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INTRODUCTION

Le royaume zoulou, parfois désigné sous le terme d'empire zoulou (ou assez imprécisément
Zoulouland) est un ancien territoire d'Afrique australe dominé par les Zoulous, situé originellement le
long de la côte de l'océan Indien entre la rivière Tugela au sud et la rivière Pongola au nord, au nord-est
de l'actuelle province du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud.
En 1970 est créé, dans le cadre de l'apartheid, le bantoustan KwaZulu. La région est réintégrée dans
l'Afrique du Sud en 1994 et compose aujourd'hui la province du KwaZulu-Natal.

I. Organisation
Organisé selon un système monarchique, le petit royaume domine au XIXe siècle une grande partie
de l'Afrique australe, principalement l'actuelle province du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, avant
d'entrer en conflit avec les Voortrekkers dans les années 1830 puis avec l'Empire britannique dans les
années 1870. Défait durant la guerre anglo-zouloue, le royaume est ensuite annexé à la colonie du
Natal, constitutive de l'Union sud-africaine en 1910.

À l'origine un clan mineur du groupe Nguni, fondé vers 1709 par Zulu kaNtombhela, le royaume
zoulou connaît son apogée durant le règne de Chaka, qui devient une des grandes figures épiques de
l'Afrique australe au xixe siècle.

II. Fondation et apogée


Création

Chaka est le fils illégitime de Senzangakona, alors chef des Zoulous. Il naît en 1787. Lui et sa
mère, Nandi, sont bannis par Senzangakona et trouvent refuge chez les Mthethwa. Chaka sert
en tant que guerrier sous Dingiswayo, chef des Mthethwa. Lors de la mort de Senzangakona en
1816, Chaka accède au trône du peuple zoulou avec l'aide de Dingiswayo.

Chaka est à l'initiative de diverses réformes militaires, sociales, culturelles et politiques, en


centralisant les pouvoirs au sein de l'État zoulou et en y pratiquant une véritable hiérarchie. Ses
réformes les plus importantes sont celles de son armée, avec des tactiques innovantes ainsi que
des nouvelles armes qu'il conçoit lui-même, et de son bras de fer avec les chefs spirituels. En
coupant les ailes et les griffes des sorciers-guérisseurs, il assure efficacement la soumission de
l’« Église Zulu » à l'État.

Une autre réforme importante est d'intégrer les clans battus dans le peuple zoulou sur la base
d'une égalité totale, les promotions dans l'armée et les services civils devenant la conséquence
du mérite plutôt que de l'ascendance.
En 1818, après le décès de Dingiswayo, dirigeant de la fédération Mthethwa, tué par Zwide, le
roi des Ndwandwe, Chaka devient le chef de l'alliance mthethwa. Il vainc les Ndwandwe à la
bataille de Gqokli Hill en 1818, puis, à la bataille de la rivière Mhlatuze en 1819, il réussit à
briser leur alliance. C'est un événement majeur du Mfecane, où un grand nombre de tribus fuient
devant les Ndwandwe, eux-mêmes fuyant les Zoulous. Le royaume de Chaka assimile les tribus
conquises, mais surtout les femmes et les enfants. En 1825, Chaka dirige un important royaume
couvrant un large territoire s'étendant de l'océan à l'Est aux montagnes du Drakensberg à
l'Ouest, et d'East London au sud à la rivière Pongola au Nord, couvrant presque 30 000 km2.
Chaka, qui a des relations avec les nouveaux explorateurs anglais, réalise que les Blancs
constituent une menace pour les locaux, par conséquent il met en place un programme intensif
d'éducation pour permettre au peuple de rattraper son retard sur les Européens.

Ascension de Dingane

Chaka est tué en 1828 par ses deux demi-frères, Dingane et Mhlangana. Après l'assassinat,
Dingane tua Mhlangana et s'empare du trône. L'une de ses premières mesures est d'exécuter
l'ensemble de la famille royale. La seule exception est un autre demi-frère, Mpande qu'il
considère trop faible pour être une menace. Durant plusieurs années, il condamne à mort la
plupart des anciens partisans de Chaka dans le but d'assurer sa suprématie. Dingane organise
l'exécution de Piet Retief et de nombreux trekboers en 1838. Il est à son tour assassiné en 1840
par Zulu Nyawo, Sambane et Nondawana près d'Ingwavuma.

Affrontement avec les Voortrekkers et ascension de Mpande

En octobre 1837, le chef des Voortrekkers, Piet Retief rend visite à Dingane dans son kraal
royal, uMgungundlovu, pour négocier une terre pour les Voortrekkers. En novembre, environ
mille chariots voortrekkers descendent des montagnes du Drakensberg dans ce qui est
aujourd'hui le KwaZulu-Natal.

Dingane demande que Retief et ses hommes rendent le bétail volé par les Voortrekkers à un
chef local. Retief obtempère le 3 février 1838.

Les chefs boers tentent alors de négocier un traité de coexistence pacifique avec le roi Dingane
stipulant par ailleurs la cession aux Voortrekkers par le roi Zoulou de terres au sud de la rivière
Tugela jusqu'à la rivière Mzimyubu. Le 6 février 1838, Piet Retief, son fils, et soixante-dix de
leurs compagnons acceptent l'invitation du Roi zoulou à son kraal pour un banquet. Ils
acceptent de venir sans armes en vertu des coutumes locales. C'est au milieu d'une danse
zouloue que Dingane s'écrie : « Bambani aba thakathi ! » (« Tuez ces sorciers ! »). Les
Voortrekkers sont alors tous massacrés à coup de pierres et de bâtons, leurs corps empalés et
livrés aux charognards sur la colline kwaMatiwane. Retief assiste à la mort de son fils et de tous
ses compagnons avant d'être abattu en dernier.
L'armée de Dingane attaque et massacre ensuite plusieurs groupes de Boers. À Blaauwkrans et
Boesmanspruit, 280 Boers et 200 métis, hommes, femmes et enfants, sont ainsi massacrés par
les armées zoulous tout comme lors du massacre de Weenen (« soupirs » en afrikaans) où
500 femmes et enfants voortrekkers subissent le même sort.
Alertés par des survivants, les familles boers se rassemblent autour d'Andries Pretorius, un riche
fermier venant de Graaff-Reinet, et de Sarel Cilliers.
Le 16 décembre 1838, une grande confrontation a lieu entre 15 000 Zoulous et 470 Boers
(accompagnés de 340 métis) repliés derrière leurs chariots rangés en cercle (laager). La bataille
se termine par une véritable hécatombe pour les Zoulous (3 000 tués) dont le sang colore de
rouge la rivière Ncome qui est dorénavant appelée Blood River.
Après cette défaite, Dingane brûle son kraal royal et s'enfuit au nord.
Mpande, le demi-frère épargné de Dingane, fait défection et s'allie à Pretorius. Ensemble, ils
entrent en guerre contre Dingane. Celui-ci est assassiné près de l'actuelle frontière du
Swaziland. Mpande prend alors la tête de la nation zoulou.

Avènement de Cetshwayo

Après la campagne contre Dingane, les Voortrekkers forment la république boer de Natalia, au
sud de la rivière Tugela et à l'ouest de la colonie britannique de port Natal (aujourd'hui Durban).
Mpande et Pretorius maintiennent des relations amicales. Cependant en 1842, la guerre éclate
entre les Britanniques et les Boers, ce qui se solde par l'annexion de Natalia par les Britanniques.
Mpande fait alors allégeance aux Anglais et garde par la suite de bonnes relations avec eux.

En 1843, Mpande ordonne la chasse aux Zoulous accusés de dissidence. Il en résulte un nombre
très important de morts et la fuite de milliers de réfugiés dans les pays voisins (y compris dans
la colonie du Natal). La plupart des réfugiés s'enfuient avec le bétail. Mpande mène alors des
raids dans les terres alentour, il en résulte l'annexion du Swaziland en 1852. Cependant, les
Britanniques exigent qu'il se retire, ce qu'il fait aussitôt.

À cette époque, une guerre de succession fait rage entre les deux fils de Mpande, Cetshwayo et
Mbuyazi. Elle se termine en 1856 avec la bataille qui laissa Mbuyazi pour mort. Dès lors,
Cetshwayo usurpe l'autorité de son père. En 1872, Mpande meurt de vieillesse et Cetshwayo
s'empare du trône.

III. Chute
Le déclin de Chaka commencera avec sa tendance de plus en plus affirmée à la tyrannie, qui lui
valut l'opposition de son propre peuple.

À la mort de sa mère Nandi en 1827, Chaka fit exécuter plus de 7 000 hommes et femmes.
Pendant un an, il fut interdit aux gens mariés de vivre ensemble et à tous de boire du lait. Notons
néanmoins que ce rite de deuil extrême, bien qu'exceptionnel, avait déjà été observé dans la
tradition zouloue.
Les circonstances de sa mort, survenue en 1828, sont floues : Chaka serait mort poignardé par
ses demi-frères Dingane et Mhlangane, victime d'un complot orchestré par ses frères et sa tante
Mkabayi, avec l'aide d'un de ses hommes de confiance, Mbopa.

Chaka fut un chef charismatique, un stratège et un organisateur de génie, fondateur d'une nation,
ainsi que le responsable de meurtres de masse et de l'assassinat de milliers de personnes. Son
action influença la vie et le destin de régions entières de l'Afrique australe.

Chaka a été un symbole important dans la lutte idéologique entre les Noirs et les Blancs en
Afrique du Sud. Les Blancs l'ont beaucoup diabolisé, le présentant comme un tyran barbare.
Pour les Zoulous, il est un personnage complexe, semi-légendaire, un fabuleux guerrier auquel
on peut faire remonter la fierté de la nation.

IV. Fin du royaume ou de l’empire


Guerre anglo-zouloue

Le 11 décembre 1878, Henry Bartle Frere, alors gouverneur de la Colonie du Cap, fait
délivrer un ultimatum aux quatorze chefs représentant Cetshwayo, sans l'approbation du
gouvernement britannique. Les clauses de l'ultimatum étant inacceptables pour le roi zoulou,
il ne répond pas et, le 11 janvier 1879, les forces britanniques envahissent le Zoulouland. Le
22 janvier 1879, les Zoulous défont les Britanniques à la bataille d'Isandhlwana mais ils sont à
leur tour sévèrement battus le lendemain à Rorke's Drift. La guerre se termine par la défaite
zoulou du 4 juillet 1879 à Ulundi.

Mort de Cetshwayo

Cetshwayo est capturé un mois après sa défaite et exilé au Cap. Les Britanniques confient alors
les pouvoirs à treize sous-rois (ou roitelets), chacun ayant son propre royaume. Rapidement,
des conflits apparaissent entre ces royaumes. En 1882, Cetshwayo est autorisé à se rendre en
Angleterre, où il obtient audience auprès de la reine Victoria et d'autres importantes
personnalités, puis il retourne au Zoulouland pour y être investi à nouveau.

En 1883, Cetshwayo est fait roi d'un territoire tampon, bien moindre que le royaume d'origine.
À la fin de l'année 1883, il est attaqué à oNdini par Zibhebhu, l'un des treize roitelets, soutenu
par des mercenaires boers. Cetshwayo est blessé et s'enfuit, puis meurt en février 1884,
probablement empoisonné. Son fils Dinuzulu, alors âgé de quinze ans, est alors intronisé.

Dinuzulu, alliance avec les Boers du Transvaal

Après leurs défaites aux batailles de la Msebe et d'oNdini et la fuite suivie du décès du roi
Cetshwayo, ses partisans, appelés les uSuthu, dirigés désormais par son fils Dinuzulu, s'allient
avec les Boers du Transvaal1. Ceux-ci lui envoient une troupe d'une centaine d'hommes
commandés par Lukas Meyer et qui se font appeler les « volontaires de Dinuzulu » (le futur
général et homme politique Louis Botha sert dans cette unité). Les alliés prennent l'offensive et
remportent la bataille décisive du conflit aux pieds des pentes du mont Tshaneni, le 5 juin 1884.

La victoire des uSuthu est toutefois chèrement payée : le 16 août 1884, Dinuzulu, honorant ainsi
les promesses faites à ses alliés boers, leur donne d'une part d'importantes terres au Zoulouland,
où ils fondent la Nouvelle République (Nieuwe Republiek), et leur concède d'autre part une
sorte de protectorat sur une grande partie du reste de son royaume2.

Par la suite, Dinuzulu est impliqué dans divers conflits avec ses rivaux. En 1906, il est accusé
par les Anglais d'être à l'origine de la révolte de Bambatha. Il est alors arrêté et condamné à dix
ans d'emprisonnement à l'île Sainte-Hélène. Quand l'Union sud-africaine est formée, Louis
Botha en devint le premier ministre, et il s'arrange pour que son vieil allié puisse vivre en exil
dans une ferme du Transvaal, où Dinuzulu meurt en 1913.

Exil de Solomon

Son fils, Solomon, n'est jamais reconnu comme roi zoulou par les autorités sud-africaines, mais
seulement comme un chef local. Cependant, il est de plus en plus considéré comme roi par les
chefs, le peuple zoulou, et des intellectuels politiques comme John Langalibalele Dube. En
1923, il crée l'organisation Inkatha YaKwaZulu pour promouvoir ses aspirations royales, qui
tombe par la suite dans l'oubli avant d'être ravivée dans les années 1970 par Mangosuthu
Buthelezi. En décembre 1951, le fils de Solomon, Cyprian Bhekuzulu, est officiellement
reconnu comme roi des Zoulous, mais le réel pouvoir sur le peuple zoulou est en fait détenu par
des fonctionnaires blancs sud-africains qui travaillent avec les chefs locaux, ces derniers
pouvant être destitués s'ils refusent de coopérer.

Bantoustan du KwaZulu

En 1970 est créé le bantoustan KwaZulu dans le cadre de l'apartheid. La région est réintégrée
dans l'Afrique du Sud en 1994 et compose aujourd'hui la province du KwaZulu-Natal.

Mots clés :
Les Zoulous ou zulus sont un peuple bantou d'Afrique australe, en partie sédentarisé, qui se
trouve principalement en Afrique du Sud.
Chaka kaSenzangakhona, aussi appelé Chaka Zoulou ou Shaka Zulu (également orthographié
"Shaka" ou "Tshaka"), né en 1787 et mort en 1828, est un roi zoulou. Il est le fondateur du royaume
zoulou. Les Zoulous sont un peuple bantou d'Afrique australe, en partie sédentarisé, qui se trouve
principalement en Afrique du Sud.

L’apartheid était une politique dite de « développement séparé » affectant des populations
selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiques déterminées.
Le KwaZulu-Natal est une province de l'Afrique du Sud. Il représente une fusion de l'ancienne
province de Natal avec le bantoustan zoulou de KwaZulu
Senzangakhona kaJama, né vers 1762 et mort en 1816, est un chef du peuple zoulou qui
succède à son père Jama kaNdaba en 1781 et règne jusqu'à sa mort en 1816. C'est le père des
trois rois zoulous qui lui succèdent : Chaka, qui fonda le Royaume zoulou, Dingane et Mpande.

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