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SA MEDINA
A- HISTORIQUE DE LA MEDINA.
Afin de saisir les changements historiques du cadre physique et de
l’évolution des fonctions de la médina, un pas dans le passé s’avère de grande
utilité.
L’histoire de la région d’Oujda débute vers la fin du dixième siècle. Des
légendes apportent que bien avant la conquête arabe, des groupes sédentaires juifs
et chrétiens, habitaient la région dans une importante ville entourée de jardin et
d’une muraille percée de 360 portes. Mais, seuls de nombreux tumuli et des ruines
« Berbères » témoignent de façon certaine, de l’occupation du site avant l’islam
(1)
1
R. PASKOFF « Oujda, esquisse de géographie urbaine », in Bulletin économique et social du Maroc, n°73, 1957,
Rabat,
N
Situation de la ville d'O ujda a u ca rrefo ur des flux com m erciaux
W E
Nador
Saiidia
Tlémcen
Oujda
Légende
Villes.
Ou ed m ou lou ya.
La m er mé ditérran éen ne.
Taourirte Frontièr e algér o-m arocan e.
Voie s ferré e.
Ro ute s.
Barrag e.
Forêts.
Mon tagn e.
Agriculture in ten sive .
3
R. PASKOFF, Op.cit, p : 74
4
Ibidem
Ñ
Oujda en 1880 Ñ
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N
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W E
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##
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Légende
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Rempart.
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# Verdure.
Surface bâtie.
5
R. PASKOFF, op. Cit, p : 75.
1- Les fonctions de la médina pendant la période
précoloniale
A l’instar des villes musulmanes traditionnelles, la médina d’Oujda à
l’intérieur de ses remparts à 4 grandes portes, était composée de plusieurs
quartiers, ces derniers été formés d’agglomérations de quelques maisons à patios
et de ruelles peu larges. Dans le quartier du centre appelé Mellah, vivait un millier
d’Israélites en contiguïté aux quartiers musulmans (6). Au centre de la médina
s’organisaient plusieurs souks et kissarias dont l’activité couvrait le rayon
régional. Parmi les plus importants souks nous citons :
- Souk El Ghezel : marché de la laine filée, qui se transforme le soir en bourse de
l’eau, les parts de l’eau d’irrigation s’y vendait.
- Souk Zrâa ou marché aux grains, lieu de rencontre entre les paysans et les citadins.
- Souk El Khodra : marché des légumes.
- Souk El khobz : exclusivement pour la vente du pain.
- Souk El Guezzarine : contenait à la fois les bouchers musulmans et israélites.
Quand à l’habillement nous citons essentiellement une grande activité
dans des kissarias dont le nombre augmente chaque année, voir photo ci-dessous.
Kissariat Haddada
récemment
construite.
6
Guitouni, «Activités tertiaires et structures urbaines de la médina d’Oujda», in Présent et avenir des médina,
cahier de l’URBAMA, n° 10-11, institut de géographie Tour 1983 p : 57.
par spécialités, selon le système de corporation, et placées sous le contrôle du
mouhtassib ou caïd essouk.
Les lieux d’animations étaient formés, essentiellement, par la grande
mosquée construite à la fin du 13éme siècle, le hammam El Bali construit en 1820
et les fondouks fréquentés par les caravanes de passage et les voyageurs qui
séjournaient à Oujda.
Caravane de
chameaux en repos en
face de Bab Sidi
Abdelwahab
7
Claude CHALINE, les villes du monde arabe, édit : Armand colin/Masson, Paris 1989, 1996 p.43
Présence d’une
importante
population
étrangère dans
le quartier
Européen de la
médina
Le Général
Lyautey
inspectant
les ruelles
de la
médina.
- Une dynamisation sélective qui profite surtout aux villes littorales existantes, par
l’arrivée des Européens et l’intensification de la migration rurale. Ainsi, se
mettent en place des systèmes urbains nouveaux et de nouvelles organisations de
l’espace selon les découpages coloniaux.
Dans le cas de la ville d’Oujda, le premier quartier européen fut construit
en 1907 au Nord-ouest de la médina. Une trame viaire octogonale, et un style de
constructions élevées rappelant l’architecture coloniale Oranaise9, caractérise ce
quartier.
8
Claude CHALINE. Op. .cite p : 43.
9
Abdelkader GUITOUNI, op. cit, p : 59.
N
La ville d'Oujda en 1910
W E
Quartier Européen
S
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Légende
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Route principale.
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Rempart.
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# # # # Verdure.
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# Superficie bâtie.
Après avoir bâtis tous les espaces vides intra-muros, les européens
commencèrent à édifier sur les terrains libres et les jardins extra-muros. Les
constructions se réalisaient sans tenir compte des dispositions de l’urbanisme
traditionnel. En 1920, les autorités françaises décidèrent la création d’un marché
couvert extra-muros, quand au marché de la viande et la stalle des poissonniers,
autrefois, prés du Mellah, ils se sont déplacés prés de la koubba de sidi
Abdelouahab.
D’un autre coté, l’installation d’un camp militaire à un kilomètre au sud
de la médina, va déclencher les premières constructions de villas pour les colons
et les riches commerçants d’Algérie.
Les premières
villas construites
autour du camp
militaire au SSW
de la médina
Première gare
ferroviaire
actuellement
siège de l’ex
commune
urbaine sidi
Dris El Qadi
Ces deux édifices (gare et camp militaire), reliés par un axe routier,
formaient les éléments urbains de base de la nouvelle ville. Cette dernière va plus
tard engendrer une marginalisation de la médina.
Les principaux éléments structurants la ville en 1913
W E
#
L'ancienne gare férrovière
La médina
Légende
Périmetre urbain actuel.
Oueds.
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# # # # # #
# Premières implantations civiles européennes.
# # # # #
# # # # Les principaux éléments urbains coloniaux.
Camp Militaire Chemin de fer.
L'axe de liaison.
La médina.
Source: élaboration personnelle.
La liaison entre la médina est la ville coloniale s’est faite par la destruction
de la muraille et l’ouverture de voie carrossable à l’intérieur de la médina.
A cause des obstacles naturels qui sont l’oued nachef à l’ouest et les
jardins du côté Est, La ville coloniale va voir son extension selon l’axe N-S
«ancien avenue Foch» et actuellement boulevard Derfoufi. Afin de contrecarrer
l’extension urbaine de la ville selon cet axe, une cité satellite nommée Lazaret, a
été crée à l’Est, donnant ainsi à la ville une allure bipolaire. C’est également en
1946 que vont apparaître des noyaux d’habitat insalubre à la périphérie de la cité
satellite.
La ville d'Oujda en 1931
N
vers l'Algérie #
Légende
Constructions cladestines.
Nouvelle médina
La médina.
Route.
Oueds.
Voie ferrée.
Constructions.
10
R. PASKOFF . Op, cite. P.77
Infrastructure de la région N
Mer Méditerranée
Mellilia
Melliliar
# Nador Î# Saidia
Saidia
#Ñ W E
Province d'Al HOCEIMA AL Aaroui
Midar
# # # #
# Zaio Berkane
Oujda
# S
Ñ
#Taourirt
Province de TAZA # ALGERIE
Jerada
#
Ain Béni Mathar
Province de BOULEMANE
Légende
Réseau routier.
Les limites de la région.
Bouarfa# Frontière.
Î Port de pêche.
Ñ Aéroport.
Figuig # # Ville.
Province d'ERRACHIDIA
Port polyvalent.
r
L’église St Louis d’Anjou : à gauche photo ancienne 1920, à droite photo récente
Le parc Lalla Aicha, non loin de la médina, s’étend sur une superficie de
20 Ha, crée en 1935, avec ses piscines, terrains de sports, clubs de tennis et
d’équitation, des aires de loisirs pour enfants et de détente pour les habitants, il
constitue un endroit reposant par ses espaces verts très agréables.
Parmi les sites touristiques, nous citons le site Sidi Maâfa au pied de la
montagne couverte par la forêt. Il représente un espace de détente, offrant une vue
panoramique sur toute la ville, qui flatte le visiteur. La source thermale Ben
Kachour située à l’intérieur de la ville, reçoit chaque jour des centaines de
visiteurs.
L’oasis de sidi yahya avec son mausolée bien estimé tant chez les
musulmans que chez les juifs, ses palmiers et laurier et son cours d’eau, constitue
le lieu d’un moussem fréquentée annuellement par des Juifs de l’étrangers et par
une société à traditions très diversifiées de la wilaya.
D- SOCIETE ET TRADITIONS
Actuellement, la population de la Wilaya d’Oujda est d’environ 1.200.000
habitants, dont la majorité est urbaine et se concentre dans les plaines irriguées.
Dans ce territoire se combinent aussi des traditions, des danses et des musiques
populaires dont les chants Andalous (Gharnati) constituent l’originalité de la ville.
II-2 L’ORGANISATION ACTUELLE DE L’ESPACE
TRADITIONNEL
La médina d’Oujda née par un acte volontaire, a connu maintes
destructions à travers son histoire. Elle vit actuellement d’aigus problèmes de
dégradations.
En face fissuration
des murs porteurs
des habitations.
A gauche une
maison à vendre
11
Gilles LAMARQUE, L’exclusion, éd : presses universitaires de France, Paris, 1996. p :30
A- LA POPULATION DE LA MEDINA
La population de la vielle cité comptait d’après le recensement du RGPH
de 1994, 7463 habitants alors que celui de 1982 comptait 9482 habitants. La chute
de 2 1,29% correspond à 2019 personnes sur une durée de 12 ans, soit un
équivalent de 168 personnes par an. Le tableau suivant donne quelques données
démographiques de cette population.
Tableau n° 1 : Données démographiques de la médina.
RGPH : RGPH : 1994
1982
Population Population Nombre de Nombre de
ménage logement
9482 7463 1734 1494
Source : Etude réalisée par l’ANHI 1995.
En 1996 l’enquête menée par le BET au compte de l’ANHI a compté 7065
habitants. La régression du nombre de la population de la médina trouve son
explication dans trois principaux points :
- La vétuste et la dégradation de la qualité du cadre de vie ont poussés certains
propriétaires à quitter leurs habitations après les avoir fermé ou vendu.
- Transformation de plusieurs habitations en locaux d’activités économiques et
lieux de stockages de marchandises.
- Prolifération du fléau de la prostitution, de la délinquance juvénile et du trafic des
drogues, ignorés autrefois dans la médina, en effet, cette question d’insécurité
constitue la fondamentale explication du départ des habitants.
Tableau n° 2 : Evolution de la population de la médina et celle de la
communauté d’oujda.
Année 1982 1994 1996
Médina 9482 7463 7065
Communauté < 361000 361000 380000
d’Oujda
Densité de la 339 267 252
médina :
Habitant/Hectare
Source : Etude ANHI 1995
12
Eugène WIRTH, in cours : outils et pratique d’aménagement (dossier pédagogique)
participation de la délégation française « PACT-ARIM » qu’on traitera
ultérieurement. Plusieurs habitants autochtones ont quitté leurs habitations pour
les louer dans la majorité des cas à des couches très pauvres venues de la
périphérie de la ville.
Pour préserver le caractère traditionnel de la médina, il est indispensable
que toute intervention sur le cadre bâti de celle-ci, devait être prise en compte avec
rigueur par les services communaux concernés d’une part et d’atténuer de la
prolifération des activités commerciales au dépend des zones résidentielles
d’autre part.