Vous êtes sur la page 1sur 3

CPGE2 Colle semaine 9 sur le taux de change

L'euro accélère sa chute à 1,27 dollar. Il a perdu près de 10 % en quatre mois, suite à la
politique monétaire de Mario Draghi à la BCE. Une bonne nouvelle pour l'économie
française, et pour la zone euro.
Pour les exportateurs français, très sensible à l'effet «prix» de leur produits sur les marchés
étrangers, c'est une très bonne nouvelle: l'euro chute, à 1,27 dollar (il est même brièvement
passé sous le seuil de 1,27 euro), son plus bas niveau depuis fin 2012. La monnaie européenne
a chuté de près de 10% depuis le mois de juin 2014. Les annonces de la BCE sur les achats
d'actifs, et les baisses de taux, opérées par Mario Draghi, pour contrer la spirale déflationniste
en zone euro sont à l'origine de ce repli.
Pour l'économie française, «c'est une bouffée d'oxygène» reconnaît Philippe Gudin,
économiste chez Barclay’s Capital. La bonne nouvelle concerne surtout les exportations en
zone dollar, une spécialité des grands groupes du CAC 40, de Airbus, à Total, en passant par
L'Oréal. Car si l'on regarde le taux de change effectif réel - qui prend en compte le différentiel
d'inflation et un panier de monnaies de nos concurrents - la dépréciation de l'euro n'atteint que
3,5 % depuis le pic du mois de mai 2014, lorsque la monnaie unique frôlait 1,40 dollar.
«Nous n'avons effacé que la moitié de la hausse de l'euro enregistrée depuis mi 2012»
relativise Phlippe Gudin. D'après lui, il faudrait que l'euro tombe à moins de 1,20 dollar pour
que cela ait un impact visible sur la croissance française, dès 2015. «Si l'on tombe dans une
fourchette entre 1,10 à 1,20 dollar, cela devrait apporter 0,5 % de croissance en plus pour la
France l'an prochain» estime l'économiste.
En attendant, la chute de l'euro ne devrait pas tant se répercuter sur les prix à l'exportation,
déjà très compressés, mais surtout sur les marges des entreprises françaises, qui en ont bien
besoin. Plus de marge, cela signifie plus d'investissements, et plus d'emploi, un enchaînement
vertueux pour la croissance.
Autre bonne nouvelle: le prix du pétrole importé ne flambe pas, car le prix du baril de brut sur
les marchés internationaux est en baisse. Il n'y a donc pas d'effet sur l'inflation, ce qui autorise
Mario Draghi à poursuivre, sans scrupules, sa politique monétaire ultra accommodante.
A l'échelle de la zone euro, c'est la France et l'Italie qui bénéficient le plus de la dépréciation
de l'euro, car leurs produits, moyens en gamme pour la plupart, sont plus sensibles à l'effet de
change que ceux «Made in Germany». Moteur des exportations européennes, l'Allemagne
profitera néanmoins de la dépréciation de la monnaie européenne, mais dans une moindre
mesure.
Autre bonne nouvelle pour la zone euro, également attribuable à la BCE, les banques ont
accordé plus de crédits au secteur privé, ce qui devrait aider la croissance du troisième
trimestre.
Le Figaro 25/09/14
 
1°) En quoi la baisse de l’euro constitue une bonne nouvelle pour l’économie française ?
2°) Pourquoi les exportateurs français sont-ils très sensibles à l'effet «prix» ?
3°) Qu’est-ce que la courbe en J ? (à expliquer par rapport à l’article)
4°) Pourquoi le différentiel d’inflation atténue en partie la dépréciation de l’euro ?
5°) En quoi la baisse de l’euro est-il un enchaînement vertueux pour la croissance ?

 
 
 
 
 
 
 
CPGE2 Eléments de correction de la colle semaine 9 sur le taux de change
 
 
1°) En quoi la baisse de l’euro constitue une bonne nouvelle pour l’économie française ?
Si la BCE veut faire baisser l’euro, elle va mettre sur le marché des euros en achetant des
devises étrangères. Le cours de change de l’euro peut baisser s’il y a davantage d’euros sur le
marché. Son cours va se déprécier. Ce sera bon pour les exportations européennes (zone euro)
qui deviendront moins chères ; le prix des airbus par exemple sera beaucoup moins cher, ce
qui gonflera le carnet de commande de l’industriel. Par contre, ce sera pénalisant pour les
importations qui elles deviendront plus chères. Les matières premières souvent importées
grèveront les coûts de production ce qui ne manquerait pas de pénaliser les exportations
européennes.
2°) Pourquoi les exportateurs français sont-ils très sensibles à l'effet «prix» ?
Pour des exportateurs français, proposer leurs produits ou leurs services sur le marché
international, à des prix inférieurs à ceux de leurs concurrents ne peut que constituer une
bonne nouvelle ; une dépréciation de l’euro leur est favorable. L’effet prix représente pour les
prix des produits français exprimés en monnaie étrangère une diminution pour les acheteurs
étrangers et les prix des produits étrangers (en dehors de zone euro) une augmentation pour
les acheteurs français.
Bien que l’effet prix détériore les termes de l’échange, donc aussi le solde des échanges de
biens et services, on assiste par contre à un effet quantité intéressant pour l’économie (un peu
plus tard dans le temps). Les producteurs nationaux vont davantage produire en volume ; ce
qui est bon pour l’économie et surtout pour les exportateurs.
3°) Qu’est-ce que la courbe en J ? (à expliquer par rapport à l’article)
Cette courbe suit l’évolution du solde des échanges lors d’une dépréciation de la monnaie. Ce
qui est le cas de l’euro en ce moment. Il y a 6 mois, il cotait encore 1,40 dollar. Aujourd’hui,
l’euro cote aux alentours de 1,25 dollar. Cette courbe constate deux effets : un effet prix
mentionné question 2 ; un effet quantité qui lui va permettre une augmentation des quantités
produites par les producteurs. Au départ, l’effet prix dégrade les termes de l’échange, mais par
la suite, l’effet quantité va jouer favorablement et conduire à une amélioration du solde des
échanges de biens et services. Après avoir baissé, cette courbe se redresse pour devenir
croissante. L’effet quantité devient supérieur à l’effet prix.
Limites de cette courbe :
Néanmoins, les producteurs nationaux peuvent ne pas répercuter cette dépréciation de l’euro
et laisser leur prix inchangé pour reconstituer leur marge. C’est tentant surtout pour se faire à
bon compte une marge bénéficiaire. Il est également possible que les prix ne changent pas si
le producteur national comprime sa marge bénéficiaire du fait de l’augmentation des prix
importés. Ce qui veut dire que l’échange international ne se limite pas seulement qu’à un effet
prix. Ce serait trop simple ; il faut tenir compte bien sûr de la différenciation des produits, la
qualité notamment, l’innovation également ; ce qu’on appelle la compétitivité hors prix ou
compétitivité structurelle. Si les producteurs français sont sensibles à une compétitivité prix,
c’est beaucoup moins vrai pour les producteurs allemands qui eux n’ont pas intérêt à ce que
l’euro se déprécie.
4°) Pourquoi le différentiel d’inflation atténue en partie la dépréciation de l’euro ?
Un différentiel d’inflation mesure l’écart de taux d’inflation entre deux pays ou zone
économique ; c’est un facteur explicatif du taux de change ; si la zone euro n’a pratiquement
plus de taux d’inflation (0,5% prévu en 2014), il en va différemment pour les Etat-Unis où le
taux d’inflation reste autour de 2% en 2014 ; mécaniquement les Etats-Unis devrait voir leur
monnaie se dépréciée. Comme le mentionne l’article, bien que l’euro ait perdu 10% en
l’espace de 4 mois face au dollar, il n’en demeure pas moins qu’avec le différentiel
d’inflation, cette baisse n’est que de 3,5% ; tout simplement du fait du différentiel d’inflation
entre la zone euro et les Etats-Unis 0,5% contre 2%.
Dans l’article, il est dit que la hausse de l’euro jusqu’en mai 2014, n’est qu’à moitié effacée
du fait de ce différentiel d’inflation entre les Etats-Unis et la zone euro. Afin qu’il y ait
vraiment un impact significatif de cette baisse de l’euro, il faudrait que l'euro tombe à moins
de 1,20 dollar. On n’en est pas si loin en novembre 2014 ; il se pourrait qu’il y ait un impact
sur la croissance de 0,5% en 2015… à voir.
5°) En quoi la baisse de l’euro est-il un enchaînement vertueux pour la croissance ?
Cette baisse de l'euro va permettre aux marges des entreprises françaises de rebondir ; par
exemple, si elles ne répercutent pas complètement cette baisse de l’euro, c’est pour elles plus
de marge, donc plus d'investissements, plus d'emploi, donc un enchaînement vertueux pour la
croissance.
De même, cette baisse de l’euro s’accompagne par un prix du baril de brut sur les marchés
internationaux également en baisse, donc pas d'effet sur l'inflation ; ce qui est bon pour les
entreprises et leurs coûts de production. La croissance ne peut qu’hausser.
Enfin comme l’article le mentionne, la France et l'Italie profitent de la dépréciation de l'euro ;
leurs produits plutôt moyens en gamme, sont sensibles à l'effet de change et notamment à
l’effet prix dans un premier temps ; ce qui est moins le cas de l'Allemagne du fait que la
plupart de ces exportations dépendent d’une différentiation de ces produits et ses services
grâce à leur qualité réputée. Il semble également que leurs produits et services correspondent
mieux aux besoins des marchés internationaux, ce qui est moins le cas des produits français et
italiens. Mais globalement, cette baisse de l’euro est favorable à la croissance de la zone
euro… à confirmer en 2015.

Vous aimerez peut-être aussi