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Recherches et Applications en Finance Islamique

‫بحوث و تطبيقات في المالية االسالمية‬


Researches and Applications in Islamic Finance
ISSN : 9052-0224
Vol 7, No 1, 2023

Les déterminants du risque de liquidité : Quel impact sur la position de


liquidité des banques islamiques ?
Intissar FENNASSI ADDOULI Aymane QODAD
ENCG de Kenitra, Faculté des sciences-rabat,
Université Ibn Tofail, Université Mohamed 5,
Kénitra, Maroc Rabat, Maroc
Intissar.fennassi@gmail.com Aymane2006@gmail.com

Résumé : Plusieurs auteurs ont étudié l’influence des déterminants du risque de liquidité sur le niveau
de liquidité des banques islamiques. Ces déterminants, tels qu’identifiés dans la littérature empirique
sont constitués des caractéristiques propres aux banques islamiques ainsi que des facteurs
macroéconomiques. De ce fait, l’objectif de notre étude est d’étudier l’impact des déterminants du
risque de liquidité sur le niveau de liquidité des 8 banques islamiques dans cinq différents pays sur une
période de 8 ans qui s'étale de 2011 à 2018. Pour ce faire, une analyse de corrélation entre les variables
explicatives, à travers l’étude de la corrélation et de multi-colinéarité, a été adoptée. Ensuite, le choix
s’est porté sur l’adoption de la méthode « Analyse en Composantes Principales (ACP) ». Enfin, on a
stationnarisé nos variables et utilisé l'estimateur de la méthode des moments généralisés (GMM). Les
résultats de cette étude ont montré que la variable relative aux instruments de refinancement et la
variable relative aux opérations de trésorerie sont corrélés positivement avec la liquidité des banques
islamiques, tandis que la variable relative aux ratios de rentabilité et aux indicateurs macroéconomiques
est négativement liée à la liquidité bancaire.
Mots-clés : Risque de liquidité, Instruments de refinancement, Opérations de trésorerie, Banques
islamiques.
Abstract: Several authors have studied the influence of the liquidity risk determinants on the Islamic
banks liquidity level. These determinants, as identified in the empirical literature, consist of Islamic
banks specific characteristics and macroeconomic factors. Therefore, the objective of our study is to
study the impact of the liquidity risk determinants on the liquidity level of 8 Islamic banks in five
different countries over a period of 8 years from 2011 to 2018. To do this, a correlation analysis
between the explanatory variables, through the study of correlation and multicollinearity, was adopted.
Then, the choice fell on the adoption of the “Principal Component Analysis (PCA)” method. Finally,
we stationarized our variables and used the generalized method of moments (GMM). The results of
this study showed that the variable relating to refinancing instruments and the variable relating to
treasury operations are positively correlated with the liquidity of Islamic banks, while the variable
relating to profitability ratios and macroeconomic indicators is negatively related to the liquidity of
Islamic banks.
Keywords: Liquidity Risk, Refinancing Instruments, Cash Flow Opérations, Islamic Banks.

Reçu le : 18 octobre 2022, Accepté le : 17 janvier 2023

Introduction
Fennassi Addouli I., Qodad A., (2023), Les déterminants du risque de liquidité : Quel impact sur la
position de liquidité des banques islamiques ?, Recherches et Applications en Finance Islamique, Vol 7,
No 1, pages : 81-99.

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Introduction
Le concept de liquidité est plus que jamais un sujet d’actualité. La récente crise financière nous
a fait découvrir que le risque de liquidité a constitué un facteur crucial de vulnérabilité du
système financier et qu’une pénurie de liquidité peut très rapidement se transformer en
problème de solvabilité. La liquidité pourrait mettre la banque solvable en faillite, car elle doit
vendre ses actifs bien en dessous de leur valeur pour remplir ses obligations financières
actuelles.

Toutefois, même si la finance islamique n’a pas connu encore de crises graves et que ses
principes de base peuvent favoriser l’éthique dans la pratique bancaire, cela ne signifie pas que
le système financier islamique est à l’abri des abus auxquels le système classique est exposé
(Jouini, et Pastre ,2009).D’ailleurs, les banques de taille mondiale islamiques ou
conventionnelles sont tributaires de marchés financiers liquides et opérationnels, pour satisfaire
leurs besoins tant de liquidité que de financement.

Comme pour le cas des banques conventionnelles, les banques islamiques doivent intégrer le
système financier, effectuer les opérations de transformation, gérer les risques et en plus
conserver davantage de liquidités par rapport à ses consœurs conventionnelles du fait qu’elles
sont nouvelles dans le marché. Ceci augmente automatiquement le risque dans les banques
islamiques (Damak, 2014, Alzoubi,2017).

En outre, contrairement aux banques conventionnelles, les banques islamiques sont confrontées
d’une part au faible développement d’instruments de placement Sharia compliant de long terme
et d’autre part à l’impossibilité de transférer l’excèdent de liquidités à des organisations qui ne
sont pas Sharia Compliant (Ismal, R. (2010)). Généralement les comptes d’investissement
participatifs dépassent les capacités d’investissements des banques islamiques, ce qui les oblige
à n’investir qu’une partie des dépôts.

Pour atténuer le problème de risque de liquidité selon les principes et les orientations de la
charia, les banques islamiques utilisent plusieurs techniques notamment l’utilisation des fonds
d’investissement islamique et l’accès au marché monétaire qui demeure à ce jour peu développé
en finance islamique.

Ainsi, les principes et les caractéristiques particulières régissant le mode de financement


islamique expose cette industrie à un important risque de liquidité. Il est donc nécessaire
d’établir des dispositifs appropriés de la bonne gouvernance et de la gestion efficace des risques
à l’heure de l’intensification de la mondialisation financière et de la diversification des
instruments et véhicules de placement des fonds. En outre, compte tenu de la croissance
progressive de cette industrie et de l'expérience de la crise financière mondiale en 2008-2009,
les banques islamiques sont obligées d'établir un bon programme de gestion des risques de
liquidité pour s'acquitter de leurs obligations financières envers des tiers.

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En conséquence, la gestion du risque de liquidité revêt une importance particulière pour le cas
des banques islamiques et devient un sujet d’étude méritant d’être approfondi.

Pour les raisons sus-évoquées, on est convaincu qu’une étude du risque de liquidité dans le
contexte de la finance islamique, favorisera la compréhension des rouages de sa gestion. Cela
nous mène à définir les déterminants du risque liquidité et à identifier leur impact sur la position
de liquidité des banques islamiques. Ainsi, notre problématique de recherche s’articule autour
de la question centrale suivante : Quels sont les déterminants du risque de liquidité et quel
impact exercent-ils sur la position de liquidité des banques islamiques ?

De ce fait, notre étude aura comme finalité principale d’analyser les facteurs qui influencent la
position de liquidité de huit banques islamiques dans cinq différents pays. Cette analyse
concernera une période de huit ans, de 2011 à 2018.

Ainsi, plusieurs auteurs se sont intéressés à revoir la structure des déterminants propres au
risque de liquidité des banques islamiques. Plusieurs auteurs tels que Costisor, M. (2010) et
Praet, P., & Herzberg, V. (2008) ont étudié également les fondements du marché interbancaire
et ses effets sur la composition du portefeuille d’une banque.

A travers le présent travail, il sera question dans un premier temps, de présenter les meilleures
pratiques en matière de mesure du risque de liquidité, d’analyser, dans un deuxième temps, les
déterminants du niveau de liquidité tels qu’identifiés dans la littérature théorique, de
comprendre le Modèle théorique de Harvey ainsi que de présenter la spécification
économétrique.
La deuxième partie, quant à elle, tente de présenter la méthodologie empirique en mettant
l’accent principalement sur les variables retenues dans notre analyse et les méthodes statistiques
et économétriques utilisées, pour in fine, présenter les résultats, les analyser et les discuter.

1. Revue de littérature
1.1. Le risque de liquidité
Historiquement, les meilleures pratiques en matière de mesure du risque de liquidité étaient
axées sur l'utilisation des ratios de liquidité. Les ratios utilisés dans les études précédentes
incluent le ratio actifs liquides / actif total (par exemple Bourke, 1989; Molyneux et Thornton,
1992; Demirgüç-Kunt et al., 2003 ; Ozili,2015) et le ratio actifs liquides / dépôts (Shen et al. .,
2001). La valeur la plus élevée du ratio de liquidité rend la banque plus liquide et moins
vulnérable aux défaillances. En outre, certaines études utilisent le ratio prêts / actif total (par
exemple Athanasoglou et al., 2006), les prêts nets au client et le ratio de financement à court
terme (par exemple Pasiouras et Kosmidou, 2007; Kosmidou, 2008; Naceur et Kandil, 2009)
pour évaluer le risque de liquidité de la banque. Plus la valeur de ces ratios est élevée, plus le
risque de liquidité des banques sera élevé.

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Certaines études ont découvert l'effet positif entre le risque de liquidité bancaire et la
performance (par exemple Molyneux et Thornton, 1992; Abdelhamid, A. I. T. ,2018); d'autres
ont découvert l'effet négatif (par exemple Bourke, 1989; Kosmidou, 2005; Kosmidou, 2008).

Après la dernière crise financière, plusieurs auteurs se sont intéressés à revoir la structure des
déterminants propres au risque de liquidité des banques commerciales.

D'autres moyens d'évaluer le risque de liquidité bancaire en plus des ratios de liquidité
traditionnels ont vu le jour. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (2000) a proposé une
méthode d'échelonnement des échéances pour mesurer le risque de liquidité. Saunders et
Cornett (2006) ont indiqué que les banques peuvent utiliser les sources et les utilisations de la
liquidité, les comparaisons de ratios de groupes de pairs, l'indice de liquidité, le déficit de
financement et les besoins de financement, et la planification de la liquidité pour mesurer leur
exposition à la liquidité. Par ailleurs, Matz et Neu (2007) ont également indiqué que les banques
peuvent appliquer une analyse de la liquidité du bilan, une position de trésorerie et une approche
de l'inadéquation des échéances pour évaluer le risque de liquidité. En effet, selon Goodhart
(2008), même si une bonne capitalisation réduit la probabilité de tensions sur leur liquidité, les
banques apparemment solvables ne sont pas à l'abri des difficultés de trésorerie.

1.2. Les caractéristiques propres aux banques islamiques et les facteurs


macroéconomiques :
Les déterminants du niveau de liquidité tels qu’identifiés dans la littérature théorique et
empirique sont composés des caractéristiques propres aux banques participatives et des facteurs
macroéconomiques. (Vtyurina, et al. ,2012 ; Gökhan& Özkan, 2015).
Les caractéristiques propres aux banques islamiques sont composées des composantes des actifs
liquides et la dépendance à l'égard du financement externe (Thông, 2013 ; Setyawati, I. ; 2016).
L’approche développée par Allen et Gale (1994, 1998, 2002, 2004b, 2004c), Schnabel et Shin
(2004), Cifuentes et al.(2005), Allen et Carletti (2006 et 2008) Plantin et al.(2009), repose sur
l’hypothèse selon laquelle les marchés sont incomplets et imparfaits et, de ce fait, les banques
à court de fonds sont contraintes de vendre des actifs pour disposer de liquidités .

En outre, une banque satisfait les demandes de retrait en utilisant les revenus générés par les
investissements réalisés. Les besoins imprévus de liquidité peuvent être couverts en collectant
de nouveaux dépôts ou en liquidant ses investissements à court terme. Si cela n’est pas suffisant,
une banque emprunte sur le marché interbancaire (Costisor2013).

D’ailleurs, un choc sur la liquidité frappant une banque peut se propager si les contreparties
refusent d’apporter des liquidités à court terme parce qu’elles ne peuvent pas elles-mêmes
trouver un prêteur en cas de pénurie de liquidité sur le marché secondaire. (Acharya (V.),
Gromb (D.) et Yorulmazer (T.) (2007)). En outre, les assèchements soudains de liquidité ont
particulièrement entrainé des perturbations s´sévères sur les marchés interbancaires, qui sont le
cœur même du système financier (Costisor (2010)).

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En finance islamique, la situation est encore plus délicate étant donné qu’il n’existe aucune
forme de marché secondaire sur lequel les banques islamiques pourraient gérer leur liquidité.
Les actifs des banques islamiques sont de surcroit très spécifiques, et par conséquent
difficilement négociables ou titrisables. Reste le marché interbancaire, mais ce dernier reste très
restreint parce qu’essentiellement national.

Les déséquilibres macroéconomiques est une autre voie qui entraîne un risque de liquidité. Ce
facteur est particulièrement important dans les pays en voie de développement. Les emprunts
excessifs du gouvernement sur les marchés intérieurs augmentent les coûts de financement pour
les banques. Dans de nombreux pays, on crée une répression financière où les banques sont
tenues de financer les dépenses publiques à un prix inférieur au prix du marché.

Dans ces circonstances, le risque de liquidité des banques augmente en grande partie soit
involontairement ou volontaire en modifiant la composition du portefeuille d'actifs de la
banque. Ensuite, tout choc pour le système peut créer des problèmes de liquidité pour les
banques individuelles et pour le secteur bancaire dans son ensemble.

D’ailleurs, l’imperfection des marchés de capitaux implique une demande de liquidité


anticyclique1. Cette situation est due au fait que les banques thésauriseraient2 des actifs liquides
pendant les récessions et les déchargeraient en temps opportun. Cela suggère que les tampons
de liquidité seraient négativement liés aux mesures de la croissance du PIB réel (Aspachs et al.
(2005)).

Les déséquilibres budgétaires et la thésaurisation ne sont pas les seules sources


macroéconomiques de risque de liquidité. Une inflation élevée peut entraîner aussi des risques
similaires.

1.3. Modélisation du risque de liquidité


1.3.1. Modèle théorique :
La modélisation du risque de liquidité adoptée dans ce travail, trouve ses origines dans le travail
publié par (Harvey, 1990). Cette modélisation considère que la variable endogène est expliquée
comme une somme d’un trend, d’une mesure du cycle, d’une variable qui capte la saison en
plus de l’influence des variables explicatives exogènes, en se basant sur une structure linéaire.

1
La contracyclicité des tampons de liquidité limite l'efficacité de la politique monétaire en essayant d'injecter de
la liquidité pour stimuler l'économie en période de récession : les tampons de liquidité resteraient stables ou
augmenteraient mais le crédit ne reprendrait pas nécessairement.
2
Technique économique décrivant la volonté de garder son argent en dehors du circuit économique

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Le modèle de Harvey s’écrit comme suit :


𝑝 𝑚

𝑌𝑡 = 𝑐 + ∑ 𝜌𝑖 𝑌𝑡−1 + ∑ 𝛽𝑖 𝑋𝑖𝑡 + 𝜀𝑡
𝑖=1 𝑖=1

Avec :

 ∑𝑝𝑖=1 𝜌𝑖 𝑌𝑡−1 est une composante autorégressive


 ∑𝑚𝑖=1 𝛽𝑖 𝑋𝑖𝑡 mesure l’ensemble des variables explicatives du modèle.
 𝜀𝑡 est le terme aléatoire supposé gaussien.

1.3.2. Spécification économétrique


Le modèle ci-dessous inspiré du travail de Delechat, C.et al (2014) fournit une description
économique des causes réelles du risque de liquidité des banques islamiques. Nous allons
décomposer les origines du risque de liquidité en deux facteurs : des facteurs internes et des
facteurs externes.

Pour examiner la relation (interrelation) entre le risque de liquidité et les variables propres à la
banque islamique et aux différents facteurs macroéconomiques un modèle de panel en plus du
model de Harvey est pris en considération (Shen et al.,2018).

𝑝 𝑚 𝜏
𝐵𝑎𝑛𝑞𝑢𝑒 𝑀𝑎𝑐𝑟𝑜
𝑅𝐿𝑖𝑡 = 𝛼𝑖 + ∑ 𝜌𝑖 𝑅𝐿𝑖𝑡−𝑠 + ∑ 𝛽𝑗 𝑋𝑖,𝑡 + ∑ 𝛽𝛾 𝑋𝜌,𝑡 + 𝜉𝑖𝑡
𝑖=1 𝑗=1 𝛾=1

Avec :

 𝑅𝐿𝑖𝑡 est le risque de liquidité de la banque 𝑖 = 1, . . 𝑛 à l’instant 𝑡 = 1, 2, … . 𝑇.


 𝛼𝑖 est la constante
 𝛽𝑗 sont inconnus (sont des paramètres à estimer)
 𝜉𝑖𝑡 est le terme d’erreur qui exprime la variable aléatoire représentant l’ensemble des
variables non observées, elle est considéré comme l’information manquante.
2. Méthodologie empirique :
2.1. Variables retenues dans notre analyse
2.1.1. Variable relative au risque de liquidité
𝑅𝐿𝑖𝑡 est le risque de liquidité de la banque 𝑖 = 1, . .4 à l’instant t = 2011……2018. Cet
indicateur est mesuré par la trésorerie et l’équivalent de trésorerie en fin d’année retenu de l’état
de flux de trésorerie de 8 banques islamiques dans 5 différents pays : Malaisie, Bahreïn, Emirats
Arabes Unis, Turquie et Qatar.

Il représente l’argent de la banque, qu’il s’agisse de liquidités, d’obligations d’épargne ou


d’argent investi sur le marché monétaire. Les équivalents de trésorerie sont un autre actif à court

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terme, appelé ainsi, car ils équivalent presque à de la trésorerie : les placements à court terme
pouvant être utilisés comme trésorerie ou convertis rapidement en trésorerie sans perte de
valeur.

2.1.2. Variables relatives à la dimension propres aux caractéristiques de la banque


participative et aux conditions macroéconomiques
𝐵𝑎𝑛𝑞𝑢𝑒 𝑀𝑎𝑐𝑟𝑜
Les variables 𝑋𝑖,𝑡 , 𝑋𝑖,𝑡 désignent les caractéristiques propres à la banque participative
et les différents facteurs macroéconomiques spécifiques aux pays avec 𝑗 = 1, . . 𝑚 et 𝑘 = 1, . . 𝑛
et 𝛾 = 1, . . 𝜏. 𝑗 correspond au pays dans lequel la banque opère. 𝛼𝑖 est le terme constant et enfin
𝜉𝑖𝑡 représente le terme aléatoire composé.

Les variables retenues dans notre analyse sont les sukuk les cash-flows liés à l’activité
d’exploitation, de financement et d’investissement, les fonds propres, le résultat net, le ROA et
ROE, le total actif, les dépôts et les opérations interbancaires.

Afin de saisir l'effet de l'environnement macroéconomique de chaque pays dans la


détermination du risque de liquidité, les deux variables macroéconomiques utilisées sont le PIB
et l’inflation.

2.2. Méthodes statistiques et économétriques utilisées


Pour atteindre les objectifs de la recherche, cette étude utilise un échantillon de 8 banques
islamiques. Les pays ont été choisis sur la base de leur engagement et de leur implication dans
le domaine de la finance islamique ainsi que de leur initiative de développer des initiatives de
finance participative et de financement du développement. Quant aux banques, elles ont été
sélectionnées non seulement sur la base de la disponibilité des données mais aussi sur la base
de leur notoriété. Les données ont été collectées à partir des rapports annuels des différentes
banques islamiques pour la période 2011 à 2018. Les données financières de ces rapports
annuels sont utilisées pour calculer et évaluer la liquidité et les déterminants de la liquidité dans
plusieurs pays du monde. Différents outils et techniques financiers et statistiques, à savoir la
corrélation de Pearson et Spearman, les facteurs d'inflation de la variance (VIF) et de tolérance
(TOL), la correction de la multicolinéarité par la méthode PCA, l'étude de la stationnarité des
variables et la méthode généralisée des moments ont été utilisés pour analyser les données
recueillies. EVIEWS est utilisé pour enquêter et mesurer la liquidité des banques islamiques
Dans ce cadre, un modèle en données de panel (Quamar, et al. ,2020) est exprimé par la
trésorerie et équivalents de trésorerie en fin d'année comme variable dépendante et par un
ensemble de facteurs internes et externes considérés comme des variables indépendantes.
L'objectif de notre étude est de savoir si les résultats finaux indiqueront que les variables
microéconomiques et macroéconomiques sont positivement corrélées avec la liquidité des
banques islamiques, ou n'ont pas d'impact sur la liquidité des banques islamiques.

Avant de procéder à l'analyse de nos données, nous pouvons noter que dans notre cas, il s'agit
des données d'un panel cylindrique ou équilibré car le nombre d'observations dans le temps est

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(t=8) est le même pour toutes les banques islamiques. Le panneau comporte également huit
unités transversales (N = 8). Dans ce cas particulier, nous avons un panel ni petit ni grand
puisque (N = t = 8). Il y a donc au total 64 observations pour chaque variable retenue dans
l'analyse. Dans un premier temps, nous avons effectué une analyse de corrélation entre les
variables explicatives. Pour ce faire, nous avons appliqué une analyse de corrélation par paires
qui suppose l'existence potentielle d'une forte corrélation entre nos variables explicatives
puisque certaines valeurs du coefficient de corrélation de Pearson sont supérieures à 0,6. Puis
nous avons calculé les coefficients de corrélation partielle qui affichaient bien des valeurs
proches de 1. Ce résultat justifie la première conclusion de corrélation par paires. Pour remédier
à l'effet de l'augmentation de la variance de l'estimateur MCO suite à l'augmentation des
corrélations entre les variables r_xy, nous avons calculé un ratio appelé Facteur d’inflation de
la variance qui correspond dans notre cas à une valeur très élevée de 27,1 . Par la suite, nous
avons procédé à la correction de la multicolinéarité par la méthode ACP. La méthode ACP a
calculé 13 composantes principales, notées C_φ φ = 1,2,… 13 de sorte qu'elles soient toutes
non corrélées entre elles. Ces composantes sont des combinaisons linéaires des variables
explicatives originales. Dans notre analyse, nous avons obtenu quatre composantes principales
étant donné que la valeur de la valeur propre est supérieure à 1 pour ces quatre composantes.
Pour une meilleure représentation factorielle, nous avons appliqué une nouvelle analyse en
composantes principales avec rotation afin de définir la composition de chaque composante
séparément (variables explicatives). Nous avons donc défini 4 composantes principales. La
première composante absorbe 45 % de la variabilité globale. Cette composante regroupe les
variables : fonds propres, dépôts, opérations interbancaires, sukuk, total bilan. Ces variables
mesurent les instruments de refinancement à partir des bilans. La deuxième composante absorbe
14,6 % de la variabilité globale. Cette composante regroupe les variables : ROE et ROA. Ces
variables mesurent la rentabilité financière des banques islamiques. La quatrième composante
principale absorbe 13,1 % de la variabilité globale du modèle. Cette composante regroupe les
variables : Cash Flow des activités opérationnelles et Cash Flow des activités de financement.
Ces variables mesurent les activités de trésorerie des banques islamiques. Les variables Flux de
trésorerie provenant des activités d'investissement et Résultats nets sont exclus du modèle. Suite
à l'analyse ACP, nous avons construit chaque composante en nous référant aux poids de chaque
variable dans la structure factorielle. Nous avons remarqué que le problème de multicolinéarité
a été résolu. En effet, les valeurs du coefficient de corrélations partielles sont très faibles et
inférieures à 0,5. Il existe également un très faible degré de colinéarité entre plusieurs variables
explicatives. De plus le VIF moyen est égal à 1,23 : c'est une valeur inférieure à 2. Suite à
l'analyse des différentes variables explicatives et à l'établissement d'un modèle suivant la
méthode ACP, une étude de stationnarité est indispensable. En effet, si la série est le résultat
d'un processus non stationnaire, il faut d'abord chercher à la "stationnariser", c'est-à-dire trouver
une transformation stationnaire de ce processus. Ensuite, nous modélisons et estimons les
paramètres associés à la composante stationnaire. Basés sur l'analyse de stationnarité, les tests
de niveau affirment que la variable log (cash) n'est pas stationnaire en niveau. Nous avons
effectué les tests sur la variable dépendante en différences premières. Les résultats indiquent

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que la variable dépendante doit être différenciée pour la rendre stationnaire. La variable relative
aux instruments de refinancement des bilans des banques islamiques est intégrée dans l'ordre 1.
Il faut donc la différencier pour la rendre stationnaire. La variable relative à la rentabilité
financière est stationnaire après transformation. Le schéma utilisé est celui qui tient compte de
la constante dans l'estimation. La variable activités de trésorerie est stationnaire en niveau sans
tenir compte de l'intégration de la constante ou de la tendance pour identifier le processus.

3. Résultats
3.1. Modèle retenu après transformations
Le modèle retenu, suite à l’étude de la stationnarité est le suivant :

𝑳𝑳𝒊𝒕 = 𝜶𝒊𝒕 + 𝜷𝟏 ∆𝑳𝑪𝑰𝒏𝒔𝒕 𝑹𝒆𝒏𝒕


𝒊,𝒕 + 𝜷𝟐 ∆𝑳𝑪𝒊,𝒕 + 𝜷𝟑 ∆𝑳𝑪𝑴𝒂𝒄 𝑪𝑭
𝒊,𝒕 + 𝜷𝟒 𝑪𝒊,𝒕 + 𝜷𝟒 𝑳𝑳𝒊𝒕−𝟏 + 𝝃𝒊𝒕

Avec :

𝐿𝐿𝑖𝑡−1 : est la variable retardée d’une période.

Ainsi, nous sommes en présence d’un modèle dynamique en données de Panel

3.2. Étude de la structure de panel


Le test de Hausman est un test qui permet de faire un choix entre le modèle à effets aléatoires
et le modèle à effets fixes. Ce choix permettra de tenir compte de l’hétérogénéité des données.

Lorsque la probabilité de ce test est supérieure au seuil retenu, c’est le modèle à effets aléatoires
qui est avantagé. Dans le cas contraire, on retient le modèle à effets fixe.

Le tableau ci-dessous présente les résultats du test de Hausman :

Tableau 1: Résultats du test de Hausman

Test summary Chi-sq. statistic Chi-sq. d.f. Prob

Cross-section 38,97 5 0,0000


random

Source : Eviews 10

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À partir du tableau, la probabilité est de 0,0000 ce qui est inférieur à 0,05, cela montre que nous
sommes en présence d’un modèle dynamique à effets fixes. Ainsi, notre modèle est le suivant :

𝑳𝑳𝒊𝒕 = 𝜶𝒊 + 𝜷𝟏 ∆𝑳𝑪𝑰𝒏𝒔𝒕 𝑹𝒆𝒏𝒕


𝒊,𝒕 + 𝜷𝟐 ∆𝑳𝑪𝒊,𝒕 + 𝜷𝟑 ∆𝑳𝑪𝑴𝒂𝒄 𝑪𝑭
𝒊,𝒕 + 𝜷𝟒 𝑪𝒊,𝒕 + 𝜷𝟒 𝑳𝑳𝒊𝒕−𝟏 + 𝝃𝒊𝒕

3.3. Méthode des moments généralisés

Afin de parvenir aux résultats, l'estimateur de la méthode des moments généralisés (GMM) a
été utilisé. Cette méthode permet non seulement d'analyser et d'examiner les effets individuels
et temporels spécifiques mais aussi de compenser les biais d'endogénéité des variables,
notamment lorsqu'il y a un décalage de la variable dépendante apparaissant comme variable
explicative. En effet, la MMG permet de résoudre les problèmes de biais de simultanéité et de
causalité inverses. Le tableau qui suit présente les résultats :

Résultats :

Tableau 2: résultats suite à l’adoption de la méthode des moments généralisés

Variable Coefficient Std. Error T-statistic Prob


C 11.11153 2.052306 5.414168 0.0000
D(LC Inst) 0.117042 0.706394 0.165690 0.8692
D(LC Prof) -4.798874 1.887063 -2.543039 0.0147
D(LC MAC) -0.598071 0.257297 -2.324434 0.0249
C CF 1.36E-07 3.74E-08 3.638534 0.0007
LCASH(-1) 0.159573 0.151921 1.050363 0.2994
Effects Specification
Cross-section fixed ( dummy variables)
Weighted Statistics
R-squared 0.961748 Mean dependent var 21.72956
Adjusted R-squared 0.951073 S.D. dependent var 12.41095
S.E. of regression 0.526775 Sum squared resid 11.93217
Durbin-Watson stat 1.847775 J-statistic 2.996927
Instrument rank 14 Prob(J-statistic) 0.083423
Unweighted Statistics
R-squared 0.953919 Mean dependent var 13.18899
Sum squared resid 12.24553 Durbin-Watson stat 2.476825

Source : Eviews

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L'équation de régression linéaire multiple établie devient :

𝐼𝑛𝑠𝑡 𝑃𝑟𝑜𝑓 𝑀𝑎𝑐


𝐿𝐿𝑖𝑡 = 𝟏𝟏. 𝟏𝟏𝟏𝟓𝟑 + 𝟎. 𝟏𝟏𝟕𝟎𝟒𝟐∆𝐿𝐶𝑖,𝑡 − 𝟒. 𝟕𝟗𝟖𝟖𝟕𝟒∆𝐶𝑖,𝑡 − 𝟎. 𝟓𝟗𝟖𝟎𝟕𝟏∆𝐿𝐶𝑖,𝑡 + 𝟏. 𝟑𝟔𝐄
𝐴𝑐𝑡
− 𝟎𝟕𝐶𝑖,𝑡 + 𝟎. 𝟏𝟓𝟗𝟓𝟕𝟑𝐿𝑅𝐿𝑖𝑡−1 + 𝜉𝑖𝑡
4. Analyse des résultats
Afin de quantifier la problématique de gestion des risques de liquidité pour le cas des banques
islamiques, nous avons étudié les différents facteurs qui influencent le risque de liquidité de 8
banques islamiques dans cinq différents pays, en introduisant à la fois des variables internes
principalement des variables relatives aux instruments de refinancement des banques
islamiques et d'autres indicateurs externes sous la période de 8 ans, de 2011 à 2018.
En effet, les résultats nous indiquent que les variables retenues dans notre analyse expliquent
effectivement l’évolution à la baisse ou à la hausse du risque de liquidité. Quant à la
significativité des variables, on constate que tous les coefficients sont statistiquement
significatifs au seuil de 5%, sauf celui de la variable LCinst. Rappelons que cette variable
correspond aux instruments de refinancements issus du bilan des banques islamiques et qui
regroupent principalement les titres d’investissements « sukuk », les fonds propres, les
opérations interbancaires et les dépôts.

La variable relative aux instruments de refinancements issus du bilan des banques islamiques a
une relation positive avec le niveau de liquidité des banques islamiques. En effet, une
augmentation de 1 unité de la variable instrument de refinancement entraînera une
augmentation de la variable relative à la liquidité bancaire en moyenne de 0.117042 unité.

5. Discussion des résultats


Ces résultats rejoignent ceux de Bhattacharya et Gale (1987) qui montrent que les marchés
interbancaires jouent un rôle positif, car les banques peuvent mieux faire face aux chocs de
liquidité si elles peuvent emprunter/prêter des liquidités sur le marché interbancaire. Cela
devrait contribuer par la suite à l’amélioration de la situation finale des déposants. Ndoka, S et
al. (2017) indiquent aussi qu’il existe une relation positive entre la liquidité bancaire et les
dépôts des clients. Maaka, (2013) a également constaté que le niveau des dépôts des clients
affectait positivement la rentabilité de la banque. Il existe alors une relation positive entre le
niveau de dépôt des banques et le niveau de rentabilité réalisé par la banque. Cela va dans le
sens ou lorsqu’une banque dispose d’une base de dépôts élevée, elle peut investir les fonds
prudemment et être en mesure de générer un rendement adéquat. Gatev et Strahan (2003)
affirment également que les dépôts offrent une couverture naturelle aux banques contre le risque
de liquidité.

La variable relative aux ratios de rentabilité ressort un coefficient négatif de -4.798874 ce qui
concorde avec l’étude empirique établie par Rahman & Banna sur le risque de liquidité des

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banques islamiques en 2015. Cela signifie que les ratios de rentabilité ont une relation négative
avec la liquidité bancaire. En effet, une augmentation de 1 unité de la variable relative aux ratios
de rentabilité entraînera une diminution de la variable relative à la liquidité bancaire en
moyenne de 4.798874 unités.

D’autres chercheurs attestent que la détention de liquidité implique un coût d’opportunité pour
la banque, ce qui aurait donc un impact négatif sur la rentabilité. Parmi ces auteurs, nous
pouvons évoquer Molyneux et Thornton (1992) qui ont conclus, grâce aux résultats obtenus de
l’étude menée auprès des institutions financières de 18 pays européens, que la disposition d’une
liquidité abondante constitue un manque à gagner pour l’institution financière. Eichengreen et
Gibson (2001) affirment qu’on peut s’attendre à une meilleure rentabilité quand les fonds sont
moins immobilisés dans des placements liquides.
Goddard et al. (2004) précisent qu’il est moins probable qu’une banque qui détient une
proportion relativement élevée d’actifs liquides gagnent des profits élevés, mais elle est aussi
moins exposée au risque, donc les actionnaires doivent être prêts à accepter un rendement sur
fonds propres inférieur.
Mansouri et Afroukh (2009) précisent, suite à l’étude sur la période 1993 – 2006 de cinq
banques marocaines, que la surcapitalisation des banques marocaines a conduit à une situation
de surliquidité qui n’a pas profité à la rentabilité globale.
La relation négative entre les ratios de rentabilité et la liquidité s'explique par le fait que la
diminution du financement non performant des banques islamiques entraîne une augmentation
des niveaux de liquidité et une diminution du risque de liquidité. En d’autres termes, ces
résultats révèlent que l’accumulation de nombreux mauvais financements diminue la valeur de
l’actif, augmente les risques de liquidité et rend les banques islamiques incapables de respecter
leurs obligations financières.
Les variables macroéconomiques qui sont le PIB et l’inflation sont négativement liés à la
position de liquidité des banques dans la mesure ou une baisse de 50% de la position de liquidité
est observée du fait d’une augmentation de 1% de la valeur des variables macroéconomique.

Ces résultats rejoignent les résultats des différentes études réalisées par Aspachs et al. (2005)
et aussi Agénor et al. (2000) et Dinger (2009) qui constatent que la liquidité détenue est
négativement liée à la croissance du PIB.

Selon Aspachs, O. et al. (2005), l’inflation est également négativement liée à la liquidité des
banques commerciales. Cela est probablement dû à la baisse de l’investissement.

Les opérations de cash-flow sont liées positivement à la position de liquidité avec un coefficient
qui correspond à 1.36E-07. Cela signifie qu’une augmentation de 1.36E-07 unité de la trésorerie
nette en fin d’année de la banque entrainera une augmentation d’une demi-unité des variables
relatives aux flux net de trésorerie généré par l'activité d’exploitation et de financement (étant
donné la semi-élasticité).

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Rappelons que l’International financial reporting standards indique qu’il existe une relation
positive entre les flux de trésorerie relatifs aux opérations d’investissement, de financement et
d’exploitation et la trésorerie bancaire en fin d’année.

La valeur du R2 montre que 0.961748 ou 96 % de la variabilité du risque de liquidité est


expliqué par les variables explicatives.

Le R2 ajusté représente une valeur de 0.951073, cela signifie que 95 % de la variable à expliquer
est expliquée par les variables indépendantes.

La valeur des statistiques de Durbin-Watson est de 1.847775, ce qui montre que le terme
d'erreur est indépendant et sans autocorrélation. Autrement dit, il n'y a pas d'autocorrélation
dans le terme d’erreur.

Les résultats présentés ci-dessus présentent certaines limites qui pourraient offrir certaines
pistes d’extension et d’amélioration, notamment, une augmentation du nombre d’observation
semble être un moyen non négligeable en vue d’améliorer la qualité de l’estimation des
différents paramètres de notre modèle économétrique. En outre, l’étude de chaque instrument
de refinancement isolément permettra d’appréhender l’impact des sukuk ou chaque type de
sukuk, fonds propres, opération interbancaire et dépôts sur la liquidité des banques et fenêtres
participatives. Dans le cas du Maroc, les banques participatives connaissent une position de
sous-liquidité qui impacte incontestablement leur compétitivité et leur rentabilité. Ces dernières
sont confrontées, plus que les banques classiques aux aléas liés à la gestion de leurs liquidités.
Les marchés interbancaires et monétaires islamiques sont inexistants et les instruments
classiques des banques centrales ne s’accordent pas avec les exigences chariatiques.

Dans un contexte marqué par une recession mondiale et un risque d’impayés plus important
liés à la crise sanitaire Covid-19 (Beck, T. (2020)),( Nigmonov, A., & Shams, S. (2021)),des
mesures devraient être mises en œuvre afin de dynamiser le marché de la finance islamique.

A ce titre, Bank Al-Maghrib devrait adapter ses textes et circulaires pour couvrir les spécificités
de l’activité bancaire participative. Les adaptations primordiales devront porter sur la prise en
compte du traitement des Sukuk dans la liste des instruments considérés comme des actifs
liquides ainsi que sur l’intégration des instruments spécifiques comme les ressources collectées
sous forme de Wakala Bil Isthitmar, les dépôts d’investissement, ou aussi des Hamish Al
Jiddiya demandé aux clients pour sécuriser leurs demandes de financement.

Conclusion
Tels qu’identifié dans la littérature théorique et empirique, les identifiants de la liquidité
bancaire sont les caractéristiques propres aux banques islamiques et les caractéristiques
macroéconomiques.

Pour atteindre les objectifs de recherche et en se basant sur les études précitées, différents
déterminants ont été choisi, notamment, ceux relatifs aux instruments de refinancement, aux

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ratios de rentabilité, aux activités cash-flow et aux conditions macroéconomiques.


Pour mener à bien notre étude, différents outils et techniques financiers et statistiques ont été
adoptés pour analyser les données collectées.
Le premier et principal résultat concerne la problématique de refinancement des banques
participatives. En effet, la variable relative aux instruments de refinancements est corrélée
positivement au niveau de liquidité des banques participatives. Dans ce sens, et faisant référence
à l’article intitulé « le refinancement sur le marché monétaire et la gestion des risques de
liquidité » élaborés par nos soins : il est nécessaire de créer un marché de refinancement
islamique international afin d’accroitre davantage la finance islamique et les instruments de
refinancement à l’échelle international et d’offrir une meilleure répartition des richesses à
travers le monde, ce qui donnerait la possibilité de réaliser certains objectifs sociaux. Il est
suggéré aussi de mettre en place divers marchés de refinancement dans différents pays ou
régions et d’avoir une institution intergouvernementale qui est apte d’aider, de réglementer et
d’accompagner les marchés de refinancements dans les différents pays où se trouvent ces
banques.
Au niveau international, des avancés remarquables ont été observé pour mettre en place une
stratégie de développement du marché monétaire islamique, en particulier, apporter des
instruments innovants pour se refinancer sur le marché monétaire. Nous pouvons citer, par
exemple, les placements basés sur les principes de Wadī'ah, Rahn ou Muḍārabah, sukuk
l’Ijārah, Ṣukūk Al-Salam, les notes monétaires islamiques de la Banque Centrale Malaisienne
(Bank Negara Malaysia) , facilité de vente et de rachat sur le Ṣukūk sous-jacent…etc. De même,
la finance islamique via l’émission des titres financiers (sukuk) sur le marché permet aux
entrepreneurs de satisfaire leur besoin de financement en recourant à l’achat de la capacité de
financement des épargnants en leur offrant des titres financiers respectant les préceptes de la
sharia.
Quant à la finance participative au Maroc, celle-ci est une opportunité́ incontestable pour
avantager les flux d’investissements, en particulier, ceux qui sont en provenance des régions du
Golfe ce qui impliquerait à une croissance plus rapide de différents secteurs.

Le principal défi de la finance islamique au Maroc se rapporte à l’innovation afin qu’il soit
proposé des produits qui rassemblent simultanément les critères de conformité́ aux préceptes
islamiques, de conformité́ à la règlementation, mais aussi de rentabilité́ économique et
financière.

La finance participative devrait relever également plusieurs défis afin de mettre en place des
instruments de gestion de risque de liquidité et de pouvoir prendre de l’ampleur. Cela devrait
être réalisé en adoptant les dispositions suivantes :

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 Emettre par l’Etat des titres d’investissement et concevoir de manière adéquate des
instruments financiers publics islamiques fondés sur un lien systématique entre les
dépenses publiques et leur financement,
 Faciliter les financements par la banque centrale en émettant de la liquidité au moyen
de rachats des sukūk détenus par les banques participatives en encourageant les titres
du marché monétaire émis par des fonds privés,
 Impliquer davantage la banque centrale en émettant régulièrement des certificats de
Musharaka
 Mettre en place des mesures de surveillance pour une gestion efficace du risque lié aux
liquidités et au passif-actif en collectant un ensemble d'informations qui lui permettent
de veiller à la fluidité des mouvements de liquidités.
 Concevoir de manière adéquate des instruments financiers publics islamiques fondés
sur un lien systématique entre les dépenses publiques et leur financement pour pouvoir
augmenter le volume des émissions, élargir la base des détenteurs et favoriser les
marchés secondaires. Autrement dit, prendre en compte les instruments étatiques de
financement islamique en tant que partie intégrante du programme global de la dette
publique et de son financement.
 Encourager les émissions internationales et faire preuve de flexibilité en matière de
financement et de capacité à mobiliser des financements attractifs sur les marchés
financiers internationaux
 Encourager les titres du marché monétaire émis par des fonds privés.
 Détention des banques et institutions financières d’un portefeuille diversifié de titres
basés sur Ijara.
 Émettre dans un futur proche des Sukuk Wakala, afin de gérer de manière efficace les
opérations interbancaires et de pouvoir s’imposer de plus en plus dans l’économie
mondiale.

Le deuxième résultat concerne la variable relative aux ratios de rentabilité qui ressort un
coefficient négatif de -4.798874. Cela signifie que la détention de liquidité implique un coût
d’opportunité pour la banque, ce qui aurait donc un impact négatif sur la rentabilité. D’ailleurs,
une liquidité abondante constitue un manque à gagner pour l’institution financière. En effet, on
peut s’attendre à une meilleure rentabilité quand les fonds sont moins immobilisés dans des
placements liquides. En outre est moins probable qu’une banque qui détient une proportion
relativement élevée d’actifs liquides gagnent des profits élevés, mais elle est aussi moins
exposée au risque, donc les actionnaires doivent être prêts à accepter un rendement sur fonds
propres inférieur.

Le troisième résultat concerne les opérations de trésorerie. Les banques islamiques doivent,
dans ce cas, encourager La MEP et l’organisation des comités ALM puisque ces comités
permettent une meilleure prise de décision pour une meilleure optimisation des opérations de
trésorerie.

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Le quatrième résultat concerne les conditions macroéconomiques, nous pouvons conclure que
l’inflation, pourrait affecter la valeur de l’argent et le pouvoir d’achat ce qui aurait donc impact
négatif sur la liquidité.
Au terme de ce travail de recherche, force est de constater que le sujet des déterminants du
risque de liquidité est loin d’être totalement exploré. Certains aspects méritent d’être prolongés
et approfondies puisque les résultats obtenus présentent certaines limites qui pourraient offrir
des pistes d’extension et d’amélioration.

Concernant les séries statistiques, une augmentation du nombre d’observations peut conduire à
améliorer la qualité de l’estimation des différents paramètres de notre modèle économétrique.

L’ensemble des limites constituent pour les travaux ultérieurs plusieurs pistes de recherche,
c’est ainsi que dans les futures études, nous proposons d’intégrer des données qualitatives tels
que le type ou la nature de sukuk afin de connaitre le sak ayant le plus d’impact sur la liquidité
des banques islamiques.

La confrontation des données des banques classiques aux banques islamiques pourrait être un
moyen non négligeable afin d’étudier l’impact des déterminants du risque de liquidité sur la
liquidité dans le système bancaire en sa globalité.

Nous proposons également l’étude de chaque instrument de refinancement séparément pour


déterminer l’instrument ayant le plus d’impact sur la liquidité des banques islamiques et
également étudier principalement le cas marocain afin d’analyser l’impact des déterminants du
risque de liquidité sur la position de liquidité des banques participatives au niveau national.

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