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Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration

Institut International de Management –Université


Lot 1265 Ste RITA Cotonou/Bénin Prof : Dr Guy NOUATIN
Tel : (229) 21 32 73 41 Groupe-BK-Université Tous droits réservés Mai 2009
Email : iim_cotonou@groupe-bk.org
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Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration

Avant propos

Présentation de l’IIM
L’Institut International de Management IIM-Université est une école du Groupe BK-
Université, spécialisée dans les formations universitaires professionnelles en Management. Il
forme suivant le nouveau système d’harmonisation des cursus universitaires : le système
LMD. L’IIM-Université est présent au Togo, au Bénin et au Niger. Le Groupe BK-Université
est crée depuis 1986 à Lomé et regroupe à ce jour quatre institutions : IAEC-Université de
Lomé, les IIM-Université, et le Cabinet Eco-Invest. Le Groupe BK-Université est Membre
Titulaire de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et partenaire diplômant de la
Chambre Economique Européenne à Bruxelles sans compter les nombreux partenariats
pédagogiques qu’il a avec les universités européennes et canadiennes.

Présentation du Bachelor
Le Bachelor of Business Administration (BBA) est un cycle anglo-saxon équivalent à la
licence professionnelle en management des entreprises. Le cycle dure trois années post
baccalauréat soit un total de 180 crédits ECTS. L’approche pédagogique vise à donner aux
étudiants les outils pragmatiques et théoriques dont ils ont besoin pour s’insérer directement
dans le marché de l’emploi. Les étudiants sont formés pour affronter les difficultés de ce
marché africain hostile. Sans cesse innovateurs, les titulaires du BBA sont prédateurs des
opportunités. Ils sont formés pour faire de la gestion des hommes, des finances et du matériel,
une science artistique.

Présentation du Master
Le Master est un cycle de spécialisation de deux années soit un total de 120 crédits ECTS. Il
correspond à la maîtrise, pour la première année de master, et au DESS pour la deuxième
année de Master. A ce jour, l’IIM offre sept options de spécification en master : Gestion des
Projets, Gestion des Ressources Humaines, Audit et Finances des Entreprises,
Communication-Marketing, Management et Droit des Affaires, Communication Politique,
Management des Entreprises. Après le BBA, l’étudiant désireux de se spécialiser dans un
secteur donné du management, choisit une option. En deux années, il apprendra à maîtriser se
secteur dont il sortira expert.

Qui est Dr Guy NOUATIN

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Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration

Programme de
Master of Business Administration 2
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COURS DE METHODOLOGIE DE RECHERCHE EN SCIENCE

Tous droits réservés


Service de la Reprographie
IIM-Université
Cotonou BENIN
Mars 2009

Le présent document est enregistré comme propriété de l’IIM-Université. Toute duplication partielle ou totale sans l’accord écrit de
l’IIM-Université reste passible de poursuite judiciaire. Seuls l’Auteur et l’IIM-Université se réservent le droit de son exploitation.
Première Edition, imprimée sur les Presses du Service de Reprographie de l’IIM-Université de Cotonou en Mars 2009

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Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration

Par :

Dr. Guy S. NOUATIN


(gnouatin@yahoo.fr)

2008-2009

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Cours de Méthodologie de Recherche Master of Business Administration

Syllabus

Description

La notion de science. La méthode scientifique. La démarche scientifique de recherche.


Problématiques de recherche en sciences. Théorie et hypothèse. Variables et échantillonnage.
Méthodes principales de recherche. Analyse des données. Tests d'hypothèse, etc.

Objectif général

Familiariser l'étudiant(e) avec les différents types de recherche scientifiques courants afin
d'être en mesure de juger la qualité de projets spécifiques et d'éventuellement devenir un
participant actif dans la prise en charge de projets de recherche en milieu professionnel.

Objectifs spécifiques

À la fin du cours l'étudiant(e) sera en mesure de:


1. Comprendre les principales étapes de la démarche scientifique
2. Juger si un projet de recherche a été pensé et exécuté selon les règles de l'art
3. Distinguer parmi les principales méthodologies utilisées en sciences sociales
4. Posséder les connaissances statistiques minimales pour vérifier une problématique de
recherche
5. Comprendre le rôle de la recherche en sciences sociales et d'évaluer sa littérature

Méthodes pédagogiques

Cours magistraux, démonstrations et exercices sur les thèmes de recherche choisis par les
étudiants de telle sorte que à la fin de ce cours que chaque étudiant(e) élabore son protocole
de recherche. C’est d’ailleurs ce dernier qui servira de base pour l’évaluation de ce cours.

Le cours est prévu pour durer 18 heures et comporte sept parties qui se présentent de la façon
suivante.

1 La notion de « science »

1.1 Définition
1.2 Les caractéristiques de la science
1.3 L’attitude scientifique
1.4 Les caractéristiques du chercheur
1.5 Pourquoi fait-on de la recherche

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2 La méthode scientifique

2.1 Les méthodes non-scientifiques ou préscientifiques


2.2 Le méthode scientifique
2.3 Les buts de l’approche scientifique

3 La démarche de recherche en sciences humaines et sociales

3.1 Les processus de recherche


3.2 Les principales étapes de la recherche scientifique

4 La problématique : choix et élaboration

4.1 Les sources de problèmes de recherche


4.2 Les principales sources de problèmes
4.3 La qualité des problèmes de recherche

5 Le cadre théorique

5.1 L’inventaire des théories et des recherches portant sur le thème retenu
5.2 La définition et l’opérationnalisation des concepts
5.3 La mise en relation de l’étude en cours avec les autres connaissances
5.4 La formulation des questions et hypothèses de recherche
5.5 L’identification des relations entre variables

6 Le processus d’élaboration des théories scientifiques

7 Les principales méthodes scientifiques

7.1 La méthode de l’observation


7.2 La méthode corrélationnelle
7.3 La méthode expérimentale

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1 La notion de « science »
1.1 Définition
On peut définir la science comme «un ensemble de connaissances, d'études d'une valeur
universelle, caractérisées par un objet et une méthode déterminées, et fondées sur des relations
objectives vérifiables». La science est empirique, c'est-à-dire basée sur l'observation de la
réalité. C'est aussi «un ensemble organisé de connaissances vérifiées et vérifiables». Elle est
considérée comme une démarche de connaissance, c'est-à-dire une manière de connaître, de
comprendre et d'expliquer la réalité. C'est aussi «la démarche par laquelle on produit des
connaissances scientifiques».
Autrement dit, la science est une activité systématique qui sert à produire un ensemble
cohérent de connaissances qu’il faut intégrer dans un système de connaissances. C’est aussi
une activité centrée sur la réalité par exemple la nature, la société - la pensée (il ne s’agit pas
de spéculer dans l’abstrait) qui utilise un outillage précis (des hypothèses, théories,
méthodes, etc.) et tente de généraliser en contribuant à des théories, en produisant des lois,
etc.

1.2 Les caractéristiques de la science


1.2.1 Une démarche rationnelle et empirique de connaissance de la
réalité
La science constitue, par opposition à d'autres méthodes de connaissance, une approche
rationnelle de la réalité. Selon le Petit Larousse, la réalité c'est «l'existence effective», «le
caractère de ce qui est réel»; «la vie, l'existence réelle». Assez curieusement, ou peut-être pas,
plusieurs dictionnaires de philosophie ne comprennent pas d'entrée pour le mot «réalité». Le
Vocabulaire technique et critique de la philosophie d'André Lalande définit la réalité comme
le «caractère de ce qui est réel» et accorde à ce mot à peine deux petits paragraphes. C'est
peut-être un indice du peu d'importance que la philosophie accorde à la réalité et de ce qui la
distingue des sciences humaines et sociales qui elles, doivent avoir «les deux pieds dans la
réalité». Pour les sciences, naturelles ou sociales, la réalité possède un certain nombre de
caractéristiques fondamentales à partir desquelles toute science oeuvre.

La réalité est observable


La réalité est observable... par un moyen ou un autre. D'abord par nos sens. Nous pouvons
voir, sentir, toucher cette réalité. C'est par nos sens que nous entrons en contact avec la réalité
même si nos sens peuvent nous tromper quant à la nature et aux caractéristiques de cette
réalité. De plus, et nous le faisons de plus en plus, nous pouvons observer la réalité par des
extensions de nos sens: télescope, microscope, scanners, appareil à rayons X, etc.

La réalité est mesurable et organisée


La réalité est mesurable. Les progrès effectués au XVIIe siècle dans le développement
d'unités de mesure (étalons du poids, de la distance, de la durée) et dans la construction
d'appareils précis de mesure (chronographes, mètre à mesurer, balances, etc.) pour répondre
aux besoins d'un commerce grandissant ont contribué au développement des sciences pures.
Mais la mesure de la réalité n'est pas uniquement métrique. Cette mesure peut être qualitative
autant que quantitative dans la mesure où elle est rigoureuse et vérifiable.
La réalité est organisée, c'est-à-dire qu'«il y a de l'ordre». Cet ordre est peut-être complexe,
peu évident ou échappe encore à notre compréhension, mais il y a de l'ordre.
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La réalité est explicable


Les deux prémisses de la science sont qu'«il y a de l'ordre» et que l'«on finira par découvrir
cet ordre». Les buts de la science sont justement de décrire, d'expliquer, de prédire et de
contrôler cet ordre de la nature. Le problème particulier de l'explication est plus complexe
parce que son sens et ses implications varient selon que l'on parle des sciences de la nature
(explication par causalité linéaire) ou des sciences humaines et sociales (explications causales
et non-causales). En sciences humaines et sociales, la recherche tente non seulement
d'expliquer mais aussi de comprendre (ce qui implique une lecture du point de vue du sujet,
de l'acteur).

1.2.2 Une représentation abstraite de la réalité


La science tente de modéliser la réalité, c'est-à-dire de développer une explication et une
compréhension de la façon dont fonctionne la réalité et ses manifestations. Pour ce faire, elle
fait appel à une démarche qui consiste à identifier par observation des faits scientifiques, à
relier des faits scientifiques entre eux à l'aide de lois scientifiques et à construire des théories
scientifiques en regroupant un ensemble de lois portant sur un phénomène donné (par
exemple, la migration des populations humaines, le développement cognitif de l'enfant, le rôle
des normes culturelles, le cycle de l'inflation économique, etc.).

Les faits scientifiques


Un fait scientifique peut-être défini comme un fondement de la science; il résulte de la
généralisation au-delà des circonstances particulières des faits bruts observés de façon
immédiate et spontanée. C'est l'unité de base de toute entreprise scientifique.

Les lois
Les lois sont le mortier qui relie les faits scientifiques. Elles permettent d'expliquer la nature
exacte d'une relation entre des faits mais aussi de prédire des événements. On peut définir une
loi comme un «énoncé qui établit des relations entre des faits»; elle rend compte de la
régularité d'apparition des faits scientifiques. Les lois possèdent un certain nombre de
caractéristiques: elles sont universelles (ce qui n'est pas toujours le cas en sciences sociales),
elles sont empiriques, c'est-à-dire qu'elles reposent sur des phénomènes et des relations qui
ont été observés dans la réalité.

Les théories
On peut définir une théorie comme une construction intellectuelle qui établit une relation
entre des lois; fait une synthèse des connaissances scientifiques actuelles. La théorie, c'est un
peut comme l'édifice qui donne son sens à l'assemblage de briques (les faits scientifiques) et
de mortier (les lois scientifiques).
Les théories possèdent certaines caractéristiques dont la vérifiabilité (elles doivent être
vérifiables), la puissance (elles doivent permettre d'expliquer des phénomènes importants et
permettre d'expliquer des phénomènes qui n'ont pas encore été expliqués) et la synthèse (elles
doivent permettent d'intégrer des éléments disparates et leur donner un sens et une explication
parcimonieuse). Les théories de la science permettent d’analyser d’un point de vue
philosophique les conditions du savoir scientifique et de formuler des recommandations.

On distingue plusieurs types de types de théories en fonction de leurs portées :


 Les “grandes théories” s’attaquent à des thèmes complexes (pas très empiriques), à
l’évolution de société, au système politique, .....
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 Les théories à portée moyenne concernent un domaine plus restreint (ensemble de


recherches empiriques)
 Les modèles formalisés concernent des aspects plus restreints du champ social et sont
parfois appuyés par des études empiriques précises et poussées.
 Les modèles conceptuels sont par exemple les “langages systémiques”, les cadres
d’analyse, les outils pour regarder un phénomène sous un certain angle.
 Les hypothèses font en règle générale partie d’une théorie. Il s’agit de propositions claires
qui nécessitent d’être testées.

Figure : Les deux phases de la démarche scientifique

1.3 L'attitude scientifique


«Une approche scientifique de la nature et de la vie est sous-tendue par un scepticisme
curieux et une ouverture d'esprit empreinte d'humilité. La démarche critique qui découle de
ces attitudes aide à démêler ce qui est censé de ce qui ne l'est pas.»

La pensée scientifique (issue des sciences) et la pensée critique (issue de la philosophie) ont
permis à l'humanité d'aller au-delà de la pensée magique, des superstitions, des constats
faciles, du primat de la sensation et de l'intuition, des préjugés, de la démagogie, du
dogmatisme, de l'illusion.

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1.4 Les caractéristiques du chercheur


L'investigation scientifique requiert une double attitude chez le chercheur: un enthousiasme
teinté de scepticisme pour l'examen minutieux d'idées contradictoires et une ouverture d'esprit
empreinte d'humilité face à la nature. Soumettre les idées, même les plus folles, à l'évaluation
nous aide à distinguer ce qui est sensé de ce qui ne l'est pas. La curiosité qui nous conduit à
évaluer les idées et à exposer leurs hypothèses sous-jacentes se traduit dans la vie quotidienne
pas une réflexion critique.

Les qualités du scientifique


L'esprit critique (Remettre en question)
La distanciation (Maintenir une certaine distance par rapport à son objet d'étude)
L'objectivité (Accepter tous les faits et seulement les faits comme réels)
La rigueur (Rapporter les faits complètement et précisément)
Le raisonnement (Approcher les faits avec une pensée rationnelle)
La tolérance (Accepter comme vrai ce qui est connu de façon scientifique)
La créativité (Rendre familier ce qui est étrange et étrange ce qui est familier)

1.5 Pourquoi fait-on de la recherche ?


Faire la recherche c’est poser une question (bien définir les limites et bien élaborer les
détails), la creuser (utiliser des concepts et définitions clairs, utiliser un outillage approprié et
explicite et comparer avec les connaissances qui existent) et y répondre (avec un texte clair et
une structuration logique). On fait de la recherche pour décrire, comprendre, expliquer,
évaluer ou changer une action, une situation ou un phénomène

• Décrire Recherche descriptive


• Comprendre Recherche compréhensive
• Expliquer Recherche explicative
• Evaluer • Recherche évaluative
• Changer • Recherche appliquée

Faire de la recherche c’est donc tenter de répondre à trois principaux types de question que
sont :
1. Descriptive: Lorsque la recherche vise principalement à décrire une action ou une
situation.
2. Relationnelle: Lorsque la recherche examine l'ensemble des relations entre deux ou
plusieurs variables.
3. Causale: Lorsque la recherche vise à déterminer si une ou plusieurs variables (p. ex.,
un programme ou une mesure incitative) produit ou modifie une ou plusieurs variables
résultantes.
Ces trois types de question sont cumulatifs. C'est-à-dire qu'une étude relationnelle suppose
que vous pouvez dans un premier temps décrire (en les mesurant ou les observant) chacune
des variables entre lesquelles vous tentez d'établir des relations. Une étude causale suppose
que vous pouvez décrire à la fois les variables de cause et les variables d'effet, et que vous
pouvez démontrer qu'il existe une relation entre elles. Les études causales sont les plus
exigeantes.

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2 La méthode scientifique
Avant d'entreprendre l'étude des méthodes scientifiques, il importe de savoir qu’elles ne sont
pas les seules méthodes de connaissance et que, par rapport aux autres méthodes qui existent,
le développement des méthodes scientifiques est assez récent (2 e moitié du 2e millénaire après
Jésus Christ). Depuis la nuit des temps, l'humain cherche à connaître son univers, à déchiffrer
les régularités de son environnement afin de pouvoir prédire et anticiper les événements tant
positifs que négatifs qui pourront se produire. Le besoin de connaître n'a jamais été un luxe
pour l'humain, il a toujours été essentiel à sa survie. L'humain a donc développé avec le temps
plusieurs méthodes de connaissance que l'on peut qualifier à la fois de «non-scientifiques»,
puisqu'elles ne répondent pas aux critères de la méthode scientifique, et de «pré-
scientifiques», puisqu'elles précèdent la venue des méthodes scientifiques. L'énumération qui
suit, sans être exhaustive, présente néanmoins quelques unes des principales méthodes non-
scientifiques de connaissance.

2.1 Les méthodes non-scientifiques ou pré-scientifiques


Les principales méthodes non-scientifiques sont l'intuition, le crédit aux croyances populaires,
le crédit à l'autorité, l'expérience et le raisonnement fallacieux.

2.1.1 L'intuition
Cette méthode consiste à acquérir (on dirait mieux produire) une nouvelle connaissance de
façon immédiate et spontanée, sans avoir recours à des activités intellectuelles comme la
réflexion, l'analyse, la déduction. Elle repose la plupart du temps sur un raisonnement
implicite (donc difficile à analyser et valider) ou simplifié. L'intuition débouche sur une
conclusion sans que toutes les étapes qui y mènent n'aient été explicitées. L'intuition va de la
juxtaposition immédiate de deux propositions reposant sur quelques similitudes (association
ou corrélation illusoire) ou régularités élémentaires à la déduction spontanée d'une conclusion
à partir d'une analyse systématique mais non-linéaire de toutes les possibilités. Certaines
intuitions correspondent à des formes très rudimentaires et souvent erronées de réflexion alors
que d'autres intuitions (ex.: l'intuition scientifique) constituent des modes complexes de
cognition faisant appel tant à la pensée divergente (créatrice) que convergente (linéaire).

Exemples d'intuition
 sentir que l'on va gagner à la loterie ou qu'aujourd'hui sera un jour de chance
 avoir l'impression que le couple de deux amis ne va pas très bien
 sentir qu'un ami va bientôt appeler ou passer nous voir

2.1.2 Accorder crédit aux croyances populaires


Cette méthode consiste à considérer comme vrai le contenu des croyances populaires. Celles-
ci relèvent du gros bon sens ou de la tradition et n'ont, pour la plupart, jamais été vérifiées. Un
bon exemple de croyance populaire infirmée par la recherche scientifique est «les contraires
s'attirent». La recherche a, au contraire, démontré que le principal facteur d'attraction
interpersonnelle est la similitude et non la différence et la proximité et non l'éloignement. Les
croyances populaires ne sont pas nécessairement toutes fausses et de nombreuses
connaissances empiriques (développées à la suite d'observations de faits) ont été transmises
par le biais de proverbes et de récits populaires. Ces proverbes courts et faciles à mémoriser,
constituaient une excellente mnémotechnique (méthode de mémorisation) et permettaient à
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des gens peu instruits et souvent analphabètes d'apprendre facilement des éléments de
connaissance utiles. Toutefois, la plupart des croyances populaires s'avèrent trop générales et
imprécises pour être très utiles et ne trouvent pas toujours un appui empirique lorsqu'elles sont
soumises à une évaluation systématique. Elles constituent, à toutes fins pratiques, des formes
culturelles.

Exemples de proverbes
 Après la pluie, le beau temps
 Qui s'assemble, se ressemble
 Les contraires s'attirent
 Tel père, tel fils
 Bien mal acquis ne profite jamais
 Les bons comptes font les bons amis

2.1.3 Accorder crédit à des autorités en la matière


Cette autre méthode scientifique consiste à considérer comme nécessairement vraies les
affirmations des gens perçus comme étant des experts en la matière et, cela, sans avoir
effectué aucune vérification. Il est normal que l'opinion d'une personne qui a réussi à
développer une expertise dans un domaine reçoive plus de crédibilité que l'opinion de tout
autre individu. Toutefois, expertise ne signifie pas certitude et l'expertise d'un individu est
souvent limitée au domaine qu'il connaît très bien et ne s'étend pas nécessairement aux autres
domaines. Tout en étant intéressante, cette méthode ne répond pas aux critères de la méthode
scientifique et l'histoire de la connaissance est truffée d'experts et de spécialistes qui ont fait
des affirmations erronées dans un domaine autre et même dans leur propre champ d'expertise.

Exemples de crédit accordé à l'autorité


 Le directeur de la Banque mondiale a dit...
 Mon professeur de philosophie dit...
 Selon Freud,....
 M. le curé croit que les condoms...

2.1.4 Certitude basée sur l'expérience


Cette méthode consiste à croire que des phénomènes resteront toujours tels puisqu'ils ont
toujours été expérimentés de la même façon par la même personne. L'individu ne porte pas
attention au fait que des phénomènes obéissent à des lois et qu'un changement d'un des
éléments en présence peut modifier totalement le phénomène en question. Il s'agit d'une
méthode que nous utilisons fréquemment et son utilisation augmente souvent avec l'âge.
L'homme sage ne profite-t-il pas de son expérience?

Exemples de certitudes basées sur l'expérience


 À chaque fois que j'ai enseigné à des étudiants en informatique....
 Tous les clients sont pareils...
 Chaque fois que je pars en vacances, il...
 Dans mon temps... (refrain bien connu du paternel)
 Ça fait 20 ans que j'habite dans le quartier et je n’ai jamais été cambriolé... Pourquoi
j'achèterais un système d'alarme?

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2.1.5 Le raisonnement

Cette dernière méthode consiste à acquérir une nouvelle connaissance en la déduisant


logiquement de certains faits ou à l'aide de d'autres principes. Cette nouvelle connaissance
peut être fausse si une prémisse s'avère être fausse ou, encore, si le raisonnement est basé sur
un postulat faux. Elle sera incertaine si une prémisse n'a pas été vérifiée. Cette méthode de
connaissance n'est certes pas mauvaise en soi puisqu'elle constitue une des étapes de la
méthode scientifique et que le raisonnement est probablement le mode souverain de la pensée.
Sans raisonnement, il n'y aurait ni philosophie, ni logique, ni construction théorique, ni
connaissance. Nous faisons constamment appel à des raisonnements dans nos activités
cognitives. Le problème ne découle donc pas de la méthode, mais du fait que la méthode ne
constitue pas un moyen de vérifier empiriquement des faits (par leur observation
systématique). À la limite, il est possible de développer une théorie complètement logique
mais tout à fait fausse ou non fondée sur la réalité.

Il existe plusieurs modes de raisonnement. Les principaux modes sont le raisonnement


déductif (la déduction), le raisonnement inductif (l'induction) et le raisonnement analogique
(l'analogie : métaphores, métonymies). L'exemple classique d'une déduction est le
raisonnement syllogistique. L'exemple même du syllogisme est le suivant : Tous les hommes
sont mortels, Socrate est un homme, par conséquent, Socrate est mortel. Le syllogisme repose
sur trois termes: le grand terme, constitué par le prédicat (P) de la conclusion, le petit terme,
constitué par le sujet (S) de la conclusion et le moyen terme (M) qui permet de mettre les
deux autres termes en relation. Trois propositions composent le syllogisme : la majeure,
constituée par le grand et le moyen terme; la mineure, formée du petit et du moyen terme, le
petit et le grand termes composent la conclusion. Les termes du syllogisme sont liés par des
rapports incitatifs. Ainsi, si le fait d'être un homme implique mortel et que Socrate implique
homme, la conclusion est que Socrate implique mortel.

De son côté, l'induction est un processus de pensée reconstructif qui implique le passage du
«particulier au général». On appelle induction le processus par lequel la recherche de
plusieurs choses particulières nous mène à la connaissance d'une vérité générale. Ainsi,
lorsqu'on a constaté sur beaucoup de mers que l'eau est salée et que sur beaucoup de rivières
que l'eau est douce, on conclut généralement que l'eau de mer est salée et celle des rivières est
douce. Ce mode de raisonnement logique est toutefois beaucoup moins rigoureux que le
raisonnement déductif et plus susceptible d'inclure des erreurs de raisonnement.

Le raisonnement analogique est le plus faible des trois modes de raisonnement au niveau
logique. Il consiste à dégager des ressemblances plus ou moins lointaines, particulièrement
entre choses qui ne se ressemblent pas dans leur aspect général, et qui ne peuvent être
subsumées sous un même concept. Au sens plus restreint, un raisonnement analogique est un
raisonnement concluant en vertu d'une ressemblance entre les objets sur lesquels on raisonne.
Un raisonnement analogique peut devenir dans certaines conditions un raisonnement
métaphorique.

Exemples de raisonnement déductif


 Jean est fort en français (majeure); ceux qui sont forts en français sont forts en théâtre
(mineure); Jean est fort en théâtre (conclusion).
 Les autos bon marché sont rares (majeure); ce qui est rare est cher (mineure); Les autos
bon marché sont chères!!! (conclusion).

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Exemple de raisonnement inductif


 Deux de mes profs n'étaient pas à leur bureau pendant leur période de disponibilité
(observations particulières); les maudits profs ne font jamais leur disponibilité (vérité
générale).
Exemple de raisonnement analogique
 La vie de couple est comme une loterie.
 Le cerveau est comme un ordinateur (d'ailleurs, c'est plutôt l'inverse, selon l'histoire de
l'informatique).
 «Une serrure, c'est comme une femme! Faut la mouiller pour l'ouvrir...» - Gérard
Depardieu dans le film Tenue de Soirée.

2.1.6 Valeur des méthodes non-scientifiques

Les méthodes non-scientifiques peuvent, par hasard, nous permettre d'arriver à une conclusion
qui correspond à la réalité mais le plus souvent les conclusions obtenues sont fausses (ou à
tout le moins, non démontrées). Le danger des méthodes non-scientifiques, c'est que les gens
qui les utilisent sont souvent persuadés qu'ils ont raison, qu'ils détiennent la vérité. C'est le
fanatisme du «parce que c'est comme ça». Dans certains cas, les conclusions sont
indémontrables et donc impossibles à critiquer. Il s'agit d'un acte de foi et non d'une démarche
rationnelle et empirique. Dans toute leur diversité, les méthodes non-scientifiques ont comme
caractéristique commune de ne pas répondre aux critères de la démarche scientifique. Mais
quels sont ces critères et quelles sont ces méthodes dites «scientifiques».

2.2 La méthode scientifique


2.2.1 Les principes de la démarche scientifique
La démarche scientifique se distingue des méthodes scientifiques par un certain nombre de
critères appelés postulats ou prémisses. Pour que l'on puisse parler de démarche ou de
méthode scientifique, il faut que l'approche retenue possède un certain nombre de
caractéristiques et réponde à ces conditions très précises. Voici donc les cinq postulats de
toute approche scientifique.

Le déterminisme
Ce premier postulat de l'approche scientifique implique la présence de règles et de lois. La
réalité est ordonnée et le but de l'entreprise scientifique est d'identifier cet ordre. Sans
régularité, il n'y a pas de science. Les événements ont des causes identifiables. En
conséquence, la conduite humaine est ordonnée et répond à des lois ou à des règles. Bien que
les causes ne sont pas toujours apparentes et que les comportements ne sont pas toujours
compréhensibles (ex.: conduire dangereusement une automobile au risque de sa propre vie), il
n'en découle pas pour autant qu'ils sont sans ordre. Rappelons qu'au début du XXe siècle,
Sigmund Freud nous a proposé des explications très riches (dont plusieurs demandent
toujours à être vérifiées scientifiquement) des comportements en apparence incompréhensible
des fous et des malades mentaux.

L'empirisme
La science porte sur des observations empiriques, c'est-à-dire concrètes et vérifiables et
provenant de l'observation de la réalité. Son premier travail consiste à identifier, nommer,
comparer, décrire et classer les faits. La science est donc basée sur des faits. C'est pour cette
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raison que la psychologie est considérée comme une science (vérification de faits
psychologiques) alors que la philosophie ne l'est pas. La psychologie s'est construite à partir
d'études systématiques des conduites de grands nombres d'individus afin d'en identifier les
régularités et éventuellement les lois et les règles.

L'intégration théorique
La science cherche à construire des théories, soit des ensembles de règles capables d'assurer
l'explication d'un ensemble importants de faits. Une bonne théorie est celle qui intègre
plusieurs relations entre des faits, relations demeurées indépendantes jusque-là. Il existe en
psychologie de très nombreuses théories et plusieurs grandes théories scientifiques. Ces
théories ont été développées à partir de l'intégration des résultats de nombreuses recherches
effectuées sur des problématiques très variées. Mentionnons à titre d'exemples de théories
scientifiques en psychologie, la théorie du champ de Kurt Lewin, la théorie de la prise de
décision de Simon, la théorie des capacités de la mémoire à court terme de Miller, la théorie
de la névrose infantile de Freud, la théorie de l'acceptation inconditionnelle de Rogers, etc. En
plus des théories, on reconnaît en psychologie de nombreuses relations précises qui se
produisent avec régularité. Ainsi, on peut parler de l'effet d'association, de l'effet de primauté,
de l'effet de récence, de la capacité limitée de la mémoire à court terme, des mécanismes de
l'attribution sociale, de la déresponsabilisation collective, etc.

Une démarche dynamique


La science est une tentative, un essai continuel. Elle admet qu'il est toujours possible de faire
des erreurs et qu'il faut continuellement remettre en question les faits, les théories et les
explications (démarche de falsifiabilité des hypothèses de Karl Popper). La recherche consiste
à confronter diverses hypothèses antagonistes et à identifier la meilleure. La recherche
psychologique illustre bien ce postulat. Plusieurs recherche classiques présentant des faits
indiscutables (ex. : l'effet Hawthorne d'Elton Mayo ou encore l'effet Pygmalion de Rosenthal,
le report de la crise de l'identité chez les femmes selon Erickson) qui ont été, par la suite,
partiellement ou complètement infirmés par des recherches plus récentes. Ces vérifications
récentes montrent à quel point la réalité est complexe et difficile à cerner et que des
régularités observées par un chercheur ne sont pas toujours valables. C'est pour cette raison
qu'un résultat de recherche, aussi intéressant ou logique soit il, doit trouver confirmation
auprès de plusieurs autres recherches avant d'obtenir une certaine caution scientifique.

La dimension publique
La science est une activité publique. Cette caractéristique distingue essentiellement
l'expérience phénoménologique (perception propre à une seule personne ou groupe de
personnes) de celle conduisant d'abord à la comparaison des expériences intersubjectives qui
sont à la base du cheminement scientifique. Il faut donc communiquer ses résultats, ses
découvertes et ses théories afin de les soumettre à une vérification par d'autres chercheurs. La
recherche la plus solide au plan théorique et méthodologique n'a pas véritablement de valeur
scientifique tant qu'elle n'a pas été soumise au constat public de la communauté scientifique.
Une recherche dont la démarche ou la méthode reste privée ou secrète n'a pas de valeur
scientifique. C'est pour cette raison que l'activité de communication scientifique (publication
des rapports de recherche dans des journaux scientifiques et maintenant sur l'Internet) est si
importante pour le bon développement de la science. C'est un peu pour cette raison qu'il faut
se méfier des conclusions de recherches effectuées par des chercheurs inconnus ou dont les
travaux ne peuvent être vérifiés ou ne sont pas publiés dans des revues scientifiques
reconnues.

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2.3 Les buts de l'approche scientifique


L'approche scientifique a des objectifs clairs ainsi que des fonctions précises. La recherche
scientifique en sciences humaines et sociales a aussi des buts et des objectifs. Voici ces buts :

Décrire les phénomènes et les événements


Le premier de la recherche en sciences humaines et sociales est de décrire le comportement.
Avant de chercher à expliquer un comportement, il faut d'abord chercher à le décrire. Quelles
sont ses caractéristiques? Quelle est sa fréquence? Quelle est sa durée? Son intensité? Quand
se produit-il? Avant quoi? Après quoi? Au même moment que quoi? La description est donc
le premier but de toute science (pensez aux systèmes de classification de la botanique et de la
zoologie) et elle permet de situer et de connaître précisément les caractéristiques du
comportement que nous souhaitons comprendre.

Comprendre et expliquer le comportement


Le deuxième but de la démarche scientifique en sciences humaines et sociales est de
comprendre et d'expliquer le comportement humain. Par comportement nous entendons à la
fois ses aspects observables (comportements, réponses physiologiques, communications, etc.)
et non-observables (pensées, motifs, sentiments, etc.). Ce but implique que la démarche
scientifique en sciences humaines et sociales a pour objet l'élaboration d'une science du
comportement, d'abord pour augmenter nos connaissances sur l'homme et ensuite pour
améliorer nos pratiques et nos interventions afin de maximiser le mieux-être individuel et
collectif.

Prédire le comportement
Le troisième but de la démarche scientifique en sciences humaines et sociales et d'en arriver à
construire des modèles ou des règles qui nous permettront de prédire les actes que poseront
les gens dans des conditions spécifiques. La prédiction est un but explicite de la science. Sans
prédiction des effets ou des comportements, nous n'aurions aucun médicament, aucune
technologie, aucune procédure qui pourraient avoir des chances de succès. Par exemple, les
études longitudinales effectuées sur des enfants battus nous ont permis de déterminer que ces
enfants ont plus de chances de devenir des adultes abuseurs à leur tour que des enfants qui
n'ont jamais été violentés. Cette règle probabiliste nous permet donc d'identifier des
populations à haut risque.

Contrôler (ou modifier) le comportement


Le dernier but de la science est le contrôle du comportement. Il s'agit toutefois d'un but qui
pose souvent des problèmes éthiques et qui inquiète les gens lorsqu'ils en prennent
conscience. Une méthode qui annonce qu'elle permet de contrôler le poids ou un appareil qui
permet de contrôler la régularité du rythme cardiaque (pacemaker) ou encore un mécanisme
qui permet d'équilibrer le freinage au quatre roues d'un véhicule (système ABS) sont
généralement perçus comme des procédures ou des outils bénéfiques pour la société.
Toutefois, une méthode pour contrôler certaines émotions ou pour réduire l'agressivité d'un
enfant ou encore pour contrôler les pulsions sexuelles d'un pédéraste (castration chimique)
soulèvent inévitablement une certaine inquiétude sociale. Cette formulation des buts de la
démarche scientifique en sciences humaines et sociales permet de définir les différentes
approches de recherche (exploratoire, descriptive, explicative, prédictive et évaluative) et de
préciser les principaux moments de la découverte scientifique. Le tableau ci-dessous présente
les liens entre les buts de la science, les différentes approches de recherche et les moments de
la connaissance scientifique.
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Tableau : Les principales approches de recherche

But Moment Approche de Caractéristiques


scientifique recherche
a) Explorer Nouveau Méthode • Investiguer un phénomène peu
domaine, peu exploratoire connu
d'investigations • Identifier ou découvrir des
réalisées à ce jour variables importantes
• Générer des hypothèses pour des
recherches futures
b Décrire Domaine qui a Méthode • Décrire et documenter le
) déjà été l'objet de descriptive phénomène (occurrences)
certaines études • Comparer les phénomènes
• Étudier les phénomènes de
covariance
c) Expliquer Domaine dont on Méthode • Expliquer les causes du phénomène
Comprend possède de explicative • Identifier les réseaux causaux
re bonnes possibles
descriptions • Modeler le phénomène
d Prédire Domaine pour Méthode • Prévoir les suites ou les
) lequel on a déjà prédictive conséquences d'un phénomène
identifié des liens • Prévoir les événements ou les
causaux entre comportements qui pourraient résulter
phénomènes d'un phénomène
e) Evaluer Domaine pour Méthode • Évaluer la qualité ou l'impact d'un
lequel on a déjà évaluative phénomène en fonction de critères
développé une • Mettre au point un phénomène
certaine pratique (produit ou service)
f) Contrôler Domaine pour Méthodes • Intervenir dans une situation
lequel on possède d'intervention sociale pour la modifier ou la changer
une bonne • Modifier la conduite d'un individu,
connaissance et d'un groupe, d'une organisation ou
une bonne d'une société
compréhension

À ces quatre buts de la science, on peut ajouter deux autres buts qui s'inscrivent dans un
processus d'investigation et d'intervention scientifique.

Formuler un système cohérent de connaissances


Le cinquième but de la démarche psychologique est de créer un système complet et
fonctionnel de connaissances sur le comportement humain. Il s'agit de toute évidence d'un
objectif à très long terme qui nous occupera encore pendant très longtemps. Le système
nerveux humain est le plus complexe du monde animal et le fonctionnement du cerveau
commence à peine à être connu. De plus, contrairement aux espèces animales moins évoluées,
le comportement humain se caractérise par une extraordinaire variété et la richesse de ses
productions symboliques nécessitera plusieurs redéfinitions complètes de l'entreprise
psychologique. Toutefois, cet objectif est à la base de toute l'entreprise scientifique en
sciences humaines et sociales. Prenons cependant, à titre d'exemple, le développement
psychologique de l'enfant et constatons que les chercheurs qui oeuvrent dans ce domaine
depuis le début du XXe siècle ont produit une première somme de connaissances assez
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impressionnante. Il est maintenant possible de décrire, d'expliquer et de prédire une bonne


partie de développement psychologique de l'enfant, à travers ses dimensions sensori-motrice,
cognitive (Piaget), affective (Freud, Erikson), sociale, sexuelle, langagière et morale
(Kohlberg) de la naissance jusqu'au début de l'adolescence. Il y a donc là une première
ébauche d'un système cohérent de connaissances.

Contribuer au développement de nouvelles techniques et pratiques


Le dernier objectif de l'approche scientifique en sciences humaines et sociales est d'oeuvrer au
développement de meilleures techniques et technologies humaines. L'idée de la technologie
humaine est assez rébarbative à l'humaniste accompli, mais elle n'est pas du tout étrangère au
développement humain. Le développement de techniques et de technologies humaines est
présentement en pleine accélération. On a déjà commencé à informatiser des habiletés
essentiellement psychologiques telles que la prise de décision, le traitement et l'analyse de
l'information, la communication (synthèse et reconnaissance vocale), etc.

De plus en plus, les individus devront apprendre à interagir avec des machines conçues pour
les assister dans des tâches cognitives (systèmes experts) telles que le diagnostic, la prise de
décision, la gestion d'équipes, la planification et la réalisation de téléconférences, l'analyse de
tendances, etc. Pensez seulement à tous les jouets éducatifs informatisés pour les enfants, il
s'agit manifestement de technologies psychopédagogiques. Ces nouvelles techniques existent
ou sont en voie de développement. Elles présentent un potentiel de développement humain
énorme, mais elles transportent aussi des dangers très réels tels que la perte d'autonomie et de
compétence personnelle, la dépendance excessive. La sciences humaines et sociales devra, par
rapport à ce but, oeuvrer au développement de ces techniques et technologies tout en
s'assurant qu'elles contribuent réellement au mieux-être et au développement de l'individu.

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3 La démarche de recherche en sciences humaines et


sociales
La démarche qui permet de produire des connaissances scientifiques en sciences humaines et
sociales est similaire à celle nécessaire pour produire des connaissances scientifiques dans
toutes les sciences. La recherche est une dimension essentielle de la formation de l'étudiant en
sciences sociales humaines, qui vise à mieux connaître et comprendre certains aspects de la
réalité sociale et à produire des connaissances vérifiées et vérifiables sur cette réalité. Or, la
réalisation d'une recherche exige l'adoption d'une démarche scientifique qui comporte une
série d'étapes.

3.1 Les processus de recherche


La recherche ne saurait toutefois se réduire à une succession d'étapes, car elle est faite de
retours, de reformulations, de modifications de perspectives que la confrontation constante
des schémas avec la réalité rend nécessaires et qui surviennent à chacune de ses étapes. De
plus, certaines contraintes obligent souvent le chercheur à mener de pair deux étapes ou à
devancer certaines activités. Trois processus distincts --linéaire, circulaire et itératif-- sont
ainsi associés au déroulement de la recherche.

La recherche se caractérise d'abord et avant tout par un processus linéaire en ce sens qu'elle
débute par une interrogation ou question de recherche et conduit à des résultats qui apportent
une réponse à cette interrogation initiale.

La recherche se caractérise également par un processus circulaire en ce sens qu'elle


commence par la consultation de la documentation scientifique, qui aide le chercheur à
préciser sa question de recherche, et se termine souvent par la publication des résultats de
recherche, qui contribuent au développement du savoir. Les connaissances scientifiques sont
ainsi à la fois le point de départ et l'aboutissement de la démarche de recherche.

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Enfin, la recherche se caractérise par un processus itératif. Il arrive souvent que le chercheur
doive retourner à une étape antérieure de la recherche pour la compléter ou la modifier en
fonction de nouvelles perspectives, de nouvelles sources d'information ou d'informations plus
récentes. Par exemple, l'élaboration du cadre théorique, la consultation de la documentation
scientifique et la publication de résultats d'autres recherches remettent souvent en question la
problématique et obligent le chercheur à la reformuler

3.2 Les principales étapes de la démarche scientifique


La démarche scientifique de recherche en sciences humaines comporte sept étapes
principales: la problématique, le cadre théorique, la méthodologie, la collecte des données, la
présentation et l'analyse des résultats, l'interprétation des résultats et la communication
scientifique.

Étape 1 La problématique: choix et élaboration

La recherche prend forme lorsqu'un chercheur constate un écart entre les connaissances
disponibles --théories scientifiques, modèles, concepts, explications courantes, etc.-- sur un
aspect de la réalité et ses propres observations relatives à ce phénomène. Le chercheur élabore
alors une problématique pour expliquer la nature du problème qu'il a décelé et formule une
question de recherche et, s'il y a lieu, une hypothèse de recherche.

Étape 2 Le cadre théorique: revue de la documentation et état de la question

À la suite de la consultation de la documentation scientifique appropriée, le chercheur prépare


un état de la question dans lequel il dresse l'inventaire des connaissances scientifiques
disponibles sur ce thème, en fait l'analyse critique et rend compte de l'état de ces
connaissances. Ce travail de systématisation aide le chercheur à reformuler ou enrichir sa
problématique pour en assurer la cohérence et la pertinence et à mieux orienter sa recherche.
La présentation du cadre théorique constitue le premier chapitre du rapport de recherche,
lequel présente les principaux aspects de la recherche.

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Figure 1 : Les principales étapes de la démarche de recherche

Étape 3 La méthodologie: opérationnalisation et mise au point

Afin de pouvoir appliquer sa problématique à la réalité sociale, le chercheur doit


l'opérationnaliser, c'est-à-dire déterminer ses dimensions et construire les indicateurs qui lui
permettront d'en faire l'étude. À cette étape, le chercheur met au point ses stratégies de
recherche: définition de la population cible, choix des méthodes et techniques de collecte de
données, planification de la démarche de recherche. Il effectue souvent une étude préliminaire
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limitée (pré-test, pré-enquête, etc.) qui l'aide à déceler tout problème lié à l'organisation de la
recherche. Les principaux aspects de la méthodologie sont décrits dans le deuxième chapitre
du rapport de recherche.

Étape 4 La collecte des données : organisation et investigation

En accord avec les méthodes de recherche qu'il a retenues à l'étape précédente, le chercheur
procède à la collecte des données, non sans en avoir organisé rigoureusement au préalable les
différents moments. Il aura veillé également à ce que sa démarche soit conforme à l'éthique de
la recherche (voir dans la même collection le fascicule La recherche et l'éthique).

Étape 5 La présentation des résultats : traitement et analyse

Une fois les données recueillies, le chercheur s'engage dans l'organisation, le traitement et
l'analyse des résultats issus de la collecte des données. Il lui est souvent nécessaire en premier
lieu de regrouper ses données et de les soumettre à divers traitements: réduction, codification,
classification, etc. Le chercheur applique ensuite à ses données diverses méthodes d'analyse
qualitative ou quantitative, selon les objectifs de son étude et la nature de ses données. La
présentation des résultats correspond au troisième chapitre du rapport de recherche.

Étape 6 L'interprétation des résultats: discussion et perspectives

Le chercheur entreprend maintenant d'établir des liens entre ses résultats et les connaissances
théoriques intégrées à son cadre théorique. Il appuie sur une argumentation systématique ses
conclusions confirmant ou rejetant ses hypothèses ou autres énoncés de départ. Enfin, il
souligne les limites de sa recherche, tente d'en dégager les effets positifs pour la science et
propose de nouvelles pistes de recherche. L'interprétation des résultats constitue le quatrième
et dernier chapitre du rapport de recherche.

Étape 7 La communication scientifique: diffusion des résultats

La recherche terminée, le chercheur en fait connaître les résultats au moyen de la publication


d'un rapport de recherche. Pour assurer la diffusion de ses résultats, le chercheur fait aussi
appel à divers moyens de communication: article de revue scientifique, sommaire de
recherche, exposé oral, débat radiophonique ou télévisé, affiche, texte sur l'Internet, etc. La
diffusion et la publication des résultats de recherche sont essentielles à l'avancement de la
science en général et des sciences humaines en particulier. Elles permettent la vérification et
l'évaluation publique des résultats de recherche et leur intégration aux connaissances
théoriques existantes.

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4 La problématique : choix et élaboration


L'arsenal des thèmes de recherches psychologiques possibles est aussi vaste que le champ
même de la conduite humaine. La liste des thèmes ou des problèmes de recherche qui ont
effectivement donné lieu à des investigations est, bien sûr, beaucoup moins importante.
Le choix d'un thème de recherche peut résulter d'une préoccupation en fonction d'un problème
psychologique (le développement de l'individu, la timidité, la dépendance affective, par
exemple) ou de l'intérêt pour un thème ou domaine général du comportement (l'agression,
l'ambition, le changement d'attitude, le comportement d'aide, par exemple) ou d'un ensemble
théorique (la théorie psychanalytique, les théories de l'apprentissage, la théorie de l'attribution,
le principe de Lafontaine, les effets de position, et ainsi de suite). En réalité, il n'y a pas de
distinction nette entre les thèmes de recherche qui proviennent des sources diverses; il arrive
souvent qu'on puisse aborder le même thème général soit en vue de contribuer à la solution
d'un problème psychologique, soit dans l'espoir d'ajouter aux connaissances théoriques;
fréquemment, ces deux types de motivations sont réunies.

4.1 Les sources de problèmes de recherche


Qu'il s'intéresse personnellement à des problèmes particuliers ou qu'il entreprenne d'étudier un
problème qu'on lui soumet, le chercheur doit lui-même identifier, préciser et définir les
questions qui sont à l'origine de ses démarches. Il n'existe pas de banque de questions toutes
faites à l'usage des chercheurs en panne d'idées (il existe certes des stratégies que l'on peut
utiliser pour trouver une bonne question de recherche). Or, malheureusement, il n'est pas
donné à tous d'arriver à cerner un problème intéressant, à reformuler une problématique qui
débouche sur une impasse, à identifier l'information manquante à la compréhension d'un
phénomène ou à saisir l'étape à franchir pour faire progresser les connaissances. Faire de la
recherche est une tâche ardue qui requiert un investissement soutenu et des compétences
intellectuelles certaines. Cette aptitude fait appel tout à la fois aux connaissances du
chercheur, à son intelligence, à sa perspicacité ou à son imagination créatrice et, bien sûr, à
son expérience (une méthode non-scientifique, rappelons-le). Trouver une bonne question de
recherche n'est pas chose facile.

Face à la grande variété des sources possibles de thèmes de recherche, comment les
chercheurs en arrivent-ils à choisir un sujet d'étude? Parmi les facteurs importants de décision,
on trouve les penchants personnels et les jugements de valeur des investigateurs.

On croit parfois que les «valeurs» n'ont pas droit de citer en sciences; c'est là une erreur qui
vient de ce que l'on ne fait pas la distinction entre le choix d'un thème de recherche et la
méthode à utiliser pour réaliser une recherche. C'est ainsi que les valeurs du chercheur entrent
souvent dans le choix d'un thème; tel chercheur a une préférence pour le comportement des
enfants, l'autre pour les comportements sociaux et, enfin, un troisième est passionné par les
comportements déviants. Tous, cependant, doivent s'efforcer de mettre à l'écart leurs valeurs
dans la réalisation même de la recherche, sans quoi, ils pourraient introduire des biais
(erreurs) importants dans leurs résultats.

Toutefois, les valeurs et les goûts personnels ne sont pas les seuls facteurs qui entrent en ligne
de compte. Au contraire, une grande partie de l'activité de recherche est un processus social et
public, géré et en bonne partie administré par des intérêts autres que ceux du chercheur
(organismes subventionnaires, comités scientifiques, orientations universitaires, actualité,
mode, etc.). La recherche est souvent subventionnée par différentes institutions (universités,
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centres de recherche, organismes gouvernementaux, entreprises, secteurs industriels, et ainsi


de suite). Et ces différents organismes exercent beaucoup d'influence sur le choix des thèmes
et parfois même sur la manière dont sera réalisée la recherche (avant 1990, il était
relativement difficile d'obtenir des subventions pour la recherche sur le SIDA; après 1990, le
fait de travailler sur le SIDA avantageait une demande de fonds de recherche). Faire de la
recherche est, somme toute, une profession et subit, dans une bonne mesure, les mêmes
contraintes que tout emploi (il faut rendre des comptes et il y a des règles de jeu sans quoi on
risque la panne dans les subventions). On choisit le métier, on choisit parfois ses fonctions
mais on ne peut pas faire uniquement ce qui nous intéresse. Le chercheur doit aussi rendre des
comptes, justifier ses dépenses et ses investissements de ressources matérielles et humaines.
On convient cependant, dans la majorité des sociétés industrielles, qu'il est important
d'accorder un statut particulier à l'activité de recherche et, par conséquent, au chercheur parce
qu'il s'agit d'une activité fondamentale et extrêmement importante pour le bien-être d'une
société. De plus, toutes les sociétés (sauf peut-être certaines sociétés totalitaires) valorisent
dans une bonne mesure l'acquisition et le développement de connaissances et fournissent
généralement à l'activité de recherche un cadre d'action privilégié.

4.2 Les principales sources de problèmes


On peut dire qu'il existe quatre sources principales de problèmes auxquelles le chercheur en
sciences humaines et sociales peut faire appel pour trouver des questions de recherche
intéressantes. Ces sources sont : 1) l'observation de faits qui posent problème; 2) la présence
de failles dans l'ensemble des connaissances; 3) l'observation de faits apparemment
contradictoires; 4) la validation d'une théorie.

L’observation de faits qui posent problème

Plusieurs des questions ou problèmes qui donneront lieu à des recherches proviennent de la
simple observation des faits. Il peut s'agir d'événements de la vie quotidienne ou de faits
divers rapportés par l'un ou l'autre des grands moyens de communication (médias) : par
exemple, comment expliquer la mémoire phénoménale de tel artiste se produisant en
spectacle? Ou encore quels sont les motifs qui amènent une personne adoptée à déployer des
efforts considérables pour retrouver ses parents biologiques? Il peut s'agir d'observations
effectuées pendant l'exercice d'une certaine pratique professionnelle: par exemple, quel genre
d'événement conduit tel type de patients à déformer systématiquement certaines informations?
Ou encore quels sont les facteurs qui affectent la perception de la douleur lors d'un traitement
dentaire? Ou encore, y a-t-il une différence en fonction du sexe dans l'absentéisme au travail?
Cette différence (si elle existe) s'estompe-t-elle lorsque l'on élimine les motifs reliés au soin
des enfants malades?

Mais, il s'agit la plupart du temps de faits liés à l'activité de recherche elle-même, consistant
en résultats surprenants rapportés dans les journaux scientifiques, transmis dans des
communications lors de rencontres ou de colloques ou directement identifiés lors de l'activité
même de recherche. Par exemple, comment se fait-il que certains individus sont plus sujets
que d'autres à l'effet de contexte en perception.

Ainsi, il est fréquent d'observer des phénomènes dont on ne comprend pas les causes et ceci
entraîne le besoin d'expliquer certains aspects de la réalité. Il faut dire cependant que le
phénomène qui pose un problème n'est pas nécessairement très mystérieux au premier abord.
Il est évident que le chercheur tente de rendre familier ce qui est étrange. Les phénomènes
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étranges, anormaux et inexpliqués sont souvent les objets privilégiés par l'entreprise
scientifique. Toutefois, il est aussi vrai que le chercheur doit parfois rendre étrange ce qui est
familier. Plusieurs découvertes importantes ont été effectuées par des chercheurs qui ont mis
en doute des vérités que tous acceptaient ou qui ont perçu l'anormal dans une situation en
apparence anodine. Rendre le familier étrange repose toutefois sur l'extraordinaire capacité
d'observation du chercheur et sur sa constante curiosité et capacité de doute.

La présence de failles dans l'ensemble des connaissances

Une faille quelconque dans l'ensemble des connaissances peut aussi être source de questions
pour les chercheurs. L'étude de la popularité de divers modes de vie révèle qu'une proportion
de plus en plus importante d'adultes adopte de nouvelles formules de vie intime (divorce,
remariage, vie en groupe, couple à l'essai, etc.), sans que l'on sache très bien quels effets ces
formules peuvent avoir à long terme sur le développement social et affectif des enfants : il y a
là des faits relativement récents dont l'observation engendre un certain nombre de questions à
approfondir. Ainsi, depuis quelques temps, beaucoup de professionnels s'interrogent sur les
nombreuses problématiques psychologiques découlant du SIDA. Cette maladie épouvantable
pose des problèmes inquiétants au niveau des relations sociales, de l'activité sexuelle, des
préjugés, de la transmission d'informations vitales, de la perception de la mort et du sens de la
vie.

L’observation de faits apparemment contradictoires

Plusieurs problèmes de recherche ont par ailleurs leur origine dans l'observation de faits en
apparence contradictoires : le même phénomène étudié de diverses façons ou à différents
moments, présente alors des caractéristiques apparemment contradictoires. Il y a quelques
années, par exemple, on a constaté que le degré d'activation physiologique, dans certains cas,
augmentait le rendement des individus, alors que dans d'autres cas, elle le diminuait; les
questions suscitées par ces contradictions ont pu trouver réponse grâce aux recherches qui ont
montré que l'augmentation de l'activation physiologique produisait une amélioration du
rendement, mais jusqu'à un certain point seulement; au-delà de ce point, la tension provoquée
par une trop grande activation physiologique s'accompagnait d'une diminution du rendement
(loi de Yerkes-Dodson).

La validation d'une théorie

Les recherches ne découlent pas toujours de questions soulevées par l'observation de faits
empiriques. Bon nombre de problèmes scientifiques ont une origine purement théorique. C'est
le cas lorsque l'on cherche à mettre à l'épreuve la validité d'une théorie. Tel auteur propose,
par exemple, un modèle explicatif global du comportement perceptif, social ou intelligent. La
vérification de chacune des implications concrètes du modèle peut donner lieu à autant de
problèmes de recherche. Par exemple, une théorie avance que le traitement de l'information en
mémoire à court terme se fait de manière parallèle alors qu'une autre théorie antagoniste
avance qu'il se fait de façon sérielle. Quelle théorie décrit le mieux la réalité du traitement de
l'information en mémoire? La comparaison des prédictions de plusieurs théories concurrentes
et l’identification de celle qui décrit le mieux les résultats obtenus peut être une source d’un
problème de recherche.

Certaines théories sont par ailleurs en pleine évolution et bon nombre de questions consistent
simplement à tenter de vérifier si les explications qui se sont déjà avérées valables, en ce qui
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concerne les conduites de certains individus dans certaines situations, s'appliquent à d'autres
sujets en d'autres circonstances. La théorie de l'apprentissage social de Bandura (1969) a, de la
sorte, suscité récemment quantité de recherches : ainsi, s'il est vrai qu'un adulte peut
apprendre tel comportement en observant un autre adulte en train d'adopter ce comportement,
un enfant peut-il y arriver? Peut-il y parvenir, même si les comportements sont complexes ou
s'ils supposent la maîtrise de règles abstraites?

4.3 La qualité des problèmes de recherche


Qu'il provienne de l'observation de faits ou d'une interrogation théorique, un problème de
recherche doit posséder deux qualités principales : 1) il doit se prêter à une investigation
scientifique; 2) il doit déboucher sur une réponse qui contribue de façon significative à
l'avancement des connaissances scientifiques. Il peut paraître simpliste de dire qu'un problème
de recherche doit pouvoir se résoudre de manière scientifique; cependant, trois sortes de
difficultés au moins peuvent rendre une question impropre à une résolution par ce type de
démarche. Ces difficultés sont :
1) le problème choisi est trop vague;
2) la question posée est trop générale;
3) l n'est pas possible de recueillir les données pertinentes.

Donc, un bon problème de recherche doit posséder les qualités suivantes :


1) il doit pouvoir être formulé opérationnellement, c'est-à-dire en termes de démarches par
lesquelles il faut procéder pour y trouver réponse;
2) il doit être assez spécifique pour se prêter à une investigation limitée;
3) il doit être possible de recueillir des données pertinentes avec l'instrumentation et les
ressources matérielles et humaines disponibles et ce, sans porter atteinte à l'intégrité ou à la
santé des individus qui participent à l'expérience.

La seconde qualité d'un bon problème de recherche est qu'il doit permettre d'apporter une
contribution importante à l'avancement des connaissances. Il est difficile de déterminer ce qui
constitue une contribution importante, mais l'évaluation de la pertinence d'une recherche est
d'abord faite par le chercheur lui-même, puis éventuellement par ses collègues, par le milieu
de la communauté scientifique, puis par le monde en général. Il existe d'ailleurs plusieurs
débats de fond sur ce qu'il convient d'appeler de la «bonne recherche». Certains utilisent des
critères techniques, d'autres des critères théoriques, puis d'autres des critères idéologiques.
Nous reprendrons de façon plus détaillée cette discussion en abordant les problèmes éthiques
découlant de l'activité de recherche.

La problématique d'une recherche réunit l'ensemble des éléments du questionnement qui est à
l'origine d'une recherche. Une recherche est utile et pertinente dans la mesure où elle se
rattache aux connaissances scientifiques disponibles dans un domaine --la recherche est alors
dite fondamentale--, ou à un objectif d'intervention --la recherche est dite appliquée. En règle
générale, la problématique d'une recherche précise un thème général à l'intérieur duquel se
situe le problème de recherche, appuie l'énoncé d'une question de recherche et, s'il y a lieu,
formule une hypothèse de recherche. Il convient d'analyser maintenant chacun de ces
éléments.
4.3.1 Le thème de recherche
Pour entreprendre une recherche en sciences humaines, la première condition à remplir est de
choisir un thème de recherche. Selon le Larousse, le thème consiste en un sujet, une idée sur
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lesquels portent une réflexion, ou un discours, une oeuvre, autour desquels s'organise une
action1. Le thème de recherche correspond donc au sujet qu'un chercheur choisit d'étudier, ou
encore à la réponse qu'il fournirait spontanément à la question: «Sur quoi porte votre
recherche?» Il existe une très grande variété de thèmes de recherche en sciences humaines, et
de nouveaux thèmes s'ajoutent constamment. On peut mentionner à titre d'exemples les
thèmes suivants: la socialisation, les stéréotypes, les inégalités sociales, la sexualité féminine,
les conditions de travail des employés d'un secteur économique ou d'une entreprise, la
mobilité sociale, la communication interpersonnelle sur l'Internet, le racisme, etc.

Il est important de souligner que plus un thème est vaste, plus le risque est grand que l'étude
en soit superficielle. Le chercheur a donc intérêt, avant de s'engager dans une démarche de
recherche, à préciser son thème de recherche et à bien le circonscrire. L'adoption d'un thème
spécifique de recherche présente deux avantages, soit de permettre au chercheur de mener une
recherche plus limitée et souvent plus approfondie, et de situer les résultats de recherche à
l'intérieur d'un phénomène plus large.
4.3.2 Le problème de recherche
Bien qu'il aide le chercheur à préciser la portée de son étude, le thème ne constitue pas, en soi,
un moteur suffisant pour déclencher l'activité de recherche. Le thème ne met pas d'emblée le
chercheur dans une situation où il peut commencer à réfléchir à la nature des données qu'il
compte recueillir ou aux méthodes de collecte ou d'analyse des données qu'il adoptera. Le
chercheur doit tout d'abord dégager du thème choisi un problème qui se prête à une
investigation scientifique. Il est possible de découvrir dans chacun des domaines de la
recherche une multitude de problèmes susceptibles de motiver le chercheur à entreprendre une
étude. Mais qu'est-ce qui peut constituer un problème de recherche valable? Certaines
catégories de problèmes sont, par nature, susceptibles d'intéresser un chercheur: l'existence
d'un phénomène inconnu, inexpliqué ou connu de façon incomplète, la présence de résultats
contradictoires, la pertinence d'un modèle ou d'une théorie, etc.

Le rappel des principaux buts visés par la science, à savoir de comprendre et de contrôler un
phénomène, pourrait aider le chercheur à mieux cibler un problème de recherche. Ainsi, pour
comprendre un phénomène, il faut être en mesure de le décrire et de l'expliquer, et pour
contrôler un phénomène, c'est-à-dire maîtriser ses conditions d'apparition, il faut pouvoir le
prédire et le modifier.
4.3.3 La question de recherche
Après avoir choisi un thème de recherche et précisé le problème de recherche qu'il veut
étudier, le chercheur franchit une nouvelle étape qui consiste à énoncer son problème de
recherche sous la forme d'une question de recherche. Mentionnons ici qu'une question de
recherche est une question que le chercheur se pose à lui-même et à laquelle il cherchera à
répondre en menant à bien sa recherche. Dans ce sens, il ne faut pas confondre une question
de recherche et la question qui fait partie d'une entrevue ou d'un questionnaire. La question de
recherche a une portée beaucoup plus large qu'une simple question d'entrevue et le chercheur
dispose, pour y répondre, d'une variété de méthodes d'investigation telles que l'observation,
l'entrevue, l'expérimentation, etc.

Il peut aussi arriver qu'un problème de recherche donne lieu à l'énoncé de plusieurs questions
de recherche, certaines d'entre elles se concentrant sur des aspects spécifiques du problème.

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Le chercheur est donc amené à produire à la fois des questions générales et des questions
spécifiques de recherche.

La validité d'une question de recherche dépend de la clarté de sa formulation ainsi que de sa


pertinence et de son réalisme. En effet, au lieu de contribuer au succès d'une recherche, une
question mal formulée, non appropriée au problème étudié, trop complexe ou présentant un
intérêt limité risque de compromettre la démarche de recherche. Pour s'assurer de la clarté, de
la pertinence et du réalisme de sa question de recherche, le chercheur doit, dans un premier
temps, la mettre en relation avec les connaissances disponibles dans le domaine étudié et,
dans un deuxième temps, la soumettre à l'appréciation de membres de la communauté
scientifique et sociale. Il est en effet important d'éviter d'entreprendre une recherche pour
résoudre une question pour laquelle existent déjà des réponses scientifiquement établies et
largement vérifiées.

Par exemple, un étudiant peut trouver beaucoup d'intérêt à vérifier si la température


d'ébullition de l'eau est exactement de 100°C. Le point d'ébullition de l'eau étant déjà bien
connu et scientifiquement établi, il ne saurait toutefois prétendre que ses résultats sont
pertinents pour la science, en ce sens qu'ils fournissent un apport significatif à l'avancement
de la science et contribuent au bien-être des individus en apportant une réponse à des
problèmes sociaux ou en mettant au point des pratiques et des techniques bénéfiques pour la
société, etc.

Exemple :

Problème : Les paysannes ont des difficultés à commercialiser leurs produits.

Question de recherche : Quelles sont les distances de commercialisation des produits ?

Variable : Distance entre l’exploitation et la route principale

Indicateur : Distance parcourues par les femmes en heures

Méthode : Questionnaire
Question : ‘’Combien de temps vous faut-il pour atteindre la route principale ?
< 1 heure
entre 1 et 2 heures
> 2 heures

4.3.4 L'hypothèse de recherche


Il est souvent utile pour le chercheur, dans le cadre de certaines démarches de recherche, de
formuler une hypothèse de recherche, c'est-à-dire un énoncé qui prédit les résultats que le
chercheur devrait obtenir à la fin de son étude. De façon plus spécifique, une hypothèse est
une affirmation qui suppose l'existence d'une relation entre deux éléments ou deux variables.
Dans le contexte d'une expérimentation, la relation porte sur une variable indépendante et
sur une variable dépendante. La variable indépendante correspond au facteur qui est
comparé ou manipulé par le chercheur en vue d'expliquer un phénomène. On distingue
généralement la variable indépendante assignée, par exemple une caractéristique de l'individu
comme son sexe ou son âge, de la variable indépendante manipulée, par exemple un facteur
dont le chercheur étudie les effets sur la variable dépendante, comme l'administration d'un
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médicament ou la présence d'une perturbation quelconque. La variable dépendante correspond


à un facteur dont les variations sont liées à des changements survenant au niveau de la
variable indépendante.
Mais dans quelles circonstances devient-il nécessaire ou utile de formuler une hypothèse de
recherche? La pertinence de cette démarche dépend d'un ensemble de critères, et en particulier
du moment scientifique.

La notion de moment scientifique fait généralement référence au niveau de développement


des connaissances scientifiques dans un domaine particulier de recherche. On observe ainsi
que, dans certains domaines de recherche, les connaissances scientifiques sont très sommaires
alors que, dans d'autres domaines, elles sont déjà solidement constituées et regroupées en un
ensemble de théories et de modèles scientifiques. C'est ainsi que, lorsqu'il aborde un nouveau
domaine ou une nouvelle problématique de recherche, le chercheur a tendance, dans un
premier temps, à mener des recherches exploratoires et descriptives. De même, lorsqu'il
entreprend d'approfondir et de raffiner les connaissances existant dans un domaine bien établi,
il a tendance à mener des recherches explicatives ou compréhensives et des recherches
prédictives. Bien qu'il soit difficile d'associer directement un moment scientifique précis à un
domaine de recherche donné (par exemple la communication interpersonnelle sur l'Internet).

Le tableau ci-dessous présente la relation qui existe entre les différentes catégories de
recherches, les moments scientifiques dans lesquels elles s'inscrivent et la pertinence de la
définition de certaines composantes d'une problématique de recherche, à savoir les questions
et les hypothèses de recherche. La pertinence de formuler une hypothèse tient souvent au fait
que le chercheur peut disposer d'informations assez précises ou d'une théorie suffisamment
explicite pour en tirer une hypothèse de recherche. En l'absence de tels éléments de
connaissance scientifique, l'hypothèse devient un énoncé correspondant aux intuitions du
chercheur ou, ce qui est encore pire, le reflet des préjugés ou des croyances personnelles de
celui-ci. Pour formuler une hypothèse valable, le chercheur doit donc posséder une
connaissance approfondie des phénomènes qu'il étudie et des relations qui existent entre eux
et pouvoir dégager une proposition qui soit justifiable au plan des connaissances scientifiques
et vérifiable empiriquement. Dans ce sens, l'hypothèse de recherche résulte généralement de
la formulation de l'état de la question.

L'élaboration d'une problématique de recherche et de ses différentes composantes dépend


donc souvent de l'état des connaissances scientifiques dans un domaine de recherche donné,
c'est-à-dire du moment scientifique propre au domaine dans lequel se situe une recherche.
Lorsque ce domaine est relativement nouveau et n'a pas encore fait l'objet d'études
systématiques et approfondies, la spécification de la problématique se limitera à formuler une
question générale de recherche. Lorsque ce domaine a atteint une certaine maturité et qu'il
dispose déjà de connaissances scientifiques vérifiées et vérifiables et de modèles ou de
théories scientifiques explicites, la problématique devra dépasser la simple question de
recherche et inclure la formulation d'une hypothèse.

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Tableau: La relation entre les types de recherche et les caractéristiques de la démarche


scientifique

Type de Recherche Recherche Recherche Recherche


recherche exploratoire descriptive explicative ou prédictive
compréhensive

Caractéristique
s
Moments de la ° Nouveau ° Domaine ° Domaine ° Domaine
démarche domaine de ayant parvenu à parvenu
scientifique recherche déjà été l'objet maturité, qui a à maturité, où
° Domaine peu d'études déjà été l'objet de les causes des
connu ou peu exploratoires nombreuses phénomènes
étudié. et où l'accent recherches ont
est mis sur la descriptives et où été déterminées
connaissance l'accent porte sur et vérifiées et
précise et l'explication et la où l'accent
détaillée des compréhension porte
phénomènes des sur la
observés. phénomènes prédiction
observés. des
phénomènes
qui s'y
produisent.

But ° Étudier un ° Décrire et ° Expliquer les ° Prédire les


de la recherche phénomène documenter un causes du suites ou les
peu connu. phénomène. phénomène. conséquences
° Produire des ° Comparer des ° Mettre en d'un
hypothèses phénomènes. évidence les phénomène.
de recherche ° Étudier les ensembles de ° Prévoir les
pour de phénomènes de causes possibles événements ou
futures covariance. d'un phénomène. les
études. ° Mettre en comportements
évidence les qui pourraient
motifs et les résulter d'un
choix des acteurs phénomène.
sociaux.
° Modeler le
phénomène.

Problématique Question de ° Questions ° Questions ° Questions


de la recherche recherche générales de générales de générales de
très vaste. recherche et recherche et recherche et
questions questions questions
spécifiques de spécifiques de spécifiques de
recherche. recherche. recherche.
° Hypothèses ° Hypothèses. ° Hypothèses.
(facultatif).
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Si on compare les hypothèses qui sont formulées dans le domaine des sciences de la nature à
celles qui le sont en sciences humaines et sociales, on constate que les premières sont
généralement plus précises et plus facilement vérifiables que les secondes, et que ces
dernières n'ont pas toujours la spécificité ou la précision requises pour permettre des
généralisations ou des prévisions caractérisées par un niveau élevé de certitude. Cette
différence tient autant à la maturité théorique et instrumentale de ces sciences qu'à la nature
de l'objet d'étude, celui des sciences humaines étant généralement plus complexe et plus
difficile à cerner que celui des sciences de la nature.

En résumé, pour choisir et élaborer sa problématique, le chercheur doit définir un thème de


recherche, formuler un problème de recherche, énoncer une question de recherche, et enfin
formuler, s'il y a lieu, une hypothèse de recherche. La figure suivante présente de façon
schématique ces différentes étapes.

Figure: Schéma des différentes étapes de l'élaboration d'une problématique de recherche

Comme la spécification d'une problématique de recherche dépend de la nature de la recherche


à entreprendre et du niveau de développement empirique du domaine étudié, il importe que le
chercheur soit au fait de l'état d'avancement des connaissances dans ce domaine et précise ses
propres objectifs de recherche.
4.3.5 Formulation des hypothèses
(1) L’hypothèse comme relation causale

‘’Si X est … , alors Y est … ‘’

X = variable(s) indépendante(s)

Y = variable(s) dépendante(s)

- « La dévaluation du FCFA a entraîné l’augmentation de l’exportation du bétail vers la


zone non-CFA »

- « La part du revenu de l’élevage dans le revenu agricole augmente avec le degré


d’intensification »

- « L’émigration des paysans vers les villes est due à une aspiration vers une vie
meilleure »

(2) L’hypothèse comme affirmation

- « Les femmes résistent à l’adoption des technologies plus que les hommes. »

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-« Il existe des sources d’information informelles (arbre à palabres, église, …). »

- « Depuis la dévaluation du FCFA, l’exportation du bétail vers la zone non-CFA a


augmenté. »

(3) L’hypothèse comme question

- « Les femmes paysannes sont-elles plus résistantes à l’adoption des technologies que les
hommes ? »

- « Existe-t-il des sources d’information informelles ? »

- « L’exportation du bétail vers la zone non-CFA a-t-elle augmenté depuis la dévaluation du


CFA ? »

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5 Le cadre théorique
Il ne suffit pas de poser une question ou d'énoncer un problème pour réaliser une recherche. Il
s'agit de prendre connaissance des informations déjà disponibles concernant le problème
qu'on se propose d'étudier ou des sujets connexes et, ensuite, de réfléchir sur le contenu de ces
informations. Cette étape, appelée revue de littérature, est d'une importance primordiale à
plusieurs points de vue. D'abord, une telle cueillette d'informations, si elle est bien faite,
évitera de répéter inutilement une recherche déjà terminée ou de s'aventurer dans l'étude d'un
problème qui mène à une impasse. Ensuite la collecte d'informations permet de faire le point
sur le problème à l'étude et sur l'ensemble des connaissances s'y rapportant. C'est l'occasion
d'établir des rapports nouveaux entre diverses données empiriques et théoriques. C'est aussi
l'occasion de faire le point sur les théories existant dans le domaine afin de juger dans quelle
mesure elles rendent compte ou non des plus récentes découvertes, d'apprécier leurs qualités
prédictives et leur pouvoir d'explication.

Ainsi, lorsqu'il procède à la recension des faits et des théories concernant le sujet à étudier, le
chercheur fait des choix, établit des analogies, effectue des recoupements. Ces opérations sur
le cadre théorique lui permettront de poser une ou des hypothèses. Il est donc raisonnable de
penser que la qualité des hypothèses posées dépend étroitement de la qualité du recensement
et de l'analyse du cadre théorique. À ce point-ci, il est peut-être utile de faire la comparaison
suivante: une recherche expérimentale est un peu comme une chaîne stéréo. La qualité du
produit final est déterminée par l'élément le plus faible. Ainsi, vous avez beau avoir le
meilleur lecteur de CD-ROM, le meilleur amplificateur, les meilleures enceintes acoustiques,
si votre tête de lecture au laser est abîmée ou de mauvaise qualité, vous ne pourrez espérer
avoir un son de qualité. Pour obtenir des résultats valables dans une recherche, il faut s'assurer
de la qualité de chaque étape et la valeur finale des résultats obtenus peut être mise en doute
par une seule faiblesse dans le processus. Voici donc les principales étapes qui entrent dans la
rédaction du cadre théorique.

5.1 L'inventaire des théories et des recherches portant sur


le thème retenu
Il est devenu pratique courante pour tout rapport de recherche et particulièrement pour toute
thèse ou dissertation de commencer par une «revue de littérature» - parfois peu poussée,
parfois exhaustive. Le caractère presque routinier qu'a pris cette exigence peut nous empêcher
de percevoir toute la valeur de sa contribution possible à la formulation de problèmes de
recherche spécifiques. L'accumulation de connaissances scientifiques est une processus
graduel et lent où, en général, un groupe de chercheurs partent du travail des autres pour aller
plus loin, ajoutant, à leur tour leur part, qui peut alors servir à d'autres comme point de départ.
Les percées vraiment originales sont en effet très rares et elles sont l'oeuvre de génies
(Galilée, Newton, Darwin, Freud, Einstein, etc.). Et, affaires de génie ou non, elles ne
viennent pas du néant. Elles sont presque toujours reliées aux travaux antérieurs – ne fut ce
que par l'intermédiaire de défis ou de contestations. Ainsi, Galilée tirait sa conception
héliocentrique de Copernic, Newton subit l'influence de son contemporain Leibnitz, Darwin
profita du tutelage de son professeur John Stevens Henslow alors que la pensée de Freud fut
profondément influencée par Jean-Martin Charcot et, plus tard, par Joseph Breuer. Einstein
intégra une somme considérable de connaissances avant de formuler sa théorie de la relativité
(dont les travaux de Planck et de Fegel). L'histoire de la recherche scientifique en psychologie
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est d'ailleurs le récit de toute une série d'influences et de filières de transmission de


connaissances.

5.1.1 L'inventaire des théories


Il existe un certain nombre de théories suffisamment élaborées pour servir de point de départ à
de la recherche en psychologie. Parmi celles-ci, on trouve les diverses théories de
l'apprentissage, les théories cognitives. Les façons dont l'inventaire d'un ensemble de théories
peut conduire à la découverte de problèmes susceptibles d'être traités par la recherche sont
nombreuses. D'abord, vous pouvez penser à des moyens de vérifier la théorie elle-même ou,
plus vraisemblablement, des propositions qu'elle contiendrait ou qu'on pourrait directement en
déduire. En deuxième lieu, il peut laisser entrevoir un moyen d'en arriver à la compréhension
d'un mécanisme ou d'un comportement qui vous intéresse (l'émergence d'un sentiment de
sympathie, la formation des impressions que l'on a des gens, ou les changements d'attitude,
par exemple). Troisièmement, il peut vous inspirer l'organisation sous forme de concepts d'un
amas de données pour lesquelles aucun autre principe d'intégration ne semble adéquat.

5.1.2 L'inventaire des recherches


L'inventaire de la recherche qui a déjà été faite sur le sujet qui vous intéresse peut vous aider à
formuler un problème spécifique grâce à plusieurs procédés différents. Nous allons prendre
des exemples d'un certain nombre de ces procédés: contester les résultats ou l'interprétation
d'une recherche antérieure; tenter de clarifier les processus sous-jacents aux données d'une
recherche précédente, répéter des études antérieures pour voir si les résultats sont les mêmes,
appliquer une recherche passée à de nouveaux phénomènes, essayer d'expliquer des résultats
inattendus ou le fait de n'avoir pu confirmer une prédiction; trouver un moyen d'appliquer les
méthodes utilisées pour l'étude d'un problème à la recherche sur un autre problème pour
lequel on ne disposait pas de méthodes appropriées; découvrir des façons inaccoutumées de
combiner les travaux précédents dans deux domaines différents pour en tirer une nouvelle
façon d'aborder le problème.

Quoiqu'il en soit, l'inventaire des théories et des recherches sert à préciser, à justifier et à
valider la démarche de recherche. Ainsi, l'inventaire des théories et des recherches permettra
souvent au chercheur de faire connaissance avec de nouveaux concepts ou avec des
définitions ou des opérationnalisations plus précises du concept sur lequel il s'interroge. Le
travail effectué antérieurement par d'autres théoriciens ou chercheurs lui permettra d'éviter des
embûches ou des ambiguïtés conceptuelles ou méthodologiques. De plus, l'intervention de
chercheurs dans un domaine ou face à une problématique augmente la crédibilité de l'objet de
recherche abordé. La recherche scientifique, c'est un peu comme la recherche de l'or. On a de
meilleures chances de trouver de l'or là où d'autres prospecteurs se sont montrés intéressés.
Tamiser seul dans le désert ne semble pas une conduite très productive. Évidemment, face à
un territoire prometteur, il faut savoir établir rapidement son filon et, au besoin, prendre de
vitesse les autres chercheurs. Enfin, l'inventaire des théories et des recherches fournira au
chercheur des arguments supplémentaires pour démontrer la pertinence de sa question de
recherche et l'utilité de sa démarche d'investigation.

5.2 La définition et l'opérationnalisation des concepts


Tout chercheur, s'il désire mettre de l'ordre dans ses données de façon à pouvoir déceler les
relations qui existent entre elles, se doit d'utiliser des concepts. Rappelons qu'un concept est
une abstraction faite à partir d'événements qu'on a observés. Le concept vise à simplifier la
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pensée en résumant un certain nombre d'éléments sous un vocable général, certains concepts
se rapprochant assez des objets ou des faits qu'ils représentent. Ainsi, on peut illustrer
facilement le concept de chien en montrant du doigt des chiens spécifiques. Le concept est
une abstraction des caractéristiques (animal domestique à quatre pattes, recouvert de poil, qui
aboie, jappe et hurle) que partagent tous les chiens. D'autres concepts, toutefois, ne peuvent se
rattacher facilement aux phénomènes qu'ils se proposent de représenter: empathie, attitude,
intelligence, motivation, et ainsi de suite. Ce sont des inférences faites à partir d'événements
concrets, mais à un plus haut niveau d'abstraction; leur sens ne peut se rendre facilement en
désignant du doigt certains objets, individus ou événements. On désigne parfois ces
abstractions de plus haut niveau par le terme constructions, puisqu'elles sont «construites» à
partir de concepts d'un plus bas niveau d'abstraction. Ainsi, le concept d'intelligence contient
des concepts plus spécifiques tels que «capacité de solution de problème», «compréhension
verbale», «mémoire», «habileté spatiale»). Plus l'éloignement est grand entre nos concepts ou
constructions et les faits empiriques ou activités qu'ils veulent représenter, plus la possibilité
d'une confusion ou d'un usage irréfléchi augmente et plus nous devons apporter de soin à leur
définition.

Par exemple, un chercheur qui s'intéresse à l'impact de la violence à la télévision sur le


comportement agressif de jeunes enfants devra définir et opérationnaliser un certain nombre
de concepts tels que «violence à la télévision», «comportement agressif», «impact» et «jeune
enfant». Dans le cas du jeune enfant, il pourra définir et opérationnaliser assez rapidement son
concept en spécifiant que «jeune enfant» équivaut à tout enfant, garçon ou fille, âgé de 3 à 7
ans. Les concepts de «violence à la télévision», «comportement agressif» et «impact» posent
plus de difficultés. Que veut-on dire par violence à la télévision? Fait-on référence à un film
comprenant des scènes d'agression physique, de meurtres, et ainsi de suite? En est-il de même
pour les bandes animées comprenant des scènes de violence? Et que dire de la violence
verbale, des injures, de l'intimidation? Faut-il inclure la violence psychologique? Toutes ces
questions soulèvent le problème de la définition du concept et de son opérationnalisation. Une
définition doit spécifier en langage clair les caractères essentiels, les qualités propres à un être
ou à une chose. Elle doit permettre d'établir ce qui est inclus dans le contenu de la définition
et ce qui en est exclu. Une bonne définition se doit toujours de comporter un élément général
qui permet de classer le mot à définir et un élément particulier qui permet de préciser le sens
du mot à définir en le distinguant des autres mots de la même classe. L'opérationnalisation
d'un concept est le processus par lequel un concept sera mesuré à partir de faits empiriques.
L'opérationnalisation du concept de violence à la télévision correspond à la préparation d'une
liste précise des comportements qui seront jugés comme des exemples du concept «violence à
la télévision» et à la manière dont seront observés et comptabilisés ces comportements dans le
cadre de la recherche.

Avions-nous défini clairement ces notions. Avions-nous identifié les indicateurs et les
descripteurs de ces concepts? Une partie de la difficulté rencontrée provient du fait que nous
utilisons régulièrement ces termes sans en préciser le sens et la portée. Comme il y a bon
nombre de recherches sur le thème de l'agression et de la violence à la télévision, le chercheur
serait bien avisé d'en faire la recension, portant une attention particulière aux définitions,
explicites et implicites, que les autres chercheurs ont utilisées. Il découvrira possiblement que
divers chercheurs ont proposé des définitions différentes du concept et il devra alors énoncer
clairement sa propre définition ainsi que la manière qu'il utilisera pour opérationnaliser ses
concepts.

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5.3 La mise en relation de l'étude en cours avec les autres


connaissances
Peu importe la base sur laquelle on a formulé le problème, il est bon de vérifier à nouveau la
recherche déjà faite et toutes documentations sur la théorie qui pourraient se rapporter à la
question. Il peut nous arriver de trouver que, même si votre recension initiale des théories et
des recherches ne vous avait pas amenés à penser à un problème à soumettre à la recherche,
maintenant que vous avez fini par en découvrir un, certains des travaux antérieurs sont
pertinents. Si tel était le cas, il y aurait plusieurs avantages à en tirer. D'abord, une telle
circonstance pourrait jeter encore plus de lumière sur le problème. D'un autre côté, elle
pourrait vous faire penser à des façons de traduire vos concepts en opérations concrètes.
Enfin, elle pourrait apporter une garantie que vos résultats seront de nature à contribuer à un
ensemble de connaissances. La recherche scientifique est une entreprise collective. En
général, chaque étude dépend des études antérieures et sert de base aux études futures. Plus il
est possible d'établir de liens entre une étude donnée et d'autres études ou un ensemble
théorique, plus la probabilité d'une contribution est grande.

5.4 La formulation des questions et hypothèses de


recherche
Une hypothèse de recherche ne s'improvise pas. Elle est d'ailleurs généralement considérée
comme l'aspect-clé, la charnière de toute démarche de recherche. Elle fait en quelque sorte la
jonction entre la dimension théorique et la dimension méthodologique de l'investigation. Elle
est souvent le résultat d'un long processus impliquant plusieurs étapes. Une recherche de
Bandura et collègues, datant de 1961, permettra d'illustrer ces différentes étapes.

La question de recherche

La question à l'origine de cette recherche semble avoir été la suivante :

Question de recherche: Est-il exact, comme le prétend le modèle psychanalytique de


l'individu, que le fait d'imaginer ou d'observer un comportement agressif exécuté par une
autre personne réduise le facteur de motivation déterminant l'apparition de comportements
agressifs?
À cette époque, la théorie psychanalytique avançait que l'observation de conduites agressives
produisait une libération des tensions et constituait un facteur de défoulement. On
encourageait même certains individus agressifs dans le cadre de leur thérapie à assister à des
matchs de boxe afin de libérer leur tension agressive. Cette hypothèse historique a donné lieu
à une théorie populaire de gestion des émotions qu'on pourrait appeler la «théorie du
défoulement» (parfois connu sous le nom de catharsis). Albert Bandura, un psychologue
d'orientation béhavioriste, n'était pas convaincu que cette explication était valable. Son
modèle théorique l'amenait plutôt à croire que la vue de conduites agressives aurait dans
plusieurs circonstances un effet d'entraînement sur l'individu. En étudiant attentivement la
littérature disponible et en essayant d'extrapoler à cette situation les lois de l'apprentissage il
en arriva à formuler une hypothèse générale.

L'hypothèse générale

Lorsqu'on se pose un problème de recherche, il est possible à partir des connaissances


générales qu'on possède, des tendances théoriques auxquelles on adhère ou des lectures qu'on
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a pu faire, de déboucher assez rapidement sur une ou plusieurs hypothèses générales. Il s'agit
d'hypothèses de travail qui serviront à guider une réflexion plus approfondie, à orienter
d'autres lectures et à procéder à certains choix concernant les objectifs précis que poursuivra
la recherche. À partir de la question initiale, Bandura et ses collègues ont formulé l'hypothèse
générale suivante:

Hypothèse générale: Le fait d'observer des comportements agressifs contribue à augmenter


l'agressivité plutôt qu'à la diminuer.

En soi, l'hypothèse générale n'est pas directement vérifiable, ou plus exactement, elle pourrait
être vérifiée par une diversité de stratégies: on pourrait de la sorte imaginer quantité de façons
de montrer que l'observation de comportements agressifs augmente l'agressivité. A chacune
d'elle correspondrait une hypothèse spécifique. Parmi toutes ces recherches il faudrait en
choisir une qui implique une stratégie particulière. C'est à ce stade qu'il faut passer à
l'hypothèse de recherche.

L'hypothèse de recherche

Une hypothèse de recherche équivaut à concrétiser l'hypothèse générale dans le cadre d'une
recherche spécifique. Dans l'expérience de Bandura, on s'intéressa aux différents modèles que
peut avoir un enfant: un adulte, un autre enfant, une bande dessinée, un dessin animé. Dans ce
contexte, l'hypothèse générale se concrétise sous la forme de plusieurs hypothèses de
recherche.

Hypothèse de recherche 1: Les enfant confrontés à l'exemple d'un modèle agressif produisent,
par la suite, davantage de comportements agressifs que ceux qui ne l'ont pas été.

Hypothèse de recherche 2: Chez les témoins d'un comportement agressif, l'adoption d'un tel
comportement est plus fréquente lorsque le modèle agit sous les yeux de l'observateur et
moins fréquente lorsqu'il est présenté dans un dessin animé.

Ceci nous amène à parler de la qualité des hypothèses de recherche. On distingue quatre
qualités principales d'une hypothèse de recherche. Ce sont :1) la qualité opérationnelle; 2) la
rigueur; 3) la fécondité théorique; 4) le caractère vérifiable.

1) la qualité opérationnelle : Cette qualité réfère aux opérations concrètes à mettre en place
pour voir apparaître les événements auxquels on s'intéresse, et qu'on veut mesurer. Dans
l'exemple de Bandura, on imagine facilement les différents modèles qui seront présentés au
sujet (adulte, dessin animé, et ainsi de suite) et les observations qui seront recueillies (nombre
de comportements agressifs pendant une période donnée).

2) la rigueur: Cette qualité réfère au fait que la prédiction contenue dans l'hypothèse n'est
valable que dans la mesure où elle est cohérente avec l'ensemble des connaissances sur le
sujet. L'hypothèse doit être logique et congruente avec la théorie. Dans l'étude de Bandura, il
est logique de prévoir que les enfants témoins du comportement agressif d'un modèle seront
plus agressifs: cela s'accorde bien avec la théorie de l'apprentissage par observation et avec les
faits connus sur les comportements imitatifs appris.

3) la fécondité théorique: Cette qualité découle du fait que toute recherche s'inscrit dans un
long processus de développement théorique. L'hypothèse est formulée à partir des
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connaissances théoriques disponibles. Vérifiée, elle doit permettre de prolonger


théoriquement ses implications et donner naissance à de nouvelles questions et interrogations.
Dans le cas de la recherche de Bandura, sa méthodologie introduisait pour la première fois
l'influence de modèles télévisés ou médiatisés. A cette époque, on savait peu de choses quant
à l'impact que pouvait avoir un médium comme la télévision sur le comportement des enfants,
et cette étude ouvrait la porte à un vaste domaine d'investigation qui a pris une ampleur
considérable depuis.

4) son caractère vérifiable: Pour qu'une hypothèse soit vérifiable, il doit être possible de dire
si elle est vraie ou fausse, de déterminer si elle est confirmée ou infirmée. En d'autres mots,
une hypothèse est vérifiée quant on peut tirer une conclusion à propos du contenu de la
prédiction énoncée. Une hypothèse est confirmée lorsqu'on peut dire que son contenu
correspond vraiment aux données recueillies. Elle est infirmée lorsque les résultats ne
reflètent pas ce qu'elle a prédit ou encore lorsque les résultats sont contradictoires à ce qui a
été prédit. D'autre part, l'hypothèse n'est pas vérifiée quand les résultats ne permettent pas de
dire si elle est confirmée ou infirmée. Ainsi, une hypothèse peut être vérifiée et confirmée,
vérifiée et infirmée ou non-vérifiée.

L'hypothèse statistique

Une fois l'hypothèse de recherche formulée, il reste à préciser comment on déterminera si les
faits observés la confirment ou l'infirment. Un tel jugement serait facile si la réalité se
présentait simplement: par exemple, dans l'expérience de Bandura, si les enfants témoins des
activités d'un modèle agressif n'avaient par la suite que des comportement agressifs, et si les
autres ne manifestaient aucun comportement de ce type, il y aurait une relation parfaite entre
l'observation d'un modèle et l'adoption de comportements imitatifs. Il y aurait donc une
confirmation parfaite de l'hypothèse de recherche. Mais la réalité est rarement aussi simple; au
lieu d'une relation parfaite, on observera probablement une relation mitigée, les enfants
affichant tantôt un peu plus et tantôt un peu moins de comportements agressifs selon qu'ils ont
été témoins ou non d'actions agressives. Il faudra alors que le chercheur dispose d'un moyen
fiable pour déterminer clairement quant une différence entre deux conditions est importante,
valable et significative.
C'est ici qu'interviennent les outils d'analyse conçus par la statistique. Leur fonction est
double: ces outils servent à quantifier les événements ou les relations qui existent entre eux,
puis à déterminer si les mesures obtenues constituent une évaluation valable des phénomènes,
ou simplement une évaluation accidentelle ne reflétant que l'effet du hasard.

Le raisonnement est le suivant :


 On émet d'abord l'hypothèse que les relations observées sont simplement dues à l'effet des
variations normales obtenues par le hasard. C'est ce qu'on appelle l'hypothèse nulle.
 On choisit un seuil critique de décision. Un seuil de décision statistique est un degré de
certitude face à l'impact du hasard qui est jugé suffisant par le chercheur ou par la
communauté scientifique pour prendre une décision. Comme la probabilité que le hasard
explique un événement est toujours présente, il s'agit de doser le degré de confiance que
nous aurons en affirmant qu'un effet observé n'est pas dû au hasard. Dans une recherche
scientifique, les seuils les plus fréquemment retenus sont 5% (P = .05), 1% (P = .01) et
1/10 de 1% (P = .001), c'est-à-dire 5% ou moins des chances qu'un effet s'explique par le
hasard, 1% ou moins des chances qu'un effet s'explique par le hasard, et 1/10 de 1% ou
moins des chances qu'un effet s'explique par le hasard.

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 On calcule la probabilité d'observer dans cette condition précise une relation qui soit le
résultat du hasard. Ce calcul se fait à l'aide de différents tests statistiques basés sur un
modèle probabiliste (modèle des probabilités du hasard) et qui tiennent compte de la
représentativité des échantillons utilisés par rapport à la population théorique.
 Si la probabilité du hasard est supérieure au seuil retenu (ex.: P > .05), l'effet du hasard ne
peut être rejeté et on doit accepter l'hypothèse nulle.
 Si la probabilité du hasard est égale ou inférieure au seuil retenu (ex.: P £ .05), l'hypothèse
nulle est alors rejetée, le phénomène ou la relation observée sont considérés comme
valables. Si le phénomène observé ou la relation correspondent à ce qui a été prévu,
l'hypothèse de recherche est confirmée.

Deux sortes d'hypothèses statistiques peuvent être utilisées. La première, l'hypothèse nulle, est
celle qui est le plus fréquemment utilisée en recherche. Elle postule qu'il n'y aura pas de
différence ou de relation significative entre les variables de l'expérience. La seconde, qu'on
pourrait qualifier d'hypothèse orientée, est perçue par certains chercheurs comme plus utile
pour le développement théorique. De par sa nature, elle oblige le chercheur à faire un choix
parmi les possibilités et ce choix est généralement congruent avec la théorie.

Hypothèse statistique nulle: Il n'y aura pas de différence significative dans le nombre de
comportements d'agression produits par les enfants après chaque condition expérimentale.

Hypothèse statistique orientée: Plus la nature du modèle observé s'éloigne de la réalité, moins
les enfants ont tendance à imiter son comportement.

Enfin, une hypothèse, quelle qu'elle soit, prédit toujours une relation entre des facteurs
manipulés et des facteurs mesurés. On retrouve toujours dans une hypothèse 1) une facteur
manipulé, 2) un facteur mesuré et, 3) des termes de relation.

Dans une hypothèse, le facteur manipulé correspond à une variable que le chercheur juge
responsable du comportement de l'individu. Dans l'hypothèse de recherche 1 de l'étude
effectuée par Bandura et collègues, la présence ou l'absence d'un modèle agressif correspond
au facteur manipulé. Dans l'hypothèse de recherche 2, le facteur manipulé correspond à la
nature du modèle observé, soit un modèle réel ou en dessin animé. Le facteur mesuré
correspond à une variable dont le comportement est potentiellement déterminé par le facteur
manipulé. On l'appelle 'mesuré' parce que c'est sur cette variable que s'effectuera l'observation
ou la mesure. Dans les deux hypothèses de recherche (1 et 2), le facteur mesuré correspond au
nombre de comportements agressifs produit par les enfants étudiés.
La relation proposée dans l'hypothèse de recherche 1 est que les enfants qui verront un
modèle agressif produiront plus de comportements agressifs que les enfants qui ne verront pas
de modèle agressif.

Hypothèse de recherche 1: Les enfant confrontés à l'exemple d'un modèle agressif produisent,
par la suite, davantage de comportements agressifs que ceux qui ne l'ont pas été.
Donc: 1) facteur manipulé: présence ou absence d'un modèle agressif
2) facteur mesuré: nombre de comportements agressifs produits les enfants
3) relation: la présence du modèle causera un plus grand nombre de comportements agressifs
chez l'enfant que son absence.

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Hypothèse de recherche 2: Chez les témoins d'un comportement agressif, l'adoption d'un tel
comportement est plus fréquente lorsque le modèle agit sous les yeux de l'observateur et
moins fréquente lorsqu'il est présenté dans un dessin animé.
Donc: 1) facteur manipulé: nature du modèle observé (agit sous les yeux vs présenté dans un
dessin animé)
2) facteur mesuré: nombre de comportements agressifs produits par les enfants
3) relation: le modèle qui agit sous les yeux de l'enfant causera un plus grand nombre de
comportements agressifs chez l'enfant que le dessin animé.

En résumé

 l'hypothèse prédit une relation entre des facteurs manipulés et des facteurs mesurés.
 l'hypothèse prolonge le contexte théorique.
 l'hypothèse est reliée directement à l'expérience.
 l'hypothèse est l'élément de base de toute recherche: il est donc très important qu'elle soit
claire, précise et courte.
 l'hypothèse est toujours rédigée avant d'exécuter l'expérience puisque cette dernière est
faite dans le but de vérifier l'hypothèse.
 l'important ce n'est pas de prouver que l'hypothèse est bonne mais d'acquérir une nouvelle
connaissance.
Une hypothèse infirmée par l'expérience peut nous apprendre autant qu'une hypothèse
confirmée.

5.5 L'identification des relations entre variables


5.5.1 Les variables et facteurs
Nous avons vu dans la section précédente que l'hypothèse prédit toujours une relation entre
des facteurs manipulés ou assignés et des facteurs mesurés. Ces facteurs manipulés ou
mesurés varient ou, en d'autres mots, changent. Puisqu'ils varient, ils portent le nom de
variables. Les variables, quelque soit leur forme, ont une place importante dans la méthode
scientifique. Une variable peut donc être définie comme toute chose ou phénomène qui
varie. Par conséquent, une variable doit avoir au moins deux états. Il existe plusieurs façons
de classer les propriétés des variables à l'intérieur d'une recherche. Ainsi, on peut les classer
par rapport à leur nature, à leur niveau d'analyse ou à leur définition dans un plan de
recherche.

5.5.2 Les variables en fonction de leur nature


En ce qui concerne la nature des variables, on retrouve généralement deux grands types de
variables: les variables à catégories et les variables numériques.

Les variables à catégories sont constituées d'ensembles de catégories ou d'attributs et


correspondent généralement à des indices tels que occupation, religion, sexe, préférences, etc..
Elles doivent répondre à deux conditions. En premier lieu, les catégories retenues doivent être
distinctes l'une de l'autre, c'est-à-dire qu'elles doivent être mutuellement exclusives; en second
lieu, les catégories doivent couvrir tout le champ possible des variations dans une variable,
c'est-à-dire qu'elles doivent être exhaustives. L'identification du champ d'une variable à
catégorie nécessite donc une certaine réflexion afin de s'assurer que sa construction répond à
ces deux règles.

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Les variables numériques sont associées à des indices dont les valeurs peuvent être
adéquatement représentées par des valeurs numériques. Ainsi, le quotient intellectuel, le
revenu annuel, l'âge et le degré d'accord face à une politique gouvernementale sont tous des
exemples d'indices qui peuvent être représentés par une variable numérique. Ces indices ne
correspondent pas uniquement à une étiquette (catégorie) mais aussi à une valeur numérique.
Les variables numériques peuvent être soient discrètes ou continues. Une variable
numérique discrète implique que l'étendue des nombres ne peut être décomposée en portions
plus petites. L'exemple classique est le nombre d'enfants. Une famille peut avoir un, deux,
trois enfants ou plus. Elle ne peut toutefois avoir 2.35 enfants. Une variable numérique
continue est une variable dont l'étendue des nombres peut être décomposée en portions plus
petites. Le poids d'un individu et la durée d'un événement sont des bons exemples de variables
numériques continues. On peut dire d'une personne qu'elle pèse 145 livres ou d'un temps de
réaction qu'il a requis 0,25 centièmes de seconde pour son exécution. On peut aussi dire
qu'une personne pèse 145 livres et 3/4 et qu'un temps de réaction a une durée de 0,25665
lorsque des gains sont requis au niveau de la précision de la mesure.

5.5.3 Les variables en fonction de leur niveau d'analyse


On entend par niveau d'analyse le type de relation ou d'insertion qui existe entre les
différentes variables étudiées. Ainsi, dans les sciences sociales on établit une distinction entre
les variables structurales et les variables contextuelles. Une variable dite structurale se
rapporte aux caractéristiques qui reflètent un ensemble structuré de faits de connaissances
personnels qui se présente à un niveau d'analyse inférieur au niveau individuel. Donc, les
variables structurales portent sur des propriétés ou des caractéristiques qui se retrouvent chez
ou dans un individu. L'idéologie politique d'un individu, les valeurs personnelles, les préjugés
constituent des exemples de variables structurales. Les variables contextuelles, au contraire,
sont les caractéristiques des unités des niveaux supérieurs d'analyse qui englobent (ou forment
le contexte de) l'unité d'analyse à laquelle nous nous intéressons.
Il existe en psychologie une distinction semblable qui fait référence à des termes légèrement
différents.
Ainsi, on parle de variables ou facteurs dispositionnels pour décrire des caractéristiques
propres à un individu donné telles que sa personnalité, ses valeurs, ses croyances et ses
attitudes. Il s'agit donc de caractéristiques que l'individu transporte par le biais de ses
apprentissages et de ses caractéristiques biologiques. A l'opposé, on retrouve les variables ou
facteurs situationnels constitués de toutes les caractéristiques propres à la situation
spécifique. Parmi les facteurs situationnels on retrouve des éléments tels que les
caractéristiques de l'environnement physique et social (température, attitude des autres, etc.).
La figure 6 présente les relations qui existent entre ces deux manières d'identifier les
variables.

Tableau Classification des variables en fonction de leur niveau d'analyse

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5.5.4 Les variables en fonction de leur définition dans la recherche


Comme les buts d'une recherche sont généralement de décrire, de prédire et d'expliquer
certains phénomènes, il est normal que les variables soient établies en fonctions de ces
différents buts. Ainsi, pour prédire un phénomène, il faudra établir une distinction entre une
variable prédictive et une variable prédite; pour expliquer un phénomène, il faudra établir une
distinction entre une variable explicative et une variable expliquée. Si je connais l'existence
d'une relation étroite entre la taille d'un individu et sa pointure de soulier, je pourrai prédire
(avec une certaine marge d'erreur) la pointure de son soulier à l'aide de sa taille. L'inverse est
vrai. Dans ce cas-ci, la variable prédictive est la grandeur du soulier du suspect et la variable
prédite est sa taille.

Par convention, les variables indépendantes sont celles que le chercheur identifie dans son
étude comme pouvant prédire ou expliquer le comportement de d'autres variables. On les
appelle parfois variables antérieures ou causales. On reconnaît ne général deux types de
variables indépendantes: les variables indépendantes assignées et les variables indépendantes
manipulées. Les variables indépendantes assignées correspondent à des caractéristiques de
l'unité d'analyse qui ne peuvent pas être manipulées (ex.: les caractéristiques d'un individu:
personnalité, âge, sexe, etc.). Les variables indépendantes manipulées correspondent à des
caractéristiques de l'environnement ou du milieu qui peuvent être manipulées par le chercheur
(ex.: la température d'une salle, le climat de travail, la nature des renforcements sociaux, le
système de rémunération, etc.).

On appelle variables dépendantes les variables dont la variation dépend du comportement


des variables indépendantes. On les appelle aussi variables postérieures ou variables effets. Ce
sont en quelque sorte des variables mesurées. Certaines traditions de recherche identifient un
troisième groupe de variables qui portent le nom de variables intermédiaires. Elles sont dites
intermédiaires parce qu'elles interviennent entre les deux autres types de variables.

Tableau : Identification des variables dans l'expérience de A. Bandura sur l'imitation de


comportements agressifs

Afin d'illustrer les différentes définitions des variables et les relations qui existent entre ces
définitions, nous allons reprendre l'exemple du psychologue Albert Bandura (voir section sur
les hypothèses). Dans son expérience, Bandura a comparé l'impact de différents modèles
d'agressivité (réalistes ou figurés) sur le comportement agressif des enfants. La variable
dépendante ou mesurée ici sera certainement le nombre ou la fréquence des comportements
d'agression produits par les enfants dans la situation de jeux. Dans l'expérience classique de
Bandura, on retrouvait essentiellement une variable indépendante manipulée ou provoquée,

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soit la présence ou l'absence de modèles agressifs et la nature des modèles. Il s'agissait donc,
pour chaque étape de sa recherche d'une variable indépendante manipulée.

Toutefois, il est raisonnable de croire que Bandura ait pu aussi s'intéresser au poids que le
sexe de l'enfant puisse exercer sur la situation expérimentale. En tenant compte dans le
déroulement de l'étude du sexe des enfants, nous avons introduit une variable indépendante
assignée. Enfin, il est raisonnable de croire que les modèles agressifs soumis aux enfants
agissent sur une variable intermédiaire non observée qui est le désir de faire comme les
adultes ou les personnages de dessins animés. Nous avons donc ici les principaux rôles que
peuvent avoir les variables dans un plan de recherche.

Ce modèle situe assez clairement les différentes sortes de variables dans une recherche de
type expérimentale (présence de facteurs manipulés). Il reste encore cependant un autre
groupe de variables qu'il faut envisager dans le cadre de l'élaboration d'une recherche. Il s'agit
des facteurs à contrôler. Afin d'identifier la présence d'une relation de causalité entre deux
variables, il faut s'assurer que les autres variables explicatives potentielles ne viennent pas
exercer, parallèlement aux variables indépendantes retenues une influence sur le facteur
mesuré. Dans l'expérience de Bandura, plusieurs autres facteurs ou variables peuvent avoir
une incidence sur la fréquence des comportements d'agression des jeunes enfants.

Par exemple, la présence du parent d'un enfant, l'attitude d'un expérimentateur, le moment de
la journée, les directives de jeu sont autant de facteurs qui peuvent influer sur l'agressivité des
enfants. Si ces variables se distribuent inégalement à l'intérieur des différentes conditions
expérimentales (nature du modèle agressif présenté), il peut avoir un effet perturbateur sur la
recherche de liens entre les variables indépendantes et la variable dépendante. La tâche du
chercheur sera donc d'éliminer ou de contrôler l'impact de ces facteurs sur l'expérience. Nous
appellerons ces variables explicatives potentielles non étudiées par le chercheur des facteurs
à contrôler. Pourquoi "à contrôler"? Parce que le chercheur devra rapidement faire une
distinction entre les facteurs qu'il pourra contrôler (facteurs contrôlés) et les facteurs qu'il ne
pourra contrôler (facteurs non-contrôlés) à partir des connaissances et des ressources dont il
dispose. Ainsi, le chercheur reproduisant l'expérience classique de Bandura pourra chercher à
réaliser l'expérience avec les différents groupes d'enfants (modèle réel vs modèle figuré) au
même moment de la journée, dans le même local, avec les mêmes expérimentateurs et en
demandant aux parents d'attendre à l'extérieur des lieux d'expérimentation. Il aura ainsi
contrôlé l'influence du moment de la journée (identique pour les deux groupes), de
l'environnement (même local), de l'encadrement et des consignes (même expérimentateurs,
mêmes directives de jeu) et aura éliminé l'influence que certains parents pourraient exercer
sur leurs enfants pendant la durée de l'expérience. Toutefois, à moins de disposer de
ressources extrêmement importantes, il ne pourra contrôler l'historique de chaque enfant, ses
attitudes spécifiques face aux comportements et aux personnages contenus dans les modèles.

De plus, il peut se produire pendant le déroulement spécifique d'une partie de l'expérience un


événement perturbateur que nous appellerons variable parasite. Ainsi, un enfant peut se
mettre à pleurer pendant l'expérience et perturber plusieurs enfants de son groupe
expérimental ou un expérimentateur peut se sentir de donner un nombre important de
directives supplémentaires à un groupe particulier d'enfants. A l'exception de la variable
parasite qui ne peut être prévue, les différents facteurs à contrôler peuvent aussi être intégrés
dans notre tableau des variables de l'expérience d'Albert Bandura. Le tableau suivant présente
une version plus complète de l'agencement des variables dans l'expérience de Bandura.

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Tableau : Identification des variables dans l'expérience de A. Bandura sur l'imitation de


comportements agressifs

Les deux autres classifications des variables que nous avons déjà présentées peuvent aussi être
intégrées dans cette représentation. Considérées comme des variables explicatives, les
variables structurales correspondent généralement aux variables indépendantes assignées alors
que les variables contextuelles correspondent plutôt aux facteurs qu'il serait théoriquement
possible de manipuler. Il est toutefois clair qu'il est plus facile de manipuler le degré de
luminosité dans une pièce que la tendance électorale d'un quartier. Les variables numériques
se retrouvent fréquemment dans le rôle de variables dépendantes (mesurées) alors que les
variables à catégories se retrouvent plus fréquemment dans le rôle de variables indépendantes
(manipulées ou assignées). Il faut toutefois mentionner que ce parallèle tient mieux pour les
recherches expérimentales (causales) que les recherches corrélationnelles (quasi-
expérimentales). Il est d'ailleurs fréquent de noter des exceptions à ces tendances (ex. les
sujets d'une expérience doivent répondre oui ou non à une demande d'aide).

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6 Le processus d'élaboration des théories scientifiques


Une théorie peut être définie comme un ensemble de propositions reliées de façon logique
qui décrivent et expliquent un domaine d'observation. Chacun se construit des théories
informelles sur le comportement des individus. Certains croient, par exemple, que les gens
commencent à résister au changement social au moment où ils deviennent plus riches.
D'autres peuvent croire que lorsque l'amour pour une personne augmente, les sentiments de
sympathie pour les autres diminuent. Considérons un exemple supplémentaire... Vous seriez
probablement d'accord pour dire que les gens qui s'habillent comme vous auraient plus
tendance à vous aider, le cas échéant, que des personnes qui s'habillent différemment. Cette
proposition décrit probablement assez précisément votre expérience générale. Vous
accepteriez probablement aussi la formulation suivante : les gens comme vous auraient plus
tendance à vous rendre service que ceux vêtus différemment parce qu'ils vous perçoivent
comme l'un des leurs et comme probablement inoffensif.

Il s'agit donc d'une proposition, ou d'un énoncé, qui explique pourquoi il y a une relation
entre un habillement similaire et le fait de rendre un service. Lorsque nous utilisons une
proposition théorique pour prédire un comportement qui n'a pas encore été observé, nous
faisons une hypothèse. Ainsi, si dans une ville étrangère on vole votre portefeuille, il est
possible que vous utilisiez l'hypothèse de l'habillement similaire pour choisir la personne à qui
demander de l'aide.

En quoi les théories des chercheurs en sciences humaines et sociales sont-elles différentes de
celles que l'on utilise sur une base informelle? Tout d'abord, les chercheurs en sciences
humaines et sociales énoncent explicitement leurs théories et tentent de les rendre publiques.
Bien que la proposition sur la relation entre l'habillement similaire et le fait de rendre service
puisse ne pas vous surprendre, la plupart des gens n'ont jamais exprimé cette idée aussi
nettement. Elle était implicite, non formulée. Le psychologue rend ces énoncés publics pour
que l'on puisse les examiner de façon critique et préciser clairement leurs forces et leurs
faiblesses. La proposition sur l'habillement similaire résisterait-elle à un examen critique?
Probablement pas. Une femme en robe de soir serait-elle susceptible de recevoir de l'aide
d'une autre femme en tenue de soirée pour changer un pneu crevé? Lorsqu'une théorie devient
explicite, elle est soumise à la critique et il devient alors possible de la développer, de la
nuancer et de l'enrichir.

En plus de rendre leurs théories publiques, les chercheurs en sciences humaines et sociales
cherchent à formuler des propositions générales, c'est-à-dire des énoncés explicatifs non
spécifiques. La plupart des théories que les gens bâtissent quotidiennement s'appliquent à des
aspects très spécifiques de leur vie. Il se peut que vous ayez des théories implicites sur la
façon dont vos parents vont réagir à votre performance scolaire ou sur la manière dont vos
amis réagissent à vos goûts musicaux. Par opposition, les chercheurs en sciences humaines et
sociales essaient de formuler des propositions pertinentes à la majorité des cas individuels.
Ainsi, plutôt que de s'attacher à la similitude dans les styles vestimentaires, les chercheurs en
sciences humaines et sociales ont cherché à comprendre comment les gens réagissent devant
ceux dont les opinions, le style d'entrée en relation et d'autres caractéristiques générales sont
semblables aux leurs. Les propositions sur la similitude dans la tenue vestimentaire seraient
vues comme un aspect secondaire du problème général.

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Enfin, les chercheurs en sciences humaines et sociales tentent particulièrement de bâtir des
théories qui soient logiques et cohérentes. La majorité des théories implicites (lay theories)
sont remplies de contradictions. Quelqu'un peut croire que les gens ont réellement besoin de
sécurité et de stabilité dans leur vie et croire en même temps que la croissance et le
changement sont nécessaires. Une autre personne peut croire que les gens recherchent l'amour
plus que tout et croire en même temps que les gens, aujourd'hui, essaient d'éviter les relations
profondes. En construisant des théories, le psychologue s'efforce particulièrement d'éviter ce
genre de contradictions. Lorsque des contradictions sont découvertes, le théoricien entreprend
souvent de réviser sa théorie ou de la développer davantage.

Prenons l'exemple d'un modèle théorique développé par un psychologue américain, Fishbein
et Ajzen (1975), pour illustrer comment une théorie peut permettre de prédire le
comportement d'un individu. Le modèle de Fishbein porte sur la prédiction d'un
comportement à partir de la connaissance d'un certain nombre de facteurs psychologiques
(attitudes, croyances normatives et motivation). La figure ci-dessous illustre le
fonctionnement du modèle.

Figure : La théorie de Fishbein et Ajzen

Selon la première proposition de Fishbein, les gens agissent principalement de façon à être
conformes à leurs intentions. Afin de savoir si quelqu'un va se joindre à une marche de
protestation, vous n'aurez qu'à lui demander ce qu'il a l'intention de faire. Si la réponse est
honnête et que rien n'intervient entre-temps, le comportement aura une corrélation élevée avec
les intentions. Les intentions sont toutefois influencées par plusieurs facteurs : les attitudes,
les croyances normatives et la motivation.

Les attitudes

Ce que les gens ont l'intention de faire dépend de leurs attitudes pertinentes. Un individu qui a
une attitude négative envers les manifestations n'assistera probablement pas à une
manifestation. Celui ou celle dont l'intention à l'égard des manifestations est positive peut bien
avoir l'intention de protester. Cependant, les attitudes dépendent de d'autres facteurs, dont les
attentes concernant le résultat. Le protestataire potentiel réfléchirait aux résultats d'une telle
manifestation avant de décider de manifester. La protestation aura-t-elle une influence
positive ou mènera-t-elle simplement à de vaines confrontations avec les forces de l'ordre? Un
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deuxième facteur qui contribue à l'attitude de la personne est la valeur accordée au résultat
attendu. Si le protestataire s'attend à ce que les manifestations retardent ou modifient
significativement les conditions d'un futur traité d'échange commercial et s'il accorde une
valeur élevée à ce résultat, on peut s'attendre à une attitude très positive envers la participation
à la manifestation. Cette attitude mènerait probablement à une augmentation de l'intention de
participer. La plupart des gens ont évidemment des attentes variées, et chacune d'elle est
valorisée à un degré différent. Cette attitude globale consisterait en la somme de chaque
attente pondérée par sa valeur. Donc, nous avons la formule (attentes) * (valeur) = Attitude.

Les croyances normatives

Les intentions des gens dépendent également de leurs croyances relatives à l'opinion des
autres sur ce qu'ils devraient faire dans le cas particulier. Par exemple, si les amis et les
proches s'opposent aux manifestations, le protestataire potentiel peut se sentir pressé d'éviter
de participer à des manifestations contre cette réunion.

La motivation à se conformer

L'intention est également influencée par le degré de motivation à se conformer aux sentiments
des autres. Le protestataire peut être conscient des sentiments négatifs que détiennent la
famille et les amis envers les manifestations, mais peut être ou ne pas être motivé à se
conformer à ces points de vue.

Le modèle de Fishbein suggère la formulation suivante : l'intention de participer dépend de


l'attitude additionnée de la somme des croyances de la personne quant aux attentes des autres,
pondérée par la motivation individuelle à se conformer. En termes plus simples, le
comportement des gens dans une situation donnée dépend des attitudes et de la pression
sociale.

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Les étapes du processus d’élaboration d’une théorie

Figure : Le processus d'élaboration de théories scientifiques

Le modèle présenté dans la figure qui précède illustre les différentes étapes d'un processus
d'élaboration des théories scientifiques. En résumé, ce processus commence généralement par
des observations initiales qui posent problème ou présentent des caractéristiques non
expliquées ou inconnues (Observations antérieures).

À cette phase initiale succède une période d'observation et de classification de faits


empiriques (Description des faits empiriques).

L'observation de plusieurs situations permet la formulation d'une première série d'hypothèses


(Hypothèses de travail).

S'ensuit une première étape du travail de modélisation, soit la définition et la délimitation des
concepts et des relations (Définition des concepts).

Une fois ce travail accompli, les éléments d'un modèle théorique de bas sont constitués
(Modèle).

L'étape suivante consiste, par le biais de la logique formelle, à manipuler le modèle théorique
afin d'en extraire les théorèmes et les corollaires (Manipulation logique du modèle). Ce
travail permet de dégager à partir du modèle un certain nombre de conséquences formelles

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non observées du type Si... Donc... (Conséquences formelles déduites) (Cf. l'apport de la
méthode du raisonnement à la démarche scientifique).

Cette nouvelle étape réintroduit une démarche empirique et permet au chercheur de procéder à
l'identification des variables précises qui sont mises en relation par le modèle théorique
(Détermination des variables).

Le chercheur procède alors à la formulation d'hypothèses de recherche (Hypothèses


opérationnelles).

Ces hypothèses constituent des prédictions fermes et précises quant à des comportements qui
sont susceptibles de se produire si certains facteurs sont manipulés correctement (Prédiction
d'événements empiriques).

Enfin, le chercheur procède par expérimentation à la vérification des hypothèses formulées à


partir du modèle théorique (Observations postérieures). Si les hypothèses sont confirmées,
elles constituent une démonstration de la valeur du modèle théorique; si les hypothèses sont
infirmées, le chercheur est alors obligé de remettre en question son modèle ou les parties qui
ont été infirmées.

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7 Les principales méthodes scientifiques


Le nombre et l'organisation des principales méthodes scientifiques en psychologie sont l'objet
de discussions. Certains parlent de trois grands groupes de méthodes (Myers: description,
corrélation, expérimentation; Angers: historique, enquête, expérimentation), d'autres parlent
de quatre groupes différents de méthodes et d'autres encore parlent de cinq groupes de
méthodes (Tremblay : exploratoire, descriptive, explicative, prédictive, évaluative). Pour les
besoins de ce texte et, parce que ce regroupement reflète assez fidèlement l'organisation
retenue par l'analyse statistique (Statistiques descriptives, corrélationnelles et inférentielles),
nous allons retenir le principe de trois grandes méthodes scientifiques. Le tableau ci-dessous
présente différentes classifications des méthodes scientifiques.

Tableau : Différentes classifications des méthodes scientifiques

7.1 La méthode de l'observation (clinique)


Considérée comme une méthode descriptive, l'observation simple ou structurée a pour but de
fournir une description de l'objet étudié. Dans le cas de la psychologie, l'objet est le
comportement d'un sujet humain ou animal. La description peut être soit schématique,
quelques mots suffisant parfois s'il s'agit de distinguer un élément de comportement d'un
autre, soit numérique lorsque nous cherchons à quantifier un comportement ou un
phénomène.
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7.1.1 L'observation naturelle


Les humains ont toujours été capables d'apprendre beaucoup de choses par l'observation
naturelle ou non-structurée. Bien que depuis, des méthodes plus précises aient surpassé celle
de l'observation naturelle, celle-ci a toujours son utilité tant en psychologie que dans d'autres
sciences. Elle permet d'observer de larges pans de la réalité, elle est particulièrement utile
pour le développement de questions et d'hypothèses initiales de recherche. Elle s'inscrit
souvent dans la phase exploratoire de l'étude d'un comportement.

7.1.2 L'observation systématique


La méthode de l'observation naturelle n'est pas systématique dans la mesure où l'observateur
se contente d'enregistrer ce qu'il voit et ce qu'il entend sans faire de tri conscient. Mais
l'observation naturelle n'offre pas suffisamment d'informations utiles pour conduire à une
vérification d'hypothèses. Cette méthode fait alors appel à différentes procédures ou
techniques d'observation telles que les grilles d'observation, les instruments de partition et les
appareils d'enregistrement (caméra, magnétophone, magnétoscope, polygraphe, etc.). Cette
méthode permet de recueillir des données de façon beaucoup plus rigoureuse et organisée.

Le principe fondamental de la méthode de l'observation est d'identifier la présence ou


l'absence d'un événement, ainsi que la fréquence de ses apparitions dans un lieu ou un temps
donnés. L'observateur note, par exemple, si une personne offrira plus fréquemment son siège
à une femme enceinte de race blanche par rapport à une femme enceinte de race noire (ex.:
d'origine haïtienne ou afro-américaine). Une différence significative observée sur plusieurs
occasions permettra de formuler une première hypothèse de travail.
La méthode de l'observation présente plusieurs avantages par rapport aux autres méthodes
scientifiques en psychologie. Elle constitue une excellente méthode de base pour entreprendre
de se familiariser avec un nouveau phénomène. Elle est souvent, à ce titre, considérée comme
une méthode de départ dans un processus de recherche, favorisant l'élaboration des premières
hypothèses. Elle permet aussi un premier déblayage des variables et des facteurs afin
d'identifier les facteurs qui seront susceptibles d'expliquer le plus de variance mesurée. Cette
méthode permet de décrire le comportement et ultimement de le prédire. Elle ne permet
toutefois pas d'en expliquer les causes. Au niveau des désavantages, on peut retenir qu'il s'agit
d'une méthode souvent très longue, surtout en milieu naturel, et qu'elle n'est pas toujours
productive (le phénomène Kit-Kat).
Elle ne permet donc pas d'établir de liens entre les événements et les variables. Le rôle du
chercheur est généralement discret et passif, sauf dans l'observation participante et
l'observation expérimentale. Au niveau des analyses quantitatives, elle fait surtout appel aux
statistiques descriptives telles que les fréquences, les pourcentages, les indices de tendance
centrale (moyenne, médiane, mode), de dispersion (étendue, variance, écart-type, coefficient
de variation) et de forme (symétrie).

7.2 La méthode corrélationnelle


La méthode corrélationnelle s'intéresse aux relations qui existent entre différentes variables ou
facteurs. Elle tente de préciser la nature (positive ou négative) et la force (nulle à parfaite) de
ces relations. Elle ne peut toutefois pas préciser quelle variable a un effet sur l'autre variable
(covariance, mais non causalité).

La méthode corrélationnelle fait appel à plusieurs techniques pour identifier et définir les
relations qui existent entre deux variables. Elle peut faire appel à des méthodes graphiques
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(diagramme de dispersion) et à des indices statistiques (coefficient de corrélation, indice de


régression linéaire, coefficient de contingence). L'exemple le mieux connu est la corrélation
proprement dite. Essentiellement, une corrélation est une mesure de relation entre deux
facteurs différents. À titre d'exemple, la corrélation permet de voir dans quelle mesure les
variations de la popularité des émissions sont associées aux variations du taux et de la
fréquence de la violence dans ces mêmes émissions. En recueillant les cotes d'écoute et en
quantifiant le nombre de scènes de violence par 10 minutes d'émission, il devient possible de
vérifier s'il existe une relation entre ces deux variables. Ainsi, l'étude de la relation entre ces
deux variables nous permet d'établir si la corrélation est positive (plus une émission contient
de scènes de violence, plus son auditoire est important), si la corrélation est négative (plus
une émission contient de scènes de violence, moins son auditoire est important) ou encore, si
la corrélation est nulle (aucune relation observable).
Le principe fondamental de la méthode corrélationnelle est de déterminer s'il existe un lien
entre les différents événements que l'on observe. Lorsque l'on observe une relation entre deux
variables par la méthode corrélationnelle, on ne peut toutefois pas établir quelle variable
influence le comportement de l'autre. On peut, tout au plus, établir que les deux variables
covarient.

La méthode corrélationnelle présente aussi plusieurs avantages par rapport aux autres
méthodes scientifiques en psychologie. Elle offre un avantage supplémentaire par rapport à la
simple observation puisqu'elle permet de mettre en relation deux variables. Elle peut
remplacer la méthode expérimentale lorsque celle-ci pose des problèmes sérieux d'éthique.
Ainsi, on ne peut faire fumer des individus pour voir s'ils développeront un cancer des
poumons. On peut toutefois établir que plus un individu fume, plus il est susceptible de
développer un cancer. Mais cette relation ne permet pas d'établir que c'est le fait de fumer qui
cause le cancer. Tout au plus, on peut constater que les deux covarient. Elle se prête aussi à la
cueillette de données moins artificielles que la méthode expérimentale. Elle peut donc profiter
de données déjà disponibles ou qu'il est possible de recueillir par des méthodes discrètes
(statistiques publiques, comportements de consommation, etc.). Elle est particulièrement utile
dans l'élaboration de tests psychologiques ou les indices corrélationnels sont utilisés pour
établir à la fois la fidélité interne d'un instrument (corrélation intra-instrument ou inter-
passation) et la validité externe (corrélation interinstruments ou inter-mesures). Parmi ses
limites, on retrouve le fait qu'elle ne permet pas d'identifier le rôle précis de chaque facteur ou
variable et enfin, elle ne permet pas d'établir de relation de causalité.

Elle permet donc d'établir des liens entre les événements tout en limitant l'impact et le rôle du
chercheur par rapport à la situation étudiée. Elle permet dans certaines conditions de supposer
l'existence de rapports de causalité. Elle privilégie comme méthodes quantitatives les
différentes statistiques corrélationnelles (coefficient de corrélation, droite de régression,
coefficient de covariation, coefficient de contingence, etc.).

Bien que la méthode corrélationnelle n'implique pas directement une technique de collecte de
données, elle est fréquemment utilisée soit avec la méthode des tests ou la méthode de
l'enquête. La méthode des tests fait appel à l'utilisation d'instruments qui permettent de
mesurer certains aspects du comportement d'un sujet : les aptitudes, les capacités, les intérêts,
les traits de comportement ou les attitudes. De tels instruments - il y en a des milliers - sont
construits par étapes successives afin d'être standardisés. Une fois que la forme définitive d'un
test est déterminée, on définit des normes en soumettant à ce test un large éventail de
personnes représentatives du type de sujet pour lequel il a été conçu. Les normes du test
d'aptitude scolaire, par exemple, ont été établies d'après des étudiants choisis dans les classes
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terminales d'écoles secondaires. Ainsi, le psychologue peut en général comparer les résultats
obtenus par n'importe quel individu à ceux obtenus par des étudiants qui terminent l'école
secondaire. La méthode corrélationnelle est essentielle à l'élaboration des tests puisqu'elle est
utilisée pour établir deux caractéristiques métrologiques fondamentales de tout test
psychologique: sa fidélité (validité interne) et sa validité (validité externe). De plus,
l'application et l'interprétation des résultats d'un test fait fréquemment appel à des calculs de
corrélations.

La méthode de l'enquête fait appel à l'interview (entrevue). Par l'interview, les chercheurs en
sciences humaines et sociales questionnent les gens sur leurs comportements, leurs intentions,
leurs idées, leurs préférences. L'interview peut prendre la forme d'une entrevue verbale ou
d'un questionnaire. Dans ce dernier cas, les gens répondent alors par écrit à des questions
imprimées. Plusieurs chercheurs croient que la seule bonne façon de découvrir les structures
psychologiques sous-jacentes aux actions des gens est de leur demander directement (ex. :
pourquoi conduisez-vous plus vite que la vitesse permise?). Le sondage d'opinion publique
est peut-être la forme la plus répandue de recherche par interview. Grâce à cette stratégie, de
grands échantillons représentatifs de la population sont questionnés, soit en personne, soit au
téléphone ou maintenant sur Internet. Le sondage par interview est peut-être la meilleure
méthode disponible pour décrire les caractéristiques générales d'une culture à n'importe quel
moment. Il est ainsi possible d'obtenir une information fiable sur à peu près n'importe quel
sujet que les gens se sentent à l'aise d'aborder (comportements, habitudes de consommation,
opinions publiques, etc.). La méthode corrélationnelle est fréquemment utilisée avec les
méthodes d'enquête puisqu'elle permet d'établir le degré de relation entre une caractéristique
de l'individu (ex. : son âge ou son revenu annuel) et un comportement (ex. : le nombre de
contraventions au volant) ou une attitude (ex.: son attitude face aux conducteurs en état
d'ébriété).

7.3 La méthode expérimentale


Puisque la corrélation ne permet pas d'établir des relations de causalité, plusieurs chercheurs
lui préfèrent la méthode expérimentale. L'expérimentateur tente d'obtenir un contrôle précis
sur des séries de comportements qu'il étudie. Dans l'exemple sur la violence dans les
émissions, le chercheur voudrait s'assurer que la violence est bien le seul facteur qui précède
le choix de l'émission. L'expérimentateur essaierait donc de varier le taux de violence dans
une émission donnée, alors qu'il maintiendrait constant tous les autres facteurs. Il pourrait
alors mesurer à quel point les gens aiment les émissions qui ont beaucoup de contenu violent
en comparaison du degré d'appréciation des émissions peu violentes. Dans une recherche
expérimentale, le facteur que l'expérimentateur fait varier systématiquement est appelé
variable indépendante. Le comportement qui résulte de la manipulation expérimentale est
appelé variable dépendante. Le taux de violence dans une émission serait donc la variable
indépendante (dans le sens où le chercheur peut faire varier le taux de violence dans les
émissions qu'il choisirait de présenter à ses sujets) et la popularité qui en résulte serait la
variable dépendante.

Afin de pouvoir exercer un contrôle complet sur la variable indépendante, l'expérimentateur


doit souvent travailler en laboratoire. Par exemple, dans le but de contrôler la quantité de
violence dans une émission et de garder constant tous les autres facteurs, il faudrait montrer
deux versions d'un même film où seul varierait le taux de violence. Il serait difficile de faire
en sorte que de tels films soient présentés à la télévision. Aussi, le laboratoire est le lieu tout
indiqué pour mener de telles expériences. Au laboratoire du professeur Jacques Bergeron de
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l'université de Montréal, on utilise un simulateur de conduite automobile (en réalité un châssis


de voiture dont une bonne partie de l'instrumentation a été modifiée de façon à présenter au
sujet des scènes de la conduite automobile et, par la suite, à enregistrer ses comportements au
volant). Cet appareil permet de recréer en laboratoire des conditions de route et des
événements qu'il serait difficile ou tout simplement dangereux de reproduire sur la route.

Le principe fondamental de la méthode expérimentale est l'étude contrôlée de l'effet d'un


facteur (VI) sur un autre (VD). Comme un seul facteur est manipulé expérimentalement (tous
les autres facteurs explicatifs potentiels étant maintenus constants), il peut être la seule cause
des variations observées au niveau du comportement. La méthode expérimentale permet donc
d'expliquer le comportement humain et, pour cette raison, est considérée comme la principale
méthode scientifique en psychologie.

Elle présente donc plusieurs aspects positifs dont celui de permettre de satisfaire à toutes les
conditions de la méthode scientifique, soit la prédiction, le contrôle et ultimement,
l'explication du comportement. Elle présente toutefois plusieurs limites importantes, dont un
rôle très actif du chercheur dans la situation de recherche, ce qui peut influencer l'objet d'étude
et nuire à la qualité des résultats obtenus. Comme elle est souvent utilisée dans un contexte de
laboratoire, elle opère souvent dans un cadre artificiel qui transforme et parfois même
déforme le comportement naturel et habituel des sujets. Elle peut aussi avoir pour effet de
détruire certaines réalités, par exemple la naïveté ou la simplicité des réponses d'un individu.

Enfin, elle permet de déterminer de façon précise et complète la nature des liens qui existent
entre deux variables (forme, intensité et direction), le chercheur exerçant toutefois un rôle
actif qui peut avoir un impact négatif sur la validité des résultats obtenus. Elle permet d'établir
des liens de causalité et fait appel, au niveau des méthodes quantitatives, aux statistiques
inférentielles pour petits échantillons (tests paramétriques et non-paramétriques, analyse de
variance, tests t de Student, etc.). Le tableau suivant présente de façon schématique les
principales caractéristiques de chacune des trois méthodes scientifiques présentées.

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