Vous êtes sur la page 1sur 9

LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022

MP2I

LOGIQUE ÉLÉMENTAIRE

RAISONNEMENTS

Remarque : le symbole Œ représente l’ensemble des entiers naturels.

1. Notion d’assertion

Définition 1. Une assertion est une affirmation qui peut être vraie ou fausse. Un
énoncé est une assertion vraie.

Exemple 1. L’assertion “1+1=2” est vraie.


Exemple 2. L’assertion “1>2” est fausse.
p
Exemple 3. A = “il existe un entier p et un entier q non nuls tels que   q ”.
L’assertion A signifie que le réel  est un nombre rationnel. On montre que cette
assertion est ................. .
Exemple 4. B = “la fonction dérivée de la fonction sinus est la fonction cosinus”.
L’assertion B est une assertion ............... .
Exemple 5. C = “l’équation x 2  5, d’inconnue réelle x , n’a pas de solutions”.
L’assertion C est une assertion ............... .

 A toute assertion A, on associe sa négation notée : A. L’assertion A se lit : “non


A”; elle est définie par :
A est vraie si et seulement si A est fausse
A est fausse si et seulement si A est vraie
On peut donner la table de vérité de l’assertion A :

1/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

2. Connecteurs logiques
2.1. Connecteur “ou”
Définition 2. Soit A et B deux assertions. L’assertion composée notée A  B,
prononcée A ou B, est vraie si et seulement si A est vraie ou B est vraie. On obtient
alors la table de vérité de A  B :

2.2. Connecteur “et”


Définition 3. Soit A et B deux assertions. L’assertion composée notée A  B,
prononcée A et B, est vraie si et seulement si A est vraie et B est vraie. On obtient
alors la table de vérité de A  B :

2.3. Lois de Morgan


Définition 4. Deux assertions composées A et B sont dites tautologiquement
équivalentes si et seulement si A et Bont la même table de vérité. On note alors :
A  B.

2/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

Exemple. A  B  B  A et A  B  B  A.

Proposition 1. Soit A et B deux assertions. Alors :


(A  B )  (A )  (B )
(A  B )  (A )  (B )

Preuve. Il suffit d’écrire les tables de vérité des assertions (A  B ), (A )  (B ) et
(A  B ), (A )  (B ).

3. L’implication
3.1. Définition
Définition 5. Soit A et B deux assertions. L’assertion composée notée A  B,
prononcée “A implication B”, est fausse si et seulement si A est vraie et B est fausse.
On obtient alors la table de vérité de l’assertion A  B :

Remarques.
i. Si A est fausse, alors A  B est vraie.
ii. L’énoncé A  B signifie que si A est vraie alors B l’est également.

3.2. Contraposée d’une implication


Définition 6. La contraposée de l’implication A  B est l’implication (B )  (A ).

Proposition 2. (A  B )  ((B )  (A )) (i.e. une implication et sa contraposée


sont tautologiquement équivalentes).

Preuve. Il suffit de comparer les tables de vérité.

3/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

3.3. Négation d’une implication


Proposition 3. (A  B )  ((A )  B ).
Preuve. Il suffit de comparer les tables de vérité.

Corollaire : (A  B )  (A  (B )).

3.4. Equivalence
Définition 7. Soit A et B deux assertions. L’assertion composée notée A  B,
prononcée “A est équivalente à B”, est vraie si et seulement si (A  B ) est vraie et
(B  A ) est vraie.

Remarques.
i. (A  B )  ((A  B )  (B  A )).
ii. (A  B ) est vraie (resp. fausse) si et seulement si A et B sont simultanément
vraies (resp. fausses). En effet, la table de vérité de (A  B ) est donnée par :

 Comment prouver que l’assertion (A  B ) est vraie ?

D’après la table de vérité de (A  B ), on sait que :


(A  B ) est vraie si et seulement si A est fausse ou A et B sont vraies.
Ainsi, lorsque A est fausse, l’implication (A  B ) est vraie. Pour prouver que (A  B )
est vraie, il suffit donc de prouver que si A est vraie alors B l’est également.

Exemple. Soit (u n ) nŒ la suite définie par : u n  cos n .


2
Pour tout entier naturel n, on définit les deux assertions suivantes :
A(n ) : n est impair et B(n ) : u n  0.
Montrer que pour tout entier naturel n, l’implication A(n )  B(n ) est vraie.

4/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

4. Quantificateurs.

Il existe deux types de quantificateurs :


Le quantificateur existentiel noté par : 
Le quantificateur universel noté par : 

Soit E un ensemble non vide et A(x ) une assertion dépendant du paramètre x  E.


L’énoncé : x  E, A(x ) signifie qu’il existe (au moins) un élément x  E pour lequel
l’assertion A(x ) est vraie.

L’énoncé : x  E, A(x ) signifie que pour tout élément x  E , l’assertion A(x ) est
vraie.

Exemples. Traduire à l’aide de quantificateurs les phrases suivantes :


i. Soit f :   ; “ f n’est pas identiquement nulle sur ”, “f ne s’annule pas sur 
”.
ii. L’ensemble E est inclus dans l’ensemble F. L’ensemble E n’est pas inclus dans
l’ensemble F.

 Quantificateurs et négation :

(x  E, A(x )) 
(x  E, A(x )) 

5. Principes de raisonnement
5.1. Raisonnement par disjonction des cas

Remarque. Soit B une assertion. Que peut-on alors dire de l’assertion composée
B  (B ) ? Et A  (B  (B )) ?

Principe du raisonnement par disjonction des cas :

On veut montrer qu’une assertion A est vraie. Pour cela, on utilise une assertion
intermédiaire B et on montre alors que : (B  A )  ((B )  A ) est vraie.

5/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

Cela prouve alors que l’assertion A est vraie puisque :


(B  A )  ((B )  A )  (B  A )  (B  A )  (B  B )  A  A.

Exemple 1. Soit f :    une fonction. On définit alors :


 f (x ) si f (x )  0   f (x ) si f (x )  0 
f  : x    et f  : x   .
 0 sinon   0 sinon 
Montrer que : f  f   f  et f  f   f  .

Exemple 2. Soit n  Œ et u n  1
n .
2  (1 )
Montrer que : n  Œ, un  1.

5.2. Raisonnement par l’absurde


Principe : on veut montrer qu’une assertion A est vraie. Pour cela, on utilise une
assertion B dont on sait qu’elle est vraie (énoncé). On suppose alors que A est fausse
et on montre que B est alors également fausse : ce qui est absurde. Ainsi, l’hypothèse
“A est fausse” est fausse donc A est vraie.

Exemple 1. Soit E, F, G trois ensembles non vides tels que : E  G est vide et F est
inclus dans E. Que peut-on dire de l’ensemble F  G ?
Exemple 2. Soit p un entier naturel. Montrer que si p 2 est pair, alors p est pair.
Exemple 3. Montrer que 2 est irrationnel.

5.3. Raisonnement par contraposition


Principe : pour montrer que A  B est vraie, on peut montrer que (B )  (A ) est
vraie.

Exemple.
Soit x un nombre réel. Montrer que si pour tout réel   0, 0  x   alors x  0.

5.4. Raisonnement par analyse-synthèse


Principe : on veut déterminer l’ensemble des éléments d’un ensemble E qui satisfont
une propriété . Pour cela on raisonne souvent de la manière suivante :
i. Analyse : soit x  E; on suppose que x satisfait la propriété . On essaie de “faire
parler x” pour savoir qui il est, i.e. quelles sont les têtes possibles de x.

6/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

ii. Synthèse : posons x   les têtes possibles de x trouvées dans la partie analyse.
On vérifie ensuite que x est bien dans E et qu’il satisfait bien la propriété .
iii. Conclusion : on n’oublie de conclure, c’est-à-dire de donner l’ensemble des
éléments de E qui satisfont la propriété .

Remarque. Dans la partie analyse, on restreint le champ des solutions possibles.


Dans la partie synthèse, on vérifie que les possibilités obtenues dans l’analyse sont
bel et bien des solutions. Dans le cas contraire, on prendra soin d’exclure les
possibilités qui ne conviennent pas. Si on est allé assez loin dans la partie analyse, il
est rare d’exclure des solutions dans la synthèse. Dans tous les cas, on n’oubliera pas
de conclure le raisonnement en donnant précisément l’ensemble des éléments de E
qui satisfont la propriété .

Exemple 1. Résoudre dans  l’équation : x 4  4x 2  3  0.


i. Analyse : soit x   tel que x 4  4x 2  3  0. Alors x 2 est solution réelle de
l’équation y 2  4y  3  0 . Or les solutions de cette dernière équation sont 1 et 3.
On obtient alors x 2  1 ou x 2  3 et donc x  1 ou x   3 .
ii. Synthèse : on vérifie bien que 1, 1, 3 et  3 sont solutions de x 4  4x 2  3  0.
iii. Conclusion : les solutions de x 4  4x 2  3  0 sont 1, 1, 3 et  3 .

Exemple 2. Trouver toutes les fonctions f :    telles que


x  , y  , f (y  f (x ))  2  x  y .
i. Analyse : soit f :    telles que x  , y  , f (y  f (x ))  2  x  y . Alors
pour tout réel x, si on choisit y  f (x ) , alors on obtient : f (0 )  2  x  f (x ) . Ce
qui nous donne f (x )  (2  f (0 ))  x . Cela prouve que f est une fonction de la
forme x    x où   .
Cela n’était pas clair au départ. En deux étapes, on a obtenu la “tête” de f.
Attention, les fonctions ainsi trouvées sont-elles toutes solutions ? Il se peut
qu’aucune ne le soit en réalité, que certaines le soient ou que toutes le soient.
C’est la synthèse qui va faire le tri.
ii. Synthèse : soit f définie par : x  , f (x )    x où   . On cherche  pour
que f vérifie : x  , y  , f (y  f (x ))  2  x  y . Ainsi, pour x, y  , on
obtient :
f (y  f (x ))    (y  f (x ))    (y  (  x ))  2  x  y    x  y .

7/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

On obtient alors   1.
iii. Conclusion : il existe une unique fonction f :    telle que
x  , y  , f (y  f (x ))  2  x  y .
c’est la fonction x  1  x

Exemple 3. Trouver tous les couples de réels (a, b )   2 pour lesquels l’équation
x 2  ax  b  0 ait deux solutions réelles non nulles et opposées.

6. Raisonnement par récurrence


6.1. Récurrence simple
Principe : soit (n ) une propriété définie pour un entier n  n 0 quelconque où n 0 est
un entier fixé. On suppose que :
i. (n 0 ) est vraie (initialisation)
ii. Si pour n  Œ tel que n  n 0 , on a : ((n ) vraie )  ((n  1 ) vraie ) (hérédité)
Alors pour tout entier n  n 0 , la propriété (n ) est vraie.

Exemple. Soit (u n ) nŒ la suite définie par :


 u 0  0 
 .
 n  Œ, u n1  3u n  4 
Montrer alors que : n  Œ, 0  u n  4.

6.2. Récurrence multiple


Principe : soit (n ) une propriété définie pour un entier n  n 0 quelconque où n 0 est
un entier fixé. Soit p  Œ . On suppose que :
i. (n 0 ), , (n 0  p  1 ) vraies (initialisation)
ii. Si pour n  Œ tel que n  n 0 , on a :
((n ), , (n  p  1 ) vraies )  ((n  p ) vraie ) (hérédité)
Alors pour tout entier n  n 0 , la propriété (n ) est vraie.

Exemple. Soit (u n ) nŒ la suite définie par :


 u 0  0, u 1  1, u 2  2 
 n  Œ, u  u  u  u .
 n3 n2 n1 n 

Montrer alors que : n  Œ, u n  n  1  (1 ) . n

8/9
LYCÉE CHARLES COËFFIN Année 2021-2022
MP2I

6.3. Récurrence forte


Principe : soit (n ) une propriété définie pour un entier n  n 0 quelconque où n 0 est
un entier fixé. On suppose que :
i. (n 0 ) est vraie (initialisation)
ii. Si pour n  Œ tel que n  n 0 , on a : (k  n 0 , n, (k ) vraie )  ((n  1 ) vraie )
(hérédité)
Alors pour tout entier n  n 0 , la propriété (n ) est vraie.

Exemple. Montrer que pour tout entier naturel non nul n, il existe (k, q )  Œ 2 tel que
n  2 k (2q  1 ) .

9/9

Vous aimerez peut-être aussi