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II -1- DONNEES GENERALES SUR LA VILLE D’OUJDA ET

SA MEDINA
A- HISTORIQUE DE LA MEDINA.
Afin de saisir les changements historiques du cadre physique et de
l’évolution des fonctions de la médina, un pas dans le passé s’avère de grande
utilité.
L’histoire de la région d’Oujda débute vers la fin du dixième siècle. Des
légendes apportent que bien avant la conquête arabe, des groupes sédentaires juifs
et chrétiens, habitaient la région dans une importante ville entourée de jardin et
d’une muraille percée de 360 portes. Mais, seuls de nombreux tumuli et des ruines
« Berbères » témoignent de façon certaine, de l’occupation du site avant l’islam
(1)

En unanimité, les historiens arabes attribuent la fondation de la ville


d’Oujda à Ziri IBN ATIYA chef des Maghraoua, il voulait en faire un lieu de
retraite en cas de revers et surtout contrôler un carrefour où se croissaient les
caravanes allant de la mer à Sijilmassa et celles unissant Tlemcen à Fès. Sa
situation stratégique de site sous forme de cuvette à proximité de résurgences
abondantes au milieu d’une plaine où les montagnes du Sud-est lui servirent de
repli défensif, attirait l’intention de plusieurs envahisseurs (2).

1
R. PASKOFF « Oujda, esquisse de géographie urbaine », in Bulletin économique et social du Maroc, n°73, 1957,
Rabat,
N
Situation de la ville d'O ujda a u ca rrefo ur des flux com m erciaux
W E

Nador
Saiidia

Tlémcen

Oujda
Légende

Villes.
Ou ed m ou lou ya.
La m er mé ditérran éen ne.
Taourirte Frontièr e algér o-m arocan e.
Voie s ferré e.
Ro ute s.
Barrag e.
Forêts.
Mon tagn e.
Agriculture in ten sive .

Source: élaboration personnelle (d'après R.PA SKOFF)

L’histoire affirme que la ville d’Oujda a subit, dans le passé, un destin


fatal engendrant sa destruction en six ruines successives. Elle a été entièrement
détruite une septième fois soit par une crue de l’oued, soit par une armée
assiégeante victorieuse (3).
L’établissement de l’autorité des Maghraouas sur la région ne dura que 80
ans. Les Almoravides succèdent aux Maghraouas, puis les Almohades qui,
Bâtissent en 1208 autour de la ville une muraille de fortification.
Suite à un enjeu de luttes, entre les Mérinides de Fès et les abdelwahabites
de Tlemcen, le résultat été la destruction complète de la ville par le Mérinide Abou
yacoub en 1271. Ce n’est qu’en 1297 que son fils Youssef ben Yacoub Construisit
les remparts, une kasbah, un palais, et une mosquée (jamâa Lakbir) avec une
medersa et un Hammam annexé à la Kasbah. La ville fut ainsi se doter d’une
certaine prospérité. A la fin de 1335 la ville d’Oujda a subi de nouveau une
destruction par le sultan Aboul Hassan qui fit raser ses fortifications (4).
Après 1679, le Sultan Moulay Ismail fit restaurer en partie les principaux
édifices de la ville qui tomba peu après aux mains des turcs mais pas pour
longtemps. En 1880, elle était dépourvue d’enceinte, voir plan ci-dessous.

3
R. PASKOFF, Op.cit, p : 74
4
Ibidem
Ñ

Oujda en 1880 Ñ
Ñ
Ñ
Ñ

Ñ
Ñ Ñ
Ñ Ñ Ñ
N
Ñ
Ñ

Ñ
W E

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# #
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# #
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# # # #

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# # #
# # #
# # #

Emplacem ent du futur rem part.


Pistes et chem ins.
Ñ Cimetiere juif.
# Verdure.
constructions existantes.

Source: élaboration personnelle( d'après C. Voinot)

La ville avait la forme d’un polygone irrégulier d’une superficie de 28


Hectares. Elle est restée sans modification jusqu’au jour de l’occupation par les
troupes Françaises le 29 mars 1907.

Oujda avant 1907 N

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##
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#
Légende
# #
# #
#
# #
# #
# #
# #
#
Rempart.
# # #
# Verdure.
Surface bâtie.

Source: élaboration personnelle (d'après C Voinot)

Vers 1907, et juste avant la période coloniale, les neufs quartiers de la


médina comprenaient 718 maisons entourées de jardins (5), le mellah n’était pas à
l’écart.

5
R. PASKOFF, op. Cit, p : 75.
1- Les fonctions de la médina pendant la période
précoloniale
A l’instar des villes musulmanes traditionnelles, la médina d’Oujda à
l’intérieur de ses remparts à 4 grandes portes, était composée de plusieurs
quartiers, ces derniers été formés d’agglomérations de quelques maisons à patios
et de ruelles peu larges. Dans le quartier du centre appelé Mellah, vivait un millier
d’Israélites en contiguïté aux quartiers musulmans (6). Au centre de la médina
s’organisaient plusieurs souks et kissarias dont l’activité couvrait le rayon
régional. Parmi les plus importants souks nous citons :
- Souk El Ghezel : marché de la laine filée, qui se transforme le soir en bourse de
l’eau, les parts de l’eau d’irrigation s’y vendait.
- Souk Zrâa ou marché aux grains, lieu de rencontre entre les paysans et les citadins.
- Souk El Khodra : marché des légumes.
- Souk El khobz : exclusivement pour la vente du pain.
- Souk El Guezzarine : contenait à la fois les bouchers musulmans et israélites.
Quand à l’habillement nous citons essentiellement une grande activité
dans des kissarias dont le nombre augmente chaque année, voir photo ci-dessous.

Kissariat Haddada
récemment
construite.

L’artisanat qui obéissait à un système de corporation s’exerçait par des


musulmans (Tailleurs, brodeurs, menuisiers, armuriers, selliers, etc.) et des juifs
(Teinturiers, cordonniers, bijoutiers). Les professions étaient groupées par rues et

6
Guitouni, «Activités tertiaires et structures urbaines de la médina d’Oujda», in Présent et avenir des médina,
cahier de l’URBAMA, n° 10-11, institut de géographie Tour 1983 p : 57.
par spécialités, selon le système de corporation, et placées sous le contrôle du
mouhtassib ou caïd essouk.
Les lieux d’animations étaient formés, essentiellement, par la grande
mosquée construite à la fin du 13éme siècle, le hammam El Bali construit en 1820
et les fondouks fréquentés par les caravanes de passage et les voyageurs qui
séjournaient à Oujda.

Caravane de
chameaux en repos en
face de Bab Sidi
Abdelwahab

Ce n’est qu’après l’installation des forces coloniales que la médina a


commencé à connaître un déséquilibre aux niveaux de toutes ses fonctions
urbaines.
2- Les mutations urbaines et commerciales au cours de la
période coloniale
Dans le domaine urbain, cette période coloniale, en dépit de sa brièveté,
s’est accompagnée d’un véritable bouleversement des situations existantes. La
colonisation a fait de la ville le lieu, par excellence de confrontation de la société
traditionnelle, Submergée et déstabilisée par tout le déploiement technologique,
juridique et culturel de la modernité. De cette période coloniale, dont les
empreintes sont encore évidentes sur les systèmes urbains actuels, on retiendra les
caractéristiques suivantes7 :
- Un transfert très important de population étrangère européenne qui a accompagné
toute la durée de colonisation.

7
Claude CHALINE, les villes du monde arabe, édit : Armand colin/Masson, Paris 1989, 1996 p.43
Présence d’une
importante
population
étrangère dans
le quartier
Européen de la
médina

- Des créations urbaines, appelées à devenir de grandes agglomérations, ont été


assez exceptionnelles, les cas les plus marquants dans le monde arabe sont situés
au Maroc8 sous l’initiative du résident Général Lyautey.

Le Général
Lyautey
inspectant
les ruelles
de la
médina.

- Une dynamisation sélective qui profite surtout aux villes littorales existantes, par
l’arrivée des Européens et l’intensification de la migration rurale. Ainsi, se
mettent en place des systèmes urbains nouveaux et de nouvelles organisations de
l’espace selon les découpages coloniaux.
Dans le cas de la ville d’Oujda, le premier quartier européen fut construit
en 1907 au Nord-ouest de la médina. Une trame viaire octogonale, et un style de
constructions élevées rappelant l’architecture coloniale Oranaise9, caractérise ce
quartier.

8
Claude CHALINE. Op. .cite p : 43.
9
Abdelkader GUITOUNI, op. cit, p : 59.
N
La ville d'Oujda en 1910
W E

Quartier Européen
S

# #
# #

# # #
#
# # # #

# # # # #
# # # #
#
# # # # #
# # # # # # # #

#
# #

# #

Légende
# #
# #
# #
# #
Route principale.
# # # #
Rempart.
#
# #

# #
# # # # Verdure.
#
#
#
#
# Superficie bâtie.

Source: élaboration personnelle (D'après les données de C.Voinot)

Afin de satisfaire au besoin de l’extension de ce quartier Européen, fut en


1921 la démolition de la moitié du rempart et de deux portes de la médina : la
porte Oulad Amrann et Bab Lakhmiss.
Au milieu de la
photo se
dresse le
rempart avec
des tours aux
coins, détruit
pour laisser
place à
l’actuelle rue
de Marrakech
à vocation
commerciale

Après avoir bâtis tous les espaces vides intra-muros, les européens
commencèrent à édifier sur les terrains libres et les jardins extra-muros. Les
constructions se réalisaient sans tenir compte des dispositions de l’urbanisme
traditionnel. En 1920, les autorités françaises décidèrent la création d’un marché
couvert extra-muros, quand au marché de la viande et la stalle des poissonniers,
autrefois, prés du Mellah, ils se sont déplacés prés de la koubba de sidi
Abdelouahab.
D’un autre coté, l’installation d’un camp militaire à un kilomètre au sud
de la médina, va déclencher les premières constructions de villas pour les colons
et les riches commerçants d’Algérie.
Les premières
villas construites
autour du camp
militaire au SSW
de la médina

Parallèlement, à un kilomètre au nord, se construisit la gare ferroviaire


point de liaison entre la colonie Française (Algérie) et le Maroc

Première gare
ferroviaire
actuellement
siège de l’ex
commune
urbaine sidi
Dris El Qadi

Ces deux édifices (gare et camp militaire), reliés par un axe routier,
formaient les éléments urbains de base de la nouvelle ville. Cette dernière va plus
tard engendrer une marginalisation de la médina.
Les principaux éléments structurants la ville en 1913

W E

La nouvelle gare férrovière

#
L'ancienne gare férrovière

La médina

Légende
Périmetre urbain actuel.
Oueds.
# # # # #
# # # # # #
# Premières implantations civiles européennes.
# # # # #
# # # # Les principaux éléments urbains coloniaux.
Camp Militaire Chemin de fer.
L'axe de liaison.
La médina.
Source: élaboration personnelle.

La liaison entre la médina est la ville coloniale s’est faite par la destruction
de la muraille et l’ouverture de voie carrossable à l’intérieur de la médina.
A cause des obstacles naturels qui sont l’oued nachef à l’ouest et les
jardins du côté Est, La ville coloniale va voir son extension selon l’axe N-S
«ancien avenue Foch» et actuellement boulevard Derfoufi. Afin de contrecarrer
l’extension urbaine de la ville selon cet axe, une cité satellite nommée Lazaret, a
été crée à l’Est, donnant ainsi à la ville une allure bipolaire. C’est également en
1946 que vont apparaître des noyaux d’habitat insalubre à la périphérie de la cité
satellite.
La ville d'Oujda en 1931
N

vers l'Algérie #

Légende
Constructions cladestines.
Nouvelle médina
La médina.
Route.
Oueds.
Voie ferrée.
Constructions.

Source: dessin personnel( d'après R. PASKOFF)

L’apparition des premiers quartiers clandestins (Koulouch, Toba…) dans


la zone N-E de la ville était la conséquence de la création, par les colons, d’une
zone industrielle dans cette zone10. En effet, la migration de nombreux ruraux vers
cette zone s’explique par la recherche d’emploi et les difficultés rencontrées dans
le milieu rural et notamment la sécheresse.
Sur le plan commercial, de nouvelles formes d’activités apparaissent
(librairies, pharmacie, magasins électroménagers, studio photos, etc.). Ce
commerce, et ces services divers, exclusivement, dans le quartier européen font
contrepoids au quartier des marchés de la médina dont les activités étaient surtout
traditionnelles.
Vers 1936, le marché aux grains, le marché des légumes et celui du pain
furent réinstallés en nouvelle médina à l’extra-muros.
Les activités traditionnelles périclitèrent à cause de la concurrence par la
diffusion d’articles industriels importés. Ainsi, les cordonniers, maroquiniers,
forgerons…, se reconvertissent dans la réparation au lieu de la fabrication. La
crise du secteur artisanal s’est accompagnée par l’abandon du système de
corporation. Par conséquent, la médina perdit ses fonctions de commandement,
les services publics et administratifs furent crées ou transférés à l’extra-muros,
pour accentuer de l’exclusion et de la marginalisation de l’unité urbaine
traditionnelle. Cette situation de marginalisation continue de persister jusqu’à
présent malgré le rôle primordial qu’elle joue dans l’économie de la ville.
B- LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE D’OUJDA
La wilaya d’Oujda s’étend sur une superficie de 20 700 Km2 à l’extrême
N-E du royaume (2,9% du territoire national). La situation géographique
stratégique de la ville d’Oujda, capitale de la wilaya, est d’autant plus importante
qu’elle lui permet de jouer un rôle dans la consolidation des liens inter-
maghrebins et de constituer un carrefour des échanges et de rencontres entre les
pays du Maghreb et de l’Europe.
Les potentialités nécessaires pour cette fonction ne manquent pas, à savoir
les moyens de liaisons terrestres, ferroviaires et aériens avec les villes marocaines,
maghrébines et Européennes. Remédier aux dysfonctionnements de son centre,
constitue une capitale action de revalorisation de ce patrimoine très estimé par les
touristes.

10
R. PASKOFF . Op, cite. P.77
Infrastructure de la région N
Mer Méditerranée

Mellilia
Melliliar
# Nador Î# Saidia
Saidia

#Ñ W E
Province d'Al HOCEIMA AL Aaroui
Midar
# # # #
# Zaio Berkane

Oujda
# S
Ñ
#Taourirt
Province de TAZA # ALGERIE
Jerada

#
Ain Béni Mathar

Province de BOULEMANE

Légende
Réseau routier.
Les limites de la région.
Bouarfa# Frontière.

Î Port de pêche.

Ñ Aéroport.
Figuig # # Ville.
Province d'ERRACHIDIA
Port polyvalent.
r

Source: élaboration personnelle(données : débat nationnal sur l'AT 2000)

C- LES MONUMENTS HISTORIQUES ET SITES TOURISTIQUES.


Les sources historiques et les études récentes sont presque unanimes sur
les origines de la ville d’Oujda qui remontent à 994 (384 HEG). L’exception est
l’opinion selon laquelle la ville fut bâtie sur les ruines d’une ancienne ville
antéislamique en un lieu appelé « Lanigare » selon le géographe Grec Ptolémée.
Il ressort de cette considération que la ville actuelle aurait bien ses mille ans.
Parmi les plus importants monuments historiques de la médina on cite :
Les murailles : démolies et reconstruites plusieurs fois dans le passée,
ainsi il n’en subsiste que presque 2000m.
Les mausolées et les Zaouïas : actuellement on compte neuf mausolées
et six Zaouïas.
Les écoles : trois écoles bâties, toutes, au début du siècle.
Les mosquées : trois principales mosquées parmi treize. La plus grande
fut construite en 1298 après JC (628 HEG) pendant l’ère mérinide.
Les Hammams : La médina renferme trois anciens Hammams.
La Kasbah : de construction mérinide.
La kasbah vers
les années 1915.
Au milieu
terrain vide où
sera construite
la première
école moderne
au Maroc. Au
fond de la
photo Bab El
Gharbi est
visible avec le
rempart.

Les portes : les deux principales sont :


Bab sidi Abdelouahab jadis à caractère social, et bab Al Gharbi, autrefois
a caractère plus officiel que social, servait à l’accès des troupes Françaises vers la
kasbah. La reconstruction de bab Lakhmiss est envisagée par le projet de
réhabilitation.

Type de restauration de Bab Lakhmiss


L’entrée principale de Bab Sidi Abdelwahab

D’autres monuments et sites, très intéressants, se trouvent aux alentour de


la cité ancienne. L’un des plus extraordinaires palais, datant de 1938, est celui de
Dar Assabti. Il est destiné à double usage : à la fois centre d’études et de recherche
sur la musique gharnati, et lieu d’activités culturelles et de festivités diverses. Le
deuxième site important est le parc Lalla Meryem siège du syndicat d’initiative et
du tourisme de l’oriental, il contient un musée dont le rôle socioculturel est très
important. A une centaine de mètres de l’une des portes de la médina (Bab Ahl
Jamal) se trouve l’église st-Louis d’Anjou, bâtie en 1919.

L’église St Louis d’Anjou : à gauche photo ancienne 1920, à droite photo récente

Le parc Lalla Aicha, non loin de la médina, s’étend sur une superficie de
20 Ha, crée en 1935, avec ses piscines, terrains de sports, clubs de tennis et
d’équitation, des aires de loisirs pour enfants et de détente pour les habitants, il
constitue un endroit reposant par ses espaces verts très agréables.
Parmi les sites touristiques, nous citons le site Sidi Maâfa au pied de la
montagne couverte par la forêt. Il représente un espace de détente, offrant une vue
panoramique sur toute la ville, qui flatte le visiteur. La source thermale Ben
Kachour située à l’intérieur de la ville, reçoit chaque jour des centaines de
visiteurs.
L’oasis de sidi yahya avec son mausolée bien estimé tant chez les
musulmans que chez les juifs, ses palmiers et laurier et son cours d’eau, constitue
le lieu d’un moussem fréquentée annuellement par des Juifs de l’étrangers et par
une société à traditions très diversifiées de la wilaya.
D- SOCIETE ET TRADITIONS
Actuellement, la population de la Wilaya d’Oujda est d’environ 1.200.000
habitants, dont la majorité est urbaine et se concentre dans les plaines irriguées.
Dans ce territoire se combinent aussi des traditions, des danses et des musiques
populaires dont les chants Andalous (Gharnati) constituent l’originalité de la ville.
II-2 L’ORGANISATION ACTUELLE DE L’ESPACE
TRADITIONNEL
La médina d’Oujda née par un acte volontaire, a connu maintes
destructions à travers son histoire. Elle vit actuellement d’aigus problèmes de
dégradations.

En face fissuration
des murs porteurs
des habitations.
A gauche une
maison à vendre

Ainsi, une urgente action de réhabilitation lui est indispensable afin


qu’elle puisse retrouver son cachet authentique, assurer sa fonctionnalité d’origine
et retrouver ses valeurs de solidarités mécaniques traditionnelles11 ayant jouer un
rôle important au sein de la population de la médina.

11
Gilles LAMARQUE, L’exclusion, éd : presses universitaires de France, Paris, 1996. p :30
A- LA POPULATION DE LA MEDINA
La population de la vielle cité comptait d’après le recensement du RGPH
de 1994, 7463 habitants alors que celui de 1982 comptait 9482 habitants. La chute
de 2 1,29% correspond à 2019 personnes sur une durée de 12 ans, soit un
équivalent de 168 personnes par an. Le tableau suivant donne quelques données
démographiques de cette population.
Tableau n° 1 : Données démographiques de la médina.
RGPH : RGPH : 1994
1982
Population Population Nombre de Nombre de
ménage logement
9482 7463 1734 1494
Source : Etude réalisée par l’ANHI 1995.
En 1996 l’enquête menée par le BET au compte de l’ANHI a compté 7065
habitants. La régression du nombre de la population de la médina trouve son
explication dans trois principaux points :
- La vétuste et la dégradation de la qualité du cadre de vie ont poussés certains
propriétaires à quitter leurs habitations après les avoir fermé ou vendu.
- Transformation de plusieurs habitations en locaux d’activités économiques et
lieux de stockages de marchandises.
- Prolifération du fléau de la prostitution, de la délinquance juvénile et du trafic des
drogues, ignorés autrefois dans la médina, en effet, cette question d’insécurité
constitue la fondamentale explication du départ des habitants.
Tableau n° 2 : Evolution de la population de la médina et celle de la
communauté d’oujda.
Année 1982 1994 1996
Médina 9482 7463 7065
Communauté < 361000 361000 380000
d’Oujda
Densité de la 339 267 252
médina :
Habitant/Hectare
Source : Etude ANHI 1995

Tableau 3 : Comparaison des densités des populations des médinas


d’Oujda et de Tanger.
Année 1982 1994 1996
Densité de la population 339 267 252
de la médina d’Oujda
Habitant/Ha
Densité de la population 994 1444 ─
de la médina de Tanger
Source : Etude ANHI 1995 (plus collecte personnelle de données)
On remarque, la faible densité de la population de la médina d’Oujda par
rapport à celle de la médina de Tanger. Elle est non seulement faible à celle de
Tanger mais aussi à la moyenne de ce type de tissus urbain à l’échelle nationale,
en effet, c’est parmi les plus faibles densités au Maroc.
Des études de la composition des ménages de la médina, faites par
l’ANHI, montrent que la moyenne du nombre de personne par ménage n’est que
de 4,1 personnes. Là encore c’est un chiffre faible par rapport à la moyenne
nationale, donc il parait que cette médina, à la différence de la plus part des
grandes médinas du Maroc, ne souffre pas d’un surpeuplement. Dans ce sens,
plusieurs études concernant l’habitat de la cité traditionnelle ont été réalisées.
B- L’HABITAT DE LA MEDINA
En moyenne, la densité des logements à l’intérieur des remparts est de 53
logements par hectare. Le nombre de constructions intra-muros comptait par le
BET en 1995 est de 1174 avec une moyenne de 1,3 logements par constructions
non uniforme dans tous les secteurs de la médina. Les constructions sont,
essentiellement, en rez de chaussée. La distribution interne des maisons s’inspire
du model original de la maison traditionnelle où les pièces sont disposées autour
d’une cour interne centrale. Ce caractère de retrait12 reflète l’intimité de la vie de
la famille.
La moitié des habitations sont de types traditionnels, 25% sont des
constructions anciennes mais transformées, le quart restant est constitué,
essentiellement, de constructions récentes totalement différentes du model
original. Ceci montre l’inconscience du conseil communal envers le respect de
l’art de construction traditionnel, et l’entretien du patrimoine historique et culturel
de la médina. La prolifération du commerce a conduit à la reconversion de
l’habitat en locaux d’activités économiques.
D’après l’étude réalisée par l’ANHI la part des logements occupés par les
propriétaires et celle occupée par les locataires sont presque en même proportion.
Les résidences gratuites et hypothéquées sont de 15%. La part importante des
locataires occupe la zone traditionnelle de la médina alors que les propriétaires
occupent les logements récemment construits. Cela s’explique par la vétusté
avancée du secteur traditionnel de la médina notamment les constructions
d’habitations qui font avec les vestiges et monuments, l’objet d’étude avec la

12
Eugène WIRTH, in cours : outils et pratique d’aménagement (dossier pédagogique)
participation de la délégation française « PACT-ARIM » qu’on traitera
ultérieurement. Plusieurs habitants autochtones ont quitté leurs habitations pour
les louer dans la majorité des cas à des couches très pauvres venues de la
périphérie de la ville.
Pour préserver le caractère traditionnel de la médina, il est indispensable
que toute intervention sur le cadre bâti de celle-ci, devait être prise en compte avec
rigueur par les services communaux concernés d’une part et d’atténuer de la
prolifération des activités commerciales au dépend des zones résidentielles
d’autre part.

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