Vous êtes sur la page 1sur 48

Encourager des inventaires plus

précis de gaz à effet de serre à l’aide


de méthodes de niveau supérieur :
guide pratique pour les PMA et autres
pays en développement
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier tous les conférenciers et participants à l’événement « Encourager des inventaires de GES
plus précis : les méthodes de niveau supérieur sont-elles une option réaliste pour les PMA ? », atelier du 31 août 2022. Les
discussions menées au cours de cet atelier, associées aux connaissances des auteurs et aux expériences vécues dans leurs
pays respectifs par Rumbidzai Mhunduru, Yasna Rojas Ponce et Héctor William Moreno Quitián, ont servi de support à cette
publication. Nous tenons également à remercier sincèrement Sandro Federici et Vitor Góis Ferreira pour leurs commentaires
portant sur une version antérieure du texte. Nous remercions tout particulièrement Lucy Southwood, Kat Price et Elaine Harty
pour l’aide qu’elles ont apportée à la préparation, la conception, la révision et la production de la présente publication.

Publié par IIED, novembre 2023


Lisa Hanle et María Fernanda Alcobé, Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de
niveau supérieur : guide pratique pour les PMA et autres pays en développement. IIED, Londres.

ISBN: 978-1-83759-068-1
https://www.iied.org/fr/21991iied
D’autres publications sont disponibles sur pubs.iied.org

Les publications de l’IIED peuvent être partagées et republiées conformément à la licence libre Creative Commons 4.0 –
Attribution – Pas d’utilisation commerciale – Pas de modification (CC BY-NC-ND 4.0). Aux termes de cette licence, toute
personne peut copier, distribuer et présenter ce contenu sous réserve de créditer l’auteur, de ne pas utiliser ce contenu à des fins
commerciales et de ne pas le modifier. Des droits d’utilisation différents peuvent s’appliquer à certains éléments d’illustration :
ces droits seront indiqués en regard de l’illustration. Pour tout autre type d’utilisation, ne pas hésiter à contacter l’IIED. Pour plus
d’informations, consulter www.iied.org/Creative-Commons

L’IIED est un organisme à but non lucratif immatriculé en Angleterre sous le numéro 800066 et en Écosse sous le numéro
SC039864, ainsi qu’une société à responsabilité limitée par garantie immatriculée en Angleterre sous le numéro 2188452.

Mise en page et conception graphique : Kat Price


Traduction en français : Jean-Louis Eveque, babelon-line.com
Table des matières
Résumé analytique 2

1. Introduction 5

2. Qu’est-ce qu’un inventaire de GES ? 7

3. Éléments clés des Lignes directrices 2006 du GIEC guidant le choix des niveaux 9

Choix méthodologique : comment choisir un niveau......................................................................................................................9


Application des principes TACCC....................................................................................................................................................12
La question des incertitudes..............................................................................................................................................................13

4. Prise en compte des circonstances nationales 14

Le manque de capacités des PMA pour la préparation des inventaires de GES.................................................................14


Le cadre d’examen des circonstances nationales........................................................................................................................17

5. Exigences de l’ETF 18

Décision 18/CMA.1 : qu’inclure dans le rapport et la flexibilité pour les pays


en développement qui en ont besoint..............................................................................................................................................18
Décision 5/CMA.3 : comment préparer votre rapport................................................................................................................ 20
Passer à une méthode du GIEC de niveau supérieur................................................................................................................. 21

6. Assurance qualité, contrôle qualité, rapportage et documentation 26

Assurance et contrôle qualité............................................................................................................................................................ 26


Rapportage et documentation.......................................................................................................................................................... 27

7. Passer à un niveau supérieur : études de cas au Chili, en Colombie et en Afrique du Sud 28

Chili : une collaboration pour une précision accrue de l’inventaire forestier national (IFN).............................................. 29
Colombie : passage à une méthode de niveau 2 pour l’estimation des émissions
de méthane provenant du bétail ..................................................................................................................................................... 32
Afrique du Sud : élaboration et publication de facteurs d’émission de niveau supérieur
pour les combustibles liquides ........................................................................................................................................................ 35

8. Recommandations 37

9. Conclusions 40

Acronymes 41

Références bibliographiques 42

www.iied.org 1
Résumé analytique
Toute stratégie de réponse aux changements climatiques doit nécessairement
s’appuyer sur un inventaire des gaz à effet de serre (GES) fiable. C’est ce qui explique
que tous les pays, y compris les pays les moins avancés (PMA), devront présenter
un inventaire de GES tous les deux ans, et ce en vertu du Cadre de transparence
renforcé (ETF) de l’Accord de Paris1. Établir un inventaire de GES de qualité peut
opportunément offrir des avantages qui vont bien au-delà du simple respect des
obligations internationales de rapportage. Les pays pourront ainsi identifier leurs
sources et puits de GES principaux, ce qui permettra aux décideurs politiques de
cibler des mesures d’atténuation efficaces et, au fil du temps, de vérifier l’efficacité des
politiques mises en œuvre. La mise en place des systèmes de collecte des données
d’inventaire requises éclaire la politique climatique ; elle peut également soutenir un
éventail plus large d’actions politiques nationales et internationales.

Préparer un inventaire de GES fiable réclame du temps et des relative des sources ou puits. Le but est d’établir un inventaire
ressources. Les GES sont en effet émis ou séquestrés dans systématique, qui ne surestime ni ne sous-estime les émissions
tous les secteurs économiques : énergie, transport, industrie, et les absorptions, et qui quantifie et élimine les biais4 identifiés,
agriculture, utilisation des terres, changement d’affectation quel que soit le niveau choisi.
des terres et de la forêt, et déchets. Durant les trois dernières
décennies, le Groupe d’experts intergouvernemental sur L’Accord de Paris reconnaît qu’en matière d’inventaire, les
l’évolution du climat (GIEC) a élaboré une série de lignes pays partent de situations différentes. En matière d’évaluations
directrices pour aider tous les pays à établir des inventaires des émissions et des absorptions de GES, L’ETF propose
nationaux des GES qui soient transparents, exacts, exhaustifs, un choix entre trois niveaux. Pour les PMA et autres pays en
cohérents et comparables. développement qui le requièrent en raison de leurs capacités,
il offre également une certaine souplesse dans la portée, la
Les directives les plus récentes adoptées au niveau international fréquence et le niveau de finesse des rapports et du processus
par les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les d’examen.
changements climatiques (CCNUCC) pour une utilisation dans
le cadre de l’ETF sont les Lignes directrices 2006 du GIEC pour D’instinct, les spécialistes des inventaires peuvent préférer
les inventaires nationaux de GES (Lignes directrices 2006 du les méthodes des niveaux plus élevés, en pensant qu’elles
GIEC). Elles sont conçues pour être utilisables par tous les pays, sont forcément meilleures, ou ils peuvent suivre des
quelles que soient leurs circonstances nationales. Les pays recommandations formulées en interne ou lors d’examens
peuvent choisir parmi plusieurs niveaux lors de la préparation de internationaux de la CCNUCC. En pratique, le temps et les
leur inventaire : soit l’approche de base, par défaut (niveau 1), ressources sont limités : il est donc nécessaire de prioriser les
soit les niveaux supérieurs (2 et 3). Généralement, le passage à ressources disponibles. Le présent guide pratique cherche à
un niveau supérieur améliore la précision2 et réduit l’incertitude,3 éclairer les décideurs et les chargés d’inventaires des PMA et
mais avec un coût et une complexité accrus. Des arbres de des pays en développement pour qu’ils soient en mesure de
décision vont guider les pays dans le choix de la méthode la plus se référer aux diverses directives et décisions énoncées par le
adaptée à leurs circonstances nationales et à l’importance GIEC et la CCNUCC qui correspondent dans leur cas.

1 Les PMA et les Petits États insulaires en développement (PEID) peuvent soumettre leurs informations à leur discrétion.
2 La précision est une mesure relative de l’exactitude d’une estimation des émissions ou des absorptions. Les estimations devraient être exactes en ce sens qu’elles
ne se situent pas systématiquement au-delà ou en deçà des émissions réelles, pour autant que l’on puisse en juger
3 L’incertitude se réfère aux erreurs aléatoires et quantifie la méconnaissance de la valeur réelle d’une variable qui peut être décrite comme une fonction de densité
de probabilité caractérisant la gamme et la vraisemblance des valeurs possibles.
4 Le biais est une erreur systématique de la méthode d’observation et d’estimation. Lorsqu’il est identifié, le biais devra être quantifié et éliminé.

2 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Il vise aussi à aider les praticiens à établir des inventaires de
GES exacts, adaptés au contexte national.5 Des études de cas Ayant passé en revue les directives internationales
réalisées en Afrique du Sud, au Chili et en Colombie montrent et les exigences en matière de rapportage, et ayant
le parcours de ces pays et met en lumière les décisions qui recueilli l’opinion des pays en développement, nous
les ont amenés à passer à un niveau supérieur pour améliorer formulons plusieurs recommandations pour les
l’exactitude de leurs inventaires. PMA et les pays en développement qui s’efforcent
d’établir et d’améliorer leurs inventaires de GES. Les
voici résumées :

Ce guide passe en revue les questions essentielles


que les spécialistes des inventaires peuvent se poser
P Effectuez l’analyse des catégories clés pour
identifier celles qui sont les plus importantes
pour chaque source ou puits de GES au sein de leur pour votre pays et les plus aptes à passer à un
pays lorsqu’ils cherchent à déterminer quand passer niveau supérieur
à un niveau supérieur, notamment :

? Est-ce une catégorie clé ? P Tenez compte de vos circonstances nationales


et des ressources disponibles avant de passer

?
à des niveaux supérieurs, comme le font les
Offre-t-elle un potentiel d’atténuation ou est-elle
Lignes directrices 2006 du GIEC et les décisions
incluse dans notre contribution déterminée au
de la CCNUCC
niveau national ?

? Les données requises pour passer à un niveau P N’oubliez personne : créez des opportunités de
communication et de collaboration efficaces entre
supérieur sont-elles disponibles ou potentiellement
toutes les parties prenantes concernées dans
disponibles ? Disposons-nous des compétences
votre pays
techniques pour appliquer la méthodologie ?

? Les données sont-elles représentatives et de qualité P Priorisez la liste des catégories candidates au
passage à un niveau supérieur
suffisante pour appliquer la méthode à toute de la
série chronologique et à l’ensemble du pays ?
P Lorsque vous considérez la possibilité de passer

?
à un niveau de rapportage supérieur, gardez
Quel serait le coût du passage à un niveau
toujours à l’esprit les principes de transparence,
supérieur ? Quels sont les coûts d’opportunité
d’exactitude, de cohérence, d’exhaustivité et de
(investissement dans une catégorie plutôt
comparabilité (TACCC) du GIEC
qu’une autre) ?

? Y a-t-il des catégories particulièrement attractives P Siunevous ne pouvez pas appliquer immédiatement
méthode recommandée, indiquez-le dans votre
pour les bailleurs, organismes, partenariats ou
plan d’amélioration de l’inventaire de GES
fondations nationaux ou internationaux ? Une de ces
entités a-t-elle proposé de soutenir un tel projet de
façon bilatérale ou multilatérale ? P Participez aux processus internationaux de
rapportage et d’examen des rapports

? Quelles sont nos obligations internationales en


matière de rapportage ? P Ne vous inquiétez pas si l’inventaire que vous
soumettez n’est pas parfait : il est acceptable de le
soumettre en sachant qu’il comporte des lacunes
puisqu’il y aura toujours moyen de faire mieux.

5 Les circonstances nationales englobent tous les facteurs intervenant dans l’établissement d’une estimation des GES, notamment et sans s’y limiter : les
capacités techniques de l’équipe d’inventaire ; la disponibilité des données ; la disponibilité de ressources supplémentaires pour pallier les manques de capacités
techniques ou de données, la qualité des estimations de niveau inférieur qui reste à améliorer.

www.iied.org 3
Quelle est l’importance de cette démarche ? Tous les pays L’évaluation systématique de l’état du système d’inventaire de
devraient recenser activement leurs ressources et préparer GES d’un pays et l’identification des possibilités de passer à
leur inventaire de GES en vue du premier rapport biennal sur des méthodes de niveau supérieur qui mèneront à une plus
la transparence (BTR), prévu pour le 31 décembre 2024 (les grande compréhension contribuent à informer les décideurs
PMA et les petits États insulaires en développement peuvent, politiques nationaux et permettent aux pays d’utiliser au mieux
eux, soumettre ces informations à leur discrétion). Les PMA des ressources limitées. Tout aussi important, cela facilite
et autres pays en développement s’interrogent souvent : l’élaboration d’un plan d’amélioration de l’inventaire afin de
quelles sont nos obligations dans le cadre de l’Accord de mieux faire connaître les limites des capacités d’un pays et
Paris ? Quelle méthode devrions-nous utiliser pour estimer les les besoins correspondants. Engager une telle action de
émissions de GES par les sources et les absorptions par les façon transparente envoie un signal fort à la communauté
puits ? Disposons-nous des ressources voulues pour mettre internationale des bailleurs. Cela met en lumière les besoins
en œuvre la méthode recommandée ? Que pouvons-nous faire des PMA et des autres pays en développement pour la création
à ce stade pour notre première soumission de BTR ? Qu’est-ce et l’amélioration de leurs inventaires de GES, et permet de
qui pourra – ou devra – attendre les soumissions futures ? mobiliser des appuis en faveur de futures améliorations.

Des délégués attendent la prochaine session des négociations © María Fernanda Alcobé

4 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
1 Introduction

Les inventaires de gaz à effet de serre (GES) constituent le socle des politiques
climatiques nationales et internationales. Ils offrent en effet une visibilité précieuse
sur les émissions de GES et les absorptions au niveau national ou infranational pour
une année donnée ainsi que sur les tendances des émissions au fil du temps. Un
inventaire de GES de grande qualité, fondé sur les principes TACCC de transparence,
d’exactitude, d’exhaustivité, de cohérence et de comparabilité, peut, au sein d’un
unique rapport : mettre en évidence les principales sources de GES d’un pays ;
quantifier l’incertitude de ces estimations ; présenter des informations permettant
de vérifier si les politiques climatiques produisent les résultats attendus. D’autre
part, l’existence d’un inventaire de GES est souvent une condition préalable à la
participation aux marchés du carbone. Ces inventaires regroupent également des
informations permettant d’appuyer la réalisation d’autres objectifs de développement.
Une fois agrégés, les résultats des inventaires de GES de l’ensemble des pays
permettent de savoir si la communauté internationale est sur la bonne voie pour
atteindre son objectif climatique. C’est la raison pour laquelle la préparation d’un
inventaire biennal des GES est une exigence essentielle pour tous les pays ayant
ratifié l’Accord de Paris.

D’ici décembre 2024, les pays (dénommés « Parties » dans de technologies, ainsi que du soutien au renforcement des
la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements capacités fourni et mobilisé. Les pays en développement sont
climatiques (CCNUCC)) sont tenus de commencer à présenter pour leur part encouragés à rendre compte du soutien dont
un rapport biennal sur la transparence (BTR). Les Pays ils ont besoin et dont ils ont bénéficié. Tous les pays sont
les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en encouragés à produire un rapport sur l’adaptation.
développement (PEID) pourront le faire à leur discrétion. Ce
BTR doit inclure un inventaire de GES et des informations qui Depuis plus de vingt ans, les Parties sont tenues de
démontrent les progrès du pays en termes de mise en œuvre communiquer périodiquement leurs informations climatiques,
ainsi que la réalisation de sa contribution déterminée au niveau avec notamment un inventaire de GES. Le niveau d’exigence
national (CDN). Les pays développés doivent également rendre et le rythme imposé diffèrent pour les pays développés et les
compte du financement, du développement et du transfert pays en développement. En vertu de l’accord de Paris, entré

www.iied.org 5
en vigueur en 2016, toutes les Parties suivent un ensemble de Les Lignes directrices 2006 du GIEC fournissent plusieurs
lignes directrices commun : il s’agit des « Modalités, procédures méthodes – réparties en trois niveaux – pour estimer les
et lignes directrices du cadre de transparence pour l’action et le émissions de GES par les sources et les absorptions par les
soutien visé à l’article 13 de l’Accord de Paris » (MPG). Pour les puits, la précision allant croissant avec les niveaux. Cependant,
PMA et autres pays en développement, les exigences en matière plus la précision est grande, plus le coût est élevé. Les
de rapportage des inventaires de GES au titre du Cadre de données requises pour les méthodes de niveau 2 et 3 sont en
transparence renforcé (ETF) de l’Accord de Paris représentent effet de plus en plus détaillées et mettent souvent en jeu une
une nouvelle marche à franchir par rapport aux modalités résolution spatiale et temporelle plus fine.
existantes – qui se sont déjà révélées difficiles à atteindre.
Ce guide présente les lignes directrices existantes du GIEC
Heureusement, le Groupe d’experts intergouvernemental pour la préparation des inventaires nationaux de GES.
sur l’évolution du climat (GIEC) prépare, depuis le milieu des Celles-ci sont mises en œuvre conformément aux exigences
années 1990, un ensemble cohérent de lignes directrices. de l’ETF. On examinera en particulier leur pertinence pour les
Celles-ci fournissent des méthodologies fiables afin d’estimer PMA et autres pays en développement. Ce guide est conçu
les émissions de GES par les sources et leur absorption par les pour fournir des indications pratiques ainsi que des conseils
puits. Les Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires aux pays qui débutent leur tout premier inventaire de GES ou
nationaux de gaz à effet de serre (Lignes directrices 2006 du encore à ceux qui sont plus expérimentés, et ce afin de les
GIEC) sont les dernières à avoir été adoptées par les Parties aider à établir des inventaires de grande qualité qui reflètent
dans le cadre de la CCNUCC. Elles guident et aident les pays à précisément la situation nationale.
répondre aux questions institutionnelles clés telles que : quelles
méthodes utiliser ? De quelles données avons-nous besoin La tendance naturelle pour les chargés d’inventaire, qui
et comment les recueillir ? Comment estimer l’incertitude et disposent souvent d’une grande expertise technique, est
améliorer la précision de notre inventaire ? Ces lignes directrices d’opter immédiatement pour les méthodes de niveau
ne se contentent pas d’indiquer aux pays comment estimer leurs supérieur dans toutes les catégories afin d’accroître la
GES : elles fournissent également des indications précieuses précision. Ils recherchent la perfection, mais elle n’est pas
sur les éléments clés nécessaires pour créer les systèmes qui atteignable. Ce guide cherche à aborder cette question, en
alimenteront la préparation des inventaires de GES et pour évaluant les avantages et les inconvénients de l’utilisation des
conduire à l’amélioration de ces systèmes au fil du temps. divers niveaux, et à exposer les bonnes pratiques lors des
décisions de passage à un niveau supérieur. Si le parcours
Les Lignes directrices 2006 du GIEC ne proposent pas de chaque pays dans la préparation d’un inventaire est
une méthode unique ou une approche standard à suivre unique et déterminé par ses circonstances nationales, on
par tous. Elles proposent plutôt un ensemble de bonnes peut s’inspirer de l’expérience d’autres pays. À travers trois
pratiques à mettre en œuvre pour la réalisation d’un inventaire études de cas, le Chili, la Colombie et l’Afrique du Sud offrent
national des GES. De par leur intégration au sein des MPG, un aperçu de leurs expériences et de leurs motivations lors
ces lignes directrices sont devenues les bonnes pratiques du passage à des méthodes de plus haut niveau. Ce guide
internationalement reconnues pour les inventaires de GES se conclut sur des recommandations essentielles et des
dans le cadre de l’Accord de Paris. La notion de bonnes conseils pratiques qui aideront les PMA et autres pays en
pratiques va varier d’un pays à l’autre, car la préparation d’un développement, quel que soit leur niveau d’avancement dans
inventaire de GES de qualité tient compte des circonstances ce domaine, à établir des inventaires de GES de qualité,
nationales et de l’importance des puits et des sources évalués. adaptés à leur situation nationale.

Leurs témoignages CLIQUEZ ICI POUR


LIRE L’ÉTUDE DE
CAS COMPLÈTE

L’une des principales motivations pour passer à un niveau


supérieur en matière d’estimation des émissions du bétail en
Colombie était d’accéder à des programmes de financement conditionnés par les
résultats. Cela a généré des avantages induits : le calcul des émissions de la Colombie est plus
en phase avec nos circonstances nationales et le pays peut cibler les mesures d’atténuation les
plus efficaces pour réduire les émissions du bétail. Le processus de transition a également permis
aux éleveurs de comprendre et de s’impliquer dans l’inventaire de GES. C’est vraiment important
si l’on veut créer un lien entre les données scientifiques du GIEC, le public et les décideurs.

Héctor William Moreno Quitián, Colombie

6 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
2 Qu’est-ce qu’un
inventaire de GES ?
Un inventaire de GES est un document listant les émissions de GES anthropiques
totales, réparties par catégorie, par secteur et par source, ainsi que les absorptions par
les puits, et ce à l’intérieur des frontières nationales durant une période donnée.

Aux termes de l’Accord de Paris, les Parties sont tenues de


communiquer des informations portant sur leurs GES depuis
1990 jusqu’à deux ans avant la soumission de l’inventaire,
Avant d’essayer de répondre à ces questions, il faut
évoquer les Lignes directrices 2006 du GIEC et leur
éclairage quant à certains éléments clés en matière de
les pays en développement ayant droit à une certaine choix méthodologique (le choix du niveau approprié). De
souplesse. Les données d’inventaire sont présentées sous même, il importe d’examiner comment les Parties ont mis
forme de tableaux accompagnés d’explications couvrant en œuvre les lignes directrices dans le cadre des décisions
cinq secteurs : énergie ; procédés industriels et utilisation de la CCNUCC. Les circonstances nationales jouent un rôle
des produits ; agriculture ; utilisation des terres, changement central dans ces considérations.
d’affectation des terres et foresterie (UTCATF)6 ; déchets.
Les GES sont indiqués en unités de masse et en équivalent
dioxyde de carbone total, et ce pour un éventail de sept
substances : dioxyde de carbone, méthane, oxyde nitreux,
hydrofluorocarbones, hydrocarbures perfluorés, hexafluorure
de soufre et trifluorure d’azote. Le saviez-vous ?
Le rapportage des GES est un processus cyclique qui L’Annexe I de la décision 5/CMA.3 de la CCNUCC
s’appuie sur les inventaires précédents. Bien que chaque fournit les tableaux communs pour le rapportage
pays mette en place ses propres dispositifs institutionnels et des inventaires de GES au titre de l’Accord de
détermine le fonctionnement de ses organismes, il doit suivre Paris. Il existe plus de cent catégories réparties en
un processus commun, qui se répète tous les deux ans dans cinq secteurs, et bien plus encore si l’on prend en
le cadre de l’Accord de Paris. Ce cycle fondamental souligne compte les exigences déclaratives pour nombre de
les étapes importantes dans la préparation des inventaires combustibles et de types d’animaux. Il est important
qui, une fois effectuées, aideront les décideurs à choisir le de prioriser les catégories les plus pertinentes pour
moment opportun pour passer à des méthodes de niveau votre pays.
supérieur. La figure 1 illustre ce cycle et met en exergue
les questions auxquelles les experts et les décideurs sont
confrontés en matière d’inventaires de GES.

6 Les Lignes directrices 2006 du GIEC ne comprennent que quatre secteurs, regroupant l’agriculture et l’UTCATF en un seul secteur « Agriculture, foresterie et
autres affectations des terres » (AFAT). Les Parties à la CCNUCC ont choisi, au terme de décisions successives, de scinder les rapports d’AFAT en deux secteurs.
Les méthodes contenues dans les Lignes directrices 2006 du GIEC s’appliquent toujours, même lorsque le rapportage est scindé.

www.iied.org 7
Figure 1. Cycle d’inventaire type des GES

Préparer un nouvel Questions clés en début de cycle pour les


inventaire en s’appuyant décideurs et les experts des inventaires de GES
sur le précédent

?
(s’il y en a un)
Connaissons-nous les catégories de GES les
Soumission du plus importantes pour notre pays ?
Identifier les catégories

?
rapport/examen
externe les plus importantes Quels niveaux méthodologiques sont les plus
pour votre pays
(catégories clés) adaptés pour ces catégories ?

Effectuer une
analyse de
Assurance qualité/
Contrôle qualité
? Les données requises pour suivre les bonnes
pratiques à ce niveau sont-elles disponibles
l’incertitude Gestion des données ou accessibles ?
Choisir les méthodes
les plus adaptées

Compiler les estimations


? Quel est le degré d’incertitude de nos
estimations ? Pourrons-nous réduire ces
des inventaires de GES, sources d’incertitude à l’avenir ?
rédiger un rapport

?
présentant les systèmes, Recueillir les
données A-t-on recommandé à mon pays, lors d’examens
les méthodes, les plans
internes ou externes, de passer à un niveau
supérieur pour une ou plusieurs catégories ?
Adapté de : Lignes directrices 2006 du GIEC, Vol 1, chapitre 1

Les membres du G77/Chine se rassemblent en marge des consultations informelles sur les questions méthodologiques dans le cadre de l’Accord
de Paris © IISD

8 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
3 Éléments clés des
Lignes directrices
2006 du GIEC guidant
le choix des niveaux
Les Lignes directrices 2006 du GIEC sont la principale
référence lors de la préparation d’un inventaire de GES
conforme aux bonnes pratiques. Les rédacteurs d’inventaires
ne se contenteront pas de les consulter en une seule lecture :
lors de la préparation de leurs inventaires successifs, avec des
circonstances nationales changeantes, ils les consulteront très
souvent. Les Parties à l’Accord de Paris ont adopté les Lignes
directrices 2006 du GIEC tout en notant que les pays peuvent
également s’appuyer sur la Révision 2019 de ces Lignes
Nous allons les examiner tour à tour ci-dessous, toutefois, dans
la pratique, comme pour tout ce qui touche aux inventaires de
GES, ces éléments sont fortement liés les uns aux autres. Les
pays devraient donc les aborder de manière globale, plutôt que
séquentielle, afin d’améliorer leurs inventaires au fil du temps.
Ce ne sont pas les seuls éléments des Lignes directrices
2006 du GIEC à prendre en compte lors de la sélection des
niveaux. Nous examinerons dans un deuxième temps les
questions d’assurance qualité/contrôle qualité (AQ/CQ) dans
directrices lors de la préparation des soumissions dans le cadre le rapportage et la documentation.
de l’ETF.7

Choix méthodologique : comment


choisir un niveau
Découvrez les Lignes directrices 2006 du GIEC Le choix méthodologique consiste à sélectionner la méthode la
et la Révision 2019 des Lignes directrices 2006 du plus appropriée pour estimer les émissions ou les absorptions
GIEC, publiée par l’Équipe spéciale du GIEC pour les de GES tout en tenant compte des circonstances nationales.
inventaires nationaux de gaz à effet de serre. L’analyse des catégories clés a pour but d’aider les pays à
choisir les méthodes les plus adaptées. Elle permet d’identifier
À télécharger respectivement sur les catégories de sources et de puits que le pays devrait
https://tinyurl.com/3eypd9t3 et sur prioriser dans son système national, c’est-à-dire celles qui
https://tinyurl.com/fnj5evd9, (en anglais). ont une influence significative sur son inventaire total de GES
en termes de niveaux absolus, de tendances ou d’incertitude.
Lorsque les circonstances nationales le permettent, il est
préférable d’utiliser les méthodes de niveau supérieur pour les
La question du choix méthodologique, du respect des catégories clés.
principes de qualité pour les inventaires et de la réalisation
d’une analyse d’incertitude sont les éléments clés des Lignes Il existe deux approches pour identifier les catégories clés.
directrices 2006 du GIEC : ils sont pertinents pour toute Dans l’Approche 1, ce sont celles qui, cumulées par ordre
réflexion sur le passage à des méthodes de niveau supérieur. décroissant d’importance, contribuent à 95 % du total des

7 La Révision 2019 a été publiée pour fournir les dernières données, des informations et des méthodes complémentaires. Celles-ci ont été actualisées pour les
sources et les puits de GES qui étaient insuffisamment couverts par les Lignes directrices de 2006, ou pour lesquels de nouvelles technologies ou processus sont
apparus depuis la précédente publication. Les Parties peuvent utiliser les Lignes directrices révisées, mais elles n’y sont pas obligées.

www.iied.org 9
émissions absolues nationales.8 L’Approche 2 tient compte étapes durant la préparation d’un inventaire consiste à
de l’incertitude des estimations, de sorte que les catégories évaluer l’importance relative de chaque catégorie dans le pays
clés sont celles dont le cumul représente 90 % des émissions (cf. Questions clés, figure 1). L’application de la méthode de
absolues nationales – classées par ordre décroissant selon niveau 1 est une bonne façon de procéder à cette évaluation.
leur contribution à l’incertitude.
Même si un pays décide immédiatement d’opter pour un
niveau plus élevé, les résultats de la méthode de niveau 1
constituent une bonne base de vérification de la validité des
résultats obtenus par une méthode de niveau supérieur. Il faut
néanmoins garder à l’esprit que les méthodes de niveau 1
Les pays devraient évaluer les catégories clés tant s’appuient sur des « circonstances par défaut » qui ne sont
quantitativement que qualitativement. Le tableau 4.2 pas forcément représentatives de la situation dans chaque
du Volume 1, du chapitre 4, des Lignes directrices pays. Si les résultats de l’application de méthodes de niveau
2006 du GIEC présente une feuille de calcul afin supérieur ne concordent pas avec ceux de la méthode de
d’identifier quantitativement les catégories clés. Pour niveau 1, cela n’indique pas forcément qu’il y a un problème.
les utilisateurs du logiciel d’inventaire du GIEC, Les pays devraient cependant comprendre ce qui cause
l’analyse des catégories clés sera également générée de telles divergences. L’inverse est également vrai. Si les
par le logiciel (cf. encadré 2). résultats obtenus avec le niveau 2 ne sont pas très différents
des résultats du niveau 1, cela ne signifie pas pour autant
À télécharger sur https://tinyurl.com/mt9bc2zn que l’effort pour passer au niveau supérieur était une perte
(en anglais). de temps et de ressources. Si la méthode de niveau 2 a
été appliquée correctement, cela montre simplement que,
dans ce cas, la méthode de niveau 1 était raisonnablement
représentative des circonstances nationales.
Au-delà de l’identification quantitative des catégories
clés, effectuer une identification qualitative fait également
partie des bonnes pratiques. On s’intéresse alors à d’autres Figure 2. Niveaux méthodologiques de calcul des
facteurs non quantitatifs pour déterminer si une catégorie est émissions ou absorptions de GES
essentielle. L’évaluation qualitative peut, par exemple, noter
que les émissions d’une source sont encore faibles, mais
qu’elles augmentent rapidement. Une telle catégorie peut
alors réclamer plus d’attention et l’application d’un niveau Précision accrue
Données complémentaires
méthodologique plus élevé. On peut aussi se demander si les Incertitude réduite Niveau 3
estimations des émissions ou absorptions d’une catégorie Besoin accru de ressources
varient en raison des activités d’atténuation. Même lorsque
celles-ci ne sont pas identifiées par l’analyse quantitative,
les pays devraient considérer comme clés les catégories qui Niveau 2
ciblent les mesures d’atténuation. En effet, pour évaluer la
réussite des politiques et des mesures ou encore les progrès
accomplis dans la réalisation d’un objectif, il faut s’assurer
que l’inventaire de GES démontre l’impact des mesures
Niveau 1
d’atténuation (cf. encadré 1).

Les Lignes directrices 2006 du GIEC prévoient plusieurs Choix méthodologique dans les Lignes directrices 2006 du GIEC
niveaux (méthodes ou approches) pour estimer, pour
chaque catégorie, les émissions de GES par source ou les
absorptions par puits. La méthode par défaut (niveau 1)
et a été conçue pour utiliser des données d’activité (DA) Les méthodes de niveau 2 s’appuient parfois sur des calculs
facilement accessibles : par exemple, les origines d’émissions similaires à ceux du niveau 1, mais en se basant sur des
et d’absorptions telles que la quantité de combustible données spécifiques au pays. Sinon, elles adoptent une
consommée ou la superficie de forêt brûlée. Le niveau 1 fait approche différente pour l’estimation des émissions et des
appel à des facteurs d’émission (FE) par défaut afin que tout absorptions de GES, en se basant sur une méthodologie et
pays, où qu’il se trouve, puisse établir une estimation à l’aide des données différentes.
des DA de base. Les méthodes de niveau 1 représentent une
bonne base de départ pour les pays, car elles fournissent Les méthodes de niveau 3 sont généralement les plus
un aperçu des quantités d’émissions et d’absorptions pour complexes : elles nécessitent des DA et des FE plus fins ou
chaque catégorie. Rappelez-vous que l’une des premières détaillés ou des mesures directes. Les modèles élaborés pour

8 Les émissions totales absolues nationales sont la somme des émissions nettes ou des absorptions nettes pour toutes les catégories de sources et de puits dans
un inventaire de GES.

10 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
refléter des systèmes plus complexes, tels que le carbone catégorie et, souvent séparément, pour chaque GES émis
du sol, seraient également considérés comme des méthodes dans la catégorie. L’utilisation de ces arbres de décision
de niveau 3, de même que toute autre méthode spécifique est vitale pour qu’un pays puisse déterminer les méthodes
à un pays – sous réserve que le modèle soit fiable et adéquates pour chaque catégorie ou gaz en fonction de
qu’il applique les principes TACCC. En règle générale, le son importance relative et des données disponibles pour
passage des méthodes de niveau 1 à celles de niveau 3 estimer les émissions. Les pays devraient utiliser ces arbres
réduit l’incertitude et accroît l’exactitude, mais les exigences de décision pour examiner chaque catégorie concernée
en matière de données, et souvent les coûts, augmentent et procéder à une évaluation initiale du niveau à mettre en
également (cf. figure 2). œuvre, en se fiant aux bonnes pratiques (cf. figure 3). On
gardera à l’esprit que cette évaluation initiale peut être revue
Les Lignes directrices 2006 du GIEC fournissent des arbres au fur et à mesure de l’élaboration de l’inventaire.
de décision pour choisir la méthode adéquate dans chaque

Figure 3. Arbre de décision : évaluation initiale pour décider d’un passage à un niveau supérieur

Questions clés pour les experts en


Début inventaires de GES et les décideurs à
partir des arbres de décision du GIEC

Cette catégorie de source


ou puits est-elle considérée Non
Choisissez une méthode adaptée
aux données disponibles (présentée
? Cette catégorie existe-t-elle dans
notre pays ?
comme catégorie clé ? dans les Volumes 2 à 5).

Oui
Encadré 1.
? Si oui, est-ce une catégorie clé ?

Les données sont-elles


disponibles afin de se conformer aux
Oui
Estimez les émissions ou absorptions
pour chaque catégorie clé en suivant
? Si oui, avons-nous les données
nécessaires (DA et FE) pour passer au
directives de bonnes pratiques pour les directives stipulées par les arbres de
niveau supérieur ? Ou pourrions-nous
les catégories clés ? décision par secteur (Volumes 2 à 5).
raisonnablement recueillir ces données ?
Encadré 2.
Non

Peut-on recueillir les


? Si oui, vous pouvez envisager d’utiliser
le niveau supérieur. Sinon, utilisez le
données sans amputer gravement Prenez des dispositions pour
Oui
recueillir des données.
niveau le plus élevé possible, en fonction
les ressources pour d’autres
catégories clés ? de vos circonstances nationales.
En fonction des données disponibles, Documentez ces circonstances et les
Non choisissez l’une des méthodes
choix méthodologiques dans votre
présentées dans les Volumes 2 à 5.
Documentez les raisons qui motivent vos document d’inventaire.
choix de catégorie.
Encadré 3.
Source : Lignes directrices 2006 du GIEC, Vol.1, chapitre 4

Leurs témoignages

Comme c’est le cas pour de nombreux pays, l’Éthiopie a identifié la production de


ciment comme catégorie clé. Le pays priorise donc le choix d’une méthode de plus
haut niveau pour cette source. Nous avons commencé à collecter des données
pertinentes et à calculer un facteur d’émission spécifique à notre pays, mais nous sommes
confrontés à plusieurs défis. Nous recherchons activement l’appui financier et technique de
Parties pour poursuivre ce travail, recueillir les données d’activité requises et effectuer des
analyses d’échantillons d’usines. Le but est de nous aider à passer à un niveau supérieur pour
cette importante source de dioxyde de carbone au sein de notre pays.

Benti Firdissa, Éthiopie

www.iied.org 11
Encadré 1. Utilisation de méthodes de niveau supérieur pour les catégories incluses
dans les contributions déterminées au niveau national

En ce qui concerne les catégories incluses dans les CDN, il est souhaitable d’utiliser des méthodes de niveau supérieur
pour estimer les émissions ou absorptions de GES. L’utilisation de niveaux supérieurs permet de s’assurer que les pays
estiment les réductions d’émissions de GES – ou l’amélioration de leurs absorptions – avec la plus grande précision. Si
un pays s’appuie sur l’inventaire comme principal indicateur en matière de suivi des progrès, il peut s’avérer nécessaire de
choisir des niveaux supérieurs.

Par exemple, supposons que le pays X estime ses émissions fugitives de méthane, issues de la production pétrolière, en
multipliant sa production totale de pétrole par un facteur d’émission (FE) par défaut. Ce facteur est un coefficient standard
d’émission ou d’absorption de gaz (allant de 1,5 x 10 -6 à 3,6 x 10 -3 gigagrammes par 103 mètres cubes), par unité pour
l’activité considérée. Il est fourni par les Lignes directrices du GIEC de 2006.

Pour atteindre son objectif, le pays décide d’entreprendre un vaste effort de détection et de réparation des fuites dans
tout ce secteur, notamment au niveau des puits de production. Ce programme va réduire la quantité d’émissions fugitives
de méthane par unité d’activité, ce qui entraînera une baisse du FE par rapport au niveau de référence. De ce fait, si
l’inventaire national des GES continue d’utiliser les FE de niveau 1 par défaut pour évaluer son méthane, l’impact des
mesures d’atténuation ne sera pas pris en compte dans les estimations des émissions.

Application des principes TACCC


Que vous en soyez à votre premier ou à votre dixième inventaire une région distincte du pays – et continuer à déclarer le
de GES, les principes de qualité de l’élaboration d’inventaires reste en utilisant le niveau inférieur. Dans ce cas, le pays doit
devraient guider toutes les étapes du processus, de la collecte prendre des précautions pour éviter tout comptage double ou
des données à la préparation des estimations en passant par omission d’activité.
la publication du rapport final. Les principes TACCC visent
à s’assurer que les pays suivent chaque étape afin que le Il se peut également qu’un pays dispose de très bonnes
document final et toutes les estimations de GES qui y figurent données pour l’année en cours, mais il ne faut pas oublier que
soient transparentes, exactes, exhaustives, comparables et l’inventaire doit être communiqué par séries chronologiques.
cohérentes (cf. figure 4). Le principe de cohérence des principes TACCC demande
d’utiliser les mêmes méthodes et sources de données au fil
Le choix du niveau de la méthode à utiliser pour estimer les du temps pour que les tendances rapportées reflètent les
émissions et absorptions de GES est fondamentalement lié au changements réels dans les émissions et absorptions – et ne
principe de précision. Dans la mesure du possible, les chargés soient pas causées par un changement de méthode.
d’inventaire s’efforcent systématiquement de ne pas surestimer
ou sous-estimer les émissions et absorptions et de minimiser
l’incertitude. La meilleure façon d’y parvenir est d’utiliser les
méthodes de niveau appropriées que stipulent les Lignes
directrices 2006 du GIEC. Lorsque vous décidez de passer
à une méthode de niveau supérieur, il faut garder à l’esprit les
autres principes de qualité.

Par exemple, un pays peut identifier la nécessité de passer à


un niveau supérieur pour la fermentation entérique chez les
bovins, une source importante d’émissions de méthane. Avant
de prendre la décision de monter d’un niveau, il doit toutefois
avoir à disposition des données suffisamment représentatives
de l’ensemble du pays pour générer un inventaire complet
des GES. Si ces données ne sont pas disponibles, cela ne
signifie pas nécessairement que le pays doit renoncer à un
niveau supérieur pour cette catégorie. Il peut utiliser le niveau
supérieur pour une partie de la catégorie – par exemple, pour

12 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Figure 4. Principes fondamentaux pour un inventaire de GES de qualité

Questions clés pour les experts en


Transparence : la documentation Exactitude : l’inventaire national des gaz à
est suffisante et claire. Elle permet à effet de serre ne contient ni surestimation ni inventaire et les décideurs concernant
des personnes ou à des groupes, sous-estimation pour autant qu’on puisse en les principes TACCC
en dehors des rédacteurs de juger. Cela signifie qu’il faut tout mettre en

?
l’inventaire en question, de œuvre pour éliminer les biais dans les
comprendre comment celui-ci a été estimations des inventaires. Pourrais-je préparer un inventaire de
établi et de s’assurer qu’il répond GES complet si je passe à un niveau
aux bonnes pratiques requises pour supérieur ?
les inventaires nationaux des Exhaustivité : des estimations sont

?
émissions de GES. communiquées pour toutes les catégories
pertinentes de sources, de puits et de type de Dispose-t-on des données voulues
gaz. Comme les présentes lignes directrices le pour préparer une estimation selon une
Cohérence : les estimations pour recommandent, les estimations nationales de série chronologique cohérente après
les différentes années d’inventaire, GES sont ventilées par zones géographiques. le passage au niveau supérieur ? Ou
les gaz et les catégories sont Lorsque des éléments font défaut, leur
bien pourra-t-on utiliser des techniques
organisées de telle sorte que les absence doit être clairement documentée et
différences de résultat entre les accompagnée d’une justification de l’exclusion. acceptées pour garantir la continuité
années et les catégories reflètent les des séries chronologiques ?
différences réelles dans les

?
émissions. Dans la mesure du Comparabilité : l’inventaire national des gaz
Ai-je documenté de façon transparente
possible, les tendances annuelles à effet de serre est communiqué de manière à
devraient être calculées chaque pouvoir le comparer aux inventaires de GES les méthodes, les DA et FE utilisés ?
année selon la même méthode et d’autres pays. Cette comparabilité devrait se Si je suis amené à utiliser des données
avec les mêmes sources de refléter dans le choix adéquat des catégories confidentielles pour passer à un niveau
données. Elles devraient refléter les clés et dans l’utilisation des directives et des supérieur, est-ce que mon rapport
fluctuations annuelles réelles des tableaux pour l’établissement de rapports,
fait preuve de transparence dans la
émissions ou absorptions et ne pas ainsi que dans l’utilisation de la classification
être sujettes à des changements et de la définition des catégories d’émissions méthodologie employée pour estimer
résultant de différences de méthode. et d’absorptions. les GES ?

Source : Lignes directrices 2006 du GIEC, Vol.1, chapitre 1

La question des incertitudes


Avant d’étudier l’influence des circonstances nationales
sur le passage à un niveau supérieur, il faut s’intéresser à la
notion d’incertitude. Les catégories clés sont celles qui ont
une influence significative sur les émissions absolues et leurs Le tableau 3.2 du Volume 1, chapitre 3 des
tendances, ou encore un impact significatif sur l’incertitude Lignes directrices 2006 du GIEC décrit le calcul en
des inventaires. Ainsi, selon les Lignes directrices 2006 du Approche 1 de l’analyse d’incertitude pour une seule
GIEC, les pays devraient envisager de passer à des niveaux année (c’est-à-dire l’incertitude du niveau) et sur
supérieurs pour les catégories présentant une plus grande la tendance. Ce même chapitre fournit plus de
incertitude : ce changement de niveau contribuera en effet à renseignements sur l’analyse d’incertitude pour les
réduire l’incertitude et à rendre les inventaires plus précis. Approches 1 et 2.

Les Lignes directrices 2006 du GIEC décrivent deux À télécharger sur https://tinyurl.com/pkxz8tp5.
approches pour quantifier l’incertitude. L’Approche 1 met en
œuvre une équation de propagation des erreurs ; l’Approche 2
utilise une analyse Monte-Carlo pour estimer les incertitudes
des catégories individuelles, des émissions nationales
totales (avec/sans UTCATF) et de la tendance. Le penchant
naturel pour un spécialiste des inventaires serait d’utiliser
immédiatement l’Approche 2. Cependant, comme dans tous
les aspects de la préparation des inventaires, le but est de
suivre une amélioration continue. L’Approche 1 peut également
fournir de bons résultats, ce qui permet de concentrer les
ressources sur la mise en œuvre de niveaux supérieurs pour les
catégories clés.

www.iied.org 13
4 Prise en compte des
circonstances nationales
Comme on l’a noté précédemment, les Lignes directrices
2006 du GIEC ne sont pas une norme. Il s’agit davantage d’un
ensemble de bonnes pratiques conçu pour que tous les pays
puissent établir un inventaire de GES en tenant compte de leur
situation nationale particulière, mais en respectant les principes
TACCC. Ils peuvent ensuite améliorer leur inventaire initial en
fonction de leurs priorités et de leur situation nationale.
Dans le chapitre précédent, nous avons présenté les lignes
directrices du GIEC de 2006 qui éclairent la décision de
passer à un niveau supérieur. Dans ce chapitre, nous nous
intéressons aux circonstances nationales clés qui influent sur
les choix méthodologiques, notamment la disponibilité des
ressources et des capacités techniques.

Leurs témoignages CLIQUEZ ICI POUR


LIRE L’ÉTUDE DE
CAS COMPLÈTE

Le financement est souvent la principale pierre d’achoppement pour


le passage à un niveau supérieur. C’est surmontable en nouant des partenariats avec
des bailleurs ou des organismes de recherche locaux. Actuellement, l’Afrique du Sud
envisage de s’associer à des institutions locales pour élaborer des projets de recherche qui
coïncident avec l’amélioration de l’inventaire national. C’est une démarche importante, car tous les
projets d’amélioration ne seront pas financés par des bailleurs. Ces partenariats contribueront à
combler ce fossé : toutes les catégories clés seront alors mieux évaluées, ce qui permettra d’établir
des inventaires plus précis.

Rumbidzai Mhunduru, Afrique du Sud

Le manque de capacités des PMA CCNUCC et de l’Accord de Paris pour les aider à s’acquitter

dans la préparation des inventaires de leurs obligations de déclaration au titre de l’ETF. Une
enquête nationale a étudié les problèmes, les contraintes,
de GES les enseignements tirés et les besoins en matière de
renforcement des capacités (dans le cadre de la préparation
Le Groupe consultatif d’experts (GCE) fournit une assistance des communications nationales (CN) et des rapports
technique aux pays en développement dans le cadre de la biennaux actualisés – rapports sur la transparence au titre de

14 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
la CCNUCC). Le Groupe a observé que 43 % des PMA et L’inventaire de GES n’est pas un simple exposé narratif.
des PEID ont indiqué que l’inventaire national des GES était Il s’agit en fait d’une compilation regroupant parfois des
la thématique la plus difficile lors de l’élaboration de leurs milliers d’estimations ponctuelles réparties sur plus de
rapports climatiques (GCE 2022). cent catégories, couvrant des décennies. Une étude plus
approfondie des difficultés rencontrées par les PMA et les
PEID en matière d’inventaires de GES indique que 83 % des
problèmes seraient liés aux données, à l’information ainsi
qu’aux méthodologies et aux outils. Disposer de données
Pour en savoir plus sur le GCE et les ressources pertinentes, de qualité, ainsi que de la capacité technique à
qu’il propose, notamment pour les inventaires de GES, manipuler celles-ci pour estimer les émissions ou absorptions
voir https://unfccc.int/CGE. de GES est essentiel si l’on veut passer à des niveaux
supérieurs en s’appuyant sur des méthodologies scientifiques
robustes et acceptées.

L’Institut international pour l’environnement et le


développement (IIED) a produit une étude en mai 2021
Figure 5. Les principales contraintes de capacité pour recensant les principales lacunes et besoins en matière de
les PMA capacités, que les PMA ont eux-mêmes identifiés (étude
tirée de 109 rapports sur la transparence climatique soumis
Contrainte budgétaire dans le cadre de la CCNUCC, reflétant 47 premières CN,
Inventaires de 19 % 40 deuxièmes CN, 15 troisièmes CN, une quatrième CN et
GES nationaux six rapports biennaux actualisés). En cohérence avec les
43 % résultats de l’enquête du GCE, l’étude de l’IIED a révélé que
Soutien
3% les lacunes en matière de capacités se regroupaient en cinq
domaines : le manque de données ; la qualité des données ;
la gestion des données ; les questions méthodologiques ;
Impacts du
les questions institutionnelles. L’étude conclut que les PMA
changement ont des difficultés à rassembler les données nécessaires
climatique et (en quantité et en qualité) pour estimer les émissions et
adaptation
24 %
absorptions de GES ; de plus, l’insuffisance des dispositifs
Atténuation
11 % institutionnels et des systèmes de gestion des données
complique l’organisation, le regroupement et le traitement des
données nécessaires. Les PMA ont également fait part de
leur difficulté à se doter de l’expertise technique voulue pour
appliquer correctement les Lignes directrices du GIEC, pour
PMA et PEID élaborer des FE spécifiques au pays ou pour utiliser le logiciel
17 % de préparation de l’inventaire de GES (IIED 2021). Ils ont
en particulier identifié les contraintes de capacité suivantes,
28 %
issues de leur situation nationale :

1. Le manque de données : les PMA font état d’un manque


de données disponibles dans une ou plusieurs des
catégories requises pour les inventaires de GES, avec des
incidences variables selon les secteurs. En règle générale,
les statistiques portant sur l’énergie étaient plus facilement
disponibles que sur l’agriculture ou le secteur UTCATF,
55 % deux secteurs importants pour les PMA.

2. Des données de qualité médiocre : la qualité des


données saisies influe sur l’exactitude et l’incertitude des
Problèmes liés aux dispositifs institutionnels estimations finales des émissions et des absorptions. Les
Lignes directrices 2006 du GIEC fournissent les FE par
Problèmes liés aux données et aux informations
défaut nécessaires : la question primordiale est donc celle
Problèmes liés à la méthodologie et aux outils de la disponibilité des DA, au moins pour la méthode de
niveau 1. La collecte des DA, en vue d’une utilisation avec
Problèmes dans un domaine non précisé
les FE par défaut, s’avère complexe pour les pays. Les
Source : Distilled: updated technical paper (GCE 2022) niveaux supérieurs demandent généralement des données
plus ventilées, ce qui peut être plus difficile à obtenir.

www.iied.org 15
3. La gestion des données : les données disponibles les méthodes de niveau supérieur ou utiliser le logiciel
ne le sont pas toujours sous un format exploitable. Par d’inventaire du GIEC (cf. encadré 2).
exemple, un pays peut connaître la valeur en dollars
ou un pourcentage des biens vendus, mais pas leur 5. Les problèmes institutionnels : de nombreux PMA
quantité absolue. Certains PMA évoquent l’absence ont indiqué éprouver des difficultés à mettre en place
d’un système de gestion des données ou de dispositifs des procédures et formations pérennes d’organismes
gouvernementaux pour favoriser la collecte, la compilation nationaux pour compiler, préparer et soumettre le rapport
et la rétention des données – en raison d’un manque du pays. L’Accord de Paris réclame la soumission d’un
d’outils, de logiciels et de matériel. L’absence d’un système inventaire de GES tous les deux ans. Cela peut compliquer
de gestion pérenne, aggravée par la préparation des les défis en matière de dispositifs institutionnels ; il peut
inventaires par des experts extérieurs, au cas par cas, aussi s’agir d’une opportunité. La mise en place d’une
affecte la continuité des estimations des GES. équipe définie, fonctionnant selon des procédures
établies et bénéficiant d’une communication régulière
4. Les problèmes méthodologiques : l’absence de et d’un soutien financier prévisible, produira un système
FE déterminés au niveau national constituait l’écueil d’inventaire robuste et durable.
méthodologique principal. Les facteurs par défaut des
Lignes directrices 2006 du GIEC ne sont spécifiques Le rapport de l’IIED a identifié les principaux besoins des
aux circonstances nationales. Les PMA ont indiqué PMA en matière de capacités : définir ou améliorer les DA et
que l’absence de FE spécifiques à leur pays, pour les les FE ; renforcer les dispositifs institutionnels ; accroître les
différentes catégories, bloquait l’accès aux méthodes ressources humaines et l’accès à la technologie ; accéder
de niveau supérieur, augmentant l’incertitude de leurs à des financements ou à une assistance pour soutenir les
inventaires. Les pays ont également fait état d’un manque améliorations nécessaires.
de compétences techniques internes pour appliquer

Les délégués se réunissent lors du forum pilote informel du Groupe consultatif d’experts (GCE). Ils engagent un échange axé sur la mise en œuvre
dans le domaine de la réponse aux besoins d’assistance technique requise pour la transition vers le cadre de transparence renforcé © IISD.

16 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
En 2018, les Parties ont demandé au Fonds pour Figure 6. Principales considérations pour passer à un
l’environnement mondial (FEM) d’examiner les options niveau supérieur
possibles en matière d’appui à la préparation des rapports,
notamment la possibilité de demander un financement pour
plusieurs rapports dans le cadre d’une demande (décision Est-ce une
18/CMA.1, paragr. 9). Si cette demande est acceptée, cela catégorie clé ?
renforcerait la stabilité et la pérennité du rapportage des pays. Les dispositifs Cette catégorie
institutionnels offre-t-elle un
nécessaires sont-ils potentiel d’atténuation

Cadre d’examen des


disponibles et ou est-elle incluse
disposés à aider ? dans les CDN

circonstances nationales
du pays ?

Le passage
De par leur nature, la préparation des inventaires de GES Les fonds
à niveau supérieur
nécessaires
– et en particulier la décision de passer à des méthodes de sont-ils disponibles
serait-il préjudiciable
à l’amélioration d’une
niveau supérieur pour améliorer leur exactitude – dépend ou accessibles ?
autre catégorie
fondamentalement de la situation nationale du pays. La importante ?
figure 6 récapitule les principaux facteurs que les PMA et les
L’expertise Les données
autres pays en développement devraient examiner en vue de technique pour requises (DA, FE, etc.)
cette prise de décision. La réponse à ces questions dépendra mettre en œuvre la sont-elles disponibles
méthode de niveau pour passer à
chaque fois de leur situation spécifique. supérieur est-elle un niveau
accessible ? supérieur ?

Note : Par « données disponibles », on entend des données de qualité


suffisante, complètes (couvrant toutes les activités pertinentes pour la
catégorie dans le pays) et disponibles sur toute la période.

Leurs témoignages CLIQUEZ ICI POUR


LIRE L’ÉTUDE DE
CAS COMPLÈTE

Vu mon expérience en Amérique latine, je crois qu’il est très important


d’expliquer aux parties prenantes qu’une amélioration de l’inventaire de GES est
possible, mais qu’elle requiert une bonne coordination entre les institutions
concernées (sources de données, institutions de recherche, universités…).

Yasna Rojas Ponce, Chili

www.iied.org 17
5 Exigences de l’ETF
Les Lignes directrices 2006 du GIEC n’imposent rien aux
pays. Elles fournissent plutôt un ensemble de bonnes pratiques
pour la préparation des inventaires nationaux des GES dans le
respect des principes TACCC. Les pays qui ont ratifié l’Accord
de Paris sont néanmoins tenus de se conformer aux décisions
adoptées en vertu de cet accord. Deux décisions principales
s’appliquent à l’élaboration des inventaires de GES, aux autres
questions liées à la transparence et à l’examen des questions
entourant le passage à des niveaux supérieurs. Il s’agit de
nouvelles exigences de l’ETF constituait un plus grand obstacle
pour les pays en développement, en particulier les PMA et
les PEID. À ce titre, les MPG comportent des dispositions
de flexibilité destinées aux pays en développement dont
les capacités insuffisantes les empêchent de satisfaire aux
exigences. Elles proposent d’autres moyens de se conformer
aux obligations de rapportage en reformulant dans certains
cas un doit en devrait. On remarque également que les MPG
offrent aux PMA et à d’autres pays en développement
la décision 18/CMA.1 (MPG) et de la décision 5/CMA.3 plus de souplesse pour les catégories clés : ce sont celles
(Directives pour l’application des MPG). qui contribuent à 85 % (au lieu de 95 %) des émissions
nationales totales (à l’exclusion du secteur UTCATF). Cela
réduit le nombre de catégories clés à traiter et aide ces pays
Décision 18/CMA.1 : éléments à à rationaliser l’emploi de ressources limitées. Ces dispositions

inclure dans le rapport et flexibilité en faveur d’une plus grande flexibilité s’ajoutent aux options qui
s’offrent à tous les pays pour choisir la méthode au niveau le
pour les pays en développement qui plus approprié dans les Lignes directrices 2006 du GIEC pour

en ont besoin estimer les émissions et absorptions.

Le tableau 1 donne une vue d’ensemble des exigences de haut


Dans leur présentation des exigences en matière d’élaboration niveau en matière d’inventaires de GES et indique les situations
du rapport biennal sur la transparence, qui incluent la où les pays aux capacités plus limitées disposent de flexibilité.
préparation d’inventaires de GES, les MPG précisent ce Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle peut aider les pays à
que les pays devraient et doivent communiquer. Lorsqu’ils pondérer les exigences d’ensemble et le calendrier lorsqu’ils
hiérarchisent les activités d’inventaire, il importe que les PMA étudient la possibilité de mettre en œuvre un niveau supérieur.
et les autres pays en développement soient attentifs à ce qui Le tableau 2 liste les dispositions spécifiques qui peuvent être
doit être communiqué (exigences indiquées par l’utilisation pertinentes lorsqu’on envisage de passer à un niveau supérieur.
du mot « doit » ou « doivent ») par rapport à ce qui devrait ou
pourrait faire l’objet d’une communication, et ce en particulier Les MPG décrivent également les procédures d’examen de
pour les pays novices en matière d’inventaires de GES. la soumission du rapport biennal sur la transparence (BTR) et
l’examen multilatéral de facilitation des progrès qui s’ensuit.
Lors de la rédaction des MPG, les Parties ont reconnu que Ces deux processus peuvent être extrêmement bénéfiques aux
certains pays en développement avaient moins d’expérience PMA et à d’autres pays en développement pour identifier les
en ce qui concerne la préparation d’inventaires nationaux de possibilités de passer à des niveaux supérieurs et d’améliorer
GES. Les Parties ont noté que l’écart entre les anciennes et les leur inventaire de GES.

18 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Le saviez-vous ?
Il existe une distinction entre les exigences de type doit et devrait dans les décisions de l’ETF.
Les exigences de type « doit » sont de la plus haute importance ; les Parties qui ne les respectent pas recevront une
recommandation inscrite dans le rapport d’examen qui suit la soumission de leur rapport.
Les dispositions de type « devrait » indiquent un encouragement. Dans un petit nombre de cas, les décisions indiquent
quelque chose que les Parties peuvent faire. Un peut indique en général qu’une Partie a le choix en la matière et, selon le
contexte, peut signifier un encouragement ou pas.
Lorsque les ressources sont limitées, les pays devraient d’abord se concentrer sur les exigences de type doit.
Pour plus d’informations sur la conduite et les résultats du processus d’examen des soumissions de BTR, consulter la
section VII des MPG disponible sur https://unfccc.int/documents/193408.

Tableau 1. Exigences de haut niveau des MPG pour les inventaires de GES

 Doivent soumettre le premier BTR avant le  Les PMA et PEID peuvent soumettre leurs
31 décembre 2024. communications à leur discrétion.

 Doivent se conformer aux Lignes directrices 2006


du GIEC et peuvent utiliser la Révision de 2019 de
ces dernières.

 Doivent être communiqués pour chaque secteur  Le logiciel d’inventaire du GIEC peut aider à opérer
défini par la CCNUCC : énergie, procédés industriels cette distinction (cf. encadré 2).
et utilisation des produits, agriculture, UTCATF et
déchets. Les Lignes directrices 2006 du GIEC font
référence au secteur de l’AFAT. Les pays doivent utiliser
les méthodes prescrites par ces MPG, mais déclarer
séparément à la CCNUCC les émissions/absorptions
des secteurs de l’agriculture et de l’UTCATF.

 Doivent identifier les catégories clés.  Les pays en développement bénéficiant de flexibilité
peuvent utiliser différentes mesures pour définir une
catégorie clé.

 Doivent quantifier les incertitudes et faire une  Les pays en développement bénéficiant de flexibilité
évaluation qualitative. peuvent n’effectuer qu’une évaluation qualitative pour
leurs catégories clés et ils sont encouragés à fournir
une évaluation quantitative pour toutes les catégories.

 Doivent élaborer un plan d’assurance et de  Les pays en développement bénéficiant de flexibilité


contrôle qualité et mettre en œuvre les procédures sont encouragés à les mettre en place.
correspondantes.

 Doivent communiquer sur le dioxyde de carbone, le  Les pays en développement bénéficiant de flexibilité ne
méthane, le protoxyde d’azote, les hydrofluorocarbures, sont tenus d’inclure les gaz fluorés que si ces derniers
les hydrocarbures perfluorés, l’hexafluorure de soufre et sont couverts dans leur CDN, dans le cadre d’une
le trifluorure d’azote. activité relevant de l’article 6, ou ont été précédemment
déclarés dans leur inventaire.

 Doivent déclarer les émissions/absorptions de GES à  Les pays en développement bénéficiant de flexibilité
partir de 1990. doivent couvrir au minimum l’année ou période de
référence de leur CDN et chaque année à partir de
2020.

 Doivent déclarer les émissions/absorptions de GES  Les pays en développement bénéficiant de flexibilité
jusqu’à deux ans avant la présentation (soit 2022 pour la peuvent présenter un rapport allant jusqu’en 2021 pour
présentation de 2024). leur soumission de 2024.

Note : Cette liste n’est pas exhaustive.

www.iied.org 19
Décision 5/CMA.3 : comment
préparer votre rapport
Gardez à l’esprit qu’aucune publication, aucun
guide ou document – y compris le présent guide Si les MPG indiquent les éléments que les pays doivent
pratique – ne peut remplacer les décisions publiées communiquer, la décision 5/CMA.3 indique comment
par les Parties. Toujours se référer aux décisions procéder. Cette décision inclut trois annexes contenant le
pertinentes lors de la planification et du rapportage de tableau de rapport commun (TRC) et les formats à suivre.
l’inventaire de GES inclus dans votre BTR. Le TRC permet aux pays de communiquer leurs données
d’inventaire de GES ; associé au document d’inventaire
Pour consulter les exigences en matière de MPG, se national (NID), qui précise les informations communiquées,
reporter à la décision 18/CMA.1, disponible sur ces deux documents constituent le rapport d’inventaire
https://unfccc.int/documents/193408. national. Le TRC regroupe un ensemble de 60 tableaux
décrivant les DA, les émissions et les autres données que
les pays doivent déclarer par secteur (énergie, procédés
industriels et utilisation des produits, agriculture, UTCATF et

Encadré 2. Utilisation du logiciel d’inventaire du GIEC pour un système de rapportage


des GES plus précis et durable

Le logiciel d’inventaire 2006 du GIEC a été développé par l’Unité d’appui technique de l’Équipe spéciale du GIEC
chargée du programme d’inventaires nationaux des gaz à effet de serre. Il permet aux pays de préparer leur inventaire
de GES en suivant les méthodes énoncées dans les Lignes directrices 2006 du GIEC. La dernière version du logiciel
contient toutes les méthodes disponibles dans les Lignes directrices (niveaux 1, 2 et 3), ainsi que celles du « Supplément
2013 aux Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre : terres humides »
(supplément pour les zones humides), qui permet aux utilisateurs de calculer les émissions de GES par les sources et
les absorptions par les puits au niveau des catégories, des secteurs et des pays pour l’année la plus récente et la série
chronologique.

L’utilisation du logiciel d’inventaire du GIEC peut aider à résoudre bon nombre des principaux problèmes que les PMA
ont identifiés dans leurs derniers BUR et CN au titre de la CCNUCC : le manque de capacités pour utiliser les méthodes
préconisées par le GIEC et les problèmes de gestion des données. Les calculs sont réalisés par le logiciel, ce qui
minimise les risques d’erreur ; les données sont conservées dans une base de données, ce qui permet aux pays de
s’appuyer sur leur précédent inventaire de GES plutôt que de repartir de zéro à chaque rapport.

Le logiciel d’inventaire du GIEC comprend les FE par défaut et les paramètres décrits dans les Lignes directrices 2006 du
GIEC et le Supplément sur les zones humides. Les FE par défaut ne sont généralement pas disponibles pour les niveaux 2
et 3 : les pays qui choisissent de passer à des niveaux supérieurs doivent donc saisir leurs propres paramètres nationaux
et veiller à ce que les DA pertinentes soient disponibles pour chacun de leurs FE. Quel que soit le niveau appliqué, il
incombe au pays de réunir les DA pertinentes.

Le logiciel prépare également une analyse des catégories clés et une analyse des incertitudes. Pour les pays qui débutent,
la préparation d’estimations de niveau 1 à l’aide du logiciel d’inventaire du GIEC fournira les informations nécessaires à la
production d’une analyse initiale des catégories clés. Cela peut aider à hiérarchiser les catégories auxquelles appliquer les
niveaux supérieurs. Toutefois, les catégorisations diffèrent légèrement de celles utilisées par la CCNUCC, en particulier
pour le secteur AFAT.

Dans la décision 5/CMA.3, les Parties ont demandé que la CCNUCC et le GIEC collaborent afin de rendre le logiciel
d’inventaire du GIEC interopérable avec l’outil de rapportage électronique de la CCNUCC qu’elles utiliseront pour
soumettre officiellement la partie GES de leur BTR. À la mi-2023, ces travaux sont en cours. Une fois achevés, les Parties
qui utiliseront le logiciel d’inventaire du GIEC pour estimer leurs émissions ou absorptions de GES pourront exporter
toutes les informations nécessaires pour remplir les tableaux de communication dans un fichier (au format Json) qui sera
téléchargeable directement dans l’outil de communication de la CCNUCC, afin de finaliser l’inventaire officiel des GES de
leur BTR.

Téléchargez la dernière version du logiciel d’inventaire du GIEC sur https://tinyurl.com/5n6z62s5

20 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
déchets). Il inclut aussi que des informations transversales établir leur NID ; elle note que les Parties peuvent utiliser la
sur les émissions totales, les tendances, les catégories clés, Révision 2019 des Lignes directrices 2006 pour estimer leurs
l’actualisation des calculs, les méthodes et les FE utilisés, émissions et absorptions de GES.
entre autres. Un autre tableau permet aux pays d’expliquer les
dispositions de flexibilité qu’ils ont utilisées et le calendrier
qu’ils se sont fixé pour remédier aux contraintes de capacité Passer à une méthode du GIEC de
qui ont conduit à leur recours.
niveau supérieur
Quelle que soit la méthode (niveau 1, 2 ou 3) utilisée par les
Parties pour estimer leurs émissions et absorptions, elles Nous avons examiné les bonnes pratiques recommandées
doivent communiquer les résultats dans le TRC, et fournir par les Lignes directrices 2006 du GIEC pour la préparation
davantage d’informations sur les méthodes et les données des inventaires de GES, ainsi que les divers niveaux proposés
utilisées dans leur NID. Généralement, les informations pour les estimations des émissions et absorptions de GES
saisies dans les cellules du TRC restent les mêmes, quel par catégorie. Cette approche permet à tous les pays, quelle
que soit le niveau. Dans un petit nombre de cas, les pays que soit leur situation nationale, de dresser un inventaire de
utilisant les niveaux supérieurs seront appelés à fournir des GES. La dernière question est donc de savoir ce que les pays
informations complémentaires. sont tenus de déclarer dans le cadre de l’ETF.

La décision 5/CMA.3 charge également le secrétariat Dans le tableau 1, nous avons présenté les exigences de
de la CNUCC d’élaborer des outils électroniques de haut niveau en matière de déclaration dans le cadre de l’ETF.
communication de ces informations et le prie de faciliter Le tableau 2 met en lumière les dispositions applicables à
l’interopérabilité entre cet outil et le logiciel d’inventaire du prendre en compte lors de la décision de passage à un niveau
GIEC (cf. encadré 2). Cette décision fournit également des supérieur et leurs implications concrètes. Ces dispositions
indications que les pays sont encouragés à utiliser pour sont énoncées dans les MPG et dans la décision 5/CMA.3.

Tableau 2. Exigences en matière d’ETF à considérer avant le passage à un niveau supérieur

Référence Disposition Éléments à prendre en compte

Paragr. 20 Les pays parties doivent utiliser les Lignes Toutes les Parties sont tenues d’appliquer les méthodologies
(Annexe, directrices 2006 du GIEC ainsi que les énoncées dans les Lignes directrices 2006 du GIEC et
MPG) versions ou révisions ultérieures des lignes peuvent choisir d’utiliser la Révision de 2019. L’utilisation du
directrices du GIEC convenues par la verbe pouvoir indique qu’il ne s’agit pas d’une obligation. Le
Conférence des Parties agissant comme renvoi vers les Lignes directrices 2006 du GIEC englobe les
réunion des Parties à l’Accord de Paris directives sur les niveaux, la collecte de données, l’estimation de
(CMA). l’incertitude, l’analyse des catégories clés, l’AQ/CQ, ainsi que le
rapportage et la documentation.
Les Parties sont encouragées à appliquer
le Supplément 2013 aux Lignes directrices
2006 du GIEC pour les inventaires nationaux
de gaz à effet de serre : les zones humides.

Paragr. 28 Les Parties peuvent appliquer, sur la base


(5/CMA.3) du volontariat, la Révision 2019 des Lignes
directrices 2006 du GIEC pour les inventaires
nationaux de gaz à effet de serre.

Paragr. 21 Les Parties devraient s’efforcer d’utiliser un Les pays identifient la méthode recommandée en appliquant
(Annexe, niveau et une méthode recommandés pour l’arbre de décision (cf. figure 3) pour chaque catégorie et, le
MPG) les catégories clés conformément aux Lignes cas échéant, chaque gaz. Pour les catégories clés, l’arbre de
directrices 2006 du GIEC. décision pointera le plus souvent vers une méthode de niveau 2.
Devraient s’efforcer est un terme moins contraignant que
Paragr. 23 Faute de ressources, une Partie peut ne doivent, mais plus fort que devraient.
(Annexe, pas être en mesure d’adopter une méthode
MPG) de niveau supérieur pour une catégorie clé Les MPG reconnaissent et autorisent des exceptions lorsqu’un
donnée. Dans ce cas, la Partie peut opter pays ne peut utiliser le niveau recommandé. Dans ce cas, le
pour une approche de niveau 1 et elle doit pays concerné doit alors consigner dans son NID les raisons
alors indiquer clairement pourquoi son choix pour lesquelles il n’a pas pu mettre en œuvre la méthode
méthodologique n’est pas celui indiqué par recommandée, surtout lorsque cela est dû à un manque de
l’arbre de décision du GIEC.. ressources. L’équipe d’examen chargée d’évaluer l’inventaire en
tiendra compte.

www.iied.org 21
Référence Disposition Éléments à prendre en compte

Paragr. 23 Pour ses futures améliorations, la Partie La préparation d’un plan d’amélioration de l’inventaire de GES
(Annexe, devrait prioriser toutes les catégories clés (dans le cadre des activités d’AQ/CQ) documentant la portée
MPG) pour lesquelles la méthode des bonnes et la chronologie des améliorations prévues est un bon moyen
pratiques élaborée dans les lignes directrices d’assurer leur suivi. Les catégories où un niveau supérieur est
du GIEC n’a pas pu être utilisée. recommandé, mais pour lequel le pays ne dispose pas des
capacités de mise en œuvre correspondantes, ont intérêt à être
consignées dans le rapport en tant que besoin de renforcement
des capacités identifié (cf. paragr. 162 des MPG dans ce tableau).

Paragr. 24 Toutes les Parties sont encouragées à Notant qu’en général, le passage à un niveau supérieur réduit
(Annexe, utiliser des facteurs d’émission et des l’incertitude et accroît l’exactitude, les MPG encouragent les
MPG) données d’activité spécifiques au pays Parties à déterminer que des DA complètes en relation aux FE
et à ses régions si ces informations sont sont disponibles. Les PMA ou autres groupes de pays dans des
disponibles – ou à proposer des plans pour circonstances similaires pourraient, en collaboration, chercher à
les élaborer. élaborer et à utiliser des FE spécifiques à chaque pays et élaborer
ensemble des FE régionaux applicables à plusieurs pays.

Paragr. 26 Pour assurer la continuité chronologique de Avant d’opter pour une méthode de niveau supérieur, il est
(Annexe, ses rapports, chaque Partie devrait utiliser important de s’assurer de la disponibilité des données requises
MPG) les mêmes méthodes et maintenir constante pour appliquer la méthode à l’ensemble de la série chronologique.
l’approche de ses données d’activité et des Pour les PMA et les autres pays en développement, cela signifie
facteurs d’émission correspondants. soit de remonter jusqu’à 1990, soit d’appliquer une certaine
flexibilité, au moins pour l’année de référence/la période du CDN,
puis chaque année à partir de 2020.

Paragr. 27 Les Parties devraient utiliser des données de Si la Partie ne peut pas appliquer la même méthode à l’ensemble
(Annexe, substitution, d’extrapolation et d’interpolation de ses séries chronologiques, elle devrait appliquer les
MPG) ou encore les techniques de chevauchement techniques de « raccordement d’indices » des Lignes directrices
indiquées dans les Lignes directrices 2006 du GIEC de 2006 (voir Volume 1, chapitre 5). Si cela n’est pas
du GIEC pour estimer des valeurs d’émission possible, il peut néanmoins être utile de recueillir des données
manquantes (résultant de l’absence de pour passer au niveau supérieur : ceci permet au pays de vérifier
données d’activité, de facteurs d’émission le bien-fondé de leur méthode actuelle.
ou d’autres informations qui permettraient
d’obtenir une série chronologique cohérente). Certains pays notent également qu’ils peuvent utiliser un niveau
supérieur pour une région ou une sous-catégorie de population,
mais pas au niveau national. Cela peut être acceptable, mais
dans ces cas, ces pays doivent alors démontrer de façon
transparente dans leur NID qu’il n’y a pas de double comptage
ou d’omission des DA.

22 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Référence Disposition Éléments à prendre en compte

Paragr. 39 Chaque Partie doit communiquer les Comme l’acronyme ETF l’indique, la transparence est vitale.
(Annexe, méthodes utilisées […] ainsi que les
MPG) descriptions, hypothèses, références et Les pays doivent décrire clairement la méthode qu’ils ont choisie
sources d’information utilisées pour les dans leur NID (niveau choisi, méthode spécifique au pays), la
facteurs d’émission et les données d’activité façon dont ils l’ont appliquée et, le cas échéant, les raisons pour
rapportées dans son inventaire de GES. lesquelles ils ne sont pas en mesure d’appliquer la méthode
recommandée.

Ils doivent également inclure des informations sur les FE, les
DA et les hypothèses appliquées pour ces méthodes. Les
équipes d’examen apprécient qu’on leur communique les
données utilisées pour les calculs dans le NID, mais ce n’est
pas toujours raisonnable au vu de la quantité de données ou de
leur confidentialité. Lorsque cela n’est pas possible, il convient
d’inclure des références renvoyant vers les sources de données.

Si des publications étayent l’élaboration de FE spécifiques, le


pays concerné doit y faire référence, et si possible, les résumer
dans son NID.

Les pays doivent également décrire toute activité d’AQ/CQ


menée ou toute estimation, particulièrement au cours de la
première année d’application d’un niveau méthodologique plus
élevé ou de nouveaux FE.

Paragr. Les Parties doivent fournir une description Le présent guide se focalise sur l’inventaire de GES et
74 et 75 de chaque méthodologie ou méthode de l’utilisation de méthodes de niveau supérieur permettant de
(Annexe, comptabilisation utilisée. Les informations dresser un inventaire plus précis des GES. Le choix d’un niveau
MPG) ci-dessus doivent mentionner, selon les supérieur peut être motivé par la possibilité de mieux suivre les
règles applicables aux CDN des Parties progrès vers les CDN. Si l’inventaire de GES est utilisé pour
aux termes de l’article 4 : …(b) les lignes suivre ces progrès, on s’attend alors à ce que les informations
directrices du GIEC utilisées… d) si cela présentées dans l’inventaire se recoupent avec la section
s’applique aux CDN du pays, toutes les traitant de l’utilisation de ces informations dans le cadre du suivi
hypothèses, méthodes et approches des progrès.
utilisées, par secteur, par catégorie ou par
activité, conformément aux lignes directrices
du GIEC.

Paragr. 86 Chaque Partie doit décrire, dans la mesure


(Annexe, du possible, les méthodes et hypothèses
MPG) utilisées pour estimer les réductions ou les
absorptions des émissions de GES en les
reliant à chaque action, politique ou mesure.

www.iied.org 23
Référence Disposition Éléments à prendre en compte

Paragr. 2 On encourage les Parties à établir leur Les pays ne sont pas tenus de suivre les indications fournies
et Annexes rapport biennal sur la transparence (BTR) pour le BTR ou le NID figurant aux Annexes IV et V, mais cela
IV et V (5/ et leur inventaire national conformément pourrait s’avérer utile.
CMA.3) aux directives figurant respectivement aux
Annexes IV et V. Ces indications fournissent des cadres permettant de
structurer le document d’inventaire (et le BTR), de promouvoir la
transparence des informations et de faciliter les mises à jour lors
des communications ultérieures.

Les indications données pour le NID constituent un guide


pas à pas montrant comment et où présenter les informations
méthodologiques : méthodes, choix des DA et des FE,
hypothèses ayant servant de base au calcul des émissions
et des absorptions, justification de leur choix, description
des méthodes et modèles nationaux, informations sur les
améliorations prévues, y compris celles liées aux méthodes, au
choix des FE et aux DA.

Les évaluateurs vont habituellement rechercher ces informations


dans les sections préétablies du NID. Documenter l’inventaire
de cette manière peut aider à minimiser les questions des
examinateurs lors de la semaine d’examen, réduisant ainsi la
charge de travail pour le pays durant cette période.

Paragr. Une Partie doit faite l’objet d’un examen dans Pour le premier BTR, une équipe d’examen se rendra dans le
158-159 – le pays lors : …(a) du premier rapport biennal pays pour examiner le rapport, y compris l’inventaire de GES,
75 (Annexe, sur la transparence. afin d’en vérifier la conformité avec les MPG. Les PMA et les
MPG) autres pays en développement peuvent choisir d’appliquer la
Les pays en développement parties qui ont flexibilité et de faire l’objet d’un examen centralisé, auquel cas
besoin de flexibilité compte tenu de leurs une équipe se réunira à distance (souvent à Bonn) et procédera
capacités ont la possibilité de choisir de se à l’examen.
soumettre à un examen centralisé plutôt qu’à
un examen dans le pays – cette dernière Les examens dans les pays offrent aux Parties une bonne
option étant toutefois encouragée. occasion de travailler en tête-à-tête avec des experts
internationaux chevronnés en matière d’inventaires, de mieux
comprendre la pertinence des méthodes appliquées et d’évaluer
les possibilités de passer à des niveaux supérieurs. Les examens
dans les pays ont également tendance à mobiliser l’attention des
décideurs du pays hôte. Ils sensibilisent à l’importance d’obtenir
des données sur les GES fiables, qui peuvent à leur tour attirer
des investissements en vue d’améliorations futures.

Paragr. 162 Pour les examens internes, centralisés Un principe clé inscrit au paragraphe 3 des MPG est
(Annexe, et sur dossier : … (d) L’équipe d’experts l’importance de faciliter l’amélioration des rapports et la
MPG) chargée de l’examen technique doit transparence au fil du temps. Le rapport d’examen technique
communiquer à la Partie concernée un produit par les experts est l’une des pierres angulaires de ce
Annexe VI, projet de liste de domaines se prêtant à des processus. Une section dédiée de ce rapport est consacrée à
section II.E améliorations, qui constitue un ensemble la communication des besoins de renforcement des capacités,
(5/CMA.3) de recommandations préliminaires (pour identifiés à la suite de discussions approfondies entre l’équipe
les dispositions obligatoires [doivent]) d’examen et le pays.
et de préconisations (encouragements)
préliminaires (pour les dispositions C’est une excellente occasion pour les PMA et autres pays
facultatives [peuvent ou devraient]) et, dans en développement de formuler leurs besoins en matière de
le cas des pays en développement parties renforcement des capacités. Par exemple, si la fermentation
qui ont besoin d’une certaine flexibilité entérique des bovins est une catégorie clé, mais que le pays
compte tenu de leurs capacités, les besoins n’a pas été en mesure d’appliquer la méthode recommandée
en matière de renforcement des capacités (de niveau 2), celui-ci peut en faire part à la communauté
qui ont été définis en concertation avec la internationale au travers de la section II.E du rapport d’examen
Partie concernée, à la fin de la semaine où technique final.
est effectué l’examen technique.

24 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Référence Disposition Éléments à prendre en compte

Paragr. Les experts techniques doivent être Cette disposition permet d’obtenir un angle de vue un peu
172–173 nommés au fichier d’experts de la CCNUCC différent pour éclairer la réflexion d’un pays sur le choix du
(annexe, par les parties et, le cas échéant, par les passage à des niveaux supérieurs. L’ETF va requérir un nombre
MPG) organisations intergouvernementales. important d’experts chevronnés pour appuyer le processus
d’examen des BTR d’autres pays, y compris les inventaires de
Les experts techniques doivent achever le GES. Le fait d’être inscrit sur la liste d’experts et d’avoir réussi
programme de formation visé au paragraphe l’examen d’entrée offre aux experts des PMA et des pays en
12(c) de la décision 18/CMA.1 avant développement une formidable occasion de partager leurs
d’intégrer une équipe technique d’examen. connaissances et leur point de vue. Ils peuvent apprendre ce
que font les autres et, en conséquence, améliorer leurs propres
connaissances. En examinant des problèmes analogues
(par exemple, l’élaboration des FE nationaux spécifiques ou
la création de séries chronologiques cohérentes lors d’un
passage à un niveau supérieur), d’autres pays ont peut-être
déjà trouvé des solutions. Les experts peuvent acquérir ces
connaissances et les appliquer à leur pays. De plus, les experts
participant aux examens centralisés feront équipe avec d’autres
experts internationaux, ce qui offrira une multitude d’occasions
d’échanger des points de vue et des idées, renforçant ainsi les
capacités de leurs experts nationaux.

Consultations informelles portant sur les actions et le soutien au titre des Modalités, procédures et lignes directrices du cadre de transparence. © IISD

www.iied.org 25
6 Assurance qualité,
contrôle qualité,
rapportage et documentation

Même si ces sujets ne se limitent pas aux questions de


passage à un niveau supérieur, il est important d’évoquer l’AQ/
CQ, le rapportage et la documentation dans le présent guide.

Assurance et contrôle qualité


L’assurance et le contrôle de la qualité (AQ/CQ) et la
vérification désignent une série de contrôles, d’examens et
La figure 7 explicite les termes AQ, CQ et vérification. Pour de
plus amples informations, consulter les Lignes directrices 2006
du GIEC, Volume 1, chapitre 6, encadré 6.1.

Les Lignes directrices 2006 du GIEC fournissent une liste


complète des vérifications possibles en matière d’inventaire –
aussi bien procédures générales que vérifications par catégorie
– que les pays peuvent consigner dans un plan global d’AQ/
CQ. Les MPG exigent (ou encouragent dans le cas des PMA
d’évaluations effectués par diverses personnes tout au long du et autres pays en développement qui choisissent de bénéficier
processus de préparation de l’inventaire, et ce afin de s’assurer de flexibilité) la préparation d’un plan d’AQ/CQ et la mise en
que ce dernier adhère aux principes TACCC pour les données. œuvre des procédures générales de CQ qui en découle. Les

Les délégués se rassemblent lors des dernières étapes de la plénière de clôture du SBSTA. © IISD

26 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
pays devraient procéder à des vérifications plus détaillées et la documentation, décrivant les informations considérées
dans les catégories clés, en particulier lorsqu’ils utilisent comme de bonnes pratiques à inclure dans un document
des méthodes de niveau supérieur et ils sont également d’inventaire. En règle générale, quel que soit le niveau, les
encouragés à procéder à un premier balayage de leur pays doivent fournir des informations sur les méthodes, les
inventaire par les pairs. Cette série de contrôles et d’examens DA, les FE et les hypothèses utilisées pour la préparation
par les pairs – qui inclut les rapports d’examen établis par les des inventaires, en incluant le cas échéant les références à
équipes d’experts techniques – identifie des recommandations des documents externes. L’utilisation de niveaux plus élevés
pour les améliorations futures. entraîne souvent des exigences supplémentaires pour
documenter la méthode suivie pour l’estimation des émissions
et absorptions, des DA utilisées et les méthodes de calcul des
FE spécifiques à chaque pays ou région. Il est également de
bonne pratique de vérifier les estimations produites à l’aide de
Le volume 1, chaiptre 6 des Lignes directrices méthodes de niveau 3, notamment à l’aide de modélisations.
2006 du GIEC décrit les éléments d’un plan d’AQ/CQ Toutes les informations n’ont pas à être incluses dans le NID,
et contient une liste des vérifications génériques/ car les pays peuvent utiliser des renvois vers des études
par catégorie qui peuvent s’appliquer. Il est important externes ; le cas échéant, les pays devraient au moins résumer
de préparer un plan d’AQ/CQ qui soit pratique. Un ces études dans leur NID.
plan plus court, avec des vérifications clés, peut être
préférable à une longue « liste de cases à cocher »
qui n’aura pas de réelle utilité. Comme toujours en
matière de préparation des inventaires, les pays peuvent
améliorer leur AQ/CQ au fil du temps.

Téléchargez la checklist sur La discussion pour chaque catégorie de sources


https://tinyurl.com/2p98fd47 et de puits dans les Volumes 2 à 5 des Lignes
directrices 2006 du GIEC contient une section
distincte intitulée « Établissement de rapports et
documentation ». Les pays trouveront plus d’information
sur ce qu’ils doivent déclarer dans leur NID en
Comme les ressources sont limitées et que certaines consultant les chapitres se rapportant aux catégories
recommandations peuvent demander des années, les pays de sources et de puits qui les concernent.
ne seront pas en mesure de mettre en œuvre sur le champ
toutes les améliorations. Ils peuvent alors juger utile de Le rapport intitulé Report of the IPCC Expert Meeting
préparer un plan d’amélioration des inventaires de GES qui on Use of Models and Measurements in GHG
documente les recommandations et détermine un plan et un Inventories (GIEC 2011) fournit des lignes directrices
calendrier d’application. supplémentaires sur l’utilisation des méthodes et
des modèles de niveau supérieur et les expériences
acquises dans ce domaine.
Rapportage et documentation
À télécharger sur
Chaque catégorie abordée dans les Lignes directrices 2006 https://tinyurl.com/47h4xswr (en anglais)
du GIEC comprend une section sur l'établissement de rapports

Figure 7: Définition de l’AQ/CQ et de la vérification

Un système planifié de Un système de contrôles de L’application de méthodes


procédures d’examen, menées routine destiné à évaluer et à alternatives ou de jeux de
par du personnel qui ne maintenir la qualité de données provenant d’autres
participe pas directement à la l’inventaire au fur et à mesure de sources, y compris la comparaison
préparation des inventaires (par sa préparation (par ex., en utilisant avec des estimations externes
exemple, examen par le secteur des checklists de contrôle tout au faites par d’autres organismes, et
industriel ou le public, examen long de l’élaboration de ce pour évaluer la fiabilité des
international par des experts l’inventaire). Effectué par ceux qui estimations. Peut s’intégrer aux
agissant pour la CCNUCC). compilent les données d’inventaire. autres activités d’AQ ou de CQ.

ASSURANCE QUALITÉ CONTRÔLE QUALITÉ VÉRIFICATION

www.iied.org 27
7 Passage à un
niveau supérieur :
études de cas au Chili, en
Colombie et en Afrique du Sud
De façon plus concrète, il est particulièrement intéressant de
tirer des enseignements de l’expérience d’autres pays et du
processus de décision qui les a conduits à mettre en œuvre des
niveaux supérieurs. Dans cette section, le Chili, la Colombie et
l’Afrique du Sud nous font part de leur cheminement pour passer
à un niveau supérieur, en décrivant les principaux facteurs et
considérations qui les ont conduits à prendre cette décision.
Les études de cas tirés des secteurs de l’UTCATF, de l’AFAT et
de l’énergie passent en revue les avantages obtenus et les défis
rencontrés en cours de route, ainsi que, de façon générale, les
enseignements tirés. Nous espérons que les PMA et autres pays
en développement pourront se retrouver dans un ou plusieurs
éléments de ces trajectoires et réfléchir à la manière d’en tirer
parti eux-mêmes.

Séance d’affichage lors de la conférence des Organes subsidiaires de la CCNUCC © María Fernanda Alcobé

28 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Chili : une collaboration pour une précision accrue de
l’inventaire forestier national (IFN)
Autrice : Yasna Rojas Ponce

Secteur UTCATF
Catégorie clé Zones boisées
Niveau 3

Au Chili, la forêt naturelle s’étend sur 14,5 millions


d’hectares, dont 50 % sont inclus dans l’inventaire
de GES du pays. Depuis 2000, le Chili a publié sept
inventaires nationaux de GES9 : CN1 2001, CN2 2011,
BUR1 2014, BUR2 2016, BUR3 2018, BUR4 2020 et
BUR5 2022.

Pour ses deux premiers inventaires de GES, dans


sa CN1 (2001) et sa CN2 (2011), le Chili a appliqué
une méthode de niveau 1, en traitant la donnée
d’activité « surface boisée » de la forêt secondaire
comme une constante, qui reste inchangée pour la
série chronologique (1984-2006), et en faisant appel
aux avis d’experts pour déterminer les paramètres
de croissance de la forêt naturelle, tels que
l’accroissement annuel moyen. Ainsi, l’inventaire de
GES affiche le même gain carbone annuel au cours
de la série chronologique pour la forêt secondaire.

Justification et création de
dispositifs institutionnels
L’application d’un niveau méthodologique supérieur a été
justifiée par la nécessité d’utiliser des informations plus
représentatives sur les forêts naturelles du pays provenant de l’IFN et reflétant les changements opérés aux
différentes étapes de l’aménagement forestier. Le Chili a créé le système national d’inventaire de GES pour
préparer son troisième inventaire de GES (BUR1 1990 à 2010), ce qui a favorisé les échanges entre les
ministères sur la manière d’améliorer les inventaires. Les institutions chargées de la production d’informations
sur les forêts, à savoir l’Instituto Forestal (INFOR, Institut forestier) et la Corporación Nacional Forestal
(CONAF, Corporation forestière nationale), responsables respectivement des paramètres forestiers et du
changement d’affectation des terres, ont participé au processus pour le secteur de l’UTCATF.

Recherche d’un soutien pour passer au niveau supérieur


Dans le cadre d’un processus interne faisant intervenir des experts de l’INFOR, on a procédé à un examen des
informations utilisées dans les deux premiers inventaires de GES du pays et on a déterminé que des données
nationales étaient disponibles pour illustrer la croissance de la forêt et l’évolution de la surface boisée dans la
série chronologique, permettant au Chili d’améliorer son inventaire.

9 https://simef.minagri.gob.cl/

www.iied.org 29
La première étape a consisté à utiliser les informations de l’IFN sur la croissance des forêts naturelles par type
de forêt, au lieu de s’appuyer sur les avis d’experts. Les informations de l’IFN sur les paramètres de croissance
des forêts ont été incluses dans le BUR1 (2014), mais ne comprenaient pas de données sur les forêts situées
dans des zones géographiques extrêmes. En l’absence d’informations sur l’ensemble des forêts, le Chili a
utilisé une combinaison de données et d’avis d’experts pour les zones qui n’étaient pas couvertes par l’IFN.

Les améliorations des données paramétriques


sur la gestion des forêts naturelles utilisées pour L’IFN chilien
soutenir le passage au niveau supérieur ont été
possibles grâce à la mise en œuvre du projet du L’IFN a été conçu pour répondre à la demande
FEM 2015-2018 « Système national intégré de nationale et internationale en données et en
suivi et d’évaluation des écosystèmes forestiers informations sur l’ensemble de l’écosystème. Il a
(SIMEF) en appui aux politiques, réglementations largement contribué à l’amélioration de l’inventaire
et pratiques de gestion durable des forêts de GES du pays. L’IFN effectue des mesures sur le
intégrant la REDD+10 et la préservation de la terrain selon un cycle de quatre ans, un quart des
biodiversité dans les écosystèmes forestiers ».11 parcelles de terre étant évalué chaque année. Il
Ce projet a permis au Chili d’étendre l’IFN aux procède à des estimations annuelles en combinant de
îles et archipels des régions d’Aysén et de nouvelles données de terrain, en mesurant à nouveau
Magallanes, fournissant ainsi des informations les parcelles d’échantillonnage et en corrigeant
plus complètes sur des millions d’hectares de les projections pour les parcelles qui n’ont pas été
forêts situées dans des zones inaccessibles qui évaluées au cours des années précédentes.
n’étaient auparavant pas incluses dans l’inventaire.

Le projet du FEM a également joué un rôle


important dans l’amélioration de la périodicité
des rapports sur le changement d’affectation
des terres, ce qui a eu un impact positif sur
l’inventaire de GES et les rapports REDD+.
Depuis le BUR4 (1990-2018), le Chili utilise des
informations de l’IFN couvrant toutes les forêts,
et notamment des données tirées de rapports
sur le changement d’affectation des terres
publiés tous les deux ans.

La deuxième étape du passage au niveau 3


a consisté en l’élaboration d’un modèle de
croissance pour la forêt secondaire afin de
montrer l’évolution de la forêt naturelle et sa
contribution à l’inventaire de GES dans la série Forêt secondaire de Nothofagus au Chili
chronologique. Dans le processus de transition Crédit photo : Marco Barrientos Alarcón
vers un niveau supérieur, les liens entre l’INFOR,
responsable de l’IFN, et la CONAF, responsable
des DA liées aux forêts, ainsi que leurs connaissances ont été essentiels. La coordination avec les experts
en inventaire forestier et en gestion forestière, qui ont expliqué l’importance de l’inventaire de GES, a permis
à toutes les parties prenantes de mieux comprendre l’objectif, la structure et les lignes directrices pour la
conception de l’inventaire, facilitant ainsi le passage du niveau 1 au niveau 3.

10 Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement et activités supplémentaires liées aux forêts qui
protègent le climat, à savoir la gestion durable des forêts et la conservation et le renforcement des stocks de carbone forestier.
11 https://simef.minagri.gob.cl/

30 Promoting accuracy in GHG inventories through use of higher-tier methods


Difficultés liées au passage à un niveau supérieur
La principale difficulté liée à l’élaboration de nouveaux FE et à la mise en œuvre de nouvelles méthodes a
été d’expliquer aux institutions l’importance des données qu’elles produisent dans le cadre de l’inventaire
de GES. Les institutions nationales qui produisent ces données ne se concentrent pas nécessairement sur
l’inventaire de GES, de sorte que le système national d’inventaire de GES a dû collaborer avec les producteurs
de données et engager un dialogue pour mettre en évidence les besoins d’amélioration. Des efforts même
modestes peuvent contribuer de manière significative à l’inventaire de GES. Au Chili, les données de l’IFN
existantes ont fourni d’importantes informations jusqu’en 2015, mais le fait de pouvoir inclure toutes les forêts
lui a permis d’élaborer le modèle de croissance et par la suite, de développer davantage l’inventaire de GES.

Avantages de l’application d’un niveau supérieur


Le fait de disposer de nouveaux FE a permis au Chili d’utiliser des informations représentatives de ses forêts
qui reflètent l’évolution de la forêt dans la série chronologique, réduisant ainsi le degré d’incertitude. Ces
améliorations ont apporté des avantages supplémentaires, puisque le Chili utilise également les données de
l’IFN et de l’inventaire de GES afin de soutenir le rapportage pour REDD+, le processus de Montréal et autres
processus internationaux. Et comme l’illustre la CDN du Chili, le passage à un niveau supérieur de l’inventaire
de GES a aidé le pays à élaborer des projections d’émissions de GES selon différents scénarios concernant
les zones forestières.

www.iied.org 31
Colombie : passage à une méthode de niveau 2 pour
l’estimation des émissions de méthane issues du bétail
Auteur : Héctor William Moreno Quitián

Secteur AFAT
Catégorie clé Émissions de méthane provenant de la fermentation entérique et de la gestion du fumier
Niveau 2

Avant de soumettre son BUR3 (IDEAM et al. 2021),


la Colombie a engagé un processus d’amélioration
de son inventaire. Le pays applique une approche
méthodologique de niveau 2 dans une catégorie
couvrant la gestion des bovins et s’efforce
continuellement de l’améliorer en consultant
les meilleures informations disponibles sur les
caractéristiques des animaux, les systèmes de
production et les régimes alimentaires du bétail.

Justification
La principale raison pour laquelle le pays a décidé de passer à un niveau méthodologique supérieur était la
suivante : accéder aux programmes visant à réduire les émissions de méthane provenant de la fermentation
entérique du bétail et à améliorer la gestion du fumier, et dont les versements sont basés sur les résultats.
Le fait d’atteindre un degré de précision plus élevé réduit l’incertitude du calcul des émissions, ce qui
permet au pays de contrôler les futures réductions d’émissions en améliorant son système de production.
Une méthodologie de niveau 2 lui permet d’y parvenir parce que celle-ci prend en compte les changements
technologiques survenant dans le système de production, tels que les changements dans l’alimentation, les
systèmes de pâturage et de gestion.

Passer à une méthode de niveau supérieur dans la pratique


Dans le domaine du bétail, le passage à un niveau méthodologique supérieur s’est fait en trois étapes.

1. Identification des catégories clés. Catégorie clé du secteur agricole colombien, l’élevage est la deuxième
source d’émissions du pays après le changement d’affectation des terres. Au cours de cette première étape,
il était important d’orienter les efforts vers les catégories pertinentes de l’inventaire et de veiller à ce que les
efforts requis pour améliorer les estimations soient adaptés aux circonstances nationales.

2. Développement d’une caractérisation détaillée des populations animales. Il s’agissait de ventiler les
populations animales par groupe d’âge, par niveau ou par type de production. La méthode de niveau 1 exige
que le cheptel soit divisé en vaches laitières et autres bovins. Le niveau 2 exigeant une caractérisation plus
détaillée, la Colombie a alors ventilé son cheptel en sept catégories : vaches à forte production, vaches à
faible production, vaches destinées à la production de viande, taureaux destinés à la reproduction, veaux
présevrés, génisses de remplacement et bovins d’engraissement.

3. Application d’un modèle adéquat. Le pays a utilisé le modèle IDEAM-AFAT 1 Colombie, ce qui lui a permis
de calculer les FE pour différentes catégories de bétail et d’évaluer le degré d’incertitude. Cette méthodologie
reposait sur des facteurs tels que les caractéristiques des animaux, les systèmes de production, les
composants du régime alimentaire et un facteur de conversion du méthane désigné par « Ym ».

32 Promoting accuracy in GHG inventories through use of higher-tier methods


La Colombie dispose d’un recensement détaillé du bétail (ICA 2023), de bases de données caractérisant les
pâturages du pays (Agrosavia 2018) et d’une carte indiquant les types d’élevage dans chaque municipalité
(FEDEGAN 2012). Le défi consistait à combiner tous ces éléments, ce qui a posé deux difficultés majeures.

La première difficulté a été de pouvoir stratifier les DA à un niveau compatible avec le modèle. La Colombie
présentant une grande diversité climatique, il a été nécessaire de stratifier le pays afin d’identifier des zones
modérément homogènes et de caractériser les animaux, les systèmes de production et les régimes alimentaires
typiques de ces zones. La Colombie a identifié dix régions d’élevage, comprenant chacune sept catégories de
bétail. En raison des conditions climatiques, sept de ces régions n’avaient pas de vaches à forte production.
On a finalement élaboré 63 FE pour le méthane entérique et 63 FE pour la gestion du fumier.

Le deuxième défi consistait à s’assurer que le modèle et les FE appliqués étaient représentatifs des
circonstances nationales et adaptés aux DA. Alors que plus de 80 % du bétail colombien est constitué
d’animaux de type bos indicus (d’origine indienne), les équations du GIEC ont en fait été élaborées pour des
animaux de type bos taurus (d’origine européenne). La Colombie a adapté ces équations afin de s’assurer
que le modèle puisse prendre en compte les variations par génotype. Il en a été de même pour les régimes
alimentaires des animaux. Étant donné que les régimes alimentaires sont de qualité très médiocre et très
diversifiés, la Colombie est arrivée à la conclusion que la valeur Ym du GIEC pourrait sous-estimer les
émissions de GES. Elle a donc cherché un modèle lui permettant de calculer la valeur Ym à partir de la
composition du régime alimentaire, et a opté pour l’une des équations proposées par Ellis et al. (2007).

Avantages du passage à une méthode de niveau supérieur pour le bétail


L’un des avantages de disposer de ces nouveaux FE est qu’ainsi, la Colombie a pu calculer les émissions avec
plus de précision, rapprochant ainsi ses calculs des circonstances nationales et permettant au pays de cibler
des domaines clés et de développer les mesures d’atténuation les plus efficaces pour réduire les émissions du
bétail. Ainsi, les éleveurs ont été en mesure de comprendre l’inventaire de GES et de s’y impliquer davantage,
ce qui revêt une grande importance pour l’établissement de liens entre les données scientifiques du GIEC, les
individus et les décideurs.

Des améliorations de l’inventaire sont en cours, en particulier des mesures sur le terrain des émissions d’oxyde
nitreux provenant des animaux au pâturage (figure 7). Ces informations aideront la Colombie à élaborer un
modèle de niveau 2 pour cette catégorie.

Figure 7. Mesure sur le terrain des émissions d’oxyde nitreux provenant de l’urine et du fumier d’animaux au pâturage
à l’aide d’une chambre statique fermée

Installation des chambres dans une ferme d’élevage Montage des chambres statiques fermées
de la municipalité de Paz de Ariporo (Casanare) Crédit photo : Héctor William Moreno Quitián
Crédit photo : Héctor William Moreno Quitián

www.iied.org 33
Conseils pour les autres pays
Les conseils suivants, tirés de l’expérience de la Colombie en matière de bétail, pourraient s’avérer utiles à
d’autres pays, non seulement pour améliorer leurs estimations agricoles, mais aussi pour envisager d’autres
mises à jour méthodologiques :

1. Veiller à ce que l’équipe chargée de l’inventaire de GES comprenne des professionnels dotés d’une
solide expertise. Dans le cas de la Colombie, il s’agissait d’experts en production animale.

2. Identifier la raison pour laquelle vous cherchez à améliorer la méthodologie. Par exemple, pour
développer un programme de réduction des émissions ou chercher à accéder à un financement international
pour des programmes dont les versements dépendent des résultats.

3. Ventiler les DA (dans le cas de la Colombie, les populations animales) de manière adéquate. S’il
n’existe pas de recensement du bétail, il est possible de faire des estimations pour ventiler les populations
animales, mais il est important d’estimer le degré d’incertitude découlant de cette ventilation.

4. Appliquer un modèle de calcul des FE adapté aux circonstances nationales et fondé sur des
méthodes scientifiques éprouvées.

34 Promoting accuracy in GHG inventories through use of higher-tier methods


Afrique du Sud : élaboration et publication de
facteurs d’émission de niveau supérieur pour les
combustibles liquides
Autrice : Rumbidzai Mhunduru

Secteur Énergie
Catégorie clé Combustibles liquides
Niveau 2

C’est au sein du département sud-


africain des Forêts, de la Pêche et de
l’Environnement (DFFE) que l’on trouve
le point focal national pour le changement
climatique. Dans ce département, la
Direction de l’inventaire et du système des
GES est responsable de l’établissement de
l’inventaire national des GES.

Justification
L’énergie étant le principal secteur contribuant à l’inventaire de l’Afrique du Sud, il est important de développer
des FE propres au pays pour ses principaux combustibles. Le quatrième BUR de l’Afrique du Sud prévoyait de
développer des FE et de déterminer les teneurs en carbone et les valeurs calorifiques nettes des combustibles
liquides dans le secteur de l’énergie en tant que projet hautement prioritaire d’amélioration de l’inventaire de GES.
Cela était conforme à l’analyse des catégories clés de l’inventaire de 2017, qui indiquait que les activités liées à
l’utilisation de combustibles constituaient la principale source d’émissions du pays (cf. figure 8). Dans le domaine
des combustibles, de nombreuses catégories les combustibles liquides ont été classés comme clés.

Figure 8. Répartition des activités sur la liste des catégories clés pour le BUR4 de l’Afrique du Sud

Conformément aux bonnes


Procédés industriels et
Agriculture pratiques, les pays devraient
utilisation de produits
19 % 16 % utiliser des méthodes de
niveau supérieur pour rendre
compte des catégories clés.
Émissions
UTCATF Ainsi, en 2021, avec le soutien
fugitives
5%
19 % de l’Agence allemande de
coopération internationale pour
le développement (GIZ) et du
World Resources Institute,
l’Afrique du Sud a mis en œuvre
un projet d’amélioration de
Déchets
l’inventaire de GES visant à
Utilisation de
combustibles 5% développer des FE nationaux pour
36 % le dioxyde en carbone émis par
les combustibles liquides les plus
couramment utilisés.

www.iied.org 35
Ces FE propres au pays permettent à l’Afrique du Sud de passer de l’utilisation des FE par défaut du GIEC à
des FE de niveau 2 pour toutes les activités liées à l’utilisation des combustibles concernés.

Passer à un niveau supérieur dans la pratique et surmonter


les difficultés
Un prestataire de services local a mené le projet, qui comprenait la collecte d’échantillons de combustibles
pendant les saisons d’été et d’hiver auprès des principaux points de vente situés le long des grands axes de
circulation dans différentes provinces. Il était important de collecter des données sur différentes saisons afin
de s’assurer que les FE obtenus étaient représentatifs des conditions annuelles en Afrique du Sud. Après avoir
analysé les échantillons pour déterminer leur teneur en carbone et leurs valeurs calorifiques nettes, le projet a
développé des FE propres au pays en partant de l’hypothèse d’une oxydation à 100 % du carbone contenu.

Le projet s’est heurté à certaines difficultés, telles que le manque d’équipements permettant de déterminer la
teneur en carbone des matières gazeuses. Cela a eu un impact sur les échantillons de gaz de pétrole liquéfié, mais
il a été possible de calculer, plutôt que de mesurer, la teneur en carbone de ces échantillons. Bien qu’il ne s’agisse
pas du résultat escompté, il a tout de même été possible de déterminer un FE sur la base des caractéristiques
locales du combustible. Les contraintes budgétaires ont également limité le nombre souhaité d’échantillons par
combustible et par saison, mais il a été possible d’en utiliser un nombre statistiquement représentatif. Les FE ainsi
obtenus ont été jugés plus adaptés à des fins d’utilisation en Afrique du Sud que les FE par défaut du GIEC.

Partage des connaissances et des enseignements tirés


Dans le cadre du projet, un article dans le Journal of Energy in Southern Africa (Kornelius et al. 2022) a été publié
: les nouveaux FE propres au pays sont donc considérés comme ayant fait l’objet d’un examen par les pairs. Ils
sont en cours d’intégration dans l’inventaire 2000-2022 de l’Afrique du Sud et seront appliqués tout au long de
la série chronologique. Ils ont également été ajoutés à la base de données de FE du GIEC pour être utilisés par
d’autres acteurs de la région ou d’ailleurs présentant un contexte similaire à celui de l’Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud a récemment lancé un autre projet de même nature, également avec le soutien de la GIZ, axé
sur les combustibles solides afin de développer des FE nationaux en dioxyde en carbone pour les combustibles
couramment utilisés. L’achèvement du projet étant prévu pour 2024, les FE développés devraient être
incorporés dans l’inventaire 2000-2024.

Dans la mesure du possible, il est important que les pays délaissent les FE de niveau 1 afin de s’assurer
que leurs inventaires, qui informent leurs politiques et leurs CDN, sont basés sur des données locales ou
régionales. Le financement constitue souvent le principal obstacle : les pays peuvent le surmonter en nouant
des partenariats avec des bailleurs de fonds ou des instituts de recherche locaux. Actuellement, l’Afrique
du Sud envisage de s’associer à des institutions locales afin de concevoir des projets de recherche liés
à l’amélioration de l’inventaire national. Il s’agit là d’une étape importante, car les projets d’amélioration ne
seront pas tous financés par des bailleurs de fonds. Ces partenariats contribueront à combler cette lacune et
permettront au pays d’appliquer à terme des niveaux supérieurs pour l’ensemble des catégories clés, ce qui se
traduira par des inventaires plus précis.

36 Promoting accuracy in GHG inventories through use of higher-tier methods


8 Recommandations

Nos études de cas montrent que de nombreux facteurs


influencent les décisions de passage à une méthode de niveau
supérieur, à savoir si c’est-ce opportun, si le moment est bien
choisi et comment procéder. Chaque expérience nationale
est différente, mais des thèmes communs se dégagent. Alors
que les PMA et autres pays en développement constituent
et renforcent leurs équipes d’inventaire de GES en vue de la
préparation du premier BTR prévu pour la fin 2024 (les PMA et
les PEID peuvent soumettre les informations à leur discrétion)
2. Comme le prévoient les Lignes directrices 2006 du
GIEC et les décisions de la CCNUCC, prenez en
compte de vos circonstances nationales avant de
passer à des niveaux supérieurs.

Même si vous devez vous efforcer d’utiliser les niveaux


supérieurs pour les catégories clés, la consultation des
arbres décisionnels figurant dans les Lignes directrices
2006 du GIEC vous confirmera que vous devez également
et examinent les niveaux à appliquer lors de la préparation vérifier que vous disposez effectivement des données
des estimations de GES pour les différentes catégories, nous requises pour les niveaux supérieurs – ou si de telles
formulons les recommandations clés suivantes. données peuvent être collectées. Ces données incluent les
DA, les FE et d’autres paramètres. Les MPG reconnaissent
1. Utilisez l’analyse des catégories clés pour identifier également que les circonstances nationales peuvent
les plus importantes dans votre pays, en termes de empêcher certains pays de passer au niveau recommandé.
niveaux et de tendances, et identifiez les candidates Si votre pays ne dispose pas des ressources humaines ou
les plus aptes à passer à un niveau supérieur. financières requises, indiquez-le dans votre NID.

S’il s’agit de votre premier inventaire, vous pouvez utiliser 3. Ne laissez personne de côté.
la méthode de base (niveau 1) pour chaque catégorie de
source/puits, en appliquant les estimations de niveau 1 qui L’inventaire de GES est, par nature, intersectoriel et
sont indiquées dans le tableau 4.2 du chaiptre 4 du couvre des activités qui ont un impact sur l’ensemble
Volume 1 des Lingnes directrices 2006 du GIEC12 ou dans de la société. Vous ne pouvez donc pas procéder à
le logiciel d’inventaire du GIEC (cf. encadré 2) l’inventaire en silo. Une coordination est primordiale entre
pour préparer une première analyse des catégories les parties prenantes au sein du gouvernement, du secteur
clés. N’oubliez pas d’envisager de mener une évaluation privé, des instituts de recherche et d’autres entités non
qualitative supplémentaire des catégories clés afin gouvernementales. Bien que la structure des dispositifs
d’identifier d’autres catégories qui pourraient ne pas institutionnels varie d’un pays à l’autre, la communication
figurer dans l’analyse quantitative, telles que celles qui est toujours essentielle. Les producteurs de données et
ne sont pas qualifiées de catégories clés en vertu du le compilateur de l’inventaire devront se coordonner pour
seuil quantitatif, mais qui sont incluses dans la CDN de s’assurer que les données requises sont bien reçues et
votre pays. Vous obtiendrez ainsi une liste des catégories que les incertitudes sur les informations recueillies sont
candidates au passage à un niveau supérieur. Les années bien quantifiées, afin que l’inventaire de GES réponde
suivantes, vous pourrez affiner cette liste à l’aide des à la fois aux obligations internationales et aux besoins
résultats de votre précédent inventaire de GES. nationaux. Le dialogue engagé avec les producteurs de

12 www.ipcc-nggip.iges.or.jp/public/2019rf/pdf/1_Volume1/19R_V1_Ch04_MethodChoice.pdf

www.iied.org 37
données du secteur privé peut permettre de créer un expliquant ces méthodes ou modèles ? Avez-vous évalué
lien et d’instaurer un climat de confiance, en donnant le degré d’incertitude de vos estimations ? Plusieurs
l’assurance que les données seront utilisées de manière années peuvent s’écouler avant que vous puissiez
convenue et appropriée, garantissant ainsi la fiabilité de répondre « oui » à toutes ces questions. Dans l’intervalle,
la fourniture de données au fil du temps. D’autres parties les informations que vous recueillez fournissent de
prenantes peuvent également apporter de précieuses précieuses indications sur le degré d’incertitude des
contributions, par exemple en examinant les nouvelles méthodes existantes et peuvent vous aider à mener
méthodes adoptées ou en identifiant d’autres sources de un AQ/CQ des estimations existantes. Si toutes les
données. Enfin, la recherche d’un engagement de la part conditions ci-dessus sont satisfaites, mais seulement
de la communauté des bailleurs de fonds et l’établissement pour une partie d’une catégorie de source ou de puits,
de partenariats permettent de garantir l’apport de fonds et vous pouvez envisager de mettre en œuvre une approche
d’un soutien technique suffisants, en temps voulu. hybride, en estimant une partie des émissions nationales
grâce au niveau supérieur et en déclarant le reste à un
4. Priorisez la liste des catégories candidates à un niveau inférieur. Si vous suivez cette approche, veillez à
niveau supérieur. ne pas omettre (ou à ne pas comptabiliser deux fois) les
émissions ou les activités d’absorption.
Déterminez vos priorités nationales et les catégories qui
devraient être prioritaires. Même si la pondération exacte 6. Si vous ne pouvez pas passer immédiatement à la
de chaque facteur varie d’un pays à l’autre, les questions méthode recommandée, indiquez-le dans votre plan
suivantes peuvent vous aider dans cette approche : est- d’amélioration de l’inventaire de GES.
ce une catégorie clé ? Le renforcement de la précision
des estimations de l’inventaire permet-il de mieux estimer La création d’un plan d’amélioration de l’inventaire
l’impact des mesures d’atténuation prévues dans la CDN vous aidera à assurer un suivi de ces améliorations, y
de votre pays ? Quels sont les coûts d’opportunité si votre compris les catégories prioritaires pour le passage à
pays affecte des ressources à cette catégorie plutôt qu’à un niveau supérieur. Ce plan pourrait s’inspirer de la
une autre ? Disposez-vous de toutes les DA requises liste des catégories prioritaires et identifier les données
pour passer à un niveau supérieur ? Sont-elles de bonne manquantes ou problèmes de capacité clés à surmonter,
qualité ? Sont-elles disponibles pour l’ensemble de la les institutions qui pourraient être impliquées, les
série chronologique et couvrent-elles l’ensemble du pays ? besoins en ressources et un calendrier estimatif pour
Votre pays dispose-t-il de l’expertise technique, du soutien l’amélioration. Vous pouvez régulièrement mettre la
des parties prenantes et des ressources nécessaires pour liste à jour, sur la base des observations de l’équipe
mettre en œuvre le niveau supérieur ? Sur la base de cette d’inventaire ou des équipes d’examen externes : cette
analyse, il se peut que vous dressiez deux listes : une liste liste pourra alors servir de document de réflexion lorsque
pour laquelle votre pays peut immédiatement passer à une l’équipe d’inventaire et les décideurs se réuniront pour
méthode de niveau supérieur, et une autre pour laquelle les discuter des mises à jour de l’inventaire. La fourniture
données ou ressources disponibles ne sont pas encore d’informations contenues dans le plan d’amélioration
suffisantes – ou pour laquelle d’autres priorités nationales dans la section « Améliorations prévues » du NID ou dans
en matière d’inventaire prévalent. Ne vous inquiétez pas si la section « Besoins en renforcement des capacités » du
la deuxième liste est plus longue. C’est souvent le cas. rapport d’examen des experts techniques, qui seront tous
deux publiés sur le site web de la CCNUCC, peut être un
5. Gardez toujours à l’esprit les principes TACCC. bon moyen de communiquer les besoins de votre pays à
un public extérieur plus large et de bénéficier du soutien
Si vous souhaitez passer à un niveau supérieur, nécessaire pour que les plans deviennent réalité.
pouvez-vous produire un inventaire complet et cohérent
des GES en appliquant la méthode de niveau supérieur ? 7. Participez aux processus internationaux de rapportage
Les FE propres à votre pays sont-ils représentatifs et d’examen.
des circonstances caractérisant l’ensemble du pays ?
Disposez-vous de DA pour toutes les sources et tous les Nouez des relations et engagez des discussions avec
puits du pays ? Pouvez-vous appliquer la même méthode d’autres pays présentant des circonstances similaires
de niveau supérieur sur toute la série chronologique ? aux vôtres. Les experts de plusieurs pays peuvent
Autrement, pouvez-vous appliquer les méthodes prévues rassembler des ressources techniques et financières
dans les Lignes directrices 2006 du GIEC pour garantir de sorte à produire des FE régionaux, et éventuellement
la cohérence de la série chronologique ? Avez-vous des DA. Travaillez avec votre point focal national ou par
documenté de manière transparente le recours à des l’intermédiaire d’une organisation intergouvernementale
méthodes ou modèles de niveau supérieur dans le NID, pour vous faire inscrire sur la liste d’experts de la
notamment au travers de références à des publications CCNUCC13 et devenir un expert technique chargé

13 Pour en savoir plus sur la façon de devenir expert technique, consultez la brochure de la CCNUCC expliquant le processus (https://tinyurl.com/2bydjvvu).

38 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
d’examiner les inventaires de GES d’autres pays. Non 8. Ne cherchez pas à soumettre un inventaire de
seulement vous pourrez aider d’autres pays à améliorer GES parfait.
leurs inventaires, mais vous pourrez également mettre à
profit les enseignements tirés pour améliorer l’inventaire Bien que s’efforcer de passer à des niveaux supérieurs
de GES de votre pays. Préparez-vous à accueillir un pour améliorer la précision de l’inventaire de GES de
examen de votre soumission de BTR dans votre pays. votre pays soit un objectif louable, personne ne s’attend à
Cela assurera la venue d’experts internationaux avec qui ce que le premier – ou même le dixième inventaire – soit
vous pourrez discuter de la conformité de vos rapports aux parfait. Examinez les inventaires de GES soumis par les
MPG et identifier les besoins en matière de renforcement pays développés : même après 25 ans de soumissions,
des capacités. ils appliquent dans certains cas le niveau 1 pour des
catégories clés. L’important est de se lancer et d’élaborer
un plan qui devra être amélioré au fil du temps.

Le Centre de conférence international de Bonn s’apprête à accueillir la Conférence de Bonn sur le changement climatique © María Fernanda Alcobé

www.iied.org 39
9 Conclusions

L’inventaire de GES constitue un pilier essentiel des actions


menées à l’échelle nationale en matière de climat. Avoir une
bonne compréhension des principales émissions de GES
par sources et des absorptions par puits, ainsi que de leurs
évolutions au fil du temps, permet d’éclairer les décisions
nationales à court terme et les stratégies climatiques à long
terme. En plus d’aider les pays à savoir s’ils sont sur la bonne
voie pour atteindre leurs CDN, un inventaire de GES de qualité
peut leur ouvrir les portes du marché du carbone et les aider à
propre façon de prendre ces décisions, mais ils pourraient tenir
compte des éléments suivants : savoir si une catégorie est clé,
si elle est incluse dans la CDN, la disponibilité de données
pour soutenir l’adoption de méthodes de niveau supérieur, les
coûts, l’accès au financement, les coûts d’opportunité liés au
fait de se concentrer sur une catégorie plutôt qu’une autre,
les dispositifs institutionnels du pays aux fins d’appliquer la
méthode de niveau supérieur, et la capacité à mettre en œuvre
le niveau supérieur tout au long de la série chronologique.
collecter des données pour soutenir toute une série d’objectifs
de développement durable. L’élaboration d’un inventaire de GES fiable qui réponde
non seulement aux exigences internationales en matière de
Compte tenu de leur importance, il n’est pas surprenant rapportage, mais surtout qui soutienne l’élaboration des
que les pays tâchent de produire le meilleur inventaire de politiques nationales, prend du temps. Le développement
GES possible. L’estimation des émissions par sources et des inventaires est cyclique par nature et s’améliorera au
des absorptions par puits à l’aide des méthodes de niveau fil du temps, étape par étape, en apprenant par la pratique.
supérieur du GIEC peut accroître la précision et réduire Bien qu’un pays puisse se concentrer uniquement sur un
l’incertitude. Mais les ressources sont souvent limitées, en sous-ensemble d’améliorations lors d’un cycle d’inventaire,
particulier dans les PMA et autres pays en développement. Les une liste bien définie de toutes les améliorations identifiées,
Lignes directrices 2006 du GIEC et les décisions adoptées avec les lacunes et les besoins associés, les priorités
par les parties à l’Accord de Paris reconnaissent d’ailleurs relatives, les coûts et les délais prévus pour combler la ou les
l’impact des circonstances nationales sur la capacité de lacunes, peut constituer un document extrêmement précieux.
rapportage des Parties à établir leurs rapports. Le NID et le rapport d’examen des experts techniques dans
le cadre de l’ETF peuvent devenir de puissants outils pour
L’identification des catégories clés et, par extension, de celles mettre en évidence les catégories que les pays devraient
pour lesquelles les pays devraient appliquer des méthodes de évaluer à l’aide d’une méthode de niveau supérieur, et de
niveau supérieur, constitue une première étape importante. communiquer de manière claire et précise les problèmes
Mais après avoir dressé cette première liste, il est tout de capacité et les besoins correspondants permettant d’y
aussi important de la classer par ordre de priorité afin de se remédier. Cela peut les aider à obtenir le soutien financier
concentrer d’abord sur les catégories où les améliorations et le renforcement des capacités dont ils ont besoin pour
qui auront le plus d’impact. Les pays adopteront chacun leur concrétiser les améliorations prévues.

40 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Acronymes
AFAT Agriculture, foresterie et autres affectations des terres

AQ Assurance Qualité

BTR Rapport biennal sur la transparence

CCNUCC Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques

CDN Contribution déterminée au niveau national

CMA Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris

CN communication nationale

CONAF Corporación Nacional Forestal (Corporation forestière nationale, Chili)

CQ Contrôle Qualité

DA données d’activités

DFFE Département de l’Environnement, des Forêts et des Pêches

ETF Cadre de transparence renforcé

FE facteurs d’émission

FEM Fonds pour l’environnement Mondial

GCE Groupe Consultatif d’Experts

GES gaz à effet de serre

GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

IFN inventaire forestier national

INFOR Instituto Forestal (Institut forestier, Chili)

MPG Modalités, procédures et lignes directrices aux fins du cadre de transparence des mesures et de l’appui visé à
l’article 13 de l’Accord de Paris

NID document d’inventaire national

PEID Petits États insulaires en développement

PMA Pays les moins avancés

TACCC transparence, exactitude, exhaustivité, cohérence, comparabilité

TRC tableaux de rapport communs

UTCATF Utilisation des terres, changements d’affectation des terres et la forêt

www.iied.org 41
Références bibliographiques
Décisions de la CCNUCC Autres références

18/CMA.1. Modalités, procédures et lignes directrices du AGROSAVIA (2018) Alimentro: composición química y valor
cadre d’action et de soutien en matière de transparence nutricional. Base de données Corporación Colombiana de
visé à l’article 13 de l’accord de Paris. Décision 18/CMA.1. Investigación Agropecuaria. Voir https://alimentro.agrosavia.co/
Inclus dans le Rapport de la Conférence des Parties agissant Estadisticas/ReporteAnalisis
comme réunion des Parties à l’Accord de Paris sur la troisième
partie de sa première session, tenue à Katowice du 2 au 15 Biocarbono-Orinoquia (2023) Proyecto Biocarbono Orinoquia
décembre 2018. Additif 2, 2e partie : Mesures prises par la – Paisajes sostenibles bajos en carbono.
Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à Voir https://biocarbono.org/
l’Accord de Paris. Voir https://unfccc.int/documents/193408
CGE (2022) Distilled: updated technical paper on problems,
5/CMA.3. Orientations pour la mise en œuvre des modalités, constraints, lessons learned and capacity- building needs
procédures et lignes directrices relatives au Cadre de in preparing national communications and biennial update
transparence renforcé visé à l’Article 13 de l’accord de Paris, reports. Document technique du Groupe Consultatif d’Experts,
Contenu du rapport de la conférence des parties siégeant 2022. Voir https://unfccc.int/sites/default/files/resource/
en tant que réunion des parties à l’accord de Paris sur sa CGE%20TP%202022.pdf
troisième session, tenue à Glasgow du 31 octobre au 13
novembre 2021. Additif, 2e partie : Mesures prises par la Ellis, J L, Kebreab, E, Odongo, N E, McBride, B W, Okine, E
Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à K et France, J (2007) Prévision de la production de méthane
l’Accord de Paris à sa troisième session. issue des bovins laitiers et de boucherie. Journal of milk
Voir https://unfccc.int/documents/460951 science 90(7): 3456–3466.

FEDEGAN. 2012. Mapa de Orientación del hato colombiano


Lignes directrices du GIEC por actividad ganadera 2010. Dans : Los retos de la
globalización. Carta ganadera 130.
GIEC (2019) Révision 2019 des Lignes directrices 2006 du
GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre ICA (2018) Tabla de población bovina por municipio y por
Calvo Buendia, E, Tanabe, K, Kranjc, A, Baasansuren, J, departamento 2013. Dans : Censo Pecuario Nacional.
Fukuda, M, Ngarize S, Osako, A, Pyrozhenko, Y, Shermanau, P Voir www.ica.gov.co/areas/pecuaria/servicios/epidemiologia-
et Federici, S (éd.). GIEC, Genève. veterinaria/censos-2016/censo-2018
Voir www.ipcc-nggip.iges.or.jp/public/2019rf/vol1.html
IDEAM, Fundación Natura, PNUD, MADS, DNP et
GIEC (2014) Supplément 2013 aux Lignes directrices 2006 du CANCILLERÍA (2021) Tercer Informe Bienal de Actualización
GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre : de Colombia a la Convención Marco de las Naciones Unidas
les zones humides. Hiraishi, T, Krug, T, Tanabe, K, Srivastava, para el Cambio Climático (CMNUCC). IDEAM, Fundación
N, Baasansuren, J, Fukuda, M et Troxler, T (éd.). GIEC, Genève. Natura, PNUD, MADS, DNP, CANCILLERÍA, FMAM, Bogotá
Voir www.ipcc-nggip.iges.or.jp/public/wetlands/ DC, Colombie.

GIEC (2011) Use of Models and Facility-Level Data in Kornelius, G, Forbes, P, Fischer, T and Govender, M (2022)
Greenhouse Gas Inventories: Report of IPCC Expert Meeting Determination of country-specific greenhouse gas emission
on Use of Models and Measurements in Greenhouse factors for South African liquid and gaseous fuels. Journal of
Gas Inventories. Eggleston, HS, Srivastava, N, Tanabe, K, Energy in Southern Africa 33(3): 1–11.
Baasansuren, J et Fukuda, M (éd.). Institut des stratégies Voir https://doi.org/10.17159/2413-3051/2022/v33i3a13592
environnementales mondiales, Hayama (Japon).
Voir www.ipcc-nggip.iges.or.jp/meeting/pdfiles/1008_Model_ Schulz, A, Alcobé, F and Endalew, G J (2021) Implementing
and_Facility_Level_Data_Report.pdf the Paris Agreement: LDC gaps and needs in GHG inventory
reporting. IIED, Londres. Voir www.iied.org/20086iied
GIEC (2006) Lignes directrices 2006 du GIEC pour les
inventaires nationaux de gaz à effet de serre. Eggleston, HS,
Buendia, L, Miwa, K, Ngara, T et Tanabe, K (eds). Institut des
stratégies environnementales mondiales, Hayama (Japon).
Voir www.ipcc-nggip.iges.or.jp/public/2006gl

42 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Notes

www.iied.org 43
Notes

44 Encourager des inventaires plus précis de gaz à effet de serre à l’aide de méthodes de niveau supérieur
Boîte à outils Changement climatique

Mots clés :
Novembre 2023 Pays les moins avancés (PMA), Accord de Paris, transparence,
Knowledge Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
Products climatiques (CCNUCC), Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC)

L’une des principales exigences de l’Accord de Paris en matière de climat est que les pays
rendent compte de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et des mesures prises pour
réduire ces dernières. En améliorant la précision de leurs inventaires d’émissions, les pays
peuvent prendre des décisions plus éclairées sur la manière de réduire leurs émissions et se
focaliser sur les secteurs prioritaires.

Ce nouvel outil de l’IIED va aider les décideurs et les responsables des Pays les moins avancés
(PMA) et des Pays en développement à préparer des inventaires de GES précis, en tenant
compte de leurs capacités, contraintes et priorités. Ce guide facile à utiliser, décortique les
lignes directrices du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
et les décisions de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
(CCNUCC). Il énonce les grands principes, inclut des exercices d’aide à la prise de décision et
clarifie les termes les plus délicats. Il inclut des études de cas du Chili, de la Colombie et de
l’Afrique du Sud, qui mettent en lumière le parcours et les processus de décision qui ont permis
à ces pays d’améliorer la précision de leurs inventaires nationaux.

L’IIED est un organisme de recherche en politiques et plans d’action. Nous promouvons


le développement durable afin d’améliorer les moyens de subsistance et de protéger les
environnements dont ces moyens de subsistance dépendent. Nous sommes spécialisés
dans l’établissement de liens entre les priorités locales et les enjeux mondiaux. L’IIED est
basé à Londres et intervient en Afrique, en Asie, en Amérique latine, au Moyen-Orient et
dans le Pacifique aux côtés de certaines des populations les plus vulnérables du monde.

Institut international pour l’environnement et le développement,


44 Southampton Buildings, Londres, WC2A 1AP, Royaume-Uni
Tél: +44 (0)20 3463 7399
www.iied.org
Facebook: www.facebook.com/theIIED
Twitter: @iied
LinkedIn: www.linkedin.com/company/iied/
D’autres publications sont disponibles sur pubs.iied.org

L’initiative de « soutien aux alliances des Pays en développement contre le changement climatique » est
financée par la CE et mise en œuvre par le PNUD. Elle soutient la participation des pays les plus vulnérables
au processus de la CCNUCC ainsi que le renforcement de leurs capacités pour la mise en œuvre de l’Accord
de Paris et la résilience au changement climatique.

Vous aimerez peut-être aussi