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Master Droit Privé et Sciences Criminelles

MODULE : L’histoire du droit

L’organisation juridique du Maroc


avant l’Islam

Réalisé par : Sous la direction


de :
Ayyoub El Amrani Dr. Bader Zahir Al
Azrak
Assia Moslih

Yassine Jamali

Chaimae Moqran

Hassan Souihel

Alex Bill Adengar

Année Universitaire :
2021-2022
Remerciements :

On tient tout d’abord à remercier du fond de notre cœur notre cher

professeur, M. Zaher Bader Al Azrak, pour tous les consignes et

les informations qui partage avec nous qu’elle que soit celle pendant

la séance du cours ou à distance. On le remercie aussi de nous avoir

accordé cette opportunité de rechercher à propos des sujets

concernant l’histoire du Droit au Maroc qui sont riches en

évènements et informations.

On tient aussi à remercier nos chers collègues de leurs

encouragements et de leurs aides.

1
Sommaire :

Introduction :

Chapitre I : La scène historique marocaine avant l’Islam :

Section 1 : La période phénicienne et carthaginoise :

Sections 2 : La période du royaume de Maurétanie et de la Mauritanie tingitane :

Chapitre II : La sphère juridique du Maroc pendant l’empire romain (Volubilis


comme exemple) :

Section 1 : La citoyenneté romaine

Section 2 : La romanisation institutionnelle et juridique

Conclusion

2
Introduction :

L’arrivée de l’islam au VIIème siècle est un moment fondateur et essentiel dans la formation de la
nation marocaine. Mais avant que les troupes musulmanes n’atteignent les frontières du Maroc, ce
dernier avait déjà une identité, une histoire et une spécificité géographique et culturelle. Retour sur les
origines d’un vieux pays et une très ancienne nation. L’histoire du Maroc, avant l’avènement de
l’islam au 7ème siècle, démontre la spécificité culturelle et géographique du Maroc, “pays détaché de
tout autre pays”, comme le décrivait IBN KHALDOUN. L’histoire ancienne démontre comment le
Maroc s’est fait et formé de mélanges entre des vagues successives de races, de cultures, de religions
et d’influences venant de tout horizon, et dont l’islam et l’arabité ne sont qu’une composante,
essentielle et importante. Le Maroc n’est pas exclusivement berbère, arabe, musulman, juif ou africain,
mais il est tout ça à la fois. Un mélange, une synthèse.

L’histoire du royaume du Maroc antique, dit de Maurétanie, n’a été que peu documentée. "Nous avons
un trou d’un siècle dans notre histoire. Il s’étend de la fin du IIIème à la fin du IIème siècle avant
J.C.", regrette Halima Ghazi-Ben Maissa, ancienne professeur d'histoire antique du Maroc à la Faculté
des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat. Donc il était difficile de trouver des sources qui
démontre d’une manière approfondie et précise l’organisation juridique du royaume de Mauritanie
pendant la période de son indépendance.

En effet, on a choisi de se contenter dans notre travail à étudier la sphère juridique du Maroc pendant
l’empire romain 40-400 Av. JC, et on a choisi pour montrer cette sphère juridique la fameuse ville de
Volubilis (Walili aujourd’hui) où on trouve jusqu’à à aujourd’hui les traces de la civilisation romaine.

La problématique à aborder au niveau de ce sujet est quelles sont les racines historique et juridique du
Maroc avant l’islam ?

Pour cela, on va traiter ce sujet selon le plan suivant : Le premier chapitre va concerner la scène
historique marocaine avant l’islam.

Le deuxième chapitre va porter sur la sphère juridique du Maroc pendant l’empire romain.

3
Chapitre I : Le scène historique marocaine avant l’Islam :

L'histoire de l'habitation humaine au Maroc s'étend depuis le Paléolithique inférieur, le plus ancien
connu étant Jebel Irhoud. Bien plus tard, le Maroc a fait partie de la culture ibéromaurusienne, y
compris Tafoghalt. Il date de l'établissement de la Maurétanie et d'autres anciens royaumes berbères, à
l'établissement de l'État marocain par la dynastie Idrisside1 suivie d'autres dynasties islamiques,
jusqu'aux périodes coloniale et d'indépendance.

Des preuves archéologiques ont montré que la région était habitée par des hominidés il y a au moins
400 000 ans2.L'histoire enregistrée du Maroc commence avec la colonisation phénicienne de la côte
marocaine entre les 8ème et 6ème siècle avant notre ère3, bien que la région ait été habitée par des
Berbères indigènes pendant environ deux mille ans auparavant. Au 5ème siècle avant notre ère, la cité-
état de Carthage étendit son hégémonie sur les zones côtières 4. Ils y sont restés jusqu'à la fin du 3ème
siècle avant notre ère5, tandis que l'arrière-pays était gouverné par des monarques indigènes 6. Les
monarques berbères indigènes ont régné sur le territoire du 3ème siècle avant notre ère jusqu'en 40 de
notre ère, date à laquelle il a été annexé à l'Empire romain.

Section 1 : La période phénicienne et carthaginoise :

Sous-section 1 : La période phénicienne :


Les Phéniciens, commerçants entreprenants originaires de la Phénicie libanaise située dans le pays de
Canaan, installent leurs premiers établissements dans ce que les géographes grecs comme Strabon
nomment la Libye (terme qui désigne alors l'ensemble de l'Afrique du Nord à l'ouest de l'Egypte, et
non la seule Libye contemporaine) et notamment sur les côtes marocaines, dès le XIe siècle av. J.-C.

Des textes anciens retracent l'afflux des Phéniciens à la fin du XIIe siècle av. L'expansion phénicienne
dans la région méditerranéenne a constitué un événement marquant dans l'histoire de cette région.
Parmi les références les plus importantes qui ont documenté la présence des Phéniciens au Maroc, il y

1
"Moroccan dynasticshurfa'‐hood in two historical contexts: Idrisid cult and 'Alawid power"., Le Journal des études nord-
africaines. 6 (2): 81–94. 2001
2
Hublin, Jean Jacques , "Northwestern African middle Pleistocene hominids and their bearing on the emergence of Homo
Sapiens",2010, p.103.
3
C. R. Pennell, "Morocco: From Empire to Independence",2003, p.3.
4
Ibid., p.7-9.
5
Ibid., p.9-11.
6
Ibid., p7-9.
4
a le voyage en mer de Scylax, qui a été codifié au IVe siècle avant JC. Cette excursion mentionnait
deux villes marocaines par leur nom : Lexus, située près de la ville de Larache, et Thoumyatira, située
sur le fleuve Sebou. D'après les voyages de ces mers, il n'y avait pas d'habitations à cette époque sur la
côte qui s'étend entre l'Oued Sebou et Essaouira, autre qu'un temple dédié à Poséidon.

L'importance de Lexus en tant qu'institution commerciale phénicienne est attestée par son nom dans
les textes anciens et les légendes associées, où l'on croyait qu'Hercule avait détourné la pomme d'or à
proximité7. Et si cela indique quelque chose, cela indique la position commerciale occupée par la ville
à l'époque, et comment à partir de cette époque le Maroc était une porte commerciale avec un centre
important du commerce méditerranéen.

La présence phénicienne ne se limitait pas à la façade atlantique du Maroc. Bien que les sites les plus
importants découverts jusqu'à présent se trouvaient dans la façade atlantique, d'autres sites
méditerranéens appartenant aux Phéniciens ont été récemment découverts, comme le site de Roch Adir
à Al Hoceima et Kashkoush dans la région d'Oued Laou. Quant à la ville de Pontion, dont
l'emplacement est déterminé par le trajet attribué à Scylax, qui passe par une baie entre deux
montagnes, la plupart des chercheurs s'accordent à dire qu'elle était destinée à la ville de Tanger 8.

Sous-section 2 : La période carthaginoise :


C'est à partir de la fondation de Carthage en Tunisie que la région commence à être réellement mise en
valeur et explorée par de grands navigateurs comme Hannon. L'influence de la civilisation
carthaginoise se fera sentir près de mille ans sur le territoire du Maroc actuel : en effet à partir du VIe
siècle av. J.-C., les Carthaginois en quête de métaux précieux (extraits des mines de l'Atlas et de la
vallée présaharienne du Draa), de murex (un coquillage très présent aux Îles Purpuraires d'Essaouira et
utilisé pour produire la teinture pourpre prisée chez les Anciens) et de bois rares des forêts nord-
africaines, vont commercer avec les populations locales et introduire des éléments culturels propres à
la société phénicienne. Néanmoins, les Maures étaient les dépositaires d'une culture très ancienne,
atlanto-méditerranéenne, remontant à l'âge du cuivre, comme l'atteste le cromlech de M'zora qui peut
être mis en relation avec des sites mégalithiques comparables comme Ħaġar Qim à Malte, et Carnac et
Stonehenge au nord-ouest de l'Europe.

7
‫ اليوم السابع‬- ‫( ليكسوس مدينة التفاح الذهبى فى المغرب‬archive.org), consulté le 24/01/2021.
8
The Periplus of Hanno; a voyage of discovery down the west African coast : Hanno : Internet Archive, consulté le
24/01/2021.
5
Sections 2 : La période du royaume de Maurétanie et de la Maurétanie
tingitane :

Sous-section 1 : La période du royaume de Maurétanie :


C'est à partir du IVe siècle av. J.-C. qu'apparaît dans le nord-ouest du Maroc actuel la première
organisation politique du pays : le royaume de Maurétanie, qui résulte de la fédération de différentes
tribus berbères imprégnées des valeurs helléniques d'État unitaire, avec Baga comme premier
souverain connu et Sophax comme fondateur légendaire11. La Maurétanie adopte dès lors une
organisation centralisée autour du roi (qui porte le titre d'aguellid comme les rois de Numidie),
détenteur du pouvoir exécutif, militaire et fiscal. Les cités sont administrées par des magistrats appelés
suffètes et conservent leur organisation politique héritée de l'époque carthaginoise. Les chefs des tribus
vassales sont tenus de fournir des contingents variables de guerriers pour constituer l'armée de
l'aguellid qui possède également des unités de mercenaires originaires de l'ensemble du monde
méditerranéen.

Lorsque les Romains prennent pied en Afrique vers le IIème siècle av. J.-C., après la destruction de
Carthage, ils s'allient au roi Bocchus de Maurétanie contre la Numidie qui va résulter à reverser leur
ennemi, le roi numide Jugurtha, gendre de Bocchus que celui-ci leur livre. Le souverain maurétanien
gagne en récompense le titre d'Ami du peuple romain décerné par la République romaine ainsi que
l'estime du consul Caius Marius. La politique d'alliance entre Rome et la Maurétanie se poursuit avec
Bogud et son épouse la reine Eunoé, qui seront de fidèles partisans de Jules César dans la lutte qui
l'oppose à Pompée pendant la guerre civile de César.

La Maurétanie devient un royaume vassal, un « État-client », qui, s'il dépend étroitement de Rome et
prendra part à toutes les querelles internes de la République finissante et des débuts de l'Empire, reste
autonome. Mais, faute d'héritier pour la lignée des Bocchus, le royaume finit par échoir à une dynastie
d'origine numide, avec le règne de Juba II à partir de 25 av. J.-C., après un court interrègne romain 9.

Sous-section 2 : La période de la Maurétanie tingitane :


En 40, la Maurétanie perd son dernier roi Ptolémée. L'empereur Caligula, l'a fait assassiner à Lyon ce
qui a causé la révolte d’Aedemon qui était un esclave affranchi du roi Ptolémée de Maurétanie. Battu
en 44 pendant la guerre par les commandants Marcus Valerius Severus et Lusius Quietus, l’emperreur
Claude annexe le royaume à l'Empire romain.

9
G. Camps, « Bocchus », Encyclopédie berbère, 10 | Beni Isguen – Bouzeis, Aix-en-Provence, Edisud, décembre 1991, p.
1544-1546.
6
Rome contrôlait le vaste territoire par des alliances avec les tribus plutôt que par l'occupation militaire,
étendant son autorité uniquement aux zones économiquement utiles ou pouvant être défendues sans
main-d'œuvre supplémentaire. Par conséquent, l'administration romaine ne s'est jamais étendue en
dehors de la zone restreinte de la plaine et des vallées côtières du nord. Cette région stratégique faisait
partie de l'Empire romain, gouverné sous le nom de Maurétanie Tingitane, avec la ville de Volubilis
comme capitale.

Le christianisme a été introduit dans la région au 2ème siècle après JC et a gagné des convertis dans
les villes et parmi les esclaves ainsi que parmi les agriculteurs berbères. À la fin du IVe siècle, les
régions romanisées avaient été christianisées et des incursions avaient été faites parmi les tribus
berbères, qui se convertissaient parfois en masse. Des mouvements schismatiques et hérétiques se sont
également développés, généralement comme des formes de protestation politique. La région comptait
également une importante population juive 10.

Chapitre II : La sphère juridique du Maroc pendant l’empire


romain (Volubilis comme exemple) :

L’influence romaine s’exprime d’abord dans le domaine institutionnel. D’une part, l’épigraphie de
Volubilis témoigne de la présence de citoyens romains, inscrits dans les tribus Quirina et Galeria,
suggérant qu’un octroi de la citoyenneté romaine à des Volubilitains a été effectué avant que la ville
n’accède au statut de municipe. D’autre part, l’étude des inscriptions permet d’envisager l’existence de
liens juridiques, du type foedus11, entre Volubilis et Rome au cours du Ier siècle apr. J.-C.

Section 1 : La citoyenneté romaine

À Volubilis, la tribu la plus répandue est la Claudia12. Elle correspond à celle dans laquelle, l’empereur
Claude, lorsque la ville est érigée en municipe en 44, a inscrit les nouveaux citoyens qui ne
bénéficiaient pas encore de la citoyenneté romaine. En effet, lorsqu’il procédait à l’octroi du droit de
cité dans l’Empire, Claude rangeait les nouveaux citoyens soit dans la tribu Quirina, celle à laquelle il
appartenait, soit dans la tribu Claudia, celle de ses ancêtres.

10
Emily Gottreich, Jewish Morocco : a history from pre-Islamic to postcolonial times, London : I.B. Tauris, 2020.
11
Le fœdus est un traité passé entre la Rome antique et une cité ou un peuple étranger, qui prend alors le statut de cité alliée
ou de « peuple fédéré ». Le mot fœdus s'apparente probablement au mot latin fides, qui désigne la bonne foi, la parole
donnée, notion extrêmement forte dans la Rome antique.
12
Marion J., « La population de Volubilis à l’époque romaine », BAM, 4, 1960, p. 177.
7
La présence de citoyens romains dans la Volubilis pré-provinciale pose naturellement le problème de
l’intérêt que pouvaient tirer ces habitants à disposer de cette citoyenneté. Maurice Lenoir a avancé
l’idée qu’il s’agissait pour ces notables d’une simple civitas honorifique, qui s’exprimait dans les
relations avec les cités romaines voisines ou lors des déplacements dans l’Empire 13. Il ne faut sans
doute pas minimiser la civitas de ces notables, un des moyens employés par le pouvoir romain pour
s’assurer l’allégeance des élites de ces cités pérégrines. Privilégier les rapports avec les notables de
Volubilis c’est aussi garantir des liens favorables avec l’ensemble de la communauté pérégrine. La
position prise par une partie de la population lors de la révolte d’Aedemon 14 montre clairement que
cette civitas est réelle, mais ses contours restent difficiles à tracer. Cependant, l’épisode de la guerre
d’Aedemon suggère que les habitants qui disposaient de la citoyenneté romaine étaient tenus d’offrir
leur aide en cas de conflit militaire. Ces liens entre le pouvoir romain et les citoyens de Volubilis
s’expriment donc dans un cadre politique.

Section 2 : La romanisation institutionnelle et juridique

Sous-section 1 : La romanisation institutionnelle :


Après l’octroi de la cité romaine à certaines familles de la ville, c’est le domaine institutionnel qui
semble marqué par la romanisation. En effet, il apparaît que la Volubilis pré-municipale avait calqué
ses institutions sur celles des villes romaines. En effet, la carrière de M. Valerius Severus est une
combinaison de fonctions exercées à la fois dans la ville pérégrine et dans le municipe.

Il a donc exercé le rôle de commandant d’armée qui a oppressé Aedemon dans le courant de l’année
40, lors de la révolte conduite par Aedemon.

M. Valerius Severus est le premier flamine dans son municipe, sacerdoce qui se place après l’élévation
de Volubilis au rang de municipe, donc après 44. En revanche, la difficulté réside dans les périodes
d’exercice de l’édilité, du sufétat et du duumvirat. On retrouve ainsi deux magistratures propres aux
villes à constitution romaine, colonies ou municipes, combinées à une magistrature d’influence

13
Lenoir, « Histoire d’un massacre », p. 99, n. 49, « il s’agissait, pour ces notables berbères ou puniques d’une ville située
hors des frontières de l’Empire, dans un territoire, au moins formellement, indépendant, d’une civitas honorifique, qui ne
prenait de consistance et de réalité que dans leurs rapports avec les colonie proches (Babba, Banasa, Zilil) et lors
d’éventuels déplacements – ou d’une installation – à Rome ou à l’intérieur de l’Empire ».

8
punique15. Notons que ce dernier type de magistrature est attesté à Volubilis depuis une date bien plus
haute, puisque le sufétat est présent dès le IIIe et au IIe siècles av. J.-C16.

Ainsi, la présence de citoyens romains et d’institutions calquées sur le modèle des cités romaines,
avant que Volubilis n’accède au statut municipal, laisse suggérer l’existence de liens juridiques, du
type foedus, avec Rome.

Sous-section 2 : La romanisation juridique :


Rome avait ainsi accordé, avant la création du municipe, la civitas à nombre de citoyens de la
Volubilis pérégrine. Les institutions de cette dernière présentaient aussi une romanisation avancée 17.

De plus, dans le courant de l’année 40, une partie de la population a exprimé son attachement à Rome
en intégrant une milice pour lutter contre Aedemon. L’existence d’une alliance peut expliquer cette
prise de position : les Volubilitains auraient tout simplement exécuté la clause d’un traité et ainsi
manifesté leur fidelité18. Ces divers éléments ont conduit M. Christol et J. Gascou à envisager que cette
ville ait pu être une cité fédérée avant sa promotion au rang de municipe 19. L’existence de ce foedus
expliquerait alors le désir de calquer les institutions des villes romaines, mais aussi l’engagement des
Volubilitains lors de la révolte d’Aedemon.

Quant à la date d’un tel traité, les auteurs suggèrent d’attribuer sa mise en place à l’empereur
Auguste20. En effet, la période dite « d’interrègne » qui court de 33 av. (date de la mort de Bocchus II)
à 25 av. J.-C. (avènement de Juba II), correspond bien à l’établissement de tels liens juridiques.
Auparavant, Bocchus et Bogud avaient été reconnus rois, le premier de Maurétanie Orientale et le
second de Maurétanie Occidentale. L’idée que Rome ait pu établir des liens avec Volubilis à cette
époque est à exclure ; César n’aurait pas pris le risque d’offenser Bogud en instituant un foedus avec
une ville placée sous l’autorité de ce dernier, surtout qu’aucun contexte juridique ne pouvait
l’autoriser. En 38 av. J.-C., Bocchus obtient le royaume de Bogud qui avait eu le malheur de soutenir
Antoine lors du conflit qui l’opposait à Octave, futur Auguste. Il est donc très peu probable d’établir le

15
Cuq E., « La cité punique et le municipe de Volubilis », CRAI, 1920, p. 339-350.
L’auteur envisage que la mention de magistratures romaines (édilité et duumvirat) et d’une magistrature d’origine punique
(sufète) suggère qu’il existait d’une cité punique et un municipe romain, c’est-à-dire deux communes distinctes. M.
Valerius Severus aurait donc été suffète dans la ville punique, édile et duumvir dans le municipe romain. En outre, ces deux
cités auraient eu des liens entre elles. Aujourd’hui, il est admis que le municipe a succédé à la cité pérégrine, et que M.
Valerius Severus a d’abord exercé des fonctions dans la cité pérégrine, puis dans le municipe romain. L’idée d’une
coexistence de deux communes distinctes a été depuis longtemps abandonnée.
16
Février J., « Inscriptions puniques du Maroc », BCTH, 1955-1956, p. 29-35.
17
Christol, Gascou, « Volubilis, cité fédérée ? »., p. 330.
18
Ibid., p. 334.
19
Ibid., p. 329-345.
20
Ibid., p. 337-338.
9
foedus entre Rome et Volubilis à la période où la Maurétanie est réunifiée 21 (de 38 à 33 av. J.-C.). En
effet, Octave n’avait aucune raison ni aucune possibilité juridique de le mettre en place à cette époque.
C’est pourquoi la période d’interrègne présente plusieurs éléments probants et semble davantage
répondre à la date d’établissement de ce foedus. A la mort de Bocchus, le royaume de Maurétanie
revient à Octave, qui peut en disposer comme bon lui semble. A l’avènement de Juba, en 25 av. J.-C.,
il n’avait plus les mêmes conditions juridiques pour mener la politique de son choix. Entre 33 et 25 av.
J.-C., il procède notamment à la déduction de nombreuses colonies le long de la côte africaine et sans
doute aussi à la mise en place d’un foedus entre Volubilis et Rome. M. Christol et J. Gascou
envisagent également que ce soit Auguste qui ait pu octroyer la citoyenneté romaine aux membres de
l’aristocratie locale tout en les inscrivant dans la tribu Galeria et dans la tribu Quirina et cela à deux
périodes différentes de son règne120. Pour autant, aucun élément tangible ne permet d’affirmer
l’existence d’un traité entre le pouvoir romain et Volubilis, mais des rapports réels ont été établis.

L’existence de liens étroits entre Volubilis et Rome, avant la conquête, présente donc un intérêt pour
notre réflexion. En effet, si l’influence romaine s’est exprimée au niveau institutionnel et juridique, il
faut envisager qu’elle ait aussi pu jouer un rôle fondamental dans d’autres domaines, notamment
religieux et artistique. Il existe, en effet, un autre aspect qui pourrait préciser l'influence gréco-
romaine. Cette dernière est particulièrement sensible à l'intérieur des maisons privées et se mesure par
l'importation d'œuvres d'art. De riches collections de bronzes antiques proviennent des divers sites du
Maroc, et notamment de Volubilis.

Ibid., p. 338 : Seule Tingi se détache à cette époque, puisqu’elle obtient la citoyenneté romaine, peut-être le statut de
21

municipe.
10
Conclusion

Le Maroc avant l’arrivée de l’islam a connu différentes civilisations, la plus documenté et celle de la
période romaine qui a laissé des monuments jusqu’à aujourd’hui. Bien avant la conquête directe
entreprise par Rome en 40 apr. J.-C., les effets de la romanisation avaient commencé à pénétrer la
Maurétanie Tingitane. Dans le cas particulier de Volubilis, cette romanisation, même si elle est
minime, est néanmoins perceptible. C’est ce qu’a démontré l’étude des liens juridiques établis avec
Rome, sur les éléments artistiques ainsi que sur les choix politiques opérés par une partie des
Volubilitains lors du conflit qui touche la ville en 40-41 apr. J.-C. Ainsi, l’existence de citoyens
romains, la présence d’institutions calquées sur celles des cités romaines et l’hypothétique foedus entre
Volubilis et Rome sont des signes concrets des voies empruntées par Volubilis. Ces dernières ont
préparé sa transformation de ville maurétanienne en ville romaine. La découverte sur le site d’œuvres
d’art, où l’influence gréco-romaine est évidente, constitue aussi les marques visibles de cette adhésion
à la sphère romaine. La question qui se pose quelle est le destin de cette romanisation au cours de
l’histoire ?

11
Bibliographie :

Ouvrages :

Hublin, Jean Jacques, "Northwestern African middle Pleistocene hominids and their bearing on the
emergence of Homo Sapiens",2010.
C. R. Pennell, "Morocco: From Empire to Independence", 2003.
Emily Gottreich, Jewish Morocco: a history from pre-Islamic to postcolonial times, London: I.B. Tauris,
2020.
Marion J., « La population de Volubilis à l’époque romaine », BAM, 4, 1960.
Lenoir, « Histoire d’un massacre »,1989.
Cuq E., « La cité punique et le municipe de Volubilis », CRAI, 1920.

Février J., « Inscriptions puniques du Maroc ».


Christol, Gascou, « Volubilis, cité fédérée ? ».
Revues :
"Moroccan dynastic shurfa'‐hood in two historical contexts: Idrisid cult and 'Alawid power"., Le
Journal des études nord-africaines. 6 (2), 2001.
G. Camps, « Bocchus », Encyclopédie berbère, 10 | Beni Isguen – Bouzeis, Aix-en-Provence, Edisud,
décembre 1991.
Sites web :
https://bit.ly/3GZOazk (‫ اليوم السابع‬- ‫( ليكسوس مدينة التفاح الذهبي في المغرب‬archive.org), consulté le 24/01/2021.
https://bit.ly/3fQJ9gz (The Periplus of Hanno; a voyage of discovery down the west African coast: Hanno:
Internet Archive), consulté le 24/01/2021.

12
Table des matières
Remerciements : ................................................................................................................................................... 1
Sommaire : ....................................................................................................................................................... 2
Introduction : ................................................................................................................................................... 3
Chapitre I : Le scène historique marocaine avant l’Islam :................................................................................ 4
Section 1 : La période phénicienne et carthaginoise : ................................................................................ 4
Sous-section 1 : La période phénicienne : ................................................................................................. 4
Sous-section 2 : La période carthaginoise : ............................................................................................... 5
Sections 2 : La période du royaume de Maurétanie et de la Maurétanie tingitane : .......................... 6
Sous-section 1 : La période du royaume de Maurétanie : ......................................................................... 6
Sous-section 2 : La période de la Maurétanie tingitane : .......................................................................... 6
Chapitre II : La sphère juridique du Maroc pendant l’empire romain (Volubilis comme exemple) : ................. 7
Section 1 : La citoyenneté romaine .................................................................................................................. 7
Section 2 : La romanisation institutionnelle et juridique .......................................................................... 8
Sous-section 1 : La romanisation institutionnelle : ................................................................................... 8
Sous-section 2 : La romanisation juridique : ............................................................................................. 9
Conclusion ...................................................................................................................................................... 11
Bibliographie : ................................................................................................................................................ 12
Table des matières ................................................................................................................................................ 13

13

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