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COM VOL CXIV N O 236 / LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023 / 2,00 $ + TAXES = 2,30 $

CULTURE SOCIÉTÉ
CHRONIQUE
JEAN-FRANÇOIS LISÉE
Taylor Swift Que se passe-t-il
au cinéma, dans le cerveau
Kill McGill un modèle qui des adultes TDAH ?
A3 peut faire école B8

III AGRESSION SEXUELLE GUERRE ISRAËL-HAMAS

Le récit D’hôpital à cimetière

d’un combat
contre
la machine
militaire
L’ex-caporale Stéphanie Raymond
se raconte dans Tu t’écriras NON
dans le front, livre qui révèle en
détail son combat contre l’armée

STÉPHANIE MARIN
LE DEVOIR

A
près son combat d’une décennie de-
vant les instances militaires et les tri-
bunaux pour une agression sexuelle
commise par son supérieur, et avec Des personnes se sont rassemblées autour des corps de Palestiniens tués lors des frappes aériennes sur l’hôpital Ahli Arab, dans le centre
ce livre choc qui dénonce les agisse- de Gaza, mardi. « Au moins 500 personnes » auraient été tuées, selon des responsables du territoire palestinien dirigé par le Hamas.
ments de l’armée, l’ex-caporale Sté- DAWOOD NEMER AGENCE FRANCE-PRESSE
phanie Raymond dit aujourd’hui :
« mission accomplie ».
Car sa mission à elle était d’ob-
Israël et le Hamas s’accusent mutuellement d’un raid sur un hôpital
tenir justice et de faire en sorte de Gaza qui a fait plusieurs centaines de morts
que « le système de justice parallè-
le qu’est la justice militaire et la
Cour martiale » soit connu du pu-
blic, a-t-elle indiqué en entrevue
avec Le Devoir, quelques heures FLORENCE MORIN-MARTEL Au onzième jour de la guerre déclen- décombres » de l’établissement situé
avant l’arrivée du livre Tu t’écriras LE DEVOIR chée par l’attaque du Hamas le 7 octo- dans le centre-ville, a-t-il indiqué.
NON dans le front sur les étalages bre dernier, « au moins 500 personnes » Le premier ministre israélien, Benja-
des librairies. Plusieurs centaines de personnes ont été sont mortes « dans un bombardement min Nétanyahou, a toutefois attribué le
Mais la femme qui a aujourd’hui tuées mardi dans une frappe sur l’en- ayant touché l’enceinte de l’hôpital Ahli
38 ans sait bien qu’elle n’a pas signé ceinte d’un hôpital de Gaza. Si le Hamas Arab », selon un communiqué du minis- VOIR PAGE A 4 :

le dernier chapitre des violences au attribue ce tir à Israël, l’armée de l’État tère de la Santé du territoire palestinien
sein des Forces armées canadien- hébreu affirme plutôt que le Djihad isla- contrôlé par le Hamas. « Des centaines LIRE AUSSI PAGES A 4 ET A 5 : NOTRE COUVER-
nes, une institution ternie par de mique palestinien en est responsable. de victimes se trouvent encore dans les TURE DES ÉVÉNEMENTS EN ISRAËL ET À GAZA
nombreux scandales sexuels. Son
constat de 2023 est tranchant : mal-
gré toutes les dénonciations d’agres-
sions et d’inconduites sexuelles au III LE DEVOIR AU LIBAN AMÉLIE DAVID
sein de l’armée, rien n’a changé, COLLABORATION SPÉCIALE
juge-t-elle.
Son histoire, sous la plume de la
journaliste Claudie Côté, est relatée
dans cet ouvrage au titre percu-
Dans l’attente À ALMA EL-CHAAB
LE DEVOIR

La grande salle du restaurant de l’hôtel

d’une autre guerre,

tant : Tu t’écriras NON dans le front. Alma Verdi, niché au cœur du village
C’est la phrase qu’une supérieure d’Alma el-Chaab, semble s’être vidée
de toute vie en cette mi-journée de
VOIR PAGE A 8 :
  mardi. Dehors, la terrasse est vi-
de ; l’eau de la piscine ne bouge pres-

INDEX
Avis légaux.............B2
Décès......................B5
Édito.......................A6
Pour suivre Économie...............B6
l’actualité Idées.......................A7
en continu, Météo.....................B4
consultez nos Mots croisés...........B4
plateformes Monde....................B4
numériques Sudoku...................B4
la peur au ventre que pas. Un chat miaule non loin.
Seuls des employés sont présents, prêts
à accueillir les journalistes venus cou-
vrir les conséquences régionales du
conflit Israël-Hamas, qui a notamment
entraîné la mort d’un reporter de
l’agence de presse Reuters.
Dans le sud du Liban, non loin de la frontière avec Israël, la ten- « Ma famille est partie plus au nord,
sion s’accentue jour après jour depuis le 7 octobre dernier, soit le mais nous, nous restons. Nous ne pou-
début du plus récent conflit opposant le groupe islamiste Hamas vons pas laisser le propriétaire de l’hô-
et l’État hébreu. Les habitants de la région craignent l’ouverture tel seul », explique au Devoir Ibrahim,
l’un des employés de l’endroit. Avec un
d’un nouveau front et, surtout, de revivre une guerre semblable
à celle de 2006. VOIR PAGE A 4 : 
 2 ACTUALITÉS
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023

LA
GRÈVE DU FRONT COMMUN
Les syndicats pensent
toujours qu’ils doivent
faire la grève pour
s’assurer de faire le plus
de gains possible. Donc,
on va attendre la grève
St-Onge ouverte à une
proposition de Google
en lien avec C-18
OTTAWA — La ministre du Patri-
moine, Pascale St-Onge, n’ex-
clut pas la possibilité que le gou-
vernement fédéral puisse ac-
quiescer à l’idée que Google fi-
nance un fonds indépendant
destiné au journalisme cana-
Le guichet unique pour
les plaintes de racisme
à la Ville de Montréal
bientôt en fonction
Tel que promis en juin dernier, la Vil-
le de Montréal va de l’avant avec la
mise sur pied d’un guichet unique
pour recevoir les plaintes en matière
de racisme et de discrimination. La
Le groupe armé État islamique
revendique l’attentat de Bruxelles
BEYROUTH — Le groupe armé État islamique (EI) a re-
vendiqué mardi la responsabilité d’une fusillade à
Bruxelles qui a tué deux Suédois lundi, affirmant que
l’attaque visait la Suède en raison de son appartenan-
ce à une coalition mondiale luttant contre les djiha-
distes. « Un combattant de l’État islamique a mené
une attaque contre des ressortissants suédois lundi »,
a déclaré le groupe EI dans un communiqué publié

»
du 31 octobre.
FRANÇOIS LEGAULT
Les syndiqués du front commun
québécois ont voté à 95 % en fa-
veur d’un débrayage, a-t-on ap-
pris mardi matin. En point de
presse à l’Assemblée nationale,
François Legault a donc dit s’at-
tendre à une grève à la fin du
mois, bien qu’aucun chef syndi-
cal n’ait encore évoqué de date
de débrayage. Le premier minis-
tre a aussi tenu à défendre les of-
fres de son gouvernement. « On
offre 13 % d’augmentation. On
pense que c’est raisonnable. On
pense que ça respecte la capaci-
té de payer des Québécois. » Le
front commun représente quel-
que 420 000 travailleurs de la
santé, des services sociaux et de
l’éducation. Le mandat de grève
approuvé par les syndiqués pré-
voit ultimement un débrayage illi-
mité, mais inclut d’abord des
« séquences » isolées de grève.
dien. Cela ne signifie pas, pour
l’heure, qu’Ottawa est prêt à
abandonner la formule de la loi
C-18, censée forcer les « géants
du Web » à indemniser les mé-
dias pour le partage de nouvel-
les sur leurs plateformes. Goo-
gle répète depuis des mois qu’il
préférerait verser de l’argent
dans un tel fonds que de verser
des fonds aux médias par le
biais d’ententes d’indemnisation
qui doivent être rendues obliga-
toires avec l’entrée en vigueur,
prévue en décembre, de la loi
C-18. « Le but ultime, évidem-
ment, c’est de faire en sorte
qu’on amène plus d’argent dans
le système pour soutenir les sal-
les de nouvelles à travers le Ca-
nada, et donc mon intention,
c’est de continuer d’avancer
avec C-18, mais de trouver la
voie de passage », a affirmé
mardi la ministre St-Onge. Elle
a souligné qu’elle n’a « jamais
dit [que le gouvernement] recu-
lait sur C-18 ». En réaction à
cette loi, Google se prépare à re-
tirer les nouvelles de ses plate-
formes au Canada en décembre.
La Presse canadienne
Centrale d’accompagnement du per- sur Amaq, l’organe de presse de l’organisation, ajou-
sonnel en matière de plaintes (CAPP) tant que « cette attaque survient dans le contexte
nouvellement créée sera fonctionnelle d’opérations menées par l’EI pour cibler des ressortis-
à compter du 4 décembre. Le conseil sants des pays de cette coalition ». L’homme radicali-
municipal a approuvé lundi soir les sé soupçonné d’avoir tué les deux Suédois et qui a été
modifications à la Politique de respect abattu par la police mardi matin à Bruxelles a proba-
de la personne. La CAPP recevra les blement agi en « loup solitaire », selon les autorités
plaintes des employés qui estiment belges. L’assaillant, un Tunisien de 45 ans présenté
avoir vécu de la discrimination et du par les médias comme Abdesalem Lassoued, était en
harcèlement. Les enquêtes seront séjour irrégulier en Belgique après le rejet d’une de-
pour leur part menées par la Commis- mande d’asile en 2020 et visé par un ordre de quitter
sion de la fonction publique de Mon- le territoire qui n’a jamais été exécuté. Le double ho-
tréal, et non plus par la division des micide, qualifié de « lâche attentat » par le premier
ressources humaines. « On adopte ministre Alexander De Croo, a eu lieu non loin du
une réponse systémique à un problè- centre-ville de Bruxelles, peu après 19 h.
me systémique », a commenté lundi Agence France-Presse
la présidente du comité exécutif, Do-
minique Ollivier. En mars dernier, Le
Devoir avait publié une enquête pré-
sentant les témoignages d’une tren-
taine d’employés de la Ville qui se di-
saient victimes de racisme et de dis-
crimination dans leur milieu de tra-
vail. La politique révisée intégrera les
notions de discrimination et de discri-
mination systémique, avec l’engage-
ment à « prendre tous les moyens né-
cessaires pour offrir un milieu de tra-
vail sain, exempt de discrimination,
de harcèlement, d’incivilités et où
toutes et tous sont traités avec res-
pect, égalité, inclusion et dignité ».
Le Devoir

Après le sommet sur Les espoirs de la communauté LGBTQ+ se fanent en Inde

l’itinérance, la distribution
des aides
QUÉBEC — Après le Saguenay–Lac-
Saint-Jean lundi, c’était au tour de
la capitale nationale de recevoir
mardi des aides d’urgence pour lut-
ter contre l’itinérance. « C’est un
immense pas dans la bonne direc-
tion », a dit le maire de Québec,
Bruno Marchand, aux côtés du mi-
nistre responsable des Services so-
ciaux, Lionel Carmant, lors d’une
annonce au refuge Lauberivière. Sur
les 2,55 millions de dollars reçus,
630 000 dollars permettront d’atti-
rer des employés qualifiés pour ac-
cueillir une douzaine de personnes
de plus dans des ressources de tran-
sition de Lauberivière. Une aile
complète de ce refuge est présente-
ment inutilisée, faute de personnel.
Une partie de l’enveloppe sera aussi
consacrée à l’ajout de services d’in-
tervention dans les régions de
Beauport, de Portneuf et de Charle-
voix qui, depuis peu, font face au
phénomène. Le ministre Carmant
n’a pas pu confirmer si cette aide
serait récurrente, mais a dit atten-
dre le feu vert du ministre des Fi-
nances pour le faire.
Le Devoir

Un président régional
du PLQ démissionne
Des partisans et des membres de la communauté LGBTQ+ regardaient sur un écran le verdict de la Cour suprême indienne sur les pétitions qui demandent
QUÉBEC — Une autre tuile la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, à Mumbai, mardi. L’instance judiciaire a déclaré ne pas être habilitée à le légaliser, balayant les
s’abat sur le Parti libéral du espoirs de la communauté LGBTQ+ d’obtenir une reconnaissance du mariage homosexuel malgré l’opposition du gouvernement. RAFIQ MAQBOOL ASSOCIATED PRESS
Québec (PLQ). Le président du
conseil régional de Laval, De-
nis Piché, claque la porte en
raison de la décision du parti URGENCES SURCHARGÉES Baisse de la violence armée à Montréal Le PQ et QS s’affrontent
d’élire son prochain chef en sur l’indépendance
2025 et d’exclure le député Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a

Frédéric Beauchemin. L’infor-
mation, d’abord rapportée par
Le Journal de Québec, a été
confirmée par La Presse cana-
dienne. Dans sa lettre de dé-
mission, M. Piché affirme que
le temps où le PLQ avait la ca-
pacité d’assumer ses revers et
ses défaites est révolu « et a
fait place à une déconnexion
qui perdure et dont les impacts
négatifs sont aussi nombreux
que graves ». Il affirme que le
PLQ a « atteint un point de
rupture ». Le chef libéral inté-
rimaire, Marc Tanguay, n’a pas
semblé ébranlé par la démis-
sion de M. Piché. « C’est un
choix personnel », a-t-il dit en
point de presse mardi matin à
l’Assemblée nationale. M. Tan-
guay a défendu la décision du
parti d’élire le prochain chef li-
béral en 2025. « On a des déci-
sions à prendre dans l’intérêt
supérieur du parti, et le déno-
minateur commun, c’est qu’il
doit absolument y avoir une
véritable course à la cheffe-
rie », a-t-il dit.
La Presse canadienne
227 %
L’histoire se répète : les urgences de la
grande région montréalaise débordent.
Le taux d’occupation sur civière a dé-
passé mardi les 200 % à l’hôpital Royal
Victoria à Montréal, atteignant 227 % en
matinée. Il était de plus de 170 % dans
plusieurs centres hospitaliers métropo-
litains. « Le plus gros problème en ce
moment, c’est le manque de person-
nel », selon le président de l’Association
des spécialistes en médecine d’urgence
r
du Québec, le D Gilbert Boucher. « Si
on avait du personnel comme on en
avait avant la pandémie, on a vraiment
bon espoir que les choses iraient vrai-
ment beaucoup mieux. » Des lits de-
meurent fermés faute de soignants, et
jusqu’à 14 % des malades se présentant
aux urgences partent avant d’être vus,
déplore-t-il. Et le nouveau Guichet d’ac-
cès à la première ligne aide pour les
problèmes « sporadiques », selon le
r
D Boucher, mais il peine à répondre
aux besoins des personnes atteintes de
maladies chroniques et qui ne sont pas
suivis par un médecin de famille, qui se
retrouvent ainsi à l’urgence.
observé une baisse de la violence armée de 25 % cet été
dans la métropole comparativement à la saison estivale
de l’an dernier. Entre le 1er juin et le 30 septembre 2023,
35 événements de décharge d’arme à feu ont été enre-
gistrés, contre 43 pour la même période en 2022. Le
SPVM a également enregistré cinq meurtres et 13 tenta-
tives de meurtre par arme à feu, contre 8 et 20 entre
juin et septembre 2022. Ces statistiques font dire au
corps policier que « l’été chaud initialement redouté »
ne s’est finalement pas concrétisé. « Les résultats en-
courageants confirment plutôt que la diminution des
événements de violence armée, qui avait été constatée
de janvier à mai derniers, s’est poursuivie au cours des
quatre derniers mois », a indiqué le SPVM. La visibilité
policière, les enquêtes criminelles, la prévention et le
renseignement expliquent entre autres cette baisse.
La Presse canadienne
Rectificatifs
Une brève concernant le cannabis publiée en page A 2
de notre édition du 17 octobre affirmait qu’on recensait
au pays 16 fois plus de magasins autorisés à la mi-2018
qu’à la fin de 2022. Les années ont été inversées.
L’éditorial intitulé « Un Pitchounet trop bruyant ? » et pu-
blié en page B 10 de notre édition du 14 octobre indi-
quait que l’école primaire Guy Drummond avait reçu une
contravention en 2023. Elle en a plutôt reçu une en 2013.
QUÉBEC — Québec solidaire fait de la
« politique négative » en affirmant
que le Parti québécois prône un « in-
dépendantisme de fermeture » et
cela ne peut que lui faire mal, estime
le chef péquiste, Paul St-Pierre Pla-
mondon. Réunies lundi soir à l’occa-
sion d’un débat sur l’indépendance,
les trois candidates au poste de co-
porte-parole solidaire — Christine
Labrie, Émilise Lessard-Therrien et
Ruba Ghazal — avaient attaqué en
chœur les postures nationalistes
« divisives » de la CAQ et du PQ.
« Quand je vois le PQ avoir un dis-
cours de fermeture des frontières,
pour moi, ce n’est pas progressiste.
[…] Je ne vois pas comment on peut
penser réaliser l’indépendance du
Québec avec une approche aussi di-
viseuse », a notamment affirmé
Mme Labrie. En mêlée de presse mar-
di, M. St-Pierre Plamondon a déplo-
ré ces « attaques partisanes ». Et sur
le réseau social X, l’élu péquiste Pas-
cal Bérubé a répondu avec ironie à
sa collègue députée. « J’imagine que
Québec solidaire, avec 17 % [du vo-
te], est plus rassembleur que le 44 %
du Parti québécois » à l’élection par-
tielle de Jean-Talon, a-t-il écrit.
Le Devoir
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023
FINANCEMENT DES UNIVERSITÉS
Kill McGill
C
’est terrible. Le principal lobby anglo-
québécois nous avait avisés, il y a
18 mois, de l’opération caquiste
« d’éradication » de la communau-
té anglophone. Accélérant la caden-
ce, le gouvernement vient de dé-
ployer, écrivent les éditorialistes de
l’auguste Montreal Gazette, une
stratégie « punitive, destructrice,
politique et paroissiale, visant à dé-
molir les institutions de la commu-
nauté anglophone ». Un des chroni-
queurs du journal a surenchéri :
c’est « Kill McGill ». De grands
noms du commentariat torontois
parlent de « vandalisme » et de
« tyrannie ». S’inspirant d’un
sketch de Monty Python, le plus
JEAN- imagé a présenté la CAQ comme
FRANÇOIS « pétant dans la direction générale
LISÉE du Canada » ; il appelle Ottawa à
une réaction fiscale punitive.
Doit-on comprendre que la CAQ
a été à ce point mesquine qu’elle a
retiré à McGill le cadeau d’un demi-
milliard consenti l’an dernier, en lui
offrant l’ancien hôpital Royal Victo-
ria pour son agrandissement ? A-t-
elle décidé d’y installer plutôt du lo-
gement social et abordable ? Non,
ce n’est pas le sujet. Aurait-elle
alors annulé le financement de
475 millions qui vient avec ce don,
frôlant au total le milliard de dol-
lars ? Il n’en est pas question.
Cela doit, en période de pénurie
de médecins, signifier la fin de la
pratique permettant que, l’an der-
nier, 303 étudiants canadiens-anglais
aient occupé au total le quart des
places en médecine à McGill, ne
Jean-François payant chaque année pour cette for-
Lisée a dirigé mation de classe mondiale que
le PQ de 2016 2800 $, plutôt que 23 000 $ à l’Uni-
à 2018. Il vient versité de Toronto ? On me signale
de publier Par la que non.
bouche de mes La CAQ aurait-elle décidé que
crayons aux McGill ne pourra désormais investir
éditions Somme dans l’éducation de chaque étudiant
toute/Le Devoir. un sou de plus que le montant dis-
jflisee@ ponible pour ceux de l’Université de
ledevoir.com Montréal ? Pour y arriver, elle de-
Pas question
d’exempter Bishop’s,
tranche Legault
Pour l’université sherbrookoise, la hausse des frais de scolarité
constitue pourtant une « menace existentielle »
MARIE-MICHÈLE SIOUI
CORRESPONDANTE PARLEMENTAIRE
À QUÉBEC
LE DEVOIR
Le premier ministre François Legault
n’a pas l’intention d’exempter l’Uni-
versité Bishop’s de la nouvelle hausse
de frais de scolarité qui sera imposée
aux étudiants étrangers ou issus d’au-
tres provinces canadiennes à compter
de l’automne 2024.
« Oui », a répondu le chef caquiste
lorsque les journalistes lui ont deman-
dé s’il rejetait les demandes de l’uni-
versité sherbrookoise. La ministre de
l’Enseignement supérieur, Pascale Dé-
ry, a de son côté assuré être « en
étroite communication avec le recteur
de Bishop’s ».
En entrevue avec Le Devoir, le prin-
Ce n’est cipal et vice-chancelier de cette uni-
rien contre versité de l’arrondissement de Len-
noxville, Sébastien Lebel-Grenier, a
les anglo- confirmé que la ministre Déry s’est di-
phones, te « sensible » à la réalité de Bishop’s.
c’est pour Près du tiers des étudiants de cette
la survie université proviennent des autres pro-
du français vinces canadiennes, tandis qu’un peu
moins de 15 % des étudiants sont in-
qu’il faut ternationaux.
arrêter cette L’université se voit donc attaquée
tendance et par la mesure de Québec sur deux
la renverser fronts. Elle s’attend à perdre « la ma-
»
jorité » de ses étudiants du reste du
FRANÇOIS LEGAULT Canada en raison de la hausse des
frais de scolarité, mais aussi deux mil-
lions de dollars par année en vertu du
nouveau partage des revenus des étu-
diants étrangers. La menace est « exis-
tentielle », selon M. Lebel-Grenier.
ACTUALITÉS
vrait, selon les calculs de l’écono-
miste Pierre Fortin, réduire le bud-
get de McGill de 48 %. C’est hors
de question.
Oh , j’ai trouvé ! La CAQ a décidé
enfin de ne plus subventionner les re-
jetons de la bourgeoisie française ve-
nus étudier à nos frais à McGill et va
redéployer cette somme vers les ins-
titutions francophones. Encore raté.
Peut-être a-t-elle décidé de « dé-
coloniser » McGill ? Elle profite
comme aucune autre au Québec de
son statut d’alma mater des élites
anglo-montréalaises qui, pendant
des générations, ont exploité le ter-
ritoire, les Autochtones, les Cana-
diens français (et discriminé contre
les Juifs), accumulant des fortunes
folles et remettant en aumône à la
grande maison adossée au mont
Royal des sommes inimaginables
chez ses jeunes voisines francopho-
nes. La CAQ aurait-elle appliqué
un principe progressiste de redistri-
bution de la richesse (de « répara-
tion », dirait-on dans ce milieu),
réduisant par exemple de 25 sous le
financement public de McGill pour
chaque dollar qu’elle reçoit en
don ? Je blague : ce n’est pas dans
l’univers mental caquiste.
Continuons à chercher. Cela doit
être une décision de bon sens. Les
diplômés de McGill sont pour la
plupart destinés à travailler au Qué-
bec, dans ce coin d’Amérique où la
« langue habituelle et usuelle de
travail est le français », non ? Le
gouvernement doit donc s’être ren-
du compte qu’à moins de forcer
McGill à prodiguer, disons, 10 % de
son enseignement en français (ou
en cours de français), puis de véri-
fier l’acquisition de cette indispen-
sable compétence au moment de la
diplomation, il est absolument cer-
tain qu’un grand nombre de ses di-
plômés seront incapables d’écrire,
voire de lire, le mémo reçu dans la
langue commune une fois entrés sur
le marché du travail ? (On a appris
l’an dernier que 35 % des étudiants
de cégeps anglos échoueraient à un
cours donné en français.) Nous n’y
sommes pas.
La ministre de l’Enseignement
supérieur, Pascale Déry, a plutôt an-
« La ministre n’a jamais indiqué
qu’une exemption serait possible pour
Bishop’s, mais elle est sensible à l’im-
pact des mesures proposées. Elle dit
qu’elle n’a pas l’intention de faire fer-
mer Bishop’s et qu’elle souhaite envi-
sager des mesures », a résumé le vice-
chancelier. Il ne connaît toujours pas
la nature des solutions considérées par
le gouvernement.
Surtout, il dénonce une décision « qui
n’est pas basée sur des données proban-
tes » et qui a été prise sans que les uni-
versités anglophones soient consultées.
« On est d’autant plus fâchés qu’on a
tendu la main à la ministre. On souhaite
être un meilleur partenaire pour le gou-
vernement », notamment pour aider les
étudiants unilingues anglophones à se
former en français, a-t-il ajouté.
Des changements dès l’automne
Vendredi, la ministre de l’Éducation
supérieure, Pascale Déry, a annoncé
qu’à compter de l’automne 2024, les
étudiants canadiens paieront l’équiva-
lent de ce que leur formation coûte au
gouvernement, c’est-à-dire 17 000 $
par année, plutôt que les 8992 $ ac-
tuels. Les nouveaux étudiants interna-
tionaux paieront, quant à eux, au mini-
mum 20 000 $.
Québec souhaite également remettre
en place un système de partage des re-
venus des étudiants étrangers. Le gou-
vernement espère ainsi récupérer
100 millions de dollars, un montant
équivalent au réinvestissement réclamé
par le réseau de l’Université du Québec.
L’annonce de la ministre Déry a
causé plusieurs remous, au point que le
noncé qu’elle allait désormais factu-
rer aux étudiants anglophones hors
Québec le coût estimé de leur for-
mation, soit 17 000 $, ce qui mettra
fin à notre subvention globale de
100 millions dans les têtes de ces
(très) chers voisins. À ceux qui
crient à l’exode des cerveaux, préci-
sons que la mesure ne s’appliquera
pas aux étudiants de maîtrise et de
doctorat, où l’unilinguisme anglais à
moindre coût continuera à dominer.
L’application du doublement pour
le premier cycle — et d’un prix
plancher de 20 000 $ pour les étu-
diants étrangers — doit théorique-
ment permettre à la ministre d’en-
voyer 100 millions aux universités
francophones sous-financées.
McGill et compagnie affirment
qu’au contraire il y aura hécatombe
des admissions et, qu’en consé-
quence, la poule aux œufs d’or de-
viendra stérile.
L’utilisation du chiffre de
17 000 $ leur donne du grain à
moudre. C’est une moyenne. Un
choc tarifaire pour les adeptes de la
théologie ou de la littérature, mais
un prix d’aubaine pour les futurs
médecins ou ingénieurs.
Au total, McGill n’a rien à crain-
dre. Concordia et Bishop’s ne sont
cependant pas assises sur un aussi
gigantesque pactole. Pourquoi la
ministre n’a-t-elle pas créé une
grille tarifaire s’inspirant de l’Uni-
versité de Toronto pour McGill,
d’une université canadienne moyen-
ne pour Concordia et d’une maison
mineure pour Bishop’s ? Et pour-
quoi n’a-t-elle pas appliqué cette
grille au second et troisième cycle ?
Dans tous les cas de figure, à droits
de scolarité équivalents, les coûts
du logement et de l’électricité don-
nent aux universités québécoises un
argument comparatif spectaculaire.
Il y a un avantage à se faire accu-
ser de détruire les universités anglo-
phones lorsqu’on n’aborde, comme
le fait la ministre Déry, qu’un aspect
de leur surfinancement. Elle devrait
en profiter pour appliquer les hypo-
thèses évoquées plus haut. Rien ne
sera détruit, sauf un édifice d’iniqui-
té et de privilèges. Le niveau sonore
des opposants, lui, restera le même.
premier ministre Legault a senti le be-
soin de s’adresser aux médias à ce su-
jet mardi. « Année après année, il y a
un déclin, malheureusement, du fran-
çais au Québec et je suis bien détermi-
né à inverser la tendance. Ce n’est rien
contre les anglophones, c’est pour la
survie du français qu’il faut arrêter cet-
te tendance et la renverser », a-t-il dit.
À Bishop’s, M. Lebel-Grenier estime
que l’impact de cette annonce sera im-
médiat. « On est bien engagés dans
notre recrutement [pour l’automne
prochain], on a des centaines d’offres
d’admission qui ont été lancées sur la
base des [frais de scolarité] qui exis-
tent, donc c’est clair que pour nos étu-
diants, ça pose des défis majeurs »,
s’est-il désolé.
Ottawa critique Québec
L’annonce de Québec a résonné jus-
qu’à Ottawa. Le ministre et lieutenant
du Québec pour le gouvernement Tru-
deau, Pablo Rodriguez, a critiqué la
décision du gouvernement Legault.
« Pour moi, les universités, c’est com-
me une fenêtre sur le monde. Là, j’ai
l’impression qu’on ferme un peu nos
fenêtres », a-t-il déclaré.
Le ministre fédéral de l’Immigra-
tion, Marc Miller, a de son côté parta-
gé un article du Montreal Gazette fai-
sant état des craintes de l’Université
McGill à la suite de l’annonce du gou-
vernement du Québec.
De retour à l’Assemblée nationale,
le libéral Marc Tanguay a souligné que
« même le Parti québécois reconnaît
qu’il n’y a pas d’étude, pas de raison-
nement pouvant établir un lien entre
la décision du gouvernement et un im-
pact positif sur la langue française ».
Le député péquiste Pascal Bérubé a
salué le choix du gouvernement et a bel
et bien précisé que celui-ci ne consti-
tuait pas, à son avis, une « politique
pour le français ». « Il m’apparaît que
c’est davantage de tenir compte du fait
qu’un Québécois francophone qui irait
étudier dans l’Ouest canadien n’a pas
les mêmes avantages qu’à l’inverse.
C’est une iniquité qui est corrigée, c’est
comme ça qu’on le voit », a-t-il déclaré.
Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec
solidaire, a dit préparer une « position
différente » de celle du gouverne-
ment au sujet des préoccupations,
« légitimes », sur l’avenir de la langue
française. « La bonne solution, ce
n’est pas d’augmenter les frais de sco-
larité », a-t-il affirmé.
A3
III FRANCOPHONIE
Roberge à
Paris pour
parler du
numérique
Il souhaite travailler
sur l’accessibilité des
langues minoritaires
sur Internet
CHRISTIAN RIOUX
CORRESPONDANT
À PARIS
LE DEVOIR
La dernière fois que Jean-François Ro-
berge était venu en visite officielle à
Paris, c’était en tant que ministre de
l’Éducation. Une demi-douzaine d’éco-
les françaises avaient alors été jume-
lées à des écoles québécoises. Ces
écoles dites « franco-québécoises »
devraient être bientôt multipliées par
trois, dit-il. Alors qu’il vient d’arriver
dans la capitale de l’Hexagone, le mi-
nistre de la Langue française compte
bien aller visiter une de ces écoles,
cette semaine. « Elles sont pour moi
très symboliques de ce que représente
la relation France-Québec. »
Mais la visite qu’effectue le ministre
Roberge est surtout motivée par le dé-
sir de faire avancer le projet d’ajout
d’un volet numérique à la Convention
sur la protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles.
En 2014, le Québec avait étroitement
travaillé avec la France afin de la faire
adopter par l’UNESCO.
« On veut produire la version 2.0 de
cette convention afin de la propulser
dans le monde numérique, dit le mi-
nistre. Et quand on parle de diversité
culturelle, on parle aussi de la diversité
linguistique dans le monde numéri-
que. » Pour cela, ajoute-t-il, comme en
2014, il faut d’abord s’entendre avec la
France puis porter la question au ni-
veau de la Francophonie avant de le
faire à l’UNESCO.
Ce sujet, qui vise notamment à ce
que les langues minoritaires soient
plus accessibles sur Internet, Jean-
François Roberge aura l’occasion de
l’aborder avec la ministre française de
la Culture, Rima Abdul-Malak, mais
aussi lors de son intervention à l’As-
semblée nationale devant la Mission
sur l’avenir de la Francophonie. Créée
à l’initiative des députés Amélia La-
krafi et Aurélien Taché à la suite des
déboires qu’a récemment connus la
France en Afrique francophone, cette
mission entendra une centaine d’ex-
perts et d’acteurs de la Francophonie
avant de faire rapport à l’Assemblée.
Fait notable, elle a décidé d’inaugurer
ses travaux cette semaine en enten-
dant Jean-François Roberge.
La visite du ministre de la Langue
française devait être couronnée par
l’inauguration jeudi de la Cité interna-
tionale de la langue française à Villers-
Cotterêts, dans l’ancien château de
François 1er. Même si l’attentat isla-
miste contre un enseignant d’Arras a
forcé l’Élysée à reporter cette cérémo-
nie au 1er novembre, Jean-François Ro-
berge ira visiter ce nouveau musée qui
se veut aussi un centre culturel ouvert
sur toute la Francophonie et dans le-
quel le Québec a investi deux millions
de dollars.
« On me dit que les élus français
sont très intéressés par tout ce que le
Québec fait pour assurer la vitalité de
la langue française. Je m’attends à ce
qu’ils me posent beaucoup de ques-
tions sur la loi 96, mais aussi sur les
autres mesures que nous avons mises
de l’avant », dit le ministre, qui a eu
droit à un portrait plutôt flatteur dans
le Figaro Magazine. Jean-François Ro-
berge devrait accorder au moins cinq
entrevues à la presse nationale, dont
une au magazine L’Express. Il rencon-
trera aussi le nouveau secrétaire per-
pétuel de l’Académie française, Amin
Maalouf, ainsi que l’académicien Dany
Laferrière.
La dernière visite officielle de Fran-
çois Legault en France s’est produite
en 2019. Selon le principe des visites
annuelles alternées, ce serait donc à
la première ministre Élisabeth Borne
de venir au Québec. Un voyage avait
été programmé au début de 2023,
mais il avait dû être annulé à cause
des manifestations contre la réforme
des retraites.

A4
GUERRE
Décès
confirmé
pour une
Israélienne
avec de la
famille ici
Tiferet Lapidot était
recherchée depuis
le 7 octobre
ZACHARIE GOUDREAULT
LE DEVOIR
Une jeune Israélienne de 22 ans ayant
de la famille au Canada est décédée
en Israël en lien avec les attaques
meurtrières menées par le Hamas
dans ce pays le 7 octobre dernier. Elle
était recherchée depuis par sa famille,
qui espérait la retrouver vivante.
Tiferet Lapidot a disparu le matin du
7 octobre en marge du festival de mu-
sique électronique Supernova, qui a eu
lieu dans une zone désertique du sud
d’Israël, à moins de 5 km de la frontiè-
re avec la bande de Gaza. Le site a été
transformé ce matin-là en lieu de car-
nage par le groupe militant Hamas, qui
a tué plus de 250 festivaliers.
La famille de Tiferet Lapidot, dont
certains membres ont la nationalité ca-
nadienne, gardait pour sa part l’espoir
que la jeune femme soit retrouvée vi-
vante. « On espère qu’elle a été kid-
nappée et en vie », confiait au Devoir la
semaine dernière son cousin, Oran La-
pidot, qui demeure à Montréal. Le jeu-
ne homme a confirmé mardi par écrit
la mort de Tiferet Lapidot.
Le maire de Harish, la ville natale
de Tiferet Lapidot, s’est d’ailleurs dit
attristé par le décès de la jeune femme.
« L’espoir est déçu, a écrit le maire de
cette municipalité israélienne, Isaac
Keshet, sur la page Facebook de la Vil-
le. Nos sincères condoléances vont aux
parents, Ohad et Sarit Lapidot. La
commune accompagnera la famille et
aidera le mieux possible. »
Les funérailles de Tiferet Lapidot
ont eu lieu à 15 h mardi, a indiqué le
maire de Harish. « Que sa mémoire
soit une bénédiction. »
La ministre canadienne des Affaires
étrangères, Mélanie Joly, a pour sa part
confirmé en mêlée de presse le sixième
décès d’un Canadien en Israël, en mar-
ge des attaques meurtrières du Hamas
menées le 7 octobre. L’identité de cet-
te 6e victime n’a pas été révélée.
Avec Boris Proulx
Comme en 2006 ?
LIBAN
SUITE DE LA PAGE A 1
collègue, ce Libanais qui dort désor-
mais sur son lieu de travail scrute avec
attention une télévision sur laquelle
une chaîne d’information en continu
délivre les dernières informations sur
la situation en Israël et en Palestine.
Le contraste avec le calme de la mer
Méditerranée en contrebas est saisis-
sant. Depuis le 7 octobre, les échanges
de tirs d’artillerie ont été nombreux à
la frontière libano-israélienne. Le Hez-
bollah, mouvement politique chiite al-
lié du Hamas et soutenu par l’Iran, a
attaqué plusieurs positions israélien-
nes, ce qui a mené à des répliques de
l’État hébreu. De nombreux habitants
ont déjà fui vers le nord ; d’autres sont
restés, entre fatalisme et résignation.
À Alma el-Chaab, les rues sont cal-
mes. Seules certaines maisons sem-
blent encore habitées. Près de l’église,
dans la cour d’une boulangerie, quel-
ques habitants discutent. Yvette est la
propriétaire de ce commerce qui fait
face à l’église blanche. « J’ai fermé ma
boutique mardi dernier en raison de la
situation. Mais je continue de payer
l’électricité, les frais pour ne pas que la
nourriture se périme », affirme-t-elle.
À quelques mètres d’elle, des hom-
mes sont attablés sous un arbre et dis-
cutent en arabe. Mgr Maroun Ghafari
ISRAËL-HAMAS
Contraire au droit
international
RAID
SUITE DE LA PAGE A 1
tir de mardi au Djihad islamique palesti-
nien, une autre organisation armée
présente dans la bande de Gaza.
« Que le monde entier le sache : les
terroristes barbares à Gaza sont ceux
qui ont attaqué l’hôpital à Gaza, et pas
l’armée israélienne. »
Au moment du tir, « un barrage de
roquettes a été lancé par des terroris-
tes à Gaza, passant très près de l’hôpi-
tal Ahli Arab », a affirmé l’armée de
l’État hébreu, laissant croire que l’une
d’elles est tombée sur l’établissement.
Vives protestations
Le bombardement de mardi a suscité
de vives protestations internationales,
à la veille d’une visite en Israël du pré-
sident américain, Joe Biden. Ce der-
nier a fait part « de ses plus profondes
condoléances pour les vies innocentes
perdues dans l’explosion d’un hôpital
est l’un d’entre eux. « Nous sommes
attentifs aux choses qui se passent.
Bien sûr, nous avons peur, car nous ne
savons pas, comme nous vivons dans
cette région frontalière, ce que l’avenir
nous réserve », confie d’un ton calme
le curé de la paroisse Notre-Dame.
« Et nous ne savons pas quels sont les
objectifs de ces attaques… »
D’après ce dernier, le village compte
habituellement entre 800 et 900 rési-
Si ce n’est dents à l’année, un chiffre que con-
pas le cas, firme un membre de la municipalité.
Mais ils ne seraient aujourd’hui plus
nous nous qu’une soixantaine. Et Yvette pren-
mettrons dra elle aussi bientôt la route de
à l’abri. Beyrouth, ville située à une centaine
Même si, de kilomètres plus au nord. « Ma
dans une fille a peur pour moi », glisse-t-elle
avec un sourire.
guerre, Mgr Ghafari regrette le manque de
vous savez, communication du gouvernement ac-
il n’y a pas tuel. Selon lui, les habitants sont pri-
vraiment sonniers d’un conflit qui les dépasse
d’endroit et ne peuvent compter que sur eux-
mêmes. « Personne n’a dit aucun mot
sécurisé… — “Restez chez vous !”, “Partez !” ou
MILAD EID bien “Est-ce que vous avez besoin de
quelque chose ?”… Personne ne nous
a demandé comment la situation est
» vécue, c’est dommage », souffle le re-
présentant d’une des autorités reli-
gieuses du village.
À ses côtés, Milad Eid, le propriétai-
re de l’hôtel Alma Verdi, regrette lui
aussi la situation. Mais hors de ques-
tion de partir. Comme les autres, il es-
père que la vie pourra bientôt repren-
dre son cours normal. « Si ce n’est pas
le cas, nous nous mettrons à l’abri.
Même si, dans une guerre, vous savez,
il n’y a pas vraiment d’endroit sécuri-
sé… » lance-t-il un brin désabusé.
LEDEVOIR //
à Gaza » et souhaite « un prompt ré-
tablissement aux blessés », a déclaré
la Maison-Blanche.
« Une attaque contre une infrastruc-
ture civile ne respecte pas le droit in-
ternational », a affirmé le président du
Conseil européen, Charles Michel.
Le haut-commissaire des Nations
unies aux droits de l’homme, Volker
Türk, a soutenu que cette frappe était
« totalement inacceptable ». « Les
mots me manquent. Cette nuit, des
centaines de personnes ont été tuées,
de manière horrible, dans l’attaque de
l’hôpital […], y compris des patients,
des soignants et des familles qui
s’étaient réfugiés dans l’hôpital et au-
tour », a-t-il dit, dans un communiqué.
Le président de l’Autorité palesti-
nienne, Mahmoud Abbas, a pour sa
part dénoncé un « massacre », en dé-
crétant un deuil national de trois jours.
Le premier ministre canadien, Justin
Trudeau, a lui aussi réprouvé cette frap-
pe. « Les nouvelles qui sortent de Gaza
aujourd’hui sont dévastatrices. C’est
horrible. C’est inacceptable. Le Canada
s’attend à ce que le droit humanitaire
international soit toujours respecté »,
a-t-il déclaré à Ottawa mardi.
Le président français, Emmanuel
Macron, a écrit sur le réseau social X
que « rien ne peut justifier de prendre
des civils pour cibles ». « Toute la lu-
mière devra être faite », a-t-il ajouté,
en appelant également à l’ouverture
Quelques minutes plus tard, des
bruits semblables à des explosions re-
tentissent. La tension monte d’un
cran. La poignée d’hommes encore
attablés s’active et s’engouffre dans
des véhicules.
De retour à l’hôtel, Milad Eid passe
de nombreux appels pour évaluer la si-
tuation, comprendre quelles zones sont
touchées et déterminer s’il y a des dé-
gâts. L’inquiétude se lit sur le visage
des personnes présentes. D’après la
Croix-Rouge libanaise, une équipe a été
dépêchée sur place en après-midi afin
de transporter les corps de quatre victi-
mes de bombardements.
Des plaies toujours vives
Les violences pourraient-elles dégéné-
rer et mener à une guerre comparable
à celle qu’a connue le Liban-Sud en
2006 ? La question est dans toutes les
têtes. Lors de ce conflit entre le Hez-
bollah et Israël, plus de 1000 person-
nes, majoritairement des civils,
avaient perdu la vie côté libanais, et
plus d’une centaine côté israélien.
Des routes avaient été coupées ; des
ponts, détruits.
Les explosions et les tirs des der-
niers jours ravivent de douloureux
souvenirs. « Pendant la guerre de
2006, la situation était bien pire, nous
avons eu peur, reprend Milad Eid.
Pourquoi nos citoyens doivent-ils vivre
dans la peur ? »
Si la situation reste pour l’heure loin de
celle d’il y a 17 ans, les habitants du sud
du Liban se demandent comment elle
évoluera. Ils craignent aussi les répercus-
sions du conflit dans un pays en proie
depuis plus de quatre ans à une crise po-
litique et économique sans précédent :
LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023
« sans délai » de l’accès à la bande de
Gaza pour l’aide humanitaire.
L’Organisation mondiale de la santé
a également « condamné fermement »
le raid sur l’hôpital, qualifié de « crime
de guerre » par la Ligue arabe. Le pré-
sident turc, Recep Tayyip Erdoğan, a
quant à lui appelé à « l’arrêt de cette
violence sans précédent à Gaza ».
Dans une déclaration écrite, l’orga-
nisation Médecins sans frontières
(MSF) a dit être « horrifié[e] » par ce
bombardement d’un hôpital. « Nous
étions en train d’opérer à l’hôpital, il y
a eu une forte explosion et le plafond
de la salle d’opération est tombé. C’est
un massacre », a affirmé le Dr Ghassan
Abu-Sittah, médecin pour MSF à Gaza.
Cette frappe d’un hôpital a eu lieu à la
veille de l’arrivée en Israël du président
américain Joe Biden, qui viendra mani-
fester sa « solidarité » avec l’État hébreu,
mais aussi négocier un dispositif humani-
taire pour la bande de Gaza et tenter de
prévenir une escalade régionale.
M. Biden espère « entendre de la
part d’Israël comment il mènera ses
opérations de manière à réduire le
plus possible les pertes civiles et à per-
mettre l’acheminement de l’aide hu-
manitaire […] d’une manière qui ne
profite pas au Hamas », a expliqué
mardi le secrétaire d’État américain,
Antony Blinken. Le président améri-
cain a toutefois reporté sa visite pré-
vue en Jordanie mercredi. Le ministre
le pays est sans président depuis près
d’un an, sa monnaie s’est dévaluée de
90 %, et ses services publics fonction-
nent très peu, voire pas du tout.
« Ce conflit pourrait augmenter la
dureté de la vie pour les Libanais, sur-
tout ceux du sud, comme nous », at-
teste Mohamad Gemeel Alaweah, un
résident des environs de Bint-Jbeil.
« Cela entraînera d’autres problèmes,
alors que nous devons déjà faire face à
une vie très chère, et puis la situation
sociale va se dégrader d’autant plus »,
poursuit celui qui, comme bien d’au-
tres Libanais, a connu plusieurs guer-
res dans sa vie.
Pour Mgr Ghafari, l’ouverture d’un
nouveau front accentuera les blessures
des guerres précédentes. « Nous avons
vu que toutes ces guerres n’ont pas de
sens sauf la destruction… Elles ont un
effet psychologique, surtout chez les
jeunes, indique celui qui est aussi di-
recteur d’une école secondaire. Quand
ils terminent le secondaire, ils pensent
à quitter non seulement le village,
mais aussi le pays. »
Partir. Malgré l’attachement à son
pays, à son village et à sa famille, une
étudiante qui réside dans une autre
localité, près de Bint-Jbeil, et qui pré-
fère taire son nom pour des raisons de
sécurité, estime en effet que son ave-
nir est ailleurs. Et ce, depuis long-
temps. Avec la guerre aux portes de
son village, l’exil est plus qu’une évi-
dence : c’est devenu une nécessité.
« Bien sûr que j’ai peur ! Nous ne sa-
vons pas si la guerre va se déclarer,
venir jusqu’à nous. Mais je ne veux
plus rester ici, lâche-t-elle. Je dois par-
tir dans un autre pays pour avoir une
meilleure vie. »
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023
GUERRE
« Je préfère mourir ici »
jordanien des Affaires étrangères, Ay-
man Safadi, avait auparavant annoncé
l’annulation d’un sommet auquel M.
Biden devait participer à Amman avec
son homologue égyptien, Abdel Fattah
al-Sissi, et le président Abbas. Le som-
met se tiendra « lorsque la décision
d’arrêter la guerre et de mettre fin à
ces massacres sera prise », a-t-il dit.
Des milliers de morts
Depuis le début de la guerre, l’armée
israélienne bombarde quotidiennement
la bande de Gaza en riposte à l’attaque
du Hamas du 7 octobre, jurant d’élimi-
ner le mouvement palestinien. Ces
frappes ont provoqué le déplacement
d’un million de personnes, selon
l’ONU, dont de nombreuses ont trouvé
refuge dans des hôpitaux.
À Gaza, les bombardements israé-
liens ont déjà fait plus de 3000 morts.
Les victimes sont en majorité des civils,
dont des centaines d’enfants, selon les
autorités locales.
Du côté d’Israël, plus de 1400 per-
sonnes ont été tuées depuis le début
de la guerre, la plupart des civils le
jour de l’attaque du Hamas, qui a éga-
lement pris en otages 199 personnes,
selon l’armée israélienne.
La poursuite de la guerre fait crain-
dre une propagation des hostilités. En
Jordanie, des manifestants ont tenté
de pénétrer dans l’ambassade d’Israël
à Amman.
En Cisjordanie, territoire palestinien
occupé depuis 1967 par Israël, des
heurts ont éclaté mardi soir entre pro-
testataires appelant au départ du prési-
dent Abbas et ses forces de sécurité à
Ramallah. Au moins 61 Palestiniens
ont été tués dans des violences en Cis-
jordanie depuis le 7 octobre, selon les
autorités locales.
Des Palestiniens L’armée de l’État hébreu a déployé
blessés se trou- des dizaines de milliers de soldats au-
vent à l’hôpital tour du territoire palestinien et au
al-Shifa, à la nord, le long de la frontière avec le Li-
suite de frappes ban, et près de 500 000 civils israé-
aériennes dans liens ont aussi été évacués, afin qu’ils
la ville de Gaza, s’éloignent des zones de combat, se-
mardi. lon les autorités locales.
ABED KHALED Israël a également annoncé avoir ré-
ASSOCIATED PRESS cupéré les corps de 1500 combattants
du Hamas après leur incursion. Le
groupe a confirmé mardi la mort d’un
de ses commandants, Ayman Nofal,
dans un raid, mais Israël a déjà affirmé
en avoir tué quatre dans des frappes.
2000 soldats américains en alerte
Les États-Unis ont indiqué mardi que
2000 soldats américains avaient été
placés en alerte pour un éventuel dé-
ploiement dans la région.
À Gaza, l’armée israélienne « com-
mencera ses activités militaires renfor-
cées lorsque le moment sera propice »,
a déclaré son porte-parole, Jonathan
Conricus.
Une telle opération s’annonce pé-
rilleuse sur ce terrain très densément
peuplé, puisque le nord du territoire est
truffé de tunnels où le Hamas, classé
organisation terroriste par les États-
Unis, le Canada, l’Union européenne et
Israël, cache combattants et armes.
Avec Sandrine Vieira
et l’Agence France-Presse
UN ALLÈGEMENT
DE LA CHARGE DE TRAVAIL
Un père de famille palestinien demeure à Gaza afin de résister, malgré la peur
LISE DENIS
INITIATIVE DE JOURNALISME LOCAL
À OTTAWA
LE DEVOIR
Malgré la peur et les conditions « ca-
tastrophiques », Ziad Medoukh « tient
bon ». Le père de famille palestinien a
choisi de rester chez lui, à Gaza, pour
« résister à l’occupation ».
« Si demain, je quitte ma maison,
après-demain, je vais quitter Gaza,
après-demain je vais quitter la Palesti-
ne. Comme ça, je vais être humilié
toute ma vie. […] On préfère mourir
debout, chez nous, que d’aller mourir
ailleurs », confie-t-il en entrevue avec
Le Devoir.
Se préparant à « écraser » le Ha-
mas, le gouvernement israélien a or-
donné vendredi aux habitants du nord
de la bande de Gaza de partir vers le
sud. Mais le professeur de français à
l’Université Al-Aqsa, à Gaza, refuse ca-
tégoriquement de quitter sa ville nata-
le et de participer « à une nouvelle
Nakba » — l’exil forcé des Palestiniens
lors de la proclamation de l’État d’Is-
raël en 1948. « Je suis un être humain.
Il y a la peur, l’angoisse […], mais ça
fait partie de ma façon de résister à
l’occupation », explique-t-il.
Sa femme et ses cinq enfants ont été
évacués dimanche vers le sud. « Ma fa-
mille a pu résister avec moi une semai-
ne, mais après, moi, je ne peux pas sau-
ver des êtres humains. […] Je ne peux
rien faire, je suis impuissant, comme
toutes les familles palestiniennes. »
Le Gazaoui, qui a vécu plusieurs
« grandes offensives », dit que c’est la
« première fois » qu’il assiste à un
« bombardement aussi dur », et pres-
se la communauté internationale d’y
mettre un terme.
Les frappes de représailles israélien-
nes ont tué environ 3 000 personnes
dans la bande de Gaza, en majorité
des civils palestiniens, selon le Hamas.
« Avec la haute technologie et l’aide
américaine, de ne pas faire la distinc-
tion entre les civils et les combattants,
c’est grave, déplore M. Medoukh. Je
ne demande à personne d’être pro-
palestinien. Je demande aux gens
d’être pro-justice. »
S’entraider dans la détresse
Dans le sud, des centaines de déplacés
se sont réfugiés chez des habitants,
mais vivent entassés dans les mêmes
maisons, « dans des conditions sani-
taires et humanitaires très difficiles »,
raconte l’homme âgé de 57 ans, après
avoir été interrompu par huit bombar-
dements. « C’est le quotidien sous les
bombes à Gaza », commente-t-il avant
de poursuivre l’entrevue.
Israël a coupé les approvisionne-
ments en eau, en électricité et en
ISRAËL-HAMAS
Le Palestinien Ziad Medoukh
PHOTO FOURNIE
nourriture dans le petit territoire con-
trôlé par le Hamas. « Rien n’entre à
Gaza. Ni les médicaments ni l’eau. […]
On est devant une situation humani-
taire catastrophique. »
La situation est aussi difficile dans
le nord, où se trouve le centre des
opérations du Hamas, selon Israël.
« C’est difficile à décrire. […] La réa-
lité est dure », souffle M. Medoukh,
disant voir à côté de chez lui des
« milliers de gens qui sont entassés »,
sans matelas ni couverture.
Ayant pour seul abri sa maison, le
professeur ne sort que deux fois par
semaine, afin d’aller acheter des pro-
visions. Les magasins qui étaient à
quelques centaines de mètres de son
domicile sont fermés, ou détruits, ra-
conte-t-il, disant qu’il doit désormais
« marcher un kilomètre ».
Malgré la coupure généralisée de
l’électricité, des associations et des
amis du Gazaoui disposent de pan-
neaux solaires. Il profite donc de ses
sorties pour recharger sa batterie
portable, qui lui permettra d’utiliser
son téléphone pendant quatre heures
supplémentaires. Entre eux, la tren-
taine d’habitants qui sont restés dans
leur quartier — sur un total de 250 —
partagent aussi leurs repas, pour
s’entraider.
Toute forme de résistance
Depuis l’attaque sans précédent du
Hamas en Israël le 7 octobre, l’État
hébreu a déclaré la guerre au mouve-
ment islamiste palestinien. Mais « il
faut distinguer le Hamas comme par-
ti politique […] et la population »,
nuance Ziad Medoukh, réclamant
des élections « pour que le peuple
palestinien choisisse librement ses
représentants ».
Il estime que le Hamas est devenu
plus fort après chaque offensive israé-
A5
lienne visant à l’écraser. « Nous,
quand on se réveillait, nous, la popu-
lation civile, on trouvait cette faction
plus puissante qu’auparavant. […]
Leur objectif [celui d’ Israël], c’est de
semer la terreur […], d’écraser la vo-
lonté populaire. »
« Sous le choc » de la riposte israé-
lienne, M. Medoukh dit que la popula-
tion palestinienne ne croit pas encore
à ce qu’il s’est passé en Israël. « Il y a
des vidéos qui circulent, mais jusqu’à
maintenant, nous, on n’y croit pas »,
lance-t-il, disant avoir été pris de court
samedi, sans avoir pu en savoir plus
sur les événements.
En pénétrant par surprise en Israël
il y a 11 jours, le Hamas a tué plus de
1400 personnes et en a enlevé
199 autres, selon le plus récent bilan
israélien. Une attaque documentée et
largement condamnée à l’échelle in-
ternationale. Mais M. Medoukh dit
que les Palestiniens n’ont jusque-là
« pas eu le temps de vérifier ce qu’il
s’est passé ». « Nous sommes en train
de sauver la vie de nos enfants. […]
On est débordés », dit-il, en espérant
que des vérifications seront faites
après la guerre.
Selon le professeur gazaoui, la solu-
tion ne sera « jamais militaire ». Mais
toutes les formes de résistance doi-
vent être appréciées, tant qu’elles per-
mettent d’atteindre « la paix et la li-
bération ». « Je suis contre la guerre.
Mais personnellement, je ne peux pas
critiquer les autres. […] Chacun résiste
à sa façon. »
M. Medoukh croit plutôt en un
« plan alternatif. C’est la démocratie,
c’est la liberté, c’est l’ouverture vers le
monde. C’est ça, notre mission, même
si c’est difficile, dans un contexte de
division en Palestine, dans un contexte
d’occupation, de rester debout ».
Si demain, je quitte ma maison,
après-demain, je vais quitter
Gaza, après-demain je vais
quitter la Palestine. Comme
ça, je vais être humilié toute
ma vie. […] On préfère mourir
debout, chez nous, que d’aller
mourir ailleurs.
ZIAD MEDOUKH
»
Avec l’Agence France-Presse
Ce reportage bénéficie du soutien de
l’Initiative de journalisme local, financée
par le gouvernement du Canada.
 LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023

ÉDITORIAL
DIRECTEUR BRIAN MYLES Directeur des finances Stéphane Roger
A6 Rédactrice en chef Marie-Andrée Chouinard
Vice-présidente du développement Christianne Benjamin
Chef des technologies Sylvain Coutu
Directrice des ressources humaines Caroline Marcaillou

LE DEVOIR // FONDÉ PAR HENRI BOURASSA LE 10 JANVIER 1910 > FAIS CE QUE DOIS !

III POLOGNE

Vote de résistance au
populisme autoritaire

Q
ue la coalition démocratique emmenée par Donald
Tusk, ex-président du Conseil européen, ait réussi, non
sans surprise, à chasser du pouvoir l’illibéral parti
Droit et justice (PiS) et son national-populisme est une
excellente nouvelle. Les résultats du scrutin de diman-
che n’en décrivent pas moins une société encore pola-
risée qui reste à réconcilier avec elle-même et avec
l’Union européenne (UE). Car il y a deux Pologne, et
leur cohabitation a toujours été tendue : villes contre
GUY monde rural, libéraux contre conservateurs, ouest in-
TAILLEFER dustrialisé contre est délaissé. Les élections de diman-
che n’ont pas aboli cette fracture dont il faudra s’effor-
cer de soigner et de surmonter.
Ces élections parlementaires étaient qualifiées des
« plus importantes » depuis la chute du communisme
en 1989. Les électeurs ont pris acte, avec un taux de
participation record de 74,3 %, nettement supérieur à ce
qu’il avait été aux premières élections libres du 4 juin
1989. Une mobilisation qui explique au moins en partie
pourquoi le PiS du premier ministre Jarosław Kaczyński,
au pouvoir depuis huit ans, n’a pas réussi à dégager à
nouveau une majorité de sièges. Vu la mainmise que le
PiS exerce sur les médias et sur les leviers et ressources de l’État, la possi-
bilité était pourtant grande qu’il arrache une victoire à la turque — suivant
le modèle de celle remportée par l’autoritaire président Erdoğan, en mai
dernier, malgré l’extraordinaire sursaut de l’opposition coalisée.
Le fait est que, si la Plate-forme civique de M. Tusk est aujourd’hui la
mieux placée pour former un gouvernement en alliance hétérogène avec
deux autres partis que sont la Troisième Voie et la Nouvelle Gauche, il le
doit pour beaucoup aux jeunes qui ont voté en nombre pour l’opposition
démocrate. Et autant, sinon plus, aux femmes qui se sont massivement
mobilisées contre l’interdiction de l’avortement, décidée en octobre 2020
par le Tribunal constitutionnel, une instance dont le PiS, tout à son entre-
prise de démolition de l’État de droit et d’asservissement de la justice, a
LETTRES une communauté, un écosystè-
me. Ignorer cette réalité, c’est
Encore le tramway
saboté l’indépendance. aliéner des alliés potentiels et Les étoiles semblent s’aligner.
Si, ensuite, le PiS, bien qu’étant arrivé en tête avec 35,6 % des voix, ne Il y a toujours exacerber des oppositions. Congestion sur la 20. Conges-
pourra vraisemblablement pas former un gouvernement, c’est que le vote Le défi, désormais, n’est pas tion sur le Laurentien. Conges-
de l’extrême droite libertarienne de Konfederacja s’est effondré, privant quelqu’un qui de convaincre, mais de faire en- tion sur Dufferin-Montmorency
le PiS d’envisager avec elle une alliance qui lui permettrait de franchir la semble. L’acceptabilité sociale et sur la 40 vers l’est. Si vous
majorité des 231 sièges à la Diète. est contre la tarte ne doit pas être une barrière à êtes de ceux qui croient encore
Le vent de changement soulevé par ces élections n’en est que plus aux pommes un projet, mais un pont pour sa que le tramway va transformer
substantiel. Il est un baume sur les maux d’une Europe, qui voit partout construction. À l’ère où le cynis- l’arrivée ou la sortie quotidienne
l’extrême droite donner de la voix et se tailler une part de pouvoir dans Le spectre de l’acceptabilité me est perçu comme un signe de Québec, vous rêvez. [...]
les gouvernements. Pour le premier ministre hongrois, Victor Orbán, sociale n’est plus l’apanage d’intelligence, envisageons cha- Le gouvernement de la CAQ
l’échec du PiS est douloureux : il perd un allié de poids et se retrouve un des projets bulldozer de déve- que nouveau projet comme une ne souhaite certainement pas al-
peu plus seul à défendre des positions antieuropéennes et antimigrants. loppement immobilier sauvage occasion de dialogue ou de col- ler contre la volonté de plus de
Cela dit, le PiS conserve un socle d’appui populaire important, nommé- ou de construction d’une nou- laboration. 60 % des citoyens avec un pro-
ment dans le monde agricole et parmi les Polonais les moins favorisés. velle usine émettant des parti- La question n’est plus de sa- jet dont les coûts semblent ex-
Son conservatisme catholique sur les questions sociales, comme l’avorte- cules dangereuses. Il s’étend voir s’il y aura opposition, mais ploser, même si on n’arrive pas
ment et l’homosexualité, a d’autant mieux marché qu’il l’a mâtiné de me- désormais à des initiatives comment nous, en tant que à en connaître les détails.
sures de lutte contre la pauvreté — hausse des allocations familiales et des pour lesquelles jadis nous te- communauté, allons naviguer Les propos de la ministre des
retraites, notamment. Cette Pologne-là, M. Tusk aurait tort de l’ignorer, nions pour acquis qu’elle serait dans ces eaux souvent tumul- Transports, à la suite de ceux du
lui qui, à l’époque où il était premier ministre (2007-2014), a appliqué une naturelle. tueuses. Et surtout, il faut y être maire de la ville, indiquent déjà
politique d’austérité qui a forcément fait le plus de mal aux moins nantis. L’ère où la construction préparé. L’acceptabilité sociale une piste. Si l’acceptation sociale
Les fractures au sein de la société ne seront pas réparées si M. Tusk, res- d’une école, d’un parc ou d’une est un voyage que nous entre- n’évolue pas, on devra se diriger
soudant avec l’UE les liens mis à mal par le PiS, redevient tout simplement usine de traitement des eaux prenons ensemble, un dialogue vers un projet de transport plus
le relais des technocrates de Bruxelles. Si européens qu’ils se sentent, les était accueillie avec unanimité continu, un équilibre délicat en- structurant, flexible et efficace.
Polonais sont un peuple qui a longtemps été écartelé dans l’histoire, entre est révolue. Aujourd’hui, cha- tre progrès et préservation. Voilà l’occasion pour le maire
des puissances européennes niant leur réalité nationale. Ils ont de bonnes que projet, indépendamment de Nous ne pouvons plus nous d’apprécier la température de
raisons de se méfier. sa taille ou de son envergure, permettre de travailler en vase l’eau et de faire enfin preuve de
Sur la question migratoire, il y aura des pots cassés à recoller et des in- est scruté, analysé et, souvent, clos. La conversation, bien que jugement. Les solutions existent.
compréhensions à dissiper. Au-delà de la néfaste instrumentalisation des contesté. L’unanimité d’un pro- complexe et parfois inconforta- Ce qu’on connaît déjà du projet,
sentiments xénophobes par le PiS, il se trouve que, géographiquement, les jet est devenue une chimère, ble, est indispensable. Ainsi, le ce sont les dégâts considérables
Polonais sont aux premiers rangs de la crise. Il n’est donc pas anormal car à chaque projet son oppo- prochain parc, la prochaine que l’on fera subir au tissu urbain :
que l’arrivée par l’est de migrants de l’Afrique, du Moyen-Orient et de sant, son chialeux. Il y aura école ou l’implantation d’un si- rails, dalle de béton-barrière, fils
l’Ukraine ait suscité des inquiétudes dans la population. À la lumière des toujours quelqu’un pour trouver te d’injection supervisée ne se- électriques, contraintes d’accès
résultats du scrutin de dimanche, peut-être, d’ailleurs, que ces appréhen- qu’on a trop mis de cannelle ou ra pas simplement un projet pour les rues secondaires, coupes
sions se dissipent alors que la Pologne est aux prises avec des réalités in- pas assez de sucre dans le pro- imposé, mais le fruit d’un dia- massives d’arbres centenaires, etc.
contournables : natalité en baisse, population vieillissante, pénurie aiguë jet. Chaque proposition est un logue enrichissant, la manifes- Et chaque matin, chaque soir,
de main-d’œuvre. appel à un dialogue, parfois tation tangible d’une commu- on parlera toujours de conges-
Même défait, le PiS conserve le contrôle d’institutions clés, y compris conflictuel, parfois constructif, nauté engagée, informée et tion parce qu’on n’aura pas pu
celle de la présidence, occupée par Andrzej Duda, membre du parti dont mais devenu nécessaire. respectueuse. élaborer un véritable réseau de
le pouvoir d’obstruction est réel. Entendu qu’il mettra des bâtons dans les La polarisation n’est plus l’ex- Car, après tout, peu importe transport pour les deux rives du
roues du nouveau gouvernement — d’autant plus que M. Kaczyński abhor- ception, elle est devenue la rè- que ce soit une tarte aux pom- fleuve. Si nous croyons qu’il y a
re M. Tusk — pour l’empêcher de tenir ses promesses progressistes en ma- gle. Cependant, comme commu- mes ou aux bleuets, l’important, mieux à faire pour nous, nous
tière sociale, de rétablir l’indépendance des juges et d’apaiser les relations nauté, nous avons le devoir de c’est d’unifier nos forces autour pouvons dire non et aider à re-
avec l’UE. Les Polonais viennent d’accomplir dans l’urne un bel acte de transformer le réflexe de désac- de la même table. fermer cette porte pour de bon.
résistance face au populisme autoritaire. Les attentes à l’égard de la coali- cord en collaboration. Un projet Maxime Couture Michel Giguère
tion démocratique sont conséquentes. doit s’insérer dans un milieu, Le 15 octobre 2023 Québec, le 13 octobre 2023

LIBRE OPINION

Il faut un BAPE pour l’usine Northvolt

Vanessa Bevilacqua
Citoyenne et maman mobilisée,
Saint-Basile-le-Grand
L’annonce de la construction de
la giga-usine de batterie North-
volt s’est faite en grande pompe.
Mais derrière les poignées de
main débordantes d’enthousias-
me entre ces ténors industriels et
nos politiciens avares d’annonces
économiques se cache une réalité
beaucoup moins reluisante. Le
gouvernement du Québec est prêt
à passer outre des processus neu-
tres d’évaluation environnemen-
tale, mettant ainsi en péril la san-
té publique et la protection de
l’environnement, pour éviter tout
retard au géant norvégien. Parce
que malgré le « branding » de
batterie la plus verte du monde,
la fabrication des cathodes et le
recyclage des batteries électriques
de l’usine Northvolt impliqueront
des procédés de chauffage de
métaux lourds et, donc, le rejet
d’émissions de nickel, de lithium,
de manganèse et j’en passe.
Je dénonce une situation qui me
paraît intolérable en 2023 : brader
la santé publique et notre environ-
nement pour des intérêts écono-
miques ? Pour s’insérer dans une
course industrielle, une recherche
infinie de profits et de développe-
ment économique aveugle, sommes-
nous réellement prêts, comme so-
ciété, à concéder tous les droits à
une compagnie étrangère sans au
moins soumettre le projet au Bu-
reau d’audiences publiques en en-
vironnement (BAPE) ? Je dis non
et j’espère que vous serez plu-
sieurs à me suivre !
Le gouvernement caquiste sem-
ble avoir décidé de ne pas sou-
mettre le projet de Northvolt à un
BAPE, dont la mission est juste-
ment d’établir un dialogue avec la
population, d’analyser les impacts
sur la santé publique et l’environ-
nement et de faire un rapport aux
instances publiques concernées.
Pouvons-nous, comme Québé-
cois, en 2023, mettre en péril no-
tre santé et notre environnement
pour des impératifs économi-
ques ? Sommes-nous prêts à con-
céder des droits à des compa-
gnies au détriment de notre qua-
lité de vie ? Les exemples de ce
type de capitalisme sauvage de-
meurant impuni sont trop nom-
breux au Québec. Prenons com-
me exemples les populations de
Rouyn-Noranda, où la Fonderie
Horne fait fi des limites d’émis-
sions toxiques d’arsenic, soumet-
tant la population à des risques
excessifs de cancer, ou encore le
Port de Québec qui dépasse sans
gêne les normes d’émissions de
nickel dans l’air, causant des pré-
judices terribles pour les citoyens
des environs. Les exemples de sus social ; sans quoi, c’est la cré-
compagnies sans conscience so- dibilité de toute notre société qui
ciale pleuvent, mais c’est à nos est mise à mal.
gouvernements, provincial, fédéral Nous valons mieux que cela.
et municipal, de veiller au respect Notre santé et celle de nos en-
des normes nationales en matière fants valent plus que des promes-
de santé et d’environnement. ses encore bien peu tangibles de
En s’installant au Québec, retombées économiques.
Northvolt va profiter d’une sub-
vention substantielle de plus de Pouvons-nous, comme
7 milliards de dollars financée à Québécois, en 2023,
même nos impôts collectifs de
notre hydro-électricité à faible mettre en péril notre
coût, de nos installations de santé et notre
transport et d’une main-d’œuvre environnement pour des
hautement éduquée grâce à un impératifs économiques ?
système d’éducation publique.
Alors, pouvons-nous au moins
exiger en retour un minimum de
respect pour notre santé et notre
environnement ?
Le processus d’implantation de
l’usine de batterie Northvolt doit
être soumis en totalité à un BAPE.
Sans quoi, il n’y a pas de consen-
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023
Directrice de l’information Malorie Beauchemin
Adjoints Baptiste Barbe, Fanny Bédard, Paul Cauchon,
Valérie Duhaime, Christian Duperron, Louis Gagné,
Émilie Larivée-Tourangeau, Marie-Sophie L’Heureux,
Dominique Reny, Louise-Maude Rioux Soucy
La guerre
Israël-Hamas
et la littérature
Les écrits peuvent nous aider à penser le temps
long, le goutte-à-goutte de cette histoire
Benoit Desmarais
L’auteur est libraire et auteur.
Au début de cette nouvelle guerre
Israël-Hamas, le libraire que je suis se
demandait quels titres proposer aux
lecteurs, ce qui amène aussitôt à se re-
poser la question de ce que peut offrir
la littérature dans un moment pareil.
Au lendemain du pogrom que le Ha-
mas a commis le 7 octobre dernier, je
repensais à ce passage du roman Les
enchanteurs, de Romain Gary : « Le
Temps a des manières à lui avec les
Juifs : il saigne plutôt qu’il ne s’écoule,
et ce goutte-à-goutte échappe aux rè-
gles honnêtes de la durée. » Pour la
première fois depuis 1945, le goutte-à-
goutte reprenait bel et bien. Ce réveil
d’une extraordinaire brutalité était in-
attendu, malgré les guerres « classi-
ques » épisodiques, l’échec des ac-
cords d’Oslo et l’espoir toujours plus
faible d’une solution à deux états. Il y
avait pourtant ici et là des Israéliens
pour prévoir le réveil de la bête, au
premier chef des ex-directeurs des ser-
vices secrets, le Shin Beth, dans un do-
cumentaire qu’il faut revoir, The Gate-
keepers (2012), où ils exprimaient leur
conviction unanime que le statu quo
était intenable et qu’il fallait passer par
une solution à deux états.
Le pogrom du Hamas a soudaine-
ment solidarisé toute la société israé-
lienne, jusqu’alors profondément divi-
III SOCIÉTÉ
Pour la saine gestion des
finances publiques québécoises
Luc Godbout
L’auteur est titulaire de la Chaire de re-
cherche en fiscalité et en finances publi-
ques à l’Université de Sherbrooke.
Le projet de loi 35 déposé à l’Assem-
blée nationale est passé un peu inaper-
çu. Pourtant, il précise les change-
ments que le gouvernement compte
apporter à Loi sur l’équilibre budgétai-
re (Loi-déficit) et à la Loi sur la réduc-
tion de la dette et instituant le Fonds
des générations (Loi-dette).
La Loi-déficit a été votée à l’unani-
mité en 1996. Un regard historique ré-
vèle que cette loi, au noble objectif et
au legs assurément positif, était toute-
fois inadaptée lorsque l’économie va-
cillait. En effet, tant lors de la Grande
Récession (2008) que du Grand Confi-
nement (2020), le gouvernement l’a
suspendue.
Soulignons d’abord que la nouvelle
mouture ne change ni la définition de
solde budgétaire ni l’obligation de
présenter chaque année un budget
équilibré, et le ministre des Finances
continue d’en être redevable devant
l’Assemblée nationale. De plus, si ja-
mais ce dernier doit présenter un
budget déficitaire, les trois mêmes
circonstances qu’à l’origine de la Loi-
déficit peuvent le justifier : catastrophe
naturelle, détérioration importante des
conditions économiques ou chute sub-
stantielle des transferts fédéraux.
Alors, qu’est-ce qui change ?
D’abord, la notion de réserve de sta-
bilisation est abandonnée. Aupara-
vant, les surplus passés permettaient
de faire de futurs déficits sans que
les contraintes de la Loi-déficit s’ap-
pliquent. Il s’agissait d’un élément de
souplesse facilitant le maintien de
l’équilibre budgétaire pluriannuelle.
A priori, son élimination va dans le
sens contraire recherché par sa mo-
dernisation, même s’il en facilite sa
compréhension.
Désormais, pour éviter que son ap-
plication soit suspendue dans le futur,
la nouvelle Loi-déficit offre trois élé-
ments de souplesse.
Directrice artistique Claire Dazat
Directeur de la production Christian Goulet
sée autour de l’extrême droitisation de
son gouvernement et de ses velléités de
réforme du système judiciaire. L’état-
sanctuaire créé pour mettre fin aux
exactions millénaires contre le peuple
juif a, pour la première fois, échoué à
protéger ses citoyens, non de la guer-
re, mais du massacre antisémite. Pour
les survivants de la Shoah et leurs fa-
milles, le traumatisme est énorme, et
savoir que des survivants de plus de
80 ans ont été kidnappés par les djiha-
distes est intolérable pour l’ensemble
des Juifs israéliens. Cette semaine,
l’historien franco-israélien Vincent Le-
mire ne mettait pas moins en garde la
société israélienne et les états respon-
sables de la création d’Israël par le vo-
te de l’ONU de novembre 1947 qu’il
était de leur responsabilité morale de
rappeler au gouvernement d’union na-
tionale israélien de savoir jusqu’où ne
pas aller trop loin, de raison garder
pour ne pas commettre à son tour l’ir-
réparable. Il reprenait là en partie des
arguments développés par le roman-
cier Amos Oz, dans Aidez-nous à di-
vorcer (réédité dans le recueil Chers
fanatiques, Gallimard). Tiens, encore
un romancier.
La littérature peut nous aider à pen-
ser le temps long, le goutte-à-goutte
de cette histoire. Sur Israël et la judéi-
té, Romain Gary, encore lui, et ce, dès
avant la guerre des Six Jours de 1967,
avait écrit La danse de Gengis Cohn, un
Dans l’éventualité où un déficit
non prévu au moment du budget est
constaté lors de la publication des
comptes publics, il sera sans consé-
quence pourvu qu’il demeure infé-
rieur aux versements de l’année au
Fonds des générations (2,4 milliards
de dollars cette année, à titre illus-
tratif). Cependant, s’il s’avère supé-
rieur aux versements au Fonds, la
nouvelle Loi-déficit exigera deux
choses : une justification par l’une
des trois circonstances et le dépôt
d’un plan de retour à l’équilibre d’au
plus cinq ans.
Puis, le ministre aura plus de temps
pour présenter son plan de retour à
l’équilibre. Auparavant, c’était dès le
premier discours budgétaire où un dé-
ficit était constaté. Dorénavant, ce
peut être, au plus tard, au deuxième
budget après le constat d’un déficit
dépassant le seuil.
Enfin, il sera possible de ne pas res-
pecter un plan de retour à l’équilibre si
on observe une reprise économique
moins forte que prévu au sortir d’un
ralentissement économique ou d’une
récession. Ici, la Loi-déficit ne précise
aucune balise permettant de connaître
ce qu’est une reprise moins forte que
prévu. À cet égard, le ministre semble
bénéficier d’un pouvoir discrétionnaire
lui permettant de justifier, au moment
qu’il juge opportun, le non-respect
d’un plan de retour à l’équilibre et la
présentation d’un nouveau plan, tou-
jours d’au plus cinq ans.
La Loi-dette change aussi
D’abord, au lieu de fixer deux cibles
par rapport à la dette brute et à la det-
te représentant les déficits cumulés, le
ministre opte pour une cible liée à la
dette nette. Ce changement favorise,
entre autres, la comparaison d’endet-
tement avec les autres provinces.
Comme indiqué au budget, le mi-
nistre a également réduit les sources
de revenus destinés au Fonds des
générations.
Toujours au budget, il a annoncé
que sa cible de dette nette/PIB était
fixée à 30 % en 2037-2038. Il était
roman délirant pour répondre à l’hys-
térie de l’Histoire, une sorte de chef-
d’œuvre où l’auteur n’hésite pas à
provoquer via l’humour le plus noir :
« D’ailleurs, s’il y a encore un peu
d’antisémitisme dans le monde, c’est
uniquement par amour du sacré. Je
me demande même si ça ne va pas al-
ler plus loin. Je crains le pire ! Je
crains la fraternité. » Jonathan Littell
ne commençait-il pas son roman Les
bienveillantes par une citation d’un
vers de Villon : « Ô vous, frères hu-
mains, qui après nous vivez » dite par
un responsable… nazi ? Ce que Gary
exprimait par cette crainte du frater-
nel, c’était qu’en établissant un État-
nation qui lui soit propre, le peuple juif
rejoigne la fraternité sanguinaire dont
il avait été jusque-là exclu, celle de la
Chevalerie des Croisés, des Napoléon,
Hitler et Staline : « Notre expérience
est-elle encore assez vive dans notre
mémoire et dans notre chair pour
nous aider à résister à la tentation ?
Ou deviendrons-nous à notre tour des
conquérants ? » Pour autant, Gary
n’est pas dupe du vieux fond antisémi-
te toujours prêt à resurgir. Il ajoute, à
l’intention du lecteur un peu trop
prompt à condamner Israël : « Vous
aimez bien que les Juifs se conforment
à l’image que vous leur avez assignée
au fil des siècles. […] Israël, ça vous
gêne un peu dans vos petites habitu-
des. » Au début des années 1970, lors-
qu’on lui demande si « le problème
d’Israël » est en train de relancer l’an-
tisémitisme, il dit ne pas y croire, ou
alors si c’est le cas, dit-il, c’est que la
guerre Israël-Hamas « ouvre une plaie
à peine refermée et que le pus était
déjà là, à l’intérieur. […] Il est vrai que
si cela revient, on fera comme en
1940 : on prendra les mitraillettes ».
(Le judaïsme n’est pas une question de
sang, L’Herne)
À l’heure où ne semblent possibles
que des scénarios du pire, il faut lire
ou relire Gary, Oz et aussi Sayed Ka-
shua (Les Arabes dansent aussi, l’Oli-
ver/Replay) ou Joshua Cohen (Les Né-
tanyahou, J’ai lu) et tant d’autres,
s’accorder le temps nécessaire pour
sortir du goutte-à-goutte, du blanc et
du noir, des slogans et de la pensée/
pancarte.
aussi précisé qu’il s’agissait d’une va-
leur médiane pouvant varier dans une
fourchette de +/- 2,5 %. Or, le projet
de loi ne fait aucune mention de la
valeur médiane et n’indique que le
haut de la fourchette, laissant l’im-
pression d’une cible revue à la haus-
se. Peut-être qu’il n’en est rien, mais
le libellé budgétaire doit être conser-
vé : une cible de 30 % d’ici 2037-
2038, à l’intérieur d’une fourchette al-
lant de 27,5 % à 32,5 %.
Conserver leurs grands objectifs
Sachant les bienfaits que ces deux lois
ont eus sur les finances publiques qué-
bécoises, un groupe d’experts convié
par la Chaire en fiscalité et en finan-
ces publiques et d’autres organismes
en 2021 en étaient venus à la conclu-
sion qu’il fallait conserver leurs grands
objectifs. Les éléments soulevés par ce
groupe concernant la Loi-déficit sont
couverts par le projet de loi, même
s’ils ne le sont pas tous dans le sens
souhaité (par exemple, l’abolition de
la réserve de stabilisation). Pour la
Loi-dette, l’essentiel des points est
aussi couvert à l’exception d’un méca-
nisme de remboursement automatique
de la dette lorsque le Fonds excède un
certain seuil.
La nouvelle Loi-déficit sera plus ap-
te à résister aux soubresauts écono-
miques. Évidemment, si cela devait
conduire à davantage de déficits, un
effet non souhaitable, ceux-ci se ré-
percuteraient toutefois sur la dette.
Au bout du compte, c’est la cible
d’endettement qui constitue l’ultime
garde-fou de l’état des finances publi-
ques. Si le Québec se retrouve en
2037-2038 avec un ratio de dette net-
te/PIB de 30 %, le ministre aura réussi
à moderniser les deux lois en gardant
intacts leurs objectifs fondamentaux.
Comme l’Assemblée nationale doit
voter le projet de loi, les parlementai-
res/partis devront se positionner tant
sur les modifications proposées que
sur l’importance de ces lois. Voyons-y
une occasion collective de renouveler
nos vœux envers la saine gestion des
finances publiques québécoise.
IDÉES
A7
Éloge de
la complexité
FRANÇOIS WILLIAM
CROTEAU
O
n ne peut pas résoudre un problème
complexe avec une solution simple.
Cette assertion, bien qu’évidente, est
souvent éclipsée par la tendance actuelle
à simplifier outre mesure les défis qui
nous submergent quotidiennement.
Dans une époque marquée par une polarisation exacer-
bée et un flot incessant d’informations, la simplification
est devenue la norme.
Or, les événements récents ont illustré avec acuité l’am-
pleur de la complexité qui façonne notre quotidien. La
conjugaison de la crise climatique avec la pandémie a
plongé les entreprises, les gouvernements, les municipali-
tés et les personnes dans une spirale d’incertitudes inédite.
À ce jour, les défis comme la pénurie de main-d’œuvre,
la crise du logement, l’escalade de l’itinérance, l’inflation
et bien d’autres viennent s’ajouter à cette liste et on tente
de les aborder avec une simplicité presque naïve.
Comme si ces problèmes devaient être pris individuelle-
ment pour ce qu’ils sont, sans qu’on se rende compte
qu’ils font partie intégrante d’un système complet. Toutes
ces problématiques environnementales, sociales et écono-
miques se nourrissent entre elles pour créer un monde de
plus en plus hors de contrôle. Et quoi de plus déstabilisant
que de sentir le contrôle nous glisser entre les doigts ?
La couleur grise, n’est-elle pas l’incarnation de la nuan-
ce ? Loin de la considérer comme une simple teinte vesti-
mentaire ou architecturale, je la perçois comme la subtilité
des opinions. Bien que ma nature soit parfois plutôt tran-
chante, je trouve un plaisir certain à voir mes convictions
mises au défi, m’incitant à nuancer mes discours face à
des réalités toujours plus opaques.
Nul n’est à l’abri d’adopter des positions catégoriques.
L’atmosphère sociopolitique actuelle, saturée d’opinions
radicales, limite souvent notre capacité à appréhender la
subtilité.
Revenons à la crise climatique, qui est indubitablement
l’un des plus grands défis auxquels l’humanité fait face
pour le siècle à venir. Bien que les guerres et tensions di-
plomatiques monopolisent souvent notre attention, à juste
titre, il serait périlleux de perdre de vue la plus grande
menace à la survie des espèces.
Sa complexité, difficilement condensable en quelques
phrases ou dans un bref reportage, pourrait expliquer cette
sous-représentation médiatique. Néanmoins, je demeure
convaincu que cette crise mériterait une couverture plus
assidue. Ses ramifications sont innombrables et touchent
directement le quotidien de millions d’individus.
Qu’il s’agisse de santé publique, d’inondations, de feux
de forêt, de sécheresses ou d’extinction des espèces, cha-
que jour, des millions de personnes sont aux prises avec
les conséquences dévastatrices du changement climati-
que. À l’exception des climatosceptiques, nous sommes
nombreux à pressentir que cette tendance s’accentuera
dans les prochaines décennies.
Nul n’est à l’abri d’adopter des positions caté-
goriques. L’atmosphère sociopolitique actuelle,
saturée d’opinions radicales, limite souvent
notre capacité à appréhender la subtilité.
L’heure est à la valorisation de la complexité. Car si l’on
aborde de manière isolée des problèmes tels que les inon-
dations, les îlots de chaleur urbains ou la dégradation de
la qualité de l’air, on pourrait être tenté d’opter pour des
solutions hâtives. Or, la hâte nous dévoile souvent d’au-
tres problèmes sous-jacents.
Au cœur de la crise pandémique, en tant que responsa-
ble politique des données ouvertes, je me rappelle que
nous avions dirigé nos efforts vers une étude méticuleuse
des secteurs de Montréal présentant un taux élevé de
transmission communautaire du virus. En sondant fine-
ment ces données, une corrélation saisissante nous était
apparue : ces régions étaient aussi aux prises avec d’im-
portants îlots de chaleur urbains, des problèmes d’insalu-
brité de logements, des infestations de punaises de lit,
ainsi qu’une nette insuffisance en infrastructures vertes et
en espaces de loisirs et culturels municipaux. Certaines
présentaient en plus des déserts alimentaires.
Un responsable public souhaitant s’attaquer à une seule
de ces problématiques se heurterait à des obstacles, car ces
défis sont intrinsèquement liés par des dynamiques socio-
économiques profondes. Dans un tel contexte, tout projet
de développement d’infrastructures ou de développement
immobilier dans l’un de ces secteurs sera nécessairement
difficile à réaliser. Tout cela ne sera pas le fait de petites
cases à remplir, mais bien d’un contexte complexe avec le-
quel on doit composer avant de prendre une décision. Une
approche globale et concertée doit être préconisée.
À l’heure où certains politiciens d’extrême droite popu-
liste prônent un « gros bon sens » réducteur, nous devons
résister à la tentation de la facilité et éviter de plaider
pour des solutions simples à des problèmes complexes.
Plutôt que de céder aux raccourcis faciles, ne pourrait-
on pas s’abreuver à la sagesse intemporelle du regretté
Hubert Reeves, ce phare qui a brillamment démystifié
l’infiniment complexe tout au long de sa vie ? Pendant
des décennies, sa voix a su illuminer nos esprits, nous
rappelant inlassablement que tout est intrinsèquement
connecté. Nous, simple « poussière d’étoiles », sommes
les maillons d’une chaîne complexe et interdépendante.
Notre réalité quotidienne, qu’elle soit marquée par les
bouleversements climatiques, les défis du logement ou les
ravages de la guerre, n’en est qu’une manifestation. Face
à ces défis titanesques, osons emprunter les sentiers les
moins fréquentés, car la simplicité n’est point la clé des
énigmes qui nous assaillent.
 LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023

A8
ACTUALITÉS
III POLITIQUE QUÉBÉCOISE présenter un projet de loi. On va
l’étudier. On va le regarder quand il

Le PQ rejette les arguments du sera déposé. »

Des doutes au Parti libéral
Le chef intérimaire libéral, Marc Tan-

DGE sur la commission Grenier

Le directeur général des élections juge qu’il faudra voter une loi pour qu’il rende publics
des documents confidentiels sur le référendum de 1995
ALEXANDRE ROBILLARD
CORRESPONDANT PARLEMENTAIRE
À QUÉBEC
LE DEVOIR
Le Parti québécois (PQ) rejette les ar-
guments du directeur général des
élections (DGE), selon qui une simple
motion unanime de l’Assemblée natio-
nale est insuffisante pour le contrain-
dre à rendre publics les éléments de
Nous avons preuve recueillis lors d’une enquête
un avis qui a relevé des dépenses illégales ef-
fectuées lors du référendum de 1995.
différent de Le député péquiste Pascal Bérubé af-
ce qu’il peut firme que son avis diffère de celui expo-
faire avec sé par le DGE, Jean-François Blanchet,
les pouvoirs dans une analyse soumise lors d’une
qui sont rencontre avec les élus fin septembre.
« Nous avons une appréciation dif-
les siens
mande à laquelle se sont ralliés les au-
tres partis représentés à l’Assemblée
nationale, reviendra plus en détail sur
le sujet cette semaine concernant les
suites à donner à la motion et à la ren-
contre de fin septembre.
« Nous avons un avis différent de ce
qu’il peut faire avec les pouvoirs qui
sont les siens. On a demandé diffé-
rents avis et ça ne tardera pas dans les
prochains jours. »
Le Devoir a rapporté lundi que dans
son analyse, le DGE affirme que seule
une loi pourrait le contraindre à rendre
publics les documents recueillis par le
commissaire-enquêteur Bernard Gre-
nier en 2006 et en 2007.
Mardi, M. Bérubé a reconnu que le
PQ avait déjà évoqué, au printemps
dernier, l’idée de faire adopter une loi.
Dans son rapport, le commissaire-
enquêteur a conclu que 539 460 $
avaient été dépensés illégalement en
1995 par deux organismes fédéralistes,
Option Canada et le Conseil de l’unité
canadienne.
Dénouer l’impasse
Le co-porte-parole de Québec solidai-
re, Gabriel Nadeau-Dubois, croyait
qu’une motion serait suffisante. Selon
lui, il faut trouver une solution au
« blocage actuel ».
« Il faut trouver une voie de passage
pour que cette information-là soit pu-
blique. Est-ce que c’est la motion ?
Est-ce que c’est un projet de loi ? Je ne
suis pas juriste, mais il faut que les do-
cuments soient publics. Ça, on n’en
démord pas. »
guay, a souligné la crédibilité des avis
présentés par le DGE.
« L’institution indépendante et
hautement qualifiée, compétente du
DGE nous revient avec une opinion
juridique étoffée, a-t-il expliqué. J’ap-
pellerais ça, sa lettre, une opinion ju-
ridique. Puis moi, je lui donne raison
là-dessus. »
M. Tanguay s’est abstenu de don-
ner d’emblée son appui à un éven-
tuel projet de loi sur la question,
d’autant plus que le DGE a lui-même
émis des doutes sur la validité d’une
telle loi.
« Ça prend un débat législatif. On
va voir ce que proposera le gouverne-
ment. Mais le DGE, même si une loi
était adoptée cet après-midi, soulève
bien des drapeaux rouges. »
Dans son avis, M. Blanchet affirme
que divulguer la preuve de la commis-
sion Grenier l’exposerait à des pour-
suites judiciaires en raison des rensei-
gnements personnels qu’elle contient.
Il soutient également qu’il ne peut
être contraint à le faire par une simple
motion des parlementaires.
Depuis le printemps dernier, les élus
des quatre partis représentés à l’As-
semblée nationale sont dans un bras
de fer avec le DGE concernant la pu-

»
férente de la force des motions unani-
PASCAL BÉRUBÉ mes de l’Assemblée nationale, qui
s’apparentent à des ordres de l’As-
semblée nationale », a-t-il dit lors
d’un point de presse.
M. Bérubé a affirmé que sa forma-
tion politique, qui avait lancé la de-
« Ce n’est pas exclu, mais je ne crois
pas que ce soit absolument nécessai-
re », a-t-il dit.
M. Grenier avait été mandaté par le
DGE pour enquêter sur des allégations
de financement illégal de la campagne
référendaire.
Il s’en remet à la suggestion évo-
quée au printemps par le PQ de pré-
senter un projet de loi.
« On croyait que la motion aurait
dû être suffisante, a-t-il dit. On nous
dit que ce ne l’est pas. J’ai cru com-
prendre que le Parti québécois allait
blication de la preuve recueillie par le
commissaire-enquêteur Grenier. À
deux reprises, les députés ont voté à
l’unanimité pour des motions récla-
mant la divulgation de ces documents,
frappés par une ordonnance de non-
publication.

L’ex-caporale
Stéphanie Ray-
mond, aujour-
d’hui âgée de

catalyseur » 38 ans, a été

RAYMOND
SUITE DE LA PAGE A 1
lui a lancée lorsqu’elle venait de dé-
noncer l’agression. « Un avertissement,
voilà ce qu’on lui a servi », rapporte
l’autrice dans son mot d’introduction
de l’ouvrage. Apparemment, « notre
non-consentement n’est jamais assez
clair », constate Mme Raymond.
« L’histoire de Stéphanie Raymond
n’en est pas une d’agression sexuelle,
mais plutôt celle d’un combat sans re-
lâche contre la machine militaire. Une
machine qui a tout fait pour la faire
taire, sans pour autant y parvenir. Sté-
phanie est devenue l’élément cataly-
seur d’une profonde crise dans les For-
ces armées canadiennes », poursuit
l’autrice.
L’agression que la jeune militaire
de 27 ans a vécue le 15 décembre 2011
est toutefois le point d’ancrage de ce
récit. Elle y relate ses refus répétés
exprimés à son supérieur, l’adjudant
André Gagnon, son absence de con-
sentement, sa peur, et sa honte. Si
cette partie du récit ressemble à celui
de bien d’autres femmes, la suite ex-
pose le jeu de pouvoir d’une puissante
institution.
Lorsqu’elle a accusé son supérieur,
ce dernier est resté en poste, mais elle,
elle s’est fait congédier avec blâme —
ce qui fait écho à toutes ces femmes
qui disent avoir peur de dénoncer pour
ne pas nuire à leur carrière. « C’est
tellement notre vie qu’on brise en fai-
sant ça », relève la jeune femme, po-
sée et nuancée en entrevue.
La suite pour elle fut représailles, in-
sultes et humiliations, peut-on lire
dans les quelque 280 pages de l’ouvra-
ge. Il y est aussi question du harcèle-
ment au quotidien que lui faisaient su-
bir les autres soldats et de tous « les
préjugés et stéréotypes physiques » qui
s’abattent sur les femmes, dit-elle, et
encore plus sur celles qui évoluent
dans des milieux majoritairement
masculins, comme l’armée.
Car beaucoup de gens n’ont pas été
tendres envers elle. « De mon temps,
on appelait ça une agace », écrit l’un
sous un article de journal qui relate
l’une des étapes des procédures crimi-
nelles. « On dirait une actrice porno »,
écrit cet autre.
Parce que les procédures criminelles
ont été hautement médiatisées, « les
gens pensent qu’ils connaissent mon
histoire. C’est normal. Mais ils n’en
connaissent qu’un tiers ! » a-t-elle lan-
cé. Elle a constaté qu’ils confondaient
souvent sa version des événements et
celle de l’accusé, ce qui en poussait
certains à dire : « Elle a couru après. »
Mais en lisant l’ouvrage, « peut-être
que les gens se diront : oups, j’ai peut-
être jugé trop vite ».
Un long parcours devant
la justice
Le livre rapporte toutes les étapes qui
ont suivi la dénonciation de Stéphanie
Raymond, et les embûches qui l’ont
minée, dont son troublant interroga-
toire mené par la police militaire. On
peut y lire que les enquêteurs militai-
res n’ont mis que deux jours avant de
décider qu’aucune accusation crimi-
nelle ne serait portée contre l’adjudant
Gagnon. Quand les procédures furent
finalement intentées, elles se sont sol-
dées par un acquittement en Cour
martiale. L’adjudant avait répété que
la jeune femme était consentante à se
livrer à des jeux sexuels puisqu’elle
avait accepté de le suivre jusqu’au ma-
nège militaire de Lévis et que, par la
suite, elle « s’est laissé faire ». La cau-
se criminelle s’est rendue jusqu’en
Cour suprême, puis elle fut envoyée
devant un tribunal civil, où l’homme a
finalement plaidé coupable.
Mme Raymond n’a jamais baissé les
bras : « J’avais cet espoir de voir le
système de justice réussir. Et puis,
avoue-t-elle candidement : je ne pen-
sais jamais que ce serait si long. »
Elle n’a pas de regret. Pour elle, le
dénouement est positif : l’adjudant
Gagnon a reconnu sa culpabilité et a
été condamné à six mois de prison,
ce qui lui a permis de « laver sa répu-
tation ». De plus, la défense de
« croyance sincère mais erronée » de
consentement aux relations sexuelles
a été balisée par la Cour suprême,
ajoute-t-elle.
Des réformes toujours attendues
Mais l’armée n’a pas encore changé,
soutient Stéphanie Raymond en entre-
victime d’une
agression au sein
des Forces ar-
mées canadien-
nes alors qu’elle
n’était qu’une
jeune militaire
de 27 ans. Ce
qu’elle a vécu
est devenu le
point d’ancrage
de ce récit.
JACQUES NADEAU
LE DEVOIR
vue : les rapports sur les inconduites
sexuelles dans l’armée se suivent et
sont toujours aussi accablants. Elle
parle du rapport Deschamps de 2015,
et de celui de l’ex-juge de la Cour su-
prême Louise Arbour, rendu pas plus
tard que l’an dernier. Cette dernière
demande le transfert de tout dossier
d’agression sexuelle au sein de l’armée
vers des autorités civiles. Elle brandit
aussi la nécessité de profonds change-
ments dans les façons de faire des
Forces.
Et puis, hier encore, Mme Raymond
dit avoir reçu des messages de militai-
res qui lui ont confié vivre la même
chose qu’elle. « Identique, copié-collé »,
résume-t-elle : les agresseurs ne subis-
sent aucune conséquence négative
pour leurs gestes et obtiennent même
des promotions. Tu t’écriras NON
« C’est tellement dur à changer », dans le front
soupire l’ancienne soldate. Mais elle Claudie Côté,
croit avoir contribué au vent de chan- Éditions
gement, avec le mouvement #MoiAussi de l’Homme,
et les rapports des ex-juges sur les in- Montréal, 2023,
conduites sexuelles dans l’armée. 280 pages.
« Tout cela va laisser des traces, dit- Le livre paraît
elle, si les Forces [armées canadiennes] en librairie
sont prêtes à se regarder en face. » aujourd’hui.

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CULTURE
La télé québécoise
boudée par les
nouveaux arrivants | B 3
ÉCONOMIE
Un écart d’inflation
grandissant entre le
MONDE Xi Jinping accueille son « ami » Québec et le Canada
Vladimir Poutine en Chine | B 5 B7
CULTURE
La danse
CATHERINE LALONDE
LE DEVOIR
« Le message qu’on passe actuelle-
à l’encre rouge
ment aux danseurs », résume la direc-
trice générale du Regroupement qué-
bécois de la danse (RQD), Nadine Me-
dawar, « c’est que leur société s’attend
à ce qu’ils n’agissent que par passion.
Une nouvelle étude Qu’il est normal qu’ils se sacrifient
pour être des artistes ». Une nouvelle
socioéconomique trace étude économique, que Le Devoir a lue
en primeur, chiffre un revenu annuel
un portrait postpandémie moyen de la danse oscillant entre
La chanteuse s’est produite en concert au stade SoFi, à Los Angeles, le 7 août dernier, dans le cadre de l’Eras Tour, qui a commencé en mars 2023 et qui se terminera en novembre. CHRIS PIZZELLO ASSOCIATED PRESS
III CINÉMA
Taylor Swift en salle,
un modèle qui peut faire école
Le film sur sa tournée bat déjà des records au box-office et risque d’inspirer d’autres vedettes
OLIVIER DU RUISSEAU Le film permet non seulement à la
LE DEVOIR chanteuse d’agrandir son public, mais
T
aussi de récupérer elle-même des re-
aylor Swift: The Eras Tour, le film sur la cettes à partir d’images de sa tournée,
tournée de la chanteuse sorti jeudi der- ce qu’elle n’aurait pas pu faire avec
nier, bat déjà des records au box-office des vidéos TikTok ou des diffusions en
et s’apprête à devenir le long métrage direct produites à l’externe. »
du genre le plus lucratif de l’histoire. Son modèle d’affaires est inusité.
Tandis que Beyonce fera paraître un Plutôt que de faire appel à de grands
film similaire en décembre, des experts studios hollywoodiens, Swift a produit
s’attendent déjà à ce que leur modèle elle-même son film et le fait distribuer
fasse école dans les prochaines années. par AMC, une chaîne de cinémas amé-
« C’est une opération marketing ex- ricaine. Les salles empochent 50 % des
trêmement intelligente, résume la so- recettes, alors que la chanteuse et son
ciologue australienne Georgia Carroll, distributeur se partagent le reste.
qui a étudié les fans de Taylor Swift Cineplex et Landmark Cinemas pré-
dans le cadre de sa thèse de doctorat. senteront le film au Canada. Autant
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023* / CAHIER B
22 859 $ et 27 334 $, entre 2019 et
2022, avec un nombre de productions
par année à la baisse pour les profes-
sionnels.
« Continuer de travailler dans ces
conditions, c’est indigne. Pour moi,
la question dépasse l’économie »,
estime Nadine Medawar. « Ce serait
plutôt : Quelle valeur veut-on don-
ner à notre culture ? Quelle valeur
octroie-t-on à la danse québécoise,
qui a été et qui est un bijou pour no-
tre société, et qui est reconnue à
l’international ? »
aux États-Unis qu’ici, les prix des billets
au tarif ordinaire s’élèvent à 19,89 $, en
référence au nom d’un album de Swift
et à son année de naissance.
Les préventes ont généré à elles seu-
les plus de 100 millions de dollars de
revenus autour du monde, un record
pour un long métrage de concert. Selon
le logiciel de prévisions Cinelytic, le
film devrait remporter 230 millions de
dollars aux États-Unis seulement et se
retrouver parmi les dix plus gros ven-
deurs de l’année toutes catégories con-
fondues. Les ventes, le premier jour,
ont même « dépassé de nombreuses
premières très médiatisées, comme
Star Wars, episode VII. The Force Awa-
L’état des lieux du secteur de la danse
au Québec, commandé par le RQD à la
firme AppEco, vise à tracer le paysage
postpandémie, afin que 2021-2022
puisse servir ensuite d’année zéro pour
observer l’évolution des tendances à
venir, explique la directrice.
Les problèmes principaux ? L’infla-
tion, qui s’ajoute aux autres risques du
métier toujours pas résolus que sont
l’instabilité financière et en emploi, et
les risques de blessures.
VOIR PAGE B 2 : 
kens (Star Wars, épisode VII. Le réveil de
la Force) (2015) et Spider-Man. No Way
Home (2021) », toujours selon Cinelytic.
À défaut de voir le concert
Béatrice Lemay-Denis, une étudiante en
théâtre à l’UQAM, écoute la musique de
Taylor Swift depuis son enfance. Vérita-
ble « swiftie », elle envisage de s’acheter
un billet d’avion pour aller la voir à Mi-
lan, en Italie, puisque sa chanteuse pré-
férée n’offre pas de concert à Montréal.
« Je vais aller voir le film avant de pren-
dre ma décision, mais c’est une expé-
rience complètement différente, qui va
me permettre de m’arrêter sur toutes
sortes de détails que je ne pourrais pas
remarquer dans un grand stade. »
Il s’agit, selon elle, d’une « bonne
stratégie de communication », à l’ère où
le prix des billets des concerts monte en
flèche. « Beaucoup de gens qui pour-
raient être des “swiftie” mais qui ne
paieraient pas des centaines de dollars
pour la voir risquent de s’intéresser da-
vantage à elle grâce au film. C’est aussi
une bonne manière de raccrocher les
fans qui ont été nombreux à être déçus
de ne pas avoir pu acheter de billets. »
Georgia Carroll ajoute que le film per-
mettra à la chanteuse de se « maintenir
au centre des conversations médiatiques
VOIR PAGE B 2 :

 LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023*

B2 CULTURE

Un produit « On n’est pas très optimiste »

attractif
DANSE
SUITE DE LA PAGE B 1

SWIFT
SUITE DE LA PAGE B 1
entre les étapes américaines et europé-
ennes de sa tournée ». « Tout le monde
a entendu parler du “Eras Tour”. Avec
le film, elle ne s’adresse plus qu’à ses
fans, mais à quiconque aurait trois heu-
res et vingt dollars à dépenser. »
Un phénomène à surveiller
En décembre prochain, Beyonce fera
aussi paraître Renaissance, son propre
film sur sa dernière tournée. Distribué
avec une stratégie calquée sur celle de
Swift, il pourrait dépasser la barre des
100 millions de dollars de recettes aux
États-Unis, d’après les données de Ci-
nelytic. Avec la restauration du
film culte Stop Making Sense (1984) sur
la tournée des Talking Heads — à l’affi-
che depuis septembre —, assiste-t-on à
un regain d’intérêt pour cette forme
d’art hybride ?
Mme Carroll croit que oui. « Nous al-
lons assister à une augmentation du
nombre de films de concert au cours
des prochaines années, dit-elle. C’est
loin d’être un phénomène nouveau,
mais après avoir connu des années sans
concerts pendant la pandémie, les gens
ont soif de ce type d’événement. Cela
offre aussi aux artistes une source de
revenus importante sans avoir à créer
de nouvelles productions. C’est une vic-
toire facile pour eux et un produit at-
tractif pour le public. »
Certaines salles de cinéma y voient
d’ailleurs une manière de se sortir de la
crise causée par la pandémie. La valeur
des actions du distributeur AMC a bondi
de 11 % le 6 octobre, à la suite de la pré-
vente des billets du film de Taylor Swift.
Qui plus est, les vedettes pop de son
De plus, la danse n’a pas retrouvé son
rythme, ses spectateurs et ses revenus
prépandémie. Les revenus de billette-
rie sont près de 34 % plus bas en 2022
qu’en 2019. Le nombre de billets ven-
dus a diminué de 5 %. De 2018 à
2021, l’assistance aux spectacles de
danse par année est passée de
180 852 spectateurs à 75 399. C’est
une chute de 58,3 %.
Les établissements restent défici-
taires en 2021-2022, avec un ratio en-
tre les coûts et les revenus moyens de
123 %. « Les déficits sont plus éle-
vés », ajoute Mme Medawar. « Et avec
notre connaissance des organismes,
on prévoit qu’ils vont continuer. »
Les espaces pour les studios sont
difficiles à trouver ; le coût annuel
moyen des espaces a augmenté de
48 % depuis la pandémie. La pénurie
de personnel frappe très fort. Parmi les
39 organismes membres ayant répon- Deux danseurs le classique vient ensuite (17 %), et la L’entraînement représente 21 % de
du à l’enquête, 14 d’entre eux ont au lors d’une danse urbaine (12 %). l’ensemble de leurs dépenses indivi-
moins un poste vacant, pour un total répétition « On voit que la diffusion a baissé, duelles. Danser dans son salon a ses li-
de 28 postes vacants, surtout en com- du spectacle même si la création, elle, a pu conti- mites : les dépenses pour les espaces
munication et en administration. Essence, nuer pendant la pandémie grâce aux comptent pour 17 %, et les dépenses
Et l’Enquête sur l’emploi, la rému- qui a été mesures d’urgence des gouverne- en équipement, 13 %.
nération et les heures travaillées de joué en ments », indique Mme Medawar. En « On n’est pas très optimiste pour le
Statistique Canada a déjà démontré septembre chiffres ? La moyenne par diffuseur est budget 2024 », admet Mme Medawar,
que la rémunération hebdomadaire dernier passée de 12 spectacles et 60 représen- « mais on veut s’assurer que la culture
moyenne des emplois dans le secteur à Montréal, tations en 2018-2019 à 7 productions ne soit pas ignorée. Un statu quo bud-
des arts en 2022 (703,51 $) est de chorégraphié et 35 représentations en 2020-2021. gétaire, dans la réalité des studios, ça
beaucoup inférieure aux autres sous- par Ausia Jones, « On remarque que la pénétration à veut dire couper. Il faut absolument
industries culturelles comme l’indus- Crystal Pite et l’international est beaucoup plus lente, bonifier les investissements. »
trie du film et de l’enregistrement so- Aszure Barton. aussi », résume Nadine Medawar, Avec quelles priorités ? « Honnête-
nore (1 170,68 $), l’édition (1 579,50 $) MARIE-FRANCE avec une baisse de 15 % des produc- ment, partout. D’abord dans les bud-
ou la radiotélévision (1 308,64 $). COALLIER LE DEVOIR tions internationales entre 2019 et gets de création, pour les artistes. Mais
Nadine Medawar : « En danse, on 2022. « Les artistes sont en train de on a beaucoup d’organismes qui sont
était déjà en retard sur les ajustements créer avec moins d’interprètes pour ré- en train de survivre sur les surplus de
de nos budgets. Là, on n’est absolu- pondre à des budgets trop serrés, et l’an passé, mais il n’y en a plus pour
ment pas compétitifs. Moi-même, je pas par choix artistique », poursuit la très longtemps. S’il n’y a pas d’inves-
quitte mon poste au RQD dans un directrice. tissement dans les prochains budgets,
mois et demi parce que j’ai reçu une Résultat : moins de danseurs qui tra- plusieurs organismes sont à risque. »

calibre préfèrent largement présenter
leurs films en salle que sur des plate-
formes numériques parce que la salle
permet de recréer l’ambiance d’un
concert. Les fans chantent en chœur
pendant les projections de Taylor
Swift: The Eras Tour et s’habillent
comme s’ils allaient voir une perfor-
mance en direct, apportant des brace-
lets d’amitié — en référence à un phé-
nomène du Web inspiré par l’une de
ses chansons. De quoi rappeler la folie
rose de Barbie.
Béatrice Lemay-Denis, qui ira voir le
film cette semaine, s’attend justement à
un « gros party au cinéma ». « Ce n’est
pas un film comme les autres : les gens
chantent et dansent dans la salle. J’es-
père que ça va en encourager d’autres à
tenter l’expérience. »
78 %
très belle offre dans un autre sec- vaillent, « et les petites formes sont
teur… » illustre la directrice générale. moins “attractives” pour les diffuseurs,
moins séduisantes pour l’international.
Trois emplois, Les diffuseurs le nomment : ils cher-
cinq shows par année chent des créations plus larges ».
Au cœur de ce milieu, le danseur. Le Pour les artistes, l’impact est direct :
portrait-robot qu’en dessine l’étude le nombre de spectacles où ils dansent, C’est le pourcentage de professionnels
est celui d’un travailleur précaire de par année, « s’est déprécié de 2019 à en danse qui occupent plus d’un emploi.
Montréal — plus de 74 % des éta- 2021, pour reprendre en 2022, affichant
blissements s’y trouvent. Près de une moyenne de 4,6 productions par
78 % des professionnels en danse professionnel », lit-on. Moins de spec-
occupent plus d’un emploi. Et près tacles, c’est moins de revenus. « En
des deux tiers de ceux-là ont trois moyenne, les membres professionnels
emplois ou plus. du RQD ont reçu 29,56 $ par répétition
Près de 97 % des individus sont tra- et 418,75 $ par prestation en 2022. »
vailleurs autonomes. Les femmes re-
présentent 74 % des répondants, et Payer pour danser
presque 55 % des répondants ont quand on est danseur
moins de 40 ans. La danse contempo- Les danseurs doivent s’entraîner pour
raine est la pratique principale (87 %), rester au sommet de leur virtuosité.

AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES téléphone : 514 985-3452 Courriel : avisdev@ledevoir.com

Avis de clôture d'inventaire

Appel d’offres Appel d’offres Appel d’offres Avis est donné, con-
Appel d’offres public formément au Code civil du
Québec, de la clôture de l'in-
Acquisition de bouleau jaune du ventaire en regard de la suc-
cession du feu Piet Pietro
tro
Canada (merisier) MARCOGLIESE, en son vi-
MARCOGLIESE
vant domicilié et résidant au
Service de l’Eau ARRONDISSEMENT DE MONTRÉAL-NORD Documents disponibles : système électronique 9158, 10e avenue, Montréal,
Service de l’approvisionnement Québec, H1Z 3C6, Canada et
d’appel d’offres (SÉAO) www.seao.ca ou au 1-866-
Direction de l’épuration des eaux usées Catégorie : Biens et services généraux DIRECTION DES SERVICES ADMINISTRATIFS décédé le dix août deux mille
669-7326, à partir du mercredi le 18 octobre 2023. vingt-deux (10-08-2022) à
Catégorie : Travaux de construction Des soumissions, sont demandées et devront être Information : carmen.descoteaux@stm.info Montréal. Cet inventaire peut
Appel d’offres : 23-20084
Appel d’offres : CP22028-181212-C reçues, avant onze heures (11 h), à la date ci-dessous, être consulté par toute per-
Descriptif : Services d’entretien et travaux sur Dépôt des soumissions : STM, 800, De La sonne ayant un intérêt, à
à l’adresse suivante : Mairie de l’arrondissement de Gauchetière Ouest, bureau 1170, Montréal, au plus l'adresse du notaire sous-
Descriptif : Construction de deux ouvrages de demande des génératrices d’urgence (Groupe élec- Montréal-Nord, 4243, rue de Charleroi, Montréal-Nord, tard le jeudi 16 novembre 2023 à 13 h 30. Ouverture signé.
protection contre les refoulements sur les émissaires trogène) pour divers bâtiments de la Ville de Montréal Montréal, le 13 octobre 2023
H1H 5R5, au Bureau d’accès Montréal, à l’attention publique suivra. La STM ne s’engage à accepter ni la
pluviaux 2400mm et 1800mm Marina Centre – Arron- Me Armenouhie VARTANIAN,
L’ouverture des soumissions prévue pour le 19 octobre du secrétaire d’arrondissement de Montréal-Nord, plus favorable ni aucune des soumissions. notaire.
dissement de Pierrefonds-Roxboro
2023, est reportée au 24 octobre 2023, à 13 h 30, dans M. Marc-Aurèle Aplogan pour : 3535, boulevard Toupin,
L’ouverture des soumissions prévue pour le OHVORFDX[GX6HUYLFHGXJUHIIHVLWXpVGDQVO¶pGL¿FH Référence : 6000027137 Montréal (Québec), H4K 1Z4
Catégorie : Travaux de construction
12 octobre 2023, est reportée au 26 octobre 2023, Lucien-Saulnier, 155, rue Notre-Dame Est, rez-de- André Porlier
à 13 h 30, dans les locaux du Service du greffe situés Appel d’offres : 1127 Secrétaire corporatif adjoint Avis de clôture d'inventaire
chaussée, Montréal (Québec) H2Y 1B5.
GDQVO¶pGL¿FH/XFLHQ6DXOQLHUUXH1RWUH'DPH Descriptif : Aménagement de la Mini-Forêt. Arron- (Avis dans un journal
j :
(VWUH]GHFKDXVVpH0RQWUpDO 4XpEHF +<% Fait à Montréal, le 18 octobre 2023 C.c.Q., art. 795
9 al. 2)
dissement de Montréal-Nord Avis est donné, con-
)DLWj0RQWUpDOOHRFWREUH /HJUHI¿HUGHOD9LOOH Date d’ouverture : 08 novembre 2023 à 11h00 Am formément au Code civil du
Emmanuel Tani-Moore, avocat Québec, de la clôture de l’in-
/HJUHI¿HUGHOD9LOOH Dépôt de garantie : 10 % de la valeur de la sou- CANADA ventaire en regard
g de la suc-
(PPDQXHO7DQL0RRUHDYRFDW mission COUR SUPÉRIEURE cession de Ivan
van
an GGMITRO
GMM TR
TROVIC
ROOVIC,
V
VIC
C
((Chambre de la famille) en son vivant domicilié et
Renseignements : Pour toute question s’adresser à : PROVINCE DE Q QUÉBEC résidant au 4327 rue Hills-
DISTRICT DE MONTRÉAL dale, Pierrefonds, Québec,
appelsdoffres.mtlnord@ville.montreal.qc.ca
Appel d’offres No : 500-04-080231-237 H9H 2H2, et décédé(e) le 28
Documents : Les documents relatifs à cet appel MAUDE PAUL juillet 2023 à Veliki Krcimir,
Demanderesse GadjinHan, Serbie. Cet in-
d’offres seront disponibles à compter du 18 octobre ventaire peut être consulté
c.
2023 sur le SEAO. NIXON LUCIEN par toute personne ayant un
Défendeur intérêt, à 4327 rue Hillsdale,
Visite supervisée des lieux : X N/A. Aucune visite AVIS PUBLIC DE Pierrefonds, Québec, H9H
Service de l’approvisionnement UpIHFWLRQHIIHFWXpVSDUOHVVHUYLFHVFRUSRUDWLIVHWOHVDUURQ- supervisée des lieux pour ce projet NOTIFICATION 2H2.
((Articles 136 et 137 C.p.c.)) Pierrefonds,
Des soumissions sont demandées et devront être reçues, dissement Les personnes et les entreprises intéressées par ce Avisi estt donné
d é à Nixon Ni le 27 septembre 2023
avant 13 h 30 à la date ci-dessous, dans les locaux du Date d’ouverture : QRYHPEUH contrat peuvent se procurer les documents de soumis- Lucien de vous présenter au Signé Marijana MITIC
Dépôt de garantie : Non sion en s’adressant au Service électronique d’appels greffe de la Cour Supérieure (mariée GMITROVIC)
6HUYLFHGXJUHIIHVLWXpVGDQVO¶pGL¿FH/XFLHQ6DXOQLHU du district de MONTRÉAL
rue Notre-Dame Est, rez-de-chaussée, Montréal (Québec) Renseignements : 'pERUDK/RLVHDX$JHQWG¶DSSURYL- d’offres (SÉAO) en communiquant avec un des repré- situé au 1, rue Notre-Dame
sionnement niv. 2 sentants par téléphone au 1 866 669-7326 ou au 514 Avis de notification
+<%SRXU Est à Montréal dans les 30 Prenez avis que par sa de-
Courriel: deborah.loiseau@montreal.ca 856-6600, ou en consultant le site Web www.seao.ca. jours afin de recevoir la mande introductive d’instance
Catégorie :%LHQVHWVHUYLFHVJpQpUDX[ Visite obligatoire : Non Les documents peuvent être obtenus au coût établi demande introductive déposée dans le dossier no.
d'instance en séparation de 700-17-017520-213, le de-
Appel d’offres : Documents :/HVGRFXPHQWVUHODWLIVjFHVDSSHOVG¶RIIUHV par le SÉAO. corps et mesures provisoires mandeurr Michel Trottier re-
Descriptif :$FTXLVLWLRQG¶XQFDPLRQSRUWHXU[jPRWR- VHURQWGLVSRQLEOHVjFRPSWHUGXRFWREUH Chaque soumission doit être placée dans une enve-
ainsi que l'annexe I qui y ont quiert que des travaux soient
risation électrique avec cabine avancée, boite fermée de été laissés à votre attention. effectués afin de remettre en
/HVSHUVRQQHVHWOHVHQWUHSULVHVLQWpUHVVpHVSDUFH ORSSHFDFKHWpHHWSRUWDQWO¶LGHQWL¿FDWLRQIRXUQLHHQ Vous devez répondre à cette état le chemin privé de la
SLHGVHWVHUYLFHG¶HQWUHWLHQSRXUDQV FRQWUDWSHXYHQWVHSURFXUHUOHVGRFXPHQWVGHVRXPLVVLRQ annexe du document d’appel d’offres. demande dans le délai 202e avenue à Saint-Hip-
Date d’ouverture :QRYHPEUH indiqué dans l'avis d'assi-
HQV¶DGUHVVDQWDX6HUYLFHpOHFWURQLTXHG¶DSSHOVG¶RIIUHV Les soumissions reçues seront ouvertes publiquement gnation qui l'accompagne,
polyte (Québec), situé sur
Dépôt de garantie : Aucun l’actuel lot 2 534 945 du
6e$2 HQFRPPXQLTXDQWDYHFXQGHVUHSUpVHQWDQWVSDU dans les locaux de la mairie de l’arrondissement de sans quoi un jugement par Cadastre du Québec.
Renseignements : 5HQpH9HLOOHWWH$JHQWHG¶DSSURYLVLRQ- WpOpSKRQHDXRXDXRX défaut pourrait être rendu L’instruction aura lieu du 30
nement II Montréal-Nord, immédiatement après l’expiration du contre vous et vous pourriez
en consultant le site Web www.seao.ca/HVGRFXPHQWV octobre 2023 au 1er novem-
Courriel : renee.veillette@montreal.ca GpODL¿[pSRXUOHXUUpFHSWLRQ devoir payer les frais de bre 2023 au palais de justice
SHXYHQWrWUHREWHQXVDXFR€WpWDEOLSDUOH6e$2 justice. de Saint-Jérôme. Tout
Visite obligatoire : Non La Ville de Montréal ne s’engage à accepter ni la plus Le présent avis est publié aux
&KDTXHVRXPLVVLRQGRLWrWUHSODFpHGDQVXQHHQYHORSSH basse ni aucune des soumissions reçues et n’assume termes d'une autorisation
intéressé est invité à contac-
Catégorie :6HUYLFHVSURIHVVLRQQHOV ter l’étude Thibeault Joyal inc.
FDFKHWpHHWSRUWDQWO¶LGHQWL¿FDWLRQIRXUQLHHQDQQH[HGX aucune obligation de quelques natures que ce soit pour notifier par avis public au 514 788-0618 poste 205.
$SSHOG¶RIIUHV GRFXPHQWG¶DSSHOG¶RIIUHV envers le ou les soumissionnaires.
rendue le 28 septembre 2023
par l'Honorable Thomas
Descriptif :6HUYLFHV3URIHVVLRQQHOVSRXUOHFKDQJHPHQW /HVVRXPLVVLRQVUHoXHVVHURQWRXYHUWHVSXEOLTXHPHQW Abonnez-vous Davis, juge à la Cour
Fait à Montréal, le 18 octobre 2023 Avis de clôture d’inventaire
GXV\VWqPHGHFKDXIIDJHGHODFDVHUQH GDQVOHVORFDX[GX6HUYLFHGXJUHIIHLPPpGLDWHPHQWDSUqV 514 985-3355 Supérieure dans le dossier Prenez avis qu’à la suite du
Date d’ouverture : QRYHPEUH O¶H[SLUDWLRQGXGpODL¿[pSRXUOHXUUpFHSWLRQ Le secrétaire d’arrondissement abonnement. numéro 500-04-080231-237. décès de Monsieur Pierre Ju-Ju
ledevoir.com Il ne sera pas publié à tras, domicilié de son vivant
tras
Dépôt de garantie : Aucun Marc-Aurèle Aplogan nouveau, à moins que les
Renseignements 1DQF\/DLQH\$JHQWHG¶DSSURYLVLRQ- /D9LOOHGH0RQWUpDOQHV¶HQJDJHjDFFHSWHUQLODSOXVEDVVH circonstances ne l'exigent.
au 5903 rue Hutchison,
Montréal, Qc H2V 4B7, sur-
nement II ni aucune des soumissions reçues et n’assume aucune MONTRÉAL, venu le 22 juin 2023, un in-
obligation de quelque nature que ce soit envers le ou les le 13 octobre 2023 ventaire de la succession a
Courriel : nancy.lainey@montreal.ca
soumissionnaires. AVIS À TOUS NOS ANNONCEURS BAJ CENTRE-SUD été fait par la liquidatrice,
Visite obligatoire : Non Avocats de la demanderesse Édith Jutras, et ce con-
Appel d’offres : )DLWj0RQWUpDOOHRFWREUH Veuillez, s’il vous plaît, prendre connaissance de votre annonce et formément à la loi. Ce dernier
peut être consulté par les
Descriptif : Contrôle qualitatif des matériaux sur les /HJUHI¿HUGHOD9LOOH nous signaler immédiatement toute anomalie qui s’y serait glissée. intéressés en prenant contact
GLIIpUHQWVSURMHWVGHFRQVWUXFWLRQGHUpKDELOLWDWLRQRXGH Emmanuel Tani-Moore, avocat En cas d’erreur de l’éditeur, sa responsabilité se limite au coût de avec la liquidatrice via
l’adresse courriel edjute25@
la parution. protonmail.com.
AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES téléphone : 514 985-3452 Courriel : avisdev@ledevoir.com

Avis de clôture d'inventaire

Appel d’offres Appel d’offres Appel d’offres Avis est donné, con-
Appel d’offres public formément au Code civil du
Québec, de la clôture de l'in-
Acquisition de bouleau jaune du ventaire en regard de la suc-
cession du feu Pietro
Canada (merisier) MARCOGLIESE, en son vi-
vant domicilié et résidant au
Service de l’Eau ARRONDISSEMENT DE MONTRÉAL-NORD Documents disponibles : système électronique 9158, 10e avenue, Montréal,
Service de l’approvisionnement Québec, H1Z 3C6, Canada et
d’appel d’offres (SÉAO) www.seao.ca ou au 1-866-
Direction de l’épuration des eaux usées Catégorie : Biens et services généraux DIRECTION DES SERVICES ADMINISTRATIFS décédé le dix août deux mille
669-7326, à partir du mercredi le 18 octobre 2023. vingt-deux (10-08-2022) à
Catégorie : Travaux de construction Des soumissions, sont demandées et devront être Information : carmen.descoteaux@stm.info Montréal. Cet inventaire peut
Appel d’offres : 23-20084
Appel d’offres : CP22028-181212-C reçues, avant onze heures (11 h), à la date ci-dessous, être consulté par toute per-
Descriptif : Services d’entretien et travaux sur Dépôt des soumissions : STM, 800, De La sonne ayant un intérêt, à
à l’adresse suivante : Mairie de l’arrondissement de Gauchetière Ouest, bureau 1170, Montréal, au plus l'adresse du notaire sous-
Descriptif : Construction de deux ouvrages de demande des génératrices d’urgence (Groupe élec- Montréal-Nord, 4243, rue de Charleroi, Montréal-Nord, tard le jeudi 16 novembre 2023 à 13 h 30. Ouverture signé.
protection contre les refoulements sur les émissaires trogène) pour divers bâtiments de la Ville de Montréal Montréal, le 13 octobre 2023
H1H 5R5, au Bureau d’accès Montréal, à l’attention publique suivra. La STM ne s’engage à accepter ni la
pluviaux 2400mm et 1800mm Marina Centre – Arron- Me Armenouhie VARTANIAN,
L’ouverture des soumissions prévue pour le 19 octobre du secrétaire d’arrondissement de Montréal-Nord, plus favorable ni aucune des soumissions. notaire.
dissement de Pierrefonds-Roxboro
2023, est reportée au 24 octobre 2023, à 13 h 30, dans M. Marc-Aurèle Aplogan pour : 3535, boulevard Toupin,
L’ouverture des soumissions prévue pour le les locaux du Service du greffe situés dans l’édi昀椀ce Référence : 6000027137 Montréal (Québec), H4K 1Z4
Catégorie : Travaux de construction
12 octobre 2023, est reportée au 26 octobre 2023, Lucien-Saulnier, 155, rue Notre-Dame Est, rez-de- André Porlier
à 13 h 30, dans les locaux du Service du greffe situés Appel d’offres : 1127 Secrétaire corporatif adjoint Avis de clôture d'inventaire
chaussée, Montréal (Québec) H2Y 1B5.
dans l’édi昀椀ce Lucien-Saulnier, 155, rue Notre-Dame Descriptif : Aménagement de la Mini-Forêt. Arron- (Avis dans un journal :
Est, rez-de-chaussée, Montréal (Québec) H2Y 1B5. Fait à Montréal, le 18 octobre 2023 C.c.Q., art. 795 al. 2)
dissement de Montréal-Nord Avis est donné, con-
Fait à Montréal, le 18 octobre 2023 Le gref昀椀er de la Ville, Date d’ouverture : 08 novembre 2023 à 11h00 Am formément au Code civil du
Emmanuel Tani-Moore, avocat Québec, de la clôture de l’in-
Le gref昀椀er de la Ville, Dépôt de garantie : 10 % de la valeur de la sou- CANADA ventaire en regard de la suc-
Emmanuel Tani-Moore, avocat mission COUR SUPÉRIEURE cession de Ivan GMITROVIC,
(Chambre de la famille) en son vivant domicilié et
Renseignements : Pour toute question s’adresser à : PROVINCE DE QUÉBEC résidant au 4327 rue Hills-
DISTRICT DE MONTRÉAL dale, Pierrefonds, Québec,
appelsdoffres.mtlnord@ville.montreal.qc.ca
Appel d’offres No : 500-04-080231-237 H9H 2H2, et décédé(e) le 28
Documents : Les documents relatifs à cet appel MAUDE PAUL juillet 2023 à Veliki Krcimir,
Demanderesse GadjinHan, Serbie. Cet in-
d’offres seront disponibles à compter du 18 octobre ventaire peut être consulté
c.
2023 sur le SEAO. NIXON LUCIEN par toute personne ayant un
Défendeur intérêt, à 4327 rue Hillsdale,
Visite supervisée des lieux : X N/A. Aucune visite AVIS PUBLIC DE Pierrefonds, Québec, H9H
Service de l’approvisionnement réfection, effectués par les services corporatifs et les arron- supervisée des lieux pour ce projet NOTIFICATION 2H2.
(Articles 136 et 137 C.p.c.) Pierrefonds,
Des soumissions sont demandées et devront être reçues, dissement Les personnes et les entreprises intéressées par ce Avis est donné à Nixon le 27 septembre 2023
avant 13 h 30 à la date ci-dessous, dans les locaux du Date d’ouverture : 21 novembre 2023 contrat peuvent se procurer les documents de soumis- Lucien de vous présenter au Signé Marijana MITIC
Dépôt de garantie : Non sion en s’adressant au Service électronique d’appels greffe de la Cour Supérieure (mariée GMITROVIC)
Service du greffe situés dans l’édi昀椀ce Lucien-Saulnier, 155, du district de MONTRÉAL
rue Notre-Dame Est, rez-de-chaussée, Montréal (Québec) Renseignements : Déborah Loiseau, Agent d’approvi- d’offres (SÉAO) en communiquant avec un des repré- situé au 1, rue Notre-Dame
sionnement niv. 2 sentants par téléphone au 1 866 669-7326 ou au 514 Avis de notification
H2Y 1B5 pour : Est à Montréal dans les 30 Prenez avis que par sa de-
Courriel: deborah.loiseau@montreal.ca 856-6600, ou en consultant le site Web www.seao.ca. jours afin de recevoir la mande introductive d’instance
Catégorie : Biens et services généraux Visite obligatoire : Non Les documents peuvent être obtenus au coût établi demande introductive déposée dans le dossier no.
d'instance en séparation de 700-17-017520-213, le de-
Appel d’offres : 23-20056 Documents : Les documents relatifs à ces appels d’offres par le SÉAO. corps et mesures provisoires mandeur Michel Trottier re-
Descriptif : Acquisition d’un camion-porteur 4 x 2 à moto- seront disponibles à compter du 18 octobre 2023 Chaque soumission doit être placée dans une enve-
ainsi que l'annexe I qui y ont quiert que des travaux soient
risation électrique avec cabine avancée, boite fermée de été laissés à votre attention. effectués afin de remettre en
Les personnes et les entreprises intéressées par ce loppe cachetée et portant l’identi昀椀cation fournie en Vous devez répondre à cette état le chemin privé de la
26 pieds et service d’entretien pour 5 ans contrat peuvent se procurer les documents de soumission annexe du document d’appel d’offres. demande dans le délai 202e avenue à Saint-Hip-
Date d’ouverture : 21 novembre 2023 en s’adressant au Service électronique d’appels d’offres
indiqué dans l'avis d'assi- polyte (Québec), situé sur
Dépôt de garantie : Aucun Les soumissions reçues seront ouvertes publiquement gnation qui l'accompagne, l’actuel lot 2 534 945 du
(SÉAO) en communiquant avec un des représentants par dans les locaux de la mairie de l’arrondissement de sans quoi un jugement par Cadastre du Québec.
Renseignements : Renée Veillette, Agente d’approvision- téléphone au 1 866 669-7326 ou au 514 856-6600, ou défaut pourrait être rendu L’instruction aura lieu du 30
nement II Montréal-Nord, immédiatement après l’expiration du contre vous et vous pourriez
en consultant le site Web www.seao.ca. Les documents délai 昀椀xé pour leur réception. devoir payer les frais de
octobre 2023 au 1er novem-
Courriel : renee.veillette@montreal.ca bre 2023 au palais de justice
peuvent être obtenus au coût établi par le SÉAO. justice. de Saint-Jérôme. Tout
Visite obligatoire : Non La Ville de Montréal ne s’engage à accepter ni la plus Le présent avis est publié aux
Chaque soumission doit être placée dans une enveloppe basse ni aucune des soumissions reçues et n’assume termes d'une autorisation
intéressé est invité à contac-
Catégorie : Services professionnels cachetée et portant l’identi昀椀cation fournie en annexe du pour notifier par avis public
ter l’étude Thibeault Joyal inc.
aucune obligation de quelques natures que ce soit au 514 788-0618 poste 205.
Appel d’offres : 23-20224 document d’appel d’offres. envers le ou les soumissionnaires.
rendue le 28 septembre 2023
par l'Honorable Thomas
Descriptif : Services Professionnels pour le changement Les soumissions reçues seront ouvertes publiquement Abonnez-vous Davis, juge à la Cour
Fait à Montréal, le 18 octobre 2023 Avis de clôture d’inventaire
du système de chauffage de la caserne 31 dans les locaux du Service du greffe, immédiatement après 514 985-3355 Supérieure dans le dossier Prenez avis qu’à la suite du
Date d’ouverture : 21 novembre 2023 l’expiration du délai 昀椀xé pour leur réception. Le secrétaire d’arrondissement abonnement. numéro 500-04-080231-237. décès de Monsieur Pierre Ju-
ledevoir.com Il ne sera pas publié à tras, domicilié de son vivant
Dépôt de garantie : Aucun Marc-Aurèle Aplogan nouveau, à moins que les
Renseignements : Nancy Lainey, Agente d’approvision- La Ville de Montréal ne s’engage à accepter ni la plus basse circonstances ne l'exigent.
au 5903 rue Hutchison,
Montréal, Qc H2V 4B7, sur-
nement II ni aucune des soumissions reçues et n’assume aucune MONTRÉAL, venu le 22 juin 2023, un in-
obligation de quelque nature que ce soit envers le ou les le 13 octobre 2023 ventaire de la succession a
Courriel : nancy.lainey@montreal.ca
soumissionnaires. AVIS À TOUS NOS ANNONCEURS BAJ CENTRE-SUD été fait par la liquidatrice,
Visite obligatoire : Non Avocats de la demanderesse Édith Jutras, et ce con-
Appel d’offres : 23-20151 Fait à Montréal, le 18 octobre 2023 Veuillez, s’il vous plaît, prendre connaissance de votre annonce et formément à la loi. Ce dernier
peut être consulté par les
Descriptif : Contrôle qualitatif des matériaux sur les Le gref昀椀er de la Ville, nous signaler immédiatement toute anomalie qui s’y serait glissée. intéressés en prenant contact
différents projets de construction, de réhabilitation ou de Emmanuel Tani-Moore, avocat En cas d’erreur de l’éditeur, sa responsabilité se limite au coût de avec la liquidatrice via
l’adresse courriel edjute25@
la parution. protonmail.com.
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023 *
Grâce au développement technologique, un signal satellite n’est plus nécessaire à l’accès à des chaînes étrangères,
ce qui permet aux nouveaux arrivants de rester connectés aux médias de leur pays d’origine. GETTY IMAGES
III ÉCRANS
La télé québécoise
boudée par
les nouveaux arrivants
ÉTIENNE PARÉ
LE DEVOIR
La télé québécoise peine à rallier les
immigrants récemment installés au
pays. Selon une récente étude, TVA et
Radio-Canada réussissent encore à re-
joindre la grande majorité des télé-
spectateurs nés ici, mais les deux
grands réseaux francophones récoltent
des scores faméliques chez les nou-
veaux arrivants. Et le manque de di-
versité dans nos productions ne pour-
rait expliquer à lui seul ce fossé.
L’Observateur des technologies
médias (OTM), une division de CBC/
Radio-Canada, s’est penché l’an der-
nier sur les habitudes d’écoute de
près de 4000 personnes arrivées au
pays il y a moins de cinq ans. Les ré-
sultats ont ensuite été comparés avec
ceux d’un sondage mené auprès des
Canadiens de naissance. Le Devoir a
pu mettre la main sur des chiffres qui
concernent spécifiquement le Québec.
Il s’en dégage que 70 % des Québé-
cois nés au pays avaient écouté TVA
dans le mois précédant ce sonda-
ge ; 64 % pour ICI Télé. Or, seule-
ment 16 % des nouveaux arrivants di-
saient avoir syntonisé au moins une
fois le diffuseur public durant la même
période. TVA fait un peu mieux, avec
22 % chez les immigrants arrivés au
pays récemment. Quant à Noovo, un
Québécois né au pays sur deux disait
avoir regardé la chaîne, contre à peine
6 % pour les nouveaux arrivants.
« L’industrie de la télé au Québec
souffre d’un préjugé très fort voulant
qu’elle ne soit pas inclusive, qu’elle res-
te très blanche », avance Stéfany Bois-
vert, professeure à l’École des médias
de l’UQAM. « Lorsque l’on fait des étu-
des, on s’aperçoit que ce n’est plus tout
à fait vrai, qu’il y a eu beaucoup d’ef-
forts en matière de diversité dans les
dernières années. Même chez mes étu-
diants qui sont nés au Québec, c’est
souvent évoqué comme raison pour jus-
tifier qu’ils ne sont pas abonnés aux pla-
teformes québécoises. L’industrie va
mettre des années à se défaire de ce
stéréotype. »
Selon Mme Boisvert, dont les travaux
portent entre autres sur la représenta-
tion des minorités à l’écran, les faibles
audiences des chaînes de télé québé-
coises chez les nouveaux arrivants
peuvent s’expliquer en partie par cette
perception négative tenace. Mais pas
que. D’ailleurs, l’étude de l’OTM indi-
que que les chaînes de télé au Canada
anglais n’obtiennent pas non plus des
scores mirobolants chez les nouveaux
arrivants, même si elles ont la réputa-
tion de mettre davantage en avant les
communautés culturelles dans leur
programmation.
L’écart entre les immigrants arrivés
récemment et les personnes nées au
pays est toutefois bien moins spectacu-
laire au Canada anglais qu’au Québec.
« Les gens qui sont nés au Québec sont
encore très attachés à leurs chaînes de
télé. Au Canada anglais, même les Ca-
nadiens de naissance tendent à bouder
les chaînes canadiennes. C’est comme
ça depuis très longtemps. Beaucoup de
gens ont pris l’habitude d’écouter plu-
tôt la télé américaine », de souligner
Stéfany Boisvert.
Raisons multiples
Tout cela pour dire que la diversité ne
peut à elle seule attirer l’attention des
nouveaux arrivants. Pour que ces der-
niers regardent la télé québécoise, en-
core faut-il leur proposer des émis-
sions qui leur parlent.
« Oui, il y a des efforts qui ont été
faits à la télé québécoise dans les der-
nières années pour la diversité. Mais
ce sont des changements qui sont sur-
tout cosmétiques. Tant qu’on ne fera
pas d’émissions spécialement conçues
pour les nouveaux arrivants, la télé
québécoise ne les rejoindra pas. Pour
le moment, les grands réseaux préfè-
rent se concentrer sur la majorité — et
ça se comprend, tant que les minorités
visibles n’auront pas dépassé un cer-
tain pourcentage dans la population »,
évoque Jean-Yves Roux, directeur gé-
néral et fondateur de Natyf TV.
Cette chaîne lancée en 2018 vise
spécialement les communautés cultu-
relles, surtout afrodescendantes, avec
ses émissions sur la musique gospel ou
encore sur la culture hip-hop. Natyf
TV sera bientôt incluse dans le forfait
de base, ce qui lui permettra sans dou-
te d’élargir son audience.
Jean-Yves Roux a surtout les immi-
grants de deuxième et troisième gé-
nérations dans sa mire. Ceux qui ha-
bitent au Québec depuis plusieurs
années également. Mais les nouveaux
arrivants, ceux-là mêmes qui sont le
sujet de cette étude de l’OTM, ne
font pas partie du principal groupe ci-
ble de Natyf TV.
Car dans les dernières années, la
technologie a fait en sorte qu’il est de-
venu beaucoup plus facile pour eux de
rester connectés aux médias de leur
pays d’origine. Plus besoin de payer
une fortune pour un signal satellite qui
donne accès à des chaînes étrangères.
« La technologie donne aux immi-
grants davantage d’options. Et pour les
réseaux de télé québécois et cana-
diens, c’est devenu encore plus diffici-
le de plaire à ceux qui viennent d’arri-
ver au pays », résume M. Roux.
Quelle culture commune ?
Les données de l’OTM tendent en ef-
fet à démontrer que les nouveaux arri-
vants restent attachés aux productions
culturelles de leur pays de naissance.
À l’échelle canadienne, plus de la moi-
tié d’entre eux consomment des con-
tenus qui ne sont ni en anglais ni en
français. Cela ne les empêche pas de
regarder des émissions dans l’une des
deux langues officielles. Reste que
l’étude démontre que les nouveaux ar-
rivants allophones consacrent plus de
temps en moyenne aux contenus dans
leur langue maternelle.
« J’ose croire que c’est encore possi-
ble, même à l’ère numérique, d’avoir
des références communes. Mais c’est
clair que les incitatifs pour les nou-
veaux arrivants à regarder des conte-
nus locaux sont moindres », appuie la
professeure Stéfany Boisvert.
À noter que les nouveaux arrivants
se distinguent aussi des personnes
nées au Canada quant aux types de
contenus qu’ils regardent, tant à la télé
que sur les plateformes. S’ils sont
moins nombreux à regarder les nou-
velles et les émissions d’information,
ils sont plus intéressés que les Cana-
diens de naissance par la mode, la
technologie, l’activité physique et, sur-
tout, la religion. À peine 5 % des Ca-
nadiens de naissance visionnent des
contenus religieux, contre 26 % des
nouveaux arrivants.
CULTURE
Une consultation
tendancieuse
pour le monument
sur l’Afghanistan
STÉPHANE BAILLARGEON
LE DEVOIR
C’est au tour du sondeur Jean-Marc
Léger de tirer à boulets rouges sur le
processus de sélection du monument
commémoratif de la mission cana-
dienne en Afghanistan.
Selon son avis développant neuf élé-
ments problématiques de la démarche,
la consultation publique menée en 2021
par Anciens Combattants Canada
(ACC) ne respecte pas les règles des
méthodes statistiques et s’avère bourrée
de biais qui ont faussé les résultats. Le
ministère a pourtant utilisé ce prétexte
consultatif pour bafouer le choix du jury
et accorder ses faveurs à une proposi-
tion supposément plus populaire.
« Cette consultation n’a pas de sens :
elle ne représente pas l’opinion de la
population, dit au Devoir M. Léger,
joint à Toronto. C’est un livre ouvert,
ce n’est pas un sondage. Cette démar-
che n’a aucune valeur scientifique. »
Ottawa a lancé en 2019 un concours
concernant l’érection d’un lieu de mé-
Oui, il y a
moire soulignant la participation cana-
des efforts
dienne, de 2001 à 2014, à l’interven-
qui ont été tion militaro-humanitaire internationa-
faits à la télé le en Afghanistan. Le jury de profes-
québécoise sionnels a sélectionné la proposition
dans les montréalaise développée par l’artiste
dernières Luca Fortin, la firme d’architecte Da-
oust Lestage Lizotte Stecker et la juris-
années pour te Louise Arbour. ACC a annoncé en
la diversité. juin 2022 préférer un des projets fina-
Mais ce listes concurrents, celui de l’artiste
sont des Adrian Stimson et du groupe d’archi-
changements tectes MBTW, de Toronto.
Le renversement s’appuie sur la
qui sont consultation menée en ligne. Le con-
surtout cept Stimson « a reçu jusqu’à 62 % de
cosmétiques. soutien pour toutes les questions [po-
»
sées lors de la consultation populai-
JEAN-YVES ROUX re] », dit un courriel envoyé la semai-
ne dernière par Marc Lescoutre, des
relations avec les médias d’ACC.
L’examen du sondeur, qui critique
ce genre d’affirmations, jugées facti-
ces, a été mené à la demande du dé-
puté Luc Desilets, du Bloc québécois.
Il a interpellé lundi en chambre la mi-
nistre Ginette Petitpas Taylor (ACC)
sur les défauts majeurs de sa démar-
che justificatrice.
« Je pense que nous sommes d’ac-
cord sur l’importance d’écouter nos
vétérans, a répondu la ministre. Voilà
pourquoi le ministère des Anciens
Combattants a effectué un sondage.
Plus de 10 000 Canadiens [y] ont ré-
pondu. La majorité d’entre eux étaient
des vétérans. Le concept qui a été
choisi est celui de l’équipe Stimson
puisque, pour eux, il représentait
MUSIQUE EN TÊTE
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BILLETS : 60 $ /25 $ - étud. (max. 26 ans)
B3
mieux la bravoure, le sacrifice et la
perte des vétérans. »
Le député Desilets répète en entre-
vue que parler de sondage, d’avis ou
de consultation ne change rien à la
médiocrité de la démarche. « Dans les
trois cas, il n’y a rien de scientifique
dans ce qui a été produit », dit-il.
Du point de vue de la science des
sondages, il est, par exemple, inaccepta-
ble de réaliser une consultation au
moyen d’un lien ouvert sur un site In-
ternet où seuls les visiteurs peuvent
s’exprimer et d’ensuite extrapoler les
résultats à l’ensemble de la population.
Une démarche dans les normes aurait
fonctionné de manière inverse : des
gens représentatifs d’une population au-
raient été sélectionnés, puis invités indi-
viduellement à participer à l’enquête.
Et quoi encore ? L’échantillonnage ne
représente pas fidèlement la population
canadienne. Un exemple : 12,2 % des
répondants sont francophones, alors
que ce groupe compte pour 22 % de la
population. Un autre exemple : les habi-
tants de la capitale représentent le
quart des répondants, mais seulement
3,2 % de la population du pays. Le mé-
lange des groupes de référence ajoute
des biais, par une mise en commun des
réponses des vétérans et de celles de
leurs proches ou des civils ordinaires.
Le Bloc répète donc qu’il faut respec-
ter le choix du jury et attribuer la con-
ception du monument à l’équipe mon-
tréalaise Fortin-Daoust-Arbour. La for-
mation politique attend de pied ferme
les ministres Ginette Petitpas Taylor
(ACC) et Pascale St-Onge (Patrimoine),
appelées à comparaître devant le Comité
permanent des anciens combattants d’ici
trois semaines environ.
« Même si le sondage visait princi-
palement les militaires, comme le dit
ACC, on ne peut pas faire un monu-
ment de 3 millions de dollars en ne te-
nant compte que de gens qui ont con-
nu l’Afghanistan, poursuit le député
Desilets. Ce monument s’adresse à
toute la population et aux visiteurs
d’Ottawa. C’est un monument d’en-
vergure internationale qui doit respec-
ter l’avis des experts. »
Le Regroupement des artistes en
arts visuels a écrit à la ministre de
Patrimoine Canada et lancé une péti-
tion le 6 septembre, maintenant forte
de plus de 1530 noms sur un objectif
de 2500. Le texte affirme que la déci-
sion de ne pas respecter le choix du
jury « n’est en rien justifiable et est
en complète contradiction avec l’en-
gagement initial », en plus de soule-
ver des inquiétudes « quant à la cré-
dibilité du concours ».
 LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023

B4
MONDE

III ÉTATS-UNIS
d’une couleuvre pour accéder au per-

Le républicain Jim Jordan

choir, en janvier.
Les républicains veulent à tout prix
éviter de revivre cette séquence humi-
liante, captée en début d’année par les
télévisions de l’ensemble du pays.

échoue à être élu speaker Pour l’instant, en vain.

Le Sénat se mobilise pour Israël
Dans une institution encore marquée
L’allié de Trump n’a pas été élu lors du premier tour, par l’assaut du Capitole, les démocra-
tes dénoncent quant à eux le position-
ce qui enfonce le Congrès américain dans la crise nement pour le moins ambigu de Jim
Jordan sur la présidentielle de 2020,
élection que l’ancien président Donald
Trump qualifie encore, sans preuve,
de « volée ».
CAMILLE CAMDESSUS Des positions extrêmes Les élus du parti de Joe Biden, mi-
À WASHINGTON Majoritaires à la Chambre et donc res- noritaires à la Chambre, se sont tous
AGENCE FRANCE-PRESSE ponsables d’en élire le président, les rangés derrière la candidature de leur
conservateurs étalent depuis deux se- chef, Hakeem Jeffries, mais ne dispo-
Toujours pas de fumée blanche : l’élu maines leurs divisions au grand jour saient pas d’assez de voix pour lui fai-
de l’Ohio Jim Jordan, lieutenant de dans le processus de nomination d’un re décrocher la présidence.
Donald Trump, a échoué mardi à être successeur à Kevin McCarthy. La pression pour la Chambre de se
élu à la tête de la Chambre des repré- Après de nombreuses tractations remettre en ordre de marche est d’au-
sentants lors du premier tour d’une très poussives, l’élu de l’Ohio Jim Jor- tant plus forte que le Sénat prépare
élection cruciale, ce qui enfonce l’ins- dan, très proche de Donald Trump et déjà une grande enveloppe pour Israël.
titution dans la crise. membre de la frange la plus conserva- Celle-ci contiendra « une aide mili-
Le quinquagénaire pourrait toutefois trice du parti, est actuellement le seul taire, diplomatique, humanitaire et de
maintenir sa candidature au poste de candidat républicain en lice. renseignement — autant de choses
speaker durant plusieurs tours. Il est donc Mais il n’est pas parvenu à décro- dont Israël a besoin », a déclaré mardi
encore possible qu’il accède au perchoir. cher le soutien d’assez de ses pairs le chef démocrate Chuck Schumer, es-
Le Congrès américain a deux cham- pour accéder au perchoir lors d’un vo- pérant la faire adopter « d’ici les pro-
bres : l’une, le Sénat, est acquise aux te en séance plénière dans l’hémicycle. chaines semaines ».
démocrates de Joe Biden, mais c’est Vingt élus républicains, principale- Le Sénat doit également se pencher
Le siège l’autre, la Chambre des représentants, ment des modérés qui reprochent à sur une résolution condamnant le Ha-
du président dominée par les républicains, qui se Jim Jordan des positions extrêmes, ont mas et débattre mercredi de la confir-
de la Chambre trouve dans un bourbier inédit depuis voté contre sa candidature. Le républicain Jim Jordan, mardi mation d’un nouvel ambassadeur en
des représentants deux semaines. Un fait notable pointé par ses dé- JOE RAEDLE AGENCE FRANCE-PRESSE Israël.
des États-Unis Cette institution n’a plus de speaker tracteurs : élu au Congrès en 2006, Jim « En tant qu’allié le plus proche
demeure vide depuis la destitution historique de Kevin Jordan n’a jamais réussi à faire adopter d’Israël, les États-Unis doivent mon-
après un vote McCarthy, le 3 octobre, qui la prive de la moindre proposition de loi à son Cette élection pourrait toutefois trer l’exemple en soutenant les actions
mardi. nombre de ses pouvoirs, y compris nom. Et il est, selon plusieurs classe- s’étaler sur plusieurs jours : le speaker qu’il pose pour se défendre aussi long-
SAUL LOEB AGENCE l’adoption de mesures de soutien à Israël ments, considéré comme l’un des élus destitué, Kevin McCarthy, avait dû ba- temps qu’il le faudra », a souligné son
FRANCE-PRESSE ou à l’Ukraine. les moins productifs de la Chambre. tailler durant 15 tours et avaler plus chef républicain, Mitch McConnell.

MOTS CROISÉS SUDOKU

SUDOKU
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 SEPT-ÎLES
11/6/E

1
 
BAIE COMEAU
12/6/E GASPÉ
2  14/3/E
SAGUENAY RIMOUSKI
3 13/6/E 12/7/E

4   
QUÉBEC
VAL-D'OR 14/7/PN
5 11/8/E
  TROIS-RIVIÈRES
14/9/PN
SHERBROOKE
6 MONTRÉAL
13/5/PN
GATINEAU
15/7/PN
7 
 15/7/PN

8 Canada H/B météo H/B météo Le Monde H/B météo H/B météo
    Edmonton
Moncton
17/7 PN
P
18/8 PN
A
Londres
Los Angeles
17/15 P 18/13 A
E 33/21 E
9 17/15 18/13 32/18
Saint Jean 13/10 PN 14/11 A Mexico 24/12 PN 23/11 N
10 Toronto 14/11 PN 16/13 A New York 18/7 PN 19/14 E
   Vancouver 13/12 P 17/13 P Paris 21/14 A 17/12 A
11 Winnipeg 14/3 A 13/8 PN Tokyo 23/17 PN 24/15 PN

12  
Montréal
5432

Aujourd’hui Demain Vendredi Samedi Dimanche

HORIZONTALEMENT
1. Capitale de la Moldavie. - 3. Indique un lien avec 
(De) justesse. O¶LQÀDPPDWLRQ'LHXJUHF
2. Plaideurs ayant un intérêt Après un coup. 

   
 
commun à un procès. 4. A une adresse. - Étendue d’eau. H 15 B 7 H 17 B 13 H 16 B 11 H 16 B 10 H 10 B 4
3. Os du squelette des poissons. - 5. Celui-ci (archaïsme littéraire). - PdP 30% PdP 30% PdP 40% PdP 70% PdP 70%
Petite sole allongée. Environnementaliste. Placez un chiffre Solution du dernier numéro
Vent SO, 13kmh Vent S, 11kmh Vent S, 18kmh Vent E, 11kmh Vent NO, 25kmh
4. Pouce. - Placer. - Peut se faire 6. Monoxyde d’azote. - Sur la de 1 à 9 dans chaque       
Passages nuageux. Passages nuageux. Nuageux, averses. Nuageux, averses. Pluie.
à blanc. Croix. - Grillé. case vide. Chaque
   
  
5. Sert à appeler. - On n’y verra 7. Se lance au fond. - Canaris. ligne, chaque colonne Québec
jamais de mots croisés. - Plante 8. Affaiblie. - Espèce zoologique.
légumineuse du genre cassia. et chaque boîte 3x3
      
Aujourd’hui Demain Vendredi Samedi Dimanche
9. Indique l’idée de diminution. - A
6. Il coulisse. - Expression de rendu visite au roi Salomon (la délimitée par un trait    
  
surprise. reine de ...). - Pièce aux portes plus épais doivent
7. Tête de roche pointue. - D’égale étanches. 
     
contenir tous les chiffres
pression atmosphérique. 10. Disposée. - Hémopathie.
8.
de 1 à 9. Chaque chiffre      

La gelée blanche est sa 11. Métal blanc. - Renvoi. H 14 B 7 H 15 B 9 H 16 B 10 H 14 B 10 H 11 B 4
congélation. - Provenir de. apparaît donc une seule   
    PdP PdP PdP PdP PdP
12. Intérêt perçu au-delà du taux 30% 30% 60% 70% 70%
9. Dépendant. - On peut l’égrener. licite. - Élevée. fois dans une ligne, Vent SO, 13kmh Vent SO, 12kmh Vent NE, 5kmh Vent NE, 17kmh Vent NO, 25kmh

      
10. Réjoui. - Brouillard épais. dans une colonne et Passages nuageux. Passages nuageux. Nuageux, averses. Pluie légère. Pluie.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
11. Chiffres romains. - 1 F O U F O U N E S I D dans une boîte 3x3.       

Qui résulte de lignes. 2 A S P I C I L I A D E 

   
 
Gatineau
12. Grands chats sauvages. - 3 N E A N T R O L L O T
Brassens y a vu le jour. 4 F E S S U V I E L L E
Aujourd’hui Demain Vendredi Samedi Dimanche
5 R O L A R E E R
NE MANQUEZ PAS
GRILLE INTERMÉDIAIRE CITATION MYSTÉRIEUSE 724

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Placez les lettres
1
SOLUTION PUBLIÉE DANS LA PROCHAINE ÉDITION DU DEVOIR

contenues dans les

colonnes au-dessus
de la grille dans les
2

VERTICALEMENT 6 E N D U R A N T G R
cases du bas, de
manière à former
3 une citation qui se
lira de gauche à
droite.
4

NOS PAGES DE JEUX

T-FERRON
HANNEQUAR
5 ÉTIENNE

7 L O I N C A R O U G E ÉS
MOTS FLÉCH 7
6

8
MOTS ENCHAÎNÉS
ENC
CHAÎ
HAÎ
AÎNÉS
Formez une chaîne de mots à partir des trois
dernières lettres de chaque mot et à l’aide des
définitions. Les noms propres sont permis et les
724
MOTS CROISÉS DU SAMEDI
Mots-croisés
1 2
du samedi
3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1.
I

Être agité de petites vagues. -

accents peuvent changer.

SUDOKU 9 II
SUDOKU  

8 U R S I D E O D E U R

10
11
III
IV
DU DEVOIR

 V
4746

12

Organisme public de transport

  VI
ÉDITION

9 C V M O R G U E D
HORIZONTALEMENT 1. Brûler VII

H 15 H 16 H 16 H 13 H 10
  1. Elles quittent le foyer. 4. Ici, ils se croisent. -

B B B B B
 Poissons osseux.
2. Quittera bientôt ses fonctions VIII
PROCHAINE

2. Marilyn... - Moitié du fils. (Nom propre)



 3. Grossier. - Trophée d’un
drôle de gala.
5. Manganèse. - Vraiment
pas loin. - Inflorescence.
3.
4.
Degré
Plus de vingt (mot composé)
IX
X
7 11 11 7 4
en commun québécois.
 4. Pas frais. - Tendons. 6. Usure graduelle. - Célèbre
DANS LA

 bataille. 5. Souterrain
5. Suffixe. - Compagnie. - Horizontalement
Horizonta Verticalement

10 H E B E T E R U R U S Transformé en glace. 7. Bout de chemise. - Coupe 6. Auteure Québécoise

 la tête. - Deux.
com
I. Devient commun après 1. A belle carrure. 2. Voudrait
PUBLIÉE

 6. Lithium. - Jeune enfant. 7. Éteint les feux (nom propre) réduction. II. Mesuré dans ses laisser quelque chose de propre à

Tous les samedis

8. Plaît-il ?. - Abhorré. - Ville s épluchages. Passe
dépenses et ses nos enfants. 3. Petit renflement.

PdP PdP PdP PdP PdP

 7. Héroïne légendaire 8. Flotte (nom propre, deux mots) par Caen. III. Façonna du bout des Devient noble sous les coups. 4.
grecque. - Réfuta. - Ligne. du Maroc.
SOLUTION

9. A sa pomme doigts. Espace de temps. IV. A Ouverture de compte à Wall

8. Ne pas dire. - Devenir 9. Sans animaux. - Tubes

40% 30% 70% 70% 70%

siè Institution ou
trouvé un siège. Street. Jamais entendue. 5. Bien
 d’éclairage. 10. Grosse bouteille édifice. V. Retenues
Ret avant de malmené. Dans le coin. 6. Pas
 moins gros.

10. Nervi. - Amertume. partir. Drôle dde bonhomme venu toujours sage. Déplacement dans

2. Il annonça la capitulation du
5431

9. Anomalie de position d’un

11 E G I N E R U R A L E
de Pologne. VI.
V On le retrouve les airs. 7. Négation. Met du temps
 organe. - Blesse les coeurs 11. Acte de la pensée. dans tous les boulots. Grand à agir. En liste. 8. Très éloquentes.
 de ses flèches. 12. Elle gronde. - Sert à fixer chasseur de la Bible. VII. Armé 9. Pour n’oublier personne.
 10. Elle a un groin. - Harpon à l’aviron. 724
Ob
chez Barak Obama. Donne le Populations asiatiques. 10. Devra

  


du dernier
numéro
 plusieurs pointes. L’INTERVALLE vertige à la bergerie.
be Accord. VIII. être réparée. Fit l’innocent. 11.

 Solution
  T-FERRON 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Entre le premier et le dernier mot, et en ne changeant
Réb
Enfant de Rébecca. Mise à nu à la L’histoire au jour le jour. Capitale
hiffre
ÉTIENNE
HANNEQUAR 11. Elles sont bavardes. - 1 S C H E M A P E P I N
qu’une seule lettre à chaque étape (changement, ajout
bergerie. IX. Petit sac dans les du Massachusetts. 12. Reprennent
Expriment leur désaccord.
DES FÉRUS
2 C L A P S O U P A P E f
feuilles. Atom
Atome. X. Fait grand le dossier en mains.
ou retrait d’une lettre), trouvez les mots intermédiaires.
GRILLE
bruit.

dans Le D magazine
Japon. - On en fait des tables, Vent S, 13kmh Vent S, 9kmh Vent S, 16kmh Vent E, 6kmh Vent NO, 26kmh
12. Ont des arilles. - Engin 3 H I L A R E C I T E R Les accents sont permis, mais aucun nom propre.

12 S E C T E U R S P E T
4 N O T R E P E N E E Philippe Dupuis
spatial. 5 O E T I R E A E D E
6 C A R N A D I R I MUTER Solution d
du n° 563
VERTICALEMENT 7 K I E V G O N D O L E
Horizontalement
Horizontalem Verticalement
I. Présomptions.
Présomptio II. Saboteur. Uoi 1. Pseudonyme. 2. Rat. Epieur. 3.
1. État d’agitation. - Symbole 8 S E L A N D V I P
(oui) III. Etrier.
Etrie Enfin. IV. Ee. Ebre. Henné. 4. Soierie. Cu. 5. Ote.
mathématique. 9 S A U N E C E P A G E
Came. Et. V. DDé. Réexaminé. VI. Eu. Uht. 6. Mercerie. 7. Pu. Axel.
10 I N V E N D U R I E L
2. Comme le radon. Ophiures. Tr. VII. Niée. Il. Ns. VIII. Cp. 8. Trémas. Bah. 9. Nem. Niño.
4745

11 E C A R T L I E R N E
Yen. Ue. Bines
Y Bines. IX. Munch. Canope. 10. Ouf. Snob. 11. Noient. Epi. 12.
3. Distrait. - Unités de

des chaises.
12 D E L E S T E S E T S
X. Ereutopho
Ereutophobie. Sintérisée.
volume.

Solution du dernier numéro

Solution du dernier numéro T-FERRON
HANNEQUAR
ÉTIENNE

Vous aimez ces pages ? Écrivez-nous pour nous faire part de vos
commentaires :HE
GRILLE
BLANC
redaction@ledevoir.com
T RO U E R
MOTS CROI
CROISÉS PROBLÈME N° 564
Philippe Dupuis est également l’auteur
des mots-croisés du Monde
Passages nuageux. Passages nuageux. Pluie légère. Pluie. Pluie légère.
SOLUTIONS DE LA SEMAINE D
DERNIÈRE
ERNIÈ
È RE SUDOKU : SOLUTION
CORRIGÉ DU PROBLÈME D’HIER
   
  
Épreuve de révision Antidote | no 121      

 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
HORIZONTALEMENT 5432
1. Capitale de la Moldavie. - 3. Indique un lien avec
(De) justesse. l’in昀氀ammation. - Dieu grec. -
2. Plaideurs ayant un intérêt Après un coup.
commun à un procès. 4. A une adresse. - Étendue d’eau.
3. Os du squelette des poissons. - 5. Celui-ci (archaïsme littéraire). -
Petite sole allongée. Environnementaliste.
4. Pouce. - Placer. - Peut se faire 6. Monoxyde d’azote. - Sur la
à blanc. Croix. - Grillé.
5. Sert à appeler. - On n’y verra 7. Se lance au fond. - Canaris.
jamais de mots croisés. - Plante 8. Affaiblie. - Espèce zoologique.
légumineuse du genre cassia. 9. Indique l’idée de diminution. - A
6. Il coulisse. - Expression de rendu visite au roi Salomon (la
surprise. reine de ...). - Pièce aux portes
7. Tête de roche pointue. - D’égale étanches.
pression atmosphérique. 10. Disposée. - Hémopathie.
8. La gelée blanche est sa 11. Métal blanc. - Renvoi.
congélation. - Provenir de. 12. Intérêt perçu au-delà du taux
9. Dépendant. - On peut l’égrener. licite. - Élevée.
10. Réjoui. - Brouillard épais.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
11. Chiffres romains. - 1 F O U F O U N E S I D
Qui résulte de lignes. 2 A S P I C I L I A D E
12. Grands chats sauvages. - 3 N E A N T R O L L O T
Brassens y a vu le jour. 4 F E S S U V I E L L E
5 R O L A R E E R
VERTICALEMENT 6 E N D U R A N T G R
7 L O I N C A R O U G E
1. Être agité de petites vagues. - 8 U R S I D E O D E U R
Organisme public de transport 9 C V M O R G U E D
en commun québécois. 10 H E B E T E R U R U S
2. Il annonça la capitulation du
5431

11 E G I N E R U R A L E
Japon. - On en fait des tables, 12 S E C T E U R S P E T
des chaises. Solution du dernier numéro
SUDOKU

1 5 2

6 8 3

4 8

7 1 9 6

3 6 1
5 5
82
6
8 7 2 6 8 93
4 8
2 9 5 7 1 19 6

3 6 5 8

8 7 2 93

2 9 5 1
Niveau de difficulté: DIFFICILE 7951
3

Placez un chiffre Solution du dernier numéro 7951

Niveau de difficulté: DIFFICILE

de 4 7 chaque
1 à 9 dans 3 8 6 4 72 3 8 9 6 25 9 5 1 1
case vide. Chaque
2 8 5 7 1 9 3 6 4
ligne, chaque colonne
2 8boîte53x3 7
et chaque 1 1 69 9 5 3 4 36 7 2 4 8
délimitée par un trait 8 2 4 9 5 1 6 7 3
plus épais doivent
1 tous
contenir 6 les9chiffres
5 4 3 93 1 6 7 2 72 8 4 8 5
de 1 à 9. Chaque chiffre 7 5 6 4 3 8 1 9 2
apparaît
8 donc 2 une 4 seule9 5 6 31 2 1 6 9 47 5 8 3 7
fois dans une ligne,
9 1 8 2 7 5 4 3 6
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3 une9boîte 3x3.
dans 1 6 2 5 47 7 3 8 8 6 4 2 1 59
Niveau de difficulté: FACILE 7950
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023
III ASIE
Xi Jinping accueille son « ami »
Vladimir Poutine en Chine
Il s’agit du deuxième voyage à l’étranger du président russe depuis qu’il est visé
par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale
AGENCE FRANCE-PRESSE
À PÉKIN
Le président chinois, Xi Jinping, a ac-
cueilli son « ami » et homologue rus-
se, Vladimir Poutine, mardi à Pékin,
lançant un sommet multilatéral au
moment où le monde a les yeux tour-
nés vers la guerre Israël-Hamas.
« Le président Xi Jinping a salué le
président Vladimir Poutine à son arri-
vée, les deux dirigeants ont eu une
brève conversation », a indiqué la di-
plomatie russe dans un message publié
sur X.
La Chine accueille jusqu’à mercredi
les représentants de quelque 130 pays
pour le forum des Nouvelles routes
de la soie (appelé officiellement La
ceinture et la route). Un événement
diplomatique majeur dont l’invité de
marque est le président russe. Celui-
ci effectue son premier déplacement
dans une grande puissance mondiale
depuis l’invasion de l’Ukraine en fé-
vrier 2022, qui a isolé la Russie sur la
scène internationale.
Le président russe ne s’est rendu
qu’au Kirghizistan depuis le lance-
ment d’un mandat d’arrêt contre lui
en mars par la Cour pénale interna-
tionale — dont la Chine n’est pas
membre — pour la « déportation »
d’enfants ukrainiens.
MM. Poutine et Xi se sont rencontrés
mardi soir à une cérémonie ouvrant le
sommet, selon une vidéo publiée par
le ministère russe des Affaires étran-
gères, se serrant la main et échan-
geant des plaisanteries. Ils ont aussi
pris part à une photo de groupe avec
d’autres dirigeants.
La France est représentée par l’ex-
premier ministre Jean-Pierre Raffarin,
à titre de représentant spécial du gou-
vernement pour la Chine.
Rencontre avec Orbán
Après un entretien avec le premier mi-
nistre hongrois, Viktor Orbán, qui
maintient des liens avec Moscou mal-
gré la guerre en Ukraine, M. Poutine a
souligné qu’il était « très important de
pouvoir échanger avec un pays de
l’Union européenne ».
Lors d’un banquet, le président chi-
nois a prononcé un toast dans lequel il
a fait allusion aux conflits géopolitiques,
mais a affirmé que « les tendances his-
toriques vers la paix, le développement,
la coopération et les gains mutuels
étaient irrépressibles », selon l’agence
officielle Chine nouvelle.
Un entretien entre les deux chefs
d’État est programmé mercredi, au
moment où la guerre fait rage entre
EN BREF
Le Parlement turc prolonge
l’autorisation d’intervenir
en Syrie et en Irak
ISTANBUL — Le Parlement turc a
prolongé mardi de deux ans le
mandat de l’armée qui l’autorise à
mener des opérations transfronta-
lières en Syrie et en Irak. Ce man-
dat a été accordé pour la première
fois en 2013, lors de la campagne
internationale menée contre le
groupe État islamique, et a depuis
été renouvelé tous les ans. En
2021, il a pour la première fois été
renouvelé pour deux ans, ce qui a
donné au président Recep Tayyip
Erdoğan un mandat plus long afin
de poursuivre ses campagnes con-
tre les forces kurdes. « Il est es-
sentiel pour la sécurité nationale
de la Turquie de prendre les mesu-
res nécessaires, conformément au
droit international, contre toutes
les sortes de risques, d’avertisse-
ments et d’actions pouvant consti-
tuer une menace », indique le tex-
te de la motion, signée par le pré-
sident Erdoğan. Ce texte prévoit
également la possibilité d’un ac-
cueil de troupes étrangères sur le
sol turc, une clause qui a suscité
de vives critiques du CHP, le prin-
cipal parti d’opposition.
Agence France-Presse
Le président russe, Vladimir Poutine, et le président chinois, Xi Jinping, se serraient la main lors d’une cérémonie
de bienvenue à Pékin, mardi. SERGEI SAVOSTYANOV AGENCE FRANCE-PRESSE
Israël et le mouvement islamiste pa-
lestinien Hamas.
Les deux hommes « discuteront
de manière amicale et franche […]
des problèmes urgents de la coopéra-
tion pratique bilatérale et de l’ordre
du jour international », a expliqué
le Kremlin.
Les pays occidentaux se sont majori-
tairement ralliés à Israël depuis le 7 oc-
tobre, date à laquelle des combattants
Professeur tué en France :
inculpation de l’assaillant
qui a fait allégeance à l’EI
PARIS — L’assaillant ayant poignar-
dé à mort un enseignant en France
a été inculpé et écroué mardi, qua-
tre jours après cette attaque reven-
diquée au nom de l’organisation
État islamique qui a replongé le
pays dans la crainte d’attentats dji-
hadistes. Le Parquet national anti-
terroriste (Pnat) a confirmé l’incul-
pation du jeune homme, âgé de
20 ans, pour assassinat et tentatives
d’assassinat en relation avec une
entreprise terroriste ainsi que pour
association de malfaiteurs terroriste
criminelle. Un frère et un cousin de
l’assaillant ont également été incul-
pés. Avant de poignarder à mort le
professeur Dominique Bernard de-
vant un établissement scolaire à
Arras, soulevant une vague d’effroi
en France, Mohammed Mogouch-
kov a « longuement prêté allégean-
ce à l’État islamique » dans un fi-
chier audio, a expliqué le procureur
antiterroriste Jean-François Ricard.
Cette attaque contre un enseignant,
commise trois ans après l’assassi-
nat du professeur Samuel Paty par
un islamiste radicalisé en région
parisienne, a choqué le pays et fait
craindre de nouveaux attentats,
dans un climat alourdi par la guer-
re entre Israël et le Hamas.
Agence France-Presse
MONDE
du Hamas ont franchi la frontière entre
la bande de Gaza et l’État hébreu pour
massacrer plus de 1400 personnes
— pour la plupart des civils.
Washington a appelé Pékin à user
de son « influence » pour apaiser la si-
tuation dans la région, où les bombar-
dements israéliens de représailles sur
Gaza ont tué au moins 2750 person-
nes, en majorité des civils palestiniens,
selon les autorités locales.
L’Ukraine a utilisé pour la
première fois des missiles
américains ATACMS
L’Ukraine a utilisé pour la premiè-
re fois contre la Russie des missiles
américains de longue portée
ATACMS, a annoncé mardi le pré-
sident Volodymyr Zelensky, sans
donner plus de détails, tandis que
ses forces spéciales ont dit avoir
frappé dans la nuit deux aérodro-
mes en zone contrôlée par Moscou.
« Les accords que nous avons con-
clus avec le président [Joe] Biden
sont en train d’être mis en œuvre.
Ils sont appliqués de manière très
précise : les ATACMS ont fait leurs
preuves », a souligné avec joie
M. Zelensky dans son allocution
quotidienne diffusée sur les ré-
seaux sociaux. Washington a, de
son côté, assuré que ces ATACMS,
d’une portée maximale de 165 ki-
lomètres, allaient « doper de ma-
nière importante » les capacités
des militaires ukrainiens et leur
« donner […] le pouvoir de frap-
per en profondeur » les lignes ar-
rière russes. L’annonce officielle
de l’arrivée des ATACMS en
Ukraine intervient au moment
même où des sources russes assu-
raient que l’armée ukrainienne
avait eu recours dans la nuit de
lundi à mardi à ces missiles sol-
sol de longue portée.
Agence France-Presse
B5
La Chine avait parrainé en mars le
spectaculaire accord de rétablisse-
ment des relations diplomatiques en-
tre l’Iran — soutien du Hamas — et
l’Arabie saoudite.
Pékin va également envoyer cette
semaine dans la région son émissaire
pour le Moyen-Orient, Zhai Jun. Au-
cun détail n’a été donné sur son voya-
ge, mais la télévision d’État CCTV a
indiqué qu’il plaiderait pour un cessez-
le-feu et des pourparlers de paix.
La Russie, qui entretient tradition-
nellement de bonnes relations avec
les autorités israéliennes et palesti-
niennes, a appelé à un « cessez-le-feu
immédiat » dans le conflit.
« Toutes les cartes en main »
Lourdement sanctionnée par les Occi-
dentaux en raison de son offensive
contre l’Ukraine, la Russie cherche à
resserrer ses liens, déjà très étroits,
avec la Chine, laquelle semble avoir
pris l’ascendant dans leurs relations
bilatérales — déséquilibrées depuis
l’affaiblissement russe dû à la guerre.
Pékin a été critiqué par les Occiden-
taux sur le dossier ukrainien. Car s’il
appelle au respect de l’intégrité territo-
riale de tous les pays — sous-entendu :
l’Ukraine comprise —, il n’a jamais
condamné publiquement Moscou.
Le forum des Nouvelles routes de la
soie offre donc une occasion à Vladi-
mir Poutine et à Xi Jinping de réaffir-
mer leur entente, mais peu d’experts
s’attendent à des annonces majeures.
« La Russie est consciente que la
Chine ne souhaite pas signer d’ac-
cords à grand renfort de publicité »,
déclare à l’Agence France-Presse
Alexander Gabouev, le directeur du
Centre Carnegie Russie Eurasie, un
centre de réflexion.
« C’est la Chine qui a toutes les car-
tes en main », souligne-t-il.
« Amis »
Les ministres russe et chinois des Af-
faires étrangères s’étaient rencontrés
lundi à Pékin.
Sergueï Lavrov a remercié la Chine
d’avoir fait de Vladimir Poutine le
« principal invité » du forum.
En mars dernier, le président russe
avait reçu Xi Jinping à Moscou, où un
renforcement de la coopération écono-
mique et militaire avait été prôné pour
contrer ce qu’ils présentent comme
l’hégémonie américaine.
La relation personnelle entre les
deux hommes, qui se sont mutuelle-
ment qualifiés de « chers amis », est
au cœur de ce rapprochement.
« Le président Xi Jinping m’appelle
son “ami”, et je l’appelle aussi “mon
ami” », a ainsi affirmé avant sa visite
M. Poutine, dans un entretien avec la
télévision chinoise.
Pékin a été critiqué par les
Occidentaux sur le dossier
ukrainien. Car s’il appelle
au respect de l’intégrité
territoriale de tous
les pays — sous-entendu :
l’Ukraine comprise —,
il n’a jamais condamné
publiquement Moscou.
AVIS DE DÉCÈS
LOUISE
BAILLARGEON

1RWUHFKqUH/RXLVH
QpHOHMXLQ
QRXVDTXLWWpSDLVLEOHPHQW
OHRFWREUHjO·kJHGHDQV
Fille ainée de feu Paul-Émile Baillargeon et de feu Florence Boissy, elle laisse dans
le deuil son mari Yves Plouffe, ses enfants Charles (Rana) et Julie (Michael), ses
petits-enfants Jasmine, Zachary, Elliot et Leyla, sa sœur Michèle (Claude) et leur fille
Anik, sa « sœur de cœur » Nicole, sa belle-sœur Michelle, son beau-frère Robert, de
nombreux neveux et nièces, et de nombreux amis et amies qui lui étaient très
cher(ère)s – et plus particulièrement ses amies de toute une vie, sa « Gang des
sacoches », Françoise, Francine, Barbara, et feu Suzanne.
Louise aimait la vie, la famille et les amis, la voile, les voyages, la cuisine; plus d’un
ont pu se délecter de ses repas extraordinaires de cuisinière hors pair. Après avoir
œuvré et excellé dans le domaine des arts et de la culture, puis du cinéma et de la
télévision à titre de présidente directrice générale de l’APFTQ et de vice-présidente
principale du FCT, elle a pris une retraite bien méritée pour devenir une mamie
aimante, et surtout immensément adorée.
/DIDPLOOHYRXVDFFXHLOOHUDDX&HQWUHIXQpUDLUH&{WHGHV1HLJHV
FKGHOD&{WHGHV1HLJHVj0RQWUpDO 
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B6
ÉCONOMIE
L’horizon demeure nuageux
Inflation, politique monétaire, marchés boursiers : les prédictions de quatre experts
ne sont pas « apocalyptiques », mais elles ne sont pas optimistes non plus
Conséquence d’une inflation toujours forte et d’une politique monétaire qui n’a jus-
qu’à maintenant pas montré de signe de détente, l’horizon économique demeure
nuageux. Mais les taux d’intérêt pourraient peut-être bientôt commencer à baisser.
Mardi, quatre experts ont exposé leur point de vue sur la situation, lors d’une confé-
rence organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
Résumé en quelques points clés.
CLÉMENCE PAVIC
Je pense Un ralentissement est-il inévitable ?
que les taux Jimmy Jean, vice-président et écono-
miste en chef au Mouvement Desjar-
d’intérêt dins, continue d’entrevoir une réces-
vont sion. « Je ne pense pas que ça va
commencer être une récession lourde. Je ne pen-
à baisser au se pas que ça va être une apocalypse,
printemps mais l’envers de la médaille, c’est
que la reprise va être très lente »,
au Canada fait-il valoir.
et que ça va Même son de cloche du côté de Mar-
être un petit tin Lefebvre, stratège et chef des place-
peu plus ments à la Banque Nationale. Pour lui,
même s’il « n’y a pas un cycle qui est
tard aux
pareil », le dénominateur commun des
États-Unis. politiques de hausse de taux est qu’elles
On va ont « toujours mené à un ralentisse-
commencer ment, voire pire, à une récession ».
à avoir du « Les banques centrales espèrent tou-
jours savoir s’arrêter au bon moment,
répit de ce que l’inflation ralentira sans pour autant
côté-là. provoquer un ralentissement qui est sé-
vère. Mais si on regarde dans le rétrovi-
»
JIMMY JEAN
seur, sur une base historique, ce n’est
jamais arrivé », dit M. Lefebvre.
« Au rythme où vont les dépenses
par rapport au rythme d’accroissement
du revenu disponible, ce n’est pas sou-
tenable. Forcément, il va y avoir un ra-
lentissement de la consommation en
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2024. Et c’est un risque quand même
assez important parce que 70 % de
l’économie, c’est de la consomma-
tion », fait-il valoir.
Qu’attendre de la politique
monétaire de la Banque du
Canada ?
Selon Jimmy Jean, la Banque du Cana-
da devrait parvenir à son objectif de
ramener l’inflation à 2 % d’ici la fin de
l’année prochaine.
« Je pense que les taux d’intérêt
vont commencer à baisser au prin-
temps au Canada et que ça va être un
petit peu plus tard aux États-Unis. On
va commencer à avoir du répit de ce
côté-là », évalue M. Jean.
Martin Lefebvre est lui aussi d’avis
que la tendance penche vers une bais-
se des taux. « J’ai plus l’impression
que les taux vont baisser de 100 points
de base [plutôt qu’]augmenter d’un
autre 100 points de base dans les pro-
chains mois. »
Vincent Delisle, premier vice-président
et chef des Marchés liquides à la Caisse
de dépôt et placement du Québec, préci-
se toutefois que les banques centrales
pourraient garder les taux d’intérêt à des
niveaux élevés plus longtemps que lors
des cycles traditionnels — c’est le phéno-
mène « higher-for-longer » .
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023*
Que doivent surveiller
les investisseurs ?
« Avant [la remontée des taux d’inté-
rêt], on achetait sur le marché des ac-
tions coûte que coûte. Les rendements
obligataires étaient tellement bas que
ce n’était pas une alternative », indi-
que Martin Lefebvre.
Mais les obligations peuvent désor-
mais être considérées comme « une
belle alternative » présentant « moins
de risque », soutient l’expert de la
Banque Nationale. « Aujourd’hui, sans
prendre vraiment de risques, tu peux
avoir du 6 % qui va se développer en
7 %, 8 %, 9 %, voire 10 % avec le gain
en capital additionnel, si on pense que
les taux vont baisser », avance-t-il.
Le marché obligataire restera toute-
fois « turbulent » à court terme, selon
lui. « La minute que la statistique
[d’inflation] est un peu plus forte que
prévu, ce n’est pas long qu’il y a un
renversement. Mais je pense que si on
est dans l’optique d’un investissement
un peu plus long terme, ça peut être
porteur pour les investisseurs. »
Pour ce qui est du marché boursier,
M. Lefebvre a rappelé l’importante
correction qui a eu lieu en 2022 lors-
que les taux ont commencé à monter
en flèche. « Sur une base mathémati-
que d’évaluation de compagnie, il fal-
lait que les actifs baissent. Mais la mi-
nute que les marchés ont anticipé que
les taux allaient se stabiliser, […] on a
vu le rebond boursier qu’on a connu
en 2023. »
Mais l’expert s’attend à voir des
corrections sur le marché boursier en
2024 et plaide pour un « scénario de
prudence ».
III CONSOMMATION
Des Canadiens
« déterminés » à faire
des achats des Fêtes
Selon un sondage, la moitié d’entre eux sont
préoccupés par le coût de la vie, la hausse des
prix et l’inflation en lien avec les achats de Noël
FLORENCE MORIN-MARTEL
LE DEVOIR
Préoccupés par des questions financiè-
res, plusieurs Canadiens seront à l’af-
fût des ventes et des réductions pour
leurs achats du temps des Fêtes cette
année, selon un nouveau sondage Lé-
ger réalisé pour le compte du Conseil
canadien du commerce de détail.
Dans le cadre du coup de sonde me-
né en ligne auprès de 2500 personnes
de partout au pays au sujet des achats
des Fêtes, environ la moitié des répon-
dants (49 %) ont affirmé se soucier du
coût de la vie, de la hausse des prix et
de l’inflation. Cette dernière a affecté
les habitudes en matière de cadeaux
de près de 7 Canadiens sur 10 (69 %),
révèle le rapport.
Ainsi, 88 % des personnes sondées
ont dit qu’elles allaient adopter cette
année des tactiques pour limiter leurs
dépenses, contre 83 % l’an dernier.
Parmi les mesures employées, 52 %
des Canadiens ont indiqué qu’ils fe-
raient la chasse aux soldes, tandis que
41 % des répondants ont l’intention de
magasiner à l’avance. Quatre consom-
mateurs sur dix comptent se fixer un
budget à respecter pour cette période.
Pour leur magasinage des Fêtes,
63 % des personnes sondées disent
d’ailleurs qu’elles rechercheront da-
vantage de réductions et de ventes par
rapport aux années précédentes.
Des consommateurs
« déterminés à faire des achats »
Les consommateurs au pays prévoient
toutefois débourser en moyenne 898 $
pour les Fêtes, alors « que leurs dé-
penses étaient d’un peu moins de
782 $ » l’an dernier, peut-on lire dans
le rapport. Les Canadiens entendent
consacrer 80 % de leur budget à
l’achat de cadeaux à offrir.
Quels sont les contrecoups
de la lutte contre l’inflation
à l’international ?
Le resserrement de la politique monétai-
re s’observe aussi à l’étranger, souligne
l’économiste en chef d’Affaires mondia-
les Canada, Marie-France Paquet.
« Le dollar américain est encore
très, très fort. Ça signifie que le service
de la dette pour les pays en voie de
développement est beaucoup plus éle-
vé. Et c’est très préoccupant dans cer-
tains cas », explique l’experte.
Mme Paquet a notamment fait re-
marquer que le service de la dette a
augmenté d’environ 35 % au cours des
deux dernières années dans les pays
les plus pauvres. « Un pays qui fait dé-
faut, c’est une chose. Une dizaine de
pays qui font défaut, c’est autre chose.
Donc c’est sûr que c’est une grande
préoccupation », a-t-elle exprimé.
Jimmy Jean, du Mouvement Desjar-
dins, a par ailleurs souligné que les pays
émergents ne sont pas les seuls à avoir
vu leur service de la dette augmenter.
« On en parle de plus en plus dans des
pays avancés. Pour les États-Unis, ils
étaient à 8 % en ratio de service de la
dette en 2019, selon les estimations du
[Fonds monétaire international]. En 2028,
on devrait être rendu à 14 % », dit
M. Jean, qui parle d’une « énorme aug-
mentation en un si court laps de temps ».
Les gouvernements
dépensent-ils trop ?
« Quand on regarde les décisions qui
ont été prises, par exemple l’année der-
nière aux États-Unis, les investissements
manufacturiers sont au niveau le plus
élevé depuis 1980 », a fait remarquer
Vincent Delisle, de la Caisse de dépôt.
« On parle beaucoup de ce que les
banques centrales font et qui ne sem-
ble pas fonctionner — et n’oublions pas
qu’il y a toujours un effet de retard —,
mais pendant ce temps-là, les gouver-
nements dépensent en fou. »
Cela suscite « un peu de sentiment
d’invincibilité » chez les investisseurs,
alors que « cette résilience-là n’est pas
durable ad vitam æternam », selon
M. Delisle.
Ces résultats montrent que « les
consommateurs sont déterminés à
faire des achats et à célébrer pendant
les Fêtes » malgré leurs préoccupa-
tions financières, soutient Michel Ro-
chette, président du Conseil cana-
dien du commerce de détail pour la
section Québec.
Les Québécois comptent cependant
dépenser moins que la moyenne cana-
dienne, soit un montant de 663 $. « Ils
sont plus susceptibles d’acheter des
cadeaux pour eux-mêmes aux prochai-
nes Fêtes (25 % par rapport à la
moyenne nationale de 20 %). Ils sont
plus influencés par la durabilité des
produits ainsi que la rapidité d’expédi-
tion », indique le document d’une
centaine de pages.
Cette année, les consommateurs
planifient dépenser 62 % de leur bud-
get prévu pour les Fêtes en magasin et
38 % en ligne. Ils envisagent toutefois
d’effectuer 71 % des achats en lien
avec les voyages sur Internet.
Selon le sondage, 82 % des Cana-
diens estiment qu’il est important de fa-
voriser l’achat local pendant les Fêtes,
alors que cette proportion s’élevait à
74 % l’année dernière.
898 $
C’est la somme que les consommateurs
canadiens prévoient de débourser en
moyenne pour les Fêtes, contre 663 $
pour les Québécois.
LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023 *
Un écart d’inflation
grandissant entre
le Québec et le Canada
Le Québec affiche désormais un taux d’inflation
de 4,8 % sur 12 mois, contre 3,8 % au pays
ÉRIC DESROSIERS
LE DEVOIR
L’inflation est plus forte au Québec
qu’au Canada depuis le début de l’an-
née et, loin de diminuer, l’écart va
grandissant.
L’indice des prix à la consommation
(IPC) a augmenté de 3,8 % en un an le
mois dernier, a rapporté mardi Statisti-
que Canada. C’était un peu moins que
le mois précédent (4 %), mais beau-
coup moins encore qu’au Québec, où la
hausse en 12 mois du coût de la vie
s’est élevée à 4,8 %.
Ce n’est pas la première fois que l’in-
flation est plus forte au Québec que
dans l’ensemble du Canada, mais cela a
été plus souvent le cas depuis la pandé-
mie. Encore nul, sinon légèrement néga-
tif l’an dernier, l’écart a recommencé à
se creuser depuis la fin de l’année et a
continué à s’amplifier depuis, pas seule-
ment dans quelques secteurs de l’écono-
mie, mais de façon généralisée.
Pour Hélène Bégin, du Mouvement
Desjardins, cette tendance est de plus
en plus intrigante. « Plus le temps pas-
se et moins est clair ce qui explique
tout cela », a-t-elle déclaré en entre-
vue au Devoir mardi.
III SOCIÉTÉ
Le milieu communautaire
à court de moyens
Les besoins sont constamment en hausse ; le financement, lui, demeure inadéquat
ROXANE LÉOUZON
LE DEVOIR
Pour nourrir leur famille, des em-
ployés de banques alimentaires doi-
vent avoir recours aux services offerts
par leur propre employeur. C’est une
illustration de la difficulté du milieu
communautaire à garantir un salaire
et des conditions de travail décents à
ses employés. Une enquête obtenue
par Le Devoir et dont la publication
est prévue jeudi met en lumière les
conséquences de cette réalité pour le
recrutement de la main-d’œuvre dans
ce secteur.
« Je n’accepte pas de voir des em-
ployés mourir de faim alors que nous
sommes une banque alimentaire », af-
firme le directeur général de Moisson
Outaouais, Armand Kayolo.
L’organisation fournit des paniers de
denrées et des plats cuisinés à 70 or-
ganismes. Elle vit essentiellement de
dons et d’une petite part de subven-
tions. Avec l’augmentation du coût de
la vie, M. Kayolo voit la demande
grimper et sa clientèle changer, au
point où 11 % des bénéficiaires occu-
pent aujourd’hui un emploi.
Il sait que certains de ses propres
employés ont de la difficulté à bou-
cler leurs fins de mois. Ne pouvant
se permettre d’augmenter suffisam-
ment les salaires, qui commencent
parfois à 18 $ l’heure, M. Kayolo a
mis en place une politique depuis en-
viron trois ans. « Ceux qui ont des
difficultés demandent un de nos
plats cuisinés pour leur lunch », sou-
ligne le directeur général. Et lorsqu’il
y a des surplus de certaines denrées,
ses employés dans le besoin peuvent
demander d’en bénéficier.
Moisson Outaouais est également
frappée de plein fouet par la pénurie
de main-d’œuvre, et de nombreux em-
ployés partent pour obtenir de meilleu-
res conditions de travail. « Ça fait au
moins deux mois qu’on cherche une
personne à l’entrepôt et un deuxième
cuisinier », se désole M. Kayolo.
La situation de Moisson Outaouais
représente bien le portrait brossé par
le Comité sectoriel de main-d’œuvre
de l’économie sociale et de l’action

         
   

     
  
  

 d’achat », a-t-il expliqué mardi au De-
 ger, en dépit du ralentissement écono-
 relativement moins endettés que les
    

   !" #       $   
Il y a un mois et demi, l’économiste
avait produit une analyse du phéno-
mène. Elle y concluait qu’il pouvait
être attribué à un ensemble de fac-
teurs, dont une croissance des salaires
plus forte au Québec et son effet sur
les prix du secteur des services, où le
salaire représente le tiers des coûts.
communautaire dans son enquête Re-
pères 2022. On y apprend que ce milieu
fait face à un taux de postes vacants
de 21 % et à un taux de roulement de
31 %. La pénurie de main-d’œuvre le
touche davantage que la moyenne des
employeurs québécois, puisque le taux
de postes vacants dans la province
était de 5,8 % en 2022 et le taux de
ÉCONOMIE
Elle rappelait aussi que ce pouvoir
d’achat des Québécois avait également
profité d’un soutien financier du gou-
vernement en réponse à la hausse du
coût de la vie plus généreux qu’ailleurs
au Canada. Elle notait, de plus, que la
mise sur pied par Ottawa d’un nouveau
programme de services de garde avait
contribué à diminuer leurs coûts de
20 % partout au Canada, sauf au Qué-
bec où un tel système existait déjà.
« Mais tous ces facteurs se sont
principalement produits l’an dernier,
observe Hélène Bégin. Leurs effets sur
l’inflation auraient normalement dû
s’estomper graduellement cette année,
alors que l’écart entre le Québec et le
Canada va, au contraire, dans l’autre
direction, même si l’économie québé-
coise ralentit plus vite. »
La vigueur de l’économie
Son confrère de la Banque Nationale
Matthieu Arseneau ne s’attend pas à ce
que cette tendance se renverse de sitôt.
« Le taux de chômage au Québec se
maintient significativement plus bas
que dans le reste du Canada, ce qui
continue de leur donner un avantage du
côté des salaires et du pouvoir
voir. Cet écart favorable du côté du
taux de chômage ne devrait pas chan-
mique en cours, notamment en raison
de la plus forte augmentation de l’im-
migration dans le reste du Canada.
Il ajoute que les Québécois restent
   
 autres Canadiens, continuent d’affi-
cher un meilleur taux d’épargne et
profitent de l’une des économies les
plus diversifiées en Amérique du Nord.
« Cet écart entre les taux d’inflation
est le reflet d’une économie québécoi-
se généralement plus forte et l’on reste
généralement mieux armé pour faire
face aux prochains vents contraires. »
Fin des hausses de taux d’intérêt ?
Plus basses que les analystes l’avaient
prévu, les nouvelles mesures de l’infla-
Près de la
moitié des
organismes
communautaires
ont relaté une
augmentation
du nombre
de personnes
qui utilisent
leurs services
par rapport
à l’année
précédente.
RENAUD PHILIPPE
ARCHIVES LE DEVOIR
Je n’accepte
pas de voir
des
employés
mourir de
faim alors
que nous
sommes
roulement du personnel était de 9,1 % une banque
en 2021. Par ailleurs, 74 % des organi- alimentaire
»
sations ont affirmé avoir des difficultés
à pourvoir un ou plusieurs postes. ARMAND KAYOLO
Ce sont 926 organismes communau-
taires, 255 entreprises d’économie socia-
le et 391 regroupements de toutes les ré-
gions qui ont répondu à un questionnai-
re détaillé entre mars et octobre 2022.
B7
tion dévoilées par Statistique Canada
mardi indiquent un ralentissement
« généralisé » de la croissance men-
suelle des prix dans 7 des 8 principales
composantes observées.
Supérieure à la moyenne, la crois-
sance sur 12 mois des prix dans l’ali-
mentation est notamment passée de
6,8 % en août à 5,9 % le mois der-
nier, alors qu’on restait à un rythme
de 6 % dans le logement, que les
prix des dépenses courantes, des
meubles et des appareils électromé-
nagers ont légèrement reculé
(-1,1 %) et que le transport connais-
sait une modeste accélération de
2,3 % à 3,2 %.
Certains de ces changements étaient
le fruit des effets de glissement an-
nuel, c’est-à-dire l’exclusion du calcul
d’un mois de septembre 2022 où les
prix avaient connu, selon le cas, une
forte augmentation (alimentation) ou
une baisse (essence).
Les deux principaux indicateurs de
l’inflation fondamentale sur lesquels
s’appuie la Banque du Canada pour
mesurer ses progrès vers sa cible de
2 % — comprise dans une fourchette
allant de 1 % à 3 % — ont ainsi ralenti
de 4,1 % à 3,8 % (IPC-méd) et de
3,9 % à 3,7 % (IPC-tronq).
Pour de nombreux analystes, mar-
di, ces nouvelles données sur l’infla-
tion viennent s’ajouter à d’autres
mesures, entre autres sur la confian-
ce en déclin des entreprises et des
ménages, qui confirment que la
guerre de la banque centrale contre
l’inflation à coups de hausse des taux
d’intérêt est bel et bien en train de
plomber la vigueur économique. La
banque n’a désormais plus qu’à at-
tendre que ses hausses de 4,75 points
de pourcentage du loyer de l’argent
depuis mars 2022 poursuivent leur
œuvre pour que l’inflation continue
de diminuer.
On verra bien si la Banque du Cana-
da leur donnera raison lors de sa pro-
chaine annonce de taux d’intérêt, dans
une semaine.
Ils œuvrent dans des dizaines de do-
maines aussi variés que la santé, les ser-
vices sociaux, la petite enfance, l’inser-
tion professionnelle et la foresterie. Ils
sont tous gérés démocratiquement, pos-
sèdent une autonomie de gestion et vi-
sent des objectifs sociaux.
Les salaires et les conditions de tra-
vail sont montrés du doigt pour expli-
quer les difficultés de recrutement. Le
taux horaire moyen pour les tra-
vailleurs à temps plein dans ce secteur
est de 24,32 $, alors que le taux horaire
moyen au Québec était de 29 $ en
2022 pour les femmes et de 32 $ pour
les hommes. Pourtant, la vaste majori-
té des employés à temps plein de ces
organisations possèdent un diplôme
postsecondaire.
Plus d’obstacles,
moins de ressources
En parallèle, 45 % des organisations
ont relaté une augmentation du nom-
bre de personnes qui utilisent leurs
services par rapport à l’année précé-
dente, selon le même rapport.
« Si nous avions les ressources fi-
nancières pour attirer davantage d’ai-
des à domicile, on éliminerait les listes
d’attente », estime le directeur général
du Réseau de coopération des entre-
prises d’économie sociale en aide à
domicile, J. Benoit Caron.
La clientèle de son réseau est en ma-
jorité composée de femmes seules en
perte d’autonomie et à faible revenu.
Celles qui leur prodiguent des services
sont essentiellement des femmes, qui
travaillent parfois pour 20 $ l’heure.
M. Caron souhaite convaincre le minis-
tère de la Santé de leur accorder une
aide pour hausser les salaires sans aug-
menter leurs tarifs pour les usagers.
Du côté des organismes commu-
nautaires, on juge que le financement
du gouvernement du Québec est in-
adéquat. Selon Marie-Andrée Pain-
chaud-Mathieu, coordonnatrice du
Regroupement intersectoriel des orga-
nismes communautaires de Montréal,
de nombreux organismes font face à
un choix déchirant : augmenter les sa-
laires ou priver de services des gens
vulnérables.
Le Réseau québécois de l’action
communautaire autonome (RQ-ACA)
demande d’ailleurs au gouvernement
provincial de favoriser le financement
à la mission plutôt que celui de projets
ponctuels qui ne permettent pas d’aug-
menter la masse salariale de façon du-
rable. Le manque de personnel pèse
aussi sur les épaules des travailleurs.
« Notre santé mentale est en train de
flancher », témoigne Tristan Ouimet-
Savard, responsable de la mobilisation
au sein de l’organisation.
Une délégation du RQ-ACA se ren-
dra d’ailleurs à l’Assemblée nationale
mercredi afin de faire état de la réalité
du milieu.
 LEDEVOIR // LE MERCREDI 18 OCTOBRE 2023

B8
SOCIÉTÉ
Que se passe-t-il dans le
pour essayer de réguler ces deux ty-
pes de neurotransmetteurs », ajoute
Martin Pearson.
Il existe d’autres moyens que la mé-
dication pour essayer de composer avec
ce trouble, dont la thérapie cognitivo-

cerveau des adultes TDAH ? comportementale. « Ça aide les per-

sonnes à gérer, par exemple, leurs
émotions. Ça donne des trucs et des
stratégies pour mieux gérer son
temps, ses priorités, mieux moduler
Regard sur un trouble qui touche 4,4 % des adultes, à l’occasion son attention. Des techniques de mé-
ditation de pleine conscience ont aus-
du Mois de la sensibilisation au trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité si démontré leurs effets au niveau cli-
nique. Évidemment, tout ce qui est
hygiène de vie ne guérira pas un
TDAH, mais va clairement aider à ce
qu’une personne puisse avoir son ni-
JASMINE LEGENDRE veau de dopamine et noradrénaline »,
LE DEVOIR affirme le psychologue.
Sous ou surdiagnostic ?

A vez-vous l’impression
que plus d’adultes dans votre entoura-
ge se font diagnostiquer un trouble du
déficit d’attention avec ou sans hyper-
activité (TDAH) ? Cela pourrait s’ex-
Des chiffres de la Régie de l’assurance
maladie du Québec obtenus par Le
Devoir en 2015 notaient que le nombre
de prescriptions de psychostimulants
pour TDAH était 25 fois plus élevé
qu’en 1995. Pourtant, la Fédération des
médecins omnipraticiens explique que
selon l’étude menée sur la population
adulte en 2006, seulement 10 % « re-
pliquer par le diagnostic assez récent cevaient un traitement spécifique pour
du trouble cognitif chez l’adulte, qui ce problème », dont la médication ou
remonte aux années 1990. « On s’est la psychothérapie.
rendu compte des impacts positifs que Selon la psychiatre Annick Vincent,
ça peut avoir de donner accès aux cette dualité pourrait être expliquée
adultes à un traitement. On a réalisé par le fait que seuls les enfants étaient
que c’est exactement les mêmes mé- diagnostiqués auparavant. « Quand
dicaments que pour l’enfant et, donc, j’ai fait mon cours de médecine dans
dans un contexte comme ça, on a vu les années 1980, on m’a enseigné que
une émergence sur le plan statistique le TDAH était une problématique de
du nombre d’adultes traités pour le l’enfance qui disparaissait à l’adoles-
TDAH », note la médecin psychiatre cence. À cette époque-là, il n’y avait
Annick Vincent, qui accompagne de- aucun adulte qui recevait un traite-
puis plus de 25 ans des patients at- ment pour le TDAH. Notre compré-
teints du trouble cognitif. hension était axée sur l’hyperactivité,
Inattention au travail, impulsivité, l’impulsivité, un phénomène qui s’atté-
difficultés avec la gestion des enfants, nue avec la maturation neuronale. »
les symptômes du TDAH à l’âge adul- Quelques années plus tard, les spécia-
te sont nombreux. Le trouble cognitif listes ont compris qu’un TDAH non
touche 4,4 % de la population selon la traité pouvait avoir des répercussions
plus récente étude réalisée aux États- chroniques comme une gestion émoti-
Unis, qui remonte à 2006. Si le TDAH ve difficile, des difficultés financières
est fréquemment étudié chez l’enfant, et une sous-productivité au travail.
il passe plutôt sous le radar en ce qui La manière de diagnostiquer le
concerne les adultes. TDAH a donc évolué et les spécialistes
L’humoriste et animateur Philippe ont commencé à prescrire des psycho-
Laprise a reçu un diagnostic de TDAH stimulants pour les adultes. Annick
vers l’âge de 35 ans, au moment où sa Vincent admet toutefois que les spé-
fille consultait pour le même trouble. cialistes sont plus interventionnistes
« Je ne me doutais jamais que j’aurais qu’avant. « Je me fais souvent poser la
un jour un diagnostic », affirme-t-il question “Est-ce qu’on est dans un
d’emblée. Puisque la transmissibilité contexte de surdiagnostic ici au Qué-
héréditaire ou l’influence génétique du bec ?”, parce que justement, on a plus
TDAH est d’environ 75 %, certains pa- de prescriptions qu’ailleurs au Canada
rents découvrent parfois au moment ou même qu’ailleurs sur la planète. Et
où leur enfant reçoit son diagnostic je vous dirais peut-être que oui, peut-
qu’ils ont également un TDAH non être que non, parce qu’on a aussi un
diagnostiqué. « La démarche de diag- contexte de sous-diagnostic. »
nostic, c’est une démarche qu’on dit Elle croit toutefois que tous les trai-
“clinique”. On aimerait vraiment avoir tements, pharmacologiques ou non,
un marqueur biologique, un peu com- devraient être rendus disponibles.
me pour le diabète, que je puisse faire « On a la chance d’avoir accès à plus
une prise de sang pour affirmer “vous de traitements pharmacologiques qui
avez un TDAH”, mais l’indice biologi- sont remboursés par notre programme
que, ça n’existe pas en TDAH », fait d’assurance, et ça, c’est important de
savoir Annick Vincent. le noter. On a la chance aussi d’être
Les patients se font donc évaluer se- dans un environnement de soins de
lon 18 critères diagnostiques. « Au santé où on n’a pas à payer pour aller
Québec, il n’existe pas une manière voir le médecin. […] Ce qui manque au
universelle pour évaluer les gens. Il y Québec, c’est l’accès aux approches
en a qui vont vous faire passer des non pharmacologiques. Donc, de ce
tests psychométriques, il y en a qui côté-là, je pense que dans un monde
vont vous faire passer des entrevues idéal, on aurait une trajectoire de servi-
cliniques basées sur des questionnai- ces qui serait simplifiée », conclut-elle.
res », indique le psychologue Martin
Pearson, spécialiste en évaluation et en Quand j’étais plus jeune,
traitement du TDAH chez l’adulte. j’avais l’impression d’être
Bien qu’il eût plusieurs symptômes
liés à son TDAH, Philippe Laprise a un extraterrestre. […]
été surpris par son diagnostic. J’ai toujours senti que j’étais
« Quand on reçoit le diagnostic, il y a un rond puis que tous les
plusieurs étapes. Évidemment, la pre- autres étaient des carrés.
mière chose que tu dis, c’est “franche-
ment, ça n’a pas de rapport”. Puis, à PHILIPPE LAPRISE
un moment, tu te mets à comprendre
ce que tu as », exprime-t-il. En s’ana-
lysant, il a remarqué ses oublis fré-
quents, le brouillard présent dans sa
tête, ses excès de colère envers ses en-
fants et ses collègues de travail, mais
surtout, il a compris que ces symptô-
mes étaient présents depuis son enfan-
ce. « Quand j’étais plus jeune, j’avais
»
l’impression d’être un extraterrestre.
[…] J’ai toujours senti que j’étais un
rond puis que tous les autres étaient
des carrés. »
Des explications neurobiologiques
La différence dans le cerveau d’une
personne TDAH se trouve du côté de
deux neurotransmetteurs : la dopamine
et la noradrénaline. « La dopamine, ça
nous permet de nous centrer. […] C’est
comme un laser, ça permet aussi de se
motiver à la tâche quand la dopamine
est bien stimulée. La noradrénaline,
c’est un peu un filtre qui permet de
CÉDRIC GAGNON LE DEVOIR

mettre de côté ce qui est moins perti-

nent », explique la Dre Vincent.
Les deux sont nécessaires à la régu-
lation de l’attention et des fonctions
exécutives qui nous permettent de
contrôler nos pensées, nos actions et À VOIR SUR NOS PLATEFORMES NUMÉRIQUE,
nos émotions. « On a donc instauré UNE VIDÉO DE NOTRE SÉRIE DÉBROUILLAGE SUR
des prescriptions de psychostimulants LE MÊME SUJET.