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CHAPITRE III

ELASTOPLASTICITE DES SYSTEMES


DE POUTRES EN FLEXION

75
Table des matières
1. Introduction et rappels préliminaires .................................................................................... 77
2. Calcul élastoplastique d’une poutre sous charge concentrée ............................................... 79
2.1. Phase de comportement élastique et limite d'élasticité ........................................................ 81
2.2. Phase élastoplastique ; notion de rotule plastique ............................................................... 83
2.3. Commentaires sur la notion de rotule plastique .................................................................. 86
2.4. Charge limite et mécanisme de ruine plastique ................................................................... 88
2.5. Phase de décharge et état résiduel ....................................................................................... 90
3. Méthode de résolution énergétique ......................................................................................... 92
3.1. Principe de minimum en contrainte: théorèmes du potentiel minimum, de Castigliano et de
Colonnetti .................................................................................................................................... 92
3.2. Retour sur l’exemple de la poutre sous charge concentrée .................................................. 94

76
1. Introduction et rappels préliminaires
Le présent chapitre aborde le calcul élastoplastique des systèmes formés par l'assemblage
d'éléments de poutres ou d'arcs considérés comme des solides élancés, modélisés comme des
milieux continus unidimensionnels. On se limitera ici au cas des systèmes plans de poutres droites
chargées dans leur plan.
La figure 1 représente un élément de poutre orienté positivement selon l'axe x et en tout point
duquel est défini un trièdre orthonormé de sens direct (e x , e y , e z ) . On définit alors classiquement:
 d'une part les efforts intérieurs (figure 1(a)): effort axial N ( x )e x , effort tranchant
V ( x )e y et moment fléchissant M ( x )e z ; rappelons que ces efforts sont exercés par la
partie aval de la poutre sur sa partie amont à travers la section d'abscisse x.
 d'autre part les variables caractérisant la cinématique en tout point de la poutre (figure
1(b)): vitesse axiale u ( x )e x , vitesse de flèche v ( x )e y et vitesse de rotation  ( x)e z de la
section transversale de la poutre.
y
y
u ( x )e x
M ( x )e z
V ( x )e y v ( x )e y
moment  ( x )e z
effort tranchant fléchissant vitesse
vitesse
x de rotation de flèche
x

z N ( x )e x
effort axial

Figure 1. (a) Efforts intérieurs et (b) variables cinématiques en tout point d'une poutre droite
chargée dans son plan

Dans ces conditions, on peut montrer1 que la puissance de déformation de la poutre par unité
de longueur se met sous la forme:
du  dv  d
pdef (u, v, )  N V     M (1)
dx  dx  dx
faisant ainsi apparaître les variables taux de déformations suivantes associées aux efforts intérieurs:

 le taux de déformation axiale (ou longitudinale)   du / dx associé à l'effort axial N;


 le taux de déformation de cisaillement   dv / dx   associé à l'effort tranchant V;

 le taux de déformation de courbure   d / dx associé au moment fléchissant M.

Une poutre est dite fléchie ou en flexion lorsque les taux de déformations axial et de cisaillement
sont nuls2:

1
En dualisant par exemple les équations d'équilibre de la poutre par le principe des puissances virtuelles.
2
Ou tout au moins peuvent être négligés.

77
  du / dx  0 et   dv / dx    0 (2)

la seconde condition étant appellée condition de Navier-Bernoulli. Dans ces conditions seule la
déformation de courbure égale à la dérivée seconde de la flèche3:
d d 2v
 ( x)  ( x)  2 ( x)  v( x) (3)
dx dx
est prise en compte dans l'analyse des déformations de la structure et la loi de comportement locale
de cette dernière est définie par une relation entre cette déformation de courbure et le moment
fléchissant. Ce qui donne par exemple dans le cas de l'élasticité linéaire:
M ( x)
 ( x)  (4)
EI
où EI désigne le module de rigidité à la flexion de la poutre. Il importe de bien comprendre que le
fait que seul le moment fléchissant apparaisse dans la loi de comportement (4) ne signifie pas que
l'effort axial et l'effort tranchant soient nuls, mais simplement qu'ils ne jouent aucun rôle (ou un
rôle négligeable) dans les déformations de la poutre.
La première partie de ce chapitre est consacrée à l'analyse du comportement élastoplastique
d'une structure simple une fois hyperstatique: poutre encastrée d'un côté et en appui simple de
l'autre, soumise à une charge concentrée appliquée en son milieu. Cette analyse repose sur la
définition préalable d'une loi de comportement moment-courbure élastique (équation (4))
parfaitement plastique, le critère de plasticité étant défini par M  M l . Utilisant le fait que
problème soit hyperstatique de degré 1, le problème est résolu par la méthode des contraintes tout
d'abord en phase élastique, puis en phase élastoplastique.
Le traitement du problème d'évolution en phase élastoplastique nécessite alors d'introduire la
notion essentielle de rotule plastique, spécifique aux poutres en flexion et analogue à celle de
discontinuité de vitesse en plasticité tridimensionnelle (voir section 9.4 du chapitre I). Poursuivant
le chargement au-delà de la limite d'élasticité, la charge limite de la structure est alors atteinte par
formation d'une seconde rotule plastique au point d'application de la charge, déclenchant
l'apparition d'une mécanisme de ruine plastique. L'état résiduel de la structure (diagramme de
moments résiduels et déformée résiduelle) est enfin déterminé par décharge complète de la
structure à partir de la charge limite.
Dans une seconde partie, une méthode de résolution alternative fondée un principe de mimimum
en contrainte est présentée. Le théorème du potentiel minimum qui en découle dans le cas élastique
est généralisé sous la forme du théorème de Colonnetti qui prend en compte les déformations de
courbure plastiques, tandis que le théorème de Castigliano permet par exemple d'évaluer
directement les déplacements associés aux chargements appliqués. Cette méthode énergétique, qui

3
Avec v '( x)  1 : condition de petites rotations

78
ouvre la voie à une approche numériquepossible, est enfin appliquée au calcul de la structure
précédente.

2. Calcul élastoplastique d’une poutre sous charge concentrée


Une poutre de longueur 2l, encastrée à son extrémité O et en appui simple au point B, est
soumise à une charge verticale concentrée d’intensité Qe y (Q  0) , appliquée en son milieu A, que
l’on fait croître progressivement à partir d’une valeur initiale nulle. La figure 2 montre l’allure
générale, affine par morceaux, d’un diagramme de moments fléchissants statiquement admissible
pour le problème. Il dépend de la réaction d’appui Y e y au point B, que l’on peut prendre comme
inconnue hyperstatique du problème (structure hyperstatique d’ordre 1).
La poutre étant orientée positivement dans le sens des x croissants, le moment de flexion
M ( x )e z en tout point x de la poutre est calculé comme le moment par rapport à ce point de tous les
efforts exercés sur la poutre en aval de ce point, c'est-à-dire pour les abscisses supérieures à x. Soit:
Y (2l  x)  Q(l  x) si 0  x  l
M ( x)   (5)
Y (2l  x ) si l  x  2l

Les moments sont extrémaux à l'encastrement O et au point A où la charge concentrée est


appliquée:
M O  M ( x  0)  (2Y  Q)l , M A  M ( x  l )  Yl (6)

M ( x  l )  Yl
y
Qe y

x
O l l B
A

z Y ey
M ( x  0)  (2Y  Q)l

Figure 2. Diagramme de moments fléchissants statiquement admissible pour une poutre sous
charge concentrée

Dans le cadre de la modélisation "poutre en flexion" ici retenue, la loi de comportement est du
type moment-courbure. Partant de la résolution du problème d’évolution élastoplastique pour un
élément de poutre, effectuée au chapitre II-section 4, on adoptera une schématisation simplifiée, de
type élastique parfaitement plastique, du diagramme de la figure 19 de ce chapitre (figure 3), dans
laquelle le comportement de l’élément de poutre demeure élastique tant que le moment de flexion
reste inférieur à la valeur limite M l . Cette schématisation simplifiée revient à sous-estimer la

79
déformation de courbure associée à un moment de flexion donné. Mais on peut montrer que cette
sous estimation est relativement négligeable.

Ml

Me

EI z 

Figure 3. Schématisation simplifiée de la loi de comportement «moment-courbure» d’une poutre


en flexion élastoplastique

Le tableau ci-après, parfaitement similaire au tableau n°1 du chapitre II relatif au comprtement


en traction-compression d'une barre, récapitule les différentes situations rencontrées selon les
valeurs de M et M , dans l’hypothèse où la valeur du moment limite est la même en flexion
positive et négative. Il apparaît notamment que dans le cas de la charge plastique ( M   M l , M  0
), le taux de courbure est purement plastique, avec le même signe que celui du moment de flexion
(règle d'écoulement plastique).

 M l  M  M l M    e  M / EI z

M  0    e  M / EI z
M  M l
M  0   M / EI z   p  0


0

M  0    e  M / EI z
M  M l

M  0   M / EI z   p  0


0

Tableau 1. Ecriture en vitesse de la loi de comportement moment-courbure dans le cas élastique


parfaitement plastique

80
2.1. Phase de comportement élastique et limite d'élasticité
Partant d’un état initial naturel (diagramme de moments nul pour Q  0 ), on augmente
progressivement la valeur du chargement. Le comportement de la poutre est alors en tout point
élastique, soit :
d 2v
x  0,2l  M ( x)  EI z  ( x)  EI z ( x) (7)
dx 2
où v(x) désigne la flèche au point x, comptée positivement dans le sens de l’axe Oy, le moment
fléchissant M(x) étant positif selon le sens de l’axe Oz. (8)La procédure de résolution directe de ce
problème est classique. Elle consiste à intégrer à deux reprises l’équation (7) où l’on tient compte
de (5), et à exprimer les différentes conditions aux limites cinématiques:
dv
 encastrement en O : v( x  0)  ( x  0)  0 (9)
dx
 appui simple en B : v( x  2l )  0 (10)

ainsi que la condition de continuité de la flèche et de la rotation au point A :


dv dv
v( x  l  )  v( x  l  ) , (x  l  )  (x  l  ) (11)
dx dx
soit cinq inconnues (Y ainsi que les quatre constantes d'intégration) pour cinq équations: (9) à (11)
.

Tous calculs faits, le diagramme des moments fléchissants solution en phase élastique a pour
expression (voir figure 4) :

Q
5Q 16 11x  6l  si 0  x  l
Y  M ( x)   (12)
16  5Q (2l  x) si l  x  2l
 16

tandis que la distribution de flèche s'écrit :

 Q
 96 EI x 11x - 18l  si 0  x  l
2


v( x)  
z
(13)
 Q  2l  x  5x 2  20lx  8l 2  si l  x  2l
 96 EI z

d’où en particulier le déplacement q du point d’application de la charge (compté positivement dans


le sens des y négatifs, tout comme la charge Q) :

81
7Ql 3
q  v ( x  l )  (14)
96 EI z

5Ql / 16

O A B

q  7Ql 3 / 96 EI z
Y  5Q / 16
 3Ql / 8

Figure 4. Diagramme des moments fléchissants et déformée de la structure dans la phase de


comportement élastique

Cette solution reste valable tant que M ( x)  M l x  0,2l  , c’est-à-dire compte tenu du
diagramme de moments de la figure 3, tant que le moment à l’encastrement O reste supérieur à
 M l . La limite d’élasticité qui correspond à la plastification en flexion négative de la poutre à
son encastrement est donc égale à :

8M l
M ( x  0)  3Ql / 8   M l  Q e  (15)
3l
le déplacement correspondant du point d'application de la charge valant alors d'après (14):
7M l l 2
q e  q(Q  Q e )  (16)
36 EI z

La distribution des moments fléchissants correspondante s'écrit alors:


 M (1  11x /6l ) si 0  x  l
l


M e ( x )   5M l (17)
 (2  x / l ) si l  x  2l
 6

et la déformée:
 M
l

 36 EI x 11x / l - 18  si 0  x  l
2


v e ( x)  
z
(18)
 M  2  x / l  5x 2  20lx  8l 2 
l

si l  x  2l
 36 EI z

82
Remarque. L’analyse de la structure en phase élastique, faite ici par l’approche directe, sera
réalisée de manière totalement équivalente dans la seconde partie du chapitre (section 3) en
recourant au théorème du potentiel minimum pour le calcul de l’inconnue hyperstatique (équation
(12)) et au théorème de Castigliano pour le calcul de la flèche q (équation (14)).

2.2. Phase élastoplastique ; notion de rotule plastique


Le chargement étant poursuivi au-delà de la limite d’élasticité, on peut tout d’abord penser à
faire l’hypothèse d’une zone plastique se propageant à partir de l’encastrement4, c’est-à-dire que
le moment limite en flexion négative serait atteint sur un intervalle de la forme 0, x0  (figure 5):

M ( x)   M l 0  x  x0 (19)

M  M l

Figure 5. Impossibilité de la propagation d'une zone plastique à partir de l'encastrement

Or une telle hypothèse est manifestement en contradiction avec les conditions d'équilibre,
puisque le diagramme de moments de la forme (19) qu’elle implique (moment fléchissant constant
sur l'intervalle 0, x0  ) ne peut être statiquement admissible, c’est-à-dire de la forme générale (5).
On propose alors une hypothèse alternative consistant à admettre que seule la section située à
l’encastrement O reste plastifiée, le reste de la structure demeurant élastique. Le moment à
l'encastrement étant alors connu, égal au moment limite négatif, le problème devient isostatique et
le diagramme de moments peut alors être entièrement déterminé en fonction de Q et de Ml. Il est
de la forme (voir figure 5) :

  M l   Q  M l / l  x / 2 0 xl
Q  Q : M ( x)  
e
(20)
 Q  M / l  (2l  x) / 2 l  x  2l
l

Dans ces conditions, la déformation (courbure) plastique, localisée au seul encastrement, est
alors nécessairement de la forme :
 p ( x)   p  0 ( x) (21)

4
S'inspirant par exemple du problème de la flexion élastoplastique traité au chapitre II, où la section de la poutre
plastifie progressivement par propagation des zones plastiques à partir des fibres supérieure et inférieure.

83
où  0 désigne la distribution de Dirac au point x=0, tandis que  p représente la discontinuité de
rotation purement plastique5 (et donc totale puisqu’il n’y pas de discontinuité de rotation élastique),
en ce même point (figure 6), qui vaut alors :

 dv  dv dv
 p   ( x  0)  ( x  0  )  ( x  0  ) (22)
 dx  dx dx

( M l  Ql ) / 2

rotule
plastique Q

O B
A
Y  (Q  M l / l ) / 2

M ( x  0)   M l

 p  dv / dx ( x  0)

v(x)

Figure 6. Diagramme des moments et allure de la déformée de la structure en phase


élastoplastique

La déformée de la structure dans la phase élastoplastique peut être calculée en superposant à la


déformée élastique ve de cette structure sous le chargement Qe (partie supérieure de la figure 7), la
déformée élastique de la structure isostatique associée (représentée sur la partie inférieure de la
figure 7), où l'encastrement en O est remplacé par une rotule mécanique c'est-à-dire une articulation
sans frottement, et soumise au chargement incrémental Q  Q  Q e :
v(Q e  Q )  v e  v (23)

La distribution des moments fléchissants relative au problème isostatique associé étant égale à:

d 2 (v) 
x / 2 0 xl
M  EI z  Q  (24)
dx 2 (2l  x) / 2 l  x  2l

il vient immédiatement par double intégration et en exprimant les conditions aux limites de flèche
nulle en x  0 et x  2l , ainsi que les conditions de continuité de la flèche et de la rotation en x  l
:

5
Cette notion est commentée en 2.3.

84
Q   x( x  3l ) /12 0 x l
2 2

v   (25)
(2l  x)((2l  x)  3l ) /12 l  x  2l
EI z  2 2

Le déplacement associé du point d'application du chargement vaut alors:

Ql 3
q  v( x  l )  (26)
6 EI z

5M l / 6

Q e  8M l / 3l

Q  Qe

q e  7 M l l 2 / 36 EI z
Y  5M l / 6l
M l
+
lQ / 2

Q
Q M  0
rotule
mécanique dv
( x  0 ) q  Ql 3 / 6 EI
dx z
Y  Q / 2
Figure 7. Solution élastique du problème à la limite d'élasticité et problème isostatique élastique
associé

En conséquence de (22) et de (23), la discontinuité de rotation plastique à l'encastrement est


égale à la rotation à l'origine de la structure isostatique sous le chargement Q:

 d(v)  d(v) l 2 Q
 
p
( x  0)  (x  0 )   
(27)
 dx  dx 4 EI z

Cette dernière relation permet de montrer que la règle d’écoulement plastique est bien vérifiée
au niveau de la rotule plastique (rotule plastique «négative»), puisque :
l2 
M   M l , M  0   p   Q0 (28)
4 EI z

85
Q
Q
Q l  3M l / l
Q e  8M l / 3l 6 EI z / l 2

96 EI z / 7l 2 q q

q e  7 / 36 M l l 2 / EI z q l  M l l 2 / 4 EI z

(a) (b)

Figure 8. (a) Courbe charge-déplacement en phases élastique et élastoplastique; (b) charge limite
et écoulement plastique libre

Dans cette phase de comportement élastoplastique, l’expression du déplacement du point


d’application de la charge s’écrit :
l3
q  v(l )  v (l )  v(l )  q  q 
e e
Q  Qe   qe (29)
6 EI z
ce qui correspond au second segment de droite de la courbe charge-déplacement représentée sur la
figure 8(a).
On observe que la pente de cette courbe est inférieure à celle de la droite de charge en phase
élastique. Ceci s'explique très simplement par le fait que la raideur globale de la structure diminue
en raison de l'apparition de la rotule plastique à l'encastrement, en d'autres termes que cette raideur
est identique à celle de la structure isostatique associée où l'encastrement est remplacé par une
articulation sans frottement (appui simple).

2.3. Commentaires sur la notion de rotule plastique


Les notions de rotule plastique et de discontinuité de vitesse de rotation introduites
précédemment pour les systèmes continus 1D (poutres, arcs,..) sont les parfaits équivalents de celle
de surface de discontinuité de vitesse plastique définie à la section 9.3 du chapitre II par passage à
la limite d'une bande de cisaillement dont on fait tendre l'épaisseur vers zero.
La figure 8 ci-dessous illustre parfaitement comment une telle rotule plastique peut être obtenue
en faisant tendre vers zéro la longueur x d'une zone à l'intérieur de laquelle la courbure plastique
est localisée. Plus précisément, la flèche de la poutre associée à cette courbure étant définie par:

86
x0  x / 2 x0  x / 2
flèche : v( x) x0
 / 2  / 2  / 2  / 2 x
x0 x

rotation :  / 2
 / 2
|  ( x)  v '( x) | 1 x
x x0
x0 x  0
 / 2  / 2

 / x
courbure : Distribution de Dirac
  v( x) x
 ( x)   x ( x)
0
x
x x0

Figure 9. Illustration d'une rotule plastique obtenue par passage à la limite d'une zone de
courbure plastique constante dont la longueur x tend vers zéro.

 
 2x  x  x0  si x  x0  x / 2 avec 0   <<1
2


v( x)   (30)
 x0  x / 2
 x  1  ( x  x  x / 2) si x
 8 2
0
 x0  x / 2

la rotation et la courbure valent (voir partie gauche de la figure 9 où ces différentes fonctions sont
représentées):
 
 x  x  x0  si x  x0  x / 2  x si x  x0  x / 2
 
v '( x)   v "( x)   (31)
 x0  x / 2  x0  x / 2
   /2 si x  0 si x
  x0  x / 2   x0  x / 2
 

Dans le cas où l'on fait tendre la longueur x vers zéro, ces différentes expressions deviennent:
 1  x0
x  0 : v( x)    ( x  x0 ) si x , v '( x)   / 2   H x0 ( x), v ''( x)   x0 ( x) (32)
 2  x0

où H x0 ( x ) est la fonction saut unité (ou fonction d'Heaviside) au point x0 et  x0 ( x ) la distribution


de Dirac au même point, dérivée de la première au sens des distributions.
Ces différentes fonctions sont représentées sur la partie droite de la figure 9. La rotule plastique
correspond donc à la situation limite où la courbure plastique, initialement uniformément répartie
sur une longueur x, tends vers l'infini lorsque cette longueur tend vers zéro. La poutre étant
modélisée comme un solide continu tridimensionnel, dotée d'un certaine épaisseur, l'apparition

87
d'une telle rotule plastique, ponctuelle et donc sans dimension dans le cadre d'une modélisation
unidimensionnelle de la poutre, correspond au développement de déformations plastiques dans une
zone dont la dimension est proche de celle de l'épaisseur de la poutre (voir photographie de la figure
9).

2.4. Charge limite et mécanisme de ruine plastique


La solution précédemment mise en évidence dans la phase de comportement élastoplastique
demeure valable tant que le point A où le moment est maximal reste élastique, soit (figure 5):
Ml
M A  M ( x  l )  ( M l  Ql ) / 2  M l  Q  Q l  3 (33)
l
On peut tout d'abord montrer que cette valeur du chargement ne peut être dépassée. En effet, un
diagramme de moments fléchissants statiquement admissible avec une valeur Q du chargement
doit être nécessairement de la forme (5). En outre, il respecte le critère de plasticité en tout point
de la structure si et seulement si les moments extrêmes aux points O et A satisfont ce critère. Soit:

M O  Yl  M l et M A  2Yl - Ql  M l (34)

ce qui peut se traduire par les inégalités suivantes portant sur l'inconnue hypertstatique Y:
 M l / l  Y  M l /l et  M l / 2l  Q / 2  Y  M l / 2l  Q / 2 (35)
Il est alors facile de voir que les deux double-inégalités précédentes ne peuvent être
simultanément satisfaites que si l'intersection entre les deux intervalles auxquels Y doit appartenir
n'est pas vide, ce qui entraine les conditions suivantes sur la valeur du chargement Q:
 M l / l  M l / 2l  Q / 2 3M l
 Q Q  l
(36)
 M l / 2l  Q / 2   M l / l l

En d’autres termes il n’est pas possible d’équilibrer une valeur du chargement strictement
supérieure à Q l (ou inférieure à Q l ) par une distribution de moments fléchissants qui respecte
le critère de plasticité en tout point. Il s’agit encore une fois d’un raisonnement de calcul à la
rupture fondé sur l’examen de la compatibilité entre les conditions d’équilibre de la poutre, se
traduisant par l’expression (1) du diagramme des moments, et le respect du critère de plasticité.

88
Ml

y Q  Q l  3M l / l

O  p  0 A B

Y  M l /l

Ml  2 p  0

Figure 10. Diagramme des moments équilibrant la charge limite et mécanisme de ruine plastique
associé

Q  Q l constitue donc la charge limite de la structure. Maintenant le chargement à cette valeur :


Ml
Q  Ql  3
, Q0 (37)
l
la distribution correspondante des moments fléchissant est :

 M l  2 x / l  1 si 0  x  l
Q  Q : M ( x)   l
l
(38)
 M  2  x / l  si l  x  2l

Elle correspond à la plastification en flexion négative de la section O (encastrement) et en flexion


positive de la section A située au point d’application de la charge (figure 9).
Puisque le diagramme des moments reste constant ( M  0 en tout point) les taux de déformation
de courbure sont purement plastiques, donc nuls en dehors des points O et A où le critère de
plasticité est atteint. Ces sections sont le siège de rotules plastiques, négative en O et positive en A
compte tenu de la loi de comportement exprimée dans le tableau 1.
La compatibilité géométrique implique que les taux de discontinuités de rotation plastiques en
ces points sont reliées entre elles, d'où finalement:
M O   M l , M O  0   Op   p  0; M A   M l , M A  0   Ap  2 p  0 (39)

Le mécanisme de ruine plastique correspondant est représenté sur la même figure 9 : il s’agit
d’un «mécanisme de poutre» dans lequel les deux moitiés de la structure sont animées de
mouvements de rotation de vitesses respectives  p et   p . Cette phase d’écoulement plastique
libre est associée au plateau horizontal de la courbe charge-déplacement de la figure 7(b):
Q  Q l , Q  0  q  l p  0 (40)

89
2.5. Phase de décharge et état résiduel
Partant de l’état où la section A vient juste d’entrer en plasticité, on effectue une décharge que
l’on suppose élastique6. Le diagramme des moments résiduels (figure 7(c)) qui correspond à la
décharge totale de la structure, est alors obtenu en superposant au diagramme associé à la charge
limite (figure 11(a)) celui correspondant à un calcul purement élastique avec Q  Q l (figure
11(b)).
Ml

Q  Q l  3M l / l

(a ) O

Ml

 9M l / 8

Q  Q l
(b)
O

 15 M l / 16

 M l /8 
(c)  M l / 16
O

Figure 11:.Décharge élastique totale et diagramme de moments résiduels

Il vient alors compte tenu de l'expression (12) de la distributions de moments en phase élastique,
écrite pour Q  3M l / l , et de (38):
 l 3Ml

 M  2 x / l  1  16l 11x  6l  si 0  x  l  M l
M r ( x)    1  x / 2l  (41)
 M l  2  x / l   15M (2l  x) si l  x  2l 
8
l

 16l 

Une telle distribution de moments résiduels est autoéquilibrée, c’est-à-dire de la forme (5) avec
Q  0 et Y r  M l / 16l . On observe encore une fois que ce sont ces efforts résiduels qui, par le
6
Hypothèse vérifiée a posteriori

90
biais des déformations élastiques qu’ils engendrent, rétablissent la compatibilité géométrique des
déformations plastiques acquises par la structure dans sa phase de chargement.

(a )
v p (x)  p (Q l )


M r (x )
Yr
v el (x)
(b)


M r (x )
(c)

v r (x)
Yr

Figure 12. Interprétation des moments résiduels comme rétablissant la compatibilité géométrique
des déformations plastiques
Ce raisonnement est illustré sur la figure 12. Le champ des déformations de courbure plastiques,
localisé exclusivement à l'encastrement sous la forme d'une rotule plastique, s’écrit en effet :
 p ( x)   p (Q  Q l ) O ( x) (42)
avec d’après (27) :
l 2 (Ql  Q e ) M ll
 (Q  Q )  
p l
 (43)
4 EI z 12 EI z
de sorte qu’en intégrant deux fois par rapport à x et en tenant compte des conditions aux limites à
l’encastrement ( v( x  0)  dv / dx( x  0 )  0 ), l’expression de la flèche résiduelle, notée v p ,
s’écrit:
M l lx
v p ( x)   p (Q l ) x   (44)
12 EI z
On voit donc que le champ est bien intégrable, mais que la distribution de flèche dont il dérive
n’est pas géométriquement compatible, car ne respectant pas la condition d’appui en x  2l (figure
12(a)). En revanche, si l’on superpose à v p la flèche élastique associée à la distribution de moments
résiduels (41) égale à (figure 12(b)) :

v el ( x) 
Yr
EI z
 
lx 2  x 3 / 6 
Ml
16lEI z

lx 2  x 3 / 6  (45)

la distribution de flèche résiduelle (figure 12(c)) s’écrit :

91
M ll Ml Ml x
v r ( x)  v p ( x)  v el ( x)   x  lx 2  x 3 / 6    (2l  x)( x  4l ) (46)
12 EI z 16lEI z 96 EI z l

On voit donc qu’elle est bien géométriquement compatible puisque


v r ( x  0)  v r ( x  2l )  0 (47)
tandis que le déplacement résiduel du point A vaut:
M ll 2
q r  v r ( x  l )  (48)
32 EI z
L'ensemble du cycle chargement-déchargement de la structure est représenté sur la figure 12 ci-
dessous dans le plan (Q-q).
Q

Q l  3M l / l

Q e  8M l / 3l

q l  M l l 2 / 4 EI z
q

q r  M l l 2 / 32 EI z q e  7 M l l 2 / 36 EI z

Figure 12. Représentation du cycle charge-décharge dans le plan (Q-q).

3. Méthode de résolution énergétique


On se propose dans cette seconde partie de reprendre la résolution du problème d’évolution
élastoplastique précédent, en s’appuyant sur un principe de minimum de l’énergie que l’on établit
préalablement dans le cas particulier de structures planes chargées dans leur plan.

3.1. Principe de minimum en contrainte: théorèmes du potentiel minimum, de Castigliano


et de Colonnetti
Considérant un système de barres en flexion, noté L, on se place pour simplifier7 dans la situation
où :

7
Ces hypothèses simplificatrices ne nuisent pas à la généralisation des résultats présentés qui peuvent être aisément
généralisés au cas de structures de degré d'hyperstaticité quelconque soumis à plsusieurs paramètres de chargement.

92
 les données en déplacements sont nulles (appuis fixes, encastrements,..) ;

 les données en efforts dépendent d’un seul paramètre de chargement noté Q ;

 la structure est supposée une fois hyperstatique, et l’on désigne par Y l’inconnue
hyperstatique.
Les barres ont un comportement élastique parfaitement plastique de sorte que, l’état initial du
système étant naturel, la déformation de courbure en un point quelconque repéré par son abscisse
s, s’écrit :
M ( s)
 ( s)   p ( s)  (49)
( EI )(s)
où  p est la courbure plastique, M le moment fléchissant et EI le module de rigidité à la flexion
de la section située à l'abscisse s.
On suppose que cette structure a subi une évolution élastoplastique au terme de laquelle on
désigne par Q la valeur du paramètre de chargement, q la valeur correspondante du déplacement
généralisé,  p la distribution de courbure élastoplastique engendrée par le chargement, et Y la
valeur de l’inconnue hyperstatique. Désignant alors par (Q’,Y’) un couple de valeurs quelconques
du paramètre de chargement et de l’inconnue hyperstatique, on introduit la fonction quadratique
suivante :
G (Q',Y ')

 M (Q',Y ') 2 
F (Q',Y ')      p M (Q',Y ') ds  Q'q (50)
L  2 EI 

où M (Q' , Y ' ) désigne la distribution de moments fléchissants en équilibre avec (Q’,Y’). Nous
allons établir que le couple solution (Q,Y) réalise, à q et  p fixés, le minimum de cette fonction
quadratique:
q et  p (s) fixés: F (Q, Y )  Min
( Q ',Y ')
F (Q ', Y ') (51)

Cette propriété est aisément démontrable. Il suffit pour cela de calculer la différence :

F (Q',Y ') F (Q,Y ) 


(52)
 M 2 (Q',Y ')  M 2 (Q,Y ) 
L  2 EI
  p  M (Q',Y ')  M (Q,Y )  ds  (Q'Q)q

soit en tenant compte de l’inégalité :

M 2 (Q ', Y ')  M 2 (Q, Y ) M (Q, Y )


  M (Q ', Y ')  M (Q, Y ) (53)
2 EI EI
et de la loi de comportement (49) :

93

 M (Q, Y ) 
F (Q ', Y ')  F (Q, Y )      p   M (Q ', Y ')  M (Q, Y )  ds  (Q ' Q)q
L  
EI (54)
     M (Q ', Y ')  M (Q, Y )   ds  (Q ' Q )q
L

Or  (s ) étant cinématiquement admissible avec q (car solution du problème d’évolution), et la


distribution de moments fléchissants M (Q',Y ')  M (Q,Y ) étant statiquement admissible avec
Q 'Q , l’application du théorème des travaux virtuels conduit à la nullité du membre de droite de
(54). D’où le principe de minimum énoncé en (51), qui se traduit par l’annulation des dérivées
partielles par rapport à Q' et Y':
 F G
 Y ' Q, Y   Y ' Q, Y   0 (a)

 (55)
 F Q, Y   0  q  G Q, Y  (b)
 Q ' Y '

 Dans le cas d’une évolution purement élastique, pour laquelle  p  0 , la fonction G n’est
autre que l’énergie complémentaire8, et l’équation (51-a) le principe du minimum en
contrainte (ou théorème du potentiel minimum), tandis que l'équation (51-b) constitue le
théorème de Castigliano relatif aux structures élastiques.
 Dans le cas général, où la distribution de courbure  p est de nature anélastique (plastique,
mais aussi par exemple thermique, etc.), l’équation (51-a) est désignée sous l’appellation de
théorème de Colonnetti.
Nous nous proposons maintenant d'utiliser ces théorèmes énergétiques sur l'exemple traité dans
la première partie de ce chapitre.

3.2. Retour sur l’exemple de la poutre sous charge concentrée


Dans l’exemple de la poutre traité au début de ce chapitre, les distributions de moments
fléchissants statiquement admissibles pour le problème sont de la forme (5), c’est-à-dire paramétrés
par l’inconnue hyperstatique Y. Le calcul de la fonctionnelle G, c'est-à-dire de l'énergie élastique
de flexion associée à une telle distribution de moments statiquement admissible, donne alors après
calculs:
2l l
l3
G (Q';Y ')  8Y ' Q' 5Y 'Q'Y '   ( x)2l  x dx Q'  p ( x)l  x dx
2 2 p
(56)
6 EI z 0 0

Le principe du minimum en contrainte établi ci-dessus est alors appliqué aux différentes phases
d’évolution du système.

8
Ou encore l'énergie élastique de flexion

94
 Phase élastique.

Dans cette phase  p ( x)  0 , et le théorème du potentiel minimum (équation (51-a)) donne


immédiatement compte tenu de (56) :
G l3 5Q
 Q , Y   16Y  5Q  =0  Y  (57)
Y  6 EI z 16
tandis que le théorème de Castigliano (équation (51-b)) permet de calculer le déplacement q:
G l3 7Ql 3
q Q,Y   q (2Q  5Y )  (58)
YQ' 6 EI z 96 EI

 Phase élastoplastique
Le champ de déformation plastique, correspondant à la formation d’une rotule plastique à
l’encastrement, est de la forme (voir équation (21)):
 p ( x)   p  0 ( x) (59)
9
D’où :
2l 2l

Y '   p ( x)  2l  x  dx  Y '   p 0 ( x)  2l  x  dx  2Y ' l p ,


0 0
l l
(60)
Q'  ( x)  l  x  dx  Q '    0 ( x)  l  x  dx  Q ' l
p p p

0 0

et donc:
l3
G (Q',Y ')  8Y ' 2 Q' 2 5Y 'Q' (2Y 'Q')l p (61)
6 EI z

L'application des théorèmes de Colonnetti et de Castigliano donne alors:


G
Q, Y   l 16Y  5Q   2l p  0
3
(a)
Y ' 6 EI z
(62)
G
Q, Y   l 2Q  5Y   l p
3
q (b)
Q ' 6 EI z

L’équation (58-a) combinée avec le fait que M ( x  0)  l  2Y  Q    M l (hypothèse de


plastification en flexion négative à l’encastrement) permet alors de retrouver l’expression (27) de
la rotation plastique à l'encastrement en fonction du chargement Q:

p 
l2
4 EI z
8M l / 3l  Q   (3.45)

9
En vertu de la propriété:   ( x) f ( x)dx  f (0) .
0

95
Tenant compte de ce résultat, l’équation (58-b) fournit quant à elle l’équation de la courbe
donnant le déplacement en fonction de la charge en phase élastoplastique :

G
Q, Y   l 2Q  5Y   l p  l Ql / 6  M l / 4
3 2
q (63)
Q' 6 EI z EI z

 Charge limite et écoulement plastique libre.


Dans cette phase le champ de déformation plastique correspond à la formation de deux rotules
plastiques repectivement localisées en O et A. Désignant par  p et  p les dicontinuités de rotation
plastiques en ces points, le champ de courbure plastique peut donc s’écrire sous la forme:

 p ( x)  p 0 ( x)  p l ( x) (64)

où  l (x) désigne la distribution de Dirac au point A(x=l), de sorte que la fonctionnelle à minimiser
a pour expression :
l3
G (Q',Y ')  8Y '2 Q'2 5Y 'Q' (2Y 'Q')l p Y 'l p (65)
6 EI z

Il vient donc par application des théorèmes de Colonnetti et de Castigliano:

G
Q, Y   l 16Y  5Q   2l p  l p  0
3
(a)
Y ' 6 EI z
(66)
G
Q, Y   l 2Q  5Y   l p
3
q (b)
Q' 6 EI z

La première équation (62-a) donne puisque Q  Q l  3M l / l et Y  M l / l :

M ll
2 p   p     p  2 p (67)
6 EI z
qui représente l’équation de compatibilité géométrique, reliant les taux de discontinuités de
rotations plastiques. La seconde équation (62-b) conduit à l’expression du déplacement de la
charge en phase d’écoulement plastique, en fonction de de la discontinuité de rotation plastique
 p  0 dont la valeur demeure arbitraire:
M ll 2
q  l p   q  l p  0 (68)
6 EI z

Remarques finales.
a) Qu'il s'agisse de la méthode de calcul directe appliquée à la section 2 ou de l'approche
énergétique mise en œuvre en 3.2, la résolution des problèmes d'évolution élastoplastique peut
bien évidemment être étendue au cas des structures à barres fléchies dont le degré
d'hyperstaticité k est strictement supérieur à 1: exemple de la poutre de la figure 2 encastrée à

96
ses deux extrémités pour lequel k=2. Dans de telles conditions, et notamment dans le cas de
chargements concentrés, la structure plastifie progressivement sous l'effet du chargement par
apparition successive de rotules plastiques. Comme l'indique la figure 13 on observe
généralement une phase de comportement élastique suivie d'au maximum10 k phases de
comportement élastoplastique jusqu'à ce que la charge limite soit atteinte. Chaque phase est
caractérisée par un segment de droite dont la pente décroît au fur et à mesure qu'apparaissent
les rotules plastiques, jusqu'à s'annuler lorsque la charge limite est atteinte et qu'un mécanisme
d'écoulement plastique libre se forme.

Q
Mécanisme de ruine plastique
Q l : charge limite

Phases élasto-plastiques

Q e : limite d'élasticité

Phase élastique
q

Figure 13. Allure de la courbe (affine "par morceaux") de premier chargement jusqu'à la charge
limite pour une système de poutres fléchies plusieurs fois hyperstatique

b) L'hypothése faite au départ, selon laquelle seul le moment fléchissant joue un rôle dans le
comportement des poutres, semble généralement assez bien vérifiée notamment pour des
poutres métalliques dont le matériau constitutif exhibe la même limite d'élasticité en traction et
en compression simple. Elle doit néanmoins être réexaminée par exemple pour des poutres en
béton armé pour lequelles le critère de plasticité porte non seulement sur le moment fléchissant,
mais également sur l'effort axial à travers la donnée d'un critère d'interaction de type:
M  N  N0 
2

f (N , M )  l    1  0 (69)
 N 
l
M
c) Tout comme pour les problèmes de plasticité formulés dans le cadre du modèle de milieu continu
3D (voir chapitre II) , la résolution des problèmes d'évolution élastoplastique des systèmes de
poutres en flexion suppose implicitement que les changements de géométrie restent
négligeables, ce qui implique en particulier que les rotations restent petites en tout point

10
Ce nombre peut être inférieur si par exemple deux rotules plastiques apparaissent simultanément: cas de la poutre
bi-encastrée soumise à une charge concentrée appliquée en son milieu.

97
( v '( x)  1) 11. En dépit de cette condition, il peut se faire que, pour des poutres élancées
soumises à des efforts de compression, des effets du second ordre (effet "P-") se manifestent
conduisant à une non-linéarité géométrique de la réponse élastique puis plastique de la structure.

*************

11
Et donc que  ( x )  v ''( x )

98

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