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LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022

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SUITES NUMÉRIQUES

1. BORNE SUPÉRIEURE, BORNE INFÉRIEURE D’UNE PARTIE NON VIDE DE .


1.1. MAJORANT, MINORANT D’UNE PARTIE DE .
DÉFINITION 1. Soit A une partie non vide de .
i. On dit que M   est un majorant de A si et seulement si x  A, x  M.
ii. On dit que m   est un minorant de A si et seulement si x  A, m  x.
iii. On dit que A est majorée si et seulement si A admet au moins un majorant.
iv. On dit que A est minorée si et seulement si A admet au moins un minorant.
v. On dit que A est bornée si et seulement si A est majorée et minorée.

EXEMPLES.
i. Soit n  N : A  p  N; p divise n . A est majorée par n et minorée par 1.
ii. ], 5 ] n’est pas minorée et est majorée par tout réel M  5.
iii.  n’est ni majorée, ni minorée.
iv. cos(x ); x   est minorée par -1 et majorée par 1.

DÉFINITION 2. Soit A une partie non vide de et a   .


i. On dit que a est un maximum de A si et seulement si a est un majorant de
A et a  A. Lorsqu’il existe, cet élément est unique; on le note max(A ).
ii. On dit que a est un minimum de A si et seulement si a est un minorant de
A et a  A. Lorsqu’il existe, cet élément est unique; on le note min(A ).

EXEMPLES.
i. Soit a, b Z. On définit :
A  d  Z; d divise a et d divise b et B  m  Z; a divise m et b divise m .
A est l’ensemble des diviseurs communs à a et b. B est l’ensemble des
multiples communs à a et b.
L’ensemble A admet un maximum appelé plus grand diviseur commun de a et
b : on le note pgdc(a, b ).
L’ensemble B admet un minimum appelé plus petit multiple commun de a et b
on le note ppmc(a, b ).

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ii. Dans N toute partie non vide majorée (resp. minorée) admet un plus grand
(resp. petit) élément.
iii. La partie ]a, b ] de  est bornée. Elle admet un plus grand élément qui est b.
En revanche, elle n’admet pas de plus petit élément bien qu’elle soit minorée.
Par ailleurs l’ensemble des minorants de A est ], a ] et l’ensemble des
majorants, [b,  [.
iv. L’ensemble 1x ; x  0 est un ensemble minorée (par 0); il n’est pas majorée
puisque lim 1x  . Bien que minorée, cet ensemble n’admet pas de plus petit
x0
lim 1x  0  mais 0 n’est pas atteint par la fonction x  1x .
élément puisque x

PROPOSITION 1. Si A est une partie finie non vide de  alors A admet un plus grand
et un plus petit élément.

1.2. BORNE SUPÉRIEURE, BORNE INFÉRIEURE.

DÉFINITION 3.
i. Soit A une partie non vide majorée de . Si l’ensemble des majorants de A,
noté Maj(A ), admet un plus petit élément, alors cet élément s’appelle la borne
supérieure de A. On note cet élément sup(A ).
ii. soit A une partie non vide minorée de  . Si l’ensemble des minorants de A,
noté Min(A ) , admet un plus grand élément, alors cet élément s’appelle la
borne inférieure de A. On note cet élément inf(A ) .

REMARQUE : en tant que plus petit élément de Maj(A ), la borne supérieure sup(A )
appartient à Maj(A ). En revanche, on n’a pas nécessairement sup(A )  A . De même,
on n’a pas nécessairement inf(A )  A .

EXEMPLES.
i. Soit A une partie admettant un plus grand élément; alors A admet une borne
supérieure et sup(A )  max(A ) . On a le même résultat avec la borne inférieure.
ii. A  ]a, b ]. L’ensemble des majorants de A est : Maj(A )  [b,  [. Cet ensemble
admet un plus petit élément qui est b, donc la borne supérieure de A est
sup(A )  b. On remarque que sup(A )  A . L’ensemble des minorants de A est :
Min(A )  ], a ]. Cet ensemble admet un plus grand élément qui est a , donc la
borne inférieure de A est inf(A )  a . On remarque que inf(A )  A.

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iii. A  ]b,  [ : cet ensemble n’est pas majorée il n’admet donc pas de borne
supérieure. A est minorée et dans ce cas, sa borne inférieure est inf(A )  b  A.

EXERCICE. Soit A  x  ; x  0 et x 2  2 et B  x  Q; x  0 et x 2  2  A Q.


i. Montrer que A admet une borne supérieure et que sup(A )  2  A .
ii. Montrer que B admet également une borne supérieure et que sup(B )  2  B

On admet le théorème fondamental suivant :


THÉORÈME 1. (propriété fondamentale de )
i. Toute partie non vide majorée de  admet une borne supérieure.
ii. Toute partie non vide minorée de  admet une borne inférieure.

REMARQUE : cette propriété fondamentale de  n’est pas vraie pour le corps des
nombres rationnels Q. Dans Q, il existe des parties non vide majorée n’admettant
pas de borne supérieure appartenant à Q.
Par exemple, la partie B  x  Q; x  0 et x 2  2 de l’exercice précédent est une
partie non vide de Q mais n’admet pas de borne supérieure dans Q.

1.3. CARACTÉRISATION DE LA BORNE SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE.

THÉORÈME 2. Soit A une partie non vide majorée de . Alors b est la borne
 x  A, x  b (1 ) 
supérieure de A si et seulement si  (2 ) .
   0, x  A, b    x  b 

REMARQUE : la propriété (1) signifie que b est un majorant de A, et la propriété (2)


que b est le plus petit des majorants de A.

De façon similaire, on a une caractérisation de la borne inférieure d’une partie :


THÉORÈME 3. Soit A une partie non vide minorée de . Alors b  est la borne
 x  A, b   x (1 ) 
inférieure de A si et seulement si  (2 ) .
   0, x  A, b  x  b  
 


EXERCICE. Montrer que la borne inférieure de 1x ; x  0 est 0.

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2. GÉNÉRALITÉS SUR LES SUITES RÉELLES.

2.1. DÉFINITIONS.
DÉFINITION 4. Une suite de nombres réels est une application u définie sur une partie
I de N et à valeurs dans  : u : I  , n  u(n ).

NOTATION : on emploie, pour parler de l’image u(n ), la notation : u(n )  u n . Pour


désigner la suite u, on pourra également utiliser la notation : u  (u n ) nI . Le réel u n
s’appelle le terme de rang n de la suite u.

EXEMPLES :
1 ; dans ce cas, I N  et u  1
un  n
i. ( n ) nN  .
ii. u n  1 ; dans ce cas, I  2p; p  N .
1  (1 ) n
iii. u n  ( 1 ) ; dans ce cas, I N 0, 1 .
n n1
iv. u n  q n ; dans ce cas, I N.

Il y a trois façons de définir une suite :


a. Une suite (u n ) nI peut être définie en donnant la valeur explicite de u n en
fonction de n.
n
n(n  1 )
EXEMPLE : u n   k  .
k1 2
b. Une suite (u n ) nI peut être définie en se donnant un premier terme u n 0 et une
relation, dite relation de récurrence, permettant de calculer le terme de rang
n  1 connaissant le terme de rang n : u n1  f (u n ) où f est une fonction réelle
d’une variable réelle.
Une telle suite s’appelle suite récurrente d’ordre 1.
On peut généraliser : (u n ) nI peut être définie en se donnant les p premiers
termes u n 0 , u n 01 , , u n 0p1 et une relation de récurrence de la forme :
n  0, u n 0p  f (u n 0 , u n 01 , , u n 0p1 ).
EXEMPLES :
 u 0  1   u 0  0, u 1  1 
 n  N, u  u 3  1 ,  n  N, u  u  u .
 n1 n   n2 n1 n 

La deuxième suite s’appelle suite de Fibonacci.


c. Une suite (u n ) nI peut être définie de façon implicite.
Exemple : soit n  0; on considère l’équation d’inconnue réelle x
(E n ) xe x  n.

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On montre que l’équation (E n ) admet une unique solution dans [0,  [ notée
u n . On a donc construit une suite (u n ) n N de façon implicite : on ne connaît
pas l’expression de u n en fonction de n. On sait uniquement que :
n  N, u n e u n  n.

NOTATION : on note par  N l’ensemble des suites réelles.

2.2. OPÉRATIONS SUR L’ENSEMBLE N.


DÉFINITION 5. Soit u et v deux suites réelles de termes de rang n respectifs u n et v n.
i. la somme des suites u et v est la suite notée u  v dont le terme de rang n
est u n  v n
ii. le produit des suites u et v est la suite notée u  v dont le terme de rang n est
un  vn
iii. si   ‘, on définit la suite notée   u dont le terme de rang n est   u n .
iv. si v n  0 pour tout n, le rapport des suites u et v est la suite notée uv dont le
u
terme de rang n est v nn .

REMARQUE : avec les notations du cours, on obtient :


(u  v ) n  u n  v n , (u  v ) n  u n  v n , (  u ) n    u n et ( uv )  uv n .
n n

Composée d’une suite par une fonction :

DÉFINITION 6. Soit u une suite réelle et f :    telles que : n  I, u n  D où D est


l’ensemble de définition de f. La composée de u par f est la suite réelle notée f  u
dont le terme de rang n est f (u n ) : (f  u ) n  f (u n ) .

EXEMPLE : f (x )  x , la suite f  u est la suite dont le terme de rang n est u n . Cette


suite s’appelle la suite «valeur absolue de u».

Dans toute la suite du cours, l’ensemble I d’une suite sera de la forme


I  n  N; n  n 0 . Les suites pour lesquelles I est finie ne sont pas intéressantes.

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2.3. MONOTONIE D’UNE SUITE RÉELLE.

DÉFINITION 7. Soit u  (u n ) nI une suite réelle.


i. On dit que u est croissante (resp. strictement croissante) si et seulement si
(n, m )  I 2 , (m  n )  (u m  u n ) (resp. (m  n )  (u m  u n ) ).
ii. On dit que u est décroissante (resp. strictement décroissante) si et seulement si
(n, m )  I 2 , (m  n )  (u m  u n ) (resp. (m  n )  (u m  u n ) ).
iii. On dit que u monotone (resp. strictement monotone) si et seulement si u est
ou bien croissante (resp. strictement croissante) ou bien décroissante (resp.
strictement décroissante).
iv. On dit que u est constante si et seulement si il existe une constante c   telle
que n  I, u n  c.
v. On dit que u stationnaire si et seulement si il existe un entier N  N et une
constante c   tels que n  N, u n  c (on parle alors de suite constante à
partir d’un certain rang).

PROPOSITION 2. Soit u  (u n ) nI une suite réelle.


i. u est croissante (resp. strictement croissante) si et seulement si
n  I, u n  u n1 (resp. n  I, u n  u n1 ).
ii. u est décroissante (resp. strictement décroissante) si et seulement si
n  I, u n  u n1 (resp. n  I, u n  u n1 ).
SUITES MAJORÉES, MINORÉES, BORNÉES :
DÉFINITION 8. Soit u  (u n ) nI une suite réelle.
i. On dit que u est majorée si et seulement si u n ; n  I est une partie majorée
de .
ii. On dit que u est minorée si et seulement si u n ; n  I est une partie minorée
de .
iii. On dit que u est bornée si et seulement si u n ; n  I est une partie bornée de
.

PROPOSITION 3. La suite (u n ) nI est bornée si et seulement si la suite ( u n ) nI est


majorée.

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3. LIMITE D’UNE SUITE RÉELLE

3.1. LIMITE FINIE OU INFINIE

DÉFINITION 9. Soit (u n ) n0 une suite réelle.


i. Soit   . On dit que (u n ) n0 admet pour limite    lorsque n tend vers si
et seulement si
  0, N  N, n  N, n  N  u n    .
ii. On dit que (u n ) n0 tend vers  lorsque n tend vers  si et seulement si
A  0, N  N, n  N, n  N  u n  A.
lim u n  .
On note alors n
iii. On dit que (u n ) n0 tend vers  lorsque n tend vers  si et seulement si
B  0, N  N, n  N, n  N  un  B.
lim u n  .
On note alors n

PROPOSITION 4. [UNICITÉ DE LA LIMITE] On suppose que (u n ) n0 admet pour limite   


et    . Alors     . Dans ce cas, on note
lim u n  .
n

DÉFINITION 10. Soit (u n ) n0 une suite réelle.


i. On dit que (u n ) n0 est convergente lorsqu’il existe    tel que n
lim u n  .
ii. On dit que (u n ) n0 est divergente lorsque (u n ) n0 n’est pas convergente.

REMARQUE : ainsi, si (u n ) n0 est divergente alors soit (u n ) n0 tend vers , soit
(u n ) n0 n’admet pas de limite. Par exemple, on peut montrer que la suite (u n ) n0
définie par u n  sin(n ) est divergente et qu’elle n’admet pas de limite infinie
puisqu’elle est bornée.

PROPOSITION 5. Toute suite convergente est bornée.

REMARQUE : la réciproque est fausse. Par exemple, la suite (u n ) n0 définie par
u n  (1 ) n est bornée et elle n’est pas convergente.

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3.2. OPÉRATIONS SUR LES LIMITES

3.2.1. SOMME
Le tableau ci-dessous donne la limite de (u n  v n ) suivant les limites de (u n ) et (v n )

3.2.2. PRODUIT
Le tableau ci-dessous donne la limite de (u n  v n ) suivant les limites de (u n ) et(v n )

PROPOSITION 6. Soit (u n ) n0 une suite convergente vers 0 et (v n ) n une suite bornée.
lim u n v n  0.
Alors n

3.2.3. QUOTIENT
u
Le tableau ci-dessous donne la limite de ( v nn ) suivant les limites de (u n ) et(v n )

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3.3. INÉGALITÉ ET LIMITE

PROPOSITION 7. [CONSERVATION DE L’INÉGALITÉ LARGE PAR PASSAGE À LA LIMITE]

Soit (u n ) n0 une suite convergente vers   . Soit a  .


i. Si n  0, lim u n    a.
u n  a, alors : n
ii. Si n  0, lim u n    a.
u n  a, alors : n

REMARQUE : l’inégalité stricte n’est pas conservée par passage à la limite. Si on a


u n  a alors, par passage à la limite, on obtient n
lim u n    a.

PROPOSITION 8. Soit (u n ) n0 une suite convergente vers   . On suppose que   0.


Alors à partir d’un certain rang N, on a
n  N, u n  0.

THÉORÈME 4. [THÉORÈME D’ENCADREMENT OU D’EXISTENCE D’UNE LIMITE PAR ENCADREMENT]

Soit (u n ), (v n ) et (w n ) trois suites telles qu’à partir d’un certain rang on ait :
u n  v n  wn .
Alors si (u n ) et (w n ) convergent vers une même limite  alors (v n ) converge
également vers .

n
EXEMPLE D’APPLICATION. Soit (v n ) n1 la suite définie par : n  1, vn   1 .A
k1 n2k
l’aide d’un encadrement, déterminer la limite de la suite (v n ) n1 .

COROLLAIRE DU THÉORÈME 4. Soit (u n ) et ( n ) deux suites réelles vérifiant :


i. n  n 0 ,  n  0,
lim  n  0,
ii. n
iii. n  n 0 , 0  u n   n .
Alors la suite (u n ) converge vers 0 : n
lim u n  0.

EXEMPLE D’APPLICATION. Déterminer la limite de la suite (u n ) n1 définie par


 n
un  n pour tout n  1.

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PROPOSITION 9. [EXISTENCE D’UNE LIMITE INFINIE PAR MINORATION OU MAJORATION]

Soit (u n ), (v n ) deux suites telles qu’à partir d’un certain rang on ait :
un  vn.
Alors :
i. Si (u n ) est divergente vers  alors (v n ) est divergente vers .
ii. Si (w n ) est divergente vers  alors (v n ) est divergente vers  .

4. SUITES MONOTONES ET ADJACENTES

THÉORÈME 5. Soit (u n ) une suite réelle. Alors :


i. Si (u n ) est croissante et majorée alors la suite (u n ) est convergente.
ii. Si (u n ) est décroissante et minorée alors la suite (u n ) est convergente.
iii. Si (u n ) est croissante et non majorée alors lim u n  .
n
iv. Si (u n ) est décroissante et non minorée alors n
lim u n  .

REMARQUE. Le cas (i) ou (ii) permet d’établir qu’une suite est convergente mais en
aucun cas cela permet de déterminer la limite de la suite. Pour trouver ensuite la
limite, il faut faire des calculs supplémentaires. Si dans un énoncé on vous demande
de montrer qu’une suite est convergente sans calculer sa limite, il faut penser à
utiliser ce théorème : toute suite croissante majorée converge ou décroissante minorée
converge.

EXEMPLE D’APPLICATION. Soit (u n ) n1 la suite définie par :


n
n  1, u n   1 .
k1 n  k
( )
Montrer que la suite u n n1 est convergente. On ne cherchera pas à calculer sa
limite.

Le cas des suites adjacentes :


DÉFINITION 11. On dit que deux suites (u n ) et (v n ) sont adjacentes si et seulement si
lim (u n  v n )  0.
l’une est croissante, l’autre décroissante et n

THÉORÈME 6. [SUITES ADAJACENTES]

Soit (u n ) et (v n ) deux suites adjacentes. Alors (u n ) et (v n ) sont convergentes vers


lim u n   n
une même limite    : n lim v n .

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EXEMPLE. Montrer que les deux suites suivantes sont adjacentes :


n
n  0, u n   1 et n  0, v n  u n  1 .
k0 k! n  n!
Ces deux suites sont donc convergentes et leur limite commune est e  exp(1 )  2, 71.

5. SUITES EXTRAITES

DÉFINITION 12. Soit (u n ) et (v n ) deux suites réelles. On dit que la suite (v n ) est une
suite extraite de la suite (u n ) si et seulement si il existe une application  : N  N
strictement croissante telle que
n  N, v n  u (n ) .

EXEMPLES. Soit (u n ) une suite réelle.


i. v n  u 2n : ici (n )  2n et la suite extraite (v n )  (u 2n ) est la suite des termes de
rangs pairs de la suite (u n ),
ii. v n  u 2n1 : ici (n )  2n  1 et la suite extraite (v n )  (u 2n1 ) est la suite des
termes de rangs impairs de la suite(u n ),
iii. v n  u n1 : ici (n )  n  1 et la suite extraite (v n )  (u n1 ) est la suite décalée
de 1 de la suite(u n ). Plus généralement, si k  1 est un entier, (v n )  (u nk ) est
la suite décalée de k de la suite(u n ),
iv. v n  u 2 n : ici (n )  2 n .
Les suites (u 2n ) , (u 2n1 ) et (u nk ) sont les suites extraites les plus fréquemment
utilisées.

THÉORÈME 7. [LIMITES DE SUITES EXTRAITES]

Soit (u n ) une suite réelle. Soit      .


i. lim u n  , alors pour toute suite extraite (u (n ) ) on a n
Si n lim u (n )  .
lim u 2n   et n
ii. Si n lim u 2n1  , alors n
lim u n  .

REMARQUE. Le théorème précédent s’utilise beaucoup pour établir qu’une suite est
divergente sans admettre de limite. En effet, pour montrer qu’une suite (u n ) est
divergente, il suffit de trouver deux suites extraites (u (n ) ) et (u (n ) ) pour lesquelles
lim u (n ) .
lim u (n ) n
n
Par exemple, la suite u n  (1 )n est divergente puisque :
lim u 2n  1  1 n
n
lim u 2n1

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Un théorème théorique que l’on utilise peu souvent mais qui est néanmoins
important :
THÉORÈME 8. [BOLZANO-WEIERSTRASS]
Soit (u n ) une suite bornée. Alors il existe une suite extraite de (u n ) qui soit
convergente.

EXEMPLE. Soit u n  (1 ) n . La suite (u n ) est bornée. D’après le théorème de Bolzano


Weierstrass, il existe au moins une suite extraite convergente. Par exemple, la suite
extraite (u 2n ) n0 est convergente vers 1. De même, la suite extraite (u 2n1 ) n0 est
convergente vers 1.

6. SUITES COMPLEXES

6.1. GÉNÉRALITÉS
DÉFINITION 13. Une suite complexe est une application u définie sur une partie I  N
et à valeurs dans C : u : I  C, n  u(n ).

Comme pour les suites réelles, on adopte la notation u n à la place de u(n ). Pour
désigner la suite u, on pourra également utiliser la notation : u  (u n ) nI . Le
complexe u n s’appelle le terme de rang n de la suite u.

DÉFINITION 14. Soit (u n ) nI une suite complexe. On définit alors les deux suites réelles
(x n ) nI et (y n ) nI par : x n  Re(u n ) et y n  Im(u n ). Ainsi : n  I, u n  x n  iy n . La
suite (x n ) nI s’appelle la suite partie réelle de la suite (u n ) nI et la suite (y n ) nI
s’appelle la suite partie imaginaire de la suite (u n ) nI . On les note respectivement
(Re(u n )) nI et (Im(u n )) nI .

Comme pour les suites réelles, on définit la somme, la multiplication par un scalaire,
le produit, le quotient de deux suites complexes.

DÉFINITION 15. Soient u et v deux suites complexes de termes de rang n respectifs


u n et v n.
i. la somme des suites u et v est la suite notée u  v dont le terme de rang n
est u n  v n

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ii. le produit des suites u et v est la suite notée u  v dont le terme de rang n est
un  vn
iii. si   ‘, on définit la suite notée   u dont le terme de rang n est   u n .
iv. si v n  0 pour tout n, le rapport des suites u et v est la suite notée uv dont le
u
terme de rang n est v nn .

REMARQUE. Avec les notations du cours, on obtient :


(u  v ) n  u n  v n , (u  v ) n  u n  v n , (  u ) n    u n et ( uv )  uv n .
n n

Le corps des complexes C ne possédant pas d’ordre (de relation ), la notion de suite
complexe croissante, décroissante, majorée, minorée n’a aucun sens. En revanche, on
donne la définition d’une suite complexe bornée :

DÉFINITION 16. Une suite complexe (u n ) nI est bornée si et seulement si :


M  0, n  I, un  M
où u n désigne le module de u n .

Exemples.
2in
i. un  e m où m est un entier fixé. Cette suite est bornée puisque :
n  0, u n  1.
1 i 2 1 .
ii. u n  n ( n)

6.2. CONVERGENCE D’UNE SUITE COMPLEXE

DÉFINITION 17. Soit (u n ) nI une suite complexe. Soit l  C. On dit que (u n ) nI admet l
pour limite si et seulement si
  0, N  Œ, n  Œ, (n  N )  u n  l  .
REMARQUE. C’est la même définition que pour les suites réelles.

PROPOSITION 10. Si une suite complexe (u n ) nI admet l et l  pour limite alors l  l  .

DÉFINITION 18. Soit (u n ) nI une suite complexe. On dit que (u n ) nI converge si et
seulement si il existe un complexe l  C tel que (u n ) nI admette l pour limite. De
plus, ce complexe est unique; on l’appelle la limite de la suite (u n ) nI et on note :
l n
lim u n .

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On dit que (u n ) nI diverge si et seulement si (u n ) nI ne converge pas.

REMARQUES.
i. C’est la même définition que pour la convergence des suites réelles; il suffit de
remplacer la valeur absolue par le module.
ii. Dans l’ensemble des nombres complexes, il n’y a pas d’ordre donc il n’existe
pas de «limite infinie» pour une suite complexe. Ainsi, une suite complexe est
soit convergente vers un complexe, soit divergente sans avoir de limite.

Comme pour les suites réelles, on a le résultat important suivant :


PROPOSITION 11. Soit (u n ) nI une suite complexe,l  C. On a alors :
lim u n  l si et seulement si n
n
lim u n  l  0.

REMARQUE. La suite ( u n  l ) nI est une suite réelle.

2in
EXEMPLES. si on reprend les exemples précédents, on a : la suite u n  e m n’admet
pas de limite et n 1  i 2  1  2i .
lim ( n ( n ))

6.3. OPÉRATIONS SUR LES LIMITES

Puisqu’une suite complexe n’admet pas de limite infinie, les opérations sur les limites
se résument à la proposition suivante :
PROPOSITION 12. Soient (u n ) nI et (v n ) nI deux suites complexes convergentes de
limites respectives l et l  . Alors :
i. la suite (u n  v n ) nI est convergente vers l  l  .
ii. si   Š, la suite (  u n ) nI est convergente vers   l.
iii. la suite (u n  v n ) nI est convergente vers l  l  .
u
iv. si v n  0 pour tout n  I et si l   0, la suite ( v nn ) nI est convergente vers l .
l

6.4. PROPRIÉTÉS DE LA CONVERGENCE D’UNE SUITE COMPLEXE

Le principal résultat et le plus important est le suivant :

THÉORÈME 9. soit (u n ) nI une suite complexe. La suite (u n ) nI converge vers l si et
seulement si les suites réelles (Re(u n )) nI et (Im(u n )) nI convergent respectivement
vers Re(l ) et Im(l ).

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PREUVE. Posons : u n  x n  iy n et l  a  ib.


( ) si lim u n  l alors lim u n  l  0. Or u n  l 2
 (x n  a )  (y n  b ) donc :
2 2
n n
x n  a  u n  l et y n  b  u n  l .
On en déduit, par le théorème d’encadrement, que :
lim (x n  a )  0 et lim (y n  b )  0.
n n
Réciproquement, si : nlim (x n  a )  0 et n
lim (y n  b )  0.
Puisque u n  l  x n  a  i(y n  b ) , par l’inégalité triangulaire, on obtient :
un  l  xn  a  yn  b .
Ainsi, toujours par le théorème d’encadrement, on obtient :
lim u n  l  0 i.e. n
n
lim u n  l.

REMARQUE. Le théorème précédent permet de ramener l’étude d’une suite complexe à


l’étude de deux suites réelles, étude vue dans les sections précédentes.

On a également le résultat suivant :


PROPOSITION 13. Soit (u n ) nI une suite complexe convergente. Alors la suite (u n ) nI
est bornée.

On terminera par le théorème de Bolzano-Weierstrass qui est également valable pour


les suites complexes :
THÉORÈME 8. [BOLZANO-WEIERSTRASS]
Soit (u n ) une suite bornée. Alors il existe une suite extraite de (u n ) qui soit
convergente.

7. SUITES PARTICULIÈRES

Dans cette section,  désigne l’ensemble des nombres réels ou des nombres
complexes.
7.1. SUITES ARITHMÉTIQUES

DÉFINITION 19. Une suite (u n ) nn0 est dite arithmétique si et seulement si il existe une
constante r   telle que
n  n 0 , u n1  u n  r.
Ainsi, une suite (u n ) est arithmétique si et seulement si la suite (u n1  u n ) est une
suite constante. On dit que (u n ) nn0 est une suite arithmétique de raison r.

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En utilisant le principe de téléscopage d’une somme, on obtient :


n1 n1 n1
 (u k1  u k )  u n  u n 0 
kn 0

kn 0
r r 
kn 0
1  r  (n  1  n 0  1 )  (n  n 0 )r.

Si (u n ) nn0 est une suite arithmétique de raison r, alors :


n  n 0 , u n  u n 0  (n  n 0 )r.

On en déduit que si (u n ) nn0 est une suite arithmétique RÉELLE de raison r, alors :
i. Si r  0, alors n
lim u n  
ii. Si r  0, alors n
lim u n  
iii. Si r  0, alors (u n ) nn0 est constante égale à u n 0 .

7.2. SUITES GÉOMÉTRIQUES

DÉFINITION 20. Une suite (u n ) nn0 est dite géométique si et seulement si il existe une
constante q   telle que
u n1
u n  q.
n  n 0 ,
u
Ainsi, une suite (u n ) est géométique si et seulement si la suite ( un1 n ) nn 0
est une
suite constante. On dit que (u n ) nn0 est une suite géométique de raison q.

En utilisant le principe de téléscopage d’un produit, on obtient :


n1 n1
u k1 un

kn
uk 
0
 
u n0 kn q  q
n1n 0 1
 q nn 0 .
0

Si (u n ) nn0 est une suite géométique de raison q, alors :


n  n 0 , u n  q nn 0  (n  n 0 ).
REMARQUE. Si q  1 alors la suite géométrique est constante.

PROPOSITION 15. Soit (u n ) nn0 une suite géométique de raison q. Alors il y a


équivalence entre
i. (u n ) nn0 est convergente vers 0,
ii. q  1.
Dans ce cas, lorsque q  1, on otient la limite :
lim u n n
n
lim q n  0.

PROPOSITION 16. Soit (q n ) n0 une suite géométique RÉELLE de raison q  . Alors :
i. Si q  1 alors n
lim q n  ,
ii. Si q  1 alors (q n ) n0 est une suite divergente sans limite infinie.

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7.3. SUITES ARITHMÉTICO-GÉOMÉTRIQUES

DÉFINITION 21. Une suite (u n ) nn0 est dite arithmético-géométique si et seulement si il


existe deux constantes a, b   telles que
n  n 0 , u n1  au n  b.
La suite (u n ) nn0 est donc déterminée par son premier terme u n 0 et les coefficients a
et b. La relation u n1  au n  b permet de calculer le terme de rang n  1 connaissant
le terme de rang n.

REMARQUE. Pour a  1, on retrouve une suite arithmétique et pour b  0 une suite


géométrique.

On suppose désormais que a  1 et b  0. On sait exprimer le terme général u n en


fonction de n. Soit (u n ) nn une suite arithmético-géométique. Alors :
0

n  n 0 , u n1  au n  b.
Tout d’abord remarquons que si (u n ) nn0 est convergente vers  alors :
lim u n   et n
n
lim u n1  a  b par opération sur les limites.
Or (u n1 ) nn0 est une suite extraite de (u n ) nn0 donc
lim u n   n
n
lim u n1  
Ainsi, par unicité de la limite, on obtient :
lim u n1    a  b.
n
On obtient alors   b .
1a
Pour obtenir l’expression explicite de u n en fonction de n on considère la suite
(v n ) nn définie par
0

n  n 0 , v n  u n  .

On vérifie qu’ainsi définie, la suite (v n ) nn 0 est géométrique de raison q  a :


b(1  a )
v n1  u n1    au n  b  b  au n   b  au n  b  ba  b  au n  ab
1a 1a 1a 1a 1a
 a( u n  b )  av n
1a
Par la section précédente, on peut en déduire que
n  n 0 , v n  v n 0 a nn0  (u n 0   )a nn 0 .
On obtient finalement
n  n 0 , u n  (u n 0   )a nn 0    (u n 0  b
1a
)a nn 0  b
1a .

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Cette dernière expression permet d’affirmer que la suite (u n ) nn0 est convergente si et
seulement si a  1. Dans ce cas, on obtient que
lim u  b .
n n 1a

EXEMPLE. Soit (u n ) n0 la suite définie par


 u 0  1 
 1 .
 n  0, u n1  2 u n  1 
Exprimer le terme général u n en fonction de n. En déduire la limite de u n .

7.4. SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES D’ORDRE 2


DÉFINITION 22. Une suite (u n ) n0 est dite récurrente linéaire d’ordre 2 si et seulement
si il existe deux constantes a, b   telles que
n  0, u n2  au n1  bu n .
La suite (u n ) n0 est donc déterminée par ses deux premiers termes u 0 et u 1 et les
coefficients a et b. La relation u n2  au n1  bu n permet de calculer le terme de rang
n  2 connaissant les termes de rang n  1 et n.

On remarque que la suite (u n ) n0 vérifie la relation :


u n2  au n1  bu n  0.
Cette dernière équation fait penser à une EDL2 homogène à coefficients constants.
On introduit, comme pour les EDL2, le polynôme caractéristique :
P(t )  t 2  at  b.
Comme pour les EDL2, la forme des “solutions” va dépendre du nombre de racines
du polynôme caractéristique. On note par  son discriminant.

7.4.1. LE CAS DES SUITES COMPLEXES

Cas 1 :   0. Le polynôme P admet deux racines complexes r 1 et r 2 distinctes. On


montre alors qu’il existe deux constantes A, B  C telles que
n  0, u n  Ar n1  Br n2 ,
les constantes A et B sont déterminées par les conditions “initiales” :
u 0  A  B et u 1  Ar 1  Br 2 .
Pour déterminer les constantes A et B, il faut résoudre le système d’inconnues A et
B suivant :
 A  B  u 0 
 r A  r B  u .
 1 2 1 

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EXEMPLE. Soit (u n ) n0 la suite complexe définie par :


 u 0  0, u 1  1 
 n  0, u  (2  i )u  2iu .
 n2 n1 n 

Déterminer l’expression explicite de u n en fonction de n  0.

Cas 2 :   0. Le polynôme P admet une racine complexe double r. On montre alors


qu’il existe deux constantes A, B  C telles que
n  0, u n  (An  B )r n  Anr n  Br n ,
les constantes A et B sont déterminées par les conditions “initiales” u 0  B et
u 1  (A  B )r.
Pour déterminer les constantes A et B, il faut résoudre le système d’inconnues A et
B suivant :
 B  u 0 
 rA  rB  u .
 1 

EXEMPLE. Soit (u n ) n0 la suite complexe définie par :


 u 0  i, u 1  1 
 n  0, u  2iu  u .
 n2 n1 n 

Déterminer l’expression explicite de u n en fonction de n  0.

7.4.2. LE CAS DES SUITES RÉELLES

Cas 1 :   0. Le polynôme P admet deux racines réelles r 1 et r 2 distinctes. On


montre alors qu’il existe deux constantes A, B   telles que
n  0, u n  Ar n1  Br n2 ,
les constantes A et B sont déterminées par les conditions “initiales” :
u 0  A  B et u 1  Ar 1  Br 2 .
Pour déterminer les constantes A et B, il faut résoudre le système d’inconnues A et
B suivant :
 A  B  u 0 
 r A  r B  u .
 1 2 1 

Cas 2 :   0. Le polynôme P admet une racine réelle double r. On montre alors qu’il
existe deux constantes A, B   telles que
n  0, u n  (An  B )r n  Anr n  Br n ,
les constantes A et B sont déterminées par les conditions “initiales” u 0  B et
u 1  (A  B )r.

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Pour déterminer les constantes A et B, il faut résoudre le système d’inconnues A et


B suivant :
 B  u 0 
 rA  rB  u .
 1 

Cas 3 :   0. Dans ce cas, le polynôme P admet deux racines complexes r 1 et r 2


conjuguées. Mettons sous forme trigonométrique les complexes conjugués :
r 1  e i et r 2  e i .
On montre alors qu’il existe deux constantes A, B   telles que
n  Œ, u n   n (A cos(n )  B sin(n )),
les constantes A et B sont déterminées par les conditions “initiales” u 0  A et
u 1  (A cos   B sin  ).
Pour déterminer les constantes A et B, il faut résoudre le système d’inconnues A et
B suivant :
 A  u 0 
  cos( )A   sin( )B  u .
 1 

EXEMPLES.

 u 0  0, u 1  1 

i. Soit (u n ) n0 la suite réelle définie par :  1 1 .
 n  Œ, u n2  u n1  u n 
 3 3 
Exprimer u n en fonction de n. En déduire n lim u n.
ii. Soit (u n ) nŒ la suite réelle définie par
u 0  u 1  1 et n  Œ, u n2  u n1  u n.
Montrer qu’il existe deux constantes réelles A et B que l’on calculera telles que
n n
1 5 1 5
n  Œ, u n  A B .
2 2

8. PARTIES DENSES DE 
8.1. DÉFINITION
Définition 23. Une partie de  est dite dense dans  si elle rencontre tout intervalle
ouvert non vide.

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Le théorème suivant permet de caractériser la densité d’une partie à l’aide de suites :


on parle alors de caractérisation séquentielle de la densité.
THÉORÈME 10. [CARACTÉRISATION SÉQUENTIELLE DE LA DENSITÉ]

Soit A une partie de . Alors il y a équivalence entre :


i. A est dense dans 
ii. Pour tout nombre réel x  , il existe une suite (u n ) n0 de points de A qui
converge vers x i.e
n  0, un  A et lim u n  x.
n

p
EXEMPLES. On rappelle qu’un nombre rationnel est un réel de la forme q avec p un
entier relatif et q un entier naturel non nul. On note Q cet ensemble. L’ensemble des
nombres rationnels Q est une partie dense de . Ainsi, tout nombre réel est limite
d’une suite de nombres rationnels.
L’ensemble   Q des nombres irrationnels est également une partie dense de .

8.2. VALEUR DÉCIMALE APPROCHÉE D’UN RÉEL


p
Définition 24. Un nombre décimal est un réel de la forme où p est un entier
10 n
relatif et n un entier naturel.

Soit x  . Pour tout entier naturel n, on pose :


10 n x 10 n x  1
an  et bn  an  1n  .
10 n 10 10 n
Les réels a n et b n sont bien des nombres décimaux. On vient donc de construire deux
suites (a n ) et (b n ) de nombres décimaux. On montre que ces deux suites sont
adjacentes : elles sont donc convergentes vers une même limite. Cette limite est le
réel x. Pour tout entier n  0, a n est appelé la valeur décimale approchée de x par
défaut à 10 n près et b n la valeur décimale approchée de x par excès à 10 n près.
Cela prouve que tout réel x est la limite d’une suite de nombres décimaux. On
reconnaît alors la caractérisation séquentielle de la densité des nombres décimaux.
D’où le théorème suivant :

THÉORÈME 11. L’ensemble des nombres décimaux est une partie dense de .

Sachant qu’un nombre décimal est également un nombre rationnel, ce dernier


théorème prouve également que l’ensemble des rationnels est dense dans .

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9. SUITES RÉCURRENTES DE LA FORME u n1  f (u n )


Soit f : D   une fonction et (u n ) n0 la suite définie par
 u 0  D 
 n  0, u  f (u ) .
 n1 n 
La définition précédente n’assure pas l’existence de la suite (u n ) n0 , i.e. qu’il n’est
pas certain de pouvoir calculer u n pour tout n  0.
Par exemple, la suite (u n ) n0 définie par :
 u 0  1 
 .
 n  0, u n1  2  2  u n 
Ici f : ], 2 ]  , x  2  2  x . On peut calculer u 1  f (u 0 )  f (1 )  3. Pour u 2 il y
a un problème puisque 3  2 : f (3 ) n’existe pas. La suite (u n ) n0 n’existe donc pas.
Il existe une condition suffisante d’existence d’une suite définie par u n1  f (u n ) est
que le domaine de définition D de f soit stable par f i.e. f (D )  D.

DÉFINITION 25. Soit f : D  . On dit que D est stable par f si et seulement si


f (D )  D, i.e. x  D, f (x )  D.

THÉORÈME 12. [EXISTENCE DE SUITES RÉCURRENTES u n1  f (u n )]


Soit D une partie de  et f : D  . On suppose que D est stable par f. Alors pour
toute valeur   D, il existe une unique suite (u n ) n0 vérifiant :
 u 0   
 n  0, u n1  f (u n ) 
.
 

EXEMPLE. Il existe une unique suite (u n ) n0 vérifiant :


 u 0  2 
 .
 n  0, u n1  ln(1  u n ) 
Soit f : x  ln(1  x ). Ici on considère D  [0,  [. f est définie sur [0,  [ et [0,  [
est stable par f. Ainsi, puisque u 0  2  [0,  [, il existe bien une unique suite (u n ) n0
vérifiant :
 u 0  2 
 .
 n  0, u n1  ln(1  u n ) 

Le but ici est de s’intéresser à la convergence des suites récurrentes u n1  f (u n ).


Regardons ce qui se passe à travers deux exemples.

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EXEMPLE 1. Montrer que la suite (u n ) n0 vérifiant :


 u 0  0 
 n  0, u  u  e u n 
 n1 n 
diverge vers .
Dans ce cas : f : x  x  e x et D   est stable par f : la suite (u n ) n0 existe. On
remarque que u n1  u n  e un  0 : la suite est donc croissante. D’après le théorème
sur les suites monotones, une suite croissante est soit convergente vers   , soit
divergente vers . On va supposer que (u n ) n0 converge vers   . Par opération
sur les limites et continuité de la fonction exp on obtient :
lim (u n  e un )    e 
n
lim u n1  . Par unicité de la limite :
De plus, en tant que suite décalée, n
  lim u n1  lim (u n  e un )    e  i.e.     e  i.e. e   0.
n n
Ce qui est impossible. On en déduit que (u n ) n0 est divergente vers .

EXEMPLE 2. Montrer que la suite (u n ) n0 vérifiant :



 u 0  1 

 n  0, u  u n 


n1
1  u 2n 

est convergente vers 0.
Dans ce cas : f : x  x 2 et D   est stable par f : la suite (u n ) n0 existe.
1x
Etudions la monotonie de (u n ) n0 :
un u n  u n (1  u 2n ) u 3n
u n1  u n   u n   .
1  u 2n 1  u 2n 1  u 2n
Le signe de u n1  u n dépend du signe de u 3n , i.e. de u n . Soyons plus précis sur le
domaine D. On remarque que   est également un intervalle stable par f. On choisit
alors D    qui est stable par f et comme u 0  1    , alors la suite existe et on a
u 3n
de plus : n  0, u n  0. On obtient alors u n1  u n   0 et la suite (u n ) n0
1  u 2n
est décroissante. Elle est de plus minorée par 0 : elle est donc convergente vers . Par
conservation de l’inégalité large par passage à la limite, on obtient :
(n  0, u n  0 )    0.
Par opérations sur les limites et la limite d’une suite décalée, on a alors :
un
 n
lim u n1 n
lim   2.
1  u 2n 1
Ainsi    ( 2)
  1              0    0. Ce qui montre que
3 3
1  2
(u n ) n0 est convergente vers 0.

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Pour étudier une suite récurrente de la forme u n1  f (u n ), on retiendra les deux
théorèmes suivants.

THÉORÈME 13. [MONOTONIE D’UNE SUITE RÉCURRENTE u n1  f (u n )]


Soit f : D     une fonction telle que D soit stable par f. Soit (u n ) n0 l’unique
suite pour laquelle u 0  D et n  0, u n1  f (u n ).
i. Si f (x )  x pour tout x  D, la suite (u n ) n0 est croissante.
ii. Si f (x )  x pour tout x  D, la suite (u n ) n0 est décroissante.
iii. Si f est croissante sur D alors (u n ) n0 est monotone. Si u 0  u 1 alors (u n ) n0 est
croissante et si u 0  u 1 alors (u n ) n0 est décroissante.
iv. Si f est décroissante sur D alors (u 2n ) n0 et (u 2n1 ) n0 sont monotones. Leurs
sens de variation dépendent de la position de u 0 et u 2 .

THÉORÈME 14. [LIMITE D’UNE SUITE RÉCURRENTE u n1  f (u n ) CONVERGENTE]

Soit f : D     une fonction telle que D soit stable par f. Soit (u n ) n0 l’unique
suite pour laquelle u 0  D et n  0, u n1  f (u n ). Si (u n ) n0 est convergente vers
une limite   D et si f est continue en  alors   f ( ).

REMARQUE. Ainsi, pour d’une suite récurrente u n1  f (u n ) convergente vers   D,


alors  est un point fixe de f. Pour étudier la monotonie de (u n ) n0 , il est très utile
d’étudier le signe de la fonction h : x  f (x )  x. Pour cela, on étudie les variations
de h et on dresse son tableau de variations. Au regard de ce tableau, on est en
mesure de déterminer le signe de h. Si ce signe est constant sur D : on obtient la
monotonie de (u n ) n0 . De plus, les points  qui annulent h vérifient
h( )  0  f ( )   : ce sont les limites éventuelles de (u n ) n0

EXEMPLES. Dans chacun des cas suivants, étudier la suite (u n ) n0 définie par :
 u 0  0 
i. 
u n1  ln(u n  3 ) 
,
 n  0, 

 u 0   

ii.  1 ( ) ,
 n  0, u n1  u n  u n  3 
2
 5 

 u 0  1 

iii.  1 .
 n  0,
 u n1  1  u n 


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