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Présentation
Vouloir transmettre d'un point à un autre les paroles d'une voix humaine ou des données numériques est un sujet fort intéressant, que je ne
développe pas beaucoup sur mon site car je n'ai tout simplement pas une grande expérience dans ce domaine. Je vais toutefois essayer de
causer en termes simples du peu que je sais, appris au fil de mes maigres expériences et de mes nombreuses lectures. Voir aussi page
Modules Tx-Rx.
Porteuse HF
On entend parfois parler de "porteuse" (carrier en anglais) ou "porteuse HF" sans trop savoir de quoi il s'agit. Une porteuse
est simplement un signal qui sert de support pour transporter le signal utile (celui qu'on veut transmettre tel que voix, musique, données
analogiques ou numériques). Quand on reste dans le domaine des transmissions analogiques, la porteuse est un simple et unique signal
sinusoïdal. Dans le domaine de la diffusion numérique (TNT et RNT par exemple) on dispose d'une multitude de porteuses qui se partagent
les informations à transmettre. Nous ne parlerons pas ici du cas de ces multi-porteuses. La particularité d'une porteuse est d'osciller à une
fréquence bien plus élevée que la fréquence maximale du signal à transmettre. Supposons que l'on veuille transmettre un discours parlé ou
chanté sur 10 km à la ronde (ou à la noire si l'orateur parle vite). On peut certes envisager l'emploi d'un très gros amplificateur associé à
plein de haut-parleurs, mais ça fait tout de même désordre et après le discours il faut tout ranger. Au lieu de ça, mieux vaut utiliser un
émetteur unique qui "émet des ondes" que plusieurs récepteurs peuvent capter simultanément. Mais la physique ne s'invente pas. Si on veut
transmettre la voix de l'orateur en se contentant de raccorder en sortie d'amplificateur BF une boucle filaire ou une immense antenne, ça
fonctionnera mais pas très loin (compter quelques mètres voire dizaines de mètres, on en cause à la page boucle magnétique 001). Non, on
ne peut pas faire comme ça. Pour que la transmission puisse se faire sur une distance confortable, il faut utiliser une onde porteuse qui sert
d'intermédiaire et qui elle a moins de mal à franchir les distances. Le choix de la fréquence de cette onde porteuse dépend :
- du type d'information à transmettre (voix radio info ou télé numérique HD),
- des performances attendues;
- de la distance que l'on veut parcourir,
- du relief du terrain entre émetteur et récepteur (à partir de 50 MHz, les ondes se ropagent de plus en plus en ligne droite et craignent les
obstacles),
- du prix que l'on accèpte de payer à son fournisseur d'électricité ou à son revendeur de piles,
- des autorisations que les autorités compétentes veulent bien nous accorder.
Car vous imaginez bien le carnage des ondes qui s'entrechoquent si personne ne venait mettre un peu d'ordre là-dedans ! Tout cela est très
réglementé, et des plages de fréquences ont été réservées pour tel ou tel type de transmission (CB, radiodiffusion, télévision, téléphones
portables, radars, etc). En plus de ces réservations de plage de fréquences, des caractéristiques techniques assez sévères sont demandées
aux circuits émetteurs pour limiter au maximum les risques de brouillages avec d'autres équipements qui ne fonctionnent pas forcement dans
les mêmes plages de fréquence. Deux circuits émetteurs voisins qui travaillent à des fréquences très élevées et proches l'une de l'autre
peuvent très bien brouiller un récepteur travaillant dans une plage de fréquence bien plus faible. Surtout vrai si les appareils sont faits maison
et qu'ils sont insuffisement filtrés en sortie HF. Bref, avant de s'aventurer dans le domaine de l'émission, mieux vaut avoir quelques
connaissances sur les risques de brouillages encourus. Ce n'est pas compliqué à comprendre mais il faut le savoir.
Ce type de représentation très "propre et régulière" fait très scolaire et c'est normal car on travaille rarement avec des fréquences fixes lors
d'une transmission radio. Les graphes suivants sont plus représentatifs de choses qu'on peut trouver dans la réalité : le signal modulant
(courbe jaune) n'est plus un signal de fréquence fixe 1 kHz mais un extrait de voix humaine parlée volontairement filtré avec un filtre passe-
bas coupant à 1 kHz (on aurait aussi bien pu ne pas filtrer ce signal source et adopter une fréquence de 100 kHz pour la porteuse).
Regardez comme la forme (on dit aussi enveloppe) de l'onde porteuse 10 kHz (courbe verte) ressemble au signal modulant (courbe jaune).
C'est aussi vrai pour la courbe bleue, mais comme pour cette dernière la porteuse n'est pas modulée à son maximum, la ressemblance est
moins évidente. A noter aussi la symétrie de l'enveloppe de la porteuse par rapport à la valeur zéro, qui pourrait laisser penser à juste titre
qu'au moment de la réception on pourrait avoir le choix entre signal source avec phase d'origine ou phase inversée...
Le problème est parfaitement visible : l'enveloppe de la porteuse ne ressemble plus du tout au signal source modulant. Ce qui est très
gênant car il devient alors absolument impossible de restituer le signal source à la réception. Il est vraiment primordial que la fréquence
maximale du signal à transmettre reste très inférieure à la fréquence de la porteuse. On peut faire un peu l'analogie de ce problème avec
celui rencontré avec les convertisseurs analogique / numérique, dont la fréquence d'échantillonnage doit avoir une valeur au moins deux fois
plus élevée que la fréquence maximale du signal à échantillonner (théorème de Shannon / Nyquist).
Côté récepteur
La récupération du signal source modulant se fait assez aisement, à la condition énoncée ci-avant. On récupère les variations d'amplitude de
l'onde porteuse (pour rappel c'est ce qu'on appelle l'enveloppe) et on se débarasse du signal haute-fréquence. Finalement la porteuse n'est
que le support de transmission, on n'en a plus besoin une fois notre signal utile récupéré. Comment faire pour récupérer l'enveloppe de la
porteuse sans garder la porteuse elle-même ? Avec un simple redresseur à diode et condensateur qui fait aussi office de filtre passe-bas et
dont les composants (diode, condensateur et résistance) sont calculés pour laisser passer juste ce qu'il faut, à savoir les signaux de
fréquence les plus basses. Cette façon de faire est vraiment simple, économique et donne des résultats satisfaisants. Si vous avez déjà
écouté une émission de radio diffusée sur les grandes ondes (RTL, RMC, Europe 1 ou France Culture), vous avez sans doute noté ce
manque d'aigus si caractéristique. Mais avouez tout de même qu'en termes généraux (distorsion, souffle, bande passante), on peut écouter
de la parole et de la musique sans trouver ça désagréable. Bon d'accord, la dynamique n'est pas si terrible que ça, cela est du à un fort taux
de compression de dynamique opéré juste avant la diffusion. Mais si vous cherchez dans les vieux schémas électroniques, vous risquez
d'être surpris par la simplicité de mise en oeuvre d'un récepteur GO ou PO (le modèle le plus simple ne comporte qu'une poignée de
composants et ne nécessite pas d'alimentation. Mais il faut le relier à une prise de terre et à une antenne de plusieurs mètres. A moins bien
sûr d'habiter juste à côté d'un centre d'émission GO, auquel cas l'expérimentation vaut vraiment le coup d'être menée.
Si comme on l'a fait pour la modulation d'amplitude on remplace le signal modulant fixe de 1 kHz par un signal audio réel, voici ce que cela
donne.
Ce deuxième ensemble de courbes est assez parlant, en tout cas pour la courbe verte pour laquelle l'excursion maximale de fréquence est
bien nette car "bien réglée". Si on fait la correspondance entre signal modulant (courbe jaune) et porteuse modulée (courbe verte), on voit
parfaitement que les variations d'amplitude de la porteuse sont plus lentes - ce qui correspond bien à une fréquence plus faible - quand le
signal modulant est à sa valeur la plus basse (crête négative). A l'opposé, la fréquence maximale de la porteuse est obtenue pour les crêtes
positives du signal modulant (un peu moins facile à voir sur les courbes, mais on le sent avec les parties les plus "remplies"). En même
temps, l'amplitude maximale de la porteuse reste parfaitement constante, on n'a pas de modulation d'amplitude liée au signal source
modulant.
Côté récepteur
Un récepteur FM est moins simple à construire qu'un récépteur AM. Voilà qui est dit. Et vous me croyez ? Vous savez pourtant qu'il ne faut
pas croire tout ce qu'on vous dit ! C'est vrai et faux à la fois. Pour faire un récepteur FM, on peut s'en sortir avec quelques transistors ou avec
un seul et unique circuit intégré (un TDA7000 par exemple). Mais dans ce cas on obtient une qualité d'écoute standard. Pour une écoute
"haut de gamme", il faut mettre le paquet et bien connaitre le sujet (ce qui n'est pas mon cas). Et c'est encore plus vrai quand il s'agit de
décoder un signal audio stéréo. Et oui, sans décodeur stéréo, on dispose d'un signal mono où les voies gauche et droite sont mélangées (si
la diffusion du programme radio est assurée en stéréo bien sûr). D'un point de vue haute fréquence, le signal source ne se voit pas dans
l'amplitude de la porteuse et on ne peut pas se contenter d'un redresseur / filtre comme celui employé dans un récepteur AM. Le signal utile
étant "caché" dans les variations de fréquence de la porteuse, il faut trouver un moyen de transformer ces variations de fréquence en
variations de tension, procédé inverse (miroir) de celui utilisé à l'émission. Le système qui assure cette fonction s'appelle un discriminateur
FM et à la base se compose d'un circuit oscillant (et résonnant) dont la réponse fréquence / amplitude à la forme d'une "cloche". Pour la
fonction de discrimination, on peut utiliser des composants discrets (petits transfos, diodes et condensateurs) ou un circuit intégré spécialisé
(SO41P par exemple). Ce qui laisse à chacun le loisir d'opérer selon ses plus intimes convictions...
Transmission en FSK
Ce type de transmission s'apparente à de la modulation de fréquence. Sauf qu'au lieu de travailler avec une infinité de valeurs possibles
entre deux valeurs extrêmes, on ne travaille qu'avec deux valeurs de fréquence. Ce qui convient bien pour transmettre des données
numériques mais qui ne convient guère pour envoyer une information de type analogique (sauf si bien sûr on la numérise au préalable). Ce
type de modulation est utilisé par les modems en mode "analogique simple", ces bons vieux modems RTC qui atteignaient parfois avec
peine des débits de quelques kbps. C'est aussi ce type de modulation qui est utilisé pour la transmission des données d'identification
d'appelant qui moyennant abonnement auprès de l'opérateur de téléphonie, permet d'afficher sur son téléphone le numéro et le nom de
l'appelant au moment de la première sonnerie (et si on arrive à exploiter ces infos, on peut même essayer de se fabriquer un bloqueur de
sonnerie pour les appels privés, tentative).
La courbe jaune représente le signal modulant qui ici est une simple horloge de fréquence fixe mais qui dans la pratique est constitué des
données numériques à transmettre. La courbe bleue représente le signal modulé en fréquence, on voit nettement qu'il ne peut prendre que
deux valeurs possibles : une première valeur quand l'état logique du signal modulant est à 0, et une seconde valeur quand l'état logique du
signal modulant est à 1. L'amplitude de la porteuse reste constante quel que soit l'état logique de l'information à transmettre.
Remarque : cet écran montre une fréquence porteuse dont la valeur absolue est supérieure quand l'état logique du signal modulant est à 1,
mais l'inverse est aussi possible.
Transmission en numérique
Dans son application la plus simple, une transmission numérique donne à la porteuse la possibilité d'avoir deux états possibles qui
correspondent à un état logique haut (valeur 1) ou un état logique bas (valeur 0). Ces deux états peuvent être identifiés par une amplitude
différente de la porteuse (analogie évidente à faire avec la modulation d'amplitude), ou par une valeur différente de sa fréquence (modulation
de fréquence). En mode AM, on peut par exemple décider qu'un taux de modulation de 10% correspond à un état logique bas et qu'un taux
de modulation de 90% correspond à un état logique haut. En mode FM, on peut par exemple décider que la fréquence centrale correspond à
un état logique bas et qu'une excursion de fréquence de 10 kHz correspond à un état logique haut. Si on veut transmettre un très grand
nombre d'informations numériques en un temps très court et avec une forte protection contre les erreurs de transmission (détection et
correction d'erreurs évoluées), on peut émettre en même temps plusieurs porteuses et non plus une seule. Par exemple 4 porteuses, 100
porteuses ou plus de 1000 porteuses. C'est ce qui se fait pour la télévision numérique terrestre (TNT) et pour la radio numérique terrestre
(RNT), par exemple. La réalisation d'un modulateur produisant plusieurs porteuses (OFDM par exemple) n'est plus du domaine amateur, et
nous n'en parlerons pas ici. Mais même en retsant dans le domaine amateur, on peut faire pas mal de choses ! Dans d'anciennes
télécommandes pour modèles réduits, on pouvait faire appel à une fonction de transmission numérique fort simple : activation ou
désactivation de la porteuse HF de l'émetteur, avec un récepteur qui détectait simplement la présence ou l'absence de la porteuse (sans
porteuse on avait beaucoup de souffle donc "BF" de volume important, et en présence de porteuse le souffle disparaissait on le signal "BF"
disparaissait). Dans d'autres types de télécommande, on mettait en oeuvre un principe de "proportionalité" qui permettait de transmettre
plusieurs informations à la suite, en utilisant simplement des monostables produisant des crénaux de durée variable. La durée des
impulsions reçues correspondait alors à des valeurs "numériques" bien précises.