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ORGANES SCIENTIFIQUES DE LA REVUE CHARTE ÉDITORIALE SOUMETTRE UNE PUBLICATION MENTIONS LÉGALES

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TABLE DES MATIÈRES
n° 444849 Syndicat national des journalistes et autres

I.- Le Schéma national du maintien de l’ordre


Commentaire de l’arrêt du Conseil d’État du doit veiller à garantir le droit à l’information

10 juin 2021 n° 444849 Syndicat national des par les journalistes


A.- La presse vigie des libertés publiques :
journalistes et autres les journalistes doivent pouvoir accéder
librement aux informations lors des
Citer : Marc Burg, 'Commentaire de l’arrêt du Conseil d’État du 10 juin 2021 n° 444849 Syndicat
national des journalistes et autres, ' : Revue générale du droit on line, 2021, numéro 57026 manifestations
(www.revuegeneraledudroit.eu/?p=57026) B.- Les journalistes doivent pouvoir rendre
compte des événements lors de la
dispersion d’un attroupement troublant
l’ordre public
Imprimer II.- La technique de l’encerclement doit être
adaptée, nécessaire et proportionnée aux
circonstances
A.- Le Conseil d’État ne donne pas suite à
la QPC qui est soulevée
Décision(s) commentée(s): B.- L’imprécision dans la rédaction des
Conseil d’État, 10ème – 9ème chambres réunies, 10/06/2021, 444849, Publié au recueil modalités d’usage de la technique
Lebon d’encerclement conduit à l’annulation du
point 3.1.4 du SNMO qui l’organise

Décision(s) citée(s):
CEDH, Grande Chambre, 20 octobre 2015, Pentikäinen c. Finlande, n° 11882/10
CEDH, Grande chambre, 15 mars 2012, Austin et autres c. Royaume-Uni, n° 39692/09, 40713/09 et
MARC BURG
41008/09
Conseil d’Etat, Section, 18 décembre 2002, Dame Duvignères, requête numéro 233618, publié au
recueil Préfet. Professeur associé à
Conseil d’Etat, Section, 7 février 1936, Jamart, requête numéro 43321, rec. p. 172
Conseil d’Etat, Section, 19 mai 1933, Sieur Benjamin et Syndicat d’initiative de Nevers, requête numéro l’Université de Lorraine. Directeur du
17413, rec. p. 541 DU de sécurité intérieure à la Faculté
de droit, des sciences politiques et
de gestion de Nancy.

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Saisi de deux questions fondamentales relatives au schéma national du maintien de l’ordre
rendu public le 16 septembre 2020, le Conseil d’État sanctionne partiellement les
dispositions relatives à l’accès des journalistes aux manifestations, et totalement l’usage de Search the site ...
la technique de l’encerclement telle que déHnie dans ce document.
Les journalistes, « vigies » de la démocratie lors des opérations de maintien de l’ordre
doivent pouvoir accéder librement aux manifestations et s’y maintenir après le prononcé des
DERNIÈRES PUBLICATIONS
sommations en restant toutefois constamment des observateurs neutres des événements.
L’usage de la technique de l’encerclement, si elle n’est pas proscrite en soi, doit être adapté,
Contrôle des algorithmes et droit du contentieux
nécessaire et proportionné aux circonstances et donc précisément déHni.
administratif français 06/02/2023

Le 16 juin 2019 le ministre de l’Intérieur lance « une réGexion » pour faire « évoluer » le maintien de l’ordre Actes du colloque sur « La gouvernance Hnancière
devant conduire à la rédaction d’un nouveau schéma national, partant du constat que « les méthodes et publique après 2022 : rupture ou continuité ? »,
outils du maintien de l’ordre doivent évoluer » (« Christophe Castaner lance une réGexion pour faire « évoluer Université du Mans, faculté de droit de Laval.
le maintien de l’ordre », Le Monde, 18 juin 2019). Les autorités publiques se trouvaient en effet alors 14/01/2023
confrontées à un contexte particulier d’évolution des caractéristiques des manifestations, devenant de plus
L’encadrement des dépenses publiques. Quelle
en plus violentes contre la force publique mais aussi à l’origine de plus en plus de destructions des biens,
pertinence ? Quelle eXcacité ? 14/01/2023
souvent dans un contexte de violences urbaines (rapport n° 2794, commission d’enquête de l’Assemblée
nationale, 21 mai 2015, p. 62 et svtes). Quelles perspectives Hnancières pour les
départements ? L’exemple du Conseil
Le travail de la presse et des journalistes devenant aussi, de ce fait, de plus en plus délicat dans un tel départemental de la Mayenne 14/01/2023
climat de violences. Le Premier ministre écrivant lui-même que « depuis longtemps, comme l’actualité
Le système Hscal français : quelle(s) priorité(s)
récente l’a encore montré, il existe des di[cultés à concilier le travail des journalistes et celui des forces de
pour la gouvernance Hnancière ? 14/01/2023
l’ordre, dans un contexte de manifestations, soumises à de fortes tensions » (lettre de mission du Premier
ministre à M. J.-M. Delarue, président de la commission indépendante sur les relations entre la presse et les Gouvernance, pilotage, soutenabilité: quel cadre
forces de l’ordre, 22 décembre 2020). pour les Hnances sociales au sein des Hnances
publiques ? 14/01/2023
Le Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) a été rendu public le 16 septembre 2020, posant les
Une Union européenne fédérale : utopie ou
nouvelles modalités de mise en œuvre du maintien de l’ordre, notamment sur le plan opérationnel.
évolution inéluctable ? 14/01/2023

Document de 29 pages (dont 16 pages de prescriptions proprement dites si on écarte les illustrations, La gouvernance Hnancière publique après 2022 :
l’éditorial et la synthèse), le schéma s’articule en trois parties : rupture ou continuité ? 14/01/2023

Propos conclusifs : Sortie de crise Hnancière et


I.- « Un cadre garantissant une liberté de manifester » (p. 11 et 12) ;
enjeux écologiques 14/01/2023

II.- « Protéger les manifestants dans le contexte nouveau des mouvements de contestation » (p. 13 à 22) ; Les Hnances publiques en Belgique et les crises
du XXIème siècle : rupture ou continuité ?
III.- « Agir contre les auteurs de violences qui œuvrent pour que dégénèrent les manifestations » (p. 23 à 14/01/2023
29).

Il précise, notamment, les règles juridiques applicables à l’organisation d’une manifestation, la


communication avec les manifestants, la prise en compte « optimale » des journalistes, les nécessaires
mesures préventives à mettre en place pour anticiper tous troubles, la déontologie de la force publique, les
caractéristiques et les dispositifs des forces engagées, la conermation de l’emploi des moyens et armes
intermédiaires au maintien de l’ordre en adaptant leur emploi, la place de l’autorité judiciaire et l’importance
cruciale de la communication.

Sur le plan juridique, ce schéma est bien « atypique » comme le souligne le rapporteur public dans ce
dossier (Conclusions M. L. Domingo, p. 2).

Il s’agit d’abord d’un document « joint » à une circulaire de 4 pages du 16 septembre 2020 adressée aux
préfets, au secrétaire général du ministère de l’intérieur et aux directeurs généraux de la police nationale et
de la gendarmerie nationale (publiée sur Légifrance le 28 septembre 2020).

Son contenu est, ensuite, assez large puisque, notamment, il donne des instructions aux services placés
sous l’autorité du ministre, à savoir, en l’occurrence, à la police et à la gendarmerie ainsi qu’aux préfets.

Mais en même temps il annonce des modiecations réglementaires fondamentales dans le prononcé des
sommations qui doivent devenir plus « intelligibles » (p. 21 du SNMO) et relevant d’un décret en Conseil
d’État annoncé. Dans sa suite, un décret du 5 mai 2021 modieant le Code de la sécurité intérieure et relatif
aux sommations à effectuer avant de disperser un attroupement (JO du 7 mai 2021, texte n° 5) élargit la
liste des autorités habilitées à prononcer les sommations et surtout à décider de l’emploi de la force et de
l’utilisation des armes pour dissiper un attroupement susceptible de troubler l’ordre public (Marc BURG,«
Droit du maintien de l’ordre- Nouvelles sommations et nouvelles autorités habilitées à décider de l’emploi de
la force et l’usage des armes », AJDA 2021, p. 1560).

Enen, il pose des règles qui s’imposent aux manifestants mais aussi aux journalistes dans l’exercice de leur
métier à l’occasion de la couverture des manifestations. C’est par exemple l’obligation pour les journalistes,
comme tout citoyen, « d’obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l’ordre en se
positionnant en dehors des manifestants » lors d’un attroupement susceptible de troubler l’ordre public
(p.16 du SNMO).

Le premier grand intérêt de la décision commentée est de clarieer la nature juridique du SNMO.

«Fixant une doctrine commune pour l’ensemble des forces de l’ordre» (point 2 de l’arrêt), le SNMO entre
dans la catégorie « des documents à portée générale émanant d’autorités publiques, matérialisés ou non,
telles que les circulaires, instructions, recommandations, notes, présentations ou interprétations du droit
positif ( …) ( pouvant) être déférés au juge de l’excès de pouvoir lorsqu’ils sont susceptibles d’avoir des
effets notables sur les droits ou la situation d’autres personnes que les agents chargés, le cas échéant, de
les mettre en œuvre. Ont notamment de tels effets ceux de ces documents qui ont un caractère impératif
ou présentent le caractère de lignes directrices » (point 3 de l’arrêt). Le Conseil d’État s’inscrit ainsi dans sa
jurisprudence établie depuis l’arrêt « Duvignières » (CE, Section, 18 décembre 2002, Dame Duvignères, n°
233618), qui soumet à son contrôle de l’excès de pouvoir les instructions impératives du ministre à ses
services, d’autant plus que ces dernières, en l’espèce, « sont susceptibles d’avoir des effets notables sur les
droits ou la situation des organisateurs de manifestations, des manifestants, des journalistes, des
observateurs ou de tiers » (point 4 de l’arrêt).

Le schéma donne alors lieu, préalablement à la présente instance, à un premier contentieux devant le juge
des référés du Conseil d’État à l’initiative du Syndicat national des journalistes, de la Ligue des droits de
l’homme, de la Confédération générale du travail et du Syndicat national des journalistes CGT. Le juge de
l’urgence rejette les requêtes des demandeurs estimant que les conditions de l’urgence n’étaient pas
remplies. Selon cette ordonnance, les mesures édictées par le SNMO visant à la protection des journalistes
et l’application à leur endroit des règles de droit commun de dispersion d’un attroupement après
sommations, ainsi que les mesures «d’accréditation» organisées par le schéma ne portaient pas, à ce
stade du litige, une atteinte grave et immédiate aux conditions d’exercice du métier de journaliste et à la
liberté d’informer obligeant à la suspension du SNMO (CE, juge des référés, 27 octobre 2020, n° 444876 et
445055, voir M. Burg, RGD 2020, n° 53708).

Les mêmes requérants auxquels s’ajoutent l’Union syndicale Solidaires, le Syndicat de la magistrature, le
Syndicat des avocats de France et l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture contestent
le schéma au fond et demandent au juge de l’annuler pour excès de pouvoir.

Un requérant « individuel » conteste aussi les termes du SNMO. Il présente une demande spécieque relative
au statut des « observateurs » qui n’est pas abordé par le SNMO. Cette partie au litige explique dans son
mémoire que « les missions des observateurs consistent à recueillir des informations sur les pratiques du
maintien de l’ordre dans le cadre notamment de manifestations sur la voie publique, aen de documenter les
conditions dans lesquelles les autorités interviennent à cette occasion » (conclusions M. L. Domingo,
précitées, p. 10). Selon le demandeur, les observateurs devraient faire l’objet d’une protection particulière. La
jurisprudence constante est bien établie sur ce point et dispose que l’administration n’est jamais obligée de
prendre un texte d’interprétation des règles législatives ou réglementaires (CE, 14 octobre 2020, Association
pour une consommation éthique, n° 434802). Si le ministre ne dit rien dans une circulaire sur un sujet
particulier, c’est tout simplement qu’il n’a pas pris position sur ce sujet et le droit commun s’applique sans
interprétation (CE, 27 juin 2018, Société Rhin-Rhône Méditerranée, n° 4199030). C’est donc tout
naturellement que le juge écarte ce moyen, qui n’a aucune incidence sur la légalité du document, « le
ministre n’était, en tout état de cause, pas tenu de prendre une position, dans le document attaqué, sur
l’ensemble des situations susceptibles de se présenter à l’occasion des manifestations » (point 14 de
l’arrêt).

En revanche, la Haute juridiction est amenée à se prononcer sur trois points délicats du schéma, à savoir :

Le point 2.2.1 du SNMO qui indique que «la nécessité de préserver l’intégrité physique des journalistes
sur le terrain est réa[rmée. Eu égard à l’environnement dans lequel ils évoluent, les journalises peuvent
porter des équipements de protection, dès lors que leur identiecation est conermée et leur comportement
exempt de toute infraction ou provocation ». Le juge considère que le ministre n’avait pas la compétence
pour édicter de telles prescriptions.

Le point 2.2.2. du SNMO qui prévoit la désignation d’un o[cier référent et la mise en place d’un canal de
communication spécieque au proet de journalistes « accrédités ». Le Conseil d’État estime que l’imprécision
dans les conditions d’accréditation, ouvrant un « choix discrétionnaire » des journalistes accrédités « porte
une atteinte disproportionnée à la liberté de la presse et à la liberté de communication ».

Le point 3.1.4 du schéma national du maintien de l’ordre qui spéciee des conditions de « l’encerclement »
sans encadrer précisément les cas de sa mise en œuvre, apparaît alors aux yeux du juge comme une
technique non adaptée, ni nécessaire et proportionnée aux circonstances.

Pour arriver à ses conclusions le juge apprécie, pour chacun des moyens soulevés, les compétences
dévolues au ministre de l’Intérieur, soit au titre de son pouvoir réglementaire soit en sa qualité de chef de
service dans l’esprit de la jurisprudence « Jamart » (CE Section, 7 février 1936, n° 43321 et GAJA Dalloz,
2017, p. 276 , n° 45) qui permet au ministre de l’Intérieur « comme à tout chef de service, de prendre les
mesures nécessaires au bon fonctionnement de l’administration placée sous leur autorité », sans
méconnaître les compétences dévolues au législateur par l’article 38 de la Constitution.

En outre, sur le fondement bien établi de sa décision « Benjamin » (CE, 19 mai 1933, Rec. 541 et GAJA
précité, p. 265, n° 43), le Conseil d’État veille, tout au long de cet arrêt, à la bonne conciliation de la
préservation de l’ordre public avec le respect des libertés publiques. Les mesures de police devant toujours
être proportionnées, nécessaires et adaptées aux circonstances. En l’espèce, le juge rappelle, à quatre
reprises au moins, formellement, l’obligation d’édiction de mesures de police proportionnées, adaptées et
nécessaires (points 9, 10, 27 et 28 de l’arrêt).

Bien étayé par ces garanties juridiques, l’arrêt précise clairement le droit des journalistes en opérations de
maintien de l’ordre public visant à garantir le droit à l’information (I) et veille à ce que la technique
d’encerclement ne porte pas atteinte aux libertés d’aller et de venir et à manifester (II).

I.- Le Schéma national du maintien de l’ordre doit


veiller à garantir le droit à l’information par les
journalistes

Le juge, en rappelant solennellement la place et le rôle de la presse dans une société démocratique (point 3
de l’arrêt) est conduit à censurer partiellement les dispositions du schéma national du maintien de l’ordre
empêchant les journalistes d’accéder aux informations relatives aux manifestations (A) et de s’y maintenir
lors de la dissipation de l’attroupement (B), conférant à la presse une place particulière de « quasi-vigie »
des libertés publiques.

A.- La presse vigie des libertés publiques : les journalistes


doivent pouvoir accéder librement aux informations lors des
manifestations

Le Conseil d’État appuie sa démonstration sur l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen pour souligner avec force que « la liberté d’expression et de communication, dont découle
également le droit d’expression collective des idées et des opinions, est d’autant plus précieuse que son
exercice est une condition de la démocratie et l’une des garanties du respect des autres droits et libertés »
(point 10 de l’arrêt).

Cette formulation, solennelle, s’inscrit dans le droit el de l’ordonnance du juge des référés du Conseil d’État
qui vient de consacrer la liberté de la presse comme ayant le caractère d’une « liberté fondamentale » pour
l’exercice d’un référé liberté (CE, juge des référés, 3 février 2021, n° 448721). Sans reprendre explicitement la
notion de «liberté fondamentale », le juge ne manque pas, en l’espèce, de considérer sans ambiguïté la
place essentielle de la presse, garante de la liberté d’expression et de communication dans une démocratie

« »
qui « permet de rendre compte des idées et des opinions exprimées et du caractère de cette expression
collective ainsi que, le cas échéant, de l’intervention des autorités publiques et des forces de l’ordre, et
contribue ainsi notamment à garantir dans une société démocratique, que les agents de la force publique
pourront être appelés à répondre de leur comportement à l’égard des manifestants et du public en général
et des méthodes employées pour maintenir l’ordre public et contrôler ou disperser les manifestants » (point
10 de l’arrêt).

La Haute juridiction administrative s’inscrit alors aussi dans les pas de la Cour européenne des droits de
l’homme qui a souligné, siégeant en Grande chambre, « le rôle essentiel que jouent les médias dans une
société démocratique » (CEDH, 20 octobre 2015, Pentikäinen c. Finlande, n° 11882/10, § 88) et « que les
médias jouent un rôle crucial en matière d’information du public sur la manière dont les autorités gèrent les
manifestations publiques et maintiennent l’ordre. En pareilles circonstances, le rôle de « chien de garde »
assumé par les médias revêt une importance particulière en ce que leur présence garantit que les autorités
pourront être amenées à répondre du comportement dont elles font preuve à l’égard des manifestants et du
public en général lorsqu’elle veillent au maintien de l’ordre dans les grands rassemblements, notamment les
méthodes employées pour contrôler ou disperser les manifestants ou maintenir l’ordre public » (CEDH, 20
octobre 2015, précité, § 89).

Aussi, « les atteintes portées à l’exercice de cette liberté et de ce droit doivent être nécessaires, adaptées et
proportionnées » (point 10 de l’arrêt).

Or, d’abord, le Schéma national du maintien de l’ordre, dans son point 2.2.1 ( précité), s’il souligne
l’indispensable protection des journalistes lors d’opérations de maintien de l’ordre et s’il rappelle que les
journalistes bénéecient d’un motif légitime pour porter des équipements de sécurité (masques, lunettes,
casques…) sans que puisse leur être opposé l’infraction de dissimulation du visage lors d’une manifestation
réprimée par l’article 431-9-1 du code pénal, conditionne ce port légitime à la conermation de leur
identiecation et à leur comportement « exempt de toute infraction ou provocation ».

Le juge souligne le caractère « ambigu et imprécis » de cette formulation et surtout considère que la qualité
de chef de service administratif ne permettait pas au ministre de l’Intérieur d’édicter légalement une telle
mesure.

Pour le moins, il ne peut être contesté que la formulation peut prêter à confusion. Le schéma manque de
clarté en exigeant « l’identiecation » des journalistes qui, sans autre précision, peut apparaître comme une
restriction au droit d’exercer l’activité journalistique lors d’une manifestation et surtout de conditionner les
termes de la loi prévus à l’article 431-9-1 du code pénal (précité).

L’exigence relative à l’abstention de commission « d’infraction ou de provocation » paraît tout


particulièrement sujette à interprétation.

En effet, comme l’écrit le rapporteur public « la (…) condition est (…) étonnante car on ne comprend pas
réellement pourquoi elle est mentionnée (…) alors qu’il est évident qu’une personne, qu’elle soit journaliste
ou non, qu’elle porte des équipements de protection ou non, qu’elle se dissimule le visage ou non, ne saurait
êttre habilitée à commettre des infractions » (conclusions M. L. Domingo, précitées, p. 6).

S’agissant du choix du mot « provocation », le rapporteur public relève que « l’indétermination de la


formulation ne permet pas d’en comprendre le sens exact (…). Provocation de qui ? Provocation de quoi ? »
(Conclusions M. L. Domingo, précitées, p. 6).

Assez logiquement, le Conseil d’État considère que le schéma national est allé au-delà des compétences
dévolues au ministre de l’Intérieur en tant que chef de service administratif, en ajoutant sous forme sans
doute trop imprécise et peu compréhensible des conditions au motif légitime de port d’équipement de
protection dissimulant le visage des journalistes concernés et relevant de la loi.

Il annule ainsi les mots « dès lors que leur identiecation est conermée et leur comportement exempt de
toute infraction ou provocation » du point 2.2.1 du SNMO.

Il aurait sans doute été plus judicieux de pas « mêler » le comportement des journalistes au port légitime
d’équipements de protection comme l’a fait le SNMO, obligeant le juge à sanctionner ce point relevant de la
seule compétence du législateur.

Il eût été vraisemblablement plus opportun de mettre en œuvre dans le schéma la piste ouverte par la
commission indépendante sur les relations entre la presse et les forces de l’ordre (Rapport du 2 avril 2021,
précité) qui recommande :

« Les journalistes doivent adopter un comportement d’observateurs dans les événements d’ordre public,
permettant aux forces de l’ordre de les identieer – en dehors des cas où des facilités doivent leur être
accordées et où la vériecation de leur qualité est pour cette raison nécessaire » (recommandation n° 20 du
rapport, p. 92-93).

Ensuite, rappelons que le point 2.2.2 du SNMO prévoit qu’ « un o[cier référent peut être utilement désigné
au sein des forces et un canal d’échanges dédié mis en place, tout au long de la manifestation, avec les
journalistes titulaires d’une carte de presse accrédités par les autorités ».

Le juge vériee la nécessité, la proportionnalité et la bonne adaptation de ces mesures aux circonstances.

Il considère que le fait d’ouvrir à certains journalistes la possibilité d’obtenir des informations
supplémentaires relatives à la manifestation, dans le temps de son déroulement, grâce à un canal dédié,
« n’affecte pas, par elles-mêmes, les règles concernant la liberté d’expression et de communication » (point
16 de l’arrêt).

Le juge des référés avait d’ailleurs lui aussi estimé, pour cette même question, que « l’accès aux
informations susceptibles d’être échangées par la voie de ce canal n’était pas indispensables à
l’accomplissement par les journalistes de leur mission d’information » (CE, juge des référés, 27 octobre
2020, précitée, point 9).

Les « contraintes opérationnelles » permettent aussi au ministre de l’Intérieur de prévoir un dispositif


spécialement dédié aux journalistes professionnels titulaires de la carte de presse, même si « l’exercice de
la profession de journaliste n’est pas subordonné à la détention d’une telle carte et qu’une proportion
importante de journalistes exerce la profession sans en être titulaire » (point 17 de l’arrêt).

Cette solution pragmatique du juge, guidée par des « contraintes opérationnelles », s’explique par
l’objectivité et l’impartialité du critère de détermination, même s’il n’est pas parfait. Il a l’avantage de la
simplicité et de la clarté, lors de moments souvent contraints et di[ciles d’opérations de maintien de l’ordre,
n’obligeant pas l’autorité publique à faire des choix parmi des critères qui ne seraient pas objectifs et qui
prêteraient, forcément, à critique.

En revanche, le Conseil d’État considère que l’accréditation de journalistes par les autorités, parmi ceux déjà
déterminés par la possession d’une carte de presse, porte « une atteinte disproportionnée à la liberté de la
presse et à la liberté de communication ». Le juge ne sanctionne pas, en soi, la procédure d’accréditation
mais considère que, telle qu’organisée par le SNMO, c’est-à-dire sans en préciser « la portée, les conditions
et les modalités », elle manque de précision pouvant entraîner un « choix discrétionnaire des journalistes
accrédités ».

Il convient alors aussi de se référer au rapport de la commission indépendante sur les relations entre la
presse et les forces de l’ordre (rapport précité, p. 93 et 94) qui recommande :

– de ne pas rendre obligatoire le port de signes extérieurs d’identiecation des journalistes, mais conférer
une présomption d’appartenance à la presse (recommandation 21). Pour la commission, tout signe peut
évidemment être « usurpé » par un non-journaliste. En revanche, le port d’un tel signe extérieur devrait
conduire à une présomption d’appartenance à la presse, quitte à mettre en œuvre ensuite des poursuites
pénales en cas de comportement « actif » du « journaliste » (invectives, violences, etc.).

– de renoncer à tout mécanisme d’accréditation des journalistes couvrant des événements se déroulant sur
la voie publique (recommandation 22). La commission estime, avec force, que le déroulement sur la voie
publique proscrit tout mécanisme d’accréditation.

Parce qu’ils rendent compte du bon exercice des libertés publiques, les journalistes ne peuvent être
considérés comme toute autre personne au sein des manifestations, notamment lors de la dispersion des
attroupements troublant l’ordre public.

B.- Les journalistes doivent pouvoir rendre compte des


événements lors de la dispersion d’un attroupement troublant
l’ordre public
S’agissant des règles relatives à la dispersion des attroupements, le code pénal est clair par ses articles
431- 4 et 431-5 qui répriment le fait de continuer volontairement à participer à un attroupement après qu’ont
été faites les sommations de se disperser.

Le SNMO souligne spéciequement à l’endroit des journalistes « que le délit est constitué par le fait de se
maintenir dans un attroupement après sommation (et) ne comporte aucune exception, y compris au proet
des journalistes ou membres d’associations ». Il ajoute que « dès lors qu’ils sont au cœur d’un
attroupement, ils doivent comme n’importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des
forces de l’ordre et se positionner en dehors des manifestants appelés à se disperser » (point 2.2.4 du
SNMO).

Le Conseil d’État considère que les journalistes doivent pouvoir remplir les missions qui leur sont garanties
par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (voir supra) : « La présence de la presse
et des journalistes lors des manifestations revêt une importance particulière en ce qu’elle permet de rendre
compte des idées et opinions exprimées (…) ainsi que, le cas échéant , de l’intervention des autorités
publiques et des forces de l’ordre, et contribue (…) notamment à garantir, dans une société démocratique,
que les autorités et agents de la force publique pourront être appelés à répondre de leur comportement à
l’égard des manifestants et du public en général et des méthodes employées pour maintenir l’ordre public et
contrôler ou disperser les manifestants » (point 10 de l’arrêt).

La Haute juridiction souligne que les journalistes peuvent continuer d’exercer librement leur mission lors de
la dispersion d’un attroupement sans être tenus de quitter les lieux à la condition « qu’ils se placent de telle
sorte qu’ils ne puissent être confondus avec les manifestants et ne fassent obstacle à l’action des forces de
l’ordre » (point 20 de l’arrêt).

En annulant les dispositions de l’article 2.2.4 du SNMO le juge conerme la place éminente de la presse, telle
que déjà énoncée par le juge des référés (CE, Ordonnance, 03 février 2021, précitée) comme garant de la
libre expression des idées et des opinions mais aussi, et cela est absolument fondamental pour la suite des
opérations de maintien de l’ordre public, comme « chien de garde » du respect de la règle de droit
notamment par la force publique lors de l’emploi de la force. Il aurait sans doute été plus judicieux de ne pas
» mêler », de ne pas lier le comportement des journalistes…

A côté du droit des journalistes à couvrir les manifestations, le Conseil d’État a aussi été amené à arrêter sa
position relativement à l’emploi de la technique controversée de l’encerclement pratiquée par les autorités
publiques lors des manifestations ( « La « nasse », cette technique policière devenue routine des
manifestations » », Hu[ngtonpost, 10/07/2020; « Jacques Toubon réclame l’interdiction des nasses en
manif, dans son dernier rapport », Hu[ngtonpost, 10/07/2020; « Pourquoi la technique de « nasse » utilisée
par les policiers est-elle décriée ? », L’Express, 17/12/2020).

Si elle n’est pas, au vu des moyens soulevés dans les requêtes, inconstitutionnelle, son emploi doit être
adapté, nécessaire et proportionné aux circonstances.

II.- La technique de l’encerclement doit être


adaptée, nécessaire et proportionnée aux
circonstances
Dans ce dossier, le juge est amené à se prononcer sur la constitutionnalité d’articles du Code de la sécurité
intérieure au titre d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui est soulevée (A), avant de juger
de la légalité du point 3.1.4 du SNMO (B).

A.- Le Conseil d’État ne donne pas suite à la QPC qui est


soulevée
Le Syndicat national des journalistes et la Ligue des droits de l’homme soulèvent dans leur requête la
question de la conformité aux droits et libertés garantis par la Constitution des articles L. 211-1 à 4 et L.
211-9 et 10 du Code de la sécurité intérieure. Ces articles posent respectivement :

– l’obligation de déclaration de toute manifestation sur la voie publique auprès de l’autorité administrative
(maire ou préfet en zone de police d’État) en en précisant le contenu et en ouvrant la possibilité
d’interdiction de la manifestation par l’autorité administrative saisie (L. 211-1 et suivants).

– les conditions ouvrant la possibilité de recourir à l’usage de la force après sommations en vue de dissiper
l’attroupement susceptible de troubler l’ordre public en prévoyant, par ailleurs, la responsabilité engagée par
l’État du fait des dommages causés par les attroupements (art. L. 211-9 et 10).

Rappelons que le Conseil constitutionnel vient de se prononcer (C.C. décision n° 2020-889 QPC du 12 mars
2021), sur saisine de la Cour de cassation (C. cass. crim, 15 décembre 2020, n° 3106), sur la conformité aux
droits et libertés que la Constitution garantit de l’article 1er de la loi 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et
de programmation relative à la sécurité dans sa rédaction modiecative issue de la loi 2003-239 du 18 mars
2003 sur la sécurité intérieure. Ces dispositions ont été codieées à l’article L. 111-1 du Code de la sécurité
intérieure (ordonnance n° 2012-351 du 12 mars 2012). Cet article énonce le principe que « la sécurité est
un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives ». Ce texte
confère à l’État le devoir d’assurer la sécurité en y associant tous les autres partenaires (collectivités
territoriales, établissements publics de coopération intercommunale et les professions, associations et
services chargés de la prévention et de la lutte contre la délinquance).

En l’espèce, des requérants avaient soulevé une QPC suite à une manifestation tenue place Bellecour à Lyon
en reprochant au Législateur d’avoir méconnu sa compétence en s’abstenant de prévoir les garanties
légales su[santes et adéquates concernant le recours par les forces de l’ordre au procédé d’encerclement
privant les personnes de se mouvoir au sein de la manifestation, portant ainsi une atteinte injustieée et
disproportionnée à l’ensemble des droits et libertés garantis par la Constitution. Dit autrement, les
requérants reprochaient au Législateur une incompétence négative en ne prévoyant pas expressément les
garanties permettant d’assurer le respect de la liberté d’aller et de venir, de communication et d’expression
en cas d’utilisation de la technique de l’encerclement par les forces de l’ordre lors d’une manifestation. Selon
les demandeurs, le Parlement ne pouvait abandonner cette compétence au pouvoir réglementaire, en
l’occurrence au ministre de l’Intérieur, en lui laissant toute latitude pour exer le droit de l’encerclement
comme il l’a fait dans une circulaire du 21 avril 2017 « relative au maintien de l’ordre public par la police
nationale » (BOMI 15 juin 2017, p. 40). En effet, dans cette instruction, le directeur général de la police
nationale pose le principe de la technique de l’encerclement au titre des « mesures périphériques de
sécurisation des manifestants » (point 7.2.4 de l’instruction).

Dans la présente affaire, les demandeurs, considérant que le Législateur est compétent, conformément à
l’article 38 de la Constitution pour exer les règles relatives aux droits civiques et aux garanties
fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques, il ne pouvait omettre
d’encadrer la technique de l’encerclement, portant, selon eux, atteintes aux droits et libertés
constitutionnels. Dans sa décision, le Conseil constitutionnel conerme sa position traditionnelle en matière
de contrôle de l’incompétence négative du Législateur : le contrôle ne peut porter que sur les insu[sances
d’un dispositif que le Législateur a lui-même établi. Il n’appartient pas au Conseil constitutionnel d’opérer un
contrôle général de l’inaction de la loi (Décision n° 2018-777 DC du 28 décembre 2018, Loi de enances pour
2019, point 73).

Les requérants ne pouvaient donc plus reprendre l’argument de l’incompétence négative du Législateur.

L’argumentaire alors choisi dans le dossier querellé n’a pas plus prospéré devant le Conseil d’État qui ne
relève qu’aucune des dispositions soulevées par les demandeurs n’est applicable au litige. Il estime, par
conséquent, « qu’il n’y a pas lieu de renvoyer au Conseil constitutionnel la question prioritaire de
constitutionnalité soulevée » (point 26 de l’arrêt).

Certains des demandeurs (Ligue des droits de l’homme et Syndicat National des Journalistes) soutiennent
tout de même devant le juge administratif que seule la loi peut prévoir une telle mesure, portant atteinte à la
liberté d’aller et de venir. Il reste alors à la Haute juridiction administrative d’examiner le caractère adapté,
nécessaire et proportionné de la mesure prévue au point 3.1.4 du SNMO. L’imprécision dans sa formulation
la conduit à l’annuler totalement.

B.- L’imprécision dans la rédaction des modalités d’usage de la


technique d’encerclement conduit à l’annulation du point 3.1.4
du SNMO qui l’organise
Le point 3.1.4 du document attaqué énonce :

« Sans préjudice du non-enfermement des manifestants, condition de la dispersion, il peut être utile, sur le
temps juste nécessaire, d’encercler un groupe de manifestants aux ens de contrôle, d’interpellation ou de
prévention d’une poursuite des troubles. Dans ces situations, il est systématiquement laissé un point de
sortie contrôlé aux personnes ».

Il va de soi que ce point du SNMO pose une véritable nouvelle doctrine, dépassant « les mesures
périphériques de sécurisation des manifestants » telles que les prévoyaient les instructions du 21 avril 2017
(précitées).

La mesure de l’encerclement ou de la « nasse », de « l’encagement » ou encore du « kettling » chez les


Anglo-saxons demeure un sujet juridiquement délicat et contesté.

Le Défenseur des droits demande, notamment, « que soit mis en à cette pratique conduisant à priver de
liberté des personnes sans cadre juridique » (Décision du Défenseur des droits n° 2020-131 du 9 juillet 2020
p. 10 relative à « l’encagement »).

La Cour européenne des droits de l’homme a aussi été amenée à juger de telles situations.

Elle considère d’abord que des restrictions à la liberté de circulation sont autorisées lorsqu’elles constituent
des mesures nécessaires, notamment au maintien de l’ordre public, plus particulièrement quand les
manifestants se livrent à des actes de violences (CEDH, 24 mars 2011, Giuliani et Gaccio c. Italie, n°
23458/02, § 251).

Elle estime aussi que la police, qui a accès à des informations et renseignements non partagés, doit pouvoir
jouir d’une certaine marge d’appréciation dans l’adoption de décisions opérationnelles (CEDH, 23 novembre
2010, P.F. et E.F. c. Royaume-Uni, n° 28326/09, § 41).

Enen, si la Cour considère qu’un « conenement de 1500 personnes, sous forme de « cordon absolu », sans
eau, ni nourriture et sans toilettes durant près de sept heures, constitue « une privation de liberté », elle
estime que, au vu des circonstances (dangerosité de certains manifestants, échec de toutes les tentatives
pour essayer de lever progressivement le » kettling » du fait des attitudes hostiles d’une partie des
manifestants à l’intérieur ou à l’extérieur de la » nasse »…), la police n’a pas enfreint les règles de la
Convention européenne des droits de l’homme relativement à la liberté d’aller et de venir, eu égard aux »
faits spécieques et exceptionnels de l’espèce » (CEDH, Grande chambre, 15 mars 2012, Austin et autres c.
Royaume-Uni, n° 39692/09, 40713/09 et 41008/09).

Dans cette logique juridique, le Conseil d’État ne dénie pas le droit à l’autorité publique de recourir à la
technique de l’encerclement qui « peut s’avérer nécessaire dans certaines circonstances pour répondre à
des troubles caractérisés à l’ordre public » (point 28 de l’arrêt).

En revanche, ce type de mesures est susceptible d’affecter signiecativement la liberté de manifester, même
de dissuader à son exercice et peut porter atteinte à la liberté d’aller et de venir.

Le développement d’une telle technique, potentiellement attentatoire aux libertés publiques, ne peut être
envisagée sans en préciser « les cas dans lesquels elle peut être mise en œuvre ». Or le SNMO se contente
d’indiquer qu’il « peut être utile » d’y avoir recours sans apporter les précisions de nature à garantir que
l’usage de cette technique de maintien de l’ordre soit adapté, nécessaire et proportionné aux circonstances.
Ce manque de précision conduit le Conseil d’État à juger illégal l’ensemble du point 3.1.4 du SNMO (point 28
de l’arrêt).

« Cette décision affectant le SNMO sur certains points importants a conduit le ministre de l’Intérieur à
annoncer la présentation » en septembre » d’un » nouveau schéma national su maintien de l’ordre », »
validé cette fois par le Conseil d’Etat » ( « Gérard Darmanin souhaite qu’un nouveau schéma du maintien de
l’ordre soit prêt en septembre », Le Parisien, 8 juillet 2021).

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About Marc Burg


Préfet.
Professeur associé à l’Université de Lorraine.
Directeur du DU de sécurité intérieure à la Faculté de droit, des sciences politiques et de gestion
de Nancy.

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