Chroniques 4 ST 04 d3 p126-201

126 PARTIE 1 • La formation du régime fédéral canadien (1840-1896)
Dossier 3
1867-1896 Les débuts

de la fédération canadienne
Peu après la création de la fédération canadienne, le Dominion du Canada com
mence à s’étendre vers l’Ouest. Cette expansion se fait au détriment des popu
lations autochtones. À peu près au même moment, une crise économique mondiale
touche le Canada. Le gouvernement de John A. Macdonald tente d’y mettre fin
grâce à sa « Politique nationale ».
Au Québec, la révolution industrielle bat son plein et l’urbanisation s’intensifie. La
classe ouvrière apparaît et les femmes sont de plus en plus nombreuses sur le marché
du travail. Parallèlement, des tensions entre les communautés francophone et
1867
anglophone ébranlent les relations fédérales-provinciales.
1870 Création des 1875 Abolition du

Territoires du ministère de l’Instruction
Nord-Ouest publique.
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.
1860 1867 Adoption de 1870

1876 Adoption
l’Acte de l’Amérique
1872 Légalisation de la Loi sur
du Nord britannique.
des syndicats. les Indiens.
1869 Premier soulèvement
des Métis.
13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 126 2018-08-07 12:47 PM

DOSSIER 3 • Les débuts de la fédération canadienne (1867-1896) 127
CONCEPTS COMMUNS
Culture • Économie • Pouvoir • Société • Territoire
CONCEPTS PARTICULIERS
Fédéralisme • Industrialisation • Migration
CONNAISSANCES HISTORIQUES
Manifestations socioculturelles • Relations fédérales-provinciales • Politique nationale •
Rôle des femmes • Première phase d’industrialisation • Industrie forestière •
Exploitations agricoles • Migrations • Affaires indiennes
3.1 3.2
1893 Fondation du Montreal

Local Council of Women.
1880 1890 1900

1895 Fondation de l’École
littéraire de Montréal.
1896
1885 Pendaison
de Louis Riel.
3.1 La chasse au bison dans les Prairies, au milieu du 19e siècle. Avec la
colonisation des territoires de l’Ouest, les troupeaux de bisons se raréfient. Les Premières
Nations et les Métis des Prairies perdent ainsi une importante source de nourriture.
Bisons dans la prairie, William George Richardson Hint, vers 1863.
3.2 Le réseau de chemin de fer transcontinental, achevé en 1885.
Pour atteindre la côte du Pacifique, le chemin de fer doit traverser les Rocheuses.
Cela implique la construction de nombreux ponts, tunnels et pare-avalanches.
Pare-avalanche sur le chemin de fer Canadian Pacific, dans les Rocheuses, Washington F. Friend, année de réalisation inconnue.

Sommaire Coup d’œil

sur le territoire
1 L’expansion du Canada vers l’ouest . . . . . 130
L’achat de la Terre de Rupert et Dans le dossier précédent
du Territoire du Nord-Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
La Rébellion de la Rivière Rouge en 1869 . . . . . . . . . . 131 Me r d e GROENLAND
B e a uf or t (DANEMARK)
Les répercussions sur les populations
autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 ALASKA
(ÉTATS-UNIS)
2 La première phase d’industrialisation

(1850-1896) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
TERRITOIRE DU M er du
NORD-OUEST L ab rado r
Les caractéristiques de la première phase LABRADOR

(TERRE-NEUVE)
Baie
d’industrialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 COLOMBIE- d’Hudson
BRITANNIQUE
Les conditions de travail de la classe ouvrière . . . . . . 146 TERRE-
TERRE DE RUPERT NEUVE
Les premiers syndicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 QUÉBEC
Î.-P.-É.
OCÉAN
PA C I F I Q U E
3 La Politique nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 ONTARIO NOUVELLE-
ÉCOSSE
La promesse d’un chemin de fer . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 NOUVEAU-
ÉTATS-UNIS BRUNSWICK
Une importante crise économique . . . . . . . . . . . . . . . . 155
0 1000 km OCÉAN
La Politique nationale de John A. Macdonald . . . . . . . 155 ATLANTIQUE
4 L’urbanisation et la colonisation . . . . . . . . 164 3.3 Le Dominion du Canada, en 1867. Les quatre

provinces qui forment le Dominion du Canada en 1867
L’industrialisation et l’urbanisation au Québec . . . . . 164 sont l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick
La colonisation de nouvelles régions . . . . . . . . . . . . . . 168 et la Nouvelle-Écosse.
5 L’agriculture et l’industrie forestière . . . 174

Les exploitations agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
L’industrie forestière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6 Le rôle des femmes dans la société . . . . . 178

Le statut juridique et politique des femmes
à la fin du 19e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Le rôle social des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Des femmes sur le marché du travail . . . . . . . . . . . . . . 181
7 Les manifestations socioculturelles . . . . . 186 EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE

L’enseignement supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
La littérature patriotique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 1 ACTIVITÉS p. 138
L’émergence de la littérature féminine . . . . . . . . . . . . 189
2 ACTIVITÉS p. 148
8 Les relations fédérales-provinciales . . . . 190 3 ACTIVITÉS p. 160
La Rébellion du Nord-Ouest de 1885 . . . . . . . . . . . . . . 190
Le nationalisme canadien-français 4 ACTIVITÉS p. 170
d’Honoré Mercier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
5 ACTIVITÉS p. 176
Les écoles catholiques hors Québec . . . . . . . . . . . . . . . 194
6 ACTIVITÉS p. 184
7 8 ACTIVITÉS p. 196

À découvrir dans le dossier 3
OCÉAN Légende
ARCTIQUE
Capitale du pays
Frontière internationale
GROENLAND
Frontière provinciale
(DANEMARK) ou territoriale
Province canadienne
Territoire canadien
Autre colonie britannique
ALASKA
(ÉTATS-UNIS)
Mer du
Labrador
TERRITOIRES DU
NORD-OUEST
TER
Baie RE
d’Hudson
-
COLOMBIE-
NE
UV
BRITANNIQUE
E
PA C I F I Q U E
OCÉAN
QUÉBEC
ÎLE-DU-
PRINCE-
ÉDOUARD
MANITOBA
ONTARIO
NOUVELLE-
ÉCOSSE
NOUVEAU-
Ottawa BRUNSWICK
É T A T S - U N I S
OCÉAN
AT L A N T I Q U E
0 350 km
3.4 La fédération canadienne en 1896. Entre 1867 et 1896, le territoire du Canada s’agrandit avec la création du Manitoba et des
Territoires du Nord-Ouest, en 1870, ainsi que par l’entrée dans la fédération canadienne de deux autres provinces : la Colombie-Britannique, en 1871,
et l’Île-du-Prince-Édouard, en 1873.
DÉTERMINER DES CHANGEMENTS

OI ET DES CONTINUITÉS. Indiquez les changements territoriaux survenus entre 1867 et 1896.

3.5 Louis Riel demandant de cesser les travaux d’arpentage dans la région de la rivière Rouge, le 11 octobre 1869.
L’arpentage des terres par le gouvernement suscite de vives craintes chez les Métis de la région. Résistance, Bonna Rouse, 1986.
DÉTERMINER DES CAUSES

OI ET DES CONSÉQUENCES. Pour quelles raisons le gouvernement canadien décide-t-il d’arpenter les terres de la région
de la rivière Rouge ?
1 L’expansion du Canada
vers l’ouest
L’un des buts de l’union des colonies d’Amérique du Nord britannique est l’an
nexion des territoires situés entre l’Ontario et la Colombie-Britannique.
L’acquisition de ces terres par le gouvernement du Canada provoque la révolte

des Métis, à l’issue de laquelle la province du Manitoba est fondée. Elle a aussi
d’importantes conséquences sur la vie des populations autochtones.
L’achat de la Terre de Rupert

et du Territoire du Nord-Ouest
L’une des priorités du nouveau gouvernement fédéral est d’agrandir le territoire
du Dominion vers l’ouest. La Terre de Rupert, un immense territoire encore
Population autochtone
Au Canada, expression désignant les Premières méconnu, est administrée par la Compagnie de la Baie d’Hudson depuis 1670.
Nations, les Métis et les Inuits. Elle y pratique la traite des fourrures avec les Autochtones.
CHRONOLOGIE 1869 Premier Rébellion de la 1870 Création des Territoires

1867 Élection du Adoption de l’Acte soulèvement Rivière Rouge. du Nord-Ouest. 1872 Légalisation
gouvernement de de l’Amérique du 1871 Premiers des syndicats.
des Métis. Entrée du
John A. Macdonald. Nord britannique. traités
Manitoba dans
numérotés.
la Confédération.
1865 1870

Un territoire convoité
Avec l’acquisition de la Terre de Rupert, le gouvernement fédéral veut empêcher
les États-Unis d’annexer cette région. Les Américains, qui possèdent depuis peu
l’Alaska, acheté en 1867 à la Russie pour 7,2 millions de dollars, menacent de
poursuivre leur expansion vers la Terre de Rupert, maintenant située entre deux
de leurs frontières.
De plus, le gouvernement fédéral souhaite ouvrir ces terres à l’exploitation et à
la colonisation. Les territoires à l’ouest de l’Ontario sont alors principalement
habités par quelques centaines de colons canadiens et de nombreuses bandes
des Premières Nations (Cris, Assiniboines et Pieds-Noirs, par exemple). Des popu
lations inuites nomades et des milliers de Métis peuplent aussi ces territoires.
La chasse au bison chez les Métis
En été et au début de l’automne, les Métis des Prairies chassent le

bison. Un groupe de chasseurs, à cheval, suivent les ordres d’un
capitaine. Le plus discrètement possible, dissimulés derrière de Annexer
petites collines, ils approchent du troupeau de bisons. Une fois assez Rattacher à son territoire ; faire passer sous
sa dépendance.
près, ils attendent le signal du capitaine pour se lancer à l’assaut.
Chaque chasseur choisit un bison et chevauche à ses côtés. Il prend le
fusil attaché sur son cheval, puis vise la bête de biais. Une fois la cible
atteinte, il repart aussitôt à la poursuite d’une autre bête. À la fin de
la chasse, les chasseurs récupèrent les bêtes abattues.
Les négociations
À la fin des années 1860, le gouvernement canadien négocie l’achat de la Terre
de Rupert avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, mais sans consulter les popu
lations autochtones qui peuplent ce territoire. En 1869, avec l’appui du Parlement
britannique, il acquiert ce territoire pour la somme de 1,5 million de dollars. Il
s’agit de la plus importante transaction immobilière (en termes de superficie)

de toute l’histoire du Canada. Le 15 juillet 1870, le Royaume-Uni cède officiel
lement le Territoire du Nord-Ouest au Dominion du Canada.
La rébellion de la Rivière Rouge en 1869

3.6 Louis Riel (1844-1885). Fils d’un
La nouvelle de l’acquisition de la Terre de Rupert par le gouvernement fédéral chef métis et d’une Canadienne française,
cause une grande agitation chez les Métis. Plusieurs d’entre eux craignent que Louis Riel est considéré comme le fondateur
de la province du Manitoba. Il dirige les
le gouvernement installe des colons sur leurs terres, notamment des colons soulèvements des Métis de 1869 et de 1885,
ontariens. La population de l’Ontario est alors en pleine croissance et les vastes à l’issue de laquelle il est reconnu coupable
de haute trahison et exécuté.
terres fertiles situées à l’ouest de la frontière ontarienne sont très convoitées.
1875 Abolition 1876 Adoption

du ministère de la Loi sur
de l’Instruction les Indiens.
publique.
1875 1880

3.7 Des Métis font la traite des fourrures près de la frontière américaine vers 1870.
Les charrettes inventées par les Métis de la région de la rivière Rouge sont uniques. Elles sont
l’un des symboles de la culture métisse.
OI ÉTABLIR DES FAITS. 1. Observez la photographie et nommez le mode de vie

adopté par les Métis lorsqu’ils font la traite des fourrures.
2. Quels éléments de l’image vous renseignent sur
le mode de vie des Métis ?
Les Métis de la rivière Rouge

Exproprier En 1869, plus de 10 000 Métis peuplent la région qui se situe autour de la rivière
Priver des personnes de leur propriété (terres,
fermes, habitations). Rouge et de ses affluents (l’actuelle ville de Winnipeg). Ils pratiquent une
agriculture traditionnelle sur des terres divisées selon le mode seigneurial.
Gouvernement provisoire
Gouvernement de transition, souvent créé au Ils vivent aussi de la chasse au bison et de la traite des fourrures. L’hiver et
moment d’une révolte ou d’une révolution. l’automne, ils sont installés sur des fermes situées en bordure de la rivière.
Les Métis sont majoritairement catholiques et
parlent le « mitchif », un mélange de français et
de langues autochtones.
La résistance s’organise
L’acquisition des territoires de l’Ouest par le gou

vernement fédéral et l’envoi d’arpenteurs en pré
vision de l’installation de colons sur les terres
fertiles de la région font craindre aux Métis d’être
expropriés.
Pour faire face à une telle menace, les Métis orga
nisent une résistance. Avec Louis Riel à leur tête,
3.8 Les membres du gouvernement provisoire de Fort Garry, en 1870. un jeune Métis charismatique de 25 ans éduqué
Louis Riel, au centre, entouré des conseillers du gouvernement provisoire à Montréal, ils s’emparent de Fort Garry, un im
de la nation métisse. portant poste de traite fortifié appartenant à la

Manitoba dans
numérotés.
la Confédération.
1865 1870

Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils occupent l’endroit et y forment un gouver

nement provisoire. Louis Riel exige que le gouvernement fédéral reconnaisse
le gouvernement et le peuple métis, de même que leurs droits territoriaux,
linguistiques et religieux.
La création du Manitoba
Après de longues négociations, le gouvernement de John A. Macdonald accepte
plusieurs revendications du gouvernement provisoire de Louis Riel. La formation
du Manitoba fait partie de ces revendications. Le 15 juillet 1870, ce petit ter
ritoire dont la population se trouve surtout autour de la rivière Rouge devient,
en vertu de la Loi sur le Manitoba, la cinquième province de la fédération
canadienne. Les Métis qui y vivent obtiennent des droits particuliers, comme
le droit à des institutions bilingues et le droit d’être propriétaires des terres
qu’ils occupent.
Un succès passager
Pendant la rébellion, en mars 1870, Thomas Scott, un colon ontarien, est exécuté
par les Métis. Cette exécution soulève de fortes tensions, en particulier chez les
Ontariens. Pour éviter d’être arrêté, Louis Riel s’exile aux États-Unis. Au cours
des années suivantes, les conditions de vie des Métis sont si difficiles que plu
sieurs d’entre eux quittent le Manitoba pour s’établir plus à l’ouest, sur les rives
de la rivière Saskatchewan.
3.9 L’expédition du colonel Wolseley sur la rivière Rouge, en 1870. Les troupes 3.10 Le poste de traite de Fort Garry,
du colonel Wolseley et les rebelles métis dans la région de la rivière Rouge. The Red River Expedition pendant la rébellion de la Rivière
at Kakabeka Falls, Frances Ann Hopkins, 1877. Rouge, en 1869. C’est à cet endroit que
Louis Riel forme un gouvernement provisoire
OI ET DES CONSÉQUENCES. Pour quelles raisons les Métis se rebellent-ils ? ayant pour but de faire reconnaître les droits
des Métis. Fort Garry, William Armstrong, 1869.

publique.
1875 1880

Légende
O CÉAN
Ville
ARCT I Q U E
Village ou réserve
50 habitants
ÎLES
Province canadienne
ARCTIQUES
ALASKA Territoire canadien
(ÉTATS-UNIS) Autre colonie ou
Saint-Laurent Lac territoire britannique
Lac Winnipeg
Manitoba
Westbourne Lower
Fort Garry
TERRITOIRES
Portage- Upper DU NORD-OUEST TE
la-Prairie oin e Fort Garry Saint-Boniface RR
b E-
Baie NE
i
UV
s in
d’Hudson
ère A s COLOMBIE- E
R ivi MANITOBA Sainte-Anne- BRITANNIQUE
ge
des-Chesnes QUÉBEC
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Scratching NOUVELLE-
ère
PACI F I Q U E MANITOBA
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River ÉCOSSE
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ONTARIO NOUVEAU-
na
BRUNSWICK
ÉTATS-UNIS
0 700 km OCÉAN
AT LA N TI Q U E
3.11 Le territoire du Canada, en 1870. Au terme de la rébellion des Métis, en 1870, une cinquième province se joint au Dominion du Canada :
le Manitoba. À l’époque, le territoire de cette province est beaucoup plus petit que celui qu’il occupe de nos jours.
OI ÉTABLIR DES FAITS. Qui a négocié l’entrée du Manitoba dans la fédération canadienne ?
Les répercussions sur les populations

autochtones
Depuis que la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest appartiennent au
gouvernement canadien, ce dernier doit remplacer la Compagnie de la Baie
d’Hudson pour la gestion du territoire. Le gouvernement devient par le fait même
responsable des relations avec les Autochtones qui y vivent.
Les traités numérotés

De 1871 à 1921, le gouvernement canadien négocie un
ensemble de traités avec les bandes nomades des

Premières Nations afin de s’approprier leurs terres et
y installer des colons. En échange, il s’engage à leur
venir en aide.
À l’époque, les populations autochtones sont grave
ment touchées par des épidémies. Elles souffrent aussi
de famine, en raison, surtout, de la disparition des trou
peaux de bisons. Le gouvernement canadien estime
3.12 Des membres de la Première Nation des Pieds-Noirs, que la situation des Autochtones peut être améliorée
près de la rivière Bow, dans l’actuelle région de Calgary, en Alberta. si ces derniers passent d’un mode de vie nomade à un
La présence de cette nation nomade dans la région remonte à plus de 11 000 ans.
mode de vie sédentaire, basé sur l’agriculture.

Manitoba dans
numérotés.
la Confédération.
1865 1870

Les traités par lesquels le gouvernement s’approprie les terres autochtones sont
numérotés de 1 à 11. Ils visent le nord de l’Ontario, le Manitoba ainsi que la
Saskatchewan et l’Alberta actuelles, puis une partie du Yukon, des Territoires du
Nord-Ouest et de la Colombie-Britannique. Ces traités numérotés ne concernent
toutefois pas les Métis, qui sont considérés comme des colons et non comme
des membres des Premières Nations par le gouvernement. Par ailleurs, plusieurs
nations signent des traités sans même comprendre la langue dans laquelle ils
sont rédigés. Bon nombre d’engagements pris par le gouvernement lors des
négociations ne figurent pas dans les traités et ne seront pas honorés.
ANECDOTE
De nouvelles réserves
La création de la Police à cheval
En vertu des traités numérotés, des sommes d’argent sont versées aux Premières du Nord-Ouest
Nations et plusieurs réserves sont créées dans l’Ouest canadien. Ces réserves C’est en 1873, peu après avoir pris posses-
sion de la Terre de Rupert et du Territoire
visent à sédentariser les populations nomades. Le gouvernement canadien du Nord-Ouest, que le gouvernement cana-
s’engage à offrir des soins médicaux, des services d’éducation, de l’aide alimen dien crée la Police à cheval du Nord-Ouest.
taire ainsi que des vêtements et des outils agricoles aux membres des Premières Il s’agit d’une force policière originale
mise sur pied par le gouvernement fédé-
Nations qui s’installent dans ces réserves. ral afin de faire respecter l’ordre dans les
vastes territoires de l’Ouest. Elle veille à
maintenir la paix avec les nouveaux colons
La Loi sur les Indiens et les populations autochtones. Structurée
comme un régiment de cavalerie, cette
En 1876, le gouvernement canadien adopte l’Acte des Sauvages, le terme police fédérale porte l’uniforme rouge tra-
« Sauvages » étant utilisé jusqu’au 19e siècle pour parler des Autochtones. Cet ditionnel de l’armée britannique. En 1920,
acte, renommé plus tard « Loi sur les Indiens », ne concerne ni les Métis ni les la police montée fusionne avec la police
du Dominion et devient la Gendarmerie
Inuits. La Loi sur les Indiens remplace plusieurs lois qui touchent les peuples des royale du Canada.
Premières Nations signées au cours des années précédentes.
3.13 La réserve de Crooked Lakes, en Saskatchewan, vers 1895. Les populations qui vivent dans des réserves ont tendance à conserver
davantage leur mode de vie traditionnel. Indiens de la tribu Shark, réserve de Crooked Lakes, près de Broadview, Edward Robert, vers 1900.
ÉTABLIR DES LIENS
OI DE CAUSALITÉ. En utilisant les éléments de l’illustration, établissez les liens entre le mode de vie
des Premières Nations, leur mode de transport et leur type d’habitation.

publique.
1875 1880

La Loi sur les Indiens comporte des clauses discriminatoires. Elle est d’ailleurs à
l’origine de grandes perturbations sociales et culturelles chez les Premières
Nations. Cette loi suit une logique paternaliste : les Autochtones y sont consi
dérés comme des individus qu’il faut protéger et amener à se « civiliser ».
Le gouvernement canadien, par l’entremise du ministère des Affaires indiennes,
a de grands pouvoirs sur les populations des Premières Nations. En appliquant
la Loi sur les Indiens, le gouvernement vise à sédentariser les peuples des
Premières Nations et à les assimiler au reste de la population canadienne. Pour
atteindre ce but, ceux et celles qui sont installés dans les réserves sont placés
sous la tutelle du gouvernement.
Le statut d’Indien
En plus des conditions requises pour vivre dans une réserve, la Loi sur les Indiens
définit le « statut d’Indien ». Celui-ci fait des personnes à qui il est attribué des
mineurs au sens de la loi. Les « Indiens », par exemple, n’ont pas le droit de voter.
Ils ne peuvent pas non plus signer un testament ou administrer leurs biens.
Le gouvernement canadien souhaite que les membres des Premières Nations, au
contact des colons et de la culture européenne, en viennent à renoncer volontai
rement à leur statut d’Indien en échange du statut de sujet britannique. Très peu
de membres des Premières Nations renoncent toutefois à leur statut d’Indien.
3.14 Quelques répercussions de la Loi sur les Indiens de 1876

sur les Premières Nations.
Identité Structure politique

Le gouvernement définit qui est « Indien » Les chefs de bande sont désormais choisis
et qui ne l’est pas. par le gouvernement et ses agents.
Une « Indienne » perd son statut si elle Les « Indiens » n’ont pas le droit de vote.
épouse un homme qui n’a pas le statut
d’Indien.
Application de la
Loi sur les Indiens
Pratique culturelle Éducation

Le gouvernement interdit les grands De nouvelles conditions d’apprentissage
rassemblements, la pratique de certaines sont imposées aux Premières Nations.
cérémonies religieuses et danses C’est le cas, par exemple, des pensionnats
traditionnelles. Il fait la promotion destinés à assimiler les enfants
Paternaliste de la culture occidentale. autochtones.
Qui dirige une personne ou un groupe avec
une bienveillance autoritaire, dominante.
Tutelle DÉTERMINER DES CAUSES
OI ET DES CONSÉQUENCES. Quel objectif vise l’adoption de la Loi sur les Indiens
Situation de dépendance d’un individu ou de 1876 ?
d’une collectivité par rapport à une autorité légale.

Manitoba dans
numérotés.
la Confédération.
1865 1870

Le statut d’Indien selon la loi de 1876 Le statut d’Indien et la discrimination

des femmes autochtones
La loi de 1876 définit […] un Indien comme
toute personne appartenant à l’une des Une Indienne qui marie un non-
trois catégories suivantes : Indien perd son statut d’Indienne
• premièrement, tout homme de sang indien réputé et elle est alors considérée comme
appartenir à une bande particulière ; n’étant pas Indienne. Ses enfants ne sont
• deuxièmement, tout enfant de cette personne ; pas considérés comme Indiens. Par contre,
un Indien qui marie une non-Indienne
• troisièmement, toute femme qui est ou a permet à cette dernière d’acquérir
été légalement mariée à cette personne.
le statut légal et elle est alors
Source : L’Encyclopédie canadienne, « Indien », [En ligne]. considérée comme étant Indienne.
(Consulté le 20 septembre 2016.)
Ses enfants sont aussi considérés
comme Indiens.
OI ET DES CONSÉQUENCES. Selon le texte, quelle est la conséquence
d’un mariage entre un homme ayant Source : Femmes autochtones du Québec, « Les femmes
le statut d’Indien et une femme autochtones du Canada : une discrimination juridique »,
[En ligne]. (Consulté le 20 septembre 2016.)
qui ne l’a pas ?

publique.
1875 1880

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE

1. L’expansion du Canada vers l’ouest
1 Lisez l’article 146 de l’AANB et répondez ÉTABLIR

OI DES FAITS.
OI ET DES CONSÉQUENCES.
aux questions.
a) Cet article avait prévu d’agrandir le territoire « Il serait loisible à la Reine […]
du Dominion vers l’ouest. À qui appartiennent d’admettre la Terre de Rupert et
ces territoires convoités par le Canada ?
le Territoire du Nord-Ouest […]
dans l’Union […] »
b) Pour quelles raisons le gouvernement fédéral souhaite-t-il annexer ces territoires ?
c) Combien a coûté leur acquisition par le Canada ?
2 Indiquez si les énoncés sont vrais ou faux. Corrigez-les s’ils sont faux.
Vrai Faux a) Les Métis parlent anglais et sont protestants.
Vrai Faux b) Les terres que cultivent les Métis en bordure de la rivière Rouge sont divisées
en cantons.
Vrai Faux c) Les Métis vivent principalement de l’agriculture, de la chasse au bison

et de la traite des fourrures.
3 Lisez le texte et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Que révèle l’affirmation de Macdonald sur

ses intentions à l’égard des Métis ? « Ces impulsifs Métis doivent être
tenus en respect jusqu’à ce que
l’arrivée massive de nouveaux
colons les engloutisse. »
Source : John A. MACDONALD, 1870.
b) Comment les autorités canadiennes considèrent-elles les Métis ?

4 Placez en ordre chronologique les événements portant sur la Rébellion de la Rivière Rouge
en 1869 en les numérotant de 1 à 5.
a) Fort Garry, un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, tombe

aux mains des Métis.
b) Les Métis organisent une rébellion face à la menace d’expropriation qui pèse
sur eux.
c) Louis Riel, président du gouvernement provisoire des Métis, exige la reconnaissance
des droits de son peuple.
d) Leurs conditions de vie difficiles forcent les Métis à fuir vers l’ouest.
e) Après de longues négociations, Louis Riel obtient la création du Manitoba,

cinquième province de la fédération canadienne.
5 Lisez les documents, donnez-leur un titre et précisez l’année. OI ÉTABLIR DES FAITS.
Document A Document B Document C

« À la date fixée par la Reine, « CONSIDÉRANT qu’il est à « La compagnie est habilitée à
sur l’avis et avec le consen propos d’amender et refondre céder à Sa Majesté, […] par acte
tement du très honorable les lois concernant les Sauvages : signé de sa main et revêtu de
Conseil privé de Sa Majesté, À ces causes, Sa Majesté […] son cachet, à accepter de se faire
conformément à l’article 146 décrète ce qui suit : céder tout ou partie des terri-
[…], est constituée en 1. Le présent acte sera connu toires, terres, droits, privilèges,
province du dominion, sous la et pourra être désigné comme libertés, franchises et pouvoirs
dénomination de province du “l’Acte des Sauvages […]” et octroyés ou censément octroyés
Manitoba, la partie de ces il s’appliquera à toutes les à la compagnie […] dans la
territoires délimitée par provinces, et aux territoires Terre de Rupert, aux conditions
un polygone […] » du Nord-Ouest […] » agréées par les parties. »
Source : Ministère de la Justice, Source : Affaires autochtones et du Nord Source : Ministère de la Justice,
Gouvernement du Canada, [En ligne]. Canada, Gouvernement du Canada, Gouvernement du Canada, [En ligne].
(Consulté le 14 novembre 2016.) [En ligne]. (Consulté le 14 novembre 2016.) (Consulté le 14 novembre 2016.)
6 De 1871 à 1921, comment le gouvernement canadien s’y prend-il pour s’approprier les terres
des Autochtones de l’Ouest canadien ?
7 Que vise la création des réserves ?

3.15 Le quartier industriel du canal de Lachine, en 1896. À la fin du 19e siècle, c’est dans ce quartier industriel de l’ouest de Montréal
qu’est concentrée plus de la moitié de la production manufacturière du Québec.
2 La première phase
d’industrialisation (1850-1896)
CONCEPT Alors que la révolution industrielle est déjà bien engagée au Royaume-Uni et
Industrialisation
Ensemble des transformations économiques et aux États-Unis, l’industrialisation du Canada ne débute véritablement que
sociales découlant de l’augmentation massive dans les années 1850.
de la production de biens grâce à des innovations
techniques et à une réorganisation du travail.
Mécanisation
Les caractéristiques de la première phase
Remplacement du travail manuel par des

machines.
d’industrialisation
Production
Ensemble des moyens mis en œuvre pour La première phase d’industrialisation au Canada est due à la mécanisation et
exploiter et transformer une ressource en vue à la division du travail. Au cours du 19e siècle, des innovations techniques per
de produire un bien.
mettent la création de nouvelles machines, essentiellement des machines à
Capitalisme industriel vapeur, qui utilisent le charbon comme source d’énergie. Ces machines fabriquent
Système économique et social basé sur la
propriété privée des moyens de production des produits qui, auparavant, étaient faits de façon artisanale, c’est-à-dire à la
et lié au processus d’industrialisation. main. On assiste alors à une mécanisation de la production.
Capitaux L’utilisation de machines entraîne une importante augmentation de la produc
Sommes d’argent détenues par une personne
ou une entreprise et qui peuvent être investies tivité, car elle permet de fabriquer un grand nombre de produits en beaucoup
en vue de rapporter un revenu. moins de temps. Grâce aux machines, les tâches à accomplir peuvent être
CHRONOLOGIE 1872 Loi des unions 1873-1884 Élargissement 1874 Fondation de la 1875 Abolition
ouvrières et légalisation du canal de Lachine. Bourse de Montréal. du ministère de
1870 Création des syndicats. l’Instruction publique.
des Territoires
du Nord-Ouest.
1870 1875

divisées en plusieurs étapes. Dans les usines et les manufactures, les ouvriers
ne réalisent plus la totalité du produit ; ils n’en fabriquent qu’une partie. Les
tâches, ainsi simplifiées, amènent les propriétaires d’usines à engager, à moindre
coût, des travailleurs non qualifiés.
Le capitalisme industriel
L’industrialisation marque également le
début du capitalisme industriel, un nou
veau système économique et social. Pour
ouvrir des usines, les équiper de machines
et payer les travailleurs, il faut investir
de très importantes sommes d’argent.
Or, ces capitaux n’appartiennent pas aux
travailleurs, mais aux investisseurs qui se
partagent les profits et les pertes.
Les capitaux qui servent à cette première
phase d’industrialisation proviennent du
Royaume-Uni, mais aussi du Canada. Les 3.16 Des machines-outils à vapeur dans un atelier montréalais, vers 1875.
banques ainsi que la Bourse de Montréal, La première phase d’industrialisation est marquée par la mécanisation de la production et
créée en 1874, permettent aux bourgeoi l’apparition d’une nouvelle classe sociale : la classe ouvrière. Intérieur d’un atelier, John Henry Walker,
entre 1850 et 1885.
sies d’affaires canadienne et britannique
3.17 La production artisanale et la production industrielle.
Production artisanale Production industrielle

• L’artisan est propriétaire de ses • L’entrepreneur, et non l’ouvrier,
propres moyens de production, est propriétaire des moyens
de ses outils. de production : l’usine et ses
• L’artisan fait lui-même la totalité équipements.
ou la majeure partie des étapes • Le travail en usine est divisé
nécessaires à la fabrication du en différentes tâches : chaque
produit. ouvrier n’effectue qu’une partie

• L’artisan travaille généralement du travail nécessaire à la
seul, sinon il a très peu d’employés. fabrication du produit.
• Habituellement, l’artisan fabrique • L’utilisation de machines permet
peu de produits à la fois et une production de masse.
n’accumule pas de marchandises. • Les revenus tirés de la vente
• Les revenus tirés de la vente des produits vont à l’entrepre-
du produit appartiennent neur, qui en garde une partie et
en totalité à l’artisan. verse un salaire à ses employés.
OI ÉTABLIR DES FAITS. Nommez le phénomène à l’origine des changements montrés sur les illustrations et expliqués
dans le tableau.
1876 Adoption de la
Loi sur les Indiens.
1880

3.18 La Bourse de Montréal, vers 1905. Les grandes entreprises qui sont fondées au pays
pendant la première phase d’industrialisation accroissent l’importance de la Bourse de Montréal.
Ouverte en 1874, elle est la plus importante bourse au Canada au début du 20e siècle.
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel groupe de personnes possède principalement

l’argent utilisé à la Bourse de Montréal ?
de gérer ces capitaux. Ces sommes d’argent sont destinées au financement des
activités des manufactures, établies pour la plupart à Montréal, la capitale
économique du Canada.
Les secteurs de production

Plusieurs secteurs de production se développent au cours de cette première
phase d’industrialisation. Ceux-ci se basent sur l’exploitation des ressources
naturelles. Deux types d’industrie concernent l’exploitation de ces ressources :
l’industrie légère et l’industrie lourde.
L’industrie légère
L’industrie légère est liée à la fabrication de biens de consommation. Elle com
porte plusieurs domaines, tels l’alimentation, les secteurs de l’habillement et
celui de la transformation du bois. Les produits de consommation fabriqués
Bien de consommation
Produit souvent fabriqué en usine et destiné à la dans les manufactures sont surtout destinés au marché intérieur. L’industrie
satisfaction d’un besoin chez un consommateur. légère emploie une main-d’œuvre peu qualifiée et bon marché. C’est le type
Marché intérieur d’industrie qui requiert le moins d’investissement.
Achats ou ventes de produits à l’intérieur
d’un pays. • Au début de l’industrialisation du Québec, le secteur de l’alimentation est
prédominant. Il regroupe des industries comme celles de la farine et des raf
Salaison
Aliment auquel on ajoute du sel afin d’assurer fineries de sucre. Les brasseries, les biscuiteries, les distilleries, les boulangeries
sa conservation, comme les charcuteries. et les salaisons font également partie de ce secteur en plein essor.
des Territoires
du Nord-Ouest.
1870 1875

• Le secteur du cuir est le deuxième plus important au Québec, après celui de

l’alimentation. Il comprend la tannerie et l’industrie de la chaussure. Les manu
factures de chaussures engagent un très grand nombre d’ouvriers.
• Le secteur du textile, dominé par l’industrie du coton, est également en plein
développement. De grandes filatures de coton s’établissent dans plusieurs
villes du Québec, employant surtout des femmes et des enfants.
• Le secteur du vêtement regroupe pour sa part de plus petites entreprises.
Il favorise le travail des femmes à la maison.
• L’industrie du tabac est aussi en plein essor à la fin du 19
siècle au Québec, et e
de nombreuses manufactures de cigares et de cigarettes ouvrent leurs portes.

• Peu à peu, la transformation du bois devient un important secteur de produc Tannerie
tion. De grandes scieries s’installent à l’embouchure des cours d’eau. L’industrie Industrie où l’on travaille les peaux d’animaux
du bois de sciage prend de l’expansion. D’autres industries transforment le afin de les transformer en cuir.
bois scié en produits de consommation courants tels des portes, des boîtes, Bois de sciage
des châssis, des tonneaux et des allumettes. Bois destiné à être découpé ou scié.
3.19 La manufacture de coton d’Hochelaga, à Montréal, en 1874. Cette importante filature de coton, située dans l’est de Montréal,
engage 250 ouvriers en 1874, dont plusieurs femmes ainsi que des enfants âgés d’à peine 9 ans. Gravure parue dans l’Opinion publique en février 1874.
OI ET DES CONSÉQUENCES. Quels sont les avantages pour les employeurs à engager des enfants pour travailler
dans les usines ?
1876 Adoption de la
1880

L’industrie lourde
L’industrie lourde est caractérisée par la transformation de métaux comme le
fer et l’acier en vue d’en faire des outils, des chaudières, des tuyaux ou des clous.
Ce type d’industrie engage des travailleurs spécialisés et offre de bons salaires.
Contrairement à l’industrie légère, elle requiert d’importants investissements.
Le développement des chemins de fer contribue directement à l’essor de l’in
dustrie lourde, en particulier à Montréal, où les grandes compagnies ferroviaires
sont situées. Certaines usines fabriquent du matériel roulant pour les chemins
de fer, comme des wagons et des rails. C’est le cas, par exemple, des usines du
Grand Tronc et de la Canadian Pacific Railway Company (appelée « Canadien
Pacifique » depuis 1968).
Un premier grand quartier industriel

Au Québec, les premières grandes manufactures s’installent sur les rives du canal
de Lachine, dans l’ouest de Montréal. L’élargissement du canal et de ses écluses,
entre 1873 et 1884, participe à la popularité du site auprès des industriels.
Énergie hydraulique L’énergie hydraulique fournie par les écluses en fait aussi un site de choix pour
Énergie fournie par le mouvement de l’eau. les usines.
3.20 Le canal de Lachine et ses écluses, au cœur de la révolution industrielle du Québec. Améliorations au canal de Lachine, Montréal, 1877,
Eugene Haberer, 1877.
OI ÉTABLIR DES FAITS. À quel endroit la majorité des industries montréalaises sont-elles situées ?
des Territoires
du Nord-Ouest.
1870 1875

Au cœur du réseau de transport continental de l’est

Le canal de Lachine est situé au cœur du réseau de transport canadien : tout le
trafic maritime entre l’est et l’ouest du Canada passe par cet endroit. De plus,
grâce au pont Victoria, inauguré en 1860, le réseau ferroviaire relie ce quartier
industriel à l’est et à l’ouest du pays, ainsi qu’au nord-est des États-Unis.
À la fin du 19e siècle, le quartier industriel du canal de Lachine regroupe presque
tous les types d’industries qui existent au Canada. On y trouve une importante
raffinerie de sucre, des fonderies, des tanneries pour la production de cuir et la
fabrication de chaussures, des usines textiles, des manufactures de tabac, des
moulins à farine, des scieries et des usines de transformation du charbon. À
l’époque, le charbon est non seulement la principale source d’énergie des usines,
mais aussi le combustible utilisé pour chauffer les maisons.
3.21 Une fonderie et un atelier de moulage, à Montréal, en 1872. Cette année-là,

l’usine Clendinning emploie 180 personnes, dont 17 % ont moins de 16 ans. Sa production mensuelle
est d’environ 5000 fourneaux et poêles, 1500 montants de lit et 2000 tonnes de matériel ferroviaire
et agricole.
La bourgeoisie d’affaires et les gouvernements

Pour développer ses industries, la bourgeoisie d’affaires bénéficie du soutien Combustible
des gouvernements fédéral et provinciaux. Ces derniers prennent en charge le Matière ayant la propriété de brûler pour
produire de l’énergie.
financement de la construction des infrastructures nécessaires au transport et
Distribution
à la distribution des marchandises et des matières premières : les réseaux de Partie de l’activité industrielle qui assure le lien
canaux, les chemins de fer, les ponts et les routes. entre les producteurs et les consommateurs en
écoulant les produits dans les commerces.
De nombreux politiciens viennent du milieu des affaires. Certains d’entre eux
Actionnaire
siègent aux conseils d’administration de grandes compagnies. Ils en sont sou Personne qui détient des actions dans
vent actionnaires ou propriétaires. une compagnie.
1876 Adoption de la
1880

Les conditions de travail

de la classe ouvrière
À la fin du 19e siècle, les ouvriers travaillent en
général de 60 à 70 heures par semaine, 6 jours
sur 7. Comme les salaires sont peu élevés, il
arrive souvent que tous les membres d’une
même famille travaillent pour subvenir à leurs
besoins. Le travail des femmes et des enfants
est chose courante, en particulier dans les fila
tures et les manufactures de coton ou de soie,
de chaussures et de tabac.
Peu de droits pour les ouvriers

Malgré l’existence de quelques lois qui les
concernent, les ouvriers ont peu de droits. Ils
peuvent être privés de leur salaire ou renvoyés
du travail sans aucune explication. Lorsque
3.22 Des enfants au travail dans une mine de cuivre de Bolton, dans les contrats se font plus rares, les proprié
les Cantons-de-l’Est, en 1867. Dans la pénombre et le bruit, de nombreux enfants
d’environ 10 ans dégagent le cuivre de la roche. Ils occupent même des tâches aussi
taires d’usines peuvent décider de réduire
dangereuses que celle de remplir les contenants d’explosifs. les salaires des travailleurs sans préavis. Ils
peuvent aussi décider de fermer leurs portes
temporairement.
Les ouvriers sans emploi ne reçoivent aucun
secours des gouvernements. Ce sont les orga
nismes de charité qui leur viennent en aide. Les
femmes et les enfants sont les travailleurs les
plus exploités. Souvent maltraités, ils sont
aussi moins payés que les hommes pour le
même travail.
Un environnement
de travail malsain
Quant aux bâtiments dans lesquels les ouvriers
travaillent, ils sont habituellement mal ventilés,
mal chauffés et mal éclairés. La machinerie est
très souvent dépourvue d’un système de sécu
rité et les accidents de travail sont fréquents,
parfois même mortels. Les ouvriers qui se
3.23 La grève des ouvriers du canal de Lachine, le 5 janvier 1878.
La plupart des travaux d’agrandissement du canal sont réalisés par des ouvriers blessent au travail ne reçoivent aucune compen
irlandais. En 1877, afin de protester contre la réduction de leurs salaires et leurs sation ou aide quelconque, même si leurs bles
conditions de travail difficiles, ils déclenchent une grève. Photolithographie d’Henri Julien, 1878. sures les empêchent de retourner au travail.
des Territoires
du Nord-Ouest.
1870 1875

Les premiers syndicats Syndicat

Association de travailleurs ayant pour but
de défendre des intérêts communs.
Les mauvaises conditions de travail, les abus des patrons d’entreprise et l’inac
tion des gouvernements incitent les ouvriers à se regrouper et à former des Grève
Arrêt volontaire et collectif du travail par les
syndicats pour faire entendre leurs revendications. Les premiers syndicats salariés d’une entreprise dans le but de défendre
regroupent les travailleurs les plus qualifiés, comme les typographes, les tail des revendications communes.
leurs et les cordonniers. Leur exis
tence est toutefois précaire, car les
patrons refusent de négocier avec
eux. Le clergé, lui, les condamne,
accusant les syndicats de véhiculer
des idées libérales et anticléricales.
Par le recours à des moyens de pres
sion tels que les grèves, les tra
vailleurs protestent contre leurs
conditions de travail et tentent de
forcer les patrons à modifier leurs
pratiques. Les grèves, de plus en
plus fréquentes, favorisent l’appa
rition des syndicats. Ceux-ci n’ont
encore aucune reconnaissance offi
cielle devant la loi, leurs membres
pouvant être accusés d’associations 3.24 La grève des journaliers du port de Montréal, en 1877. La crise économique de 1874
est marquée par la hausse du chômage et la chute des salaires. Les ouvriers non qualifiés, tels les
illégales. Ce n’est qu’en 1872 que la
débardeurs, se regroupent et exercent des moyens de pression. Titre et artiste inconnus, 1877.
Loi des unions ouvrières est adoptée
par le gouvernement fédéral, légali DÉTERMINER DES CAUSES
OI ET DES CONSÉQUENCES. Pour quelles raisons les ouvriers font-ils
sant ainsi les syndicats et les grèves. habituellement la grève ?
1876 Adoption de la
1880


2. La première phase d’industrialisation (1850-1896)
1 À l’aide des énoncés de l’encadré, remplissez le tableau comparatif portant sur l’industrialisation
au Canada.
Usines de fabrication de textiles et de chaussures Artisans (2) Beaucoup d’investissements

Artisanal (production en petite quantité) Moulins à farine, forges et scieries
Ouvriers Charbon et machine à vapeur Manufactures et usines En milieu rural, dans les villages
Force humaine, animale, du vent et de l’eau Peu d’investissements Marché local
Participation à toutes les opérations Petits ateliers Mécanisé (production de masse) Marché intérieur
Entrepreneurs Division du travail Dans les villes, près des cours d’eau et du chemin de fer
1re phase d’industrialisation

Avant 1850
(1850-1896)
Mode de production
Sources d’énergie
Lieux de travail
Organisation
du travail
Capitaux
Destination
des produits
Propriétaires
Main-d’œuvre
Emplacement
des installations
Industries implantées
au Québec

2 Trouvez les mots correspondant aux définitions portant sur la première phase
d’industrialisation, puis inscrivez-les dans la grille.
1 2
Vertical
3
1. Industrie faisant
partie du secteur
4 5 de l’alimentation.
6 7 2. Personne qui détient
8 des actions dans une
compagnie.
4. Aliment transformé
9
au moyen du sel
afin d’assurer sa
conservation.
10 5. Capitale économique
du Canada.
6. Nouveau système
économique et social
11 12
qui accompagne
l’industrialisation.
13 7. Institutions qui
permettent d’obtenir
14 de l’argent pour
financer les activités
des manufactures.
15
12. Usine où l’on fabrique
du pain et des gâteaux.
16
17
18
Horizontal
3. Nouvelle classe sociale qui fait son apparition 13. Usine qui paie les couturières à la pièce et à bas prix.
durant la première phase d’industrialisation. 14. Sommes d’argent investies pour la création
8. Principale source d’énergie des usines d’entreprises.
et combustible utilisé pour chauffer 15. Les premières grandes manufactures s’y installent,
les maisons. dans l’ouest de Montréal.
9. Produit fabriqué à partir de bois scié. 16. Fabriqués en fer et en acier dans les usines
10. Pont inauguré en 1860 reliant Montréal des compagnies ferroviaires.
à la rive sud. 17. Remplacement du travail manuel par des machines.
11. Industrie associée au secteur du cuir qui 18. Domaine associé à l’industrie légère.
emploie un grand nombre d’ouvriers.

3 a) Encerclez les caractéristiques que vous associez à l’industrie lourde.
Fabrication de biens de consommation Secteur du textile Gros investissements
Main-d’œuvre bon marché Transformation de métaux Secteur de l’alimentation
Petits investissements Travailleurs spécialisés Fabrication de tuyaux et de clous
Usine du Canadian Pacifique Industrie de la chaussure Bons salaires pour les ouvriers
Secteur du fer et de l’acier Manufacture de cigares Main-d’œuvre peu qualifiée
b) À quel autre type d’industrie associez-vous les caractéristiques restantes ?
4 a) Au début de l’industrialisation, le secteur de l’alimentation est prédominant. Nommez

des industries qui font partie de ce secteur en plein essor.
b) Quel secteur est alors le deuxième plus important au Québec ?
c) Nommez deux industries de ce secteur.
5 a) Désignez l’infrastructure représentée dans les photos suivantes OI ÉTABLIR DES FAITS.
qui datent de la première phase d’industrialisation du Québec.
1) 2) 3)
b) Qui finance la construction de ces infrastructures ?
c) Donnez un titre à l’ensemble des photos.

ÉTABLIR DÉTERMINER DES CAUSES

6 Observez la photo du quartier industriel OI DES FAITS. OI ET DES CONSÉQUENCES.
du canal de Lachine en 1896.
a) Désignez les éléments de la photo qui montrent que le Québec vit une révolution
industrielle.
b) Pourquoi les usines s’établissent-elles principalement le long du canal ?
c) Indiquez, par une donnée statistique, le rôle joué par le quartier industriel du canal
de Lachine dans l’économie du Québec.
d) Quels types d’usines trouve-t-on dans le quartier industriel du canal de Lachine ?
e) Pourquoi dit-on que le quartier industriel du canal de Lachine est au cœur du réseau
de transport canadien ?

7 Lisez le témoignage. Que vous révèle-t-il sur les conditions de OI ÉTABLIR DES FAITS.
travail au cours de la première phase d’industrialisation ?
Témoignage d’un cigarier montréalais de 14 ans.

« Question (Q) : Vous avez commencé à travailler à 11 ans ?
Réponse (R) : Oui, monsieur.
Q : Quelle était votre rémunération durant votre
apprentissage ?
R : Un dollar par semaine la première année ;
1,50 $ pour la deuxième ; 2,00 $ pour la troisième […]
Q : Combien d’heures par jour travaillez-vous ?
R : Parfois dix heures, parfois huit ; c’est eux qui décident.
Q : Avez-vous déjà été battu ?
R : Oui ; pas assez fort pour être blessé, mais parfois,
ils arrivaient, et si vous coupiez une feuille de
la mauvaise façon, ils vous donnaient un coup
de poing sur la tête. »
Source : Traduction d’un texte cité dans John A. DICKINSON et Brian YOUNG,
Diverse Pasts, a History of Québec and Canada, Mississauga, Copp Clark, 1995,
p. 248.
8 Que recommande le rapport de la Commission qui fait le point OI ÉTABLIR DES FAITS.
sur la situation des travailleurs ?
« Vos commissaires croient que la longueur de la journée ordinaire de travail pourrait être encore
réduite […] Ils recommandent que tout travail […] dépassant dix heures par jour ou cinquante-
quatre heures dans la même semaine, soit défendu par la loi ; et que […] la journée de travail des
ouvriers qui les exécutent ne dépassera pas neuf heures. […]
Le travail des enfants très jeunes […] nuit à la santé, entrave le développement physique et
l’éducation des enfants […] Nous croyons que l’emploi régulier, dans les usines, les fabriques
et les mines, d’enfants au-dessous de quatorze ans devrait être strictement défendu. […]
Les fabriques devraient être inspectées fréquemment et minutieusement, et des lois devraient
impérieusement assurer la sécurité des édifices, de bonnes conditions sanitaires […] »
Source : Rapport de la Commission royale d’enquête sur les relations du travail avec le capital au Canada, 1889.

9 Que peuvent subir les ouvriers de la part des propriétaires d’usines au début
de l’industrialisation ?
10 Lisez la page 147, puis complétez le schéma à l’aide des éléments METTRE EN RELATION
OI DES FAITS.
de l’encadré.
Meilleures conditions de travail Création de syndicats Abus des patrons Grèves

Modifications des pratiques des patrons Mauvaises conditions de travail Condamnation des syndicats
Problèmes de la classe ouvrière Opposition du clergé catholique
Inaction des gouvernements. Regroupement des ouvriers
Moyens de pression des ouvriers
Manifestations.
Répression de la part des autorités
Revendications
11 a) Pourquoi l’existence des syndicats est-elle précaire ?
b) Expliquez pourquoi le clergé s’oppose aux syndicats.
c) À leur début, les syndicats n’ont aucune reconnaissance officielle devant la loi. Que peut-il
arriver à leurs membres ?
d) Quelle loi fédérale légalise les syndicats et les grèves en 1872 ?

3.25 La pose du dernier crampon du chemin de fer transcontinental, le 7 novembre 1885. Ce geste symbolique met officiellement fin
à la construction du chemin de fer transcontinental, qui relie l’est du Canada à la Colombie-Britannique.

OI ET DES CONSÉQUENCES. Pourquoi le chemin de fer transcontinental est-il si important pour le développement du Canada ?
3 La Politique nationale
Au début des années 1870, le gouvernement fédéral fait face à une grave crise
économique qui secoue le Canada. Pour mettre fin à cette situation de crise,
John A. Macdonald met sur pied sa Politique nationale. Il s’agit d’un pro
gramme politique visant à stimuler la croissance économique des provinces
canadiennes, à peupler le territoire situé à l’ouest des frontières de l’Ontario

et à construire le chemin de fer transcontinental.
La promesse d’un chemin de fer

Comme pour le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, c’est la promesse d’un
chemin de fer qui convainc la Colombie-Britannique, une colonie située sur la côte
du Pacifique, d’entrer dans la fédération canadienne, en 1871. En échange de son
Politique nationale adhésion, le gouvernement fédéral promet à la Colombie-Britannique qu’elle
Ensemble de mesures mises en place à compter
de 1878 par le gouvernement fédéral pour sera reliée aux autres provinces canadiennes par un chemin de fer traversant le
développer l’économie canadienne. continent d’est en ouest, le transcontinental, et ce, dans un délai de 10 ans.
CHRONOLOGIE 1873 Entrée de l’Île- Scandale du 1874 Importante 1875 Abolition 1878 Politique
1871 Entrée de du-Prince-Édouard Pacifique. crise économique du ministère de nationale de
la Colombie- 1872 dans la au Canada. l’Instruction publique. 1876 Adoption John A. Macdonald.
Britannique dans Légalisation Confédération. de la Loi sur
la Confédération. des syndicats. les Indiens.
1870 1875 1880

Le scandale du Pacifique
La construction du chemin de fer jusqu’à la Colombie-Britannique devient l’une
des priorités du gouvernement de John A. Macdonald. Ce contrat est accordé au
Canadien Pacifique, une compagnie de chemin de fer nouvellement fondée.
En 1873, c’est la consternation au sein de la population lorsqu’on découvre que le
Canadien Pacifique a versé d’énormes sommes d’argent dans la caisse électo-
rale du Parti conservateur de John A. Macdonald en vue des élections de 1872, en
échange de la promesse d’obtenir le contrat de construction du chemin de fer. La
nouvelle est publiée dans les journaux. On en parle comme du « scandale du
Caisse électorale
Pacifique ». Le premier ministre du Canada se voit dans l’obligation de démission Fonds avec lequel un parti politique finance ses
ner. De nouvelles élections ont lieu l’année suivante, qui permettent aux libéraux activités, en particulier les campagnes électorales.
d’Alexander Mackenzie de prendre le pouvoir.
Une importante crise économique

En 1873, une crise économique mondiale se déclare. Elle
atteint le Canada l’année suivante. Au pays, la situation de
crise est aggravée par la concurrence commerciale des
États-Unis. Les industries américaines inondent le marché
canadien avec leurs produits manufacturés à bas prix. Au
même moment, on observe sur les marchés internationaux
une chute des prix des matières premières, comme le blé
et le bois. Cette situation économique prive le Canada de
revenus importants.
Dans toutes les provinces, les salaires diminuent, le chômage
augmente et les faillites se multiplient. Les banques man
quent de capitaux pour financer les projets de la bour
geoisie d’affaires. Le gouvernement fédéral, dirigé par les
libéraux, affronte la crise économique avec difficulté. En
1878, de nouvelles élections sont annoncées et John A.
Macdonald se présente à nouveau comme candidat à la gou
vernance du pays.
La Politique nationale
de John A. Macdonald
Durant la campagne électorale de 1878, John A. Macdonald 3.26 Une caricature évoquant le scandale du Pacifique
propose un vaste plan économique et politique dans le but de 1873. Le « mets raffiné » de la caricature est une tourte aux merles,
de mettre un terme à la crise économique. Son projet de les merles étant ici le premier ministre John A. Macdonald et d’autres
personnes impliquées dans le scandale du Pacifique. Les membres de
politique nationale redonne espoir à la population et le Parti l’opposition sont représentés par les cuisiniers. Caricature de Wilson Bengough,
conservateur est reporté au pouvoir. parue dans le Grip, 1873.
1885 Pendaison Fin de la construction

1879 Politique de Louis Riel. du chemin de fer
tarifaire. transcontinental.
1885 1890

La Politique nationale du gouver

nement de John A. Macdonald com
prend trois objectifs principaux et
interreliés :
• soutenir les industries canadiennes
par une politique tarifaire, en aug
mentant les droits de douane sur tous
les produits étrangers ;
• développer le marché intérieur tout
en poursuivant la construction du
chemin de fer transcontinental ;
• s’assurer du peuplement de l’Ouest
canadien en favorisant l’immigration.
La politique tarifaire
La politique tarifaire vise à protéger
les industries canadiennes de la
concurrence des entreprises améri
caines. Les entreprises canadiennes
sont plus jeunes et leur marché est
3.27 La Politique nationale de John A. Macdonald est comparée à un éléphant plus restreint que celui des entreprises
blanc. Les détracteurs de la Politique nationale la qualifient d’« éléphant blanc », c’est-à-dire
une réalisation de grande envergure, mais plus coûteuse que bénéfique. Selon eux, l’application américaines. Comme les produits amé
de cette politique favorisera surtout les grands industriels canadiens, proches du Parti conservateur. ricains sont fabriqués en très grande
Caricature de John Wilson Bengough, 1878. quantité, ils sont moins chers que les
produits canadiens. Or, ce prix plus bas
amène la population canadienne à les
3.28 Les trois principaux éléments de la Politique nationale. préférer aux produits locaux.
Pour aider les fabricants canadiens à
concurrencer les produits américains,
John A. Macdonald décide d’augmenter
Permet le financement
1 du réseau ferroviaire.
les droits de douane sur les produits
Hausse des tarifs 2 fabriqués à l’étranger. Cette hausse

douaniers Chemin de fer de taxe sur les produits étrangers fait
augmenter leur prix de vente au pays.
Permet la création d’un Met en valeur les terres Cette mesure, mise en place en 1879,
nouveau marché intérieur de l’Ouest afin d’accueillir donne un nouveau souffle à l’indus
et stimule l’économie. les immigrants.
trie canadienne. Cette taxe rapporte
beaucoup d’argent. Elle constitue la
principale source de revenus du gou
3 vernement fédéral.
Immigration
1870 1875 1880

Le chemin de fer transcontinental

En 1881, le gouvernement Macdonald relance la construction du chemin de fer
transcontinental, abandonnée au cours de la crise économique de 1874. Les
défis techniques de cet immense projet sont nombreux. Un de ces défis est la
traversée des Rocheuses, la chaîne de montagnes la plus élevée du Canada.
La construction du chemin de fer transcontinental nécessite des milliers de tra
vailleurs. Les conditions de travail sont très dangereuses, souvent même mor
telles. Le chemin de fer est achevé en 1885 : il relie alors Port Moody, près de
l’actuelle ville de Vancouver, en Colombie-Britannique, à Montréal.
3.29 La construction d’un pont à chevalets en bois dans les Rocheuses canadiennes.
Le Canadien Pacifique a construit quelques ponts à chevalets (ou à tréteaux). Dans ce type de
construction, le tablier du pont est soutenu par un assemblage de supports de bois en forme de trapèze.
OI ÉTABLIR DES FAITS. Les Rocheuses représentent une frontière naturelle

d’une province canadienne depuis 1871. Laquelle ?
ANECDOTE
La peinture de paysage
Avec le développement du pays d’est en ouest, la peinture de paysage prend
un essor important au Canada. Dans les années 1880, ce genre pictural est
le plus pratiqué. Les peintres reproduisent les panoramas spectaculaires du
pays qui s’ouvrent sous leurs yeux, en particulier depuis que la construction
du chemin de fer les mène jusqu’à la côte du Pacifique, en 1885.
La compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique invite d’ailleurs plu-
sieurs artistes à se rendre dans les Rocheuses pour y peindre ces paysages
pittoresques. Les hommes d’affaires canadiens, en particulier ceux issus de
la grande bourgeoisie montréalaise, apprécient beaucoup les peintures
de paysage. Ils en possèdent souvent une collection, contribuant ainsi à la 3.30 Les Rocheuses, représentées par un peintre
popularité du genre. canadien ontarien. Vue des montagnes Rocheuses, Lucius O’Brien, 1887.

1885 1890

3.31 L’entrée des provinces et des territoires dans la fédération

canadienne, de 1867 à 1898.
1867 1870 1871 1873 1898
Nouvelle-Écosse. Manitoba. Colombie- Île-du-Prince- Territoire du
Nouveau-Brunswick. Territoires du Britannique. Édouard. Yukon.
Québec. Ontario. Nord-Ouest.
La colonisation de l’Ouest
Conformément à sa Politique nationale, le gouvernement fédéral mise aussi sur
la colonisation et la valorisation des terres de l’Ouest pour relancer l’économie.
Le peuplement de l’Ouest doit permettre aux produits canadiens d’accéder à un
vaste marché intérieur. Le gouvernement organise des campagnes de recrutement
au Royaume-Uni afin que des immigrants d’origine européenne viennent s’ins
taller au Canada. La plupart de ces immigrants préfèrent toutefois s’établir
aux États-Unis.
À l’époque, ce sont surtout des colons ontariens et canadiens-français qui s’éta
blissent dans les Prairies. Malgré tout, grâce au chemin de fer transcontinental,
la population de l’Ouest canadien quadruple en 20 ans, passant de 60 000 habi
tants, en 1871, à près de 250 000, en 1891.
De nouvelles provinces
et de nouveaux territoires
Comme la Colombie-Britannique avant elle,
c’est dans l’espoir d’améliorer sa situation éco
nomique que l’Île-du-Prince-Édouard se joint
à la fédération canadienne en 1873.
La colonisation de l’Ouest canadien amène le
gouvernement fédéral et le Royaume-Uni à
s’entendre avec les États-Unis sur une fron
tière commune entre l’Alaska et les Territoires

du Nord-Ouest. En 1898, le gouvernement
fédéral crée le territoire du Yukon. L’aug
mentation de la population dans l’Ouest
l’amène également à créer deux nouvelles pro
vinces en 1905 : la Saskatchewan et l’Alberta.
3.32 Des travailleurs chinois à l’œuvre sur le chemin de fer trans
continental au col Rogers, en Colombie-Britannique. On estime à environ 15 000 En 1905, le Dominion du Canada compte donc
le nombre de Chinois ayant participé à la construction du chemin de fer transcontinental. neuf provinces et deux territoires. Contrai
DÉTERMINER rement aux provinces, les territoires sont
OI DES CAUSES ET Pourquoi le Canada emploie-t-il des travailleurs
administrés directement par le gouverne-
DES CONSÉQUENCES. chinois pour la construction du chemin de fer ?
ment fédéral.
1870 1875 1880

3.34 Une affiche publicitaire visant

3.33 Le tunnel no 8, reliant Yale et Boston Bar, dans les Rocheuses canadiennes. à peupler l’Ouest canadien. Cette affiche
Ce tunnel, d’une longueur de 286 m, est situé près du canyon Fraser, en Colombie-Britannique. est publiée en France vers 1900.

1885 1890


3. La Politique nationale
1 Comment le gouvernement canadien réussit-il à convaincre la Colombie-Britannique d’entrer

dans la Confédération en 1871 ?
2 Observez la caricature publiée dans le Grip, un hebdomadaire OI ÉTABLIR DES FAITS.

torontois, en 1873.
a) Quel homme politique est à l’origine « Dans la paume de la main

de cet événement ? du politicien, on peut lire :
“Envoyez-moi un autre
10 000”. Ce bout de phrase
est extrait d’un télégramme
du politicien adressé au
b) De quoi est-il accusé ?
président du Canadien
Pacifique : “Il me faut
un autre montant de
dix mille ; ce sera ma
dernière demande ;
ne me décevez pas ;
répondez aujourd’hui.” »
c) Quelle est l’issue de cet événement ?

3 a) Durant la campagne électorale de 1878, que propose John A. Macdonald pour sortir
le Canada de la crise économique ?
b) Quels sont les trois objectifs principaux de cette proposition ?

4 Observez les documents, puis complétez les fiches portant OI ÉTABLIR DES FAITS.
sur la Politique nationale de Macdonald à l’aide des énoncés DÉTERMINER DES CAUSES
de l’encadré.
Facilite les échanges commerciaux entre les provinces Rentabilise le chemin de fer Pas d’expansion
du territoire canadien vers l’ouest sans le chemin de fer transcontinental Favoriser l’immigration
Chômage et faillites en hausse Encourage la venue d’immigrants Offre le financement pour terminer
le chemin de fer transcontinental Ouest canadien peu peuplé Protège l’industrie canadienne
Fournit de la main-d’œuvre aux industries Développe un marché intérieur
Appliquer une politique protectionniste : augmentation des taxes sur les produits importés
Document A
Problèmes : Présence d’une crise économique sur les marchés internationaux.
Solution :
Effets :
Document B Document C
Problème : Problème :
Solution :
Solution : Construire le chemin de fer transcontinental.
Effets : Effets : Augmente le nombre de consommateurs.

5 Observez l’affiche électorale publiée en 1891 et lisez sa traduction.
« Dans l’image du haut, sous la Politique nationale, le fermier

affirme : “Offrez-moi un marché intérieur pour mes produits
ainsi qu’une économie florissante, je serai satisfait.”
Dans l’image du bas, sous le libre-échange, le fermier affirme :
“Où est passée l’économie florissante ? À qui puis-je vendre mes
produits maintenant ?” »
a) Relevez les différences entre les DÉGAGER DES

OI DIFFÉRENCES ET
deux illustrations de l’affiche. DES SIMILITUDES.
b) Que pouvez-vous conclure sur les conséquences de la Politique nationale DÉTERMINER DES CAUSES
sur l’économie ?
6 Examinez l’affiche publicitaire publiée DÉTERMINER DES CAUSES

en Europe au début du 20e siècle.
a) Pourquoi le gouvernement canadien

fait-il cette campagne de promotion ?
b) Pourquoi cette affiche peut-elle convaincre une personne

de quitter l’Europe pour immigrer au Canada ?
Dominion du Canada
Ferme gratuite de 160 acres
Manitoba, Nord-ouest canadien
et Colombie britannique

7 Quelles sont les conséquences des politiques de colonisation de l’Ouest canadien ?
8 Pourquoi l’Île-du-Prince-Édouard se joint-elle à la fédération canadienne ?
9 Observez la carte du Canada

ALASKA
en 1905. (ÉTATS-UNIS)
SITUER DANS LE TEMPS
OI ET DANS L’ESPACE.
A
a) Dans le tableau, indiquez
les provinces et les territoires B
TE
canadiens représentés par des RR
E-
NE
lettres et donnez l’année de leur U
C
VE
entrée dans la Confédération.
D
E H K
b) Coloriez en bleu les cases des
F
lettres correspondant aux G J
provinces fondatrices, en jaune I
celles des autres provinces 0 700 km
ÉTATS-UNIS
et en vert celles des territoires.
Province ou territoire Année Province ou territoire Année
A G
B H
C I
D J
E K
10 Placez les événements consécutifs à l’importante crise économique de 1874 en ordre

chronologique en reportant les lettres correspondantes sur la ligne du temps.
A. Immigration dans B. Augmentation des C. Financement

l’Ouest canadien. tarifs douaniers. du chemin de fer.
D. Politique nationale E. Création de l’Alberta F. Essor de l’industrie
de Macdonald. et de la Saskatchewan. canadienne.
G. Faillites et chômage.
B A

3.35 Une vue panoramique de Montréal, en 1892. À la fin du 19e siècle, Montréal est la métropole du Canada. Au premier plan de cette œuvre,
on remarque le port, le canal de Lachine, le pont Victoria et les cheminées des usines. Titre et artiste inconnus, 1892.
4 L’urbanisation
et la colonisation
Dans les années 1870, deux phénomènes démographiques étroitement liés
modifient l’occupation du territoire québécois : l’exode rural et l’urbanisation.
La pauvreté et le manque de terres cultivables obligent un grand nombre de
Canadiens français à quitter les campagnes afin de trouver du travail. L’indus
trialisation entraîne pour sa part le développement et la multiplication des villes,

qui accueillent des milliers de travailleurs.
L’industrialisation et l’urbanisation au Québec

Avec l’avènement des machines à vapeur et la mécanisation de la production,
les usines ont besoin d’une main-d’œuvre importante. Pour profiter de ces nou
velles offres d’emplois, des dizaines de milliers d’agriculteurs se déplacent des
campagnes vers les villes, en particulier vers Montréal. La plupart des immigrants
Urbanisation
Regroupement et concentration de la population qui arrivent dans la province, généralement ceux en provenance des îles
dans les villes. Britanniques, choisissent aussi de s’y établir.
CHRONOLOGIE 1885 Fin de la construction du

1875 Abolition du ministère 1876 Adoption de la chemin de fer transcontinental.
de l’Instruction publique. Loi sur les Indiens. Pendaison
de Louis Riel.
1875 1880 1885

Densité de population
3.36 Un jour de marché à la place Jacques-Cartier, à Montréal, vers 1885. Rapport entre le nombre d’habitants
Contrairement aux gens de la campagne, qui achètent leurs aliments directement chez et la superficie d’un territoire.
les agriculteurs ou au magasin général, les citadins achètent leurs produits alimentaires
dans des marchés installés sur la place publique. Insalubre
Dangereux, mauvais pour la santé.
Une population en pleine croissance

3.37 La population de quelques villes québécoises,
D’après des études sur le développement urbain au de 1861 à 1901*.
Canada, près de 15 % de la population du Québec est
urbaine en 1851. Cinquante ans plus tard, ce pourcen
Ville 1861 1881 1901
tage dépasse les 36 %. Il a donc plus que doublé.
Montréal 90 323 140 747 267 730
Les quartiers ouvriers Québec 42 052 62 446 68 840

De nombreux quartiers ouvriers se développent près des Trois-Rivières 6 058 8 670 9 981
zones industrielles. La vie y est très difficile. Les emplois Sherbrooke 5 899 7 227 11 765
offerts n’exigent généralement pas de qualification et Sorel 4 778 5 791 7 957
les salaires sont peu élevés.
Saint-Hyacinthe 3 695 5 321 9 210
La densité de population dans les quartiers ouvriers
est élevée et les logements y sont souvent insalubres Source : Statistique Canada, Données statistiques, [En ligne].
(Consulté le 30 septembre 2016.)
en raison de mauvaises conditions d’hygiène. * À l’époque, une agglomération de plus de 2000 habitants est considérée
comme une ville.
Comme les premiers quartiers ouvriers sont bâtis
rapidement, ils ne sont dotés d’aucun système d’élec
OI ÉTABLIR DES FAITS. Nommez le phénomène par lequel
tricité, d’aqueduc et d’égouts. Le service de collecte la population des villes augmente.
des déchets ou des carcasses d’animaux morts est
1888 Création d’un 1893 Fondation 1895 Fondation de

ministère de l’Agriculture du Montreal Local l’École littéraire
et de la Colonisation. Council of Women. de Montréal.
1890 1895

inexistant. La forte densité de la population fait en sorte que les maladies

contagieuses se propagent facilement. Le taux de mortalité infantile est aussi
très élevé. À la fin du 19e siècle, par exemple, plus de 25 % des enfants nés dans
les quartiers ouvriers de Montréal et de Québec meurent avant l’âge de 1 an.
La présence d’animaux de ferme à proximité des logements et les déchets jetés
en pleine rue contaminent le sol et l’eau, faisant augmenter les risques d’épi
démie. La fumée rejetée par les cheminées des
usines ainsi que l’utilisation du charbon comme
principale source d’énergie sont également des
facteurs importants de pollution de l’air.
Les quartiers riches

L’industrialisation entraîne une grande disparité
entre les conditions de vie de la classe ouvrière
et celles de la bourgeoisie d’affaires. Éloignés des
quartiers industriels, les quartiers bourgeois
occupent les secteurs les plus élevés des villes : la
Haute-Ville, à Québec, et les versants du mont
Royal, à Montréal.
3.38 Du bétail sur le chemin de la Côte-des-Neiges, à Montréal, Les quartiers riches ont des infrastructures
vers 1900. Au 19e siècle, plusieurs familles élèvent des animaux de ferme (vaches,
cochons, poules) à Montréal. Ceux-ci paissent dans les lieux publics et sont parfois
d’aqueduc et d’égouts, améliorant les conditions
gardés dans les maisons. Dès 1860, par souci d’hygiène, des règlements interdisent d’hygiène, et sont souvent alimentés en électri
leur circulation dans les rues. Comme on peut l’observer sur cette photo, ils ne sont cité. Les quartiers riches sont aussi entourés
pas toujours respectés.
d’arbres et de parcs publics.
Mortalité infantile
Nombre d’enfants qui meurent avant l’âge de un
an par rapport au nombre d’enfants qui survivent.
La mortalité infantile constitue un bon indicateur
du niveau de développement économique.
3.39 Le « Mille carré doré » de Montréal, à la fin du 19e siècle. À l’époque, près
Disparité de 70 % des richesses du Canada appartiennent à la bourgeoisie d’affaires qui habite le quartier
Écart, différence, entre deux choses du « Golden Square Mile », sur le versant sud du mont Royal.
que l’on compare.

de Louis Riel.
1875 1880 1885

Les services publics et les mesures sanitaires

Afin de réagir aux graves problèmes de santé publique reliés au manque d’hy
giène dans les quartiers ouvriers, certaines mesures sanitaires sont mises sur
pied par les villes, telles que la collecte des déchets et l’ouverture de bains
publics, des endroits où les familles d’ouvriers peuvent se laver.
Les autorités gouvernementales mènent aussi des campagnes visant à sensibi
liser la population aux bienfaits d’une bonne hygiène et à l’importance de la
vaccination pour prévenir les épidémies. Grâce à ces mesures, la situation s’amé
liore peu à peu dans les quartiers ouvriers.
ANECDOTE
Des bains publics à Montréal
En 1883, afin d’observer les nouvelles tendances en matière d’hygiène, la Ville de Montréal construit
des bains publics flottants. Il s’agit de bassins directement immergés dans des cours d’eau. Les pre
miers bains publics de ce type sont le bain Wellington (immergé dans le canal de Lachine) et le bain
Hochelaga (immergé dans le fleuve Saint-Laurent).
En 1904, la Ville de Montréal offre à la population cinq bains publics saisonniers. Leur accès est
gratuit. En 1908, les Montréalais ont droit à un édifice chauffé et ouvert à l’année. De nos jours,
quelques-uns de ces bains publics intérieurs ont été transformés en piscines municipales, en salles
d’exposition ou de spectacles.
Source : Patrimoine de la Ville de Montréal, [En ligne]. (Consulté le 10 octobre 2016.)
3.41 Une caricature évoquant

les problèmes de santé publique
à Montréal, en 1877. À l’époque,
Montréal se classe parmi les villes nord-

américaines détenant le plus haut taux
de mortalité. Une légende accompagne
la caricature : « Tenez fermement, Monsieur
le Maire, sinon les diables de la mort vont
s’échapper de leur laisse et nous dévorer ».
Caricature d’Henri Julien, The Canadian Illustrated News,
21 avril 1877.
3.40 Le quartier ouvrier situé près du canal de Lachine, à Montréal, en 1896.
Les maisons des quartiers ouvriers sont situées près des usines. La plupart de ces maisons, DÉTERMINER DES CAUSES
construites rapidement, sont habitées par des travailleurs canadiens-français et irlandais.
Quelles sont les causes des
DÉGAGER DES
OI DIFFÉRENCES ET Comparez les figures 3.39 et 3.40. Relevez des différences problèmes de santé publique
DES SIMILITUDES. entre les quartiers riches et les quartiers ouvriers. à Montréal ?

1890 1895

La colonisation de nouvelles régions

À partir du milieu du 19e siècle, le Québec connaît d’importants problèmes
Agriculturisme
Courant de pensée priorisant l’agriculture démographiques. Chaque année, des dizaines de milliers de Canadiens français
et les bienfaits de la vie rurale afin de protéger quittent les campagnes vers les villes, ou décident d’aller vivre dans d’autres
les valeurs traditionnelles de la société. provinces canadiennes ou aux États-Unis.
À cette époque, l’agriculturisme est en plein essor
au Québec. Les partisans de ce courant de pensée
soutenu par l’Église catholique dénoncent les effets
de l’industrialisation sur la société canadienne-
française. Pour protéger les valeurs traditionnelles
des Canadiens français, ils estiment qu’il faut main
tenir la population dans les campagnes. Afin de
freiner l’exode rural et l’urbanisation, l’agriculture
doit être une priorité nationale.
L’ouverture de nouvelles terres

3.42 Un tramway sillonnant la rue Sainte-Catherine, à Montréal, Pour répondre aux demandes du clergé catholique
en 1893. Au fur et à mesure que les villes s’agrandissent, les services de et lutter contre l’exode rural, le gouvernement du
transport en commun s’organisent. Les premiers tramways voient le jour à Montréal Québec encourage la colonisation de nouvelles
en 1861. Jusqu’à l’apparition des tramways électriques, en 1892, les voitures y sont
tirées par des chevaux. terres. Celles-ci sont situées en Outaouais, en
Mauricie, au Saguenay, au Lac-Saint-Jean, au Bas-
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel type d’énergie est utilisé pour faire Saint-Laurent, au Témiscamingue et dans les
avancer les tramways ? Laurentides, notamment.
En 1888, sous le gouvernement libéral d’Honoré
Mercier, un ministère de l’Agriculture et de la
Colonisation est créé. Il requiert les services du
curé Antoine Labelle, un prêtre catholique, pour
mettre en place ses politiques.
Pour accélérer la colonisation de ces régions, le gou
vernement s’engage à construire des chemins de
fer et des routes. Avec l’arrivée de quelques milliers

de colons canadiens-français, les nouvelles régions
ouvertes à la colonisation se développent pro
gressivement. Le clergé catholique encourage ce
mouvement migratoire. Il fonde des sociétés de
3.43 Le village de L’Annonciation, dans les Laurentides, vers 1890. colon isation dans le but d’aider les nouveaux
Les premiers colons arrivent dans la région vers 1880. Ils viennent de paroisses colons à s’établir.
situées au nord de Montréal, comme Sainte-Agathe, Sainte-Adèle, Saint-Jérôme
et Saint-Jovite. Les colons qui s’installent sur ces nouvelles terres
pratiquent l’agriculture. La plupart du temps, ils
OI ÉTABLIR DES FAITS. Nommez le phénomène à l’origine du doivent aussi occuper des emplois offerts par les
développement de nouveaux villages. entreprises forestières déjà établies dans ces régions.

de Louis Riel.
1875 1880 1885

Les difficultés de l’agriculture

Les régions de colonisation sont généralement très éloignées des grands centres
urbains. Elles ne sont pas toujours propices à l’agriculture. Par exemple, en raison
du climat, la saison pour cultiver les sols y est souvent plus courte que dans la
vallée du Saint-Laurent. La terre y est aussi moins fertile.
L’éloignement des villes fait en sorte qu’il est difficile pour les agriculteurs de
vendre leurs surplus, lorsqu’ils en ont. Pour gagner un revenu supplémentaire,
plusieurs colons travaillent dans les chantiers forestiers durant l’automne
et l’hiver.
Malgré les efforts du gouvernement et de l’Église, la plupart des Canadiens
français qui choisissent de quitter la campagne vont s’établir en ville plutôt
que dans une nouvelle région de colonisation. Le bilan migratoire du Québec
demeure négatif. De 1870 à 1900, plus de 400 000 Canadiens français émigrent
aux États-Unis, dont la majeure partie en Nouvelle-Angleterre. Des milliers
d’autres s’établissent dans le nord de l’Ontario et dans l’Ouest canadien.
nt
ure
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SAGUENAY ve GASPÉSIE
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Québec NOUVEAU-
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re d BELLECHASSE BRUNSWICK
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Trois-Rivières
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3.45 Antoine Labelle (1833-1891).
èr
o ua Légende
St- Riv BEAUCE
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LAURENTIDES Fr
Surnommé le « Roi du Nord », le curé Labelle
haudièr
OUTAOUAIS Ville
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veille au peuplement des nouvelles terres
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ONTARIO Montréal Frontière internationale

Frontière provinciale
e
Sherbrooke ouvertes à la colonisation par des Canadiens

CANTONS- Territoire colonisé en 1900
0 150 km
DE-L’EST ÉTATS-UNIS français. Il voit aussi à faire construire
des routes et des chemins de fer pour
3.44 Les régions de colonisation au Québec, vers 1900. accéder à ces régions.

1890 1895


4. L’urbanisation et la colonisation
1 a) Dans les années 1870, deux phénomènes démographiques marquent l’histoire du Québec.
Quels sont ces phénomènes ?
b) Définissez chacun de ces deux phénomènes.
2 Qu’est-ce qui attire les Canadiens français et les immigrants dans les villes ?
3 Quelles sont les deux villes les plus peuplées du Québec au début du 20e siècle ?
4 Indiquez des différences entre les infrastructures des quartiers bourgeois et celles
des quartiers ouvriers.
5 À l’aide des documents qui illustrent les conditions de vie dans OI ÉTABLIR DES FAITS.
les quartiers ouvriers des grandes villes, décrivez les problèmes DÉTERMINER DES CAUSES
vécus dans ces quartiers ainsi que les conséquences que
ces problèmes engendrent.
Document A Document B
« La plupart des petites maisons de Montréal sont d’une « Des industriels […], méconnaissant
construction déplorable, à peine debout, elles sont entas- les règlements d’hygiène publique,
sées les unes sur les autres, mal ventilées, d’un entretien déversent dans l’atmosphère d’énormes
difficile et d’un chauffage ruineux. » quantités de fumée. C’est à ce point que
Source : La Presse, 27 août 1887. durant les jours de chaleur que nous
traversons, les bureaux, les magasins,
Document C habitations particulières, écoles, hôpi-
taux sont, au voisinage de telles usines,
« Il n’est pas rare de trouver à Montréal de petites maisons
obligés de fermer leurs fenêtres pour
où se logent trois ou quatre familles. Il y a dans le fond
ne pas voir la fumée faire irruption
des cours des logements privés d’air qui comptent des
chez eux. »
locataires par vingtaine. Ce sont des nids de contagion. »
Source : Rapport de M. Joseph Savard, 1896.
Source : La Presse, 6 juillet 1889.

Document D Document E
Document F
Problèmes Conséquences

6 Encerclez les solutions adoptées par les gouvernements pour résoudre les problèmes
énumérés au numéro précédent.
a) La collecte des déchets. b) L’ouverture de bains publics pour

permettre aux gens de se laver.
c) L’augmentation du nombre d’églises. d) La fermeture des usines polluantes.
e) Des campagnes de sensibilisation f) Le déplacement de la population

sur les bienfaits d’une bonne hygiène ouvrière vers les quartiers riches
et l’importance de la vaccination pour qui ont des infrastructures d’aqueduc
prévenir les épidémies. et d’égouts.
g) L’aménagement de parcs publics. h) Le contrôle des naissances.
7 a) Sur la carte, coloriez les six nouvelles régions de colonisation SITUER DANS LE TEMPS
qui se sont développées au Québec à la fin du 19e siècle,
puis nommez-les.
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ONTARIO Montréal
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Frontière internationale
ÉTATS-UNIS Frontière provinciale
0 100 km
A. B. C.
D. E. F.
b) En 1888, à qui le gouvernement libéral d’Honoré Mercier fait-il appel pour mettre en place
ses politiques de colonisation afin de lutter contre l’exode rural ?
c) Que fait ce gouvernement pour accélérer la colonisation de ces nouvelles régions ?

d) Que fait le clergé pour encourager ce mouvement migratoire ?
8 Référez-vous aux pages 164 à 169 et complétez le schéma METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
à l’aide des éléments de l’encadré.
Quartiers ouvriers très peuplés Usines Témiscamingue Pauvreté Outaouais

Église catholique Émigration (2) Coloniser de nouvelles régions Logements insalubres
Salaire peu élevé Bas-Saint-Laurent Pollution de l’air Agriculturisme Lac-Saint-Jean
Échec : des milliers de Canadiens français émigrent vers les États-Unis Exode rural
Gouvernement du Québec Laurentides Manque de terres cultivables Urbanisation Mauricie
Les problèmes démographiques du Québec et la solution retenue
Campagne
États-Unis
Ville
Solution à l’émigration
Les régions à coloniser :

Conséquence
Résultat
Les promoteurs :
Courant de pensée

3.46 Du bois équarri à Sillery, près du port de Québec, en 1891. Une fois découpé à la hache, le bois est ensuite exporté par bateau
vers l’Europe ou les États-Unis.
5 L’agriculture et l’industrie
forestière
Au cours de la seconde moitié du 19e siècle, l’industrialisation et l’urbanisation
sont en partie responsables des changements qui se produisent dans les
domaines de l’agriculture et de l’industrie forestière au Québec.
Les exploitations agricoles

À partir des années 1880, l’agriculture connaît des transformations majeures. Les
années de mauvaises récoltes et les maladies agricoles sont enfin terminées et
l’agriculture fait des progrès. L’agriculture commerciale prend de l’expansion, car
elle doit répondre à une demande accrue de produits agricoles destinés aux villes
et aux villages en pleine croissance. Avec la diffusion de nouvelles techniques et

la mécanisation des outils agricoles, il y a une augmentation de la productivité.
Une production agricole diversifiée

Les agriculteurs québécois diversifient leur production. Ils se tournent notamment
vers les cultures fourragères, destinées à nourrir les animaux d’élevage. Plusieurs
Culture fourragère commencent aussi à se consacrer à l’élevage du bétail. Cependant, c’est surtout
Culture de plantes qui servent à nourrir des
animaux d’élevage, telles que le foin et l’avoine. vers la production laitière que la plupart des agriculteurs s’orientent. Vers la
Jachère fin du 19e siècle, l’industrie laitière devient le secteur agricole le plus important
État d’une terre cultivable labourée, mais non de la province. En 1886, par exemple, on compte 162 fabriques de beurre et
ensemencée, laissée temporairement au repos. de fromage au Québec. En 1900, on en compte environ dix fois plus, soit 1992.
CHRONOLOGIE 1876 Adoption

de la Loi sur
1875 Abolition les Indiens.
du ministère de
l’Instruction publique.
1875 1880

De nouvelles techniques et de nouvelles machines

Sous l’influence de l’agriculturisme, des écoles d’agriculture ouvrent leurs
portes dans plusieurs régions, et des journaux agricoles sont publiés partout
dans la province. Les agriculteurs améliorent leurs techniques de production par
le drainage des champs, l’enrichissement des sols avec du fumier, la rotation
des cultures, la pratique de la jachère ainsi que par la sélection de semences et
d’animaux plus productifs. La mécanisation des outils agricoles leur facilite
aussi la tâche. De nouvelles machines agricoles font leur apparition : batteuses
à grain, wagons de ferme, faucheuses, semoirs, etc.
L’industrie forestière
L’industrie forestière connaît aussi des transformations dans la seconde moitié
du 19e siècle. Au Québec, l’industrie du bois de sciage remplace peu à peu celle
du bois équarri. Cette dernière touche d’ailleurs à sa fin vers 1880. La coupe
des grands pins droits (destinés surtout à la construction navale) entraîne beau
coup de pertes, car les arbres ne sont qu’en partie utilisés. Cette ressource,
exploitée depuis de nombreuses années, se fait également de plus en plus rare. 3.47 Une ferme laitière à Sainte-
Avec l’ouverture de nouvelles régions de colonisation, comme le Témiscamingue, Anne-de-Bellevue, à l’ouest de
Montréal, en 1899. À la fin du 19e siècle,
l’Outaouais, les Laurentides, le Saguenay, le Lac-Saint-Jean et le Bas-Saint- la production laitière devient la principale
Laurent, l’industrie forestière prend de l’ampleur, réduisant du même coup les activité agricole au Québec. Les fromageries
territoires de chasse de certaines nations autochtones. et les beurreries sont de plus en plus
nombreuses sur le territoire.
Comme le bois équarri, le bois de sciage est destiné à l’exportation. L’urbanisation
croissante des États-Unis crée une forte demande pour le bois de construction.
Bois équarri
Il s’agit en fait du principal marché de cette ressource. Tronc d’arbre grossièrement coupé à la hache pour
lui donner une forme carrée ou rectangulaire.
Le bois de sciage est coupé et transformé dans les scieries. Celles-ci en font des
planches et des madriers, des matériaux surtout utilisés dans l’industrie de la Madrier
Planche de bois très épaisse, sciée dans un moulin,
construction. De nombreuses scieries ouvrent leurs portes un peu partout dans servant à la construction.
la province. Elles sont généralement situées près d’un cours d’eau, par exemple
Drave
à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice, près de Trois-Rivières. Au printemps, Activité qui consiste à guider les billes de bois
la drave permet aux billes de bois de voyager sur les cours d’eau. qui flottent sur les cours d’eau.
1885 Fin de la Pendaison

construction du chemin de Louis Riel.
de fer transcontinental.
1885 1890


5. L’agriculture et l’industrie forestière
1 Encerclez les énoncés qui correspondent à l’agriculture commerciale.
a) Elle doit être variée pour que les agriculteurs puissent disposer de tous
les biens essentiels.
b) Elle doit être spécialisée et produire en grande quantité pour être rentable.
c) Elle ne permet pas aux agriculteurs de s’enrichir car elle ne produit pas de surplus.
d) Elle est mécanisée et destinée à vendre sa production.
e) Elle utilise des techniques et des outils agricoles productifs.
2 Observez les documents

et répondez aux questions.
OI ÉTABLIR DES FAITS.
Nombre de vaches
Année
laitières au Québec
1851 296 000
1871 407 000
1891 550 000
a) À quelle industrie associez-vous

les documents ?
b) Complétez le texte portant sur cette industrie en encerclant les mots appropriés.
Vers la fin du 18e siècle / du 19e siècle , cette industrie est en progression / en régression au Québec.
Elle se spécialise dans la production de lait / de céréales , destinée aux boulangeries et aux pâtisseries /
aux fromageries et aux beurreries . Cette production alimentaire sert à nourrir la population des villes /
des campagnes , qui est en croissance / en déclin .
3 Indiquez le changement dont il est DÉTERMINER DES CHANGEMENTS

OI ET DES CONTINUITÉS
question dans l’extrait.
« Mon père a connu le temps de la faucille et celui
de la moissonneuse-lieuse. Il a connu la herse à
dents de bois et le semoir mécanique […], le fléau
et la machine à battre […], la fourche de bois et
la fourche d’acier mécanique […] »
Source : Adélard BEAUREGARD, cultivateur, 1894.

ÉTABLIR DÉTERMINER DES CAUSES

4 Observez le graphique et répondez aux questions. OI DES FAITS. OI ET DES CONSÉQUENCES.
a) À partir de 1880, quelles cultures sont : L’évolution de la production agricole

québécoise, de 1850 à 1910.
1) en déclin ? 375
Tabac
350
325 Foin et trèfle
Indice de la production*
Avoine
300
Orge
275
2) en progression, à part le tabac ? 250
Pomme de terre
Blé
225
200
175
150
125
100
b) Pourquoi ces cultures sont-elles en progression ? 75
50
25
0
1850 1880 1910
Année
Source : Annuaire statistique du Québec, Institut
de la statistique du Québec, 1914, p. 205-216.
* Indice basée sur 100 en 1880.
5 Énumérez les techniques de production utilisées pour améliorer l’agriculture.
6 a) À quelle industrie forestière correspondent les photos ? OI ÉTABLIR DES FAITS.

1) 2)
b) Qu’on en commun ces deux industries forestières au 19e siècle ? DÉGAGER DES DIFFÉRENCES
OI
ET DES SIMILITUDES.
c) Précisez leur principal marché. OI ÉTABLIR DES FAITS.
1)
2)

3.48 Un groupe d’infirmières travaillant pour la Croix-Rouge, au Québec, vers 1900. La profession d’infirmière a longtemps été exercée
exclusivement par des religieuses. Cette profession s’ouvre graduellement aux femmes laïques à la fin du 19e siècle.
6 Le rôle des femmes

dans la société
Au 19e siècle, au Québec comme dans l’ensemble du Canada et ailleurs dans le
monde, les femmes ne sont pas considérées comme égales aux hommes. On
croit que le rôle premier des femmes est de faire des enfants. En fait, les femmes
ont un statut juridique inférieur à celui des hommes et elles sont exclues de la
sphère politique. De plus, elles travaillent souvent dans des secteurs peu valo
risés et mal rémunérés. Pour leur venir en aide, des organisations charitables
sont mises sur pied à Montréal.
Le statut juridique et politique des femmes

à la fin du 19e siècle
À l’époque, on utilise couramment l’expression « sexe faible » pour désigner les
femmes. On les considère en effet comme étant inférieures aux hommes, tant
sur le plan physique qu’émotionnel. Les femmes sont alors soumises à la domi
nation masculine : à leur père, avant leur mariage, et à leur époux, par la suite.
CHRONOLOGIE
1875 Abolition 1876 Adoption de la
du ministère de Loi sur les Indiens.
1780
1870 1782 1875 1784 1880

Mineures selon la loi

Depuis l’adoption du Code civil du Bas-Canada, en 1866, les femmes sont
juridiquement considérées comme des mineures. Elles sont placées sous
l’autorité d’un tuteur, le plus souvent leur mari ou leur père. Elles ne peuvent
pas signer de contrat, un bail par exemple, ni utiliser leur salaire comme bon
leur semble lorsqu’elles travaillent. Le statut juridique des femmes restreint
leur autonomie dans la société, de même que leur influence directe sur les
affaires de l’État.
Le statut juridique de la femme mariée

selon le Code civil du Bas-Canada
Quelques articles du Code civil du Bas-Canada concernent la femme

mariée. Celle-ci :
• doit se soumettre à son mari. En échange, celui-ci doit la protéger ;
• prend la nationalité de son mari et doit le suivre, car c’est lui
qui choisit le lieu de résidence ;
• exerce ses droits civils sous le prénom et le nom de son mari
(par exemple : Mme Jean Tremblay) ;
• ne peut disposer de son salaire professionnel ;
• ne peut se défendre en justice ou intenter une action ;
• ne peut consentir seule au mariage d’un enfant mineur.
Exclues de la vie politique

Non seulement les femmes n’ont pas le droit d’être candidates aux élections,
mais elles ne peuvent pas voter pour le candidat de leur choix. En 1849, les
députés de la Province du Canada ont adopté une loi leur retirant officielle
ment le droit de vote, acquis lors de l’Acte constitutionnel de 1791.
La Constitution du Dominion du Canada va maintenir cette interdiction du vote

des femmes, tant au niveau provincial que fédéral. De plus, même si les femmes
ont le droit de voter aux élections municipales si elles sont propriétaires, veuves
ou célibataires, elles perdent ce privilège aussitôt qu’elles sont mariées.
Le rôle social des femmes

Les femmes n’ont pas toutes les mêmes conditions de vie. Leurs occupations
dépendent généralement de leur statut social. Les femmes de la bourgeoisie,
plus aisées, s’impliquent souvent dans des organismes de charité.
1885 Pendaison 1893 Fondation 1895 Fondation

de Louis Riel. du Montreal Local de l’École littéraire
Council of Women. de Montréal.
1786 1885 1788 1890 1790 1895

3.49 Une importante association de femmes bénévoles de Montréal, en 1909.

L’association Montreal Ladies’ Benevolent Society, fondée en 1832, vient en aide aux parents
en difficulté financière en prenant temporairement en charge leurs enfants. Entre 1832 et 1921,
l’institution accueille plus de 3000 enfants.
À la ville comme à la campagne, la plupart des femmes consacrent la majeure

partie de leur temps à l’éducation des enfants et aux travaux domestiques.
Quelques-unes occupent aussi des emplois.
Les femmes de la bourgeoisie

Les femmes de la bourgeoisie sont privilégiées dans la société. Elles sont plus
éduquées que la moyenne des femmes et leur niveau social leur permet géné
ralement d’engager une domestique. N’ayant pas à travailler ni à effectuer de
3.50 Le Montreal Local Council of Women, en mai 1898. Cette organisation féminine
est fondée en 1893 par la femme du gouverneur général du Canada, lady Aberdeen (au centre).
CHRONOLOGIE
1870 1875 1880

travaux ménagers, elles disposent de plus de temps libre pour se consacrer à

différentes activités sociales, comme l’écriture ou le bénévolat au sein d’orga Justice sociale
nismes de charité. Principe en faveur de l’égalité des droits
des personnes, peu importe leur sexe, leur âge,
Les organisations féminines anglophones leur religion, leur occupation ou leur origine.
Féminisme
Vers la fin du 19e siècle, l’industrialisation et l’urbanisation sont à l’origine de Mouvement qui milite en faveur des droits
plus en plus d’inégalités sociales. L’État intervient peu pour soutenir les per des femmes.
sonnes dans le besoin. Afin de venir en aide aux familles les
plus démunies, plusieurs associations de charité publique
se forment au Canada.
La plupart des associations charitables sont fondées par des
groupes de femmes issues de la bourgeoisie. Ces femmes se
préoccupent principalement de l’éducation des jeunes, de la
santé publique et des conditions de vie familiale. Elles com
mencent également à prendre conscience de la discrimina
tion dont elles sont victimes et veulent plus de droits. Au
moyen de pétitions et de manifestations, elles revendiquent
davantage de justice sociale.
À Montréal, les premières associations féminines voient le
jour au tournant du 19e siècle. En 1893, des femmes de la
bourgeoisie anglophone fondent le Montreal Local Council
of Women (le Conseil des femmes de Montréal), puis, en 1907,
un groupe de Canadiennes françaises fonde la Fédération
nationale Saint-Jean-Baptiste. La création de ces associations
marque le début du féminisme au Québec.
Des femmes sur le marché

du travail
Au Québec, il est fréquent de voir de jeunes femmes âgées
de 15 à 20 ans travailler en ville avant de se marier et de

fonder une famille. La plupart du temps, elles travaillent
comme domestiques ou occupent un emploi dans des usines 3.51 Une domestique au service d’une femme
ou des boutiques. bourgeoise de Montréal, vers 1890. À la fin du 19e siècle,
les femmes de la bourgeoisie montréalaise engagent au moins
une domestique pour entretenir la maison et s’occuper des enfants.
De nouveaux emplois disponibles Ces domestiques travaillent en moyenne de 15 à 18 heures par jour.
L’industrialisation et l’urbanisation ouvrent de nouvelles DÉGAGER DES

OI DIFFÉRENCES ET Comparez les tenues
perspectives d’emploi aux femmes. En plus du travail tradi DES SIMILITUDES.
vestimentaires de la bourgeoise
tionnel de domestique, qui nécessite de très longues heures et de sa domestique. Relevez
des différences associées
de travail, les jeunes filles et les femmes peuvent travailler
à leur rang social.
dans les usines.

1885 1890 1895

À la fin du 19e siècle, environ 30 % des employés des manufactures montréa

laises sont des femmes. Elles travaillent surtout dans le secteur du textile, du
vêtement, du caoutchouc, du tabac et de la chaussure. Leurs conditions de
travail sont aussi difficiles, sinon plus, que celles des hommes. Et pour le même
travail, elles reçoivent un salaire presque deux fois moins élevé.
À l’époque, de plus en plus de femmes choisissent de devenir enseignantes. Elles
représentent 80 % des effectifs de l’enseignement public catholique. Certaines
femmes occupent aussi des emplois dans de petits commerces, des bureaux et
des magasins.
Les communautés religieuses féminines

Au Québec, le nombre de femmes qui s’engagent dans les communautés reli
gieuses ne cesse d’augmenter à la fin du 19e siècle. Les communautés religieuses
œuvrent dans plusieurs secteurs, tels que l’éducation, les soins de santé, les
organismes de charité ou le soutien ménager aux prêtres.
3.52 Des femmes empesant des cols et des poignets de chemise dans
une blanchisserie industrielle montréalaise au tournant du 20e siècle.
DÉGAGER DES
OI DIFFÉRENCES ET Quelle est la différence entre le salaire des femmes
DES SIMILITUDES.
et celui des hommes travaillant dans les manufactures ?
CHRONOLOGIE
1870 1875 1880

Plusieurs possibilités de travail sont offertes aux milliers de jeunes femmes qui
choisissent de devenir religieuses. En plus d’avoir un prestige social incontestable
dans la société, les religieuses occupent souvent des postes importants. Elles
peuvent, par exemple, être directrices d’école ou administratrices d’hôpital, des
fonctions difficilement accessibles aux femmes laïques.
3.53 De jeunes étudiantes au pensionnat Villa Maria, à Montréal, vers 1860.

Les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame enseignent aux jeunes filles depuis la fondation
de Ville-Marie. L’éducation des jeunes garçons est plutôt confiée à des communautés religieuses
masculines comme celle des Frères des écoles chrétiennes.

1885 1890 1895


6. Le rôle des femmes dans la société
1 Découvrez les mots sur la condition féminine au 19e siècle en replaçant les lettres
correctement.
a) Premier rôle de la femme dans la société. riafe sed fenanst
b) Statut de la femme selon la loi. inmueer
c) Les femmes doivent obéir à leur mari. uismosonis
d) Les femmes ne peuvent l’exercer en politique iotrd ed tove

fédérale ou provinciale.
e) Détermine les activités de la femme en société. ttusat ciosla
2 Indiquez l’année des événements. Placez ensuite ces événements en ordre

1790
chronologique en reportant les lettres correspondantes sur la ligne du temps.
A. Le statut d’infériorité des femmes est confirmé

lors de l’adoption du Code civil du Bas-Canada.
B. Des femmes de la bourgeoisie anglophone fondent une

association féminine : le Montreal Local Council for Women.
C. Le droit de vote des femmes est retiré par les députés

de la Province du Canada.
D. Des femmes canadiennes-françaises fondent une association

féminine : la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste.
1910
E. Les femmes ont le droit de vote depuis l’adoption de l’Acte

constitutionnel.
3 a) Nommez le mouvement qui milite en faveur des droits des femmes.
b) Qu’est-ce qui marque le début de ce mouvement au Québec ?
c) Nommez deux moyens utilisés par les femmes des organisations féminines pour
revendiquer davantage de justice sociale.
d) Quelles sont les préoccupations sociales des femmes de ces organisations ?

4 À l’aide de la photo montrant le triage du minerai au début OI ÉTABLIR DES FAITS.

de l’industrialisation au Québec, indiquez les caractéristiques
des ouvrières et leurs conditions de travail.
5 Lisez l’extrait et donnez les raisons pour lesquelles des femmes DÉTERMINER DES CAUSES
choisissaient la vie religieuse plutôt que le mariage au 19e siècle.
« Au 19e siècle, compte tenu de l’absence d’éducation supérieure chez les francophones, la vie reli-
gieuse était probablement la seule façon d’éviter d’être soit mère de famille nombreuse, soit la vieille
fille de la famille qui doit pensionner chez quelque parent. À court terme, c’était une stratégie inté-
ressante de la part des femmes du Québec pour se soustraire à la dépendance directe des hommes.
C’était assurément pour la majorité une assurance contre la misère et la pauvreté, pour certaines un
moyen de contester le destin de la procréation et, pour quelques-unes, le moyen de faire carrière. »
Source : Collectif Clio, L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, éditions Le Jour, 1992, p. 239.
6 Qu’est-ce qui distingue les femmes en communauté religieuse par rapport aux femmes
laïques dans l’avancement de leur travail ?

3.54 Un élevage de bovins dans les Cantons-de-l’Est, en 1883. Frederick Charles Gordon, Le troupeau d’Aberdeen Angus appartenant à l’Honorable J.H. Pope,
membre du Parlement, Cookshire, Québec, 1883.
7 Les manifestations
socioculturelles
Dans la seconde moitié du 19e siècle, au Québec, on assiste à l’émergence d’une
identité socioculturelle basée sur les particularités de la nation canadienne-
française. Grâce à l’accès à l’enseignement supérieur en français, une nouvelle
élite canadienne-française se forme. Au cours de la même période, une litté
rature propre au Québec voit le jour : la littérature patriotique. Parallèlement,
on assiste à l’émergence de la littérature féminine.
L’enseignement supérieur
Au milieu du 19e siècle, l’enseignement supérieur se développe au Québec. Les
Canadiens anglais disposent de deux établissements d’enseignement supé
rieur : l’Université McGill, fondée en 1821, et le Bishop’s College, fondé en 1843.
La fréquentation de l’Université McGill, un établissement public financé par de
riches hommes d’affaires anglophones, est de plus en plus importante. Le nombre
3.55 La première édition de d’étudiants inscrits passe de 70 en 1855 à plus de 900 dans les années 1890.
l’Histoire du Canada de François- Tournée vers les sciences et l’administration, l’Université McGill forme surtout
Xavier Garneau, parue en 1845.
des ingénieurs, des médecins, des biologistes et des physiciens.
CHRONOLOGIE
1870 1875 1880

En 1852, les Canadiens français

disposent également d’un éta
blissement d’enseignement
supérieur : l’Université Laval. Il
s’agit de la première université
francophone en Amérique. En
1663, Mgr de Laval fonde le Sémi
naire de Québec, le premier éta
blissement d’enseignement de la
Nouvelle-France, qui sert à for
mer des prêtres. Près de 200 ans
plus tard, soit en 1852, cet éta
blissement catholique reconnu
devient l’Université Laval.
L’enseignement qu’on y dispense
est principalement orienté vers
les professions libérales, ce qui
permet de former une nouvelle
élite intellectuelle canadienne-
française. Quatre facultés sont
alors ouvertes : théologie, méde
cine, droit et arts. Une succursale
de l’Université Laval est égale
ment ouverte à Montréal en 1878.
Elle acquiert son autonomie en
1920 et devient l’Université de 3.56 L’Université Laval, à Québec, en 1885.
Montréal.
La littérature patriotique
À la même époque, une littérature typiquement canadienne-française émerge
dans la province. À partir de 1860, un premier courant littéraire est reconnu au
Québec : la littérature patriotique. Leurs auteurs, inspirés par l’Histoire du Canada

de François-Xavier Garneau et les poèmes d’Octave Crémazie, font l’éloge du
glorieux passé canadien-français. La nation est au cœur du courant littéraire de
l’École patriotique de Québec.
Les œuvres, teintées de romantisme, traitent des héros du passé, tels les mis
sionnaires, les découvreurs ou les soldats de la Nouvelle-France. Elles mettent
surtout l’accent sur la résistance des Canadiens français à l’assimilation. La patrie,
le monde rural et la religion catholique sont glorifiés, tandis que l’industrialisa
tion et la vie urbaine, lorsqu’elles sont abordées, sont décrites de façon plutôt
négative. Les valeurs mises de l’avant dans ce courant littéraire sont en confor
mité avec celles véhiculées par l’agriculturisme.

1885 1890 1895

Le laboureur
Derrière deux grands bœufs ou deux lourds percherons,

L’homme marche courbé dans le pré solitaire,
Ses poignets musculeux rivés aux mancherons
De la charrue ouvrant le ventre de la terre.
Au pied d’un coteau vert noyé dans les rayons,
Les yeux toujours fixés sur la glèbe si chère,
Grisé du lourd parfum qu’exhale la jachère,
Avec calme et lenteur il trace ses sillons.
Et, rêveur, quelquefois il ébauche un sourire :
Son oreille déjà croit entendre bruire
Une mer d’épis d’or sous un soleil de feu ;
3.57 Octave Crémazie (1827-1879). Il s’imagine voir le blé gonfler sa grange ;

L’écrivain et poète Octave Crémazie tient Il songe que ses pas sont comptés par un ange,
une librairie à Québec où les intellectuels
Et que le laboureur collabore avec Dieu.
à l’origine de l’École patriotique de Québec
se rencontrent. Au cœur même de ce courant Source : Poème de William CHAPMAN, paru dans Glanures : les aspirations. Poésies canadiennes
littéraire, il devient le poète national des de William Chapman/Jules Lesage, Québec, Léger Brousseau imprimeur, 1904.
Canadiens français dès la parution de son
poème « Le drapeau de Carillon ».
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quels aspects de la société sont glorifiés dans
ce poème ?
En 1895, l’École littéraire de Montréal, dont fait partie le poète Émile Nelligan,
est fondée. Dans ce nouveau courant, axé sur la poésie et la modernité, c’est la
littérature au sens propre qui prédomine. L’idéologie et les valeurs traditionnelles
y sont reléguées au second plan.
3.58 Louis Fréchette (1839-1908).

Avocat, homme politique, journaliste et
auteur, Louis Fréchette est une figure
marquante de la littérature patriotique
québécoise. Hautement récompensé pour
ses poèmes, son œuvre la plus connue est 3.59 Deux fondateurs de l’École littéraire de Montréal, en 1895. Les quatre membres
le recueil de poésie La légende d’un peuple, fondateurs de cette association littéraire sont Louvigny de Montigny (à gauche), Jean Charbonneau
qui célèbre les héros canadiens-français. (à droite), de même que Paul de Martigny et Germain Beaulieu.
CHRONOLOGIE
1870 1875 1880

L’émergence de la littérature féminine

Parallèlement à la littérature patriotique, une véritable littérature féminine
émerge au Québec à la fin du 19e siècle. Comme la plupart des écrivains de
l’époque, les femmes mettent en valeur l’identité culturelle canadienne-française
et catholique dans leurs œuvres.
Les premières écrivaines sont issues de la bourgeoisie. Elles commencent à écrire
des contes et des nouvelles, et font paraître des chroniques dans les journaux.
Il n’est pas rare qu’elles publient leurs écrits sous un pseudonyme, un nom d’em
prunt souvent masculin qui dissimule leur véritable identité. Il est, en effet,
encore mal vu au sein de la société qu’une femme écrive et exprime ses opinions
en public.
ANECDOTE
Une seule plume, plusieurs noms
3.60 Laure Conan (1845-1924).
Hermine Lanctôt est l’une des premières écrivaines canadiennes-françaises. Institutrice de pro- C’est sous ce pseudonyme que Marie-Louise-
fession, elle écrit plus d’une centaine de textes dans des revues québécoises. Pour ce faire, elle Félicité Angers publie ses œuvres. L’écrivaine,
utilise au moins trois pseudonymes féminins différents : « Hermance », « Ninette » et « Angéline ». originaire de La Malbaie, publie sa première
Sous chacun de ces pseudonymes se cache un personnage ayant son caractère propre. Hermance est nouvelle en 1878. Sa notoriété débute
une vieille fille, institutrice au primaire, tout comme Hermine Lanctôt. Ninette est une adolescente en 1882, avec la parution de son premier
capricieuse, qui joue aux cartes. Quant à Angéline, c’est une fille douce et rêveuse. roman à succès, Angéline de Montbrun.

1885 1890 1895

3.61 La bataille de Batoche, en mai 1885. Du 9 au 12 mai 1885, les forces canadiennes vainquent les Métis à Batoche, dans l’actuelle province
de la Saskatchewan. C’est ainsi que prend fin la Rébellion du Nord-Ouest. La prise de Batoche, d’après les croquis du sergent Grundy, vers 1885.

OI ET DES CONSÉQUENCES. Pourquoi les Métis se rebellent-ils de nouveau en 1885 ?
8 Les relations
fédérales-provinciales
Au cours des années suivant la création de la fédération canadienne, les pro
vinces réclament de plus en plus d’autonomie, de même qu’une meilleure répar
tition des pouvoirs par rapport au gouvernement fédéral. Au Québec, des

événements politiques, tels que le soulèvement des Métis dans le Nord-Ouest
et la question des écoles catholiques hors Québec, ont d’importantes répercus
sions sur les relations fédérales-provinciales. Ces événements contribuent à la
montée du nationalisme et du courant autonomiste menés par Honoré Mercier.
La Rébellion du Nord-Ouest de 1885

La construction du chemin de fer transcontinental et la colonisation ont des
effets dévastateurs sur les populations autochtones de l’Ouest. L’arrivée de
dizaines de milliers de colons dans les Prairies et la création de réserves réduisent
CHRONOLOGIE
1875 Abolition du ministère 1876 Adoption de la
de l’Instruction publique. Loi sur les Indiens.
1875 1880

les territoires de chasse et de pêche. La chasse intensive pratiquée par les colons
entraîne une réduction massive des troupeaux de bisons. La misère et la famine
se font sentir dans les réserves. Les tensions entre les Autochtones et les colons
s’intensifient. Malgré les promesses d’aide du gouvernement fédéral, les secours
tardent à venir.
Le début des hostilités

L’avancée des colons vers l’Ouest incite les Métis à demander, en 1884, le retour
de Louis Riel, chef de la Rébellion de la rivière Rouge jusque-là en exil aux États-
Unis. Louis Riel, appuyé par Gabriel Dumont, revient donc au pays et prend la
tête d’un deuxième soulèvement métis. Des affrontements violents ont lieu 3.62 Gabriel Dumont (1837-1906).
entre les rebelles et les colons, là où se trouve aujourd’hui la province de la Chef de la colonie métisse de Saint-Laurent
sur la rivière Saskatchewan Sud. Motivé par
Saskatchewan. En 1885, Louis Riel forme un gouvernement provisoire à Batoche,
le bien de son peuple, il est l’un des meneurs de
un petit village situé près de la rivière Saskatchewan. Quelques centaines de la Rébellion du Nord-Ouest en 1885, aux côtés
rebelles métis et des Premières Nations y sont regroupés. de Louis Riel. Commandant militaire reconnu
pour sa bravoure, il s’exile aux États-Unis après
la défaite des Métis à Batoche.
La riposte du
gouvernement fédéral
Cette nouvelle rébellion métisse, qui
sème la terreur parmi les colons, soulève
la colère de la population canadienne-
anglaise. Au printemps 1885, sous la
pression de l’opinion publique, le gou
vernement Macdonald envoie des mil
liers de soldats et de miliciens à Batoche
afin de mettre un terme à la révolte.
Contrairement à ce qui s’est produit lors
du premier soulèvement des Métis, en
1869, la construction du chemin de fer
permet cette fois au gouvernement fédé
ral d’envoyer rapidement des troupes

sur le terrain dans le but d’étouffer la
rébellion. En mai et en juin, de nombreux
affrontements opposent des Métis et
des membres des Premières Nations à
l’armée canadienne. Louis Riel, des chefs 3.63 Des populations autochtones rendent les armes au général des troupes
autochtones ainsi que de nombreux canadiennes, le 26 mai 1885. Peu après la prise de Batoche, la majeure partie des
Autochtones qui se sont soulevés rendent les armes à Battleford (en Saskatchewan). Poundmaker
autres rebelles sont arrêtés et emprison rendant les armes au major-général Middleton à Battleford, le 26 mai 1885, Robert William Rutheford, 1887.
nés. À l’issue d’un procès très médiatisé,
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel est le rôle de Louis Riel lors du deuxième
Louis Riel est accusé de haute trahison,
soulèvement métis ?
puis condamné à la peine de mort.
Mai 1885 Bataille de Novembre 1885 1887 Première 1887-1891

Batoche : fin de la Pendaison de Louis Riel. conférence Honoré Mercier,
Rébellion du interprovinciale. premier ministre
Nord-Ouest. du Québec.
1885 1890

3.64 Un groupe de Métis et des membres des Premières Nations faits prisonniers
lors de la Rébellion du Nord-Ouest, en août 1885. À la suite de cette Rébellion,
129 personnes sont emprisonnées : 46 Métis, 81 membres des Premières Nations et 2 colons.
Plusieurs prisonniers sont accusés de trahison.
La condamnation de Louis Riel

Au Québec, c’est l’indignation. Les Canadiens français s’opposent majoritaire
ment à l’arrestation et à la condamnation de Louis Riel. L’opinion publique
canadienne-française estime que les Métis, des francophones catholiques
comme eux, n’ont fait que défendre leurs droits. Ce point de vue est renforcé
par les prises de position du clergé catholique en faveur de Louis Riel.
Ailleurs au Canada, on réclame toutefois la mise à
mort de Louis Riel. Le gouvernement de John A.
Macdonald hésite, mais finit par autoriser l’exécu
tion du chef métis. Celui-ci est pendu à Regina, le
16 novembre 1885.
Le nationalisme canadien-
français d’Honoré Mercier
Au Québec, la mort de Louis Riel soulève la fureur.

Plusieurs personnes croient qu’en cédant aux
demandes des Canadiens anglais, le gouvernement
3.65 Louis Riel s’adressant au jury durant son procès pour fédéral n’a respecté ni les intérêts ni les droits des
trahison, à Regina, en 1885. Le 31 juillet 1885, après quatre jours francophones catholiques.
de délibérations, le jury reconnaît Louis Riel coupable de haute trahison.
Il recommande toutefois la clémence de la cour. Le 18 septembre suivant, Le 22 novembre 1885, une semaine après l’exécution
Louis Riel est tout de même condamné à la pendaison. de Louis Riel, un rassemblement de près de 50 000
personnes a lieu à Montréal afin de dénoncer le gou
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel groupe de personnes s’oppose à
l’exécution de Louis Riel ? Pourquoi ? vernement de John A. Macdonald. Honoré Mercier, alors
à la tête du Parti libéral du Québec, est présent et
CHRONOLOGIE
1875 1880

Riel, notre frère, est mort, victime de son dévouement à la cause

des Métis dont il était le chef, victime du fanatisme et de la trahison
de trois des nôtres qui, pour garder leur portefeuille, ont vendu
leur frère…
[…] Notre devoir est donc de nous unir pour punir les coupables ; que cette
union soit bénie par ce peuple, et faisons serment devant Dieu et devant
les hommes de combattre de toutes nos forces et de toute notre âme et avec
toutes les ressources que nous fournit la Constitution […] les trois
traîtres qui viennent de [nous] déshonorer […] et tous ceux qui
seraient assez lâches pour chercher à imiter ou à excuser leur crime !
Honoré MERCIER, 22 novembre 1885. Nationaliste
Qui défend les droits, la culture et les valeurs
d’une nation, et tente de les promouvoir
ou de les faire connaître.
s’adresse à la foule. Son discours, résolument nationaliste, insiste sur le fait que
le Québec doit veiller à la protection des droits des Canadiens français dans l’en Autonomisme
Mouvement politique qui réclame davantage
semble de la fédération canadienne. d’autonomie, donc plus de pouvoirs, pour un
gouvernement provincial ou régional par rapport
à un gouvernement central.
Des réactions au droit de désaveu
Ingérence
À la même époque, au Québec et dans d’autres provinces, on dénonce les poli Intervention d’un gouvernement ou d’un État
tiques centralisatrices du gouvernement fédéral. Entre 1867 et 1896, ces po dans les affaires d’un autre gouvernement
ou d’un autre État.
litiques sont évidentes. C’est le cas, surtout, lorsque le gouvernement fédéral
recourt au pouvoir de désaveu que lui accorde la Constitution pour abolir une
loi adoptée par un gouvernement provincial.
En réaction aux tendances centralisatrices du gouvernement fédéral, Honoré
Mercier propose un nationalisme canadien-français axé sur l’autonomisme. Ses
idées, partagées par de nombreux politiciens canadiens-français, tant libéraux
que conservateurs, font renaître, en 1885, le Parti national, un parti nationaliste
qu’Honoré Mercier a lui-même fondé quelques années plus tôt.
Les conférences interprovinciales

Devenu premier ministre du Québec en 1887, Honoré Mercier organise la pre

mière « Conférence interprovinciale ». Cette conférence réunit à Québec les
premiers ministres du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba
et de l’Ontario. Honoré Mercier leur propose de former une alliance afin de
réduire l’ingérence du gouvernement fédéral dans les champs de compétence
provinciaux.
Les premiers ministres provinciaux souhaitent en particulier que le gouverne- 3.66 Honoré Mercier (1840-1894).
Premier ministre du Québec de 1887 à 1891,
ment fédéral s’abstienne d’utiliser son droit de désaveu. Les provinces, dont les Honoré Mercier est le premier chef politique
revenus proviennent en grande partie de subventions fédérales, espèrent aussi québécois à revendiquer plus d’autonomie
obtenir de nouvelles sources de financement afin de pouvoir appliquer leurs pour la province de Québec au sein de
la fédération canadienne.
politiques de façon autonome. Elles veulent, par exemple, pouvoir recourir à une

1885 1890

taxe directe les autorisant à prélever un impôt sur

le revenu ou sur les biens, comme l’Acte de l’Amérique
du Nord britannique le leur permet.
Les écoles catholiques

hors Québec
Les tensions entre le gouvernement fédéral et le
Québec sont aussi amplifiées par la question des
droits des francophones dans les autres provinces.
Au 19e siècle, plusieurs hommes politiques fédéraux
3.67 La Conférence interprovinciale de 1887. À partir de 1887, et provinciaux ont une attitude antifrançaise et anti
les gouvernements provinciaux tiennent régulièrement des conférences dans
le but d’établir des politiques communes ou de réclamer certains pouvoirs
catholique. Tout comme D’Alton McCarthy, un
au gouvernement fédéral. membre du gouvernement fédéral conservateur, ils
adhèrent au mouvement orangiste, qui prône la
OI ÉTABLIR DES FAITS. Nommez les provinces qui participent à
la première conférence interprovinciale. suprématie britannique. Ils sont en faveur d’un
Canada unilingue anglophone et protestant.
Plusieurs provinces anglophones briment, l’une après l’autre, les droits des
Orangiste francophones dans les premières années de la fédération canadienne. Certaines,
Partisan de l’Ordre d’Orange, une organisation
protestante d’origine irlandaise qui souhaite
comme le Nouveau-Brunswick (en 1871), le Manitoba (en 1890), puis l ’Ontario
limiter les droits des catholiques. (au début du 20e siècle), vont adopter des lois qui restreignent l’éducation
catholique ou en français.
Les écoles du Manitoba

La question des écoles du Manitoba a d’importantes répercussions au Québec.
Depuis les négociations du gouvernement provisoire dirigé par Louis Riel en
1870, les droits des catholiques et des francophones sont inscrits dans la Loi sur
le Manitoba. Toutefois, le pourcentage de francophones au Manitoba ne cesse
de diminuer, en raison, notamment, de l’immigration massive de colons anglo
phones et de l’exode des Métis. Les hommes politiques provinciaux souhaitent
donc éliminer peu à peu les droits des francophones.
En 1890, une loi abolit le système scolaire catholique pour instaurer un seul
système d’éducation public en anglais. Par conséquent, plusieurs écoles catho
liques et francophones sont en difficulté, faute de financement de la part du
gouvernement.
Le clergé catholique ainsi qu’une grande partie des hommes politiques et de la
3.68 D’Alton McCarthy (1836- population du Québec s’insurgent contre ces mesures qui briment les droits des
1898). Ce politicien et avocat d’origine francophones du Manitoba. Ils réclament que le gouvernement fédéral utilise
irlandaise milite en faveur de politiques
antifrançaises et anticatholiques. Afin son droit de désaveu afin de renverser la loi. Or, le gouvernement fédéral est
d’éliminer l’enseignement du français, peu enclin à les aider. Comme pour la Rébellion du Nord-Ouest, la question des
il soutient l’abolition des écoles catholiques écoles du Manitoba intensifie le mécontentement des Canadiens français envers
du Manitoba.
le gouvernement fédéral.
CHRONOLOGIE
1875 1880

Au Québec : le Conseil de l’instruction publique

En 1875, le gouvernement du Québec abolit le ministère de l’Instruction publique,
responsable de l’éducation. Les responsabilités en matière d’éducation sont
désormais confiées au Conseil de l’instruction publique. Ce conseil se divise en
deux comités indépendants. L’un est catholique ; l’autre, protestant.
Le comité catholique, formé de tous les évêques de la province et de laïques,
est chargé de gérer les écoles du réseau catholique du Québec. Le comité pro
testant fait de même pour les écoles protestantes. Avec cette réforme, l’État
se retire formellement du contrôle de l’éducation. C’est désormais à l’Église ANECDOTE
catholique et à la minorité protestante de gérer l’éducation selon ce qu’ils
Les écoles normales
jugent approprié. C’est en 1857 que les premières écoles
normales sont fondées au Québec. Il s’agit
d’établissements d’enseignement destinés
à former… des enseignants ! Le but des
écoles normales est d’améliorer la qualité
de l’instruction offerte dans les écoles. La
formation dure généralement deux ans.
À partir de 1899, la profession d’institutrice
attire de plus en plus de jeunes femmes et
le nombre d’écoles normales qui leur sont
destinées se multiplie. Ce sont les commu-
nautés religieuses féminines qui fondent
les écoles normales. Ce sont aussi elles qui
y dispensent les cours. Entre 1857 et 1974
(année où la dernière école normale a
fermé ses portes), plus de 80 000 « maî-
tresses d’école » ont été formées dans
3.69 L’école normale McGill, à Montréal, en 1857. McGill Normal School, Alphonse Coulon, vers 1857.
l’une de ces institutions.

1885 1890


7. Les manifestations socioculturelles
8. Les relations fédérales-provinciales
1 Reliez les événements à leurs conséquences.
Événements Conséquences
a) L’arrivée de dizaines de milliers de colons Famines dans les réserves et

dans l’Ouest canadien et la création augmentation des tensions entre
des réserves. les Autochtones et les colons.
b) La chasse intensive pratiquée par Réduction des territoires de chasse

les colons. et de pêche.
c) La disparition des bisons. Réduction massive des bisons.
2 Référez-vous à la page 191 et placez A. Riel forme un gouvernement provisoire à Batoche.

les événements portant sur Louis Riel B. Riel est condamné à mort.
en ordre chronologique en reportant
C. Riel est arrêté et emprisonné.
les lettres correspondantes sur
la ligne du temps. D. Riel rentre au Canada après un exil aux États-Unis.
SITUER DANS LE TEMPS E. Riel prend la tête d’un deuxième soulèvement métis.
F. Riel et son peuple affrontent les soldats et les
miliciens envoyés par le gouvernement Macdonald.
A F G. Riel est accusé de haute trahison et subit un procès.
3 Observez la caricature et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Le sort de Louis Riel repose

entre les mains de quel
homme politique ?
b) Dans la caricature, quel

personnage partage l’opinion
des Canadiens français sur
l’arrestation et la condamnation
de Louis Riel ?
c) À quelle peine Louis Riel est-il condamné ?
4 a) Quelle est la conséquence de l’affaire Riel sur les relations entre les Canadiens français
et les Canadiens anglais ?
b) Quel sentiment soulève la mort de Louis Riel chez les Canadiens français du Québec ?

5 Lisez l’extrait et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) À quelle occasion Honoré Mercier prononce-t-il

« Riel, notre frère, est mort […] Nous
ce discours ?
unir ! […] Il fallait le malheur national
que nous déplorons, il fallait la mort
d’un des nôtres pour que ce cri
de ralliement fût compris. »
Source : Honoré MERCIER, discours
du 22 novembre 1885.
b) Lors de son discours, sur quoi Honoré Mercier insiste-t-il ?
c) Pour les partisans du Parti national d’Honoré Mercier, Louis Riel est-il un considéré
comme un traître ou un héros ? Expliquez pourquoi.
6 Lisez l’extrait et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Que dénonce Honoré Mercier dans

son discours ? « Notre législature est une succursale du
Parlement fédéral. […] nous n’avons plus
d’autonomie provinciale. […] Depuis quelques
années, le gouvernement fédéral poursuit
avec une persévérance évidente […]
une politique de centralisation. »
Source : Honoré MERCIER, discours prononcé à l’Assemblée
b) Que souhaite-t-il quant au pouvoir du législative, le 31 mars 1884.

Québec par rapport au gouvernement
fédéral ?
7 Encerclez les énoncés en lien avec les orangistes.
a) Ils prônent la suprématie britannique. b) Ils souhaitent un Canada francophone et catholique.
c) Ils prônent la suprématie française. d) Ils souhaitent un Canada anglophone et protestant.
e) Honoré Mercier est orangiste. f) Ils restreignent l’éducation française et catholique.
g) D’Alton McCarthy est orangiste. h) Ils restreignent l’éducation anglophone et protestante.

8 Complétez le tableau portant sur la première conférence interprovinciale.
La première conférence interprovinciale
Former une afin de réduire l’ingérence du

Objectif
dans les champs de compétence .
Qui est
l’organisateur ? Le premier ministre du Québec :
Qui sont les Les premiers ministres

participants ?
.
Où ?
Quand ?
• Empêcher le d’utiliser son droit .

Discussions • Obtenir de nouvelles sources de afin d’augmenter
des provinces.
9 Référez-vous à la page 194 et complétez le schéma causes- DÉTERMINER DES CAUSES

conséquences en inscrivant les lettres correspondant
aux énoncés de l’encadré aux endroits appropriés.
A. Le pourcentage de francophones au Manitoba diminue.

B. Les écoles catholiques et francophones du Manitoba sont en difficulté financière.
C. Le clergé catholique et les francophones du Québec s’insurgent contre les mesures
qui briment les droits des francophones du Manitoba.
D. L’immigration de colons anglophones augmente au Manitoba.
Causes Abolition du système Conséquences

scolaire catholique
du Manitoba
10 Qu’ont en commun les deux événements suivants pour les Canadiens français ?
A. La Rébellion du Nord-Ouest de 1885. B. La question des écoles du Manitoba.
11 Quel est le but des écoles normales au Québec ?

12 Trouvez les mots correspondant aux définitions 1 2

portant sur les débuts de la fédération 3
canadienne, puis inscrivez-les dans la grille.
4
5 6
7 8
9 10
11 12 13 14
15
-
16
17
18
19
-
20
21
22
23
24
25
Horizontal
4. Nom d’emprunt qui dissimule la véritable 20. Situation économique au Canada en 1874.
identité d’un auteur. 21. Conséquence de l’industrialisation.
5. Chemin de fer traversant d’est en ouest 22. Il forme un gouvernement provisoire à Batoche
le Canada. en 1885.
9. Conséquence des mauvaises conditions 23. Curé qui s’occupe du peuplement de nouvelles
d’hygiène dans les quartiers ouvriers. terres de colonisation par des Canadiens français.
15. Chef du Parti libéral du Québec qui prononce 24. Métier pratiqué en forêt par les agriculteurs qui
un discours nationaliste après la mort de Riel. veulent un revenu supplémentaire durant l’hiver.
19. Ville la plus peuplée du Québec au début 25. Aide à prévenir les épidémies.
du 20e siècle.

Vertical
1. De 1870 à 1900, des milliers de Canadiens 11. Premier ministre du Canada en 1867.
français vont s’y installer pour y trouver 12. Cours d’eau sur lequel on pratique la drave et
du travail. dont l’embouchure se situe à Trois-Rivières.
2. Poète qui fait parti de l’École littéraire 13. Secteur agricole qui prend de l’expansion
de Montréal en 1895. au Québec vers la fin du 19e siècle.
3. Elle est au coeur du courant littéraire 14. Ensemble de mesures mises en place en 1878
de l’École patriotique de Québec. pour développer l’économie canadienne.
6. Première université francophone 16. Migration massive des populations des
en Amérique. campagnes vers les villes.
7. Courant de pensée faisant la promotion 17. Chaîne de montagnes qui présente un défi
d’un mode de vie rural. technique pour la construction du chemin
8. Elles sont considérées comme des mineures de fer Canadien Pacifique.
dans le Code civil du Bas-Canada. 18. Lieux permettant aux familles ouvrières pauvres
10. Premier courant littéraire reconnu au Québec. de se laver.
13 a) Référez-vous à la chronologie du dossier 3 et indiquez l’année SITUER DANS LE TEMPS

ou la période qui correspond à chacun des événements.
A. Entrée de la Colombie-Britannique B. Adoption de l’Acte de l’Amérique

dans la fédération canadienne. du Nord britannique.
C. Bataille de Batoche. D. Scandale du Pacifique.
E. Élection du gouvernement F. Entrée du Manitoba dans
Laurier. la fédération canadienne .
G. Fin de la construction du chemin H. Entrée de l’Île-du-Prince-Édouard
de fer transcontinental. dans la fédération canadienne.
I. Politique nationale de Macdonald. J. Fondation de la Bourse de Montréal.
K. Pendaison de Louis Riel. L. Légalisation des syndicats.

M. Adoption de la Loi sur les Indiens. N. Première conférence interprovinciale.
O. Fondation du Montreal Local P. Création des Territoires
Concil of Women. du Nord-Ouest.
Q. Importante crise économique R. Fondation de l’École littéraire
au Canada. de Montréal.
S. Premiers traités numérotés. T. Rébellion de la rivière Rouge.
U. Élargissement du canal V. Élection du premier gouvernement
de Lachine. Macdonald.
W. Création du Conseil de l’instruction X. Création d’un ministère de
publique. l’Agriculture et de la Colonisation.
Y. Politique tarifaire.

b) Placez les événements en ordre chronologique sur la ligne du temps en reportant

les lettres correspondantes. Dessinez un trait horizontal pour les événements qui ont
une durée déterminée et un point pour les événements ponctuels qui correspondent
à une année précise.
Première phase
d’industrialisation
du Québec.
1850 1855 1860 1865 1870 1875 1880 1885 1890 1895 1900
c) Observez la ligne du temps en b). Qu’on en DÉGAGER DES

OI DIFFÉRENCES ET
commun les événements de cette chronologie ? DES SIMILITUDES.
d) Quelle est la durée totale de la ligne du temps ?
e) Quel est l’échelle de la ligne du temps ?
f) Donnez un titre à la ligne du temps.

Chroniques 4 ST 04 d3 p126-201

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126 PARTIE 1 • La formation du régime fédéral canadien (1840-1896)

1867-1896 Les débuts

1870 Création des 1875 Abolition du

1860 1867 Adoption de 1870

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 126 2018-08-07 12:47 PM

1893 Fondation du Montreal

1880 1890 1900

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 127 2018-08-07 12:47 PM

Sommaire Coup d’œil

2 La première phase d’industrialisation

Les caractéristiques de la première phase LABRADOR

4 L’urbanisation et la colonisation . . . . . . . . 164 3.3 Le Dominion du Canada, en 1867. Les quatre

5 L’agriculture et l’industrie forestière . . . 174

6 Le rôle des femmes dans la société . . . . . 178

Le rôle social des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

7 Les manifestations socioculturelles . . . . . 186 EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 128 2018-08-07 12:47 PM

À découvrir dans le dossier 3

DÉTERMINER DES CHANGEMENTS

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 129 2018-08-07 12:47 PM

DÉTERMINER DES CAUSES

L’acquisition de ces terres par le gouvernement du Canada provoque la révolte

L’achat de la Terre de Rupert

CHRONOLOGIE 1869 Premier Rébellion de la 1870 Création des Territoires

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 130 2018-08-07 12:47 PM

La chasse au bison chez les Métis

En été et au début de l’automne, les Métis des Prairies chassent le

s’agit de la plus importante transaction immobilière (en termes de superficie)

La rébellion de la Rivière Rouge en 1869

1875 Abolition 1876 Adoption

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 131 2018-08-07 12:47 PM

OI ÉTABLIR DES FAITS. 1. Observez la photographie et nommez le mode de vie

Les Métis de la rivière Rouge

L’acquisition des territoires de l’Ouest par le gou­

CHRONOLOGIE 1869 Premier Rébellion de la 1870 Création des Territoires

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 132 2018-08-07 12:47 PM

Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils occupent l’endroit et y forment un gouver­

1875 Abolition 1876 Adoption

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 133 2018-08-07 12:47 PM

Les répercussions sur les populations

Les traités numérotés

ensemble de traités avec les bandes nomades des

CHRONOLOGIE 1869 Premier Rébellion de la 1870 Création des Territoires

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 134 2018-08-07 12:47 PM

1875 Abolition 1876 Adoption

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 135 2018-08-07 12:47 PM

3.14 Quelques répercussions de la Loi sur les Indiens de 1876

Identité Structure politique

Loi sur les Indiens

Pratique culturelle Éducation

CHRONOLOGIE 1869 Premier Rébellion de la 1870 Création des Territoires

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 136 2018-08-07 12:47 PM

Le statut d’Indien selon la loi de 1876 Le statut d’Indien et la discrimination

1875 Abolition 1876 Adoption

13880_chroniques_cahier-sa_d3.indd 137 2018-08-07 12:47 PM

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE

1 Lisez l’article 146 de l’AANB et répondez ÉTABLIR

b) Pour quelles raisons le gouvernement fédéral souhaite-t-il annexer ces territoires ?

c) Combien a coûté leur acquisition par le Canada ?

Vrai Faux a) Les Métis parlent anglais et sont protestants.

Vrai Faux c) Les Métis vivent principalement de l’agriculture, de la chasse au bison

3 Lisez le texte et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.

a) Que révèle l’affirmation de Macdonald sur

L’acquisition des territoires de l’Ouest par le gou

Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils occupent l’endroit et y forment un gouver

Vrai Faux a) Les Métis parlent anglais et sont protestants.

Vrai Faux c) Les Métis vivent principalement de l’agriculture, de la chasse au bison

a) Que révèle l’affirmation de Macdonald sur