J. Rech. Sci. Univ.

Lomé (Togo), 2011, Série A, 13(1) : 9-17

PRESENCE DE LA CREVETTE TIGREE, PENAEUS MONODON (FABRICIUS,

1798) (CRUSTACEA, PENAEIDAE) DANS LES EAUX MARITIMES BENINOISES

SOHOU Zacharie1 et DJIMAN Roger2

1- Centre de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin (CRHOB); zsohou@yahoo.fr
2- Centre de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin (CRHOB); rodjiman@yahoo.fr

(Reçu le 12 Octobre 2010 ; Révisé le 14 Avril 2011 ; Accepté le 23 Avril 2011)

RESUME

Des crevettes géantes tigrées, Penaeus monodon (Fabricius, 1798) ont été capturées dans les eaux
béninoises (Golfe de Guinée). Ces captures ont eu lieu sur le plateau continental, aux embouchures et
dans les différents plans d'eau intérieurs du Bénin. Elles sont atypiques car P. monodon est seulement
citée dans l'océan Indien et le Pacifique. Elles s'expliquent donc par le fait que des spécimens se sont
déplacés certainement depuis les stations aquacoles situées au sud du Sénégal et en Gambie. La capture
de cette espèce dans les eaux béninoises relève d'un phénomène que nous proposons d'analyser et de
discuter après avoir présenté nos observations sur les crevettes géantes tigrées. L'espèce s'est
probablement acclimatée depuis quelques années dans la région en dépit d'une possible compétition avec
l'espèce autochtone. Farfantepenaeus notialis (Pérez Farfante 1967) qui habite les mêmes biotopes. Un
suivi régulier et approfondi des différentes espèces est nécessaire dans un avenir proche.

Mots clés : Crustacés, Penaeidae, Penaeus monodon, Bénin, Golfe de Guinée.

ABSTRACT

Black giant tiger prawn, Penaeus monodon (Fabricius, 1798) were caught in Benin waters (Gulf of
Guinea). These catch were done on the continental shelf, estuaries and in various inland lakes of Benin.
They are atypical because P. monodon was only reported in the Indian Ocean and the Pacific. Then they
explained by the fact that specimens have certainly moved from aquaculture stations located in southern
Senegal and Gambia. The capture of this species in the waters of Benin is a phenomenon that we propose
to analyze and discuss after presenting our observations on the black tiger shrimp. The species was
probably naturalized in recent years in the region despite a possible competition with native species.
Farfantepenaeus notialis (Pérez Farfante 1967), which inhabits similar biotope, the same habitats.

Key words: Black giant tiger prawn, Penaeidae, Penaeus monodon, Benin, Gulf of Guinea.

INTRODUCTION modérée, certaines ont été récoltées à des profondeurs

voisines de 5700 m; cependant, la plupart des

L es crevettes font partie du grand groupe de

crustacés de taille très diverses, de quelques
millimètres jusqu'à environ 35 cm de longueur. Avec
une variété de 2500 espèces bien connues, seulement
300 présentent un intérêt économique et parmi elles,
100 assurent la majorité des captures annuelles dans le
monde. La production mondiale de crevettes 2007 a
atteint 5,1 millions de tonnes, dont plus de la moitié
provient de l’aquaculture (FAO 2009).
Largement distribuées, les crevettes sont rencontrées
aussi bien dans les eaux marines que saumâtres ou
douces, et ceci depuis l'équateur jusqu'aux régions
polaires. Bien que la majorité des espèces marines se
tiennent dans les eaux peu profondes ou de profondeur
crevettes commerciales sont capturées sur le plateau
continental à des profondeurs inférieures à 100 m.
Beaucoup de crevettes sont pélagiques mais, en
grande majorité elles sont benthiques, vivant sur des
fonds très divers tels que: roche, vase, débris
coquilliers ou mélange de ces matériaux. En outre,
certaines espèces fréquentent les récifs coralliens et
quelques-unes sont commensales d'éponges et autres
invertébrés. Dans l'Atlantique Est, on exploite
seulement cinq espèces profondes lesquelles sont
chalutées à des profondeurs de 250 à 800m.
La plupart des espèces d'intérêt commercial dans
l'Atlantique centre-est appartiennent aux 4 familles
suivantes de pénéidés: Solenoceridae, Aristeidae,

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 SOHOU Zacharie & DJIMAN Roger
Peneidae et Sicyiidae; et à 6 familles de caridés:
Nematocarcinidae, Pasiphaenidae, Palaemonidae,
Hyppolytidae, Pandalidae et Cranginidae. Les
pénéidés sont exploités principalement dans les eaux
tropicales et subtropicales, et les caridés aussi bien
dans les eaux chaudes que dans les eaux tempérées.
Mis à part les pénéidés, les autres espèces sont
capturées en quantité très infirme et ne font pas l'objet
d'une exploitation commerciale.
MATERIELS ET METHODES
Trois sources de données différentes sont utilisées
pour cette étude :
- échantillonnage systématique auprès des pêcheurs
artisans le long de la côte béninoise, de sèmè plage à
Hillacondji;
- échantillonnage auprès des pêcheurs industriels à
la halle des marées, lors des débarquements des
crevettiers et chalutiers ;
- échantillonnage auprès des industries de traitement
et d'exportation des crevettes;
- Revue bibliographique.
RESULTATS ET DISCUSSION
L'exploitation de la grande quantité de crevettes au
Bénin se fait dans les plans d'eau intérieurs surtout
dans les lagunes côtières, lac Ahémé et le lac Nokoué.
Les quelques bateaux de pêche (crevettiers) qui
prennent leur licence pour l'exploitation des crevettes
dans les eaux maritimes béninoises ne débarquent pas
leurs captures au Bénin. Ce sont généralement des
bateaux basés au Nigeria où ils débarquent leurs
captures pour l'exportation. Leur méthode de
conservation et d'empaquetage ne permettent pas
d'avoir avec plus de précision des détails sur les
différentes espèces pêchées.
Au cours de nos enquêtes sur le terrain et auprès des
différents acteurs de l'exploitation et de traitement,
nous avions répertorié les différentes espèces de
crevettes d'intérêt commercial capturées au bénin sont
les pénéidés du genre Farfantepenaeus notialis,
Melicertus kerathurus, Parapenaeus longirostris,
Parapenaopsis atlantica et Penaeus monodon.
Nous avons aussi répertorié ces espèces ci-dessous qui
n'ont pas d'intérêt commercial au Bénin:
Aristeus varidens Holtuís, 1952 et Plesiopenaeus
edwardsianus (Johnson, 1867) de la famille des
ARISTEIDAE,
Heterocarpus ensifer A. Milne Edwards, 1881,
PANDALIDAE
Sicyonia galeata Holthuis, 1952, Sicyonia carinata
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(Brünnnich, 1768), de la famille des SICYONIDAE
Solenocera africana Stebbing, 1917, de la famille des
SOLENOCERIDAE
Les différentes espèces commerciales exploitées au
Bénin appartiennent toutes à la famille des Penaeidae
avec 5 espèces à valeur commerciale inégale. Il s’agit
de :
a) Farfantepenaeus notialis Pérez- farfante, 1967
Français: Crevette rose (du sud); Anglais: Pink
shrimp (Southern); Fon: Dégon; Popo, Mina: Bolou;
Yorouba, Pla: Olouwo
Description: Rostre denté sur son bord dorsal et
ventral; 2 dents sur le bord ventral du rostre. Muni
généralement de 9 dents (de 8 à 11) sur le bord dorsal
du rostre. Profonds sillons dorso-latéraux présents de
chaque côté de la carène dorsale du dernier (sixième)
segment abdominal. Coloration: teinte blonde
uniforme chez les individus de la côte de l'ouest
africain, alors que dans l'Atlantique centre-ouest, la
coloration varie considérablement selon l'habitat, de
rose à rouge brun ou jaune citron. Cette espèce a
fréquemment une tache sombre à la jonction du
troisième et du quatrième segment abdominaux.
Longueur totale maximum 23 cm (femelle), 17 cm
(mâle).
Distribution, habitat et biologie: Habite les fonds
vaseux ou sablo-vaseux jusqu'à des profondeurs de
100 m, mais généralement entre 10 et 75 m; elle
capturée abondamment dans les 45 à 50 m à certaines
époques de l'année et notamment aux embouchures. Il
faut noter que ces endroits sont favorables au
développement des post-larves qui, devenues jeunes
adultes, retournent en mer pour y achever leur
croissance et pour se reproduire. On la trouve surtout
dans les eaux tempérées (19 à 24°C) près des estuaires
et des débouchés de lagunes; les jeunes séjournent 6
mois environ dans les eaux saumâtres. Active pendant
la nuit en saison chaude, mais peut manifester quelque
activités de jour dans les eaux troubles. Elle est
capturée dans les lagunes avec des casiers et autres
engins artisanaux (nasse, diables manœuvrés en
pirogue, filets coniques, sennes de plage) et en mer par
des chaluts de fond. L'exploitation des adultes en mer
pourrait donner des résultats plus encourageants.
Toutefois, il faut remarquer que l'exploitation de cette
espèce est très intense en lagune. Cette espèce qui vit
généralement sur fonds vaseux le jour, devient active
la nuit entre deux eaux, ce qui explique la rentabilité
des pêches nocturnes.
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 Présence de la crevette tigrée, Penaeus monodon (Fabricius, 1798) (Crustacea, penaeidae)
dans les eaux maritimes béninoises.
Figure 1: Farfantepenaeus notialis
b) Melicertus Kerathurus (Forskäl, 1775)
Synonymes: Penaeus trisulcatus (Leach); Penaeus
caramote Risso
Français: Caramote; Anglais: Caramote prawn; Fon:
Dégon; Popo, Mina: Bolou; Yorouba: Olouwo.
Description: Rostre légèrement recourbé vers le haut à
l'extrémité, avec généralement 11 dents (de 6 à 13) sur
le bord dorsal, et une seule forte dent sur le bord
ventral. Le sixième (dernier) segment abdominal sans
sillon dorso-latéraux de chaque côté de la carène
dorsale.
Coloration assez variable et diffère selon le sexe;
mâles souvent clairs avec des barres transversales
roses sur l'abdomen; femelles jaune verdâtre avec des
barres vert-cuivre ou mauve brunâtre; éventail caudal
souvent bleu vers l'extrémité et bordé de rouge.
Longueur totale maximum 23,5 cm (femelle); 18 cm
(mâle).
Distribution, habitat et biologie: Sur toute la côte de
l'Afrique de l'Ouest depuis 23° S à 36°N depuis
l'Angola jusqu'au Maroc et dans les plans d'eau
continentaux. Vit en bancs. Habite les profondeurs de
5-50 m sur les fonds vaseux et plus souvent sur les
fonds sableux riche en détritus organiques ou sur les
herbiers. La reproduction a lieu en été, mais elle peut
s'étendre de mai à mi-novembre; les zones de
croissance des post-larves se trouvent près des
embouchures de rivières et en zones lagunaires. Se
nourrit la nuit de petits organismes benthiques
(mollusques, polychètes, crustacés et échinodermes).
Elle est capturée par les chaluts de fond dans la mer et
par les nasses et filets en lagune. Espèce migratrice.
Au Bénin, on la pêche dans les eaux maritimes,
côtières et continentales du Bénin. Le stock est en
baisse et remplacée certainement par l'espèce
"Penaeus monodon".
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Figure 2 : Melicertus kerathurus
c) Parapenaeopsis atlantica (Balss, 1914)
Français: Crevette guinéenne; Anglais: Guinea
shrimp; Fon: Dégon; Popo, Mina: Bolou; Yorouba:
Olouwo
Description: Rostre assez allongé, son bord dorsal
porte généralement 10 dents, son extrémité est
légèrement recourbée vers le haut et dépasse très
largement l'extrémité distale des pédoncules
antennulaires. Côté de la carapace montrant une ligne
de suture longitudinale incomplète. Quatrième paire
de péréiopodes nettement plus courte que la cinquième
(ou dernière) paire; pas d'épipodites au moins sur les
troisième, quatrième et cinquième paires, mais
expodites présents à la base de tous les péréiopodes.
Les bords latéraux du telson portent 4 paires d'épines
mobiles. Coloration: rose brunâtre pâle peu marqué;
base des yeux jaune citron; antennes et péréiopodes
(sauf la première paire) rouge brun; uropodes de
l'éventail caudal rouge brun sur leur moitié distale et
bordés de jaune verts leur extrémité. La longueur
totale maximum est de 17 cm (femelle), 12 cm (mâle).
Distribution, habitat et biologie: C'est une espèce
connue du Sénégal à l'Angola. Habite les fonds
sableux et sablo-vaseux à des profondeurs de 10 à 40
m (jamais rencontré au delà de 60 m). Bien qu'elle
préfère les eaux chaudes elle peut, pendant la saison
froide, vivre dans des eaux froides ne dépassant pas
16°C. Elle effectue sa croissance entièrement en mer
et ne pénètre jamais dans les lagunes. Cette espèce est
apparemment inactive pendant le jour sauf dans les
eaux troubles. On les capture au chalut de fond.
Parapenaeopsis atlantica se rencontre toute l’année
sur les fonds qu’elle fréquente, mais les prises
subissent des variations saisonnières parfois
importantes
Crevette à chair fine mais vraisemblablement trop peu
abondante pour permettre une pêche entièrement axée
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 SOHOU Zacharie & DJIMAN Roger
sur elle, P.atlantica risque donc de ne jamais avoir
pour les pêcheurs qu’une valeur d’appoint. Cette
valeur est actuellement très souvent négligée.
Figure 3: Parapenaeopsis atlantica
d) Parapenaeus longirostris (Lucas, 1846)
Français: Crevette rose du large; Anglais: Deepwater
roseshrimp; Fon: Dégon; Popo, Mina: Bolou;
Yorouba: Olouwo
Description: Rostre denté sur le bord dorsal
seulement; carapace avec des lignes de suture ayant
l'aspect de fins sillons; pas d'exopodites sur les
péréiopodes. Telson sans épines mobiles. Extrémité du
rostre recourbée vers le haut mais dépassant à peine
les pédoncules antennulaires; moins de 10 dents sur le
bord dorsal du rostre (généralement 10 in P. atlantica),
généralement 8 dents; la dernière franchement
gastrique est bien séparée des autres. Une ligne de
suture longitudinale courant tout le long de la
carapace; Telson terminé en pointe aiguë flanquée de
2 épines fixes, ses bords latéraux dépourvus d'épines
mobiles. Coloration: rose orangé avec le rostre
franchement rouge; par transparence sous la carapace
la région gastrique apparaît violet rougeâtre et les
ovaires (vert turquoise à maturité); sur les côtes de
l'abdomen des taches oranges vifs au milieu de la
jonction entre les segments. La longueur totale
maximum est de 19 cm.
Elle Habite habituellement les fonds vaso-sableux à
des profondeurs de 100 à 400 m dans des eaux à une
température de 8 à 15°C. Elle effectue d'importantes
migrations verticales journalières ou mensuelles
interprétés comme des réponses phototrophiques. Sa
répartition bathymétrique varie aussi avec la taille, les
plus grands individus ayant la localisation la plus
profonde. La reproduction a lieu surtout en hiver, de
Novembre à Avril. L'activité alimentaire est
essentiellement diurne et par la majorité des captures
sont effectuées de jour. Elle se nourrit d'organismes
J. Rech. Sci. Univ. Lomé (Togo), 2011, Série A, 13(1) : 9-17
benthiques (bivalves, mysidacés et petites
crangonidés). Elle est capturée au chalut de fond. Son
exploitation au Bénin pose un problème difficile à
cause de l'accès difficile des grands fonds.
Figure 4: Parapenaeus longirostris
e) Penaeus monodon (Fabricius, 1798)
Synonymes: Penaeus esculentus Haswell, 1879,
Penaeus semisulcatus exsulcatus Hilgendorf, 1879;
Penaeus carinatus Dana, 1852, Penaeus coeruleus
Stebbings, 1905; Penaeus bubulus Kubo, 1949;
Penaeus monodon var manillensis Villaluz and Ariola,
1938, Penaeus monodon monodon Burkenroad, 1959;
Penaeus tahitensis Heller, 1662.
Français: Crevette géante tigrée; Anglais: Blue tiger
prawn, leader prawn, panda prawn, black tiger shrimp;
Fon: Dégon; Popo, Mina: Bolou; Yorouba: Olouwo
Description: Rostre légèrement recourbé vers le haut à
l'extrémité, avec environ 6 à 8 dents, généralement 7
sur le bord dorsal, et de 2 à 4, généralement 3 dents
sur le bord ventral. Sixième segment avec sillon au
milieu. Il y a une carène tranchante sur le bord
postérieur de la carapace. La carène post-orbital
occupe un tiers à un demi distance entre la marge post
orbitale de la carapace et la pointe hépatique. La
carène hépatique est prédominante et l'antérieur
maximum autour de 27 cm avec un poids de 260 g.
pour les mâles et 35 cm pour les femelles. C'est
l'espèce la plus la plus répandue et la plus
commercialisée des pénéidés, d'une longueur de 270
mm. La taille biologique minimum est de 37 mm pour
la longueur de la carapace pour les mâles et 47 mm
CL pour les femelles. Leur alimentation est constituée
de petites crustacées, mollusques et d'annélides.
L'adulte est un prédateur des macroinvertébrés
benthiques. En général, les femelles sont plus géantes
que les mâles.
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 Présence de la crevette tigrée, Penaeus monodon (Fabricius, 1798) (Crustacea, penaeidae)
dans les eaux maritimes béninoises.
Coloration: Zébrée de bandes transversale rouge-
sombre et beige. Selon le substratum, la nourriture et
la turbidité de l'eau, la couleur du corps varie entre
vert, brun, rouge, gris, bleue et les couleurs des bandes
transversales sur l'abdomen et la carapace sont
alternées entre bleu ou noir et jaune. Les péréoipodes
et les pléopodes sont de couleur brune. Ces traits
caractéristiques sont nettement différents de ceux de
Penaus keraturus qu'on a l'habitude de retrouver sur
les côtes de l'Afrique Occidentale.
La crevette P. monodon est hétérosexuelle. Le sexe
peut être distingué par les caractères externes (organes
génitaux); petasma et une paire d'appendice masculin
sur le mâle et le thelycum
Distribution, habitat et biologie On les retrouvait au
sud-est de l'Asie entre 30°E longitude et 35°N au 35°
S latitude. Elles sont atypiques car P. monodon est
seulement citée dans l'océan Indien et le Pacifique. Sa
présence dans l'Atlantique s'explique donc par le fait
que des spécimens se sont échappés des stations
aquacoles situées au sud du Sénégal et en Gambie.
L'espèce s'est probablement acclimatée dans la région
en dépit d'une possible compétition avec l'espèce
autochtone. Farfantepenaeus notialis (Pérez Farfante
1967) qui habite les mêmes biotopes. On les retrouve
sur les fonds sableux boueux dans les eaux saumâtres,
des rivières, lagunes et baies (juvéniles) et marine
principalement dans les fonds au-delà de 30m de
profondeur (adultes). Cette espèce croît rapidement.
La durée de vie varie d'un an et demi à deux ans et les
femelles peuvent vivre plus longtemps que les mâles.
Au Bénin elle est plus pêchée depuis l'année 2000 sur
le plateau continental et dans les lagunes et vendu aux
usines de traitement pour l'exportation.
Penaeus monodon mature se reproduit seulement dans
des habitats marins tropicaux et passe les stades
larvaire, juvénile, adolescent et adulte dans les
estuaires côtiers, les zones lagunaires ou les
mangroves. Dans la nature, elles montrent une activité
nocturne marquée, en s'enfuyant dans le substrat
durant le jour et émergeant la nuit pour chercher de la
nourriture comme tous les mangeurs benthiques.
Dans les conditions naturelles, la crevette géante
tigrée est considérée plus comme un prédateur
qu'omnivore fouilleur ou mangeur détritique plus que
les autres pénéidés. Après la mue, la nouvelle
carapace est encore lisse ce qui rend la crevette
vulnérable face à ses prédateurs ou congénères. Les
J. Rech. Sci. Univ. Lomé (Togo), 2011, Série A, 13(1) : 9-17
adultes sont souvent trouvés dans des fonds vaso-
sableux ou sableux à 20-50 m de profondeur en pleine
mer. Les mâles sauvages produisent des sperma-
tozoïdes à partir de 35 g de leur poids corporel et les
femelles deviennent gravides à partir de 70 g.
l'accouplement a lieu durant la nuit, juste après la mue
pendant que la cuticule est encore lisse, et le sperme
est subséquemment gardé dans un spermatophore
(sac) inséré dans le thélycum fermé de la femelle. La
maturation de l'ovaire suit cinq étapes: non développé,
développé, presque mature, mature, et épuisé. Les
femelles de P. monodon sont hautement fécondables
avec des femelles gravides produisant 500 000 à
800 000 œufs. La ponte a lieu la nuit et la fécondation
est externe. L'éclosion a lieu 12-15 heures après la
fécondation. La larve est appelée nauplius, nage
librement et ressemble à des petites araignées. Durant
ce premier stade de développement larvaire, les larves
ne se nourrissent pas mais utilisent leurs réserves
vitellines et passent rapidement par six mues. Les
stades larvaires suivants [protozoaire, mysis et
premier postlarve (PL) respectivement] restent
planctoniques pendant quelque temps et sont
transportés vers la côte par les courants de marées. Les
protozoés, qui ont des appendices simples et des corps
allongés, muent trois fois et se métamorphosent
ensuite en stade de mysis. Les Mysis, qui ont des
corps segmentés, un pédoncule oculaire et une queue
caractéristique des crevettes adultes, muent aussi trois
fois avant de se métamorphoser en PL avec des
caractéristiques similaires à la crevette adulte. Les PL
changent plus tard leurs habitudes de s'alimenter sur
des détritus benthiques, des vers polychètes et des
petits crustacés après PL 6. Les stades juvénile et
adolescent peuvent tolérer des conditions de salinités
aussi basses que 1-2‰.
Figure 5: Penaeus monodon
13
 SOHOU Zacharie & DJIMAN Roger
Figure 6: Evolution de la capture de trois principales espèces
de crevettes d'intérêt commercial
D'après les données recueillies sur le terrain, nous
avons l'évolution suivante sur ce graphique. On
remarque que la production de l'espèce Penaeus sp.
est supérieur aux autres espèces parce qu'ici on
retrouve les espèces comme Farfantepenaeus notialis,
Parapenaeopsis, atlantica, Parapenaeus longirostris,
et aussi les autres espèces de très petite taille.
L'exploitation de la crevette s'exerce schématiquement
sur ces deux phases de la manière suivante:
La pêche industrielle est localisée en mer, souvent au
large, et exploite surtout le stock adulte;
La pêche artisanale se cantonne dans la zone littorale,
les lagunes, les estuaires et dans une bande côtière
plus ou moins large selon les régions; le plus souvent,
elle exploite la crevette au stade juvénile, mais parfois
également au stade adulte.
Une deuxième caractéristique de l'exploitation dans
les régions tropicales réside dans la courte durée du
cycle vital de la crevette puisque sa présence dans la
pêcherie est estimée légèrement supérieure à une
année (Garcia et Le Reste, 1981).
Le problème des pêcheries crevettières est lié à la
coexistence entre les secteurs artisanal et industriel
d'une part, exploitant la même ressource à des stades
de développement différents, et d'autre part entre la
pêche crevettière et les autres types de pêche,
notamment celle du poisson; puisque les crevettiers
capturent également une quantité importante
d'individus de petite taille, pour certains au stade
juvénile.
Jusqu'en l'an 2000, Penaeus monodon n'a pas encore
été répertorié sur les côtes béninoises et dans le Golfe
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de Guinée. La FAO ne l'a pas mentionné dans les
espèces communes de la zone parce qu'inexistant dans
les différentes captures. Même S. Garcia et F.
Lhomme dans leur document de ORSTOM en 1977:
les ressources de crevette rose, (Penaeus duorarum
notialis) ne l'avaient pas signalée comme espèce de
l'Atlantique Centre Est. On ne la retrouve même pas
dans les guides d'identification de la FAO de la zone
34 et 47 édité en 1987. Mieux encore, il n'a pas été
mentionné dans Guide de Terrain des Ressources
Marines Commerciales du Golfe de Guinée, édité en
1992.
Elle a été signalée par Clotilde-Ba France-Lyse et al.
en 2002 sur les côtes sénégalaises Les auteurs ont
expliqué leur présence par le fait que des spécimens
qui se seraient échappés des stations aquacoles situées
au sud du Sénégal et en Gambie.
Il s'avère alors nécessaire de faire une étude
biologique de l'espèce afin de pouvoir déterminer avec
plus de précision la nature de cette population qui s'est
acclimatées dans l'Atlantique Centre Est.
Il y a au Bénin quelques sociétés de transformation et
d'exportation de crevettes: SOBEP, CRUSTAMER et
Frais Surgelé et Glace (FSG) et DIAS.
Sur le plan économique, la production halieutique et
l’élevage représentent 12% du PIB, soit 15,9 milliards
de francs CFA en 1996. (Source: Roche
Internationale).
Sur le plan social, la pêche contribue à la réduction du
chômage, génère des emplois directs et indirects,
occupe 15% de la population active et 25% de la
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 Présence de la crevette tigrée, Penaeus monodon (Fabricius, 1798) (Crustacea, penaeidae)
dans les eaux maritimes béninoises.

population dans le secteur primaire. (Source : Roche
Internationale).
Selon la FAO : « la sécurité alimentaire existe lorsque
tous les êtres humains ont à tout moment un accès
physique et économique à une nourriture suffisante
saine et nutritive leur permettant de satisfaire tous
leurs besoins et leurs préférences alimentaires pour
mener une vie saine et active ».
La pêche représente donc pour un bon nombre de
ménages au Bénin l’activité principale pouvant assurer
la sécurité alimentaire de chacun et de tous sur une
bonne partie de l’année.
Aujourd'hui, Penaeus monodon représente plus de
90 % des prises achetées par les usines de
transformation du Bénin.

Figure 7: Cycle de développement des pénéidés

CONCLUSION béninoises mais cet arrêté ne donne aucune

Vu l'importance de cette filière qui occupe la
deuxième place dans les produits exportés par le
Bénin. Il s'avère donc nécessaire d'organiser le secteur
en passant par l'étude biologique des différentes
espèces.
Une évaluation des stocks de crevettes doit être faite
afin de quantifier et d'étudier plus amplement les
différentes espèces et particulièrement cette espèce
afin proposer des mesures d'exploitation et de gestion
durable. Il est bien vrai que le Ministère de l'élevage,
de la pêche et de l'agriculture a pris un arrêté pour
interdire la pêche des crevettes roses dans les eaux
spécification sur l'exploitation; il souffre alors
d'insuffisance pour une exploitation durable et
responsable de cette ressource. L'arrêté s'est
particulièrement intéressé aux crevettes roses alors
que toutes les espèces de crevettes doivent être
exploitées de façon durable et responsable.
Il faut noter que les crevettes traitées actuellement par
les Sociétés de la place sont constituées exclusivement
de celles pêchées en lagune. En outre, les captures des
différents crevettiers basés à Cotonou ne sont pas
débarquées sur place parce que le marché ne leur est
certainement pas favorable.

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 SOHOU Zacharie & DJIMAN Roger
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16
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