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Q u5est=ce

que
la mort ?

Serge Toussaint

DIFUSION
ROSICRUCIENNE
QU’EST-CE QUE
LA MORT ?

Serge Toussaint

^ JD ifñ isio n Rosicrucienne


AVANT-PROPOS

Parm i les m ystéres auxquels l’étre hum ain


est confronté depuis son apparition sur Terre,
la m ort est probablem ent celui qui suscite á la
fois le plus de questions et d’hypothéses. S’il
en est ainsi, c’est parce qu’elle fait partie de
l’inconnu et a priori de l’inconnaissable. C’est
aussi parce qu’elle correspond á une échéance
á laquelle nul ne peut échapper et concerne
done chacun d’entre nous. En effet, nous
savons tous que nous allons m ourir un jour et
quitter, non seulem ent ce monde, m ais égale-
m ent les étres chers avec lesquels nous avons
vécu. Ce que nous ignorons dans ce domaine,
c’est oü, quand et comment cela se produira.

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Pour nombre de personnes, notam m ent
en Occident, la m ort est un sujet tabou. On
évite d’en p arler et méme de s’interroger á
son propos, de crainte de l’a ttire r et de m ourir
prém aturém ent. P a r ailleurs, on a tendance á
la personnifier et á voir en elle une entité mal-
veillante, voire démoniaque, capable d’agir
comme elle l’entend á l’encontre des vivants.
Plus que tout au tre sujet, elle a donné nais-
sance á une m ultitude de croyances erronées
et de superstitions plus effrayantes les unes
que les autres. On ne compte plus le nombre
de rites m agiques, occultes et religieux censés
repousser et éloigner la «grande faucheuse».

Aussi étrange que cela puisse sembler, la


m aniere dont nous concevons la m ort influence
notre m aniere de vivre, méme si nous n ’en
avons pas vraim ent conscience. La p lupart

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des croyants e n tretien n en t l’espoir que s’ils
se com portent dignem ent, leur áme, non seu-
lem ent survivra á leur décés, m ais égalem ent
connaitra une aprés-vie heureuse. Cet espoir
les incite á respecter les valeurs prónées par
la religión ou la voie spirituelle qu’ils suivent.
Les athées, qu an t á eux, ne croient pas en
l’au-delá, de sorte que leur existence repose
essentiellem ent su r les idéaux qu’ils se sont
eux-mémes forgés. M ais á défaut d’étre
spiritualistes, ils peuvent étre hum anistes et
s’évertuer á exprim er le m eilleur d’eux-mémes
dans leur comportement.

D’une m aniére générale, il y a deux fa^ons


d’envisager la m ort et ce qui lui fait suite :
la prem iére, m atérialiste, consiste á penser
qu’elle m et fin définitivem ent á notre vie et
méne au néant. La seconde, spiritualiste, est

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fondée su r l’idée que tout étre hum ain posséde
une áme et que celle-ci ne m eurt pas. Comme
vous le savez, les croyants, toutes religions
confondues, adhérent á cette seconde appro-
che de la m ort, de méme que les Rosicruciens.
Cela étan t, ce que le rosicrucianism e enseigne
á propos de l’aprés-vie est tres différent de
ce qu’en disent le christianism e, le judaism e,
l’islam , etc. Croire en l’au-delá est done une
chose, m ais savoir á quoi il correspond vrai-
m ent en est une autre. Dans un dom aine aussi
essentiel, on ne doit pas confondre «croyance»
et «connaissance».

H éritier d’un enseignem ent séculaire,


TAnden et M ystique Ordre de la Rose-Croix
perpétue une conception, non pas religieuse,
m ais m ystique de la mort. Le but de cet
opuscule est de p artager avec vous des

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réflexions su r ce sujet im portant et, peut-étre,
de vous perm ettre de l’envisager sous un angle
nouveau. Dans cet espoir, et quelles que soient
vos convictions en la m atiére, je vous souhaite
une vie aussi heureuse que possible.

Sincérem ent.

Serge Toussaint
G rand M aitre de l’A.M.O.R.C.

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QU’EST-CE QUE
LA MORT ?

Dés l’in sta n t méme de leur naissance, tous


les étres vivants se rapprochent inexorable-
m ent de la mort. II s’agit d’une loi naturelle,
et méme probablem ent universelle, qui n ’ad-
m et aucune exception. Certes, leur durée de
vie varié considérablem ent d’une espéce á
l’autre. Dans le régne végétal, par exemple,
un chéne peut vivre plusieurs siécles, alors
qu’un coquelicot m eurt en quelques jours.
Chez les anim aux, la longévité de l’éléphant
peut attein d re 90 ans, tandis que celle de
réphém ére ne dépasse pas quelques heures.
Précisons que la taille et la grosseur n ’ont
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pas nécessairem ent de rapport avec la durée
de vie. C’est ainsi que certaines bactéries sur-
vivent plusieurs siécles.

De nos jours, la durée moyenne de vie pour


un étre hum ain est de 80 ans dans les pays
dits développés. M alheureusem ent, la plupart
des spécialistes s’accordent á dire que cette
durée est su r le point de se réduire. En cause :
la pollution (de l’air, de l’eau et de l’alim enta-
tion), les ondes électrom agnétiques, le stress,
le m anque d’exercice, l’alcool, le tabac, la
drogue, etc. En quelques décennies, le nombre
de cancers, de m aladies cardio-vasculaires et
de troubles respiratoires a considérablem ent
augm enté. P a r ailleurs, sans nier les progrés
que la médecine a perm is de réaliser dans le
dom aine de la santé, il est désorm ais avéré
que nombre de m édicam ents et de vaccins ont

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des effets tres nocifs su r l’organisme. C ertains
seraient méme responsables de l’affaiblisse-
m ent généralisé de nos défenses im m unitaires
naturelles.

Sans doute connaissez-vous les récits


faisan t é ta t d’élixirs censés donner la vie
éternelle á ceux qui les boivent ? II doit vous
sem bler évident qu’il s’agit de légendes, pour
ne pas dire de superstitions. Aucun breuvage,
aucune substance, fut-elle sacrée et bénie,
ne peut perm ettre á l’étre hum ain de vivre
éternellem ent dans le méme corps physique.
O utre le fait que cela est totalem ent incom­
patible avec les lois qui régissent la vie sur
Terre, il n ’y a u ra it aucun in térét pour l’áme
á dem eurer indéfinim ent ici-bas. Elle seule
peut vivre éternellem ent, en ce sens qu’elle est
im m ortelle par nature.

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E n relation avec la m ort, il est un point tres
im portant á prendre en considération : contrai-
rem ent aux anim aux, les étres hum ains ont
conscience du tem ps qui passe et savent que
le jo u r viendra oú ils m ourront. C’est ce qui
explique pourquoi ils pensent aussi souvent á
la m ort, au point de l’anticiper et d’im aginer
ce qu’elle sera. Aucun anim al, excepté peut-
étre parm i les plus évolués, n’a cette faculté.
Certes, dans les in stan ts, voire dans les heu-
res ou les jours qui la précédent, il pressent
probablem ent que sa fin est proche, notam -
m ent s’il est vieux ou m alade. Mais il ignore
son age et n ’a aucune croyance á propos de ce
qu’est la m ort et de ce qui lui fait suite.

Com m ent expliquer que l’étre hum ain est


á la fois conscient de lui-méme, du tem ps qui
passe et du caractére inéluctable de la m ort ? A

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cette triple question, un athée ou un m atéria-
liste répondra que c’est parce qu’il posséde un
cerveau élaboré qui lui perm et de se rappeler
le passé, d’analyser le présent et d’anticiper
l’avenir. Bien que logique et respectable en
soi, cette réponse ne peut satisfaire un spiri-
tualiste, car elle laisse entendre que chacun de
nous se limite á un corps m atériel m aintenu
en vie par un ensem ble de processus physico-
chimiques, et que son aptitude á penser est
une faculté purem ent cérébrale.

D’un point de vue rosicrucien, la conscience


n ’est pas une faculté du cerveau, m ais un
a ttrib u t de l’áme. II est vrai qu’elle utilise nos
fonctions cérébrales pour s’exprim er su r le
plan objectif, m ais elle posséde des moyens de
perception et d’intellection qui transcendent
le cerveau. Cet organe n ’est done pas le siége

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exclusif de la conscience ; il n ’est que le centre
de l’activité m entale, de l’intellect. Ce fait est
tres im portant, car il perm et de comprendre
pourquoi des personnes privées de leurs fonc-
tions cérébrales continuent á m anifester des
é ta ts de conscience, notam m ent dans le cas de
certains comas.

Précisém ent, il est désorm ais avéré que la


p lu p art des personnes plongées dans le coma
continuent á entendre tout ce qui se dit á
proximité, que ce soit par le personnel médical
ou par les personnes qui viennent leur rendre
visite, dont leurs proches. II faut done faire
atten tio n aux propos que l’on tie n t en leur pré-
sence, car elles les com prennent et peuvent en
étre affectées. Mais cela veut dire égalem ent
qu’il est possible de leur parler et de leur dire

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des choses qui vont les encourager, les soute-
nir, les réconforter, les apaiser, les rassurer...

Inhum ation ou crém ation ?

Les rem arques précédentes me conduisent


m aintenant á expliciter ce qu’est la mort pour
les mystiques en général et les Rosicruciens en
particulier. Au m om ent ou elle se produit, que
ce soit á la suite d’un accident, d’une m aladie
ou de la vieillesse, le cceur cesse de b attre,
les poumons de respirer, le cerveau de fonc-
tionner. D’un point de vue médical, c’est la
combinaison de ces trois facteurs qui atteste
que la personne concernée est décédée. Son
corps commence alors á se refroidir et á se
décomposer graduellem ent, d’oú la nécessité
de procéder á son inhum ation ou á sa crém a­
tion. Athées comme croyants sont en accord

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su r ce point et ad m ettent que «nous sommes
poussiére et retournons á la poussiére», du
moins pour ce qui est de l’étre physique, de
l’enveloppe charnelle.

Peut-étre faites-vous partie des personnes


qui se dem andent si 1’inhum ation est préfé-
rable á la crém ation, ou inversem ent ? E n fait,
c’est á chacun de choisir entre Tune et l’au tre
en fonction de son ressenti et de ses croyances
personnelles. Dans le langage ésotérique, la
prem iére correspond á une «alchimie lente»,
car le corps m et plusieurs dizaines d’années
á se décomposer ; la seconde correspond á une
«alchimie rapide», car il est réduit en cendres
en quelques heures. Ce qui est certain, c’est
que l’ám e elle-méme est “n e u tre ” par rapport á
ce choix, car ce qu’il advient de son corps aprés

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la m ort lui im porte peu et n ’a aucune inci-
dence su r son devenir dans l’au-delá. Q u’il soit
en terré ou brülé, elle sait parfaitem ent qu’il
ne lui servirá plus jam ais.

D’un point de vue rosicrucien, l’ám e m et


environ trois jours pour se libérer totalem ent
du corps physique et prendre pleinem ent cons-
cience qu’il est m ort, et par la méme que son
incarnation a définitivem ent cessé. C’est pour-
quoi il est préférable d’atten d re ce délai avant
de procéder á l’inhum ation ou á la crém ation.
Pour des raisons diverses liées au défunt, á
l’entourage ou aux circonstances du décés,
cela n ’est pas toujours possible. Dans ce cas,
il ne faut pas s’en inquiéter et faire au mieux.
Certes, son ame se sentirá peut-étre quelque
peu “bousculée”, m ais cela ne l’em péchera nul-
lem ent de franchir le seuil de l’au-delá.

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Lorsque Ton opte pour l’inhum ation, le
cercueil dans lequel repose le défunt est le
plus souvent enterré dans un cim etiére, ce
qui perm et á ceux qui le souhaitent de venir
se recueillir su r sa tombe. II en est de méme
lorsque le corps a été incineré et que Turne
contenant les cendres a été placée dans un
colum barium . Cette possibilité n’existe pas
lorsqu’elles ont été dispersées dans la nature.
S’il est vrai que «le plus beau des tombeaux
pour les morts est le cceur des vivants», c’est lá
un point qu’il faut prendre en considération :
voulons-nous ou pas laisser derriére nous un
lieu de recueillem ent pour ceux qui en éprou-
veraient le désir ou le besoin ?

Est-il nécessaire de préciser que les zom-


bies n ’existent pas et n ’ont jam ais existé ?
Cette superstition, entretenue dans certains

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pays par des sorciers et au tres féticheurs
ay an t un in té rét á le faire, est liée au fait que
dans le passé, il est m alheureusem ent arrivé
que des personnes que Ton pensait décédées
ne Tétaient pas. Elles ont done été enterrées
vivantes. On le sait par les traces de coups
e t de griffures qui ont été retrouvées á l’in-
té rieu r de certains cercueils. Exception faite
de ces quelques cas m acabres, un étre hum ain
ne peut étre que m ort ou vivant, m ais en
aucun cas m ort vivant. II faut laisser cela au
cinéma fantastique et aux adeptes de sensa-
tions “gores”.

Le devenir de l’áme

Qu’en est-il m ain ten an t de l’áme lorsque


Ton m eu rt ? Avant de répondre á cette
question, il me semble nécessaire de revenir
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su r son origine et su r sa nature. Ainsi que
cela est expliqué dans l’enseignem ent de
l’A.M.O.R.C., elle est une ém anation de l’Áme
universelle, laquelle, comme son nom Fin-
dique, est présente dans tout Funivers. T ant
que nous sommes en vie, notre áme im prégne
toutes les cellules de notre étre, á la m aniere
dont l’air rem plit toutes les piéces d’une mai-
son. E n fait, c’est elle qui nous anim e, au sens
de nous donner vie et conscience. Vue sous
cet angle, l’áme est l’énergie spirituelle qui fait
de chacun de nous un étre vivant et conscient,
capable de penser et de re sse n tir des émo-
tions.
Mais l’áme ne se lim ite pas á anim er notre
étre. Elle est égalem ent Fentité spirituelle
qui nous est propre et qui constitue notre
personnalité, avec ses qualités, ses défauts

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et ses caractéristiques diverses. En ta n t que
telle, elle est douée d’une faculté qui justi-
fie notre existence en ta n t qu’individu : celle
d’évoluer, c’est-á-dire de s’améliorer, de se
parfaire. En fait, si nous vivons sur Terre, c’est
pour perm ettre á notre áme de progresser et
de m ener á bien son évolution au contact des
autres. C’est pourquoi nous pouvons dire á
ju ste titre qu’il y a des personnes plus évoluées
que d’autres, toutes races, toutes nationalités
et toutes classes sociales confondues.

Que faut-il entendre par «personnes plus


évoluées» ? II ne s’agit pas nécessairem ent de
celles qui sont plus cultivées ou plus intelli-
gentes su r le plan cérébral, et done m ental. Ce
sont av an t to ut celles qui s’évertuent á bien
se comporter dans la vie et qui cultivent ce
que Ton appelle couram m ent Y«intelligence

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du cceur». Ce sont égalem ent celles qui font
preuve de bon sens et de m atu rité au quoti-
dien. Cela ne s’apprend ni en lisan t des livres,
ni en suivant l’enseignem ent de tel m aítre á
penser. En effet, c’est au plus profond de notre
étre que nous devons puiser la volonté d’ex-
prim er le m eilleur de nous-m émes dans nos
relations avec autrui.
Si vous adm ettez que nous vivons sur
Terre pour évoluer spirituellem ent, c’est-
á-dire pour nous parfaire, la question qui
se pose est de savoir ju sq u ’á quel niveau de
conscience peut ou doit nous m ener cette
évolution, ce perfectionnem ent ? Ju s q u ’á
m an ifester á trav e rs notre com portem ent les
plus belles v ertus que Fon a ttrib u e á 1’áme
hum aine, dans ce qu’elle a de plus divin : l’hu-
m ilité, l’in tég rité, la générosité, le courage,

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la non-violence, etc. Que nous en soyons
conscients ou non, c’est cet é ta t de Sagesse
que tout étre hum ain est destiné á atteindre
á l’issue de son évolution spirituelle. Et
puisqu’une seule vie ne suffit pas pour y par-
venir, la p lupart des Rosicruciens adm ettent
comme une évidence le principe de la réincar-
nation.

Comme vous le savez, certaines religions


prónent la résurrection des corps. Selon ce
dogme, les m orts, tout du moins ceux qui
au ro n t été de “bons” fidéles de leur vivant,
seront appelés á ressusciter á la fin des tem ps,
lorsque Dieu a u ra rendu son Jugem ent der-
nier. Bien que chacun soit libre d’adhérer á
cette croyance, comment concevoir que des
corps inhum és ou incinérés depuis des siécles,
voire des m illénaires, puissent se reform er et

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revivre ? O utre qu’une telle reviviscence est
incom patible avec les lois naturelles, á quoi
servirait-elle ? Rappelons que ce dogme n ’a été
fixé dans l’Eglise chrétienne qu’au VIe siécle,
lors du Concile de Constantinople, et que les
prem iers C hrétiens croyaient á la réincarna-
tion.

La réincarnation

Si le bien-fondé de la résurrection ne résiste


pas au raisonnem ent, celui de la réincarnation
peut étre confirmé p ar nom bre d’élém ents :
beaucoup d’enfants, á trav ers le monde,
ont décrit oú ils avaient vécu dans leur vie
précédente. Aprés une enquéte approfondie,
m enée avec toute la rigueur voulue, leur
tém oignage s’est vu confirmé dans les moin-
dres détails. Com ment expliquer égalem ent le

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cas des «enfants prodiges» (Léonard de Vinci,
Mozart, Blaise Pascal, etc.), si ce n’est p ar le
fait que leur génie et leur savoir-faire résul-
ta ien t d’un acquis an térieu r á leur incarnation
d’alors. E t vous : n ’avez-vous jam ais eu le
sentim ent d’avoir déjá vu tel paysage, rencon-
tré telle personne, exercé tel m étier, suivi telle
religión ? Que l’on en ait conscience ou non,
chacun de nous est le ré su lta t d’une longue
série de vies successives.

Si les enfants sont enclins á se rappeler


leur incarnation précédente, c’est parce qu’ils
sont encore sous son influence et resten t
ouverts au monde spirituel. En vieillissant,
leur intelligence cérébrale se développe au
détrim ent de leur conscience anim ique. C’est
pourquoi les adultes ont tendance á se ratio-
naliser et á se ferm er aux souvenirs liés á leur

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vie antérieure. Cela ne veut pas dire qu’il leur
est impossible d’y accéder, m ais ils doivent
pour cela puiser dans leur mémoire subcons­
ciente, ce qui suppose de vouloir et de savoir le
faire. Les Rosicruciens ont leur propre m éthode
pour y parvenir, m ais ils ne forcent rien dans
ce domaine. Ils savent en effet qu’il peut étre
dangereux, pour leur équilibre psychologique,
de réveiller les «fantómes du passé»...

A la lum iére des explications précédentes,


revenons-en m ain ten an t au processus méme
de la m ort : Lorsque le défunt a rendu son
dernier souffle et que ses fonctions vitales
ont cessé leur activité, son ame commence á
se libérer de son corps. C ette libération se fait
en trois étapes m ajeures. D urant la prem iére,
alors qu’elle est encore incarnée, elle mémorise
les événem ents qui fu ren t les plus m arquants

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dans sa vie et s’im prégne de la personnalité
qui é ta it la sienne. P endant la deuxiéme étape,
elle quitte son enveloppe charnelle et dem eure
quelques jours á proximité, le tem ps de réali-
ser pleinem ent que son incarnation en cours
est définitivem ent achevée. Puis vient le
m om ent oü elle se sent irrésistib lem en t atti-
rée vers une au tre dim ensión; c’est la troisiém e
et derniére étape de la m ort, qui est décrite
dans de nom breux récits comme la «traversée
d ’un tunnel de lumiére».

Que se passe-t-il pour les personnes qui


m eurent de fa£on violente (brülées vives,
noyées, etc.)? Le processus “norm al” de la
m ort est alors quelque peu perturbé, car l’áme
est privée bru talem ent de son corps. Elle est
en quelque sorte projetée dans l’au-delá et n’a

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pas la possibilité de réaliser sereinem ent que
son incarnation est achevée. Cela étant, aucun
élém ent (feu, eau ou autre) ne peut Fempécher
de q u itter son enveloppe charnelle et d’accé-
der á l’aprés-vie. II s’agit en effet d’une énergie
spirituelle, d’une essence tres subtile que rien
ne peut affecter ou reteñir. Certes, elle subit
un certain traum atism e en cas de m ort vio­
lente, m ais celui-ci disp arait graduellem ent,
au fur et á m esure qu’elle prend conscience de
sa nouvelle condition.

Avant de poursuivre, il me sem ble impor-


ta n t de préciser que si la m ort correspond á
l’in sta n t ou le défunt rend son dernier souffle
et libére ainsi son ám e (d’oú l’expression
«rendre Váme»), celle-ci s’incarne, non pas au
m om ent de la conception, comme l’enseignent
la p lu p a rt des religions, m ais lorsque Fenfant

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sort du ventre m aternel et inspire pour la
prem iére fois. C’est done avec son prem ier
souffle q u ’il en prend possession et devient
un étre vivant et conscient autonom e. Cela
veut dire qu’a v an t la naissance, l’embryon
puis le foetus (á p a rtir du troisiém e mois de
grossesse) sont anim és p ar la v italité et l’áme
de la mere.

La rem arque précédente est im portante,


car elle perm et de com prendre pourquoi les
Rosicruciens ne sont pas opposés á l’avor-
tem ent. lis pensent en effet que cet acte ne
provoque ni la m ort d’un étre hum ain á p a rt
entiére, ni la disparition d’une áme. Certes,
celle-ci se voit privée du corps qui a u ra it dü
étre le sien pour une nouvelle vie terrestre,
m ais elle se réincarnera dés que possible,
dans la méme famille ou dans une autre. Cela

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étan t, avorter est un acte grave qu’il ne s’agit
en aucun cas de banaliser et encore moins
d’encourager.

L’au-delá

L’au tre dimensión vers laquelle l’áme se


sent attirée au m om ent de la m ort n’est pas
un lieu ; il s’agit en fait de l’Ame universelle,
que les B ouddhistes désignent sous le nom
d'«Atman». Celle-ci, comme je l’ai déjá pré-
cisé, est présente dans tout l’univers. Elle est
l’Energie cosmique d’oú proviennent toutes
les am es hum aines, et c’est en elle qu’elles se
fondent en tre deux incarnations successives.
Sur Terre, c’est elle aussi qui anim e les végé-
taux et les anim aux. N aturellem ent, elle le
fait á des degrés divers, ce qui explique les
différents stades d’évolution que l’on peut

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constater dans les régnes végétal et anim al.
Á titre d’exemple, si un singe est plus évolué
qu’une tortue, c’est parce que l’Ame universelle
m anifesté á travers lui un plus grand potentiel
de son a ttrib u t m a je u r: la Conscience univer­
selle.

Aprés s’étre fondue dans l’Áme univer­


selle, Fáme du défunt se livre á un bilan de la
vie qu’elle vient d’achever, éclairée en cela par
la Conscience universelle. A utrem ent dit, elle
s’analyse elle-méme en ta n t que personnalité
anim ique, afin de faire le point sur les qualités
qu’elle a m anifestées d u ran t son incarnation,
m ais égalem ent su r les défauts qui sont encore
les siens. Parallélem ent, elle revoit les choix
m arq u an ts qu’elle a faits á l’égard d’elle-méme
et des autres, et en tire les conséquences. A

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l’issue de ce bilan, elle m esure avec clarté et
lucidité le chem in qui lui reste á parcourir
pour se rapprocher davantage encore de l’é ta t
de Sagesse. Des lors, elle atten d que le moment
soit venu pour elle de se réincarner et de pour-
suivre son évolution spirituelle.

Depuis des siécles, la Tradition rosicru-


cienne rapporte qu’il s’écoule environ 144 ans
entre deux réincarnations successives. Cela
veut dire p ar exemple qu’une personne qui
m eu rt á l’áge de 90 ans se réincarnera aprés
que se soient écoulés environ 54 ans su r Terre.
Cela étan t, elle n ’au ra pas le sentim ent d’avoir
atten d u ce délai, car son áme se trouvera alors
su r un plan de conscience qui se situé hors du
tem ps. A titre de comparaison, lorsque nous
nous réveillons chaqué m atin, nous n ’avons
pas l’im pression d’avoir a tten d u six, sept ou

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h u it heures... II faut préciser que cette durée
de 144 ans est une moyenne. C’est ainsi que
certaines ámes, notam m ent celles des enfants,
se réincarnent plus rapidem ent.

C ontrairem ent á ce qu’enseignent la plu-


p a rt des religions, l’áme ne se rend done ni en
enfer ni au paradis aprés la m ort, fut-ce aprés
un bref séjour au purgatoire. Ces destinations
post-m ortem n ’ont aucun fondem ent ontolo-
gique et ne correspondent á aucune réalité
dans l’au-delá. A l’origine, elles ont été ima-
ginées pour inciter les fidéles á faire le bien
et les dissuader de faire le m al, telles que ces
deux notions étaien t définies dans les credo
religieux. Mais en ce début du XXIe siécle, com-
m ent croire encore qu’il existe dans le ciel un
endroit réservé aux bonnes et belles ám es, et
dans les entrailles de notre planéte un lieu oú

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celles des m échants et des impies brüleraient
pour l’éternité ?

Le paradis et Fenfer

S’il fallait donner une réalité au paradis et


á Fenfer, c’est ici-bas qu’il fau d rait la recher-
cher. E n effet, lorsque Fon est en bonne santé,
que Fon aime et que Fon est aimé, que Fon
exerce une profession qui nous plait, que Fon
est comblé su r le plan m atériel, n ’est-ce pas la
le paradis ? Inversem ent, lorsque Fon souffre
physiquem ent ou m oralem ent, que Fon subit
la solitude, que Fon ne prend aucun plaisir á
faire son métier, que Fon m anque de moyens
financiers, n ’est-ce pas la Fenfer ? Cela veut
dire que c’est á nous de faire en sorte que la
société perm ette á chacun d’étre heureux sur

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tous les plans, et de faire ainsi de la Terre un
paradis pour tous les étres hum ains, sans
distinction.

Deux parenthéses me sem blent nécessai-


res. Comme vous le savez, il y a un peu
p arto u t dans le monde des intégristes qui,
au nom de Dieu, s’em ploient á im poser leurs
croyances p ar la forcé. Parm i eux, certains
n ’h ésiten t pas á tu e r ceux qu’ils considérent
comme des paiens ou des infidéles. Pour cela,
ils sont préts á «mourir en mai'tyrs», convain-
cus qu’ils accéderont directem ent au paradis
et bénéficieront d’une aprés-vie des plus
heureuses. Mais puisque le paradis, au sens
religieux de ce term e, n ’existe pas, ils s’illu-
sionnent. En revanche, ils n ’échapperont pas
á leur karm a et connaítront une aprés-vie
trés tourm entée. P a r ailleurs, ils subiront dans

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leur prochaine vie des souffrances qui seront á
la m esure de celles qu’ils auront infligées.

La seconde parenthése est liée á une


croyance tout aussi dogm atique, m ais aux
conséquences beaucoup moins graves. Cer-
taines religions enseignent que si un enfant
m eu rt av an t d’avoir été düm ent baptisé, son
áme ne pourra jam ais accéder au paradis
et restera de toute éternité prisonniére des
limbes, “région” obscure que ces mém es reli­
gions situ en t entre la Terre et le Ciel. Une telle
idée ne repose sur aucune vérité ontologique.
En effet, le devenir d’une áme aprés la m ort ne
dépend pas des sacrem ents im aginés par les
hommes, m ais des lois qui régissent l’évolu-
tion spirituelle de tout étre hum ain, qu’il soit
croyant ou non, qu’il ait été baptisé ou non.

38
Á l’in sta r de l’enfer, du paradis et du pur-
gatoire, le diable n ’a aucune existence, pas
plus que les démons censés oeuvrer á son
Service. La encore, il s’agit d’un concept qui
avait pour b u t d’inciter les fidéles á suivre le
credo de leu r religión et á se comporter aussi
dignem ent que possible. Des lors que Fon
adm et l’existence de Dieu et que Ton voit en
Lui un É tre aim ant e t m iséricordieux, comme
l’enseignent les religions, comment penser
qu’Il ait pu créer ou laisser se créer une entité
m alveillante ayant le pouvoir de nuire aux
hommes, de les inciter á mal agir et méme de
prendre possession de leur ame ? En réalité,
le diable n ’est au tre que l’homme lui-méme,
lorsqu’il applique son libre arbitre d’une
m aniére négative, au point de com m ettre des
actes barbares, pour ne pas dire «diaboliques»
ou «démoniaques».
39
É ta n t donné que le diable n’existe pas, il
lui est impossible de “posséder” un anim al ou
un étre hum ain. C’est la une superstition qui
rem onte á la plus hau te Antiquité. P ar voie
de conséquence, il n ’existe aucune pratique
m agique, religieuse ou occulte p erm ettan t de
le chasser du corps d’un “possédé”. En réalité,
ce que Ton appelle «possession» est l’effet d’un
désordre m ental ou d’un trouble psychologique
allan t de la crise d’épilepsie au dédoublem ent
de la personnalité. Quoiqu’on en dise, aucun
exorcisme ne peut étre efficace en la m atiére.
Seúl un traite m en t médical approprié peut
donner des résu ltats, é ta n t entendu que c’est
la une entreprise difficile.

Le karm a
Précédem m ent, je me suis référé á la notion
de karm a. Cela me conduit á rappeler que ce
40
mot désigne la loi de cause á effet qui régit
l’évolution spirituelle de tout étre hum ain. E n
application de cette loi, appelée égalem ent
«loi de compensation», ce que nous pensons,
disons et faisons s’inscrit dans la Mémoire uni-
verselle (attrib u t de la Conscience universelle)
et produit des effets de méme n a tu re dans
notre vie présente ou dans celle qui suivra. En
cela, tous les Sages du passé ont enseigné que
«chacun récolte tót ou tard ce q u il a semé», en
positif comme en négatif. Ainsi done, on ne peut
dissocier le k arm a de la réincarnation, car on
se réincarne a u ta n t de fois que nécessaire pour
compenser nos erreu rs et éveiller les qualités
qui nous m anquent encore.

P eut-étre vous demandez-vous ce qu’il


advient d’une áme qui n ’a plus aucun karm a

41
négatif á compenser et, qui plus est, a a ttein t
l’é ta t de Sagesse ? Elle n ’est plus dans l’obliga-
tion de se réincarner ; des lors, elle dem eure
en pleine conscience dans l’Ame universelle
et participe de sa n a tu re en parfaite connais-
sance de cause. Dans une certaine m esure, elle
s’app aren te alors á ce que les traditions juive,
chrétienne et m usulm ane appellent «ange»,
si ce n ’est qu’elle doit son s ta tu t spirituel au
trav ail personnel qu’elle a accompli pour se
parfaire d’incarnation en incarnation. Mais si
elle le souhaite, une ame ayant a tte in t l’é ta t de
Sagesse peut choisir de revenir sur Terre. Dans
ce cas, elle anim e un homme ou une femme qui
s’emploie, á travers son com portem ent, á gui-
der les au tres vers cet état.

Á ce point de notre réflexion, vous com-


prendrez que la m ort ne m arque pas la fin

42
définitive de ce que nous sommes en ta n t
que personnalité. Elle constitue un passage
vers une au tre dimensión, ce qui explique
pourquoi les Rosicruciens préferent la dési-
gner par le mot «transition». P ar ailleurs, elle
ne nous éloigne que tem porairem ent des étres
que nous avons aim és et qui nous ont aimés,
car le m om ent venu, nous les retrouvons
dans l’au-delá et bénéficions de leur présence
anim ique. N aturellem ent, les relations que
nous avons alors avec eux n ’ont plus rien de
commun avec ce qu’elles étaien t ici-bas. Elles
se font sous forme de communions spirituelles
qui s’établissent d’áme á áme. Pour vous en
faire une idée, le mieux est de penser á la
m aniere dont nous “voyons”, “entendons” et
“touchons” les personnes que nous cótoyons
et rencontrons dans nos plus beaux reves.

43
Mais dans l’aprés-vie, les ám es ne sont pas
“occupées” uniquem ent á com m unier entre
elles. D u ran t cette “période”, chacune d’elles
e st placée co n tinuellem ent face á sa cons-
cience, sans jam ais pouvoir s’y soustraire.
Selon ce que nous avons fait d u ran t notre
incarnation, nous sommes plutót en «bonne
conscience» ou en «mauvaise conscience», de
sorte que la m aniere dont nous vivons dans
l’au-delá est plus ou moins heureuse et
agréable. Cela veut dire que tout étre hum ain
qui s’est laissé aller á m al agir vis-á-vis de
lui-méme et des autres, sans jam ais faire
l’effort de se ressaisir, ne peut espérer une
aprés-vie sereine.
Tout comme nous retrouvons dans l’au-
delá les étres auxquels nous étions tres liés
sur le plan affectif, il arrive fréquem m ent

44
que les m em bres d’une famille trés unie
se réin carn en t de m aniere á poursuivre
ensem ble leur vie ici-bas. Leur place dans la
cellule fam iliale n ’est plus nécessairem ent
la méme. C’est ainsi que les grands-parents
peuvent devenir les enfants, les enfants les
parents, les p arents les fréres et soeurs, les
fréres et soeurs les oncles et tantes, etc. En
fait, toutes les perm utations sont possibles au
sein d’une méme famille d’ámes. Ce qui les
rapproche alors, c’est l’am our qu’ils éprouvent
les uns envers les autres.

L’Expérience de M ort Im m inente


Sans doute avez-vous déjá entendu parler
de l’E.M.I. ? Des m illiers de cas ont été réper-
toriés á trav ers le monde et ont fait l’objet de
docum entaires scientifiques on ne peut plus

45
sérieux. Tous les tém oignages recueillis rap-
portent la méme expérience : les sujets ont “vu
défiler” toute leur vie. Puis ils ont quitté leur
corps et l’ont per^u comme s’ils le regardaient
depuis une certaine hauteur, de méme que les
personnes se te n a n t á proximité. Enfin, ils
se sont sentís comme aspirés dans un tunnel
de lum iére, au bout duquel se trouvaient des
étres chers qu’ils avaient connus ici-bas. Ils ne
ressen taien t aucune souffrance physique ou
morale, m ais avaient le sentim ent de baigner
dans un océan d’am our et de sérénité. Puis
soudainem ent, ils ont réintégré leur corps et
ont repris conscience de leur environnem ent.

Toujours á propos de l’E.M.I., il est un point


tres im p o rtant á souligner : toutes les per­
sonnes concernées ont vécu la réintégration
dans leur corps comme une épreuve pénible

46
et désagréable les obligeant á poursuivre leur
vie terrestre, avec toutes les contraintes et les
vicissitudes que cela implique. Ayant acquis
la conviction qu’elles possédent une ám e et
que la m ort constitue une renaissance dans
le monde invisible, et si ce n ’é ta it déjá le cas,
elles donnérent une oríentatíon spiritualiste
á leur existence. Nombre d’entre elles chan-
gérent radicalem ent de vie et optérent pour
des idéaux profondém ent hum anistes, fondés
su r la fratern ité, la solidarité, le partage, etc.

Est-il besoin de faire une Expérience de


Mort Im m inente pour se convaincre de l’exis-
tence de l’áme et de l’aprés-vie ? Non. Lorsque
l’on pense á ce que l’étre hum ain a creé de
plus beau dans les arts, la littératu re,
l’architecture, la Science et méme la techno-
logie, et lorsque Ton songe aux sentim ents

47
les plus nobles qu’il est capable de ressen­
tir et d’exprimer, tels l’amour, l’am itié, la
fratern ité, la compassion, etc., comment
douter qu’il posséde en lui quelque chose de
tran scen d antal, pour ne pas dire divin ? Assu-
rém ent, il est plus qu’un étre v iv a n t; il est une
áme vivante. En ta n t que telle, il est im m ortel
en essence et vit done éternellem ent.

Contacter les défunts

Les vivants peuvent-ils contacter les ámes


des défunts ? Oui, m ais c’est difficile. Préten-
dre le contraire serait mensonger. J ’ajouterai
que cela ne peut se faire qu’en nous élevant
in térieu rem ent vers les plans de conscience
auxquels elles se situ en t dans l’au-delá, et non
en essayant de les faire descendre vers nous
au moyen de pratiques spirites ou autres. Dans

48
l’un des degrés de l ’A.M.O.R.C., il est expliqué
comment proceder dans ce but, m ais je ne
peux en dire davantage dans le cadre de cet
opuscule. Sachez néanm oins que lorsqu’un tel
contact est établi, il donne toujours lieu á une
expérience m ystique qui ne laisse aucun doute
q u an t á son authenticité.

S’il est possible m ais difficile de commu-


nier avec les ám es des défunts, notam m ent de
ceux qui nous étaien t chers, il leur est encore
plus difficile de nous contacten En fait, la
p lupart d’entre elles sont totalem ent “décon-
nectées” de notre Terre et ne cherchent pas
á établir le contact avec nous. Q uant á celles
qui le souhaitent, elles sont im puissantes á le
faire si nous-mémes ne leur en donnons pas
la possibilité. Aussi, contrairem ent á certaines
croyances, les m orts n ’ont aucune em prise sur

49
les vivants et n’agissent en aucun cas á tra-
vers eux. Au-delá des apparences, la Création
est régie p ar l’ordre et Fharmonie, de sorte que
les ám es non incarnées coexistent entre elles,
sans vouloir ni pouvoir interférer avec les lois
qui régissent notre monde m atériel.

Puisque je viens de faire référence á la


Création, voyons briévem ent ce qu’il en est.
Pour les Rosicruciens, il est évident qu’elle
n ’est pas le fruit du hasard ou d’un concours
de circonstances, m ais Foeuvre de cette
Intelligence absolue que Fon appelle com-
m uném ent «Dieu». S’il nous est impossible
de savoir ce qu’est cette Intelligence, nous
pouvons connaitre les lois au moyen des-
quelles Elle se m anifesté dans Funivers, la
n atu re et l’homme lui-méme. En fait, c’est
dans la compréhension et le respect de ces lois

50
dites divines que se situé le bonheur auquel
nous aspirons. Cela suppose de les étudier, ce
á quoi les Rosicruciens se consacrent á travers
leur enseignem ent.

En relation avec la m ort, il me semble utile


égalem ent d’évoquer le cas des fantómes. D’un
point de vue m ystique, ce sont des ám es qui
refusent d’adm ettre que leur incarnation est
définitivem ent achevée. II s’agit généralem ent
de personnes qui é taien t tres m atérialistes,
et done tres attachées aux biens et aux pos-
sessions terrestres. R efusant de s’en séparer,
elles dem eurent á proximité des lieux oü elles
ont vécu. On dit alors qu’elles les h antent.
Cela étan t, il est quasim ent impossible de
les percevoir ou de ressen tir leur présence, á
moins d’avoir une sensibilité psychique tres
développée. Quoiqu’il en soit, et contrairem ent

51
á l’opinion courante, nous n’avons ríen á crain-
dre des fantóm es. Ce sont des ám es égarées
qui finissent toujours par se rendre á l’évi-
dence et, ce faisant, par se fondre dans l’Áme
universelle en a tte n d a n t de se réincarner.

Un au tre point m érite réflexion : les sui-


cidés. P en d ant des siécles, les religions ont
refusé qu’ils bénéficient de funérailles, voyant
en cela u n acte de lácheté que Dieu réprouve
au plus h a u t point, Lui seul ayant le droit
selon elles de décider du m om ent et des cir-
constances de notre mort. Les Rosicruciens
ne p artag en t en aucun cas cette position dog-
m atique. Certes, ils désapprouvent le suicide,
m ais plutót que de condam ner ceux qui y ont
recours, ils éprouvent une grande compassion
á leur égard, considérant qu’il faut étre pro-
fondém ent désespéré pour en venir á cette

52
solution extrém e. P a r ailleurs, ils savent que
cet acte ne fait que repórter dans leur pro-
chaine vie les difficultés, les problémes ou les
épreuves auxquels ils ont voulu échapper en
se donnant la mort.
P eut-étre vous demandez-vous si l’eutha-
nasie constitue une forme de suicide ? Non,
lorsqu’elle est envisagée pour m ettre fin á des
souffrances insupportables qu’il est devenu
impossible d’apaiser, et que la personne
concernée est dans un é ta t extrém em ent
dégradé, avec pour seule échéance la mort.
Dans ce cas, et si possible á sa demande,
l’aider á m ourir sereinem ent, au besoin en
abrégeant sa vie, est un devoir hum anitaire.
En cela, la souffrance n ’est ni expiatoire ni
rédem ptrice ; elle n ’est pas non plus une
nécessité pour se rapprocher de Dieu, comme

53
le laissent entendre la plu p art des religions.
L’idéal est au contraire de souffrir et de faire
souffrir le moins possible, ta n t il est vrai que
la m ission prem iére de l’étre hum ain est d’étre
heureux et de rendre les au tres heureux.

Qu’en est-il m ain ten an t de l’heure et des


circonstances de la m ort ? D un point de vue
rosicrucien, elles ne sont prédéterm inées ni
p ar Dieu, ni par le destin. Le croire voudrait
dire qu’une personne qui se suicide le fait
pour que sa m ort coincide avec ce qui a été
décrété pour elle ; que lorsqu’un avión s’écrase
avec des centaines de passagers, c’est parce
qu’il a été décidé qu’ils m eurent ensem ble á
ce m om ent-lá ; que dans le feu des combats,
il fau t que tel soldat plutót que tel autre, á
quelques m étres ou secondes prés, m eurt.
D’une m aniere générale, le m om ent de notre

54
m ort, et par lá-méme la m aniere dont elle se
produira, est conditionné par notre compor-
tem ent, notre patrim oine génétique et notre
hygiéne de vie, d’oü Fintérét de respecter les
lois naturelles qui régissent notre corps phy-
sique.

P rép arer sa transition

S’il est impossible d’échapper á la m ort,


nous pouvons nous y préparer. Com ment ?
En nous fam iliarisant avec les trois grandes
étapes du processus qui lui est propre, et en
visualisant qu’elles se déroulent au mieux
le m om ent venu. Dans une certaine m esure,
cela revient á répéter intérieurem ent notre
transition, en veillant á étre le plus vrai
possible vis-á-vis de nous-mémes et de la

55
conception que nous avons de l’au-delá. Paral-
lélem ent, nous devons nous éveiller á la réalité
spirituelle de notre ame et cultiver notre foi en
l’aprés-vie, ju sq u ’á ce que nous n ’ayons plus
aucune appréhension de la mort.
Tout comme il est possible d’anticiper
ce que sera notre transition, nous pouvons
égalem ent préparer notre prochaine incarna-
tion. Sachant qu’elle sera conditionnée p ar ce
que nous aurons fait dans notre vie présente,
nous devons tout d’abord nous évertuer á la
rendre aussi positive et constructive que pos­
sible. En second lieu, nous pouvons visualiser
de tem ps á au tre ce que nous souhaiterions
pour notre prochaine vie terre stre : homme
ou femme, pays, profession, personnalité, etc.
Certes, une telle visualisation ne suffira pas
á elle seule á combler nos voeux, m ais elle

56
constituera une base spirituelle sur laquelle
notre prochaine incarnation pourra prendre
appui, sachant qu’elle sera nécessairem ent
influencée par notre karm a, positif comme
négatif.

Peut-étre faites-vous partie des personnes


auxquelles il est arrivé de réver de leur propre
m ort ou de celle d’un proche ? Dans la grande
majorité des cas, ce genre de réve n’est en aucun
cas prém onitoire. A utrem ent dit, il ne signifie
pas que vous-méme ou ce proche va m ourir pro-
chainem ent. Vous ne devez done pas en faire
un objet de crainte ou d’angoisse. Lorsque l’on
réve que Fon est m ort ou que l’on va mourir,
c’est trés souvent parce que Ton est su r le
point de connaitre un changem ent im portant
dans notre vie fam iliale, sociale, professionnelle

57
ou affective. Un tel reve symbolise alors une
renaissance á nous-m émes et un nouveau
cycle dans notre existence.

Si de nom breuses personnes craignent de


mourir, beaucoup sont encore plus angoissées
p ar le fait de vieillir. II est vrai que le vieil-
lissem ent se tra d u it progressivem ent par un
affaiblissem ent de notre énergie vitale et, de ce
fait, p ar une dim inution de notre forcé physi-
que. Parallélem ent, certaines de nos facultés
m entales deviennent moins perform antes ou
plus lentes ; il en est ainsi notam m ent de notre
mémoire et de notre capacité á raisonner rapi-
dem ent. A cela viennent m alheureusem ent
s’ajouter des problémes de santé plus ou moins
graves. On peut done com prendre que vieillir
soit un vecteur d’angoisse lorsque Ton se pola-
rise sur ses aspeets négatifs.

58
La vieillesse
Mais le fait de vieillir présente égalem ent
des aspects positifs lorsqu’on en accepte l’idée
avec philosophie et que Fon jouit d’une bonne
santé, méme relative. C’est en effet une période
d u ran t laquelle on a davantage le tem ps de
m éditer su r le sens profond de l’existence, de
réfléchir á la m aniere dont nous avons mené
notre vie et aux expériences qu’elle nous a per-
mis de connaitre au contact des autres, de faire
des choses qui nous é taien t impossibles aupa-
ravant(voyages, activités culturelles, loisirs...),
tout en cultivant une certaine sérénité. P a r ail-
leurs, si nous sommes parents, grands-parents
ou arriére-grands-parents, nous pouvons alors
profiter pleinem ent des joies familiales.
Tout comme il n’existe aucun élixir, breu-
vage ou autre substance perm ettant de vivre
59
éternellem ent dans le méme corps physique,
il n ’y en a pas non plus pour rester jeune in-
définiment. Certes, des m archands d’illusions
laissen t supposer le contraire et proposent
divers produits censés ra le n tir le vieillisse-
m ent, voire obtenir un rajeunissem ent. En
fait, de tels produits n’ont aucun effet avéré.
C ertaines personnes ont égalem ent recours
á la chirurgie dite “esthétique” pour p araitre
plus jeunes plus longtemps. M ais chacun sait
que cela ne peut qu’étre provisoire, sans parler
des “ratag es” qui laissent les victimes dans un
profond désarroi.

M alheureusem ent, nous avons créé une


société qui privilégie de plus en plus les faux-
sem blants et les apparences, au point que le
corps physique fait désorm ais l’objet d’un véri-
table cuite. Q uant au “jeunism e”, il est devenu

60
culturel et conditionne la vie sociale. C’est la
l’un des effets de la dérive m atérialiste et
affairiste que connait le monde depuis quel-
ques décennies. P ourtant, c’est le devenir de
notre áme et son em bellissem ent qui devraient
nous préoccuper av an t tout, car contrairem ent
au corps qui est le nótre aujourd’hui, nous ne
faisons qu’un avec elle et la conservons de vie
en vie.

D’une m aniere générale, chacun a une


vieillesse conforme á la m aniere dont il a
vécu. Quoi q u ’il en soit, et sans pour a u ta n t
négliger le m om ent présent, nous devons non
seulem ent nous préparer á cette période de la
vie, m ais égalem ent la préparer, c’est-á-dire
prévoir dans les grandes lignes les activités et
les occupations auxquelles elle pourra donner
lieu le m om ent venu. Parallélem ent, il faut

61
rester jeune d’esprit et conserver notre capa­
cité d’ém erveillem ent. Q uant á la «retraite»,
dont on parle ta n t de nos jours, elle corres-
pond á une notion relativem ent récente et ne
devrait en aucun cas étre considérée comme
synonyme de vieillesse.

Puisque nous sommes “condam nés” á mou-


rir et qu’en parler librem ent ne sa u ra it porter
m alheur, il est im portant de faire savoir á nos
proches ce que nous souhaitons pour nos funé-
railles (cérémonie civile, religieuse ou au tre ;
inhum ation ou crém ation ; tombe ou urne pla-
cée dans un cim etiére ou ailleurs...). C’est le
m eilleur moyen d’avoir des obséques confor­
m es á notre volonté et á nos idéaux. Cela évite
égalem ent á nos proches de devoir décider
pour nous, ce qui ne peut que les soulager. P ar
ailleurs, il faut veiller á ce que nos affaires
62
personnelles, fam iliales et sociales soient en
bon ordre et ne générent pas de problémes
aprés notre transition.

L’aide aux m ourants

S’il est un fait que nous allons m ourir un


jour, il viendra égalem ent un m oment, si ce
n ’est déjá fait, oú nous serons au chevet d un
étre cher su r le point de mourir. Que faire
alors ? II est difficile de donner des conseils
en la m atiére, car les réactions des uns et
des au tres sont alors tres diverses. De mon
point de vue, la prem iére chose á faire est de
s’enquérir de l’idée que cette personne se fait
de la mort. Si elle est croyante, si elle sait
qu’elle va m ourir et si elle aborde elle-méme
le sujet, on peut alors en parler avec elle et
lui faire p a rt de nos propres convictions, sans

63
chercher á la convaincre qu’elles sont plus
ju stes que les siennes. Si elle est athée, il est
inutile de chercher á la convertir á l’existence
de l’áme et de l’aprés-vie. II faut sim plem ent
étre á son écoute. Dans les deux cas, tout doit
étre fait pour que cette personne ne souffre
pas physiquem ent et si possible m oralem ent.

Aussi étrange que cela paraisse, nombre


de m ourants, qu’ils soient croyants ou athées,
se com portent comme s’ils ne savaient pas
qu’ils sont su r le point de m ourir et donnent le
sentim ent d’étre dans le déni. Ignorent-ils vrai-
m ent que leur m ort est proche ? Dans ce cas,
est-ce par m anque de lucidité ou sous l’efíet
des traitem ents dont ils bénéficient ? Font-ils
sem blant de l’ignorer ? Dans l’affirm ative,
est-ce pour occulter l’idée méme de m ourir ou
pour préserver l’entourage ? Comme on le dit

64
fam iliérem ent, il est difficile d'«en avoir le coeur
net». En ce qui me concerne, je pense qu’il ne
faut pas chercher á savoir ce qu’il en est réelle-
m ent, m ais la encore étre á l’écoute.

Indépendam m ent de l’aide qu’il est possible


d’apporter á un m ourant par notre présence
physique et notre affection, nous pouvons
égalem ent l’assister á distance, car la pen-
sée, lorsqu’elle est utilisée á des fins positives,
transcende aussi bien le tem ps que l’espace.
A cet effet, le mieux est de le visualiser une
ou deux fois par jour et de diriger vers lui des
pensées d’amour, d’affection, de réconfort, de
sérénité... Au-delá des apparences, son áme et
son corps seront sensibles á ces pensées, ce
qui se tra d u ira en lui par un apaisem ent phy­
sique et moral. Cette assistance m étaphysique,
qui ne doit pas se su b stitu er á l’aide médicale,

65
fait partie de Y«entraide spirituelle» que les
Rosicruciens p ratiquent chaqué jour pour venir
en aide á ceux qui souffrent, qu’ils soient
m em bres ou non de l’A.M.O.R.C.

II est possible égalem ent d’assister spiri-


tuellem ent une personne qui vient de décéder.
Si nous sommes en sa présence, nous pouvons
p arler á son ame, m entalem ent ou á voix basse,
et, quelles q u ’aient pu étre ses croyances lors-
qu’elle é ta it incarnée, lui dire qu’elle est en
tra in de tra n s ite r et qu’elle ne doit pas résister,
m ais au contraire se laisser aller. Plutót que de
chercher á la reteñir, il faut l’encourager á se
fondre avec confiance dans l’Ame universelle,
oíi elle retrouvera des étres chers qu’elle avait
connus ici-bas. Pour les raisons indiquées
précédem m ent, cette assistance spirituelle
peut étre pratiquée á distance.

66
La p lu p art des m ourants, qu’ils soient
croyants ou non, sont tristes á l’idée de se sépa-
re r de leurs proches. Si nous en faisons partie,
nous devons done nous efforcer de transcender
notre propre peine, afin de ne pas alim enter
la leur. II faut faire de méme avec ceux qui
viennent de tran siter, car depuis le plan de
conscience su r lequel leur áme se situé dans
l’au-delá, elle per^oit nos émotions. Dés lors
que Ton est convaincu que la m ort correspond
á une renaissance spirituelle, la m eilleure
a ttitu d e vis-á-vis de ceux qui m eurent ou
viennent de m ourir consiste á les accompa-
gner de la m aniere la plus positive qui soit.

Le deuil

Quiconque perd un étre cher est confronté


á ce que Ton appelle le «deuil». Cette situation

67
est d’a u ta n t plus difficile á surm onter que l’on
é ta it proche du défunt, comme c’est le cas par
exemple du conjoint ou de la conjointe. Com-
mence alors une période plus ou moins longue
d u ran t laquelle la personne endeuillée souf-
fre de l’absence de celui ou de celle qui n’est
plus. Tout lui m anque : son regard, sa voix,
ses attitu d e s... en un mot, sa présence. Deux
élém ents me sem blent essentiels pour en
venir á accepter cette absence et á sourire á
nouveau á la vie : l’affection que l’on re^oit des
proches et le tem ps qui passe. La combinaison
de ces deux facteurs fait que la tristesse se
change progressivem ent en nostalgie, de sorte
que l’endeuillé, sans jam ais oublier l’étre cher
qui l’a quitté, devient capable de penser á lui
comme s’il é ta it presque encore la...

68
Un au tre élém ent peut nous aider á faire
plus facilem ent notre deuil lorsque nous
sommes confrontés á la disparition d’un pro­
che. S’il pouvait nous parler depuis le plan de
conscience auquel il se situé dans le monde spi-
rituel, nul doute qu’il nous d ir a it: «Ne soyez pas
triste s; certes,je ne suis plus parm i vous physi-
quement, m ais je vis toujours spirituellement.
Le m om ent venu, nous nous retrouverons. En
attendant, soyez aussi heureux que possible».
Au-delá des mots, tel est le souhait de tous
les étres chers qui nous quittent. Le fait de le
savoir et de nous le rappeler dans les m om ents
difficiles ne peut qu’étre une source de récon-
fort.

Faire son deuil, c’est égalem ent se donner le


droit d’étre peiné et méme affecté par la dispari­
tion d’un étre cher. Cela vous semble peut-étre
69
évident, m ais j ’ai connu plusieurs personnes
endeuillées qui, pour p araitre fortes á leurs
yeux et á ceux des autres, faisaient comme
si de rien n ’était, au point de se comporter
comme si tout allait trés bien pour elles. Dans
tous les cas, ces personnes ont fini par faire
une grave dépression, á la m esure de l’éner-
gie qu’elles avaient déployée pour occulter la
m ort de leu r proche et ne pas faire leur deuil.
Dans un dom aine aussi sensible, il faut done
trouver un bon équilibre entre l’attachem ent
et le détachem ent.

On peut se dem ander égalem ent si nous


devons, en présence d’une personne qui a perdu
un étre cher, parler ou non de lui. Tout dépend
du tem péram ent de cette personne et des liens
affectifs que nous avons avec elle. C ertains

70
aim ent que Ion évoque ouvertem ent de beaux
souvenirs liés au défunt, comme s’il vivait tou-
jours. D’autres, au contraire, se sentent tristes
á ce genre d’évocation et préferent qu’on ne
parle pas de lui. Dans ce cas, nous devons res-
pecter leur choix et nous adapter, sans rien
imposer.

Comme le m ontre la réalité quotidienne,


une personne qui est croyante accepte plus
facilem ent la perte d’un étre cher qu’un athée,
et ce, quelle que soit sa conception de Dieu, de
l’ám e et de l’aprés-vie. Sa foi l’incite en effet
á penser que le défunt continué á vivre dans
l’au-delá et qu’ils se retrouveront le m om ent
venu. Cela ne veut pas dire qu’elle n’éprouve
aucune peine suite á la disparition d’un proche
et qu’elle ne doit pas faire son deuil. Mais elle

71
aura, sinon la certitude, du moins Fespoir de
le rejoindre et de poursuivre en sa compagnie
une au tre forme d’existence. Or, chacun sait
que «l’espoir fa it vivre»...

II me semble utile égalem ent de dire que


la m ort constitue en elle-méme une grande
le£on d’hum ilité. En effet, méme lorsque Fon
est entouré des siens, un m ourant est seul en
áme et conscience. Plus que jam ais, il est face
á lui-méme et á sa conception de Fau-delá. P ar
ailleurs, il faut étre lucide : aprés que nous
ayons quitté ce monde, et quelles qu’aient pu
étre notre position sociale et notre renommée,
nous sommes vite oubliés, excepté p ar ceux et
celles qui nous aim aient vraim ent. Des lors, á
quoi bon rechercher la gloire et les honneurs.
Que dire égalem ent de ceux qui accum ulent

72
l’arg en t et les richesses comme s’ils allaient
vivre éternellem ent...
La m ort des anim aux
Avant de clore, évoquons briévem ent le cas
des anim aux. D’une m aniére générale, ils ne
possédent pas d’áme individuelle, m ais évo-
lu en t sous l’impulsion d’une áme collective,
celle de l’espéce á laquelle ils appartiennent.
Lorsqu’ils m eurent, les expériences qu’ils ont
vécues vont enrichir cette áme collective et
bénéficient par la suite á tous les spécimens
qu’elle anime. C’est ce qui explique en grande
partie pourquoi ils m anifestent, de génération
en génération, des com portem ents et des
savoir-faire toujours plus élaborés. Contrai-
rem ent á l’opinion courante, cela n’est pas
uniquem ent le ré su lta t de leur adaptation á
l’environnem ent.
73
Ce que je viens d’expliquer concerne les
anim aux en général. Mais pour les plus évo-
lués parm i eux, notam m ent ceux qui vivent au
contact des hommes et bénéficient de leur affec-
tion, les choses sont quelque peu différentes.
En effet, ils possédent une ame individuelle,
ce qui explique leur sensibilité et leur intelli-
gence, au point que Fon dit de certains chiens
et chats, p ar exemple, qu’«il ne leur manque
que la parole». Lorsqu’ils m eurent, leur áme
se fond elle aussi dans FÁme universelle,
dans Fattente de se réincarner et d’anim er
un anim al tout aussi évolué, dans la méme
espéce ou dans une autre.

Puisque toutes les ám es proviennent de


l’Ame universelle et y retournent, des contacts
sont possibles entre celles des anim aux et des
étres hum ains qui avaient entre eux des liens

74
affectifs tres forts. Si vous aviez un chien,
un chat, un cheval ou tout au tre anim al de
compagnie que vous aimiez beaucoup et qui
n ’est plus de ce monde, et si vous le souhai-
tez, vous pourrez le “rencontrer” aprés votre
transition. N aturellem ent, cette “rencontre”
sera passagére, m ais dans l’au-delá beaucoup
plus qu’ici-bas, ce n ’est pas la “durée” des
contacts qui fait leur valeur et leur impor-
tance, m ais leur intensité, d’a u ta n t qu’ils se
situ en t hors du tem ps.

Ici-bas, Ies hommes et Ies anim aux ne


vivent pas séparém ent. Tous p artag en t le
méme espace v i ta l : la Terre. II en est de méme
dans l’au-delá. Comme je Tai déjá indiqué,
les ám es hum aines et anim ales, lorsqu’elles
ne sont pas incarnées, coexistent dans l’Ame
universelle. Certes, elles ne vibrent pas á la

75
méme fréquence et ne se situ en t done pas sur
le méme plan de conscience, m ais cela n ’em-
péche nullem ent qu’il y ait des interférences,
et done des contacts entre elles. Pour prendre
une analogie, les couleurs du spectre visible,
bien que distinctes, font partie in tég ran te de
la lum iére blanche et s’in te rp én é tre n t su r le
plan vibratoire.

En réalité, et bien que cela soit difficile


á com prendre d’un point de vue purem ent
intellectuel, to u t est en tout. C’est notre
m ental, notre intellect, qui tend á différencier
et á sép arer les choses que nous percevons sur
le plan terrestre. Dans l’absolu, la Création
forme un to u t composé d’univers, de mondes,
de plans et de niveaux im briques les uns dans
les autres. C’est ainsi que l’au-delá, que Ton
a tendance á situ er dans l’espace, loin de la

76
Terre, se situé en fait á proximité de nous ;
m ieux encore, il nous englobe; il nous contient.
En cela, la m ort n’est qu’une extensión de la
vie...

77
EN CONCLUSION

Pour clore cet opuscule, je souhaiterais


préciser que les explications qui vous ont été
données au sujet de la m ort ne reflétent pas
uniquem ent ce que l’Ordre de la Rose-Croix
enseigne depuis des siécles á son sujet. Elles
traduisent égalem ent l’idée qu’en avaient les
plus grands philosophes du passé, en O rient
comme en Occident. A des époques différentes
et sous des formes diverses, tous ont expliqué
qu’elle ne m arque pas la fin définitive de ce que
nous sommes en ta n t que personnalité, mais
le début d’une autre forme d’existence. Pour

79
prendre une image universelle, elle est comme
le coucher du soleil ; aprés avoir disparu á
l’horizon, celui-ci réapparait chaqué m atin avec
la méme vitalité.
Si tous les étres hum ains savaient exac-
tem ent ce qu’est la m ort et en quoi consiste
l’aprés-vie, ils seraient moins angoissés á
Tidée de m ourir et aborderaient cet événem ent
avec beaucoup plus de sérénité, ce qui serait
bénéfique aussi bien á eux-mémes qu’á leur
entourage. P ar ailleurs, ils feraient plus faci-
lem ent leur deuil lorsqu’ils perdent un étre
cher. Sachant que son áme continué á vivre
dans une au tre dimensión et qu’ils la retrouve-
ront le m om ent venu, ils poursuivraient leur
incarnation en é ta n t plus apaisés intérieu-
rem ent, avec á l’esprit la perspective de ces
retrouvailles spirituelles. C’est précisém ent de

80
cette m aniere que les Rosicruciens envisagent
la transition.

Mais s’il est utile de savoir ce qu’il en est


de la mort, il est tout aussi utile, sinon plus, de
savoir ce qu’il en est de la vie. Comme je Tai rap-
pelé, elle perm et á tout étre hum ain d’évoluer
spirituellem ent, c’est-á-dire de conscientiser
son áme et d’en exprim er les qualités (Socrate
disait les «vertus») dans son comportement.
Ainsi, d’incarnation en incarnation, chacun
de nous se rapproche graduellem ent de l’é ta t
de Sagesse, appelé «état de Rose-Croix» dans
la Tradition rosicrucienne. L’ayant a tte in t á
l’issue de nom breuses vies successives, une
áme n’est plus dans l’obligation de se réin-
carn er ; elle n ’a done plus á faire l’expérience
de la mort. Elle vit alors éternellem ent dans

81
1’Áme universelle, en pleine conscience et en
parfaite connaissance de cause.

Au regard de la philosophie rosicrucienne,


la m ort est la plus h aute initiation que l’étre
hum ain puisse recevoir ici-bas. Au m om ent
oú elle se produit, elle perm et en effet de faire
l’expérience de 1’áme et de vivre ensuite l’é ta t
spirituel qui est le sien lorsqu’elle n’est pas
incarnée. Mieux encore, elle nous initie au
monde spirituel et nous donne accés á un plan
d’existence qui transcende le monde terre stre
et qui, en fait, est celui que notre personnalité
anim ique prend le plus de plaisir á retrou-
ver. N aturellem ent, il ne fau t pas pour a u ta n t
étre pressé de m ourir ni méme s’en réjouir.
Mais nous ne devons pas non plus craindre ce
m om ent et en faire un sujet de peur, de crainte
et d’angoisse.
82
Les Pythagoriciens, dont les Rosicruciens
perp étu en t certains préceptes philosophiques
á trav ers leur enseignem ent, fondaient leur
existence su r un principe de base : se com-
porter au quotidien comme s’ils allaient vivre
éternellem ent, et en méme tem ps comme s’ils
allaient m ourir le lendem ain. Les sociétés
m odernes a u ra ien t tout in té rét á renouer avec
ce principe de sagesse, afin de redonner tout
son sens á la vie et á la mort. Appliquons-le á
nous-mémes, et employons-nous á vivre aussi
dignem ent que possible et en faisant tout
pour étre heureux au contact des autres,
notam m ent des étres qui nous sont chers...

83
Livres de l’au te u r
chez le méme éditeur :

L’ontologie des Rose-Croix


L’idéal éthique des Rose-Croix
Questions philosophiques
L’utopie rosicrucienne
Dialogue im aginaire avec Dieu
Pensées á m éditer
La m éditation
L’éducation

www.blog-rose-croix.fr
www. rose-croix.org
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Imprimeur : IRS - 27670 Bosc-Roger-en-Roumois
Editeur : ©Diffusion Rosicrucienne - 27110 Le Tremblay - France
Tous droits réservés pour tous pays, y compris des illustrations
ISBN 978-2-914226-65-3 - Dépót lég a l: mars 2014
Premiére édition : mars 2014
Deuxiéme édition : juillet 2014
Parm i les mystéres auxquels l’étre hum ain est confronté
depuis son apparition sur Terre, la mort est probablement
celui qui suscite á la fois le plus de questions et d ’hypo-
théses. S’il en est ainsi, c’est parce qu’elle fait partie de
l’inconnu et a priori de l’inconnaissable. C’est aussi parce
qu ’elle correspond á une échéance á laquelle nul ne peut
échapper et concerne done chacun d’entre nous.

Q u’est-ce que la mort ? En quoi consiste l’au-delá ? Peut-


on contacter les défunts ? Com m ent assister les mourants ?
Inhum ation ou crémation ? Résurrection ou réincarna-
tion ? Com inent faire son deuil ? Telles sont quelques-unes
des questions auxquelles Serge Toussaint, Grand Mai'tre
de la juridiction francophone de l’Ancien et Mystique
Ordre de la Rose-Croix, répond dans cet opuscule.

9 782914 226752

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