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UNIVERSITE SETIF 1

INSTITUT ARCHITECTURE SCIENCES DE LA TERRE


DEPARTEMENT ARCHITECTURE

Résumé de cours H.A


MASTER ARCHITECTURE

Alikhodja.N 2014
Programme :
1-Le modèle de la cité traditionnelle au Maghreb.
2- La structure du territoire à la veille de la colonisation, rappel d’élément
d’architecture locale.
3- Transformations coloniales ou le choc de deux structures territoriales et
l'urbanisme colonial.
4- L‘Architecture coloniale
• néoclassique officiel « savoir-faire importé »
• Le néo-mauresque et son style référentiel «rencontre des
savoir-faire »
5- Architecture moderne en Algérie « la quête d’un savoir-faire »
6- Le plan de Constantine et situation à l’indépendance.
7- Mutations territoriales et urbaines post indépendance
8- Expériences et Production architecturale « une approche critique ».

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PARTIE 1
LA CITE TRADITIONNELLE AU MAGHREB : LE MODELE ?

La spécificité de l'urbanisme de la société arabo-musulmane a depuis longtemps fait l'objet de


plusieurs réflexions qui ont permis d'apprécier de façon rigoureuse sa structure et sa
configuration.
L’existence d’un modèle type pour l’ensemble de la civilisation musulmane a été
longuement contestée par un certain nombre de chercheurs, et notamment des historiens, qui
trouvent de leur part que le rapprochement et les similitudes faites sur ces espaces, émanent
surtout d’une lecture morphologique, niant à ces ensembles historiques toutes les différences
profondes existantes entre leurs contextes historiques et régionaux.
Des études comparatives ont révélé cependant, l’existence des structures communes entre les
médinas à la veille de la conquête coloniale, bien qu’il y ait de véritables différences
contextuelles, mais ces « formations urbaines arabo-islamiques», présentent de nombreux traits
caractéristiques communs.
Donc est-ce qu’on peut parler d’un « modèle arabo-musulman » ? Existe-t-il une manière de
penser, et produire l'espace - et l'espace urbain en particulier - dans ce type de société ?
Il y avait deux formes d’hiérarchie distinctes; l’une spatio-fonctionnelle entre la médina et sa
campagne qui l’entoure dans une relation de symbiose ; L’autre, socio spatiale à l’intérieur
même de la médina entre son centre et sa périphérie, de façon conviviale.
Contrairement à la morphologie apparente, qui n’obéit à aucune logique géométrique
classique, la cité arabo-musulmane est caractérisée par un ordre urbain
Subtil, qui lui est propre basé sur une combinaison de plusieurs ordres : social, économique,
culturel et éthique.
Leur configuration actuelle héritée n’est pas authentique, elle émane elle aussi de plusieurs
transformations, et remodelages, dans le respect du principe Radioconcentrique, et des valeurs
sociales.

Toute l’organisation urbaine semble favoriser, la protection de la demeure et de son intimité,


qui avait tout son poids dans l´urbanisme musulman.
Le tout est distribué de façon rationnelle par une série de voies réparties graduellement selon
une logique normative propre à la cité(de la voie principale, vers la secondaire vers la tertiaire,
vers l’impasse), selon une hiérarchie fonctionnelle, et un découpage zonal, donnant des entités
relativement autonomes sous forme de quartiers, reliés entre eux par le biais d’une zone
tampon, formée par le centre, tout en créant également deux espaces à fonctionnement
distincts,
Le centre lieu privilégié pour la grande mosquée et les activités nobles, et la périphérie ou se
décampent les commerces et les industries salissantes.
L’ordre social trouve sa reconnaissance dans l´ordre urbain
Ce concept de cité islamique est souvent contesté et controversé.
Pour la cité islamique au Maghreb il y a :

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Les éléments constants: La majorité des établissements humains islamiques se sont implantés
dans une zone géographique présentant les mêmes caractéristiques climatiques et avec un
facteur commun c’est la religion (code social).
Les éléments variables sont éléments qui dépendent du développement historique de chaque
cas.

Formation
a) Formation spontanée: occupation progressive du territoire
- Progression linéaire.
- Progression en tache d’huile.
Ce premier mode s’explique par le réseau viaire irrégulier et ramifié qui irrigue la plupart des
noyaux initiaux.
b) Création volontaire: Les règles strictes de la religion n’ont pas empêché les autorités
politiques de vouloir affirmer un pouvoir et marquer l’histoire par la création d’une cité; Tel
Foustat en 640 Apj-c, la ville ronde de Bagdad d’El Mansour 762 ap.j-c, Meknès Xème Siècles et
les villes indiennes des 16 eme et 18 eme siècles.

Le dessin du plan a pour origine le choix du site et le tracé de l’enceinte. Le tracé était plus ou
moins régulier.

Etapes de création

1- Choix du site

2- Tracé de la muraille

3- percé des portes

4- une aire de sécurité intérieure

5- Mosquée centrale.

6- organisation hiérarchisée

Evolution

La cité présente une image constante et homogène dans sa globalité, juxtaposition de sous
ensemble présentant les mêmes caractéristiques. Chaque quartier est en quelque sorte une
réduction de la ville dans tous ses concepts. La vocation « fonction » de ces quartiers peut par
contre différer.

L’espace végétal se constitue selon deux échelles:

- Système de jardins privés, Ryad, Patio,...

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- Mise en valeur des zones périphériques, DJENAN,...

La croissance spatiale est une densification du tissu sur lui-même entraînant la disparition
progressive de l’espace libre.

Les facteurs de développement (Qui font qu’une ville se développe et pas une autre) sont :

- Economique: Fès, Djeddah, Damas,...

- Politique, administratif: Grenade, Istanbul,...

- Militaire: Rabat, Le Caire,...

Mais généralement le développement des villes est dû à la combinaison de ces différents


facteurs.

Ce développement peut prendre plusieurs formes:

- Concentrique lorsque le site se prête: Marrakech,...

- Linéaire, à cause de la présence d’une contrainte majeure (Vallée, cours d’eau,


Rivage,...): Bagdad,...

- En étoile lorsque la cité se trouve dans un carrefour routier ou à cause du relief:


Amman,...

Parallèlement il y a des formes inorganiques telles: Alger, Damas,...

Principes

1- Fermeture: La ville islamique est une totalité fermée. Elle ne part pas à la conquête de
l’espace. Ce principe se reproduit dans le quartier ensuite dans la maison

2- Centralité : À l’échelle de la maison, du quartier ou de la cité le regroupement se fait autour


d’un espace central (Patio, Mosquée, Souk,...) Certains éléments composent la ville islamique.
Ces éléments sont disposés en hiérarchie conventionnelle.

La Médina se compose donc de:

1/ La maison 2/ Le souk 3/ La mosquée

4/ La medersa 5/ La Zaouia 6/ Le hammam

7/ Le mesged 8/ Le foundouk 9/ La oukala

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PARTIE 2
L’ALGERIE PRE-COLONIALE Espace & société

L’espace dans l’Algérie précoloniale était repartie en des entités plus ou moins dépendantes du
dey dans le Dar Esoltane, en des Beylik dont celui d’Oran de Constantine et du titteri.
La régence turque se concentrait dans les entités urbaines: Alger, Constantine, Tlemcen,
Mila,...Par contre le reste du pays était repartie entre les tribus locales selon leurs influences.
Le mode tribale était de mise de même la justice et le code coutumier faisait ordre.

1. La cité: Espace urbain dominé par les turcs et quelques notables autochtones (Arabes,
Berbères,...).
2. Le Tell, les plaines: dominés par les tribus arabes vivant d’une culture extensive de la
terre, de l’activité agro-pastorale, du nomadisme,…

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3. Les montagnes: Peuplés par les tribus berbères, sédentaires, vivant de la culture
intensive de la terre.
4. Le désert: peuplé de tribus mi-sédentaires et nomades, avec la présence de ksour et
palmerais

Société Economie populatio Espace produit


n≅

Urbain Régence Turque Echange, 150.000 Cités, médinas


production

Plaines Tribus arabes Agro-pastoralisme 850.000 tentes, maisons


Culture extensive, éparses
Nomadisme

Montagnes Tribus berbères Culture intensive, 2.000.000 Villages


élevage

Espace Tribus Nomadisme ??? Ksour


oasien Arabe/berbères Culture Éparses oasis,
tentes
L’ALGERIE PRECOLONIALE REPARTITION DES TROIS ENTITES Ref. Marc.Cote L’Algérie,
l’espace retourné.

Indépendamment des biens Beyliks qui sont des terres appartenant à l'Etat turc et que celui-ci
met en exploitation, soit en les louant, soit en les octroyant à des familles ou à des tribus, la
Régence turque a connu différentes catégories de terres.
La plupart des auteurs (sinon tous) s'accordent à distinguer trois grandes catégories
Des terres :
- les terres Melk
- les terres Arch
- Les terres Habous.
Karl Marx avait analysé vers 1879 le processus de dépossession foncière mis en œuvre en
Algérie. Il considérait à ce propos que les terres des plateaux nord-africains étaient auparavant

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la possession indivise des tribus nomades qui les parcouraient, que la propriété tribale y était
transmise de génération en génération et qu’elle ne se modifia qu’à la suite des changements
suivants : « 1. fractionnement (graduel) de la tribu en plusieurs branches ; 2. Inclusion de
membres appartenant à des tribus étrangères. A la question du statut des terres que
parcouraient les tribus nomades a fait l’objet de diverses analyses. Karl Marx estimait qu’elles
étaient les possessions indivises des tribus nomades qui les parcouraient. Karl MARX, « Le
système foncier en Algérie », dans Sur les sociétés précapitalistes (extraits du cahier de notes
datant de 1879 environ), Paris, Éditions sociales, col. « Cahiers du CERM », 1970, p. 384.

Lahouari Addi avance quant à lui que, bien que la terre de la tribu soit un terrain collectif, la
propriété privée des biens et des terres a existé de manière prédominante dans les montagnes
où les terres communales étaient réduites et, dans les plaines, où les troupeaux étaient possédés
privativement.
Lahouari Addi, De l’Algérie précoloniale à l’Algérie coloniale, Alger, OPU, 1985.

ORGANISATION SOCIALE

"L'Afrique du Nord se compose de montagnes où des familles, même très faibles, peuvent se
fixer et se défendre, et de steppes à travers lesquelles les tribus les plus fortes sont forcées de se
déplacer de pâturages en pâturages. Il y a plusieurs degrés entre ces deux manières de vivre : il
est même juste de dire que la plupart des tribus africaines sont plus ou moins nomades, plus ou
moins sédentaires"
MASQUERAY, E, Formation des cités chez les sédentaires de l'Algérie. Alger 1886. p. 15.

Sur l’organisation sociale de la société maghrébine au XVIII et XIX siècles trois modèles ou
discours existe actuellement
Ces démarches scientifique chacune à sa manière.
Elles défendent toutes les trois un certain type de logique.

1- Modèle Khaldunien (logique aristotélicienne)


2- Modèle Marxiste (logique dialectique)
3- Modèle segmentaire (logique kantienne)

1- Modèle Khaldûnien (logique aristotélicienne)


Pas d’opposition ville campagne mais distingue trois groupement les nomades purs, les
nomades-sédentaires et les citadins. Ces groupements sont sur une base de « açabiya ».
Il se base sur une notion cyclique du temps et du déclin des sociétés. Il possède un travail
remarquable d’histoire du Maghreb au moyen âge.

2- Modèle Marxiste (logique dialectique)

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Une société tribo-communautaire, le système tribal est affaiblie par la présence turc mais sans
l’existence d’une féodalisation (le pouvoir politique et militaire se concentrait dans les grandes
cités). Et le modèle de production asiatique MPA , ( MPA: c’est modèle de transition entre le
mode traditionnelle, le féodalisme et le capitalisme, et il se base sur l’implantation et
l’exploitation d’une classe détentrice de moyens et de puissance et de terre au détriment d’une
classe inferieure qui travail et paye un dû) qui n’a pas pris place au Maghreb. En effet en
l’Algérie surtout, il se base sur une économie marchande, et la classe au pouvoir d’origine arabe
et turc ne s’est pas immiscer dans les l’économie des espaces ruraux et plaines se contentant
uniquement de prélever des impôts.
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- Modèle segmentaire (logique kantienne)
Les deux premières approche qui sont aussi macro-historiques tendent à négliger l’organisation
interne des tribus.
Sur la base du patrilignages (ouled flen) ces tribus forment une société segmentaire selon
Durkheim.
Ce système est une structure ou les différents segments ont la double caractéristique d’être
homogènes et semblables
Evans-Pritchard « notion de segmentarité » oxford press 1960.

Les espaces du territoire

1- espace urbain
2- plaines et haut plateau
3- espace montagnard
4- espace oasien

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1- L’Espace urbain: l’armature urbaine de l’Algérie précoloniale était polarisée en des cités
situées surtout à l’intérieur du pays (Introversion), Les cité à l’image de Constantine et de
Tlemcen étaient des pôles d’échanges et de production artisanale que ce soit entre le Nord et le
Sud ou entre l’Est et l’Ouest.
L’organisation urbaine de ces cités ne différait pas beaucoup de celles qui régissaient la plus
part des médinas musulmanes de l’époque ottomane.
Cet espace était le symbole du pouvoir de la richesse et de l’aisance. La population urbaine
représentait à peine 05% de la population totale estimée vers 1820 à 3 Millions d’habitants.

2- L’Espace des plaines: A domination presque exclusivement arabes, ces territoires immenses
étaient réparties entre les tribus selon le principe du bien Arch (‫) ش‬, l’élevage et l’activité
agro-pastorale était dominante, l’attachement du sang l’emporté sur l’attachement à la terre, ce
qui explique peut-être le besoin des grands espaces pour ces tribus. Cet espace est symbolisé
par l’honneur, le sens de la tribu, le courage et la loyauté. La population de cet espace

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représentait environ entre 30-35 % de la population totale. L’architecture produite est assez
élémentaire de la Tente à la maison éparse, les modèles se ressemblaient avec un même
principe d’introversion.

3-L’espace des montagnes: en fait et contrairement à ce que l’on peut croire la sédentarisation
dans les montagnes est très ancienne, de milliers d’années avant l’arrivée des premiers
musulmans. Ce phénomène est remarquable sur les périphéries du bassin méditerranéen. Cette
occupation peut s’explique par le fait que la montagne regroupe nombre d’avantages: Plus ou
moins facile à exploiter, Air saint loin des marécages et foyer d’infections que présentent les
plains, loin des inondations... au-delà de ça c’est dans les considérations sociales qu’il faut
recherché la cause: Une partie de la population se voulait sédentaire avec une pratique
intensive de l’agriculture et un fort attachement à la terre (Statut Melk) ( ‫)أرض‬. Sans
toutefois nier le coté sécuritaire qui était automatique car la montagne ( ‫ )ا‬dans notre société
depuis la nuit des temps à nos jours est symbole de résistance et de lutte.
4- l’Espace oasien : C’est les territoires du sud qui suivent une logique d’établissement sur la
denrée la plus rare « l’eau », formant des Ksour et autre cité (avec leurs fonctions d’escale route
de l’or, de refuge et de production). Une vision fausse dans l’imaginaire traditionnel, l’espace
oasien est souvent assimilé au havre de paix, à l’îlot protégé de l’hostile désert. Pourtant c’est un
territoire très dynamique et structuré.

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PARTIE 3

L’architecture précoloniale en Algérie dite aussi « traditionnelle » est une architecture


mineures très souvent déclassifier et sous étudier par les grandes écoles de style et
d’architecture occidentale. Dans cette introduction la présentation abordera sommairement
l’architecture domestique non pour des raisons scientifiques mais pour une raison strictement
pédagogique.
Ces maison sont rassemblé en groupes régionaux, ces ensembles n’obéissent à aucune logique
typologique et peuvent donc regroupés des maisons et d’architecture assez différentes dans
leurs modèles et structure.

La maison des médinas (urbaines) : La maison a des façades sobres, presque aveugles, de
hauteur limitée. Elle est un volume fermé sur extérieur de couleur clair (blanche ou jaunâtre
cela dépend des régions), elle prend la lumière à partir du wast-ed-Dar qui sert de ventilation et
espace semi privé par excellence couvert ou découvert selon les régions aussi.Les maisons sont
généralement élevées d’un rez-de-chaussée plus un étage avec un stah (terrasse) à Alger et une
toiture incliné en tuile romaine dans le constantinois et l’ouest du pays.

Eléments de permanences:

• Centralité
• Introversion de l'espace bâti
• Façades aveugles.
• des encorbellements
• Entrées en chicane (skiffa).
• Disposition des pièces autour d'un patio (west dar) entouré de galeries en Arc.
• Façades intérieures richement décorées.
• L'emploi des arcs et coupoles.
• Emploi de la céramique (zellidj) de couleurs et motifs variables selon les régions.

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La maison saharienne et ksourienne se caractérise par :

• Toiture représentée en voûte on en coupole et parfois en terrasse


• Mitoyenneté de chaque maison avec les trois autres
• L’orientation des pièces pour permettre le nomadisme saisonnier
• Présence de cours à taille réduite couverte et protégé
• Fenêtres donnant sur la cour
• Dimensions réduites des ouvertures
• Dimensions réduit des pièces
• Le plâtre, matériau utilisé pour sa couleur blanche (une réflexion maximale des rayons
solaires)

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PARTIE 4

1- l'expédition

Dans la mémoire des Algériens, les actes de l’armée française restent présents. Les Français ne
pensaient pas que les «leçons» données entre 1830 et 1871 seraient rapidement oubliées et que
l’autochtone oserait de nouveau redresser la tête pour revendiquer sa liberté les armes à la main
! La guerre de Libération a été l’aboutissement de cette longue et formidable résistance du
peuple algérien contre la colonisation.

En relisant l’histoire, on comprend que ce qu’il s’est passé en Algérie, durant la colonisation,
s’apparente à un génocide. On a tué des Algériens parce qu’ils étaient algériens.

A titre d’exemples, voici des témoignages de Français. «On a compté soixante-huit têtes au bout
des baïonnettes à l’entrée du camp d’Alger. Les militaires étaient payés par le Trésor public par
paire d’oreilles ramenées, on en trouvait des sacs pleins dans les tentes des généraux français.»
(Le Journal Moniteur)

«Des dizaines de décapitations, dont celles de Bouziane, âgé de 75 ans, et de son fils de 16 ans,
furent ordonnées par le général Herbeillons. Les têtes des deux suppliciés, avec d’autres, furent
envoyées à Alger puis au Musée de l’homme à Paris, conservées dans le formol, elles furent
exposées au public.» (J. Dresch et Ch. André Julien).

«Nous avons mis en jugement des hommes réputés saints dans leur pays, des hommes vénérés
parce qu’ils avaient assez de courage pour venir s’opposer à nos fureurs, afin d’intercéder en
faveur de leurs malheureux compatriotes ; il s’est trouvé des juges pour les condamner et des
hommes civilisés pour les faire exécuter. Nous avons débordé en barbarie les barbares que nous
venions civiliser.» (Mer de la Pinsonnière, président de la commission parlementaire d’Afrique).

(On trouvera les lettres dont sont extraites ces citations dans Lettres du Maréchal Saint-Arnaud,
tome I, pages 141, 313, 325, 379,381, 390, 392, 1472, 474, 549, 556, tome II, pages 83, 331, 340.)

« Le pillage exercé d’abord par les soldats, s’étendit ensuite aux officiers, et quand on évacua
Constantine, il s’est trouvé comme toujours, que la part la plus riche et la plus abondante était
échouée à la tête de l’armée et aux officiers de l’état-major. » (Prise de Constantine, octobre 1837.)

« Nous resterons jusqu’à la fin de juin à nous battre dans la province d’Oran, et à y ruiner toutes
les villes, toutes les possessions de l’émir. Partout, il trouvera l’armée française, la flamme à la
main. » (Mai 1841.)

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« Mascara, ainsi que je l’ai déjà dit, a dû être une ville belle et importante. Brulée en partie et
saccagée par le maréchal Clauzel en 1855. »

« Nous sommes dans le centre des montagnes entre Miliana et Cherchell. Nous tirons peu de coup
de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, toutes les cahuttes. L’ennemi fuit partout
en emmenant ses troupeaux » (avril 1842)

« Le pays des Beni-Menasser est superbe et l’un des plus riches que j’ai vu en Afrique. Les villages
et les habitants sont très rapprochés. Nous avons tout brûlé, tout détruit. Oh la guerre, la guerre !
Que de femmes et d’enfants, réfugiés dans les neiges de l’Atlas, y sont morts de froid et de misère
!... Il n’y a pas dans l’armée cinq tués et quarante blessés. » (Région de Cherchell, avril 1842)

« Deux belles armées... se donnant la main fraternellement au milieu de l’Afrique, l’une partie de
Mostaganem le 14, l’autre de Blida le 22 mai, rasant, brulant, chassant tout devant elles. » (mai
1842 ; de Mostaganem à Blida il y a 250 kilomètres.)

« On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres. Des combats : peu ou pas. »
(Région de Miliana, juin 1842)

« ... Entouré d’un horizon de flammes et de fumées qui me rappellent un petit Palatinat en
miniature, je pense à vous tous et je t’écris. Tu m’as laissé chez les Brazes, je les ai brûlés et
dévastés. Me voici chez les Sindgad, même répétition en grand, c’est un vrai grenier d’abondance...
Quelques-uns sont venus pour m’amener le cheval de soumission. Je l’ai refusé parce que je voulais
une soumission générale, et j’ai commencé à brûler. » (Ouarsenis, Octobre 1842)

« Le lendemain 4, je descendais à Haimda, je brûlais tout sur mon passage et détruisais ce beau
village...Il était deux heures, le gouverneur (Bugeaud) était parti. Les feux qui brulaient encore
dans la montagne, m’indiquaient la marche de la colonne. » (Région de Miliana, février 1843.)

« Des tas de cadavres pressés les uns contre les autres et morts gelés pendant la nuit ! C’était la
malheureuse population des Beni-Naâsseur, c’étaient ceux dont je brûlais les villages, les gourbis
et que je chassais devant moi. » (Région de Miliana, février 1843.)

« Les beaux orangers que mon vandalisme va abattre !... je brûle aujourd’hui les propriétés et les
villages de Ben-Salem et de Bel-Cassem-ou-Kassi. » (Région de Bougie, 2 octobre 1844.)

« J’ai brûlé plus de dix villages magnifiques. » (Kabylie, 28 octobre 1844.)

« II y avait encore des groupes nombreux d’ennemis sur les pitons, j’espérais un second combat.
Ils ne sont pas descendus et j’ai commencé à couper de beaux vergers et à brûler de superbes
villages sous les yeux de l’ennemi. » (Dahra, mars 1846.)

« J’ai laissé sur mon passage un vaste incendie. Tous les villages, environ deux cents, ont été
brûlés, tous les jardins saccagés, les oliviers coupés. » (Petite Kabylie, mai 1851.)

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« Nous leur avons fait bien du mal, brûlé plus de cent maisons couvertes en tuile, coupé plus de
mille oliviers. » (Petite Kabylie, juin 1851.)

Tel est le témoignage de Saint-Arnaud. Témoignage décisif, mais qui est loin d’être unique.
Tous les officiers d’Afrique, qui ont écrit ce qu’ils ont vu, disent la même chose.

2- L'occupation

Au début de la conquête ce fut une résistance farouche mais au fur et à mesure la conquête se
transforma en génocide des territoires entiers sans protection sont pillés et les populations
sauvagement massacré par les soldats avec la complicité silencieuse des officiers et plus hautes
autorités militaire

3- La déstructuration

À partir de la moitié du XIX siècle et après la conquête et l'occupation de la grande majorité du


territoire algérien, des opérations de déstructuration de grands envergures prennent formes
(réfléchie, penser, voulue ou non) laissant penser à un Plan savamment appliqué. Cette
Francisation (occidentalisation) de la société Algérienne et de ses structures territoriales et
sociétales traditionnelles vont être très profonds et bouleverseront de façon irrémédiable (et
unique) cette partie du Maghreb.

Pour cela nous aborderons ces mutation coloniale selon les aspects suivants: foncier, social,
spatial....laissant délibérément l'architectural pour des interventions ultérieures

a) Le foncier: Ce ne fut qu’à la fin du XIXe-début du XXe siècle que la population


algérienne commença de nouveau à progresser. La dépossession des terres pour punir les tribus
révoltées, l’accaparement des terres par des moyens juridiques (le Senatus consulte de 1863 et la
Loi Warnier de 1873) ont permis aux colons de s’approprier près de 3 millions d’hectares parmi
les terres les plus fertiles sur les 9 millions d’hectares cultivés. La seule révolte de Mokrani mit
sous séquestre plus de 500 000 hectares au profit des colons. Cela entraîna la paupérisation de
la paysannerie et le déplacement de populations loin de leurs terres. En fait, la société
algérienne eut affaire à une grande entreprise de déstructuration et de dépersonnalisation après
1830. L’Algérien qualifié d’indigène", étant considéré comme un sous-homme à qui l’on
apportait la civilisation.

b) Le social: Une déstructuration des bases sociétales traditionnelles est opéré d'une
manière systématique par une opposition culturelle entre ethnique et régionalisme territoriale.
L’introduction d'éléments de modernité (état civil, justice, cadastre,...), accompagné de

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l'effritement de l'organisation tribale par une expropriation des terres et sédentarisation en des
villages et centres coloniaux (douar).

c) Le territoire: La colonisation de l’Algérie par la France a débuté par la campagne de la


prise d’Alger en juillet 1830. Depuis cette date, la conquête a mis sous le pied du colonisateur,
non sans contraintes, tout le territoire des trois beyliks.

La colonisation française avait des objectifs variés selon le temps, à travers ces objectifs on
établit une périodisation de cette occupation comme suit:

1- 1830-1840: Occupation d’Alger, de la frange littorale et quelques provinces riches. L’objectif


était une main mise sur les trésors et les ports stratégiques de l’Algérie.

2- 1840-1900: Remarquant que le territoire avait des potentialités énormes, suite aux campagnes
scientifiques entamées (Sociologues, Ethnologues, Anthropologues, Géographes, ...), une
commission spéciale concluait que le territoire était sous-peuplé et qu’était possible une
colonisation de peuplement (apport de population étrangère essentiellement française). Une
politique de dépendance envers la métropole était de rigueur.

3-1900-1962: A partir de cette date un courant de pensée (Politique puis toucha tout les
domaines) en Algérie française de faire de cette colonie une entité ayant sa propre culture
méditerranéenne et une démarcation par rapport à la métropole (dans quelques domaines au
moins). Cela fut enclenché par la naissance de la deuxième génération d’européen d’Algérie.

Dès leur arrivée les colons vont détruire les bases fondamentales de la société précoloniale en
Algérie et vont imposer une nouvelle organisation. Ce changement s’est effectué brutalement et
avec violence. C’était l’introduction d’un système capitaliste dans une société traditionnelle. Les
objectifs inavoués de cette cassure sociale, économique et spatiale ne sont pas neutres.

L’espace Urbain: Dans toutes les cités où l’armée française va entrer, on va piller, détruire et
brûler toute les traces de la période précoloniale. Une décennie plus tard commence les
premières destructions à grande échelle et les percées dans le tissu vernaculaire traditionnel.
Curieusement ces destructions vont toucher presque uniquement les cœurs vitaux des cités
(Places d’échanges, fondouks, ateliers de production,...). A travers la déstructuration de l’espace
de l’ancienne médina c’est toute la structure sociale et culturelle de la société Algérienne qui va
être affecté. Ce n’est que suite à la visite de l’empereur Napoléon III en Algérie que vont cesser
ces destructions massives de l’espace urbain précoloniale. On décide de créer des villes à «
l’européenne » en parallèle.

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D’un autre côté la colonisation va fonder toute une armature urbaine avec des villages de
colonisation et centre de regroupement. On construit des villes comme Sétif, Batna, Médéa,...
avec des tracés géométriques initiés par les hommes du génie (Castramétation) de l’armée
coloniale. Ces villes nouvellement créées vont devenir les fondements de la nouvelle armature
urbaine coloniale extravertie destiné et axée vers l’exportation des richesses sur les débouchées
littorales (nombreux ports) pour une première phase puis vers la métropole dans une deuxième
phase.

Espace des plaines: Cet espace et la société qui l’occupé vont être touché de plein fouet par les
changements opérer par la colonisation. En effet cette société se basait sur un fort sentiment
tribal (attachement du sang), cette relation se faisait sur un espace commun (bien Arch), or
c’est l’appropriation ( Sénatus consult 1863, Loi Warnier 1873 et loi du 22 Avril 1887) de ces
territoires par le colonisateur qui va être le catalyseur de la rupture. Les tribus vont être séparé
et sédentarisé dans des douars et peu à peu perdre de leur légendaire fugue.

L’espace Montagnard: c’est un espace qui n’a pas été très affecté par l’empreinte colonial dans la
mesure où il était replié, isolé sans réel intérêt économique ni stratégique. Dépeuplement des
villages à cause de la famine des décennies noires du 19 ème siècle et de la peste qui a ravagé
selon des estimations une personne sur trois vers 1870. On a assisté à l’apparition des premiers
villages en piémont. Cette tendance ne fera que s’accentuer jusqu’à nos jours.

Epargner par les défigurations coloniales contrairement aux autres espaces, de nos jours ces
espaces recèlent un cachet traditionnel à sauvegarder et qu’il faut préserver car c’est l’un des
rares héritages de notre société précoloniale. En cela réside tout l’intérêt d’étudier
l’organisation et l’architecture des villages montagnards.

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PARTIE 5

Si nous sommes d’accord sur l’idée que: l’Architecture est l’expression la plus haute de la
civilisation.
Loin d’être un -butin de guerre la ville coloniale est une partie vécue de la mémoire collective:
un patrimoine important de par sa consistance quantitative et qualitative, à définir et à mettre
en valeur par une protection adéquate.
D’autant plus qu’il ne s’agit pas des seules valeurs historiques et artistiques. Mais de la
demeure d’une grande partie des Algériens jusqu’à aujourd’hui.
Pour une nécessité pédagogique du cours nous aborderons l’architecture coloniale selon une
approche historico-typologique.

Formation des villes et l’intervention coloniales est selon quatre phases principales, qui
correspondent à autant de moments évolutifs des types et des tissus.
1- La première phase, qui suit l’occupation, va jusqu’en 1846, année de la crise
économique, où un quart des colons quittent Alger. De 30,000 en 1846 à 13,000
en 1850, mais elle se prolonge par inertie jusqu’en 1854. Les interventions se
limitent à l’adaptation du tissu existant, avec des réaménagements et démolition.
2- la deuxième phase de 1860-1900, de reconstruction et de peuplement marqué
surtout par la visite de napoléon III en Algérie et donnant le pas à l’introduction
du style architecturale éclectique en Algérie.
3- de1900 à 1930 dominé par l’apparition de styles locaux, liés au changement du
contexte politique économique dans la colonie,
4-la dernière période coloniale est 1930 à 1960 marqué par une naissance et
extension du modernisme

La deuxième phase 1860 – 1900 on assiste à une relance de la construction

Style néo-classique (vainqueur), Il s’agit d’une architecture classicisante,


d’appartenance européenne, qui trouve origine en 1750 dans les références
gréco-romaines pour devenir l’architecture officielle de l’empire français
pendant 70 ans. La volonté de donner un aspect monumental aux édifices
publics, avec le développement d’un confort urbain pour les colons, fondé sur
l’esthétique, l’hygiène, et l’agrément.

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Les principales caractéristiques:
1. Les constructions sont de forme parallélépipédique, presque cubiques, avec
des ouvertures larges et régulières sur toutes les façades ; il s’agit, soit de
grandes fenêtres, soit de balcons qui font parfois, le tour de deux façades
2. La symétrie, la rythmicité des ouvertures, ouvertures en hauteur
3. Les RDC, bordant les places ou avenues et rues importantes sont réservées à
des commerces et souvent en retrait sous des arcades
4. L'emploi des colonnes et des ordres
5. Le fronton triangulaire ou segmentaire
6. Balustres et corniches, bas-reliefs floraux, portique extérieur (entrée),
7. Les toits sont en tuiles et les rares terrasses sont inaccessibles
8. Les niveaux varient de deux à trois étages, rarement quatre
9. Les motifs de décoration sont très variés et participent à l’animation de la
façade. Le principal motif est le balcon surchargé de décors (fantaisie), C’est à ce
niveau que sont traitées les fenêtres, la ferronnerie et les encorbellements
(consoles)

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Le style néo mauresque a été développé en Algérie, pendant une période de
la colonisation française, les œuvres construites dans ce style embellissent la
majorité des villes algériennes, et les dotent d’une diversité et d’une richesse
artistique très authentique, étant donné que chaque œuvre jouit d’un cachet
propre .

Cependant, le style néo mauresque en Algérie est un sujet complexe et délicat, sa


complexité s’étage sur deux volets, le premier dans l'essence même de cette
tournure artistique et stylistique qui a bouleversé le pays, le deuxième, concerne
l'appartenance de la production néo mauresque au vaste legs colonial. Le style
néo-mauresque apparu en Algérie au début du XXe siècle. A des fins à la fois
politiques, économiques et culturelles, appelé aussi "style Jonnart”, « style qui
selon -Jean Jaques Deluz, repris par Boussad Aiche et Farida Cherbi - nait des
recommandations données aux architectes par le gouverneur Charles Célestin
Jonnart pour mettre à l’honneur l'esthétique mauresque. » Le style néo
mauresque est une sorte de réconciliation orient-occident, avançant une nouvelle
identité politique et culturelle dans le but d'apprivoiser les autochtones
«indigènes».

C’est en quelque sorte l’affirmation d’une renaissance artistique des caractères


de l’architecture traditionnelle.
Les architectes français ont puisé dans le vocabulaire traditionnel magrébin (et

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andalou) jusqu’à un point incroyable.
On a réalisé en Algérie un nombre considérable d’édifices modernes que l’on a
arabisé et qui répondent à des besoins contemporains, à des fonctionnements
nouveaux : gare, poste, hôtel de ville, etc. (des fonctions qui n’existaient pas
dans le patrimoine traditionnel).
C’est un phénomène de métissage : deux cultures et deux architectures qui se
marient, qui se conjuguent pour produire un style nouveau.

Gare d’Oran

C’est ainsi qu’on construit la gare d’Oran :


« De style néo-mauresque, il [l'édifice] est dessiné par l’architecte Albert Ballu et
construit par l’entreprise des frères Perret, lors de la colonisation française. Son
architecture reprend les symboles des trois religions du livre.
Ainsi son aspect extérieur est celui d’une mosquée, où l’horloge a la forme
d’un minaret ; les grilles des portes, fenêtres et plafond de la qoubba (dôme)
portent l’étoile de David ; alors que les peintures intérieures des plafonds
portent des croix chrétiennes.

Quelques éléments de référence mauresque :


1. portes monumentales,
2. emploi des arcs outrepassés, à lambrequin, en stalactite…
3. boiserie de balcons, encorbellements,
4. des colonnes à fûts cylindriques ou cannelés en torsades,

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5. chapiteaux à corbeilles simples,
6. balustrades de boiseries ajourées,
7. emploi de la coupole, des merlons et pinacles
8. soubassement des murs en carreaux de faïence,
9. encadrements des baies sont revêtus de carreaux de céramique aux motifs
très variés de fleurs et d’arabesques
10. les écoinçons sont traités avec des carreaux de faïence polychromés
11. utilisation de l'élément minaret dans les édifices publics

Elements d’identification

• Organisation spatiale, ( hall et patio),


• La symétrie compositionnelle
• Le minaret
• La coupole
• La ganeria (loggia couverte)
• Acrotères et corniches
• Les portes et fenêtres
• Techniques de construction et matériaux
• Couleurs
• Modénature

L'analyse historico-typologique que nous avons sollicitée nous a permis de relever


toutes les dimensions culturelles, esthétiques, sensuelles, qui ont été à la source de
cette création architecturale.
Le néo-mauresque s'est inscrit dans une démarche d'ensemble où a joué le politique
certes mais aussi d'autres dimensions, où la recherche architecturale et le génie
créateur des architectes occupent une place non négligeable. On peut dire, de manière
générale, que le néo mauresque peut être interprété comme une manifestation du
rapport de la société coloniale française avec le culte que représentait I'Islam dans la
première moitié du XXème. Cela nous a permis de mettre en évidence la volonté des
pouvoirs de l'époque d'intégrer les différents aspects culturels et religieux de I'Algérie.
Le néo-mauresque fait partie de I'identité méditerranéenne puisée des civilisations
développées dans le bassin méditerranéen.

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PARTIE 6

Depuis le début, la plupart des bâtiments construit par la colonisation sont de type
éclectique à tendance dominante néoclassique (appelée aussi parfois architecture
haussmannienne) et aussi au début du XX siècle de type néo-mauresque.

Début du XX siècle dans la capital Alger ou bien les grandes villes surtout Oran,
Constantine et Annaba quelques bâtiments suivent la tendance Art nouveau mais ils
sont très rare, plus concurrencé par le style jonnart adapté et politisé.

L’avènement du «style Jonnart » en Algérie va marquer l’abandon progressif pour un


moment de l’architecture néoclassique au profit de tendances «orientalistes » qui
comme le souligne J.-J. Deluz ambitionnent de récupérer le décor islamique et
l’expression populaire. C’est ainsi, que par décret naissait un style architectural.

Des bâtiments publics prestigieux et emblématiques, dont beaucoup marquent


aujourd’hui encore très fortement le paysage urbain de nombreuses villes algériennes.
La tournure des années 20 et 30 est le retour vers une « Architecture plus latine ».
Avec la célébration du centenaire en 1930, on assistera au déclin progressif de cette
tendance arabisante.

Si pour certain l’abandon de ce style se fait « au profit d’une vision plus moderniste
mettant en avant le caractère méditerranéen de l’Algérie », il faut reconnaître aussi
que le rejet du style néo mauresque reposait sur des considérations idéologiques.
Pour les colons conservateurs, l'orientalité venait contraster avec la latinité et la
romanité de l’empire colonial français.

« D’un style architectural pour la colonie “pacifiée”, à savoir le style néo-mauresque


voulu par le gouverneur Jonnart au début du vingtième siècle, pour en arriver enfin,
dans la ville des années 1930, à la recherche d’un “style moderne méditerranéen”. »
Alessandra Pisi, « Paysage et architecture d’une métropole d’Afrique du Nord ; Alger,
1930-1962»,

Ce « style moderne méditerranéen » (tendance Art déco) était largement inspiré de


certains bâtiments construits en France afin de s’opposer aux orientations puristes et
simplistes du mouvement moderne de l’architecture à l’époque, en d’autres termes ôter
toutes décorations du mur ou de la surface d’un bâtiment.
La population française dans l’Algérie coloniale était trop conservatrice pour accepter
un style architectural qui de plus était prônée à l’époque par certains architectes
européens qui fréquentaient trop les artistes ayant un penchant révolutionnaire.

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L’art déco est un compromis entre la tendance cubiste prôné déjà par quelques
architectes métropolitains et l’architecture ornée de tendance historiciste.
Ce compromis fragile entre la modernité (sobriété, recherche de la simplicité, béton
armé, fonctionnalité, transparence,….) se colle une ornementation légère et épurée
(uniformité, répétition, motifs géométrique et floraux,…)
Avec ses formes géométriques simples et épurées, plus adaptées aux nouvelles
machines et à la vie moderne, devient le premier style véritablement industrialisé.
Conçu à la source, dans un raffinement de formes et de matières, par des créateurs
œuvrant souvent à plusieurs mains pour assouvir le gout du luxe d’une clientèle de
prestige, il sera plus aisément déclinable pour le plus grand nombre et
commercialisable afin de conquérir le monde.

Eléments de distinction
• Une symétrie compositionnelle

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• Elément classique épuré au maximum
• Les immeubles sont parfois couronnés par des frontons en forme d’arbalètes,
polygones ou arrondis et peuvent être garnis de colonnes
• Les ouvertures sont en hauteur
• Les combles sont pentus et dotés de lucarne
• Les toits sont recouverts de tuiles, de zinc ou d’ardoises,
• Les façades sont rythmées par des bow-windows et des balcons
• Les huisseries sont en bois peint en blanc
• Béton armé et brique.

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PARTIE 7
Vaste champ d’expérimentation d’idées nouvelles, Alger accueille dès le début des
années 1930 les propositions de Le Corbusier ainsi que l’étude du plan d’extension et
d’embellissement pensé par les urbanistes Danger, Prost et Rotival. L’organisation
d’expositions sur l’architecture et l’urbanisme moderne, en 1933 et en 1936, propulse
la ville sur le devant de la scène internationale.
Si les édifices qui sont inaugurés à cette occasion intègrent les enjeux de la nouvelle
orientation de l’administration et ceux de la puissance politique coloniale, ils assurent aussi la
diffusion d’une certaine modernité locale à travers les images architecturales qu’ils véhiculent.

C’est au début des années trente (1931), à l’occasion d’une rencontre sur l’urbanisme
organisée par les architectes d’Alger, qu’il débarque, puis revient à plusieurs reprises avec sa
valise pleine de projets. Ses conférences enthousiastes, qui stimulent de jeunes architectes
acquis à ses doctrines (De Maisonseul, Emery, entre autres) et son projet fracassant
d’aménagement d’Alger sont sans doute à l’origine d’une "école corbusiste" algérienne à
laquelle se joignirent de bons architectes comme Miquel ou Simounet.

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Le projet d’Alger de le corbusier fut baptisé " projet Obus" parce qu’il pulvérisait toutes les
idées reçues : le long du littoral, de Saint-Eugène à Maison Carrée (de Bologhine à El-
Harrach), dans un geste magistral, Le Corbusier faisait sinuer un immeuble de plus de dix
kilomètres, dont la toiture était une autoroute. Cet immeuble était conçu comme un meuble
à casiers, chaque casier pouvant être aménagé en logement, avec sa propre façade, au gré de
l’occupant ; on pourra même y faire du néo-mauresque
Donc Le projet est en trois parties:
A. - Création d'une Cité d'Affaires sur les terrains de la Marine, voués actuellement à la
démolition (au bout du cap d'Alger).
B. - Création d'une Cité de résidence sur les terrains actuellement inaccessibles de Fort-
l'Empereur (côte à 200 mètres), par le moyen d'une passerelle jetée de la Cité d'Affaires vers
ces terrains libres.
C.- Liaison des deux banlieues extrêmes d'Alger : St-Eugène à Hussein-Dey - par une route
autostrade établie à la cote 100 mètres, au-devant des falaises ; cette autostrade est
supportée par une structure de béton d'une hauteur variant le sol de 90 mètres à 6o mètres,
et dans laquelle seraient aménagés des logis pour 180000 personnes. Ces logis sont dans des
conditions optima d'hygiène et de beauté. Le projet fournit ainsi les deux solutions
indispensables à toute ville : aménagement des circulations rapides et création des volumes
d'habitations nécessaires.

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Manfredo Tafuri est parmi les rares à avoir analysé en profondeur le plan Obus pour Alger.
Il écrit :« Même si Le Corbusier cherche à éloigner l'angoisse par l'introjection de ce qui la
cause, son propos ne se réduit pas à cela. Au niveau élémentaire de la production, c'est-à-dire
celui de la simple cellule d'habitation, l'objectif qu'il se fixe est de concevoir un objet flexible et
interchangeable qui favorise une consommation rapide. Dans les mailles des macrostructures
formées par les terrains artificiels superposés, Le Corbusier laisse toute liberté dans les modes
d'insertion des cellules d'habitation préconstituées ; autrement dit, le public est invité à
projeter activement la ville. Un dessin particulièrement éloquent de Le Corbusier montre qu'il
va même jusqu'à prévoir la possibilité d'insérer des éléments excentriques et éclectiques dans
les mailles des structures fixes. La “liberté” laissée au public (le prolétariat dans l'immeuble
d'habitation dont la courbe se déroule devant la mer, et la haute bourgeoisie sur les collines de
Fort-L'Empereur) doit être poussée jusqu'au point de lui permettre l'expression de son
“mauvais goût’. L'architecture devient ainsi à la fois un acte didactique et l'instrument de
l'intégration collective. »

Le Corbusier occupe une place importante et influente sur l’avenir urbain de la ville
dans les années 30 à 50. Apparaissent tout d’abord des maisons individuelles très
proches des villas corbuséennes, puis des ensembles plus importants inspirés des
recherches de Le Corbusier sur le logement collectif. Beaucoup pensent que « le
maître » aurait construit à Alger, un ancien guide de la ville lui attribuait même la
paternité d’un bâtiment.
En réalité, malgré les importants et nombreux projets de Le Corbusier en Algérie,
pour lesquels il n’a retiré aucun subside, celui-ci n’a rien construit dans ce pays, mais
il n’en conçut aucune amertume tant il avait la capacité de rebondir après ses échecs
répétés.

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Les jeunes architectes du Mouvement moderne sont souvent qualifiés de « tout puristes »,
voire de « brutalistes « . Il leur est reproché d’être sans grande personnalité, et de ne puiser
leur inspiration uniquement que chez Le Corbusier.
Un petit groupe se détache dans ce marasme architectural et constituera ce qu’on a
appelé l’Ecole corbuséenne: Miquel, Emery, Simounet, Bourlier, Ducollet, Bize, Geiser
et de Maisonseul (peintre et urbaniste). Ce dernier est à cette époque le directeur
départemental de l’Urbanisme à Alger et sera de ce fait souvent leur porte-parole
auprès des instances administratives.

(Jacques Guiauchain, architecte; Perret Frères, entrepreneurs, 1928)

La coupure de la Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans la pratique et la


production architecturale et urbaine. La politique coloniale menée dans ce domaine voit une

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succession d’événements précédant la guerre de libération Nationale. L’exode rural s’accentue
et le problème du logement dans les villes se pose. Bien qu’aucun projet connu de Le Corbusier
n’ait été réalisé en Algérie, ses idées ont donné lieu, plus tard, à de subtiles réinterprétations,
notamment dans les réalisations de Louis Miquel, tels l’immeuble d’habitation Eugène-Étienne
(1952), le bâtiment de l’Aéro-habitat (1954-1955) à Alger, le centre culturel Albert-Camus (1955-
1956) à Chlef (Orléanville).

Miquel, lui, y apporte la mesure, la nuance, l’attention scrupuleuse aux conditions


particulières de chaque opération. Il n’a pas réalisé beaucoup de grandes opérations,
mais l’Aéro-habitat il a montré toute l’étendue de son talent d’architecte.

Cette école corbuséenne sera à la pointe du combat contre les bidonvilles ceinturant
les grandes villes d’Algérie et pour la mixité sociale et culturelle. Ils feront du
logement social une arme contre la pauvreté et l’analphabétisation, un levier de
progrès social. Roland Simounet, avec son projet de Djenan-el-Hassan à Alger en
portera témoignage, et le groupe CIAM-Alger s’en fera le porte-parole avec leur
travail sur le bidonville de Mahieddine à Alger pour le CIAM 9 de 1953 à Aix-en-
Provence.

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Plan de Constantine

Alors que La guerre d'Algérie avait déjà approfondi les traumatismes de la


colonisation, Le plan de Constantine est l’« ultime tentative de récupération du pays",
Comme le souligne Jean-Jacques Deluz. Lors de son quatrième voyage en Algérie, le 3
octobre 1958, le général De Gaulle expose à Constantine l’idée d’un plan de
développement économique et social afin de transformer le pays. C’est dans ce
contexte que d’importants chantiers sont lancés dans les banlieues et en particulier à
Alger, où les bidonvilles sont détruits afin d’y être remplacés par de grands
ensembles. Des quartiers comme Diar El Kef ou Hussein Dey se couvrent
d’immeubles changeant la physionomie du paysage urbain de la ville.Toutes les villes
d'Algérie sont un chantier d’habitat

Le Programme :

• à construction de 200 000 logements, permettant d'héberger 01 million de


personnes ;
• la redistribution de 250 000 hectares de terres agricoles ;
• le développement de l'irrigation ;
• la création de 400 000 emplois industriels ;
• la scolarisation de tous les enfants en âge d'être scolarisés à l'horizon de 1966 ;
• l'emploi d'une proportion accrue de Français musulmans d'Algérie dans la
fonction publique (10 %) ;
• l'alignement des salaires et revenus sur la métropole.

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Il est aujourd’hui acquis qu’une grande partie des programmes ou opérations
d’habitat, de cités satellites ou de grands ensembles résidentiels, d’équipements

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industriels ou sociaux entrepris entre 1958 et 1962 sont issu du plan de Constantine. Si
ces réalisations marquent, par leur nombre, le moindre recoin des villes algériennes,
elles ont surtout de nouvelles typologies, avec la généralisation de la Barre

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PARTIE 8

Algérie Post coloniale territoire urbanisation et Architecture

L’un des premiers chantiers de l'Algérie post coloniale est surtout économique, et
organisationnel,

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La production urbaine et architectural est relégué en second plan du surtout et
essentiellement au Parc vacant important laissé par le départ massif des colons
Durant les premières années de l'indépendance sont lancées quelques opérations
d’achement des chantiers abandonnés par les colons.

Mais il faut attendre le premier plan triennal pour voir le lancement de l’opération
carcasse qui consiste en l’achèvement de toute les opération laissé en état de
« carcasse ou chantier » par le plan de Constantine en 1961-1962,

A côté de cette architecture dite planifié œuvre de bureau d’étude et d’entreprise se


développe rapidement dans les villes une forme d’urbanisation nouvelle, déjà
largement entamé durant la période de guerre….le spontané et le « spontané
planifié », le précaire.

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1-La première forme d’urbanisation conséquence d’une industrialisation lourde, elle
constitue la première rupture avec la ville coloniale.

La croissance industrielle qui a marqué nos grandes villes à partir des années 70,
basée sur la politique nationale des pôles de développement, a entraîné un afflux de
population auquel la ville n’était pas préparée.

Une croissance rapide de la population qui n’était pas en diapason avec le


développement d’un cadre conséquent, ayant entraîné un surpeuplement du cadre
bâti ancien, une multiplication de l’habitat anarchique ou sous intégré ainsi qu’un
dysfonctionnement des structures économiques et sociales.

Compte tenu des priorités de l’époque, les prévisions ne semblaient pas accorder
une grande importance à la croissance urbaine qui pouvait découler d’une telle
industrialisation, se contentant du simple calcul que le parc immobilier vacant devait
satisfaire les nouvelles demandes en logements.

2-La deuxième forme d’urbanisation, conséquence d’une crise de logement aigue, a


été engagée dans un cadre planifié en donnant priorité à l’habitat et aux
infrastructures. Ce qui a accéléré la production d’un nouveau cadre bâti. A la sous-
évaluation initiale du problème de l’habitat, s’est ajouté l’engagement inconsidéré de
la puissance publique de prendre en charge, quasi intégralement, le financement et la
réalisation de l’habitat de tous les citoyens algériens, ajouté à cela une primauté quasi
exclusive accordée au logement dit social. Se voulant le promoteur unique et exclusif
du développement économique, l’Etat a investi mécaniquement dans la réalisation
directe de logements, empêchant l’émergence de toutes autres formes d’offre par des
agents économiques actifs du marché.

Ces opérations étaient directement prises en charge par l’Etat comme procédure
d’aménagement. D’abord sous forme de grands ensembles, puis avec des outils
d’urbanisme opérationnel appelé ZHUN (Zone d’Habitat Urbaine Nouvelle) qui
consistait à faire des études et réalisations de viabilisation primaire et secondaire.

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3-La troisième forme d’urbanisation conséquence d’une conjoncture nationale et
internationale, est venue mettre fin à un modèle de développement ayant montré ses
limites.

D’où la mise en place d’une nouvelle politique à caractère libéral, l’Etat a manifesté
son désengagement dans le domaine de l’habitat en engageant une attitude du
"laisser-faire", par la promotion du logement individuel.

De larges territoires, y compris, dans des ZHUN ont connu ainsi des reconversions en
lotissements sociaux et promotionnels, coopératives et promotions immobilières
entraînant une consommation abusive du foncier (source rare non renouvelable)
accompagnée d’une image urbaine de villes inachevées.

4-La quatrième forme d’urbanisation, conséquence d’un étalement urbain démesuré


est une urbanisation de "maîtrise", basée sur la mise en vigueur de nouveaux
instruments d’urbanisme.

Cette période s’est caractérisée par une prise de conscience des pouvoirs publics
quant à la préservation des terres agricoles et mettre fin aux mitages des terrains à
vocation agricole.

Ce qui s’est traduit par des directives fermes aux responsables locaux. Les
orientations ont fait l’objet de mesures restrictives occasionnant la limitation des
extensions urbaines. Chose qui a caractérisé la saturation des périmètres urbains.
Ainsi, plusieurs P.D.A.U (Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme) se trouvent
dépassés dès leur approbation.

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Durant cette période, l’urbanisation s’est caractérisée par la consommation des
réserves foncières disponibles. Ce qui a engendré une tension foncière et par
conséquent un retour à la ville par des opérations de densification.

B – Les réalités urbaines :

Il est généralement admis que l’urbanisme est une pratique qui a pour objet de
proposer une organisation réfléchie et responsable des espaces naturels, ruraux,
urbains, dans le respect de l’intérêt général et de la recherche d’équilibres
territoriaux. Il participe à la formation du paysage. Il met en évidence les choix
possibles d’occupation et d’usage de l’espace pour le court, le moyen et le long terme,
à toutes les échelles du territoire et en fonction des évolutions prévisibles des modes
de vie.

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Aujourd’hui, les signes de dysfonctionnement sont perceptibles à travers des figures
de dégradation très variées du milieu urbain telles:

- l’apparence d’inachevé de nos villes,

- l’absence identitaire de l’espace public,

- le manque d’espaces de détente et de loisirs,

- la persistance et la prolifération de poches d’habitat précaire,

- la dégradation des espaces publics,

- les déséquilibres en matière d’occupation des espaces,

L’image de nos villes, leurs évolutions spatiales et urbaines, leurs mutations,


transformations et extensions sont autant d’éléments illustratifs de tissus urbains
désarticulés produits d’une juxtaposition de divers programmes menés depuis
l’indépendance. Le plus souvent, l’espace urbain et sa périphérie ont été issus de
décisions ponctuelles en réponse à des besoins pressants (logement, emploi, scolarité,
santé etc.).

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Aussi, l’absence de politiques efficaces de développement rural est venue aggraver les
niveaux de tensions exercées sur nos villes se traduisant essentiellement par des flux
migratoires continus et un surpeuplement des principaux centres,
Entrainant une déperdition des identités locales et même nationale en matière de
production architectural,
Les model d’habitat sont à réétudié,
Les référents identitaires sont à rechercher
Les éléments d’architecture et un catalogue à établir
Préservation du patrimoine architecture de toute nature encore sans intérêt,

Une production En quête d’identité?

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