Chroniques 4 ST 06 d5 p264-327

264 PARTIE 2 • Les nationalismes et l’autonomie du Canada (1896-1945)
Dossier 5
1918-1939 Des Années folles

à la Grande Dépression
Les années 1920 sont marquées par la croissance économique au Québec et au
Canada. Les villes se développent rapidement. L’enthousiasme de la population est
généralisé alors que les conditions de vie s’améliorent. Les femmes revendiquent
plus de droits et de justice sociale. Cette période d’euphorie et de prospérité se ter-
mine brutalement à la fin de 1929, quand une crise économique d’une ampleur
inégalée frappe le monde occidental.
1918
Pour utilisation exclusive selon Entente BP 2021-2022.
1915 1920 1925
1921 Fondation de la 1927 Jugement du Comité

1918 Octroi du droit de Confédération des travailleurs judiciaire du Conseil
vote aux Canadiennes. catholiques du Canada. privé de Londres sur la
frontière du Labrador.
13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 264 2018-08-07 12:52 PM

DOSSIER 5 • Des Années folles à la Grande Dépression (1918-1939) 265
CONCEPTS COMMUNS
Culture • Économie • Pouvoir • Société • Territoire
CONCEPT PARTICULIER
Urbanisation • Libéralisme
CONNAISSANCES HISTORIQUES
Statut du Canada dans l’Empire britannique • Clérico-nationalisme • Milieux urbains •
Culture de masse • Luttes des femmes • Éducation et formation technique • Église catholique •
Grande Dépression • Remise en question du capitalisme
5.1 5.2
1933 New Deal 1935 Fondation de

de Roosevelt. la Banque du Canada.
1930 1935 1940

1934 Premier pensionnat
1929 Krach indien au Québec. 1936 Création de la
Société Radio-Canada.
1939
boursier.
1931 Statut de
Westminster.
5.1 La terrasse Dufferin à Québec, vers 1920. Les habitants de la ville

et les visiteurs sont nombreux à se promener sur la terrasse Dufferin, construite en 1879.
5.2 Un grand magasin, rue Sainte-Catherine à Montréal, vers 1920.
Pour répondre aux besoins de la population des villes en plein développement au début
du 20e siècle, diverses entreprises de services, telles que des banques, des restaurants
ou des grands magasins, ouvrent leurs portes.

Sommaire Coup d’œil

sur le territoire
1 La prospérité de l’après-guerre . . . . . . . . . . 268
Le développement des villes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 Dans le dossier précédent
La culture de masse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Légende
OCÉAN GROENLAND
2 Les luttes des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284

ARCTIQUE (DANEMARK) Capitale du Canada
Frontière internationale
Frontière provinciale
L’accès à l’éducation supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284 ALASKA
(ÉTATS-UNIS)
ou territoriale
Province canadienne
L’accès au marché du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286 Territoire canadien
Autre colonie britannique
La reconnaissance juridique des femmes . . . . . . . . . . 287 YUKON
TERRITOIRES DU
Mer du
NORD-OUEST
Le droit de vote et d’éligibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288 TE
Labrador
RR
Baie E-
NE
3 La Grande Dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296

COLOMBIE- d’Hudson U
BRITANNIQUE
VE
ALBERTA
Les origines de la Grande Crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296 OCÉAN

PA C I F I Q U E
SASKATCHEWAN
QUÉBEC
ÎLE-DU-
PRINCE-ÉDOUARD
MANITOBA NOUVELLE-
Les effets du krach boursier sur les économies ONTARIO
NOUVEAU-
ÉCOSSE
mondiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 ÉTATS-UNIS

Ottawa BRUNSWICK
OCÉAN
0 700 km AT L A N T I Q U E
4 Les gouvernements et la crise . . . . . . . . . . . 304 5.3 Le Canada en 1905.

L’intervention de l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304
5 La remise en question du capitalisme . . . 314

De nouveaux partis politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314
Le clérico-nationalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
Le keynésianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319
6 Un nouveau parti au pouvoir :

l’Union nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324
La création de l’Action libérale nationale
et de l’Union nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324
Le premier gouvernement Duplessis . . . . . . . . . . . . . . 325
EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE

1 ACTIVITÉS p. 280
2 ACTIVITÉS p. 292
3 ACTIVITÉS p. 300
4 ACTIVITÉS p. 310
5 ACTIVITÉS p. 320
6 ACTIVITÉS p. 326

À découvrir dans le dossier 5

Légende
OCÉAN
Capitale du pays
ARCTIQUE Groenland
(DANEMARK) Capitale de la province
ou de la colonie
Ville
Frontière nationale
Province canadienne
ALASKA Territoire canadien
(ÉTATS-UNIS) Colonie britannique
YUKON
Whitehorse TERRITOIRES DU
NORD-OUEST
Mer du
Détroit d
’Hudson
Yellowknife La b r a d o r
Baie
d’Ungava
Baie
d’Hudson LABRADOR
(TERRE-NEUVE)
COLOMBIE- C A N A D A
BRITANNIQUE St. John’s
ALBERTA TERRE-
A N PA C I F I Q U E
MANITOBA NEUVE
Edmonton Baie
James ÎLE-DU-
QUÉBEC PRINCE-
SASKATCHEWAN
ÉDOUARD
Victoria
Charlottetown
Regina ONTARIO Fredericton
Winnipeg Québec Halifax
OCÉ
NOUVELLE-
pér ÉCOSSE
c Su ieur
La Ottawa NOUVEAU-
Lac BRUNSWICK
Huron Lac o
ri
Lac Michigan
É T A T S - U N I S Onta
Toronto
rié OCÉAN
cÉ
La AT L A N T I Q U E
0 400 km
5.4 Le Dominion du Canada, en 1930. À cette époque, le Canada est composé de neuf provinces et de deux territoires. Terre-Neuve est encore
une colonie britannique.
OI DES CHANGEMENTS
DÉTERMINER Observez les cartes de 1905 et de 1930. Quels changements territoriaux observez-vous
ET DES CONTINUITÉS.
dans les provinces de l’Ontario et du Québec ?

5.5 Un grand magasin, rue Sainte-Catherine à Montréal, en 1917. Dans ces nouveaux endroits que sont les grands magasins, des produits
de consommation de toutes sortes sont proposés aux clients à travers leurs différents rayons.
METTRE EN RELATION
OI DES FAITS. Que révèle cette photographie sur la réalité économique de l’époque ?
1 La prospérité
de l’après-guerre
Au cours des années qui suivent la Première Guerre
mondiale, le Canada et le Québec poursuivent leur
période de croissance et de prospérité. Les villes
se développent de manière importante. La popu-
lation a confiance en l’avenir et la consommation

augmente. La culture, diffusée à grande échelle,
est une nouveauté. Les gens ont accès à la radio,
au cinéma, etc. Les années 1920 sont appelées les
« Années folles ».
Le développement des villes

5.6 La construction d’une banque, à Sherbrooke, en 1920. Grâce au Pendant la deuxième phase d’industrialisation, le
développement industriel, Sherbrooke, en Estrie, est l’une des villes importantes Québec connaît une forte croissance économique.
du Québec dans les années 1920.
Le taux de chômage est en baisse, tandis que la
CHRONOLOGIE
1918 Octroi du droit de vote 1927 Jugement du Comité judiciaire
aux Canadiennes. du Conseil privé de Londres
sur la frontière du Labrador.
1910 1920

13844_d5_infographie_1
5.7 Le nombre de villes et de villages au Québec 5.8 Le taux d’urbanisation du Québec.
entre 1901 et 1931.
59,5 %
Année Villes* Villages** 51,8 %
44,5 %
1901 51 138 36,1 %
1911 73 160
1921 107 251
1931 122 301
* Plus de 6000 habitants. ** Moins de 6000 habitants.
1901 1911 1921 1931
Source : L.O. STONE, Urban Development in Canada, p. 29, cité dans Source
Source : L.O.: L.O. STONE,
STONE, UrbanUrban Development
Development in p.
in Canada, Canada,
29, citép. 29, cité dans
dans
P.-A. LINTEAU, R. DUROCHER et J.-C. ROBERT, Histoire du Québec P.-A.Paul-André
LINTEAU, R.LINTEAU,
DUROCHER René DUROCHER
et J.-C. et Jean-Claude
ROBERT, Histoire du QuébecROBERT,
contemporain, De la Confédération à la crise (1867-1929), tome 1, Histoire duDe
contemporain, Québec contemporain,
la Confédération De la(1867-1929),
à la crise Confédérationtomeà la
1, crise
Montréal, Boréal, 1989, p. 472. (1867-1929),
Montréal, Boréal,tome
1989,1,p.
Boréal,
470. Montréal, 1989, p. 470.
production industrielle et les exportations affichent une hausse constante. De OI ÉTABLIR DES LIENS DE CAUSALITÉ.
1901 à 1931, la population du Québec passe de 1,6 à 2,9 millions d’habitants, Quel est le lien entre les données
et celle de l’île de Montréal, d’environ 260 000 à plus de 1 million d’habitants. présentées dans les figures 5.7
Les industries de la région de Montréal continuent d’attirer une main-d’œuvre et 5.8 ?
abondante.
Le phénomène de l’urbanisation prend de l’ampleur. Vers 1920, pour la première
fois de son histoire, la population urbaine du Québec dépasse la population rurale.
Des villes comme Québec, Granby, Sherbrooke, Trois-Rivières, Hull, Shawinigan
ou Chicoutimi se développent rapidement, mais Montréal domine encore large-
CONCEPT
ment les autres villes par sa taille et sa population. Vers 1920, environ 30 % de
Urbanisation
tous les habitants du Québec vivent sur l’île de Montréal. La ville compte alors Regroupement et concentration de la population
plus de 600 000 habitants. dans les villes.
5.9 Trois-Rivières vers 1920. En 1920, Trois-Rivières est une ville industrielle, commerciale et administrative qui compte déjà plus de 20 000 habitants.
1929 Krach boursier. 1935 Fondation 1936 Création de la

de la Banque Société Radio-Canada.
1933 New Deal de du Canada.
Roosevelt.
1930 1940

5.10 Le taux annuel de mortalité infantile*.
Province Ville de Province Ville de

Période Période
de Québec Montréal de Québec Montréal
1871 150,0 294,0 1915-1919 147,0 183,0
1891 179,4 212,7 1920-1924 134,0 160,6
1900-1904 143,0 274,9 1925-1929 126,2 126,9
1905-1909 152,5 268,6 2012** 4,6 5,1
1910-1914 170,0 220,2
* Nombre de décès d’enfants avant l’âge d’un an pour 1000 naissances.

Sources : P.-A. LINTEAU, R. DUROCHER et J.-C. ROBERT, Histoire du Québec contemporain,
De la Confédération à la crise (1867-1929), tome 1, Montréal, Boréal, 1989, p. 33.
** Institut de la statistique du Québec, [En ligne]. (Consulté le 8 novembre 2016.)
Pasteurisation
Technique consistant à chauffer une boisson DÉGAGER DES
OI DIFFÉRENCES ET Que constatez-vous en comparant les données
puis à la refroidir rapidement afin de détruire DES SIMILITUDES. du début du 20e siècle à celles de 2012 ?
complètement les microbes qui y sont présents.
La santé publique
en milieu urbain
Au cours des années 1920, dans les
quartiers moins favorisés des villes, les
conditions de vie s’améliorent et le
taux de mortalité diminue. Depuis le
début du siècle, de nouvelles mesures
viennent améliorer la santé des habi-
tants des quartiers ouvriers.
Des campagnes visant à éduquer la
population sur l’importance de l’hy-
giène, du dépistage rapide de cer-

taines maladies et de la vaccination
ont été organisées par les autorités, et
elles donnent des résultats encou
rageants. Les sanatoriums, ces éta
blissements de santé destinés aux
personnes atteintes de tuberculose, se
multiplient. Grâce à la vaccination, les
5.11 Un appareil servant à la pasteurisation du lait en 1933. La pasteurisation permet maladies contagieuses et les grandes
d’éliminer les micro-organismes néfastes pour la santé et de prolonger la durée de conservation épidémies, comme la variole, ne consti-
du lait. Le lait contaminé et l’eau non potable comptent parmi les causes de la mortalité infantile tuent plus une menace aussi grande
avant 1920.
qu’au siècle précédent.
CHRONOLOGIE
1910 1920

Différentes mesures contribuent égale-

ment à diminuer le taux de mortalité des
enfants en bas âge. Des centres offrant des
soins médicaux aux enfants, appelés
« gouttes de lait », sont ouverts dans les
villes. Ces centres distribuent également
du lait de bonne qualité. D’ailleurs, la géné-
ralisation de la pasteurisation du lait ainsi
que la filtration de l’eau et l’ajout de chlore
dans l’eau améliorent leur qualité et
réduisent les risques de maladies liées à
leur consommation.
Même si certains logements demeurent
insalubres, les nouveaux logements
construits sont de meilleure qualité. Ils
disposent généralement de l’électricité,
d’une baignoire et même d’une toilette 5.12 Un chariot de livraison de lait à Montréal, vers 1910. Dans les villes du début
avec chasse d’eau. du 20e siècle, la livraison de lait non pasteurisé est effectuée dans un véhicule non réfrigéré.
Malgré ces améliorations incontestables,

les conditions de vie des ouvriers sont
encore difficiles. À la fin des années 1920,
le taux de mortalité à Montréal demeure
plus élevé que celui des autres grandes
villes d’Amérique du Nord.
Les services publics

en milieu urbain
Dans les années 1920, la plupart des
services publics, tels que la police, les
pompiers, les égouts, les aqueducs, la dis-
tribution de l’eau, de l’électricité et du
gaz, sont présents dans les grandes villes

comme Montréal.
Tant dans les petites villes que dans les
principaux centres urbains, on assiste à
une augmentation rapide du nombre de
commerces et de services. Dans les villes,
on trouve des banques, des bureaux
administratifs de grandes entreprises, des
hôpitaux, des collèges et des universités.
Et plus la population d’une ville grossit,
5.13 Le terminus Craig à Montréal, en 1932.
plus les services se développent.

Roosevelt.
1930 1940

Les transports en commun

Dans les plus grandes villes, les services de transports en commun sont égale-
ment bien organisés. À Montréal et à Québec, les autobus et les tramways élec-
triques qui sillonnent les rues permettent à la population de se déplacer
rapidement. Ainsi, les travailleurs peuvent vivre de plus en plus loin de leur lieu
de travail, ce qui contribue au développement de nouveaux quartiers résiden-
tiels et de villes de banlieue.
Les infrastructures urbaines

Les villes québécoises se transforment. Dans les centres-villes, de grands maga-
sins et de nombreux restaurants ouvrent leurs portes. Des entreprises financent
la construction des premiers gratte-ciel afin d’y installer leurs sièges sociaux.
Siège social On bâtit de vastes hôtels pour les voyageurs. On construit également des parcs,
Domicile légal d’une entreprise, lieu où sont
concentrées ses activités administratives de grands boulevards et des édifices abritant des services publics, comme des
et sa direction. bibliothèques, des casernes de pompiers ou des bains publics.
5.14 Un des premiers autobus

utilisés pour le transport en commun
à Montréal. En 1919, la Montreal Tramways
Company, la compagnie responsable du
transport en commun dans la ville, met en
service les deux premiers autobus destinés

au transport en commun. Les véhicules
utilisés sont d’anciens camions transformés
par les employés de la compagnie.
OI ÉTABLIR DES FAITS.
1. Quels sont les modes de transport

en commun utilisés au début
du 20e siècle au Québec ?
2. Ces modes de transport sont-ils 5.15 Le passage du tramway sur la côte de la Fabrique à Québec, vers 1925.
Les tramways sont en circulation jusqu’en 1948 à Québec. Les transports en commun permettent
encore utilisés de nos jours ? aux habitants de la ville de vivre de plus en plus loin de leur lieu de travail, et des quartiers
Pourquoi ? résidentiels se développent.
CHRONOLOGIE
1910 1920

5.17 Le nombre de véhicules

automobiles immatriculés
au Québec.
Véhicules immatriculés
Année
au Québec
1906 167
1910 786
1915 10 112
1920 41 562
1925 97 418
1930 178 548
2015* 8 227 294
Sources : P.-A. LINTEAU, R. DUROCHER et
J.-C. ROBERT, Histoire du Québec contemporain,
De la Confédération à la crise (1867-1929),
tome 1, Montréal, Boréal, 1989, p. 455.
5.16 La carte du système de transport par tramway de l’île de Montréal, en 1914. * Statistique Canada, [En ligne].
Dès la fin du 19e siècle, les tramways électriques desservent plusieurs secteurs de l’île de Montréal (Consulté le 8 novembre 2016.)
et l’achalandage ne cesse de croître. Vers 1920, ce réseau de tramways, qui transporte plus
de 230 millions de passagers par année, compte plus de 500 km de voies et 900 véhicules.
Les transports et les

infrastructures routières
L’automobile remplace rapidement
les voitures tirées par des chevaux
et modifie de façon importante le
transport des personnes et des mar-
chandises. En effet, en plus des auto-
mobiles personnelles, dont le nombre
ne cesse de croître, les camions, les
autobus et les voitures-taxis appa-

raissent sur le réseau routier. L’arrivée
de ces nouveaux véhicules nécessite
la construction d’infrastructures rou-
tières de meilleure qualité.
La construction et l’entretien
du réseau routier
Ainsi, l’amélioration du système rou- 5.18 L’édifice du siège social d’une compagnie d’assurance, au centre-ville
tier à travers la province est réclamée de Montréal, vers 1930. À cette époque, il s’agit de l’un des plus spacieux édifices
avec force par des automobilistes de l’Empire britannique.

Roosevelt.
1930 1940

exaspérés par le mauvais état des routes québécoises. Dans les années 1920,
le développement des routes devient l’une des priorités du gouvernement
provincial.
Afin de rendre les routes et les chemins plus accessibles, le gouvernement inves-
tit beaucoup d’argent dans la construction de nouvelles routes et l’amélioration
des anciennes, par leur gravelage ou leur macadamisage par exemple, c’est-
à-dire en les revêtant de gravier ou de plusieurs couches de pierres concassées.
En 1930, le réseau des grandes routes du Québec compte 9000 km de routes
asphaltées.
5.19 La rue Saint-Jacques à Montréal

en 1930, au centre du secteur financier
du Canada. Dans les années 1930, la rue
Saint-Jacques abrite les sièges sociaux 5.20 Un chasse-neige motorisé à Montréal, en 1930. À la fin des années 1920,
des plus grandes entreprises et institutions l’utilisation de l’automobile prend de plus en plus d’importance et le déneigement des grandes
financières du Canada. rues est alors effectué à l’aide de véhicules à moteur.
5.21 Une rue boueuse de Montréal vers 1918. Les chemins de terre sont encore nombreux au Québec et ne conviennent pas
à la circulation automobile.
CHRONOLOGIE
1910 1920

La culture de masse
En plus des nouveaux moyens de transport, l’ère industrielle amène d’impor-
tantes innovations techniques, comme le télégraphe, le phonographe, le télé-
phone, la radio et le cinéma.
Les nouveaux moyens de communication, que sont par exemple le cinéma, la
radio et la presse à grand tirage, contribuent à populariser la culture américaine
au Québec et au Canada. C’est le début de la diffusion d’une culture de masse.
Les journaux
Télégraphe
La presse quotidienne à grand tirage, qui vise un très large public, fait son appa- Appareil permettant de communiquer à distance
rition à la fin du 19e siècle au Québec. Au début du 20e siècle, les journaux par l’intermédiaire de signaux codés.
à grand tirage remplacent peu à peu les journaux d’opinion. Phonographe
Appareil permettant de reproduire des sons
Des quotidiens, comme La Presse à Montréal et Le Soleil à Québec, vendent des par un procédé mécanique.
dizaines, voire des centaines de milliers d’exemplaires par jour. En plus des nou-
Culture de masse
velles locales et internationales et des faits divers, ils présentent de la publicité, Culture produite et diffusée pour un très large
un phénomène qui prend de l’ampleur et qui contribue à la promotion et à la public, par des grands médias comme la presse,
diffusion de la culture de masse. le cinéma et la radio.
5.22 Une scène du film muet américain Évangeline, de 1919. 5.23 Un kiosque à journaux dans une rue de Montréal
Le film raconte l’histoire d’Évangéline et de Gabriel, séparés par la dans les années 1930. À cette époque, la presse à grand tirage
déportation des Acadiens par les Britanniques en 1755. Cette légende est bien présente au Québec. À Montréal, des journaux comme
acadienne s’inspire du poème de Henry W. Longfellow publié en 1847. La Patrie et La Presse se livrent une concurrence féroce.
1929 Krach boursier. 1936 Création de la

1935 Fondation Société Radio-Canada.
1933 New Deal de de la Banque
Roosevelt. du Canada.
1930 1940

La radio
Un nouveau média, la radio, fait son apparition dans
la vie quotidienne de la population du Québec et du
Canada. En 1920, la première station de radio privée
anglophone au Canada est fondée à Montréal. Deux
ans plus tard, CKAC, la première station francophone
d’Amérique, ouvre ses portes, également à Montréal.
La population du Québec et du Canada a aussi accès
aux nombreuses stations de radios américaines
dont les ondes sont à la portée des auditeurs qué-
bécois et canadiens. Les auditeurs des stations de
radio peuvent entendre des nouvelles, de la
musique, des résultats sportifs, des discours poli-
tiques, etc.
En 1932, le gouvernement canadien forme la
Commission canadienne de la radiodiffusion (CCR)
dans le but d’ouvrir ses propres stations de radio.
Il souhaite créer un réseau de radio national pour
faire concurrence aux radios américaines. Cet
5.24 Une vitrine de magasin présentant les nouveaux postes
de réception de radiodiffusion, à Montréal, en 1925. La radio occupe organisme est remplacé en 1936 par la Société
une place grandissante dans la vie quotidienne de la population. Radio-Canada, un radiodiffuseur public national.
La Société Radio-Canada comprend un volet fran-
cophone et un volet anglophone et a pour but de
diffuser du contenu canadien sur ses ondes.
5.26 Le premier logo de la Société Radio-Canada,

5.25 Un groupe de chanteurs et de musiciens associés à la station fondée en 1936. Le gouvernement canadien souhaite freiner
radiophonique CKAC en 1939. En direct à la radio privée, les artistes l’américanisation de la culture canadienne par la création
interprètent des traductions françaises de chansons américaines. d’un radiodiffuseur national.
CHRONOLOGIE
1910 1920

La première salle de cinéma
En 1906, Léo-Ernest Ouimet ouvre le Ouimetos

cope à Montréal. On dit de cette salle qu’elle
est probablement la première salle exclusive- Terroir
ment consacrée au cinéma au monde. Dès son Qui se rapporte à la campagne, aux régions
rurales du point de vue des traditions.
ouverture, elle connaît une grande popularité.
Par la suite, de nombreuses salles de cinéma
sont ouvertes à Montréal et ailleurs au Québec.
On y présente alors principalement des films
américains, contribuant à diffuser la culture
américaine dans la province. 5.27 Le Ouimetoscope,
à Montréal, en 1906.
Le cinéma
Au cours des années 1920, le cinéma compte parmi les divertissements les plus
populaires. Malgré la forte opposition du clergé catholique, qui réclame la fermeture
des salles le dimanche, cette activité ne cesse d’attirer les foules.
5.28 La salle de cinéma du

Le roman du terroir Ouimetoscope. On y présente
des films muets américains et français.
Au moment où le Québec s’urbanise et se modernise, le roman du terroir, qui
idéalise la vie à la campagne et l’agriculture, demeure le genre littéraire domi- OI ÉTABLIR DES FAITS.
nant dans la province. Prônant les valeurs traditionnelles comme la famille, la
langue française et la religion catholique, il glorifie le passé et le monde rural Quelle est l’institution qui s’oppose
alors que de moins en moins de Canadiens français vivent à la campagne. Le au cinéma, particulièrement
lorsque des films sont présentés
monde moderne, l’industrialisation et la vie dans les villes ne sont pas abordés le dimanche ?
ou sont dépeints de façon négative.
Un roman du terroir d’hier à aujourd’hui
Le roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, paru en 1933, raconte

l’histoire d’un homme avare et de sa malheureuse épouse. Le récit se déroule à la

fin du 19e siècle dans les Laurentides, une région de colonisation. Dès sa parution,
le roman connaît un grand succès populaire. Ce récit est adapté par l’auteur et
interprété par des comédiens à la radio de 1939 à 1962, puis au théâtre de 1942
à 1953. Claude-Henri Grignon en fait ensuite un téléroman. Les 495 épisodes
sont diffusés à la télévision entre 1956 et 1970. De 1951 à 1970, l’auteur en fait
également une bande dessinée. Un premier film inspiré de l’œuvre de Claude-Henri
Grignon est tourné en 1949, puis un deuxième, huit mois plus tard. En 2002, Charles
5.29 Un homme et son Binamé réalise à son tour un long métrage. En 2016, une nouvelle série télévisée
péché, un film de Paul est mise en ondes.
Gury tourné en 1949.

Roosevelt.
1930 1940

Cabaret Les loisirs

Boîte de nuit où l’on peut manger, boire
de l’alcool, danser et assister à un spectacle. Dans les années 1920, avec la diminution du nombre d’heures de travail et l’aug-
Prohibition mentation des salaires, les travailleurs bénéficient désormais de temps libres
Interdiction faite par un gouvernement à ses et d’un peu plus d’argent, qu’ils peuvent consacrer aux loisirs.
citoyens de produire, de vendre ou d’importer
certains produits. Aux États-Unis, la prohibition Pour se divertir dans leurs temps libres, les gens fréquentent les théâtres, les
de l’alcool est en vigueur de 1920 à 1933. cinémas et les parcs d’attractions. Ils assistent à des spectacles de cirques
ambulants. Les événements sportifs attirent également un
grand nombre de spectateurs. Le sport professionnel est
mieux organisé et structuré qu’au 19e siècle et des équipes
professionnelles de hockey ou de baseball, par exemple, sont
alors formées.
Les cabarets
Dans les cabarets, les jeunes se divertissent en dansant ou
en assistant à des concerts des plus grands musiciens de jazz
de l’époque. Contrairement aux États-Unis et aux autres pro-
vinces canadiennes, au Québec, la vente et la consommation
d’alcool ne sont pas interdites. En effet, la prohibition n’a pas
5.30 Une équipe de baseball dans les années 1920, cours au Québec. Au cours des années 1920, les touristes amé-
à Montréal. À l’époque, le baseball est très populaire à Montréal.
ricains affluent dans les cabarets de Montréal.
5.31 Des éléphants dans les rues de Montréal annonçant

l’arrivée du cirque, vers 1910. Les cirques ambulants, provenant
pour la plupart des États-Unis, se promènent de ville en ville avec
leurs artistes et leurs animaux exotiques.
DÉTERMINER DES CAUSES

OI ET DES CONSÉQUENCES. 5.32 Un orchestre dans un cabaret de Montréal, vers 1920.
Au cours des années 1920, les jeunes sont nombreux à fréquenter
Pourquoi la population a-t-elle plus de temps les cabarets où ils peuvent assister à des spectacles de musique latine
à consacrer aux loisirs dans les années 1920 ? ou de jazz.
CHRONOLOGIE
1910 1920

Le jugement du Comité judiciaire du Conseil privé de Londres

sur la frontière du Labrador
Durant la décennie 1920, un désaccord de nature territoriale oppose
le Québec à Terre-Neuve. Le Québec et Terre-Neuve, une colonie
britannique qui ne fait pas encore partie de la fédération canadienne,
revendiquent tous deux une partie du Labrador, un territoire dont
les frontières sont mal définies.
En 1927, le Comité judiciaire du Conseil privé de Londres se penche
sur la question et conclut en faveur de Terre-Neuve : un large pan
du Labrador, soit environ 290 000 km2 de terres, passe officiellement
sous le contrôle terre-neuvien. Au Québec, cette décision est jugée
injuste et le gouvernement refuse jusqu’à ce jour de reconnaître
officiellement la frontière du Labrador.
L’opinion de l’Église
L’Église catholique voit d’un mauvais œil les divertissements modernes et
urbains, dont plusieurs proviennent des États-Unis. Elle condamne la plupart
des nouveaux loisirs, tels que la danse, le théâtre et le cinéma.
Le clergé catholique juge ces divertissements immoraux et estime qu’ils risquent
d’amener les jeunes à adopter des comportements contraires à la morale chré-
5.33 Un couple de danseurs. Les
tienne. Par exemple, les autorités religieuses considèrent que le cinéma pervertit nouvelles danses qui apparaissent pendant
l’esprit des jeunes en présentant des scènes d’amour. En outre, le clergé condamne les Années folles, comme le charleston,
avec force la tenue des activités de loisir le dimanche, jour qui devrait être le fox-trot ou encore le tango, sont vivement
condamnées par le clergé catholique,
consacré à la religion chez les catholiques. Malgré ses vives protestations, l’Église
qui les juge indécentes et immorales.
n’arrive pas à freiner la popularité de ces nouveaux divertissements.

Roosevelt.
1930 1940


1. La prospérité de l’après-guerre
1 Comment surnomme-t-on les années 1920 ?
2 Encerclez les mots qui caractérisent les années 1920.
Culture de masse Misère Industrialisation Développement des transports
Crise économique Prospérité économique Urbanisation Chômage Famine
3 Indiquez si les éléments suivants sont en hausse (↑) ou en baisse (↓) au cours
des années 1920.
a) Le chômage. b) La production industrielle.

c) Les exportations. d) La consommation.
e) Le nombre de villes et de villages. f) La population.
g) La mortalité infantile. h) Les épidémies.
i) Les services publics. j) Les transports en commun.
k) Les journaux. l) Les loisirs.
m) Les ventes d’alcool. n) L’influence de l’Église catholique.
4 Encerclez sur le diagramme les La croissance de l’urbanisation au Québec de 1851 à 1931.

bandes et l’année qui indiquent
un changement. Expliquez 90
Milieu rural Milieu urbain
ensuite ce changement. 80
DÉTERMINER DES CHANGEMENTS 70
Population (en %)
OI ET DES CONTINUITÉS.
60
50
40
30
20
10
0
1851 1861 1871 1881 1891 1901 1911 1921 1931
Année
Source : Récit de l’univers social, Documents d’histoire et de géographie, [En ligne].
(Consulté le 19 janvier 2017.)
5 Trouvez les mots correspondant aux définitions, puis placez-les dans la grille pour découvrir
les mots mystères.
a) Technique permettant d’éliminer les micro-organismes néfastes

pour la santé et de prolonger la durée de conservation du lait.
b) Leur grand nombre attire une main-d’œuvre abondante

dans la région de Montréal.

c) Établissement de santé destiné aux personnes atteintes

de tuberculose.
d) Ville populeuse qui compte plus de 600 000 habitants

vers 1920.
e) On remarque une amélioration de celle-ci dans les villes à la

suite des campagnes d’information auprès de la population.
f) Ville industrielle, commerciale et administrative qui compte

plus de 20 000 habitants vers 1920.
g) Dans les villes, ils abritent des services publics comme des
bibliothèques, des casernes de pompiers ou des bains publics.
h) Moyen de transport qui remplace rapidement les voitures

tirées par des chevaux.
i) Elles font leur apparition dans les nouveaux logements

de meilleures qualités.
j) Bâtiment urbain construit en hauteur qui abrite des sièges

sociaux d’entreprises.
k) Elles doivent être réparées pour accueillir les automobilistes

puisqu’au début du siècle, elles sont en mauvais état.
l) En ville, ils permettent la distribution de l’eau potable dans

les habitations.
a)
b)
c)
d)
e)
f) -
g)
h)
i)
j) -
k)
l)
Mots mystères :

6 Observez la photo et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.

DÉTERMINER DES
OI CHANGEMENTS ET
DES CONTINUITÉS.
a) Expliquez ce qu’est un dispensaire appelé
« goutte de lait ». Les dispensaires « goutte de lait »
de l’hôpital Sainte-Justine vers 1912.
b) Qu’est-ce qu’on y distribue ?
c) Quel changement cette mesure

procure-t-elle aux enfants ?
7 Observez la photo et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Identifiez le moyen de transport.
b) Quelle source d’énergie utilise-t-il

pour avancer ?
c) Dans quelles villes du Québec le

trouve-t-on au début du 20e siècle ?
d) Nommez deux avantages de ce mode de transport.

e) Selon vos connaissances, utilise-t-on encore ce moyen de transport au Québec ?

Expliquez votre réponse.
8 Complétez le schéma en écrivant les énoncés de l’encadré METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
aux endroits appropriés, puis les lettres qui correspondent
aux caractéristiques de chacun.
Maria Chapdelaine de Louis Hémon Radio Culture de masse des années 1920 Cinéma
La Presse et La Patrie à Montréal Développement de moyens de communication CKAC
Société Radio-Canada Roman du terroir Journaux Ouimetoscope Le Soleil à Québec

A. Milliers d’exemplaires vendus par jour. B. Divertissement très populaire.

C. Rejoint des milliers d’auditeurs à des D. On y présente des films muets américains
Caractéristiques
kilomètres de distance. et français.

E. On y écoute les nouvelles, la musique, F. Idéalise la vie à la campagne, la famille,
les résultats sportifs, les discours politiques. la langue française et la religion catholique.
G. Dépeint négativement la vie en ville et H. Les textes contiennent des nouvelles
l’industrialisation. locales et internationales, des faits divers
I. Le clergé s’y oppose vigoureusement. et des publicités.
Exemples : Exemple :
Caractéristiques : Caractéristiques :
Exemple : Exemples :
Caractéristiques : Caractéristiques :
9 Complétez le schéma causes-conséquences en reportant les lettres DÉTERMINER DES CAUSES

OI ET DES CONSÉQUENCES.
correspondant aux énoncés de l’encadré aux endroits appropriés.
A. Augmentation de la fréquentation des théâtres, B. Diminution du nombre d’heures de travail.

des cinémas et des parcs d’amusement.
C. Augmentation du nombre de cabarets où l’on D. Intensification des protestations du clergé
peut danser et écouter du jazz. catholique.
E. Augmentation des salaires des travailleurs. F. Augmentation du temps libre.
Causes Conséquences
Multiplication
des loisirs

5.34 Des militantes féministes à Paris en 1926. En Occident, dans de nombreux pays, les femmes militent pour le droit de vote.
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel est l’événement qui a permis aux femmes de faire entendre davantage leurs revendications ?
2 Les luttes des femmes

Au début du 20e siècle, les femmes sont de plus en plus nombreuses à réclamer
une réforme du Code civil qui les libérerait de leur tuteur et qui leur donnerait
le droit à la propriété ainsi qu’au libre usage de leur salaire et de leurs biens. Les
principales revendications des mouvements féministes sont le droit de vote,
l’accès des femmes aux études supérieures et à la fonction publique, et une
réforme du Code civil.
Collège classique
L’accès à l’éducation supérieure
Établissement d’enseignement de niveau Avant le début des années 1900, les femmes n’ont pas accès à l’éducation au-delà
secondaire où est dispensé le cours classique, du primaire. En effet, elles ne peuvent être admises ni dans les collèges clas-
d’une durée de huit ans. Le cours classique
mène généralement aux études universitaires, siques ni dans les universités. Les rares femmes qui réussissent à poursuivre
en médecine ou en droit, par exemple. leur formation doivent aller étudier aux États-Unis, par exemple.
CHRONOLOGIE 1908 Premier collège classique de 1911 Premières

langue française pour filles. femmes admises à la 1918 Octroi du droit de vote 1921 Fondation du Comité
1902 Publication du faculté de droit de aux Canadiennes. provincial pour le droit de
1907 Fondation de la Fédération l’Université McGill. vote des femmes.
Traité de droit usuel.
nationale Saint-Jean-Baptiste.
1900 1910 1920

Les collèges classiques

En 1908, un premier collège classique de langue
française pour jeunes filles est ouvert à Montréal.
Ensuite, un deuxième ouvre ses portes à Québec,
en 1925. Ces premiers collèges classiques fémi-
nins sont essentiellement destinés aux jeunes
filles de la bourgeoisie ou aux futures religieuses.
Les écoles ménagères

Les jeunes filles moins fortunées peuvent fré-
quenter des écoles d’art ménager, où elles
apprennent essentiellement à tenir une maison.
5.35 Vers 1920, une salle de classe destinée aux cours de cuisine
On y enseigne la couture, la broderie ou la cuisine. dans une école ménagère. Dans les écoles ménagères, les jeunes Canadiennes
Au début du 20e siècle, de nombreuses écoles françaises apprennent différentes tâches domestiques leur permettant de bien tenir
d’art ménager sont fondées. une maison, un rôle traditionnel qui leur est attribué dans la société.
Les universités
Au cours des années 1910, les universités québécoises commencent à accepter
des femmes dans certaines facultés. Ainsi, les premières femmes sont admises
à la faculté des arts de l’Université McGill en 1884, à la faculté de droit en 1911,
puis à celle de médecine en 1918. En 1925, l’Université de Montréal emboîte le
pas en admettant pour la première fois une femme en médecine. Il s’agit de la
première université francophone du Québec à ouvrir ses portes aux femmes.
ANECDOTE
La première femme diplômée

en médecine
En septembre 1925, une première femme
est admise dans une université franco-
phone au Québec, à la faculté de médecine
de l’Université de Montréal. Il s’agit de
Marthe Pelland, une jeune femme déter-
minée qui souhaite devenir médecin. Pour
faire accepter sa candidature, elle doit
combattre les préjugés tenaces et les réti-
cences de certains dirigeants de l’univer-
5.36 Le laboratoire de chirurgie de la faculté de médecine de l’Université sité qui tentent en vain de l’en dissuader.
de Montréal, en 1920. Avant 1925, aucune femme n’est admise à l’Université de Montréal. Marthe Pelland termine première de sa
Seuls les étudiants masculins peuvent y étudier. promotion.
1925 Première femme 1927 Projet de loi privé 1933 New Deal
admise à la faculté de pour le suffrage des de Roosevelt. 1935 Fondation 1936 Création 1940 Octroi du droit
médecine de l’Université femmes du Québec. de la Banque de la Société de vote aux femmes
de Montréal. du Canada. Radio-Canada. du Québec.
1929 Krach boursier.
1930 1940

L’accès au marché du travail

En 1931, 25 % de la main-d’œuvre de Montréal est composée de femmes. Les
emplois qu’elles occupent sont parmi les moins bien rémunérés. Un grand
nombre d’entre elles travaillent dans les usines et les manufactures de textile
ainsi que dans le secteur des services.
5.37 La répartition des femmes sur le marché du travail en 1931.

13844_d5_infographie_3
6,9 % 7,4 %
Femmes mariées
85,7 %
Veuves ou divorcées
Femmes célibataires
Source :: P.-A.
Source LINTEAU,LINTEAU,
Paul-André R. DUROCHER
RenéetDUROCHER
J.-C. ROBERT,
etHistoire du Québec
Jean-Claude contemporain,
ROBERT, Histoire du Québec
De la Confédération
contemporain, De laà Confédération
la crise (1867-1929), tome(1867-1929),
à la crise 1, Montréal,tome
Boréal, 1989, p. 587.
1, Montréal, Boréal, 1989, p. 587.
Les secteurs où travaillent les femmes

Secteur des services
Secteur de l’économie qui regroupe les emplois Avec l’industrialisation et l’urbanisation, de nouveaux emplois sont créés dans
des travailleurs qui ne produisent pas de biens le secteur des services. À l’époque, les femmes sont, par exemple, téléphonistes,
matériels, comme les coiffeurs, les avocats,
les serveurs dans les restaurants ou encore vendeuses dans les grands magasins, serveuses dans les restaurants ou
les employés de banque. employées dans les bureaux.
5.38 La proportion
13844_d5_infographie_4 d’hommes et de femmes sur le marché du travail en 1901 et en 1931.
15,6 % 19,7 %
84,4 % 80,3 %
Femmes
Hommes
1901 1931
Source
Source : Paul-André
: P.-A. LINTEAU, R.LINTEAU,
DUROCHERRené DUROCHER
et J.-C. et Jean-Claude
ROBERT, Histoire du QuébecROBERT, Histoire
contemporain, De du Québec contemporain,
la Confédération De la Confédération
à la crise (1867-1929), à la crise (1867-1929),
tome 1, Montréal, Boréal,
tome
1989, 1, Montréal, Boréal, 1989, p. 587.
p. 587.
DÉTERMINER DES
OI CHANGEMENTS ET Comparez la proportion d’hommes et de femmes sur le marché du travail de 1901 à 1931.
DES CONTINUITÉS. Que remarquez-vous ?

1900 1910 1920

Les femmes peuvent également faire carrière dans les domaines de l’éducation
et des soins de santé, des secteurs où travaillent beaucoup de religieuses. La
plupart des professions libérales leur sont encore inaccessibles. Ainsi, bien
que quelques rares femmes soient médecins ou comptables, elles ne peuvent
toujours pas être avocates ou notaires, par exemple, car les femmes ne sont pas
encore acceptées dans ces professions.
La place de la femme au foyer

Malgré l’augmentation de la présence des femmes sur le marché du travail, la
majorité d’entre elles cessent leur activité après leur mariage. Le travail des
femmes mariées est vivement dénoncé par le clergé qui y voit une menace aux
valeurs familiales traditionnelles. Profession libérale
Emploi exigeant habituellement des études
En effet, le clergé estime que la place de la femme mariée est à la maison, à s’oc- universitaires et visant à offrir des services de
cuper de ses enfants et des tâches domestiques. À cette époque, la femme doit nature intellectuelle, par exemple comptable,
être soumise à son mari, qui est le chef de la famille et dont le rôle est de subvenir médecin ou avocat.
aux besoins des siens en exploitant sa ferme ou en occupant un
emploi. Ainsi, en travaillant, les femmes mariées bouleversent
l’ordre traditionnel des rôles des membres de la famille.
Comme le clergé, la population en général considère que la place
de la femme mariée est au foyer. Cela explique le fait que vers
1930 près de 86 % des femmes sur le marché du travail sont des
célibataires ou des religieuses. De plus, à travail égal, le salaire
des femmes est beaucoup moins élevé que celui des hommes.
Par exemple, dans les années 1930, le revenu annuel moyen
d’un enseignant est de 1552 $, alors que celui d’une enseignante
est de 387 $.
La reconnaissance juridique
des femmes
Au début du 20e siècle, le statut juridique des femmes est de plus
en plus remis en question par les groupes féministes au Québec.

Comme ils remettent en question l’ordre social établi, ces groupes
de militantes se heurtent à une forte opposition dans la société
canadienne et québécoise. Au Québec, l’Église catholique, plu-
sieurs politiciens et de nombreuses femmes sont contre les
revendications féministes.
En raison du Code civil du Bas-Canada, les femmes québécoises
sont alors considérées comme des mineures aux yeux de la loi. 5.39 L’arrestation de la militante féministe Emmeline
Cela fait en sorte qu’elles ne peuvent pas, par exemple, signer de Pankhurst (1858-1928). En Grande-Bretagne, des suffragettes
contrat ou posséder un compte bancaire. C’est leur mari, ou leur sont arrêtées et emprisonnées pendant leur lutte pour le droit
de vote des femmes.
père, qui doit le faire à leur place. Certains groupes de militantes
1930 1940

féministes, par exemple celui des suffragettes, revendiquent l’égalité des droits
entre les hommes et les femmes. Des femmes, comme Marie Lacoste Gérin-Lajoie,
militent pour la reconnaissance juridique de la femme.
Quelques avancées
À la suite des pressions des groupes de militantes, la Commission des droits
civils de la femme est créée en 1929. Elle a pour tâche d’examiner le statut juri-
dique de la femme mariée au Québec.
Cette commission, entièrement composée d’hommes, propose certaines modi-
fications au Code civil. Par exemple, les femmes mariées qui travaillent vont
pouvoir disposer de leur salaire comme bon leur semble, sans avoir besoin de
l’autorisation de leur mari. Plusieurs mesures du Code civil profondément dis-
criminatoires envers les femmes mariées sont toutefois maintenues. C’est le cas,
par exemple, de celles concernant les demandes de divorce : la femme peut
demander le divorce « en cas d’adultère de son mari, lorsqu’il tient sa concubine
dans la maison commune » alors que le mari peut faire cette demande en cas
d’adultère de sa femme, sans autre condition.
Suffragette
Militante qui revendique le droit de vote pour
les femmes.
Le droit de vote et d’éligibilité
Au début du 20e siècle, les femmes du Québec luttent pour obtenir le droit de
vote et d’éligibilité aux élections provinciales. Depuis 1918, les Canadiennes
ont le droit de vote aux élections fédérales. La plupart des provinces cana-
diennes accordent également le droit de vote aux femmes au cours de la même
période. En 1922, le Québec demeure la seule province canadienne où les
femmes n’ont pas encore le droit de vote aux élections provinciales.
Un livre juridique pour le grand public
En 1902, Marie Lacoste Gérin-Lajoie

publie le Traité de droit usuel. Il s’agit

d’un ouvrage qui vise à expliquer à
un large public, et en particulier aux
femmes, le Code civil du Bas-Canada. Par
cet ouvrage, Marie Lacoste Gérin-Lajoie
5.40 Marie Lacoste Gérin-Lajoie souhaite que les femmes connaissent
(1867-1945). Militante féministe canadienne- leurs droits et dénoncent les discrimi
française, Marie Lacoste Gérin-Lajoie nations qui découlent du Code civil en
enseigne le droit à l’Université de Montréal
et à l’École ménagère provinciale. En 1907, vigueur. Ce livre connaît un grand succès
elle participe à la fondation de la Fédération dans la province. Il est traduit en anglais
nationale Saint-Jean-Baptiste dans le but de 5.41 Le Traité de droit et réédité à plusieurs reprises.
faire avancer la cause des droits des femmes. usuel, 1902.

1900 1910 1920

5.43 Carrie Derick (1862-1941),

botaniste et militante féministe. Carrie
Derick devient, en 1912, la première femme
à occuper un poste de professeure dans une
université canadienne. Parallèlement à sa
carrière dans l’enseignement de la botanique
à l’Université McGill, elle milite activement
pour faire avancer la cause des droits des
femmes, notamment au sein de la Montreal
Suffrage Association, une organisation
féministe anglophone laïque.
5.42 Le premier conseil d’administration de la Fédération nationale Saint-Jean-

Baptiste. Cette organisation féministe franco-catholique, fondée par Marie Gérin-Lajoie et Caroline
Béïque en 1907, réunit des Canadiennes françaises qui veulent faire avancer la cause des femmes.
Une fervente militante

Militante féministe canadienne-française, Caroline
Béïque joue un rôle actif dans les luttes des femmes
au début du 20e siècle. Elle milite notamment
pour l’accès aux études supérieures et pour
la modification des clauses discriminatoires
contenues dans le Code civil du Bas-Canada.
Fondatrice de la Fédération nationale Saint-
Jean-Baptiste aux côtés de Marie Gérin-Lajoie, 5.44
elle en assume la présidence de 1907 à 1913. Caroline Béïque
(1852-1946).
1930 1940

ANECDOTE
Qu’est-ce qu’une personne ?
Après avoir obtenu le droit de vote et d’éligibilité aux élections fédérales, les Canadiennes doivent
lutter de nouveau pour obtenir le droit de devenir sénatrices.
En effet, la Loi constitutionnelle de 1867 indique que les « personnes qualifiées » peuvent être nom-
mées au Sénat. Or, au gouvernement de l’époque, on considère que le mot « personne » ne désigne
que les hommes.
Des féministes de l’Alberta décident de porter la cause devant la Cour suprême du Canada. Malheu-
reusement pour elles, dans un jugement rendu en 1928, le tribunal estime que le mot « personne »
ne s’applique pas aux femmes. Refusant de se laisser abattre, les militantes portent la cause en
appel devant le Conseil privé de Londres, qui casse le jugement du tribunal canadien en 1929. Le
Conseil privé de Londres estime en effet que les femmes sont elles aussi des « personnes ». Quelques
mois plus tard, une première femme est nommée sénatrice.
La résistance des élites religieuses et politiques

Le Québec tarde à accorder le droit de vote et d’éligibilité aux femmes pour
diverses raisons. Un grand nombre d’hommes politiques et l’Église catholique
s’y opposent.
Selon le clergé, l’harmonie et le bon équilibre dans les familles seraient perturbés
si, par exemple, un mari et sa femme n’appuyaient pas le même candidat lors
d’une élection. De plus, si elles devaient jouer un rôle actif en politique, les
femmes s’écarteraient de leur rôle traditionnel.
5.45 Le droit de vote des femmes dans les provinces

et les territoires canadiens.
Obtention du droit
Province ou territoire
de vote pour les femmes
28 janvier 1916 Manitoba.
19 avril 1916 Alberta.
14 mai 1916 Saskatchewan.

5 avril 1917 Colombie-Britannique.
12 avril 1917 Ontario.
26 avril 1918 Nouvelle-Écosse.
5.46 Idola Saint-Jean (1880-1945). 17 avril 1919 Nouveau-Brunswick.

Militante féministe canadienne-française,
Idola Saint-Jean lutte activement pour le 20 mai 1919 Yukon.
droit de vote des femmes du Québec et pour
leur reconnaissance juridique. En 1929, elle 3 mai 1922 Île-du-Prince-Édouard.
devient la première femme du Québec à se
présenter comme candidate aux élections 25 avril 1940 Québec.
fédérales.

1900 1910 1920

Les militantes féministes doivent également faire face à la résistance d’un cer-
tain nombre de femmes qui sont en accord avec le clergé catholique. Les femmes
opposées aux initiatives des féministes se rassemblent dans la Ligue catholique
féminine, qui compte 10 000 membres à la fin des années 1920.
Une bataille difficile

Malgré la forte opposition au suffrage féminin dans la province, des organisa-
tions sont créées pour défendre le droit de vote des femmes au Québec. En
1921, Marie Lacoste Gérin-Lajoie crée le Comité provincial pour le suffrage
féminin (CPSF). Elle organise l’année suivante une manifestation de plus de
500 femmes à Québec pour appuyer le suffrage féminin, mais les femmes
n’obtiennent pas gain de cause. Elles se butent à la résistance des hommes
politiques et du clergé catholique.
En 1927, Idola Saint-Jean, présidente de l’Alliance canadienne pour le vote des
femmes du Québec, fait déposer un projet de loi privé à l’Assemblée législative
du Québec pour proposer le suffrage féminin. Des assemblées publiques Projet de loi privé
regroupent alors un grand nombre de militants, mais n’arrivent toujours pas à Projet de loi qui concerne une partie de la
ébranler le conservatisme des hommes politiques au pouvoir. Le projet de loi population seulement et qui, contrairement
à un projet de loi public, n’est pas déposé
accordant le droit de vote aux femmes sera rejeté à 13 reprises et les femmes par un ministre, mais par un citoyen ordinaire
du Québec devront attendre 1940 pour obtenir le droit de vote. parrainé par un député.
1930 1940


2. Les luttes des femmes
1 À quelle revendication des mouvements féministes

1) Le droit de vote des femmes.
de l’encadré ci-contre associez-vous chacun
des documents ? 2) L’accès aux études supérieures
METTRE EN RELATION
OI DES FAITS.
et au marché du travail.
3) La réforme du Code civil.
Document A : Une caricature présentant deux Document B : La présence des femmes sur
femmes qui discutent du suffrage féminin. le marché du travail au Québec (1850-1961).
30
Pourcentage de femmes
25
20
15
10
0
1850 1911 1931 1951 1961
Année
Source : Lucie DESROSIERS, Œuvres de femmes (1890-1961), Québec,
Source : L’illustration nouvelle, 15 avril 1940. Les publications du Québec, 2003, p. 98.
Document C : Les propos du cardinal Bégin Document D : Le premier collège classique féminin
adressés à Mgr Roy en 1922. en 1908.
« L’entrée des femmes dans la politique,
même par le seul suffrage, serait pour
notre province un malheur. Rien ne le
justifie, ni le droit naturel, ni l’intérêt social ;
les autorités romaines approuvent nos vues

qui sont celles de tout notre épiscopat. »
Source : Cap-aux-Diamants, no 21, printemps 1990, p. 23.
Document E : Le rapport de la commission Dorion en 1930.

« Les commissaires, tous d’ardents nationalistes, rejettent un bon nombre de demandes [des
associations féministes] sous prétexte que le Code civil, hérité de la France, représente l’un des
principaux fondements de la nation et que la plupart de ses dispositions, surtout celles qui
consacrent l’incapacité juridique des femmes mariées et la puissance maritale du père, émanent
de la loi divine. Malgré tout, ils acceptent de recommander l’adoption de certains changements,
dont […] la reconnaissance aux femmes mariées du droit à la propriété de leur salaire de manière
à empêcher le mari de s’en emparer alors même qu’il refuse d’assumer ses responsabilités de pourvoyeur. »
Source : Denyse BAILLARGEON, Brève histoire des femmes au Québec, Montréal, Boréal, 2012, p. 161-162.

2 a) Quelle est la position du clergé catholique au sujet du droit

Pour Contre
de vote des femmes ? Cochez votre réponse.
b) Quel document du numéro précédent appuie METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
votre réponse ?
c) Le clergé catholique s’exprime aussi au sujet des femmes DÉGAGER DES

OI DIFFÉRENCES ET
sur le marché du travail. Sa position est-elle semblable DES SIMILITUDES.
ou différente de celle qu’il soutient sur le droit
de vote des femmes ? Inspirez-vous de l’extrait « Le foyer, votre empire Mesdames »
ci-contre pour justifier votre réponse.
Source : Titre d’une chronique hebdomadaire
du journal L’Action catholique.
3 Les documents A, B et C décrivent certains rôles que peuvent jouer les femmes
dans la société de 1918 à 1960.
Document A Document B Document C

« La femme n’est pas « Il n’est jamais trop tôt pour « On ne doit pas avoir honte d’être la
faite pour commander, initier la fillette à son rôle futur femme de l’homme qu’on aime et pour
mais pour obéir à de mère et de gardienne du foyer. lequel on cuisine, reprise [raccommode],
l’époux qu’elle a […] Toutes les fillettes révèlent, lave et repasse. Ou alors, la vie moderne
librement choisi : à peu d’exceptions près, des a changé complètement la valeur des
telle est la loi du dispositions innées pour ce qui mots Amour et Mariage. Vous voulez
mariage. » concerne la bonne tenue du foyer. » travailler ? Alors, que ce soit avec
Source : Dr Georges SURBLED, Source : L’économie domestique à l’école l’assentiment de votre mari. »
La vie à deux, 1918. primaire, 1947.
Source : Le courrier de Jovette, Châtelaine, 1960.
a) D’après chaque document, qu’attend-on de la femme dans la société ? OI ÉTABLIR DES FAITS.
A.
B.
C.
b) En considérant les documents A, B et C qui datent respectivement METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
de 1918, de 1947 et de 1960, diriez-vous que les mentalités à l’égard
des femmes ont évolué durant cette période ? Expliquez votre réponse.

4 Lisez la fiche ci-contre et ÉTABLIR

OI DES FAITS. Militante féministe canadienne-
répondez aux questions. française, elle lutte pour la
reconnaissance juridique des
a) Qui est la femme décrite femmes et elle est la présidente
dans la fiche ? de l’Alliance canadienne pour
le droit de vote des femmes
du Québec.
b) Que devient-elle en 1929 ?
5 Quelle est la particularité du Québec par rapport aux autres provinces canadiennes quant
au droit de vote des femmes aux élections provinciales ?
6 Au Québec, quels groupes défendent le rôle traditionnel de la femme et dénoncent

les revendications féministes ?
7 a) Identifiez les provinces et le territoire canadiens représentés par OI

SITUER DANS LE TEMPS
ET DANS L’ESPACE.
des lettres sur la carte. Indiquez ensuite l’année de l’obtention
du droit de vote des femmes aux élections provinciales ou territoriales.
A.
GROENLAND
B. (DAN.)
ALASKA
C. (É.-U.)
D. J Mer du
E. Labrador
A N PA C I F I Q U E
LABRADOR
(TERRE-NEUVE)
Baie
F. d’Hudson TERRE-
I NEUVE
G. H F
G
D C
H. E
OCÉ
A
I.
B OCÉAN
J. 0 800 km ÉTATS-UNIS AT L A N T I Q U E
b) Sachant que les femmes ont obtenu le droit de vote le 24 mai 1918 aux élections
fédérales, coloriez en vert les provinces ou le territoire qui ont accordé le droit
de vote aux femmes avant le gouvernement fédéral.
c) Coloriez en rouge les provinces ou le territoire qui ont accordé le droit de vote
aux femmes après le gouvernement fédéral.

8 Trouvez les mots correspondant aux définitions portant sur les luttes des femmes,
puis inscrivez-les dans la grille.
1
Horizontal 2 3
4. Nom que portent les mili- 4
tantes qui revendiquent le
droit de vote des femmes.
5 6
5. Université montréalaise
qui accueille les premières 7 8
femmes dans les facultés 9
de droit et de médecine. 10
10. Première femme diplômée en
médecine dans une université
francophone au Québec.
12. Mot qui ne s’applique pas aux
femmes selon un jugement
de la Cour suprême du
Canada en 1928.
13. Statut juridique des femmes
québécoises selon le Code 11 12
civil du Bas-Canada.
14. Nombre de fois où le projet
de loi accordant le droit de 13
vote aux femmes du Québec -
est rejeté.
15. Une des fondatrices de la
Fédération nationale Saint- 14
Jean-Baptiste en 1907.
15
Vertical
1. Une militante féministe canadienne-française y 7. Matière enseignée aux jeunes filles dans
fait déposer un projet de loi privé afin d’obtenir les écoles ménagères.
le droit de vote des femmes du Québec. 8. Au Québec, les femmes n’y ont pas accès avant
2. La Ligue catholique féminine rassemble le début des années 1900.
des femmes qui s’opposent à leurs initiatives. 9. Militante féministe canadienne-française qui
3. Métier du secteur des services exercé par de dénonce les discriminations faites aux femmes
nombreuses femmes au début du 20e siècle. dans son livre intitulé Traité de droit usuel.
6. Groupe qui s’oppose au travail des femmes 11. Province canadienne dont les femmes
mariées et au droit de vote des femmes. obtiennent le droit de vote le 28 janvier 1916.

5.47 Une famille est évincée de son logement vers 1930. Lors de la crise économique qui frappe le Québec, de nombreux travailleurs sans emploi
ne peuvent plus assumer le coût de leur loyer.

OI ET DES CONSÉQUENCES. Quelle est la cause de la crise économique qui sévit au Québec dans les années 1930 ?
3 La Grande Dépression
Le début du 20e siècle est marqué par le libéralisme économique. En effet, les
milieux d’affaires et financiers (les entreprises, les investisseurs, les banques et
les Bourses) établissent les règles du capitalisme, sans intervention des gouver-
nements. Le libéralisme économique et l’absence de contrôle des États sont à

l’origine du premier krach boursier de l’histoire, celui de la Bourse de New York.
Les origines de la Grande Crise

La Bourse de New York s’effondre le jeudi 24 octobre 1929, une journée connue
Wall Street
Rue où sont situées la Bourse de New York sous le nom de « Jeudi noir ». L’effondrement des valeurs sur les marchés bour-
et certaines des plus importantes institutions siers à Wall Street se poursuit jusqu’au 29 octobre. Cet événement marque le
financières américaines. début de la Grande Crise, que l’on appelle aussi la « Grande Dépression ».
Surproduction
Production d’un trop grand nombre de biens Deux principaux phénomènes déclenchent le krach boursier de 1929 : l’endette-
pour la demande sur le marché. ment des actionnaires et la surproduction des usines et des manufactures.
CHRONOLOGIE
1918 Octroi du droit de vote 1926 Système d’achats
aux Canadiennes. d’actions à crédit.
1910 1920

Spéculation
Opération financière, souvent risquée, qui vise
à faire des profits en achetant et en revendant
des actions sur les marchés boursiers.
5.48 Le krach boursier de 1929. Le 24 octobre 1929, la Bourse de New York s’effondre. Action
Ce krach boursier plonge les États-Unis, puis le reste du monde, dans la plus grande crise Valeur associée à une entreprise achetée
économique du 20e siècle. en Bourse par des personnes dans le but
de faire des profits et de s’enrichir.
L’endettement
5.49 La réaction en chaîne provoquée par le krach boursier de 1929.
des actionnaires
Tout au long des années 1920, et surtout
depuis l’arrivée du nouveau système Les conséquences du krach boursier
d’achat d’actions à crédit autorisé par
Wall Street en 1926, de plus en plus
d’investisseurs font de la spéculation. Actionnaires Propriétaires d’usines
Le nombre de transactions boursières, • Pertes de sommes importantes et d’entreprises
c’est-à-dire les achats et la revente • Impossibilité de rembourser • Fermetures d’usines et d’entreprises
d’actions, augmente tout comme la la dette contractée • Mise à pied massives
valeur de ces actions. Cette valeur reflète • Faillites personnelles • Diminution du pouvoir d’achat
• Baisse de la consommation
de moins en moins la valeur réelle des
• Baisse des ventes
entreprises qui leur sont rattachées. généralisées
Faillites bancaires
• Difficultés financières
La surproduction
Travailleurs
En 1929, l’effervescence des marchés

boursiers ralentit. La surproduction • Perte d’emplois
• Diminution du pouvoir d’achat
des entreprises engendre une baisse
• Baisse de la consommation
de leurs bénéfices. Cette baisse pro- • Difficultés financières
voque la panique des actionnaires. Ces
derniers veulent vendre leurs actions,
Crise économique
qui valent beaucoup moins cher, sans
toutefois trouver d’acheteurs. La chute
de la valeur des actions, souvent ache-
tées à crédit, entraîne avec elle la fail-
lite des actionnaires, des banques et
des industries.
1940 Octroi du droit

1929 Krach boursier. de vote aux femmes
du Québec.
1930 1940

Les effets du krach boursier

sur les économies mondiales
Pour éviter d’entrer en récession, les États-Unis adoptent les mesures protec-
tionnistes suivantes :
• réduction des importations de produits agricoles et de matières premières, et
augmentation des droits de douane ;
• interruption de l’investissement dans le commerce international ;
• interruption des prêts en argent aux autres pays.
Récession Malgré ces mesures, en 1933, le quart de la population américaine est au
Période de ralentissement économique caractéri-
sée par une diminution de la production et des chômage et plus de deux millions de personnes sont sans abri.
exportations et par l’augmentation du taux de
chômage.
Les effets du krach en Europe
Chômage
Situation d’une personne en mesure de travailler, L’économie européenne, en reconstruction depuis la Première Guerre mondiale,
mais qui ne trouve pas d’emploi. est durement frappée par la crise économique et financière. Les Bourses euro-
péennes s’effondrent et toute l’Europe s’enfonce dans la Grande Crise.
Les effets du krach au Québec et au Canada

L’économie canadienne, qui repose en grande partie sur ses exportations vers
les États-Unis, s’enfonce également dans la crise. Entre 1929 et 1932, les expor-
tations canadiennes de blé, de bois, de papier et de minerai chutent de 60 %.
Des agriculteurs de l’Ouest canadien sont ruinés. La production manufacturière
diminue, les salaires baissent, des usines ferment leurs portes et le chômage
augmente de façon considérable.
5.51 La production manufacturière au Québec pendant la Grande Crise.
1200
Valeur brute de la production
(en millions de dollars)
1000
800
600
400
200
0
1929 1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939
5.50 Une soupe populaire à Année
Montréal, en 1931. Des chômeurs sont
nourris gratuitement grâce aux soupes Source : F.-A. ANGERS et R. PARENTEAU, Statistiques manufacturières du Québec, 1665-1948, Montréal,
populaires pendant la Grande Crise. Les Presses de l’École des hautes études commerciales, 1966, p. 56, 76 et 156.
CHRONOLOGIE
1918 Octroi du droit de vote 1926 Système d’achats
aux Canadiennes. d’actions à crédit.
1910 1920

Les problèmes socioéconomiques

Jamais le Canada n’a connu de crise économique d’une telle ampleur. De plus,
contrairement aux crises économiques précédentes, qui se résorbent par elles-
mêmes en peu de temps, celle-ci persiste. En effet, les mois et les années passent,
mais l’économie ne se relève pas.
La population est lourdement touchée par la crise. Au Québec, comme ailleurs,
la Grande Crise provoque de nombreuses faillites, des fermetures d’usines et de
manufactures, des pertes d’emplois et des baisses de salaires. En conséquence,
une grande partie de la classe ouvrière, en majorité composée de Canadiens
français, bascule dans la pauvreté et la misère se répand.
5.52 Le taux de chômage au Canada pendant la Grande Crise.
30
25
Taux de chômage
(en pourcentage)
20
15
10
0
1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939
Année
Source : P.-A. LINTEAU, et autres, Histoire du Québec contemporain, Le Québec depuis 1930, vol. 2,
Montréal, Boréal Compact, 1989, p. 21.
ÉTABLIR DES LIENS Comparez les diagrammes 5.51 et 5.52. Quel lien pouvez- 5.53 Un camp de travail accueillant
OI DE CAUSALITÉ. des chômeurs, en 1934. Pendant
vous établir entre la production manufacturière au Québec la Grande Dépression, les chômeurs sont
et le taux de chômage au Canada pendant la crise ? nourris et logés dans les camps de travail.
1940 Octroi du droit

1929 Krach boursier. de vote aux femmes
du Québec.
1930 1940


3. La Grande Dépression
1 Selon le libéralisme économique, qui établit les règles de l’économie ?
2 Dans un contexte de libéralisme économique, quel est le rôle de l’État dans l’économie ?
3 Selon le libéralisme économique, qu’est-ce qui assure l’équilibre entre la production

et la consommation ?
4 En première page du journal Le Devoir, le

29 octobre 1929, on peut lire le titre : « Formidable
dégringolade en bourse à New-York et à Montréal ».
OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) À quelle date cet événement a-t-il débuté ?
b) Décrivez brièvement cet événement.
c) Cet événement marque le début d’une période importante dans l’histoire mondiale.
De quelle période s’agit-il ?
d) Rédigez un autre titre qui aurait pu paraître en première page du journal à cette époque.
5 Répondez aux questions portant sur le krach boursier de 1929.
a) Donnez les deux principales raisons qui expliquent cet effondrement.
b) Indiquez quatre conséquences pour les propriétaires d’usines et d’entreprises.
c) Indiquez quatre conséquences pour les travailleurs.

6 Observez les diagrammes 5.51 et 5.52, puis complétez les schémas METTRE EN RELATION
OI DES FAITS.
portant sur l’économie à l’aide des énoncés de l’encadré.
accumulation création baisse demande perte pouvoir d’achat produits
Une économie en santé Une économie malade
Hausse du . du pouvoir d’achat.
Hausse de la Baisse de la demande

d’emplois. de produits. d’emplois. de .
Hausse de Écoulement Baisse de

la production. de la production. la production. des stocks de marchandises.
7 Analysez les diagrammes 5.51 et 5.52, puis répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Comment évolue la production manufacturière au Québec à partir de 1929 ?
b) Quelles sont les trois pires années pour la production manufacturière ?
c) Comment évolue le taux de chômage :
1) de 1930 à 1933 ?
2) de 1933 à 1937 ?
d) Analysez l’évolution de la production manufacturière et celle METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
du taux de chômage au Québec. Quels liens pouvez-vous établir
entre les deux ?
e) Expliquez pourquoi l’année 1933 montre le taux de chômage DÉTERMINER DES CAUSES
le plus élevé.

8 Lisez les pages 298 et 299, puis complétez METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
le schéma à l’aide des énoncés de l’encadré.
Ruine des agriculteurs de l’Ouest canadien. Interruption des prêts en argent aux autres pays.
Pauvreté et misère de la classe ouvrière Chute des exportations de blé, de bois,
canadienne-française. de papier et de minerai.
Réduction des importations de produits agricoles Interruption de l’investissement dans le commerce
et de matières premières. international.
Augmentation des droits de douanes. Effondrement des Bourses européennes.
Baisse des salaires. Fermeture d’usines.
Enfoncement de l’Europe. Augmentation du chômage.
Diminution de la production manufacturière.
Les effets du krach boursier sur les économies mondiales
Mesures protectionnistes des États-Unis Effets du krach au Canada
Effets du krach sur les industries

Effets du krach en Europe
Conséquence du krach au Québec
Crise économique ou Grande Dépression

9 Complétez les textes qui portent sur la crise économique à l’aide des mots des encadrés.
conditions électriques innovations machines prospérité qualité de vie radio riches
A. La situation économique avant la crise.
Les de vie s’améliorent considérablement dans les années 1920. Les travailleurs ont accès
à différentes , comme l’éclairage électrique, la et
le cinéma, qui augmentent leur . Les plus peuvent
aussi se procurer des automobiles, des à laver le linge et des cuisinières
. La population croit que la période de va durer.
actions Bourse crédit dette exportations investisseurs krach marché marchés boursiers
prix profits pouvoir d’achat spéculation surplus surproduction système
B. Les causes de la crise économique.
En 1929, le financier est basé sur la . Les

achètent et vendent des sur les marchés boursiers afin de réaliser des .
Les actions sont souvent achetées à et revendues à un plus élevé,
ce qui permet alors de rembourser la . L’agitation des
entraîne une dans les usines et les manufactures. L’offre de produits devient trop élevée,
par rapport au des gens. Le ne peut plus écouler
ses , car les sont également à la baisse. La panique s’installe à
la de New York et le boursier se produit.
agriculteurs chômage crise emploi exportations fermetures misère

population production salaire
C. Les effets de la crise économique.
Au Canada, la valeur des diminue de 60 % au début des années 1930. La

économique entraîne un effondrement des prix du blé et ruine les de l’Ouest canadien.
Une grande partie de la du Québec est confrontée à la et près du tiers est

en . Les personnes qui conservent leur doivent accepter des réductions
de .
Les mises à pied et les d’usines et de manufactures se multiplient, car les propriétaires sont incapables
de vendre leur .

156 dpi
5.54 Une file de chômeurs au refuge Meurling, à Montréal, en 1933. Ce refuge sert 1200 repas par jour aux chômeurs et plus de 500 d’entre eux
y passent la nuit.

OI ET DES CONSÉQUENCES. Quelle est la cause du taux de chômage élevé à Montréal, en 1933 ?
Interventionnisme
Tendance politique marquée par l’intervention
du gouvernement dans les affaires économiques 4 Les gouvernements
et la crise
et sociales.
La crise économique des années 1930 est d’une ampleur et d’une durée inégalées.
Face à la misère d’une bonne partie de la population, les gouvernements doivent
intervenir afin de venir en aide à la population et de stimuler l’économie.
L’intervention de l’État
Au début de la Grande Crise, les gouvernements ne sont pas outillés pour venir
en aide à la population affligée par la pauvreté. À l’époque, il n’y a aucun pro-
gramme gouvernemental d’aide aux chômeurs et aux démunis. La crise devient
si grave et le nombre de personnes touchées est si important que les gouver-
nements fédéral et provinciaux n’ont plus le choix : ils doivent agir.
5.55 Franklin Delano Roosevelt

(1882-1945). Élu président des États-Unis Le New Deal de Franklin Delano Roosevelt
en 1932, alors que le pays est plongé en
pleine crise économique, Franklin Delano En 1933 aux États-Unis, le président Franklin Delano Roosevelt propose une
Roosevelt est reporté au pouvoir à trois série de mesures gouvernementales pour atténuer la crise appelée « New Deal »
autres reprises. Il reste à la tête des (nouvelle donne). Le New Deal, appliqué entre 1933 et 1938, marque le début
États-Unis jusqu’à son décès en 1945.
de l’interventionnisme de l’État dans l’économie.
CHRONOLOGIE
1910 1920

5.56 Les mesures du New Deal américain

de Franklin Delano Roosevelt.
Mesures interventionnistes américaines

• Réforme du système bancaire.
• Baisse du taux d’intérêt sur les prêts.
• Réglementation des spéculations boursières.
• Hausse des prix industriels et des salaires.
• Stabilisation de la valeur de la monnaie.
• Établissement de quotas de production et garantie des prix agricoles.
• Lancement de travaux publics et de travaux en forêt.
• Embauche de chômeurs par l’administration.
• Mise en place d’un régime d’assurance chômage et de retraite.
• Reconnaissance du droit à la libre organisation, à la négociation et à la grève.
• Instauration d’un salaire minimum.
• Établissement de la durée maximale de la semaine de travail à 44 heures.
La création de la Banque du Canada

Au Canada, en 1935, pour faire face à la crise, le gouvernement fédéral dirigé
par Richard B. Bennett crée une banque centrale : la Banque du Canada. Cette
institution financière, qui est en quelque sorte la banque des banques, émet
désormais la monnaie canadienne et permet un meilleur contrôle du système
financier et monétaire. Il s’agit également de l’institution financière officielle du
gouvernement fédéral.
5.57 Un billet de 20 dollars émis par la Banque du Canada en 1935. En 1934,

le Parlement fédéral adopte la Loi sur la Banque du Canada qui lui permet d’intervenir dans 5.58 Richard B. Bennett (1870-1947).
l’économie canadienne. Le gouvernement s’attribue alors le pouvoir exclusif d’émettre la monnaie. Homme politique canadien né au Nouveau-
Brunswick, chef du Parti conservateur.
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quel est le rôle de la Banque du Canada ? Il est élu premier ministre du Canada
en 1930, durant la crise économique.
1929 1934 Premier pensionnat 1935 Fondation de la

Krach boursier. indien au Québec. Banque du Canada.
1933 New Deal 1936 Création de la Société
de Roosevelt. Radio-Canada.
1930 1940

5.59 Les mesures du New Deal canadien proposées

par Richard B. Bennett.
Mesures interventionnistes canadiennes

• Diminution du temps de travail. • Création de l’assistance sociale.
• Abolition du travail des enfants. • Révision des pensions de vieillesse.
• Imposition d’un salaire minimum. • Attribution de prêts aux agriculteurs
• Création de l’assurance chômage et aux pêcheurs.
et de l’assurance maladie. • Création de la Commission canadienne du blé.
Richard B. Bennett s’inspire du New Deal de Roosevelt pour proposer ses

propres réformes lors de la campagne électorale de 1935. Le premier ministre
suggère par exemple la création d’un régime d’assurance chômage et d’un
régime d’assurance maladie, des mesures de soutien à l’agriculture ainsi qu’un
salaire minimum obligatoire. Toutefois, Bennett est défait aux élections de
1930 par les libéraux de William Lyon Mackenzie King et ses réformes ne voient
pas le jour.
Les mesures d’aide à la population

Les interventions proposées par Bennett devien
nent nécessaires, car les mesures temporaires
d’aide à la population n’ont pas donné les résul-
tats attendus. Le gouvernement de Mackenzie King
en met un certain nombre en place.
Dès 1930, pour offrir des emplois aux chômeurs,
les gouvernements financent d’imposants pro-
grammes de travaux publics. Les chômeurs sont
employés dans la construction de routes, d’aque-
ducs, d’égouts, de parcs, de piscines et d’édifices
publics tels que des postes de police et des casernes
de pompiers.
Cependant, cette initiative ne suffit pas à combler
les pertes d’emplois et la crise économique conti-
nue de s’aggraver. Au Québec, entre 1929 et 1932,
le taux de chômage passe de 3 % à près de 30 %.
5.60 La construction du tunnel de la rue Gosford, à Montréal, en 1932. De plus en plus de familles sont sans logement et
Des chômeurs participent aux travaux. même sans nourriture. À cette époque, ce sont les
municipalités et les organismes de charité qui
OI ÉTABLIR DES FAITS. Quelle mesure temporaire proposée par le viennent en aide aux plus démunis, mais en raison
gouvernement durant la crise pouvez-vous
relier à la photographie ci-dessus ? de l’ampleur de la crise, ces organismes sont rapi-
dement débordés.
CHRONOLOGIE
1910 1920

Le secours direct
Face à la crise sociale, les gouvernements fédéral et provinciaux mettent en Secours direct
Aide financière accordée aux familles de chômeurs
place le secours direct. En collaboration avec les autorités municipales, ils dis- pour combler leurs besoins de base.
tribuent aux familles des coupons échangeables contre de la nourriture, des
Colonisation dirigée
vêtements, du charbon, du bois ou un logement. Les organismes de charité se Ensemble de mesures qui encouragent la
chargent ensuite de distribuer l’aide aux personnes dans le besoin. colonisation d’un territoire en particulier.
Toutefois, le secours direct n’est offert qu’aux familles

des villes. Les hommes célibataires n’y ont pas droit. 5.61 Les plans de colonisation des gouvernements
On les incite à aller vivre dans des camps pour les entre 1932 et 1946.
chômeurs, administrés par le ministère de la Défense.
Plan de
Années Description
colonisation
Les plans de colonisation Plan de colonisation fédéral et provincial
En réaction aux impacts de la Grande Crise sur les 1932-1935 Plan Gordon. qui s’adresse uniquement aux chômeurs
des villes et à leurs familles.
habitants des villes, le clergé catholique et une majo-
rité de députés canadiens-français réclament une Plan de colonisation provincial qui
s’adresse aux chômeurs des villes, aux
relance de la colonisation. Le gouvernement du 1935-1937 Plan Vautrin.
journaliers (c’est-à-dire aux travailleurs
Québec décide alors d’établir des plans de colonisa- non spécialisés) et aux fils d’agriculteurs.
tion dirigée pour inciter les chômeurs des villes à Entente fédérale-provinciale qui prévoit
migrer vers les terres inoccupées du Témiscamingue, Plan Auger-
1937-1946 une aide financière supplémentaire
Rogers.
de l’Abitibi et du Bas-Saint-Laurent. Les chômeurs pour les colons.
sont encouragés à s’établir dans ces régions de
5.62 Une soupe populaire, en 1930. Les organismes de charité et les communautés religieuses organisent des soupes populaires pour nourrir
les plus démunis. Cependant, comme la crise s’aggrave, il devient impossible de répondre à la demande.

1930 1940

colonisation afin d’y pratiquer une agriculture de subsistance, c’est-à-dire une

agriculture qui permet de subvenir à ses propres besoins alimentaires.
Entre 1932 et 1939, les gouvernements fédéral et provincial pilotent trois plans
de colonisation dirigée. Chacun d’entre eux porte le nom du ou des ministres
qui les ont lancés.
Encouragés par le clergé et par l’aide financière des gouvernements, quelques
dizaines de milliers de Canadiens français migrent vers ces régions à coloniser.
Cependant, un grand nombre de ces nouveaux colons n’ont pas d’expérience en
agriculture et les nouvelles terres à défricher sont peu fertiles. Après quelques
années difficiles, de nombreuses familles retournent vivre en ville. Celles qui
choisissent de rester profitent de la présence de compagnies forestières et
minières pour trouver des emplois afin d’augmenter leurs revenus.
L’aide aux agriculteurs

En 1936, le gouvernement du Québec crée l’Office du crédit agricole, un orga-
nisme qui accorde des prêts aux agriculteurs qui font face à certaines diffi
cultés financières. La crise économique frappe de plein fouet l’agriculture
Légende
Ville Nombre de ménages de colons
BEAUCE Région
3340 1000 500
Frontière provinciale
250 100 50 ou
moins
Le premier pensionnat
ent
indien au Québec Lac aur
ABITIBI int-L Gaspé
Saint-Jean Sa Matane
SAGUENAY ve
eu GASPÉSIE
Au Québec, le premier Noranda
Val-d’Or ère S Rivi Fl
Rimouski
R Roberval agu
ena
pensionnat indien est Rouyn
Chicoutimi y BAS-
ivi è
e Sain SAINT-LAURENT
fondé en 1934 par l’Église
r
QUÉBEC
t-Maurice
TÉMISCAMINGUE
anglicane. Il est situé à Fort MAURICIE
QUÉBEC
George, près de la frontière Montmagny

NOUVEAU-
Riv
Québec
BELLECHASSE BRUNSWICK
ontarienne. Ce pensionnat, re d
Gatineau
i
Ri
è
Rivière
es O
uta Trois-Rivières
vi
o
èr
ua
nommé « Pensionnat indien is
eC
St- Ri BEAUCE
LAURENTIDES Fr
haudiè
OUTAOUAIS
vi nçoi
de St. Phillip », est demeuré

Riche l ieu
a
Rivi è re
ère s
ONTARIO
Hull Montréal
re
en activité jusqu’en 1979. Sherbrooke

CANTONS-
0 150 km ÉTATS-UNIS
Onze autres pensionnats Lac
Champlain
DE-L’EST
indiens ouvrent leurs portes

5.63 Les effets du plan de colonisation Vautrin, de 1935 à 1937.
au Québec au cours des Source : Rapport du ministre de la Colonisation 1936-1937, p. 30, 31, 34 à 41, cité dans R. BARRETTE,
années suivantes, le dernier Le plan de colonisation Vautrin, Université d’Ottawa, 1972.
étant celui de La Tuque, SITUER DANS LE TEMPS

OI ET DANS L’ESPACE. Indiquez la région du Québec qui accueille le plus
en Mauricie, en 1962. grand nombre de colons.
CHRONOLOGIE
1910 1920

commerciale. Sur les marchés inté-

rieurs et extérieurs, le prix des pro-
duits agricoles chute depuis 1930.
L’aide financière fournie par le gou-
vernement permet aux proprié-
taires de près de 10 000 fermes de
poursuivre leurs activités pendant
la crise.
Bien que toutes ces mesures contri-
buent à atténuer les effets de la
crise, ce n’est qu’en 1939, alors que
le déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale stimule l’éco 5.64 Des colons à Val-d’Or, en Abitibi, en 1934. Grâce aux plans de colonisation dirigée,
nomie, que la Grande Dépression les régions du Témiscamingue et de l’Abitibi se développent rapidement à partir des années 1930.
La colonisation se fait souvent au détriment des populations autochtones qui peuplent ces territoires.
prend officiellement fin.

1930 1940


4. Les gouvernements et la crise
1 Au début de la Grande Crise, le nombre de chômeurs et de pauvres augmente rapidement.

Quelles sont les mesures d’aide à la population en difficulté ?
2 De quel homme politique Richard B. Bennett s’inspire-t-il pour proposer son New Deal
canadien en 1935 ?
3 Quel est le nom de la tendance politique marquée par l’implication des gouvernements
dans les affaires économiques et sociales ?
4 À l’aide du tableau, répondez aux questions OI ÉTABLIR DES FAITS.

portant sur les dépenses des mesures d’aide
à la population pendant la Grande Crise.
Déboursés effectués au Québec par les trois
a) Peut-on dire que les gouvernements
paliers de gouvernement pour secourir les
ont réagi rapidement, étant donné
chômeurs, de 1930 à 1939 (en millions de $)*.
que la crise économique commence
en 1929 ?
Année Québec Ottawa Municipalités Total
1930 0,9 0,9 0,9 2,8
1931 7,5 5,4 6,2 19,3
1932 6,0 5,5 5,8 17,3
1933 8,2 4,9 4,1 17,1
1934 9,9 12,0 9,5 31,4
1935 9,1 8,5 5,9 23,5
1936 13,7 10,0 6,5 30,0

1937 12,7 7,1 3,7 23,4
b) Quel niveau de gouvernement supporte 1938 31,2 4,6 3,6 39,4

la plus grande partie de l’aide apportée 1939 16,8 3,9 2,7 23,3
aux chômeurs ? Total 116,0 63,0 49,1 228,2
* Les totaux diffèrent en raison des arrondissements.
Source : Annuaire statisque du Québec, 1942-1943.
c) En 1930, comment se répartit l’aide entre les trois paliers de gouvernement ?

Cette répartition est-elle la même à la fin de la décennie ?

5 Les documents suivants portent sur des mesures prises par les OI ÉTABLIR DES FAITS.
gouvernements pour aider l’économie et les personnes dans le
besoin durant la période de la crise économique. Complétez
la fiche de chaque document.
Document A
Nom de la mesure :
par la Loi sur la Banque du Canada, en 1934.
Explication de la mesure : Le Canada s’attribue le pouvoir

exclusif d’émettre la et a un meilleur
contrôle du
. La Banque du Canada est
l’
du gouvernement fédéral.
Document B
Nom de la mesure :
Explication de la mesure : Le financement par le gouvernement

de la construction
pour offrir un aux chômeurs.
Document C Nom de la mesure : Les camps de travail pour les

.
Explication de la mesure : Le regroupement des chômeurs
dans des camps de travail administrés par le
.

Document D
Nom de la mesure :
Explication de la mesure : La distribution de coupons

échangeables contre
Les municipalités distribuent les coupons seulement

aux .
Les n’y ont pas droit.
Document E
Nom de la mesure :
Explication de la mesure : La distribution gratuite de

aux démunis par les
et les .
Document F
Nom de la mesure :
Explication de la mesure : La mise en place par le

et le clergé
catholique de qui
incitent les
à migrer vers des terres inoccupées pour y vivre d’agriculture,
dans des régions comme l’Abitibi et le Témiscamingue.
6 Malgré les plans de colonisation du gouvernement, de nombreuses familles repartent vivre

en ville après quelques années. Selon vous, quelles sont les raisons qui peuvent expliquer
leur retour à la ville ?

7 a) Quel organisme est créé en 1936 par le gouvernement du Québec pour venir en aide
aux agriculteurs ?
b) Expliquez le rôle de cet organisme.
8 Associez chaque témoignage à la mesure gouvernementale appropriée. OI ÉTABLIR DES FAITS.
Témoignages Mesures
gouvernementales
A. « […] pour justifier nos quelques dollars, on faisait des
bien drôles de travaux qui n’avaient rien à voir avec la réalité
quotidienne. On nous faisait ouvrir des sentiers d’excursion Les camps de travail
pour piétons […]. Ou encore, plutôt que d’utiliser les pour les chômeurs
machines existantes, on choisissait de faire creuser des célibataires.
fossés par 50 hommes au pic et à la pelle, tandis que le
bulldozer de 3000 $ restait stationné sur le bord de la route. »
B. « Faut savoir que, dans ces [endroits], on ne nous traitait pas

comme des êtres humains, pas comme des animaux non plus,
mais comme de simples statistiques dans les grands livres
d’Ottawa […]. C’était [fait] de planches, de toiles de tentes
et de baraques où on dormait. On était à peu près 150
dans celui-là, âgés de 16 à 35 ans ou 45 ans, je dirais. Les programmes
Tous célibataires et chômeurs, cassés comme des clous, de travaux publics.
sans avenir devant nous et considérés dangereux par les
politiciens. Leur idée était qu’en nous isolant comme ça,
on [ne] flânerait plus dans les terrains vacants et les

bidonvilles de vagabonds […] »
C. « Dans les années trente, les Canadiens étaient fiers. Mon Dieu
qu’ils avaient leur fierté ! […] Les hommes répétaient tous
que jamais dans l’histoire de leur famille […] ils [n’]avaient
dû avoir recours au “bien-être” […] Y’a de ces hommes qui
m’ont dit qu’ils avaient fait le tour du bloc une douzaine de Le secours direct.
fois avant de se décider à rentrer dans notre bureau. J’ai vu
des hommes signer les papiers, les larmes aux yeux, comme
s’ils renonçaient à leur virilité, à leur droit d’être un mari
et d’être assis au bout de la table pour dépecer le rôti. »
Source : Témoignages recueillis par le journaliste Barry BROADFOOT et publiés dans
La Grande dépression : témoignages des années perdues, Montréal, Éditions Québec/
Amérique, 1978.

5.65 La grève de la Dominion Textile, en 1937. Les travailleurs de neuf usines de la Dominion Textile sont en grève. Les conditions de travail
difficiles amènent différentes personnes à tenter de réduire les abus du système capitaliste.

OI ET DES CONSÉQUENCES. Quel problème mène à une remise en question du système capitaliste dans les années 1930 ?
5 La remise en question
du capitalisme
Partout dans le monde, la Grande Dépression pousse certaines personnes à
remettre en question le libéralisme et le capitalisme. Des groupes proposent
de nouvelles idéologies et de nouveaux partis politiques voient le jour.
De nouveaux partis politiques

CONCEPT
Libéralisme Pendant la Grande Crise, de nombreux mouvements de contestation prennent
Idéologie politique et économique qui se de l’ampleur en Europe et en Amérique du Nord. Les gens dénoncent le capita-
développe en Grande-Bretagne aux 18e et lisme, un système basé sur la libre entreprise et sur le libéralisme économique.
19e siècles, selon laquelle les individus sont
libres et égaux selon la nature et en droits. Ce système, qui laisse une grande liberté aux marchés et aux entreprises,
requiert que l’État minimise son implication dans l’économie. Un grand nombre
Capitalisme
Système économique basé sur l’entreprise privée de personnes considèrent que le capitalisme et le libéralisme économique sont
et la recherche de profits. à l’origine de la crise économique en Occident.
CHRONOLOGIE
1910 1920

C’est dans ce contexte que de nouvelles idéologies d’origine européenne trouvent

de plus en plus de partisans au Québec comme au Canada, en particulier dans
les milieux intellectuels et ouvriers.
Le socialisme et le communisme
Le socialisme, un mouvement politique de gauche qui apparaît au début du
19e siècle en Europe, lutte contre les injustices sociales et économiques provo-
quées par l’industrialisation et le libéralisme économique. Pour les partisans du
socialisme, l’État a pour principale mission de privilégier les intérêts du plus
Socialisme
grand nombre, donc des classes populaires, et de contrôler les industries pour Mouvement politique qui soutient que la société
assurer une meilleure redistribution des richesses. et l’État doivent privilégier l’intérêt général
plutôt que les intérêts particuliers. Les valeurs
Deux principes sont au cœur du socialisme : rattachées au socialisme sont l’égalité des chances,
la justice sociale, la répartition équitable
• la protection des intérêts de la majorité de la population, formée de travailleurs ; des richesses et la solidarité.
• la propriété collective, plutôt que privée, des industries. Gauche

Mouvement idéologique qui met de l’avant
Le communisme est un courant qui apparaît au milieu du 19e siècle, sous l’in- des idées politiques progressistes, en faveur
des changements, des réformes.
fluence des philosophes allemands Karl Marx et Friedrich Engels. Les partisans
du communisme encouragent la révolte populaire pour s’opposer au capitalisme Communisme
Mouvement politique qui prône l’abolition de
et renverser l’État en vue de remettre le pouvoir entre les mains des travailleurs, la propriété privée afin de redonner le pouvoir
des ouvriers et des paysans. On tente pour la première fois d’appliquer certains au peuple et de mettre en commun les moyens
de production et les profits générés.
principes du communisme en Russie en 1917.
L’influence du socialisme sur les régimes politiques démocratiques

Dès les années 1930, sous la pression des syndicats et des partis ouvriers, des
États, comme le Royaume-Uni et la France, adoptent certaines des valeurs véhi-
culées par le socialisme. Sans rejeter complètement le capitalisme, ces États
adoptent des politiques sociales qui limitent les pouvoirs des patrons, qui
accordent aux syndicats le droit de faire la grève et qui offrent à la population
des services publics gratuits.
Les partis politiques communistes et socialistes au Canada et au Québec

En 1921, un groupe de militants fonde le Parti communiste du Canada. Déclaré

illégal à plusieurs reprises, ce parti réussit cependant à rassembler des milliers
de partisans issus principalement des milieux ouvriers.
En 1932, un premier parti à tendance socialiste, la Co-operative Commonwealth
Federation (CCF), est fondé à Calgary, en Alberta. Ce parti compte sur l’appui des
ouvriers et des agriculteurs de l’Ouest canadien. 5.66 Karl Marx (1818-1883). Dans le
Manifeste du Parti communiste publié en
Au Québec, pendant la Grande Crise, le communisme et le socialisme attirent 1848, Karl Marx et Friedrich Engels décrivent
peu de sympathisants. L’Église catholique s’oppose fermement à la promotion le communisme comme une association où
de ces idéologies de gauche. Les gouvernements exercent une forte répression le libre développement de chacun est la
condition du libre développement de tous.
sur les groupes communistes et socialistes.
1929 Krach boursier. 1935 Fondation de la 1936 Création de la Société

Banque du Canada. Radio-Canada.
1933 New Deal
de Roosevelt.
1930 1940

De plus, dès 1937, les activités politiques communistes sont déclarées illégales
au Québec par l’adoption de la Loi protégeant la province contre la propagande
communiste, mieux connue sous le nom de « loi du cadenas ». Cette loi permet
la fermeture, pour une durée d’un an, des lieux utilisés pour faire la promotion
des idées communistes et la destruction des documents imprimés utilisés à
cette fin, comme les dépliants et les journaux. Cette loi a aussi pour but de
contrer le syndicalisme.
Fascisme
Enfin, même si les idées socialistes gagnent en popularité dans les groupes qui
Mouvement politique qui s’appuie sur l’autorité militent pour la justice sociale, comme les syndicats ouvriers et les mouvements
absolue de l’État et de son chef, le nationalisme féministes, elles ne rallient pas une majorité de Canadiens français.
et l’armée. Ce mouvement rejette la démocratie,
le parlementarisme, le capitalisme, le libéralisme
et les droits des individus. Le fascisme
Droite
Mouvement idéologique qui met de l’avant Le fascisme est un mouvement politique de droite qui apparaît à la fin de la
des idées politiques conservatrices. Première Guerre mondiale en Italie. Le premier parti fasciste est fondé par Benito
Culte Mussolini, qui est à la tête du gouvernement italien de 1922 à 1943. Les partisans
Grande admiration, passion pour une personne, du fascisme sont en faveur d’un État tout-puissant dirigé par un parti unique. Ils
des idées, ou une chose. prônent le culte du chef de l’État, dont le rôle est de guider la nation, appuyé
Dictature par une armée très présente et imposante. Les régimes fascistes sont des dicta-
Régime politique dans lequel le pouvoir est
détenu par une seule personne, ou un très petit
tures corporatistes qui contrôlent les médias et s’opposent au l ibéralisme, à la
groupe de personnes, et qui use de ce pouvoir démocratie, au capitalisme, au syndicalisme, au socialisme et au communisme.
comme bon lui semble.
Corporatiste Le fascisme ailleurs dans le monde
Qui favorise la création de corporations, Dans les années 1930, plusieurs États européens s’inspirent du régime politique
c’est-à-dire d’associations de patrons et d’ouvriers
contrôlées par l’État, afin d’éviter les grèves de Benito Mussolini pour imposer des dictatures fascistes. C’est le cas, par
et les conflits sociaux. exemple, de l’Allemagne, du Portugal et de l’Espagne.
5.67 Benito Mussolini (1883-1945).

Surnommé le Duce, « le guide », Mussolini
prend le pouvoir en Italie dès 1922.
La maxime de son régime fasciste est 5.68 En 1938, perquisition dans le bureau du journal communiste Clarté. Adoptée en
« Tout dans l’État, rien hors de l’État mars 1937 par le gouvernement du Québec, la « loi du cadenas » permet aux autorités policières de
et rien contre l’État. » fermer tout établissement qui fait la promotion des idées communistes.
CHRONOLOGIE
1910 1920

5.69 Adolf Hitler (1889-1945). Élu

démocratiquement en Allemagne en 1933, 5.70 Francisco Franco Bahamonde 5.71 Antonio de Oliveira Salazar
il abolit la démocratie et il devient la tête (1892-1975). Dictateur au pouvoir en (1889-1970). Au Portugal, il est à la tête
dirigeante d’un régime dictatorial. Espagne de 1939 jusqu’à sa mort en 1975. d’une dictature de 1933 à 1968.
Le fascisme au Canada et au Québec

Au Canada, le fascisme gagne des adeptes durant cette même période. Des Antisémite
groupes extrémistes dans différentes provinces s’inspirent de Mussolini pour Qui manifeste de l’hostilité contre le peuple juif.
former des partis fascistes et antisémites. Au Québec, en 1934, Adrien Arcand Clérico-nationalisme
Courant de pensée qui fait la promotion des
fonde le Parti national social chrétien (PNSC), mais il obtient peu d’appuis. Il n’en institutions catholiques, de la langue française et
demeure pas moins que le fascisme et l’antisémitisme obtiennent une certaine des valeurs traditionnelles associées à la famille,
sympathie de la part des Canadiens français. Cela donne lieu à plusieurs mani- à l’agriculture et à un mode de vie rural.
festations d’intolérance envers les étrangers, en particulier les Juifs.
Le clérico-nationalisme
Au Québec, la crise économique ravive le nationalisme canadien-français.
Plusieurs courants nationalistes sont présents dans la province, mais l’un d’eux
domine largement les autres. Il s’agit du clérico-nationalisme, un courant

nationaliste étroitement lié à l’Église catholique. Le clérico-nationalisme se
développe dans les années 1920, notamment sous l’impulsion d’une partie du
clergé catholique, dont l’abbé Lionel Groulx, fondateur de la revue L’Action fran-
çaise qui devient L’Action canadienne-française de 1928 à 1929, puis L’Action
nationale en 1933.
Ce nationalisme traditionaliste est soutenu et mis de l’avant par les membres
de l’Église catholique et les élites intellectuelles. L’Église en fait ardemment la
promotion dans ses institutions. Ce nationalisme est également véhiculé par
des revues telles que L’Action nationale ou des journaux, comme Le Devoir 5.72 Une affiche antisémite à
Sainte-Agathe, en 1939.
d’Henri Bourassa.

1933 New Deal
de Roosevelt.
1930 1940

5.73 Une réunion du Parti national social chrétien (PNSC) en 1938. Les membres
du PNSC se nomment les « chemises bleues », en référence aux partisans de Mussolini appelés
les « chemises noires ». Ils vouent aussi un culte aux idées nazies véhiculées par le Parti national-
socialiste allemand.
L’École sociale populaire

Corporatisme Même s’il ne s’oppose pas officiellement au capitalisme, le clérico-nationalisme
Système économique et social qui préconise en critique malgré tout les abus. Ainsi, au moment de la crise économique, plu-
le règlement des conflits sociaux en créant
une collaboration entre les ouvriers et les patrons sieurs nationalistes réclament des réformes sociales et économiques. Parmi
de corporations qui font partie du même secteur ceux-ci, on trouve des membres de l’École sociale populaire, une organisation
d’activité. catholique composée de membres du clergé et de laïcs.
Ainsi, sans rejeter complètement le capitalisme, les membres de l’École sociale
populaire considèrent que certains de ses aspects, en plus d’être contraires à la
morale catholique, sont à l’origine des importantes inégalités sociales vécues au
Québec. Ces inégalités sociales affligent en particulier la population canadienne-
française, formée majoritairement d’agriculteurs et d’ouvriers urbains. Les
Canadiens français sont en effet en position d’infériorité économique dans la
province. L’économie y est en grande partie contrôlée par des Canadiens anglais
ou des étrangers, surtout des Américains, qui détiennent de grands monopoles.
Programme de restauration sociale

En 1933, en plein cœur de la crise économique, l’École sociale populaire publie

le Programme de restauration sociale, un document dans lequel elle propose ses
propres solutions à la crise.
Le Programme de restauration sociale, qui implique l’intervention de l’État, envi-
sage toutefois certaines mesures conservatrices pour sortir de la crise écono-
5.74 L’abbé Lionel Groulx (1878-1967). mique et réduire les abus du capitalisme. Ces mesures touchent à la colonisation,
Historien, religieux et professeur, l’abbé à l’agriculture et au corporatisme. Le programme propose aussi des mesures
Lionel Groulx publie, entre 1920 et 1955,
des ouvrages qui soutiennent le clérico- plus progressistes, telles que la protection des droits des ouvriers, l’instruction
nationalisme canadien-français, par exemple obligatoire et la nationalisation de certains services publics, comme l’électricité.
L’appel de la race, Notre maître, le passé Le programme de l’École sociale populaire fait également la promotion de l’au-
et L’histoire du Canada français.
tonomie provinciale du Québec.
CHRONOLOGIE
1910 1920

Le keynésianisme
Ailleurs dans le monde, la crise économique amène certains économistes, comme
le Britannique John Maynard Keynes, à remettre en question le capitalisme et la
façon dont il s’est développé au moment de l’industrialisation.
Alors que le libéralisme économique prône la non-intervention de l’État dans
l’économie et considère que les crises économiques se règlent inévitablement
par elles-mêmes, Keynes considère que l’État doit intervenir directement dans
l’économie en période de crise. 5.75 John Maynard Keynes (1883-
Durant la décennie 1930, John Maynard Keynes élabore cette idée dans une 1946). En 1936, après avoir observé la crise
économique mondiale, cet économiste
théorie connue sous le nom de keynésianisme. Cette théorie met de l’avant britannique publie Théorie générale de
l’intervention de l’État pour compenser le déséquilibre dans les marchés. Selon l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.
le keynésianisme, en investissant de l’argent, l’État peut aider l’économie à Il y prône la nécessité de l’intervention
de l’État en économie.
mieux se porter.

1933 New Deal
de Roosevelt.
1930 1940


5. La remise en question du capitalisme
1 Complétez le texte portant sur la remise en question du capitalisme.
Le système est considéré comme responsable de la

économique en Occident. Les gens critiquent ce système dirigé par les grandes .
Plusieurs demandent au gouvernement d’ pour redresser la situation
économique. C’est dans ce contexte que se propagent des telles que
le socialisme, le et le fascisme.
2 Indiquez la ou les lettres correspondant au régime économique ou au courant politique

qui correspond à chacune des caractéristiques.
A. Capitalisme. B. Socialisme. C. Communisme. D. Fascisme.
a) Certaines valeurs égalitaires de ce mouvement politique né au début du 19e siècle,

en Europe, sont adoptées par la France et le Royaume-Uni dans les années 1930.
b) Les valeurs principales que défend ce mouvement sont l’égalité des chances,
la justice sociale, la répartition équitable des richesses et la solidarité.
c) Ce mouvement, né au milieu du 19e siècle, vise l’abolition de la propriété privée

et favorise une mise en commun des moyens de production et des profits.
d) L’abolition des droits des individus n’est pas un problème pour les dirigeants.
e) Ce régime économique s’appuie sur le libéralisme économique et la libre entreprise.
f) La recherche du profit et la réussite individuelle sont des buts à atteindre.
g) Un petit nombre d’individus peuvent s’enrichir sans limites.

h) Des entreprises privées possèdent les usines et les machines, et emploient

des ouvriers.
i) Ce régime politique favorise l’autorité absolue de l’État et de son chef, le nationalisme

et la forte présence de l’armée.
j) Ses militants cherchent à limiter les pouvoirs du patronat et à légaliser les syndicats.
k) Le parti Co-operative Commonwealth Federation (CCF) s’appuie sur cette idéologie.
l) Ce mouvement privilégie les intérêts du plus grand nombre, donc celui des ouvriers.
m) Ce mouvement vise à remettre le pouvoir entre les mains des travailleurs,

des ouvriers et des paysans.
n) Les activités politiques de ses partisans sont déclarées illégales au Québec en 1937.

o) Ce mouvement politique appuie la propriété collective des industries.

p) Cette idéologie politique, qui apparaît à la fin de la Première Guerre mondiale,
amène la création d’une dictature et le rejet du parlementarisme et de la démocratie.
q) Mussolini, en Italie, fonde le premier parti qui s’en réclame.
r) La révolution d’Octobre en Russie en tire ses origines.
s) Mouvement politique mis de l’avant par Karl Marx et Friedrich Engels.
t) En Allemagne, Hitler s’en inspire.
u) Adrien Arcand fonde le Parti national social chrétien (PNSC) au Québec.
v) Ses adeptes luttent contre les injustices sociales et économiques provoquées
par l’industrialisation et le libéralisme économique.
w) Ce régime économique accorde une grande importance à la liberté des individus.
x) La population soumise à ce régime politique est dominée et n’a aucun pouvoir.
3 Complétez, à l’aide des éléments de l’encadré, les textes portant sur les nouveaux partis
politiques qui font leur apparition au Canada et au Québec pendant la Grande Crise.
activités politiques communistes Adrien Arcand Benito Mussolini « chemises bleues »

Co-operative Commonwealth Federation (CCF) fasciste illégal inégalités sociales
Léa Roback nazie ouvriers Parti communiste du Canada Parti national social chrétien
Seconde Guerre mondiale système d’assurance maladie
a) En 1921, le est fondé. Il est appuyé par des ouvriers

militants et il s’inspire du mouvement communiste. Ce parti est déclaré à plusieurs
reprises. Au Québec, les sont illégales dès 1937.
b) En 1932, le parti socialiste voit

le jour à Calgary, en Alberta. Il est appuyé par les et les agriculteurs de l’Ouest
canadien. En Saskatchewan, ce parti est au pouvoir de 1944 à 1961. Le gouvernement de ce parti met
en place le premier au Canada. Au Québec,
est une militante socialiste importante pour le mouvement féministe.
Elle milite, entre autres, contre les .
c) En 1934, prend le commandement d’un parti fasciste au Québec. Les membres

du sont appelés les
en référence aux partisans italiens de . Les partisans fascistes vouent
un culte au mouvement et à l’idéologie . En 1940, le mouvement
est déclaré illégal. Le chef, Adrien Arcand, est arrêté et emprisonné
jusqu’à la fin de la .

4 Définissez ce qu’est un mouvement idéologique de gauche et un mouvement idéologique

de droite, puis donnez des exemples d’idéologies politiques à l’aide des indices.
Gauche Droite
Définition
S C
Exemples C C

5 Observez la photo et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS. OI ET DES CONSÉQUENCES.
a) Quels groupes s’opposent aux idéologies

Le siège du Parti communiste à Montréal
de gauche comme le communisme ?
vandalisé.
b) Comment appelle-t-on la loi, adoptée au

Québec en 1937, qui déclare les activités
politiques communistes illégales ?
c) Nommez des conséquences de

l’application de cette loi au Québec.

6 Lisez le texte et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) De quel mouvement de pensée est-il « Plus nous gardons nos vertus françaises et
question dans ce texte ?
catholiques, plus nous restons fidèles à notre
histoire et à nos traditions, plus aussi nous
gardons l’habitude d’aimer ce pays comme
b) Quelles sont les valeurs véhiculées
par ce mouvement ? notre seule patrie, plus nous restons l’élément
irréductible à l’esprit américain, le représen-
tant le plus ferme de l’ordre et de la stabilité. »
Source : L’abbé Lionel GROULX, 1921.
c) Nommez des groupes et des personnes qui partagent les valeurs du nationalisme
traditionaliste dans les années 1920 et 1930.
d) Quels moyens utilisent-ils pour diffuser ce courant de pensée dans la société ?
7 Lisez l’extrait et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Quel groupe propose le Programme

de restauration sociale ? « Des réformes s’imposent en vue de mettre
fin à la dictature économique et d’assurer, par
une meilleure répartition des richesses, le
b) Sur quelles idées s’appuie relèvement des classes populaires. À l’égoïsme
ce programme ? dominateur et cupide, il faut opposer, en tout
premier lieu et dans toutes les classes de la
société, le véritable esprit chrétien, inspirateur

de justice, de charité et de modération. »
c) Quels sont les buts des réformes
Source : Programme de restauration sociale, 9 mars 1933.
proposées par le Programme
de restauration sociale ?
8 Nommez quatre mesures progressistes proposées par le Programme de restauration sociale.

5.76 Maurice Duplessis et les ministres de son cabinet, en 1936. Les valeurs traditionnelles sont au cœur de l’engagement politique
de Maurice Duplessis.
OI ÉTABLIR DES FAITS. De quel parti politique Maurice Duplessis est-il le chef ?
6 Un nouveau parti au pouvoir :

l’Union nationale
Au début des années 1930, le gouvernement libéral de Louis-Alexandre
Taschereau, au pouvoir depuis 1920, est de plus en plus contesté au Québec. La
crise économique qui se poursuit alimente la colère de la population, qui reproche

aux libéraux leur inaction. En 1936, les libéraux sont renversés et un nouveau
parti politique, l’Union nationale, prend le pouvoir.
La création de l’Action libérale nationale

et de l’Union nationale
5.77 Louis-Alexandre Taschereau
(1867-1952). Premier ministre du Québec Au cours des années 1930, un grand nombre de jeunes militants du Parti libéral
de 1920 à 1936, il s’oppose au nationalisme sont séduits par le programme de l’École sociale populaire. En 1934, ils décident
d’Henri Bourassa et de l’abbé Lionel Groulx, de quitter le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau pour fonder un nou-
et à l’influence de l’Église sur l’État.
veau parti nationaliste : l’Action libérale nationale (ALN).
CHRONOLOGIE
1910 1920

L’année suivante, dans l’espoir de battre le gouvernement Taschereau, l’ALN

forme une alliance avec le Parti conservateur dirigé par Maurice Duplessis. Cette
alliance donne naissance à un nouveau parti : l’Union nationale. Maurice Duplessis
Corruption
s’impose rapidement comme le chef de ce parti. Moyens illégaux (pots-de-vin, promesses
d’ententes commerciales futures, etc.) utilisés
dans le but d’obtenir d’une personne qu’elle
Le premier gouvernement Duplessis agisse illégalement, dans l’intérêt d’une personne
ou d’un groupe de personnes.
L’alliance de l’ALN et du Parti conservateur ainsi que des révélations de corrup- Trust
tion au sein du gouvernement libéral permettent à l’Union nationale de rallier Ensemble d’entreprises qui se regroupent
pour limiter la concurrence et avoir le contrôle
de nombreux partisans. En août 1936, ce parti remporte une éclatante victoire et le monopole d’une ressource ou d’un secteur
aux élections, ce qui met fin à un cycle de 39 ans de pouvoir du Parti libéral. économique.
Au cours de la campagne électorale, Duplessis promet de nationaliser les trusts de
l’électricité. Cette promesse est très populaire dans l’électorat, car certaines com-
pagnies vendent l’électricité de 10 à 15 fois plus cher à la population qu’aux entre-
prises. Maurice Duplessis promet également de nombreuses réformes qui s’inspirent
du Programme de restauration sociale de l’École sociale populaire pour mettre fin à
la crise économique.
Le conservatisme de Duplessis
Malgré ses promesses, Maurice Duplessis ne réalise pas les réformes attendues.
Il revient plutôt aux positions traditionnelles du Parti conservateur, s’opposant
à toute intervention de l’État dans l’économie, aux réformes qui modifient l’ordre
social établi ou encore à celles qui risquent de nuire aux investissements étran-
gers. Il se démarque également par sa forte opposition au communisme et au
syndicalisme et par son désir de se rapprocher de l’Église catholique.
Maurice Duplessis ne conserve qu’un seul élément du programme de l’ALN, le
5.78 Maurice Duplessis (1890-1959).
principe d’autonomie provinciale. Il obtient alors que le gouvernement du Québec Premier ministre du Québec de 1936 à 1939
puisse gérer de façon autonome les subventions que lui accorde le gouverne- et de 1944 jusqu’à sa mort en 1959,
ment fédéral. Ainsi, malgré la crise économique, le gouvernement Duplessis Maurice Duplessis adopte des politiques
conservatrices.
adopte peu de mesures pour venir en aide à la population.

1933 New Deal Premier gouvernement Duplessis.
de Roosevelt.
1930 1940


6. Un nouveau parti au pouvoir : l’Union nationale
1 a) Qui est le premier ministre du Québec durant la première moitié de la période de la crise
économique ?
b) À quoi s’oppose-t-il ?
2 Pourquoi le gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau est-il dénoncé et critiqué ?
3 Complétez le schéma. METTRE EN RELATION

OI DES FAITS.
Les nouveaux partis politiques au Québec dans les années 1930
Séduits par le programme de l’École sociale populaire, des députés quittent le Parti
et fondent un nouveau parti politique nationaliste.
Fondation d’un nouveau parti politique en 1934 Parti politique existant
Chef : Paul Gouin. Chef :
Formation d’une alliance pour battre le gouvernement Taschereau
Fondation d’un nouveau parti politique :

Promesse de Duplessis au cours Résultat des élections de 1936

de la campagne électorale
Victoire de .
les trusts
Duplessis forme le gouvernement et devient
d’électricité.
.
Bilan du gouvernement Duplessis de 1936 à 1939
Duplessis ne réalise pas .

Duplessis met de côté les éléments du programme de l’ALN, sauf le principe
de .
Le gouvernement Duplessis adopte peu de mesures pour venir en aide à

durant la .

4 Lisez le texte et répondez aux questions. OI ÉTABLIR DES FAITS.
a) Quel rôle l’auteur du texte a-t-il joué

au Québec entre 1936 et 1959 ? « La culture française et catholique reçoit
de la province de Québec ce point d’appui
absolument indispensable à la conservation
de la culture et de la civilisation françaises
et catholiques. C’est notre devoir à nous de
Québec, qui sommes les gardiens de cette
culture et de ces avantages, de poser les actes
b) Quels sont les éléments qui démontrent
que la logique nécessite. Il paraît extraordinaire
que Duplessis est nationaliste ?
que, dans la province de Québec, il faille
rappeler souvent l’obligation qui incombe à
chacun d’entre nous de conserver intactes nos
traditions françaises et religieuses. Non dans
un but de domination intempestive, non dans
un but de séparatisme de mauvais aloi ou
même de séparatisme tout court, mais dans un
but de coopération avec tous ceux-là qui ont le
respect de la justice et qui réalisent, comme ils
doivent le réaliser, la nécessité de la culture
française et de la culture chrétienne. […] Cette
tradition et cette culture, elles sont conservées
dans la famille, mais aussi, et dans une large
c) Qu’est-ce qui, selon Duplessis, est à la mesure, à l’école et par l’école qui est,
base de la conservation de la tradition somme toute, dans la province de Québec
et de la culture au Québec ?
une continuation de la famille. »
Source : Maurice DUPLESSIS, 1957, tiré de L’histoire à travers
le document, Québec-Canada, Montréal, Les Éditions de l’école
d) Duplessis semble-t-il favorable à nouvelle, 1994, p. 176.
l’indépendance du Québec ? Justifiez

votre réponse.
5 Nommez deux groupes de la société québécoise qui ne partagent pas les idées et les valeurs
de Duplessis.
6 Quelle est la position de Duplessis au sujet des réformes progressistes ? Expliquez votre
réponse.

Chroniques 4 ST 06 d5 p264-327

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264 PARTIE 2 • Les nationalismes et l’autonomie du Canada (1896-1945)

1918-1939 Des Années folles

1915 1920 1925

1921 Fondation de la 1927 Jugement du Comité

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 264 2018-08-07 12:52 PM

1933 New Deal 1935 Fondation de

1930 1935 1940

5.1 La terrasse Dufferin à Québec, vers 1920. Les habitants de la ville

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 265 2018-08-07 12:52 PM

Sommaire Coup d’œil

2 Les luttes des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284

3 La Grande Dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296

Les origines de la Grande Crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296 OCÉAN

mondiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 ÉTATS-UNIS

4 Les gouvernements et la crise . . . . . . . . . . . 304 5.3 Le Canada en 1905.

5 La remise en question du capitalisme . . . 314

6 Un nouveau parti au pouvoir :

EN ROUTE VERS L’ÉPREUVE

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 266 2018-08-07 12:52 PM

À découvrir dans le dossier 5

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 267 2018-08-07 12:52 PM

lation a confiance en l’avenir et la consommation

Le développement des villes

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 268 2018-08-07 12:52 PM

1929 Krach boursier. 1935 Fondation 1936 Création de la

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 269 2018-08-07 12:52 PM

5.10 Le taux annuel de mortalité infantile*.

Province Ville de Province Ville de

* Nombre de décès d’enfants avant l’âge d’un an pour 1000 naissances.

giène, du dépistage rapide de cer-

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 270 2018-08-07 12:52 PM

Différentes mesures contribuent égale-

Malgré ces améliorations incontestables,

Les services publics

gaz, sont présents dans les grandes villes

1929 Krach boursier. 1935 Fondation 1936 Création de la

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 271 2018-08-07 12:52 PM

Les transports en commun

Les infrastructures urbaines

5.14 Un des premiers autobus

service les deux premiers autobus destinés

OI ÉTABLIR DES FAITS.

1. Quels sont les modes de transport

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 272 2018-08-07 12:52 PM

5.17 Le nombre de véhicules

Les transports et les

autobus et les voitures-­taxis appa-

1929 Krach boursier. 1935 Fondation 1936 Création de la

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 273 2018-08-07 12:52 PM

5.19 La rue Saint-Jacques à Montréal

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 274 2018-08-07 12:52 PM

1929 Krach boursier. 1936 Création de la

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 275 2018-08-07 12:52 PM

5.26 Le premier logo de la Société Radio-Canada,

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 276 2018-08-07 12:52 PM

La première salle de cinéma

En 1906, Léo-Ernest Ouimet ouvre le Ouime­tos­

5.28 La salle de cinéma du

Un roman du terroir d’hier à aujourd’hui

Le roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, paru en 1933, raconte

l’histoire d’un homme avare et de sa malheureuse épouse. Le récit se déroule à la

1929 Krach boursier. 1935 Fondation 1936 Création de la

13880_chroniques_cahier-sa_d5.indd 277 2018-08-07 12:52 PM

autobus et les voitures-taxis appa-

En 1906, Léo-Ernest Ouimet ouvre le Ouimetos