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Chapitre 4 : LE FERROMAGNETISME

Expressions clés : domaines de Weiss, cycle d'hystérésis

Le ferromagnétisme est une propriété qui ne se manifeste qu'à l'état solide. Les substances
ferromagnétiques sont caractérisées par une intensité d'aimantation élevée.
1. Lois de Pierre Curie
Dans sa thèse, Pierre Curie a établi les lois suivantes.

Existence d'une aimantation spontanée Ms

Au-dessous d'une température critique, qf , température ferromagnétique de Curie, les corps


ferromagnétiques montrent un phénomène d'hystérésis et possèdent une aimantation spontanée
Ms et une aimantation rémanente Mr .

Loi de Curie-Weiss

Au-dessus de qf , les corps ferromagnétiques deviennent paramagnétiques. La variation de leur


susceptibilité magnétique par unité de volume χ v en fonction de la température obéit à la
C
relation : χ v = où C est la constante de Curie, q, la température paramagnétique de Curie.
T −θ

2. Les expériences gyromagnétiques


2.1 Méthode de Barnett-Richardson
On place un cylindre de substance ferromagnétique dans l'axe d'un solénoïde où l'on crée un
champ d'induction magnétique par passage de courant de décharge de condensateur C.
L'impulsion de précession donnée aux gyroscopes électroniques se manifeste par une légère
rotation du cylindre autour de son axe. Cette expérience permet de calculer le rapport du
Ω
moment magnétique ampérien au moment cinétique : ΓA , appelé rapport gyromagnétique.

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2.2 Méthode de Einstein-de Haas
La méthode de Einstein-de Haas consiste à faire subir à un cylindre ferromagnétique une rotation,
ce qui entraîne une magnétisation de la substance.
2.3 Conclusion
L'aimantation spontanée des substances ferromagnétiques est liée aux moments magnétiques de
spin.
3. Travaux de Pierre Weiss (1907)
3.1 Première hypothèse : existence des domaines
Un spécimen ferromagnétique, de dimensions macroscopiques, contient en général des
domaines, qui sont spontanément aimantés, l'intensité d'aimantation varie d'un domaine à un
autre. La valeur de l'aimantation spontanée est déterminée par la somme vectorielle des
aimantations spontanées des différents domaines.
3.2 Deuxième hypothèse : le champ moléculaire
Le champ effectif agissant sur un moment magnétique élémentaire dans un milieu
ferromagnétique ne doit pas être identifié au champ H ⃗ mais à H ⃗ +λ M⃗ , où M ⃗ est
l'intensité d'aimantation et l une constante indépendante de la température, appelée constante
du champ moléculaire ou constante de Weiss. Le champ moléculaire H⃗ m=λ M ⃗ est à l'origine
de l'alignement parallèle des moments magnétiques élémentaires dans les domaines.
3.3 Le champ moléculaire de Weiss
Un champ de la forme λ M⃗ peut conduire à l'existence de l'aimantation spontanée, à la
température ferromagnétique de Curie et à la loi de Curie-Weiss.
On considère un solide contenant N atomes par unité de volume. Chaque atome a un moment
angulaire total ⃗
J .
Pour un corps paramagnétique on peut écrire : M =N g μ B J B J ( x ) , où g est le facteur de
Landé de l'atome, mB le magnéton de Bohr, J le nombre quantique interne de l'atome, B J(x), la
g μ μ J ( H +λ M )
fonction de Brillouin avec x= 0 B .
kT
Pour un corps ferromagnétique il faut remplacer dans l'expression de x, compte tenu de
l'hypothèse de Weiss, par H+lM, d'où :

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g μ 0 μ B J ( H +λ M )
x= .
kT
Comme les corps ferromagnétiques possèdent une intensité d'aimantation, même en l'absence
⃗ =⃗
d'un champ extérieur, on peut se placer dans le cas où H 0 , de sorte que :
kT
M= x .
λ g μ0 μ B J

M est déterminé graphiquement à une température donnée, par l'intersection d'une courbe C (N
kT
g mB J B(x)) et une droite Δ ( x) qui passe par l'origine des coordonnées.
λ g μ0 μ B J

– Lorsque T <θ f , il y a intersection de C et D ; il y a aimantation spontanée et on est dans


le domaine ferromagnétique.

– Lorsque T =θ f , la droite D se confond avec la tangente à l'origine de la courbe C et


J +1
sachant que B J (x )= x quand x x ≪1 , on peut écrire :
3J
k θf J +1 Ng 2 μ 0 μ 2B J ( J +1)
x=Ng μ B J x , d'où θ f = λ
λ g μ0 μ B J 3J 3k

Ainsi, qf est proportionnel à l.

Dans le cas du nickel, qf=631K et l=900.

– Lorsque T >θ f , la droite D ne coupe plus la courbe C, il n'existe plus d'aimantation


spontanée et on est dans le domaine paramagnétique où l'aimantation induite ne se manifeste
qu'en présence d'un champ extérieur, dont il faudra tenir compte dans ce cas.
On se place dans le cas de l'approximation linéaire avec un champ extérieur très petit. La fonction
J +1
de Brillouin (étant donné que x est beaucoup plus petit que 1) se réduit à x et l'on peut
3J
J +1 J +1 g μ0 μ B (H +λ M ) J
écrire : M =Ng μ B J x=Ng μ B J , d'où
3J 3J kT

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H
M [T −N μ 0 g 2 μ 2B J ( J +1) λ ]= N μ 0 g 2 μ 2B J ( J +1) .
3k 3k
On retrouve la loi de Curie-Weiss.

N μ 0 g 2 μ 2B J (J +1)
C est la constante de Curie, C= .
3k
θ=λ C est la température « paramagnétique » de Curie.
4 Variation de l'intensité d'aimantation spontanée avec la température
La composante maximale, dans n'importe quelle direction d'un moment magnétique ampérien
associé à un nombre quantique J est g J mB. On en déduit la valeur maximale de M : MS = N g J mB.

On peut retrouver ce résultat en utilisant la courbe de Brillouin. En effet, quand x tend vers
l'infini, BJ(x) tend vers 1 et ceci se produit pour T=0. On posera :
M (T )
M (0)=NgJ μ B d ' où =B J (x ) .
M (0)
On a vu que :

kT θ 3k θ f
M (T )= x et λ= f = , on obtient donc l'expression de
λ g μ0 μ B J 2 2
C N μ 0 g μ B J (J +1)
J +1 T M (T ) T J +1
M(T) : M (T )=Ng μ B J x et = x (courbes théoriques de la figure).
J 3θf M ( 0) θ f 3J

Les points expérimentaux pour le fer et le nickel sont voisins de la courbe J=1/2 lorsqu'on est loin
du point de Curie.

Pour les corps ferromagnétiques, les nombres effectifs de magnétons de Bohr Peff sont non
entiers.

D'après la loi de Curie-Weiss la courbe 1/cv en fonction de T doit coïncider avec une droite qui

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couperait l'axe des abscisses au point T=q. L'expérience confirme avec précision les prévisions
théoriques sauf dans la région proche du point de Curie où la courbe cesse d'être linéaire et
accuse une concavité vers l'axe des ordonnées et permet de déterminer une température qf
inférieure à q. Cette distinction est vérifiée pour le fer, le cobalt et le nickel (tableau).

Fe Co Ni
qf (K) 1043 1393 631

q(K) 1093 1428 650

5 Les domaines ferromagnétiques


Pour expliquer qu'en l'absence de champ un corps ferromagnétique n'est pas aimanté, Weiss a
inventé les domaines, tous aimantés à saturation mais dans des directions différentes (figure).

Un domaine est un petit volume contenant 1017 à 1021 atomes ayant leur moment aligné de sorte
que le module de l'intensité d'aimantation M ⃗ y acquiert une valeur élevée. Comme la
direction de M ⃗ varie d'un domaine à un autre, il peut se produire que l'intensité globale de
l'échantillon s'annule. Barkausen le premier et Sir Francis Bitter par la suite ont vérifié
expérimentalement l'existence des domaines.

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Les figures de Bitter sont un réseau de lignes dessinées sur la surface d'un corps ferromagnétique
par de la limaille de fer très fine. Elles correspondent à l'intersection par la surface des contours
des domaines d'aimantation spontanée de l'intensité H du champ extérieur I=f(H) est appelé
courbe d'aimantation (figure).
L'effet Barkausen consiste en l'aimantation induite dans une tige de métal ferromagnétique par
un champ magnétique croissant régulièrement. Cette aimantation varie de façon discontinue par
suite du renversement brusque de l'aimantation dans les domaines d'orientation spontanée.
5.1 Cycle d'hystérésis
On appelle processus d'aimantation des ferromagnétiques l'apparition d'une aimantation
résultante dans ceux-ci sous l'action d'un champ magnétique extérieur. La dépendance de
l'aimantation I de l'intensité H du champ extérieur I=f(H) est appelé courbe d'aimantation (figure).
Il existe deux types de processus d'aimantation :
- le déplacement des parois, consistant en l'accroissement des domaines, dans lesquels
l'aimantation est orientée presque parallèlement à la direction du champ extérieur au détriment
des domaines voisins ;
- la rotation consistant en la modification spontanée des domaines isolés ou de tout le cristal par
rotation du vecteur aimantation à sa saturation.

Le phénomène d'hystérésis magnétique des ferromagnétiques consiste en retard de la variation


de l'induction magnétique ⃗B sur la variation de l'intensité de champ extérieur magnétisant,
conditionné par la dépendance de ⃗ B de ses valeurs précédentes. Le cycle d'hystérésis est la
conséquence des variations irréversibles qui ont lieu lors de l'aimantation et de l'inversion
d'aimantation.
L'hystérésis magnétique est due aux processus irréversibles de déplacement des parois entre les
domaines d'aimantation spontanée et aux processus de rotation. On appelle cycle ou boucle
d'hystérésis la courbe de variation de l'induction magnétique du corps ferromagnétique dans un
champ magnétique extérieur lors de la variation de l'intensité de ce dernier de -H s à +Hs et
inversement, où Hs est l'intensité du champ magnétique correspondant à la saturation.

L'induction de saturation est la valeur de l'induction magnétique ± B⃗s atteinte pour l'intensité

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de champ extérieur ± H⃗ s . L'induction ± B⃗r conservée dans l'échantillon après la
décroissance de l'intensité de champ de ± H⃗ s à 0 est dite induction rémanente ; la fabrication
des aimants permanents est fondée sur son existence.
L'intensité Hc du champ inverse qui annule l'induction magnétique est appelée champ coercitif.
L'aire du cycle d'hystérésis Ph (pertes par hystérésis) est proportionnelle au travail développé lors
de l'inversion d'aimantation : P h=∮ H dB en u. SI.

Selon les valeurs de Hc et Ph les ferromagnétiques se divisent en ferromagnétiques doux (H c est de


l'ordre de dizaines d'oersteds, l'aire Ph est petite) et en ferromagnétiques durs (Hc est de l'ordre
de 102-103 OE, Ph est grande).

10 3
1OE= Am−1=79,6 Am−1

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