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LACAN 1

LE SAVOIR DU PSYCHA. ALYSTE


..
Ste Anne· le 4 Nov.embre 1971

Eh revenant -parler à Ste Anne, ··ce que j'aurais espéré; c'est qu'il
·y eût là' des internes, comme. on appelle ça, qui e 'a'Ppelaient de mon temPs
"lei :internés des asiles"; ce sont maintenai:it "dos hÔpi taux 'i,sychiatrlquee':
·sans ·compter le reste. C'est ·ce pub1ic.J._à qu'en revenaiit ·à $te Anne ;je
v,tsà.1:s,·.'J'avais.r'espoir que certains d'entre eux·se déraiigeraient. Est-ce
. qué··.s'ii y en â ici --je parlê.a'interne,s en exer!)iëe..
:'ii ine
feraient le
·.. ; plaisir de'leve:r la main? C'est une écrasant · minori,té;fuii· enfin, ils me
suffi sent. tout à fait.
A partir de là --et pour aut .nf que je pourrais· soutenir ce sou:f'fle-
. _je vais èssaye:r ·ae vous dire quelques mots. Ïl est évidén.t que ces mots,
:collllllBt-Otijciurs, je les fai's improVis'és, ce 'qui ne veut 'pas dire que je
n'aie pas là g:üelqu·es peti tës not,es; 'tnais 'iis sont :improVisês dePUis ce
matin; parce que jè tra:vàille b aucoup '.... Mais il1eraut p,ùr vous croire·
obligés d'en faire autant. Un point sur lequel j 1 ài·:ü isï-sté; c'est sur
'.a: dist:ancè qu'il y a "erit're le' t n v à i l é't lé sa.voir; car n'oublions 'Pas
que c:e soir, è'ësf du s'àvoi'r que j • vous promëts, donc'' pa:s tellement be-
..· soin de VOU$ fatigùer -Vo1iiiallez voir poU:rq\.ÎÔi,' cerlaihs' i i sou'DçoMent
déjà, pour a
à:voir assisté• ce qu'on appelle moii .séininài e; .
Pour en venir au savoir,· j'ai fait ':i;'einarqÜer,diuùiuh':temps déjà loin-
t n,eeci I que i 'ignorance puisse ' trê consiaérée, da.,rs iè ·bôuddhisme,
comme uile 'passion,, c'est un fait' qu:i ·sè •·jutti':fie â.vèd uti'.peu' de méditation;
mais comme .::'est pas riotre fort, la'nîêditàtiôn, •ti n'y' poui- le faire
°
coMa!tre qu'une éxpérlen·c::i. C'esi· une expéri nce q e> j'ai 'èue, marquante,
il y a longtempà1 justement, 'au niveau de·là salle dé garde:. Parce que
·ça fait, Uhe '·paye que je fréqu&1t · ces murailles' - pas spécialement celles-
là à· cette· époque- ·et ça devrait êtrè; c'est iriscrlt qllelqÜe· part, du cô-
té de 25-26 1 et'les internes à cette é))Oque; ..:je rie- arle P is''de ce qu'ils
sont l!laintenant - les internes aussi bien des hopi t1.ux que de ce qu'on al)-
pelai t les asiles,c'était sa'ls doute un effet de groupe,maie pour ce qui
est d'en tenir à l;ignorance,,i1s étaient un peu là, aemble-t-il ! On p&ut
considérer que c'est lié à un moment de la médecine.ce m'>ment devaitforcément
- .2 -

m'exprimer ainsi, c'est curieux q u ' i l f a i l l e l ' é c r i r e pour en t i r e r quelque chos 0


·parce q u ' i l est tout à f a i t manifeste que ça n'est pas facile de se rcprésen ..
t e r cettè chaine - :ç.iùsqu'il s'agit en réalité, non pas à.'un noeud, mais d'une
chaine - cette chaine bo=oméenne, ce n'est pas facile de la voir fonctionner
rien qu'à l a pensée - cette f o i s - c i en,coupa.nt i e tenne, en coup;.nt le "la"
de pensée:,, Cè.·n'èst pas facile , mêmepour le :plus simple , et c'est bien en
quoi ce noeud porte quelque chose avec l u i , I l faut l ' é c r i r e JlOur v c i r comment
ça fonctionne , ce noeud bo, Ca f a i t penser à quelque chose qui ée:Lévoqué
quelque p;.rt dans Joyce où "sur le mont Nebo- l a l o i nous f u t donnée".
Une écriture donc est un faire qui donne support à l a pensée. A vrai
dire, l e " noeud bo." en queastion change complètement l e sens de l'écriture.
Ca donne à la.dite écriture, ça donne une autonomie et c'est une autonomie
· d'autant plus remarquable q_,.,'il y a une autre écriture qui est celle sur l a -
quelle Derida a insist6 , c\est à savoir celle qui résulte de ce qu'on pourrait
appeler une précipitation du .signifiant.
.. Derida a insisté , mais i l est· tout à
f a i t c l a i r que je l u i a i montré l a voie, parce que le f a i t que je n'aie pas
trouvé d'autre façon de supporter le signifiant_que de l ' é c r i r e S est déjà une
suffisanteindication. t:'.ais ce qui reste, c'est que La Jl'.1gnt:f1ant, ,c•e t,--à-dirc cc
qui se module dans l a voix, n.•a rien à faire avec l ' é e r i t u r e . C'est en tout cas
ce que démontre parfaitement mon "noeud bo,". Ca change l e sens de· l'écriture,
ça montre q u ' i l .·y a .quelque chose à quoi on. peut accrocher des signifiants, et
on les accroche cmmnent, ces signifia.nts?.Far l'intermédiaire de ce que j ' a p -
pelle "dit--mension" - l à aussi parce que je ne suis :i;as du tout sûr que ça ne
vous a i t pas échappé, c'est comme.:ça que je l ' é c r i t : mention du d i t . Ca a un
avantage, cette façon d'écrire , , c'est que ça permet de prolonger•·"mention"
en "mensionge" e t que ça indique que le d i t n'est pa.s du tout forcément vrai.
Voilà.
Autrement d i t , l e d i t qui résulte de ce qu'on appelle la philosophie
n'est pas sans un certain manque, uanque à quoi j'essaie - j'essaie , -
çi.e suppléer par ce recours à ce qui ne peut dans l e "noeud bo." que s'écrire,
ce qui ne peut que s'écrire pour qu'on en t i r e un p;.rti. I l n'en reste pas
que ce q u ' i l y-.·a de f l i ,. dans l e "philo", l e "philo" qui commence le mot
philosophie, ce q u ' i l y a de Î,)tot peut prendre un '.POids: c'est le temps
en tant que pensé, - pensé, non pas l a pensée, mais le temps pensé. Le temps
pensé, c'est l a '-\' ) .( .,.._
. Et ce que je permets d'avancer, c'est que
(.
-3-

Dans cette même salle de· garde arrivèrent en même temps quatre personnes
dont je ne trouve 1>a.s à dédaigner de réévoquer les noms, mrl.s q ue .ie is 1 'u n
d'entre eux, L'autre que je me ;:,la.irais à fa.ire resurgir ce soir, c'était Henri Ey;
On neut bien dire, n 'est-ce-na.s, a.vec l 'esna.ce de temns na.rcouru, -qüe cette igno-
rance, Ey en fut le civilisateur. Et je dois dire que .ie sa.lue son travail. La.
civilisation, enfin, ca. ne déba.rra.sse d'aucun malaise, comme l'a. fait remarquer
Freud, bien a.u contra.ire, Unbehagen; le nas-bon aise, mais enfin, ça. a. un côté
-précieux.'-
Si· vous
.
croyez qu 'i1 deva.i.t'y' a:..;oirle. moindre . .
-degré d 'iro'lie dans ce
•,. . .., .
que je viens de-dire, vous voü's trom.pirtez·lourde!Dent, mais vous ne •souvez que
vous.tromDèr, pru;-nè-que vous'ne '>drive!i'-ba:s"\ a.gin r e que c'était dans le milis:u
- : · eu. . _. ___ .·.--· · : : · .-- : . ·
des. . . asiles; a.va.nt .. que ·Ey -y t/
a.i nüs la:- ma.in. C 'éta.i t quelque. hose d 'absolument fa-
·,_;:
- .. .
:-
.....
buleuxi .. ' - .:. ,, i" .:. :'; :,·.- ·.

):!a.intenant l 'histoiTEI a àvâddé''-,ti je viens· de


--;ecevoir une circula.ire
ma.rqu;,,nt l'a.larme qu'on a dans•·ùne' certiûne zoncr ·a dit milieu, __en ég;ard à ce
mouye ent prome!,:t.<_3urde-·toutes sorlës. de·.n iches· u ,-o 'a.npel_.lf
..
'a.nti-nsychia.-
·' : , , ;:
i . .
trie. 01_1voudrait bien que .ie -prenne nosihon là-dc_ssus, comm on nouva.it nren-
sur quelque èhose qui''est'· dé.ià. wfe Ol)l)()Sition, ·ca.r,, à vrai dire, ,ie
- dre 'J<?,s;:t,i9.q.
.. --- · · - ....
-.-,.-_.- .--.:·:·: .....
,-,, -- .
ne sais nas ,s.'il conviendrait de f'a.ire la -"liessils ·que],ques :i::i,ma.rques,quelques
• • ' •

0
.rema.rqu s. ins;irées de ma vieille· cxpérl èriée;;' :Ci1e que je ' .\ ns d'évoquer uréci-
sé ent, ...et de .aistinguer,à cette :ôccàsion, entre la. "sychia.tri
··( . .
et la. nsychiatre-
rie,j'.,a,question .d e s. _malades·-:fi1e11taux ou aè ce'·iu 'on anpèlle, nour _mieux dire, les
.

p;yc_hoe: s, c'est une. qui,stion Pas du tout rJ- olue par l '. t -;,sychiatrie, quelles
que •unissent être là-dessus les illusions qu'entretiennent quelques entrenrises
. .
lo ales, I.'_1l.!lti-psychiatrie est un' mouvement dont le sens est la li béra.tion du
:·.
psychiatre, _si j'ose m'exprimer ainsi. Et il est bien certaip_ q .' ça n'en nren,.
·'-··
'"
pa.s e chemin. ..,,•.c
Ca n'en prend pa.s-,le. chemin· llarce qu'il y a. une· caractéristique qu 'i.l ne
t q - même na.s oublier <la."ls·è:e'qu'on appelie le ré l tions, c •est que
fa.;_illl'.ai
ce mot .est-· adpù.ra.blement choisi· 'de voulôir dire: retour au w i n t .de dé ..a.rt, Le
:
. ,· : . .

cercle de tout ceci étai:t, .c'é.:là conhu';niais \s1i, mnlèment démontré d s le _livre qui
s • i:inelle ·.,naissance de la Folie", de Jüch l Fouca.ult': le -ps.ic a.tre a.·en effet
un service social, Il est la· créa.tian d'un cert n to a.nt historique '. ·C lui que
nous tra'(ersons n'est -pas près d'alléger cett,/charge, ni de r ?ire sa .,..,lace,
c'-est le mo:\,ns qu'on puisse en dirè; De ..sorté;,,qùe ça laisse les questions de l 'anti-
·
..,.,.,.. un_ peu. en porte à, faux. ··
psychiatrie
0 Enfin, ceci est une indication introductive, mais je voudrais fa.ire re-
•. ·. - -
.

n-.arqu er que, JJOur. ce, qui est des salles de g de, il y a_quelque chose tout de
même de franpa.nt qut_fait à mes yeux leur continuité a.vec les nlus récentes, c'est
-4-

à q_uel point la nsychaTJalyse n'a, au regard iles biais qu'y prennent


l s savoirs, la psychanalyse n'a rien amélioré, Le psychanalyste, au
sens où j'en ai nosé la question, dans l'année 67-68, où j'avais in-
troduit la notion 'th1 psychanalyste Précédé de l'article· défini, au
temps où j'essayais devant un auditoire à ce moment-.là assez large,
de ranpeler la valeur logique, celle de l'article défini, enfin nas-
sons, le nsyc nalyste ne semble pas avoir rien changé à une certaine
assiette du savoir, Après tout, tout cela est rég ulier . C'est Pas des
choses qui arrivent d'un jour à l'autre, qu'on change l'assiette du
savoir. L'aventr st à Dieu, comme on dit, c'.est-à-dire à la oonne chan-
ce, à la bonne chance c,e ceux q_ui ont eu la bonne insniration de me
suivre. , uelq_ue chose sortira d'eux si les petits cochons ne les man-
gent pas. C'est ce q_ue j'appelle la bonne chance. Pour Les aut;res, il,
n'est nas question de bonne chance. Leur affaire sera réglée nar ·1 'au,-
tomatisme, q_ui est-tout à fait le contraire de la chance, bonne ou mau-
vaise.
Ce que je voudrais e soir, c'est ceci: c'est que ceux-là, ce q_ue
je _voudrais, ce à q_uoi ils puissent se vouer, nour ce, q_ue la psychana-
lyse dont ils usent ne· leur laisse aucune chance, je voudrais évi tèr
nour ceux. là q_ue s'établisse un mal en te, du au nom, comme ça, de quelq_ue
chose q_ui est l'effet de la bonne volonté de certains de ceux qui me
sui vent. Ils ont assez bien entendu -enfin comme ils iieuvent- ce que
j'ai dit du ..savoir comme fait de co'=élat d'ignorance, et alors ça les
a un peu tourment_és,
Il y en a parmi eux, je ne sais q_uelle mouche a piqués, une
mouche littéraire, bien sûr, des trucs q_ui trainent dans les éèri t !" de
Georges Bataille, par exemnle, Parce q_u'autrement, je nense q_ue ça ne
leur serait nas venu ••• il y a le non-savoir. Je dois dire q_ue Georges
Bataille a {ait un jour une conférence sur le non-savoir, et r,a tra!
ne peut-êtr<e dans, d ux ou trois coins de ses écrits. Enfin, Dieu sait
qu'il n'en faisa1'fl-iJ.es gorges chaudes et que tout snécialement le jour
de sa conférence, li, la salle de Géo5:rapni'.e, à .Sc
Germa.Ln des Prés, que
vous connalsse bien arce que c'est un lieu de culture; 11 n'a pas sorl:.l
un. mot, ce qu:i. n •était pas une ma.uvai.se façon Je ra.1re 1 •ostenti.on b.t non-
savoir. 01'1a. ricané et on a tort, pa.rr.e que maintenant ça fait chic, le non-
sa.voir, Ca.tr·aine, n'est-ce-pas, un peu fartout dans les mystiques, C'est
même d'eitx què a vient; c'est même che-z. eux que ç a a un sens '. Et fuis alors
enfin, on sait que j'ai insist,f sur la.dif:féreno• entre savotr et vérllé.
Ai ors, •si ·1a vérÏ té., c' e,;t pàs le sa.vol , c'est que c'est le r,on-savoi;'
Lo qu ari.stàtéllcienne :''tout ce··qui fa.s noir, c'est le non-noir ,
1 \ ' est
h

cOllme je l'ai fait ret,.a,rqller quelque·t1aY"t, Je l'ai fait :remarqu r, c'est


t e •• ., 1
certain; j'ai articulé que cette· fl'ontière sen.tible entre la vérp;,I! et: le
t_}

sàvoir, <:'est là précisément que Se. tient le :l.scours analytique; /ù.or.s vol-
là, la rollte est .belle pour proférer, l_ever le drapeau du non-savoi'.I'.', C'e$t
pas un mauvais d.ra.neau, Ca peut servit" jt.lstement
.
ci.._ralliement" -a ce
qui n'est,
qua'1d mêine, pas excessivement rare a recruter comme cUen.tèle: l 'l-?nora.nc:e
crassé, par exemple,. Ca eX1ste ausst, ,mfin, c'est de plus en plus ra:re, teu-
lement t1 _y a d.'autres chPses, il,y a des versa.,,ts.. : à. la pe.resse ar exe,.,rie,
dont j'a.Î. farlJ-der,lli.s très loI' telllfs, Et puis ll y a Certaines formes d.•ins-
t{tut:1.onnalisaticn, de ca.1ps J.e concentration du. 8-'.ll'I.
!'Ji.eu, Comme 011 clisait au-
trefois, 11,:i,tintérieur <k.1 'université, où (!es chos <;-Ja. .sent bien ac:CJJeilltes,
·parce.que f a fait chic. '13ref, o n Hvre à ou e 1.4\e mimique, n.'est--ce-{)as;
passez la première, l1a.4ame la Vértté, le trou est là, n 'est-ce-;,as, c;•est 119tre.
pla,ceë Ènfin. c'est twill tro'l,l'l lle/ ce non-sa.vèiri
)>o1.1r tntrcdltire une r.onfusion définitive sur W! Sl!.iel cié1:Î.cat, celui.
qui est très précisément le potnt en questlon clans la psychanalyse, <t"'-•

i'al. 2pi)elé cette frontière sensible entre vérité cl Savoir, on ne fait pas
mi eux, Îl n'y a i,a.s besoin d e da.ter,
' ·: ·, . .
Enfin, 10 ans avant, on a.vait fait une autre trouvaille qui n'était pas
. ,.
: :nauvaise non plus, à l'endroit de ce '-"'i'l fa. t bien q{ie j'a!'1'el.le mon disccllrs,
Je 1 '_avais colll/llenCé en 'disant que ';l'incon'scient était stru('turé r:cmme un lan-
§': e". On avai.t trouvé un machin (ormid.able, les J.,uX: tyP<!s les mÎ.e,ix ùi atl..-
raient .pu travailler Jans cett trace,filer ce fil, on· leur avait donné un très
joli travai.1: "Vocabulaire de la fhllosop!ti.e", 'est-:e quo .ie ais!"Voca.bulaire
de la PsycJ..a.-:ialyse". Vous v o y Q lê. lapsus, hein? !i;nfin ça va.ut le La.lanél.e,
"La.langue", comme .ie l'écris ma.1.ntena.-:it .:._j',d pas de ta.b_leau ,i li:· ... ben,
écrivez lala.,,gue en u.n setl mot i c'est comme 7a (lUe _je 1 'écrirai désormais-
'/oyez comme. ils sont Ct!ltÎvés' Alors on •enten rien! C'est l'accous-

tt<1ue? Vous voulez bl.en faire la ,:,orrection? C.'est pas u.n i c'est u.-:i, .:;en'ai
))as dit: 1•'in onscient €st structur>é comme lalarai1e ;·mais est structuré com-
me un laiiga;,;e, et j'y reviendrai tout à 1.'heure.
• Jlais quand o 'a lancé- les resuonsifs dont .je parlais tout à 1 'heure
sur le "Vocabulaire de la Psycha.'!alyse", c'est évidemment narce- q_ue i•avais
n,is à l 'oi-dre du jour ce terme· saussurien, "lalangue", que, je le ré,,ète.,
_j.'écrir.ai désormais en un seul mot, Et je .iusHfierai pourquoi,· En bien, la-
lan'slle n'a 0rien-.à .faire:avec le dictionnaire, quel qu'il soit. Le dictionnai-
re; comme déjà il suffirait d'entènc1re le mot j)Our le comnrenc're, le diction-
.na.ire a'.e.ffaire avec· la diction, ·c •es!-â.-dire avec la wésie et avec la rhé:..
torique par exemryle: C'est nas rien, hein? Ja va'de l 'inventio'1 à la nersua-
.siei!l,·el1.fin, c'.est très important.
Seulement, c'est justement ])as ce côté-là qui a âffaire avec l 'i.ncons-
citnt .-Contrairement à ce que je ncnse, ·1a !Ttasse des a1..1diteu:rs··11ense1 mais que
tout de 11.ême une vart·imparte.nte sait déjà, ait déjà s'il a écouté les quel-
ques te;rrces dans lesquels j'ai essayé de faire nassa..s;e à ce· que .ie dis de 1 'in-
consci,c,nt: l 'inccinscient a à faire c1. 'abord a.V<a!Cla y:-a.Jnmaire, il .a aussi un
-peu à faire, ·beaucoup à faire, tout l faire, avec la rénéti tion, ·c •est-à-:-d ire
le versaz,t tout contraire à ce à quoi sert un dictionnaire, Pè sorte que c'é-
tait une assez bonne fà ç.o n de faire comme ceux ·qui auraient P4 m'aider à ce
moment-là .à faire ma trace, de les dériver. La grammaire et la répétitian,'?' est
-un tout autre versant que celui que j' pin lais tout à l'heure de l'irivènHon,
qui n' 0st J)as rien sans doute,. la persuasion non nltis. ::0'1trairement à. r.e qui
est, je ne sais pourquoi, encore très ré,.,andu; le ;ersant u t Ü e da.'1s la f '1
tian de lalangue, le vusant utile pour nous nsychanalystes, nour ceux qui ont
affaire Îl l'inconscient, c'est la logique:
Ceci est U.'1e petite parenthèse qui se raccordé à ce qu'il Y.a ae ris-
que de perte clans cette Dromotion absolument improvisée et éthique, à laquelle
je n.'ai vraiment prêté nulle occasion qu'on fasse erreur, celle qui se nronul-
se du non-savoi . Est-ce qu'il y a besoin de démontrer qu'il y a dans la 1sy-
chana.J_yse, fondamental et premier, le savoir, C'est ce qu'il va me falloir vous
démontrer.
Accrochons-le p a r un bout, ce caractère ,,rer'lier, massif, la y,rtma,i-
té de ce savoir dans la psychanalyse. faut-il vous rannele,r que, quand Fre.ud
essaie de rendre compte·des difficultés qu'il y a de.ns le frayage de la psy-
chanalyse, un article de 1917 dans I!-\\GO, si mon souvenir est èx:m , et en
tout cas qui a été traduit, il est paru dans le. n rR ier numéro de l'I'1tGr-ia-
t:j.onal Journal of?sychoanalysis, "Une clifficulté sur la voie de la psychanal;yl;e",
QUO ç.8.
c 1;:o.3t com.'!e cela, s'intitule, c '.est que le savoir dont il s 'a;p.t , il no nasse
' .

pas aisément, comme ça. Freud l'explique comme il peut, .et. c'est_
même comme 9a q,u'il ·prêté à malentendu -c'est Pas de hasard- ce fa-
meux te:rme·de résistance, dont je crois être.arrivé

•.
au. moins dans
une certaine zone, qu'on ne nous en rebatte plus les oreilles; mais
. '
il est ëertain qu'il_ y en a une où, je n'en aoute nas, il fleurit
toujours, ·ce fameux term de résistance qui est. évi.demm!clnt •DOur 114.
d'une appréhension· permanente. Et alors,_ je dois dire, -pourquoi. ne,
pas· oser le dire que nous avons tous nos glissements, c'est surtout
les résistances qui favoris nt les glissements, On en découvrira dans
quelque temps dans ce que j'ai dit; mais après tout, c'est pas
si: sûr,
En.fin bref; il ·t011JW da."!s 1.1.11 travers, Freud •.Il pense que contre la
résistance il n'y a qu'une chose à faire, c'est la révolution, :Et
alors, il se trouve masquér comPlètement ce dont il s'a,µt, à savoi-r
la difficulté très spécifique qu'il y a à faire entrer en jeu une cer.:
taint1 fonction du savoir. Il confond avec l,a faire ce qui est épin-.
glé de révolution dans le savoir.
C'est là dans ce petit article -il le reprendra ensui_te dans
Malaise dans la civilisation- qu'il y a le premier grand morceau sur
la révolution copernicienne, C'était un bateau du savoir universitaire
de l'époque,· CoPernic -nauvre Copernic?- avait fait la révolution.
C'était lui :- qu 'on dit dans les manuels- qu'avait remis le soleil au <
centre et la Terré à tourner autour. Il est tout à fait clair que mal-·
gré le schéma qui montre bien ça en effet dans"De. revolutionnibus" etc •••
Copernic là-dessus n'avait strictement aucun parti pris et personne
n'eût songé à lui là-dessus chercher noise_, Mais enfin, c'est un fait·
en effet, que nous sommes passés_ du géo à l'héliocentrisme et que ceci
est censé avoir POrté un coup, \Ill "blow" comme on s 'exnrime clans le
texte anglais, à je ne sais quel nrétenèu
.. . • . • l .
narci.ssisme cosmologique
. •
•, .
Le deuxième "blow" qui, lui, est biologique, Freud nous l' é-
voque au ni veau de Darwin sous prétexte .que, ..comme pour ce qui est de
la terre, les gens ont mis un certain tem-os à se remettre de .la nou-
velle annonce, celle qui mettait l'homme en relation de cousinage avec
les primates mcidern!ë's, Et Freud eX1>lique la résistance à la psyrhana-
lyse par ceci: c'est que ce qui est atteint, c'est à proprement parler
,cette cqnsistar,ce du savoir qui fait que quand on ·sait quelque chose,
leminimu:-, qu'on fuisse en dir,,"_c'est qu'on sait qu'on le sait,
Lai,ssons,ce- qu'il évoque a ·ce propos, car c'est là l'os, ce qu'il
ajoute, à..savo.ir
. la peinturlu:r.;;·eii'°:fonne de Moi qui est fait là autour,
, .. .
c'est à savoir que celui qui sait qu'il sait, ben c'est moi.
Il est _clair que cette référence au !-loi est seconde par rapport
à ceci qu'un savoir se sait et que la nouveauté c'est que ce que la
psychanalyse révèle : c'est un savèir iri-su à lui-même. Mais je vous le
d mande, qu'est-ce qu.'il y aurait Ïà de nouveau, voire de nature à nro-
voquer la résistance, si ce savoir était de nature de tout un monde, ani-
mal précisément, où personne ne songe à s'étonner qu'en gros l'animal
sache ce qu'il lui fa.ut, à savoir que, si c'est un animal à vie terres-
tre, il s'en va 'las plonger dans l'eau plus d'un
temps limité :il sait
qun ça ne lui va.ut_rien. Si l 'ir,èonscient est quelqué chose de surpre-
nant, c'est que ce savoir, c'est autre chose, c'est ce savoir dont nous
avons l'idée, combien d'ailleurs peu fondée dQyi.us toujours, '.11-sque
c'est pas pour rien qu'on a évoqué l 'insniration, l 'enthousia.sm·e, ceci
depuis toujours, c'est à savoir que le savoir in-su dont il s'a;a;it dans
la psychanalyse, c'est un savoir qui bel et bien s'articule, est struc-
turé comme un langage.
Eh sorte qu'ici, la révolution, si je puis dire, mise en·avant

par Freud, tend à masquer ce dont il s'agit: c'est que ce quelque chooo
qui ne passe pas, révolution ou T>as, c'est une subversion qui se pro-
duit où7 dans la fonction, dan& la structure du savoir, Et c ' e s t ! -
qui ne passe pas, parce qu'à_ la vérité, la révolution cosmologique,
on peut vraiment pas dire, mis à l'art le dérangement que ça donnait
à quelques docteurs de l'Eglise, que ce soit quelque chose qui d'au-
cune façon soit de nature
.
à ce
: -
que l'homme, 'comme on dit, s'en·· sente
d'aucune façon humilié, C'est_ pourquoi l'ennloi du terme de révoltrEion
est a,11sSJ.peu !'.'onvainquant, car le fait même 1J.u'il y ait eu sur ce
point .révolution, est plutôt è:Xa1tant, pour c qui. est· du narcissis-
me, Il en est tout à fait de même pour ce qui est du dar. nisme, Il
n'y a pas de doctrine qui mette plus haut la nroduction humaine que
l'évolutionnisme, il faut bien le dire, Dans un cas comme dans l'au-
tre, cosmologique ou biologique, toutes ces révolutions n'en laissent
pas moins l'homme à la place de la fleur de la création. C'est pour -
quoi on peut dire que cette référence est vraiment mal insPl.rée, C ' œ t
peut-être elle qui est faite justement P<iur masquer, pour faire passer
ce dont il s'agit, à savoir que c_e savoir, ce nouveau statut du savoir,
0
c'est cela qti doit. entra!ner_.un tout nouveàù .tYJJ e de discours, lequel
n'est pas facile à tenir et, jusqu'à un certain ooint, n'a pas encore
comm:encé.
L'inconscient, ai-je dit, est structuré comme un langage, le-
quel? Et pourquoi ai-je dit un langage? "arce qu'en fait de langaJse ,
nous commenço s d'en connaitre un bout. On parle de la.riga..,;e-objet dans

la:lo,p.que, mathématique ou pa . On parle de métalangage, On parle me-
me de langage, depuis quelques temps, au ni veau de la biologie;: On par-
le- de langage à tort-et à travers. Pour commencer, je dis que si je
parle de langage, c'est parce qu'il s'agit de traits communs à se ren-
"lé!J,angu "
contrer dans ."lalangue';;étanf elle-même
.
sujette à une très grande va-
riété, il y a pourtant des constantes. Le langa.s;e dont il s'agit, com-
me J'ai pris le temps, le soin, la ,.,eine et la patience d e l 'articuler,
c'est le langage où l'on peut distin1,Uer le code du messag·, entre
autres. Sans cette distinction minimale, il n'y a pas de -olace nour la
parole. C.'est urquoi quand j'introduis ces termes, je les intitule de
"?onction et cham-o de la parole".; peur la parole, c'est la fonction -
"et du langage" - pour le langage, c'est le champ. La narole, .la parole
définit la plaèe de ce qu'on appelle.la.vérité. Ce que .ie marqu0, dès
son entrée, pour l 'usa,,,;eque j'en veux •faire, c'est sa structure de
fiction, c'est-à-dire aussi bien de mensonge. A la vérité,_: c'est le cas
de le dire, la vérité ne dit la vérité- -pas à· moitié-que cians un ·cas:
c'est quand elle dit "5e mens". C'est le seul cas où l'on est sûr qu'elle
ne ment -oas, parce qu'elle est suppesée le savoir •• Mais Autrement ,
c'est-à-dire Autrement avec un grand A, il est bien oossible qu'elle
dise tout de même la vérité sans le savoir. C'est ce que j'ai essayé de
marquer de mon grand S, parenthèse du grand A, S (/4),précisément, et
barré, Ca, au moins ça, vous nou•iez pas dire que c'est -oas en tout r.as
un savoir, nour ceux qui me suivent, qui ne soit pas à ce qu'il aille
en tenir compte nour e gui.cler, fÛt-ce à la petite semaine, C'est le
nremier )JOint de l'inconscient structuré comme un la.riga.,,;F-,
Le deuxièmG, vous no m'avez pas attendu -je parle aux nsycha-
nalystes- vous ne m'avez pas attendu nour le savoir puisque c'est le
-princi-oa même de ce que vous faites dès que vous interprétez. Il n'y
a pas une interprétation qui no concerne ••• quoi? le lien de ce qui,
-16-

.,,dans cc g_ue vous entendez, se mani:este de narole , le lien dc ceci à


i_a jouissance. Ii ·se ;,out que vous le fassiez, eii g_uelque sorte , in-
npc.:emment, à. saY ir sans vous être jamais· Perçu qu'il n'y a pas une
interprétat;i.on g_ui veuille jamais dire autre chosë, mais enfin une' in-
_..•- • • • 1 •
1 ·

terprétation analytig_ue, c'est toujours ça, Que le bén fice soit secon-
daire ou primaire, le bénéfice est de jouissance, Et ça, il est tout à
fait clair q,ue la. chose a émergé sous la ulume de Freud, nas tout de
sui te, car il y a une étape, il y a le P:z:inci,iè du plaisir, mais enfin
i.l est clair q,u'un jour ce qui·l'a frappé, c'est que, g_uoi qu'on fasse,
innoaent ou nas, ce qui se formule, ·quoi qu'on y·fasse, est g_uelque chose
qui se ré1Jète,
"L'rnstance, ai-je dit, de.la lettre'; et si j'smnloiè instance,
c'est comme pour tous les emnlqis que je fais des mots, non sans· raison,
\ .
·. .
c'est qu'instance résonne aussi bien au niveau de la juridiction, il
résonne aussi au niveau de l'insistance, où il fait surgir ce·module que
j'ai défini de l'instant, au niveau d'une certaine logique, Cette répé-
tition, c'est là g_ue Freud découvré l'Au-delà du princine du plaisir,
Seuloment voilà; s 111 y a un au-do:Jà.' ·n·o ,oarlons ,ilus du nrinci ne, narce
qu'un nrlncipe où il y a un au-delà, ·c'est Plus un princiµe. et laissons
té, Tout ca est très clairement
.de rôté du même coup le princille de Z:éll.Ù.
à revoir. Il n'y a tout tout de même pas deux classes.d'êtres parlants:
ceux qui se gouvernent selon le Drincipe du plaisir et le µrincipe de
réalité, et ceux qui sont au-delà du principe du niaisir, surtout que,
comme on dit -c '.est le cas œle dire- cliniquement, ·ce ont bien les
memes.
Le processus primaire s' eXT.>lique dans un. nremier temns par cette
approximation g_u' est _l'oµpesi tion, 1 bi-polarité princiµe ou nlaisix/
principe de réalité;,il faut bien le dire, cette ébauche'est intenable
et seulement faite peur faire gober ce qu'elles peuvent aux oreilles
contemooraines de ces premiers énoncés g_ui sont -.ie ne veux -pas· abuser
o.e ce, tfèrme- d_es oreilles bourgeoises, à savotr qui n 'Ônt absoiùment nas
la moindre idée de ce que c'est que le prlncine du plaisir, Le rinci e
du -olaisir est une référence de la· moralo antique, dans la morale anti- ·
que, le nlaisir; qui consiste ;,récisément à en faire le moins possible
'.'otium cum digni tate" , c '€St une ascèse dont on r,eut aire qu'elle re,joint
celle des pourceaux, nais c'est nas du tout dans le sens où l'on l'entend,
Le mot "pourceau"nc signifiai :>as dan l'Antiquité, être cochon, ça
-11-

.voulait dire que ça confinait à là sagesse d e l 'anima.l, C'était une an-


préciation, une touche, une note, donnée de l'extérieur nar des gens qui
ne co:nprentie::it pas de quoi. il s'agissait, à savoir du dernier raffine-
ment de là morale du Maitre.Qu'est-ce que c;a '!)eut bien avoir à fa.ire avec
. l.'idé;·que '1e bourgeois se fait du plai ir et d'ailleurs, il faut bien le
dire, dé· 1a 'réa.lité?
Q.uorqu 'il en soit -c'est le troisième POint- ce qui résulte
de l'insistance avec laqu,elle ,l'i_nconscient nous livre· ce qu'il formule,

..
c'est que si d'un côté notre interprétation n'a jamais que le sens de fairo
rèma."q_iier ·ce·que le sujet ;· trouve,_ qu •est-ce qu'il y trouve? Rien qui ne
doive se catalog.zer du registre. de la jouissance. C'est le troisième ooint,
Quatrième roint: où .est-ce__ .que ·,a gtte, la jouissa"!ce? Qu 'est-ce
qÜ'ify fa!,lt? un· corps, ?ou.r jouir, il faut un èorps. Même-ceux qui f'ont
!
promesse des béati tl.l''leséternelles ne peÙve t le faire: qu'à su:onoser que
le corps s' y véhicule; glorieu.x ou pas, il ·ao1t y être ..."'aut un con,s.
Pourquoi? 1:'arce que la.dimension de la jouissance ·pour lecon,s, c'est la
dimension de !'a descente vers ,la mort. C'.est d'ailleurs très précisément
en quoi le principe du plaisir dans ?reu annoncë qu'il savait bien dès
ce moment-là ce qu'il disait,. car si vous le lisez avec soin, vous y verrez
que le principe du plaisir n • rien. à faire·. avec l 'hédohisme, même s'il
. . . .. . . . '
nous est légué de la nlus ancienne_ tradi tien, il ·est en vérité le princi-
. . .
pe·au déplaisir. Il est le princine du dén aisir,· c'est au point qu'à
1 ;énoncer à tout instant, Freud d_éra1>e,_ L e l)laisir, en quoi consiste-t-
il! nous dit-il: c'est à abaisser la tension. Si ce n'est.le principe
même de tout ce qui a le nom de jouissance, da quoi jouir; sinon qu'il
se produise une tension _. C'est bien en quoi, alors·g_ue "'reud est sur le
chemin du "Jenstlts des Lustpri,nzips", de l 'Au-dei.à d û Prinoil)e du Plai-
sir, qu'est-ce qu'il nous énonce dans "Ha.lai se dans la· civilisation':
sinon que très probablement bien au-delà de la répressi6n di te sociale,
il doit y avoir une répression il l'écrit textuellement organique •
.Il est curieux, il est dommage qu'il faille s0 dorinèr tant de
peine ·])Our des chose:s di tes .avec tant d'évidence, et TJoux· faire nercevoir
ceci: c'est que la dimensfol'.l dont l •être TJarlant se distingue de l'animal,
c'est assurément qu'il y_·.a en lui cette bGa."lce nar où il se pèrdai t, "ar
où il lui est permis d'opérer.sur le ou les co:rns, que ce soit le sien
ou celui de ses sèmbla les, ou celui des animaux qui l 'P.ntourent, ,Jeu::
en faire O.sur.;ir,. à· lc,ur .ou. .à son 'bénéfice, cc qui· s'appelle à :::;ro:r::=c,.10nt
}..'2:..z-lcr
le jouissRncc.
-12-

Il est assurément Plus étrange que los cheminements que je


viens de souligner, ceux qui v,nt ne cette desCri pt ion so)lhistiquée
du princiµe du plaisir à la reconnaissance ouverte de ce qu'il en est
de la jouissance fondamentale, Ù est plÜs étrange ile voir que Freud,
à cc ni veau, croit· devoir recourir à quelque chose ·g_u'il désie;ne de
l'instinct de mort. Non que ce soit faux; seulement le dire ainsi, de
cette façon tellement savante, c'est justement ce que les savants qu'il
a engendrés sous le nom de Dsychanalystels ne Peuvent absolument '>as
avaler.·
CettG longne c6,p.tation, cette rumination autour de l'ins-
ctnct de mort, qui est ce qui caractérise -on peut le dire- enfin l'en-
semble de l'institÙtion psychanalytique internationale, cette façon
qu'elle ··a de se cliver, de se partager, de se répartir, admet-elle,
n'admét-elle pas, "là, je m'arrête",·"je ne le suis l)as jusqtze là",ces
interminables dédales autour de ce t·i.rme, qui semble choisl oour don-
ner l'illusion que, rlans ce ch& P, quelque chose a été découvert qu'on
pui ssc dire analogue à 'ce qu'en logique on apnelle ,:,aradoxe, il est
étonnant quel Freud, avec le chemin qu'il avait déjà frayé, n'ait uas
cru devoir le pointer purement et simplement. La jouis·sance qui est
vraiment dans l'ordre de l' érotologie à la portée de n 'imoorte qui -il
est vrai qu'à cette.époque les nuillications du marquis de Sade étaient
moins répandues -c'est bien pourquoi J'ai cru deVDir, histoire de uren-
dre date, marquer quelque part dans mes Écrits la relation de Kant avec
Sade,

Si, à procéder ainsi· oourtant, je Pense tout de meme qu'il y
a une réponse, il n'est Pas fo,cé que,-pour lui, nlus que pour aucun
d'entre nous, il. ait ·su tout c. qu'il disait. Mais, au lieu de raconter
des bagatelles autour de l'instinct de mort Primitif, venu do l'extériour
°
ou venu de l'intérieur ou se retournant de 1 'cxt érieur sur l 'intéricur
et engendrant sur le ta...>-d,enfin se rejetànt sur l'agressivité et la ba-
garre, on aurait Peut-être uu lire ceci, dans i 'instinct è.e mort de
Freud, qui norte peut-Ôtrè à dire que le seul acte, somme toute -s'il
y en a un- qui serait un act - achevé- entendez bien que je Parle_, corn-
me l'année dernière je uarlais, d'"Un discour·s qui ne serait pas du
semblant", da.os un cas comme d211s l'autre il n'y en a pas, ni de dis
cours, ni d·'acto tel -cela donr. serait,. s'il nouvait être, le suicide,
C'est ce que ,Freud nous dit. Il ne nous ie dit uas comme ça ,
-13-

en cru, en clair, comme· on oeut le. dire maintenant, maintenant que la


doctrine a ùn tout pettt Peu !rayé sa voie et qu'on sait qu'il n'y a
d'acte que raté et que c'est même la seule condition d'un semblant de
réussir. C'est bien en quoi le suicide mérite objection; C'est qu'on
n'a pas besoin que ça reste une·tentative peur que ce soit c1.etoute
façon _raté, co!'lnl.ètement raté du peint de vue de la jouissance. neut-
,. .- ;
.etre que les bouddhistes, avec leurs bidons d'essence -car ils sont à
la -page, .-:on n •·erisait rien, car ils ne reviennent norter témoi-
gnage,
C'est un joli texte, le texte de Freud, C'est nas peur rien
s'il nous ramène le soma et le germen, Il sent, il flaire que c'est là
qu'il y a quelque chose à approfondir. Oui, ce qu'il y a à anprofondir,
c'est le Cinquième point que j'ai énoncé cette année dans mon. séminaire
et qui J 'énônce ainsi: il n' l a pas de ra port s xuêl.
Bien entendu, ça parait comme ça un peu zinzin, un nou éflou i.
Suffirait de baiser un bon coup_p0ur me démontrer.le contraire, Malheu-
reusement, c'est la seule chose qui nedémontre absolument rien de pro.eil,
parce que la notion de rapport ne coïncide nas tout à fait avec l'usac-P.
métaphorique que l''on fei t de ce mot tout court "ranpert "• "ils ont eu
.des rapports", c'e·st pas tout à fait.ça. Ch peut sérieusement narler de
rapport, non seulement quand l'établit un discours, mais quand on l'é-
nonce, le rapport, Parce que c'est vrai que le réel est là avant que noUG
l,è pensions, mais le rapport c'est beaucoup plus douteux: non seulement
.il faut le Pense1;, mais il faut l'écrire, Si vous êtës nas foutus de
l'écrirè,.il n'y a pas de rapport. Ce serait peut-être très remarquable
s'il s'avérait, assez longtemps pour que ça commence à s'élucider un
peu, qu'il est impossible de l'écrire, ce qu'il en serait du ranport
sexuel. La chose a de l'importance, -parce que justement, nous sommes,
par le progrès de ce qu'on anpelle la science, en train de pousser très
loin un tas de menuas affaires qui se situent au ,üvëail du gamète, a u
ni veau du gène, au ni veau d'un certain nombre de choix, de tris, qu'on
appelle comme on veut, méiose ou autre,.,et qui semblent bien élucider
quelque chose, quelque chose qui se ;,asse au niv- aù du fait que la
reproduction, au moins•da.ns une certaine zone de la vie, est sexuée
Seulement. ça n'a absolument rien à faire avec ce qu'il en est
du rapport sexuel, pour auta'lt_q_u'il est très certain que, chez l'être
parlant, il y a autour de ce ranport, en tant que fondé sur la joUis-
sance, un éventail tout à fait admirable en son étalement et que deux
-14-

choses en ont été, par Freud, par Freud et le discours analytique, mises
en évidence, c'est toute la gamme de la jouissance, je veux dire tout ce
'
qu'on ;,eut faire à èonvenabl èment. traiter un COrPS' voire son corns, tout
cela·, à.' quelqu degré, µartièipe de la jouissance sexuell.e. Seulement, la
jouissance sexuelle·'ells-mêmE>, quand vous voulez mettre la-main ..essus, si
je puis m'eX:Primer ainsi, elle n'est nlus sexuelle dUctout, ell.e se perd,
Et c Iest là qu'entre en jeu tout -ce qui s '.:édifie du ;terme !JO
Phallus qui est bien là' ce qui désigne un certain signifié,_ un signifié
d'un certain signifiant parfaitemc-nt évanouissant, car oour.ce qui est de
définir ce qu'il en est de l'homme ou de la femme, ce que la psychanalyse
no:.i montre, c'est très précisément que c'est im])Ossible et_que jusqu'à
un c rtairi degré, rien n'indique spécialement que ce soit vers le parte-
naire de l'autre ·sexe que do{ve se diriger la jouissance, si la jouissan-
ce est consi rée, même un instant, comme le guide de ce qu'il en est de
la fonction de reproduction-.
Nous nous trouvons là devant l 'éclatcment de la, disons, notion
de sexualité·, La sexualit est au centre, sans aucun doute, de tout ce qui
se passe dans l'inconscient, Mais elle est au centre en· ceci qu'elle est
un manque, e'est-à-dire qu'à la"place de quoi que ce soit qui -pourrait
s'écrire du rapport sexuel comme tel; se substitu·ent les imnasses qui
sont celles qu'en endre la fonction.de la. jcuissance précisément sexuel-
, .
le, en• tant qu'elle apparait comme c'ette sorte de point de_,mixage dont
. . .

quelque part Freud lui-meme do!llle la note comme de la jouissance absolue,


. A

Et c'est si près que' précisément elle ne 1 'est nas, absolue •.Elle n·e 1 'est
dans aucun sens, .d'abord parce que, comme telle, elle est vouée-à ces dif-
..
férentes formes d'échec que constituent la castration, P o u r la )ouissance
masculine, la di visi'on ])Our ce qu'il en est de la jouissance féminine et
que, d'autre part, ce à quoi la jouissance mène n'a strictement .rien à
faire avec la copulation; pour autant que .celle-ci est, di!,Ol).fl,le mode
usuel -ça changèra- nar où se fàit, dans l'èsnèce de l'être-na:rlant, la
reproduction.
En d·1 aut·r es termes, il y a une thèse: il n'y a pas de raP1JOrt
sexuel - c'est del'être· parlant que je narle. Il y a une antithèse qui
est 'la reproduction de la vie, C'est un thème bien connu. C'est l'actuel
drapeau de 1 'Eglise catholique,- en quoi il faut· saluer son courage,
,'Eglise catholique affirme qu'il y a un raiiwrt sGxuel: c'est celui
qui aboutit à faire rle·petits enfants. C'est une affirmation qui est tout
-15-

à fait tenable, simpl_ement elle e_st indé"lontrable. Aucun dise-ours ne peut


·1a: soutenir, sauf 1e discours religieux, e.n tant qu'il déf'init la stricte
é :paration qu_'il y a entre la vérité et le· savoir, Et troisièmement, il
·n '.Y a pas d,e synthè.se, .à moins que vous. n 'anpeliez· synthè_se cette remarque
qu'il n'y a de jouissance que.de mourir.
Tels sont les -point.s de vérité et de savoir dont il brnorte de
scander ce qu'il en est du savolr du nsychanalyste, à,ceci près qu'il n'7
a pas un seul ,psychanalyste pour qui ce ne soit lettre morte • ...,ourla syn-
thèse, on peut se fier à eux oour en soutenir les .termes et les voir tout
à fait _ailleurs que dans l 'i,nstinct de mort. Chasse:a le· ·naturel, comme on
dit, n'est-ce pas, il revient au galop,
I.l conviendrait tout de même de donner son vrai sens à cette
vieille formule Proverbiale. Le naturel, parlons-en, c'est bien de Ça
qu'il s'a,git, Le naturel, c'est tout ce qui s'habille <le la li.vrée du sa-
voir -et Dieu sait que ça ne manque pas !- et un discours qui est fait uni-
quement pour que le savoir fasse livrée, c'est le discours universitaire.
Il est tout à.fait clair que l'habillement dont il s'a,git, ·c•est l'idée de
· 1a_nature, Elle n'e t pas nrête.de dispara!tre d/.ldevant de la scène. Non
pas que j'essaie de lui en.substituer une autre, Ne vous ima,.-,ainez nas que
je _suis de ceux qui opposent la culture à la nature, D'abord ne snrait-ce
que parce que la nature, c'est nrécis.ément un fruit de la culture, Mais
·· le savoir .. la vérité ,
enfin ce rap;i,ort,1a vérité• ou, comme vous voudr ez .: . . , c est
1 e savoir
quelque chose à quoi nous n'avons même pas co!JlJllencé d'avoir le nlus Petit
commencement d'adhésion, comme de ce qu'il en est de la médecine, de la Psy-
chiatrie et d'un tas d'autres problèmes. ous allons être submergés avant
pas longtemps, avant 4,5 ans, de tous les problèmes ségrégatifs qu'on in-
titulera.ou qu'on.fustigera du terme de racisme, tous les Problèmes qui
sont précisément ceux qui vont consister"- ce qu'on a-.,-pelle simnlement le
contrôle de ce qui se passe au niveau de la renroduction de la vie chez des
êtres qui :5e trouvent, en raison de ce qu'ils parlent, avoir toutes sortes
de problèmes de conscience, Ce qu'il y a d'absolument inouï, c'est qu'on ne
se soit pas encore aperçu que les problèmes de conscience sont des Problèmes
de jouissance.
!-!ais enfin, on commence seulEment à pouvoir les dire. Il n'est
nas sûr du tout que ça ait la moindre conséquence, nui sque nous savons en
effet que 1 'interprétation., ça demande, J)Our être reçue, ce que j'appelais,
en commençant_, du travail. Le savoir, lui , est de l'ordre de la jouissance.
-16-

On· ne voit absolument pas pourquoi il changerait de lit. Ce que les


'g!JnS attenden •- dénoncent du titre d'intellectualisation, ça veut sim-
plement re ceci'qù'ils sont habitués_ Par eX]Jérience à s'anercevoir
qu'il n'est nullement nécessaire;. il n 1 est .nullèm ent suffisant.de r.om-
prendre quelque chose pèur q11e quoi que ce soit' change. Lé\-,question au
,:•; ·sàvoir ,:iu)?Sychanalyste n'est pas du tout que ·çâ. s'articule ou pq.5, la
·question est de savoir ·à quelle place i,l faut itre 'Dour le soutenir,
C'est.é:videmment là-dessus que j'essaie ai d'indiquer q_uelque..chose dont t
je ne. sais pas si j'arriverai à lui, donner une· formulation qui soit
transmissible, J'essaierai nourtant.
La question est de sa.voir dans quelle mesure .ce que la
sr.ience, la science à laquelle la nsychanalyse, dan·s l • casion tout
autant qu'au temps de Freud, ne peut rien f'ai.re de-Plus que faire r.ortè-
ge, ce que la science ryeut atteindre qui relève du terme de réel.
Le symbolique, l 'Imaginaire et. le Réel. . '

Il est très.clair que la i:,uissanci:, du Symbolique_n'a pas à


être démontrée, 8'est· la Puissance même. Il n'y·a aucune trace de Puis-
sance dans.le monde.ava'lt. l'aµ1)arition du langage, Ge qu'il.y a.de fra'l-
pant dans.ce que .. Freud e,:,quisse de l'avant-Coµerniè, c'est qu'i1 s'ima-
gine. <J.llB.
l'homme était tout heureux d'être au centre de .l'uni v_e:rs et
qu '_il i , ' en- croyait le roi, C'est vrai.ment une illusion. absolument fabu-
leuse! S ' 1 y a quelque chose dont il prenait .1'fèl.ée dans les s1Jhères
éternelles, c'était nrécisément que. ù,.··étàlt j e dernier mot du savoir,
Ce qui sait dans le monâe- quelque chose -il faut <lu t.em'Ps. :oour. que ça
passe- ce sont les sµhères éthérées. Elles saven't, C'Gst bien en quoi
le. savoir est associé, dès l 'otj.gine, à l'idée du· oouvoir.
Et dans· cette µeti te annonce' qu'il y a au dos au gros ;;a.quet
de mes Ecrits t vous le voyez, parce qùe' -nourquoi ne µas, l'avouer- C test
moi qui l'ai écrl te, cet te petite note- qui d'autre qµe moi aurait pu le
.
faire, on reconnait . mon style et. c'est pas mal écrit du ~tout: - j 'invoq uc
les Lumières;
..
Il est tout à fait clair que les Lumières ont mis un certain
temps à s'élucider. Dans un premier tem'!ls, elles ont bien raté leur coup,
Mais enfin, comme l'Enfer, elles étaient Pavées de bonnes intentions, Con-
trairement à tout ce qu'on. en a pu <lire, les Lwnières avaient pour but
.d'énoncer un savoir qui ne fÛt ho1'llllél/se·
à aucun pouvoir, Seulement, on a
bi n le regret de dev ir constat r que ceux qui·se S()nt emnloyés à cet
-17-

..
office étaient un neu trop dans des positions de valets par ranPOrt à un
cortain tY])o - je dois dire assez heureux et florissant- de maitre,
• a.i,entd'
les nobles d e 1 'enoque, POur qu 'ils;pu aucune façon abo ut·ir a· autre
chose qu'à cette fameuse révolution française qui a eu le résultat que
vous sa,vez, à savoir l'instauration d'une race de ma!tre ulus féroce que
tout ce qu'on avait vu jusque là à 1 'oeuvre,
Un savoir qui n'en peut mais, le savoir de l'imnuissance,
voilà ce que le nsychanalyqte, clans ure certaine persnective, une Pers-
pective que je ne qualifierai pas de Progressive, voilà ce que le Psy-
chanalyste pou=ait véhiculer,
Et pour vous donner le ton de la trace dans laquelle cette an-
née, j'espère poursuivre mon discours, je vais vous donner le titre, la
prtmeur -pourléchez-vous les babines je vais vous donner le titre du sé-
minaire que je vais d nner à la même place que l'année dernière, par la
grâce de quelques personnes qui ont bien voulu s'employer à nous la nré-
server,
Ca s'écrit comme ça ••• d'abord avant de le nrononcer, ça
c'est un O, et ça un U ••• Trois points, vous mettrez ce que voudrez, com-
me ça je vais le livrer à votre méditation ... Ce OU, c'est le OU qu'on
appelle "vel" ou "aut" en latin, ou pire :.
.. .•• OU PIRE •

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