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LA MOBILISATION DE RESSOURCES POUR LES PROJETS DE


DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE, Cas des ONGD de la ville de Lubumbashi

Auteur: KASONGO MULONGO Jibrill1


Mots clés : Mobilisation des ressources, projet, développement communautaire,
fournisseurs de ressources, ONGD.

Resumé :
Dans la ville de La ville de Lubumbashi, à l’instar d’autres régions de la
République Démocratique du Congo sortant d’une longue série de conflits armés, nous y
dénombrons des dizaines d’organisations non gouvernementales de développement (ONGD)
locales, œuvrant seules ou en partenariat avec certaines institutions étrangères. Elles assistent
la population plus démunie en organisant des activités sporadiques de développement
communautaire. Le financement des projets reste difficile et la pérennisation de des activités
en souffre.
Notre étude retospective a réalisé un état de lieux sur les capacités des managériales des
ONGD de la ville de lubumbashi, en recourant à la méthode fonctionnelle, ciblant 12 ONGD
ayant réalisé les projets de développement en 2005 et 2006 dans la ville de Lubumbashi. Le
traitement des données était manuel et informatisé à l’aide du logiciel Excel 2003.
Les résultats de cette étude ont révélé que les faibles capacités managériales empêchent
certains acteurs de développement à obtenir les ressources nécessaires pour réaliser les
projets et d’autres ne savent même pas auprès de quels partenaires recourir pour initier la
mobilisation des ressources. Toutefois, une minorité des managers des ONGD semblent
maîtriser leur système de mobilisation des ressources. Ces résultats ont démontré la nécessité
de renforcer les capacités des acteurs de développement sur les mécanismes de mobilisation
des ressources pour les projets de développement communautaire.

1
Institut Supérieur d’Etudes Sociales (ISES) de Lubumbashi, Département de Développement communautaire
2

INTRODUCTION

Tout gestionnaire avisé est conscient que nul ne peut prétendre gérer un projet sans
disposer des ressources nécessaires. Pourtant cette étape constitue un casse-tête pour plusieurs
managers et entraîne parfois l’arrêt de certains projets de développement communautaire.
Nous passons en revue la théorie sur la mobilisation des ressources, en comparant
à la pratique que les Organisations non gouvernementales de développement (ONGD) et
Organisations à base communautaire (OBC) de la Ville de Lubumbashi réalisent
concrètement. Ainsi notre démarche s’ajoute aux multiples efforts de réforme en cours et place
les jalons qui serviront de référence aux Managers de projets de développement et Leaders
communautaires œuvrant pour améliorer le vécu quotidien de la population plus démunie.
La mobilisation des ressources n’est pas le fruit exclusif de notre imagination ni
une nouvelle doctrine que nous présentons au public. Plusieurs chercheurs s’y sont intéressés
avant nous. Bien que nous ne disposions pas d’espace pour lister tous leurs ouvrages, nous
voudrions néanmoins saluer l’apport de quelques auteurs ayant abordé certains aspects de ce
sujet.
Sur le plan mondial, L’Alliance(1) considère la mobilisation des ressources comme
un besoin vital pour chaque ONG/OBC. Sans se limiter uniquement à l’aspect de collecte des
fonds, cette institution a développé les aspects couvrant la mobilisation des ressources en
général et consacre le renforcement du partenariat comme une priorité pour les acteurs des
ONG/OBC de lutte contre le VIH/SIDA.
William G. et ses collaborateurs ont abordé le même sujet en insistant sur la
rigueur dans la gestion financière dans les différentes affaires. Ils mentionnent l’importance de
l’utilisation de la nouvelle technologie de l’information tant à la mobilisation des ressources
qu’au partage des informations sur l’évolution des activités(2).
Dans le management de projets de santé publique, Thylefors B. et alliés ont
produit un guide pour l’élaboration des propositions, avec un modèle des postes budgétaires

(1)
International HIV/AIDS Alliance, Collecte des fonds et mobilisation des ressources pour les programmes de
Lutte contre le VIH/SIDA, Module de formation pour le renforcement des capacités des ONG/OBC,
Royaume-Uni, Août 2004.
(2)
WILLIAM, G. N., JAMES, M. M. & SUSAN, M. M., Understanding Business, McGraw-Hill, New York,
2002.
3

standardisés afin de faciliter la préparation des demandes des fonds. Cet ouvrage a aidé
plusieurs directeurs régionaux impliqués dans la lutte contre la filariose lymphatique(3).
Une enquête des pratiques de sollicitation des organismes de charité non
confessionnelles réalisée en 1995 par le Centre Canadien de philanthropie et la Fondation
Canada West fournit des indications utiles à la discussion sur le mode de collecte de fonds(4).
L’équipe de Charles Lusthaus, dans leur ouvrage Evaluation organisationnelle,
analysant le concept de la performance organisationnelle, Ils décrivent la capacité
organisationnelle comme l’ensemble de compétences et valeurs organisationnelles qui
permettent aux pays, aux organisations et aux individus à tous les niveaux de s’acquitter de
leurs fonctions et d’atteindre leurs objectifs en matière de développement(5).
Sur le plan national, il convient de souligner que plusieurs chercheurs ont
développé les notions de gestion des ressources dans les projets de développement ; mais
aucun travail ne s’est particulièrement attardé sur les mécanismes de mobilisation de
ressources.
Cependant, en 2004 dans notre précédente étude(6), nous avions relevé la nécessité
d’établir un partenariat sincère en vue de garantir la transparence dans la gestion des projets de
développement communautaire. Nous avions souligné en passant que la participation de tous
les partenaires devrait se faire à toutes les étapes du projet, c’est-à-dire depuis la planification
à l’évaluation en passant évidemment par la mobilisation des ressources. Nous avions souligné
dans nos résultats que le partenariat constitue également un gage dans le processus de
mobilisation des ressources et reste un des remèdes applicables aux maux qui rongent notre
société déjà bouleversée par une crise socio-économique indescriptible.
Notre étude actuelle se démarque des autres du fait que nous mettons en exergue
plusieurs mécanismes de mobilisation d’une variété de ressources, contrairement à ceux qui
limitent leur démarche sur la collecte de fonds ou ceux qui ne développent que les aspects
d’utilisation des fonds des projets.

(3)
THYLEFORS, B., MADDOCK, C. & WUICHET, P., Manuel explicatif de la collecte de fonds à l’usage du
directeur du Programme de la filariose lymphatique, Global Alliance, 24 février 2004.
(4)
http://www.vsr-trsb.net/pagvs/chapitre_5_.htm
(5)
Charles Lusthaus, Marie-Hélène Adrien, Gary Anderson, Fred Carden et George Plinio Montalvan, Evaluation
organisationnelle, les Presses de L’université Laval et le Centre de recherches pour le développement
international, Laval, 2003.
(6)
KASONGO MULONGO Jibrill, Le partenariat et le développement communautaire : « Cas du Projet de
Réhabilitation des structures de santé dans la ville de Lubumbashi », Travail de fin de cycle de Graduat en
Développement communautaire, ISES, Lubumbashi, Juillet 2004.
4

Etant conscient que la mobilisation des ressources peut être décourageante et


peut prendre beaucoup de temps, si elle n’est pas organisée correctement, nous proposons
dans cette étude les stratégies permettant de planifier et de mobiliser les ressources afin de
permettre aux ONGD d’obtenir de résultats d’une façon efficace et efficiente.
Dans la ville de La ville de Lubumbashi, à l’instar d’autres régions de la
République Démocratique du Congo sortant d’une longue série de conflits armés, nous y
dénombrons des dizaines d’ONGD locales, œuvrant seules ou en partenariat avec certaines
institutions étrangères. Elles assistent la population plus démunie en organisant des activités
sporadiques de développement communautaire. Le financement des projets reste difficile et la
pérennisation de des activités en souffre. Parfois les projets démarrent avec une forte
couverture médiatique, puis disparaissent sans tambours ni trompettes, sans aucun impact dans
la communauté. Les acteurs de développement ne savent plus comment réunir les moyens
nécessaires pour réaliser les projets et d’autres ne savent même pas auprès de quels partenaires
recourir pour initier la mobilisation des ressources. D’autres ONGD ne parviennent plus à
couvrir même leurs charges administratives et changent souvent de bureau sans succès ou
s’éteignent complètement. Toutefois, une minorité des managers des ONGD semblent
maîtriser leur système de mobilisation des ressources.
Cette situation confuse nous a interpellé et suscite plusieurs questions, parfois
embarrassantes. Pour notre étude, nous avons retenu trois hypothèses :
- Les faibles capacités des acteurs des ONGD seraient à la base de manque des
ressources pour les projets de développement.
- L’image peu luisante des ONGD locales renforce la méfiance des fournisseurs des
ressources à l’endroit des dirigeants desdites ONGD, justifiant ainsi l’échec de
mobilisation des ressources dans la ville de Lubumbashi.
- L’usage des nouvelles technologies peut contribuer à améliorer le système de
mobilisation des ressources pour les projets de développement.

MATERIEL ET METHODE

Le rayon de notre étude couvre l’espace géographique circonscrit uniquement


dans la ville de Lubumbashi. Nous avons conduit étude rétrospective sur leurs travaux de
5

mobilisation des ressources réalisées au cours de l’année 2005 et au premier semestre de


l’année 2006.
La méthode fonctionnelle nous a paru la mieux adaptée à notre recherche d’autant plus que
notre sujet s’inscrit dans la logique des trois postulats qui sous-tendent cette méthode à savoir :
- Chaque élément constitutif de l’ONGD a une fonction spécifique différente de l’autre
mais nécessaire ;
- Dans la mobilisation des ressources, chaque acteur ou élément constitutif a une
fonction à remplir partout où il se trouverait ;
- La fonction remplie par chaque acteur impliqué concourt à constituer une harmonie
coopérative dans les mécanismes de mobilisation des ressources.
Pour plus d’objectivité, l’interview des Managers, l’observation participative
directe des installations et la revue documentaire des archives de bureaux des ONGD ont été
appliquées, sur un échantillon raisonné des douze ONGD œuvrant dans la ville de
Lubumbashi, dont chacune étant membres de l’une de deux plateformes ciblés à savoir la
Fédération des organisations non gouvernementales laïques à vocation économique au Congo
(FOLECO) et le Forum des Organisations de lutte contre le VIH-SIDA (FOSI).
Les données de l’enquête ont été traitées d’une façon combinée, d’abord
manuellement juste après l’interview et sur ordinateur pour la saisie et l’analyse en utilisant le
logiciel Excel.

CONCEPTUALISATION

1. Analyse conceptuelle :
Dans le contexte de notre étude, il sied de fixer les lecteurs sur le sens des certains
concepts utilisés.
- La mobilisation des ressources:
a) Selon l’Alliance, la mobilisation des ressources est l’ensemble des mécanismes qui
permettent à une organisation d’obtenir auprès des fournisseurs de ressources les
moyens dont elle a besoin pour effectuer le travail planifié(12).

(12)
International HIV/AIDS Alliance, op. cit., PP. 12 -13
6

b) Dans le cadre de notre recherche nous soutenons cette définition en précisant que la
mobilisation des ressources est plus qu’une collecte des fonds, car d’autres ressources
peuvent également être réunies pour la mise en œuvre des activités.
- Les ressources:
Selon plusieurs auteurs, les ressources sont les moyens nécessaires pour la réalisation
du travail planifié ; elles peuvent être humaines, financières, techniques, matérielles et
technologiques.
- Le Projet :
C’est une opération planifiée et conçue pour atteindre certains objectifs spécifiques
dans les limites d’un budget donné et dans des délais fixés à l’avance, dont on attend
des résultats (services ou biens) monétaires et non monétaires.
- Le développement:
Sans tenir compte de multiples sens applicables à ce concept, nous retenons
uniquement que le développement est un processus qui permet de passer d’une
situation moins désirable vers une situation plus désirable.
- Le développement communautaire :
Dans le cadre de notre étude, nous appliquons la définition énoncée par l’Organisation
des Nations Unies (ONU) considérant le développement communautaire comme toute
politique coordonnée et systématique tendant à organiser le progrès global d’une
région déterminée avec la participation de la population intéressée.
- Les Fournisseurs des ressources :
Ce sont les différentes personnes ou organisations qui offrent des ressources pour la
mise en œuvre des projets. Ce concept est plus indiqué dans le cadre d’un partenariat
responsable au lieu du concept Bailleur de fonds.
- Les mécanismes de mobilisation des ressources:
Les mécanismes de mobilisation de ressources sont les méthodes et processus utiles
pour obtenir des ressources auprès de fournisseurs.
Identifier les mécanismes de mobilisation de ressources permet aux ONGD d’élargir
leur compréhension de la mobilisation de ressources et de diversifier leurs approches
au-delà de la rédaction de demandes. Les mécanismes de mobilisation de ressources
dépendent en grande partie du contexte. En résumé, Voici une liste reprenant quelques
exemples :
7

a) Soumettre des demandes de fonds :


➢ Répondre à des appels de soumission : à titre d’ONGD individuelle, de
consortium d’ONG ou à titre de consortium multisectoriel
➢ Introduire des propositions non sollicitées
b) Événements spéciaux :
- Les événements programmatiques visant à générer des fonds, par exemple, la
Journée Mondiale de lutte contre le SIDA, les Journées Nationales de
Vaccination, etc.
- Les événements non programmatiques visant à générer des fonds, par exemple,
événements culturels tels que kermesse, tombola, concerts.
c) Activités génératrices de revenus : Petit commerce, Micro Crédits, Artisanat,
etc.
d) Solliciter des dons : Sponsoring par des entreprises, Cadeaux d’envergure,
héritages, legs, dotations, autres dons.
e) Contributions volontaires (non sollicitées).

2. Modèle conceptuel :

Comme nous l’avions mentionné ci-dessus plusieurs fois, le concept «mobilisation de


ressources» est souvent considéré comme un terme alternatif à celui de «collecte de fonds».
En fait, la collecte de fonds est seulement une des composantes de la mobilisation de
ressources qui constitue le processus par lequel une organisation peut obtenir une variété de
ressources.

Ainsi, le travail de mobilisation de ressources peut être conceptualisé comme une


combinaison de :
- RESSOURCES représentant les différentes sortes de choses dont l’organisation a
besoin (Quoi)
- MÉCANISMES représentant les différentes manières d’obtenir directement des
ressources (Comment)
- FOURNISSEURS DE RESSOURCES représentant les différentes
personnes/organisations qui fournissent des ressources (Qui)
8

Cadre conceptuel de la mobilisation de ressources

Mécanismes :
• Demandes de fonds
• Événements spéciaux
• Activités génératrices
de revenus
• Dons sollicités
• Contributions
spontanées

Ressources : Fournisseurs de
• Argent MOBILISATION Ressources:
• Aide technique • ONG internationales
• Ressources DE RESSOURCES • Organisations bilatérales
humaines et multilatérales
• Gouvernements
• Biens matériels nationaux
• Services gratuits • Commerçants
et équipements • Individus et industries
• Ressources • Fondations et Eglises
Matérielles • Agences d’appui
technique
• Organisations caritatives
et philanthropiques
• Bénéficiaires
• ONG internationales



9

Illustration de maintien des liens avec les Fournisseurs de ressources:

POURQUOI
POURQUOI - Pour faire connaître aux utilisateurs leurs politiques
➢ Pour les imprégner des problèmes et (critère d’éligibilité, procédure, domaine
besoins réels de nos communautés d’intervention et même la cible)
➢ Etant pourvoyeurs des moyens, nous - Pour raison d’atteinte des objectifs car sans les ONG
devons partager les responsabilités par de terrain, les fournisseurs n’atteindront pas leurs
rapport à l’intervention et au résultat objectifs
➢ Pour un accompagnement dans la mise - Pour enrichir leurs rapports
en œuvre des interventions - Pour assurer que les ressources soient absorbées
➢ Pour leur permettre de vérifier - Pour faire valoir leurs priorités et logiques
l’effectivité de l’utilisation des d’intervention
ressources - Pour des raisons de justification de l’utilisation des
➢ Pour créer un climat de confiance et de ressources
transparence - Pour orienter leurs stratégies d’intervention
➢ Pour nous accompagner dans la - Pour connaître le terrain et établir le bon partenariat
recherche d’autres ressources
- Pour une utilisation efficiente des ressources

Fournisseurs de
ONG ressources

COMMENT
- PRISE DE CONTACT AVEC LES PARTENAIRES DU
COMMENT TERRAIN (ONGS)
• Expliquer ma politique
➢ Entretenir des relations humaines • Expliquer ma philosophie
(dîner ensemble, visites guidées, etc.) • Expliquer mon domaine d’intervention
➢ Tenir des réunions d’échanges - VISITER REGULIEREMENT LES PARTENAIRES (ONGS)
➢ Produire des rapports • Voir la localisation des partenaires
• Identifier les différents membres de l’ONG
➢ Respect des procédures comptables • Voir la fonctionnalité des partenaires
➢ Respect des lignes budgétaires • Connaître l’environnement des partenaires
➢ Respect du protocole d’accord - ORGANISER LES SEANCES DE TRAVAIL AVEC DES
➢ Présentation des pièces justificatives PARTENAIRES
➢ Tenir à jour les outils de gestion • Appui technique
• Monitorage
comptable - S’IMPLIQUER ET PARTICIPER AUX ACTIVITES DES
➢ : Adapté
Référence Respect du plan
à partir de décaissement
d’un atelier de mobilisation des PARTENAIRES :
ressources, tenu à Kinshasa, République Démocratique du Accompagner l’ONG dans les activités
Congo, International HIV/AIDS Alliance, Juin 2004 - ECHANGER DES INFORMATIONS AVEC LES
PARTENAIRES (ONGS)
- EVALUER LES RESULTATS AVEC LES PARTENAIRES
(ONGS)
10

RESULTATS

1. Présentation du milieu d’étude et échantillonnage :

Lubumbashi est la deuxième ville de la République démocratique du Congo. Fondée en 1910


par les Belges sous le nom d’Elisabethville, la ville fut renommée Lubumbashi en 1965. Elle est située à
1.230 mètres d’altitude, entre 11 et 12° de latitude Sud et 27° de longitude Est. Sa superficie est de 747
km2, avec une densité de 1.525 hab./km2. La population était estimée à plus de 4 millions en 2015,
pourtant il y avait 1.139.064 habitants en 2001(10) et 1.348.521 habitants en décembre 2005 selon les
statistiques de dénombrement organisé par la Division Provinciale de la Santé(11). La ville de Lubumbashi
est subdivisée en sept communes : Lubumbashi, Kenya, Kamalondo, Katuba, Kampemba, Rwashi et la
Commune Annexe. La température moyenne est de 20° Celsius, la plus basse atteint 10° en juillet et la
plus haute arrive à 38° en octobre. Le climat de Lubumbashi est tropical avec deux saisons: l’une
pluvieuse, allant de novembre à mars et l’autre sèche allant d’avril en octobre. La langue véhiculaire
utilisée par la population est le Kiswahili. Le sol et le sous-sol étant riche en minerais, Lubumbashi est un
milieu à prédominance d’activités d’exploitation minière, mais dont la population affiche une pauvreté
indescriptible.
La FOLECO est une Fédération des ONG laïque à vocation économique au Congo, créée le 5
juillet 1991, avec comme mission principale d’accompagner les ONG partenaires à s’investir dans les
activités d’autofinancement durable par la promotion des activités génératrices des revenus (AGR).
Le FOSI, littéralement c’est le Forum des Organisations de lutte contre le VIH-SIDA. Il a son
siège administratif à Kinshasa et chaque province abrite un bureau de représentation. Le FOSI Haut-
Katanga regroupe plusieurs ONG nationales et internationales.
L’échantillon de notre étude est constitué de 12 ONGD locales oeuvrant dans la ville de
Lubumbashi. Elles ont été triées parmi les ONG membres des 2 plateformes FOLECO et FOSI Katanga.
Il s’agit de :
1. Association des Agriculteurs sans frontières (AASF)
2. Association pour le Bien-être familial – Naissances désirables (ABEF-ND)
3. Association des Jeunes Intellectuels Solidaires (AJIS)

(10)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lubumbashi
(11)
Extrait des Micro planifications 2005, Antenne PEV Lubumbashi, Division Provinciale de la Santé du Katanga
11
4. BUMI
5. Cri de secours aux enfants en détresse (CRISEM)
6. Développement agro-industriel de Kabongo (DAIK)
7. Force économique des mamans Congolais (FEMC)
8. Jeunesse anti-MST/SIDA (JA-MST/SIDA)
9. Promotion paysanne
10. Planète santé
11. Recherche et action pour un développement multisectoriel (RADEM)
12. World production/SPAEC.

Elles ont été retenues en tenant compte des critères ci-après :


- Etre effectivement opérationnelle dans l’une des 7 communes de la ville de Lubumbashi;
juste pour exclure de l’étude les ONG de « mallette ».
- Avoir réalisé au moins un projet au cours de l’année 2005 - 2006
- Etre membre actif de l’un des deux plateformes FOLECO et FOSI.
- Avoir un bureau facilement accessible
- Avoir un responsable disponible au moment de l’interview.

Au départ, nous avions demandé les répertoires de toutes les ONG affiliées au sein de deux
plateformes précitées. En circulant dans toutes les communes, nous avons réussi à rencontrer les
responsables des 12 ONGD qui ont répondu à notre questionnaire.

2. Dépouillement des donnés et interprétation des résultats

Après dépouillement des données de notre enquête, nous avons obtenu les résultats suivants :

1. Aspects institutionnels :
Sur les 12 ONG ciblées par notre étude, nous avons constaté que dans chaque bureau, il y avait
des documents de base, c'est-à-dire les statuts et règlement d’ordre intérieur visés par le notaire.
Le fonctionnement de 2 ONG, soit 16,7%, est couvert par une ordonnance signée par le Président
de la République leur accordant une personnalité juridique ; tandis que les 10 autres, soit 83,3% de ces
ONG fonctionnent avec l’autorisation signée par les autorités du niveau provincial.
12
Au niveau local toutes les 12 ONG sont affiliées aux plateformes correspondants à leur secteur
d’intervention ; 7 ONG sont membres de FOSI et 5 sont affiliées à la FOLECO.

2. Les ressources humaines et techniques:


Apres le dépouillement des données, il ressort que chaque ONG utilise les ressources humaines
de niveau acceptable dans leurs domaines spécifiques, de niveaux universitaires ou secondaires.
Cependant, la présence des techniciens en développement est faible, 3 ONGD sur 12, soit 25 %,
emploient au moins un technicien en développement sur son staff, tandis que le personnel restant se
classe dans les autres domaines, entre autres les médecins, les ingénieurs agronomes, les psychologues,
etc.
Concernant les compétences, plusieurs formations en cours d’emploi ont été faites, surtout en
matière de planification globale des activités, ce qui se traduit par la présence d’un plan d’action et un
rapport des activités dans toutes les 12 ONGD ciblées. Aucune valeur de cet appui technique n’a été
fournie.
Par contre, la maîtrise des mécanismes de mobilisation des ressources s’avère insuffisante, les
responsables de 3 ONG sur 12, soit 25 %, ont fourni quelques éléments positifs à la question
d’énumérer les stratégies de mobilisation des ressources. Cette insuffisance éclate davantage en
considérant la confusion dans les réponses fournies par les ONG sur les questions relatives a l’existence
des plans d’action de mobilisation des ressources (50 % de réponses positives), pourtant le personnel de 9
sur 12 ONG (75 %) ignorent les stratégies de mobilisation des ressources. Même pour les catégories des
ressources, uniquement 2 ONG sur 12, soit 16,7 % ont mentionnée distinctement les ressources
mobilisées. En plus 41,7% n’ont aucune idée sur les principaux Fournisseurs des ressources dans leur
milieu de travail.

3. Les ressources financières


Les ressources financières constituent une matière sensible pour plusieurs ONGD visitées au
cours de notre étude. Bien que notre questionnaire ne cherchait pas à connaître le montant disponible en
caisse dans chaque ONGD, il nous a été difficile d’obtenir la valeur globale des ressources financières
mobilisées par la majorité des organisations ciblées ; 2 sur 12 ONGD soit 16,7 % ont fourni la valeur de
604.500 $US pour l’une et 15.845 $US pour l’autre, comme ressources mobilisées au cours de l’année
2005 et au premier semestre 2006, pour la réalisation des projets sur terrain.
13
Quand on considère la liste des partenaires, constituée de 28 fournisseurs des ressources, on peut
facilement remarquer que toutes les 12 ONGD ont obtenu les ressources pour leurs activités, même si
elles n’ont pas spécifié leur nature.
La conservation des fonds se fait dans les banques locales, 83,3 % des ONGD ciblées ont un
compte bancaire sans en fournir le solde.
Le patrimoine est pauvre, pas d’immeubles propres aux ONGD, pas de mobilier de qualité, etc.
Cela confirme l’insuffisance des ressources financières pour la majorité des ONGD.

4. Les ressources matérielles


Les bureaux sont équipés des mobiliers dont la qualité est acceptable pour 50 % des 12 ONGD
visitées. La présence des outils informatiques était constatée dans 9 ONGD, soit 75 %, sans aucune
information supplémentaire sur l’état des machines.
L’usage des technologies de l’information n’est pas si importante pour la majorité des ONGD
locale visitées, 83,3 % n’ont pas de site sur l’Internet, bien que 91,7% de 12 ONGD ont une adresse de
messagerie électronique (e-mail). Aucune ONGD ne dispose de téléphone de service, toutefois tous les
responsables détiennent des téléphones portables.
Le charroi est faible pour la majorité : 41,7 % des ONG disposent d’un moyen de transport,
allant du vélo au véhicule automoteur. La propriété des immeubles est loin de se réaliser pour la majorité
des ONG : 91,7 % louent les édifices pour leurs services. Les intrants et matériels nécessaires ont été
fournis pour les projets mais aucune précision n’a été obtenue sur leur quantité ou sur leur valeur.
Les résultats obtenus de notre étude peuvent être interprétés objectivement de la manière
suivante :
- L’existence effective des ONG sur terrain a été confirmée par la visite de chaque bureau et la
présence des documents officiels.
- Les ONG locales travaillent en partenariat avec d’autres institutions et se regroupent en réseau
selon leurs secteurs d’intervention.
- Les ressources humaines qui animent les ONG locales sont de niveau scientifique acceptable,
mais l’effectif réduit des techniciens en développement est un facteur de faiblesse de rendement
des ONG locales.
- Les insuffisances des ressources humaines en mobilisation des ressources constituent une menace
non négligeable pour la survie des ONG et la pérennisation des activités de développement sur
terrain.
14
- L’utilisation de l’Internet pour afficher les informations des ONG ou pour l’échange avec le reste
du monde est très négligée, si pas ignorée par la majorité des responsables des ONG locales.
- Le patrimoine actuel des ONG est faible, ce qui démontre leur faible niveau d’investissement.
- Les ressources financières des ONG locales sont maigres, ce qui risque de réduire leur capacité
d’intervention sur le terrain et compromettre la pérennisation des activités de développement.

Le développement communautaire est devenu un domaine d’attraction pour plusieurs


ONGD dans la ville de Lubumbashi. Parfois les projets sont financés, mais l’appui s’arrête sans
atteindre les objectifs fixés, et souvent plusieurs projets restent classés dans les tiroirs par manque
des ressources. En faisant le tour dans la ville de Lubumbashi, nous pouvons confirmer qu’il y a
une faible organisation des activités de mobilisation des ressources au sein des plusieurs ONG.
Car les Fournisseurs de ressources existent dans la ville et certains projets ont produits des
résultats positifs.

3. Suggestions et recommandations

A l’intention des responsables des ONGD :


- Accorder une priorité au renforcement des capacités du staff en matière de mobilisation des
ressources.
- Recruter et affecter les techniciens en développement pour la gestion des projets de
développement.
- Exploiter les opportunités offertes par les fournisseurs des ressources au niveau local.
- Utiliser les nouvelles technologies pour améliorer leur visibilité et accéder aux informations
des fournisseurs des ressources.

A l’intention des tous les autres chercheurs:


- Vulgariser et partager les leçons tirées de notre étude.
- Utiliser les résultats de notre étude pour approfondir la recherche afin d’assister les ONGD
locales dans leur effort d’améliorer leurs prestations.
15

CONCLUSION

La crise socio-économique qui frappe notre pays a été accentuée en partie par la série des
conflits armés. La misère de la population est soulagée par les actions du gouvernement, mais cela ne
couvre pas tous les besoins des populations plus démunies. Les ONGD locales qui contribuent à assister
la population et l’accompagner dans le processus de développement communautaire.
La réalisation des projets de développement exige beaucoup de moyens, souvent dépassant
les capacités des ONGD locales. La mobilisation des ressources ne produit pas toujours les résultats
escomptés, surtout si les stratégies utilisées ne sont pas appropriées. Pourtant plusieurs ONGD locales ne
disposent pas des ressources humaines maîtrisant les mécanismes de mobilisation des ressources. Les
différentes catégories de ressources ne sont pas souvent prises en compte par les ONGD locales, elles
focalisent souvent leur effort sur la collecte d’argent, négligeant même les infrastructures de base. Par
conséquent les fournisseurs des ressources se méfient des plusieurs ONGD locales.
Le renforcement des capacités des acteurs doit envisager l’amélioration des compétences sur
les notions relatives de mobilisation des ressources et relever les capacités pratiques de planification,
d’organisation et de suivi des activités de mobilisation des ressources.
Notre étude s’est appesantie à dresser un état des lieux et s’est évertuée à fournir des
rudiments sur les mécanismes de mobilisations de ressources aux acteurs de développement qui pourront
s’en servir pour réduire la pauvreté. Nous admettons en également que nos résultats ne sont pas des lois
inamovibles, ainsi nous invitons les autres chercheurs à emboîter nos pas pour approfondir les analyses
sur ce sujet crucial de mobilisation des ressources. Nous restons ouverts à toutes les propositions
éventuelles qui seront formulées, soit pour solliciter notre consultance au sein des ONGD soit pour
fournir les informations complémentaires sur cette étude.
16

BIBLIOGRAPHIE

A. LES OUVRAGES
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programmes de lutte contre le VIH/SIDA, Module de formation pour le renforcement des
capacités des ONG/OBC, Royaume-Uni, Août 2004.
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Centre de recherches pour le développement international, Laval, 2003.
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fonds à l’usage du directeur du Programme de la filariose lymphatique, un guide pour
l’élaboration de propositions, Global Alliance, 24 Février 2004.
- WILLIAM G. N., JAMES M. et SUSAN M., Understanding Business, McGraw-Hill, New
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- BIRKIN, F., WOODWARD, D., “Management accounting for sustainable development”,
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- BROWN, S.J. & KRAFT, R.J., « A Strategy for the emerging human resources role », Human
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