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Résumé : Cet article donne un aperçu sur les différents risques propre à la banque participative
marocaine qu’on a recueillie à partir des entretiens semi directifs et des questionnaires sur un
échantillon de 5 banques et 3 fenêtres participatives de la place et 381 réponses. Ensuite nous avons
étudié la relation entre les indicateurs de gestion des risques et les variables internes et
macroéconomiques bancaires durant la période de 2017 jusqu’ à 2021. Les résultats obtenus
montrent que le dispositif de gestion des risques est une autoreproduction du système classique des
banques conventionnelles ainsi que le degré de gravité des risques, la gouvernance et la qualité de
la surveillance du comité de gestion des risques (RMC), les variables interne et macroéconomiques
corrèlent positivement avec la performance de la banque participative par contre le ratio des
financements non performants (NPL) et les dépenses de personnel affectent négativement la
performance des banques.
Mots-clés : Performance bancaire, risque management, Banques participatives, Réglementation
prudentiel, Indicateurs économiques.
Abstract: This article gives an overview of the different risks specific to the Moroccan
participatory bank that we have collected from semi-directive interviews and questionnaires on a
sample of 5 banks and 3 participatory windows of the place and 381 responses. Then we studied
the relationship between risk management indicators and internal variables and macroeconomic
banking during the period of 2017 to 2021. The results obtained show that the risk management
system is a self-replicating of the conventional system of banks as well as the degree of risk
severity, governance and the quality of supervision of the risk management committee (RMC),
internal and macroeconomic variables correlate positively with the performance of the participatory
bank against the ratio of non-performing loans (NPL) and personnel expenses affect negatively the
performance of banks.
Keywords: Banking performance, risk management, participative banks, prudential regulations,
economic indicators.
Reçu le : 27 août 2022, Accepté le : 10 décembre 2022.
Sahi M., El hiri A., Al hamrani M. (2023), Impact de la gestion des risques sur la performance du
système bancaire participatif au Maroc, Recherches et Applications en Finance Islamique, Vol 7, No 1,
pages : 41-60.
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Introduction
La relation qui existe entre la performance et la gestion des risques a largement été
étudiée par plusieurs chercheurs. Cette relation est la base pour définir les risques auxquels
les banques doivent accorder une priorité absolue afin d’assurer leur solvabilité, mais
également un niveau optimum de profit. Un des éléments les plus importants pour le
développement de l’industrie financière islamique, est la disposition d’un cadre réglementaire,
permettant de fournir et normaliser les outils de supervision bancaire, notamment en matière
de gestion des risques les plus significatifs.
Vu que les banques participatives au Maroc sont encore jeunes, celles-ci ne disposent
toujours pas d’un cadre qui lui est spécifique, elles sont exposées à des risques plus divers,
plus complexes et plus interdépendants que jamais, les crises sont plus nombreuses, et plus
intenses. Ceci les a mené à considérer les solutions existantes, en essayant notamment
d’adapter et mettre en place le cadre fourni par les accords de Bâle.
Notre recherche tentera donc de répondre à la question suivante : Quel impact de la gestion
des risques sur la performance du système bancaire participatif au Maroc ?
La recherche contribue à la littérature sur la relation entre les indicateurs de gestion des
risques et les déterminants de performance de la banque participative. De plus, elle a
clairement mis en évidence un éclairage sur l’état des lieux du Maroc au niveau de la
pertinence des politiques de gestion des risques. Notre papier sera organisé comme suit :
d’abord on présentera une revue de la littérature. Ensuite nous présenterons les données et la
méthodologie. Finalement la discussion des résultats empiriques.
1. Revue de littérature
Le management des risques a connu un développement sans précédent. Beaucoup de
chercheures se sont penchés sur la problématique du risque, afin d’essayer d’en comprendre
le comportement, les sources et l’impact. Ces travaux ont permis de mettre en évidence la
corrélation entre le rendement et le risque, qu’on peut schématiser par le fait qu’une prise de
risque plus importante, augmente également le niveau de rentabilité espéré. Les banques
islamiques ou non sont des machines spécialisées dans le traitement et la transformation des
risques ; sachant que gérer les risques, c’est à la fois les définir, les identifier, les mesurer, les
tarifer, et in fine tantôt les réduire avec des outils adéquats, mais c’est aussi une culture
organisationnelle, et un instrument de différenciation stratégique.
Compte tenu de l’évolution théorique de la gestion des risques au niveau des banques
islamiques, cette dernière peut prendre, concrètement, plusieurs formes, empruntées à des
auteurs contemporains, qui nous paraissent assez représentatives de cette variété :
Des études antérieures de plusieurs auteurs notamment Ahmed Habib et Tariqullah Khan
2007, k. Toumi 2011 ont démontré que les banques islamiques sont exposées aux mêmes
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risques que les banques conventionnelles en plus des risques propres à leur nature conforme
à la charia.
H1 : Il y a des divergences entre les deux systèmes bancaires participatives et
conventionnelles quant à la typologie des risques financiers.
Meulbroek (2002), confirme que la gestion des risques a le potentiel de créer de la valeur en
diminuant la probabilité qu’un risque se produise et l’ampleur de son impact en cas
d’apparition. Dans la littérature peu de recherche ont étudié l’influence de criticité des risques
sur la gestion des risques dans les banques islamiques notant que les travaux de tariqullah
khan et Habib Ahmed sur 68 institutions financières islamique à travers des questionnaires
sur la perception du risque et son degré de gravité dans chaque instruments financier ont
confirmé l’influence positive sur la gestion des risques, ainsi que le Conseil des services
financiers islamiques(IFSB) est venu compléter ces recommandations en préconisant une
évaluation des risques selon le produit et selon le degré de maturité du contrat. On aboutit
ainsi, pour chaque produit, à l’élaboration d’une matrice dont l’un des axes est le type de
risque (marché, crédit, liquidité, opérationnelle …) et l’autre les différentes étapes du contrat.
H2 : Le degré de gravité des risques influence positivement la gestion des risques des
banques participatives marocaines.
L’étude de Toumi Sirine (2016) portant sur la comparaison de l’effet des mécanismes de
gouvernance sur le niveau de performance des banques dans trois pays, la France, l’Allemagne
et le Japon. Les résultats sont certes différents entre les trois pays, mais avec des
ressemblances dans certains cas. Le nombre de réunion du comité d’audit possède un effet
significativement négatif sur la performance des banques Allemandes. Donc la fréquence
élevée du nombre de réunions au sein du comité d’audit peut augmenter les conflits d’intérêt,
ce qui détériore le niveau de performance. Ce résultat contredit ceux de Yeh et al (2011) qui
constatent que le comité d’audit possède un effet positif sur la performance bancaire en
période de crise. Par contre, le nombre de réunions du comité d’audit n’a aucun impact sur la
performance des banques japonaises et françaises.
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leur valeur en capital et le taux de rendement ne sont pas garantis. Cette caractéristique
augmente le potentiel de l'aléa moral et crée des incitations à la prise de risque.
Par conséquent, le traitement des risques uniques de la banque islamique a besoin de capitaux
et des réserves suffisantes. Les résultats montrent aussi que lorsqu’une banque fait face à un
risque de crédit (mesuré par le ratio des financements non performant sur le total des
financements (NPL)) plus élevé sa rentabilité diminue. Cela indique qu’une meilleure gestion
des financements par la banque entraine l’augmentation de sa rentabilité. En outre, cette
variable représente le déterminant le plus important de la performance de la banque islamique,
confirmant ainsi les éclairages théoriques.
En effet, les banques islamiques qui sont généralement orientées vers des activités de
financement spécifiques et concurrencent celles conventionnelles se trouvent confronter au
recrutement d’une main d’œuvre plus qualifiés et par conséquent plus onéreuses. Les banques
islamiques à forte liquidité (un faible ratio des financements sur le total Actif (PRA)) sont
celles qui ne disposent pas suffisamment de possibilités d'investissement. Elles sont
contraintes par la religion et sont autorisés à investir uniquement dans les projets approuvés
par le conseil de la charia. C’est pourquoi elles comptent davantage sur leurs fonds propres
pour faire des financements de sorte qu'elles manquent de possibilités de prêt.
La plupart des financements et des investissements des banques islamiques sont à court terme.
En fait, le financement par Mourabaha constitue un prêt à plus court terme et un
investissement à faible risque pour une banque islamique. Donc Il n'y a pratiquement aucun
risque dans le financement Mourabaha où elle est entièrement garantie par l'actif. Concernant
les modes de financement Moudaraba et Moucharaka qui représentent un investissement à
long terme, elles représentent un faible pourcentage du financement total. Du côté des
déterminants macroéconomiques, la rentabilité des banques islamiques, répond positivement
à la croissance économique.
H4 : Les caractéristiques de la banque influencent positivement la performance de la
banque participative marocaine.
Greuning et Iqbal (2008) ont souligné que si les composantes centrales de la gestion des
risques sont constituées de l’identification, la quantification et le suivi du profil de risque, y
compris les risques bancaires et financiers, le but de cette gestion demeure le contrôle de ces
risques. Ce contrôle n’est toutefois possible que si des évaluations quantitatives et qualitatives
des risques existent à l’échelle de la banque.
H5 : La gestion des risques influence positivement la performance de banques
participatives.
On note que les recherches dans le domaine de gestion de risque ne s’arrêtent pas à ce niveau.
Plusieurs développements ont été soulevés à travers la littérature répondent aux différents
changements perçus dans l’environnement.
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La gestion des risques dans les banques islamiques a la même importance que pour sa consœur
classique. En effet, et dans les deux cas, le management de risque se trouve au cœur de
l’activité bancaire. Toutefois, il existe des différences émanant de la spécificité des modes
opératoires, entre les mécanismes de fonctionnements des différents produits de financement.
Il s’agira, dans les développements qui suivent, d’exposer l’ensemble des risques bancaires
islamiques susceptibles d’accompagner les différents types de contrats que ces institutions
proposent à leurs clients.
Le risque de crédit : le risque de crédit est lié au défaut de paiement se manifestant lorsqu’une
partie du contrat avance des fonds (contrat Salam ou Istisnaa) ou délivre une marchandise
(contrat Mourabaha) avant de recevoir la contrepartie de son financement et s’expose, donc,
à des pertes potentielles. Dans le cas des modes de financement participatifs (Moucharaka ou
Moudaraba), le risque de crédit se manifeste par le non-paiement par l’entrepreneur de la part
revenant à la banque lorsque celle-ci devient exigible. Ce problème devient encore pertinent
en cas d’asymétrie d’information liée à la méconnaissance des profits réels réalisés par
l’entreprise.
Par ailleurs, les effets de variation des taux d’intérêt peuvent se transmettre indirectement vers
les banques islamiques à travers ces taux de référence. Ce risque devient encore plus grave en
cas de variation des taux de référence (LIBOR et autres), car les banques islamiques seront
dans l’obligation de payer plus de profits aux futurs déposants tout en réalisant moins de gains
sur les utilisations de fonds à long terme, mais l’utilisation du taux de référence LIBOR, ne
fait pas l’unanimité des comités charia.
Le risque opérationnel : le risque opérationnel est plus important dans les institutions
financières islamiques que dans les institutions conventionnelles en raison de leurs
caractéristiques spécifiques telles que les exigences de la charia, l'environnement juridique et
la nature différente de l'activité, en plus des logiciels disponibles sur le marché pour les
institutions financières conventionnelles peuvent ne pas convenir aux institutions financières
islamiques. Ceci crée des risques systémiques dans le développement et l'utilisation des
technologies de l'information dans les institutions financières islamiques, ançi qu’un manque
de professionnels qualifiés (compétences et capacités) pour mener des opérations financières
islamiques.
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Le risque juridique : les contrats financiers consacrés par les banques islamiques ont un
caractère un peu spécifique, celles-ci encourent des risques liés à leur documentation et leur
mise en application. En l’absence de formalisation de ces contrats pour les différents
instruments financiers, les banques islamiques continuent de les concevoir en fonction de leur
appréhension de la Chari’a, des lois nationales, de leurs besoins et leur intérêt. Cette manque
d’uniformisation des contrats et l’absence de cadre juridique destiné à résoudre les problèmes
liés à l’exécution de ces contrats pour toutes les parties concernées font augmenter les risques
d’ordre juridique associés aux engagements contractuels des banques islamiques.
Le risque fiduciaire : Ce risque est lié au taux de rendement faible qui peut être interprété
par les déposants/investisseurs comme étant un manquement au contrat d’investissement ou
comme signe d’une mauvaise gestion des fonds par la banque (OCAIFI 1999). Le risque
fiduciaire peut être causé par une rupture du contrat pour la banque islamique. Celle-ci peut
par exemple être incapable de répondre aux exigences de la Chari’a concernant les divers
contrats. Le propre d’une banque islamique est de se conformer aux injonctions de la Chari’a
; le non-respect de ces injonctions peut créer un problème de confiance provocant des retraits
massifs des dépôts.
Le risque d’illiquidité : Le risque d’illiquidité provient des difficultés à mobiliser des fonds
à coût raisonnable (emprunts) ou à vendre des actifs financiers. Le risque d’illiquidité émanant
de ces deux sources est d’une importance particulière pour les banques islamiques. Sachant
que les emprunts à intérêt sont prohibés par la Chari’a, les banques islamiques ne peuvent pas
recourir à ce mécanisme pour se ressourcer, le cas échéant, en argent liquide. De même, la
Chari’a n’autorise pas la vente d’une créance en dehors de sa valeur nominale. Par conséquent,
il est exclu pour les institutions financières islamiques de s’alimenter en argent liquide en
vendant des actifs financiers.
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des banques islamiques lissent les taux de rendement attribués aux titulaires de compte
d'investissement au détriment des profits normalement attribués aux actionnaires sous
pression commerciale (Khan et Ahmed 2001, Archer et Karim, 2006) ou encore sous pression
de l'autorité de surveillance (Archer et Karim, 2009; Archer et al, 2010).
Pour l’étude prospective les entretiens semi directive étaient avec cinq professionnelles du
métier bancaire et un enseignant chercheur dans le domaine des banques participatives.
Responsable de la direction de
UMNIA BANK 15 Juin 2020
conformité et des contrôles permanents
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Le deuxième écueil est que les banques sont confrontées à deux risques majeurs : les créances
en souffrance qui tendent à augmenter vu la conjoncture économique et le risque de décès-
invalidité à cause du Covid-19, le tout en l’absence de l’assurance Takaful en 2019 appart les
risques inhérent à l’activité qui sont gérer de façon momentanée par le comité de risque et
d’audit.
Le dernier écueil soulevé est la difficulté à lancer avec la force qu’il faut des produits et des
services à l’international alors que les banques conventionnelles le font depuis longtemps.
Certaines banques participatives ont osé le faire et c’est important parce que cela attirera le
Corporate. Il soutient également que l’absence à ce stade de Takaful, représente non seulement
un risque pour les banques participatives mais également un frein pour le financement par ce
que beaucoup de clients ne veulent pas contracter de financement participatif sans couverture.
En concernant les produits de couvertures et d’assurance bien que le takaful soit une solution
pratique le dispositif réglementaire n’était pas encore de l’ordre du jour lors des entretiens et
il était remplacé par hamish al-jiddiyyah1.
1
Hamish Jiddiya est une garantie donnée pour une promesse d'achat. Si l'acheteur ne procède pas à l'achat, le
vendeur peut exiger une indemnisation pour le dommage réel, si la garantie est plus élevée, l'acheteur reçoit un
montant en retour, si le dommage réel est plus élevé, le vendeur peut exiger une indemnisation supplémentaire
au-dessus de la garantie.
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D’après l’étude descriptive de notre échantillon les cadres banquiers confirment que les clients
des produits participatives représente un score de 56% des célibataires versus 43% des mariés
avec un pourcentage de 97% qui ont un statut salarié exprimant une forte volonté d’acquisition
de financement participative de 73% et un niveau important de recours de 89%. 76% des
répondants confirme leur compréhension des principes des contrats des financements
participatifs en expriment leur choix 10% ont voté pour la performance des contrats, 38% pour
la réputation, et 25% respectivement pour un rapport qualité/prix, et une conviction religieuse.
63% ont exprimé leur volonté de faire un dépôt d’argent et d’utiliser les moyens de paiement
d’auprès les banques participatives contre 36% qui ont décliné avec un pourcentage de 63%
des répondants détenant un salaire entre 5000dh et 10000dh. 52% des répondants ont exprimé
leur volonté de recours au financement bancaire pour l’acquisition d’un logement avec un
pourcentage de 100% avec un contrat Mourabaha avec un taux de 76%. Cette question est
justifiée par un résultat en hausse de Mourabaha immobilier de 75% contre 63% selon les
rapports financiers de 2018 et de 2019.
Nous avons soulevé lors de notre enquête les contraintes rencontrées par les banques
participatives lors de la gestion des différents risques. Les deux premières contraintes
concernent le manque d’instruments/institutions pour gérer efficacement le risque d’illiquidité
qui est justifié lors de l’étude qualitative. Le manque d’actifs financiers islamiques pouvant
être vendus/achetés dans les marchés secondaires atteint le niveau 3,89, alors que l’absence
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de marchés monétaires islamiques, pour se ressourcer en fonds liquides atteint le niveau 3.42.
L’incapacité d’utiliser les instruments dérivés pour le transfert des risques atteint le niveau
3,52. Parmi les préoccupations aussi, l’incapacité de réévaluer les actifs est considérée comme
moins grave atteignant le niveau 3,06. Cela est peut-être dû au fait que la plupart des actifs
des banques islamiques sont de courte durée et le risque de taux d’intérêt est relativement
limité. Cependant, les banquiers éprouvent des frayeurs pour ce qui concerne les risques
d’ordre juridique et réglementaire puisque il y a un grand problème de formation des cadres
dans ce domaine. Ceux-là atteignent respectivement les niveaux 3,96 et 3,85. Notons que ces
contraintes identifiées par les banques islamiques sont classées à un niveau plus haut que les
risques traditionnels (tel que le risque de crédit, le risque de taux d’intérêt).
Nous avons analysé les aspects de création d’un environnement approprié de politiques, de
procédures et de gestion des risques. 100% des répondants confirment l’existence d’une
section/comité chargé de l’identification, du suivi et du contrôle des divers risques, le même
pourcentage 100% des banques disposent de lignes/règles directrices et de procédures
concrètes concernant le système de gestion des risques, alors que juste 33.6% qui confirme
que la banque participative dispose d’un système de contrôle interne capable de faire face à
de nouveaux risques émanant des changements dans l’environnement. 78% des répondants
confirment que la banque dispose d’un système de compte-rendu sur la gestion des risques
destinés aux hauts responsables et à la direction générale, 33% seulement affirment que
l’auditeur interne est chargé de réviser et de vérifier les systèmes de gestion des risques, les
lignes directives et les rapports des risques. 100% jugent que la banque dispose de contre-
mesures (plans de contingences) contre les désastres et les accidents ; même pourcentage
100% considèrent que les risques des dépôts d’investissement et des comptes courants doivent
être séparés.100% confirment que leur banque est de l’avis que les normes établies par le
comité de Bâle doivent être également appliquées aux banques islamiques.100% des
répondants affirment que leur organisation considère que les autorités de contrôle bancaire
sont capables d’évaluer les vrais risques inhérents aux banques islamiques.
De ce qui suit nous avons retenu les variables cités dans le tableau N°3 :
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H3 : La gouvernance et la
Gouvernance et comités Risk Management Committee (Rmc)
qualité de la surveillance du
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positivement la performance
The Deposit Ratio (Deposits) de la banque participative
marocaine.
The Personnel Expense Ratio (Depa)
Il convient également de noter que les variables particulières utilisées dans cette étude ont
déjà été testées comme la littérature démontre, ce qui fournit une validité adhoc.
Concernant le test des instruments de mesure que nous avons mobilisé les principaux
indicateurs retenus sont :
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Parmi les facteurs qui accroissent le risque de crédit ou de financement des banques
islamiques :
- Les modes de financements basés sur le partage des profits et pertes (PPP), ainsi que
ceux basés sur les opérations achat/vente, car les contreparties de ces banques ne
disposent généralement pas de systèmes d’information élaborés, standardisés, et
d’expérience de la vie des affaires ;
- La prohibition de l’intérêt ne permet pas aux banques islamiques de rééchelonner les
dettes sur la base d’une marge renégociée, ce qui fournit à leurs clients sans scrupule
un encouragement à être défaillants ;
- L’utilisation limitée des instruments de couverture des risques.
Ainsi, dans les modes de financements participatifs (Moucharaka et Moudaraba) les risques
de contrepartie du à la mauvaise performance du partenaire sont élevés. Dans les contrats
Mourabaha et Salam, la banque avance les fonds, elle subit non seulement des risques de non-
livraison, de livraison non conforme, mais également de non-paiement ou de paiement tardif.
Lors d’un contrat Istisnaa, la banque fait généralement appel à des sous-traitants pour la
réalisation du bien à manufacturer ou à construire, le risque est accru car les contreparties sont
nombreuses et les montants élevés.
La banque se couvre de ce risque de diverses manières par des garanties et assurances, des
sanctions pour non-paiement et des procédures interne de gestion des risques.
En ce qui concerne les banques et fenêtres participatives marocaines la procédure pour gérer
ce risque (étude exploratoire):
- Création de différents organes : comité du crédit, département de risque de crédit ;
- Examen par le département de la capacité des contreparties, en utilisant
éventuellement des modèles de rating interne et reporting régulier au comité de crédit ;
- Procédures d’apurement des comptes de créances irrécouvrables ou présentant des
garanties insuffisantes ;
- Evitements des concentrations de créances dans les mêmes secteurs ou les mêmes
zones.
Au niveau empirique à travers la méthode de la corrélation et de régression linéaire sur un
échantillon de 381 personnes les résultats de notre travail confirme l’influence positive du
niveau de criticité du risque crédit sur la gestion des risques des banques participatives.
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Le risque de marché : L'enquête exploratoire faite à travers les guides d’entretiens des
experts des banques et fenêtre participatives montre que le risque de marché est relativement
faible justifié par la jeunesse de ces institutions, synonyme de manque d’expérience, et
absence d’une offre de produits participatifs à l’échelle national et internationale. Au niveau
empirique les résultats de notre travail confirme l’influence positive du niveau de criticité du
risque marché sur la gestion des risques des banques participatives.
Le risque de liquidité : pour les banques marocaines c’est le risque le plus important à gérer
surtout dans les circonstances de la crise sanitaire. Globalement, la banque dispose d’un
montant de ressources égal à celui de ses emplois, mais le degré d’exigibilité des ressources
ne correspond généralement pas au degré de liquidité des emplois. Ce risque pèse davantage
sur les banques participatives car :
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Au niveau empirique les résultats de notre travail confirme l’influence positive du niveau de
criticité du risque de non-conformité à la chari’a sur la gestion des risques des banques
participatives.
La gouvernance et la qualité des comités d’audit : L'enquête exploratoire faite à travers les
guides d’entretiens des experts des banques et fenêtre participatives montre que la
gouvernance et la qualité des comités d’audit et de risque joue un rôle important puisque
malgré l’inadaptation des normes prudentielles du comité de bale à la réalité des banques
islamiques, les organes œuvrant à l’amélioration de la gestion des banques islamiques. C’est
l’approche standard d’évaluation des risques, basée sur un rating externe qui est retenue, du
moins pour les actifs qui se prêtent à ces modalités d’évaluation, comme les créances. Pour
les autres actifs, les banques suffisamment développées adoptent une approche basée sur le
rating interne ; la banque centrale du Maroc utilise un système de contrôle interne construit
sur la base du référentiel Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway
Commission (COSO) une base d’échelle d’appréciation de 5 niveaux. La BAM préconise la
mise en place d’une véritable gestion des risques qui se manifeste par :
- La création d’entités organisationnelles chargées d’élaborer des politiques de gestion
des risques et de surveiller l’application des mesures préconisées : comité de crédit,
comité de risque, comité d’audit…
- L’élaboration de procédures ou l’amélioration des systèmes de contrôle interne
existants
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Conclusion
Le management des risques de la banque participative au Maroc n’est pas une affaire
facile à gérer. Nous avons essayé de dégager les principaux enjeux et perspectives en matière
de gestion des risques par les banques et fenêtres participatives marocaines. Ainsi, nous avons
pu dégager plusieurs conclusions notamment que le Maroc constitue un terrain favorable pour
l’essor et le développement, en son sein, des banques participatives mais avec une
autosuffisance en outils propres efficaces de gestion des risques on peut confirmer que c’est
une reproduction des outils classiques des banques conventionnelles, les risques inhérents aux
banques participatives dans les financements islamiques sont autant plus grave. L’étude
quantitative nous a permis de déterminer les différents indicateurs de gestion des risques ainsi
que les déterminants de performance interne et externe de la banque participative pour vérifier
l’impact de la gestion de risque sur la performance. Les résultats de l’étude qualitative nous a
confirmé que la gestion des risques adopte des indicateurs diversifiés, l’existence des
déterminants comme la diversité des risques financiers, la criticité des risques sur les
financements participatives, la gouvernance et la qualité des comités d’audit et de gestion des
risques influencent implicitement les déterminants de la performance interne et
macroéconomique de la banque.
Toutefois, nous pensons que des études supplémentaires sur les effets de l’adoption des
pratiques de gestion de risque sur la performance des banques participative seront les
bienvenues car elles permettront de déterminer d’autres indicateurs de performance (surtout
les indicateurs non financiers) qui sont impactés par la mise en œuvre d’un programme de
management des risques.
Références
Aaminou, Mohamed Wail, and Aziz Moutahaddib. (2017), “Etude De L’Exposition Des
Banques Islamiques Au Taux D’Intérêts Et De L’Implication Sur La Gestion Actif-
Passif.” European Scientific Journal, Vol.13, No 10, 263
Al-Tamimi, Hussein, (2007). Banks Risk Management: Comprehensive study of UAE
notational and foreign banks, Vol.8, No. 4,394-409.
Bourke (1989), "Concentration et autres déterminants de la rentabilité des banques en
Europe, Amérique du Nord et Australie", Journal of Banking & Finance, Volume 13,
Issue 1, pages 65-79
El Attar. A, & Atmani. M. A, (2015) «La Gestion Des Risques Des Produits Financiers
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