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Voici un roman sur la jeunesse


et le pouvoir. La jeunesse est
un pouvoir mais, face à elle,
se dresse un autre pouvoir.
Séduction,
exercices de fascination
réciproques, rapports de forces,
c'est donc aussi un roman
d'amour.
Pour le jeune homme
romantique qu'est Athanase
il s'agit d'aller au plus vite
jusqu'au prince. Même si plus
tard il le quittera pour
la révolution.
Destin ou imposture,
tout cela se passe
dans une principauté imaginaire
entre Saint-Pétersbourg,
Salzbourg et Trieste, dans
une époque indéfinie entre
le Congrès de Vienne et
l'attentat de Sarajevo.
Bals, duels, châteaux de rêve,
passions follement sensuelles,
choc des idées baroques,
campagnes douces et saisons
fortes ne sont que le décor
d'une action qui parfois
se plaque étrangement sur
notre actualité.
La banque du Saint-Esprit est
curieusement proche de nos
multinationales, les compagnons
de la Cape de Fer ont des
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Athanase
oula
manière bleue
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GonzagueSaint Bris
Athanase
oula
manière bleue
roman

JULLIARD
8, rue Garancière
PARIS
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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE


VINGT EXEMPLAIRES SUR VELIN
PUR FIL LAFUMA DES PAPETERIES
NAVARRE DONT QUINZE EXEMPLAIRES
NUMÉROTÉS DE 1 A 15 ET CINQ
EXEMPLAIRES HORS COMMERCE
NUMÉROTÉS DE HC 1 A HC V,
LE TOUT CONSTITUANT L'ÉDITION
ORIGINALE

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de


l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées
à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et,
d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple
et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle,
faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause, est illicite » (alinéa premier de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et sui-
vants du Code pénal.
© Julliard, 1976.
ISBN 2-260-00043-6
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A Mahaut
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PREMIERE PARTIE

LA MANIERE BLEUE

« Je suis né du ciel et de la terre,


mais j'appartiens au ciel. »
MOZART.
« Qui de nous ?
Qui, va devenir un dieu ! »
MUSSET.
« Celui qui doit allumer la foudre
doit longtemps être un nuage. »
NIETZSCHE.
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LE DENTIFRICE CERISE

Athanase se brosse les dents avec du dentifrice


cerise, un nouveau produit dont la pâte a le goût et la
couleur exacts de la drupe. Il se penche vers le lavabo
puis se redresse en se regardant droit dans la glace.
Autour de ses lèvres, le dentifrice cerise forme une
lisière fiévreuse et incertaine. Athanase crache une
première fois, puis une seconde. Il se rince la bouche.
Il recommence à se frotter les dents avec sa brosse en
poils de sanglier de Sologne qu'il a fait venir tout spé-
cialement de France.
Autour du miroir au cadre en porcelaine de Meissen
de son cabinet de toilette, sont maintenus, par des
aiguilles assez longues et dorées, divers cartons —entre
autres, une invitation pour un bal où il doit se rendre
ce soir avec ses camarades, les cadets, au palais de
l'Amirauté ; un morceau de papier rose avec le numéro
du café Schubert, où il se promet bien d'aller dîner
plus souvent désormais, et une photographie de la
propriété de ses défunts parents, en Bosnie. Athanase
fut élevé là plutôt bien. Mais il avait déjà mal d'être
si seul. Sans guère d'attaches affectives, dans un
calme froid. Sur la tablette en laque noire que
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domine le miroir, sont disposés des parfums dans


leurs flacons de cristal, des boîtes en bronze, des
ciseaux droits et courbes, un bibelot en forme de
cygne, un blaireau et une dizaine d'autres brosses
pour les ongles et les cheveux.
De nouveau il se penche vers le blanc pur de la
cuvette. Il crache le dentifrice cerise dans un peu d'eau
et voit dans le miroir couler sur son menton un filet
rouge vif. C'est étrange comme le lasse ce seul exercice
d'élémentaire hygiène... Amoins que ce ne soit plutôt
le dentifrice cerise. Ses yeux, qu'il a très noirs, tendent
à concentrer sur la glace, qui l'aime et le connaît, la
situation présente d'une façon un peu plus nette. Il
avale d'un gobelet en opaline sa rasade d'eau fraîche.
Mais le dentifrice cerise suscite à sa gorge une curieuse
impulsion. Il ne cesse d'expectorer plus de pâte qu'il
n'en a utilisé. Le liquide, qui jaillit de son corps à la
même vitesse que symbolisent tous les jets rouges des
tapisseries anciennes représentant les batailles, n'a
plus vraiment le goût du fruit —mais bien celui d'une
cerise très amère, verte, comme maladive —peut-être
même maléfique.
Le corps d'Athanase est secoué de spasmes, la che-
mise qui couvre son torse et laisse largement ouvert
son col se trempe d'un liquide de plus en plus cra-
moisi. Lejeune homme a beau tenter de ne pas s'affoler,
il perd de plus en plus ses forces et sent bien que ses
mains aux ongles ronds et aux doigts fins ne suffisent
plus à assurer son équilibre et ne le tiennent plus
véritablement au lavabo. Alors, il s'appuie du ven-
tre contre lui, ce qui le stabilise encore pour quelques
instants dans une position verticale. Par hasard, il
remarque sur la photographie du château familial en
Bosnie un détail qui lui avait jusqu'ici échappé. Peut-
être une faute architecturale à droite du perron. A
moins que cela ne soit un animal familier de la maison
caché dans les rosiers, ou encore un galon supplémen-
taire sur la veste militaire de son oncle, ce qui paraî-
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trait plus probable, vu l'importance inexpliquée mais


toujours grandissante de ce petit personnage dans les
états-majors d'une armée engluée dans une paix peu-
reuse.
Athanase est seul dans la pièce. Personne ne le voit.
Sur son lit, son uniforme d'élève de l'Institut est soi-
gneusement préparé. N'allons pas en déduire cependant
que cet uniforme suppose un autre personnage parce
qu'il favorise une silhouette. Athanase ce soir est vrai-
ment seul. Il est tout à fait lui-même. Mais nous som-
mes présents pour constater que, chancelant, il est de
moins en moins vivant.
Sur la tablette laquée noire qui surmonte le lavabo,
le tube de dentifrice cerise repose, tout innocent et
torturé, dans la position d'une courtisane à demi assou-
vie. Cela ne veut trop rien dire. Apeine est-ce un indice.
Athanase est encore debout, mais telle une statue dont
on sape le socle, on le voit trembler sur ses bases —et
voici qu'il s'effondre à présent, très lentement, comme
par saccades. C'est du ralenti. Ses yeux se ferment,
comme pour dire « oui » à une volupté inconnue et
cependant chargée de cruauté ; le côté gauche de son
visage semble sourire tandis qu'un rictus mesquin
afflige sa lèvre supérieure ; ses cheveux habituellement
partagés en deux par une raie médiane et rejetés en
arrière en un flot de boucles d'ébène se sont collés à
son front nimbé par la pureté exquise d'une enfance
opposée à la marcescence. Ses reins euxmêmes accu-
sent un assoupissement très incompréhensible qui fait
crisser le cuir des bottes amenées à un mouvement
inhabituel : celui de la chute rétrograde.
Dans la réflexion du miroir, n'était la chevelure
qui est la jube des chevaux de nuit dans les contes
anciens de cavalerie, la forme distinguée est rouge, et
humide. La bouche répand sur le corps un suaire pour-
pre et effrayant. Un tintement intermittent est produit
par la boucle du ceinturon contre le marbre du lavabo.
Deux matières qui ne s'apprécient guère dans leur
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dureté respective, la splendeur du marbre et la rusti-


cité élémentaire du fer.
Ce sera le dernier bruit qu'on percevra avant la
chute disloquée d'Athanase.

Maintenant on le voit à terre, la main posée sur


une serviette qu'il avait jetée en riant tout à l'heure
sur le paon blanc en porcelaine de Saxe (mais qui
avait raté son but et était là, sur le tapis bleu de roi),
le pied droit pris dans une bouche de chaleur, élé-
gante et vétuste, peinte en vert et ornée de bronze, la
figure grande ouverte à une vision inconnue, à sept
pas de la baignoire encore fumante où il avait précé-
demment fait couler un bain chaud parfumé d'aro-
mates.
La salle de bains de la chambre d'Athanase est
presque absolument silencieuse. Apeine perçoit-on la
musique parvenue des fenêtres ouvertes d'une autre
aile de l'hôtel Allemand. Sans doute d'ailleurs du Ber-
lioz, le seul compositeur étranger que les habitants
de la ville de D*** aient follement aimé et que leurs
critiques aient unanimement célébré avec transport.
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II

LE BAL DES CADETS

Lebal des Cadets avait commencé depuis longtemps


lorsque Athanase gravit rapidement les degrés de
l'Amirauté. Déjà s'avançait dans la cour du palais le
cortège des voitures du retour, et l'on voyait à l'atti-
tude légèrement détendue des hommes de la Garde-
Grise rangés sur le grand escalier qu'ils ne pensaient
plus être amenés à présenter les armes, sans doute
parce que le prince et les personnalités les plus émi-
nentes de son entourage étaient plus tôt partis. Cette
impression se confirmait tout du long de l'imposant
couloir illuminé de lustres somptueux qui conduisait
jusqu'aux galeries où avait lieu le bal. Des invités échan-
geaient une dernière conversation, se saluaient, se
fixaient rendez-vous pour le lendemain à la promenade,
dans le parc du Régent. D'autres personnes remettaient
en ordre leur toilette avant que d'entreprendre le
voyage du retour, et certaines très jeunes filles faisaient
à haute voix des réflexions sur la soirée. Elles étaient
rouges d'excitation, mais aussi de confusion, car par-
fois des convives plus graves qui les croisaient saisis-
saient soudainement les paroles drolatiques qu'elles
venaient de prononcer.
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Athanase était saisi par la beauté et la dimension


des tableaux qui ornaient le palais. Des toiles immen-
ses célébraient la marine, la guerre sur les mers, la
victoire navale. L'écume, les vagues, la violence des
combats montaient aux visages des héros de ces tragé-
dies brutales ; la fumée des canons, les corps flottants
butant les estacades, les uniformes déchirés par la
mitraille, les bras nus frappant du sabre et les foulards
de soie couvrant ou comprimant de graves blessures
donnaient à ces figures plus belles que nature un côté
romantique assez inhabituel dans une évocation pure-
ment militaire. Toute l'histoire navale de la princi-
pauté était ainsi représentée par la peinture, et l'on
sentait de la part de l'artiste qui exaltait cette geste
glorieuse un enthousiasme, et même un délire, qui
pourtant n'altéraient en rien l'exactitude des faits et la
véracité des détails.
C'est ainsi qu'Athanase put remarquer un vaisseau
que sa taille et sa construction distinguaient très nette-
ment de tous les autres. Il semblait pouvoir rivaliser
avec les frégates tant pour courir grand-erre que pour
l'aisance d'évolution. Plus imposant que tous les autres,
c'était lui le véritable maître de la mer ; défiant les
brisants, il ajoutait à son aspect orgueilleux un air ter-
riblement efficace. Son château arrière était remplacé
par une petite dunette, les sculptures que l'on voyait
sur tous les autres avaient ici disparu, les mâts étaient
plus hauts, plus fins et plus solides, aptes à mieux
supporter les tempêtes, et la voilure était répartie en
un très ingénieux gréement, facilitant les manœuvres
les plus rapides, les volte-face les plus redoutables
pour ses adversaires. Tout de suite, Athanase avait
reconnu dans le fardage de cette splendeur un chef-
d'œuvre de Sané, ce génial inventeur et ingénieur naval
français qui avait conçu et réalisé le meilleur navire
du monde et que tous les pays, y compris l'Angleterre,
copiaient chaque fois qu'ils en avaient l'occasion, lors
des prises de guerre, par exemple. Les corvettes, les
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goélettes, les bricks, les frégates défilaient devant ses


yeux avec la bouche noire des canons crachant leur
colère à Neptune. Plus loin, et reproduits en plus petit,
une felouque, une tartane et un bateau de commerce
donnaient à la mer, par contraste, un côté infiniment
plus pacifique et paresseux, avec un horizon d'huile et
un soleil trop jaune.
Tout autour de la porte et garnissant le mur entier,
une grandiose fresque traitée à la façon des Canaletti
évoquait la réception que le doge de Venise en liesse
fit jadis au jeune prince vainqueur à bord du Bucen-
taure pavoisé à foison. Athanase rêva un instant avant
d'entrer dans le tableau.
C'est à grands pas qu'il se dirigea vers la galerie où
l'on dansait. Le bal des Cadets, de par tradition, était
toujours fort ennuyeux, mais l'on s'y rendait volon-
tiers car cette saison manquait de fêtes. Athanase fit
une entrée peu remarquée. Il était étrangement pâle.
Au moment où la musique pimpante d'une mazurka
lui bondit dans la tête, il se sentit affreusement faible.
On eût pu croire qu'il avait donné ou perdu beaucoup
de son sang. C'est avec une espèce de rage tranquille
et désespérée qu'il se ressaisit. Se mordant les lèvres,
il s'avança.
D'abord, après s'être présenté à quelques person-
nes groupées près de la porte, il resta longtemps immo-
bile, rassemblant ses forces et scrutant la foule dan-
sante. Il était arrivé dans la ville de D***depuis peu et
ne connaissait guère de monde. De plus, il avait dû
garder longtemps la chambre. S'il ignorait encore la
puissance retenue que cela pourrait lui procurer, il
en discernait pourtant déjà le charme amer et dur.
Celui qu'on éprouve lorsqu'on sait que les contours
de son propre corps sont parfaitement libres, que ses
mouvements ne sont remarqués qu'à demi par autrui,
dans une sorte de brouillard, et qu'on a l'esprit d'un
juge solitaire dominant une cour d'autres juges et une
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assemblée de témoins, tous impliqués dans l'affaire


même que le tribunal examine.
Au moment où son esprit s'évadait, suivant le cours
de ces pensées assez vagues au demeurant, il s'avisa
soudain que quelqu'un s'approchait de lui. C'était un
officier d'un certain âge. Athanase n'eut le temps d'en-
registrer qu'un nombre relativement réduit d'impres-
sions instantanées sur le personnage — qu'il était
légèrement chauve, que ses yeux étaient enfoncés et ses
arcades sourcilières extrêmement marquées — lors-
qu'il fut surpris par la voix, en désaccord total avec le
physique qu'il venait à peine d'entrevoir. « Je suis un
ami de votre père », avait dit l'inconnu. Un peu comme
s'il s'agissait d'un aveu, d'une confession, ou même
d'un mot de passe ou d'un passeport. Athanase, trou-
vant ce ton bizarre, répondit le plus naturellement
possible : « Savez-vous qu'il sera prochainement dans
cette ville ? », et en même temps il penchait quelque
peu la tête car il avait subitement remarqué une jeune
fille d'une grave beauté. Elle dansait avec une mine à la
fois heureuse et compassée, où il était difficile de dis-
cerner le bon usage du plaisir véritable. Elle était très
brune, et ses cheveux tirés en arrière lui donnaient un
air de décision que tout son visage démentait, une
douceur de traits qui n'excluait pas la netteté de ses
expressions. Ces expressions changeaient-elles ou
était-ce leur immobilité qui dans le mouvement de la
danse paraissait si vivante ? « Vous êtes là depuis
longtemps ? — Non, monsieur », répondit peut-être
un peu trop vite Athanase, et tout à coup il crut avoir
commis une faute, car l'étranger le considérait fixe-
ment.
Que signifiait donc cet œil scrutateur ?
Athanase, comme toujours dans ces circonstances
qui ressemblaient à des amorces de conflit, prit le parti
d'une familiarité respectueuse et, saisissant l'officier
par le bras, il lui proposa d'un air engageant : «Allons
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donc nous asseoir. » L'autre ne se fit pas autrement


prier.
—Je ne me suis pas même présenté, mon nom est
Béckendorff.

Le bal des Cadets de l'Amirauté s'ouvrait tradi-


tionnellement sur une « Polonaise ». Ce qui lui impri-
mait d'emblée un tour à la fois familial et cérémonieux,
où il était en même temps difficile et aisé de reconnaî-
tre une apparence relâchée d'une autre, un peu moins
libre et plus guindée, qui affectait cependant la plus
naturelle gaieté. Ainsi se promenait-on d'un pas solen-
nel et réglé par la musique. Des centaines de couples
se suivaient, parcourant tout le palais, car le cortège
passait de pièce en pièce et serpentait alors à travers
des galeries et des salons. L'atmosphère ainsi créée
était pleine de rires prêts à fuser, de complicités du
regard et de rendez-vous sans suite qui donnaient le
signal d'une gaieté plus vive encore. La fête de l'œil
aussi avait commencé ; chaque prunelle recevait son
cadeau de couleur. Le velours quetsche, les satins éme-
raude, les volants corail, les fougères d'argent, les cape-
lines cyclamen garnies de renard bleu corbeau, les
taffetas sapin, les broderies de jais, les zibelines
blondes, les points de Hongrie, les fleurs en soie feu,
les plumetis bleu nuit, les galons bordeaux, les mar-
mottes de Sibérie, les camaïeux rouges, les rayés fan-
taisie, les bustiers brodés canard et or et les robes de
moire absinthe tournoyaient au rythme d'un rêve,
orgueil des bals et chimères masquées. Les pastels,
les roses jaspés, les jaunes et les blancs confondus,
les verts amande, les ocres, les briques, le champagne,
le violet, le tilleul, le rubis et l'azur composaient une
partition voluptueuse pour tous ces regards, notes de
symphonie. C'était le début des quadrilles où se croi-
sent les femmes et leurs cavaliers, et où les couleurs
des robes les plus brillantes reviennent, tels des
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refrains ou la mantelle, gage de gloire, d'un chevalier


en lice, chevauchant l'auferrant, ornant avec le morne
le haut de sa lance de joute à chacune de ses proues-
ses. Ainsi ce soir voyait-on toujours ce refrain effréné
de succès : bleu et argent, cerise et argent. Celle qui
portait ce drapeau de vie avait une chevelure blonde,
des épaules de guerrière et un allant qui dessinait
au bord de ses sourcils les lisières argentées d'une
démence tout orientée encore vers le plaisir. Tout le
monde —hormis Athanase —savait de qui il s'agis-
sait. Mais tout le monde ignorait tout de ses lende-
mains. Barbara de Brandebourg déciderait d'elle-
même dans la volupté, dans la folie.
Après que le prince eut dansé une fois avec elle
—mais, au vrai, on les distinguait mal de cet endroit
de la grande salle —il partit brusquement avec quel-
ques officiers de sa suite. Et, depuis, la fête était
tombée de plusieurs crans pour ne les regagner qu'à
la lenteur mélancolique des valses viennoises.
Athanase n'était lors arrivé qu'au moment éclatant
et rythmé des mazurkas. Il restait toutefois la jeunesse,
l'ardeur, l'exaltation, la gaieté dispersée, la générosité
égoïste, l'amour retourné vers soi comme un compli-
ment de l'autre, et toutes ces choses disparates, char-
mantes, qu'on nomme insouciance lorsqu'on ne la
retrouve plus soi-même ni dans son mouchoir, ni dans
ses cheveux, ni même ramassée dans l'épée levée qui,
au-dessus du galop de son cheval, sait capter les rayons
du soleil pour soi tout seul et pour son propre orgueil.
Béckendorff pensait-il cela, ou le contraire — ou
rien ? Les uniformes des officiers tournaient comme
pour inspirer la palette d'un peintre fou : la marine,
bleu de nuit aux galons d'or ; les olive et brun de l'Ins-
titut de géographie ; la Garde-Grise, aux passements
d'un rouge violent et aux chaînes d'argent ; les offi-
ciers altiers de la forêt, verts et nobles comme un
serment au bord d'une tombe dans le soir, prêtaient
par leurs costumes à vivre une autre histoire que celle
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qu'ils dansaient. Prestige inouï de l'uniforme, unique-


ment parce qu'il raconte et sublime l'inconnu. Car on
ne décide pas de ses teintes, c'est le ciel de la garnison,
le désert ou le bord de mer qui les posent eux-mêmes
sur les épaules de ses élus. Ailleurs se trouve la couleur
de ceux qui reviennent, qui reviennent tout exprès
pour raconter comment ils sont des autres et comment
ils sont là.
Face à ces jeunes gens chamarrés, celui qui n'ar-
borait pas d'uniforme avait toujours quelque désavan-
tage à surmonter. Certains y parvenaient fort remar-
quablement —et notamment les romantiques qui por-
taient des plaids écossais sur l'épaule, à l'ancienne
mode, comme en témoigne à ravir le portrait
d'Alexandre Pouchkine par Kiprenski. Le face-à-main
demeurait toutefois le signe distinctif du dandy, et
ceux dont la vue ne causait pas de souci pouvaient
le tenir attaché à une petite chaîne d'or. Le goût pro-
noncé des badines n'était point passé ni celui, non
moins immodéré, des cannes à pommeaux ronds répon-
dant au nom de « balzac ».
La princesse Klementyna Dolgorof (toujours si
précieusement babichonnée qu'on l'eût crue née coif-
fée à l'oiseau royal), au demeurant l'une des fem-
mes les plus spirituelles de Saint-Pétersbourg, soute-
nait volontiers que, pour les hommes, le comble du
fashionable était de porter le soir un habit de drap de
couleur ou en satin noir avec un gilet de satin dont
on était libre de choisir la teinte et un pantalon collant
blanc ou noir. Ce qui vous classait comme un peu
province, c'était le velours dans l'habit ou le gilet.
Déjà bien démodé. La fausse note. La chemise blan-
che, en batiste ou toile de Hollande, comportait
jabot et, parfois, des plis aussi sur son devant. Les
bas se devaient en soie claire, les escarpins très décou-
pés, noirs, à bouts carrés et talons blancs, les gants
gris perle. Unchapeau claque et une cape sombre ache-
vaient de parfaire l'ensemble. Plus tard ce fut un
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engouement pour le monocle —le goût des gens posés


allant au pince-nez. Mais ce soir on bannissait la gra-
vité, tout le monde était gai et la fatigue ne se tradui-
sait dans la fête qu'en une sorte d'ivresse gelée, un
glaçon flottant dans l'alcool.
L'entrain commençait à faiblir. Dans les jeux
d'éventail plus de lassitude, dans le passage d'une robe
blanche brodée d'argent moins d'aérienne légèreté,
dans les cliquetis d'éperons moins de fureur et de
rage : et voici que les fleurs se défaisaient dans les
cheveux. Les nuages de tulle avaient fait place à la
brillance des parquets, les galeries se vidaient sans
que personne ne se déterminât à partir. On donnait à
boire à l'orchestre, chacun se reposant un peu avant
de reprendre la danse...
C'est alors qu'une surprise élargit un autre hori-
zon. Aufond de la galerie on venait d'ouvrir une double
porte de bois richement travaillée. Jamais, au bal de
l'Amirauté, on n'avait osé pareille fantaisie. La salle
que l'on découvrait avait été entièrement aménagée
en un jardin où quinze cents caisses et pots de fleurs
les plus rares formaient un bouquet odorant. Elle était
ornée de lampions de papier ayant la forme de tulipes,
de lyres, de vases, tandis qu'au plus épais des taillis de
plantes exotiques se trouvait un bassin d'eau fraîche
et limpide, d'où jaillissait, comme en plein été, sous
une lumière douce, une gerbe perpétuelle.
L'admiration avait succédé à la lassitude ; cette
découverte d'une splendeur aussi inattendue fit chacun
se répandre en murmures et en chuchotements. Dans ce
décor presque africain, une vraie forêt vierge était
reconstituée : des oiseaux de paradis, des perroquets,
des lianes et des guirlandes d'orchidées cachaient les
fresques rococo. Par les fenêtres de ce salon on aper-
cevait encore un jardin illuminé ; les regards y tom-
baient comme dans un piège merveilleux. La neige des
pelouses avait été balayée et, au milieu de bananiers
et de palmiers, sous les feux d'un lustre orangé, évo-
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luaient (au grand péril d'attraper une pneumonie) des


danseurs de l'Opéra travestis en bons sauvages. Le
soleil semblait glisser sur le givre de cette saison. On
voyait, dans un constraste saisissant, les plus grands
chefs de la marine et les danseurs du Nord se promener
comme par enchantement, en plein hiver, confondus
sous le soleil éclatant des tropiques.
Ainsi s'était organisé au milieu de la nuit un châ-
teau plein de glaces et baigné d'astres chauds, un vrai
palais d'été au sein d'une fausse froidure. Les danseurs
du Nord étaient fiers et la fête remplie de jeux. Dans
tous les cœurs le désordre de l'excitation était rede-
venu celui de la passion, tandis que, reclus dans les
placards, grelottaient des fantômes. Ils étaient à la fois
au bûcher et vêtus d'icebergs.
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III

LA PLACE DE LA CONCILIATION

A la nuit, Athanase regagna l'hôtel Allemand. Il


marcha avec assurance. Il avait un grand besoin d'air,
un grand désir de nuit, une inquiétude à diluer dans
le décor. Il passa devant le café Schubert. Toujours la
tentation d'y entrer. Toujours le goût de ces lumières,
de cette salle étrange et chaleureuse où l'on trouvait
finalement beaucoup plus d'amis que d'ennemis, et à
cette heure propice où le vin blanc et le poisson frais
font de tout le monde une armée sans armes et de
chacun un complice sans âme.
Mais cette fois il n'entra pas. Plus au loin de la
rue Royale, il découvrait la place de la Conciliation.
Le ministère de la Marine à droite, le fleuve en face,
l'ancien palais des Princes transformé en jardins, à
gauche, laissaient la vie à un espace magnifique et
discipliné, tout débordant de signes. Un jour, un écri-
vain italien, politique de surcroît, était venu à émettre
de la place de la Conciliation qu'elle « n'était pas une
place mais une idée ». Athanase avait été frappé
par la justesse du propos. Ce bref discours, qui ne vou-
lait rien dire d'autre que ce qu'il signifiait et qui l'expri-
mait si vite, avec tant de désinvolture, l'avait surpris
tant par sa force que par sa densité.
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Il virevolta sur sa gauche et regarda la place. Au


centre, les jets d'eau crachaient des écailles liquides
dans la nuit. Les bruits divers venus du fleuve étaient
assourdis. La place seule, dans son ordonnance splen-
dide, respirait, en dehors de la présence de l'eau, la
paix, la réflexion tranquille, la certitude d'avoir eu rai-
son et d'attendre paisiblement de vastes rassemble-
ments à venir, plus ou moins solennels.
Athanase n'avait jamais entendu parler de mani-
festations qui auraient pu avoir lieu place de la Conci-
liation. Cela se passait toujours vers les docks du
fleuve, sur les boulevards et dans les jardins en contre-
bas. Jamais la place n'avait été touchée par un mou-
vement de colère ou une foule hargneuse. Mais l'épo-
que des grandes revues la voyait noire de monde.
C'était toujours dans l'ordre. L'ordre du sacré. Atha-
nase imagina la puissance de celui qui, en dehors de ce
qui est écrit dans les règlements militaires et codifié
dans les calendriers civils, debout sur la statue cen-
trale, les jets d'eau s'en venant expirer à ses pieds,
invoquerait plusieurs personnes, un public et rapide-
ment une foule. Il naîtrait, de la contemplation de cette
place de la Conciliation, une sécurité et un prestige
immédiat pour celui qui parviendrait à la dominer,
c'est-à-dire la comprendre et la traduire aux autres
comme l'unique et vrai discours politique sérieux ;
une diatribe sensible, un cri d'enfant ou un mugis-
sement d'amour longuement et voluptueusement
poursuivi jusque dans les plus graves esprits. Athanase
releva son col. Il n'aimait pas l'uniforme trop brun des
élèves de l'Institut de géographie mais, d'un autre côté.
il aurait trouvé stupide de se laisser fasciner par celui
de la Garde-Grise dont le prestige ne le subjuguait
pas outre mesure.
Les bottes plantées au milieu des pavés, la taille
droite, les reins cambrés, le dos à la rue Royale, la
pointe des pieds à la lisière de son rêve, se sculptant
sans le vouloir le nez, le menton et les arcades sour-
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cilières d'une statue, Athanase considérait la place :


son avenir peut-être.
La sentinelle du ministère de la Marine paraissait
bien seule, très loin au bout du trottoir sur sa droite.
Il y avait une grande différence entre la garde qu'on
voyait au palais de l'Amirauté et celle du ministère.
Toute la différence qu'il y a entre ce qui meurt et ce
qui bouge, ce qui attend et ce qui décide, ce qui repré-
sente et ce qui figure, ce qui se tait et ce qui agit,
l'oiseau engourdi par le froid ou l'aigle éperdu dans
l'estival éther.
Athanase ne percevait aucun bruit et c'est au
moment même où il devenait sensible au calme de
ce lieu qu'un bourdonnement lointain se fit entendre.
Un point blanc apparut juste en face du pont des
Maréchaux. Il se révélait comme un salut, une traîtrise,
un ordre. Il était difficile d'imaginer ce qui pouvait à
cette heure de la nuit troubler la place de la Concilia-
tion et il était encore plus ardu de reconnaître de quoi
il s'agissait et d'analyser ses propres impressions face
à cette vision.
La voiture était belle, presque silencieuse malgré
le ronronnement atténué de son moteur. Avancée
majestueuse, rapide et de moins en moins inquiétante
puisque rien n'est aussi effrayant la nuit que la pau-
vreté évidente de celui qui vous accoste, et que rien
n'est plus rassurant que le confort qui se présente.
Athanase en perdit sa notion limpide de la place
de la Conciliation. Que signifiait cette berline qui,
apparemment distraite, tournait plusieurs fois autour
de la statue, tantôt vite, tantôt de plus en plus dou-
cement, rythmant l'étonnement d'Athanase au gré de
ses accélérations ? Ou le chauffeur était ivre, ou des
ordres contradictoires étaient sans doute lancés entre
deux éclats de rire. Des femmes, peut-être. Il y a tou-
jours dans le rire et les ordres des femmes un merveil-
leux inattendu et illogique qui fit immédiatement
sourire Athanase dans la pénombre. Commeil se déten-
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dait en pensant à elles ! Comme il les aimait et leurs


jeux aussi ! Hypnotisé, il regardait plus intensément la
voiture. Elle tanguait avec la majesté que procure une
suspension parfaite. Ses chromes, sa capote également
blanche et basse, son capot tigré de pointes d'argent,
ses phares d'une incroyable puissance et son moteur si
doux signifiaient l'insouciance dans le bonheur.
Athanase commençait à se mordre les doigts d'avoir
quitté la fête ; cette voiture venait peut-être du bal et,
s'il y était resté plus longtemps, il se serait sans doute
retrouvé sur la banquette arrière ou sur un strapontin
tant sa jeunesse, sa gaieté communicative le désignaient
comme le compagnon idéal pour tourner dans la folie
la page finale d'une telle nuit.
Enfin, la voiture s'était arrêtée. Quelqu'un en des-
cendit, dans une longue cape immaculée. Les bottes
noires du personnage brillaient comme le complément
d'une tenue d'apparat. Elles étaient même si brillantes
qu'on aurait pu se croire au plein soleil, à un rayon
d'or dans l'obscurité. L'homme en blanc marchait
tranquillement vers la statue centrale. Avant qu'il ne
l'atteignît, il s'arrêta et tendit ses mains sous l'une
des bouches qui crachaient l'eau, la recueillit et but.
Quiconque eût présumé qu'incliné de la sorte il pleu-
rait. Désespoir fou d'amour ou abattement d'un chef
essuyant une défaite. Mais il releva la tête et la tourna
de droite à gauche. Il paraissait de taille élevée malgré
le voisinage si proche de l'imposante statue. Il regagna
l'automobile et y remonta, ouvrant lui-même la por-
tière. Sans doute avait-il donné un ordre puisqu'elle
se dirigeait, toujours avec lenteur, dans une seule
direction, celle justement d'Athanase...
Parvenue à vingt mètres de lui, il crut qu'elle allait
s'arrêter. Mais ce n'était qu'un ralentissement et il se
passa quelque chose de singulier : elle se mit à glisser
à sa rencontre, tous phares désormais éteints, avec
une lenteur stupéfiante. Au moment même où elle
n'était plus qu'à cinq mètres, elle accéléra brusque-
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ment et glissa devant lui à quelques dizaines de centi-


mètres. Le temps d'un éclair, mais avec précision,
Athanase distingua nettement le visage qui l'observait
bizarrement, de derrière une vitre, avec une grande
acuité. Il était à peine remis de son émotion que la
limousine filait déjà par la rue Royale. Athanase se
rendit seulement compte alors que, ce visage, il lui
semblait bien que ce fût celui du prince.
Il se remit aussitôt en marche. Il lui apparaissait
urgent d'avancer dans une direction, quelle qu'elle
fût, pour comprendre. Foulant le gravier des avenues,
à l'ombre fraîche des grands arbres, dans la quiétude
de la nuit, le bruit de ses pas affirmait sa présence
devant le mystère. Il avait l'impression de se raconter
sa propre histoire alors que, d'évidence, il était né pour
qu'on la lui apprît de l'extérieur. Il cessa bientôt d'être
troublé par cette rencontre, considérant qu'elle n'était
que le début de quelque chose qui devait naturellement
lui arriver, tout comme il avait estimé que cette musi-
que légère entendue d'une autre fenêtre d'un palace
n'était que le discret prélude de la symphonie monu-
mentale que l'on se préparait à lui dédier.
L'orgueil n'animait aucunement Athanase, mais
l'innocence. L'innocence est sans armure, fragile. L'or-
gueil est bardé.
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IV

L'HOTEL ALLEMAND

Ses pas l'avaient conduit à l'hôtel Allemand. Il y


entra. Le portier lui donna sa clé. Il entrevit soudaine-
ment son visage dans une glace. Le reflet de lui-même
le troublait. On aurait pu croire qu'il échappait d'un
incendie ou d'un crime. Le sang était monté à son
visage comme le feu le long des murs de pierre, sans
rien brûler encore. Aussi paraissait-il comme habité
par un brasier. Les mèches de ses cheveux avaient été
disposées par le vent comme les chevaux au départ
d'une course : pleines de hennissements et d'impa-
tience.
Athanase sut que ce soir-là il n'était pas heureux,
qu'il n'était pas meurtri, mais que, dans son corps, un
autre chevalier que lui venait de naître. Il comprit dans
l'instant qu'il s'agissait d'un maître auquel il lui fau-
drait devoir obéissance. Il décida toutefois de ne pas
trop lui donner encore d'air et de vie sur l'heure. Son
apparition vague suffisait à l'effrayer. Il sentait bien
qu'en devenant uniment cela il serait capable de
tout. Sans en être profondément effaré, il préférait
cependant ne pas opter tout de suite. Il croyait à
l'harmonie de ce qui naturellement s'allie : le couteau
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échos sinistres dans nos


mémoires, la province des
Fleuves est la sœur de cette
colonie dont on exploitait les
richesses et qui pourtant nous
faisait peur. Et la Garde-Grise?
Et cet Institut de géographie
qui domine si bien les
administrations ?
Quand Athanase prendra
la parole sur les marches de
l'Opéra devant la foule
des jeunes utopistes
révolutionnaires, on pourra
croire, théâtre des voix dans
la répétition de l'Histoire,
qu'il s'agit d'une déclaration
ardente à l'Odéon en Mai 68.
Roman parabolique, roman
d'analyse aussi, où le rêve et
l'action sont à leur façon
exemplaires, Athanase est
un livre de jeunesse pour
une nouvelle génération.
Aceux qui aiment l'Histoire
toujours présente comme à ceux
quiveulentcomprendreles temps
prochains, il répond par un
nuage de mystère dans un ciel
d'explications.
Car comme le fait justement
remarquer Gonzague Saint Bris,
«le bleu est la couleur d'où est
issue toute profondeur ».
L'auteur. Gonzague
Saint Bris, vingt-sept ans,
est né en Touraine. Chroniqueur
au Figaro et à Elle, il anime
tous les soirs sur Europe I
une émission de fraternité
intitulée «la Ligne ouverte ».
Ecrivain et journaliste, il est
l'auteur d'un essai sur
le snobisme.
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