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Histoire des Berberes d’après ibn khaldoun

Histoire des Berberes (Tome 1 Pages 199 et suivantes) Ibn Khaldoun "Citons ensuite les vertus qui font
honneur à l’homme et qui étaient devenues pour les Berbères une seconde nature ; leur empressement à
s’acquérir des qualités louables, la noblesse d’âme qui les porta au premier rang parmi les nations, les
actions par lesquelles ils méritèrent les louanges de l’univers, bravoure et promptitude à défendre leurs hôtes
et clients, fidélité aux promesses, aux engagements et aux trairés, patience dans l’adversité, fermeté dans les
grandes afflictions, douceur de caractère, indulgence pour les défauts d’autrui, éloignement pour la
vengeance, bonté pour les malheureux, respect pour les vieillards et les hommes dévots, empressement à
soulager les infortunés ; industrie, hospitalité, charité, magnanimité, haine de l’oppression , valeur déployée
contre les empires qui les menaçaient, victoires remportées sur les princes de la terre,dévouement à la cause
de Dieu et de la religion ; voilà, pour les Berbères ; une foule de titres à une haute illustration, titres hérités
de leurs pères et dont l’exposition ; mise par écrit, aurait pu servir d’exemple aux nations à venir, Que l’on
se rappelle seulement les belles qualités qui les portèrent au faîte de la gloire et les élevèrent jusqu’aux
hauteurs de la domination, de sorte que le pays entier leur fut soumis et que leurs ordres rencontrèrent
partout une prompte Obéissance.
Parmi les plus illustres Berbères de la première race, citons d’abord Bologguin-Ibn-Ziri le Sanhadjien qui
gouverna l’Ifrikïa au nom des Ftémides : nommons ensuite Mohamed-Ibn-Khazer et son fils EI- Kheir,
Youçof-Ibn Tachefin, rot des Lemtouna du Maghreb, et Abd el Moumen Ibn Ali, grand cheikh des
Almohades et disciple de L’imam ÉI-Mehdi. Parmi les Berbères de la seconde race on voit figurer plusieurs
chefs éminents qui, emportés par une noble ambition, réussirent à fonder des empires et à conquérir le
Maghreb central et le Maghreb-el-Acsa. D’abord Yacoub lbn-Abd EI-HACK, sultan des Beni-Merin ; puis,
Yaghmoracen-Ibn-Zîan, sultan des Béni Abd-el-Ouad ; ensuite, Mohammed-Ibn.Abd-el-Caouï-Ibn-
Ouzmar , chef des Béni-Toudjîn. Ajoutons à cette liste le nom deThabet-Ibn-Mendïl, émir des Maghraoua,
établis sur le Chélif, et celui d’Ouzmar-Ibn-Ibrahim, chef des Beni-Rached ; tous princes contemporains,
tous ayant travaillé, selon leurs moyens pour la prospérité de leur peuple et pour leur propre gloire. Parmi les
chefs berbères voilà qui possédèrent au plus haut degré les brillantes qualités que nous avons énumérées, et
qui, tant avant qu’après l’établissement de Ieur domination, jouirent d’une réputation étendue, réputation qui
a été transmise à la postérité par les meilleures autorités d’entre les Berbères et les autres nations, de sorte
que le récit de leurs exploits porte tous les caractères d’une autheticité parfaite. Quant au Zèle qu’ ils
déployèrent à faire respecter le présriptions de l’islamisme, à se guider par les maxims de la loi et à soutenir
la religion de Dieu ; on rapporte, à ce sujet, des faits qui démontrent la sincérité de leur foi, leur orthodoxie
et leur ferme attachement aux croyances par lequelles ils s’étaient assurés la puissance et l’empire. Ils
choisissaient d’habiles précepteurs pour enseigner à leurs enfants le livre de Dieu, ils consultaient les
casuistes pour mieux connaître les devoirs de l’homme envers son céateur . Ils cherchaient des Imams pour
leur confier le soin de célébrer la prière chez les nomades et d’enseigner le Coran aux tribus ; ils
établissaient dans leurs résidences de savants jurisconsultes, chargés de remplir les fonctions de cadi ; ils
favorisaient les gens de piété et de vertu, dans l’espoir de s’attirer la bénédiction divine en suivant leur
exemple ; ilS demandaient aux saints personnages le secours de leurs prières ; Ils affrontaient les périls de la
mer pour acquérir jes mérites de la guerre sainte ; ils risquaient leur vie dans le service de Dieu, et ils
combattaient avec ardeur contre ses ennemis. Au nombre de ces princes on remarque au premier rang
Youçof-Ibn-Tachfin et Abdelmoumen-Ibn-Ali ; puis viennent leurs descendant et ensuite Yacoub-Ibn-Abd-
el-Hack et ses enfants. Les traces qu’ils on laissées de leur administration attestent le soin qu’ils avaient mis
à fair fleurir les sciences, à maintenir la guerre sainte, à fonder des écoles, à élever des Zàouïa et des Ribat, à
fortifier les frontières de l’empire, à risquer leur vie pour soutenir la cause de Dieu, à dépenser leurs trésors
dans les voies de la charité, à s’entretenir avec les savants, à leur assigner la place d’honneur aux jours
d’audience publique, à les consulter sur les obligations de la religion, à suivre leurs conseils dans les
événements politiques et dans les affaires de la justice, à étudier l’histoire des prophètes et des saints, à faire
lire ces ouvrages devant eux dans leurs salons de réception, dans leurs salles d’audience et dans leurs palais,
à consacrer des séances spéciales au devoir d’entendre les plaintes des opprimés, à protéger leurs sujets
contre la tyrannie des agents du gouvernement, à punir les oppresseurs, à établir au siège du khalifat et du
royaume, dans l’enceinte même de leurs demeures, des oratoires où l’on faisait sans cesse des invocations et
des prières, et où des lecteurs stipendiés récitaient une certaine portion du Coran tous les jours, matin et soir.
Ajoutons à cela qu’ils avaient couvert les frontières musulmanes de forteresses et de garnisons, et qu’ils
avaient dépensé des sommes énormes pour le bien public, ainsi qu’il est facile de le reconnaitre à l’aspect
des monuments qu’ils nous ont laissés. Faut-il parler des hommes extraordinaires, des personnages
accomplis qui ont paru chez le peuple berbère ? alors, on peut citer des saints traditionnistes à l’à.me pure et
à l’esprit cultivé ; des hommes qui connaissaient par coeur les doctrines que les Tabês et les Imams suivants
lavaient transmises à leurs disciples ; des devins formés par la nature pour la découverte des secrets les plus
cachés. On a vu chez les Berbères des choes tellement hors du commun, des faits tellement admirables, qu’il
est impossible de méconnaître le grand soin que Dieu a eu de cette race ..."
Algérie[modifier]
Des sites archéologiques révélèrent des ossements d’hominidés dont les dates obtenues par
archéomagnétisme remontent jusqu’à 2 millions d’années. Les chercheurs y ont vu la présence de l’Homo
habilis et de l’Homo erectus (appelé auparavant Atlanthrope) au début du Paléolithique. Le site de Aïn El
Ahnech (la source du Serpent) à El Eulma dans la Wilaya de Sétif, ex Saint-Arnaud fut découvert le premier
homo habilis[7].
Au Paléolithique moyen, les industries lithiques caractéristiques de l'Atérien sont reconnaissables par la
présence de pièces à pédoncule. L'évolution des formes humaines depuis l’Homo erectus a abouti à
l'apparition de l'Homo sapiens de type archaïque, ancêtre de la forme humaine actuelle.
Le Paléolithique finit avec l'Ibéromaurusien, connu en particulier par les fouilles menées dans la grotte
d'Afalou, en Kabylie, qui ont révélé l'existence à cette période (il y a 20 000 ans à 10 000 ans environ) d'un
art mobilier (petites statuettes zoomorphes) et d'enterrements.
Les derniers chasseurs-cueilleurs sont représentés dans le nord de l'Algérie par les Capsiens, attestés jusqu'à
il y a 8 000 ans. Les modalités de passage à l'économie de production (et donc au Néolithique) sont très mal
connues dans le nord.
Dans le sud Sahara, le Néolithique est une période florissante en raison d'un climat globalement plus humide
que l'actuel et donc d'une flore et d'une faune beaucoup plus riche. De plus, les êtres humains de cette
période ont gravé et peint les parois des abris. La chronologie exacte de cet art est très discutée et
notamment la date de son apparition (il n'existe pas de moyen de le dater directement). Certains chercheurs
pensent qu'il est apparu dès la fin du Pléniglaciaire, au Paléolithique, tandis que d'autres ne le pensent pas
antérieur au Néolithique.
Les Aurès comprennent plusieurs vestiges qui ont été trouvés dans plusieurs endroits et qui datent de l'ère
préhistorique à la période protohistorique[8]. Plusieurs recherches anthropologiques ont été entreprises dans
les régions des Aurès dont l'ouvrage les Chaouis de l'Aurès par Barret en 1938.
La découverte des escargotières près de Tebessa et de l'homme ibéromaurusien voir Atérien, Mecheta Aflou,
qui ressemble bien à l'homme des Aurès et qui est du type protoméditarrénien[9]. Plusieurs grottes étaient
habitées par les hommes troglodytes à Maafa, Takarbourst dans les Aurès[10] et Ghoufi[11].
Préhistoire (- 1,8 Ma à - 7 500 ans)
Bien que l'histoire elle-même soit un agrégat de périodes, celle-ci est elle aussi précédée d'une protohistoire
et d'une préhistoire. Afin de présenter l'évolution d'un passé qui débouche sur l'histoire, cette partie de
l'article retrace brièvement la fin de la préhistoire de l'Algérie.
Les premières traces de peuplement d'hominidés en Algérie remonteraient à environ deux millions d'années
av. J.-C.
Site d'Aïn El Ahnech (- 1,8 M) Le site d' Aïn El Ahnech, dans la wilaya de Sétif est considéré comme le
plus ancien gisement archéologique d'Afrique du Nord.
L'âge des vestiges est évalué par archéomagnétisme à 1,8 million d'années, coïncidant avec la période
présumée de l'apparition de l'Homo habilis.
Site de Tighennif (- 800 000 à - 400 000 )
Articles détaillés : Tighennif et Atlanthropus.
Le site acheuléen de Tighennif (anciennement Ternifine), dans la wilaya de Mascara, a livré des vestiges
dont l'âge est évalué entre 800 000 et 400 000 av. J.-C. Parmi ces vestiges, composés essentiellement
d'ossements animaux et d'objets de pierre taillée, les archéologues ont découvert les ossements d'Hominidé
qui ont conduit à la définition de l'Atlanthrope, aujourd'hui considéré comme un Homo erectus.
L'Atlanthrope avait un cerveau plus petit que celui de l'homme moderne et une mâchoire plus puissante, et il
était un contemporain d'autres variantes de l'Homo erectus telles que le Pithécanthrope de l'île de Java.
L'Atlanthrope vivait de la cueillette et de la chasse et se déplaçait fréquemment dans sa quête de nourriture.
Il a occupé le Maghreb central durant plusieurs millénaires et fabriquait des bifaces et des hachereaux ainsi
que plusieurs autres outils.
Il disparaît vers 250 000 av. J.-C. En effet, c'est vers cette période, que l’Homo erectus disparaît après près
de 2 millions d'années d'existence (probablement en évoluant vers Homo heidelbergensis en Europe). Le
peuplement de l'Algérie se compose alors exclusivement d'Homo sapiens, originaires de la corne de
l'Afrique, qui occupent le Maghreb central pendant 150 siècles, de 250 000 à 50 000 av. J.-C., soit jusqu'à la
fin du Paléolithique moyen. À partir de - 50 000 et jusqu'à - 20 000 av. J.-C., l'Acheuléen cède la place à
l'Atérien.
L'Atérien (- 50 000 à – 7 500 )
Articles détaillés : Atérien et Ibéromaurusien.
Correspondant globalement au Paléolithique moyen et supérieur, l'Atérien a été défini à partir de vestiges
mis au jour dans le site éponyme de Bir el-Ater, dans la wilaya de Tébessa. Il dure d'environ – 50 000 ans
jusqu'à la révolution néolithique vers 7 500 av. J.-C. Durant cette période, vers 20 000 av. J.-C., de fortes
pluies tombent au Sahara et au Nord de l'Algérie, créant ainsi un climat très humide, et favorisant le
développement des populations d'éléphants, de girafes, de rhinocéros et autres, que les Atériens chassent en
grands nombres.
Les fouilles archéologiques ont mis en évidence des armes probablement de chasse, très raffinées, faites de
pierre, de bois et même de cordage, ce qui donne à penser qu'une civilisation très active habitait le site de Bir
el-Ater. Les premières industries de fabrications de pointes de lances en Berbèrie sont introduites par les
Atériens et sont appelées Oraniennes (également Ibéromaurusienne). Ces industries semblent être apparues
vers 15 000 ans av. J.-C. aux alentours d'Oran, dans l'Ouest algérien, avant de se propager sur toute la côte
Berbèrienne durant les 5 millénaires qui suivent.
L'Atérien disparaît vers 7 500 av. J.-C., lors de la révolution néolithique. L'Homme de Néandertal a
longtemps été considéré comme l'auteur de l'Atérien mais cette espèce est désormais perçue comme
exclusivement eurasiatique. Il est probable que des Homo sapiens archaïques aient produit les outils atériens.
Avec la révolution néolithique apparaissent des sociétés sédentaires qui produisent leurs nourritures grâce à
l'agriculture et à la domestication. En Algérie, cette révolution débouche sur la civilisation capsienne.
Protohistoire (-7500 à -2000 ans), La civilisation capsienne
La civilisation capsienne, ancêtre des Berbères, apparaît avec la révolution du Néolithique entre 9 000 et 7
500 av. J.-C. et dure jusqu'à l'apparition de l'âge du fer vers 2000 av. J.-C. Les Capsiens, ancêtres directs des
Numides Berbères, apparaissent dans le sud constantinois d'abord, avant de se répandre dans l'ensemble de
la Berbèrie. Les Capsiens qui habitaient des campements faits de huttes et de branchages s'installaient
généralement sur des sites à proximité d'un oued ou d'un col montagneux. À cette époque la plupart du la
Berbèrie ressemblait à une savane, comme en Afrique de l'Est aujourd'hui, avec des forêts méditerranéennes
uniquement en haute altitude.
Les Capsiens furent les premiers en Afrique du Nort à domestiquer les ovins, ils fabriquèrent divers objets, y
compris des objets d'art décoratifs et des bijoux, tels que des colliers à partir de coquillages marins et
diverses peintures abstraites et figuratives. Les Capsiens se nourrissaient d'ovins et de bovins, ainsi que de
produits agricoles, mais également d'escargots : En effet de vastes dépôts de coquilles vides d'escargots
datant de l'époque capsienne furent retrouvés, notamment à Mechta Sidi El Arbi dans la wilaya de
Constantine. Du point de vue anatomique les Capsiens étaient composés de 2 types ethniques : les Mechta
Afala et les Proto méditerranéens dont certains pensent qu'ils auraient émigré de l'est. La culture Capsienne
est reconnue par les historiens linguistes comme l'ancêtre des langues berbères en Afrique du Nord, et la
décoration de poterie capsienne est d'une grande ressemblance avec la décoration moderne de poterie
berbère. Peu de choses sont connues de la religion des Capsiens. Toutefois, leurs pratiques funéraires
(monticules de pierres, et de peintures figuratives) suggèrent que ces derniers croyaient en une vie après la
mort.
Vers 3000 avant J.-C. les Capsiens commencèrent à migrer au sud de l'Atlas tellien et s'installèrent au-delà
de l'actuel Batna et progressivement jusqu'au confins du Sahara qui se situaient à l'époque plus au Nord, vers
l'actuel Tamanrasset. Durant cette même période le Sahara s'est rapidement asséché, devenant un désert
extrêmement aride, comme on le connait de nos jours. L'actuelle Algérie n'ayant pas connu l'âge du bronze,
à l'instar de toute l'Afrique, la civilisation capsienne survit jusqu'au début de l'âge du fer, avec l'apparition
des fournaises vers 1500 avant JC. Les Capsiens ayant migré au Sahara laissent derrière eux des peintures
rupestres magnifiques comme celles du Tassili N'adjjer datant de la période -5000 à –1500 ou celles de la
région d'El-Bayadh et témoignant du mode de vie, de la chasse, de l'agriculture et des rites capsiens, ainsi
que de l'assèchement complet du Sahara qui commença à partir de –3000 et coïncida avec leur période.
L'aridité du désert qui a suivi cette civilisation a permis de conserver naturellement ces œuvres dans des
musées à ciel ouvert et cela à travers plusieurs millénaires. Aujourd'hui le contraste entre la luxuriance de la
faune peinte sur ces peintures et l'aridité actuelle du désert du Sahara renforce encore leur attrait historique
et artistique. Malheureusement, ces peintures sont de nos jours menacées par la fréquentation touristique des
sites rupestres du Sahara et les dégradations qui en découlent.
Courte histoire des Berbères
Le passé Berbère remonte à la nuit des temps mais si les Berbères revendiquent une présence au Maghreb,
vieille de plus de cinq mille ans, leur nom n’est apparu qu’en des temps beaucoup plus proches de nous.
Leur communauté s’étend de la frontière égypto-libyenne à l’Atlantique et des côtes méditerranéennes au
Niger, au Mali et au Burkina. Les populations qui s’installent peu après dans la région, probablement
originaires d’Europe et d’Asie, donnent naissance aux ancêtres des Berbères. On sait peu de choses de ces
peuples, dont la langue dite libyque est quasi indéchiffrable et présente des similitudes avec le Tifinagh des
Touareg.
La période romaine.
Les Phéniciens, venus de l’actuel Liban, fondent vers 1100 av. J.C., sur la côte atlantique le comptoir de
Lixus (aujourd’hui Tchemmich), puis plus près du détroit, ceux de Tingis (Tanger) et d’Abyle, Casablanca
ou Russadir (Melilla). Les Berbères entrent en relations commerciales intermittentes avec eux. Ils subissent
ensuite l’influence des Carthaginois (descendants des Phéniciens) qui fondent des comptoirs sur la côte
méditerranéenne. Les carthaginois, qui commercent pendant plusieurs siècles avec les Berbères, leur
apportent non seulement l’or, la vigne et certaines méthodes agricoles, mais aussi de nouveaux rites
religieux. Au IIIème siècle av. J.C., sur le peuple des Massyles établis entre Constantine et l’actuelle
frontière tunisienne, règne le premier roi berbère connu, Masinissa, qui avec l’alliance des Romains, fonde
le royaume de Numidie. En échange Massinissa apporte son aide à Scipion l’Africain contre Carthage : ce
sont les guerres puniques dont Tite Live a rendu compte dans ses fameux écrits. Qui n’a pas en tête la
fameuse imprécation de Caton l’Ancien devant le Sénat : « Carthago delenda est ! » (Carthage doit être
détruite !), qui n’a pas entendu parler d’Hamilcar, d’Hannibal, d’Hasdrubal et des romains Scipion
l’Africain et Scipion Emilien qui les battirent ? Jugurtha, neveu de Massinissa, entra au contraire en
rébellion contre Rome. Arrivé dans la capitale, il lança une phrase fameuse « Tout est à vendre ici ». Un
affront qui ne lui fut jamais pardonné puisqu’il fut livré aux romains par le roi berbère (Algérie, Maroc), jeté
en prison et étranglé dans sa cellule. A la chute de Carthage, en 146 av. J.C., les romains s’imposent
militairement dans tout le Maghreb.
Durant la période romaine, la région est mise en valeur : des routes sont construites, des villes, telle
Volubilis, sont fondées. L’agriculture se développe et le commerce prospère. Après la chute de Jugurtha, les
romains donnent aux berbères une partie de la Numidie. De 25 à 23 av. J.-C., Juba II, un souverain berbère
romanisé, savant et collectionneur d’objets d’art, administre la Maurétanie. L’empereur Auguste le marie à
Cléopâtre Séléné, fille de la grande Cléopâtre. Il fait de sa capitale Césarée (Cherchell), une belle cité, avec
une cour humaniste remplie d’artistes grecs. Vers 42 apr. J.-C., l’empereur Claude Ier annexe l’ensemble de
la Maurétanie à l’Empire romain ; elle est divisée en deux provinces : la Maurétanie Tingitane (de Tanger),
correspondant au Maroc actuel et que dirige le fils de Juba, Ptolémée, et la Maurétanie Césarienne
(l’Algérie). A l’est il y a la Numidie (le Constantinois) et l’ Ifriqya (la Tunisie). Les Romains, qui ne
contrôlent véritablement que la partie septentrionale (Volubilis) en raison de l’hostilité des montagnards
berbères, se replient sur la région de Tanger, qui est rattachée, sous le règne de Dioclétien, à l’Espagne
méridionale (285).
En 435, les Vandales, vainqueur des Romains, prennent le contrôle de vastes territoires (aujourd’hui
l’Algérie et le nord du Maroc). En 439, ils conquièrent Carthage dont ils font leur capitale. La flotte vandale
est souveraine en Méditerranée occidentale : pillage des îles méditerranéennes, des côtes espagnoles, voire
de la ville de Rome (477). Ils ne réussissent pas à établir leur domination sur les Romains d’Afrique et sur
les Berbères. En 533, l’empereur byzantin Justinien Ier envoie le général Bélisaire les combattre. Vaincus en
534, ils sont déportés et enrôlés dans les troupes byzantines. De nombreux noyaux de résistance berbères
localisés dans les régions montagneuses subsistent après l’élimination des Vandales.
La conquête de l’Islam.
Bien des régions, supportant mal l’omnipotence des fonctionnaires de l’Empire Bysantin et l’extrême
centralisation du système, vont faire bon accueil aux idées d’indépendance financière et commerciale
apportées par l’islam. Il semble que, dans leur offensive contre les Byzantins, les troupes arabo-
musulmanes, conduites par Oqba ibn Nafi, atteignent l’Atlantique dès 681. Prônant l’égalité entre tous les
croyants, les tenants de la nouvelle religion manquent de cadres administratifs ; ils les trouvent souvent chez
les « mawalis » : affranchis, lettrés chrétiens et juifs autochtones, Berbères pratiquant le judaïsme, dont
beaucoup finissent par se convertir, échappant ainsi à l’imposition qui touche les « dhimmis », gens du
Livre, (chrétiens et juifs), protégés par l’islam mais soumis à des taxes pour compenser l’interdiction qui
leur était faite de porter les armes. L’implantation arabe est cependant longue et difficile. Les tribus berbères
montagnardes - confédération des Masmouda, établis dans le Haut Atlas occidental, l’Anti-Atlas, le Rif et
les plaines atlantiques, des Sanhadja, du Moyen Atlas, et des Zenata, du Maroc oriental - qui n’ont pas plus
accepté la domination de Byzance que celle de Rome, les obligent à se replier. Les Berbères opposent une
longue résistance, incarnée par le chef de l’Aurès, Koçaila, puis par une femme, (vers 695), la Kahina,
surnommée parfois la Jeanne d’Arc berbère. Les Berbères, au cours du VIIIèmesiècle, se convertissent
massivement à l’Islam : en 711 un groupe de fraîchement convertis passe, sous les ordres de Tariq, le détroit
de Gibraltar (Gebel Al-Tariq). Mais leur résistance continue de s’exprimer par leur adhésion à l’hérésie
kharidjite, ce qui déclenche en 740, une nouvelle révolte.

Les dynasties berbères


Les souverains almoravides sont issus d’un groupe de tribus berbères, les Sanhadja, nomadisant dans le
Sahara, entre Sénégal, Niger et Sud marocain, et converties à l’islam à la fin du IXe siècle. À partir de 1048,
Abdallah ibn Yasin, érudit musulman, fonde, à la demande du chef des Sanhadja, un couvent fortifié (ribat)
au sein duquel les guerriers se préparant à la guerre sainte vivent dans le respect le plus strict des principes
du sunnisme de rite malikite. En 1076, ces guerriers, connus sous le nom de « ceux de ribat » (al-murabitun
en arabe, devenu almoravides), entreprennent la conquête du royaume du Ghana et du Maroc. Leur chef
Yusuf ibn Tachfine, fondateur, vers 1060, de la ville de Marrakech, réalise, entre 1063 et 1082, l’unification
du Maroc et de l’Ouest algérien. En 1086, il est appelé en Espagne par les princes musulmans des reyes de
taifas, principautés indépendantes, que menacent les progrès de la reconquête chrétienne (Reconquista). Le
2 novembre 1086, Ibn Tachfine bat à Zallaka Alphonse VI d’Espagne, qui a enlevé Tolède aux musulmans
l’année précédente. Entre 1090 et 1094, Ibn Tachfine rétablit l’unité de l’Espagne musulmane. Les
souverains almoravides, se déclarant princes des musulmans, reconnaissent cependant le califat Abbasside
de Bagdad. Champions d’un islam austère, ils protégent la culture de l’Andalousie musulmane et la
diffusent même au Maghreb, où de monumentales constructions religieuses s’inspirent de l’architecture
andalouse, notamment sous le règne d’Ali ibn Yusuf (1106-1142). Dès 1121, cependant, la puissance
almoravide est déstabilisée par le soulèvement des Almohades, au Maroc. En 1147, ces derniers renversent
les Almoravides, qui maintinrent toutefois un royaume aux Baléares, jusqu’en 1202.
Les Almohades (en arabe, al-Muwahhid, « qui proclame l’unité divine »), dynastie berbère musulmane,
issue d’un mouvement de réforme religieuse, règnent sur le Maghreb et l’Espagne musulmane de 1147 à
1269. Le mouvement almohade est fondé, au début du XIIe siècle, par Muhammad ibn Tumart, un
réformateur berbère de l’Anti-Atlas. S’opposant au rite malikite pratiqué par les Almoravides, Ibn Tumart
prêche le retour aux sources religieuses de l’islam ; formé en Orient et influencé par le chiisme, il leur
reproche d’avoir délaissé l’étude du Coran pour un juridisme excessif. Depuis les montagnes du Haut-Atlas,
il organise une communauté militaire et religieuse autour d’un islam austère et rigide et, en 1121, se
proclame mahdi (imam caché dont la venue est attendue par les chiites). Après la mort d’Ibn Tumart en
1130, un de ses disciples, Abd al-Mumin, lance la guerre sainte, ou jihad, contre le Maghreb almoravide.
Tlemcen, Fès puis Marrakech sont prises et la dynastie régnante tombe en 1147. Abd al-Mumin (1130-
1163) est désormais à la tête d’un empire englobant toute l’Afrique du Nord jusqu’à la Tripolitaine et
l’Espagne méridionale par la prise de Cordoue en 1148 et de Grenade en 1154. Il se proclame calife, rejetant
ainsi la suzeraineté des Abbassides et impose le principe d’une hérédité dynastique peu avant sa mort, ce qui
permet à son fils, Abu Yaqub Yusuf (1163-1184), d’achever la conquête de l’Espagne musulmane. La
puissance almohade commence à décliner après la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 lorsque les
armées chrétiennes de Castille, d’Aragon et de Navarre défont le IVe calife, Muhammad al-Nasir (1199-
1213). En 1236, Cordoue, la ville symbole de l’islam espagnol, se rend, tandis que les dissensions au sein du
cercle dirigeant s’aggravent. Différentes provinces de l’empire se proclament indépendantes et des dynasties
locales s’imposent, comme les Mérinides qui, en 1269, s’installent à Marrakech et établissent leur
domination sur le Maroc. Cet émiettement de l’empire sonne le glas de la dynastie almohade.
L’intransigeance religieuse des Almohades est à l’origine de persécutions contre les Juifs, convertis de force
à l’islam, et contre la philosophie qui s’est épanouie sous les Almoravides. Maïmonide, célèbre philosophe
juif, émigre en orient puis au Caire où il devient grand rabbin à la cours de Saladin 1er. Rapidement,
cependant, les successeurs du mahdi goûtent au luxe de l’Andalousie et la cour almohade renoue avec la
tradition intellectuelle et artistique de l’Espagne musulmane. Le philosophe Averroès est ainsi accueilli à la
cour d’Abu Yaqub Yusuf. Les Almohades développent une architecture sobre et majestueuse, dont
témoignent le minaret de la mosquée Koutoubia, à Marrakech, et la Giralda à Séville.

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