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©Arnaud de Saint Julien - MPSI Lycée La Merci 2023-2024 1

Calculer et comparer dans un monde numérique

I Quels nombres dans un monde numérique ?

I.1 Les différents types de nombre


On note N = {0, 1, 2, 3, . . .} l’ensemble des entiers naturels, Z l’ensemble des entiers relatifs,
D = { 10an | (a, b) ∈ Z × N} l’ensemble des nombres décimaux, Q = { ab | (a, b) ∈ Z × N∗ }
l’ensemble des rationnels, R l’ensemble des réels, et C l’ensemble des nombres complexes.

Proposition 1 Nous avons les inclusions suivantes sans aucune égalité :

N ⊂ Z ⊂ D ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.

Exo : irrationnalité de 2
1
Exo : 3
n’est pas décimal.
Exo : valeur exacte de x = 0, 232323... en remarquant que 100x = 23 + x.

I.2 Approximation décimale d’un réel


Définition 2 La partie entière d’un réel x est le plus grand entier relatif inférieur ou égal à x.
On le note ⌊x⌋. On a donc
∀x ∈ R, x − 1 < ⌊x⌋ 6 x.

Exo : résoudre l’équation ⌊3x − 2⌋ = 8.


Si x = 5, 213456..., les nombres a0 = 5, a1 = 5, 2, a2 = 5, 21, a3 = 5, 213 sont des approxi-
mations décimales de x de plus en plus proches de x...

Proposition 3 ( Approximation décimale d’un nombre réel) si x est un réel, le nombre


décimal an = ⌊10
n x⌋

10n
est une approximation de x à 10−n près. En particulier la suite (an ) converge
vers x.

Corollaire 4 (Densité des rationnels et des irrationnels parmi les réels) Tout réel est
limite d’une suite de rationnels et d’une suite d’irrationnels. On dit que Q est dense dans R et
que l’ensemble des irrationnels est dense dans R.

Remarque : on en déduit que tout intervalle non réduit à un point rencontre un rationnel
et un irrationnel.

I.3 Représentation d’un nombre sur un ordinateur


On utilise la base 2 au lieu de la base 10.
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Proposition 5 (Décomposition d’un entier en base 2) Tout entier n ∈ N∗ peut s’écrire


de manière unique sous la forme
n = ap 2p + ap−1 2p−1 + · · · + a1 21 + a0 20 avec ∀i ∈ J0, pK, ai ∈ {0, 1} et ap = 1.
On dit que l’on a décomposé l’entier n en base deux. Les nombres a0 , a1 , . . . , ap sont appelés les
bits de n, on note alors n = (ap ap−1 . . . a1 a0 )2 .

On retiendra l’approximation (erreur relative de 2, 4%)


210 = 1024 ≈ 103 .

Exo : le plus grand entier naturel codé sur 64 bits est

(111
| {z. . . 1})2 = 264 − 1 ≈ 24 × (210 )6 ≈ 16 × (103 )6 = 1, 6 × 1019 .
64 bits

Remarque culturelle : nous verrons en informatique le concept de nombres flottants qui per-
met de représenter sur machine les nombres décimaux à l’aide de l’écriture scientifique binaire
(seuls les nombres dyadiques de la forme 2an avec (a, b) ∈ Z × N∗ auront une représentation
machine exacte).

II Quelques techniques pour comparer des nombres

II.1 Opérations sur les inégalités


Proposition 6 (Opérations sur les inégalités)

1. On peut ajouter un nombre à une inégalité et on peut la multiplier par un nombre positif.
Soit x et y dans R. Alors
∀a ∈ R, (x 6 y) =⇒ ( a + x 6 a + y) et ∀a > 0, (x 6 y) =⇒ (a × x 6 a × y).

2. On peut sommer les inégalités et multiplier les inégalités entre nombres positifs. Soit a, b, c
et d des réels. Alors
(a 6 b et c 6 d) =⇒ (a + c 6 b + d).
et
(0 6 a 6 b et 0 6 c 6 d) =⇒ (a × c 6 b × d).

3. Passage à l’inverse. Soit x et y des réels. On a


1 1
0 < x 6 y =⇒ > .
x y

4. Majoration d’une fraction : Soit a, b, a′ et b′ des réels. On a


a a′
(0 6 a 6 a′ et b > b′ > 0) =⇒ 6 ′.
b b
Autrement dit pour majorer une fraction, on majore le numérateur et on minore son
dénominateur.
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Exo : Soit x ∈ [3, 4] et f (x) = 2x+5


x−1
. Démontrer que 11
3
6 f (x) 6 13
2
puis que 13
3
6 f (x) 6 11
2
7
(on pourra remarquer que f (x) = 2 + x−1 ).
Exo : Démontrer que 1 + √1 + √1 + ··· + √1 + √1 > 10.
2 3 99 100

Exo : Démontrer que 10300 < e1000 < 10500 .


√ √
Exo : résoudre x = x − 2 et x > x − 2. (attention aux carrés, on retiendra que (a2 =
b2 ⇐⇒ |a| = |b| et que si a, b > 0, on a a 6 b ⇐⇒ a2 6 b2 )

II.2 Utilisation de tableau de signes


x3 x+5
Exo : résoudre x2 −3x
> 0 et x2 −1
> 1.

II.3 Établir une inégalité à l’aide d’une étude de fonctions


x2
Exo : démontrer que pour tout x ∈ R+ , ex > 2
+ x + 1.

II.4 Quelques inégalités classiques à retenir


Proposition 7 (Inégalités de convexité) On a les inégalités suivantes

• ∀x ∈ R, ex > x + 1

• ∀x > 0, ln x 6 x − 1 et ∀x > −1, ln(1 + x) 6 x.

• ∀x > 0, sin x 6 x

Proposition 8 (Inégalité arithmético-géométrique) On a

√ a+b
∀a, b > 0, ab 6 .
2

II.5 Valeur absolue et inégalité triangulaire


Définition 9 La valeur absolue d’un réel x est la distance de x à 0, elle est noté |x|. Ainsi
|x| = x si x > 0 et |x| = −x sinon.
En particulier si a est un autre réel, le nombre |x − a| est la distance de x à a. Ainsi pour
r>0
(|x − a| = r ⇐⇒ x = a ± r) et (|x − a| 6 r ⇐⇒ a − r 6 x 6 a + r).

Exo : résoudre l’équation |3x − 2| = 8


Exo : tracer la fonction f définie par f (x) = |x − 1| + |x − 3|, puis étudier son minimum.
Pour majorer la valeur absolue d’une somme, on utilise l’inégalité triangulaire.

Proposition 10 (propriétés algébriques) soit x et y des réels. On a :

x |x|
1. |xy| = |x| |y| et y
= |y|
si y 6= 0.
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2. inégalité triangulaire :
||x| − |y|| 6 |x + y| 6 |x| + |y|

On a aussi |x − y| 6 |x| + |y|.

Attention : en général l’inégalité |x − y| 6 |x| − |y| est fausse.


2 cos x−5
Exo : déterminer la limite de x
lorsque x tend vers +∞.

III Quelques techniques sur les sommes

III.1 Utilisation du symbole sigma


P
Si (zi )i∈I est une famille finie de nombres complexes, on note i∈I zi la somme 1 des éléments
de la famille (zi )i∈I .
n
X P
Si I = Jm, nK, on note cette somme zi , et si I est vide, on convient que i∈I zi = 0.
i=m
Pb
Le nombre de termes d’une somme du type k=a zk est b − a + 1.

Proposition 11 (Manipulation du symbole sigma) Soit n > 1 un entier et x1 , . . . , xn , y1 , . . . yn


et λ des réels. On a
n
X n
X n
X n
X n
X
(xi + yi ) = xi + yi et λxi = λ xi .
i=1 i=1 i=1 i=1 i=1

III.2 Quelques sommes classiques


Proposition 12 (Sommes de puissances d’entiers) On a 2
n n
X n(n + 1) X n(n + 1)(2n + 1)
k= et k2 = .
k=1 2 k=1 6

Exo : calculer 13 + 17 + 21 + · · · + 1025


Remarque : la somme de termes consécutifs d’une suite arithmétique est égale à la moyenne
des termes extrêmes multiplié par le nombre de termes.

Proposition 13 (Sommes géométriques) : La somme des termes consécutifs d’une suite


géométrique de raison q 6= 1 est :
premier terme − suivant du dernier
S= .
1 − raison
En particulier, on a
n
X
k1 − q n+1
q = (q 6= 1)
k=0 1−q
Q
1. De même, le produit des éléments de la famille (zi )i∈I se note i∈I zi avec la convention que ce produit
vaut 1 si I est vide.P
n
2. Pour calculer k=1 k 2 , on part de (k + 1)3 − k 3 = 3k 2 + 3k + 1, puis on somme chaque membre, la somme
de gauche étant télescopique.
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Exo : Valeur de l’entier n ∈ N suivant codé sur 64 bits : n = (11 . . . 1110000)2


Pn
Exo : le réel 0.33333... est en fait la limite de la suite an = k=1 3.10−k , qui vaut bien 31 .
La relation suivante généralise l’identité remarquable a2 − b2 = (a − b)(a + b).

Proposition 14 (Factorisation de an − bn par a − b)


n−1
X
an − bn = (a − b)(an−1 + an−2 b + an−3 b2 + · · · + a1 bn−2 + bn−1 ) = (a − b) ak bn−1−k .
k=0

On a en particulier, par exemple

x5 − 1 = (x − 1)(x4 + x3 + x2 + x + 1) et x5 + 1 = (x + 1)(x4 − x3 + x2 − x + 1).

Cette relation peut être utile aussi en arithmétique, puisque si a et b sont des entiers, elle
montre que a − b divise an − bn .
Exo : démontrer que les entiers N = 545 − 430 et M = 545 + 430 ne sont pas des nombres
premiers.

III.3 Initiation au changement d’indice, séparation des termes d’in-


dice pair et impair
Retenir qu’un changement d’indice est juste une façon de renuméroter les termes de la
somme. En particulier, le nombre de termes de la somme doit être le même.
Pour le découpage «modulo 2» :

n ⌊n
2
⌋ ⌊ n−1
2

X X X
uk = u2p + u2p+1 .
k=0 p=0 p=0

P2n k
Exo : calcul de k=0 (−1) k

III.4 Sommes à double indice


Cela revient à additionner tous les termes d’une matrice A dont on note ai,j le coefficient
de la ligne i et de la colonne j.
Par exemple, voici A une matrice à 10 lignes et 7 colonnes.

[[133, 121, 199, 138, 221, 124, 229],


[ 31, 169, 108, 167, 137, 187, 102],
[ 64, 197, 193, 92, 199, 189, 15],
[ 78, 4, 16, 87, 186, 215, 205],
[ 16, 147, 63, 124, 32, 89, 7],
[ 30, 73, 202, 132, 186, 3, 79],
[104, 201, 55, 62, 78, 21, 160],
[104, 9, 220, 211, 132, 183, 86],
[124, 65, 183, 81, 7, 184, 18],
[227, 124, 59, 120, 4, 104, 168]]
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Calculer la somme de ses coefficients peut se faire de deux façons naturelles. On peut faire
la somme des coefficients par ligne, ou par colonne. Le résultat final est le même. On a donc
  !
X 10
X 7
X 7
X 10
X
ai,j =  ai,j  = ai,j .
(i,j)∈J1,10K×J1,7K i=1 j=1 j=1 i=1

• Cas d’un domaine rectangulaire du type K = Jm, nK × Jp, qK. On note alors
X X
ak = ai,j .
k∈K m6i6n
p6j6q

Selon que l’on additionne par «paquets» de lignes ou de colonnes, on a :


  !
X n
X q
X q
X n
X
ai,j =  ai,j  = ai,j .
m6i6n i=m j=p j=p i=m
p6j6q

• Cas d’un domaine triangulaire du type K = {(i, j) ∈ N2 | 1 6 i 6 j 6 n}.


On a alors
   
X n
X n
X n
X j
X
ai,j =  ai,j  =  ai,j  .
16i6j6n i=1 j=i j=1 i=1

P X n(n + 1)(n + 2)
Exemple : calculer 16i,j6n i, puis montrer que i= .
16i6j6n 6

• Conséquences :
Produit de sommes
n
X p
X X
ai × bj = (a1 +a2 +· · ·+an )((b1 +b2 +· · ·+bp ) = a1 b1 +a1 b2 +· · ·+an bp−1 +an bp = ai b j .
i=1 j=1 (i,j)∈J1,nK×J1,pK

le carré d’une somme est «la somme des carrés plus les doubles-produits» :
n
X n
X X n
X X
( ai )2 = a2i + ai aj = a2i + 2 ai aj
i=1 i=1 (i,j)∈J1,nK2 ,i6=j i=1 16i<j6n

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