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ISSN: 2658-8455

Volume 3, Issue 5-1 (2022), pp.170-186.


© Authors: CC BY-NC-ND

Le post-Covid au Maroc : Une sortie de crise vers une


transformation structurelle économique
Post-Covid in Morocco: A way out of the crisis towards a
structural economic transformation

Hayat MELLAH, (Doctorante)


Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales,
Université Mohammed Premier, Oujda, Maroc

Yahya YAHYAOUI, (Professeur de l’Enseignement Supérieur)


Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales,
Université Mohammed Premier, Oujda, Maroc

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales,


Adresse de correspondance : Université Mohamed Premier, Oujda, Maroc
Téléphone : 05365-00597
Les auteurs n'ont pas connaissance de quelconque financement
Déclaration de divulgation :
qui pourrait affecter l'objectivité de cette étude.
Conflit d’intérêts : Les auteurs ne signalent aucun conflit d'intérêts.
MELLAH, H., & YAHYAOUI, Y. (2022). Le post-Covid au
Maroc : Une sortie de crise vers une transformation structurelle
Citer cet article économique. International Journal of Accounting, Finance,
Auditing, Management and Economics, 3(5-1), 170-186.
https://doi.org/10.5281/zenodo.7121421
Cet article est publié en open Access sous licence
Licence
CC BY-NC-ND

Received: August 04, 2022 Published online: September 30, 2022

International Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics - IJAFAME


ISSN: 2658-8455
Volume 3, Issue 5-1 (2022)
Hayat MELLAH & Yahya YAHYAOUI. Le post-Covid au Maroc : Une sortie de crise vers une transformation structurelle
économique

Le post-Covid au Maroc : Une sortie de crise vers une


transformation structurelle économique

Résumé
La crise liée au COVID-19 a eu un impact sévère sur le monde entier depuis son apparition en 2020. Une crise
qui n’a pas tardé à se transformer en crise économique qui a demandé une intervention de tous les pays et a
demandé une flexibilité des systèmes afin de dépasser la situation d’instabilité et d’incertitude. À l’instar des
autres pays, la crise sanitaire n’a pas épargné le Maroc. Ce dernier a connu des dégâts économiques et sociaux
qui se sont traduits par l’écroulement de chiffre d’affaires de certaines entreprises atteignant jusqu’à 100% ce
qui a conduit à des fermetures brutales et a fait plier plusieurs activités et a aggravé la situation sociale au Maroc.
Face à cette situation inquiétante, l’état s’est mobilisé afin de contenir la propagation de cette crise sur ses
activités et se préserver contre le changement et l’incertitude de l’environnement en instaurant des mesures
sanitaires et économiques afin de garder la stabilité du pays. Cependant, cette crise a conduit à un changement
structurel du pays en repensant de nouvelles stratégies et pratiques managériales et en redéfinissant les priorités
gouvernementales pour transformer cette crise en opportunité et accélérer la transformation structurelle au
Maroc. Certes, on peut conclure que la pandémie a permis au Maroc de passer à des solutions innovantes comme
moteur de la transformation structurelle économique, en assurant la continuité des services publics, de
l’éducation nationale, d’encourager la recherche scientifique ainsi que l’économie du savoir. C’est dans ce
contexte que le Maroc devrait agir avec attention pour réduire la sévérité de son impact pandémique sur l’activité
économique et sociale.
Notre article sera basé sur une approche descriptive en présentant les conséquences économiques et sociales de
la crise sanitaire causée par COVID ainsi qu’un large éventail de mesures de relance prises par l’état afin de
s’adapter aux changements produits par la pandémie et trouver la voie d’accélération de sa transformation
structurelle économique.

Mots clés :COVID-19, Impact, Transformation structurelle


Classification JEL: I15
Type de l’article : Article théorique.

Abstract :
The COVID-19 crisis has had a severe impact on the whole world since its appearance in 2020. A crisis that
soon turned into an economic crisis that required an intervention of all countries and demanded a flexibility of
systems in order to overcome the situation of instability and uncertainty. As in other countries, the health crisis
did not spare Morocco. The latter has experienced economic and social damage that has resulted in the collapse
of turnover of some companies reaching up to 100%, which has led to brutal closures and has caused several
activities to fold and worsened the social situation in Morocco. Faced with this worrying situation, the state
mobilized to contain the spread of this crisis on its activities and to preserve itself against the change and
uncertainty of the environment by instituting sanitary and economic measures in order to keep the country stable.
However, this crisis has led to a structural change in the country by rethinking new strategies and managerial
practices and redefining government priorities to turn this crisis into an opportunity and accelerate the structural
transformation in Morocco. Indeed, we can conclude that the pandemic has allowed Morocco to move to
innovative solutions as a driver of structural economic transformation, ensuring the continuity of public services,
national education, encouraging scientific research and the knowledge economy. It is in this context that
Morocco should act carefully to reduce the severity of its pandemic impact on economic and social activity.
Our paper will be based on a descriptive approach by presenting the economic and social consequences of the
health crisis caused by COVID as well as a wide range of recovery measures taken by the state in order to adapt
to the changes produced by the pandemic and to find the way to accelerate its economic structural
transformation.

Keywords:COVID-19, impact, structural transformation


JEL Classification: I15
Paper type: Theoretical Research

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1. Introduction
En 2020, le monde entier a connu une pandémie qui a été déclarée par l’Organisation
Mondiale de la Santé le 30 Janvier 2020 comme une urgence de santé publique de portée
internationale.
Tous les pays se sont mobilisés afin de cerner la propagation du virus COVID-19 qui a
impacté les systèmes de santé, les modes de travail et de consommation. C’était une année qui
a marqué l’humanité par une incertitude, de peur ainsi qu’un manque de visibilité sur le futur.
À l’instar de toutes les économies, l’économie marocaine fait face à des difficultés depuis
l’année 2020 à cause du choc de la Covid-19, un choc différent des crises précédentes: un
confinement qui a bousculé la vie et a terrassé l’économie ; une chute du PIB, des dizaines
de milliers d’emplois supprimés, une crise qui a lourdement pénalisé le secteur économique et
social et a induit une pauvreté, a augmenté les inégalités, et a conduit à un arrêt de certaines
activités, le commerce et le tourisme ont été les plus touchés.
Face à cette situation, le Maroc a pris des mesures rapides afin de faire face à la pandémie et
préserver la santé de ses citoyens, en augmentant le nombre de lits de soins, en augmentant la
capacité à tester la population, et en mettant en place des restrictions de voyage, de
déplacements en fermant les frontières.
Ces mesures ont servi à diminuer la propagation du virus, en revanche, elles ont eu un impact
négatif sur l’économie du pays ce qui s’est traduit par une des pires récessions depuis la
Deuxième Guerre mondiale.
Selon la Banque mondiale dans son édition semestrielle des perspectives économiques
mondiales de 2020, pour la première fois depuis 1870, un nombre sans précédent de pays a
enregistré une baisse de leur production par habitant, et une baisse du PIB mondial de 5.2%
durant la même année, ce qui a fait basculer des millions de personnes dans l’extrême
pauvreté.
Le Maroc n’a pas fait exception. Malgré les précautions et les mesures mises en place, les
dommages économiques ont commencé à apparaitre à partir de 2020 et se sont traduits par des
chiffres inquiétants. Selon le rapport du Haut-Commissariat au Plan, au premier trimestre de
l’année 2020, près de 142 000 entreprises, soit 57% de l’ensemble des entreprises, ont déclaré
l’arrêt définitif ou temporaire de leurs activités ; près de 726 000 postes ont été détruits, soit
20% de la main-d’œuvre des entreprises organisées, et même pour quelques entreprises qui
ont réduit leur production de 50% et plus.
Face à cette situation instable et préoccupante, tous les pays du monde, y compris le Maroc
ont commencé à chercher à construire un système protecteur afin de pouvoir contrôler les
bouleversements sanitaires et réagir rapidement contre les chocs causés par la COVID-19
pour pouvoir diminuer son impact sur les activités économiques ainsi que sociales.
Ainsi le Maroc essaye de sortir de la crise en mettant l’accent sur plusieurs plans à savoir le
développement de l’investissement en négociant activement auprès des partenaires afin de
relancer ce secteur, accélérer le changement, et donner naissance à des programmes
économiques et sociaux innovants et permanents.
Cet article a pour objet de répondre à la problématique suivante : peut-on dire que la COVID-
19 est une des causes principales des transformations structurelles que semble connaître le
Maroc ?
Afin de répondre à cette problématique, notre article sera réparti en trois parties. La première
décrit la situation du Maroc avant le COVID-19 pour découvrir dans une deuxième partie son
impact sur l’économie mondiale et marocaine. La troisième partie, sera dédiée aux stratégies
mises en place par le Maroc afin de dépasser la crise sanitaire et son impact sur ses activités,
pour en déduire sur sa capacité à transformer structurellement le pays.

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2. Vue d’ensemble sur l’économie marocaine avant le COVID-19


En 2020, chacun prétendait un rétablissement et un redémarrage de l’économie mondiale.
Selon l’ONU dans son rapport « Situation et perspectives de l’économie mondiale » de 2020,
si les risques sont maitrisés, l’activité économique mondiale pourrait repartir légèrement à la
hausse. Toutefois, les perspectives de croissance économique dépendraient de la résorption
des différents commerciaux et incertitudes. La Pandémie du COVID-19 vient changer ces
perspectives.
L’économie marocaine de son tour a connu un tournant vers un niveau inférieur, en
enregistrant une reprise faible de certains secteurs. Afin de savoir l’impact de la pandémie sur
l’économie, il est bien nécessaire de décrire la situation économique du Maroc avant la crise
sanitaire du Covid-19.
2.1 Vue sur l’industrie avant Covid-19
Avant la crise sanitaire, et depuis des années, le secteur industriel marocain s’est engagé dans
une dynamique de croissance qui s’est fortement consolidée depuis la mise en œuvre du Plan
Émergence et la conclusion, en 2009, du Pacte National pour l’Émergence Industrielle. Des
réalisations tangibles sont à noter, en particulier : l’accroissement de 22% des exportations du
secteur, une nette évolution des infrastructures et l’implantation de leaders industriels
mondiaux, augmentant les investissements directs étrangers (IDE) jusqu’à un taux moyen
annuel de 23% depuis 2009 (Ministère de l’industrie et du commerce, 2020).
Ces performances ont rendu le Maroc une des destinations industrielles compétitives avec la
consolidation des fondements de l’économie industrielle et l’exploitation optimale du
potentiel industriel marocain et son emplacement stratégique à la croisée de l’Afrique,
l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Amérique.
Selon le Ministère de l’industrie et du commerce, cinq objectifs primordiaux ont été définis à
cet égard, il s’agit de :
- Augmenter la capacité d’absorption des nouveaux actifs ;
- Accroitre la part de l’industrie dans le PIB ;
- Dynamiser la capacité d’exportation sur les plans quantitatif et qualitatif ;
- Améliorer les capacités d’accueil des investisseurs ;
- Développer la productivité par un appui ciblé au tissu industriel.
Jusqu’à 2019, et selon le HCP, des réalisations tangibles ont été réalisées à noter en particulier
l’accroissement des exportations industrielles de 22%, une évolution nette des infrastructures
et l’implantation des nouveaux métiers mondiaux augmentant ainsi les investissements directs
étrangers à 23 % depuis l’année 2009.
2.2 Vue sur l’économie extérieure marocaine avant Covid-19
Depuis 2010, la structure des exportations du Maroc a connu des transformations profondes
avec une diversification et une montée en puissance des écosystèmes industriels à savoir le
secteur d’automobile.
Pour son économie extérieure, l’année 2019 a été marquée par une forte amélioration. Les
échanges extérieurs de biens et services ont connu une contribution positive en enregistrant
0,5 point au lieu de -1,2 point enregistré en 2018.
Ainsi, les exportations de biens et services ont affiché une hausse de 5,5% au lieu de 6% une
année auparavant, avec une contribution à la croissance de 2,1 points au lieu de 2,2 points.
Pour les importations de biens et services ont connu un ralentissement à 3,3% au lieu de 7,4%,
avec une contribution négative de -1,6 points au lieu de -3,5 point de l’année 2018
(HCP,2019).
De manière générale, les résultats avant la crise sanitaire et plus précisément l’année 2019,
reflètent les priorités sectorielles de l’état marocain, concrétisées par plusieurs stratégies et

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plans à savoir le Plan Maroc Vert ainsi que le Plan d’Accélération Industrielle qui ont modifié
avec profondeur la structure des exportations du pays. Comme exemple, en 2010, le secteur
d’automobile essentiellement le câblage ne représentait que 12,3 % du total des exportations
du Maroc, pourtant le Phosphate et le textile représentaient simultanément 24% et 20,2 %. Ci-
dessous une comparaison des principaux secteurs exportateurs du Maroc entre la période 2010
et 2019.
Tableau 1: Principaux secteurs exportateurs du Maroc- Comparaison entre 2010 et 2019
Exportations en volume Part dans le total à Part dans le total à
Secteurs en 2019 et variation par l’export du Maroc en l’export du Maroc
rapport à 2018 2019 et variation par en 2010
rapport à 2018
Automobile 80,2 Md MAD (+5,8%) 28,4% (+0,9 pt) 12,3 %
Dont voitures finies 33,1 Md MAD (-1.3%) 11,6% (-0,6 pt) 0,8 %
Agriculture/Agroalimentaire 61,5 Md MAD (+5,3%) 21,8% (+0,6 pt) 19,7%
Phosphates et dérivés 48,9 Md MAD (-5,9%) 17,4% (-1,2 pt) 24,0%

Textile 36,9 Md MAD (-2,6%) 13,1% (-0.6 pt) 20,2%


Aéronautique 15,6 Md MAD (+5,9%) 5,5% (+0,2 pt) 3,5%
Source : Le rapport annuel 2019- Office des changes.

2.3 Vue sur l’emploi et TPME avant la crise


- Emploi
Avant la crise sanitaire causée par COVID-19, le secteur des services était dominé dans
l’économie marocaine, et la majorité des travailleurs occupaient des emplois non qualifiés à
savoir l'agriculture, de la sylviculture ou de la pêche.
En effet, les services représentaient 44 % de l'emploi total, l'agriculture environ un tiers
(malgré une part en baisse constante) et l'industrie un peu plus de 20 % (voir la Figure ci-
dessous). Près de 50 % des travailleurs occupaient des postes non qualifiés ou d’opérateurs de
production (Louise et al., 2020).
Ainsi, l’emploi au Maroc avait des difficultés structurelles. Le taux d’emploi, au premier
trimestre de l’année 2020, s’élève à 41,2 %. Le taux de chômage, à la même période, atteint
10,5% au niveau national, dont 14,3% chez les femmes contre 9,3% chez les hommes, et
15,1% au milieu urbain contre 3,9% en milieu rural (HCP, 2020).
En effet, la situation avant la crise se caractérisait par une qualité de l’emploi inégal pour ceux
qui travaillent. L’emploi dans les secteurs public et privé formels se caractérise par un revenu
stable. Alors que le secteur privé représente 90 pour cent de l’emploi total, il faut souligner le
poids élevé de l’emploi informel (OIT,2020), composé de plusieurs secteurs à savoir
l’agriculture, la pêche et l’artisanat, secteur informel de clandestinité, etc…

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Figure1 : Composition de la population active au Maroc avant 2019

Source : OIT, 2020


- TPME
Au Maroc, les entreprises du secteur formel sont majoritairement des petites et moyennes
entreprises qui représentent 93% du tissu économique national (64,2% des TPE et 28,5% des
PEM), elles constituent les premiers employeurs avec une masse de 40% d’employés actifs et
pèsent près de 5 millions d’emplois. Tandis que les grandes entreprises ne représentent que
près de 7% de l’ensemble.
Figure 2 : Répartition des entreprises par catégorie

TPE
7,2% PME
GE
28,5%

64,2%

Source : HCP : Enquête nationale auprès des entreprises 2019


Selon le rapport annuel de 2018 de l’Observatoire Marocain de la TPME, les TPME
marocaines concentrent 73% de l’emploi, mais ne contribuent qu’à 36% des revenus. Ces
chiffres s’expliquent par plusieurs points à savoir l’importance que connait le secteur informel
au Maroc, les difficultés d’accès au financement sur le marché et le niveau d’éducation faible
de certains entrepreneurs.
L’activité entrepreneuriale avant la crise avait connu un progrès en passant de 6,5% en 2018 à
11,5% en 2020 et des mesures volontaristes devraient être maintenues (OIT, 2020), afin de
rendre l’entrepreneuriat un levier de la relance économique.

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En ce qui concerne les TPE au Maroc, elles mobilisent 50% des investissements et génèrent
40% de la valeur ajoutée, des chiffres qui incitaient l’état à leur accorder une attention
spéciale et un accompagnement continu.
Avant la crise sanitaire, les TPE produisaient 73% des emplois du secteur privé, pourtant elles
ne contribuaient qu’à 36% de la valeur ajoutée nationale (CNSS, 2014). Ajoutant à cela, 81%
des TPME sont des structures informelles et font face à de multiples difficultés qui
ralentissent leur productivité et précipitent leur défaillance (BANK AL MAGHRIB, 2018).
En résumé, avant la crise pandémique, il existait des contraintes structurelles empêchant la
création d’emplois et au développement des TPME que le choc de la Covid-19 vient
exacerber. Alors qu’elle est l’impact de ce dernier sur le Maroc ?
3. L’impact de la crise sanitaire sur le Maroc
La crise sanitaire causée par la COVID-19 a eu un grand impact sur l’économie mondiale, une
crise qui s’est transformée à une crise économique réelle qui a demandé une grande
mobilisation des pouvoirs publics et une flexibilité dans la prise des décisions et la mise en
place des mesures sécuritaires et sanitaires afin de faire face à une situation dite critique.
Comme dans tous les pays, l’impact de la pandémie sur l’économie marocaine est difficile à
cerner à cause de l’incertitude et des informations insuffisantes sur le futur de cette crise
sanitaire et personne ne peut prévoir sa fin. Cependant, plusieurs études et rapports ont été
élaborés depuis 2020 sur lesquels nous allons nous appuyer.
3.1 L’impact économique
L’économie marocaine est déjà affectée par la crise économique qui a touché son principal
partenaire qui est l’Europe. Ainsi, les mesures prises comme le confinement afin de limiter la
propagation du virus ont révélé les effets négatifs sur l’économie marocaine.
3.1.1 Impact sur les entreprises et l’emploi
Selon le Haut-Commissariat au Plan, le premier trimestre de l’année 2020 a connu une
croissance économique qui n’a pas dépassé 0,1%. Un résultat qui est dû à la baisse de la
valeur ajoutée agricole et à la baisse des activités industrielles et du commerce.
Le deuxième trimestre de la même année, qui a connu un confinement total, a connu une
baisse importante de la demande intérieure. Selon le HCP, la consommation des ménages, en
volume, se serait repliée de 6,7%, une baisse qui a concerné les dépenses des ménages en bien
manufacturés, du transport, de la restauration et loisir.
La demande extérieure, pour sa part, a connu une baisse de 25,1% du volume des exportations
dans la même période. Les importations se seraient, pour leur part, infléchies de 26,7%,
impactées par le recul des achats des biens d’équipement, des produits énergétiques, des biens
de consommation, des produits bruts et des semi-produits. Dans ces conditions, le PIB a
atteint -13,8% par rapport à la même période de 2019 (HCP,2020).
Cette situation a particulièrement impacté les activités des PME. Selon une enquête de l’HCP,
72% des très petites entreprises et 26% des moyennes entreprises ont arrêté leur activité de
façon temporaire ou définitive en 2020, et près de 28% des entreprises ont suspendu leur
activité en 2021 pour une période de 143 jours.
Dans ce sens, et selon une étude réalisée par Inforisk, il ressort que les entreprises
marocaines ont connu une baisse importante de leur chiffre d’affaires à hauteur de 32% au
titre de l’année 2020. Soit une perte de toutes les entreprises marocaines en termes de chiffre
d’affaires qui s’estime à 400 milliards de dirhams (InfoRisk,2020).
Ainsi, la pandémie a provoqué des perturbations au niveau de l’offre et de la demande, qui ont
affecté sévèrement les entreprises au Maroc, causé directement par les mesures de
confinement qui ont limité la présence physique de la main-d’œuvre active sur les lieux du

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travail, ce qui a affecté le processus de production, et les chaines d’approvisionnement locales


et internationales.
Cette réduction de l’offre s’est accompagnée par une réduction de la demande par crainte de
la contamination, du confinement imposé, une réduction des revenus ou même d’une perte
d’emploi.
L’impact de COVID-19 ne s’est pas limité à ces points et a entrainé d’autres chocs à savoir la
baisse de la demande du travail. En effet, le marché du travail a perdu 432 000 emplois en
2020.
Ce choc a été inégalement réparti en fonction de plusieurs critères, notamment la taille des
entreprises, le niveau de protection de l’emploi et les différentes caractéristiques personnelles
des travailleurs (Groupe de la Banque Africaine de Développement, 2021).
Selon des statistiques de l’HCP, la plupart des personnes qui ont perdu leur emploi pendant la
crise étaient des travailleurs non qualifiés (56%). Ce point suggère une étude future sur les
mesures d’aide à l’adaptation des travailleurs au marché du travail.
Selon une autre enquête menée par la Banque Mondiale en 2020 auprès des entreprises, 68%
des entreprises interrogées ont déclaré avoir dû cesser leurs opérations au moins
temporairement en raison de la pandémie de Covid-19. Près de 11% ont fermé définitivement,
et seuls 40% de ce groupe prévoient une réouverture potentielle dans le futur.
3.1.2 Impact sur le commerce international
La crise sanitaire a impacté ainsi le secteur du commerce international d’une manière
alarmante. Le Maroc se trouvait donc dans l’obligation de faire face à la baisse de la demande
étrangère, et à l’arrêt temporaire ou définitif d’activité de plusieurs entreprises exportatrices.
En effet, près de 67% des entreprises exportatrices auraient été impactées par la crise
sanitaire. Une entreprise sur 9 aurait arrêté définitivement son activité. 5 sur 9 entreprises
auraient procédé à un arrêt temporaire alors qu’un tiers des entreprises restent encore en
activité, mais elles auraient dû réduire leur production (HCP, 2020).
Selon les statistiques ci-dessous, les exportations ont diminué de 8.112 MDH en 2020 soit une
chute de 10,6% par rapport à l’année 2019, une chute qui est expliquée par la faible demande
extérieure.
Les importations, de leur part, qui ont connu un recul de 6.318 MDH en 2020, soit une baisse
de 5,1% par rapport à l’année 2019, donnant enfin un déficit commercial de 1.79 MDH soit
3,8%.
Tableau 2 : La balance Commerciale
Janvier – Mars
2020 2019 valeur %
Importations CAF 117.349 123.667-6.318 -5,1
Exportations FAB 68.217 76.329-8.112 -10,6
Solde -49.132 -47.338 1.794 3,8

Taux de 58,1 61,7


couverture (TC)
en %

Source : Office de Change, Indicateurs des échanges extérieurs Mars 2020, P1


Ainsi, la durée du confinement et la fermeture des frontières étaient une cause principale
d’arrêt de plusieurs activités au niveau des secteurs d’exportation en entrainant un choc sur les
secteurs industriels telles que l’industrie automobile -39%, le textile et le cuir -28,3%,
l’aéronautique -33,9% (Office des Changes, 2020).

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Cette crise a remis en cause les orientations des pouvoirs publics et a poussé à mener une
réflexion au niveau des stratégies en termes d’échanges internationaux et chercher des plans
d’action afin de relancer le secteur et survivre pendant la crise qui reste toujours en cours.
3.1.3 Impact sur l’industrie
Le secteur industriel n’a pas échappé aux effets de la crise sanitaire causée par la COVID-19
qui a déstabilisé toutes les branches de ce secteur. En effet, le confinement total, l’arrêt de la
production de plusieurs activités industrielles, la perturbation des chaines
d’approvisionnement ainsi que la diminution de la demande interne et externe, ont contribué à
un choc majeur et à des pertes importantes au niveau du secteur industriel.
Le secteur industriel a connu aussi une faible offre des matières nécessaires à la production
suite à l’augmentation des prix, à la faible demande et aux coûts d’exploitation qui ne cessent
d’augmenter.
Ainsi, l’impact de la crise sur l’industrie au niveau mondial a perturbé la production
industrielle au Maroc comme le secteur d’automobile qui était dans l’obligation de suspendre
ses activités par Renault et PSA depuis le début de la crise sanitaire sur les sites de
Casablanca et Tanger ce qui entraine des répercussions sur la production automobile au
Maroc.
Pour l’industrie du textile, le secteur a souffert à cause de l’arrêt temporaire ou définitif de
plusieurs usines qui n’ont pas pu supporter les problèmes d’approvisionnement,
d’augmentation des coûts ainsi que la faible demande de l’étranger surtout de la France et de
l’Espagne qui constituent les premières destinations des produits de ce secteur.
En effet, le textile et le cuir a enregistré à fin 2020, une baisse de ses exportations de 19% par
rapport à l’année précédente, attribuable essentiellement à une pénurie de matières premières,
en provenance des pays de l’Asie essentiellement de la Chine, à la suspension des commandes
de l’Union Européen essentiellement l’Espagne et l’Italie, au ralentissement des chaines de
logistique et à la baisse de la demande locale (Labrar et al. 2021). Cette situation a obligé les
industriels du secteur à basculer leur activité vers la production des produits médicaux afin de
répondre à la demande interne et externe.
Pour le secteur Aéronautique, et depuis le commencement de la crise sanitaire, le monde a
connu un écroulement du trafic aérien, des suppressions de lignes et un recul dans
l’investissement dans de nouveaux appareils. Cette situation a impacté fortement l’industrie
aéronautique marocaine et a enregistré une baisse de 29% de ses exportation à fin 2020.
Certes, la demande industrielle extérieure a connu un recul avec la récession qui a frappé
l’Union Européenne, le principal partenaire du Maroc. Le graphique ci-dessous montre
l’évolution des exportations entre la période 2019 et 2020.
Figure 3 : Évolution des exportations du secteur industriel (Chiffres en MMDH)

Source : Office des Changes

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3.2 Impact social


Aux conséquences économiques s’ajoutent ainsi les conséquences sociales qui sont les plus
graves depuis la Seconde Guerre mondiale et sont d’ampleur inédite selon l’Observatoire de
l’OIT dans son rapport d’Avril 2020.
Suite à la violence de la crise, il n’était pas surprenant d’observer une dégradation au niveau
de la société à savoir des pertes d’emplois massives conduisant à un repli de vie d’une large
population.
En effet, l’impact social de la crise sanitaire a été ressenti depuis les premiers jours du
confinement en 2020. Une crise qui a entrainé un ralentissement ou un arrêt total de certaines
activités comme le secteur informel qui représente au Maroc une majorité active comme le
secteur du tourisme, le transport, le commerce au détail…etc., entrainant ainsi une hausse du
niveau de chômage, provoquant un véritable choc social par la baisse du niveau de vie d’une
large population et une aggravation des inégalités préexistantes.
Globalement, deux actifs occupés sur trois ont dû arrêter temporairement leur activité du fait
du confinement (Loi de Finances rectificative 2020). La première conséquence après la perte
de revenu et la détérioration du pouvoir d’achat était une perte de confiance et un climat
d’incertitude sur le futur auprès des agents économiques. Ceci a impacté ainsi la demande.
Selon une enquête de conjoncture menée par le HCP en 2020 auprès des ménages, il y aurait
eu une dégradation de 15,1 points de l’indice de confiance des ménages par rapport au
premier trimestre de 2020, soit son niveau le plus bas depuis une enquête menée en 2008.
Dans ces conditions, les équilibres sociaux seraient nettement fragilisés et le risque de voir, en
perspective, des taux plus élevés de vulnérabilité et de pauvreté est considérable, sachant que
la population la plus exposée est celle opérant dans le secteur informel (Karim, A. & Aomar, I.,
2018), répartie entre le textile et l’habillement, le transport, le BTP, le commerce et la
restauration, des secteurs ou les déclarations d’arrêt d’activité ont atteint en moyenne 67%
(Abdelaziz, A. et al.,2020).
4. Dépasser la crise sanitaire causée par la COVID-19 : Un départ pour
une transformation structurelle ?
En vue de faire face au choc de la crise sanitaire causé par COVID-19, et limiter sa
propagation, l’État a mis en place plusieurs mesures et stratégies avec réactivité en passant par
des mesures de sécurité sanitaire et économique.
En effet, l’étape qui a suivi le déconfinement était très sensible voir déterminante pour le
futur économique, social et politique du pays du fait qu’elle devait prévoir une reprise urgente
des activités économiques et renforcer le système économique face aux différentes vagues de
COVID-19.
Le Comité de veille économique a montré une réactivité pendant cette période, et avait décidé
des plans d’action au fur et à mesure de la situation sanitaire et la situation économique et de
décider des mesures à haute priorité à prendre.
4.1 Les mesures sociales
Au niveau social, le Maroc a mis en place plusieurs mesures afin de soutenir les différentes
couches sociales dont les conditions de vie ont été impactées par la crise, notamment les
salariés affiliés à la Caisse Nationales de la Sécurité Sociale. Des entreprises en difficulté ont
bénéficié d’indemnités forfaitaires qui se sont étalées du mois de Mars jusqu’à fin juin 2020.
À la fin d’Avril 2020, 216 000 entreprises se sont déclarées en arrêt total ou partiel d’activité,
et 800 000 personnes ont bénéficié de l’aide forfaitaire (Séance plénière hebdomadaire des
questions orales de la Chambre des Représentants, 2020).

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Ainsi, les aides de l’État marocain ont touché aussi les salariés du secteur informel disposant
d’une carte RAMED d’assistance médicale ayant perdu leur revenu pendant le confinement.
Ces aides ont été déterminées comme suit :
- 800 Dirhams pour les ménages de moins de deux personnes ;
- 1000 Dirhams pour les ménages de trois à quatre personnes ;
- 1200 Dirhams pour les ménages de quatre personnes et plus.
Le renforcement des couches sociales est une mesure importante pour de limiter l’impact
négatif de la pandémie sur la population vulnérable que l’État essaye d’identifier à travers
plusieurs dispositifs dont notamment le RAMED qui a permis l’identification de 15,1 millions
de personnes.
Une autre mesure a été mise en place durant cette période. Il s’agit de l’assouplissement des
procédures de déclaration des salariés à la CNSS
Au niveau social, la crise a permis de développer un nouveau concept qui est le revenu direct
de l’état pour la couche sociale fragile. Les pouvoirs publics ont assuré ainsi la continuité des
services publics en situation de crise. Il s’agit de la continuité et du renforcement de
l’inclusion des plus vulnérables, y compris des réfugiés, des demandeurs d’asile et des
migrants, dans les différents programmes de santé, des systèmes scolaires, des systèmes
d’assistance juridique, ainsi que du soutien aux femmes victimes de violences (HCP, 2020).
Pendant la phase de la crise sanitaire, l’État a pu s’intéresser aux différents volets sociaux à
savoir le chômage, le sous-emploi, la pauvreté, les travailleurs indépendants et non protégés.
En outre la crise a permis de mettre à jour l’importance des programmes sociaux afin de
chercher l’équité, la cohésion et la résilience sociale.
4.2 Les mesures économiques
Depuis le début de la crise sanitaire, l’État s’est mobilisé selon un processus en deux phases à
savoir la phase de sauvegarde et la phase de relance afin de soutenir l’économie et relancer les
entreprises et les salariés pour surmonter la crise.
A l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la première mesure pendant le début de la
crise était la création d’un fonds spécial doté de 10 Milliards de Dirhams qui avait pour
objectif l’augmentation de la capacité du système sanitaire et le soutien du système
économique.
Pour mettre en place les mesures et les plans de relance proposés par le gouvernement,
différentes parties prenantes ont été impliquées notamment le HCP, la CGEM ainsi que le
CESE.
Ainsi, un comité de veille économique a été désigné par le Ministère de l’Economie, des
Finances et de la Réforme de l’administration, afin de suivre et décider les mesures
nécessaires pour faire face aux dégâts causés par COVID-19.
Ce comité est une cellule composée des Ministères de l’Intérieur, des Affaires Etrangères, de
l’Agriculture et Pêche, de la Santé, de l’Industrie, de Tourisme et du Travail, et bien d’autres
entités à savoir le Groupement Professionnel des Banques du Maroc, la CGEM et la
Fédération des chambres d’artisanat.
Parmi les premières mesures prises par le Comité de veille économique afin de limiter
l’impact de la pandémie on trouve :
- La suspension des contrôles fiscaux et les avis à tiers détenteur ;
- Le report du dépôt des déclarations fiscales pour les entreprises ayant un chiffre
d’affaires inférieur à 20 Millions de Dhs ;
- La mise en place d’un mécanisme de garantie «DAMANE OXYGENE » auprès de la
Caisse Centrale de Garantie CCG pour les PME qui souffrent d’une baisse dans leurs
activités, un crédit dans la limite de 20 Millions de Dirhams pour couvrir les charges
courantes de l’entreprise ;

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économique

- Un crédit bancaire appelé «Auto-entrepreneur » garanti par la CCG, pour les auto-
entrepreneurs qui ne pouvaient pas bénéficier du crédit « DAMANE OXYGENE » qui
peut atteindre 15 000 DH remboursable sur 3 ans avec un différé d’un an et à taux 0%.
Ainsi, l’année 2020 a connu une loi rectificative de la loi de finance qui consistait en une
correction du budget annuel et en une modification des dispositions juridiques des
enveloppes.
Selon l’intervention du Chef de gouvernement le 18 Mai 2020 devant les deux chambres du
parlement, la loi de finances rectificative avait pour but de :
- Ajuster les prévisions de recettes et de dépenses en tenant compte de l’évolution de la
crise sanitaire et de la situation économique ;
- Définir un plan de travail pluriannuel afin de relancer l’activité économique ;
- Accélérer la mise en place des réformes administratives afin de simplifier les démarches
et formalités administratives à savoir la digitalisation ;
- Actualiser les hypothèses nationales et internationales en prenant en comptes les
agrégats économiques (la régression du taux de croissance, le déficit budgétaires, les
effets de la sécheresse, la baisse des recettes fiscales…).
Au niveau de la politique monétaire, Bank AL Maghrib a adopté plusieurs mesures
économiques avec des objectifs clairs à savoir la baisse du taux directeur le 17/03/2020 de
2,25% à 2% et à 1,5% le 18/06/2020 (Bank Al MAghrib, 2019), afin d’augmenter le niveau de
liquidité des banques et faciliter l’accès aux crédits bancaires pour les entreprises et les
ménages.
Ainsi, des mesures prudentielles visant à renforcer les capacités de refinancement des banques
notamment par des opérations d’open market et de swap de changes, l’élargissement de la
liste des collatéraux éligibles pour ces opérations, l’allongement des maturités des opérations
de refinancement ainsi que l’élargissement des programmes dédiés aux TPE pour leurs crédits
de fonctionnement (Abdelaziz, A. et al.,2020).
Enfin, le gouvernement a décidé d’accorder une importance primordiale aux secteurs qui ont
la capacité de redémarrer plus vite et qui créent plus de valeur ajoutée suite à la crise. La
déclaration CNSS des salariés, la formation, l’amélioration de la qualité étaient parmi les
mesures.
Ainsi, suite à ces mesures prises afin de faire face à la crise causée par COVID-19, le Maroc a
tiré une bonne leçon et a su faire montre d’une grande maitrise de la situation. Il a saisi
l’opportunité de chercher un nouveau modèle de développement par une transformation
structurelle.
5. Les réformes et la transformation structurelle du Maroc
Après la récession économique de l’année 2020, le Maroc a retrouvé sa voie pour un rebond
exceptionnel depuis 2021. Des réformes structurelles sont entamées afin de soutenir
l’économie, et un nouvel engagement des autorités est initié dans la recherche d’un nouveau
modèle de développement en consolidant les différentes mesures prises par l’État.
La crise sanitaire a été une occasion pour le Maroc pour accélérer sa transformation
structurelle dans différents secteurs, d’instaurer de nouvelles stratégies et habitudes. Il s’agit
pour lui d’une opportunité à saisir et d’une carte à jouer pour le secteur économique, social et
aussi politique.
Avant de se pencher sur les réformes structurelles du Maroc pendant cette crise, il est
nécessaire de découvrir dans un premier temps la notion de la transformation structurelle.
5.1 La transformation structurelle : Concept et origine
La notion de la transformation structurelle de l’économie a doté depuis des années d’une
grande importance et a été étudiée par différents économistes comme Kuznets en 1966,

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Syrquin en 1988 et bien d’autres, et qui continue d’avoir des débats économiques grâce aux
défis que connait l’économie mondiale.
En effet, la transformation structurelle désigne la réorientation de l’économie des secteurs
traditionnels à faible productivité vers des secteurs modernes et plus productifs. Ceci se
traduit en l’occurrence par un redéploiement des facteurs de production vers des activités
offrant de meilleures perspectives (Azzedine & Nabil Boubrahimi-marouane, 2017)
Timmer (2009) a essayé de donner des dimensions à la transformation structurelle à savoir le
recul de la part de l’agriculture dans le PIB et l’emploi, la montée de l’urbanisation impulsée
par l’exode rural, le développement des autres secteurs de l’économie et la transition
démographique.
Matsuyama (2008) a donné une définition plus large à la transformation structurelle : « la
transformation structurelle renvoie à une série d’évolutions complémentaires qui concernent
différents aspects de l’économie, comme la composition sectorielle du PIB et de l’emploi,
l’organisation du secteur industriel, du système financier, de la répartition des revenus et des
richesses, de la démographie, des institutions politiques et même du système de la valeur
d’une société. » (Herrendorf, 2013)
Pour Kuznets (1966,1971) la transformation structurelle de l’économie possède une
dimension élargie et lui a introduit des variables institutionnelles et sociales : « Certains
changements structurels des institutions économiques, mais aussi sociales et des croyances
sont nécessaires, car, sans eux, la croissance économique moderne serait impossible ».
Chenery (1979) quant à lui, stipule que le développement économique serait l’ensemble des
changements interdépendants qui surviennent dans la structure d’une économie et nécessaires
à la continuité de la croissance.
A travers ces définitions, il existe une corrélation entre la croissance économique et la
transformation structurelle qui résulte des innovations, d’amélioration l’attractivité de certains
secteurs et l’allocation des facteurs de production. Pour Abramovitz (1983), il s’agit d’une
redistribution sectorielle de la croissance et de l’emploi qui constitue une condition et un
résultat nécessaires à l’accroissement de la productivité.
En partant des expériences internationales, le nombre des pays qui ont réussi à basculer leur
statut économique en économie avancée est limité, et ce à cause de plusieurs facteurs à savoir
le manque de capacité en capital humain, le niveau de développement technologique, les
capacités managériales…
Pour Hausmann et al (2011), le processus de transformation structurelle obéit à une règle dite
de « dépendance de trajectoire », cela suppose que chaque pays transite vers des produits qui
nécessitent des capacités cognitives et un savoir-faire semblables ou proches de ceux requis
par les biens et services qu’il produit déjà. En d’autres termes, les économies sont rarement
capables de se déplacer directement vers des produits distants et beaucoup plus complexes.
Cette hypothèse pourrait ainsi expliquer le piège des revenus intermédiaires et le fait que très
peu de pays ont pu améliorer la complexité de leurs économies et se hisser vers la catégorie de
pays avancés (EL MOKRI, 2016).
Pour faire face à cette situation et dépasser ces handicaps, les pays cherchent à développer une
politique industrielle qui permet de basculer les secteurs traditionnels vers des secteurs plus
complexes et à forte valeur ajoutée.
Pour le cas du Maroc, il s’est retrouvé devant une menace des économies à revenu
intermédiaire et donc piégé entre la forte concurrence exercée par les pays à faible revenu et
la difficulté de la transformation structurelle de son économie vers des secteurs à forte valeur
ajoutée et de création d’emploi, ce qui a été exacerbé par l’impact de la pandémie du Covid-
19 et a commencé à paralyser ses tentatives de transformation structurelle.

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économique

Dans ce contexte, l’état s’est mobilisé afin de limiter l’impact pandémique et se lancer dans
des réformes structurelles tout en suivant la voie d’accélération de sa transformation
structurelle économique tracée avant la crise pandémique. Quelles sont ces réformes ?
5.2 Les réformes structurelles
La crise a montré les priorités et les efforts à fournir pour différents secteurs, il s’agit d’une
consolidation des initiatives et des réformes afin d’atteindre le modèle de développement
souhaité par le Maroc.
En effet, le développement du secteur privé marocain constituait une des priorités des
réformes structurelles marocaines favorisant la création d’emplois, facilitant l’accès aux
ressources, aux démarches administratives et puis réglementaires, etc.
L’État a ainsi favorisé la création de nouvelles zones économiques et l’encouragement des
investissements notamment par le Fonds Mohammed VI d’investissement destiné aux
entreprises locales.
Il s’agissait pour le Maroc de promouvoir la production nationale et développer l’industrie
marocaine tout en facilitant l’intégration dans les chaines de valeurs mondiales, et ce suite à
l’expérience qu’a vécue le monde entier pendant le confinement en 2020. Il s’agit de rendre
les entreprises plus compétitives avec un meilleur capital humain.
Le Maroc s’est ainsi engagé rapidement dans des politiques rigoureuses afin de relancer
l’économie et diminuer les effets néfastes de la crise sanitaire causée par COVID-19, il s’agit
d’un défi nécessitant la mise en place d’une stratégie capable de relancer l’économie et
réajuster les grands leviers économiques à savoir les politiques budgétaires et monétaires.
Pour les politiques budgétaires, il s’agit de rationaliser l’utilisation du budget et diminuer les
dépenses discrétionnaires, stimuler les recettes afin de réduire le déficit, promouvoir
l’investissement public et encourager l’investissement privé, inciter les ménages à opérer dans
le secteur formel en créant des opportunités d’emploi, diminuer le recours à l’endettement
extérieur, etc.
Pour les politiques monétaires, en plus de sa veille à la stabilisation de la monnaie et la
régulation et le contrôle de l’inflation, Bank Al Maghrib est devenu un vecteur de
développement. Il s’agit ainsi de fournir les liquidités nécessaires et s’assurer de
l’harmonisation avec les politiques budgétaires.
La crise sanitaire a montré que la protection sociale et une priorité pour un état fort. De ce
fait, les réformes ont touché aussi le côté social en mettant en place un système de protection
généralisé afin de diminuer les défauts de couverture et les écarts existants dans les couches
sociales. Il s’agit de se focaliser sur la couverture médicale pour 22 millions de Marocains
depuis 2021 et d’accueillir 3,5 millions de nouveaux cotisants et améliorer la qualité des
soins.
Globalement, les crises ont eu un impact négatif sur toutes les économies du monde. Mais
pour le cas du Maroc, il s’agit d’une ouverture de nouvelles opportunités inattendues. En
effet, le Maroc a pu tirer d’amples profits de la crise sur le long terme, et a saisi l’occasion de
réduire la dépendance envers les pays développés par le développement de l’appareil
industriel.
5.3 La transformation structurelle au Maroc
L’histoire a montré que les guerres et les crises sont des terrains fertiles pour le
développement des apprentissages et sources d’innovation. La crise de la COVID-19
engendrera globalement des traces dans les pratiques managériales (Frimousse & Peretti, 2020)
Néanmoins, deux ans après l’apparition de la pandémie qui a engendré une commotion de
l’économie marocaine sur le volet social, sur les inégalités sociales, la pauvreté, et l’arrêt ou
le dysfonctionnement de certaines activités. Le Maroc semble s’être servi de la crise comme
accélérateur de sa transformation structurelle en initiant les projets sociaux, dont la
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généralisation de la couverture sociale, l’accélération des réformes de la digitalisation et


l’apparition de nouvelles habitudes managériales.
La mise en œuvre des réformes, suite à la crise sanitaire du COVID-19, pourra augmenter le
potentiel de la croissance économique au Maroc à travers différents canaux à savoir : le
renforcement de la concurrence par le développement d’un secteur privé dynamique, la
rationalisation du rôle des entreprises publiques dans l’économie, la création des emplois, la
formation du capital humain, etc.
Ainsi, la crise est une opportunité pour le changement structurel des entreprises au Maroc, une
opportunité d’un changement managérial et une révision des méthodes de fonctionnement des
organisations à travers la réorganisation des services et la reconfiguration du style de
management. Il s’agit des outils qui peuvent assurer le bon fonctionnement de l’organisation
et agir au moment opportun afin de veiller à la bonne continuité des activités et orienter enfin
l’organisation vers une croissance accélérée.
D’un autre côté, la crise sanitaire a pu développer une nouvelle culture au sein des
organisations, il s’agit du télétravail. Ce dernier a commencé à se généraliser depuis le
commencement de la crise par un nombre important d’organisations. il s’agit d’un défi à
relever puisqu’il constitue une culture nouvelle qui commence à s’installer au Maroc.
la pandémie a imposé ainsi à l’état à prendre la voix de digitalisation, Il s’agit d’une leçon
tirée de cette crise qui a permis de garantir la continuité des services et faciliter les démarches
pour les citoyens tout en diminuant le contact physique.
À cet égard, l’Agence de Développement du Digital (ADD) a développé des plateformes
digitales qui facilitent la gestion électronique et le traitement des courriers afin de
dématérialiser les flux documentaires. Il s’agit notamment du « portail bureau d’ordre digital,
le guichet électronique des courriers, et le parapheur électronique ».
La digitalisation constitue un processus important pour la transformation structurelle, et l’État
s’est lancé dans des projets innovants à cette fin en lançant des appels à projets aux différents
établissements comme les PME et TPE qui souffrent d’une insuffisance d’expérience en
digitalisation et ont du mal à implanter leur propre structure digitale. Il s’agit d’une
reconfiguration du style de management et une redéfinition des stratégies organisationnelles,
technologiques et aussi humaines qui conduisent à une nouvelle forme de développement.
La stratégie de développement économique suite au COVID-19 s’est orientée ainsi vers la
création de forts partenariats publics-privé qu’on peut considérer comme un outil de
développement durable en jouant un rôle très important dans la transformation structurelle de
l’économie.
6. Conclusion
L’année 2020 qui supposait être une année de réalisation de grands projets et de
développement économique et social pour le Maroc, elle est devenue une année de crise et des
interventions de l’état pour sauver la vie de ses citoyens.
La crise sanitaire causée par COVID-19 est considérée la plus grave depuis un siècle et a
traversé les cinq continents en perturbant le fonctionnement des différents secteurs et
structures économiques et sociaux dans presque tous les pays.
Cette crise est devenue une source de déséquilibre économique et social de la plupart des
pays, y compris le Maroc, avec un creusement des déficits commerciaux, une augmentation
des niveaux d’endettement, une augmentation des inégalités sociales et du chômage partiel.
Le Covid-19 qui avait un impact économique et social, suppose de repenser les orientations et
stratégies de l’état marocain, voire même de redéfinir les priorités gouvernementales afin de
s’adapter aux changements produits par cette pandémie.

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économique

En effet, le Maroc s’est lancé dans plusieurs politiques et stratégies visant la correction des
inégalités enregistrées sur de longues périodes et faire face aux différents obstacles structurels
qui ont impacté depuis des années la croissance de l’économie marocaine.
La crise sanitaire a permis de remettre en question les schémas suivis par les États faisant face
à une crise mondiale avec des incertitudes des conséquences, qui nécessitent une rapidité dans
la prise de décision afin d’assimiler et corriger les conséquences.
La sortie de la crise sanitaire n’était pas immédiate et beaucoup d’incertitudes régnaient sur la
fin de la crise. Pourtant le Maroc a entamé des réformes et des réflexions sur les modalités
de la sortie de la crise tout en prenant en compte les priorités et les capacités de redémarrage
des différents secteurs d’activités.
À vrai dire, la crise sanitaire était une occasion pour dépasser le retard d’implantation de
plusieurs projets et stratégies, et de divorcer de certains complexes dont souffrait le pays
depuis plusieurs années. Cette période a démontré les capacités du pays à relever des défis
grandioses qu’on ne le croyait pas capable de faire en période normale.
En revanche, la crise qu’a connue le pays a eu des conséquences sociales, psychologiques et
comportementales que plusieurs études essayent d’analyser et de mettre à jour afin de mesurer
la gravité de l’impact. Cette situation nous pousse à nous poser la question de savoir comment
le Maroc pourrait surmonter les effets psychologiques de la crise sur la société ?.

Références

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premier bilan »,. Policy Center for the New South, pp. 13-14.
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