Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction 1
2. L’oralité passive 11
3. L’oralité active 25
4. L’analité expulsive 41
5. L’analité rétentive 71
8. L’intra-utérin 143
Conclusion 181
Quelques notions
pour commencer
***
Figure 1.1.
LE ÇA
LE MOI
LE SURMOI
Le SURMOI est situé dans le pré-conscient. On y trouve, bien
emmagasiné, le catalogue de toutes les règles, des valeurs, des
interdits, des obligations et des normes sociales. Ces règles et
ces normes évoluent en fonction de l’âge (on n’obéit pas aux
mêmes règles étant enfant qu’à l’âge adulte !), mais aussi en
fonction du pays ou de la région où l’on habite, en fonction de
la religion, etc. Pour reprendre l’histoire du câlin sur la plage,
c’est le SURMOI qui empêche le MOI de céder à la tentation, au
risque de déplaire au ÇA : il y a des règles, et le SURMOI est là
pour les faire entendre, un point c’est tout.
LE TRIO
Vous rendez-vous compte des problèmes posés au MOI ? S’il
fait plaisir au ÇA (en permettant le câlin par exemple), il se met
en faute par rapport au SURMOI, donc par rapport aux règles
sociales : il risque d’être puni. Mais s’il tient compte de ces
10 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
L’oralité passive
Figure 2.1.
J’ai expliqué tout à l’heure que cette période est très incon-
fortable pour le bébé (morcellement, stress), même s’il fait
des risettes et « sourit aux anges ». Or, ce sont justement les
difficultés qui le poussent à trouver des solutions pour structurer
son MOI. C’est donc positif pour lui. Paradoxalement, ce sont
16 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
les problèmes qui vont le faire réagir, alors qu’un enfant trop
protégé par la mère se complaira dans une douce quiétude, ce
qui peut donner plus tard des ressentis d’infériorité quand il sera
face à des problèmes qu’il n’aura pas appris à gérer.
Pour résumer, la personnalité du bébé est au départ la réunion
de morceaux épars qui doivent se cimenter. Le MOI est justement
ce qui permet à ces morceaux de se maintenir unis. Je suis en
train de parler, bien évidemment, d’éléments psychologiques,
donc immatériels, d’une énergie : le MOI peut se définir comme
une énergie de liaison qui permet à la personnalité d’être
structurée et cohérente. Cette structure et cette cohérence ne
se mettent pas en place chez les enfants psychotiques. Mais
nous allons nous occuper seulement des enfants dont le MOI a
réussi à se former.
Une fois formé, le MOI est indestructible, sauf perturbation
très grave (bombardement, séisme, viol, etc.) : par exemple, on
a pu voir le MOI (le conscient) d’une personne éclater, c’est-
à-dire se déconnecter de la réalité. La personne n’avait plus la
conscience d’exister après avoir été coincée des heures, voire des
jours sous des gravats lors d’un séisme ou d’un bombardement.
Mais en dehors de ces cas extrêmes, une fois le MOI construit,
il est solide. Il peut toutefois y avoir des perturbations dans
cette magnifique énergie de liaison. On dit alors que le MOI est
faible : il est construit, mais de manière fragile, ce qui est le cas
quand les conditions de sa construction ont été difficiles (rejet
de la mère, difficultés pour elle de s’occuper correctement de
son enfant). Il reste dans ce cas chez le bébé des sentiments de
fragilité. C’est un peu comme si tous les morceaux étaient bel
et bien reliés mais enfermés dans un sac aux parois élastiques
donc déformables, ce qui ne permet pas au contenu de garder
une unité de forme : on pourrait craindre alors que ça se déchire
et que tout s’éparpille. Cette crainte, qui est ce qui définit le
mieux ces sentiments de fragilité, est totalement subjective.
Dans le cas où cette crainte, ces sentiments de fragilité sont
ressentis par l’enfant, cela produit une personnalité complète et
unie, mais avec des ressentis importants de fragilité, de peurs,
de dangers, de morcellement, etc. Tout cela génère une angoisse
2. L’ ORALITÉ PASSIVE 17
Bon, voilà la réponse. L’oral passif, celui qui garde des ressen-
tis de cette période, recherche des ambiances calmes et douces,
2. L’ ORALITÉ PASSIVE 19
Professionnellement
On va les retrouver dans tous les domaines où ils pourront
être des exécutants. Ce seront des généralistes plus que des
spécialistes, sauf dans des métiers qui touchent aux origines de
la vie et de l’Histoire tels que : archéologues, ethnologues, géné-
ticiens, théologiens... Leur intuition, et le fait qu’ils fusionnent
sans savoir mettre une frontière entre eux et les autres, les fait
2. L’ ORALITÉ PASSIVE 21
ATTENTION
Exercice
Pour que ce soit plus clair, je vous propose de vous mettre
dans la peau d’une personne ayant des restes importants d’OP
et de raconter un voyage comme cette personne le ferait. Vous
pourrez faire cet exercice au fur et à mesure que nous aborderons
chaque stade en vous mettant dans la peau d’une personne
concernée par le stade en question. Cela vous permettra de bien
mettre en évidence la différence de ressentis, de besoins et de
comportements. Je vous demanderai de choisir toujours la même
destination.
Quant à moi, j’ai choisi la Martinique et donc je me mets
dans la peau d’une personne OP. Je vous recommande de lire
mon voyage après avoir écrit le vôtre...
***
L’oralité active
Figure 3.1.
Signes alarmants
Causes de l’abandon
Objectivement d’abord, il peut y avoir abandon de la mère.
Une mère qui quitte le foyer dans cette période-là, ce sera vécu
par l’enfant comme tel. C’est pareil pour le décès de la maman,
ou lorsqu’un enfant est maltraité ou battu. Voilà pour les causes
objectives.
Ensuite, il y a évidemment plusieurs causes subjectives qui
pourront amener l’enfant vers le ressenti d’abandon :
• la naissance d’un autre enfant avant qu’il atteigne ses 2 ans
environ. Là, ce n’est vraiment pas cool. Vous vous rendez
compte, un jour sa maman part dans une clinique et quand il
la revoit, elle est avec une espèce de machin tout petit. On lui
dit que c’est son petit frère ou sa petite sœur et on lui demande
d’être gentil avec ce bébé. Il ne faut pas trop le toucher ; il
faut le regarder téter sa maman ou prendre le biberon ; toute la
famille vient le voir. Sa maman n’est plus là de la même façon
pour lui et quelqu’un a pris sa place. Bonjour l’angoisse...
Face à ça, si la maman reste présente pour son aîné et si le
MOI de l’enfant trouve une solution, pas de problème : tout
rentre dans l’ordre. Par contre, si aucune solution n’est trouvée
pour apaiser la panique, c’est l’angoisse...
• la mise à la crèche, par exemple, ou lorsqu’on confie l’enfant
à une nounou, aux grands-parents ; ou encore un enfant qu’on
laisse en vacances dans la famille...
• un fort sentiment de solitude dans des situations d’inconfort
physique ou lors de l’absence momentanée de la maman partie
faire des courses par exemple : il faut comprendre que pour
les adultes que nous sommes, ça peut paraître anodin, mais
que pour un jeune enfant, ce genre de situations peut devenir
insupportable parce que ça se passe à un moment où il n’est
34 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
Figure 3.2.
Professionnellement
On retrouvera les abandonniques plutôt dans des situations
où le contact et le lien sont privilégiés : puériculture, travailleurs
sociaux, psychologues, psychothérapeutes, formateurs, ensei-
gnants, profession de la réception et du tourisme, esthétique,
commerce, etc.
Sexuellement
La relation est vécue sur un mode encore fusionnel mais
qui dépasse ici la simple fusion corporelle (celle qu’affectionne
3. L’ ORALITÉ ACTIVE 39
Mots et concepts
Exercice
Allez en route, comme pour l’OP, faites le test du voyage
en vous mettant dans la peau d’une personne OA pour vous
imprégner de leur ressenti.
***
C’est bon. Vous avez été inspiré par ce stade ? Alors vous
allez pouvoir vérifier en lisant mon voyage en Martinique.
L’analité expulsive
Causes de la névrose
Pour qu’il y ait problème chez l’enfant, et donc instauration
de la névrose afin qu’il puisse se protéger de l’angoisse, il faut
que plusieurs conditions soient réunies :
• tout d’abord que l’enfant ne puisse pas acquérir son sentiment
de valeur personnelle en découvrant ses possibilités et ses
limites physiques, parce qu’il y a trop ou pas assez de limites
en effet ;
• il peut aussi y avoir des difficultés dans l’apprentissage de la
propreté, souvent lié au sentiment de valeur ;
• un manque de bons repères, en raison du manque de réponses
aux questions existentielles qu’il se pose ;
4. L’ ANALITÉ EXPULSIVE 49
s’il ne les voit pas. Il n’est pas dupe, il fonctionne sur l’émotion, le
ressenti et a la possibilité de contourner l’écran de la construction
logique ou de l’entente de façade. Il sera conditionné au mépris
ou à la pitié pour ce père présenté comme faible, incapable,
insatisfaisant.
ATTENTION
Figure 4.1.
Mots et concepts
Professionnellement
Vous les retrouverez en majorité dans des domaines où le
mouvement, le changement, la découverte sont de mise.
Par exemple, des professions libérales ou indépendantes où
elles n’auront que les contraintes que les personnes se donneront
ou que les clients leur donneront mais surtout pas celles qu’un
chef pourrait donner..., les commerciaux mais pas dans un
magasin, les commerciaux qui tournent et si c’est du commerce
international c’est encore mieux, des acteurs, des comédiens,
des gens du show-biz, des sportifs, des femmes d’affaires
(on retrouvera les hommes d’affaires au stade suivant), des
explorateurs, etc.
Sexuellement
Hors pathologie, la relation sexuelle est vécue avec intensité,
dans un don de soi total, dans une ambiance ludique sans barrière
ni interdit. En ce qui concerne les problèmes liés à la pathologie,
on les a vus tout à l’heure.
Alors, vous vous êtes bien promenés, vous avez bien cerné
les besoins de ces personnes fixées à l’AE ? Allez installez-vous
bien, nous partons dans les îles.
***
L’analité rétentive
J’entends par « deuil » soit ce que l’on ressent lors du décès d’une
personne, soit devoir faire ce que l’on appelle le deuil d’une relation
ou d’une situation.
Un petit garçon est amené par sa maman chez une amie. Avant
de partir, elle lui dit : « on va chez Mme X, tu vas être bien poli,
tu lui diras bonjour et si tu es gentil, je t’achèterai un croissant ».
Arrivé chez la dame en question, l’enfant est muet. Sa mère lui dit :
« dis bonjour à Mme X ». L’enfant lui répond : « Non, je sais que
je n’aurai pas de croissant, mais je ne dirais pas bonjour. » Vous
pouvez constater comment la relation commerciale « je te donne,
tu me donnes » a été un fiasco. Pourtant, c’est en se soumettant
à tout ça, en acceptant de perdre son mode de vie antérieur que
l’enfant sera, une fois adulte, à l’aise dans notre société.
La névrose d’infériorité
Il faut se replacer dans le contexte où l’enfant se socialise. Il
va à l’école, peut avoir des activités extra-scolaires quelquefois.
On éduque l’enfant sur le plan social. Vous vous souvenez
qu’à ce niveau d’éducation, les acteurs sont bien évidemment
les parents, y compris et surtout le père, et les éducateurs
5. L’ ANALITÉ RÉTENTIVE 81
Signes alarmants
La névrose de culpabilité
Autre névrose de ce stade : la culpabilité. Il faut faire la
différence entre sentiments de culpabilité et névrose. Quand
notre SURMOI se met en place, vers 4 ans, la compréhension du
bien et du mal permet à l’enfant de se sentir coupable s’il fait une
bêtise. Et heureusement que nous avons tous des sentiments de
culpabilité parce que c’est ce qui nous permet d’être insérés
dans la société ! Si nous n’avions aucune notion de ce que
nous n’avons pas le droit de faire, nous ne pourrions pas vivre
socialement, nous serions asociaux.
Si l’enfant a arrêté son développement psychologique avant
l’analité rétentive, les sentiments de culpabilité qu’il éprouve
seront liés soit aux problèmes de formation du MOI (OP), soit
au lien affectif (OA), soit au sentiment de valeur personnel,
à ses possibilités et ses limites (AE). Par contre, à l’analité
rétentive, comme pour l’infériorité, la culpabilité est une névrose
et donc..., ça tourne en rond ! La culpabilité est une névrose liée
au SURMOI qui prend une importance exagérée. Suivant son
importance, le plaisir associé à la satisfaction des pulsions est
assorti de sentiments pénibles : sentiment de ne pas être en règle,
d’être observé, jugé et cela peut aller jusqu’à l’autocensure de
toute satisfaction personnelle. Mais ça, c’est pour plus tard, pour
l’adulte. Pour le moment, nous allons parler de l’enfant.
Dans sa logique, empreinte encore de beaucoup d’imaginaire,
l’enfant ressent, à cet âge-là, qu’on l’aime parce qu’il le mérite.
Ce mot – mériter – est associé à la notion de conformité,
conformité qu’il ressent être spontanément ce qu’on attend de
lui, en se basant simplement sur des impressions subjectives
ou des réactions qu’il observe chez les adultes en fonction de
ses comportements ou de ses réactions. Il se doit d’être vigilant
pour continuer à faire ce qu’il faut pour qu’on l’aime. Si son
MOI est relativement fort, et en fonction de ses expériences
passées, il pourra relativiser. Mais sur un MOI fragile ou affaibli
par des névroses antérieures, ou si les parents ou les éducateurs
5. L’ ANALITÉ RÉTENTIVE 87
des deux enfants pendant que le père travaillait. Ils ont compensé
du mieux qu’ils ont pu l’absence de leur mère et le chagrin du père.
Plus tard, le père a rencontré une jeune femme. Après plusieurs
mois, ils ont déménagé chez cette personne et les grands-parents
sont rentrés chez eux. Très touchée par le malheur qui les avait
frappés, la jeune femme a aimé le père et « adopté » les enfants
et les a aimés comme si c’était les siens.
J’ai connu le plus jeune, qu’on appellera T., quand il avait 8 ans
environ. Il m’avait été amené parce qu’il allait mal. Dès qu’il était
à table, il avait envie de vomir, voire vomissait ce qu’il avait avalé.
Il était limite anorexique. Le père, malgré sa nouvelle vie, ne se
remettait pas du drame qu’il avait vécu, ce qui pesait également
sur les enfants. Je passe sur les discussions que j’ai eues avec
T. pendant plusieurs entretiens, où on essayait de comprendre
pourquoi il n’arrivait pas à manger. Mais avant d’expliquer la suite,
il faut savoir comment la maman est décédée. C’était le soir, ils
rentraient du restaurant où ils avaient passé la soirée avec des
amis. Sur la route, un accident venait de se produire. Le père a
garé sa voiture sur le bas-côté et a dit à sa femme qu’il allait voir
s’il pouvait aider, qu’elle reste dans la voiture avec les enfants. Ce
qu’elle fit pendant un bon moment. Ne voyant pas revenir son mari,
elle dit à l’aîné, qui ne dormait pas (T. lui dormait), qu’elle allait voir
ce que son papa faisait. Elle est descendue de la voiture et là, elle
a été fauchée par un autre véhicule qui arrivait à vive allure et qui
n’a pas pu l’éviter. Je pense qu’elle est décédée sur le coup.
Pour en revenir à T., lors d’un entretien où l’on parlait, encore une
fois, de ses difficultés, je lui ai demandé de quoi il se punissait : et là,
de très gros sanglots sont montés de je ne sais où. Cet enfant était
bouleversant. Je n’oublierai jamais ces sanglots, qui n’en finissaient
pas de sortir du plus profond de lui. Quand il a pu se calmer un
peu, il m’a dit : « tu comprends, si je n’avais pas dormi, j’aurais
pu crier pour la prévenir et Maman ne serait pas morte. » Devant
tant de souffrance et devant sa culpabilité, j’ai eu beaucoup de mal
à contenir mon émotion pour lui dire qu’il n’y était pour rien, que
ce n’était pas de sa faute, que c’était la faute du conducteur de
la voiture, qui allait trop vite. J’avais devant moi ce petit garçon
qui depuis toutes ces années se culpabilisait pour une faute qu’il
n’avait pas commise et vous vous rendez compte, se culpabiliser
de la mort de sa maman, ce que ça doit vouloir dire ! L’histoire ne
s’arrête pas là.
Plusieurs années après, le frère aîné est venu me voir, réticent au
début. On va l’appeler P. Il n’en avait pas vraiment envie mais lui
aussi allait mal. Ça se manifestait différemment, mais le résultat,
90 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
La névrose de rejet
Et de trois, donc : la névrose de rejet, d’exclusion. C’est
un ressenti subjectif et violent d’abandon, vécu en termes
d’injustice. On peut dire que c’est une névrose d’abandon qui
se met en place à l’analité rétentive, donc sous forme de vécu
violent.
J’ai en tête l’exemple d’un petit garçon qui était rejeté par son père.
Ils étaient sept enfants dans cette famille et lui était le sixième.
On l’appellera A. C’était le vilain petit canard de la famille. Pour
une raison incompréhensible, le père de cet enfant ne l’aimait
visiblement pas. Il était dur avec lui, plus qu’avec les autres, ce
que l’enfant ressentait comme injuste. L’adulte qu’il est devenu m’a
raconté qu’il faisait tout ce qu’il pouvait pour plaire à son père.
Celui-ci adorait aller pêcher. A., pour partager un moment privilégié
avec lui, lui demandait de l’amener. Il était prêt à tout pour vivre ce
moment et tenter de se rapprocher de lui. Le père se levait très tôt.
Il allait réveiller son fils en le pinçant fortement, en lui faisant très
mal. A. résistait à la douleur pour ne pas réveiller ses frères qui
dormaient à côté de lui de peur qu’ils ne veuillent eux aussi aller
pêcher avec leur père, ce qui l’aurait privé de ce moment partagé
où d’ailleurs il ne se passait rien de ce qu’il attendait. Et à chaque
fois, il revenait malheureux parce qu’il se sentait encore plus rejeté
par ce père qui ne le regardait même pas. Plus tard, au moment de
l’adolescence, le père lui demanda de quitter la maison pour laisser
la place au mari de sa sœur. Ce fut à nouveau un ressenti de rejet
et d’injustice : « Pourquoi il ne m’aime pas, quelle faute ai-je bien
pu commettre ? » A. est devenu un enfant et plus tard un adulte
qui, subjectivement, faisait tout ce qu’il pouvait pour être aimé et
reconnu : il se sentait rejeté et exclu dès que ça ne se passait pas
comme il le voulait.
92 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
La névrose d’échec
Dernière étape : la névrose d’échec. Là, c’est une combinai-
son d’infériorité et de culpabilité. L’enfant trouve la justification
de son infériorité dans un ressenti de culpabilité dont la punition
sera l’échec. Cette névrose se met en place évidemment à
l’analité rétentive mais se matérialisera vraiment au moment
de la scolarité, en période d’examens ou dans le domaine sportif
quand l’enfant est en compétition. On connaît le cas de ces
enfants qui ont révisé leurs examens parfaitement et qui, au
moment où ils sont devant leur feuille, ne savent plus rien, ne
réussissent pas là où il n’aurait pas dû y avoir de problèmes.
Pareil pour le sport : un enfant très bien entraîné, qui est prêt,
qui, pendant les entraînements, réussit tout et qui, le jour de la
compétition, commet l’erreur fatale ! Pour l’adulte qu’il devient,
ce sera la voiture qui tombe en panne malencontreusement le
jour où il doit se rendre à un entretien très important pour lui :
après examen, la voiture marche très bien... Ce qu’il y a donc à
retenir pour cette névrose, c’est que pour qu’elle existe, il faut
qu’il y ait névrose d’infériorité et névrose de culpabilité.
de voir les choses telles qu’elles sont, sans peur, ça lui a fait
penser à ça ! Seulement, c’est un idéal absolu que décrit ce livre,
comme quelque chose d’inaccessible sauf au prix d’un très très
long travail sur soi... Mais pour notre adulte qui, lui aura une
névrose d’infériorité, toutes ces choses-là, ce n’est même pas
la peine d’y penser ! La névrose, c’est une insuffisance, voire
une absence de sens social. J’ai dit que l’enfant, pour donner le
change, vivait à côté de sa vie, mettait en place un leurre pour
cacher ses peurs et ses insuffisances. L’adulte va faire pareil : il
trouve des moyens de compensation pour cacher ses manques.
Vous avez pu constater que la déficience d’un organe, par
exemple, peut être compensée par un autre organe ou un autre
sens pour pallier cette déficience. Et bien, psychologiquement,
c’est pareil. Cela peut être le recours aux fantasmes, qui peuvent
soulager le poids de l’angoisse de celui qui se sent incapable
d’agir. Quelqu’un qui se trouve trop petit en taille peut déve-
lopper des conduites d’autorité ; un enfant mauvais dans les
disciplines scientifiques compensera peut-être en sport, musique
ou dessin...
Pour reconnaître une névrose d’infériorité chez un adulte, on
dispose de plusieurs repères (plus les repères sont nombreux
chez une même personne, plus le problème est important et bien
ancré). Là aussi, je vais faire une liste. On commence par :
• une forte subjectivité égocentrique : la personne, malgré les
apparences qu’elle peut donner, ne s’occupe que d’elle. Son
intérêt passe avant tout ;
• une peur existentielle : la réalité de la vie est source de crainte,
de sentiments d’incapacité à être à la hauteur des situations
ou à répondre aux demandes du groupe ;
• une intolérance aux frustrations : les moments défavorables
de la vie sont mal vécus. Ils donnent lieu à des conduites de
refus, d’abattement, des ressentis d’injustice ou d’incompré-
hension ;
• une indisponibilité au travail et aux exigences de la société :
la personne n’a que peu d’intérêt pour la participation-travail
dans le groupe, par manque de goût, par désintérêt pour les
objectifs, par crainte des contacts professionnels ;
96 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
Figure 5.1.
Encore une fois, une stagiaire a raconté une anecdote dont je vous
fais part.
Quelqu’un que je connais s’est fait une spécialité de cuisiner très
bien, avec beaucoup de goût et de soin apporté aux plats et
aux produits, certaines fois, et de manière complètement déplo-
rable d’autres fois, sur les mêmes plats et mêmes produits ! Par
exemple, elle réduisait un jour le temps de cuisson de moitié,
ou oubliait carrément des ingrédients de base, dans des plats
qu’elle connaissait pourtant parfaitement ! J’avais beau, moi qui n’y
connais rien, dire timidement qu’il me semblait bien que le temps
de cuisson était le double la dernière fois, ou qu’elle avait mis
tel ingrédient, rien n’y faisait : la personne préparait littéralement
le ratage, toute seule ! Je ne m’expliquais pas jusqu’à présent
la raison de ces changements brutaux et imprévisibles, et je
comprends juste maintenant : c’était impeccable pour bien repartir
à la case départ, à son ressenti constant d’infériorité, surtout devant
des témoins choisis (puisqu’évidemment, tout dépendait des invités
et des circonstances).
Signes de la névrose
Figure 5.2.
Professionnellement
Socialement, l’analité rétentive trouvera son expression dans
des professions où réflexion, recul, autorité, pouvoir, produc-
tivité, rentabilité, obéissance... peuvent s’exercer, apportant à
l’individu la satisfaction de la conformité aux lois du milieu,
associée au sentiment de participer à la progression et au perfec-
tionnement de la société. L’éventail des professions concernées
est donc très large : banquier, comptable, employé, cadre, diri-
geant, administrateur, commerçant (pas commercial), chercheur
(fondamental, pas appliqué), juriste, fiscaliste, fonctionnaire,
missionnaire, prêcheur, magistrat, métiers du bâtiment, agent de
change, statisticien, physicien, mécanicien, analyste program-
meur... Ce sont beaucoup de professions auxquelles les femmes
ont encore difficilement accès, et cela pour deux raisons : d’une
part parce qu’elles trouvent souvent leur voie de réalisation pro-
fessionnelle aux stades antérieurs ou au stade suivant ; d’autre
part parce que les hommes leur barrent le passage parce qu’ils
veulent garder le pouvoir. Je pense qu’il y a une évolution grâce
à la parité. De plus en plus de femmes ont aujourd’hui accès à
des professions culturellement masculines.
Sexuellement
L’AR trouve son expression dans les notions de propriété,
de pouvoir, de domination et de soumission, voire de sado-
masochisme. La relation est empreinte de violence, parfois
de souffrance, toujours de possession. Elle peut être utilisée
pour obtenir des avantages, un bénéfice, pour démontrer une
supériorité, une puissance, ou au contraire pour affirmer une
108 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
Les mots
Les mots les plus employés à ce stade seront bien sûr rattachés
à toutes ces notions, et évoqueront l’arrêt après le mouvement,
plus mûr socialement, plus réfléchi, plus utile au perfectionne-
ment du groupe :
réflexion – observation – distance – retrait - organisation –
choix – méfiance – maîtrise – mesure du risque – autonomie –
calcul – prévoyance – planification – précision – persévérance –
constance – spécialisation – rationalisation – gestion – intel-
lectualisme – volonté – patience – rigueur – pragmatisme –
prudence – durabilité – stabilité – solidité – opposition – lutte
– domination – soumission – hiérarchie – pouvoir – obstina-
tion – codes – possession – territoire – autorité – puissance –
impuissance – rétention – rigidité – dissimulation – violence –
profondeur – structuration – théorisation - abstraction – logique
– systématisation – argumentation – vigilance – conservatisme
– productivité – rentabilité – valeurs humaines – principes –
5. L’ ANALITÉ RÉTENTIVE 109
Le stade phallique
Acquis du stade
durant les cinq premières années de leur vie les font souvent se
fixer à un stade antérieur.
D’autres personnes, et c’est la deuxième réaction, confèrent
à ce stade une valeur. Elles pensent que c’est plus mature, plus
complet, en un mot : adulte. Je leur réponds : FAUX ! Comme
les autres stades, le stade phallique est un stade enfantin, avec
des comportements enfantins et ne produit pas un confort de vie
supérieur. Je dirais même que c’est le contraire. J’explique à ces
personnes que le fait qu’elles aient des outils supplémentaires
par rapport à une personne fixée à l’OA ou l’AE, leur permet...
de se compliquer encore plus la vie et de se poser encore plus de
questions ! Ils ne prendront pas les plaisirs de la vie simplement,
mais chercheront toujours à se compliquer les choses.
Pour en revenir à ces acquis, on y retrouve la curiosité
sexuelle (le sexe étant perçu comme un outil de procréation
et donc de prolongement de soi). Toujours hors pathologie, un
sentiment de complétude personnelle sera accompagné d’un
ressenti équivalent de marginalisation parce qu’ils se ressentent
différents du reste du troupeau. Le voyeurisme et l’exhibition-
nisme pourront, plus tard chez l’adulte, être sublimés (exhibition
de leur œuvre, par exemple).
Alors que peut-il bien se passer durant cette période pour que
notre enfant n’ait d’autre solution que la mise en place de la
névrose ?
Je récapitule les caractéristiques du stade : découverte sur le
plan sexuel, identification, sentiment de valeur, apprentissage
des statuts et des rôles. La pensée magique recule au profit de
la logique (on dit que c’est l’âge de raison qui pointe son nez) :
l’enfant raisonne et cela lui donne davantage de moyens pour
identifier ses difficultés, ses insuffisances, ses insécurités, ses
peurs, ses culpabilités, etc.
le droit d’être mère. Elle ne le méritait pas. Elle s’est donc castrée.
J’ai appris quelques mois plus tard qu’elle était enceinte...
Figure 6.1.
déjà. S’il peint, il inventera des formes, une nouvelle école, une
nouvelle manière d’expression : il fera une œuvre originale en
dehors de toute référence existante. Il sera souvent incompris
par les critiques, mais ça ne le trouble pas. Ce qui l’intéresse,
c’est d’exprimer ce qu’il ressent, d’exhiber sa sensibilité. Les
critiques, il s’en moque. Un peintre talentueux mais non créatif
fera référence à la manière d’untel ou d’untel. Il appliquera des
principes déjà connus, des méthodes qui lui auront été apprises
et ne cherchera pas à inventer un autre type d’expression.
La femme phallique aimera enfanter puisque l’enfant est une
extension d’elle-même, une vitrine, un phallus qu’elle exhibe,
dont elle est fière. On ne peut pas dire que la femme phallique
est maternelle et l’intérêt qu’elle montre à l’enfant ne sera pas
motivé par la recherche de son bien-être, mais par la volonté de
montrer à tout le monde qu’elle a enfin pris sa revanche et que
son « œuvre » est belle, magnifique. Si cet enfant est un garçon,
alors là youpi ! Elle ressent qu’elle a enfin le phallus. Elle aura
enfin refermé ce que Freud a appelé sa « blessure narcissique ».
Pour un adulte anal rétentif, avoir le pouvoir veut dire : je
possède, j’ai un pouvoir, un rang. Pour le phallique, homme ou
femme, ça veut dire : je peux, j’ai les moyens, je montre que je
peux. Le pouvoir au sens que lui donne l’AR ne les intéresse
pas. Ce qui les intéresse, et c’est ce qu’ils expriment, c’est de se
réaliser.
Vous vous posez peut-être la question : que veut dire se
réaliser ? Cela m’arrangerait que vous vous la posiez parce
que j’ai envie de vous répondre...
Se réaliser
C’est une question qui est posée dans chaque stage, ce que,
quelquefois, certaines personnes ont du mal à comprendre ! Il
faut faire la différence entre se réaliser et réaliser des choses.
Réaliser des choses c’est anal rétentif alors que se réaliser,
c’est être en accord avec soi-même, même si cela doit être
gênant pour la carrière par exemple, ou pour l’image que
le « phallique » donne aux autres. Ces autres qui d’ailleurs,
souvent, le considèrent comme un doux rêveur, un marginal, un
124 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
Mots et concepts
Œdipe et Narcisse
E XPÉRIENCE ŒDIPIENNE
Juste un petit mot pour évoquer la période œdipienne, qui
n’est pas un stade mais une expérience de quelques années
à cheval sur l’AR et le PH. Il n’y aura donc pas de cercle
névrotique ni de mots attachés à cette expérience, donc pas
de voyage... Ouf !
Un petit rappel du mythe antique évoqué par Sophocle dans
son œuvre théâtrale tragique. Œdipe (du grec oidipous qui veut
dire pied enflé) était le fils de Laïos, tyran de Thèbes et de
Jocaste son épouse. Pour faire échec à un oracle qui annonçait
qu’il tuerait son père et épouserait sa mère, Laïos le confie à un
esclave avec mission de le tuer. Ne pouvant s’y résoudre, celui-ci
l’amène dans la montagne et l’attache à un arbre par une corde
lui enserrant fortement le pied. Recueilli par un berger qui le
nomma Œdipe en constatant l’état de son pied, il grandit, prend
des forces, et, se dirigeant un jour vers Thèbes, il se querelle
130 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
N ARCISSISME
Je vais terminer en parlant d’un état limite de la névrose qui
s’appelle le narcissisme. Ce n’est pas un stade d’évolution. Cela
se met en place, soit à l’oralité passive, soit à l’analité rétentive.
De nombreux ouvrages parlent très bien de ce problème, dont
les célèbres livres de Marie-France Hirigoyen. Je vais faire un
résumé du fonctionnement de cette névrose.
Vous connaissez bien sûr l’histoire de Narcisse, jeune homme
béotien, célèbre pour sa beauté mais qui était incapable d’un sen-
timent d’amour pour les autres. Insensible à l’amour passionné
de mortelles et de nymphes, dont Écho, il fut puni de son dédain
par Némésis. Se penchant sur l’eau d’une fontaine, il vit son
image, en tomba follement épris et mourut de désespoir devant
132 L E DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENFANT
Le narcissisme de structure
Le narcissisme se met en place chez l’enfant soit à l’oralité
passive (on l’appelle le narcissisme de structure), soit à l’analité
rétentive : il s’appellera alors narcissisme de retrait. Cette patho-
logie prend le pas sur toutes les autres névroses. Pour qu’il y
ait narcissisme de structure, il faut un MOI très faible, construit
certes, mais très difficilement, ce qui explique qu’il sera très
faible. Il y a fixation orale passive. L’enfant établit avec la
mère ce qu’on appelle une relation anaclitique qui vient du grec
« s’appuyer sur » : cette relation amène une dépendance absolue,
liant l’enfant aux personnes dont la présence le maintient en vie
grâce à l’énergie qu’il leur « pompe ». La cause est une très
mauvaise relation à la mère pendant la première année de la
vie : une mère ressentie comme dangereuse, qui n’apporte pas à
l’enfant ce dont il a besoin.
Vous allez peut-être vous demander quelle différence il y
a avec la description du stade OP, où j’ai évoqué cette mère
ressentie comme dangereuse, parmi les causes de fixation.
Dans le cas du narcissisme, les peurs et les ressentis sont
amplifiés. À l’origine, on peut trouver un problème héréditaire
ou une dépense importante d’énergie utilisée en vue de se
protéger, ce qui fait que cette énergie manque à l’enfant pour
se construire, se rassembler et s’unifier, d’où le MOI très faible.
Par exemple, une mère qui laisse l’enfant livré à lui-même, ne
7. Œ DIPE ET N ARCISSE 133
Le narcissisme de retrait
Pour le narcissisme de retrait, le comportement est plus
« subtil » mais non moins cruel. Contrairement au narcissisme
de structure, dans le narcissisme de retrait, l’enfant a construit
son MOI , a établi une relation affective avec ses parents et a
confiance en eux. Vers l’âge de 4/5 ans, ce sera à la suite d’un
traumatisme important ou d’un ressenti très fort d’infériorité et
de culpabilité, entraînant une dépression, que se met en place la
perte de confiance pour se protéger et se défendre.
Un bébé et un enfant peuvent être dépressifs ! Mais le
problème est que souvent les adultes ne s’en aperçoivent pas.
Ils vont dire « c’est un enfant difficile » ou au contraire « c’est
un enfant très très calme, on ne l’entend jamais ». C’est encore
l’exagération d’un comportement qui montre le problème.
Donc, notre enfant, pour sa sauvegarde, se retire en lui, perd
la confiance qu’il avait établie avec les adultes et n’échange plus
son énergie avec l’extérieur. Elle circule à l’intérieur de lui et
il se convainc que ça lui suffit : il ne donnera plus rien de lui.
C’est l’échange qui donne de l’énergie. Tu me donnes, je te
7. Œ DIPE ET N ARCISSE 135
L’intra-utérin
I II III IV
Gestation Préparation Passage Naissance
Mémorisation cellulaire
Retentissement post-natal
I II III IV
Gestation Préparation Passage Naissance
Mémorisation cellulaire
Retentissement post-natal
douleur qui y est associée. C’est donc pour ces raisons que nous
avons choisi ce thème. La façon dont la personne parle de ce
qu’évoque pour elle le mot travail nous donne des indications
importantes sur son développement psychologique.
Allez en route ! Au boulot ! J’espère sans souffrance ni
torture...
LA GESTATION
Première étape
Souvenez-vous que l’oralité passive (OP) est le premier stade
vécu par l’enfant à sa naissance. Vous n’avez pas déjà oublié !
Si on se réfère à la figure 8.2, l’oralité passive est déjà un revécu
du début de la phase anténatale I (gestation). Les cellules de
l’enfant ont imprégné leur mémoire de sensations qui ont établi
les bases de son comportement futur. On le verra, ce phénomène
s’étendra à tout le vécu intra-utérin qui se transposera ainsi
dans les premières années de la vie post-natale. L’origine de
la pathologie de la formation du MOI se trouve, de ce fait,
en correspondance avec les problèmes vécus au début de la
gestation.
La vie de l’enfant est donc pré-orientée au moment de sa
naissance.
ATTENTION
J’ouvre une parenthèse en comparant la notion de pré-orientation
et la notion de déterminisme. On pourrait en effet croire que,
marqué par une source inconsciente profonde et archaïque,
l’enfant d’abord, l’adulte ensuite aurait une sorte de destin tout
tracé, prédéterminé en quelque sorte. Au vu de ce que je vous
explique, nous avons pu constater qu’effectivement nous retrou-
vons en post-natal cette caisse de résonance qui peut orienter les
ressentis et les émotions de l’enfant et donc ensuite de l’adulte
(positifs ou négatifs) dans le sens de ce qui a été vécu en
intra-utérin. Mais comme je l’ai expliqué au début de cet ouvrage,
l’individu a toujours la possibilité de se remettre en question, de
comprendre ce qui se passe en lui et donc de trouver « une porte
☞
8. L’ INTRA - UTÉRIN 153
☞
de sortie »... À partir du moment où les mécanismes sont compris,
où la conscience d’être est atteinte, il est parfaitement possible
de ne plus subir sa vie mais de la gérer. Je ferme la parenthèse.
au début. De fait, il est trop tard ensuite pour faire quoi que
ce soit. Cela m’a surprise mais c’est pour cette raison que je
maintiens ce problème dans ma liste. Au-delà de ça, l’IVG
n’est pas autorisée dans tous les pays... ;
• des incidents d’ordre corporel (chute de la mère, coup violent
reçu, extrême fatigue) pourront être mémorisés par la cellule
comme autant de messages (interprétés mais cependant bien
implantés) de rejet, de négation, de désir d’élimination qui
se transposeront plus tard en autant de ressentis qui pourront
gêner le développement de la personnalité ;
• des difficultés qui peuvent être inhérentes au fœtus lui-même
(difficultés de nidification et d’accrochement) pourront avoir
les mêmes effets perturbants.
Voilà une liste non exhaustive de problèmes qui peuvent
survenir pendant les trois premiers mois de la grossesse.
La théorie de Jacques Chaumet nous dit que si ces trois
premiers mois se passent correctement, si la grossesse est
désirée, s’il n’y a pas de problème majeur, la mémoire cellulaire
mémorisera du confort. En post-natal, pendant l’oralité passive,
le nourrisson sera présensibilisé à ce confort et à cette sécurité,
ce qui lui permettra de mieux vivre le vide existentiel, le
morcellement spécifiques de ce stade. Il sera dans les meilleures
conditions pour supporter cette étape.
À l’inverse, si l’embryon a été « chahuté » par l’un ou
l’autre des problèmes cités plus haut, il arrivera à la naissance
présensibilisé à l’inconfort, la peur, l’insécurité voire l’angoisse,
qui l’amènera à avoir plus de difficultés à former son MOI.
Si vous avez bien mémorisé la partie OP, vous constatez
que l’on retrouve une cohérence entre le vécu intra-utérin où
l’embryon a besoin de nourritures chimique et hormonale qui
vont lui permettre de se construire, d’acceptation, de confort, de
sécurité, et le stade OP où nous retrouvons les mêmes besoins.
Dans le cas où il y aura problème, donc un inconfort plus ou
moins important, l’enfant aura des difficultés à construire son
MOI et on dira qu’il y a des restes d’OP dans son développement
psychologique.
8. L’ INTRA - UTÉRIN 157
Deuxième étape
l’enfant né, chaque fois que cette personne venait, même s’il parlait
moins fort à la demande de la mère, le bébé pleurait et rien ne
pouvait l’arrêter. À plus forte raison si cet homme le prenait dans
les bras. La mère m’a raconté qu’il devenait rouge écarlate et qu’il
hurlait, il était inconsolable. Dès qu’il partait, il se calmait. Personne
ne comprenait ce qui se passait...
LA PRÉPARATION
Première étape
Deuxième étape
Une jeune femme vouait une haine à son père sans savoir vraiment
pourquoi. Elle m’expliquait qu’elle le détestait depuis toujours alors
qu’elle n’avait pas grand-chose à lui reprocher. Il était même plutôt
gentil. Elle se sentait culpabilisée mais n’arrivait pas à se contrôler.
On essayait donc de comprendre ce qui se passait. Beaucoup plus
tard, elle me raconta qu’elle en avait ras le bol parce qu’elle habitait
au-dessus d’une discothèque et que le boum boum des basses
était insupportable pour elle, que ça lui donnait des douleurs juste
sur le dessus de la tête à un point bien précis. Ce qui m’a donné
la puce à l’oreille. Bien évidemment, elle ne pouvait pas savoir si
ses parents avaient eu des rapports sexuels à un stade avancé
de la grossesse. Mais je lui en ai parlé quand même. Elle a été
très perturbée par ce que je lui ai dit. Après réflexion, elle me dit
qu’effectivement c’était bizarre cette douleur à la tête. Elle est partie
en se posant beaucoup de questions. Quand je l’ai revue, elle m’a
dit qu’elle avait fait beaucoup de liens entre ce que je lui avais dit
et son histoire avec son père et qu’elle pensait qu’en effet il devait
y avoir quelque chose de cet ordre-là, ce qui lui avait permis de
relativiser les boum boum de la discothèque et donc son mal de
tête, qui d’ailleurs ne se manifestait plus.
Une autre dame qui présentait les mêmes symptômes sur le
haut de la tête, m’a dit que ces douleurs ressemblaient à un
marteau-piqueur... Ça tapait fort et sans arrêt, c’était angoissant et
insupportable.
LE PASSAGE
toute seule pour pouvoir vivre. Elle est donc devenue esclave du
travail pour vivre...
LA NAISSANCE
Introduction 1
2. L’oralité passive 11
L’oralité passive chez l’enfant 12
L’oralité passive chez l’adulte 18
Professionnellement, 20 • Exercice, 22
3. L’oralité active 25
L’oralité active chez l’enfant 27
Signes alarmants, 32 • Causes de l’abandon, 33
L’oralité active chez l’adulte 34
Les centres d’intérêt, 38 • Professionnellement, 38 •
Sexuellement, 38 • Mots et concepts, 39 • Exercice, 39
4. L’analité expulsive 41
L’analité expulsive chez l’enfant 42
Causes de la névrose, 48
184 TABLE DES MATIÈRES
Sexuellement, 67
5. L’analité rétentive 71
L’analité rétentive chez l’enfant 74
Les névroses du stade AR, 80 • Signes alarmants, 84
L’analité rétentive chez l’adulte 92
La névrose d’infériorité chez l’adulte, 94 • La névrose
de culpabilité chez l’adulte, 99 • Signes de la
névrose, 101 • Les centres d’intérêt, 106 •
Professionnellement, 107 • Sexuellement, 107 • Les
mots, 108
8. L’intra-utérin 143
La gestation 152
Première étape, 152 • Deuxième étape, 158
La préparation 164
Première étape, 164 • Deuxième étape, 167
Le passage 172
La naissance 176
Conclusion 181