 m de haut de
L’eau se déplace rapidement, peut atteindre 8 m de haut
Routesendommagées
Routes endommagées ÉrosionDDde
Érosion dela
lacôte
côte Navires
Naviresdétruits
détruits Sources :
AFP, NOAA,
Met Office.
85
45
F
86
Le terme désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides,
semi-arides et subhumides sèches ; les causes en sont les variations climatiques
et/ou les activités humaines.
Adapté de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, 1992.
Zones en voie de
désertification
OCÉAN
ATLANTIQUE
OCÉAN
PACIFIQUE
(zones arides)
tropique du Cancer
Zones menacées par
la désertification
équateur (zones semi-arides ou
subhumides sèches)
OCÉAN OCÉAN
PACIFIQUE
INDIEN
Source : FAO ONU.
tropique du Capricorne
OCÉAN
ATLANTIQUE
5000 km
cercle polaire à l’équateur
Zones déjà désertiques Zones en voie de désertification Zones menacées par la désertification
(zones hyper-arides) 88 Disponibilité
(zones arides) en eau, 2014
(zones semi-arides ou sub-humides sèches)
cercle polaire
OCÉAN OCÉAN
ATLANTIQUE PACIFIQUE
tropique du Cancer
équateur
OCÉAN OCÉAN
PACIFIQUE INDIEN
tropique du Capricorne
OCÉAN
ATLANTIQUE
5000 km
cercle polaire à l’équateur
46
Le changement climatique...
90
89
Sénégal, 2015.
Nigeria, 2016. 92
91
Pérou, 2005. 94
93
95
La faim a progressé dans le monde en 2017 pour la troisième année consécutive, selon
un rapport réalisé par cinq agences des Nations Unies (FAO, FIDA, UNICEF, PAM, OMS).
« La variabilité du climat et les extrêmes climatiques sont des facteurs essentiels de la récente progression
de la faim dans le monde et l’une des principales causes des graves crises alimentaires », indique le rapport.
« De plus en plus d’éléments laissent à penser que le changement climatique a déjà des répercussions sur
l’agriculture et la sécurité alimentaire ». Les catastrophes naturelles liées au climat se sont multipliées, avec les
sécheresses, des saisons décalées, et d’autres phénomènes qui menacent la production constante d’aliments
de qualité, des aliments nutritifs qui sont essentiels à la santé de la population.
« L’exposition à des extrêmes climatiques plus complexes, plus fréquents et plus intenses risque de limiter les
progrès réalisés dans la lutte contre la faim et la malnutrition, voire d’inverser la tendance » de manière durable
via les conséquences directes qu’elle a sur les récoltes agricoles, constate le rapport. Une piste serait d’élaborer
des semences à cycle court, pour des cycles de production et de récolte qui se suivent plus rapidement et sont
moins exposés aux risques de la météo.
Adapté de « Le climat renforce la famine dans le monde », tdg.ch, 11.9.2018.
47
G
FAUDRA-T-IL EFFACER CERTAINES ÎLES DES CARTES
DE GÉOGRAPHIE ?
Les bords de mer et d’océan sont des régions le plus souvent très peuplées. Les océans offrent en effet des
ressources nombreuses et diversifiées pour les populations locales. Cependant, ce sont également des
régions particulièrement vulnérables au changement climatique.
Les populations qui vivent sur un LITTORAL béné- breuses espèces de poissons qui constituent la base
ficient de la richesse des océans, qu’il s’agisse des de l’alimentation des populations locales.
ressources issues de la pêche, mais aussi des activi- Comment les États insulaires et les régions litto-
tés liées au tourisme et à certaines infrastructuresD. rales vont-ils faire face à la montée des eaux et à
L’augmentation de la température sur Terre entraîne l’érosionD des côtes ? Où iront les populations qui
une hausseD du niveau des océans due d’une part devront quitter leur territoire ? Les communautés
à la fonte des glaces et d’autre part à la dilatation locales et les activités touristiques souffriront-elles
des eaux. Ces effets du changement climatique ont de la raréfaction des coraux ? Les câbles transocéa-
des conséquences directes pour ces populations. niques par lesquels transitent les données numé-
Dans le meilleur des cas, elles devront trouver des riques d’internet seront-ils encore opérationnels
solutions pour s’adapter à la modification de leur dans 30 ans ?
environnement, dans le pire des cas, elles seront
forcées de quitter leur lieu de vie.
Les écosystèmesD dont dépendent les populations LITTORAL
qui vivent sur les littoraux sont particulièrement fra- Zone de contact entre
giles et seront eux aussi touchés par le changement l’océan (ou la mer) et la terre,
climatique. Les récifs coralliens abritent de nom- appelée également côte ou
rivage. Ce sont des zones
particulièrement vulnérables
aux aléasD naturels (tempêtes,
tsunamis, etc.) et aux activités
96 et interventions
humaines.
48
Le changement climatique...
98
Les réfugiés climatiques
De nombreuses raisons peuvent pousser des populations à quitter leurs terres.
Les effets du changement climatique en sont une. Ne pouvant plus exploiter leurs
terres à cause de l’élévation du niveau des océans, de la sécheresseD, de l’érosion
ou de la salinisation des sols, elles sont contraintes de partir. On les considère
comme des réfugiés climatiques.
99 101
Cinq îles des Salomon, dans le Pacifique, ont
disparu en raison de la montée des eaux et de
l’érosion côtière, et six autres sont fortement tou-
chées selon une étude scientifique australienne.
Les cinq îles qui ont totalement disparu étaient
des îles non habitées mais porteuses de végéta-
tion, que les pêcheurs utilisaient parfois comme
escale. « Il ne s’agit pas seulement de petits îlots
sablonneux », a expliqué à l’AFP (Agence France-
Presse) l’un des scientifiques auteurs de l’étude,
Simon Albert. Sur les six autres îles touchées,
l’érosion de la côte a précipité une dizaine de
maisons dans la mer depuis cinq ans, et obligé
deux villages à se relocaliser plus à l’intérieur.
100
Les îles Salomon sont menacées à la fois par la
montée des eaux qui est près de trois fois plus
importante dans ce secteur que dans la moyenne
mondiale et par des vagues particulièrement vio-
lentes qui érodent les côtes.
La réaction locale à cette évolution peut égale-
ment servir d’exemple pour les pays menacés par
la montée des eaux, expliquent aussi les scienti-
fiques, qui notent que la ville de Taro a déjà prévu
de se relocaliser vers des terres plus hautes.
Adapté de « La montée des eaux fait disparaître
cinq îles du Pacifique », tdg.ch, 7.5.2016.
Mangrove (Palaos, Micronésie).
49
G
Des écosystèmes fragiles et uniques 102
Les coraux sont des animaux constitués d’un sque-
lette calcaire (roche). Ils forment des colonies qui
constituent des récifs coralliens. Ces derniers contri-
buent à protéger les littoraux de l’assaut des vagues
et à maintenir une BIODIVERSITÉ assurant ressources
alimentaires et revenus pour les populations locales
(pêche, tourisme). Les récifs coralliens sont cepen-
dant un écosystème particulièrement fragile, sen-
sible aux variations de température de l’eau, à l’aci-
dification des océans qui absorbent le carbone de
l’atmosphèreD (CO2D) et aussi à la pression des acti-
vités humaines (pêche, tourisme).
103
Plongeur au-
dessus d’un
récif corallien,
mer Rouge,
Égypte.
105
Situé en Australie et classé au patrimoine mondial
de l’Unesco, le plus grand récif corallien du monde,
long de 2600 kilomètres pour une superficie de
344 400 km2, serait menacé de disparition. Une étude
de trois grandes universités australiennes révèle que
« 90 % des récifs étudiés présentent des signes de
blanchiment ».
Si les touristes se mettent à bouder la Grande Barrière
de corail, l’économie australienne serait directement
atteinte et perdrait chaque année 174 000 touristes
étrangers et 1,19 milliard de dollars de recettes. Si rien
ne change, les zones touristiques autour de la Grande
Barrière de corail « pourraient perdre environ 10 000
emplois dans le tourisme ».
Adapté de Eva Gomez, « La destruction de la Grande Barrière de
corail menace le tourisme australien », lemonde.fr, 21.6.2016.
50
Le changement climatique...
106 107
À Saint-Louis du Sénégal, près de 120 000 per-
sonnes sont menacées par la montée de l’océan,
ainsi que celle des eaux du fleuve Sénégal en rai-
son de l’augmentation des pluies saisonnières.
Ces bouleversements « sont en partie liés aux
changements climatiques », mais les consé-
quences en ont été aggravées parce que « les
populations ont mal aménagé leur habitat » sur
des zones inondables, selon Pape Goumbo Lô,
un géologue spécialiste de la lutte contre l’éro-
sion côtière.
Adapté de « À Saint-Louis du Sénégal,
120 000 personnes sont menacées par la montée des
eaux », liberation.fr, 10.12.2015. Construction de bâtiments sur pilotis : exemple
d’adaptation réduisant la vulnérabilité aux vagues
de tempête. Grand- Barachois, sud-est du Nouveau-
Brunswick (Canada).
108
RéchauffementD climatique : la montée des eaux menace internet
Selon une étude réalisée par les chercheurs de l’Université de l’Oregon et l’Université du Wisconsin-Madison,
dès l’année 2033, plus de 6400 km de câbles de fibre optique et plus de 1100 centres de trafic de données
seront immergés ou entourés d’eau. Selon Paul Barford, un des auteurs de l’étude, les câbles transocéa-
niques qui constituent le réseau de communication mondial arrivent vers les grandes villes côtières ( New
York, Miami ) et « les points d’arrivée vont être sous l’eau dans un court laps de temps ». Ces perturbations
pourront avoir un effet négatif sur le réseau de communication mondial.
« Cela nous a surpris, nous nous attendions à avoir 50 ans pour planifier cela, mais nous n’avons plus 50 ans.
Il s’agit d’un véritable danger pour l’in-
ternet, nous devons trouver un moyen 109 Réseau de câbles transocéaniques
de régler le problème », ajoute Paul Bar-
ford. Il s’agit de la première étude qui
évalue les dangers du réchauffement
climatique sur internet.
Une grande partie de l’infrastruc-
ture physique d’internet est enterrée :
« Quand l’infrastructure a été construite,
il y a 20-25 ans, le réchauffement clima-
tique n’entrait pas en ligne de compte », New York
explique Barford.
Adapté de Jean-Charles Dierickx, « Réchauffe-
ment climatique : la montée des eaux menace
internet », geeko.lesoir.be, 22.7.2018. OCÉAN
Miami ATLANTIQUE
51
H
CANICULE ET SÉCHERESSE VONT-ELLES DEVENIR LA NORME ?
De tout temps, l’homme a cherché à améliorer ses conditions de vie en organisant son environnement,
en exploitant des ressources, en produisant les aliments, les biens et les services nécessaires à son
existence. Les aléasD d’origine hydrométéorologique (ouragansD, tempêtes, inondations, avalanches,
sécheresse, grêle, etc.) qui ponctuent son existence représentent autant de catastrophes après les-
quelles il faut reconstruire. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité de tels aléas pousse les
humains à adapter ou à modifier leurs pratiques.
Les climats des régions tempérées présentent une duire du fromage d’alpage dans trente ans ? Pourra-
grande diversité, mais globalement, ils se caracté- t-on encore faire du ski dans les Alpes en 2070 ? Quel
risent par des températures et des précipitationsD sera le montant de la facture pour réparer les dom-
modérées, marquées par le rythme des saisons. Ainsi, mages dus à ces aléas météorologiquesD extrêmes
en Suisse, la garde-robe de la population s’étend du ou pour s’y préparer et s’y adapter ?
t-shirt estival à la doudoune hivernale. La produc-
tion agricole est elle aussi le reflet de ces variations
saisonnières. Quant aux activités de loisirs, elles se
déclinent au fil des saisons, des baignades et gril-
lades de l’été au ski et raclettes de l’hiver. SÉCHERESSE
Manque temporaire de
Ainsi, cette diversité de conditions saisonnières précipitations par rapport aux
rythme notre vie et notre organisation. Mais en sera- valeurs climatiques locales.
t-il toujours ainsi ? Si les épisodes de SÉCHERESSE La végétation et la faune seront
estivale se multiplient, l’interdiction de l’arrosage plus ou moins touchées selon
du gazon et du remplissage des piscines privées se la durée de la sécheresse et
la saison pendant laquelle
généralisera-elle ? Sera-t-il encore possible de pro- elle survient.
110
52
Le changement climatique...
FR OW UR
GR
VD
114
TI
GE VS
50 km
Italie
53
H
116
Faut-il établir un lien entre les orages et le réchauffementD climatique ?
Selon une étude américaine publiée en 2014 dans le journal Science, le nombre de
coups de foudre grimpe d’environ 12 % pour chaque degré de hausse de température.
« Il est toujours difficile de lier un événement particulier au réchauffement, commente
le météorologue Dean Gill. Il faudrait effectuer des évaluations à long terme. Ce que
l’on peut dire, c’est que lorsque l’atmosphèreD est plus chaude l’humidité augmente
et donc les conditions sont plus propices aux orages ».
Adapté de « La foudre n’a jamais autant frappé le pays », tdg.ch, 9.6.2018.
Le tracé en noir indique les variations annuelles. La courbe en rouge est un lissage
des écarts permettant de dégager une tendance générale.
119 120
En 1977, les paysans tessinois Rien qu’en Suisse, 1000 décès supplémentaires ont été enre-
souffrent de l’extrême sécheresse. gistrés au cours de l’été 2003 (canicule), en comparaison
L’Aide Suisse aux Montagnards les avec les chiffres usuels. Une étude de l’Université de Bâle a
soutient en organisant une collecte estimé entre 13 % et 24 % la hausse du nombre de décès à
de dons pour l’achat de fourrage. Bâle, Genève et Lausanne par rapport à la moyenne annuelle.
Adapté de berghilfe.ch Adapté de « Les conséquences funestes de la canicule
record de 2003 », rts.ch, 5.7.2015.
121
« ...Durant la longue et exceptionnelle
sécheresse des années 1941-1942, le
niveau du lac de Joux est descendu
au-dessous de 1005,00 m ; l'eau ne
pouvait plus passer naturellement dans
le lac Brenet. Pour parer à cet inconvé-
nient majeur, la Compagnie Vaudoise dut
procéder d'urgence à l'installation d'un
pompage temporaire pour faire passer
artificiellement l'eau du lac de Joux dans
le lac Brenet, afin de pouvoir assurer son service de distribution d'énergie... »
B. Golay, « Installation de pompage entre le lac de Joux et le lac Brenet »,
Bulletin technique de la Suisse romande 1942, e-periodica.ch.
54
Le changement climatique...
124
126
Contre la sécheresse en Suisse, un méga projet d’irrigationD
[…] Peter Thomet, président de l’Association Suisse Pro Agricultura s’intéresse à la
gestion de l’eau dans la région des Trois-Lacs. Il est inquiet de voir les répercussions
négatives du manque de précipitations sur ce territoire à cheval sur trois cantons
(Berne, Vaud, Fribourg) qui représente plus de 25 % de la production maraîchère de
Suisse. […] De gros investissements sont nécessaires : nouveaux réseaux d’irrigation,
aplanissement des sols à large échelle et une troisième correction des eaux du Jura.
Première prévision budgétaire : environ 1 milliard de francs.
Adapté de Boris Busslinger, « Contre la sécheresse en Suisse,
un mégaprojet d’irrigation », letemps.ch, 18.8.2018.
55
I
DU GLOBAL AU LOCAL, QUE FAIRE ?
Dans les années 70, la communauté scientifique prend conscience de l’ampleur du changement clima-
tique qui se profile. Elle a alors déjà identifié l’augmentation très rapide du taux de CO2D dans l’atmos-
phèreDet les conséquences possibles sur le climat à l’échelle mondiale. C’est l’avenir des écosystèmesD
terrestres et marins qui est en jeu, et également celui des espèces vivantes végétales et animales.
Près de 50 ans plus tard, devant le développement Est-il possible de diminuer les émissions de gazD à
des connaissances scientifiques, l’accumulation effet de serre pour freiner l’augmentation de la tempé-
d’évidences et la diffusion de l’information à grande rature moyenne sur Terre ? Qui peut agir sur les émis-
échelle, la question du changement climatique est sions de gaz à effet de serre ? Dans quels domaines
une réalité désormais connue du grand public. Face peut-on agir ? Quels sont les moyens d’action à
à un enjeu à la fois global et local, il y a urgence à disposition ? Comment chaque individu peut-il, à
agir sur les causes du changement climatique. Cela son niveau, contribuer à diminuer son empreinte
nécessite de mener une réflexion sur les choix de écologique ?
société et les orientations économiques.
127
EMPREINTE ÉCOLOGIQUE
Le calcul de l’empreinte écologique associe trois indicateurs :
– le premier est lié à l’utilisation des énergies fossiles ;
– le deuxième observe l’évolution des surfaces urbanisées ;
– le troisième évalue la consommation des ressources renouvelables
ALIMENTATION NOURRITURE
ÉNERGIE HABITAT BOIS ET PAPIER ET FIBRE DE LA MER
56
Le changement climatique...
128
Imagine un Robinson Crusoé isolé sur une île déserte. Quelle devrait être la taille de
son île (terre et mer environnante comprise) pour lui permettre de répondre à ses
besoins en nourriture, chauffage, matériaux de construction, air pur, eau potable,
élimination des déchets, de façon à pouvoir vivre durablement en autarcie ?
Cette surface représente l’empreinte écologique de ce Robinson Crusoé. Tu comprends
intuitivement que si son mode de vie exerce une pression trop forte sur son île (s’il fait
par exemple des grands feux de camp
tous les soirs), sa survie risque d’être
compromise à plus ou moins long 129 L’empreinte écologique mesurée en planètes Terre
terme, car son empreinte écologique est utilisées (2018)
supérieure à la taille de son île... Nombre de planètes dont nous aurions besoin si nous vivions comme
Adapté de panda.org les habitants des pays suivants :
États-Unis 5
(1+4) +
Suisse 2,9
(1+1,9) +
Chine 2,2
(1+1,2) +
Brésil 1,8
(1+0,8) +
Inde 0,7
Moyenne
mondiale 1,7
(1+0,7)
+ Source : Global Footprint
Network, National Footprint
Accounts (2018).
57
I
Agir à l’échelle internationale
Alertés par la communauté scientifique, les États ont pris conscience du rôle des gaz à
effet de serre, et du CO2 en particulier, dans le changement climatique. Se réunissant
à intervalles réguliers, ils discutent des moyens d’agir sur les causes du changement
climatique et proposent des mesures, des moyens et des actions pour freiner le
réchauffementD. C’est ce qu’on appelle des mesures d’ATTÉNUATION.
1980
COP : les représentants des pays
participant à la Convention-cadre
1972 - Conférence de Stockholm des Nations Unies sur les change-
Pour la première fois, le climat et l’environnement ments climatiques se rencontrent
sont élevés au rang de priorité mondiale. une fois par année depuis 1995, lors
de Conférences des parties (COP).
Adapté de la documentationfrancaise.fr, fr.wikipedia.org et climat.be
132
La bourse du carbone dans
133
le Protocole de Kyoto
Pour permettre aux pays d’atteindre leurs objec-
tifs, des « mécanismes de flexibilité » ont été
proposés, comme la bourse du carbone. Chaque
unité de droit d’émission de GES correspond à
une tonne de CO2. Cela signifie que lorsqu’un
pays achète une unité de droit d’émission de GES,
il achète le droit d’émettre une tonne de CO2 dans
l’atmosphère.
Des quotasD d’émission de GES sont fixés pour
chaque pays, et ceux qui n’ont pas utilisé toutes
leurs émissions peuvent vendre leur surplus à
d’autres pays qui dépassent le quota. Malgré cette
flexibilité, la majorité des pays n’ont pas respecté
leurs engagements.
Adapté de geo.fr, 2012.
58
Le changement climatique...
134
ATTÉNUATION
COP21, quels accords pour le climat ? Action de rendre plus faible.
1° Objectif : limiter la hausse de la température sur Terre à 1,5° C - 2° C. Dans le contexte du change-
ment climatique : ensemble de
2° Contribution obligatoire de chaque pays aux efforts pour atteindre mesures et d’actions visant à
l’objectif. Exemple : pour la Suisse, réduction de 50 % des GES d’ici réduire la quantité de carbone
à 2030. (CO2) dans l’atmosphère afin
3° Différenciation de l’effort demandé à chaque pays en fonction de de freiner le réchauffement
climatique.
sa part de responsabilité dans le réchauffement climatique (notion
de justice climatique). Le développement du pays ne doit pas en
souffrir.
4° Versement obligatoire, par les pays développés,
de 100 milliards de dollars par an pour le climat,
destinés aux pays en développement.
5° Aide financière et soutien technique aux pays
en voie de développement pour mettre en place
des mesures de prévention et d’adaptationD aux
effets du changement climatique.
6° Échange d’informations et transparence entre les
pays, concernant les mesures prises et les résul-
tats obtenus.
Adapté de « Qu’est-ce que la COP21 ? Quel bilan pour
Dirigeants des 195 pays signataires de l’Accord de Paris, 2015. la Conférence internationale sur le climat Paris 2015 ? »,
apc-paris.com, 4.12.2018.
136
+3-4° C
Rapport spécial du GIEC en 2018 Réchauffement
Pour limiter le réchauffement à 1,5°C d’ici 2100, il est attendu en 2100,
impératif de parvenir à zéro émission nette de CO2 basé sur les enga-
gements actuels +2° C
d’ici 2050. Cela nécessite des économies d’énergie, des États pour Niveau maximum
un recours accru aux énergies renouvelablesD, mais réduire leurs visé d’ici 2100 par
aussi des changements économiques et sociétaux émissions de GES l’Accord de Paris,
favorables à des modes de vie « bas carbone ». avec des consé-
quences plus
Cela passera par des stratégies d’émissions néga- +1,5° C importantes.
tives, c’est-à-dire des moyens pour retirer directe- Niveau « idéal »
ment ou indirectement du CO2 de l’atmosphère. visé d’ici 2100 par
l’Accord de Paris. +1° C
Certains moyens sont déjà mis en pratique, comme Réchauffement
actuel par rapport à
favoriser le stockage naturel du carbone (reforesta- 0° C l’ère préindustrielle.
tion, protection des sols), produire de l’énergie grâce
aux végétaux (biomasse) puis stocker le CO2 produit
dans le sous-sol ou enfin pomper le CO2 directement
dans l’air, puis le stocker ou l’utiliser dans des pro-
cédés industriels. Source : GIEC, LT.
AÉROSOL : ensemble de fines particules chimiques (solides ou liquides) dans un mélange gazeux (air).
59
I
Agir à l’échelle nationale
Les autorités d’un pays peuvent prendre des mesures incitatives pour encourager les
entreprises et les individus à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre (par
ex. par des subventions). Elles prennent aussi des mesures contraignantes pour les
obliger à changer leurs habitudes (par ex. par des lois ou des taxes).
137
Mesures de fiscalité verte en France
La hausse récente des taxes sur l’énergie et les carburants a fait augmenter le prix de l’essence et
du mazout (chauffage), diminuant ainsi le pouvoir d’achat des ménages.
En parallèle, le gouvernement a augmenté la prime à la casse, subvention destinée à aider les
ménages à remplacer leur vieille voiture polluante par une plus récente. Le montant est de 2500
euros en cas d’achat d’un véhicule neuf qu’il soit électrique ou hybride (électrique et essence).
Quant aux ménages qui achètent une nouvelle chaudière qui émet moins de CO 2, ils peuvent
déduire une partie du montant de leurs impôts.
Adapté de impots.gouv.fr et lemonde.fr, 25.5.2018.
138 139
Climeworks qui fait disparaître le CO2 Sous nos pieds, une solution pour le climat ?
Sur son site d’Hinwil (ZH), Climework peut La planète offre trois principaux réservoirs naturels de
retirer de l’air ambiant 900 tonnes de CO2 carbone capables d’assimiler le CO2 rejeté en excès
par an, soit l’équivalent des émissions de dans l’atmosphère et de le stocker sur le long terme : les
200 voitures. Le CO2 récupéré est utilisé forêts, les océans et les sols.
comme engrais par une exploitation agricole. « Avec la réduction des émissions de CO2, les sols
De plus, elle teste en Islande un moyen de offrent le moyen le plus cohérent et rapide de lutte contre
stocker le carbone. Elle aspire du CO2 pré- le réchauffement climatique » estime Pascal Bonvin,
sent dans l’air, le mélange à de l’eau et l’ex- agronome à la HEPIA de Genève. Ce processus naturel
pédie à une profondeur de 700 mètres. de stockage du carbone (enrichissement du sol par la
Là, le mélange réagit au contact du basalte matière organique en décomposition, par ex. le com-
(roche volcanique) et se transforme en une post) ne peut se faire que si le sol est sain, ce qui n’est
pierre blanche, calcaire et sans danger, le pas le cas avec les pratiques agricoles intensives. Pour
tout en moins de deux ans. Pour l’instant, cela, il faudrait conserver une couverture végétale au sol,
Climeworks évalue à 700 dollars le coût de labourer moins profondément et étendre sur les sols du
stockage par tonne, mais ce montant pourrait compost plutôt que des engrais de synthèse.
diminuer à l’avenir. L’entreprise veut capturer « Les solutions impliquent toute la chaîne de production,
1 % des émissions mondiales de CO2 d’ici à des pratiques agricoles en passant par l’acceptation par
2025 (soit 300 millions de tonnes de CO2). le consommateur du véritable coût de production d’un
Adapté de Mathilde Farine, « Climeworks, l’entre- aliment de qualité, condition nécessaire pour donner aux
prise suisse qui fait disparaître le CO2 », agriculteurs les moyens d’exploiter la terre de manière
letemps.ch, 10.10.2018. durable », indique François Fulleman, responsable des
sols à la direction générale de l’environnement de l’État
de Vaud.
140 Adapté de Julie Schuepbach, « Sous nos pieds,
une solution pour le climat ?», letemps.ch. 28.8.2018.
141
60
Le changement climatique...
142 Promouvoir les transports publics 143 L’étiquette-énergie pour les véhicules
et la mobilitéD douce
Émissions CO2 Émissions CO2 et
Classe (g/km) consommation
101-120 Faibles
141-160 Moyennes
201-250 Élevées
145
61
DE LA PRODUCTION
À LA CONSOMMATION D’UN PRODUIT
INDUSTRIEL
États-Unis
B
OCÉAN
OCÉAN ATLANTIQUE
PACIFIQUE NORD
NORD
Canal
de Panama
E
OCÉAN Chili
PACIFIQUE F
SUD
APPRENTISSAGES VISÉS
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– identifier les acteurs, les lieux et les flux en lien avec la production industrielle ;
– déterminer l’évolution des critères de localisation de la production industrielle ;
– analyser les conséquences économiques, sociales et environnementales de la concentration
industrielle ;
– comparer les différences de richesse produites par divers types de production industrielle ;
– analyser le rôle et l’impact des consommateurs sur la production industrielle à l’échelle mondiale ;
– acquérir et utiliser un vocabulaire spécifique au monde économique en général et à l’industrie
en particulier.
62
Allemagne
A
Japon
Canal D
de Suez
Pakistan Chine
E C
A Bangdladesh
F
Togo
Ghana Détroit de
Malacca
F D
E
Indonésie
B
OCÉAN
INDIEN
OCÉAN
ATLANTIQUE
SUD
63
De la production à la consommation
d’un produit industriel
Du matin au soir, des centaines d’objets accompagnent notre quotidien. Ils font partie intégrante de notre
vie, au point que nous n’avons parfois même plus conscience de leur présence, et encore moins des res-
sources naturelles et du travail nécessaires pour les réaliser. En tant que consommateurs de ces objets,
il importe que nous soyons conscients de la complexité de ce processus de production afin de pouvoir
poser un regard critique sur notre mode de consommation.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, une grande partie des derniers sont sollicités par des techniques de mar-
objets du quotidien étaient fabriqués non loin de keting qui les incitent à consommer toujours plus, et
leur lieu de consommation, et avaient pour vocation à renouveler de plus en plus rapidement les biens
d’être résistants et réparables. Souvent, le consom- qu’ils possèdent.
mateur achetait un produit fait pour durer « toute
Finalement, ce thème a pour objectif de te question-
la vie ».
ner, afin de te permettre de développer un regard
Ces dernières décennies, les filières de production critique sur la société de consommation et ses consé-
se sont complexifiées et dispersées aux quatre coins quences environnementales et sociales à travers le
du monde. Durant son processus de fabrication, l’ob- monde. Où et comment sont fabriqués les produits
jet aura bien souvent parcouru plus de kilomètres industriels ? Quelles ont été les transformations de
que le consommateur n’en réalisera durant sa vie. Il l’industrie depuis un siècle et quelles sont les pers-
devient dès lors de plus en plus difficile de donner pectives futures ? Tes choix en tant que consom-
une identité géographique au produit. mateur peuvent-ils influencer les entreprises qui
L’augmentation de la quantité de biens industriels et produisent des biens ? La société de consommation
le rythme toujours plus rapide de production n’ont peut-elle ignorer les alarmes environnementales et
pu se faire qu’avec l’appui des consommateurs. Ces sociales liées à la production industrielle ?
C
A
La concentration
des activités
industrielles :
D’où proviennent
avantage ou
les objets que
inconvénient ?
je possède ?
Où localiser
la production
industrielle ?
64
D
Comment G
transporter
les produits
industriels ?
F
Quels sont
les impacts de
l’industrie du jouet
sur le monde ?
Quels sont
les critères
de choix des
consommateurs ?
65
A
D’OÙ PROVIENNENT LES OBJETS QUE JE POSSÈDE ?
Dans un premier temps, on se dit qu’il est simple de répondre à cette question. Il suffit de rechercher l’indi-
cation de la provenance, le fameux Made in... qui doit permettre d’identifier le lieu de fabrication. Mais
en creusant la question, on se rend compte que la réalité est beaucoup plus complexe et que la plupart
des produits n’ont pas un, mais plusieurs lieux de fabrication.
Jusqu’à la fin du XXe siècle, il était possible, la plu- De quoi a-t-on besoin pour fabriquerD un produit ?
part du temps, d’associer une ville, une région ou un Quelles sont les étapes de sa fabrication ? Pourquoi
pays à la fabrication d’un PRODUIT INDUSTRIEL. Son la fabrication est-elle dispersée en différents lieux ?
origine était connue et identifiable, car la très grande Quels sont les avantages et inconvénients de cette
majorité des étapes de fabrication se concentraient façon de produire ?
au même endroit.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’origine des objets
et des biens que nous possédons nous est souvent
inconnue, car les différentes étapes de fabrication
sont dispersées sur l’ensemble de la planète. Ainsi, PRODUIT
l’indication Made in China ou Swiss made n’ont plus INDUSTRIEL
grande signification aujourd’hui. Le PRODUIT FINI que Bien ou objet dont la fa-
brication en série (nombre
l’on trouve en magasin a voyagé à travers le monde, important de pièces iden-
passant entre les mains de nombreux travailleurs et tiques) nécessite des matières
travailleuses aux quatre coins du globe. premières, de l'énergie, du
travail humain et l’utili-
sation de machines.
1
PRODUIT
FINI
Produit final, prêt
à être distribué dans
le commerce.
66
De la production à la consommation d’un produit industriel
Le ballon Brazuca
Le 2 septembre 2012, les Brésiliens ont voté : par une écrasante majorité, le ballon de
la Coupe du Monde de football 2014 est baptisé Brazuca (brésilien en argot du Brésil).
2
Un ballon créé spécialement pour l’occasion
C’est au Pakistan que le ballon a été fabriqué, dans un village au nord-ouest du pays.
Cela peut paraître étonnant dans un État où l’équipe nationale de football n’occupe que
la 159e place mondiale. Cela n’empêche pas la région de bénéficier d’une longue tradition
dans la fabrication des ballons.
Lorsque Khawaja Masood Akhtar, PDG d’une entreprise pakistanaise riche d’une longue
expérience dans l’artisanat du cuir, a entendu que le fournisseur chinois d’Adidas ne
pouvait répondre à la demande, il a
immédiatement invité les dirigeants 3
de la firme allemande dans son usineD.
Après plusieurs conversations et ren-
contres avec ces derniers, Akhtar a
vu son rêve se réaliser : il fabriquera
les ballons officiels de la Coupe du
Monde 2014.
Dans cette usine où les ballons sont
créés, la plupart des travailleurs sont
des femmes qui soignent minutieuse-
ment chaque détail. Un travail manuel
énorme se cache derrière le ballon
coloré : différentes pièces le com-
posent, fixées et séchées à la main,
avec un séchoir traditionnel.
Adapté de « Les secrets de fabrication du
ballon Brazuca », 24heures.ch, 4.6.2014.
67
A
L’incroyable itinéraire d’un jean
La fabrication d'un jean nécessite des MATIÈRES PREMIÈRES. Elles entrent dans la
composition de différentes pièces ou matériaux qui seront ensuite assemblés
pour aboutir au produit fini, celui qui sera mis en vente dans un magasin et MATIÈRE
acheté par le consommateur. PREMIÈRE
Ressource naturelle d’ori-
gine minérale, végétale ou
animale, entrant dans la
composition d’un produit
ou servant à produire de
l’énergie.
5
Commençons par la fin : l’arrivée du jean dans un magasin
Dans le centre commercial d’Ipswich, au Royaume-Uni, se trouve le magasin
Cromwell’s Madhouse. Une pancarte vante des « grandes marques de jean à un prix
réduit ». Intéressons-nous à un jean, se nichant
parmi des dizaines d’autres identiques. Un Lee Coo- 6
per, modèle LC10. Du 100 % coton.
Mais aucune mention de l’origine, ce qui est sans
doute tout aussi bien, car que mettre si on la
connaissait vraiment ? Ce magasin est le terminus
d’un voyage dont les étapes, mises bout à bout,
feraient une fois et demie le tour du monde.
Ces jeans sont arrivés ici dans une camionnette
depuis un entrepôt du nord de Londres. Mais, avant,
ils ont traversé la Manche par le tunnel, dans un
camion et, avant cela encore, ils ont quitté la Tunisie
par train, puis par bateau.
68
De la production à la consommation d’un produit industriel
12
FilièreD de production industrielle Transport
Industrie 1: Industrie 4:
Stockage produit semi-fini assemblage
Matière
première 1
Matière
première 2 Industrie 2:
Stockage produit semi-fini Stockage Stockage
Industrie 3:
Matière Stockage produit semi-fini
première 3
69
B
OÙ LOCALISER LA PRODUCTION INDUSTRIELLE ?
La production industrielle est une des activités humaines dont la localisation répond à des critères de
choix bien précis. En effet, les paramètres qui interviennent dans les décisions liées à la production d’un
bien sont nombreux : matières premièresD, énergie, machines et outils, moyens de transport, marchéD,
sans oublier bien sûr les personnes travaillant tout au long de la filièreD. L’importance accordée à ces dif-
férents éléments a varié au cours du temps, faisant évoluer la localisation et l’aménagement des espaces
destinés à la production industrielle.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la localisation des sources le monde, destinée à des marchés souvent très éloi-
d’énergie et des matières premières, de même que gnés des lieux de production. Quels sont les critères
la présence de moyens de transport, étaient des retenus par les entreprises pour localiser leur pro-
facteurs déterminants dans le choix de localisation duction ? Comment la production industrielle a-t-elle
des lieux de production. Les usinesD étaient géné- évolué en un siècle ? Quel impact cela a-t-il pour les
ralement situées à proximité des voies navigables, travailleurs du secteur industriel ? Quelles modifica-
souvent au cœur même des villes. tions cela entraîne-t-il sur la localisation et l’aména-
Les bouleversements politiques, économiques et gement des espaces industriels ?
e
sociaux du XX siècle ont profondément modifié la
structure de la production industrielle et des entre-
prises. Le développement des transports et des télé-
communications, l’émergence de la classe moyenne MONDIALISATION
et une libéralisation du commerce ont permis aux Processus caractérisé par
entreprises industrielles de développer leurs activi- une augmentation de la circula-
tés à l’échelle de la planète, illustrant par là le phé- tionD des biens, des personnes,
nomène de MONDIALISATION. des informations etc. à l'échelle
mondiale. Il s’accompagne
La situation que nous connaissons aujourd’hui est d’une spécialisation des pro-
celle d’une production industrielle de plus en plus ductions à l’échelle régionale
spécialisée, dispersée en de multiples lieux à travers ou nationale.
tique.
70
1.0 2.0 3.0 4.0 De la production à la consommation d’un produit industriel
1.0 L’industrialisation se réalise autour des ressources minièresD (charbon, houille, fer, etc.)
et entraîne le développement de régions comme l’Angleterre, le nord de la France, la
Ruhr (Allemagne), la région des Grands Lacs (États-Unis) ou encore le Donbass (Russie).
15
17
71
B
3.0 Des conditions politiques et économiques favorables conduisent à une ouverture tou-
jours plus large des marchés à l’échelle mondiale. Dans un même temps, cela amène
une spécialisation des pays et des régions dans certains secteurs d’activité.
Le développement de l’électronique et de l’informa- 19
tique favorise la mise en réseaux (transports, commu-
nication) et l’automatisation.
L’expansion des entreprises s’accentue grâce à la
DÉLOCALISATION de la production.
18
20
72
1.0 2.0 3.0 4.0 De la production à la consommation d’un produit industriel
e
L’évolution de l’industrie au cours du XX siècle
L’industrie du début du XXe siècle est issue de la révolution industrielle 2.0. L’en-
semble de la filière, de la production à la consommation, est localisé dans les pays dits
industrialisés. La deuxième moitié du siècle est marquée par une transformation de la
structure de l’industrie. La production se
délocalise dans des pays émergents, alors 22
que la RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT Les critères qui comptent pour
et les marchés restent en grande partie une entreprise
localisés dans les pays industrialisés. La fabrication d’un produitD industriel nécessite :
– des ressources naturelles (matières premières, énergie) ;
– des ressources humaines (MAIN-D’ŒUVRE, savoir-faire) ;
– des ressources financières (capital) ;
MAIN-D’ŒUVRE
Ensemble de person- – des ressources techniques (usines, machines, outils) ;
nes qui participent – un marché pour écouler le produitD fini (consommateurs) ;
à la fabrication – un contexte politique et économique favorable (stabilité,
d’un bien. circulation des biens et des personnes).
1% des employés
5% des ventes
OCÉAN OCÉAN
PACIFIQUE PACIFIQUE
Indonésie
RECHERCHE ET
Namibie
DÉVELOPPEMENT
Thaïlande
(R & D)
Malaisie
Activités visant à créer
Brésil
de nouveaux produits ou
Chine à améliorer des produits
Pologne existants. Elles nécessitent
États-Unis des personnes hautement
Espagne qualifiées.
Corée du Sud
N.-Zélande
Suisse
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500 6000 6500 7000 7500
73
B
e
L'organisation de l'industrie au XXI siècle
Les grandes entreprises de production industrielle sont souvent des MULTINA-
TIONALES dont les activités s’étendent dans plusieurs pays. Le siègeD social MULTINATIONALE
(activités de gestion et de décision) ainsi que les activités de recherche et Entreprise dont les diffé-
rents secteurs d’activité
développement se situent la plupart du temps dans des pays du Nord, à proxi- (siège social, R & D, pro-
mité de hautes écoles et d’universités. Quant à leurs activités de production, duction) s’étendent
elles se localisent souvent dans des pays ou régions où les salaires sont bas. dans plusieurs
pays.
25 Localisation des sièges sociaux des plus grandes entreprises mondiales en 2018
71
84
5 21
OCÉAN 32
ATLANTIQUE
OCÉAN 6 OCÉAN
PACIFIQUE PACIFIQUE
OCÉAN
5 INDIEN
OCÉAN 5
ATLANTIQUE
5000 km
à l’équateur
plus de 50
Nombre de sièges sociaux des 250 plus grandes entreprises 21 à 50
La taille du cercle est proportionnelle au nombre de sièges sociaux. 11 à 20
5 à 10
La valeur exacte est indiquée pour les pays ayant au moins 5 sièges sociaux. 2à4
1
Source : Forbes, 2018.
Amazon
SILICON VALLEY
Apple Microsoft
Google 1 JAPON
2
CORÉE DU SUD
Facebook 3 Baidu
1.Yahoo!
2.Uber CANADA Xiaomi
3.Twitter RUSSIE Alibaba
ÉTATS-UNIS
CHINE
TAÏWAN
Tencent
ASIE (AUTRES)
MEXIQUE
EUROPE VIETNAM
TURQUIE IRAN INDE
THAÏLANDE
ISRAËL
ARABIE
Les principales entreprises de l’IA Les pays les plus propices SAOUDITE
Les géants du Web au développement de l’ IA
(capitalisation sup. à 400 milliards de $)
COSTA RICA Très favorable
Les géants du Web Favorable
(capitalisation inférieure à 100 milliards de $)
Assez favorable
AMÉRIQUE LATINE Les 100 startups les plus Peu favorable
prometteuses
Très peu favorable
COLOMBIE L’attractivité de la Silicon Valley Données insuffisantes
Principaux pays et régions d'origine des
étrangers employés dans la Silicon Valley Sources : Techworld (2018), CB Insights (2018), McKinsey Global Institute (2017),
BRÉSIL OCDE (2017), AI Index (2017), Silicon Valley Index (2016)
74
1.0 2.0 3.0 4.0 De la production à la consommation d’un produit industriel
27 Réseau mondial de l’entreprise Apple pour la production d’un téléphone intelligent, 2017
Suède
Allemagne
Silicon Valley
(Californie)
États-Unis OCÉAN
ATLANTIQUE Italie Japon
OCÉAN
PACIFIQUE Israël Chine
OCÉAN
PACIFIQUE
Taïwan
Singapour
OCÉAN
INDIEN
OCÉAN
ATLANTIQUE
Assemblage
des composants du produit fini
Source : Apple, Supplier list 2016.
28
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) est une organisation internationale
qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Elle compte plus de
160 membres et représente 98% du commerce mondial.
Elle sert de cadre pour la négociation d'accords commerciaux. Les accords de l'OMC,
signés par la majeure partie des puissances commerciales du monde, ont pour
objectif de favoriser autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté
des échanges.
Adapté de wto.org
29
Paradis fiscaux
Certaines entreprises veulent payer le moins d’impôts possible sur leur revenu (chiffre d’affaires),
dans le but d’augmenter leur bénéfice (profit). Elles délocalisent leur siège social (souvent une
simple boîte aux lettres) dans des pays où la fiscalité est avantageuse (taux d’imposition très bas).
Ces pays sont appelés des paradis fiscaux.
George Town, capitale des îles Caïmans. Boîtes aux lettres d’entreprises à George Town.
75
C
LA CONCENTRATION DES ACTIVITÉS INDUSTRIELLES :
AVANTAGE OU INCONVÉNIENT ?
Depuis le XIXe siècle déjà, les activités industrielles se regroupent autour de certains lieux en particulier,
créant ainsi des espaces plus ou moins vastes tournés vers ce type d’activités. Cette spécialisation de
l’espace répond aux besoins des industries et leur procure des avantages. Toutefois, ce phénomène de
concentration sur un espace limité présente aussi des inconvénients.
76
De la production à la consommation d’un produit industriel
33 34
La ville de Tianjin Tianjin Ancien port fluvial
Tianjin est une agglomération de de Tianjin
15 millions d’habitants (2016), située
au bord de la mer Jaune. Elle est consti-
tuée de la ville ancienne de Tianjin, qui
accueillait depuis l’Antiquité un port Binhai
fluvial relié à la mer. À la fin du XXe
siècle, l’essor industriel de la région a
conduit au développement d’une ville
Infrastructures
nouvelle, Binhai, et d’un port maritime portuaires du nou-
situé sur le littoralD. Le nouveau port veau port maritime
de Tianjin joue le rôle d’INTERFACE de Tianjin
entre la mer et l’intérieur des terres.
En 2017, le volume de conteneursD
transitant par ce port le plaçait au 10e
20 km
rang mondial. Beijing (Pékin), capitale
INTERFACE
de la Chine, se trouve quant à elle à Zone de contact entre
140 km à l’intérieur des terres. Image satellite de Tianjin,
deux espaces distincts. Chine, 2016.
Un port maritime est l’inter-
BEIJING
face entre la mer et l’inté-
rieur des terres. C’est par lui
CHINE
Tianjin que transitent les biens
Mer et les personnes.
Jaune
77
C
Tianjin : un pôle industriel attractif
L’emplacement stratégique du nouveau port maritime de Tianjin, interface entre la
façade maritime et l’arrière-pays, attire de nombreuses activités industrielles (aviation
et aérospatiale, biotechnologie, métallurgie, communication, énergie, etc.). Les entre-
prises trouvent des avantages à s’implanter dans un environnement où les infrastruc-
tures et les services présents facilitent leur développement.
Manzhouli
Alashankou
Urumqi Erenhot
Baotou Zhangjiakou
Beijing Pinggu
Beijing Chaoyang
Shizuishan
Port deTianjin
Taiyuan
Xi'an
Chengdu
Zone
industrielle
aéroportuaire Zone
Zone touristique
industrielle de Binhai
de haute-
technologie
Zone indus-
trielle
métallurgique Centre
d’affaires
de Yujiapu
Terminaux
pour liquides
ARRIÈRE-PAYS : zone continentale Zone de développe-
ment futur du port
plus ou moins éloignée d'une côte,
Zone logistique (trans-
approvisionnée par un port. fert des conteneurs)
Rails
PORT SEC : terminal connecté Routes
Zone
par route ou par rail à un port industrielle 10 km Limites du port
maritime, permettant de transférer de Nangang
78
De la production à la consommation d’un produit industriel
Grue sur
ponton
40
41
Alstom s’installe sur la zone économique de l’aéroport de Binhai Tianjin
Mais pourquoi ouvrir une usine aussi importante en Chine, plutôt qu'en France ?
« La Chine représente aujourd'hui près de la moitié des programmes d'équipe-
ments hydrauliques dans le monde. En nous basant à Tianjin, nous pouvons
répondre aux offres chinoises en termes de qualité, technologie, prix et proxi-
mité », explique Patrick Kron, PDG d'Alstom, qui possède également deux
grosses usines en Inde et au Brésil. Les turbines et alternateurs, qui pèsent
des centaines de tonnes, sont plus faciles à transporter dans un rayon réduit.
Adapté Caroline Puel, « Chine : Alstom ouvre sa plus grande usine mondiale »,
lepoint.fr, 17.9.2013. Pont roulant dans le port
de Tianjin
79
C
Tianjin : une concentration industrielle source de dangers
et de NUISANCES
42
Accident industriel
Le 12 août 2015, en Chine, deux ou trois
fortes explosions ont eu lieu pendant la
nuit, faisant trembler la zone portuaire BEIJING
et industrielle de Tianjin. En cause : Le 12 août 2015,
des substances explosives et mortelles des explosions
comme du cyanure qui ont touché des
centaines de personnes et contaminé les tuent 173 personnes
milieux. Alors que des zones d'ombre et en blessent près
15 de 800.
demeurent sur la légalitéD et la sécurité 0k
m
de ces stockages, les riverains du port
s'inquiètent des risques sanitaires d'une
telle catastrophe. L'eau environnante
connaît déjà des taux de cyanure très Centre de
importants qui ont probablement causé Tianjin 47 km Port
la mort de milliers de poissons. de Tianjin
Adapté de « Importantes explosions dans le
port de Tianjin (Chine) : quelles conséquences 20 km
sanitaires et environnementales ? »,
notre-planete.info, 28.9.2015.
43
44
45
80
De la production à la consommation d’un produit industriel
47
46
NUISANCES
Éléments qui ont un
effet négatif sur la san- Harbin
té et le bien-être de la
population (pollution
Shenyang
atmosphérique, bruit, Beijing
odeurs, etc.). Tianjin
IMPACT SUR LA SANTÉ
Lanzhou
Impact fort
Shanghai
Chengdu
Impact modéré Wuhan
Chongqing
Impact faible
Zones non Source
monitorées Guangzhou
: Berkeley Earth. Kuoming
Hong Kong
1000 km
49
Airpocalypse
De nombreuses villes du nord de la Chine, dont Beijing et Tianjin, avaient décrété
vendredi dernier une « alerte rouge », un mécanisme déclenché lorsque des taux
élevés de pollution sont attendus pendant
plus de 72 heures d’affilée. La concentration
de microparticules PM2.5 (les plus dange-
reuses) était très supérieure aux recomman-
dations de l’Organisation mondiale de la
Santé. L’alerte permet d’enclencher la circu-
lationD alternée des automobiles et de fermer
les écoles.
La province du Hebei, cœur des industries
polluantes (acier, verre, ciment, aluminium),
subit chaque année des pics de pollution
atmosphérique au début de l’hiver, lors de
la mise en route du chauffage au charbon.
Adapté de Raphaël Balenieri, « En Chine, la semaine
la plus smog », liberation.fr, 22.12.2016. Pollution atmosphérique, Beijing, Chine, 2015.
81
D
TOUTES LES INDUSTRIES PRODUISENT-ELLES
LA MÊME RICHESSE ?
Depuis quelques décennies, la plupart des biens courants que nous achetons sont produits dans des usinesD
situées dans des pays lointains. L’Asie de l’Est et du Sud-Est représentent une part importante de cette
production industrielle, au point que l’on surnomme cette région « l’atelier du monde ». Dans le même
temps, les pays riches ont vu évoluer leur tissu industriel, avec notamment la disparition des anciennes
industries traditionnelles qui avaient fait leur renommée et leur richesse.
Les entreprises industrielles cherchent à diminuer Toutefois, l’industrie n’a pas totalement disparu dans
leurs coûts de production pour augmenter leurs pro- les pays riches. De nouvelles industries liées à cer-
fits. Dans ce but, certaines n’ont pas hésité à déloca- tains secteurs particuliers se sont développées, tan-
liser leurs usines dans d’autres régions du monde, là dis que d’anciennes industries traditionnelles pour
où la main-d’œuvreD coûte moins cher et les normes lesquelles les critères de coût de production ne sont
sont moins sévères en matière de protection des tra- pas prioritaires ont subsisté.
vailleurs et de l’environnement. Le coût négligeable Quels types de bien sont encore produits dans les
du transport maritime a favorisé cette tendance. pays riches ? Pourquoi la production de certains
Ceci n’a pas été sans conséquences sur les anciennes biens n’est-elle pas délocalisée ? Quel intérêt y a-t-il
régions industrielles (sidérurgie, automobile, etc.) qui à conserver une production industrielle dans un pays
ont alors vu leurs usines fermer, leur taux de chô- riche ?
mage exploser et leur climat économique et social
se dégrader.
50
82
De la production à la consommation d’un produit industriel
OCÉAN
ATLANTIQUE
OCÉAN OCÉAN
PACIFIQUE PACIFIQUE
équateur
OCÉAN
INDIEN
OCÉAN
ATLANTIQUE
52
Comment catégoriser les différents niveaux de richesse des pays
du monde ?
On se base le plus souvent sur des indicateurs tels que le PIBD (produit intérieur brut) ou l'IDHD
(indice de développement humain) pour évaluer le niveau de vie d'un pays.
Il existe différentes expressions pour qualifier les pays qui ont un niveau de vie élevé. On parle
de « pays riches », de « pays du Nord », de « pays développés » ou « industrialisés ».
À l’inverse, pour ceux dont le niveau de vie est moins élevé, on parle de « pays pauvres », de
« pays du Sud », de pays « en développement » ou « émergents ».
Aucune de ces expressions n'est satisfaisante. Basées sur des moyennes statistiques, elles
donnent une image réductrice des pays, car elles ne permettent pas de décrire la variété et la
disparité de richesse, que cela soit à l'échelle d'un pays ou à celle du monde.
83
D
La part de l’industrie dans différents pays du monde
L’industrie n’a pas le même poids économique dans tous les pays du monde. Parfois,
elle est la principale source de richesse d’un pays, dans d’autres elle occupe une place
moins importante. De plus, la place occupée par l’industrie dans l’économie d’un pays
évolue au cours du temps.
53
Les trois secteurs économiques produisant de la richesse
Secteur primaire : il comprend la collecte et l’exploitation directe des ressources
naturelles issues du sous-sol et de l’agriculture, ainsi que l’exploitation forestière
et la pêche.
Secteur secondaire : il regroupe les industries liées à la transformation de matières
premièresD issues du secteur primaire. Exemples : industries automobile, du bâti-
ment, chimique, énergétique, pharmaceutique, électronique, textile, etc.
Secteur tertiaire : regroupe toutes les autres activités économiques, appelées les
services. Exemples : assurances, banques, commerce, formation, informatique, méde-
cine, recherche, télécommunications, tourisme, etc.
54 Richesse produite par l’industrie en 2016 (par hab.) 55 Part de l’industrie dans la richesse nationale en 2016
En dollars américains. Source : Banque mondiale, 2016. % de l’industrie dans le PIB. Source : Banque mondiale, 2016.
25 000 50%
45%
20 000 40%
35%
15 000 30%
25%
10 000 20%
15%
5 000 10%
5%
0 0% o
o
a
se
e
e
se
g
ny
g
in
ny
in
si
po
si
po
is
To
is
To
né
né
Ch
Ch
Ke
Ke
Su
Su
Ja
Ja
do
do
In
In
60%
50%
INDONÉSIE
40%
30%
JAPON
20%
10%
0%
1970 1980 1990 2000 2010
84
De la production à la consommation d’un produit industriel
57
59 Production de vêtements,
Indonésie, 2013
60
85
D
L’industrie dans les pays riches
L’Europe et la Russie, ainsi que l’Amérique du Nord se sont industrialisées au XIXe siècle.
Une grande partie des industries de l’époque (minièreD, textile, métallurgique, auto-
mobile, etc.) nécessitent des savoir-faire ou des technologies relativement simples et
ont donc pu être délocalisées à la fin du XXe siècle. Par contre, ces régions ont conservé
des industries à haute valeur ajoutée et, de plus, elles ont vu émerger de nouvelles
industries.
61 62
63 64
65 66
67 68
86
De la production à la consommation d’un produit industriel
70
USINE
Lieu dans lequel des
biens sont fabriqués par
de la main-d'œuvre, à
l’aide de machines qui
sont parfois automa-
tisées.
71
87
E
COMMENT TRANSPORTER LES PRODUITS INDUSTRIELS ?
Depuis les années 70, la quantité de marchandises transportées à travers le monde double tous les dix ans.
De nos jours, d’innombrables cargos, trains, avions et camions sillonnent quotidiennement la planète.
Cette augmentation spectaculaire des fluxD de transport ne semble pas près de ralentir.
Par le passé, le transport des marchandises (matières Ainsi, les biens que nous consommons viennent sou-
premièresD ou produitsD finis) représentait un coût vent de très loin et ont parcouru un long voyage,
important pour les entreprises et déterminait donc alternant différents MODES DE TRANSPORT.
la localisation de celles-ci. Ce n’est cependant plus Pourquoi le transport maritime a-t-il autant de suc-
le cas aujourd’hui. De nos jours, la part du transport cès ? Quels sont les lieux stratégiques des flux du
sur le coût total d’un produit fini est très souvent transport mondial ? Comment faire pour atteindre
insignifiante. les régions les plus reculées du globe ? Le rail pour-
La mondialisationD de l’industrie a eu un impact sur ra-t-il bientôt concurrencer le cargo entre la Chine
les transports. Production et consommation ne sont et l’Europe ?
plus concentrées dans un périmètre restreint, mais
dispersées à travers le monde. Il a fallu organiser les
transports de façon à acheminer matières premières, MODE DE
produits semi-finis et produits finis d’un lieu à un TRANSPORT
autre. Indique le type de transport
utilisé : maritime, aérien,
ferroviaire, routier, fluvialD,
etc. Chaque mode de trans-
72 port nécessite des infra-
structuresD qui lui sont
propres.
88
De la production à la consommation d’un produit industriel
73
Les passages stratégiques
Pour le transport maritime, les extrémités des conti-
nents qu’il fallait contourner ont longtemps joué le
rôle de passages stratégiques : c’était le cas du cap
Horn et du cap de Bonne-Espérance. Aujourd’hui, des
canaux creusés artificiellement permettent de relier
certains océans et mers entre eux : c’est le cas du canal
de Panama (1914) et de celui de Suez (1869).
Pour le transport terrestre, la configuration du terrain
(isthmes, cols, fonds de vallée, détroits) représente
des obstacles physiques qui peuvent être surmontés
par la construction de tunnels, de ponts ou l’utilisation
de transbordeurs (ferries).
Canal de Suez, Égypte, 2007.
75
74 Flux et passages
Tunnel sous la Manche,
France – Royaume-Uni.
OCÉAN ARCTIQUE
Pas de
Calais Rotterdam
New-York
Canal de Suez
Détroit de
Houston Gibraltar Détroit
d’Ormuz Shanghai
Ningbo
OCÉAN
PACIFIQUE
Canal de
Panama Détroit de Singapour
Bab-el-Mandeb
Détroit
de Malacca
OCÉAN
PACIFIQUE OCÉAN
OCÉAN INDIEN
ATLANTIQUE
Cap de
Bonne-Espérance
Ports accueillant un trafic de plus de 200 millions de tonnes Routes maritimes principales
Passages stratégiques (détroits, canaux) Routes maritimes secondaires
Travaux d’agrandissement des canaux en cours Passage du Nord-Est
Zones de conflits (piraterie ou conflits de frontièresD maritimes) Passage du Nord-Ouest
89
E
77
Transport fluvial :
la barge et la péniche
Dans certaines régions du monde, une part
importante des marchandises est transportée
sur des cours d'eau ou des canaux.
Les péniches ou les barges, bateaux étroits
de faible tirant d'eau, permettent de trans-
porter de très grandes quantités pour des
coûts très faibles. Mais elles sont lentes et
ne peuvent atteindre que les lieux reliés au
réseau de canaux. De ce fait, ce mode de
transport n'est utilisé que dans le Centre-
Nord de l’Europe (Pays-Bas, Belgique, France,
Péniche porte-conteneurs
Pologne, Allemagne jusqu'au port suisse
à Ho Chí Minh Ville (Vietnam). de Bâle), où le relief plat lui est favorable.
On trouve également des voies navigables en Russie,
en Chine, aux États-Unis et en Amérique du Sud.
90
De la production à la consommation d’un produit industriel
78
Transport ferroviaire : le train de marchandises
Les premières voies ferrées ont été conçues au XIXe siècle, en pleine révolutionD industrielle,
pour transporter les matières premières et les marchandises produites dans les usines.
Alors qu’il s’agit d’un mode de transport peu coûteux et relativement rapide, il n’a pas connu
le même développement que le transport maritime, car il présente certains inconvénients :
des difficultés administratives (passage des frontières, droits de douane), des obstacles tech-
niques (écartement des voies ferrées variant d’un
pays à l’autre) et moins de flexibilité que le trans-
port routier (certaines régions reculées ne sont pas
desservies par le train).
Certains pays cherchent à mettre en valeur le trans-
port ferroviaire. La Suisse encourage le transport
intermodal (ferroutage) à travers le pays. La Chine
quant à elle a récemment inauguré une nouvelle
ligne de trains-cargos (trains transportant des conte-
neurs) reliant la Chine à l’Europe continentale en
14 jours.
79
Transport routier : le camion
Le camion circule partout ou presque. Une simple route, même non goudronnée, lui
suffit pour aller livrer dans les déserts les plus isolés et les vallées les plus reculées.
Il ne dépend d'aucun horaire et peut parcourir plus de
1000 km par jour.
Grâce à cette flexibilité, il est devenu le principal
mode de transport de marchandises sur des distances
courtes et moyennes. Cependant, sa charge est très
limitée, ce qui peut générer un trafic de poids lourds
très important sur les grands axes des régions den-
sément peuplées (Asie de l’Est, Europe, côte Est des
États-Unis), avec son cortège de nuisancesD : bruit, pol-
lution, risques d'accident, dégâts aux routes, embou-
teillages, etc.
Camion transportant un
conteneur en Égypte.
80
Transport aérien : l’avion-cargo
L'avion-cargo reste un mode de transport très cher,
réservé aux marchandises à livrer en urgence ou dont
la valeur est très importante par rapport au poids
(produits de luxe, courrier, aide en cas de catastrophe,
etc.).
Pourtant, certaines compagnies se sont spécialisées
dans les vols d'avions-cargos, avions sans hublots,
chargés uniquement de marchandises. Le plus gros
avion du monde, l'AN-225, est un avion-cargo.
91
E
Conteneurs et intermodalitéD
Le conteneur, boîte métallique servant au transport de marchandises, a été imaginé
en 1956 aux États-Unis et son usage s’est généralisé à partir de 1966. Ses dimensions
sont standardisées (6 ou 12 mètres de longueur x 2,4 mètres de largeur x 2,6 mètres de
hauteur), ce sont les mêmes partout dans le monde. Il peut être facilement transbordé
d’un mode de transport à l’autre. Il a été créé pour faire face à la très forte augmentation
du transport de marchandises et pour simplifier les RUPTURES DE CHARGE.
Dalian
Tianjin
Malte (Freeport) Busan
Qingdao
Algésiras
Détroit de
Bab el Mandeb
Port
Kelang
OCÉAN
ATLANTIQUE Détroit de
OCÉAN Malacca
INDIEN
Ports
Routes Aller 4000 km (au tropique du Cancer)
maritimes Retour RUPTURE Source : CMA CGM.
DE CHARGE
Transfert de marchandises
d’un mode de transport à
82 Les douze plus grands ports à conteneurs, un autre. L’utilisation d’un
en 2016 (milliers de conteneurs EVP) conteneur standardisé facilite
les transferts et diminue le
Shanghai Chine 37 133 coût et le temps de
transport.
Singapour Singapour 30 903
Ningbo-Zhoustan Chine 21 560 83 Évolution des dimensions des porte-conteneurs depuis 1970
Source : Allianz.
Busan Corée du Sud 19 850
La longueur du Triple E
est équivalente à 2 terrains de
EVP : équivalent vingt pieds. Correspond football, 2 patinoires et 2 terrains
au volume d’un conteneur de 6 x 2,4 x de basket combinés.
2,6 mètres.
92
De la production à la consommation d’un produit industriel
ALLEMAGNE
BELGIQUE BÉLARUS
FRANCE RUSSIE
POLOGNE
ROYAUME- Départ du 1er train
UNI de fret du port
Moscou de Londres-Gateway
Photo : Isabel Infantes
KAZAKHSTAN
Berlin
Port Varsovie Astana
de conteneurs
de Londres-Gateway
Départ : 10 avril Urumqi
CHINE
Voyage : 18 jours pour 12 000 kilomètres.
Xian Yiwu
32 conteneurs transportant du whisky, des boissons, des médicaments.
Arrivée prévue
Longueur du train : 600 mètres. le 27 avril
Sources : Project Cargo Network, médias britanniques.
93
F
QUELS SONT LES CRITÈRES DE CHOIX
DES CONSOMMATEURS ?
Dans notre vie quotidienne et notre société en particulier, le fait d’acheter un bien est un acte qui nous
semble presque banal. Cependant, derrière ce besoin ou cette envie de CONSOMMATION se cachent de très
nombreux critères qui nous poussent à choisir tel produit plutôt qu’un autre.
Les entreprises qui produisent des biens ont pour pour mission d’informer et de mettre en garde les
objectif de les vendre. Elles nous poussent donc à la consommateurs afin que l’acte d’achat se réalise en
consommation en utilisant différentes stratégies de toute connaissance de cause.
MARKETING pour attirer le client. Tel consommateur À quels critères les consommateurs sont-ils sen-
sera sensible à la publicité et à l’image véhiculée sibles ? Les stratégies de marketing peuvent-elles
par une marque, tel autre accordera de l’importance piéger le consommateur ? Les valeurs auxquelles les
aux conditions dans lesquelles le bien a été produit. consommateurs sont sensibles sont-elles en train
Notre société est qualifiée de société de consomma- d’évoluer ? Comment développer une conscience
tion. L’acte d’acheter et de posséder des biens dont permettant de devenir un consommateur respon-
nous n’avons pas forcément l’utilité fait partie de nos sable ?
pratiques. L’attrait de la nouveauté, le besoin d’être
valorisé à travers ce que nous possédons peuvent
même parfois nous entraîner dans la surconsom-
mationD et ses effets pervers (endettement, achats
compulsifs, etc.). Certains organismes se donnent CONSOMMATION
Acte d’acheter et d’utiliser
un bien, celui-ci pouvant
être indispensable ou
88 superflu.
MARKETING
Ensemble de techniques
visant à attirer et fidéliser
la clientèle. Exemples : la
publicité, les promotions,
l’image de la marque,
etc.
94
De la production à la consommation d’un produit industriel
89
Dans le Grand-Nord
Magasin d’optique.
91 Norme CED pour les lunettes de soleil
Classe Perméabilité Conditions Utilisation
à la lumière météorologiquesD
95
F
92
Publicité déguisée ?
Je me suis penchée pour vous sur un accessoire estival : les lunettes. Et j’ai été totalement
séduite par la nouvelle collection des montures Faniel lors de leur présentation aux médias.
Ces lunettes haut de gamme et innovantes sont aussi charmantes que leur créatrice qué-
bécoise (Canada). Elle a pensé de A à Z un cycle de fabrication écolo et une méthode de
stylisme-visagisme unique pour que vous trouviez la monture qui vous convient. En fonction
de la couleur de votre peau, de vos cheveux et de vos yeux, vous serez guidée vers les lunettes
parfaitement en accord avec votre morphologie et votre personnalité.
Autre bon point : en plus d’être originales, colorées et un brin rétro, les montures Faniel sont
100 % recyclées (exemple de matériaux utilisés : fils de laine, copeaux de cuivre, etc.) et elles
sont fabriquéesD au Canada. Du très haut de gamme à prix raisonnable.
Adapté de zurbaines.com
93
95
96
De la production à la consommation d’un produit industriel
Le marchéD de la CONTREFAÇON
La contrefaçon est un marché parallèle qui génère des milliards de francs de revenus. Il
concerne des biens issus de différents secteurs : textile, chaussures, montres, médica-
ments, jouets, etc. La contrefaçon nuit à l'image des marques et peut mettre en danger
les consommateurs.
97
96
Les douanes chiliennes, en collaboration avec des services
de renseignements internationaux, ont saisi 280 000 paires
de fausses lunettes de soleil dans un cargo en provenance
de Chine. Elles étaient destinées à un importateur chilien de
Santiago (Chili).
Ces contrefaçons qui nuisent aux marques de lunettes,
peuvent aussi causer, par la mauvaise qualité des verres, de
graves dommages à la santé des personnes.
Traduit et adapté de aduana.cl
98
Campagne française
pour lutter contre les
contrefaçons, 2009.
CONTREFAÇON
Reproduction ou imitation
d’un bien, en laissant croire
au consommateur que le
bien est authentique. La
contrefaçon est un délit et le
Destruction de contrefaçons de consoles et de télé- consommateur qui en achète
phones mobiles saisis par la douane, France, 2016.
est punissable par la loi.
des médicaments
achetés en ligne INDE P Thaïlande
sont des contrefaçons Nigeria P Génériques Produits dopants
illicites
et 94% des pharmacies
Kenya
Singapour
actives sur internet sont
Amérique
illégalesD du Sud
Afrique
du Sud EXPORTATIONS VERS LES PAYS DU SUD
700 000 morts Médicaments antidiarrhéiques,
aspirine, médicaments contre
par an sont dues, dans le le diabète, la tuberculose, le sida,
monde, à la contrefaçon de etc.
médicaments contre le P Production Transit
Vente dans la rue ou sur
paludisme et la tuberculose Reconditionnement Destination les marchés.
et logistique
Source : ASK media.
97
F
100
Mais pourquoi donc choisir du coton biologique ?
La culture du coton traditionnel est l’une des cultures les plus polluantes au monde.
Elle utilise plus de 20 % des pesticides agricoles pour seulement 2,5 % des surfaces
agricoles. Selon l’Organisation mondiale de la santé, chaque année, un million de
personnes sont intoxiquées par ces pesticides et près de 22 000 en meurent.
La culture du coton bio se fait sans pesticides ni produits chimiques. Elle favorise
la biodiversitéD des écosystèmesD en améliorant la qualité des sols qui nécessitent
souvent moins d’irrigationD. En revanche, le coton
bio coûte plus cher parce qu’il demande davantage
de temps et de compétences pour le produire.
Ce sont les raisons qui me poussent à choisir du
coton biologique. Que ce soit pour les draps de
la maison, les vêtements des enfants, je n’ai pas
peur de mettre un tout petit peu plus cher. Je dors
la conscience plus tranquille, sachant que ma pla-
nète s’en porte mieux, qu’aucun travailleur ne s’est
intoxiqué à travailler mes tissus et que mes enfants
ne portent pas à même leur peau fragile des tissus
remplis de produits chimiques.
Adapté de vertquivive.com
101
Le 24 avril 2013, le bâtiment du Rana Plaza s’ef-
fondrait, à Dacca, capitale du Bangladesh, pro-
vocant la mort de 1127 ouvriers de l’industrie
textile. L’immeuble abritait plusieurs ateliers
de confection, travaillant pour des marques de
vêtements internationales. Ce drame a aidé à la
prise de conscience des consommateurs occi-
dentauxD des limites de la fast fashion (produire
loin à bas coût des vêtements si bon marché et
parfois de si piètre qualité qu’ils sont perçus
comme « jetables »). Une mode plus éthique
est devenue une priorité pour beaucoup. Cette
quête de transparence amène les marques à
évoluer.
Adapté de « L’effondrement du Rana Plaza, symbole Les familles des victimes de l’accident du
des abus de la fast fashion », lexpress.fr Rana Plaza demandent justice, 2016.
98
De la production à la consommation d’un produit industriel
102
Obsolescence programmée
L'obsolescence programmée, un système ima-
103
giné en 1932 afin de stimuler la consomma-
tion, est vue aux États-Unis comme un moyen
de régler la crise économique de l’époque. La
pratique se généralise dans les années 50. À
la même époque, Brooks Stevens, un designer
industriel, introduit la notion de mode pour les
objets du quotidien : « ... inculquer à l’acheteur le
désir de posséder quelque chose de plus récent,
un peu meilleur et un peu plus tôt que ce qui
est nécessaire ».
Source : commentreparer.com
104
Que deviennent nos millions de téléphones, d’ordinateurs ou de tablettes devenus obso-
lètes ? Une partie de ces équipements électroniques est collectée par une filière de traite-
ment des déchets. Un très petit nombre est réparé. Et des milliers de tonnes sont envoyées,
illégalement, vers les décharges d’Afrique ou d’Asie.
« Après Noël, il y a toujours plus de déchets électroniques qui arrivent. Les gens achètent du
nouveau matériel et jettent l’ancien. Du coup, plus de gens travaillent sur les décharges ici »,
explique Mike Anane, journaliste ghanéen. « Dans la décharge d’Agbogbloshie, 10 000 per-
sonnes en moyenne s’occupent du démantèlement
des déchets électriques et électroniques. »
« Au début, ces déchets arrivaient par demi-camions.
Le phénomène a explosé ces huit dernières années. »
Aujourd’hui, il évalue à 500 le nombre de conte-
neursD qui arrivent tous les mois au port ghanéen
de Tema. Sur place, dans les décharges à ciel ouvert,
les équipements sont démantelés, une partie récu-
pérée, le reste brûlé, sans protection suffisante
pour les travailleurs du site. Avec des conséquences
désastreuses pour les populations locales : le site
d’Agbogbloshie est classé parmi les dix endroits les
plus pollués au monde, selon le classement effectué
par l’ONGD suisse Greencross et l’institut améri-
cain Blacksmith. « Les déchets électroniques sont
toxiques. Ils contiennent des substances cancéri-
gènes », rappelle le journaliste ghanéen. La décharge d’Agbogbloshie,
Ghana, 2017.
Adapté de Rachel Knaebel, « Comment l’Europe fait passer
ses déchets informatiques pour des dons humanitaires »,
notre-planete.info, 4.2.2014.
99
G
QUELS SONT LES IMPACTS DE L'INDUSTRIE DU JOUET
SUR LE MONDE ?
Un jouet ? Son évocation fait briller les yeux des enfants et des adolescents... Souvent reçu en cadeau à
Noël, pour son anniversaire ou à d’autres occasions, ce bien se décline sous de multiples formes adaptées
aux intérêts et à l’âge de chacun. Ce jouet qui fait rêver est avant tout un produitD industriel qui occupe
une place importante dans l’économie mondiale.
De la première peluche offerte au bébé jusqu’aux Lorsque le jouet est cassé, ou qu’il n’est plus adapté
consoles de jeux appréciées des jeunes (et des moins à l’âge de l’enfant, il est souvent jeté à la poubelle.
jeunes), en passant par les grands classiques que Le monde magique du jouet et des jeux représente
sont les petites voitures, les poupées, les puzzles, un marchéD d’environ 80 milliards de francs. Derrière
les jeux de société, il y en a pour tous les goûts et à le rêve et les étoiles, il y a une réalité complexe qu’il
tous les prix. convient de découvrir. Quels matériaux sont utili-
Comme pour tout autre produit industriel, la création sés pour les fabriquer D ? Dans quelles conditions
d’un jouet débute par une phase de recherche et de les jouets sont-ils produits ? Sont-ils sans danger
développement. Quant à sa fabrication, elle nécessite pour ceux qui les produisent et les consomment ?
des matières premièresD et un travail de transfor- Qu’arrive-t-il une fois que le jouet est cassé et qu’il
mation de celles-ci pour aboutir au produitD fini. Le est jeté ?
jouet est ensuite acheminé jusqu’au consommateur.
105
100
De la production à la consommation d’un produit industriel
107 108
Rainbow Loom
Les bracelets à la mode en 2014 ont fait l'objet d'une analyse
de la part d'un laboratoire britannique (Analycal Laboratory).
La présence de grandes teneurs de phtalates, (caoutchouc can-
cérigène pouvant provoquer des troubles de la reproduction)
a été remarquée dans
certaines marques à
petit prix. Les embal-
lages portant la men-
tion CED respectent la
réglementation euro-
péenne, mais rien n'as-
sure que les jeunes ne Information aux parents concer-
se les échangent pas. nant les jouets
Adapté de leparisien.fr
Concernant les jouets, les labels
contrôlés de manière indépendante
sont peu nombreux, ce qui rend dif-
ficile l’achat de produits plus sûrs.
Avec ce petit guide, WECF (Associa-
tion Women in Europe for a Common
109 Future) informe sur les substances
Pourquoi favoriser des jouets fabriqués chimiques les plus dangereuses que
en coton biologique ? l’on peut trouver dans les jouets, et
vous donne des conseils pratiques
Le coton biologique est cultivé sans engrais chimique ni pes-
pour mieux les éviter.
ticide. Sa fibre est blanchie à l’eau oxygénée et non au chlore.
Adapté de wecf.eu et tyattitude.com
Les teintures sont réalisées sans métaux lourds ou autres subs-
tances cancérigènes.
Adapté de « L’essor des jouets pour l’environnement »,
consoglobe.com, 8.10.2008.
101
G
Le cycle de vie d'un produit
Pour le consommateur, la vie d'un jouet s'arrête au moment où il est jeté à la poubelle.
Face à l'ampleur des déchets à éliminer, des entreprises cherchent des solutions pour
fabriquer des jouets avec des matériaux durables et recyclables. Mais le consommateur
a lui aussi un rôle à jouer en privilégiant d'autres solutions comme le troc et le don, un
jouet dont un enfant s’est lassé peut ainsi faire le bonheur d’un autre.
Distribution
Recyclage
Consommation
112
La traçabilité du jouet
Chaque jouet doit dorénavant être accompagné
de sa « carte d’identité ». Cela permet d’identifier
l’ensemble de la chaîne de production, de l’ori-
gine des matières premières du jouet jusqu’au
nom de l’usineD où il a été fabriqué. Quant au
marquage « CE », il doit figurer directement sur
le produit ou sur son étiquette et non plus seu-
lement sur son emballage. « L’objectif est de per- Affiche pour un marché aux jouets, 2018.
mettre au consommateur de savoir d’où vient le
jouet », explique Serge Milon, expert jouets à la
SGS (Société Générale de Surveillance), leader 114
mondial de l’inspection et de la certification. Lego : pour une briquette durable
Le nouveau texte répartit la responsabilité entre Lego n’utilise pas moins de 6000 tonnes de plas-
fabricants, distributeursD et importateurs dans tique chaque année pour fabriquer ses jouets.
un secteur où plus des trois quarts des produits Dans une démarche de développement dura-
sont fabriqués en Chine. La responsabilité, en ble, le groupe annonce vouloir réduire son em-
matière de qualité et de sécurité, est désormais preinteD carbone en développant des matériaux
partagée. Elle n’incombe plus seulement aux composites plus respectueux de l'environnement.
fabricants. « Fabriquer à moindre coût a pu ame- « Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte
ner à faire des compromis au détriment de la lorsqu’il s’agit de mesurer l’impact d’un maté-
sécurité, commente Serge Milon. C’est un moyen riau sur l’environnement, reconnaît aujourd'hui
de tirer la qualité et la sécurité des produits vers Jørgen Vig Knudstorp, directeur général de Lego.
le haut, en appliquant de bonnes pratiques. » Il y a la composition de la matière, la façon dont
Adapté de Karen Lentschner, « Bruxelles impose on l’achemine et ce qu’il advient lorsque le pro-
la traçabilité des jouets », 19.8.2011. duit arrive en fin de vie. »
Adapté de « Lego : pour une briquette durable »,
precurseurs.com, 7.7.2015.
102
De la production à la consommation d’un produit industriel
Sources : Déclaration
de Berne et Südwind
(2011).
117 Matériel
Fr. 1.65
L’Organisation internationale du travail
L'OIT (Organisation Internationale du Travail) est l'agence de
l'ONU pour le monde du travail. Elle rassemble des représen-
tants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs.
Ses objectifs sont notamment :
118
– de favoriser la création d’emplois et le développement de
compétences permettant aux travailleurs de subvenir dura-
blement à leurs besoins ;
Fabrication du ballon Brazuca
Selon l’entreprise Adidas, des inspec-
– de garantir les droits des travailleurs sur leur lieu de travail, teurs ont été régulièrement envoyés
en veillant au respect des lois sur le travail ; dans les usines pakistanaises où le
– de protéger les travailleurs en garantissant leur sécurité au ballon est produit. Sur les murs de
travail, la possibilité pour eux d’avoir du temps de repos l’usine d’Ahktar, de grands panneaux
et une indemnisation en cas de perte totale ou partielle de affirment que le travail des enfants est
revenus ; interdit et que les syndicats sont auto-
– de favoriser le dialogue entre employés et employeurs pour risés. Des travailleurs ont confirmé
éviter les conflits sociaux et améliorer la productivité. aux journalistes que les conditions
Adapté de ilo.org de travail étaient bonnes : un salaire
d’environ 100 CHF par mois, une
assurance vie, une aide au transport
et quelques autres avantages.
Adapté de « Les secrets de fabrication du
ballon Brazuca », 24heures.ch, 4.6.2014.
DIVIDENDE : bénéfice versé aux actionnaires.
SYNDICAT : organisation qui défend les intérêts des travailleurs.
103
LES MIGRATIONS, LEURS CAUSES
ET LEURS CONSÉQUENCES
Amérique centrale
C
Brésil
A
OCÉAN
PACIFIQUE
SUD
APPRENTISSAGES VISÉS
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– identifier et localiser des régions touchées par les questions migratoires ;
– identifier des flux migratoires et localiser les principales routes suivies par les migrants ;
– distinguer et catégoriser les différentes raisons qui poussent les personnes à migrer ;
– évaluer les intérêts économiques liés à la migration ;
– déterminer le rôle des frontières politiques et leur impact sur les parcours migratoires ;
– acquérir un vocabulaire spécifique aux migrations.
104
Royaume-
Uni
D Allemagne
SuisseE
G
Syrie
Zone B
Méditerranée Chine
Melilla C Pakistan G
D
Myanmar
Érythrée B
B Philippines
Côte
d’Ivoire E
Éthiopie
E A
Angola
H
OCÉAN
INDIEN
Australie
OCÉAN F
ATLANTIQUE
SUD
105
Les migrations, leurs causes
et leurs conséquences
Quitter son lieu de naissance, pour un certain temps ou pour toujours...
Cette expérience, pour un individu, s'avère parfois difficile, parfois enthousiasmante, mais jamais ordi-
naire. Pourtant, à l'échelle de l'humanité, elle est presque banale, puisque nous sommes des centaines
de millions à avoir migré.
Peut-être as-tu toi-même déménagé, parfois loin de personnes venues d'ailleurs, qui ont un regard et des
ton ancien domicile. Sans doute as-tu côtoyé des pratiques différentes des tiennes. Cette diversité, tu
camarades qui venaient d'ailleurs, d'un autre quar- peux déjà la trouver dans ton propre pays.
tier, d'un autre village ou d'un autre pays. De telles À l’échelle internationale, la migration est devenue
partie intégrante de nos sociétés et de nos éco-
nomies. Les États sont préoccupés par les enjeux
liés aux mouvements migratoires et à leurs consé-
quences. Les questions soulevées par la migration
font l'objet de débats politiques : faut-il traiter dif-
féremment les réfugiés qui fuient pour sauver leur
vie et les autres migrants, qui partent pour améliorer
leur niveau de vie ? Le passage des frontières par les
migrants nécessite-t-il une gestion coordonnée et
une collaboration entre les États ? Quelles actions
faut-il mettre en place pour favoriser l’intégration et
le bien-être des migrants ? Faut-il craindre les modes
de vie et les coutumes amenés par les migrants ou
au contraire s’en réjouir ? Comment gérer la migra-
situations t'ont certainement permis de réaliser les tion afin qu’elle soit une expérience positive pour les
difficultés qu'il y a à trouver sa place dans un nou- migrants ? Comment faire en sorte que la migration
veau groupe, à comprendre ses habitudes et à s'y bénéficie autant aux pays de départ qu’aux pays de
sentir bien. Tu as aussi découvert à quel point il est destination ? Que faire pour que la diversité cultu-
parfois amusant, parfois troublant, mais toujours relle induite par les migrations soit un atout et une
enrichissant de partager des expériences avec des force pour nos sociétés ?
A C
B
Sommes-nous tous
des migrants ? Quelles sont
les destinations
Peut-on parfois qui attirent
être forcé de partir ? les migrants ?
106
F
Les frontières
sont-elles ouvertes
ou fermées ?
Pourquoi partir ?
E
G
Qui bénéficie de
la migration ?
Est-il simple
de vivre ailleurs ?
L’Angola, pays
d’émigration ou
d’immigration ?
107
A
SOMMES-NOUS TOUS DES MIGRANTS ?
Depuis que les hommes existent sur Terre, il leur a été nécessaire de se déplacer. La recherche de nourri-
ture, la fuite devant des prédateurs, la nécessité de s’adapter aux changements dans leur environnement
sont autant de raisons de quitter un lieu pour un autre. La MIGRATION fait dès lors partie intégrante de
l’histoire de l’humanité.
Si la migration a toujours été présente au cours du de la population mondiale. Si l’on réunissait tous les
temps, elle prend depuis quelques décennies une migrants dans un pays, celui-ci serait le cinquième
ampleur sans précédent. Le nombre de personnes pays le plus peuplé au monde.
qui migrent dans le monde ne cesse d’augmenter, et Nous sommes aujourd’hui très nombreux à avoir un
cette mobilitéD croissante est facilitée par le déve- lien proche ou lointain avec la migration. Est-on soi-
loppement des transports. même un migrant ? L’un de nos parents ou grands-
À l’heure actuelle, ce sont environ 250 millions parents a-t-il été un migrant ? Et si l’on remonte
d’êtres humains qui vivent dans un pays autre que encore plus loin dans le temps, ne serions-nous pas
celui où ils sont nés. Cela correspond à plus de 3 % au final tous des migrants ?
MIGRATION
Déplacement spatial impli- Photomontage réalisé pour le Championnat suisse d’athlétisme
indoor U16 à U20, Saint-Gall, 2017.
quant le changement de lieu
de vie d’un individu.
La migration peut résulter
d’un choix volontaire ou d’une
contrainte, et avoir un
caractère définitif ou
temporaire.
108
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
ASIE Détroit
ASIE de Béring Détroit
de Béring
AMÉRIQUE
AMÉRIQUE
OCÉAN
AFRIQUE PACIFIQUEOCÉAN
AFRIQUE PACIFIQUE
OCÉANIE
OCÉAN
INDIENOCÉAN
OCÉANIE
INDIEN
3
Les Australopithèques Les migrations d’Homo sapiens (dès -300 000 ans)
(de -4 à -2 millions d’années) à partir de l’Afrique et du Proche-Orient. Il remplace
Les Australopithèques Les migrations
Homo erectus d’Homo
là où il existe, sapiensl'Océanie
et il peuple (dès -300 000 ans)
vers
Vallée de l’Omo, considérée (de -4 àd’Homo
Les migrations -2 millions d’années)
habilis à partir
-60 000 ans de l’Afrique
; l’Amérique et duvers
du Nord Proche-Orient.
-30 000 ans)Il remplace
comme le berceau de l’humanité, (de -2.5 à -1.5 millions d'années) Homo erectus là où il existe, et il peuple l'Océanie vers
Éthiopie, 2015. Les migrations d’Homo habilis -60 000 ans ; l’Amérique du Nord vers -30 000 ans)
Les migrations
(de -2.5d’Homo erectus d'années)
à -1.5 millions Régions vraisemblablement non peuplées
(de -1.5 million d'années à -200 000 ans) il y a 10 000 ans
Les migrations d’Homo erectus Régions vraisemblablement non peuplées
(de -1.5 million d'années à -200 000 ans) ilSource
y a 10 : Préhistoire cycle 3, Hachette Éducation, 2007.
000 ans
4
Un site viking au sud-ouest de l’île de Terre-Neuve au Canada
C’est le second site trouvé sur le continent amé-
ricain prouvant que les Européens ont foulé le
sol du Nouveau-Monde au moins 500 ans avant
que Christophe Colomb n’y parvienne, en 1492.
On estime que cela a pu avoir lieu autour de l’an
1000, période au cours de laquelle, comme le
racontent les récits scandinaves, les navigateurs
vikings sillonnaient l’Atlantique Nord.
Le premier site connu jusque-là en Amérique était
celui de l’Anse aux Meadows, à 500 km au nord.
On y trouve les fondations de six habitations et
les restes d’une forge. Il aurait été occupé pen-
dant au moins une trentaine d’années.
Adapté de Bernadette Arnaud, « Un deuxième
site viking en Amérique du Nord ? », Site viking de l'Anse aux Meadows, Terre-Neuve, 2016.
sciencesetavenir.fr, 5.4.2016.
109
A
Des migrations de 1500 à 1900
Le développement de la navigation au XV e siècle a contribué à l’exploration et à la
colonisationD de nouveaux territoires. Les populations chinoises et indiennes se sont
étendues vers le sud-est de l’Asie et la côte est de l’Afrique, tandis que les Européens
ont migré vers l’Amérique. La traite des esclaves africains est un exemple de migration
forcée qui a elle aussi contribué à modifier profondément le peuplement du continent
américain.
Russes
AMÉRIQUE
DU NORD EUROPE Chinois
Ru ASIE
sse Japonais
an ds s
llem
s ,A
en
ali
It
OCÉAN
is,
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OCÉAN in
Ch
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PACIFIQUE
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AFRIQUE
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AMÉRIQUE
DU SUD
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OCÉAN
INDIEN
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AUSTRALIE
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Ind
agn
sp
OCÉAN
ATLANTIQUE
Source :
Atlas d’Histoire Hayt,
Éditions de Boeck, 2007.
7
ÉMIGRER Au début du XIXe siècle, le Brésil cherche à déve-
Action de quitter son pays lopper son agriculture. Quant aux Suisses, ils
de résidence pour s’installer souffrent de la misère et de la faim. En 1818, le
dans un pays étranger. Le Brésil signe un traité de colonisation avec un
droit international reconnaît diplomate fribourgeois et s'engage à donner gra-
à chacun le droit de quitter
tout pays (droit au
tuitement des terres à des agriculteurs suisses,
6 à leur payer les frais de voyage et à nommer la
départ).
ville qui sera fondée « la Nouvelle Fribourg ».
Le rêve de posséder des terres dans une région
au climat favorable séduit plusieurs milliers de
paysans suisses. Un an plus tard, ils sont 2000
à ÉMIGRER, dont 830 Fribourgeois. Ils quittent
définitivement leur pays natal pour tenter leur
chance au Brésil.
Adapté de novafribourg.ch
110
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
8 9
Selon l'Organisation internationale pour Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU)
les migrations (OIM) Les migrants sont des « personnes qui ont résidé
Les migrants sont des « personnes se déplaçant dans un pays étranger pendant plus d’une année,
vers un autre pays ou une autre région dans le quelles que soient les causes, volontaires ou invo-
but d’améliorer leurs conditions matérielles et lontaires, et quels que soient les moyens, réguliers
sociales, leurs perspectives d’avenir ou celles ou irréguliers, utilisés pour migrer. Il est courant
de leur famille. Ce terme s’applique lorsque la d’y inclure certaines catégories de migrants de
décision de migrer est prise librement, pour des courte durée, tels que les travailleurs agricoles
raisons de convenance personnelle et sans inter- saisonniers qui se déplacent à l’époque des semis
vention d’un facteur contraignant externe. » ou des récoltes. »
Adapté de iom.int Adapté de bfs.admin.ch
10 11
Selon l’Agence des Nations Unies pour Selon l'Office fédéral de la statistique
les réfugiésD (HCR) en Suisse (OFS)
Les migrants sont des « personnes qui choi- Les migrants sont des « personnes qui transfèrent
sissent de quitter leur pays afin d’améliorer leur leur domicile d’un lieu d’origine (départ) à un
vie en trouvant du travail ou pour des motifs lieu de destination (arrivée). Seuls les change-
d’éducation, de regroupement familial ou pour ments de résidence impliquant le passage d’une
d’autres raisons. Les migrants, contrairement aux frontière communale, cantonale ou internatio-
réfugiés, peuvent retourner à leur domicile d’ori- nale sont pris en compte dans la statistique des
gine en toute sécurité et continuer à recevoir la migrations. »
protection de leur gouvernement. » Adapté de bfs.admin.ch
Adapté de unhcr.org
ÉMIGRER
111
A
Se déplacer ne signifie pas forcément migrer
Chaque jour, la mobilité est présente dans nos vies, que cela soit pour aller étudier
ou travailler, pour acheter de quoi se nourrir ou encore pour pratiquer des loisirs. Ces
déplacements, parfois longs en termes de distance et de temps, ne sont cependant
pas considérés comme des migrations.
13
112
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
Des statuts juridiques qui ont des conséquences sur la vie des migrants
TOTAL
1%
Population non issue de la migration
7%
Population issue de la migration :
Première génération
(étrangers ayant immigré en Suisse)
30%
Deuxième génération
62% (enfants d'immigrés, dénommés aussi segundos)
Population dont le statut migratoire n’a pas pu être
déterminé (nationalité, lieu de naissance, lieu de
naissance des parents non connus)
Source : OFS – ESPA
17
18
La notion d’apatride
La définition de l’art. 1 de la Convention des Nations Unies
de 1954 relative au statut des apatrides […] établit qu’une per-
sonne est apatride lorsqu’aucun État ne la considère comme
son ressortissant sur la base de son droit national.
En Suisse, aucune loi spécifique ne réglemente la recon-
naissance du statut d’apatride. Une personne est seulement
reconnue comme apatride lorsqu’elle a perdu sa nationalité
sans en être elle-même responsable, et qu’elle n’a aucune
possibilité de la récupérer, ce qui correspond à une définition
plus étroite que ne le prévoit la Convention de 1954. Une per-
sonne reconnue comme apatride en Suisse obtient le droit de
rester en Suisse et d’y travailler, ou d’être soutenue par l’aide
sociale. En septembre 2018, 606 personnes étaient reconnues
comme apatrides en Suisse.
Adapté de « Apatrides en Suisse », humanrights.ch, 5.2.2019. Oumar ne possède que la carte d’identité
de son père datant de l’époque coloniale
française, sur laquelle le statut indiqué est
« Africain français ». Archive HCR, 2015.
19
Les définitions ont une incidence sur l’accès aux soins de santé
Migrants, immigrants, réfugiés, demandeurs d’asileD – ces mots sont souvent consi-
dérés comme interchangeables, comme si ces différents termes ne faisaient aucune
différence. Pourtant, pour les personnes concernées, « l’étiquette » qu’on leur appose
peut avoir des conséquences sur leur existence. Le dernier rapport du Réseau des
bases factuelles en santé (HEN) révèle que l’accès des migrants aux soins de santé
dépend de leur statut juridique.
Dans certains États, même les personnes officiellement reconnues comme migrants
ont un accès limité aux soins de santé, en fonction de la durée de leur séjour ou du
type de permis de séjour. Pour mener des interventions ciblées de santé publique
et procéder à la surveillance des maladies, il faut absolument disposer d’une bonne
base de données. Or, la grande diversité des définitions limite la comparabilité des
données.
STATUT JURIDIQUE : Adapté de « Qu’est-ce qu’un migrant ? Ou comment les définitions ont
situation du migrant au une incidence sur l’accès aux soins de santé », who.int, 2.2.2017.
regard de la loi du pays
dans lequel il se trouve.
113
B
PEUT-ON PARFOIS ÊTRE FORCÉ DE PARTIR ?
Des millions de gens migrent et quittent leur région d’origine, leur pays voire leur continent. Face au
choix qui s’offre à eux – partir ou rester – la décision prise est généralement le résultat d’une réflexion
concernant les avantages et les inconvénients que procurerait la migration. Cependant, il arrive parfois
que certaines situations ne laissent pas vraiment le choix.
Dans les situations de conflit ou de guerre, la popu- trouvent confrontées aux incertitudesD concernant
lation civileD doit souvent fuir les bombardements. leur avenir. Elles ne savent pas quelle sera la durée
Certains régimes politiques autoritaires n’hésitent de leur EXIL, ni même si elles pourront revenir un
pas à emprisonner ou torturer les personnes qui jour dans leur pays d’origine. C’est une migration
expriment leur opinion. Dans d’autres cas, des forcée, qui repose sur l’espoir d’un retour au pays
groupes ethniquesD ou religieux cherchent à élimi- lorsque le danger aura disparu.
ner ceux qui n’ont pas la même origine ou ne prient Quelles sont les destinations privilégiées par les
pas les mêmes dieux qu’eux. Toutes ces situations personnes qui fuient ? Comment gérer dans l’ur-
ont un point commun : en raison de violences ou de gence un afflux massif de personnes en danger ?
persécutions, elles font peser une menace sur la vie Celles-ci bénéficient-elles d’un statut particulier ?
de certaines personnes et peuvent les pousser à fuir. Quelles sont leurs perspectives d’avenir ?
Après avoir échappé au danger, ces personnes se
20
EXIL
Situation d’une per-
sonne obligée de quitter
son pays d’origine et de Rohingyas fuyant le Myanmar (Birmanie), 2017.
vivre dans un lieu où elle
se sent étrangère.
114
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
22
Le barrage des Trois-Gorges
en Chine
23
Après la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011, le gouvernement japonais a fait
évacuer 160 000 personnes de la région autour de la centrale. Des travaux de décon-
tamination des sols ont été entrepris pour que les zones les moins touchées par la
radioactivité puissent être repeuplées. […] En mars 2017, le gouvernement a déclaré qu’il
n’y avait plus de danger pour la santé, mais la population reste méfiante.
Pour inciter les habitants à retourner chez eux, les aides au relogement versées aux
réfugiés des zones évacuées seront progressivement coupées d’ici 2020. Des milliers
de personnes devront choisir entre vivre dans la précarité loin de la zone contaminée
ou retourner chez elles et subir les radiations. Si la question du retour des habitants de
Fukushima est si importante pour le gouvernement, c’est avant tout pour une question
d’image auprès de la communauté internationale, alors que le Japon va accueillir les
Jeux olympiques en 2020. Repeupler les zones évacuées est un moyen pour le gouver-
nement japonais d’affirmer sa totale maîtrise de la situation mais également son choix
de soutenir l’industrie nucléaire en dépit de l’accident.
Adapté de S. Barret, « Fukushima : le Japon renvoie des habitants
dans des zones contaminées », japanization.org, 4.11.2018.
115
B
La nécessité de fuir un danger
Certaines populations ou personnes doivent fuir leur pays, car elles subissent des
violences ou sont persécutées pour des raisons politiques, religieuses, ethniques ou
autres. Lorsqu’une guerre éclate, les populations civiles qui fuient cherchent le plus
souvent refuge dans les régions et les pays voisins des zones de conflit. Elles gardent
l’espoir de retourner dans leur pays une fois la paix revenue, mais parfois elles choi-
sissent de s’établir dans un pays plus lointain.
24
Et puis la guerre civileD a éclaté en Syrie. Nous devions partir car l'armée syrienne entrait
dans Alep. Une bombe s'est abattue sur la maison de notre voisin. L'explosion a été telle-
ment forte que la nôtre a tremblé. Ce jour-là, mon père a décidé de tout quitter.
Nous nous sommes rendus en Turquie. Nous avons traversé la frontièreD de manière
irrégulière parce qu'il y avait beaucoup trop de monde vers les passages légaux. Nous
avons dû payer un passeurD… Nous nous y sommes repris à trois fois pour traverser la
Méditerranée et avons été repoussés plusieurs fois par les gardes-côtes. Heureusement
aujourd'hui, nous avons pu rejoindre le Danemark.
Adapté du témoignage de Faheim,
migrant syrien, amnesty.fr
25
26
Je suis arrivé en France alors que je n’avais jamais été scolarisé
J’ai fui l’Afghanistan avec mes parents et mon frère à cause de la guerre. C’était en 2011,
j’avais 13 ans. Nous avons été séparés en cours de route. Grâce à un ami parti en Iran,
je sais qu’ils ont réussi à s’installer là-bas.
Je suis arrivé seul en Italie, où j’ai traîné dans les rues pendant un an. Après, je suis parti
en France parce que je voulais étudier. Arrivé à Paris en 2013, je suis resté deux semaines
dans les rues avant d’être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Je suis arrivé en
France alors que je n’avais jamais été scolarisé, j’ai alors pris des cours de langue inten-
sifs pendant un an. Après cela, j’ai eu l’opportunité d’effectuer une formation de 3 mois,
puis d’obtenir un CAP (AFP en Suisse). Toutes ces formations m’ont permis d’intégrer
cette année une filière qui me tenait à cœur afin de passer un diplôme technique de
prothésiste. J’ai choisi cette filière à cause de la guerre que j’ai vécue en Afghanistan,
des accidents que j’ai vus. J’aimerais beaucoup retourner là-bas pour aider...
Adapté du témoignage d’Ali, jeune migrant afghan, france-parrainages.org
116
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
27
Des membres des forces de l'ordre nous ont tiré dessus
Je vivais paisiblement dans un petit village du Myanmar, jusqu'au jour où des boudd-
histes du pays ont brûlé ma maison. Cette nuit-là, des membres des forces de l'ordre
nous ont tiré dessus. Ma femme est morte sous les balles. J'ai attrapé mon fils et nous
avons fui vers le fleuve en courant.
Le lendemain, nous sommes arrivés dans un camp de RÉFUGIÉS. On devait être plus
de 3000 personnes. On survit grâce aux dons, mais la vie est très difficile ; ma femme
me manque et j'ai très peur. Si les choses se calment, j'aimerais rentrer chez moi, mais
nous n'avons plus rien et le gouvernement ne nous aide pas. J'ai entendu que nous
serions certainement déplacés dans d'autres villes, plus loin encore, ou même dans un
pays voisin comme la Chine ou l'Inde.
Je ne comprends pas ce qui nous arrive. Autrefois, les musulmans et les bouddhistes
allaient dans les mêmes écoles, étaient amis et se mariaient même parfois. Mais aujour-
d'hui, nos deux communautés n'arrivent plus à vivre ensemble. Les musulmans subissent
de plus en plus de discriminations.
Adapté du témoignage d'un migrant du Myanmar, observers.france24.com
28
RÉFUGIÉ
Personne ayant fui son
pays d’origine ou de rési-
dence par crainte d’y être
persécutée pour des raisons
politiques, religieuses,
ethniques, d’appartenance
à un groupe social ou
de nationalité.
29
Les Érythréens de Suisse au bénéfice d’une admission provisoire (permis F) sont inquiets.
Depuis un an, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) ne renouvelle plus certains
permis F. Les personnes concernées ne peuvent donc plus travailler en Suisse, ce qui
compromet leur intégrationD. Désormais, le fait d’avoir quitté irrégulièrement l’Érythrée
ne suffit plus pour justifier d’obtenir l’asile.
Pourtant, selon des ONGD, le service militaire obligatoire en Érythrée doit être assimilé
à du travail forcé voire à de l’esclavage. De plus, un rapport de l’ONU qualifie de préoc-
cupante la situation des droits de l’homme en Érythrée. Les habitants de ce pays sont
arrêtés sans raison et sont emprisonnés dans des lieux tenus secrets.
Adapté de « Les Érythréens de Suisse craignent le durcissement de l’asile », letemps.ch, 3.7.2017.
117
B
Le statut de réfugié
Pour obtenir le statut juridique de réfugié, une personne qui fuit son pays doit déposer
une demande d’asile auprès de l’État où il a migré. Le DEMANDEUR D’ASILE qui voit sa
requête acceptée peut alors résider légalementD dans le pays qui lui a octroyé l’asile.
Les pays européens ont un système et un droit d’asile souvent plus développés que
les pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés à proximité des zones de conflit.
30 DEMANDEUR
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est une D’ASILE
organisation internationale qui a pour mission de sauver des Personne demandant à un
État la protection et une auto-
vies, de protéger les droits des risation de séjour. Elle doit
réfugiés et de construire un pouvoir donner la preuve de sa
avenir meilleur pour les réfu- nationalité et des menaces qui
giés, les communautés dépla- pèsent sur elle dans son
cées et les apatrides. pays d’origine ou de
résidence.
Adapté de unhcr.org
Signature de la
Convention relative
au statut des réfugiés,
Genève, 1951.
31 Situation migratoire
MER
DU NORD
au voisinage de l’Europe, 2016
RUSSIE
EU RO P E
OCÉAN
ATLANTIQUE Caucase
MER
NOIRE
Gibraltar Lampedusa
MÉDITERRANÉE AFGHANISTAN
ISRAËL -
TUNISIE PALESTINE
MAROC
Canaries IRAK
ALGÉRIE
ÉGYPTE IRAN
LIBYE
SAHARA Golfe PAKISTAN
OCCIDENTAL Persique
ME
Pays du Golfe
RR
INDE
OU
Darfour
GE
YÉMEN
OCÉAN
SUD-SOUDAN
INDIEN
Espace Schengen et autres pays
de l’Union européenne.
32
Demandes d’asile déposées par des personnes en situation irrégulière
Certains migrants, venant de pays où il n’y a pas de situation de conflit, savent qu’ils
seront refoulés s’ils se présentent à la frontière suisse car ils n’ont pas d’autorisation
formelle ou de visa d’entrée.
Ils ont obtenu des informations concernant la procédure d’asile en Suisse et connaissent
l’adresse d’un Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) du Secrétariat d’État aux
migrations. Une fois entrés de manière irrégulière en Suisse, ils se rendent dans l’un des
CEP pour y déposer une demande d’asile.
Adapté de sem.admin.ch
33
Permis N : autorisation temporaire pour requérants d’asile dans l’attente d’une décision.
Renouvellement tous les 6 mois. Ne permet pas de sortir de Suisse. Après 3 à 6 mois de
séjour, permet au requérant de travailler sous certaines conditions, il peut bénéficier du
minimum de l’aide sociale mais pas des mesures d’intégration. Regroupement familial
non autorisé.
Permis F : autorisation d’admission provisoire pour les requérants d’asile dont la demande
a été rejetée, mais dont le renvoi est inapplicable ou en situation de détresse personnelle
grave. Renouvellement automatique tous les 12 mois. Permet de voyager à l’étranger,
sauf dans le pays d’origine. Permet au requérant de travailler, de bénéficier de l’aide
sociale si nécessaire et de bénéficier des mesures d’intégration. Après 3 ans de séjour,
le regroupement familial (conjoint et enfants) est autorisé sous certaines conditions.
Adapté de bernex-accueille.ch et asile.ch
34
Je suis de nationalité burundaise et j’ai 46 ans. J’ai travaillé au département de la comp-
tabilité de l’entreprise Heineken SA au Burundi. Arrivée en Suisse, j’ai demandé l’asile en
2009. Deux mois après, j’ai reçu une admission provisoire. J’ai alors commencé à cher-
cher du travail. Chaque fois, on me répondait que je ne pouvais pas travailler en Suisse
avec mon diplôme du Burundi. […] En 2010, j’ai pu suivre une formation d’aide-comptable
à Genève. Munie de mon diplôme suisse, j’ai recommencé mes recherches d’emploi. […]
Les employeurs ne souhaitent pas engager des personnes titulaires d’un permis F en
raison des démarches et papiers à remplir. Ils se demandent si une personne avec un
permis F peut travailler sur le sol suisse. Je comprends leur inquiétude : le permis F est
qualifié d’admission provisoire. Qui aimerait investir pour une personne censée être en
Suisse provisoirement ? Pourtant, le permis F est un permis comme tant d’autres, notam-
ment le B, qui sont renouvelables chaque année. Je souhaiterais ne plus être assistée
financièrement, ne plus être à la charge de l’État.
Je souhaiterais pouvoir me sentir utile dans ce pays qui m’a bien accueillie. J’aimerais
aussi ajouter que la plupart des permis F aimeraient travailler mais n’arrivent pas à percer
dans ce système.
Adapté du témoignage de Marie-Goretti Nduwimana, asile.ch
119
C
QUELLES SONT LES DESTINATIONS QUI ATTIRENT
LES MIGRANTS ?
Si les populations qui fuient leur pays d’origine ou de résidence trouvent prioritairement refuge dans les
régions proches ou pays voisins, ce n’est pas le cas pour tous les FLUX MIGRATOIRES. Lorsque la migration
est le résultat d’un choix volontaire, le lieu de destination est basé sur les projets, les intentions, ainsi
que les opportunités qui se présentent aux migrants.
Pour les nombreux migrants qui cherchent à amé- tion, car les flux migratoires proviennent de lieux
liorer leurs conditions de vie, le choix se portera sur qui varient au gré des événements dans le monde :
des destinations où ils espèrent trouver un emploi. guerre, famine, chômage, évolution politique,
Pour d’autres, la présence à l’étranger d’une com- changement environnemental. Certaines régions
munauté issue de leur pays ou région d’origine offre du monde sont-elles particulièrement attrac-
un lieu privilégié où se rendre et permet une inté- tives ? Quelles sont les routesD migratoires les plus
grationD plus aisée. Enfin, les facteurs historiques et fréquentées ? Un parcours migratoire peut-il se
culturels ont leur importance, car ils peuvent faci- dérouler en plusieurs étapes et se prolonger dans
liter la migration en atténuant certaines barrières, le temps ? Les migrations ont-elles forcément un
notamment linguistiquesD. caractère définitif ?
Les migrations se complexifient toujours davantage.
Il est difficile de déterminer des schémas de migra-
FLUX
MIGRATOIRE
S ud Amér Nombre de migrations d’un
rique du ique lieu à un autre, pour une
é du
Am No période donnée. Ces cou-
35 rd
nie rants migratoires varient au
c éa cours du temps, en fonction
O
de l’évolution des lieux de
départ et de destination.
st
d-E
Su
du
Afr
Asi e
ique
Asie de l’Est
Asi
e
rop
ed
Eu
uS
ud
Asie RSS
de l’O
uest Ex- U
EX-URSS : ensemble de pays qui faisaient partie de l’Union des républiques socialistes
soviétiques jusqu’en 1991 (Russie actuelle, pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale).
Bien qu’ancienne, cette catégorie est encore utilisée pour certaines statistiques.
120
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
Beijing
CORÉE
DU MER
C H I N E Baie de Bohai NORD DU JAPON
CORÉE
DU SUD
MER
JAUNE JAPON
Henan
Anhui
Hubei Delta du fleuve
Sichuan Yangzi Jiang
Chongging
MER DE CHINE
NÉPAL ORIENTALE
Hunan
BANGLADESH
TAÏWAN OCÉAN
INDE MYANMAR
PACIFIQUE
= 10 millions VIETNAM Delta de
la rivière
Pôles économiques avec forts LAOS des Perles
500 km
287 millions de migrants en Chine, besoins de main-d’œuvreD
121
C
RUSSIE ET
EX-RÉPUBLIQUES SOVIÉTIQUES
AMÉRIQUE
DU NORD EUROPE
MOYEN- OCÉAN
OCÉAN ORIENT PACIFIQUE
ASIE DU
ATLANTIQUE SUD-EST
AFRIQUE
OCÉAN SUB-SAHARIENNE
PACIFIQUE
OCÉAN
AMÉRIQUE INDIEN
DU SUD
OCÉANIE
40
« Au Népal, l’ONGD Pravasi Nepali Coordination Commitee (PNCC) tire une nou-
velle fois la sonnette d’alarme. Cette association, qui assiste les migrants népalais,
affirme dans un nouveau rapport que plus de 400 travailleurs de ce pays ont déjà
trouvé la mort au Qatar sur les chantiers de la Coupe du monde de football 2022,
rapporte The Guardian.
« Cela va mettre une nouvelle pression sur les autorités qataries, ainsi que sur la
fédération internationale de football, pour tenter de freiner ce taux de décès, qui
pourrait atteindre les 4000 victimes d’ici la Coupe du Monde en 2022 », peut-on lire
sur le site du journal britannique. The Guardian avait déjà levé le voile en septembre
sur les terribles conditions de vie de ces travailleurs népalais, qui représentent 20 %
de la main-d’œuvre immigrée au Qatar. »
« Qatar 2022 : plus de 400 travailleurs népalais morts sur les chantiers
selon une ONG », france24.com, 17.2.2014.
122
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
13 nov.
Mexicali ÉTATS-UNIS
Sonoyta
Tijuana s all an t
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ntr ale en direc-
d'Amérique ce
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Guadalajara MEXICO route migratoi tisé.
Env. 6000 pers.
s large me nt mé dia
5 nov.
13 oct. a été trè
San Pedro
Juchitan Sula
GUATEMALA
20 oct. HONDURAS
300 km
Source : maps4news.com/©HERE
SALVADOR
42
43
Peu à peu a grandi en moi l’envie d’entrer au Mexique, puis aux États- PASSEUR
Unis. Je n’avais aucune chance d’y arriver tout seul, alors j’ai contacté des Personne qui fait
PASSEURS. C’était très risqué car certains volent l’argent et disparaissent passer illégalementD
avec, d’autres ont même abandonné des hommes dans les camions une frontièreD à des
en plein désert ! Le passeur m’a demandé environ 1300 $, alors j’ai dû migrants, contre rétri-
emprunter cette somme pour pouvoir le payer […]. bution financière.
Finalement, je suis arrivé aux États-Unis. Mon long voyage de deux mois
à travers le Mexique, à endurer la chaleur, la soif, la peur, la fatigue, la
douleur, était enfin terminé. Mais je me suis vite aperçu que je n’en avais
pas fini avec les difficultés : désormais le problème de la langue et la
recherche d’un travail se dressaient devant moi.
Adapté du témoignage de Remigio,
migrant guatémaltèque, alterinfos.org,
123
C
Source : algerieinfos-saoudi.com
ALGÉRIE
MAROC
ROUTE
ROUTE DU MAROC LIBYE ÉGYPTE
DES BALKANS
Probablement 500 km
Fermée depuis
la prochaine ROUTE DE LA mars 2016
grande voie MÉDITERRANÉE
vers l’Europe Principale voie
actuelle. En cours
de fermeture
45
« Une étape a été franchie, l’exode n’est plus massif et irrésistible comme
il l’a été. Ses principales routes ont été coupées par tous les moyens dis-
ponibles » note François Leclerc.
De son côté, Cléa Favre confirme : « Plus d’une année après la fermeture
de la route des Balkans, l’Europe rend désormais peu à peu impraticable
la voie migratoire qui va de la Libye à l’Italie en passant par la mer Médi-
terranée ». C’est en quelque sorte un nouveau mur qui s’érige pour les
migrants qui veulent venir en Europe. »
Saoudi Abdelaziz, « Migrations vers l’Europe : les principales
routes ont été coupées », algerieinfos-saoudi.com, 11.9.2017.
46
124
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
Intra-Afrique
Océanie
(525 551)
Amérique
latine
et Caraïbes
(55 825)
2000 km
Source : ONU DAES - Nations Unies, Département des Affaires économiques et sociales, 2017
49
J’essaie de récolter de l’argent pour payer les passeurs
Je m’appelle Aminata et j’ai 28 ans. Dans mon pays, le Sénégal, la CLANDESTIN
pauvreté est tellement présente que je n’avais pas d’autres choix Personne séjournant dans
que de partir pour continuer à vivre. Je voudrais rejoindre l’Europe, un pays sans y être autorisée,
trouver un travail et avoir une vie meilleure pour moi et ma famille. car elle n’est pas en possession
Pour l’instant, je suis bloquée ici, en Libye. Le voyage jusque-là a d’une autorisation formelle
(visa d’entrée ou permis de
déjà été très dur. Partout on te fouille, on te frappe, on te demande séjour). On parle aussi de
de l’argent. Le pire, ça a été la traversée du Sahara. On a voyagé cinq personne en situation
jours et beaucoup sont morts en route. irrégulière.
Pour les CLANDESTINS, c’est vraiment difficile. Il y a deux mois, j’ai tenté
la traversée de la Méditerranée ; vous savez, les pirogues ne sont vraiment
pas bonnes et en plus, ils les surchargent. Ma pirogue a pris l’eau ; on a dû
faire demi-tour et on m’a emprisonnée un mois. On ne nous donnait pas à manger.
Chaque jour, on venait nous battre, nous fouetter, nous humilier.
Aujourd’hui, j’essaie de récolter de l’argent pour payer les passeurs qui nous
emmènent à Lampedusa, en Italie. Ils demandent 1000 dollars. Alors je travaille
comme je peux pour avoir cet argent, mais c’est difficile parce que parfois, tu tra-
vailles, mais le patron ne te paie pas et tu n’oses pas réclamer, sinon on t’amène à
la police.
Adapté du témoignage d’une migrante sénégalaise, rfi.fr
125
C
Suisses
51 Évolution du solde migratoire en Suisse
75,8 %
Population résidante étrangère permanente et non permanente, 1991-2019, en milliers
100
Étrangers 80
24,2 % 60
%
3 1, 5
40
68,5 %
Ressortissants 20
Ressortissants d’autres
de l’Union États 0
européenne
et de l’AELE -20
1991
2001
2011
1997
2007
1995
2005
2015
1992
2002
2012
1993
2003
2013
1996
2006
2016
1994
2004
2014
1998
1999
2008
2009
2000
2010
D
UE (Union européenne) : association politique et
économique regroupant 28 États européens Libre circulation des personnes
Source : SYMIC.
AELED (Association européenne de libre-échange) :
association économique regroupant quatre États euro-
péens non-membres de l'UE (Islande, Liechtenstein, La courbe rouge représente le solde migratoire issu des pays
Norvège, Suisse). d’Europe (UE et AELE).
La courbe bleue représente le solde migratoire issu des autres pays.
La zone ombrée représente le solde migratoire global de la Suisse.
52
Quelques exemples de permis de travail en Suisse (description simplifiée)
Permis B : délivré aux ressortissants de l’UE et AELE qui ont trouvé un emploi et qui souhaitent
habiter en Suisse. Durée de validité : 1 an. Mobilité géographique et professionnelle totale.
Permis C : délivré aux ressortissants de l’UE et AELE qui ont un emploi et qui résident en Suisse.
Durée de validité : illimitée. Condition : avoir séjourné 5 ans en Suisse. Mobilité géographique et
professionnelle totale.
Permis G : délivré aux ressortissants de l’UE qui habitent dans un pays l’UE et qui ont un emploi en
Suisse. Durée de validité : 5 ans. Condition : rentrer au moins une fois par semaine dans leur pays
de résidence. Mobilité géographique et professionnelle totale.
Les ressortissants des pays en dehors de l’Union européenne et de l’AELE sont soumis à la loi sur
les étrangers. En plus de conditions d’entrée plus restrictives, ils sont soumis au principe des quo-
tasD (le nombre de permis suisses qui leur est réservé est limité). En principe, seuls ceux ayant une
formation supérieure (ou une compétence très particulière) ont une chance réelle de décrocher
un permis de travail suisse.
Adapté de David Talerman, « Principaux permis de travail en Suisse »,
travailler-en-suisse.ch, 15.11.2018.
126
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
Nombre d’émigrés
≥ 50 000
10 000 – 49 999
11 000 – 9 999
250 – 999 5
< 250 1
Pas de données
18 – 44 ans
45 – 64 ans
65 ans et plus
54 55
« Chaque année, des milliers de Sa retraite, Walter Faedo a décidé de la vivre à 9000 kilo-
citoyens suisses rentrent au pays. mètres de son Locle natal, dans le nord de la Thaïlande où
En principe, ils doivent accomplir il réside depuis cinq ans. « Je n’ai jamais regretté ce choix »,
les mêmes démarches que lors de confie cet ex-ingénieur de 56 ans, marié à une Thaïlandaise.
l’émigration : annonce du départ Son exemple est loin d’être un cas isolé, explique Sarah
aux autorités étrangères, formalités Mastantuoni, directrice de l’Organisation des Suisses de
douanières, recherche d’un logement, l’étranger : « La dernière statistique (2015) fait état de près
annonce d’arrivée, recherche d’un de 2500 ressortissants helvétiques de plus de 65 ans installés
emploi, affiliation aux assurances en Thaïlande, ce qui représente un peu plus d’un quart des
sociales, etc. » expatriésD suisses de ce pays. »
« Retour des Suisses de l’étranger », eda. Pourquoi la Thaïlande fait-elle figure d’eldorado pour nos
admin.ch, 27.11.2017.
retraités ? Walter Faedo évoque le coût de la vie, nettement
plus bas. « Une simple retraite suisse permet de vivre confor-
tablement avec un budget de 1000 francs par mois. Les assu-
rances sont facultatives et on ne paie pas d’impôts, ni en
Thaïlande ni en Suisse. Quant aux repas au restaurant, ils ne
coûtent que quelques francs. » Le Neuchâtelois mentionne
aussi la clémence du climat : « Il fait entre 20 et 38 degrés toute
l’année, et les hivers enneigés sont remplacés par la saison
des pluies, de juin à octobre, durant laquelle il ne pleut qu’en
fin de journée et durant la nuit ».
Adapté de Frédéric Rein, « La Thaïlande, paradis des
retraités suisses », generation-plus.ch, 5.10 2016.
127
D
POURQUOI PARTIR ?
Dans l’histoire de l’humanité, les migrations ont toujours existé. Par le passé, des événements poli-
tiques, économiques, religieux, climatiques et autres ont induit d’importantes vagues migratoires.
Mais, aujourd’hui, les migrations ont atteint un nouveau seuil. À la fin de l’année 2017, l’Organisation
des Nations Unies (ONU) estimait qu’il y avait 258 millions de migrants dans le monde. Autrement dit,
actuellement, 3,4 % de la population mondiale ne vit pas dans son pays d’origine.
Parmi ces migrants, le Haut-Commissariat pour les Les raisons qui les poussent à choisir un nouveau
réfugiésD (HCR) estime à près de 70 millions le lieu de vie sont nombreuses. Pourquoi migrer
nombre de réfugiés et de personnes déplacées. lorsque l’on a 30 ans ? Est-il plus facile de migrer
Parmi eux, nombreuses sont les personnes qui ont lorsqu’on est encore jeune ? La présence à l’étran-
dû fuir dans l’urgence des zones de conflits ou de ger d’une communauté issue de son pays d’origine
désastre. Elles ont été forcées de migrer. encourage-t-elle le départ ? Est-il toujours possible
Les autres migrants, soit près de 190 millions de de faire la distinction entre une migration forcée et
personnes, ne sont pas en danger, mais quittent une migration volontaire ?
volontairement leur lieu d’origine ou de résidence.
56
128
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
Yobé
Komadougou
raître et, avec elle, la vie. À cause de la diminution des pluies
dans la région, le lac Tchad a perdu 90 % de la surface qu’il
Ca
me
Nigeria
occupait il y a 50 ans. Autrefois, le Niger, le Nigeria, le Tchad
rou
Chari
et le Cameroun bordaient ce lac. Aujourd’hui, seuls les deux
n
derniers pays ont encore accès à l’eau et les pêcheurs sont 1987 1997
peu à peu privés de leur gagne-pain.
« La vie est très dure ici, mais je ne dois pas me découra-
ger », raconte Moussa Gao, pêcheur nigérien. « Il y a 16 ans,
j'ai quitté mon pays, le Niger, où j'étais éleveur. L'eau man-
quait trop pour pouvoir faire pousser le fourrage et nourrir
les bêtes. Alors je suis parti m'installer au Tchad, près du
lac. J'y ai appris à pêcher. Mais, depuis plusieurs années, la 2007 2017
pêche est de moins en moins bonne. Les poissons du lac
sont de plus en plus petits.
Quand je suis arrivé ici, la profondeur du lac dépassait les
6 mètres et l'eau était claire. Maintenant, la hauteur n'atteint
50 km
plus que 1,5 mètre et l'eau est boueuse et sale. À 60 ans,
je pense devoir à nouveau migrer pour pouvoir travailler et Superficie
Eau
subvenir aux besoins de ma famille. » En 1960 : 25 000 km2
Végétation
Adapté du témoignage d'un migrant nigérien, collectifsargos.com Aujourd’hui : 2500 à 8000 km2
Lac en 1963 Source : UNEP / GRID-Arendal
58
Wencenslaus Billiot, 90 ans, a passé toute sa vie sur l’Isle de Jean Charles, située RÉFUGIÉ
dans le sud-est de la Louisiane, aux États-Unis. Le seul moyen d'accéder à cette
île est d'emprunter une route étroite entourée par les eaux. Lorsque le niveau de
CLIMATIQUE
Personne contrainte de
l'eau monte, la route est inondée et l'île se retrouve isolée, parfois plusieurs jours quitter ses terres à cause
de suite. Lorsqu'on l'interroge sur l'avenir, le regard de W. Billiot s'assombrit. des effets du changement
Les quelque 50 habitants de cette île minuscule sont les premiers RÉFUGIÉS CLI- climatique (statut non
MATIQUES potentiels des États-Unis. Suite à l'érosion de la côte, l'eau a envahi
D reconnu juridique-
ment en 2019).
90 % du territoire de l’île depuis 1955. Ce phénomène est dû à la fois à l'activité
humaine, à l'impact des ouragans dans le golfe du Mexique et à l'augmentation du
D
129
D
Le désir d'améliorer sa qualité de vie
Une part importante de la mobilitéD migratoire actuelle trouve son origine dans la
volonté d'échapper à la pauvreté et au chômage. L'espoir d'une vie meilleure pousse
de nombreuses personnes jeunes et activesD à tenter leur chance ailleurs. Mais les
départs peuvent aussi être motivés par les exigences professionnelles ou les ren-
contres humaines.
59
Ma famille et moi n'arrivions finalement plus
à vivre
Au moment de quitter mon pays, j'avais 31 ans et j'avais
toujours vécu dans mon pays, le Guatemala. Père de
six enfants, j'étais gardien de troupeaux, mais le ramas-
sage et la vente de bois de chauffage étaient ce qui me
rapportait le plus d'argent. Malheureusement, la défo-
restationD très importante dans mon pays a peu à peu
supprimé ce revenu et ma famille et moi n'arrivions fina-
lement plus à vivre ! Peu à peu a grandi en moi l'envie
d'entrer au Mexique, puis aux États-Unis.
Adapté du témoignage de Remigio, FrontièreD à Tijuana entre les États-Unis
migrant guatémaltèque, alterinfos.org (à gauche) et le Mexique (à droite), 2007.
60
Je suis prêt à partir n'importe où pour fuir le chômage et la crise
Octavio Tavares a été licencié suite à la faillite de l'entreprise d'électricité pour laquelle il travaillait. « J'ai alors
postulé pour des emplois dans des domaines très différents, mais la réponse est toujours la même : négative »,
raconte-t-il. « Comme des milliers de gens au Portugal, je suis prêt à partir n'importe où pour fuir le chômage
et la crise.
Mon dossier professionnel est déjà traduit et je l'envoie
dès que je lis une annonce intéressante sur internet.
Dans l'idéal, j'aimerais partir dans un pays francophone.
J'irai m'installer seul puis, dès que j'en aurai l'occasion,
je ferai venir ma famille.
Cela fait maintenant 7 mois que j'ai commencé la recher-
che d'un travail, mais pour l'instant sans succès. La vie
devient vraiment difficile. J'ai un loyer de 340 euros et le
chômage ne me verse que 390 euros ! On survit pénible-
ment grâce aux 290 euros gagnés par ma femme qui fait
des ménages. Pour économiser, j'ai été obligé de retirer
mes deux filles de la cantine, j'ai vendu ma voiture et j'ai
supprimé notre abonnement à internet. »
Au Portugal, la colère gronde face
à la crise et au chômage, 2012. Adapté du témoignage d'un migrant portugais,
« Les Portugais reprennent le chemin de l’émigration »,
tdg, 29.6.2012.
61
Comme de nombreux Allemands, j'avais envie d'une vie de meilleure qualité
Je vis maintenant en Suisse depuis deux ans et travaille comme infirmier et ambulan-
cier dans un hôpital du canton d'Argovie. J'ai décidé de quitter mon pays, l'Allemagne,
et de venir m'installer ici parce que les conditions de travail sont bien meilleures. En
Suisse, mon travail auprès des patients correspond aussi plus aux soins que j'aimerais
recevoir si j'étais à leur place. En fait, comme de nombreux Allemands, j'avais envie
d'une vie de meilleure qualité.
Pour préserver ma famille, j'ai d'abord émigréD seul. Je voulais avoir un emploi et un
FAILLITE : situation revenu stables, et voir si ma famille et moi pouvions réellement nous plaire en Suisse.
d’une entreprise qui Adapté du témoignage d'un migrant allemand, rts.ch
ne parvient plus à
payer ses dettes.
130
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
62
Au Royaume-Uni, mes capacités seront enfin valorisées
Après des études de médecine, Voula Diamantou, 33 ans, a décidé de quitter son pays, la
Grèce. « Cela fait cinq ans que je travaille dans un hôpital », raconte-t-elle. « Je ne gagne
que 1000 euros par mois et mes heures de garde ne sont pas payées. Avec la crise, je
n'ai aucune chance de trouver un meilleur travail
ailleurs dans le pays ou d'obtenir un prêt pour
ouvrir mon propre cabinet.
Dès qu'on m'a proposé un poste au Royaume-
Uni, j'ai saisi l'occasion : 2400 euros par mois,
des possibilités de promotion… bref, mes capa-
cités seront enfin valorisées.
C'est pourtant très difficile de partir. Ici, je laisse
mon mari et ma fille de 17 mois mais nous
sommes déjà à la recherche d'un emploi pour
mon mari à Londres. Je suis aussi certaine que
l'éducation et l'avenir de ma fille seront bien meil-
leurs en Angleterre. »
Adapté du témoignage d'une migrante grecque,
« Ils disent adieu à la Grèce en crise », lefigaro.fr, 5.8.2011.
Des demandeurs d'emploi devant une agence
pour l'emploi (OAED), Grèce, 2011.
63
Ma relation avec mon mari Andrea a commencé à cheval entre deux pays. Il est Ita-
lien, je suis Française, nous nous sommes connus en Suisse et j’ai très vite décidé
de le rejoindre en Italie. Quand l’occasion s’est présentée de partir vivre et travailler à
l’étranger, nous avons discuté ensemble des offres, des destinations, des conditions
de vie et avons accepté l’offre au Maroc d’un commun accord. C’est moi qui ai trouvé
un poste en premier. Je suis prof de FLE (Français Langue Étrangère), et ce métier me
permet de trouver du travail sur tous les continents. C’était très important pour moi
qu’aucun d’entre nous ne suive l’autre à contrecœur et qu’aucun de nous ne mette
ses projets entre parenthèses pour l’autre. […] Nous avons tous les deux beaucoup
aimé cette vie au Maroc, et après presque deux ans, nous avons décidé de poursuivre
l’aventure ailleurs.
Adapté du témoignage d’Adeline et Andrea, lalleedumonde.com
64
« Mercredi 31 juillet, 16 h. Solenne, 32 ans, quitte
la France, direction Montréal, au Canada. « Émi-
gration ? Expatriation ? » Elle hésite : « Bonne
question… » Puis elle tranche : « Expatriation. »
« Ce départ au milieu de l'été avec pour seuls
bagages deux grosses valises remplies de vête-
ments, de CD et de bouquins est un choix,
pas une nécessité », affirme-t-elle. Solenne a le
profil classique des 1,6 million de Français qui
vivent aujourd'hui à l'étranger. Comme la plu-
part d'entre eux, elle a moins de 40 ans et elle
est qualifiée. C'est ce profil qui alimente le plus
l'émigration. »
Élise Vincent, « Pourquoi des jeunes choisissent
de s'expatrier », lemonde.fr, 26.8.2014.
Des opportunités de vie qui poussent à s'expatrier.
131
D
65
Royaume-Uni et Pakistan : des liens historiques, économiques et culturels
Durant la colonisationD, des liens économiques et culturels durables se sont noués entre
le Pakistan et le Royaume-Uni. Ces relations coloniales sont à l’origine d’une importante
DIASPORA d’origines indienne et pakistanaise au Royaume-Uni. Elle s’explique en premier
lieu par le fait que la métropole a fait venir de ses colonies une main-d’œuvreD importante.
e
Au XIX siècle, les systèmes éducatifs des pays colonisés ont créé des liens linguistiquesD
et institutionnels avec les pays colonisateurs. Le fait que l’anglais ou le français avaient
le statut de deuxième langue ou de langue administrative dans de nombreux pays asia-
tiques a renforcé les liens migratoires avec les autres pays partageant la même langue,
bien après l’indépendance. C’est le cas principalement pour le Royaume-Uni, la France
et les États-Unis, mais aussi l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.
Par la suite, dans la période postcoloniale, les fluxD migratoires
se sont développés en fonction de ces liens politiques et culturels
historiquement tissés.
Adapté de « Resserrer les liens avec les diasporas : panorama DIASPORA
des compétences des migrants », oecd.org, 8.12.2015. Désigne une communauté
ayant émigré et s’étant établie
hors de son territoire d’ori-
gine. Elle conserve des liens
forts avec son pays d’origine
66 Où sont les migrants pakistanais ? et les autres communautés
dispersées dans
Italie le monde.
1,4 %
Afghanistan
1,6 %
Singapour
2,2 %
Qatar
67
2,3 %
Canada Le maire de Londres est le fils
2,7 % d’un immigré pakistanais
Oman Sadiq Khan rappelle sans cesse ses origines
3,7 % modestes de fils d’immigrés pakistanais. Né en
Koweït 1970, il a été élevé dans un HLM à Tooting, un
5,7 % quartier au Sud de Londres, au milieu de ses six
frères et de sa sœur, par un père qui conduisait
États-Unis
les fameux bus à impériale et une mère coutu-
6,2 %
rière.
Royaume-Uni
La quartier de Tooting, c’est le « petit Pakistan »
8,9 %
de la capitale britannique, avec ses bouche-
Émirats arabes unis ries halal, ses magasins de saris, ses épiceries
15,9 % indiennes et ses logements sociaux. C’est là qu’il
Inde vit toujours, dans une maison un peu plus grande
18,3 % que celle de son enfance, avec sa femme Saadiya,
Arabie saoudite avocate, et leurs deux filles adolescentes.
22,5 % Sadiq Khan, c’est un emblème de Londres, de
Autres pays son multiculturalisme, de sa réussite sociale.
8,7 % Il souhaite rendre à la capitale britannique ce
qu’elle lui a donné : « Je dois tout à cette ville » et
Source : ONU DAES - Nations Unies, Département
des Affaires économiques et sociales, 2017.
« notre ambition doit être de veiller à ce que tous
les Londoniens aient les mêmes opportunités ».
Adapté de Sarah Halifa-Legrand, « Dix choses à savoir
sur Sadiq Khan, le nouveau maire de Londres »,
HLM : habitation à loyer modéré, logement social. nouvelobs.com, 6.5.2016.
MULTICULTURALISME : coexistence de plusieurs
cultures dans un même pays.
132
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
68
La diaspora pakistanaise au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni compte une multitude d'organisations diverses, spécifiques à la société
pakistanaise :
– Des mosquées et des institutions religieuses offrent des activités liées à la foi, ainsi
que des prestations sociales et éducatives.
– Des organisations sociales et laïques proposent des activités de bien-être, loisirs,
éducation, santé ou liées à la culture. La plupart de ces organisations sont réservées
soit aux femmes, soit aux hommes.
– Des réseaux professionnels ont vu le jour, particulièrement dans le secteur de la santé
(par exemple l'Association des médecins pakistanais et chirurgiens du Royaume-Uni).
– Des organismes de bienfaisance pakistanais œuvrent dans le travail humanitaire à
l'échelle internationale.
– Des réseaux politiques ou des organisations liées aux partis politiques du Pakistan
agissent au Royaume-Uni.
Le nombre d'associations locales pakistanaises 69
est trop important au Royaume-Uni pour en
dresser une liste complète. L'Annuaire musul-
man peut fournir les informations sur les prin-
cipales institutions à travers le pays.
Adapté et traduit de The Pakistani Muslim Community
in England (Communities and local Government, 2009).
En milliers de personnes
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
e
e
de
an
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Ph
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Ba
ri
Af
133
E
QUI BÉNÉFICIE DE LA MIGRATION ?
Lorsque la question migratoire est évoquée, ce sont souvent les enjeux liés à la gestion des fluxD humains,
à l’accueil des migrants et à leur intégrationD qui se retrouvent au cœur des débats. Il convient pourtant
de ne pas négliger les aspects économiques et financiers. En effet, autant les pays de départ que ceux de
destination trouvent un intérêt dans la migration.
Dans des pays de départ où le niveau de vie est Enfin, les migrations contribuent aux échanges de
bas, dans lesquels le chômage est important, l’émi- connaissance entre les différents pays du monde.
grant qui tente de rejoindre l’eldoradoD est consi- À ce titre, elles sont source d’enrichissement mutuel.
déré comme celui qui sera en mesure de pourvoir Quelle est la responsabilité des migrants envers leur
aux besoins de ceux restés au pays. Les attentes qui famille restée au pays ? Quel est le profil profession-
pèsent sur ses épaules sont lourdes. nel des migrants ? L’économie suisse pourrait-elle
De nombreux pays riches accueillent des migrants, se passer des immigrants ? Accueille-t-elle tous les
car ceux-ci sont des acteurs importants du monde profils de migrants ? Les départs de migrants sont-
économique. En effet, dans divers domaines, les ils toujours perçus de façon positive dans les pays
migrants représentent une main-d’œuvreD indispen- de départ ?
sable au bon fonctionnement des entreprises. Mais
ils peuvent parfois être perçus comme une concur-
rence par les travailleurs locaux.
71
134
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
72 73
Infirmières philippines Les transferts d'argent
Les Philippines forment beaucoup d'in- Selon la Banque mondiale, les remises des migrants sont
firmières, plus que les besoins internes des sources importantes de revenus pour les habitants des
du pays. Le manque d'infirmières dans pays de départ. Une partie du salaire d'un migrant peut
de nombreux pays, notamment aux servir à entretenir ses proches dans son pays d'origine.
États-Unis, au Royaume-Uni, en Ara- En 2014, la Banque mondiale estimait à 583 milliards de
bie saoudite, en Irlande et à Singapour, dollars ces transferts d'argent, dont 436 pour les pays
encourage la politique de formation du en développement. Elle estime que plus de 700 millions
pays et les migrations des infirmières. de foyers peuvent ainsi en bénéficier. Un émigré fait en
En retour, les REMISES DES MIGRANTS moyenne vivre dix personnes.
philippins aident les familles restées au Adapté de banquemondiale.org
pays et favorisent sa croissance écono-
mique.
Adapté de Laurent Carroué,
« L’émigration de la main-d’œuvre philippine :
un marchéD organisé par l’État »,
geoconfluences.ens-lyon.fr, 27.4.2004. 74
REMISE
DES MIGRANTS
Argent envoyé par
un migrant expatriéD
à sa famille restée
au pays.
File d'attente devant une banque spécialisée
dans le transfert d'argent, Haïti, 2010.
135
E
76
La pénurieD des infirmières et infirmiers diplômés (ID) a pris une nouvelle ampleur, inter-
nationale. Rien qu’en Suisse, on estime qu’il manquera entre 25 et 30 % d’ID d’ici 2020.
Les 2500 nouveaux ID formés par an ne suffisent pas à combler les départs naturels, le
vieillissement de la population et l’augmentation des besoins qui en découle, ou encore
la diminution des candidatures pour ce métier.
Partout le constat est le même : les pays peinent à faire face au déficit avec les seules
ressources nationales. Ils recourent par conséquent à la main-d’œuvre issue des pays
européens voisins et, de plus en plus, de l’hémisphèreD Sud. Ce qui n’est pas sans poser
« d’importants problèmes éthiquesD » selon Véronique Addor, chercheuse de la Haute
École de santé de Genève et responsable du projet « nurses@work ».
Adapté d’Anne Barrat, « L’enjeu mondial du déficit d’infirmières », letemps.ch, 18.12.2014.
Emplois de direction
et gestion d’entreprise
Autres professions
Administration, finance
et affaires juridiques
IMMIGRATION
Santé
SÉLECTIVE
Enseignement et culture Recrutement de main-
Professions techniques d’œuvre immigrée
(mathématiques, qualifiée en fonction des
informatique, sciences besoins de l’économie
naturelles et techniques) du pays d’accueil.
78
79
IMMIGRATION SÉLECTIVE
Le Canada évalue et sélectionne les candidats à l'immigration selon
six critères :
– La langue : des compétences en français ou en anglais sont demandées.
– La formation : plus le niveau de formation est élevé, mieux c'est. Les
études privilégiées relèvent des domaines de la médecine, médecine
vétérinaire, médecine dentaire, podologie, optométrie, droit, chiropra-
tique et pharmacie.
– L'expérience : avoir des années de travail à plein temps dans un domaine
est privilégié.
– L’âge : pour répondre parfaitement à ce critère, il faudrait se situer entre
18 et 35 ans.
– L’emploi : une offre d'emploi d'une entreprise canadienne est un atout.
– L’adaptabilité : si le conjoint a aussi des compétences reconnues, c'est
un avantage.
Adapté de cic.gc.ca
136
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
80
Sans tous ces migrants, bien des entreprises mettraient la clé sous la porte
En Allemagne, les entreprises se réjouissent de l'arrivée des migrants, main-d’œuvre
potentielle, car la population allemande vieillit. Plus de la moitié des migrants ont moins
de 25 ans et sont en général bien formés ou formables.
Reste le problème de la langue qui nécessite la mise en place de cours pouvant permettre
une intégration rapide.
Adapté de « L’afflux de migrants profite aux patrons allemands », letemps.ch, 2.9.2015.
81 Pyramide des âges du Nigeria en 2016 Pyramide des âges de l’Allemagne en 2016
Source : populationpyramid.net Source : populationpyramid.net
Âges Âges
100+ Population : 0.0% 0.0% 100+ Population : 0.0% 0.0%
95-99 186 987 563 hab. 0.0% 0.0% 95-99 80 682 351 hab. 0.1% 0.0%
90-94 0.0% 0.0% 90-94 0.6% 0.2%
85-89 0.0% 0.0% 85-89 1.2% 0.6%
Femmes Hommes Femmes Hommes
80-84 0.1% 0.1% 80-84 1.9% 1.3%
75-79 0.2% 0.2% 75-79 2.9% 2.3%
70-74 0.4% 0.4% 70-74 2.7% 2.4%
65-69 0.7% 0.6% 65-69 2.7% 2.5%
60-64 0.9% 0.8% 60-64 3.3% 3.3%
55-59 1.2% 1.1% 55-59 3.8% 3.9%
50-54 1.4% 1.4% 50-54 4.3% 4.4%
45-49 1.7% 1.8% 45-49 4.0% 4.0%
40-44 2.2% 2.3% 40-44 2.9% 2.9%
35-39 2.7% 2.8% 35-39 3.0% 3.0%
30-34 3.2% 3.3% 30-34 3.2% 3.3%
25-29 3.6% 3.8% 25-29 3.1% 3.1%
20-24 4.2% 4.4% 20-24 2.6% 2.7%
15-19 5.1% 5.3% 15-19 2.4% 2.5%
10-14 6.0% 6.4% 10-14 2.2% 2.3%
5-9 7.1% 7.5% 5-9 2.0% 2.1%
0-4 8.3% 8.7% 0-4 2.1% 2.2%
12
Un autre élément qui a jusqu’ici per- Projections
1
Russie États-Unis Chine Suisse UE-28D Japon
0
AVS : assurance-vieillesse et survivants. 1950 1975 2000 2015 2025 2050
137
E
85
84
Des échanges de savoir
L'échange et l’accueil d'étudiants, d'enseignants ou de cher-
cheurs dans les hautes écoles sont considérés comme un
enrichissement. Les expériences partagées par les migrants,
leurs apports de connaissances et de méthodes nouvelles per-
mettent à la Suisse de rester dans les leaders de l'innovation.
Quand on partage des idées, il en résulte souvent d'autres
plus intéressantes.
Un étudiant migrant qui obtient un diplôme en Suisse ne peut
pas nécessairement rester dans le pays une fois ses études
achevées. Par contre, des pays comme l'Australie ou les États-
Unis profitent des compétences de certains en les acceptant
après leurs études.
Adapté de hepl.ch
86 87
C’est dans les États arabes d’Asie que la colla- C’est à 50 km au sud de San Francisco que
boration internationale entre scientifiques a le Swisscom a établi son bureau au cœur de la Sili-
plus augmenté entre 2005 et 2014. La producti- con Valley. En 1998, l’opérateur de télécommuni-
vité scientifique a progressé en Arabie saoudite, cations était la première entreprise suisse à créer
grâce notamment aux mesures incitatives mises une base en Californie. « Il est très important
en place pour attirer des chercheurs étrangers. pour nous non seulement de détecter quelles
L’Université du roi Abdulaziz en Arabie saoudite sont les tendances technologiques de demain,
en a attiré plus de 150 et un rapport indique que mais aussi de nous les approprier pour les
« ces enseignants mènent des recherches en mettre au service de nos clients », explique Roger
Arabie saoudite et collaborent avec leurs col- Wüthrich-Hasenböhler, responsable de l’innova-
lègues saoudiens. Ce plan a permis [à l’univer- tion au sein de Swisscom.
sité] de gagner des places dans les classements Aujourd’hui, douze personnes travaillent dans
mondiaux, de stimuler la production globale de
ce bureau de Palo Alto. Nicolas Fulpius, respon-
la recherche et de renforcer les capacités locales
sable du numérique pour les clients commer-
en matière de rechercheD et développement. »
ciaux, s’est installé sur place il y a plus d’une
La Suisse, considérée par l’Union européenne année. Roger Wüthrich-Hasenböhler, lui, fait des
comme « un champion de l’innovation », compte allers-retours entre le siègeD de Worblaufen dans
un des taux de collaboration internationale les le canton de Berne et la ville californienne.
plus élevés au monde. Le fait que 51 % des doc-
Adapté de Anouch Seydtaghia, « Comment Swisscom
torants universitaires en Suisse soient nés à fait son marché dans la Silicon Valley », letemps.ch,
l’étranger n’est sans doute pas étranger à ce 3.10.2018.
phénomène. Dans le secteur privé également,
près de la moitié du personnel de recherche est
née en dehors de la Suisse.
Adapté du rapport de l’UNESCO sur la science « Vers
2030 ; données bibliométriques tirées de la base de
données de Thomson Reuters, traitement des données
par Science-Metrix », unesco.org, 6.1.2017.
138
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
88 89
L’émigration des jeunes diplômés « L’émigration de personnes ne fait qu’aiguiser
Depuis de nombreuses années, le Liban est les problèmes politiques et économiques de
confronté à un sérieux problème, celui de l’émi- l’État d’origine. En effet, une part importante des
gration de ses jeunes diplômés (50 % des jeunes migrants est constituée par des hommes et des
migrants possèdent un diplôme universitaire) femmes jeunes, dotés d’une solide formation et,
vers d’autres pays plus attractifs, économique- par là même, d’une grande confiance en eux. En
ment parlant. Le Liban perd une grande partie de perdant des travailleurs qualifiés et expérimen-
la main-d’œuvre qualifiée qu'il a formée. Salaires tés, ces pays voient s’amenuiser leurs chances
trop bas et instabilité politique font partie des de mettre en place eux-mêmes de meilleures
quelques motifs qui poussent les jeunes Liba- structures. »
nais à s’expatrier. Les entreprises libanaises ont Adapté de sem.admin.ch
besoin de techniciens et font donc appel à de la
main-d’œuvre étrangère pour pallier ce manque.
Les pays d’accueil, quant à eux, bénéficient de
personnes bien formées dont ils n'ont pas eu à
prendre en charge la formation.
Adapté de Jenny Saleh, « Le Liban espère endiguer
la fuite des cerveaux », econostrum.info, 20.3.2010.
FUITE
DES CERVEAUX
Émigration de travail-
leurs qualifiés et spéciali-
sés. Ce phénomène touche
les pays en développe-
90 Mobilité des chercheurs scientifiques internationaux ment, mais aussi les
pays du Nord.
Pourcentage de chercheurs étrangers Pourcentage de chercheurs natio-
qui immigrentD dans le pays naux qui émigrent à l’étranger
Australie
Brésil
Allemagne
Inde
Italie
Japon
Suisse
139
F
LES FRONTIÈRES SONT-ELLES OUVERTES OU FERMÉES ?
Les gouvernements des pays du monde ne portent pas tous le même regard au sujet des fluxD migra-
toires. Alors que certains pays encouragent l’accueil de migrants, d’autres y sont au contraire totalement
défavorables. Il existe différents outils permettant de réguler les flux migratoires : le contrôle de la
FRONTIÈRE en est un.
Tout migrant qui quitte son pays et veut entrer dans Dans tous les cas, ces différentes manières de gérer
un autre se heurte inévitablement à une barrière les frontières d’un pays sont le reflet de décisions
appelée frontière. Parfois, le passage de la frontière politiques. Mais celles-ci ont parfois des consé-
passe inaperçu, car les frontières sont ouvertes et quences dramatiques lorsque des migrants meurent
les personnes peuvent circuler librement d’un pays à en voulant à tout prix passer la frontière ou lors-
l’autre. Parfois, au contraire, la frontière est marquée qu’elles favorisent le développement d’activités
sur le terrain par une barrière physique qui com- illicites aux abords de la frontière.
plique ou interdit le passage, comme un mur, une- À quoi sert une frontière ? Les frontières peuvent-
barrière ou un obstacle naturel. Souvent, la frontière elles supprimées ? La frontière peut-elle être utilisée
est marquée par le contrôle de documents admi- pour freiner l’immigration ? Quelles peuvent être les
nistratifs autorisant l’entrée ou non dans un pays. conséquences de la fermeture d’une frontière ?
FRONTIÈRE
Limite politique sépa-
rant deux territoires.
91 Les postes-frontières sont
les lieux où sont contrôlés
le passage de personnes
et de marchandises entre
les territoires.
Migrants tentant de passer la frontière qui borde le terrain de golf de Melilla, 2014.
140
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
LIBRE Açores
(Portugal)
CIRCULATION Ceuta Melilla
Abolition des contrôles pour les Enclaves
personnes à l’intérieur de l’espace Îles Canaries espagnoles
(Espagne)
Schengen, pour autant qu’elles
soient ressortissantes d’un pays 500 km
membre ou qu’elles possèdent un
titre de séjour valable (visa, permis
de travail, etc.). Les marchandises Espace Schengen, les 26 pays de l’espace Schengen
sont en revanche soumises à 22 pays membres de l’Union européenne (UE)D
des contrôles douaniers.
4 pays membres de l'Association européenne de libre-échange (AELE)D
93
94
141
F
95
En Australie
Lorsque l'Australie est découverte par les Européens au XVIIe siècle, elle est
peuplée de 350 000 aborigènes. Aux XIXe et XXe siècles, le gouvernement
met en place une politique migratoire visant à favoriser le peuplement du
pays, notamment par les migrants européens.
Aujourd'hui, l'Australie est un pays riche, cosmopolite (25 % des Australiens
sont nés dans un autre pays), mais peu densément peuplé.
Depuis les années 2000, elle a modifié sa politique migratoire et cherche à
freiner l’immigration en provenance du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud. Le
pays pratique une immigration sélective, accueillant avant tout les jeunes
migrants disposant d’un bon niveau de formation.
POLITIQUE
MIGRATOIRE
96 Mesures prises par un
pays pour favoriser ou
restreindre l’immigration
et les conditions
de séjour dans
le pays.
97
Le Ministère australien de l’immigration et de la citoyen-
neté fait produire un film
Pendant de nombreuses années, la majorité des réfugiésD
qui tentaient de rejoindre l’Australie par la mer étaient origi-
naires d’Afghanistan. Presque tous ceux qui arrivaient en vie
recevaient l’asile.
En 2016, un film – The Journey (Le Voyage) – a été produit pour
dissuader les migrants afghans de se rendre en Australie. Il
décrit les risques et le sort tragique de ceux qui partent pour
un voyage périlleux à travers l’océan Indien. Il a été diffusé sur
Affiche encourageant l’immigration deux chaînes de télévision afghanes.
en Australie, 1948.
« C’est un bon film qui montre la façon dont les passeursD
trompent les migrants », estime l’Afghan Mostafa Ebadi,
23 ans. « Il était difficile à regarder. Il m’a fortement boule-
versé. Je sais que ce sont des acteurs, mais tout cela arrive
vraiment aux Afghans », a commenté Ali Reza, un tailleur de
18 ans.
Récemment, sur fond de durcissement de la législation sur
l’immigration en Australie, la popularité de cette destination
chez les migrants afghans a progressivement diminué. La
grande majorité d’entre eux se rendent maintenant en Europe.
Adapté de « Un film australien vise à dissuader les
COSMOPOLITE : aux origines variées. demandeurs d’asile afghans de se rendre en Australie »,
MOYEN-ORIENT : vaste région comprenant lecourrieraustralien.com, 29.3.2016.
les pays situés entre l’est de la mer
Méditerranée et le Pakistan.
142
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
98
Mis en œuvre par l’Union européenne (UE) en septembre 2015, après l’importante vague
migratoire qui a touché les pays du sud de l’Europe, le système de quotasD, qui oblige chaque
pays de l’UE à accueillir un certain nombre de migrants sur son territoire, a suscité l’oppo-
sition de plusieurs pays dont l’Autriche, la Hongrie et la Pologne. Selon eux, cette décision
est une violation de leur souveraineté nationale.
Adapté de « Quotas de migrants : la Slovaquie et la Hongrie déboutées par la justice européenne »,
francais.rt.com, 6.9.2017.
99
100
101
À l’Université de Yale, la politique migratoire de Donald Trump fait débat. « Les positions du
président américain inquiètent les étudiants », explique Jane Edwards, doyenne de l’univer-
sité en charge des expériences internationales et professionnelles. EldoradoD universitaire,
les États-Unis pâtissent désormais d’une mauvaise image au-delà de leur frontière. […]
Pour la rentrée 2017, l’Université de New Haven a subi une baisse de 40 % des candidatures
déposées depuis l’étranger, un coup dur pour l’établissement. Très convoités, les étudiants
internationaux ont rapporté en 2015 plus de 35 milliards de dollars à l’économie américaine,
selon le Département du Commerce américain. Au-delà des considérations financières, les
universités soulignent les bienfaits liés à la présence de différentes nationalités sur un même
campus. Les étudiants américains développeraient ainsi davantage leur esprit critique et
leur capacité à questionner leurs propres croyances et systèmes de valeur. […]
Ces derniers mois, Donald Trump a restreint les conditions d’obtention et de renouvel-
lement du visa H1B, destiné aux employés dits qualifiés ou spécialisés. Très prisé par les
étrangers à la fin de leurs études, ce visa de travail est particulièrement populaire chez les
spécialistes en informatique indiens. « Aujourd’hui on a très peu de chances d’obtenir un
H1B. Il faut décrocher un stage aux États-Unis pour pouvoir y prétendre, mais c’est difficile :
j’ai envoyé trente candidatures pour l’été prochain et je n’ai aucune réponse », indique une
jeune femme.
Adapté de Charlotte Oberti, « Politique migratoire de Trump :
le rictus des campus américains », france24.com, 18.11.2017.
143
F
104
Les
105enceintes frontalières
Les enceintes de Ceuta etde
frontalières Melilla
Ceuta et Melilla
Tour de guet
Surveillance diurne/nocturne
pour identifier l'approche
Barrière de dissuasion
La barrière est un labyrinthe
Cercueils le long du mur séparant Tijuana
Projecteurs
de câbles tressés de 6 à 12 mm (Mexique) de San Diego (États-Unis), figurant
Ceri et Atelier de cartographie de Sciences Po, 2010
No man’s land
ESPAGNE MAROC
144
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
ITA
LIE
10 Principaux points
1100 $ 00 de trafic de
ESPAGNE GRÈCE à8
000 TURQUIE
$ migrants
500 à
TUNISIE MALTE
2500 $
SYRIE $
Benghazi Tarifs approximatifs
Sallum de la prise en
MAROC charge complète,
Tripoli
$
en dollars US
000
Îles Canaries
ÉGYPTE
à 10
ALGÉRIE Sabha
800 à 1300 $
8000
LIBYE
ARABIE
40
$
SAHARA
00 $
à 3000
SAOUDITE
$
OCCIDENTAL Ma’tan
0$
3000 à 4000 $
1300
Tamanrasset as Sarah
$
900 $
30
00 0
Selima
2000
0à
à 40
10
850 $
20
00
MAURITANIE MALI 0 0à
0
Agadez
10
Gao
35
YÉMEN
00
TCHAD ÉRYTHRÉE
$
1,6 % 3,6 %
15,8 %
2,9 %
9%
50,9 %
4,9 %
1,5 %
2,7 %
145
G
EST-IL SIMPLE DE VIVRE AILLEURS ?
Lorsque l’on voyage en tant que touriste dans le monde, on constate que chaque région se différencie
des autres par ses coutumes, son mode de vie, ses habitudes culinaires et vestimentaires, etc. C’est cette
diversité culturelle qui fait la beauté et la richesse de notre planète, et c’est elle qui est le plus souvent
mise en valeur dans les catalogues de voyage. Mais, lorsqu’il s’agit d’accueillir durablement des per-
sonnes issues d’une autre culture, la diversité peut parfois devenir source de tensions.
De tout temps, les fluxD migratoires ont contribué à Comment faire pour vivre dans une autre culture ?
mettre en contact des groupes sociaux appartenant Peut-on imposer certaines valeurs, traditions ou
à des CULTURES différentes. De ces rencontres sont croyances plutôt que d’autres ? Quelles actions
issues les valeurs, les langues et les traditions qui entreprendre pour favoriser le vivre ensemble ?
caractérisent nos sociétés actuelles. Comment un migrant peut-il réussir à concilier sa
Le touriste qui découvre et expérimente une autre culture d’origine et celle de son pays d’accueil ?
culture le fait pour un temps limité. L’effort d’adap-
tation est modeste et, à son retour de vacances, il
retrouve ses habitudes.
Il n’en va pas de même pour le migrant. De manière
volontaire ou forcée, il a quitté sa culture pour s’im- CULTURE
merger dans une autre qu’il va lui falloir découvrir et Ensemble de traits dis-
apprendre à connaître. Son intégrationD dans le pays tinctifs qui caractérisent le
mode de vie d’un groupe
d’accueil dépendra de sa capacité à s’adapter, mais
social. Cela englobe les
aussi des actions mises en place par le pays d’accueil. valeurs, les traditions, les
croyances, l’alimentation,
l’habillement, l’art,
109 etc.
L’ONU a proclamé le 21 mai « Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement ».
146
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
110 111
Quelques marques de savoir-vivre en Asie Il existe un fossé culturel entre la culture africaine
et la culture occidentaleD. Il s’explique par le fait
– Pour se désigner, les Chinois pointent leur nez que les Européens possèdent une culture dite
avec l'index, alors que les Suisses dirigent l'in- « écrite » tandis que les Africains ont une culture
dex vers leur poitrine, ce qui choque les Chinois. dite « orale ». Cette différence culturelle se perçoit
– Les Occidentaux se mouchent en public dans dans les situations de la vie quotidienne.
un mouchoir, geste très mal vu par les Chinois. En Afrique, on pleure beaucoup plus pour la mort
Par contre, eux n'hésitent pas à cracher par d’un ancien que pour celle d’un nouveau-né,
terre, même s'ils sont en train de parler avec tout simplement parce qu’avec l’ancien s’en va
une autre personne. Il s'agit d'un réflexe hygié- un savoir qui ne pourra plus être transmis. On
nique : on ne garde pas de mucosités. emploie une métaphore : « Un vieux qui meurt,
– Au Cambodge, comme souvent en Asie, il ne c’est une bibliothèque qui brûle ! ».
faut jamais s'énerver et surtout ne pas élever Dans beaucoup de dialectes africains, la traduc-
la voix, ni se faire menaçant. Ce genre de com- tion du mot « non » n’existe tout simplement
portement fait perdre la face à un Cambodgien pas. La conversation est très importante pour
et il vous en tiendra rigueur. les peuples de culture orale, par conséquent, il
– En général, en Asie, il ne faut jamais toucher la faut tout faire pour qu’elle dure le plus longtemps
tête d'une personne (surtout d'un enfant), qui possible et qu’elle ne soit pas interrompue. Or
est la partie sacrée du corps. le mot « non » va abréger voire interrompre la
conversation.
Adapté de routard.com
Adapté de « Réflexion sur les différences culturelles
Afrique/Europe », afrikhepri.org, 24.1.2019.
112
La tour de Babel
La tour de Babel est un épisode de la Bible.
En ces temps, les hommes parlaient tous la
même langue. Après le Déluge, les hommes
décidèrent de construire une tour si haute
qu’elle permettrait d’atteindre les cieux.
Dieu, en colère face à un tel orgueil, brouilla
la parole unique des hommes. Ces derniers,
n’arrivant plus à se comprendre, abandon-
nèrent la construction de la tour et partirent
peupler la surface de la Terre.
Ce récit mythique a souvent été utilisé pour
expliquer l’origine de la diversité des lan-
Pieter Brueghel l’Ancien, La Tour de Babel, vers 1563. gues et des cultures.
147
G
113 114
ATHUGIÐ!
Gestir skulu þvo sér án sundfata
áður en gengið er til laugar.
OBSERVE!
Every guest is required to wash
thoroughly without a swimsuit
before entering the pools.
BEMÆRK!
Alle gæster må vaske sig
uden badetøj inden de
går í svømmebassinet.
ACHTUNG!
Alle Gäste müssen sich mit Seife und
ohne Badeanzug waschen ehe sie in
das Schwimmbad gehen.
ATTENTION!
Les baigneurs sont tenus de se
laver au savon sans maillot de
bain avant d’entrer dans la piscine.
UWAGA!
Przed przejściem do basenu
prosimy o skorzystanie z
prysznica bez bielizny kąpielowej.
SÁPA
115
148
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
117 118
La ville d'Oslo (Norvège)
autorise, dans ses piscines,
le port du burkini, maillot
de bain islamique. La muni-
cipalité considère que tous
les habitants doivent pou-
voir bénéficier des piscines.
Il est précisé que seuls les
vêtements conçus pour la
baignade peuvent être utilisés. Tous les pays ne partagent
pas cet avis, certains l’interdisent, officiellement au nom
de l'hygiène. Pour beaucoup, l'intégration passe aussi par Policier d’origine étrangère autorisé
l'acceptation de la culture du pays d'accueil. à porter le turban sikh, Royaume-Uni,
Adapté de « La ville d’Oslo autorise le port du burkini 2012.
dans ses piscines », 20min.fr, 28.8.09.
119
En Italie, un de mes amis m’a conseillé de mettre à pro-
fit mon héritage culturel. Ce fut un tremplin vers une belle
carrière. Je suis aujourd’hui DJ, animateur radio, expert en
football africain et j’organise des projets pour les écoles élé-
mentaires qui visent à faire connaître la culture africaine aux
enfants. J’ai toujours pensé que rassembler des cultures dif-
férentes générait des choses positives. J’aime dire que dans
le cappuccino, le lait devient moins blanc et le café devient
moins noir et c’est la fusion des deux qui le rend si bon.
Adapté du témoignage de Sékou,
migrant de Côte d’Ivoire, iamamigrant.com BURKINI : mot provenant de la contraction
des mots burqa, voile intégral afghan, et de
bikini, maillot de bain.
149
G
Lutter contre la STIGMATISATION et la ségrégation
Les différences culturelles (religieuses, alimentaires, vestimentaires, etc.) font souvent
l'objet de stigmatisations. Elles peuvent déboucher sur des formes de ségrégation,
c’est-à-dire de mise à l’écart d’un groupe social au détriment d’un autre. Une politique
d'intégration réussie est celle qui permet d'inclure dans la société tous les groupes
sociaux malgré l'existence de différences culturelles.
120
STIGMATISATION
Processus visant à donner une
image négative d’une personne
ou d’un groupe social ne répon-
dant pas au modèle dominant
dans la société. Les différences
culturelles, religieuses, alimen-
taires, comportementales, etc.
peuvent faire l’objet de
stigmatisations.
150
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
125
DU 18 AU 24 MARS 2013
SEMAINE CONTRE LE RACISME
www.semainecontreleracisme.ch
126
Les segundos sont les recrues les plus motivées
L’enquête de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a été
effectuée sur 4800 recrues. Elle démontre que 58,6 % des jeunes
hommes issus de l’immigration se disent « plutôt » ou « tout à
fait » motivés par le service militaire. Leurs collègues suisses de
photo : Art10.ch / conception : www.superposition.info
Affiche présentant une action visant à souche n’étaient que 57,2 %. Bien que la différence semble faible,
tisser des liens interculturels, Jura, 2019. elle est néanmoins statistiquement significative, a expliqué l’auteur
de l’étude, Tibor Tresch Szvircsev. Il donne l’exemple d’un soldat
d’origine turque qui déclarait que sa famille était « extrêmement communes
genevoises
pArtenAires
Opération Papyrus
Pendant sept ans, les prières de la Brésilienne Barbara Vieira n’avaient qu’un objet : « Mon
Dieu, faites que je sois transparente ! » Sept ans à avoir peur dans le bus, peur à la gare,
peur des coups de sonnette, « sans compter la pression sur mon fils pour qu’il fasse des
bonnes notes à l’école », dans l’espoir d’une régularisation. Et puis un jour, les larmes
devant son permis B, obtenu grâce à l’opération Papyrus.
Depuis 2015, Papyrus a permis à 590 sans-papiers, dont 147 familles, de sortir de l’ombre
à Genève. Les immigrants clandestinsD régularisés viennent majoritairement d’Amérique
du Sud, des Balkans et des Philippines. Les trois quarts d’entre eux travaillent dans l’éco-
nomie domestique, les autres dans la restauration et la construction.
Désormais, des milliers de clandestins genevois, parmi les 13 000 estimés dans le canton,
pourront espérer décrocher leur régularisation. Ils devront avoir un emploi, être indépen-
dants financièrement, pouvoir prouver résider depuis 5 ans en Suisse pour les familles
(10 ans pour les célibataires), ne pas avoir été condamnés pénalement et être intégrés, RÉGULARISATION :
obtention d’un
avec un niveau de français suffisant. statut légalD
Adapté de Laure Lugon, « Genève se lance dans la régularisation des clandestins », (permis de séjour).
letemps.ch, 21.2.2017. PERMIS B : voir
page 126.
151
H
L’ANGOLA, PAYS D’ÉMIGRATION OU D’IMMIGRATION ?
L'Angola est un grand pays situé au sud du continent africain. Longtemps COLONIE du Portugal, il est
devenu indépendant en 1975. Les ressources naturelles de son sous-sol lui assurent un immense potentiel
économique. Il peut compter sur des richesses minièresD telles que le pétrole, les diamants, le cuivre,
le fer, le manganèse et l’uranium.
Après son indépendance en 1975, l’Angola a vécu Toutefois, cette période de prospérité n’a pas béné-
27 ans de guerre civileD. Le pétrole et les diamants ficié à l’ensemble de la population angolaise. Une
suscitaient la convoitise des différents acteurs du forte augmentation du coût de la vie a contribué à
conflit. Cette période sombre a fait 4 millions de accroître les inégalités sociales dans le pays.
déplacés, près d’un million de morts, et a poussé de Depuis 2014, la baisse du cours du pétrole plonge le
nombreux Angolais à émigrerD. pays dans l’incertitudeD. Y a-t-il un lien entre la santé
La guerre civile a pris fin en 2002, avec l’élection économique d’un pays et les migrations ? Pourquoi
d’un gouvernement qui a permis la stabilisation les Portugais ont-ils été si nombreux à émigrer en
politique de l’Angola. Depuis, le pays a entrepris Angola ? Comment les immigrants sont-ils perçus en
de reconstruire ses infrastructuresD et ses réseaux Angola ? Que se passera-t-il si l’Angola est touché
(transports, énergie, etc.), en signant des accords par une crise économique ?
avec des entreprises étrangères. L’économie du
pays a rapidement décollé, soutenue par des reve-
nus pétroliers élevés. Cette période faste a incité de
nombreux étrangers à migrer en Angola pour profiter COLONIE
du développement économique. Territoire occupé,
exploité et administré
par un État
128 étranger.
152
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
À la découverte de l'Angola
L'Angola est un pays de contrastes. Dans la capitale Luanda, des bâtiments hérités du
passé colonial jouxtent d'imposants buildings contemporains. Les ressources minières
du pays ont fait la fortune d'une élite politique et économique dans un pays d'une
grande pauvreté. Dans les campagnes, les efforts de reconstruction du pays n'ont pas
encore effacé les traces de la guerre civile.
129 130
L'Angola et sa capitale Luanda
– L'Angola est trente fois plus grand que la Suisse. Le pays
compte près de 30 millions d’habitants et sa population est
en forte croissance.
– C’est un pays de la zoneD chaude. On trouve au nord un climat
tropical humide, tandis que le sud du pays est beaucoup plus
sec, en particulier le littoralD atlantique.
– L’économie angolaise est très dépendante du pétrole qui
représente 70 % des revenus du pays. Les variations du cours
du pétrole ont donc un impact important sur l’économie du
pays.
Centre-ville de Luanda : d’anciens
– L’Indice de développement humain (IDH)D de l’Angola le place bâtiments rappellent le passé colonial de la
au 147e rang mondial, soit à un niveau considéré comme tout ville, 2013.
juste moyen. De nombreux Angolais vivent dans des condi-
tions de grande pauvreté. La moitié de la population vit avec 131
moins de 2 dollars par jour. Un enfant sur six meurt avant cinq
ans, c'est le taux de mortalité le plus élevé au monde.
– La capitale Luanda compte plus de 7 millions d'habitants. Le
centre-ville et le front de mer sont constitués d’immeubles
neufs, abritant une population riche, tandis que d’immenses
bidonvilles, appelés musseques, s’étendent autour de la capi-
tale et hébergent une population très pauvre.
– Les Angolais parlent différentes langues, mais le portugais est
resté la langue véhiculaire et officielle. Chacun le comprend
et le parle.
Situation en 2018.
132 133
153
H
Une vague migratoire en provenance du Portugal
En 2008, le Portugal est touché de plein fouet par une crise économique et le chô-
mage pousse de nombreux Portugais à émigrer. À la même époque, l'Angola vit une
période de forte croissance économique, les opportunités professionnelles y sont
nombreuses. Les liens hérités de l'histoire coloniale font de ce pays une destination
privilégiée pour les Portugais.
154
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
138 Ressources
CONGO naturelles de l’Angola en 2016 139
© d-maps.com
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
Cu
Luanda
Fe
Mn
OCÉAN
ATLANTIQUE
ANGOLA
Benguela Fe
Plate-forme pétrolière au large de l’Angola, 2016.
ZAMBIE
Fe
Fe
155
H
145
146
Regards angolais sur les immigrants chinois 147
Eduardo est chauffeur. Il ne peut s’empêcher de faire une grimace
en pensant à la présence des entreprises chinoises à Luanda. « À
quoi servent donc tous ces beaux bâtiments modernes ? », s’inter-
roge-t-il. « Sûrement pas pour les pauvres. Je me demande pour-
quoi cet argent n’est pas plutôt employé à construire des écoles
et des hôpitaux. » Mais la plupart des Angolais sont tout de même
reconnaissants envers la Chine d'être intervenue en Angola après
la guerre, en 2002. Pour eux, il n’y a aucun doute sur l’ampleur des
améliorations apportées par la Chine en matière de transport, de
distribution d’eau et de réseau d’électricité.
Guard Paulo et le tailleur Pinto vivent dans un bidonville. Ils ne
trouvent rien à redire sur l’action des Chinois. « Ils sont en train de
rénover la ville entière et les produits chinois sont bon marché »,
lance Pinto. « Ils travaillent dur. Ils démolissent une maison et la
reconstruisent en un rien de temps. Ils dorment même sur place. »
Adapté de rnw.nl
Commerçant chinois à Huambo,
au centre de l'Angola, 2010.
156
Les migrations, leurs causes et leurs conséquences
148
Luanda Lisbonne Beijing Johannesbourg Genève
En francs suisses (Angola) (Portugal) (Chine) (Afrique du Sud) (Suisse)
149 150
151
L’Angola va-t-il redevenir un pays d’émigration ?
À l’automne 2014, le prix du baril de pétrole est passé de 100 $ à 50 $ en
quelques mois et il est resté à peu près au même niveau depuis. Les reve-
nus pétroliers de l’Angola ont fortement diminué. Il n’y a plus d’argent pour
financer les projets de développement et les chantiers ferment les uns après
les autres. Des villes construites de toutes pièces restent inachevées. Cette
situation économique difficile pousse le pays à diversifier ses sources de
revenus. Le pays mise actuellement, par exemple, sur la pêche au large des
côtes angolaises. Mais les difficultés économiques du pays poussent aussi
de nombreuses personnes, qui avaient immigréD en Angola entre 2003 et
2014, à repartir dans leur pays...
157
LEXIQUE
158
LEXIQUE
EXPATRIÉ (s’expatrier) 126, 127, 135, 157 MAIN-D’ŒUVRE 73, 77, 82, 103, 121, 132, 134, 156
Personne qui vit hors de sa patrie d’origine (quitter sa patrie). Ensemble des personnes (ouvriers, employés) qui travaillent
FABRIQUER 66, 87, 96, 100 à la réalisation d’un produit.
Actions qui consistent à travailler et assembler des matériaux MANUFACTURE 87
et des pièces pour réaliser un produit fini. Lieu dans lequel des produits sont réalisés principalement
FILIÈRE DE PRODUCTION 69, 70 à la main et avec des outils.
Succession d’opérations allant de l’extraction de la matière MARCHÉ 69, 70, 97, 100, 135
première à la réalisation du produit fini. Lieu réel ou virtuel où se rencontrent vendeurs et acheteurs;
FLUVIAL 77, 88 désigne par extension l’ensemble des consommateurs susceptibles
Qui a trait à un fleuve. de vouloir acheter un produit.
FLUX 77, 88, 134, 148 MARKETING 94
Circulation de personnes, de marchandises, d’argent, d’informations Ensemble de techniques visant à attirer et fidéliser les consomma-
entre deux points. teurs.
FLUX MIGRATOIRE 118, 120, 132, 140, 146, 154 MÉTÉO 12, 13, 14, 20, 35, 40, 42, 52, 95
Évaluation quantitative du nombre de migrants partant d’un lieu État de l’atmosphère à un moment donné (température, précipita-
pour aller vers un autre lieu, sur une période donnée. tions, pression atmosphérique, etc.). Les météorologues étudient
FRONTIÈRE 89, 111, 116, 123, 130, 140 la météorologie, les phénomènes météorologiques.
Limite politique séparant deux territoires. MÉTHANE (CH4) 22, 41
FUITE DES CERVEAUX 139 Puissant gaz à effet de serre dont la majeure partie est issue
Phénomène dans lequel des travailleurs qualifiés quittent leur pays de l’élevage intensif.
d’origine pour aller travailler dans un autre pays. MIGRATION 12, 108, thème c
GAZ À EFFET DE SERRE (GES) 21, 32, 41, 42, 56 Déplacement d’un individu impliquant un changement de lieu
Gaz présents l’atmosphère empêchant la chaleur issue du de vie.
rayonnement solaire de repartir dans la haute atmosphère. MIGRATIONS INTERNES 121
HÉMISPHÈRE (Nord ou Sud) 27, 42, 136 Circulation de personnes à l’intérieur d’un pays ou d’un continent.
Une des deux moitiés de la sphère terrestre situées au nord MINIER, MINIÈRE 33, 71, 86, 152
ou au sud de l’équateur. Relatif à une mine, un gisement exploité de matériaux extraits
HYDROSPHÈRE 23, 28 du sous-sol (minerais, métaux, etc.).
Partie de la planète composée d’eau sous forme liquide (mer, océan, MOBILITÉ 61, 108, 121, 130, 138, 147
lac, fleuve, rivière, etc.). Faculté de se déplacer d’un lieu à un autre.
IDH (Indice de Développement Humain) 43, 83, 153 MODÈLE CLIMATIQUE 26
Indicateur composé de plusieurs paramètres permettant d’évaluer Outil informatique permettant de simuler une situation et son
le niveau de développement d’un pays. évolution dans le futur, ici le système climatique terrestre.
IMMIGRATION SÉLECTIVE 136 Modéliser ou réaliser une modélisation, c’est élaborer un modèle.
Recrutement de main-d’œuvre immigrée en fonction des besoins MONDIALISATION 70, 88
de l’économie locale. Circulation à l’échelle mondiale des biens, des personnes
IMMIGRER 111, 139, 157 et des informations.
Action de se rendre dans un pays, avec l’intention d’y résider.
MULTINATIONALE 74
INCERTITUDE 30, 114, 152 Grande entreprise dont les différents secteurs d’activités
Fait de ne pas être sûr de quelque chose. se répartissent dans plusieurs pays.
INFRASTRUCTURES 33, 41, 48, 56, 76, 88, 152 NATALITÉ 137
Ensemble d’installations et d’équipements nécessaires Nombre de naissances par rapport à une population donnée.
à une collectivité.
NUISANCES 76, 81, 91
INLANDSIS 39 Éléments qui ont un impact négatif sur la santé et le bien-être
Immense glacier recouvrant un territoire très vaste. de la population (pollution atmosphérique, bruit, etc.).
INTÉGRATION 117, 120, 134, 146, 149 OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE 99
Ensemble d’actions visant à favoriser l’adaptation d’un individu Stratégie visant à réduire la durée de vie des objets, de façon
dans un nouveau lieu de vie. à en accroître la consommation.
INTERFACE 77 OCCIDENT (occidental) 1. 73 / 2. 77, 98, 125, 147, 154
Zone de contact entre deux espaces distincts. 1. Ouest. 2. Expression géopolitique, désignant un ensemble de
INTERMODAL (transport) 78, 90 pays ayant une base culturelle commune, issue de la civilsation
Transport de marchandises faisant appel à différents modes gréco-romaine. Il regroupe généralement l’Europe (UE et AELE),
de transport successifs (p. ex. cargo-train-camion). le Canada, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
INTERMODALE (plate-forme) 93 ONG (Organisation Non Gouvernementale) 25, 99, 103, 117, 122
Lieu équipé d’infrastructures permettant le transfert des Association financée par des dons privés, et ne dépendant donc
marchandises d’un mode de transport à un autre. pas d’un Etat, défendant le plus souvent des causes environ-
INTERMODALITÉ 92 nementales ou sociales.
Utilisation de plusieurs modes de transport au cours OURAGAN (typhon) 13, 26, 42, 52, 129
d’un même déplacement. Phénomène météorologique de la zone chaude, caractérisé
IRRIGATION 22, 55, 98 par des vents violents et des précipitations abondantes.
Fait d’amener de l’eau vers une terre agricole. PASSEUR 116, 123, 142
ILLÉGAL (illégalité, illégalement) 97, 123, 150, 156 Personne faisant passer illégalement une frontière à des migrants,
Voir légal. contre rétribution financière.
LÉGAL (légalité, légalement) 80, 118, 151 PÉNURIE 46, 136
Qui est en accord avec la loi (antonyme : illégal, illégalité, Situation de manque.
illégalement). PERGÉLISOL 41
LINGUISTIQUE 120, 132 Parties de la surface de la planète qui restent gelées durant
Qui a trait au langage. toute l’année.
LITTORAL 15, 33, 48, 77, 153 PIB (Produit Intérieur Brut) 83, 135
Zone de contact entre la terre et l’océan (ou la mer) ; Indicateur économique mesurant la richesse produite à l’intérieur
dénommé aussi côte ou rivage. d’un pays ; peut être assimilé aux revenus du pays.
159
LEXIQUE
160
CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES
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Visioncarto.net/Philippe Rekacewicz. Page 27. © The Effects of Weather Shocks on Economic Activity : What are the Channels of Impact ? by Topalova,
Petia et al/Reproduced with permission of International Monetara Fund in the format Book via Copyright Clearance center. Page 28. © Visioncarto.net/
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Les références complètes des sources sont indiquées dans les ressources numériques à disposition de l’enseignant (infos-source).
Le changement climatique :
les risques liés aux phénomènes
atmosphériques
De la production à la consommation
d’un produit industriel
ISBN 978-2-88500-351-2