Chapitre IV : Dispositions règlementaires relatives aux poteaux et poutres

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1. Introduction

Dans ce chapitre on abordera les dispositions règlementaires relatives aux poteaux

et aux poutres appartenant à la structure auto-stable, on verra aussi les calculs ainsi
que relatifs aux poutres continues.
Suite aux calculs des portiques sous l’effet des charges verticales (chapitre II) et
sous l’effet des charges horizontales (chapitre III), on commencera ce chapitre par le
calcul des sollicitations (M,N,T) sous l’effet des charges combinées.
En 2ème partie on abordera les dispositions réglementaires relatives aux poutres,
suivi de la 3ème partie dédiée aux dispositions relatives aux poteaux. On achèvera ce
chapitre par une 4ème partie consacrée aux calculs des sollicitations des poutres
continues.

2. Calcul des sollicitations (M,N,T) sous l’effet des charges combinées

Une fois les sollicitations (M,N,T) déterminées sous l’effet de G, Q et E chacune

appart, il s’agira de déterminer ces sollicitations sous l’effet des charges combinées selon
les combinaisons réglementaires données par le règlement Algérien le C.B.A.93 à savoir :
 Pour l’Etat Limite Ultime :
o 1,35 G + 1,5 Q
o G + Q + E (et G+Q+1,2E pour les poteaux des structures autostables)
o 0,8 G + E
 Pour l’Etat Limite de Service
o G+Q

Du point de vu pratique, on commence par tracer les diagrammes des moments

sous G appart, puis sous Q appart et puis sous E appart. Pour chaque nœud dans le
portique, on calculera les 4 moments (Mw ; Me ; Mn ; Ms) algébriquement suivant
une des combinaisons citées ci-dessus. On ajoutera les moments de mêmes signes (du
même côté du diagramme) et affectés de leurs de sécurité, et on retranche les moments
de signes contraires (de l’autre côté du diagramme).
On répète l’opération pour tous les nœuds du portique et pour tous les portiques
de la structure et on repèrera les sollicitations maximales afin de procéder aux calculs
de ferraillage dans les poutres et dans les poteaux.

3. Dispositions réglementaires relatives aux poutres

3.1. Généralités

Dans cette partie, nous nous intéresserons aux poutres solidaires aux poteaux
(dans un portique) ainsi que les poutres non solidaires aux poteaux (poutres continues).
On admettra que la poutre est simple si elle se compose d’une travée unique et est
continue si elle se compose de 2 travées et plus.
La portée (longueur) L de la travée sera mesurée en fonction de la nature du
système d’appuis :

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 Poutre non solidaire aux appuis (Appuis simples) :

 Poutre solidaire aux appuis (Appuis simples) :

3.2. Prédimensionnement

En ce qui concerne la hauteur h et la largeur b d’une poutre, il serait plus

économique de prévoir une poutre plutôt haute que plate (large). Cette dernière est plus
couteuse en Acier et difficile à ferrailler et à bétonner, en plus de sa faible rigidité.
Pour une poutre rectangulaire et pour les constructions courantes, et du point de
vue pratique, la hauteur h peut être estimée dans la fourchette suivante en fonction de
la portée L de la poutre :
𝐿 𝐿
<ℎ<
15 10
La largeur b de la poutre est estimée en fonction de la hauteur h et peut être
estimée à l’intérieur de la fourchette :

0,6 ℎ ≤ 𝑏 ≤ ℎ
Remarque :
Ces fourchettes sont données du point de vu pratique et peuvent ne pas être
respectées. Toutefois il faut respecter les valeurs minimales exigées par le Règlement
Parasismique Algérien (le RPA 99 Version 2003) qui préconise que :

- b  20cm
- h  30cm
- h/b  4.0
- bmax  1,5h + b1
h peut-être ramené à 20cm dans les ouvrages contreventés par voiles
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3.3. Charges

Les charges transmises de la dalle vers les poutres porteuses sont habituellement
constituées de charges permanentes (généralement le poids propre), des charges
d’exploitation, elles peuvent être aussi des charges climatiques (neige).
La charge permanente totale supportée par la poutre comprend son poids propre
et celle transmise par le plancher. Cette dernière dépend de la nature du plancher et
des dimensions des panneaux de dalle.

3.3.1. Dalle travaillant suivant une seule direction

a) Cas du plancher à corps creux :

La disposition des poutrelles sur les poutres donne résultat à deux types de
poutres :
 Poutres porteuses : celles qui supportent les poutrelles, elles auront à
supporter la charge totale du plancher plus son poids propre sous forme de
charge uniformément répartie.

 Poutres non porteuses : celles qui ne supportent pas les poutrelles. Elles ne
reçoivent aucune charge du plancher. Elles ne supportent que leurs poids
propres sous forme de charge uniformément répartie.

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b) Cas du plancher nervuré

Pour les planchers nervurés et dans le cas où la dalle travaille suivant une seule
direction, le sens porteur pour les poutrelles sera lx et donc les poutres suivant ly seront
les poutres porteuses et supporteront les charges du plancher tandis que les poutres
suivant lx seront les poutres non porteuses et ne supporteront que leurs poids propres.

3.3.2. Dalle travaillant suivant les deux directions

Ce cas ne peut se présenter que dans le cas des planchers nervurés. Pour chaque
panneau de dalle la charge est transmise vers les quatre (04) poutres supportant le
panneau, soit sous forme de charge triangulaire soit sous forme de charge trapézoïdale.
Toutes les poutres sont des poutres porteuses.

 Conversion des charges trapézoïdales et triangulaires en charges uniformément

réparties :
Pour faciliter les calculs de détermination des moments et efforts tranchants dans
les poutres et pour pouvoir utiliser les différentes méthodes approchées, monsieur
BELAZOUGUI Mohamed a proposé une méthode de conversion des charges
trapézoïdales et triangulaires en charges uniformément réparties.
La méthode consiste à déterminer la largeur de la dalle correspondante à un
diagramme rectangulaire qui donnerait le même moment maximum à mi-travée (largeur
lm) et le même effort tranchant maximum à l’appui (largeur lt) que le diagramme
trapézoïdal. Le diagramme triangulaire est un cas particulier du diagramme trapézoïdal.

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On considère que la poutre est isostatique.

On égalise les expressions des moments dus à la charge trapézoïdale et à la charge
uniformément répartie de longueur Lm.
Soit la charge surfacique q(KN/m²) appliquée sur la dalle, on aura donc :
 P=qxb
 Pm = q x Lm
 Pt = q x Lt

Charge trapézoïdale Charge uniformément répartie

Pour la détermination de Lm :
𝑃
Mmax = 𝑀𝑚𝑎𝑥 = 24 (3𝐿2 − 4𝑎2 ) =
𝑞.𝑏
(3𝐿2 − 4𝑎2 ) 𝑃𝑚 . 𝐿2 𝑞. 𝐿𝑚 2
24 𝑀𝑚𝑎𝑥 = = .𝐿
8 8
𝑞.𝑏 𝑞.𝐿𝑚 2 4.𝑎2 4.𝑎 2
(3𝐿2 − 4𝑎2 ) = .𝐿 𝐿𝑚 = 𝑏[1 − ] 𝑃𝑚 = 𝑞. 𝑏[1 − ]
24 8 3.𝐿2 3.𝐿2

Pour la détermination de Lt :
(𝐿 − 𝑎) (𝐿 − 𝑎) 𝐿 𝐿
𝑉𝑚𝑎𝑥 = 𝑃. = 𝑞. 𝑏 𝑉𝑚𝑎𝑥 = 𝑃𝑡 = 𝑞. 𝐿𝑡 .
2 2 2 2
(𝐿−𝑎) 𝐿 𝑎 𝑎
𝑞. 𝑏 2
= 𝑞. 𝐿𝑡 . 2 𝐿𝑡 = 𝑏. [1 − 𝐿 ] 𝑃𝑡 = 𝑞. 𝑏. [1 − 𝐿 ]

Remarque :
En posant a=L/2 la charge devient triangulaire

3.4. Détermination des Moments de Flexion

Pour la détermination des moments de flexion dans les poutres deux (2) cas
peuvent se présenter.
a. Cas des charges d’exploitation modérées : si les charges d’exploitation sont
modérées et en remplissant certaines conditions, les moments de flexion
sont déterminés à l’aide d’une méthode approchée appelée « Méthode
Forfaitaire pour les Poutres »
b. Cas des charges d’exploitation élevées : dans le cas des charges
d’exploitation élevées et les conditions de la méthode forfaitaire ne sont pas
remplies, on déterminera les moments à l’aide d’une méthode approchée
appelée « Méthode Caquot pour les poutres non solidaires aux poteaux ».

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3.4.1. Méthode Forfaitaire pour les Poutres

a/ domaine d'application

La méthode ne s'applique qu'à des éléments fléchis (poutres ou dalles calculées en

flexion dans un seul sens) remplissant les conditions suivantes :

- charge d'exploitation au plus égale à deux fois la charge permanente ou à 5 000 N/m²
- les moments d'inertie des sections transversales sont les mêmes dans les différentes travées en
continuité
- les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,8 et 1,25
- de plus, la fissuration doit rester peut nuisible

Dans les cas où l'une de ces trois conditions complémentaires n'est pas satisfaite,
on peut appliquer la méthode de calcul des planchers à charge d'exploitation
relativement élevée.

b/ Principe de la méthode

La méthode consiste à évaluer les valeurs maximales des moments en travée et

des moments sur appuis à des fractions, fixées forfaitairement, de la valeur maximale
du moment fléchissant Mo dans la « travée de comparaison », c'est-à-dire dans la travée
indépendante de même portée libre que la travée considérée et soumise aux mêmes
charges.

c/ Exposé de la méthode

Soit :
Mo : la valeur maximale du moment fléchissant dans la « travée de comparaison »
c'est-à-dire dans la travée indépendante de même portée libre que la travée considérée
et soumise aux mêmes charges.
Mw et Me : respectivement les valeurs absolues des moments sur appuis de
gauche et de droite et Mt le moment maximal en travée qui sont pris en compte dans
les calculs de la travée considérée.

des charges d'exploitation :

Q

GQ

Les valeurs de Mt , Mw et Me doivent vérifier les conditions suivantes :

Mw  Me
° Mt   1  0,3 M 0 , le second membre de l'inégalité n'étant pas
2
inférieur à 1.05 Mo .

° Le moment maximal en travée Mt n'est pas inférieur à :

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 1  0,3 
Mt   M 0 dans le cas d'une travée intermédiaire
 2 
 1,2  0,3 
Mt    M 0 dans le cas d'une travée de rive.
 2 

° La valeur absolue de chaque moment sur appui intermédiaire n'est pas

inférieure à :
0,60 Mo dans le cas d'une poutre à deux travées
0,50 Mo dans le cas des appuis voisins des appuis de rive d'une poutre
à plus de deux travées
0,40 Mo dans le cas des autres appuis intermédiaires d'une poutre
à plus de trois travées.

De part et d'autre de chaque appui intermédiaire, on retient pour la vérification

des sections la plus grande des valeurs absolues des moments évalués à gauche et à
droite de l'appui considéré.

3.4.2. Méthode Caquot pour les poutres non solidaires aux poteaux
a. Domaine d'application

La méthode s'applique essentiellement aux planchers des « constructions

industrielles », tels qu'ils sont définis (charge d'exploitation supérieure à deux fois la
charge permanente ou à 5 000 N/m²).

b. Principe de la méthode
La méthode est une méthode de continuité simplifiée due à Albert Caquot. Elle
apporte à la méthode de continuité théorique des corrections pour tenir compte :
- de la variation du moment d'inertie des sections transversales le long de la
ligne moyenne de la poutre par suite de la variation de la largeur efficace de
la dalle supérieure qui a pour effet de réduire dans une certaine mesure les
moments sur appuis et corrélativement d'accroître les moments en travée
par rapport à la continuité théorique
- de l'amortissement des effets des chargements des travées successives,
amortissement qui est plus important que le prévoit la continuité théorique,
ce qui permet de limiter le nombre des travées recevant les charges
d'exploitation.

c. Courbe Enveloppe et Principe des Travées Chargées et Déchargées

Pour pouvoir déterminer les sollicitations maximales (Mmax, Nmax, Vmax) dans
un élément quelconque, il ne suffit pas de connaître les actions uniquement et leurs
combinaisons. Il faut connaître la disposition de ces actions sur cet élément surtout les
actions variables qui sont, par leur nature, présents dans un temps et absents dans un
autre.
Si on prend une poutre à trois travées comme exemple, on verra que la présence
ou non de l’action variable sur les travées joue un grand rôle sur l’évaluation des
moments maximum dans la poutre. Avec la combinaison ‘’1,35G+1,5Q’’ nous aurons
quatre (4) cas différents :

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1/ Deux travées adjacentes chargées

Dans ce cas on obtiendra 1,5 Q

Le moment maximum à l’appui B 1,35 G
les autres moments sont quelconques
A B C D

2/ Une travée chargée l’autre déchargée alternativement

2.1/ 1ère Possibilité
Dans ce cas on obtiendra
les moments max en travées AB et CD
et le moment minimum en travée BC 1,5 Q 1,5 Q
1,35 G

A B C D

2.2/ 2ème Possibilité

Dans ce cas on obtiendra

le moment max en travée BC 1,5 Q
et les moments minimum 1,35 G
en travées AB et CD A B C D

3/ Deux travées adjacentes non chargées

Dans ce cas on obtiendra

le moment minimum à l’appui B
1,5 Q
1,35 G
A B C D

A partir de ces quatre (4) cas on trace les cas diagrammes des moments de flexion
et, on retrouve le diagramme des moments qu’on appellera « Courbe Enveloppe » qui ne
sera autre que la couche externe des 4 courbes et qui passera par tous les moments
maximum et minimum de toutes les travées de la poutre.

d. Exposé de la méthode Caquot

1) moments d'appuis

Les moments aux nus des appuis, considérés comme sections à vérifier, sont
calculés en ne tenant compte que des charges des travées voisines de gauche (w) et de
droite (e).

- On détache, de chaque côté des appuis, des travées fictives de longueurs l'w à
gauche et l'e à droite égales à la portée libre l de la travée si elle est
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simplement posée sur l'autre appui et à 0,8 l si elle est continue au-delà de
l'autre appui.

- Soit Iw le moment d'inertie de la travée de gauche

Ie le moment d'inertie de la travée de droite
 le rapport l'e Iw /l'w Ie

- Une charge uniformément répartie par unité de longueur q w sur la travée de

gauche et q e sur la travée de droite donne un moment d'appui égal en valeur
absolue à :

q w .l w'2   .qe .le'2

8,51   

-
P
Une charge concentrée w sur la travée de gauche ou e sur la travée de droite
P
à la distance a du nu de l'appui donne un moment d'appui égal en valeur
absolue à :

 k .P
i wi .l wi'
ou
  k i .Pei .lei'
1 1

1 ai  ai   a 
Où : ki  . 1  . 2  i 
2,125 l '  l'   l' 

Le moment final à l’appui sera déterminé en additionnant les moments dus aux
deux charges permanente et concentrée.

q w .l w'2   .qe .le'2  k i .Pwi .l wi   k i .Pei .lei

' '

Mb = + +
8,51    1 1

2) moments en travée

On trace la courbe des moments de la travée indépendante de portée l (et non l')
sous l'effet de la charge permanente, puis sous l'effet de la charge permanente et de la
charge d'exploitation, les différentes charges étant affectées du coefficient de
pondération correspondant à l'état limite considéré, en supposant dans chaque cas que
les charges d'exploitation peuvent ou non être appliquées dans les différentes travées.

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Le moment en travée Mt sera sensiblement égale au moment à mi-travée déterminé

à partir de formules de la Résistance des Matériaux et des valeurs des moments aux
appuis Mw et Me

Mw  Me
Mt  M0 
2

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