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Avant propos
Présentation de l’IIM
L’Institut International de Management IIM-Université est une école du Groupe BK-
Université, spécialisée dans les formations universitaires professionnelles en Management. Il
forme suivant le nouveau système d’harmonisation des cursus universitaires : le système
LMD. L’IIM-Université est présent au Togo, au Bénin et au Niger. Le Groupe BK-Université
est crée depuis 1986 à Lomé et regroupe à ce jour quatre institutions : IAEC-Université de
Lomé, les IIM-Université, et le Cabinet Eco-Invest. Le Groupe BK-Université est Membre
Titulaire de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et partenaire diplômant de la
Chambre Economique Européenne à Bruxelles sans compter les nombreux partenariats
pédagogiques qu’il a avec les universités européennes et canadiennes.
Présentation du Bachelor
Le Bachelor of Business Administration (BBA) est un cycle anglo-saxon équivalent à la
licence professionnelle en management des entreprises. Le cycle dure trois années post
baccalauréat soit un total de 180 crédits ECTS. L’approche pédagogique vise à donner aux
étudiants les outils pragmatiques et théoriques dont ils ont besoin pour s’insérer directement
dans le marché de l’emploi. Les étudiants sont formés pour affronter les difficultés de ce
marché africain hostile. Sans cesse innovateurs, les titulaires du BBA sont prédateurs des
opportunités. Ils sont formés pour faire de la gestion des hommes, des finances et du matériel,
une science artistique.
Présentation du Master
Le Master est un cycle de spécialisation de deux années soit un total de 120 crédits ECTS. Il
correspond à la maîtrise, pour la première année de master, et au DESS pour la deuxième
année de Master. A ce jour, l’IIM offre sept options de spécification en master : Gestion des
Projets, Gestion des Ressources Humaines, Audit et Finances des Entreprises,
Communication-Marketing, Management et Droit des Affaires, Communication Politique,
Management des Entreprises. Après le BBA, l’étudiant désireux de se spécialiser dans un
secteur donné du management, choisit une option. En deux années, il apprendra à maîtriser se
secteur dont il sortira expert.
Programme de
Master of Business Administration 2
Toutes Options
Le présent document est enregistré comme propriété de l’IIM-Université. Toute duplication partielle ou totale sans l’accord écrit de
l’IIM-Université reste passible de poursuite judiciaire. Seuls l’Auteur et l’IIM-Université se réservent le droit de son exploitation.
Première Edition, imprimée sur les Presses du Service de Reprographie de l’IIM-Université de Cotonou en Mars 2009
Par :
2008-2009
Syllabus
Description
Objectif général
Familiariser l'étudiant(e) avec les différents types de recherche scientifiques courants afin
d'être en mesure de juger la qualité de projets spécifiques et d'éventuellement devenir un
participant actif dans la prise en charge de projets de recherche en milieu professionnel.
Objectifs spécifiques
Méthodes pédagogiques
Cours magistraux, démonstrations et exercices sur les thèmes de recherche choisis par les
étudiants de telle sorte que à la fin de ce cours que chaque étudiant(e) élabore son protocole
de recherche. C’est d’ailleurs ce dernier qui servira de base pour l’évaluation de ce cours.
Le cours est prévu pour durer 18 heures et comporte sept parties qui se présentent de la façon
suivante.
1 La notion de « science »
1.1 Définition
1.2 Les caractéristiques de la science
1.3 L’attitude scientifique
1.4 Les caractéristiques du chercheur
1.5 Pourquoi fait-on de la recherche
2 La méthode scientifique
5 Le cadre théorique
5.1 L’inventaire des théories et des recherches portant sur le thème retenu
5.2 La définition et l’opérationnalisation des concepts
5.3 La mise en relation de l’étude en cours avec les autres connaissances
5.4 La formulation des questions et hypothèses de recherche
5.5 L’identification des relations entre variables
1 La notion de « science »
1.1 Définition
On peut définir la science comme «un ensemble de connaissances, d'études d'une valeur
universelle, caractérisées par un objet et une méthode déterminées, et fondées sur des relations
objectives vérifiables». La science est empirique, c'est-à-dire basée sur l'observation de la
réalité. C'est aussi «un ensemble organisé de connaissances vérifiées et vérifiables». Elle est
considérée comme une démarche de connaissance, c'est-à-dire une manière de connaître, de
comprendre et d'expliquer la réalité. C'est aussi «la démarche par laquelle on produit des
connaissances scientifiques».
Autrement dit, la science est une activité systématique qui sert à produire un ensemble
cohérent de connaissances qu’il faut intégrer dans un système de connaissances. C’est aussi
une activité centrée sur la réalité par exemple la nature, la société - la pensée (il ne s’agit pas
de spéculer dans l’abstrait) qui utilise un outillage précis (des hypothèses, théories,
méthodes, etc.) et tente de généraliser en contribuant à des théories, en produisant des lois,
etc.
Les lois
Les lois sont le mortier qui relie les faits scientifiques. Elles permettent d'expliquer la nature
exacte d'une relation entre des faits mais aussi de prédire des événements. On peut définir une
loi comme un «énoncé qui établit des relations entre des faits»; elle rend compte de la
régularité d'apparition des faits scientifiques. Les lois possèdent un certain nombre de
caractéristiques: elles sont universelles (ce qui n'est pas toujours le cas en sciences sociales),
elles sont empiriques, c'est-à-dire qu'elles reposent sur des phénomènes et des relations qui
ont été observés dans la réalité.
Les théories
On peut définir une théorie comme une construction intellectuelle qui établit une relation
entre des lois; fait une synthèse des connaissances scientifiques actuelles. La théorie, c'est un
peut comme l'édifice qui donne son sens à l'assemblage de briques (les faits scientifiques) et
de mortier (les lois scientifiques).
Les théories possèdent certaines caractéristiques dont la vérifiabilité (elles doivent être
vérifiables), la puissance (elles doivent permettre d'expliquer des phénomènes importants et
permettre d'expliquer des phénomènes qui n'ont pas encore été expliqués) et la synthèse (elles
doivent permettent d'intégrer des éléments disparates et leur donner un sens et une explication
parcimonieuse). Les théories de la science permettent d’analyser d’un point de vue
philosophique les conditions du savoir scientifique et de formuler des recommandations.
La pensée scientifique (issue des sciences) et la pensée critique (issue de la philosophie) ont
permis à l'humanité d'aller au-delà de la pensée magique, des superstitions, des constats
faciles, du primat de la sensation et de l'intuition, des préjugés, de la démagogie, du
dogmatisme, de l'illusion.
Faire de la recherche c’est donc tenter de répondre à trois principaux types de question que
sont :
1. Descriptive: Lorsque la recherche vise principalement à décrire une action ou une
situation.
2. Relationnelle: Lorsque la recherche examine l'ensemble des relations entre deux ou
plusieurs variables.
3. Causale: Lorsque la recherche vise à déterminer si une ou plusieurs variables (p. ex.,
un programme ou une mesure incitative) produit ou modifie une ou plusieurs variables
résultantes.
Ces trois types de question sont cumulatifs. C'est-à-dire qu'une étude relationnelle suppose
que vous pouvez dans un premier temps décrire (en les mesurant ou les observant) chacune
des variables entre lesquelles vous tentez d'établir des relations. Une étude causale suppose
que vous pouvez décrire à la fois les variables de cause et les variables d'effet, et que vous
pouvez démontrer qu'il existe une relation entre elles. Les études causales sont les plus
exigeantes.
2 La méthode scientifique
Avant d'entreprendre l'étude des méthodes scientifiques, il importe de savoir qu’elles ne sont
pas les seules méthodes de connaissance et que, par rapport aux autres méthodes qui existent,
le développement des méthodes scientifiques est assez récent (2 e moitié du 2e millénaire après
Jésus Christ). Depuis la nuit des temps, l'humain cherche à connaître son univers, à déchiffrer
les régularités de son environnement afin de pouvoir prédire et anticiper les événements tant
positifs que négatifs qui pourront se produire. Le besoin de connaître n'a jamais été un luxe
pour l'humain, il a toujours été essentiel à sa survie. L'humain a donc développé avec le temps
plusieurs méthodes de connaissance que l'on peut qualifier à la fois de «non-scientifiques»,
puisqu'elles ne répondent pas aux critères de la méthode scientifique, et de «pré-
scientifiques», puisqu'elles précèdent la venue des méthodes scientifiques. L'énumération qui
suit, sans être exhaustive, présente néanmoins quelques unes des principales méthodes non-
scientifiques de connaissance.
2.1.1 L'intuition
Cette méthode consiste à acquérir (on dirait mieux produire) une nouvelle connaissance de
façon immédiate et spontanée, sans avoir recours à des activités intellectuelles comme la
réflexion, l'analyse, la déduction. Elle repose la plupart du temps sur un raisonnement
implicite (donc difficile à analyser et valider) ou simplifié. L'intuition débouche sur une
conclusion sans que toutes les étapes qui y mènent n'aient été explicitées. L'intuition va de la
juxtaposition immédiate de deux propositions reposant sur quelques similitudes (association
ou corrélation illusoire) ou régularités élémentaires à la déduction spontanée d'une conclusion
à partir d'une analyse systématique mais non-linéaire de toutes les possibilités. Certaines
intuitions correspondent à des formes très rudimentaires et souvent erronées de réflexion alors
que d'autres intuitions (ex.: l'intuition scientifique) constituent des modes complexes de
cognition faisant appel tant à la pensée divergente (créatrice) que convergente (linéaire).
Exemples d'intuition
sentir que l'on va gagner à la loterie ou qu'aujourd'hui sera un jour de chance
avoir l'impression que le couple de deux amis ne va pas très bien
sentir qu'un ami va bientôt appeler ou passer nous voir
des gens peu instruits et souvent analphabètes d'apprendre facilement des éléments de
connaissance utiles. Toutefois, la plupart des croyances populaires s'avèrent trop générales et
imprécises pour être très utiles et ne trouvent pas toujours un appui empirique lorsqu'elles sont
soumises à une évaluation systématique. Elles constituent, à toutes fins pratiques, des formes
culturelles.
Exemples de proverbes
Après la pluie, le beau temps
Qui s'assemble, se ressemble
Les contraires s'attirent
Tel père, tel fils
Bien mal acquis ne profite jamais
Les bons comptes font les bons amis
2.1.5 Le raisonnement
De son côté, l'induction est un processus de pensée reconstructif qui implique le passage du
«particulier au général». On appelle induction le processus par lequel la recherche de
plusieurs choses particulières nous mène à la connaissance d'une vérité générale. Ainsi,
lorsqu'on a constaté sur beaucoup de mers que l'eau est salée et que sur beaucoup de rivières
que l'eau est douce, on conclut généralement que l'eau de mer est salée et celle des rivières est
douce. Ce mode de raisonnement logique est toutefois beaucoup moins rigoureux que le
raisonnement déductif et plus susceptible d'inclure des erreurs de raisonnement.
Le raisonnement analogique est le plus faible des trois modes de raisonnement au niveau
logique. Il consiste à dégager des ressemblances plus ou moins lointaines, particulièrement
entre choses qui ne se ressemblent pas dans leur aspect général, et qui ne peuvent être
subsumées sous un même concept. Au sens plus restreint, un raisonnement analogique est un
raisonnement concluant en vertu d'une ressemblance entre les objets sur lesquels on raisonne.
Un raisonnement analogique peut devenir dans certaines conditions un raisonnement
métaphorique.
Les méthodes non-scientifiques peuvent, par hasard, nous permettre d'arriver à une conclusion
qui correspond à la réalité mais le plus souvent les conclusions obtenues sont fausses (ou à
tout le moins, non démontrées). Le danger des méthodes non-scientifiques, c'est que les gens
qui les utilisent sont souvent persuadés qu'ils ont raison, qu'ils détiennent la vérité. C'est le
fanatisme du «parce que c'est comme ça». Dans certains cas, les conclusions sont
indémontrables et donc impossibles à critiquer. Il s'agit d'un acte de foi et non d'une démarche
rationnelle et empirique. Dans toute leur diversité, les méthodes non-scientifiques ont comme
caractéristique commune de ne pas répondre aux critères de la démarche scientifique. Mais
quels sont ces critères et quelles sont ces méthodes dites «scientifiques».
Le déterminisme
Ce premier postulat de l'approche scientifique implique la présence de règles et de lois. La
réalité est ordonnée et le but de l'entreprise scientifique est d'identifier cet ordre. Sans
régularité, il n'y a pas de science. Les événements ont des causes identifiables. En
conséquence, la conduite humaine est ordonnée et répond à des lois ou à des règles. Bien que
les causes ne sont pas toujours apparentes et que les comportements ne sont pas toujours
compréhensibles (ex.: conduire dangereusement une automobile au risque de sa propre vie), il
n'en découle pas pour autant qu'ils sont sans ordre. Rappelons qu'au début du XXe siècle,
Sigmund Freud nous a proposé des explications très riches (dont plusieurs demandent
toujours à être vérifiées scientifiquement) des comportements en apparence incompréhensible
des fous et des malades mentaux.
L'empirisme
La science porte sur des observations empiriques, c'est-à-dire concrètes et vérifiables et
provenant de l'observation de la réalité. Son premier travail consiste à identifier, nommer,
comparer, décrire et classer les faits. La science est donc basée sur des faits. C'est pour cette
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Lot 1265 Ste RITA Cotonou/Bénin Prof : Dr Guy NOUATIN
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raison que la psychologie est considérée comme une science (vérification de faits
psychologiques) alors que la philosophie ne l'est pas. La psychologie s'est construite à partir
d'études systématiques des conduites de grands nombres d'individus afin d'en identifier les
régularités et éventuellement les lois et les règles.
L'intégration théorique
La science cherche à construire des théories, soit des ensembles de règles capables d'assurer
l'explication d'un ensemble importants de faits. Une bonne théorie est celle qui intègre
plusieurs relations entre des faits, relations demeurées indépendantes jusque-là. Il existe en
psychologie de très nombreuses théories et plusieurs grandes théories scientifiques. Ces
théories ont été développées à partir de l'intégration des résultats de nombreuses recherches
effectuées sur des problématiques très variées. Mentionnons à titre d'exemples de théories
scientifiques en psychologie, la théorie du champ de Kurt Lewin, la théorie de la prise de
décision de Simon, la théorie des capacités de la mémoire à court terme de Miller, la théorie
de la névrose infantile de Freud, la théorie de l'acceptation inconditionnelle de Rogers, etc. En
plus des théories, on reconnaît en psychologie de nombreuses relations précises qui se
produisent avec régularité. Ainsi, on peut parler de l'effet d'association, de l'effet de primauté,
de l'effet de récence, de la capacité limitée de la mémoire à court terme, des mécanismes de
l'attribution sociale, de la déresponsabilisation collective, etc.
La dimension publique
La science est une activité publique. Cette caractéristique distingue essentiellement
l'expérience phénoménologique (perception propre à une seule personne ou groupe de
personnes) de celle conduisant d'abord à la comparaison des expériences intersubjectives qui
sont à la base du cheminement scientifique. Il faut donc communiquer ses résultats, ses
découvertes et ses théories afin de les soumettre à une vérification par d'autres chercheurs. La
recherche la plus solide au plan théorique et méthodologique n'a pas véritablement de valeur
scientifique tant qu'elle n'a pas été soumise au constat public de la communauté scientifique.
Une recherche dont la démarche ou la méthode reste privée ou secrète n'a pas de valeur
scientifique. C'est pour cette raison que l'activité de communication scientifique (publication
des rapports de recherche dans des journaux scientifiques et maintenant sur l'Internet) est si
importante pour le bon développement de la science. C'est un peu pour cette raison qu'il faut
se méfier des conclusions de recherches effectuées par des chercheurs inconnus ou dont les
travaux ne peuvent être vérifiés ou ne sont pas publiés dans des revues scientifiques
reconnues.
Prédire le comportement
Le troisième but de la démarche scientifique en sciences humaines et sociales et d'en arriver à
construire des modèles ou des règles qui nous permettront de prédire les actes que poseront
les gens dans des conditions spécifiques. La prédiction est un but explicite de la science. Sans
prédiction des effets ou des comportements, nous n'aurions aucun médicament, aucune
technologie, aucune procédure qui pourraient avoir des chances de succès. Par exemple, les
études longitudinales effectuées sur des enfants battus nous ont permis de déterminer que ces
enfants ont plus de chances de devenir des adultes abuseurs à leur tour que des enfants qui
n'ont jamais été violentés. Cette règle probabiliste nous permet donc d'identifier des
populations à haut risque.
À ces quatre buts de la science, on peut ajouter deux autres buts qui s'inscrivent dans un
processus d'investigation et d'intervention scientifique.
De plus en plus, les individus devront apprendre à interagir avec des machines conçues pour
les assister dans des tâches cognitives (systèmes experts) telles que le diagnostic, la prise de
décision, la gestion d'équipes, la planification et la réalisation de téléconférences, l'analyse de
tendances, etc. Pensez seulement à tous les jouets éducatifs informatisés pour les enfants, il
s'agit manifestement de technologies psychopédagogiques. Ces nouvelles techniques existent
ou sont en voie de développement. Elles présentent un potentiel de développement humain
énorme, mais elles transportent aussi des dangers très réels tels que la perte d'autonomie et de
compétence personnelle, la dépendance excessive. La sciences humaines et sociales devra, par
rapport à ce but, oeuvrer au développement de ces techniques et technologies tout en
s'assurant qu'elles contribuent réellement au mieux-être et au développement de l'individu.
La recherche se caractérise d'abord et avant tout par un processus linéaire en ce sens qu'elle
débute par une interrogation ou question de recherche et conduit à des résultats qui apportent
une réponse à cette interrogation initiale.
Enfin, la recherche se caractérise par un processus itératif. Il arrive souvent que le chercheur
doive retourner à une étape antérieure de la recherche pour la compléter ou la modifier en
fonction de nouvelles perspectives, de nouvelles sources d'information ou d'informations plus
récentes. Par exemple, l'élaboration du cadre théorique, la consultation de la documentation
scientifique et la publication de résultats d'autres recherches remettent souvent en question la
problématique et obligent le chercheur à la reformuler
La recherche prend forme lorsqu'un chercheur constate un écart entre les connaissances
disponibles --théories scientifiques, modèles, concepts, explications courantes, etc.-- sur un
aspect de la réalité et ses propres observations relatives à ce phénomène. Le chercheur élabore
alors une problématique pour expliquer la nature du problème qu'il a décelé et formule une
question de recherche et, s'il y a lieu, une hypothèse de recherche.
limitée (pré-test, pré-enquête, etc.) qui l'aide à déceler tout problème lié à l'organisation de la
recherche. Les principaux aspects de la méthodologie sont décrits dans le deuxième chapitre
du rapport de recherche.
En accord avec les méthodes de recherche qu'il a retenues à l'étape précédente, le chercheur
procède à la collecte des données, non sans en avoir organisé rigoureusement au préalable les
différents moments. Il aura veillé également à ce que sa démarche soit conforme à l'éthique de
la recherche (voir dans la même collection le fascicule La recherche et l'éthique).
Une fois les données recueillies, le chercheur s'engage dans l'organisation, le traitement et
l'analyse des résultats issus de la collecte des données. Il lui est souvent nécessaire en premier
lieu de regrouper ses données et de les soumettre à divers traitements: réduction, codification,
classification, etc. Le chercheur applique ensuite à ses données diverses méthodes d'analyse
qualitative ou quantitative, selon les objectifs de son étude et la nature de ses données. La
présentation des résultats correspond au troisième chapitre du rapport de recherche.
Le chercheur entreprend maintenant d'établir des liens entre ses résultats et les connaissances
théoriques intégrées à son cadre théorique. Il appuie sur une argumentation systématique ses
conclusions confirmant ou rejetant ses hypothèses ou autres énoncés de départ. Enfin, il
souligne les limites de sa recherche, tente d'en dégager les effets positifs pour la science et
propose de nouvelles pistes de recherche. L'interprétation des résultats constitue le quatrième
et dernier chapitre du rapport de recherche.
Face à la grande variété des sources possibles de thèmes de recherche, comment les
chercheurs en arrivent-ils à choisir un sujet d'étude? Parmi les facteurs importants de décision,
on trouve les penchants personnels et les jugements de valeur des investigateurs.
On croit parfois que les «valeurs» n'ont pas droit de citer en sciences; c'est là une erreur qui
vient de ce que l'on ne fait pas la distinction entre le choix d'un thème de recherche et la
méthode à utiliser pour réaliser une recherche. C'est ainsi que les valeurs du chercheur entrent
souvent dans le choix d'un thème; tel chercheur a une préférence pour le comportement des
enfants, l'autre pour les comportements sociaux et, enfin, un troisième est passionné par les
comportements déviants. Tous, cependant, doivent s'efforcer de mettre à l'écart leurs valeurs
dans la réalisation même de la recherche, sans quoi, ils pourraient introduire des biais
(erreurs) importants dans leurs résultats.
Toutefois, les valeurs et les goûts personnels ne sont pas les seuls facteurs qui entrent en ligne
de compte. Au contraire, une grande partie de l'activité de recherche est un processus social et
public, géré et en bonne partie administré par des intérêts autres que ceux du chercheur
(organismes subventionnaires, comités scientifiques, orientations universitaires, actualité,
mode, etc.). La recherche est souvent subventionnée par différentes institutions (universités,
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Plusieurs des questions ou problèmes qui donneront lieu à des recherches proviennent de la
simple observation des faits. Il peut s'agir d'événements de la vie quotidienne ou de faits
divers rapportés par l'un ou l'autre des grands moyens de communication (médias) : par
exemple, comment expliquer la mémoire phénoménale de tel artiste se produisant en
spectacle? Ou encore quels sont les motifs qui amènent une personne adoptée à déployer des
efforts considérables pour retrouver ses parents biologiques? Il peut s'agir d'observations
effectuées pendant l'exercice d'une certaine pratique professionnelle: par exemple, quel genre
d'événement conduit tel type de patients à déformer systématiquement certaines informations?
Ou encore quels sont les facteurs qui affectent la perception de la douleur lors d'un traitement
dentaire? Ou encore, y a-t-il une différence en fonction du sexe dans l'absentéisme au travail?
Cette différence (si elle existe) s'estompe-t-elle lorsque l'on élimine les motifs reliés au soin
des enfants malades?
Mais, il s'agit la plupart du temps de faits liés à l'activité de recherche elle-même, consistant
en résultats surprenants rapportés dans les journaux scientifiques, transmis dans des
communications lors de rencontres ou de colloques ou directement identifiés lors de l'activité
même de recherche. Par exemple, comment se fait-il que certains individus sont plus sujets
que d'autres à l'effet de contexte en perception.
Ainsi, il est fréquent d'observer des phénomènes dont on ne comprend pas les causes et ceci
entraîne le besoin d'expliquer certains aspects de la réalité. Il faut dire cependant que le
phénomène qui pose un problème n'est pas nécessairement très mystérieux au premier abord.
Il est évident que le chercheur tente de rendre familier ce qui est étrange. Les phénomènes
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étranges, anormaux et inexpliqués sont souvent les objets privilégiés par l'entreprise
scientifique. Toutefois, il est aussi vrai que le chercheur doit parfois rendre étrange ce qui est
familier. Plusieurs découvertes importantes ont été effectuées par des chercheurs qui ont mis
en doute des vérités que tous acceptaient ou qui ont perçu l'anormal dans une situation en
apparence anodine. Rendre le familier étrange repose toutefois sur l'extraordinaire capacité
d'observation du chercheur et sur sa constante curiosité et capacité de doute.
Une faille quelconque dans l'ensemble des connaissances peut aussi être source de questions
pour les chercheurs. L'étude de la popularité de divers modes de vie révèle qu'une proportion
de plus en plus importante d'adultes adopte de nouvelles formules de vie intime (divorce,
remariage, vie en groupe, couple à l'essai, etc.), sans que l'on sache très bien quels effets ces
formules peuvent avoir à long terme sur le développement social et affectif des enfants : il y a
là des faits relativement récents dont l'observation engendre un certain nombre de questions à
approfondir. Ainsi, depuis quelques temps, beaucoup de professionnels s'interrogent sur les
nombreuses problématiques psychologiques découlant du SIDA. Cette maladie épouvantable
pose des problèmes inquiétants au niveau des relations sociales, de l'activité sexuelle, des
préjugés, de la transmission d'informations vitales, de la perception de la mort et du sens de la
vie.
Plusieurs problèmes de recherche ont par ailleurs leur origine dans l'observation de faits en
apparence contradictoires : le même phénomène étudié de diverses façons ou à différents
moments, présente alors des caractéristiques apparemment contradictoires. Il y a quelques
années, par exemple, on a constaté que le degré d'activation physiologique, dans certains cas,
augmentait le rendement des individus, alors que dans d'autres cas, elle le diminuait; les
questions suscitées par ces contradictions ont pu trouver réponse grâce aux recherches qui ont
montré que l'augmentation de l'activation physiologique produisait une amélioration du
rendement, mais jusqu'à un certain point seulement; au-delà de ce point, la tension provoquée
par une trop grande activation physiologique s'accompagnait d'une diminution du rendement
(loi de Yerkes-Dodson).
Les recherches ne découlent pas toujours de questions soulevées par l'observation de faits
empiriques. Bon nombre de problèmes scientifiques ont une origine purement théorique. C'est
le cas lorsque l'on cherche à mettre à l'épreuve la validité d'une théorie. Tel auteur propose,
par exemple, un modèle explicatif global du comportement perceptif, social ou intelligent. La
vérification de chacune des implications concrètes du modèle peut donner lieu à autant de
problèmes de recherche. Par exemple, une théorie avance que le traitement de l'information en
mémoire à court terme se fait de manière parallèle alors qu'une autre théorie antagoniste
avance qu'il se fait de façon sérielle. Quelle théorie décrit le mieux la réalité du traitement de
l'information en mémoire? La comparaison des prédictions de plusieurs théories concurrentes
et l’identification de celle qui décrit le mieux les résultats obtenus peut être une source d’un
problème de recherche.
Certaines théories sont par ailleurs en pleine évolution et bon nombre de questions consistent
simplement à tenter de vérifier si les explications qui se sont déjà avérées valables, en ce qui
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concerne les conduites de certains individus dans certaines situations, s'appliquent à d'autres
sujets en d'autres circonstances. La théorie de l'apprentissage social de Bandura (1969) a, de la
sorte, suscité récemment quantité de recherches : ainsi, s'il est vrai qu'un adulte peut
apprendre tel comportement en observant un autre adulte en train d'adopter ce comportement,
un enfant peut-il y arriver? Peut-il y parvenir, même si les comportements sont complexes ou
s'ils supposent la maîtrise de règles abstraites?
La seconde qualité d'un bon problème de recherche est qu'il doit permettre d'apporter une
contribution importante à l'avancement des connaissances. Il est difficile de déterminer ce qui
constitue une contribution importante, mais l'évaluation de la pertinence d'une recherche est
d'abord faite par le chercheur lui-même, puis éventuellement par ses collègues, par le milieu
de la communauté scientifique, puis par le monde en général. Il existe d'ailleurs plusieurs
débats de fond sur ce qu'il convient d'appeler de la «bonne recherche». Certains utilisent des
critères techniques, d'autres des critères théoriques, puis d'autres des critères idéologiques.
Nous reprendrons de façon plus détaillée cette discussion en abordant les problèmes éthiques
découlant de l'activité de recherche.
La problématique d'une recherche réunit l'ensemble des éléments du questionnement qui est à
l'origine d'une recherche. Une recherche est utile et pertinente dans la mesure où elle se
rattache aux connaissances scientifiques disponibles dans un domaine --la recherche est alors
dite fondamentale--, ou à un objectif d'intervention --la recherche est dite appliquée. En règle
générale, la problématique d'une recherche précise un thème général à l'intérieur duquel se
situe le problème de recherche, appuie l'énoncé d'une question de recherche et, s'il y a lieu,
formule une hypothèse de recherche. Il convient d'analyser maintenant chacun de ces
éléments.
4.3.1 Le thème de recherche
Pour entreprendre une recherche en sciences humaines, la première condition à remplir est de
choisir un thème de recherche. Selon le Larousse, le thème consiste en un sujet, une idée sur
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lesquels portent une réflexion, ou un discours, une oeuvre, autour desquels s'organise une
action1. Le thème de recherche correspond donc au sujet qu'un chercheur choisit d'étudier, ou
encore à la réponse qu'il fournirait spontanément à la question: «Sur quoi porte votre
recherche?» Il existe une très grande variété de thèmes de recherche en sciences humaines, et
de nouveaux thèmes s'ajoutent constamment. On peut mentionner à titre d'exemples les
thèmes suivants: la socialisation, les stéréotypes, les inégalités sociales, la sexualité féminine,
les conditions de travail des employés d'un secteur économique ou d'une entreprise, la
mobilité sociale, la communication interpersonnelle sur l'Internet, le racisme, etc.
Il est important de souligner que plus un thème est vaste, plus le risque est grand que l'étude
en soit superficielle. Le chercheur a donc intérêt, avant de s'engager dans une démarche de
recherche, à préciser son thème de recherche et à bien le circonscrire. L'adoption d'un thème
spécifique de recherche présente deux avantages, soit de permettre au chercheur de mener une
recherche plus limitée et souvent plus approfondie, et de situer les résultats de recherche à
l'intérieur d'un phénomène plus large.
4.3.2 Le problème de recherche
Bien qu'il aide le chercheur à préciser la portée de son étude, le thème ne constitue pas, en soi,
un moteur suffisant pour déclencher l'activité de recherche. Le thème ne met pas d'emblée le
chercheur dans une situation où il peut commencer à réfléchir à la nature des données qu'il
compte recueillir ou aux méthodes de collecte ou d'analyse des données qu'il adoptera. Le
chercheur doit tout d'abord dégager du thème choisi un problème qui se prête à une
investigation scientifique. Il est possible de découvrir dans chacun des domaines de la
recherche une multitude de problèmes susceptibles de motiver le chercheur à entreprendre une
étude. Mais qu'est-ce qui peut constituer un problème de recherche valable? Certaines
catégories de problèmes sont, par nature, susceptibles d'intéresser un chercheur: l'existence
d'un phénomène inconnu, inexpliqué ou connu de façon incomplète, la présence de résultats
contradictoires, la pertinence d'un modèle ou d'une théorie, etc.
Le rappel des principaux buts visés par la science, à savoir de comprendre et de contrôler un
phénomène, pourrait aider le chercheur à mieux cibler un problème de recherche. Ainsi, pour
comprendre un phénomène, il faut être en mesure de le décrire et de l'expliquer, et pour
contrôler un phénomène, c'est-à-dire maîtriser ses conditions d'apparition, il faut pouvoir le
prédire et le modifier.
4.3.3 La question de recherche
Après avoir choisi un thème de recherche et précisé le problème de recherche qu'il veut
étudier, le chercheur franchit une nouvelle étape qui consiste à énoncer son problème de
recherche sous la forme d'une question de recherche. Mentionnons ici qu'une question de
recherche est une question que le chercheur se pose à lui-même et à laquelle il cherchera à
répondre en menant à bien sa recherche. Dans ce sens, il ne faut pas confondre une question
de recherche et la question qui fait partie d'une entrevue ou d'un questionnaire. La question de
recherche a une portée beaucoup plus large qu'une simple question d'entrevue et le chercheur
dispose, pour y répondre, d'une variété de méthodes d'investigation telles que l'observation,
l'entrevue, l'expérimentation, etc.
Il peut aussi arriver qu'un problème de recherche donne lieu à l'énoncé de plusieurs questions
de recherche, certaines d'entre elles se concentrant sur des aspects spécifiques du problème.
Le chercheur est donc amené à produire à la fois des questions générales et des questions
spécifiques de recherche.
Exemple :
Méthode : Questionnaire
Question : ‘’Combien de temps vous faut-il pour atteindre la route principale ?
< 1 heure
entre 1 et 2 heures
> 2 heures
Le tableau ci-dessous présente la relation qui existe entre les différentes catégories de
recherches, les moments scientifiques dans lesquels elles s'inscrivent et la pertinence de la
définition de certaines composantes d'une problématique de recherche, à savoir les questions
et les hypothèses de recherche. La pertinence de formuler une hypothèse tient souvent au fait
que le chercheur peut disposer d'informations assez précises ou d'une théorie suffisamment
explicite pour en tirer une hypothèse de recherche. En l'absence de tels éléments de
connaissance scientifique, l'hypothèse devient un énoncé correspondant aux intuitions du
chercheur ou, ce qui est encore pire, le reflet des préjugés ou des croyances personnelles de
celui-ci. Pour formuler une hypothèse valable, le chercheur doit donc posséder une
connaissance approfondie des phénomènes qu'il étudie et des relations qui existent entre eux
et pouvoir dégager une proposition qui soit justifiable au plan des connaissances scientifiques
et vérifiable empiriquement. Dans ce sens, l'hypothèse de recherche résulte généralement de
la formulation de l'état de la question.
Caractéristique
s
Moments de la ° Nouveau ° Domaine ° Domaine ° Domaine
démarche domaine de ayant parvenu à parvenu
scientifique recherche déjà été l'objet maturité, qui a à maturité, où
° Domaine peu d'études déjà été l'objet de les causes des
connu ou peu exploratoires nombreuses phénomènes
étudié. et où l'accent recherches ont
est mis sur la descriptives et où été déterminées
connaissance l'accent porte sur et vérifiées et
précise et l'explication et la où l'accent
détaillée des compréhension porte
phénomènes des sur la
observés. phénomènes prédiction
observés. des
phénomènes
qui s'y
produisent.
Si on compare les hypothèses qui sont formulées dans le domaine des sciences de la nature à
celles qui le sont en sciences humaines et sociales, on constate que les premières sont
généralement plus précises et plus facilement vérifiables que les secondes, et que ces
dernières n'ont pas toujours la spécificité ou la précision requises pour permettre des
généralisations ou des prévisions caractérisées par un niveau élevé de certitude. Cette
différence tient autant à la maturité théorique et instrumentale de ces sciences qu'à la nature
de l'objet d'étude, celui des sciences humaines étant généralement plus complexe et plus
difficile à cerner que celui des sciences de la nature.
X = variable(s) indépendante(s)
Y = variable(s) dépendante(s)
- « L’émigration des paysans vers les villes est due à une aspiration vers une vie
meilleure »
- « Les femmes résistent à l’adoption des technologies plus que les hommes. »
- « Les femmes paysannes sont-elles plus résistantes à l’adoption des technologies que les
hommes ? »
5 Le cadre théorique
Il ne suffit pas de poser une question ou d'énoncer un problème pour réaliser une recherche. Il
s'agit de prendre connaissance des informations déjà disponibles concernant le problème
qu'on se propose d'étudier ou des sujets connexes et, ensuite, de réfléchir sur le contenu de ces
informations. Cette étape, appelée revue de littérature, est d'une importance primordiale à
plusieurs points de vue. D'abord, une telle cueillette d'informations, si elle est bien faite,
évitera de répéter inutilement une recherche déjà terminée ou de s'aventurer dans l'étude d'un
problème qui mène à une impasse. Ensuite la collecte d'informations permet de faire le point
sur le problème à l'étude et sur l'ensemble des connaissances s'y rapportant. C'est l'occasion
d'établir des rapports nouveaux entre diverses données empiriques et théoriques. C'est aussi
l'occasion de faire le point sur les théories existant dans le domaine afin de juger dans quelle
mesure elles rendent compte ou non des plus récentes découvertes, d'apprécier leurs qualités
prédictives et leur pouvoir d'explication.
Ainsi, lorsqu'il procède à la recension des faits et des théories concernant le sujet à étudier, le
chercheur fait des choix, établit des analogies, effectue des recoupements. Ces opérations sur
le cadre théorique lui permettront de poser une ou des hypothèses. Il est donc raisonnable de
penser que la qualité des hypothèses posées dépend étroitement de la qualité du recensement
et de l'analyse du cadre théorique. À ce point-ci, il est peut-être utile de faire la comparaison
suivante: une recherche expérimentale est un peu comme une chaîne stéréo. La qualité du
produit final est déterminée par l'élément le plus faible. Ainsi, vous avez beau avoir le
meilleur lecteur de CD-ROM, le meilleur amplificateur, les meilleures enceintes acoustiques,
si votre tête de lecture au laser est abîmée ou de mauvaise qualité, vous ne pourrez espérer
avoir un son de qualité. Pour obtenir des résultats valables dans une recherche, il faut s'assurer
de la qualité de chaque étape et la valeur finale des résultats obtenus peut être mise en doute
par une seule faiblesse dans le processus. Voici donc les principales étapes qui entrent dans la
rédaction du cadre théorique.
Quoiqu'il en soit, l'inventaire des théories et des recherches sert à préciser, à justifier et à
valider la démarche de recherche. Ainsi, l'inventaire des théories et des recherches permettra
souvent au chercheur de faire connaissance avec de nouveaux concepts ou avec des
définitions ou des opérationnalisations plus précises du concept sur lequel il s'interroge. Le
travail effectué antérieurement par d'autres théoriciens ou chercheurs lui permettra d'éviter des
embûches ou des ambiguïtés conceptuelles ou méthodologiques. De plus, l'intervention de
chercheurs dans un domaine ou face à une problématique augmente la crédibilité de l'objet de
recherche abordé. La recherche scientifique, c'est un peu comme la recherche de l'or. On a de
meilleures chances de trouver de l'or là où d'autres prospecteurs se sont montrés intéressés.
Tamiser seul dans le désert ne semble pas une conduite très productive. Évidemment, face à
un territoire prometteur, il faut savoir établir rapidement son filon et, au besoin, prendre de
vitesse les autres chercheurs. Enfin, l'inventaire des théories et des recherches fournira au
chercheur des arguments supplémentaires pour démontrer la pertinence de sa question de
recherche et l'utilité de sa démarche d'investigation.
pensée en résumant un certain nombre d'éléments sous un vocable général, certains concepts
se rapprochant assez des objets ou des faits qu'ils représentent. Ainsi, on peut illustrer
facilement le concept de chien en montrant du doigt des chiens spécifiques. Le concept est
une abstraction des caractéristiques (animal domestique à quatre pattes, recouvert de poil, qui
aboie, jappe et hurle) que partagent tous les chiens. D'autres concepts, toutefois, ne peuvent se
rattacher facilement aux phénomènes qu'ils se proposent de représenter: empathie, attitude,
intelligence, motivation, et ainsi de suite. Ce sont des inférences faites à partir d'événements
concrets, mais à un plus haut niveau d'abstraction; leur sens ne peut se rendre facilement en
désignant du doigt certains objets, individus ou événements. On désigne parfois ces
abstractions de plus haut niveau par le terme constructions, puisqu'elles sont «construites» à
partir de concepts d'un plus bas niveau d'abstraction. Ainsi, le concept d'intelligence contient
des concepts plus spécifiques tels que «capacité de solution de problème», «compréhension
verbale», «mémoire», «habileté spatiale»). Plus l'éloignement est grand entre nos concepts ou
constructions et les faits empiriques ou activités qu'ils veulent représenter, plus la possibilité
d'une confusion ou d'un usage irréfléchi augmente et plus nous devons apporter de soin à leur
définition.
Avions-nous défini clairement ces notions. Avions-nous identifié les indicateurs et les
descripteurs de ces concepts? Une partie de la difficulté rencontrée provient du fait que nous
utilisons régulièrement ces termes sans en préciser le sens et la portée. Comme il y a bon
nombre de recherches sur le thème de l'agression et de la violence à la télévision, le chercheur
serait bien avisé d'en faire la recension, portant une attention particulière aux définitions,
explicites et implicites, que les autres chercheurs ont utilisées. Il découvrira possiblement que
divers chercheurs ont proposé des définitions différentes du concept et il devra alors énoncer
clairement sa propre définition ainsi que la manière qu'il utilisera pour opérationnaliser ses
concepts.
La question de recherche
L'hypothèse générale
a pu faire, de déboucher assez rapidement sur une ou plusieurs hypothèses générales. Il s'agit
d'hypothèses de travail qui serviront à guider une réflexion plus approfondie, à orienter
d'autres lectures et à procéder à certains choix concernant les objectifs précis que poursuivra
la recherche. À partir de la question initiale, Bandura et ses collègues ont formulé l'hypothèse
générale suivante:
En soi, l'hypothèse générale n'est pas directement vérifiable, ou plus exactement, elle pourrait
être vérifiée par une diversité de stratégies: on pourrait de la sorte imaginer quantité de façons
de montrer que l'observation de comportements agressifs augmente l'agressivité. A chacune
d'elle correspondrait une hypothèse spécifique. Parmi toutes ces recherches il faudrait en
choisir une qui implique une stratégie particulière. C'est à ce stade qu'il faut passer à
l'hypothèse de recherche.
L'hypothèse de recherche
Une hypothèse de recherche équivaut à concrétiser l'hypothèse générale dans le cadre d'une
recherche spécifique. Dans l'expérience de Bandura, on s'intéressa aux différents modèles que
peut avoir un enfant: un adulte, un autre enfant, une bande dessinée, un dessin animé. Dans ce
contexte, l'hypothèse générale se concrétise sous la forme de plusieurs hypothèses de
recherche.
Hypothèse de recherche 1: Les enfant confrontés à l'exemple d'un modèle agressif produisent,
par la suite, davantage de comportements agressifs que ceux qui ne l'ont pas été.
Hypothèse de recherche 2: Chez les témoins d'un comportement agressif, l'adoption d'un tel
comportement est plus fréquente lorsque le modèle agit sous les yeux de l'observateur et
moins fréquente lorsqu'il est présenté dans un dessin animé.
Ceci nous amène à parler de la qualité des hypothèses de recherche. On distingue quatre
qualités principales d'une hypothèse de recherche. Ce sont :1) la qualité opérationnelle; 2) la
rigueur; 3) la fécondité théorique; 4) le caractère vérifiable.
1) la qualité opérationnelle : Cette qualité réfère aux opérations concrètes à mettre en place
pour voir apparaître les événements auxquels on s'intéresse, et qu'on veut mesurer. Dans
l'exemple de Bandura, on imagine facilement les différents modèles qui seront présentés au
sujet (adulte, dessin animé, et ainsi de suite) et les observations qui seront recueillies (nombre
de comportements agressifs pendant une période donnée).
2) la rigueur: Cette qualité réfère au fait que la prédiction contenue dans l'hypothèse n'est
valable que dans la mesure où elle est cohérente avec l'ensemble des connaissances sur le
sujet. L'hypothèse doit être logique et congruente avec la théorie. Dans l'étude de Bandura, il
est logique de prévoir que les enfants témoins du comportement agressif d'un modèle seront
plus agressifs: cela s'accorde bien avec la théorie de l'apprentissage par observation et avec les
faits connus sur les comportements imitatifs appris.
3) la fécondité théorique: Cette qualité découle du fait que toute recherche s'inscrit dans un
long processus de développement théorique. L'hypothèse est formulée à partir des
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Lot 1265 Ste RITA Cotonou/Bénin Prof : Dr Guy NOUATIN
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37
Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration
4) son caractère vérifiable: Pour qu'une hypothèse soit vérifiable, il doit être possible de dire
si elle est vraie ou fausse, de déterminer si elle est confirmée ou infirmée. En d'autres mots,
une hypothèse est vérifiée quant on peut tirer une conclusion à propos du contenu de la
prédiction énoncée. Une hypothèse est confirmée lorsqu'on peut dire que son contenu
correspond vraiment aux données recueillies. Elle est infirmée lorsque les résultats ne
reflètent pas ce qu'elle a prédit ou encore lorsque les résultats sont contradictoires à ce qui a
été prédit. D'autre part, l'hypothèse n'est pas vérifiée quand les résultats ne permettent pas de
dire si elle est confirmée ou infirmée. Ainsi, une hypothèse peut être vérifiée et confirmée,
vérifiée et infirmée ou non-vérifiée.
L'hypothèse statistique
Une fois l'hypothèse de recherche formulée, il reste à préciser comment on déterminera si les
faits observés la confirment ou l'infirment. Un tel jugement serait facile si la réalité se
présentait simplement: par exemple, dans l'expérience de Bandura, si les enfants témoins des
activités d'un modèle agressif n'avaient par la suite que des comportement agressifs, et si les
autres ne manifestaient aucun comportement de ce type, il y aurait une relation parfaite entre
l'observation d'un modèle et l'adoption de comportements imitatifs. Il y aurait donc une
confirmation parfaite de l'hypothèse de recherche. Mais la réalité est rarement aussi simple; au
lieu d'une relation parfaite, on observera probablement une relation mitigée, les enfants
affichant tantôt un peu plus et tantôt un peu moins de comportements agressifs selon qu'ils ont
été témoins ou non d'actions agressives. Il faudra alors que le chercheur dispose d'un moyen
fiable pour déterminer clairement quant une différence entre deux conditions est importante,
valable et significative.
C'est ici qu'interviennent les outils d'analyse conçus par la statistique. Leur fonction est
double: ces outils servent à quantifier les événements ou les relations qui existent entre eux,
puis à déterminer si les mesures obtenues constituent une évaluation valable des phénomènes,
ou simplement une évaluation accidentelle ne reflétant que l'effet du hasard.
On calcule la probabilité d'observer dans cette condition précise une relation qui soit le
résultat du hasard. Ce calcul se fait à l'aide de différents tests statistiques basés sur un
modèle probabiliste (modèle des probabilités du hasard) et qui tiennent compte de la
représentativité des échantillons utilisés par rapport à la population théorique.
Si la probabilité du hasard est supérieure au seuil retenu (ex.: P > .05), l'effet du hasard ne
peut être rejeté et on doit accepter l'hypothèse nulle.
Si la probabilité du hasard est égale ou inférieure au seuil retenu (ex.: P £ .05), l'hypothèse
nulle est alors rejetée, le phénomène ou la relation observée sont considérés comme
valables. Si le phénomène observé ou la relation correspondent à ce qui a été prévu,
l'hypothèse de recherche est confirmée.
Deux sortes d'hypothèses statistiques peuvent être utilisées. La première, l'hypothèse nulle, est
celle qui est le plus fréquemment utilisée en recherche. Elle postule qu'il n'y aura pas de
différence ou de relation significative entre les variables de l'expérience. La seconde, qu'on
pourrait qualifier d'hypothèse orientée, est perçue par certains chercheurs comme plus utile
pour le développement théorique. De par sa nature, elle oblige le chercheur à faire un choix
parmi les possibilités et ce choix est généralement congruent avec la théorie.
Hypothèse statistique nulle: Il n'y aura pas de différence significative dans le nombre de
comportements d'agression produits par les enfants après chaque condition expérimentale.
Hypothèse statistique orientée: Plus la nature du modèle observé s'éloigne de la réalité, moins
les enfants ont tendance à imiter son comportement.
Enfin, une hypothèse, quelle qu'elle soit, prédit toujours une relation entre des facteurs
manipulés et des facteurs mesurés. On retrouve toujours dans une hypothèse 1) une facteur
manipulé, 2) un facteur mesuré et, 3) des termes de relation.
Dans une hypothèse, le facteur manipulé correspond à une variable que le chercheur juge
responsable du comportement de l'individu. Dans l'hypothèse de recherche 1 de l'étude
effectuée par Bandura et collègues, la présence ou l'absence d'un modèle agressif correspond
au facteur manipulé. Dans l'hypothèse de recherche 2, le facteur manipulé correspond à la
nature du modèle observé, soit un modèle réel ou en dessin animé. Le facteur mesuré
correspond à une variable dont le comportement est potentiellement déterminé par le facteur
manipulé. On l'appelle 'mesuré' parce que c'est sur cette variable que s'effectuera l'observation
ou la mesure. Dans les deux hypothèses de recherche (1 et 2), le facteur mesuré correspond au
nombre de comportements agressifs produit par les enfants étudiés.
La relation proposée dans l'hypothèse de recherche 1 est que les enfants qui verront un
modèle agressif produiront plus de comportements agressifs que les enfants qui ne verront pas
de modèle agressif.
Hypothèse de recherche 1: Les enfant confrontés à l'exemple d'un modèle agressif produisent,
par la suite, davantage de comportements agressifs que ceux qui ne l'ont pas été.
Donc: 1) facteur manipulé: présence ou absence d'un modèle agressif
2) facteur mesuré: nombre de comportements agressifs produits les enfants
3) relation: la présence du modèle causera un plus grand nombre de comportements agressifs
chez l'enfant que son absence.
Hypothèse de recherche 2: Chez les témoins d'un comportement agressif, l'adoption d'un tel
comportement est plus fréquente lorsque le modèle agit sous les yeux de l'observateur et
moins fréquente lorsqu'il est présenté dans un dessin animé.
Donc: 1) facteur manipulé: nature du modèle observé (agit sous les yeux vs présenté dans un
dessin animé)
2) facteur mesuré: nombre de comportements agressifs produits par les enfants
3) relation: le modèle qui agit sous les yeux de l'enfant causera un plus grand nombre de
comportements agressifs chez l'enfant que le dessin animé.
En résumé
l'hypothèse prédit une relation entre des facteurs manipulés et des facteurs mesurés.
l'hypothèse prolonge le contexte théorique.
l'hypothèse est reliée directement à l'expérience.
l'hypothèse est l'élément de base de toute recherche: il est donc très important qu'elle soit
claire, précise et courte.
l'hypothèse est toujours rédigée avant d'exécuter l'expérience puisque cette dernière est
faite dans le but de vérifier l'hypothèse.
l'important ce n'est pas de prouver que l'hypothèse est bonne mais d'acquérir une nouvelle
connaissance.
Une hypothèse infirmée par l'expérience peut nous apprendre autant qu'une hypothèse
confirmée.
Les variables numériques sont associées à des indices dont les valeurs peuvent être
adéquatement représentées par des valeurs numériques. Ainsi, le quotient intellectuel, le
revenu annuel, l'âge et le degré d'accord face à une politique gouvernementale sont tous des
exemples d'indices qui peuvent être représentés par une variable numérique. Ces indices ne
correspondent pas uniquement à une étiquette (catégorie) mais aussi à une valeur numérique.
Les variables numériques peuvent être soient discrètes ou continues. Une variable
numérique discrète implique que l'étendue des nombres ne peut être décomposée en portions
plus petites. L'exemple classique est le nombre d'enfants. Une famille peut avoir un, deux,
trois enfants ou plus. Elle ne peut toutefois avoir 2.35 enfants. Une variable numérique
continue est une variable dont l'étendue des nombres peut être décomposée en portions plus
petites. Le poids d'un individu et la durée d'un événement sont des bons exemples de variables
numériques continues. On peut dire d'une personne qu'elle pèse 145 livres ou d'un temps de
réaction qu'il a requis 0,25 centièmes de seconde pour son exécution. On peut aussi dire
qu'une personne pèse 145 livres et 3/4 et qu'un temps de réaction a une durée de 0,25665
lorsque des gains sont requis au niveau de la précision de la mesure.
Par convention, les variables indépendantes sont celles que le chercheur identifie dans son
étude comme pouvant prédire ou expliquer le comportement de d'autres variables. On les
appelle parfois variables antérieures ou causales. On reconnaît ne général deux types de
variables indépendantes: les variables indépendantes assignées et les variables indépendantes
manipulées. Les variables indépendantes assignées correspondent à des caractéristiques de
l'unité d'analyse qui ne peuvent pas être manipulées (ex.: les caractéristiques d'un individu:
personnalité, âge, sexe, etc.). Les variables indépendantes manipulées correspondent à des
caractéristiques de l'environnement ou du milieu qui peuvent être manipulées par le chercheur
(ex.: la température d'une salle, le climat de travail, la nature des renforcements sociaux, le
système de rémunération, etc.).
Afin d'illustrer les différentes définitions des variables et les relations qui existent entre ces
définitions, nous allons reprendre l'exemple du psychologue Albert Bandura (voir section sur
les hypothèses). Dans son expérience, Bandura a comparé l'impact de différents modèles
d'agressivité (réalistes ou figurés) sur le comportement agressif des enfants. La variable
dépendante ou mesurée ici sera certainement le nombre ou la fréquence des comportements
d'agression produits par les enfants dans la situation de jeux. Dans l'expérience classique de
Bandura, on retrouvait essentiellement une variable indépendante manipulée ou provoquée,
soit la présence ou l'absence de modèles agressifs et la nature des modèles. Il s'agissait donc,
pour chaque étape de sa recherche d'une variable indépendante manipulée.
Toutefois, il est raisonnable de croire que Bandura ait pu aussi s'intéresser au poids que le
sexe de l'enfant puisse exercer sur la situation expérimentale. En tenant compte dans le
déroulement de l'étude du sexe des enfants, nous avons introduit une variable indépendante
assignée. Enfin, il est raisonnable de croire que les modèles agressifs soumis aux enfants
agissent sur une variable intermédiaire non observée qui est le désir de faire comme les
adultes ou les personnages de dessins animés. Nous avons donc ici les principaux rôles que
peuvent avoir les variables dans un plan de recherche.
Ce modèle situe assez clairement les différentes sortes de variables dans une recherche de
type expérimentale (présence de facteurs manipulés). Il reste encore cependant un autre
groupe de variables qu'il faut envisager dans le cadre de l'élaboration d'une recherche. Il s'agit
des facteurs à contrôler. Afin d'identifier la présence d'une relation de causalité entre deux
variables, il faut s'assurer que les autres variables explicatives potentielles ne viennent pas
exercer, parallèlement aux variables indépendantes retenues une influence sur le facteur
mesuré. Dans l'expérience de Bandura, plusieurs autres facteurs ou variables peuvent avoir
une incidence sur la fréquence des comportements d'agression des jeunes enfants.
Par exemple, la présence du parent d'un enfant, l'attitude d'un expérimentateur, le moment de
la journée, les directives de jeu sont autant de facteurs qui peuvent influer sur l'agressivité des
enfants. Si ces variables se distribuent inégalement à l'intérieur des différentes conditions
expérimentales (nature du modèle agressif présenté), il peut avoir un effet perturbateur sur la
recherche de liens entre les variables indépendantes et la variable dépendante. La tâche du
chercheur sera donc d'éliminer ou de contrôler l'impact de ces facteurs sur l'expérience. Nous
appellerons ces variables explicatives potentielles non étudiées par le chercheur des facteurs
à contrôler. Pourquoi "à contrôler"? Parce que le chercheur devra rapidement faire une
distinction entre les facteurs qu'il pourra contrôler (facteurs contrôlés) et les facteurs qu'il ne
pourra contrôler (facteurs non-contrôlés) à partir des connaissances et des ressources dont il
dispose. Ainsi, le chercheur reproduisant l'expérience classique de Bandura pourra chercher à
réaliser l'expérience avec les différents groupes d'enfants (modèle réel vs modèle figuré) au
même moment de la journée, dans le même local, avec les mêmes expérimentateurs et en
demandant aux parents d'attendre à l'extérieur des lieux d'expérimentation. Il aura ainsi
contrôlé l'influence du moment de la journée (identique pour les deux groupes), de
l'environnement (même local), de l'encadrement et des consignes (même expérimentateurs,
mêmes directives de jeu) et aura éliminé l'influence que certains parents pourraient exercer
sur leurs enfants pendant la durée de l'expérience. Toutefois, à moins de disposer de
ressources extrêmement importantes, il ne pourra contrôler l'historique de chaque enfant, ses
attitudes spécifiques face aux comportements et aux personnages contenus dans les modèles.
Les deux autres classifications des variables que nous avons déjà présentées peuvent aussi être
intégrées dans cette représentation. Considérées comme des variables explicatives, les
variables structurales correspondent généralement aux variables indépendantes assignées alors
que les variables contextuelles correspondent plutôt aux facteurs qu'il serait théoriquement
possible de manipuler. Il est toutefois clair qu'il est plus facile de manipuler le degré de
luminosité dans une pièce que la tendance électorale d'un quartier. Les variables numériques
se retrouvent fréquemment dans le rôle de variables dépendantes (mesurées) alors que les
variables à catégories se retrouvent plus fréquemment dans le rôle de variables indépendantes
(manipulées ou assignées). Il faut toutefois mentionner que ce parallèle tient mieux pour les
recherches expérimentales (causales) que les recherches corrélationnelles (quasi-
expérimentales). Il est d'ailleurs fréquent de noter des exceptions à ces tendances (ex. les
sujets d'une expérience doivent répondre oui ou non à une demande d'aide).
Il s'agit donc d'une proposition, ou d'un énoncé, qui explique pourquoi il y a une relation
entre un habillement similaire et le fait de rendre un service. Lorsque nous utilisons une
proposition théorique pour prédire un comportement qui n'a pas encore été observé, nous
faisons une hypothèse. Ainsi, si dans une ville étrangère on vole votre portefeuille, il est
possible que vous utilisiez l'hypothèse de l'habillement similaire pour choisir la personne à qui
demander de l'aide.
En quoi les théories des chercheurs en sciences humaines et sociales sont-elles différentes de
celles que l'on utilise sur une base informelle? Tout d'abord, les chercheurs en sciences
humaines et sociales énoncent explicitement leurs théories et tentent de les rendre publiques.
Bien que la proposition sur la relation entre l'habillement similaire et le fait de rendre service
puisse ne pas vous surprendre, la plupart des gens n'ont jamais exprimé cette idée aussi
nettement. Elle était implicite, non formulée. Le psychologue rend ces énoncés publics pour
que l'on puisse les examiner de façon critique et préciser clairement leurs forces et leurs
faiblesses. La proposition sur l'habillement similaire résisterait-elle à un examen critique?
Probablement pas. Une femme en robe de soir serait-elle susceptible de recevoir de l'aide
d'une autre femme en tenue de soirée pour changer un pneu crevé? Lorsqu'une théorie devient
explicite, elle est soumise à la critique et il devient alors possible de la développer, de la
nuancer et de l'enrichir.
En plus de rendre leurs théories publiques, les chercheurs en sciences humaines et sociales
cherchent à formuler des propositions générales, c'est-à-dire des énoncés explicatifs non
spécifiques. La plupart des théories que les gens bâtissent quotidiennement s'appliquent à des
aspects très spécifiques de leur vie. Il se peut que vous ayez des théories implicites sur la
façon dont vos parents vont réagir à votre performance scolaire ou sur la manière dont vos
amis réagissent à vos goûts musicaux. Par opposition, les chercheurs en sciences humaines et
sociales essaient de formuler des propositions pertinentes à la majorité des cas individuels.
Ainsi, plutôt que de s'attacher à la similitude dans les styles vestimentaires, les chercheurs en
sciences humaines et sociales ont cherché à comprendre comment les gens réagissent devant
ceux dont les opinions, le style d'entrée en relation et d'autres caractéristiques générales sont
semblables aux leurs. Les propositions sur la similitude dans la tenue vestimentaire seraient
vues comme un aspect secondaire du problème général.
Enfin, les chercheurs en sciences humaines et sociales tentent particulièrement de bâtir des
théories qui soient logiques et cohérentes. La majorité des théories implicites (lay theories)
sont remplies de contradictions. Quelqu'un peut croire que les gens ont réellement besoin de
sécurité et de stabilité dans leur vie et croire en même temps que la croissance et le
changement sont nécessaires. Une autre personne peut croire que les gens recherchent l'amour
plus que tout et croire en même temps que les gens, aujourd'hui, essaient d'éviter les relations
profondes. En construisant des théories, le psychologue s'efforce particulièrement d'éviter ce
genre de contradictions. Lorsque des contradictions sont découvertes, le théoricien entreprend
souvent de réviser sa théorie ou de la développer davantage.
Prenons l'exemple d'un modèle théorique développé par un psychologue américain, Fishbein
et Ajzen (1975), pour illustrer comment une théorie peut permettre de prédire le
comportement d'un individu. Le modèle de Fishbein porte sur la prédiction d'un
comportement à partir de la connaissance d'un certain nombre de facteurs psychologiques
(attitudes, croyances normatives et motivation). La figure ci-dessous illustre le
fonctionnement du modèle.
Selon la première proposition de Fishbein, les gens agissent principalement de façon à être
conformes à leurs intentions. Afin de savoir si quelqu'un va se joindre à une marche de
protestation, vous n'aurez qu'à lui demander ce qu'il a l'intention de faire. Si la réponse est
honnête et que rien n'intervient entre-temps, le comportement aura une corrélation élevée avec
les intentions. Les intentions sont toutefois influencées par plusieurs facteurs : les attitudes,
les croyances normatives et la motivation.
Les attitudes
Ce que les gens ont l'intention de faire dépend de leurs attitudes pertinentes. Un individu qui a
une attitude négative envers les manifestations n'assistera probablement pas à une
manifestation. Celui ou celle dont l'intention à l'égard des manifestations est positive peut bien
avoir l'intention de protester. Cependant, les attitudes dépendent de d'autres facteurs, dont les
attentes concernant le résultat. Le protestataire potentiel réfléchirait aux résultats d'une telle
manifestation avant de décider de manifester. La protestation aura-t-elle une influence
positive ou mènera-t-elle simplement à de vaines confrontations avec les forces de l'ordre? Un
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46
Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration
deuxième facteur qui contribue à l'attitude de la personne est la valeur accordée au résultat
attendu. Si le protestataire s'attend à ce que les manifestations retardent ou modifient
significativement les conditions d'un futur traité d'échange commercial et s'il accorde une
valeur élevée à ce résultat, on peut s'attendre à une attitude très positive envers la participation
à la manifestation. Cette attitude mènerait probablement à une augmentation de l'intention de
participer. La plupart des gens ont évidemment des attentes variées, et chacune d'elle est
valorisée à un degré différent. Cette attitude globale consisterait en la somme de chaque
attente pondérée par sa valeur. Donc, nous avons la formule (attentes) * (valeur) = Attitude.
Les intentions des gens dépendent également de leurs croyances relatives à l'opinion des
autres sur ce qu'ils devraient faire dans le cas particulier. Par exemple, si les amis et les
proches s'opposent aux manifestations, le protestataire potentiel peut se sentir pressé d'éviter
de participer à des manifestations contre cette réunion.
La motivation à se conformer
L'intention est également influencée par le degré de motivation à se conformer aux sentiments
des autres. Le protestataire peut être conscient des sentiments négatifs que détiennent la
famille et les amis envers les manifestations, mais peut être ou ne pas être motivé à se
conformer à ces points de vue.
Le modèle présenté dans la figure qui précède illustre les différentes étapes d'un processus
d'élaboration des théories scientifiques. En résumé, ce processus commence généralement par
des observations initiales qui posent problème ou présentent des caractéristiques non
expliquées ou inconnues (Observations antérieures).
S'ensuit une première étape du travail de modélisation, soit la définition et la délimitation des
concepts et des relations (Définition des concepts).
Une fois ce travail accompli, les éléments d'un modèle théorique de bas sont constitués
(Modèle).
L'étape suivante consiste, par le biais de la logique formelle, à manipuler le modèle théorique
afin d'en extraire les théorèmes et les corollaires (Manipulation logique du modèle). Ce
travail permet de dégager à partir du modèle un certain nombre de conséquences formelles
non observées du type Si... Donc... (Conséquences formelles déduites) (Cf. l'apport de la
méthode du raisonnement à la démarche scientifique).
Cette nouvelle étape réintroduit une démarche empirique et permet au chercheur de procéder à
l'identification des variables précises qui sont mises en relation par le modèle théorique
(Détermination des variables).
Ces hypothèses constituent des prédictions fermes et précises quant à des comportements qui
sont susceptibles de se produire si certains facteurs sont manipulés correctement (Prédiction
d'événements empiriques).
La méthode corrélationnelle fait appel à plusieurs techniques pour identifier et définir les
relations qui existent entre deux variables. Elle peut faire appel à des méthodes graphiques
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Lot 1265 Ste RITA Cotonou/Bénin Prof : Dr Guy NOUATIN
Tel : (229) 21 32 73 41 Groupe-BK-Université Tous droits réservés Mai 2009
Email : iim_cotonou@groupe-bk.org
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La méthode corrélationnelle présente aussi plusieurs avantages par rapport aux autres
méthodes scientifiques en psychologie. Elle offre un avantage supplémentaire par rapport à la
simple observation puisqu'elle permet de mettre en relation deux variables. Elle peut
remplacer la méthode expérimentale lorsque celle-ci pose des problèmes sérieux d'éthique.
Ainsi, on ne peut faire fumer des individus pour voir s'ils développeront un cancer des
poumons. On peut toutefois établir que plus un individu fume, plus il est susceptible de
développer un cancer. Mais cette relation ne permet pas d'établir que c'est le fait de fumer qui
cause le cancer. Tout au plus, on peut constater que les deux covarient. Elle se prête aussi à la
cueillette de données moins artificielles que la méthode expérimentale. Elle peut donc profiter
de données déjà disponibles ou qu'il est possible de recueillir par des méthodes discrètes
(statistiques publiques, comportements de consommation, etc.). Elle est particulièrement utile
dans l'élaboration de tests psychologiques ou les indices corrélationnels sont utilisés pour
établir à la fois la fidélité interne d'un instrument (corrélation intra-instrument ou inter-
passation) et la validité externe (corrélation interinstruments ou inter-mesures). Parmi ses
limites, on retrouve le fait qu'elle ne permet pas d'identifier le rôle précis de chaque facteur ou
variable et enfin, elle ne permet pas d'établir de relation de causalité.
Elle permet donc d'établir des liens entre les événements tout en limitant l'impact et le rôle du
chercheur par rapport à la situation étudiée. Elle permet dans certaines conditions de supposer
l'existence de rapports de causalité. Elle privilégie comme méthodes quantitatives les
différentes statistiques corrélationnelles (coefficient de corrélation, droite de régression,
coefficient de covariation, coefficient de contingence, etc.).
Bien que la méthode corrélationnelle n'implique pas directement une technique de collecte de
données, elle est fréquemment utilisée soit avec la méthode des tests ou la méthode de
l'enquête. La méthode des tests fait appel à l'utilisation d'instruments qui permettent de
mesurer certains aspects du comportement d'un sujet : les aptitudes, les capacités, les intérêts,
les traits de comportement ou les attitudes. De tels instruments - il y en a des milliers - sont
construits par étapes successives afin d'être standardisés. Une fois que la forme définitive d'un
test est déterminée, on définit des normes en soumettant à ce test un large éventail de
personnes représentatives du type de sujet pour lequel il a été conçu. Les normes du test
d'aptitude scolaire, par exemple, ont été établies d'après des étudiants choisis dans les classes
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terminales d'écoles secondaires. Ainsi, le psychologue peut en général comparer les résultats
obtenus par n'importe quel individu à ceux obtenus par des étudiants qui terminent l'école
secondaire. La méthode corrélationnelle est essentielle à l'élaboration des tests puisqu'elle est
utilisée pour établir deux caractéristiques métrologiques fondamentales de tout test
psychologique: sa fidélité (validité interne) et sa validité (validité externe). De plus,
l'application et l'interprétation des résultats d'un test fait fréquemment appel à des calculs de
corrélations.
La méthode de l'enquête fait appel à l'interview (entrevue). Par l'interview, les chercheurs en
sciences humaines et sociales questionnent les gens sur leurs comportements, leurs intentions,
leurs idées, leurs préférences. L'interview peut prendre la forme d'une entrevue verbale ou
d'un questionnaire. Dans ce dernier cas, les gens répondent alors par écrit à des questions
imprimées. Plusieurs chercheurs croient que la seule bonne façon de découvrir les structures
psychologiques sous-jacentes aux actions des gens est de leur demander directement (ex. :
pourquoi conduisez-vous plus vite que la vitesse permise?). Le sondage d'opinion publique
est peut-être la forme la plus répandue de recherche par interview. Grâce à cette stratégie, de
grands échantillons représentatifs de la population sont questionnés, soit en personne, soit au
téléphone ou maintenant sur Internet. Le sondage par interview est peut-être la meilleure
méthode disponible pour décrire les caractéristiques générales d'une culture à n'importe quel
moment. Il est ainsi possible d'obtenir une information fiable sur à peu près n'importe quel
sujet que les gens se sentent à l'aise d'aborder (comportements, habitudes de consommation,
opinions publiques, etc.). La méthode corrélationnelle est fréquemment utilisée avec les
méthodes d'enquête puisqu'elle permet d'établir le degré de relation entre une caractéristique
de l'individu (ex. : son âge ou son revenu annuel) et un comportement (ex. : le nombre de
contraventions au volant) ou une attitude (ex.: son attitude face aux conducteurs en état
d'ébriété).
Elle présente donc plusieurs aspects positifs dont celui de permettre de satisfaire à toutes les
conditions de la méthode scientifique, soit la prédiction, le contrôle et ultimement,
l'explication du comportement. Elle présente toutefois plusieurs limites importantes, dont un
rôle très actif du chercheur dans la situation de recherche, ce qui peut influencer l'objet d'étude
et nuire à la qualité des résultats obtenus. Comme elle est souvent utilisée dans un contexte de
laboratoire, elle opère souvent dans un cadre artificiel qui transforme et parfois même
déforme le comportement naturel et habituel des sujets. Elle peut aussi avoir pour effet de
détruire certaines réalités, par exemple la naïveté ou la simplicité des réponses d'un individu.
Enfin, elle permet de déterminer de façon précise et complète la nature des liens qui existent
entre deux variables (forme, intensité et direction), le chercheur exerçant toutefois un rôle
actif qui peut avoir un impact négatif sur la validité des résultats obtenus. Elle permet d'établir
des liens de causalité et fait appel, au niveau des méthodes quantitatives, aux statistiques
inférentielles pour petits échantillons (tests paramétriques et non-paramétriques, analyse de
variance, tests t de Student, etc.). Le tableau suivant présente de façon schématique les
principales caractéristiques de chacune des trois méthodes scientifiques présentées.
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