Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
75
Table des matières
1. Introduction et rappels préliminaires .................................................................................... 77
2. Calcul élastoplastique d’une poutre sous charge concentrée ............................................... 79
2.1. Phase de comportement élastique et limite d'élasticité ........................................................ 81
2.2. Phase élastoplastique ; notion de rotule plastique ............................................................... 83
2.3. Commentaires sur la notion de rotule plastique .................................................................. 86
2.4. Charge limite et mécanisme de ruine plastique ................................................................... 88
2.5. Phase de décharge et état résiduel ....................................................................................... 90
3. Méthode de résolution énergétique ......................................................................................... 92
3.1. Principe de minimum en contrainte: théorèmes du potentiel minimum, de Castigliano et de
Colonnetti .................................................................................................................................... 92
3.2. Retour sur l’exemple de la poutre sous charge concentrée .................................................. 94
76
1. Introduction et rappels préliminaires
Le présent chapitre aborde le calcul élastoplastique des systèmes formés par l'assemblage
d'éléments de poutres ou d'arcs considérés comme des solides élancés, modélisés comme des
milieux continus unidimensionnels. On se limitera ici au cas des systèmes plans de poutres droites
chargées dans leur plan.
La figure 1 représente un élément de poutre orienté positivement selon l'axe x et en tout point
duquel est défini un trièdre orthonormé de sens direct (e x , e y , e z ) . On définit alors classiquement:
d'une part les efforts intérieurs (figure 1(a)): effort axial N ( x )e x , effort tranchant
V ( x )e y et moment fléchissant M ( x )e z ; rappelons que ces efforts sont exercés par la
partie aval de la poutre sur sa partie amont à travers la section d'abscisse x.
d'autre part les variables caractérisant la cinématique en tout point de la poutre (figure
1(b)): vitesse axiale u ( x )e x , vitesse de flèche v ( x )e y et vitesse de rotation ( x)e z de la
section transversale de la poutre.
y
y
u ( x )e x
M ( x )e z
V ( x )e y v ( x )e y
moment ( x )e z
effort tranchant fléchissant vitesse
vitesse
x de rotation de flèche
x
z N ( x )e x
effort axial
Figure 1. (a) Efforts intérieurs et (b) variables cinématiques en tout point d'une poutre droite
chargée dans son plan
Dans ces conditions, on peut montrer1 que la puissance de déformation de la poutre par unité
de longueur se met sous la forme:
du dv d
pdef (u, v, ) N V M (1)
dx dx dx
faisant ainsi apparaître les variables taux de déformations suivantes associées aux efforts intérieurs:
Une poutre est dite fléchie ou en flexion lorsque les taux de déformations axial et de cisaillement
sont nuls2:
1
En dualisant par exemple les équations d'équilibre de la poutre par le principe des puissances virtuelles.
2
Ou tout au moins peuvent être négligés.
77
du / dx 0 et dv / dx 0 (2)
la seconde condition étant appellée condition de Navier-Bernoulli. Dans ces conditions seule la
déformation de courbure égale à la dérivée seconde de la flèche3:
d d 2v
( x) ( x) 2 ( x) v( x) (3)
dx dx
est prise en compte dans l'analyse des déformations de la structure et la loi de comportement locale
de cette dernière est définie par une relation entre cette déformation de courbure et le moment
fléchissant. Ce qui donne par exemple dans le cas de l'élasticité linéaire:
M ( x)
( x) (4)
EI
où EI désigne le module de rigidité à la flexion de la poutre. Il importe de bien comprendre que le
fait que seul le moment fléchissant apparaisse dans la loi de comportement (4) ne signifie pas que
l'effort axial et l'effort tranchant soient nuls, mais simplement qu'ils ne jouent aucun rôle (ou un
rôle négligeable) dans les déformations de la poutre.
La première partie de ce chapitre est consacrée à l'analyse du comportement élastoplastique
d'une structure simple une fois hyperstatique: poutre encastrée d'un côté et en appui simple de
l'autre, soumise à une charge concentrée appliquée en son milieu. Cette analyse repose sur la
définition préalable d'une loi de comportement moment-courbure élastique (équation (4))
parfaitement plastique, le critère de plasticité étant défini par M M l . Utilisant le fait que
problème soit hyperstatique de degré 1, le problème est résolu par la méthode des contraintes tout
d'abord en phase élastique, puis en phase élastoplastique.
Le traitement du problème d'évolution en phase élastoplastique nécessite alors d'introduire la
notion essentielle de rotule plastique, spécifique aux poutres en flexion et analogue à celle de
discontinuité de vitesse en plasticité tridimensionnelle (voir section 9.4 du chapitre I). Poursuivant
le chargement au-delà de la limite d'élasticité, la charge limite de la structure est alors atteinte par
formation d'une seconde rotule plastique au point d'application de la charge, déclenchant
l'apparition d'une mécanisme de ruine plastique. L'état résiduel de la structure (diagramme de
moments résiduels et déformée résiduelle) est enfin déterminé par décharge complète de la
structure à partir de la charge limite.
Dans une seconde partie, une méthode de résolution alternative fondée un principe de mimimum
en contrainte est présentée. Le théorème du potentiel minimum qui en découle dans le cas élastique
est généralisé sous la forme du théorème de Colonnetti qui prend en compte les déformations de
courbure plastiques, tandis que le théorème de Castigliano permet par exemple d'évaluer
directement les déplacements associés aux chargements appliqués. Cette méthode énergétique, qui
3
Avec v '( x) 1 : condition de petites rotations
78
ouvre la voie à une approche numériquepossible, est enfin appliquée au calcul de la structure
précédente.
M ( x l ) Yl
y
Qe y
x
O l l B
A
z Y ey
M ( x 0) (2Y Q)l
Figure 2. Diagramme de moments fléchissants statiquement admissible pour une poutre sous
charge concentrée
Dans le cadre de la modélisation "poutre en flexion" ici retenue, la loi de comportement est du
type moment-courbure. Partant de la résolution du problème d’évolution élastoplastique pour un
élément de poutre, effectuée au chapitre II-section 4, on adoptera une schématisation simplifiée, de
type élastique parfaitement plastique, du diagramme de la figure 19 de ce chapitre (figure 3), dans
laquelle le comportement de l’élément de poutre demeure élastique tant que le moment de flexion
reste inférieur à la valeur limite M l . Cette schématisation simplifiée revient à sous-estimer la
79
déformation de courbure associée à un moment de flexion donné. Mais on peut montrer que cette
sous estimation est relativement négligeable.
Ml
Me
EI z
M l M M l M e M / EI z
M 0 e M / EI z
M M l
M 0 M / EI z p 0
0
M 0 e M / EI z
M M l
M 0 M / EI z p 0
0
80
2.1. Phase de comportement élastique et limite d'élasticité
Partant d’un état initial naturel (diagramme de moments nul pour Q 0 ), on augmente
progressivement la valeur du chargement. Le comportement de la poutre est alors en tout point
élastique, soit :
d 2v
x 0,2l M ( x) EI z ( x) EI z ( x) (7)
dx 2
où v(x) désigne la flèche au point x, comptée positivement dans le sens de l’axe Oy, le moment
fléchissant M(x) étant positif selon le sens de l’axe Oz. (8)La procédure de résolution directe de ce
problème est classique. Elle consiste à intégrer à deux reprises l’équation (7) où l’on tient compte
de (5), et à exprimer les différentes conditions aux limites cinématiques:
dv
encastrement en O : v( x 0) ( x 0) 0 (9)
dx
appui simple en B : v( x 2l ) 0 (10)
Tous calculs faits, le diagramme des moments fléchissants solution en phase élastique a pour
expression (voir figure 4) :
Q
5Q 16 11x 6l si 0 x l
Y M ( x) (12)
16 5Q (2l x) si l x 2l
16
Q
96 EI x 11x - 18l si 0 x l
2
v( x)
z
(13)
Q 2l x 5x 2 20lx 8l 2 si l x 2l
96 EI z
81
7Ql 3
q v ( x l ) (14)
96 EI z
5Ql / 16
O A B
q 7Ql 3 / 96 EI z
Y 5Q / 16
3Ql / 8
Cette solution reste valable tant que M ( x) M l x 0,2l , c’est-à-dire compte tenu du
diagramme de moments de la figure 3, tant que le moment à l’encastrement O reste supérieur à
M l . La limite d’élasticité qui correspond à la plastification en flexion négative de la poutre à
son encastrement est donc égale à :
8M l
M ( x 0) 3Ql / 8 M l Q e (15)
3l
le déplacement correspondant du point d'application de la charge valant alors d'après (14):
7M l l 2
q e q(Q Q e ) (16)
36 EI z
M e ( x ) 5M l (17)
(2 x / l ) si l x 2l
6
et la déformée:
M
l
36 EI x 11x / l - 18 si 0 x l
2
v e ( x)
z
(18)
M 2 x / l 5x 2 20lx 8l 2
l
si l x 2l
36 EI z
82
Remarque. L’analyse de la structure en phase élastique, faite ici par l’approche directe, sera
réalisée de manière totalement équivalente dans la seconde partie du chapitre (section 3) en
recourant au théorème du potentiel minimum pour le calcul de l’inconnue hyperstatique (équation
(12)) et au théorème de Castigliano pour le calcul de la flèche q (équation (14)).
M ( x) M l 0 x x0 (19)
M M l
Or une telle hypothèse est manifestement en contradiction avec les conditions d'équilibre,
puisque le diagramme de moments de la forme (19) qu’elle implique (moment fléchissant constant
sur l'intervalle 0, x0 ) ne peut être statiquement admissible, c’est-à-dire de la forme générale (5).
On propose alors une hypothèse alternative consistant à admettre que seule la section située à
l’encastrement O reste plastifiée, le reste de la structure demeurant élastique. Le moment à
l'encastrement étant alors connu, égal au moment limite négatif, le problème devient isostatique et
le diagramme de moments peut alors être entièrement déterminé en fonction de Q et de Ml. Il est
de la forme (voir figure 5) :
M l Q M l / l x / 2 0 xl
Q Q : M ( x)
e
(20)
Q M / l (2l x) / 2 l x 2l
l
Dans ces conditions, la déformation (courbure) plastique, localisée au seul encastrement, est
alors nécessairement de la forme :
p ( x) p 0 ( x) (21)
4
S'inspirant par exemple du problème de la flexion élastoplastique traité au chapitre II, où la section de la poutre
plastifie progressivement par propagation des zones plastiques à partir des fibres supérieure et inférieure.
83
où 0 désigne la distribution de Dirac au point x=0, tandis que p représente la discontinuité de
rotation purement plastique5 (et donc totale puisqu’il n’y pas de discontinuité de rotation élastique),
en ce même point (figure 6), qui vaut alors :
dv dv dv
p ( x 0) ( x 0 ) ( x 0 ) (22)
dx dx dx
( M l Ql ) / 2
rotule
plastique Q
O B
A
Y (Q M l / l ) / 2
M ( x 0) M l
p dv / dx ( x 0)
v(x)
La distribution des moments fléchissants relative au problème isostatique associé étant égale à:
d 2 (v)
x / 2 0 xl
M EI z Q (24)
dx 2 (2l x) / 2 l x 2l
il vient immédiatement par double intégration et en exprimant les conditions aux limites de flèche
nulle en x 0 et x 2l , ainsi que les conditions de continuité de la flèche et de la rotation en x l
:
5
Cette notion est commentée en 2.3.
84
Q x( x 3l ) /12 0 x l
2 2
v (25)
(2l x)((2l x) 3l ) /12 l x 2l
EI z 2 2
Ql 3
q v( x l ) (26)
6 EI z
5M l / 6
Q e 8M l / 3l
Q Qe
q e 7 M l l 2 / 36 EI z
Y 5M l / 6l
M l
+
lQ / 2
Q
Q M 0
rotule
mécanique dv
( x 0 ) q Ql 3 / 6 EI
dx z
Y Q / 2
Figure 7. Solution élastique du problème à la limite d'élasticité et problème isostatique élastique
associé
d(v) d(v) l 2 Q
p
( x 0) (x 0 )
(27)
dx dx 4 EI z
Cette dernière relation permet de montrer que la règle d’écoulement plastique est bien vérifiée
au niveau de la rotule plastique (rotule plastique «négative»), puisque :
l2
M M l , M 0 p Q0 (28)
4 EI z
85
Q
Q
Q l 3M l / l
Q e 8M l / 3l 6 EI z / l 2
96 EI z / 7l 2 q q
q e 7 / 36 M l l 2 / EI z q l M l l 2 / 4 EI z
(a) (b)
Figure 8. (a) Courbe charge-déplacement en phases élastique et élastoplastique; (b) charge limite
et écoulement plastique libre
86
x0 x / 2 x0 x / 2
flèche : v( x) x0
/ 2 / 2 / 2 / 2 x
x0 x
rotation : / 2
/ 2
| ( x) v '( x) | 1 x
x x0
x0 x 0
/ 2 / 2
/ x
courbure : Distribution de Dirac
v( x) x
( x) x ( x)
0
x
x x0
Figure 9. Illustration d'une rotule plastique obtenue par passage à la limite d'une zone de
courbure plastique constante dont la longueur x tend vers zéro.
2x x x0 si x x0 x / 2 avec 0 <<1
2
v( x) (30)
x0 x / 2
x 1 ( x x x / 2) si x
8 2
0
x0 x / 2
la rotation et la courbure valent (voir partie gauche de la figure 9 où ces différentes fonctions sont
représentées):
x x x0 si x x0 x / 2 x si x x0 x / 2
v '( x) v "( x) (31)
x0 x / 2 x0 x / 2
/2 si x 0 si x
x0 x / 2 x0 x / 2
Dans le cas où l'on fait tendre la longueur x vers zéro, ces différentes expressions deviennent:
1 x0
x 0 : v( x) ( x x0 ) si x , v '( x) / 2 H x0 ( x), v ''( x) x0 ( x) (32)
2 x0
87
d'une telle rotule plastique, ponctuelle et donc sans dimension dans le cadre d'une modélisation
unidimensionnelle de la poutre, correspond au développement de déformations plastiques dans une
zone dont la dimension est proche de celle de l'épaisseur de la poutre (voir photographie de la figure
9).
M O Yl M l et M A 2Yl - Ql M l (34)
ce qui peut se traduire par les inégalités suivantes portant sur l'inconnue hypertstatique Y:
M l / l Y M l /l et M l / 2l Q / 2 Y M l / 2l Q / 2 (35)
Il est alors facile de voir que les deux double-inégalités précédentes ne peuvent être
simultanément satisfaites que si l'intersection entre les deux intervalles auxquels Y doit appartenir
n'est pas vide, ce qui entraine les conditions suivantes sur la valeur du chargement Q:
M l / l M l / 2l Q / 2 3M l
Q Q l
(36)
M l / 2l Q / 2 M l / l l
En d’autres termes il n’est pas possible d’équilibrer une valeur du chargement strictement
supérieure à Q l (ou inférieure à Q l ) par une distribution de moments fléchissants qui respecte
le critère de plasticité en tout point. Il s’agit encore une fois d’un raisonnement de calcul à la
rupture fondé sur l’examen de la compatibilité entre les conditions d’équilibre de la poutre, se
traduisant par l’expression (1) du diagramme des moments, et le respect du critère de plasticité.
88
Ml
y Q Q l 3M l / l
O p 0 A B
Y M l /l
Ml 2 p 0
Figure 10. Diagramme des moments équilibrant la charge limite et mécanisme de ruine plastique
associé
M l 2 x / l 1 si 0 x l
Q Q : M ( x) l
l
(38)
M 2 x / l si l x 2l
Le mécanisme de ruine plastique correspondant est représenté sur la même figure 9 : il s’agit
d’un «mécanisme de poutre» dans lequel les deux moitiés de la structure sont animées de
mouvements de rotation de vitesses respectives p et p . Cette phase d’écoulement plastique
libre est associée au plateau horizontal de la courbe charge-déplacement de la figure 7(b):
Q Q l , Q 0 q l p 0 (40)
89
2.5. Phase de décharge et état résiduel
Partant de l’état où la section A vient juste d’entrer en plasticité, on effectue une décharge que
l’on suppose élastique6. Le diagramme des moments résiduels (figure 7(c)) qui correspond à la
décharge totale de la structure, est alors obtenu en superposant au diagramme associé à la charge
limite (figure 11(a)) celui correspondant à un calcul purement élastique avec Q Q l (figure
11(b)).
Ml
Q Q l 3M l / l
(a ) O
Ml
9M l / 8
Q Q l
(b)
O
15 M l / 16
M l /8
(c) M l / 16
O
Il vient alors compte tenu de l'expression (12) de la distributions de moments en phase élastique,
écrite pour Q 3M l / l , et de (38):
l 3Ml
M 2 x / l 1 16l 11x 6l si 0 x l M l
M r ( x) 1 x / 2l (41)
M l 2 x / l 15M (2l x) si l x 2l
8
l
16l
Une telle distribution de moments résiduels est autoéquilibrée, c’est-à-dire de la forme (5) avec
Q 0 et Y r M l / 16l . On observe encore une fois que ce sont ces efforts résiduels qui, par le
6
Hypothèse vérifiée a posteriori
90
biais des déformations élastiques qu’ils engendrent, rétablissent la compatibilité géométrique des
déformations plastiques acquises par la structure dans sa phase de chargement.
(a )
v p (x) p (Q l )
M r (x )
Yr
v el (x)
(b)
M r (x )
(c)
v r (x)
Yr
Figure 12. Interprétation des moments résiduels comme rétablissant la compatibilité géométrique
des déformations plastiques
Ce raisonnement est illustré sur la figure 12. Le champ des déformations de courbure plastiques,
localisé exclusivement à l'encastrement sous la forme d'une rotule plastique, s’écrit en effet :
p ( x) p (Q Q l ) O ( x) (42)
avec d’après (27) :
l 2 (Ql Q e ) M ll
(Q Q )
p l
(43)
4 EI z 12 EI z
de sorte qu’en intégrant deux fois par rapport à x et en tenant compte des conditions aux limites à
l’encastrement ( v( x 0) dv / dx( x 0 ) 0 ), l’expression de la flèche résiduelle, notée v p ,
s’écrit:
M l lx
v p ( x) p (Q l ) x (44)
12 EI z
On voit donc que le champ est bien intégrable, mais que la distribution de flèche dont il dérive
n’est pas géométriquement compatible, car ne respectant pas la condition d’appui en x 2l (figure
12(a)). En revanche, si l’on superpose à v p la flèche élastique associée à la distribution de moments
résiduels (41) égale à (figure 12(b)) :
v el ( x)
Yr
EI z
lx 2 x 3 / 6
Ml
16lEI z
lx 2 x 3 / 6 (45)
91
M ll Ml Ml x
v r ( x) v p ( x) v el ( x) x lx 2 x 3 / 6 (2l x)( x 4l ) (46)
12 EI z 16lEI z 96 EI z l
Q l 3M l / l
Q e 8M l / 3l
q l M l l 2 / 4 EI z
q
q r M l l 2 / 32 EI z q e 7 M l l 2 / 36 EI z
7
Ces hypothèses simplificatrices ne nuisent pas à la généralisation des résultats présentés qui peuvent être aisément
généralisés au cas de structures de degré d'hyperstaticité quelconque soumis à plsusieurs paramètres de chargement.
92
les données en déplacements sont nulles (appuis fixes, encastrements,..) ;
la structure est supposée une fois hyperstatique, et l’on désigne par Y l’inconnue
hyperstatique.
Les barres ont un comportement élastique parfaitement plastique de sorte que, l’état initial du
système étant naturel, la déformation de courbure en un point quelconque repéré par son abscisse
s, s’écrit :
M ( s)
( s) p ( s) (49)
( EI )(s)
où p est la courbure plastique, M le moment fléchissant et EI le module de rigidité à la flexion
de la section située à l'abscisse s.
On suppose que cette structure a subi une évolution élastoplastique au terme de laquelle on
désigne par Q la valeur du paramètre de chargement, q la valeur correspondante du déplacement
généralisé, p la distribution de courbure élastoplastique engendrée par le chargement, et Y la
valeur de l’inconnue hyperstatique. Désignant alors par (Q’,Y’) un couple de valeurs quelconques
du paramètre de chargement et de l’inconnue hyperstatique, on introduit la fonction quadratique
suivante :
G (Q',Y ')
M (Q',Y ') 2
F (Q',Y ') p M (Q',Y ') ds Q'q (50)
L 2 EI
où M (Q' , Y ' ) désigne la distribution de moments fléchissants en équilibre avec (Q’,Y’). Nous
allons établir que le couple solution (Q,Y) réalise, à q et p fixés, le minimum de cette fonction
quadratique:
q et p (s) fixés: F (Q, Y ) Min
( Q ',Y ')
F (Q ', Y ') (51)
Cette propriété est aisément démontrable. Il suffit pour cela de calculer la différence :
93
M (Q, Y )
F (Q ', Y ') F (Q, Y ) p M (Q ', Y ') M (Q, Y ) ds (Q ' Q)q
L
EI (54)
M (Q ', Y ') M (Q, Y ) ds (Q ' Q )q
L
Dans le cas d’une évolution purement élastique, pour laquelle p 0 , la fonction G n’est
autre que l’énergie complémentaire8, et l’équation (51-a) le principe du minimum en
contrainte (ou théorème du potentiel minimum), tandis que l'équation (51-b) constitue le
théorème de Castigliano relatif aux structures élastiques.
Dans le cas général, où la distribution de courbure p est de nature anélastique (plastique,
mais aussi par exemple thermique, etc.), l’équation (51-a) est désignée sous l’appellation de
théorème de Colonnetti.
Nous nous proposons maintenant d'utiliser ces théorèmes énergétiques sur l'exemple traité dans
la première partie de ce chapitre.
Le principe du minimum en contrainte établi ci-dessus est alors appliqué aux différentes phases
d’évolution du système.
8
Ou encore l'énergie élastique de flexion
94
Phase élastique.
Phase élastoplastique
Le champ de déformation plastique, correspondant à la formation d’une rotule plastique à
l’encastrement, est de la forme (voir équation (21)):
p ( x) p 0 ( x) (59)
9
D’où :
2l 2l
0 0
et donc:
l3
G (Q',Y ') 8Y ' 2 Q' 2 5Y 'Q' (2Y 'Q')l p (61)
6 EI z
p
l2
4 EI z
8M l / 3l Q (3.45)
9
En vertu de la propriété: ( x) f ( x)dx f (0) .
0
95
Tenant compte de ce résultat, l’équation (58-b) fournit quant à elle l’équation de la courbe
donnant le déplacement en fonction de la charge en phase élastoplastique :
G
Q, Y l 2Q 5Y l p l Ql / 6 M l / 4
3 2
q (63)
Q' 6 EI z EI z
p ( x) p 0 ( x) p l ( x) (64)
où l (x) désigne la distribution de Dirac au point A(x=l), de sorte que la fonctionnelle à minimiser
a pour expression :
l3
G (Q',Y ') 8Y '2 Q'2 5Y 'Q' (2Y 'Q')l p Y 'l p (65)
6 EI z
G
Q, Y l 16Y 5Q 2l p l p 0
3
(a)
Y ' 6 EI z
(66)
G
Q, Y l 2Q 5Y l p
3
q (b)
Q' 6 EI z
M ll
2 p p p 2 p (67)
6 EI z
qui représente l’équation de compatibilité géométrique, reliant les taux de discontinuités de
rotations plastiques. La seconde équation (62-b) conduit à l’expression du déplacement de la
charge en phase d’écoulement plastique, en fonction de de la discontinuité de rotation plastique
p 0 dont la valeur demeure arbitraire:
M ll 2
q l p q l p 0 (68)
6 EI z
Remarques finales.
a) Qu'il s'agisse de la méthode de calcul directe appliquée à la section 2 ou de l'approche
énergétique mise en œuvre en 3.2, la résolution des problèmes d'évolution élastoplastique peut
bien évidemment être étendue au cas des structures à barres fléchies dont le degré
d'hyperstaticité k est strictement supérieur à 1: exemple de la poutre de la figure 2 encastrée à
96
ses deux extrémités pour lequel k=2. Dans de telles conditions, et notamment dans le cas de
chargements concentrés, la structure plastifie progressivement sous l'effet du chargement par
apparition successive de rotules plastiques. Comme l'indique la figure 13 on observe
généralement une phase de comportement élastique suivie d'au maximum10 k phases de
comportement élastoplastique jusqu'à ce que la charge limite soit atteinte. Chaque phase est
caractérisée par un segment de droite dont la pente décroît au fur et à mesure qu'apparaissent
les rotules plastiques, jusqu'à s'annuler lorsque la charge limite est atteinte et qu'un mécanisme
d'écoulement plastique libre se forme.
Q
Mécanisme de ruine plastique
Q l : charge limite
Phases élasto-plastiques
Q e : limite d'élasticité
Phase élastique
q
Figure 13. Allure de la courbe (affine "par morceaux") de premier chargement jusqu'à la charge
limite pour une système de poutres fléchies plusieurs fois hyperstatique
b) L'hypothése faite au départ, selon laquelle seul le moment fléchissant joue un rôle dans le
comportement des poutres, semble généralement assez bien vérifiée notamment pour des
poutres métalliques dont le matériau constitutif exhibe la même limite d'élasticité en traction et
en compression simple. Elle doit néanmoins être réexaminée par exemple pour des poutres en
béton armé pour lequelles le critère de plasticité porte non seulement sur le moment fléchissant,
mais également sur l'effort axial à travers la donnée d'un critère d'interaction de type:
M N N0
2
f (N , M ) l 1 0 (69)
N
l
M
c) Tout comme pour les problèmes de plasticité formulés dans le cadre du modèle de milieu continu
3D (voir chapitre II) , la résolution des problèmes d'évolution élastoplastique des systèmes de
poutres en flexion suppose implicitement que les changements de géométrie restent
négligeables, ce qui implique en particulier que les rotations restent petites en tout point
10
Ce nombre peut être inférieur si par exemple deux rotules plastiques apparaissent simultanément: cas de la poutre
bi-encastrée soumise à une charge concentrée appliquée en son milieu.
97
( v '( x) 1) 11. En dépit de cette condition, il peut se faire que, pour des poutres élancées
soumises à des efforts de compression, des effets du second ordre (effet "P-") se manifestent
conduisant à une non-linéarité géométrique de la réponse élastique puis plastique de la structure.
*************
11
Et donc que ( x ) v ''( x )
98