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MP-Spé Thermodynamique 2019-2020

Devoir Maison n◦3 : les matériaux magnétiques


Nous savons tous que certains matériaux ont des propriétés magnétiques, car nous avons déjà tous fait l’expérience de
l’utilisation d’aimants, qui ont la propriété de s’attirer ou de se repousser selon l’orientation de leurs pôles magnétiques.Ces
propriétés magnétiques sont dues à l’organisation microscopique de la matière dans les solides. Chaque atome peut être
considéré comme un dipôle magnétique, possédant un moment dipolaire magnétique → −
m. . On distingue alors trois cas
(principaux) possibles :


• →−m = 0 : Les atomes ne possèdent pas de moment magnétique, et le solide ne possède pas de propriétés magnétiques.
Ces solides sont qualifiés de diamagnétiques. C’est par exemple le cas de l’argent, du cuivre, de l’or et du plomb.


• −→m 6= 0 : et les moments magnétiques de chaque atomes pointent dans la même direction, constante au cours du
temps. Les moments magnétiques → −
m des atomes restent donc figés et parallèles. Le solide possède alors des propriétés
magnétiques, c’est un aimant. Ces solides sont qualifiés de ferromagnétiques. Exemples : le fer, le cobalt, le nickel et
l’acier (alliage de fer et de carbone).


• −→m 6= 0 : mais les moments magnétiques de chaque atome changent d’orientation aléatoirement au cours du temps. Ces
solides ne sont pas des aimants : ils ne s’attirent pas ou ne se repoussent pas. Il n’ont donc à priori pas de propriétés
magnétiques et sont qualifiés de paramagnétiques. Exemples : le platine, le manganèse, l’aluminium.

1 Aimantaion d’un solide :


L’aimantation (voir définition ci-dessous) est une grandeur caractéristique des solides magnétiques.


Définition : L’aimantation M d’un solide est le moment magnétique total du solide, c’est-à dire la somme de tous les
moments magnétiques des N atomes du solides, divisé par le volume du solide :

→ →− N
− m tot 1 X→ −
M= = m i (unité : A : m−1 )
V V i=1

− −
→ → −
• Pour un solide diamagnétique ∀i : → −
m i = 0 pra suite M = 0 . L’aimantation est nulle.
−−→ − −→ N−
• Pour un solide ferromagnétique ∀i : → −
m i = Cte = → m pra suite M = → m . L’aimantation est non-nulle.
V
• Pour un solide paramagnétique, la situation est un peu plus compliquée : les moments magnétiques → −
m i pointent dans
des directions aléatoires au cours du temps, il faut donc calculer la valeur moyenne de l’aimantation via les probabilités
de Boltzmann. C’est l’objet de ce devoir.

2 Solide paramagnétique plongé dans un champ magnétique :


Nous allons dans ce devoir nous intéresser à une expérience de mesure de l’aimantation d’un solide paramagnétique placé
dans un champ magnétique uniforme.
L’expérience considérée est la suivante : un solide paramagnétique contenant du manganèse est placé dans une bobine


parcourue par un courant, à l’intérieur de laquelle règne donc un champ magnétique uniforme noté B = B → −e z . L’expérimentateur
peut faire varier le champ magnétique à l’intérieur de la bobine en faisant varier le courant qui parcourt celle-ci. Un dispositif
−→
non détaillé ici permet la mesure de l’aimantation M du solide. L’expérience est menée à de très basses températures, dans
une enceinte cryogénique dont la température peut varier entre 1,8 K et 20 K.


Le résultat principal de l’expérience est le suivant : l’aimantation du solide paramagnétique est colinéaire au champ B


appliqué. On a donc : M = M (B)→ −
e z.
La figure ci-dessous présente les courbes M(B) obtenues expérimentalement pour différentes températures. B est indiqué
en Tesla (T) et M en unités électromagnétiques (in english : "emu" stands for "electromagnetic units"). Nous ne nous
préoccuperons pas de convertir cette unité dans le système SI. On constate que :

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• Lorsque B = 0, M = 0.
• A T=20K, M varie linéairement avec B.
• A T=1,8K, M varie linéairement avec B pour des champs
faibles mais sature pour des champs élevés.
• M est toujours du même signe que B.
L’interprétation qualitative de cette expérience est simple : comme
nous l’avons vu dans le cours sur les dipôles magnétiques, un dipôle
magnétique plongé dans un champ magnétique extérieur a tendance
à s’aligner avec ce dernier . Ainsi, lorsque le champ est suffisamment


fort, les moments dipolaires atomiques du solide sont alignés avec B


et l’aimantation est non-nulle et colinéaire à B .

− →

Lorsque B = 0 , le moments dipolaires sont orientés aléatoirement et l’aimantation moyenne est nulle.

Nous allons voir dans la suite comment prévoir théoriquement la courbe M(B).
3 Le solide paramagnétique à deux niveaux :
3.1 Modèle :
Nous allons ici étudier un modèle très simplifié du solide paramagnétique. On fait l’hypothèse qu’il n’y a que deux états
possibles pour chaque atome du solide :

— état 1 : le moment magnétique →



m de l’atome pointe vers le haut.
— état 2 : le moment magnétique →

m de l’atome pointe vers le bas.

On note →

m 1 et →

m 2 le moment magnétique de l’atome dans les états 1 et 2. On introduit m0 = |→

m| la norme du moment
magnétique →

et e z un vecteur de base de l’espace, orienté selon la verticale ascendante.


Nous allons de plus supposer que le solide est plongé dans un champ magnétique extérieur uniforme B = B →−e z.

3.2 Probabilité d’occupation des deux états :




1. Rappeler l’expression de l’énergie potentielle d’un moment magnétique plongé dans un champ uniforme B . Exprimer
l’énergie ε1 de l’atome dans l’état 1 et l’énergie ε2 de l’atome dans l’état 2. Quel est l’état fondamental de l’atome ?
Commenter.
2. Montrer que les probabilités p1 et p2 d’occupation des états 1 et 2 sont données par :

ex e−x m0 B0
p1 = et p2 = avec x=
2cosh(x) 2cosh(x) kT

On suppose que B > 0. Quelles sont les valeurs limites de ces probabilités à haute et basse température ? Commenter.

3.3 Calcul de l’aimantation :


Le moment magnétique moyen d’un atome est donné par : <→−
m >= p1 → −
m 1 + p2 →

m2


3. Montrer que : < m >= m0 tanh(x) e z →

Quelles sont les valeurs limites de < →

m > à haute et basse température ? Lorsque B 7−→ 0 et B 7−→ +∞ ? Commenter.


4. Montrer que l’aimantation du solide paramagnétique est donnée par : < M >= nm0 tanh(x)→ −
ez
où n = N/V est le nombre d’atomes par unité de volume.

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5. (a) Montrer que pour des valeurs du champ magnétique faibles, l’aimantation moyenne est proportionnelle à B :


→ nm20 →−
< M >= B (Ce résultat est appelé loi de Curie)
kT


(b) Quelle est la valeur limite de < M > lorsque B 7−→ +∞ ?
(c) Pour quelle valeur du champ magnétique a lieu la transition entre ces deux régime ?
6. On considère les courbes expérimentales M(B) présentées dans l’introduction.
(a) Expliquez l’allure des courbes pour la température la plus haute (20 K) et la température la plus basse (1,8 K).
(b) Évaluer le champ magnétique de transition entre les régimes de faible et de fort champ pour la courbe à T = 1,8
K. En déduire l’ordre de grandeur de m0 .
Donnée : kB = 1, 38.10−23 J.K −1
Pour comparaison : La physique quantique prévoit que le moment magnétique d’un atome est de l’ordre de :
e}
µB = = 9, 27.10−24 A.m2 (µB est appelé magnéton de Bohr)
2me

3.4 Capacité calorifique d’un solide paramagnétique :


Dans cette partie, on s’intéresse au calcul de la capacité calorifique molaire d’un solide paramagnétique.
7. Monter que l’énergie moyenne d’un atome est donnée par : < ε >= −m0 B tanh(x)
Cm = Rx2 (1 − tanh(x)2 )
8. En déduire que l’énergie totale du cristal, puis la capacité calorifique molaire :
kT
La courbe théorique donnant Cm = Rx2 (1 − tanh(x)2 ) en fonction de 1/x = est donnée ci-dessous (gauche)
m0 B
ainsi qu’une courbe expérimentale de mesure de capacité calorifique en fonction de la température d’un solide
paramagnétique appelé Fe-cordierite (a droite). Ces courbes présentent un maximum, et ce phénomène est appelé
anomalie de Schottky.

On remarque que la courbe théorique passe par un maximum pour 1/x ' 0, 8 et la courbe expérimentale pour
T ' 10K.
9. Déduire de ces données l’écart entre les deux niveaux d’énergie ε2 − ε1 = 2m0 B, en eV.

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