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Marrakech

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31° 37′ 46″ nord, 7° 58′ 52″ ouest

Pour le ferry du même nom, voir Marrakech (navire).

Marrakech
ⵎⵕⵕⴰⴽⵛ ‫مراكش‬

Drapeau
Héraldique
Administration

Pays
Maroc

Région
Marrakech-Safi

Maire
Fatima-Zahra Mansouri (PAM)
(2021)

Code postal
40000

Démographie

Gentilé
Marrakchi(e)1 ou Marrakéchois 2

Population
1.4M hab.3 (2023)

Géographie

Coordonnées
31° 37′ 46″ nord, 7° 58′ 52″ ouest

Altitude
450 m

Superficie
230 km2

Divers

ⴰⵎⵓⵔ ⵏ ⵢⴰⴽⵓⵛ (Amur en


Al Bahja, Al Hamra, Zahrat Al
Yakuc)
Janoub

Localisation

Géolocalisation sur la carte : Maroc

Marrakech

 Voir sur la carte topographique du Maroc


 Voir sur la carte administrative du Maroc
Liens

Site web
www.ville-marrakech.ma
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Médina de Marrakech *

Patrimoine mondial de l'UNESCO

La place Jamaa el Fna dans la médina de Marrakech

Coordonnées
31° 37′ 46″ nord,
7° 58′ 52″ ouest

Pays
Maroc

Type
Culturel

Critères
(i)(ii)(iv)(v)

Numéro

d’identification
331

Année d’inscription
1985 (9e session)

* Descriptif officiel UNESCO


** Classification UNESCO

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Marrakech (en arabe : ‫م َُرا ُكش‬, murrākuš ; en berbère : ⵎⵕⵕⴰⴽⵛ, Meṛṛakc) est
une ville située dans le centre du Maroc au pied des montagnes de l'Atlas4.
Marrakech est surnommée « la ville rouge »N 1ou la « ville ocre » en référence
à la couleur rouge d'une grande partie de ses immeubles et de ses maisons 5.
Marrakech et son aire urbaine comptent en 2020 un peu plus d'un million
d'habitantsN 2. Par sa population, la ville est la troisième agglomération du
pays, à égalité avec sa rivale historique, Fès, derrière Casablanca et Rabat.
Cité impériale, au même titre que Meknès, Fès et Rabat, Marrakech fut la
capitale du Maroc pendant près de 350 ans, sous les
dynasties Almoravide (XIe – XIIe siècles), Almohade (XIIe –
XIIIe siècles), Saâdienne (XVIe – XVIIe siècles), ainsi que sous le règne
de Mohammed ben Abdallah de l'actuelle dynastie alaouite (régnant de 1757
à 1790).
Marrakech abrite une vaste médina de 600 hectares, la plus peuplée d'Afrique
du nord, et classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO.
Grâce à la vitalité de sa médina, vieille de 900 ans, ses infrastructures
hôtelières de classe mondiale et son climat ensoleillé, Marrakech s'est
imposée comme la capitale incontestée du tourisme au Maroc. Desservie par
le deuxième aéroport du pays quant au trafic, l'aéroport Marrakech - Ménara,
la ville a accueilli en 2019 près de trois millions de visiteurs.

Étymologie[modifier | modifier le code]


Origine du nom[modifier | modifier le code]
Plusieurs hypothèses coexistent quant à l'origine du nom de la ville. La plus
répandue considère que le nom de Marrakech est une contraction
du berbère *Amur (n) Yakuš où amur a pour significations « part, lot,
promesse, protection »6 et Yakuš (et ses variantes Yuš et Akuš) signifie
« Dieu »7. L'expression contemporaine « amur n Ṛebbi » où Ṛebbi est un
autre mot pour Dieu (emprunté à l'arabe ‫( َربِّي‬rabbī) « Mon Seigneur ») signifie
« protection de Dieu »8. Toutefois, d'autres voient en amur un augmentatif du
mot tamurt qui signifie « pays », *Amur (n) Yakuš prendrait alors le sens de
« terre de Dieu »9.
Une étymologie alternative moins répandue propose l'interprétation de « terre
de parcours »10.
Les sources médiévales arabophones [Lesquelles ?] ont été nombreuses à
proposer des origines arabes au nom de Marrakech. Louis Deroy et Marianne
Mulon, auteurs du Dictionnaire de noms de lieux, reprennent l’idée selon
laquelle le nom viendrait de l’arabe Marruquch « la bien parée » 11 de ‫رقش‬
« ornementer, enjoliver ».
Influence du nom[modifier | modifier le code]
Le mot « Maroc » et ses équivalents dans les différentes langues
européennes sont directement dérivés du mot « Marrakech ». Dès les années
1130, soixante ans après la fondation de la cité, le nom apparaît dans les
sources latines pour désigner la capitale de l'empire almoravide9.
Au XIVe siècle, on recense les formes « Marroch » en catalan (dont dérive le
nom français), « Marruecos » en castillan, « Morrocco » en toscan, et
« Marrocos » en portugais, sans doute la forme la plus ancienne, les "s"
finaux étant chuintés en portugais12.
Au XVe siècle, le Portugal exerce une forte pression militaire sur le Maroc. Le
pays est scindé en deux, les Wattassides ayant pour capitale Fès et régnant
sur le nord du Maroc et les Hintata puis les chérifs saadiens régnant sur
Marrakech et le sud du pays. La littérature géographique européenne entérine
alors l'idée que le Maghreb al-Aqsa se compose des royaumes de Fez et de
Maroc. C'est finalement le nom de la capitale du sud finit par s'imposer à tout
le pays. En outre, jusqu'au XXe siècle, le Maroc était connu en Orient sous le
nom de Marrakech (appellation toujours d'actualité en Iran)13.
Pendant la période almohade, Marrakech était réputée pour
son artisanat du cuir. Le tannage des peaux y était déjà réalisé dans
les tanneries de Bab Debbagh à l'est de la ville. Les accessoires de cuir
confectionnés à Marrakech étaient si renommés que l'on commença à parler
en Castille de marroquinería pour les désigner. Ce terme a fini par se
propager dans d'autres langues comme le français, la « maroquinerie »
servant à désigner l'activité ainsi que les articles utilisant comme matière
principale le cuir9.
Histoire[modifier | modifier le code]
Capitale des empires almoravide et almohade[modifier | modifier
le code]
Marrakech (Mourrakouch) fut fondée en 1071 (an 463 de l'Hégire) par le
souverain berbère Sanhadjiens almoravide Youssef ben Tachfine14 et sa
reine Zaynab Nefzaouia, elle aussi d'origine berbère. Très vite, à Marrakech,
sous l'impulsion des Almoravides, pieux guerriers et austères savants venus
de l'actuel désert mauritanien, de
nombreuses mosquées et médersas (écoles de théologie coranique) furent
construites, ainsi qu'un centre commercial drainant le trafic entre
le Maghreb occidental et l’Afrique subsaharienne. Marrakech grandit
rapidement et s'imposa comme une métropole culturelle et religieuse
influente, supplantant Aghmat et Sijilmassa. Des palais furent édifiés
également et ornés avec le concours d'artisans andalous venus
de Cordoue et de Séville, qui apportèrent le style omeyyade caractérisé par
des coupoles ciselées et des arcs polylobés. Cette influence andalouse
fusionna avec les éléments sahariens et ouest-africains, et fut synthétisée
dans une architecture originale totalement adaptée à l'environnement
spécifique de Marrakech.
La ville devint la capitale de l'Émirat almoravide, un empire eurafricain qui
s'étendait des rives du fleuve Sénégal jusqu'au centre de la péninsule
Ibérique et du littoral atlantique marocain jusqu'à Alger. La cité fut ensuite
fortifiée par le fils de Youssef Ibn Tachfin, Ali Ben Youssef, lequel fit édifier
vers 1122-1123 des remparts encore visibles. Pendant qu'Youssef Ben
Tachfine menait des campagnes victorieuses en Al-Andalus, soumettant les
roitelets des taïfas et repoussant les offensives de la Castille et de l'Aragon,
son épouse Zaynab Nefzaouia exerçait à Marrakech un pouvoir important,
avec toutes les prérogatives d'une véritable reine15.

La médersa Ben Youssef.


En 1147, les Almohades partisans d'Ibn Toumert qui se proclamait Mahdi et
voulait imposer une interprétation orthodoxe de l'islam, s'emparèrent de la
ville. Les derniers Almoravides furent exterminés, sauf ceux qui s'exilèrent
aux îles Baléares où survécut une branche de cette dynastie, la famille
des Beni Ghania. En conséquence la presque totalité des monuments fut
détruite. Les Almohades, issus des tribus Masmouda du Haut-Atlas,
construisirent de nombreux palais et édifices religieux marqués par une
sobriété grandiose et monumentale, comme la célèbre mosquée
Koutoubia bâtie sur les ruines d'un palais almoravide, et sœur jumelle de
la Giralda de Séville et de la tour Hassan (inachevée) de Rabat.
Pavillon principal des jardins de la Ménara.
La Casbah abrita la résidence califale (depuis le règne d'Abd al-Mumin le
souverain almohade portait le titre de calife, rivalisant ainsi avec le lointain
califat oriental des Abbassides de Bagdad), agrémentée d'un hôpital dans
lequel exerça le médecin andalou Ibn Tufayl. De l'ensemble majestueux de la
Casbah mansourienne, nommée ainsi d'après le calife Abu Yusuf Yaqub al-
Mansur, subsiste encore la superbe porte de Bab Agnaw. Marrakech fut ainsi
digne d'abriter la capitale de la puissance majeure de l'Occident musulman
médiéval, l'Empire almohade qui englobait toute la région comprise entre
Cordoue et Tripoli, de l'Andalousie jusqu'à la Libye.
Afin d'alimenter la palmeraie et les grands jardins, un système d'irrigation fut
édifié et perfectionné, à l'aide de canaux nommés khettaras. Marrakech, par
son rayonnement culturel, attira de nombreux écrivains, intellectuels et
artistes venus notamment d'Al-Andalus, dont des mutazilites comme le
célèbre Averroès, connu pour avoir abondamment commenté et réinterprété
le Logos du philosophe grec Aristote16.
Du déclin mérinide à la renaissance
saadienne[modifier | modifier le code]

Représentation de la ville de Marrakech


(Maroch) sur le portulan de (pt)Mecia de Viladestes (cartographie
majorquine), 1413
À partir de 1269, Marrakech fut administrée par les Hintata qui prirent leur
indépendance sur les derniers califes Almohades. Ces derniers gouvernèrent
alors la ville pour le compte des sultans mérinides, qui érigèrent sa grande
rivale Fès au rang de capitale impériale. La ville tomba alors dans une
certaine léthargie. À partir du XVe siècle, Marrakech gagna son autonomie vis-
à-vis des wattassides dont l'autorité de s'étendit plus au-delà de l'Oum
Errabiâ tandis que dans les plaines atlantiques, le Portugal étendit son
influence et assiègea même Marrakech en 1515.
Au début du XVIe siècle, Marrakech devint la capitale de l'Empire saadien. Elle
renoua rapidement avec son apogée, en particulier sous le règne des
sultans Mohammed al-Qaim et surtout celui d'Ahmed al-Mansur Saadi, très
influencé par la civilisation ottomane après ses années d'exil
à Constantinople17. Grâce à la fortune amassée à la suite de la conquête
de Tombouctou et de l'empire Songhaï, Marrakech fut embellie, les
monuments restaurés et de somptueux palais édifiés. Le palais El Badi bâti
par Ahmed al-Mansur, était une réplique de l'Alhambra de Grenade, réalisée
avec les matériaux les plus précieux provenant des trois continents de
l'Ancien Monde (marbre d'Italie, granite d'Irlande, or d'Afrique de l'Ouest,
porphyre des Indes, jade de Chine, etc), doté de 360 pièces et de 100
fontaines18. El Badi frappa également les contemporains par sa Kubbat al
Jujjaj, sa « coupole de verre » réalisée en cristal translucide, et autres
singularités techniques qui évoquent la Maison dorée de Néron à Rome19.
Mais tous les éléments décoratifs vont par la suite disparaître, démantelés sur
ordre du sultan Moulay Ismail vers 1695 pour être réemployés dans les
grands palais impériaux de Meknès. El Badi était avant tout destiné aux
réceptions fastueuses offertes aux ambassades de l'Espagne des
Habsbourgs20, de l'Angleterre élisabéthaine21, de la France d'Henri IV22, et de
la Sérénissime République vénitienne, qui reconnaissaient le califat saadien
comme une puissance incontournable qui s'étendait de la mer
Méditerranée jusqu'au fleuve Niger, et de l'océan Atlantique jusqu'aux confins
du Fezzan et du Tchad23, incluant le Mali actuel et ses riches gisements d'or.
Sous le règne de la dynastie saadienne, Marrakech retrouva ainsi son rôle de
grand terminus caravanier grâce aux pistes venant du Soudan marocain et
qui n'étaient pas contrôlées par les Turcs d'Alger.
Destin de la ville sous la dynastie alaouite et à l'époque
contemporaine[modifier | modifier le code]

Les remparts de Marrakech.


À la fin du XVIIe siècle, la dynastie alaouite succéda aux Saadiens. Le trône fut
successivement transféré à Fès puis à Meknès, nouvelle capitale de l'Empire
chérifien avec Moulay Ismail. Le sultan Mohammed III (1757-1790) choisit la
ville comme lieu de résidence principale, en raison de la proximité du port de
Mogador (actuelle ville d'Essaouira) qu'il faisait édifier sur les plans de
l'architecte français Théodore Cornut. C'est en outre à Marrakech que fut
conclu en 1787 le premier traité d'amitié entre le Maroc et les États-
Unis nouvellement indépendants24. En 1792, Marrakech devint la capitale d'un
fils de Mohammed III, Moulay Hicham, qui se fit reconnaître comme sultan par
cette partie du pays, tandis que son frère Moulay Sulayman était reconnu
sultan légitime à Fès par les oulémas et par les provinces au nord du
fleuve Oum Errabiaa. Il s'ensuivit une guerre entre les deux sultans rivaux, qui
s'acheva par la défaite de Hicham en 1796, malgré le soutien de l'Espagne
de Charles IV qui s'immisçait dans les affaires internes marocaines.
Marrakech fut reconquise par Sulayman en 1797 et la ville réintégra le
territoire du makhzen de Fès.

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