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et de la Méditerranée
Boyer Pierre. Le problème Kouloughli dans la régence d'Alger. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée,
n°8, 1970. unica. pp. 79-94;
doi : https://doi.org/10.3406/remmm.1970.1033
https://www.persee.fr/doc/remmm_0035-1474_1970_hos_8_1_1033
c Le quinzième et dix-huit juin, les Turcs se sont rendus les plus forts dans
le Divan, ont deschassé cent cinquante personnes des principaux, confiné dans
le château à Bougie la plupart des Coroulis et fait ordonnance que lesdits
courolis ne pourront plus être que simples soldats ».
Cf. Grammont (de), les Relations entre la France et la Régence d'Alger au
XVII' s., in Revue Africaine, t. XXIII, p. 301.
8. Bibliothèque Nationale — mss français — Nelles acquisitions 9134.
9. Dan, op. cit, p. 111.
10. Chatelet des Bots, L'Odyssée ou diversité d'aventures... in Revue
Africaine, t. XII, p. 358. « Depuis ce temps les Cololys n'ont point de voix au
Divan, ni reçu de paye publique et sont seulement reçus aux embarquements
de course...».
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exigeait le paiement d'une caution de ceux qui voulaient retourner à
Alger n.
Cet état de chose se perpétua naturellement pendant toute la
période des Agha, qui vit la Milice triompher sur toute la ligne,
monopolisant l'ensemble des charges, et obtenant même du Sultan la
suppression des pouvoirs effectifs du Pacha. Pendant cette période les
Kouloughli ne font pas parler d'eux. Il semble cependant qu'ils aient
retrouvé le droit d'être inscrits à la Milice. Le « Projet pour
l'entreprise d'Alger » publié en 1666 signale 1 200 enfants, qui ne peuvent
être que Kouloughli en majorité, inscrits au rôle de la Milice 12. La
chose est confirmée par d'Arvieux, en 1674, qui mentionne que les
Kouloughli figurent à nouveau sur les rôles de la Milice mais qu'ils
en sont évincés à la 2e génération 18. Il faudra attendre l'année 1693
pour que le Dey Chaban les rétablisse dans leurs droits. Le Tachrifat
nous en a gardé trace : « L'an 1104 (1693), dans le commencement
du mois de rabia ettani, notre souverain Hadj Châban Dey assembla
ses troupes devant son auguste personne afin de les organiser et leur
donna les règlements d'après lesquels les Turcs et les enfants de Turcs,
seront traités sur un pied égal sans que les uns puissent être favorisés
aux dépens des autres » 14. Pourquoi Chaban Dey prit-il cette mesure ?
A la suite de quels événements ? Nous n'en savons rien. La seule
hypothèse que nous pourrions avancer ferait état de la nécessité où se
trouvait Chaban Dey d'augmenter les effectifs de la Milice. La date
de ce décret se place en effet entre la campagne contre le fils de
Moulay Ismaël, qui venait d'envahir l'Oranie, et la campagne contre
Tunis. Or, il apparaît que le Dey eut beaucoup de difficultés à réunir
alors des forces suffisantes. Des détails fournis par le Tachrifat, on
peut constater la faiblesse des contingents de cavalerie arabe réunis
contre les Marocains. Ce que confirmerait la décision du Dey de
rappeler les spahis Turcs retraités. De même, il semble que les alliés
arabes se soient montrés très réticents pour combattre le bey de
Tunis, Mehemed, qui passait dans son pays pour le champion du
parti arabe.
11. Grammont (de), Les Relations..., op. cit. in Revue Africaine, t. XXVIII,
p. 206.
12. Projet pour l'entreprise d'Alger, in Recueil historique contenant diverses
pièces, curieuses de ce temps. Cologne, Van Dyck, 1666, p. 1 et sq.
13. d'ARViEUx, Mémoires, Paris, t. VI, p. 251.
14. Devoulx (A.), Tachrifat, Alger, Imp. du G.G., 1852, p. 78.
• LE) PROBLÈME KOULOUGHLI DANS LA RÉGENCE D'ALGER 85
15. Peysonnel, Relation d'un voyage sur les côtes de Barbarie..., édit.
Dureau de la Malle. Paris, 1838, p. 404.
16. Venture de Paradis, Alger au XVIII* (édit. Fagnan). Alger, 1898, p. 122.
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Pierre BOYER
Archives d'Outre-Mer,
Aiœ-en-Provence