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GBAGUIDI Ahodegnon
Novembre 2010
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Sommaire
NOTE DE SYNTHESE 3
NOTE LIMINAIRE 6
INTRODUCTION 7
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 10
PREMIERE PARTIE : La notion de groupe de sociétés et de transactions entre entités liées dans les pays
de l’espace OHADA en général et de la sous région UEMOA en particulier 11
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Mémoire d’expertise comptable : NOTE DE SYNTHESE
Mémoire d’expertise comptable : NOTE DE SYNTHESE
NOTE DE SYNTHESE
Dans l‟espace UEMOA, l‟essentiel du tissu économique et industriel est constitué de sociétés filiales ou
succursales de groupes internationaux étrangers. Le droit communautaire OHADA ne traite pas, à
proprement parler, de la législation relative aux groupes de sociétés. On note cependant quelques
dispositions dans le droit des sociétés qui précisent les notions de sociétés mères et filiales sans pour
autant définir les règles de fonctionnement des groupes. Le droit comptable de l‟OHADA, du point de vue
purement économique, traite quant à lui, des comptes consolidés ou combinés.
S‟il est reconnu que les échanges intragroupes sont courants, il n‟en demeure pas moins vrai que les prix
pratiqués au sein des groupes de sociétés ne sont pas toujours conformes au principe de « prix de pleine
concurrence » édicté par l‟OCDE. D‟une manière générale, les tiers considèrent que ces prix sont
souvent « manipulés » dans le but de transférer les bénéfices imposables dans des filiales implantées à
l‟étranger dans des pays à fiscalité privilégiée ou dans des filiales où le groupe est l‟unique actionnaire.
L‟OCDE, dans ses Principes Directeurs, considère que les prix pratiqués entre deux entreprises liées
doivent être les mêmes que si ces entreprises étaient des entreprises indépendantes. L‟objectif principal
est de ne pas fausser les règles de la concurrence internationale. Dans ce cadre, l‟OCDE a défini des
méthodes de valorisation des échanges intragroupes et mis en place un modèle de convention fiscale
internationale pour éviter aux entreprises les risques de redressements fiscaux et de double ou multiples
impositions.
Par ailleurs, ces opérations sont souvent source de faits délictueux que le CAC doit révéler au Ministère
Public. Sa responsabilité pénale pourrait être recherchée s‟il est établi qu‟il a couvert certains faits en
n‟engageant pas la procédure de révélation de faits délictueux.
Les opérations intragroupes recouvrent des zones à risque que le CAC doit intégrer dans son approche
d‟audit. En effet, les prix des échanges intragroupes, parce qu‟ils sont souvent « manipulés », peuvent
impacter de façon significative les états financiers annuels et altérer leur régularité, leur sincérité et leur
image fidèle.
Dans ce contexte, l‟audit d‟une entité liée nécessite la mise en œuvre d‟une démarche appropriée qui
doit permettre de prendre en compte toutes les problématiques posées par les opérations intragroupes.
C‟est pourquoi, l‟objet de ce mémoire est de proposer une démarche méthodologique de révision des
opérations intragroupes afin d‟aider le CAC de droit OHADA à mettre en place une approche d‟audit
pertinente, couvrant l‟ensemble des risques spécifiques à ces opérations.
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Mémoire d’expertise comptable : NOTE DE SYNTHESE
Pour répondre à ces objectifs, ce mémoire est organisé autour de deux parties qui reprennent les
principales étapes de la mission d‟audit et les vérifications et informations spécifiques imposées par la
loi pour tenir compte de l‟aspect légal de la mission ; ainsi :
La première partie de ce mémoire vise à présenter les notions de groupe et d‟opérations intragroupes
et à identifier les enjeux (risques inhérents) relatifs aux opérations intragroupes. En effet, dans un
contexte aussi complexe que celui des groupes de sociétés internationales, la connaissance du
fonctionnement des groupes et des opérations qui s‟y déroulent est un préalable indispensable à
l‟identification des risques d‟audit :
Un premier chapitre présente les approches de définition de la notion de groupe dans tous ses
aspects (économique, comptable, et juridique) et les transactions intragroupes à travers leur
typologie et leur valorisation selon les méthodes préconisées par l‟OCDE.
Le deuxième et dernier chapitre de cette partie est consacré aux enjeux des transactions
intragroupes. L‟intérêt du mémoire réside dans l‟appréhension des enjeux par le CAC; ces
enjeux sont d‟ordre fiscal, juridique et sont de nature à mettre en cause la responsabilité civile
et pénale des dirigeants sociaux et du Commissaire Aux Comptes.
La deuxième et dernière partie du mémoire propose une démarche méthodologique qui reprend les
grandes étapes d‟une mission d‟audit avec des propositions d‟outils dont l‟objectif est de contribuer à
aider le CAC de droit OHADA dans l‟accomplissement de sa mission dans les entités liées :
Le premier chapitre traite des travaux en amont du contrôle des comptes enregistrant les
opérations intragroupes. Il s‟agit tout d‟abord de la planification de l‟audit et de l‟évaluation du
fonctionnement du contrôle interne au regard des opérations intragroupes. L‟accent est mis sur
la collecte d‟éléments probants permettant au CAC d‟orienter les contrôles sur les comptes. De
façon spécifique, nous proposons :
- Des travaux en amont du plan de mission de manière à cerner correctement, au cours
d‟une phase de prise de connaissance, l‟entité et son groupe dans leur forme
organisationnelle d‟une part et les textes qui régissent les opérations intragroupes d‟autre
part. Nous insistons à ce stade sur la nécessité de collecter des informations sur
l‟ensemble des entités liées qui forment le groupe et de dresser une cartographie des
échanges qui ont cours dans le groupe.
- Des travaux et des outils pour la mise en œuvre du plan de mission tant en ce qui
concerne l‟évaluation du dispositif du contrôle interne que le contrôle des comptes.
L‟accent est mis surtout sur les diligences à mettre en œuvre pour valider la réalité et la
correcte évaluation des transactions intragroupes.
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Mémoire d’expertise comptable : NOTE DE SYNTHESE
Le second chapitre aborde les diligences spécifiques du CAC au regard des dispositions du
droit des sociétés de l‟OHADA. Il traite en particulier du contrôle des conventions réglementées
qui découlent souvent des transactions entre entités liées et de la procédure de révélation des
faits délictueux par le CAC. En effet, la première zone de risque pour le CAC concerne les
actionnaires ; il est chargé de leur protection et à ce titre, il doit s‟assurer du respect de l‟égalité
entre les actionnaires, en particulier à l‟égard des minoritaires. Les intérêts de ces derniers
paraissent souvent négligés dans les groupes de sociétés.
La démarche proposée dans ce mémoire est un guide. Ce guide est destiné aux CAC de droit OHADA
en général et à ceux de l‟espace UEMOA en particulier. Il n‟a pas la prétention de se suffire à lui-même;
elle devra être adaptée en fonction des circonstances et des cas particuliers rencontrés par les
commissaires aux comptes.
Le mémoire révèle les limites du pouvoir d‟investigation du CAC dans un environnement dépourvu de
textes de lois spécifiques aux groupes d‟une part et caractérisé par une « opacité » des opérations qui
ont lieu au sein des groupes d‟autre part. Par ailleurs, de la même manière que l‟Administration Fiscale
ne doit pas s‟immiscer dans les choix de gestion des entités contrôlées, le CAC n‟a pas non plus à se
prononcer sur le bien fondé ou l‟opportunité des conventions conclues. Le rôle du CAC est de s‟assurer
que les intérêts de la société, en particulier ceux des associés ou actionnaires minoritaires, ont été
sauvegardés. Il faut reconnaitre cependant que la démarcation entre pouvoirs d‟investigation et non
immixtion est délicate pour le CAC.
Les enquêtes menées auprès des entreprises, des Administrations Fiscales et des professionnels de la
zone UEMOA ont montré qu‟il n‟existe pas de statistiques ou de jurisprudences de mises en cause du
CAC dans le cadre de l‟audit d‟une entité liée ou plus précisément concernant les opérations
intragroupes.
Enfin, la rédaction du présent mémoire ne s'est pas faite sans difficultés. La collecte d‟informations sur
les différents pays de l‟UEMOA a parfois été laborieuse, en particulier les cas de jurisprudence relative
aux groupes de sociétés et les cas de redressements fiscaux en matière de prix de transfert. Dans ces
conditions, nous ne pouvons prétendre avoir couvert l'exhaustivité de la matière, raison pour laquelle les
conclusions qu'il sera permis de tirer au terme de cette étude devraient être considérées comme une
première contribution, qui pourra être complétée par des travaux ultérieurs en fonction de l‟évolution des
textes de loi dans les espaces UEMOA et OHADA, surtout s‟ils portent sur la documentation et la
valorisation des transactions par l‟application des méthodes préconisées par l‟OCDE.
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Mémoire d’expertise comptable : NOTE LIMINAIRE
NOTE LIMINAIRE
Lors de la rédaction de ce mémoire, quelques modifications de forme ont été apportées au plan
initialement présenté dans la notice. Ces modifications ne sont pas consécutives aux recommandations
du jury ; elles ont été effectuées dans le but de faciliter la lecture et la compréhension du mémoire. Elles
sont sans incidence sur le fond du plan et sur la démarche présentée dans la notice. Ainsi :
Pour des raisons de cohérence, nous avons détaché le point 3 « Lien entre prix de transfert et
la fiscalité » de la sous section C de la section 2 du chapitre 1 de la première partie, sous la
section 1 du chapitre 2 de la première partie. Ce détachement se justifie par le fait que nous
nous sommes rendu compte que le lien entre prix de transfert et la fiscalité relève beaucoup
plus des enjeux fiscaux que de la notion de transactions intragroupes.
Le mot « normal » dans l‟expression « caractère normal » dans le titre du point 1.1. de la sous
section A de la section 1 du chapitre 2 de la première partie a été remplacé par « courant » ; en
effet, il s‟agissait d‟une erreur de frappe ; ainsi le titre devient : Le caractère « courant » et les
conditions « normales » des conventions conclues au sein du groupe.
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Mémoire d’expertise comptable : INTRODUCTION
INTRODUCTION
La mondialisation de l‟économie a eu pour effet le développement de grands groupes internationaux qui
contrôlent plus de la moitié des transactions commerciales mondiales. Cette mondialisation a conduit les
entreprises à intervenir au-delà de leurs frontières juridiques nationales et a entraîné naturellement la
création de groupes de sociétés. Ainsi, pour conquérir ou maintenir des marchés ou encore, pour des
besoins d‟optimisation fiscale, les entreprises modifient ou adaptent leur stratégie commerciale et
juridique. L‟objectif étant d'offrir à leurs clients des services ou des produits, indépendamment du pays où
est établie la société qui fournit lesdits produits ou services.
Depuis plusieurs années, l‟OCDE estime que « plus de 60 % des échanges mondiaux sont le fait
d‟entreprises multinationales1 ». Ces échanges mondiaux ont lieu au sein des groupes et sont facturés à
des prix différents de ceux pratiqués entre deux entités indépendantes : c‟est le «Prix de transfert»
(Transfer pricing en anglais). John Neighbour, dans le même article cité en bas de page, considérait que
«Les prix de transfert peuvent priver les gouvernements d’une partie des recettes fiscales sur les
sociétés mondiales et de surcroît exposer les multinationales à une double imposition. Le principe de
pleine concurrence peut aider à résoudre ces problèmes».
Les prix de transfert permettent aux groupes de réaliser un transfert indirect de bénéfices par la réduction
de l'assiette imposable dans l'Etat où les charges fiscales sont élevées en l'augmentant dans le pays où
le poids de la fiscalité est moindre. Ils se manifestent également par la délocalisation d‟une partie des
produits ou revenus dans les entreprises du groupe qui sont en déficit. Afin de mettre de l‟ordre dans les
échanges internationaux, l‟OCDE prône le principe de pleine concurrence. Ce principe veut qu‟un prix de
transfert soit le même que si les deux sociétés en cause étaient deux entreprises indépendantes et ne
faisaient pas partie du même groupe.
1Source : Un article de John Neighbour du Centre de Politique et d‟Administrations Fiscales de l'OCDE, publié en mars 2002 sur le site internet
http://www.observateurocde.org et intitulé « Prix de transfert : prix de pleine concurrence »
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Mémoire d’expertise comptable : INTRODUCTION
Il apparait que les opérations intragroupes sont a priori « suspectes » en ce qui concerne la réalité des
opérations et la « justesse des prix » facturés, quand bien même l‟existence de telles opérations est
habituelle et courante dans un groupe. D‟où l‟existence d‟un risque inhérent élevé de remise en cause
par l‟Administration Fiscale des opérations intragroupes. Il en résulte que le premier enjeu pour
l’entité des échanges intragroupes est d’abord fiscal.
Sur le plan comptable, les transactions entre entités liées génèrent des opérations qui peuvent impacter
de façon significative la régularité, la sincérité et l‟image fidèle des états financiers annuels qui sont
soumis à l‟examen du CAC de droit OHADA.
Du point de vue du droit des sociétés, il n‟existe pas dans la zone OHADA un véritable droit « spécial »
des groupes. On rencontre cependant de nombreuses règles juridiques autonomes et éparses
applicables aux groupes selon les différentes branches du droit : c‟est le cas par exemple des articles
173 et suivants du droit des sociétés de l‟OHADA d‟une part et des dispositions du droit comptable de
l‟OHADA sur les comptes consolidés et les comptes combinés d‟autre part. Le droit des sociétés a prévu,
par exemple, dans ses dispositions sur les conventions réglementées que le Commissaire Aux Comptes,
dans le cadre des vérifications et informations spécifiques, présente un rapport spécial sur les
conventions conclues directement ou indirectement entre la société et l‟un de ses dirigeants. Dans ce
cadre, il est fait obligation au CAC de droit OHADA d‟apprécier les caractères d‟ «opérations courantes»
et de « conditions normales» de ces conventions.
Par ailleurs, les conditions de conclusion et d‟exécution de ces conventions par l‟entité pourraient
l‟amener à commettre des faits délictueux dont la non-révélation expose le CAC à des sanctions
pénales2, civiles et disciplinaires. Pour ce qui concerne la responsabilité des dirigeants, les délits commis
les exposent à des peines de condamnation prévues par le droit des sociétés de l‟OHADA.
Ainsi, le deuxième enjeu des transactions intragroupes est juridique et porte sur la responsabilité
des dirigeants sociaux et du Commissaire Aux Comptes.
- D‟abord, faire le point sur les textes existants dans la zone UEMOA et attirer l‟attention des
dirigeants sociaux et des commissaires aux comptes de droit OHADA sur les risques qui pèsent sur
les opérations intragroupes.
- Ensuite, proposer un guide d‟audit comptable et financier à l‟attention des commissaires aux
comptes de l‟espace UEMOA qui ont des mandats dans des entités liées ; guide qui a pour ambition
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Mémoire d’expertise comptable : INTRODUCTION
de permettre aux professionnels d‟appréhender de façon pertinente les problématiques d‟audit des
entités liées afin de mieux orienter les travaux d‟audit.
Il apparait que le CAC doit intégrer ces enjeux dans son approche d‟audit. Et pour traiter le sujet, le plan
le plus adéquat qui nous permet d'explorer l'interaction entre la notion de groupe et les transactions
internes au groupe d'une part et l‟approche d‟audit du CAC d'autre part, est un plan en deux dans lequel
nous traiterons :
- dans une première partie, des enjeux des opérations intragroupes avec une analyse de la notion de
groupe de sociétés et de la typologie des transactions réalisées entre les entités du groupe ;
- ensuite dans une deuxième partie, leur appréciation par le CAC en proposant une démarche
méthodologique de révision des transactions intragroupes dans l‟UEMOA à l‟attention des
commissaires aux comptes de droit OHADA.
Le sujet est traité au regard des dispositions des législations fiscales de l‟UEMOA et juridiques de
l‟OHADA. Il sera centré en particulier sur des entités implantées en Afrique de l‟Ouest et dont les
maisons mères ou entités liées sont situées dans d‟autres Etats parties de l‟OHADA ou hors de l‟Afrique.
Les transactions étudiées concernent des achats de matières premières et des marchandises et pour
lesquelles il n‟existe pas de marchés libres permettant de faire des comparaisons, sinon au plan
international pour certains produits. Elles portent aussi sur des prestations de services de type
assistance technique, comptable, juridique, financière et administrative pour lesquelles il n‟existe pas non
plus de marché comparable.
Aussi, mènerons-nous une réflexion sur la démarche du CAC de droit OHADA en matière de révision des
opérations intragroupes en général, au regard des dispositions de l‟article 439 du droit des sociétés de
l‟OHADA et au regard des objectifs de régularité, de sincérité et de l‟image fidèle des états financiers
annuels.
Enfin, ce mémoire ne traitera que des aspects propres aux transactions intragroupes et ne décrira donc
pas nécessairement tous les tests et procédures qu‟il est nécessaire de mettre œuvre sur des aspects
plus classiques en matière d‟audit comptable et financier.
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Mémoire d’expertise comptable : LISTE DES ABREVIATIONS
AG : Administrateur Général
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
L‟objectif de cette première partie est de présenter le périmètre du sujet, objet du mémoire. Ainsi, dans
le premier chapitre, nous nous attacherons à définir la notion de groupe de sociétés sous les angles
économique, juridique, comptable et fiscal d‟une part, et à analyser la typologie des opérations
intragroupes d‟autre part. Dans le deuxième chapitre, nous nous intéresserons aux enjeux que
présentent les opérations intragroupes; comme nous le verrons, ces enjeux sont de deux ordres : l‟enjeu
fiscal et l‟enjeu juridique.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
L‟intérêt fiscal de constituer un groupe de sociétés vise avant tout des besoins d‟optimisation fiscale. Cette
optimisation se traduit souvent par :
- Soit, la mise en place d‟un mécanisme de transfert indirect de bénéfices : le mécanisme consiste
généralement à fixer, au sein du groupe, des conditions différentes de celles que le groupe pratique
avec des entreprises indépendantes. Cette pratique permet au groupe de réaliser un transfert indirect
de bénéfices par la réduction de l'assiette imposable dans le pays où les charges fiscales sont
élevées en l'augmentant dans le pays où le poids de la fiscalité est moindre. Il se fait aussi par la
délocalisation d‟une partie des produits dans les entités du groupe qui sont en déficit.
- Soit, l‟exploitation au profit du groupe des régimes spéciaux qui existent dans certains pays comme la
France et qui permettent aux groupes de sociétés de déduire les pertes réalisées par les filiales
étrangères pour la détermination du résultat fiscal consolidé.
3 Voir COZIAN (M.), VIANDIER (A), DEBOISSY (F.) Droit des sociétés, 21e édition, Litec
4 La Loi bancaire de l‟UEMOA est une loi communautaire propre et spécifique aux huit (8) pays francophone de l‟Afrique de l‟Ouest.
5 Le code CIMA est la réglementation applicable aux sociétés d‟assurances exerçant dans les 14 Etats parties à la CIMA (Bénin, Burkina Faso,
Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, Guinée Equatoriale, Comores).
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
« groupe de sociétés», un ensemble de sociétés dont aucune ne contrôlerait les autres mais qui auraient
simplement des liens entre elles (cas par exemple des sociétés ayant le ou les mêmes actionnaires ou de
dirigeants communs mais qui n‟ont pas de lien capitalistique entre elles : existence pourtant d‟un centre de
décision commun).
La définition du groupe de sociétés, telle qu'elle découle de l'article 173, repose sur un critère essentiel :
celui du "contrôle". Qui dit contrôle, dit dépendance ; Le lien de dépendance peut être juridique (de droit)
ou de fait.
-lorsqu'elle détient, directement ou indirectement ou par personne interposée, plus de la moitié des
droits de vote d'une société ;
-lorsqu'elle dispose de plus de la moitié des droits de vote d'une société en vertu d'un accord ou
d'accords conclus avec d'autres associés de cette société.
Ainsi, l‟on peut considérer qu‟une entreprise de droit OHADA est placée sous la dépendance d'une autre
entreprise de droit OHADA ou hors OHADA, lorsque cette dernière possède directement ou indirectement
une part prépondérante dans son capital ou la majorité absolue des droits de vote dans les assemblées
d'actionnaires ou d'associés, soit la détention de la majorité du capital (plus de 50%).
b) La dépendance de fait
En règle générale, il y a dépendance de fait lorsqu‟une entité A exerce sur l‟entité B directement ou
indirectement un véritable pouvoir de décision (ou inversement). Cette dépendance existe, par exemple,
dans les cas suivants :
-une entreprise togolaise qui est liée par un contrat avec une entreprise étrangère qui lui impose le prix
des produits vendus ;
-deux entreprises qui ont le même nom et qui utilisent le concours des mêmes représentants et se
partagent les commandes recueillies par ces représentants ;
-une entreprise qui fabrique au Togo des biens sous une marque détenue par une société étrangère qui
achète la totalité de la production de l'entreprise togolaise et intervient dans la gestion et dans la
commercialisation au Togo des produits vendus à des clients indépendants.
Nous pouvons donc conclure en considérant que la dépendance de fait se caractérise par la capacité
d'une entreprise à imposer des conditions économiques à une autre entreprise.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
-de nommer par exemple les membres des organes d‟administration et de direction de la société sous
dépendance ;
-de fixer les grandes orientations stratégiques à l‟entité détenue ;
-ou d‟imposer des choix de management à la société.
Il faut noter cependant que ce pouvoir de décision n‟est que la résultante d‟une situation de contrôle de
l‟entité dominatrice sur la dominée. Le contrôle lui-même se manifestant par la participation directe ou
indirecte à l‟administration, à la direction, au capital de la société dominée ou si cette dernière est sous
l'influence directe ou indirecte de la première.
-posséder dans la société filiale commune, séparément, directement ou indirectement par l'intermédiaire
de personnes morales, une participation financière suffisante7 pour qu'aucune décision extraordinaire
ne puisse être prise sans leur accord ;
-participer à la gestion de la société filiale commune (par exemple par désignation des membres des
organes d‟administration ou de direction).
6
Ph. Merle, Droit commercial, sociétés commerciales, 10ième éd, Dalloz, 2005, no 641.
7 Il s‟agit de la minorité de blocage : dans les SARL elle est fixée à plus de 25 % et dans les SA à plus de 33,33 %
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Ces deux conditions sont cumulatives. Ainsi, par exemple, une SA dans laquelle deux autres SA
détiendraient chacune à la fois 34 % du capital et un siège d'administrateur, serait la filiale commune
des deux autres.
Un élément important de la notion de sociétés mère et filiale est celui de leur patrimoine. En effet, dans
un groupe de sociétés, il ne saurait y avoir une confusion de patrimoine entre la mère et les filiales. La
filiale a une personnalité juridique propre, distincte de celle de la société mère. Elle dispose ainsi de
biens propres et agit en son propre nom. Le plus souvent, la société mère fixe les buts à atteindre tout en
laissant à sa filiale une certaine liberté sur les moyens à utiliser. Dans un tel groupe, les risques sont
partagés ; ce qui suppose que la société mère ne répond pas des dettes de sa filiale et inversement.
Toutefois, il convient d'être prudent et d'assurer l'indépendance tant économique que juridique de la
filiale. En effet, il peut arriver que les tribunaux étendent à la société mère les procédures collectives
d‟apurement du passif ouvertes à l'encontre de la filiale lorsqu'ils estiment qu'il y a eu confusion de
patrimoine ou d'activité entre les deux sociétés et que la filiale est une société fictive. Cette notion pourra
être retenue s'il est prouvé qu'il y a eu des transferts d'actifs entre les deux sociétés sans contrepartie.
En combinant les dispositions de l‟OHADA, nous pouvons schématiser la reconnaissance des groupes,
en prenant l‟exemple de trois sociétés A, B et C, à travers l‟arbre de décision ci-dessous, quel que soit
l‟angle sous lequel l‟on se place :
non Liens
oui
capitalistiques
entre A & B ?
A & B ont-elles
des actionnaires oui
majoritaires
communs ?
non
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Cette définition n‟est pas éloignée de celle donnée par la norme IAS 24 selon laquelle « une partie est liée
à une entité dans les cas suivants :
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
-soit de la détention directe ou indirecte de la majorité des droits de vote dans une autre entreprise (plus
de 50%);
-soit de la désignation, pendant deux exercices successifs, de la majorité des membres des organes
d‟administration ou de direction d‟une autre entreprise ; l‟entreprise consolidante est présumée avoir
effectué cette désignation lorsqu‟elle a disposé au cours de cette période, directement ou
indirectement, d‟une fraction supérieure à quarante pour cent (40%) des droits de vote et qu‟aucun
autre associé ne détenait, directement ou indirectement, une fraction supérieure à la sienne ;
-soit du droit d‟exercer une influence dominante sur une entreprise en vertu d‟un contrat ou de clauses
statutaires, lorsque le droit applicable le permet et que l‟entreprise consolidante est associée de
l‟entreprise dominée. »
(ii) Le contrôle conjoint est le partage du contrôle d‟une entreprise, exploitée en commun par un nombre
limité d‟associés, de sorte que les décisions résultent de leur accord.
(iii) L’influence notable sur la gestion et la politique financière d‟une autre entreprise est présumée
lorsqu‟une entreprise dispose, directement ou indirectement, d‟une fraction au moins égale au
cinquième (20%) des droits de vote de cette autre entreprise.
L‟exercice du contrôle sur l‟ensemble se traduit par le pouvoir de décider des orientations ou des choix
stratégiques comme nous l‟avons vu au point 1.1.2 précédemment.
1.2.3. Les entités soumises à un même centre stratégique de décision sans liens
juridiques de domination entre elles
Une autre forme de groupe de sociétés reconnue par l‟Acte Uniforme est l‟ensemble des sociétés
soumises à un même centre stratégique de décision. Il s‟agit en fait de l'ensemble constitué de filiales
situées dans une région de l'espace OHADA, dépendantes d'une société mère située en dehors de cette
région mais n‟ayant pas de liens juridiques de domination entre elles (détention de participations). Il peut
s‟agir aussi de plusieurs sociétés indépendantes entre elles mais détenues par une personne physique
résidant dans l‟espace OHADA. Ces sociétés peuvent, cependant, être liées par des relations
économiques de natures diverses.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
En vue de donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat de l'ensemble
ainsi constitué, le centre de décision doit désigner, en vertu des dispositions comptables en vigueur, une
des sociétés de l‟ensemble pour établir ce que l‟on appelle les « comptes combinés ». Les « comptes
combinés » sont différents des comptes consolidés dans la mesure où le périmètre de combinaison ne
comprend pas les sociétés dont le siège est situé hors de l‟espace OHADA. Les comptes combinés
peuvent être assimilés à une consolidation horizontale.
8 L‟un des pays quelconque de l‟UEMOA puisque la disposition est formulée de la même manière dans tous les CGI
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
1. Définition de l’OCDE
Dans une étude de l‟OCDE datant de 2002 et intitulé « Echanges intra-branche et intragroupes et
internationalisation de la production», les transactions intragroupes sont considérées comme étant des
échanges transfrontières entre filiales d‟entreprises multinationales. Elles sont souvent désignées sous le
nom d‟échanges « intragroupes » ou « entre sociétés apparentées ».
Dans cette étude, l‟accent est mis sur les groupes internationaux tout simplement parce que la
problématique des prix de transfert concerne davantage les opérations réalisées entre deux ou plusieurs
entreprises liées et qui sont installées dans des pays différents avec un niveau d‟imposition différente des
revenus.
20 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Nous pouvons donc déduire qu‟il s‟agit d‟opérations d‟achat ou de vente de biens ou de services qui
impactent directement l‟assiette fiscale d‟imposition au titre de l‟impôt sur les sociétés.
Les principales transactions ou opérations intragroupes peuvent être regroupées en trois catégories, à
savoir : les opérations commerciales (1), les opérations portant sur les actifs immobilisés (2) et les
opérations financières (3). Pour se faire une idée exhaustive des opérations intragroupes, nous proposons
en annexe n°2 une cartographie des différents types d‟opérations intragroupes.
9 Commune parce qu‟elle est formulée de la même manière dans les différents CGI.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
produits du groupe. D‟autres enfin ont pour principale fonction l‟approvisionnement des autres entreprises
du groupe en matières premières ou en marchandises : il s‟agit des centrales d‟achat. La centralisation
des achats permet d'obtenir, grâce au potentiel d'achat et de vente ainsi constitué, les meilleures
conditions possibles auprès des fournisseurs sur le plan des achats (et notamment des prix et des
conditions d'achat) et sur le plan de différents appuis et aides apportés en matière de commercialisation,
de gestion, de documentation, de financement.
Le plus souvent, ces opérations ne reposent sur aucun contrat et elles relèvent tout simplement de
pratiques au sein du groupe. Le caractère courant de ce genre de transaction ne pose pas de problème
particulier mais l‟appréciation de la normalité des conditions d‟achat est plus délicate, car pouvant être
source de transfert indirect de bénéfice ; c‟est ce que nous étudierons dans la sous section C de la section
1 du chapitre 2 de cette première partie du mémoire.
Dans les faits, la rémunération des cadres dirigeants détachés en permanence dans l‟entité se fait à deux
niveaux : (i) au niveau local, il est alloué un salaire soumis à la réglementation sociale du pays et
permettant au cadre de faire face à ses dépenses courantes ; (ii) au niveau groupe, le cadre bénéficie d‟un
complément de rémunération qui intègre entre autres l‟assurance maladie, les cotisations sociales de
retraite du pays d‟origine. En réalité ce sont les «management fees » qui permettent de couvrir ce
complément de rémunération.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
b) L’assistance ponctuelle
Elle peut être intégrée dans le contrat de gestion sous un chapitre différent ou faire l‟objet d‟un contrat à
part. Elle porte sur des interventions ponctuelles du groupe sur demande de la filiale. Elle peut porter sur
une fonction particulière. L‟OCDE considère d‟ailleurs que les services rendus doivent correspondre à des
besoins réels identifiés par l‟entité qui fait la demande. Les modalités de rémunération de ce genre de
services portent souvent sur des honoraires fixés d‟avance dans le contrat suivant la catégorie de l‟expert
qui intervient et par jour ; en général les frais de séjour (hébergement, restauration et déplacements,…)
sont directement pris en charge par la filiale demanderesse.
Dans les deux cas d‟assistance, la problématique porte sur la réalité des services rendus et la justesse
des prix facturés. Nous étudierons cette problématique dans la deuxième partie du mémoire à travers
l‟approche d‟audit des comptes qui enregistrent les transactions intragroupes.
Dans un contrat de détachement de personnel, l‟agent détaché doit rester salarié de la société « prêteuse
de main d‟œuvre ». Les bulletins de paie et les salaires doivent relever de cette dernière. La société qui
bénéficie du détachement doit être facturée des services rendus sur la base des salaires réellement
supportés et des charges sociales et fiscales (méthode du prix de revient majoré que nous étudierons
dans la sous section C de cette section).
Le risque qu‟il faut éviter est celui de doublon avec la facturation de frais de gestion. En effet, il ne saurait y
avoir dans la même entité un contrat de gestion et un contrat de mise à disposition de personnel.
L‟Administration Fiscale serait en droit de requalifier la facturation des frais de gestion ou de mise à
disposition de personnel comme étant un transfert indirect de bénéfice.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
des coûts de communication pour l‟ensemble des sociétés du groupe - des dépenses liées à la conception
et au déploiement des outils de gestion pour l‟ensemble du groupe - des coûts de restructuration - des
coûts informatiques - des coûts de supervision de la fonction comptable et financière par la direction
financière du groupe qui apporte son assistance aux filiales dans le processus de clôture des comptes -
etc.
Ces coûts sont généralement déterminés au niveau de la maison mère et il n‟est pas évident pour un CAC
ou un inspecteur des impôts qui intervient au niveau d‟une entité donnée d‟appréhender l‟exactitude de
l‟évaluation et la réalité des dépenses. Ils sont souvent facturés soit sur une base forfaitaire (un
pourcentage du chiffre d‟affaires), soit repartis entre les différentes filiales du groupe suivant une clé de
répartition. On remarquera que les refacturations basées sur une répartition forfaitaire, consistant à
appliquer un pourcentage au chiffre d‟affaires de la filiale sont prohibées par l‟OCDE dans ses « Principes
Directeurs en matière de prix de transfert ». En effet, elles ne sont pas représentatives de la valeur des
services rendus. En revanche, les refacturations basées sur des clés de répartition (méthode de
refacturation indirecte du prix de revient majoré) sont recommandées, dans la mesure où les sociétés
prestataires et les bénéficiaires des services peuvent en justifier la pertinence.
Le secteur des BTP est le secteur où l‟on rencontre le plus d‟opérations de cession ou de prêt
d‟immobilisations. Elles portent généralement sur les engins de chantier comme les camions, les grues, les
reprofileurs, … Il faut cependant faire attention au prêt d‟actif à 1 franc CFA symbolique comme on le
rencontre souvent dans ce secteur. Ce genre de prêt est souvent requalifié par l‟AF de transfert indirect de
bénéfice dans la mesure où il ne génère aucune contrepartie pour le prêteur alors qu‟il en supporte les
amortissements.
La stratégie du groupe peut consister aussi à spécialiser une filiale dans la location de biens aux autres
entités du groupe. Il peut s‟agir de la location financement (crédit bail) ou de la location simple. Le loueur
devra avoir une documentation sur la détermination des loyers de location.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Nous citerons à titre d‟exemple le cas d‟un groupe français qui est présent dans toute l‟Afrique de l‟ouest et
centrale. Ce groupe a conclu avec toutes ses filiales des conventions de concession de brevet, de marque
et de savoir faire. Par ces conventions, les filiales sont autorisées à utiliser la marque « X » du groupe, les
procédés de fabrication des gaz industriels « oxygène » et « acétylène » ; les filiales bénéficient ainsi de
l‟image de notoriété internationale du groupe.
Les conventions de concession peuvent être doublées d‟une convention d‟assistance technique comme
nous l‟avons vu plus haut. La rémunération de ces concessions est généralement appelée « redevance ».
Ici encore, le problème demeure la justesse du prix facturé. Répond-t-il au principe de pleine concurrence?
(confère point 2.4. de la sous section C du chapitre 2 de cette partie du mémoire).
La problématique ici porte sur la normalité des conditions de participation à ce budget et il est
indispensable que ces recherches soient le prolongement des activités des entités utilisatrices des
résultats.
10 Article 12, paragraphe 2 du modèle de convention fiscale sur le revenu (version abrégée), OCDE 2008
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
- d‟une part, de flux à court terme réalisés dans le cadre de convention de trésorerie correspondant,
par exemple, à des organisations en « cash Polin » avec société pivot ; le système consiste à mettre
en commun la trésorerie des différentes sociétés et faire des prêts à celles qui en ont besoin ;
- d‟autre part, de contrats de prêts à moyen ou long terme (MLT) remboursables, octroyés dans le
groupe.
Il faut noter cependant que ces opérations relèvent en principe des activités réservées aux banques.
Aussi, importe-t-il de se demander si les opérations de trésorerie intragroupes ne constituent pas une
infraction aux règles bancaires en matière "d'exercice illégal" d'activités bancaires. Dans la zone UEMOA,
ni la loi bancaire ni le Traité de l‟UMOA ne traitent de la question. Par contre, en France, la loi du 24
janvier 1984, dite « loi bancaire », a levé toute incertitude sur cette question. En effet, l‟article 12-3° de
ladite loi et l‟article L. 511-17, 3°du Code monétaire et financier, considèrent que les opérations de
trésorerie échappent au monopole bancaire dès l‟instant où elles sont opérées entre des sociétés ayant
entre elles directement ou indirectement des liens du capital conférant à l‟une un pouvoir de contrôle
effectif sur l‟autre. Dans l‟espace OHADA, nous pouvons considérer, à la lecture de l‟article 450 du droit
des sociétés de l‟OHADA (qui traite des conventions interdites) que la pratique est implicitement tolérée.
En effet, cet article dispose qu‟une personne morale peut « contracter, sous quelque forme que ce soit,
des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte courant ou
autrement, ainsi que de se faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers ».
Sur le plan comptable, le traitement ne pose pas de problème particulier ; les opérations doivent être
enregistrées dans des comptes individuels appropriés selon qu‟il s‟agit d‟avances temporaires (comptes
466 «Groupe, comptes courants ») ou de prêts intragroupes (comptes 2771 « Créances rattachées à des
participations - groupe » chez le prêteur et 182 « dettes liées à des sociétés en participation » chez
l‟emprunteur). Pour les besoins de la consolidation ou de la combinaison, il y a lieu d‟éliminer ces
opérations réciproques.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
participation au capital ». Il s‟agit d‟opérations à caractère hors activités ordinaires visant à maintenir en
activité l'entreprise débitrice ou à préserver les sources d'approvisionnement afin d'assurer la poursuite
des relations avantageuses pour l'entreprise créancière.
Les abandons de créances sont à distinguer des renonciations à des recettes qui sont des prêts ou
avances consentis sans intérêts, des intérêts non réclamés, de la non facturation de ventes ou de
services. Ils doivent être formalisés dans une convention ou contrat. Le contrat d'abandon de créance, qu'il
contienne ou non une clause de retour à meilleure fortune, constitue dans tous les cas une convention
réglementée. Le caractère habituel de ce type de transaction ne pouvant, en effet, en aucune manière être
recherché11. Il en sera de même pour des prêts sans intérêt entre sociétés d'un même groupe, ainsi que
des subventions. Cette position a été rappelée dans un bulletin de la CNCC en 199612.
Pour savoir si l‟abandon présente un caractère commercial ou financier, il y a lieu de retenir ce qui suit :
- l'abandon est commercial, lorsque, trouvant son origine dans les relations commerciales de deux
entreprises, il est consenti, soit pour maintenir des débouchés, soit pour préserver des sources
d'approvisionnement ;
- il est financier lorsqu‟il est consenti par une société mère à sa filiale en difficulté en vue de revaloriser
les titres de participation qu'elle a décidé de céder, alors même que certaines relations commerciales
demeureraient entre ces sociétés après cette cession.
Par ailleurs, sur le plan comptable, l'abandon de créance est une charge hors activités ordinaires (H.A.O.)
pour l'entreprise qui le consent (compte 836) et un produit H.A.O. pour l'entreprise qui en bénéficie (compte
846). Pour les besoins de la consolidation ou de la combinaison, il y a lieu d‟éliminer ces opérations
réciproques.
Enfin, du point de vue fiscal, il n‟existe aucune disposition spécifique dans les CGI de l‟UEMOA sur les
abandons de créances. Dans la pratique, ils sont assimilés à des subventions d‟exploitation avec
application de la TVA.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
En droit comptable OHADA, les dividendes ne sont enregistrés, tant chez la société distributrice que chez
la société bénéficiaire, qu‟à l‟issue de l‟Assemblée Générale des actionnaires qui a décidé de la
distribution ; il en est de même pour les règles françaises et l‟IAS 18 (§30). En consolidation OHADA à
l‟image des règles françaises et internationales, les dividendes perçus dans un groupe sont éliminés en
totalité et font l‟objet de reclassement en réserves.
Par contre, en droit des sociétés de l‟OHADA, il ne peut y avoir d‟acompte sur dividende ; en effet, l‟article
756 du droit des sociétés fixe le principe de l‟interdiction de tout dividende intercalaire, de tout acompte sur
dividende et de tout paiement échelonné de dividende.
Sur le plan fiscal, les produits bruts des participations d‟une société mère dans le capital d‟une société filiale
sont exonérés de l‟impôt sur les BIC, déduction faite d‟une quote-part de frais et charges dont le taux ne
saurait dépasser 5% (Directive 2008 de l‟UEMOA). Pour bénéficier de ce régime, la société mère et sa ou
ses filiales doivent avoir leur siège social dans l‟un des Etats membres de l‟UEMOA et doivent être
passibles de l‟impôt sur les bénéfices.
Dans la pratique, on rencontre aussi le nantissement de dépôts à terme (DAT) d‟une société du groupe au
profit d‟une autre société en garantie d‟un prêt bancaire. Les DAT sont des placements de trésorerie à court
terme. Lorsqu‟ils sont apportés en garantie d‟un prêt d‟une filiale, les DAT sont bloqués au profit de la
banque pendant la durée du prêt.
La question est de savoir si les garanties données par une maison mère au profit d‟une filiale doivent être
rémunérées ou pas. A l‟image des cautions bancaires données par une banque au profit d‟une société, il
nous paraît normal que ces garanties soient rémunérées ; cependant la société garante peut ne pas exiger
une rémunération en fonction des circonstances. Dans tous les cas, une opération d‟engagements
financiers donnés et reçus doit être formalisée et soumise à la procédure des conventions réglementées
que nous étudierons dans la section 2 de ce chapitre.
28 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Si, sur un marché libre, l‟évaluation du prix de toute transaction se fait naturellement en fonction du pouvoir
de négociation de chacune des parties13, l‟opération présente de nombreuses difficultés lorsqu‟elle a lieu
au sein de plusieurs sociétés appartenant à un même groupe international. En effet, ces sociétés, étant
régies par un intérêt supérieur commun (intérêt économique du groupe), sont souvent confrontées à des
règles juridiques et fiscales différentes, parce qu‟implantées dans des pays différents.
Avant de présenter les méthodes de valorisation des prix de transfert préconisées par l‟OCDE (2), nous
rappelons d‟abord ce que sont les prix de transfert (1).
Toute entreprise, quelle que soit sa taille, est confrontée à la problématique des prix de transfert dès lors
qu'elle réalise des transactions à l‟international et qui impliquent des sociétés liées implantées dans des
pays différents et appliquant des règles fiscales différentes. Selon la définition de l‟OCDE, les prix de
transfert sont « les prix auxquels une entreprise transfère des biens corporels, des actifs incorporels, ou
rend des services à des entreprises associées ».
Selon le Guide de la DGI (France) sur les prix de transfert, ils se définissent plus simplement comme étant
« les prix des transactions entre sociétés d'un même groupe et résidentes d'États différents : ils supposent
des transactions intragroupes et le passage d'une frontière. Il s'agit finalement d'une opération d'import-
export au sein d'un même groupe, ce qui exclut toute transaction à l'international avec des sociétés
indépendantes ainsi que toute transaction intragroupes sans passage de frontière ».
Les échanges concernés portent non seulement sur les ventes de biens et de marchandises, mais
également sur toutes les prestations de services intragroupes (confère plus haut la sous section B
« typologie des transactions intragroupes »). Les prestations de services non rémunérées et les mises à
disposition gratuite de personnel ou d'éléments incorporels entre entreprises associées sont également
concernées.
Pour une meilleure compréhension, nous présentons ci-dessous trois situations qui illustrent bien la notion
des prix de transfert :
13Le prix d‟un bien ou d‟un service se détermine en fonction de l‟offre et de la demande dans un environnement de pleine concurrence comme le
recommande l‟OCDE.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Exemple 1 : au sein d'un groupe, une filiale A établie en France vend des marchandises à une autre filiale
B établie au Bénin. Le prix de vente des marchandises est un prix de transfert (parce que c’est une
opération réalisée au sein du groupe entre deux entités situées dans deux pays différents)
Exemple 2 : une société mère française A facture des frais de siège à ses filiales B et C, situées au
Sénégal et en Côte d’Ivoire. Le service facturé relève des prix de transfert.
Exemple 3 : une entreprise A établie au Togo vend du clinker (matière première) à une entreprise
indépendante B établie en Allemagne. Le prix de vente du clinker ne constitue pas un prix de transfert
(parce que c’est une opération intervenue entre deux entités indépendantes).
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
La comparaison peut s‟effectuer aussi par rapport aux prix pratiqués par l‟entreprise elle-même ou par
l‟une des entreprises appartenant à son groupe à l‟occasion de transactions identiques effectuées avec
des entreprises indépendantes : on parle alors de comparables internes.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Il faut noter que l‟application de cette méthode suppose qu'il n'existe pas de différence entre les
transactions comparées ou les entreprises effectuant ces transactions, susceptibles d'avoir une incidence
significative sur le prix de marché (exemple : différences de localisation géographique des marchés, de
volume, de condition de transport, d'assurance, de délai de règlement, de droits de douane,…). D‟après le
Guide de la DGI cité ci-dessus, s'il n'existe pas de transaction similaire, il convient d'opérer des correctifs
(ou ajustements) lorsque ceux-ci peuvent être effectués avec suffisamment de fiabilité afin de tenir compte
de ces différences pour approcher le juste prix de marché.
La méthode suppose des transactions et des structures de coûts similaires entre les entreprises
comparées. Elle est particulièrement adaptée pour les opérations de commercialisation, lorsque le
distributeur n'est pas l'entrepreneur principal qui a fabriqué le produit.
- les coûts de production directs (ex : coût d'achat des matières premières) et indirects (ex : frais de
réparation et d'entretien) ;
- les autres charges d'exploitation (ex: frais de vente, frais généraux et frais administratifs).
15 Il s‟agit du prix auquel le bien revendu avait été acheté à l‟origine dans le groupe
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Cette méthode est recommandée pour les entités qui sont dans le domaine de la production et est
particulièrement adaptée aux prestataires de services. On notera que la rémunération des prestations de
services indexée sur le chiffre d‟affaires de l‟entité bénéficiaire de la prestation ou forfaitisée à un montant
fixe ne correspond pas à la méthode du prix de revient majoré.
Le Guide pour les PME de l‟AF française indique que « Cette méthode consiste à déterminer à partir de
données appropriées (exemple : les charges, le chiffre d'affaires, la valeur des actifs…), la marge
bénéficiaire nette que réalise une entreprise dans le cadre d'une transaction intragroupes, et à la comparer
à celle qu'une entreprise indépendante réaliserait pour une transaction comparable ». La méthode
s'applique à tous les biens corporels, incorporels ainsi qu'aux prestations de services. Elle nécessite
cependant, pour estimer avec fiabilité un résultat de pleine concurrence, un niveau de comparabilité
similaire à celui qui est requis pour les méthodes du prix de revient majoré et du prix de revente, avec une
étude approfondie des différences fonctionnelles et éventuellement l'application d'ajustements appropriés.
Cette méthode, qui souvent ne fait pas directement appel à des comparables, est présentée par l‟OCDE
comme une méthode de dernier recours ; en d‟autres termes, cette méthode ne doit être utilisée que dans
les cas où l‟application d‟aucune autre méthode n‟est possible.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
1. Le fondement du principe
L'OCDE a posé le principe selon lequel les transactions commerciales et financières internationales entre
sociétés liées doivent se conclure dans des conditions de pleine concurrence au même titre que celles qui
seraient réalisées entre entités indépendantes. Le principe de pleine concurrence constitue la norme
internationale qui autant que possible16 doit être utilisée pour la détermination des prix de transfert à des
fins fiscales. Ce principe est défini comme suit par l'article 9.1.b) du modèle de convention OCDE du 29
avril 2000 : « Lorsque les deux entreprises sont, dans leurs relations commerciales ou financières, liées
par des conditions convenues ou imposées qui diffèrent de celles qui seraient convenues entre des
entreprises indépendantes, les bénéfices qui, sans ces conditions, auraient été réalisés par l'une des
entreprises mais n'ont pu l'être en fait à cause des conditions, peuvent être inclus dans les bénéfices de
cette entreprise et imposés en conséquence ».
Pour faire simple, ce principe veut qu‟un prix de transfert soit le même que si les deux sociétés en cause
étaient deux entreprises indépendantes et ne faisaient pas partie du même groupe ; autrement dit, si un
16 L'OCDE n'étant pas un législateur, ses recommandations ont surtout une portée didactique
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
produit ou service A, remplissant les mêmes conditions de production, est vendu sur le marché à un tiers
indépendant à 100 F CFA, il doit l‟être au même prix entre deux entités du même groupe.
Un parallèle avec les normes comptables internationales montre que cette notion de « juste prix » est très
voisine de la « fair value » ou de la « juste valeur ». En effet, la norme FAS 12 du FASB définit la « juste
valeur » comme « étant le prix auquel le bien pourrait être vendu dans une transaction effectuée dans des
conditions normales de concurrence entre des parties indépendantes ». Selon la norme IAS 32 « la juste
valeur est le montant pour lequel un actif pourrait être échangé, ou un passif éteint, entre des parties bien
informées et consentantes dans le cadre d’une transaction effectuée dans des conditions de concurrence
normale ».
Pour ce qui est du droit des sociétés de l‟OHADA en matière de conventions réglementées, l‟article 439
pose aussi le problème du juste prix en ce qui concerne les conventions conclues directement ou
indirectement entre une société et l‟un de ses dirigeants. L‟article définit les conditions normales de
réalisation des opérations entre deux entités comme celles qui sont appliquées, pour des conventions
semblables, non seulement par la société en cause, mais également par les autres sociétés du même
secteur d'activité.
Il apparaît que, pour qu‟il y ait «juste prix » ou « prix de pleine concurrence », il faut que les conditions de
conclusion de la transaction respectent deux conditions fondamentales : l‟indépendance des parties
contractantes et la normalité des conditions du contrat en ce qui concerne le prix. Nous étudierons la
normalité des conditions des conventions au point 1.1 de la sous section A de la section 2 de ce chapitre.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
impositions de ses revenus et résultats. En effet, les échanges internationaux seraient fortement freinés si
le mécanisme des conventions fiscales n‟existait pas et l‟on pouvait craindre que les résultats de ces
échanges soient imposés deux fois. Pour éviter cette double imposition, l‟OCDE a exposé des principes
que les AF des différents pays concernés pourraient appliquer pour redresser la base d‟imposition des
entreprises qui ne respectent pas le principe de pleine concurrence.
Dans leurs relations avec le reste du monde, la plupart des pays de l‟UEMOA ont conclu avec les pays
occidentaux des conventions fiscales internationales sur le modèle de l‟OCDE. Cependant, force est de
reconnaître que la mise en place d‟une convention fiscale internationale ne résout pas la problématique
des prix de transfert. Les pays africains de l‟espace UEMOA ont intérêt à renforcer leurs législations
fiscales en la matière car, l‟objectif principal des prix de transfert est de payer moins d‟impôt sur le revenu
dans le pays qui a un fort taux d‟imposition, et de transférer vers un autre pays à fiscalité privilégiée une
bonne partie de ce revenu.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
La revue comparative des CGI des huit (8) pays de l‟UEMOA que nous avons effectuée (annexe n°4) a
montré que seul un article traite du transfert indirect de bénéfice de façon générale. Cet article est rédigé
quasiment dans les mêmes termes d‟un pays à l‟autre. On remarquera que cette disposition commune aux
huit (8) pays de l‟UEMOA est identique à l‟article 57 du CGI français dont elle est d‟ailleurs inspirée.
En dehors de cet article, il n‟existe aucune autre disposition ni sur la documentation dont doit disposer les
entreprises sur leurs prix de transfert ni sur les méthodes de calcul de ces prix. Il est évident que le
dispositif actuel ne permet pas aux services des impôts des différents pays de disposer de l‟ensemble des
documents et informations nécessaires aux opérations de contrôle.
On note cependant que la Côte d‟Ivoire s‟est distinguée en 2006, par l'introduction, à travers la Loi de
Finance 2006 (annexe n°5), de dispositions fiscales, qui tout en renforçant les moyens d'investigation de
l'AF ivoirienne, sont de nature à rendre plus transparentes les modalités de contrôle des prix de transfert.
Aussi, l‟article 38 du CGI ivoirien, de portée générale certes, a-t-il été renforcé par l‟introduction dans le
Livre des Procédures Fiscales d‟un nouvel article 50 bis consacré aux groupes de sociétés. Il est ainsi
prévu que lorsqu'au cours d'une vérification de comptabilité, l‟AF a réuni des éléments faisant présumer
qu'une entreprise a opéré un transfert indirect de bénéfices, au sens des dispositions de l'article 38 du
CGI, elle peut demander à cette entreprise des informations et documents précisant la nature des relations
entre cette entreprise et une ou plusieurs entreprises exploitées à l'étranger, la méthode de détermination
des prix des opérations effectuées, les éléments qui la justifient ainsi que, le cas échéant, les contreparties
consenties, les activités exercées par les entreprises exploitées à l'étranger, liées aux opérations
concernées, le traitement fiscal réservé aux opérations à l'étranger.
2. Cas du Cameroun
Le Cameroun appartient à la zone CEMAC et est membre de l‟OHADA. En 2007, le Cameroun a emboîté
le pas à la Côte d‟Ivoire. En effet, avant la Loi de Finance 2007 (annexe n°6), l'article 19 du CGI de ce
pays prévoyait de manière générale la possibilité de taxer au Cameroun les bénéfices indirectement
transférés à des entreprises liées situées à l'étranger, soit par voie de majoration ou de diminution du prix
des transactions, soit par tout autre moyen. L'article L19 Bis nouveau du Livre des Procédures Fiscales de
loi de Finance 2007précise que lorsque, dans le cadre d'une vérification de comptabilité, l'Administration a
réuni des éléments faisant présumer que l'entreprise a opéré un transfert indirect de bénéfices, elle peut
demander des compléments d'information concernant aussi bien l'entreprise camerounaise que celle
située à l'étranger. Les demandes d'informations et de documents doivent être précises et indiquer
explicitement, par nature d'activité ou par produit, le pays ou le territoire concerné, l'entreprise, la société
ou le groupement visé, les montants en cause.
37 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Aussi bien au Cameroun qu'en Côte d'Ivoire, ces nouvelles dispositions fiscales constituent une avancée
importante dans l'organisation du contrôle des transferts indirects qui sont des résultantes des prix de
transfert. Toutefois, leur portée pourrait être limitée par le fait que les autorités fiscales de ces pays
n'apportent pas encore de précision sur d'autres aspects du contrôle des prix de transferts notamment les
obligations en matière de documentation ou encore les méthodes d'évaluation de ces prix.
La pratique des prix de transfert expose donc les entreprises à des redressements fiscaux très importants.
Ces risques de redressement sont d‟autant plus élevés que les prix de transfert apparaissent comme étant
établis de manière arbitraire, sans méthode définie en amont et appliquée de manière cohérente et
justifiable.
Nous pouvons donc définir le transfert indirect de bénéfices à l'étranger par opposition au transfert direct
des bénéfices qui s'effectue par le paiement des dividendes aux actionnaires domiciliés à l'étranger ou la
remontée des bénéfices d'une succursale vers le siège par le biais d'un compte de liaison en disant que :
Le transfert indirect de bénéfice est le fait, pour une entreprise A sous dépendance d‟une entreprise B, de
majorer ou de minorer les prix d'achat ou de vente d‟un bien ou d‟un service, et ainsi de soustraire de la
base d‟imposition de l‟entreprise A une partie des produits imposables.
Le transfert indirect de bénéfices suppose donc l'utilisation de moyens détournés et indirects pour
récupérer les bénéfices réalisés par une société étrangère. Cette pratique irrégulière est sanctionnée aussi
bien par le droit interne des pays de l‟UEMOA que par les conventions fiscales internationales et les
recommandations de l‟OCDE.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Exemple : Une société européenne détient au Bénin une filiale à 70% avec des minoritaires locaux et au
Niger une deuxième filiale détenue à 100%. Les deux filiales ont une activité de fabrique de ciment à partir
du clinker. La société mère a conclu une convention d’approvisionnement en clinker avec les filiales. Entre
les filiales béninoise et nigérienne, il a été conclu une convention de vente de ciment pour compléter le
niveau de production de la filiale nigérienne qui n’arrive pas à satisfaire les besoins du marché nigérien. La
tonne de ciment lui est vendue à 35 000 F CFA18 alors qu’elle est vendue aux clients revendeurs nigériens
qui viennent s’approvisionner directement au Bénin à 48 000 F CFA. Le prix de vente du ciment au Niger
est homologué à 75 000 F CFA. Il apparait qu’en minorant le prix de vente à la société sœur du Niger de
13 000 F CFA la tonne, la société béninoise « s’appauvrit » au profit de sa sœur nigérienne. On notera en
outre que, par cette convention entre les sociétés sœurs, le groupe maximise ses résultats dans l’entité où
il est l’actionnaire unique (la filiale nigérienne).
Comme le montre l‟exemple ci-dessus, le prix de vente d‟une marchandise ou d'une prestation de service
entre deux sociétés affiliées est généralement fonction de la politique du groupe. En effet, le groupe peut
avoir comme objectif le développement de son implantation commerciale, ou un retour sur investissement
ou encore la résolution des difficultés économiques d‟une filiale. Ces objectifs peuvent amener un groupe
à pratiquer des prix internes sans que cela ne soit intentionnel, de transfert indirect de bénéfice.
Compte tenu du fait que les prix de transfert renvoient à un jugement plutôt qu'à une norme, le plus
souvent, la «majoration » ou la « minoration » de prix n‟est pas intentionnelle et résulte d'une divergence
d'appréciation entre le groupe et l'AF. Lors des vérifications de comptabilité, l'AF compare le prix de la
transaction intragroupe avec celui qui aurait été pratiqué par des sociétés indépendantes au titre des
mêmes opérations. Pour ce faire, l'Administration a la possibilité de faire usage de son droit de
39 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Tout récemment, il a été relevé dans la zone CIMA que les frais d‟assistance technique facturés aux
sociétés d‟assurances par les maisons mères ne sont pas souvent justifiés. Pour lutter contre cette
pratique et pour mettre de l‟ordre dans la gouvernance des sociétés d‟assurance exerçant dans la zone
OHADA, le Conseil des Ministres de la CIMA a voté le 28 septembre 2009 un Règlement définissant les
modalités de la facturation au réel (méthode du prix de revient majoré) des conventions d‟assistance
technique conclues avec les sociétés d‟assurance (annexe n°7). Les points essentiels de ce Règlement se
résument comme suit :
- les frais facturés doivent être déterminés sur une base raisonnable et justifiable en rapport avec les
prestations réellement accomplies ;
- la rémunération facturée ne doit pas excéder celle qu‟aurait facturé, pour des services équivalents,
une entreprise tierce non liée ;
- pour les groupes de sociétés qui disposent en leur sein d‟une entité spécialisée dans l‟assistance
technique et dont le budget de fonctionnement est financé par les entités bénéficiaires, le budget doit
être réparti entre les filiales suivant une clé de répartition sans pour autant dépasser 2% du chiffre
d‟affaires.
-les frais d‟assistance technique doivent être supportés par un dossier d‟assistance technique
permettant de justifier l‟effectivité de l‟assistance, le niveau de la rémunération payée et la pertinence
des méthodes de facturation ; ce dossier doit comprendre une copie de la convention, un rapport
annuel produit par le prestataire, la nature des relations qui lient l‟entreprise prestataire et la société
d‟assistance, les modalités pratiques de la facturation ; en cas de participation au budget de l‟entité
prestataire, il est exigé en outre le programme annuel d‟activité, le budget détaillé, un compte rendu
d‟exécution détaillé du budget.
40 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Il faut noter que dans le cadre des prêts entre sociétés sœurs, le principe est que les taux d‟intérêts servis
doivent être des taux de pleine concurrence. En pratique, les AF exigent (quand bien même cela n‟est pas
écrit dans les CGI de l‟UEMOA) que les prêts et avances consentis au sein du groupe soient normalement
rémunérés. En effet, les avances ou prêts sans intérêts ou à un taux insuffisant sont qualifiés par le fisc
d‟actes anormaux de gestion ; le manque à gagner est en conséquence réintégré dans le résultat
imposable de la société prêteuse.
Il est cependant difficile, dans un environnement qui est celui de l‟UEMOA, de faire la preuve du caractère
excessif des sommes payées. En effet, l'appréciation du caractère normal des prix convenus constitue un
exercice délicat car il n‟existe pas un marché libre et actif permettant de faire des comparaisons pour ce
type de services. La situation habituelle est celle où une filiale paie de telles redevances à sa société mère
ou à une autre entité du groupe ; L'entreprise qui paye de tels montants doit être en mesure de démontrer
non seulement qu'ils se justifient juridiquement par l'existence de contrats réels, mais aussi que les
relations concernées sont effectives et non fictives. Cependant, si l‟entité concédante fournit le même
service à une entreprise indépendante, le prix facturé à cette dernière devra servir de référence aux prix
de transfert.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Il convient de souligner qu'en droit fiscal des pays de l‟UEMOA, les redevances payées pour les divers
services que le groupe peut rendre à la société ne sont admis en déduction du bénéfice imposable qu'à la
condition de ne pas être excessives et de ne pas présenter le caractère d'un transfert indirect du bénéfice.
Dans tous les cas, ils ne sont déductibles que dans la limite d‟un pourcentage (entre 10 et 20 % selon les
pays) des frais généraux. Il faut noter que ce plafonnement ne s‟applique que si la charge est « causée »,
au cas contraire, elle est intégralement réintégrée.
Par ailleurs, dans le cadre de leur politique d'expansion internationale, les entreprises ont généralement
recours à des alliances qui peuvent se traduire par la création d'une filiale commune dont les charges de
fonctionnement sont réparties entre elles. L'évaluation forfaitaire des frais d'exploitation d'une telle filiale
est également susceptible de dissimuler un transfert indirect de bénéfices.
Enfin, il arrive souvent dans les groupes qu‟une filiale engage sur sa propre trésorerie des dépenses pour
le compte de la société mère ou d‟une autre entité du groupe à l‟occasion d‟une mission dans le pays
d‟implantation de la filiale ; ou compte tenu de la proximité de la filiale, la maison mère demande au
management local d‟effectuer des opérations de prospection de marchés dans les pays voisins pour le
compte du groupe ; de telles dépenses, lorsqu‟elles ne sont pas refacturées, sont de nature à être
qualifiées de transfert indirect de bénéficie et d‟acte anormal de gestion dans la mesure où la filiale ne
bénéficie en retour d‟aucune contrepartie.
Le CAC qui audite l‟entité qui consent l‟abandon devra s‟interroger sur le caractère normal de cet abandon.
Il doit être vigilant face à de telles pratiques ; il ne doit à aucun moment perdre de vue le fait que ces
pratiques, justifiées ou non, sont de nature à engendrer des conséquences qui peuvent impacter de façon
significative son opinion sur les comptes.
42 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Montant en F CFA
Situation avant contrôle : -200
Redressement 500
Résultat corrigé 300
Supplément d'IS à 30% 90
IRVM(1) à 18% du montant du redressement (500 x 18%) 90
(2)
Pénalité 40% (hypothèse d'une société de mauvaise foi) 36
TVA à 18% (cas où il s'agit d'une minoration du chiffre d'affaires) 90
Total (hors intérêts de retard) 306
(1) Il s’agit de l’impôt qui frappe les distributions de dividendes ; au Bénin le taux est de 18%
(2) Au Bénin par exemple, les pénalités vont de 20, 40 à 80% (20% si le contribuable est de bonne foi, 40% s’il est de mauvaise
foi et 80% s’il fait preuve de manœuvres frauduleuses).
i. Dans le cadre d’un contrôle fiscal des opérations intragroupes, l’AF béninoise a eu à utiliser les
comparables externes. Le contrôle a porté sur les prix auxquels les matières premières (clinker et
gypse) ont été achetées par une société béninoise (filiale à 70% d’une société étrangère) auprès d’une
centrale d’achat du groupe. L’Administration a considéré qu’il y a eu surfacturation de 36% du prix
d’achat des matières en comparaison avec le prix moyen des achats des deux autres acteurs
concurrents du secteur. L’Administration a donc, après quelques ajustements sur les droits de douane,
redressé les achats comptabilisés en recalculant le prix d’achat par référence au prix moyen relevé
chez les concurrents. Ce redressement aurait pu être contesté car tous les éléments de comparaison
n’étaient pas réunis ; en effet il existait des différences de localisation géographique des marchés (les
matières premières importées par les trois acteurs du secteur ne provenaient pas de la même source
d’approvisionnement).
43 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
ii. Au Togo, au cours d’un contrôle fiscal, l’Administration fiscale a considéré que la filiale a minoré les
recettes provenant des prestations19 faites à la maison mère en appliquant une nouvelle convention
signée entre les deux entités. L’Administration fiscale a donc rejeté la nouvelle convention en
considérant qu’elle profite beaucoup plus à la maison mère, et par ricochet amenuise l’assiette
d’imposition à la TVA et à l’impôt sur les BIC 20. Elle a décidé de redresser le chiffre d’affaires déclaré
sur la base de l’ancienne convention.
iii. Au Niger, l’Administration fiscale a réintégré l’intégralité des managements fees payés à une société
du groupe21 en considérant que les charges comptabilisées ne sont pas justifiées ; en effet, dans ce
dossier, en dehors de la convention qui a été régulièrement autorisée par le Conseil d’Administration, il
n’existe ni de rapport sur l’effectivité de l’assistance réalisée par la société du groupe ni de factures.
iv. Tout récemment, le Bénin a connu un cas de contrôle fiscal à plusieurs rebondissements et qui a
défrayé la chronique. Il a été question d’une requalification des opérations réalisées par une société
béninoise de distribution d’hydrocarbures, filiale à 100% d’un groupe européen. La filiale a deux
activités : l’importation, la vente d’hydrocarbures et le stockage des produits pétroliers (elle dispose de
cuves de stockage qui servent également à stocker les produits pétroliers vendus directement par la
société mère à des clients de pays enclavés comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali). Le contrat de
passage signé avec une autre société C22 du groupe pour le stockage des produits a été contesté par
l’administration fiscale qui considère qu’en réalité c’est la filiale béninoise qui réalise les opérations
d’achat et de vente à destination des pays enclavés. Après plusieurs contestations et une procédure en
contentieux, il a été finalement retenu le motif d’acte anormal de gestion du fait d’une absence de
rémunération de la filiale pour les formalités douanières et divers services rendus qu’elle accomplit pour
le compte de la société mère lors de la livraison des produits aux clients des pays enclavés.
marketing, de clôture des comptes et d‟audit interne. La rémunération est fixée contractuellement à 2% du chiffre d‟affaires.
22 Dans ce dossier, trois sociétés du groupe interviennent dans l‟opération : (1) la mère qui vend les produits à des pays n‟ayant pas accès à la mère,
(2) la filiale C basée à l‟étranger et chargée de la logistique et du stockage des produits vendus par la mère et (3) la filiale béninoise avec qui la
société C a signé un contrat de passage des produits de la mère ; la filiale béninoise est chargée en outre d‟effectuer les formalités douanières pour
le compte des clients de la société mère.
44 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
de pleine concurrence. Cet article permet à l‟Administration de rectifier les résultats déclarés lorsque des
bénéfices ont été indirectement transférés à l'étranger, soit par voie de majoration ou de diminution des
prix d'achat ou de vente, soit par tout autre moyen.
Il apparaît qu‟il existe un lien intrinsèque entre prix de transfert et fiscalité. La DGI (France), dans son
guide sur les prix de transfert à l‟attention des entreprises, a bien démontré ce lien : « En effet, en fixant
les prix de réalisation des transactions internes, les groupes opèrent des choix qui affectent de façon
immédiate et directe l'assiette fiscale des États concernés par les transactions. Cette situation amène les
États à vérifier que les entreprises implantées sur leur territoire et qui commercent avec d'autres
entreprises liées et implantées à l'étranger sont correctement rémunérées pour les opérations réalisées et
déclarent la juste part du résultat devant leur revenir eu égard aux activités déployées ».
5. Nécessité pour les entreprises de mettre en place une documentation pour limiter
les risques fiscaux de rectification de la base imposable
Les dispositions internationales en matière de prix de transfert (OCDE, UE) préconisent la mise en place
par l‟entité d‟une documentation. La norme d‟audit ISA 550 de l‟IFAC relative aux « parties liées » précise
par ailleurs que la direction est responsable de l'identification et de l‟information à fournir dans les états
financiers concernant des parties liées et des transactions entre celles-ci.
La nécessité pour les entreprises concernées de l‟UEMOA de mettre en place une telle documentation
poursuit un double objectif :
-la recherche d‟une transparence et la cohérence des informations relatives aux facturations
intragroupes ;
-la réduction du risque de remise en cause par l‟Administration Fiscale lors d'un contrôle fiscal des
facturations intragroupes.
-la présentation du groupe : Il s‟agit des liens juridiques, économiques et financiers existant dans le
groupe, le degré de dépendance de l‟entité au regard des pourcentages de détention du groupe ;
-l‟analyse des fonctions : il s‟agit de présenter les fonctions ou activités exercées au sein du groupe par
chaque entité ;
-les méthodes de valorisation des prix de transfert pratiqués ;
-les actifs apportés ou utilisés pour la réalisation de ces fonctions en particulier les actifs incorporels ;
-l‟analyse sectorielle du ou des marchés du groupe (forces, faiblesses, opportunités, menaces, facteurs
clés de succès).
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
- « Les opérations courantes sont celles qui sont effectuées par une société, d'une manière
habituelle, dans le cadre de ses activités ».
- « Les conditions normales sont celles qui sont appliquées, pour des conventions semblables, non
seulement par la société en cause, mais également par les autres sociétés du même secteur
d'activité ».
D‟une manière générale, le caractère courant des opérations intragroupes, du point de vue de leur nature,
sera toujours présumé. Cependant, ce sont les modalités de conclusion de ces opérations qui peuvent être
sujettes à interprétations diverses. Ainsi, pour qualifier la convention ou l‟opération de « normal », il
convient de faire référence aux conventions semblables, conclues avec des tiers indépendants,
fournisseurs ou clients, dans le cadre de la société et du secteur d'activité concerné et en considération de
l'absence de tout avantage particulier, par rapport aux conditions faites à ces derniers. A titre d‟exemple,
dans un contrat d‟approvisionnement exclusif (vente de la totalité de la production) entre deux entités
46 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
sœurs, le caractère normal ne peut être établi dans la mesure où il n‟existe pas dans le groupe une autre
entité qui cède la totalité de sa production à une société du groupe ou à une société indépendante.
Quand bien même les opérations intragroupes, de par leur nature, sont présumées « courantes», il n‟en
demeure pas moins vrai qu‟il s‟agit d‟opérations « suspectes », parce que concernant des entités liées.
Aussi, estimons-nous que, lorsqu‟il subsiste le moindre doute sur le caractère "normal" de la convention,
mieux vaudra la traiter comme une convention réglementée et la soumettre à l'autorisation préalable du
Conseil d‟Administration.
Par ailleurs, les conditions de conclusion et d‟exécution de ces conventions par l‟entité, pourraient
l‟amener à commettre, du point de vue du droit des sociétés de l‟OHADA, des délits que nous étudierons
au point 2 de cette sous section.
23Définies à l‟article 438 et relatives aux conventions conclues entre la société et l‟un de ses dirigeants sociaux directement ou indirectement par
personne interposée.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Les conventions visées à l‟article 438 et conclues sans autorisation préalable du Conseil d‟Administration
peuvent être annulées si elles ont eu des conséquences dommageables pour la société. La nullité peut
être couverte par un vote de l‟Assemblée Générale24 intervenant sur le rapport spécial du CAC exposant
les circonstances en raison desquelles la procédure d‟autorisation n‟a pas été suivie. L‟intéressé ne peut
pas prendre part au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la
majorité.
Que ce soient les SA ou les SARL, l‟approbation des conventions réglementées relève de la compétence
de l‟AGO. Cette dernière donne son approbation ou désapprouve sur la base du rapport spécial du CAC
ou sur la base du rapport du Gérant selon le cas. Cependant, lorsque les conventions sont désapprouvées
par l‟AGO pour fraude, les conséquences dommageables peuvent être mises à la charge de
l‟administrateur intéressé et, éventuellement, des autres membres du Conseil d‟Administration (article
443). Selon les auteurs25 des commentaires sur le droit des sociétés de l‟OHADA, plusieurs cas sont à
envisager :
Convention sans fraude, approuvée par Elle produit tous ses effets aussi bien entre les cocontractants qu‟à
l‟AGO : l‟égard des tiers
Convention avec fraude, commise lors de la Elle peut être annulée et privée d‟effet aussi bien entre les
conclusion, et néanmoins approuvée par cocontractants qu‟à l‟égard des tiers
l‟AGO :
Convention sans fraude, désapprouvée par Elle produit tous ses effets aussi bien entre les cocontractants qu‟à
l‟AGO26 : l‟égard des tiers, mais les conséquences dommageables peuvent
être mises à la charge de l‟administrateur ou du dirigeant intéressé
et, éventuellement, à celle des autres membres du Conseil
d‟Administration
Convention avec fraude, désapprouvée par Elle peut être annulée, elle ne produit aucun effet et ses
l‟AGO : conséquences peuvent être mises à la charge des intéressés et
des autres membres du conseil.
faisant partie d‟un groupe. La filiale a conclu un contrat d‟agence maritime avec la mère ; cette convention a été rejetée par le Conseil présidé par
l‟actionnaire majoritaire mais en minorité dans le conseil ; le motif du refus est que le contrat avantage beaucoup plus la société mère. L‟AGO,
naturellement a désapprouvé par la suite la convention mais cela n‟a pas empêché la convention de continuer à courir.
48 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
fréquents du fait de la multiplicité des conventions. Le problème devient plus crucial lorsqu‟il existe des
actionnaires minoritaires qui pourraient être victimes d‟abus de majorité.
2.1. L’abus de majorité et la rupture de l’égalité entre les actionnaires (article 130)
En droit OHADA, il y a abus de majorité lorsque les actionnaires ou associés majoritaires ont voté une
décision dans leur seul intérêt, contrairement aux intérêts des actionnaires ou associés minoritaires, et que
cette décision ne puisse être justifiée par l'intérêt de la société (article 130, droit des sociétés). Selon
l‟auteur V. Tricot, l‟abus de majorité est conçu comme une rupture d‟égalité entre actionnaires au profit
des majoritaires, doublé d‟une méconnaissance de l‟intérêt social27. L'abus de majorité est donc
caractérisé par deux éléments fondamentaux que le CAC doit toujours rechercher :
Il est des situations où cette double condition pose problème par exemple en cas de mise en réserve des
dividendes, votée à la majorité des voix et pour laquelle les minoritaires ont voté contre. Cette mise en
réserve répond à l‟intérêt de la société de disposer de fonds nécessaires à son financement, mais peut
désavantager les actionnaires minoritaires qui ne touchent pas de dividendes. A notre avis, si cette
situation devrait se répéter (mise en réserve systématique), les minoritaires seraient fondés de saisir les
tribunaux surtout lorsque dans le même temps les majoritaires tirent de la société chaque année des
honoraires de gestion et d‟assistance et de surcroit, ce sont eux qui ont l‟exclusivité d‟approvisionner la
société en matières premières via l‟une de leurs filiales.
S‟agissant des conventions conclues entre l‟entité et le groupe sur certaines opérations, le droit des
sociétés de l‟OHADA permet aux minoritaires de demander une expertise de gestion (article 159). Cette
expertise est une arme exceptionnelle que l‟Acte Uniforme offre aux minoritaires pour percer l‟opacité qui
entoure certaines conventions intragroupes. Elle vise à obtenir des informations plus complètes sur une
décision de gestion prise par les organes de décision, par la nomination en justice d'un expert judiciaire qui
sera chargé de faire un rapport sur les conventions ou opérations concernées.
2.2. Les actes anormaux de gestion et l’abus de biens sociaux (article 891)
Les terminologies « acte anormal de gestion » et « abus de biens sociaux » n‟existent pas dans les Actes
Uniformes de l‟OHADA, et pourtant elles sont couramment utilisées dans la pratique. L‟OHADA parle plutôt
« d‟usage contraire que les dirigeants font des biens ou crédits de la société ».
27 v. Tricot, Abus de droit dans les sociétés, Rev. trim. Droit Com. 1994, p. 617
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Ces notions sont assez proches, certains actes anormaux de gestion peuvent constituer entre autre un
abus de biens sociaux. Cependant, il existe des limites entre l‟acte anormal de gestion et l‟abus de biens
sociaux. Par ailleurs, la répression est différente selon les deux notions : la première vise l‟entreprise et
entraîne une réintégration aux bénéfices imposables, et il existe un environnement protecteur en matière
de prescription (trois ans dans la plupart des CGI de l‟UEMOA); la deuxième entraîne des peines
pénales28 et seule la responsabilité du dirigeant est en cause.
Avant de définir ce qu‟est un « acte anormal de gestion », il nous semble plus convenant de définir d‟abord
ce qu‟est un « acte normal de gestion ».
Un acte normal de gestion est un acte fait dans l'intérêt de l'entreprise et susceptible de lui procurer des
avantages matériels (financiers) ou immatériels. A l‟opposé, un acte anormal de gestion est un acte qui
s'analyse comme une opération financière ou commerciale effectuée sans contrepartie par une entité ou
dans laquelle l‟entité se trouve désavantagée au profit d‟une entité tierce. Dans le cas spécifique des
groupes de sociétés, nous pouvons citer les exemples suivants qui peuvent être taxés d‟acte anormal de
gestion :
- non refacturation de frais engagés pour le recouvrement d‟une créance pour le compte d‟une autre
société du groupe ;
- prêt non rémunéré à une société sœur alors que l‟origine du prêt provient d‟un emprunt bancaire pour
lequel l‟entité prêteuse supporte des intérêts ;
- différentes libéralités consenties par une entreprise à une autre (cas des abandons de créances non
justifiés) ; Ce type de libéralités est présumé acte anormal de gestion car il n'entre pas dans l‟objet
social de l‟entité qui la consent ; Mais ces opérations peuvent être considérés comme des actes
normaux de gestion si l'entreprise démontre qu'il y a un intérêt pour elle à consentir ces avantages.
Le dernier exemple nous amène à dire que la qualification d'acte normal de gestion est indépendante de la
licéité de l'opération ; ainsi, une opération qui peut être sanctionnée pénalement peut être considérée
comme acte normal de gestion ; c‟est le cas par exemple des commissions versées en vue d'obtenir un
marché (le versement de la commission est déductible s'il apparait qu'il était indispensable pour obtenir le
marché et à condition que le ou les bénéficiaires soient déclarées, mais peut être puni pénalement pour
fait d‟acte de corruption).
28La sanction n‟est pas définie par l‟Acte Uniforme ; elle est laissée au code pénal de chaque Etat partie à l‟OHADA ; c‟est le cas d‟ailleurs de toutes
les dispositions pénales des Actes Uniformes.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Il faut reconnaitre que l‟acte anormal de gestion relève beaucoup plus de la pratique fiscale. Le problème
est de savoir si l‟AF est fondée à estimer que certaines opérations ne lui sont pas opposables car elle
estime qu'elles n'auraient pas dû être faites par l'entreprise; c‟est le cas par exemple de certaines charges
que l‟AF qualifie de « charges somptuaires » et des renonciations à des recettes. Le principe est que l'AF
ne doit pas s‟immiscer dans la gestion de l‟entreprise en se substituant à l'entreprise dans ses choix de
gestion, sous réserve des choix qui sont délibérément contraires aux intérêts mêmes de l'entreprise. Ainsi,
il n‟appartient pas à l‟AF de se faire a posteriori le censeur de la politique qui a été suivie, quand bien
même les résultats auraient été financièrement désastreux. Il en est de même pour le CAC qui ne doit pas
s‟immiscer dans la gestion des sociétés qu‟il contrôle en critiquant par exemple le bien fondé des
conventions conclues. Il a cependant le devoir de s‟assurer que les opérations effectuées par les
dirigeants l‟ont été dans l‟intérêt général de la société et que les minoritaires ne sont pas lésés.
Dans le cadre de la rédaction de ce mémoire, nous n‟avons pu disposer de cas de jurisprudence dans
l‟espace OHADA pour illustrer les situations décrites. Cependant, nous sommes allés puiser dans la
jurisprudence abondante sur le sujet en France. Nous présentons en annexe n°9 un relevé de quelques
cas sur lesquels le Conseil d‟Etat et la Cour de Cassation ont eu à statuer.
Nous pouvons donc retenir que l‟acte anormal de gestion résulte beaucoup plus des choix faits de manière
déraisonnable par les dirigeants, et pour reconnaitre un acte anormal de gestion, nous proposons l‟arbre
de décision ci-dessous :
oui
oui
Est-il destiné à procurer non
des avantages à
l’entreprise ?
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
L‟exemple le plus illustratif dans les groupes est le cas de prêt non rémunéré à une société du groupe
alors que l‟origine du prêt provient d‟un emprunt bancaire pour lequel l‟entité prêteuse supporte des
charges financières.
S‟il est vrai que dans un groupe, l‟intérêt économique général est privilégié par rapport à l‟intérêt individuel
des entités du groupe, il convient de noter que le droit des sociétés de l‟OHADA considère l‟entreprise
comme une personne indépendante ayant un patrimoine distinct ; abuser de la personne, fut-elle morale,
c‟est une faute pénale qui est sanctionnée.
Dans certains cas, les atteintes portées au patrimoine ou au crédit social peuvent être légitimées par
l'existence d'un intérêt supérieur, celui du groupe tout entier ; La politique du groupe peut dès lors justifier
des actes qui contribuent à appauvrir une ou plusieurs personnes morales qui en font partie.
Dans un arrêt célèbre dit « arrêt Rozemblum30 » en France, il a été retenu que pour échapper à
l'incrimination d'abus de biens sociaux, un concours financier apporté par une société à une autre
entreprise du même groupe «doit être dicté par un intérêt économique social ou financier commun,
apprécié au regard d'une politique élaborée pour l'ensemble de ce groupe et ne doit ni être démuni de
contrepartie ou rompre l'équilibre entre les engagements respectifs des diverses sociétés concernées, ni
excéder les possibilités financières de celle qui en supporte la charge». Dans le cas de cet arrêt, les
prélèvements opérés dans les trésoreries des sociétés ne traduisaient aucune politique d'ensemble et ils
avaient contraint les sociétés ayant consenti les avances à recourir à des emprunts et à des découverts. Il
n'existait dès lors aucune structure juridique de nature à caractériser l'existence d'un groupe.
Cet arrêt constitue une jurisprudence importante lorsqu‟il s‟agit de se demander si un prêt ou une avance
consentie entre deux sociétés constitue ou non un abus de bien social.
29Contrairement à la France où ce délit est puni d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 375 000 euros (article L242-6 du Code de
Commerce), le droit des sociétés de l‟OHADA n‟a pas défini la nature des peines ; il revient à chaque Etat, à travers son Code pénal, de définir le
contenu de la peine.
30 Arrêt du 4 février 1985, Chambre Criminelle de la Cour de cassation
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
a) L’élément matériel
L‟élément matériel consiste en un usage contraire à l‟intérêt social. L‟usage est, avant tout, l‟appropriation
ou la dissipation des biens sociaux par les dirigeants. C‟est l‟exemple du dirigeant disposant, à son profit
personnel, de sommes revenant à la société, en s‟octroyant des rémunérations abusives ou des
avantages. Pour ce qui concerne spécifiquement les opérations intragroupes, l‟exemple le plus
caractéristique de la dernière partie de l‟article 891 est celui du prêt non rémunéré cité au point 2.2.1 ci-
dessus.
b) L’élément moral
Il s‟agit de la mauvaise foi du dirigeant. En effet, le délit n‟existe que si le dirigeant a, de mauvaise foi,
utilisé les biens sociaux, en sachant que l‟acte était contraire à l‟intérêt social. Le délit d‟abus de biens
sociaux est à l‟évidence une infraction intentionnelle. Par ailleurs, l‟article 891 exige que les dirigeants
aient agi « … à des fins personnelles, matérielles ou morales, ou pour favoriser une autre personne
morale dans laquelle ils étaient intéressés directement ou indirectement ».
L'image fidèle est présumée résulter de l'application de bonne foi des règles et des procédures du droit
comptable de l‟OHADA en fonction de la connaissance que les responsables des comptes doivent
normalement avoir de la réalité et de l'importance des opérations, des événements et des situations.
L‟image fidèle est un objectif supposé atteint lorsque les comptes sont réguliers et sincères. Si tel n'est pas
le cas, des compléments doivent être apportés dans l'État annexé.
En ce qui concerne les opérations intragroupes, le délit de présentation d‟états financiers inexacts peut
résulter des situations suivantes : sous évaluations des ventes faites aux autres entités du groupe -
surfacturation à l‟entité des services effectués par le groupe - facturation à l‟entité de services non causés -
absence de dépréciation d‟une créance douteuse sur une société du groupe - absence d‟informations sur
les parties liées dans l‟état annexé - comptabilisation de charges ne relevant pas de l‟activité normale de la
société (dépenses imputables à une société sœur mais non refacturées) - etc.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
Il convient de noter cependant que les contrats continuent de produire leurs effets à l‟égard des tiers de
bonne foi. La demande de nullité par les minoritaires ne peut intervenir que dans les cas ci-dessous, s‟il
est établi que ces contrats ont porté des préjudices à la société :
-Abus de majorité : dans ce cas les minoritaires doivent apporter la preuve que les majoritaires ont
privilégié les intérêts de leur groupe plutôt que ceux de l‟entité. L‟action en nullité n‟est ouverte qu‟aux
actionnaires et non aux créanciers ou aux salariés. En effet, les minoritaires sont titulaires de l‟action
car l‟acte incriminé a été passé pour rompre l‟égalité qui doit exister entre associés.
-Non respect de la procédure d’autorisation préalable pour ce qui concerne les conventions
réglementées : dans ce cas la convention doit avoir des conséquences dommageables pour la
société ; cependant la convention peut être couverte par un vote de l‟Assemblée Générale sur la base
du rapport spécial du CAC
-Conventions interdites : pour ce genre de convention il s‟agira d‟une nullité absolue dans la mesure où
il s‟agit d‟un délit.
L‟action en responsabilité civile contre les dirigeants sociaux peut être engagée soit individuellement, soit
collectivement au nom de la société :
L’action individuelle est engagée par tout actionnaire qui estime avoir subi un dommage individuel
distinct du dommage que pourrait subir la société du fait des fautes commises par le dirigeant social
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
dans l‟exercice de ses fonctions. Il s‟agit d‟une action en réparation des dommages subis ; elle se
prescrit pour trois ans et dix ans pour les crimes (article 164, droit des sociétés de l‟OHADA).
Par contre, l’action sociale est engagée par un ou plusieurs associés en réparation des dommages
subis par la société du fait des fautes commises par les dirigeants sociaux. En cas de condamnation,
les dommages et intérêts sont alloués à la société. Les délais de prescription sont les mêmes que
pour l‟action individuelle.
Dans le cas des opérations intragroupes, caractérisées par des relations de « dominant » et de
« dominé », l‟action sociale sera souvent privilégiée dans la mesure où les effets des conventions conclues
impactent beaucoup plus directement le patrimoine social que celui des associés pris individuellement.
Ainsi, seuls les minoritaires (les dominés) ont intérêt à engager l‟action sociale.
-« soustrait la comptabilité de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de son actif ou reconnu
frauduleusement des dettes qui n'existaient pas ;
-exercé une activité commerciale dans leur intérêt personnel, soit par personne interposée, soit sous
couvert d'une personne morale masquant leurs agissements ;
-usé du crédit ou des biens d'une personne morale comme des leurs propres ;
-par leur dol, obtenu pour eux-mêmes ou pour leur entreprise, un concordat annulé par la suite ;
-commis des actes de mauvaise foi ou des imprudences inexcusables ou qui ont enfreint gravement les
règles et usages du commerce…».
L‟article 716 alinéa 2 du droit des sociétés de l‟OHADA fait obligation au CAC de « révéler au Ministère
Public les faits délictueux dont il a eu connaissance dans l'exercice de sa mission, sans que sa
responsabilité puisse être engagée par cette révélation ».
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
1.1. La connaissance précise et certaine des faits par le Commissaire Aux Comptes
Dans le cadre de cette étude, il ne s‟agira, en principe, que des faits délictueux ayant un rapport avec les
opérations intragroupes. Les faits doivent exister et se produire à l‟occasion des opérations intragroupes. Il
s‟agira généralement de faits constituant une infraction visée par le droit des sociétés de l‟OHADA ou une
infraction prévue par d‟autres textes et ayant une incidence sur les comptes (cf. point 2 de la sous section
A de la section 2 du chapitre 2 de cette 1 ère partie).
1.2. Les éléments constitutifs du délit et leur qualification en tant que faits
délictueux
a) Les éléments constitutifs du fait délictueux
Deux éléments essentiels sont à retenir :
Le caractère significatif du fait : Le caractère significatif doit être analysé par rapport à l‟impact que peut
avoir le délit sur les comptes de l‟entité. Il ne s‟agira pas de déterminer un seuil de signification mais
le CAC devra apprécier le fait suivant son jugement professionnel. Le CAC doit ainsi analyser le
caractère significatif des faits et avoir la preuve des faits ainsi relevés avant d‟engager la procédure.
L’élément intentionnel (délibéré) : Le CAC devra apprécier cet élément par rapport à des faits objectifs
démontrant l‟état d‟esprit que pouvait avoir l‟auteur de l‟infraction (ici le groupe à travers ses
représentants) de ne pas respecter la réglementation en vigueur. Dans le cas des groupes, il s‟agira
par exemple :
- des cas de décisions prises dans l‟intérêt unique des majoritaires au détriment des minoritaires
(Exemple : conclusion d‟un contrat d‟approvisionnement ou d‟une assistance technique avec
une entité dans laquelle les majoritaires ont des intérêts et dans des conditions anormales qui
n‟avantagent pas la société) ;
- présentation de comptes annuels recelant des prestations intragroupes non causées
- etc.
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Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
communiquée. Il n‟est pas non plus tenu d‟informer les dirigeants sociaux sur son intention de saisir le
Ministère Public. Cependant, en fonction de son appréciation de la gravité des faits, nous pensons que le
CAC peut inviter les dirigeants à corriger la situation même si l‟infraction est consommée. C‟est le cas le
plus souvent des comptes débiteurs des dirigeants qui ne résultent pas toujours d‟un acte intentionnel
d‟abuser des biens sociaux.
un élément matériel caractérisé par l‟existence d‟un fait délictueux que le CAC doit révéler ;
et un élément intentionnel ; selon la Cour d‟Appel de Poitiers, « l'élément intentionnel du délit de non
révélation de faits délictueux ne résulte pas d'une simple faute de négligence dans l'accomplissement
de ses fonctions par le CAC mais est caractérisé par une volonté consciente et délibérée de ne pas
révéler un fait délictueux dont il a été informé et qu'il a pu constater, étant précisé que la
connaissance de ce fait ne peut ni être présumée ni se déduire d'une négligence dans le contrôle des
comptes, quelle que soit, par ailleurs, l'ancienneté des fonctions du CAC dans l'entreprise31 ».
Les enquêtes que nous avons menées dans le cadre de ce mémoire n‟ont pas révélé de cas de mise en
cause des responsabilités des CAC en matière de délit de non révélation de faits délictueux et qui seraient
consécutives à des opérations intragroupes. Ces responsabilités, si elles devraient être recherchées, sont
de trois ordres : civile, pénale et disciplinaire.
57 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : PREMIERE PARTIE
L‟action en responsabilité contre le CAC se prescrit pour trois ans (10 ans si crime).
En conclusion de cette première partie, nous pouvons dire que la notion de "groupe de sociétés" est avant
tout une notion économique car le groupe n'a pas la personnalité juridique et ne peut être sujet de droit.
Elle est caractérisée par trois éléments à savoir : un ensemble de sociétés, l'existence d'une unité de
décision entre ces sociétés et l'existence d'une personne physique ou morale qui assure cette unicité de
décision.
Pour ce qui est de l‟identification des transactions intragroupes, elle ne pose pas de problème particulier ;
cependant, plus délicate est leur valorisation. L‟adoption et l‟application des méthodes préconisées par
l‟OCDE devraient permettre aux entités d‟éviter les redressements fiscaux pour fait de transfert indirect de
bénéfices; d‟où l‟enjeu fiscal que nous avons étudié dans le chapitre 2 de cette partie du mémoire.
Le deuxième enjeu porte sur les risques juridiques. En effet, les opérations intragroupes présentent des
risques qui, lorsqu‟ils ne sont pas maîtrisés, pourraient occasionner des implications juridiques
susceptibles de remettre en cause la responsabilité pénale des dirigeants sociaux et du CAC. Au regard
des conséquences que les transactions intragroupes peuvent engendrer pour le Commissaire Aux
Comptes, il nous paraît indispensable de proposer une démarche d‟audit cohérente et efficiente
permettant d‟identifier les risques fiscaux et juridiques d‟une part et de leur adressage d‟autre part ; c‟est
ce que nous allons étudier dans la deuxième partie de ce mémoire.
58 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
La norme ISA 550 relative aux parties liées dans son paragraphe 2 introductif rappelle que « l'auditeur doit
mettre en œuvre des procédures d'audit destinées à recueillir des éléments probants suffisants et
appropriés sur l'identification par la direction des parties liées et des informations à fournir les concernant,
ainsi que sur l'effet des transactions entre parties liées ayant une incidence significative sur les états
financiers ».
Dans cette deuxième partie du mémoire, nous traiterons des pouvoirs d‟investigation du CAC. Pour ce
faire, nous avons choisi de proposer dans un premier chapitre une démarche méthodologique de
planification de la mission et de collecte d‟éléments probants pour l‟audit ; le deuxième chapitre sera
consacré aux vérifications et informations spécifiques du CAC dans un environnement de groupe au
regard de l‟ISA 250 et des dispositions légales relevant du droit des sociétés de l‟OHADA.
59 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Dans ce chapitre, nous étudierons les pouvoirs d‟investigation du CAC dans un contexte d‟audit d‟états
financiers d‟une entité faisant partie d‟un groupe. Nous nous intéresserons aux travaux spécifiques de
planification (section 1) et à la mise en œuvre de la stratégie d‟audit (section 2).
La planification de la mission suppose la définition d‟une stratégie d‟audit. Cette stratégie doit découler de
la connaissance générale que le CAC a de l‟entité et du groupe, des textes fiscaux qui régissent les
opérations intragroupes ainsi que des règles comptables et d‟informations financières qui président ces
opérations.
L‟ISA 550 cité supra invite les personnes constituant le gouvernement d‟entreprise et la direction à
identifier toutes les parties liées ainsi que les opérations intragroupes. Le CAC devra donc, au cours de la
phase de prise de connaissance, s‟entretenir avec les personnes constituant le gouvernement d‟entreprise
60 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
et la direction et examiner les informations relatives au groupe. Il devra obtenir le nom de toutes les
sociétés du groupe ainsi que les fonctions assumées par chacune d‟elle. Ceci devra lui permettre par la
suite de mettre en œuvre les autres procédures d‟audit.
Des entretiens et une recherche documentaire devront être menés avec le management de l‟entité. Dans
cette analyse générale de l‟entité et de l‟activité, les éléments suivants doivent être mis en relief :
Historique : les principales évolutions de l‟entreprise tant dans ses relations avec les tiers
(fournisseurs, clients, partenaires financiers, …) qu‟avec le personnel, les actionnaires, la direction
générale, le groupe.
61 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Une fois ces informations collectées, il est indispensable de les valider avec le client. Ces informations,
consignées dans le dossier permanent du CAC, doivent faire l‟objet d‟une mise à jour annuelle dans le
cadre d‟une mission récurrente. Nous proposons en annexe n°10 un modèle type de synthèse d‟analyse
générale de l‟activité qui reprend les éléments ci-dessous. Le modèle intègre, pour chaque point analysé,
le niveau de risque a priori (élevé ou faible). Les points côtés à risque élevé doivent remonter dans le plan
de mission de manière à définir une approche appropriée pour leur adressage.
La connaissance du groupe est un élément essentiel même si le CAC n‟intervient que dans une seule
entité du groupe. Cette connaissance permet d‟appréhender le groupe dans sa globalité et de resituer
l‟entité auditée dans cet ensemble. Elle le sera davantage lorsque le CAC intervient pour certifier les
comptes consolidés. Il s‟agit pour le CAC d‟avoir une connaissance approfondie du groupe de manière à
identifier :
-les activités qu‟exerce chaque entité au sein du groupe (production, distribution, conception, recherche
et développement, assistance aux autres entités,…);
-les implantations géographiques de chaque entité du groupe avec qui l‟entreprise auditée entretient des
relations commerciales ou financières (une entité située dans un pays à fiscalité privilégiée ou dans
un « paradis fiscal » aura tendance à surfacturer l‟entité auditée si cette dernière est située dans un
pays à fort taux d‟imposition) ;
-les dirigeants de chaque entité de manière à repérer les dirigeants communs ;
-etc.
Selon les auteurs de l‟ouvrage « Prix de transfert32 », l‟analyse doit porter sur les aspects suivants :
32Ouvrage cité dans la bibliographie et réalisé en collaboration avec la Rédaction des Editions Francis Lefebvre, par Pierre-Jean DOUVIER,
Stéphane GELIN, Bruno GIBERT et Arnaud LE BOULANGER
62 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
-stratégie du groupe dans chaque pays (si elle est différente ou particulière) ».
A l’intérieur de l’entité : revue documentaire des publications (plaquette, comptes consolidés, note
d‟information ou prospectus en cas d‟opérations boursières, rapport de gestion, site web du groupe
ou des entités, rapports d‟audit interne et/ou externe). En complément de la revue documentaire, des
entretiens devront être menés avec les personnes constituant le gouvernement d‟entreprise (direction
générale et Conseil d‟Administration). Il faut reconnaître cependant que l‟accès à ces personnes, en
particulier les administrateurs, n‟est pas souvent facile ; pour cela, nous proposons que le CAC
adresse sous une forme écrite une demande d‟informations au Président du Conseil d‟Administration.
Pour ce qui concerne la direction générale, le CAC devra chercher à obtenir une déclaration écrite à
la fin des entretiens.
A l’extérieur de l‟entité : il s‟agira d‟obtenir des informations auprès des autres entités constituant le
groupe. Cette recherche d‟information sera beaucoup plus facile si le CAC est l‟auditeur de l‟entité
consolidante ou combinante ou s‟il intervient dans plusieurs sociétés du groupe sans être l‟auditeur
du groupe. Cependant, lorsqu‟il n‟intervient que dans une seule entité, il lui sera difficile voire
impossible dans certains cas d‟obtenir les informations, compte tenu du « mur » de confidentialité qui
entoure souvent les opérations intragroupes. La question est de savoir si les sociétés du groupe sont
tenues de répondre au CAC ou si en cas de non réponse, le CAC a la possibilité de les contraindre à
répondre aux demandes d‟informations. Jusqu‟où peut aller le pouvoir d‟investigation du CAC ?
En s‟appuyant sur l‟article 71833 du droit des sociétés de l‟OHADA, nous pouvons affirmer que les autres
entités ont l‟obligation de répondre au CAC. En cas de non réponse ou de refus délibéré de répondre ou
encore si le CAC n'est pas en mesure de recueillir des éléments probants suffisants et appropriés sur les
parties liées et les transactions entre celles-ci, il devra tirer les conséquences de cette limitation dans
l‟expression de son opinion. Le CAC n‟ayant qu‟une obligation de moyens et non de résultat, il se trouvera
face à l‟une des limites de ses pouvoirs d‟investigation. Il est à rappeler que le pouvoir d‟investigation du
CAC ne doit pas l‟amener à s‟immiscer dans la gestion ou dans les choix opérationnels et stratégiques de
l‟entité. L‟article 900 du droit des sociétés de l‟OHADA prévoit d‟ailleurs des possibilités de sanction pénale
pour tout dirigeant ou pour toute personne qui aura sciemment fait obstacle aux vérifications du CAC en
refusant de lui communiquer les informations dont il a besoin dans l‟exercice de sa mission.
33
« A toute époque de l'année, le CAC opère toutes vérifications et tous contrôles qu'il juge opportuns et peut se faire communiquer, sur place,
toutes pièces qu'il estime utiles à l'exercice de sa mission et notamment tous contrats, livres, documents comptables et registres de procès-verbaux.
Pour l'accomplissement de ces contrôles et vérifications, le CAC peut, sous sa responsabilité, se faire assister ou représenter par tels experts ou
collaborateurs de son choix, qu'il fait connaître nommément à la société. Ceux-ci ont les mêmes droits d'investigation que ceux des commissaires
aux comptes. Les investigations prévues au présent article peuvent être faites tant auprès de la société que des sociétés mères ou filiales ... »
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Le CAC devra prouver dans son dossier de travail qu‟il a mis en œuvre les diligences nécessaires de
recherche d‟informations. Aussi, proposons-nous en annexe n°11 un questionnaire que le CAC pourra
utiliser à la phase de prise de connaissance et qui lui permettra de collecter les informations recherchées
d‟une part et de documenter ses travaux d‟autre part. Le questionnaire proposé peut être utilisé tant pour
les entretiens avec le management local que pour formuler la demande d‟information auprès des autres
filiales.
- décrire les forces du marché : pouvoirs de négociation des fournisseurs, des clients, disponibilité
de produits de substitution, barrières d‟entrée et nature de la concurrence ;
- mettre en relief les faiblesses du marché : intensité de la concurrence, marché en déclin, stable,
en progression, nouveaux entrants ;
- identifier les menaces et opportunités par la définition des évènements susceptibles de remettre
en cause les équilibres du marché comme par exemple l‟évolution technologique, l‟attente des
clients ou des actionnaires, les mouvements concurrentiels ou une position de leader à prendre ou
à défendre.
Cette analyse sera conclue par la définition des facteurs clés de succès sur le marché comme par
exemple : la réputation du produit, de la marque ou du groupe – la capacité d‟innovation – la qualité du
produit – la disponibilité des services accessoires – la qualité et la taille du réseau de distribution - etc. Les
résultats de cette analyse seront synthétisés dans le document que nous avons proposé dans la partie 1.1
plus haut et intitulé « Synthèse de l‟Analyse Générale de l‟Entreprise ».
a) Les fonctions
Comme nous l‟avons étudié dans la première partie de ce mémoire, les fonctions exercées au sein d‟un
groupe sont en général les suivantes : direction, stratégie, conception, recherche et développement,
marketing, achat, fabrication (ou production ou assemblage), contrôle qualité, distribution (gros, détail),
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
b) Les actifs
Il s‟agit ici de recenser les actifs corporels et incorporels utilisés par le groupe pour la réalisation des
fonctions citées ci-dessus. En pratique, il s‟agit beaucoup plus des actifs incorporels (marques, logos,
brevets, savoir faire, …) que des actifs corporels. Le CAC devra porter une attention particulière sur la
qualité de leur protection et l‟identification des entités au sein du groupe qui ont contribué à leur
développement. En effet, il n‟est pas rare de rencontrer dans la pratique, des logiciels développés au sein
des groupes avec des ressources humaines et financières des filiales mais dont le propriétaire est plutôt
une autre entité du groupe.
Il convient donc que le CAC puisse identifier et distinguer, si nécessaire, entre le propriétaire juridique (qui
a déposé les actifs incorporels et a supporté les coûts juridiques correspondants) et le propriétaire
économique (qui a supporté les coûts opérationnels du développement : frais de publicité pour une
marque, frais de Recherche et Développement pour une technologie).
c) Les risques
Les risques à prendre en considération comprennent le risque de marché (confrontation du prix de vente
et du coût de revient), le risque industriel (qualité de fabrication, pollution), le risque d‟obsolescence de
stock, le risque de recouvrement des créances clients, le risque financier sur le développement des
incorporels, le risque de change, de crédit.
L‟importance de la répartition des risques au sein du groupe ne doit être soulignée que si les risques sous-
jacents sont effectifs.
Exemple : Une filiale A utilise des procédés de fabrication développés par une autre entité B du groupe à
qui la filiale A paie des redevances. S‟il survenait des risques liés aux procédés de fabrication à l‟origine,
qui des deux entités doit supporter les conséquences d‟une action en réparation lorsque le consommateur
final intente une telle action ? Le contrat entre les deux entités devrait préciser la répartition des
responsabilités. Le CAC doit avoir une très bonne connaissance de la convention et s‟assurer que les
risques sont correctement traduits dans les comptes.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Dans les sociétés où l‟actionnariat est composé d‟un groupe majoritaire et de minoritaires, la composition
du conseil est souvent structurée en fonction des rapports de force en présence quand bien même un
actionnaire ne peut avoir qu‟un seul siège au conseil quel que soit son pourcentage de détention dans le
capital ; Ainsi, les sièges sont répartis en fonction de la configuration du capital social ; Par exemple, pour
une société détenue à 55% par le groupe A, 35 % par le groupe B et le reste (10%) par des actionnaires
individuels, l‟effectif du conseil sera déterminé de manière à respecter le pourcentage de détention des
différents acteurs. Les règles de répartition sont souvent définies dans le pacte d‟actionnaires.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Le CAC devra veiller d‟une part à ce que le nombre des administrateurs non actionnaires ne dépasse pas
le tiers de l‟effectif total du conseil et que les règles de vote (un administrateur = une voix) ne soient pas
contraires aux dispositions légales d‟autre part.
2.3. Rôle de la direction générale dans les prises de décision sur les opérations
intragroupes
D‟après le droit des sociétés de l‟OHADA, le Directeur Général est investi des pouvoirs les plus étendus,
dans la limite de l‟objet social à l‟exception de ceux réservés au CA et aux assemblées d‟actionnaires,
pour gérer la société et la représenter dans ses rapports avec les tiers.
Le CAC devra analyser et apprécier si le mode d‟organisation du groupe permet au Directeur Général
d‟assumer pleinement ses attributions, surtout en ce qui concerne les opérations intragroupes. Dans la
pratique, la direction générale n‟a aucun pouvoir sur les décisions relatives aux opérations intragroupes ;
En règle générale, le management local n‟existe que pour exécuter les orientations du groupe. Le CAC
devra intégrer cet aspect dans sa démarche d‟audit.
Après la prise de connaissance de l‟entité et du groupe, le CAC devra avoir une connaissance parfaite des
textes législatifs qui président les opérations intragroupes. Il s‟agira surtout des textes fiscaux, du droit
comptable et autres textes spécifiques à l‟activité.
En droit comptable OHADA, les dispositions en matière d‟information à fournir sur les parties liées sont
fortement inspirées de l‟IAS 24. En effet, les relations entre les sociétés mères et les filiales doivent être
indiquées dans l‟état annexé aux états financiers, qu‟il y ait eu ou non des transactions entre ces parties
liées. Si des transactions ont eu lieu entre des parties liées, l‟entité doit indiquer la nature des relations
entre les parties liées, ainsi que des informations sur les transactions et les soldes qui sont nécessaires à
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
la compréhension de l‟impact potentiel de la relation sur les états financiers. Ainsi, l‟entité doit dévoiler le
nom de sa société mère et celui de la société tête de groupe, s‟il est différent. Elle doit indiquer en outre :
- la liste des filiales et participations avec indication pour chacune d'elles de la dénomination
sociale, la localisation, la part détenue directement ou indirectement, le montant des capitaux
propres et du résultat du dernier exercice ;
- les avances et crédits accordés aux associés et aux dirigeants sociaux (mouvements de
l'exercice), avec indication des conditions consenties (terme, échéance, taux), des
remboursements effectués au cours de l'exercice ;
- les comptes courants d'associés (montant, terme et clauses particulières) ;
- le montant global des rémunérations des membres des organes de direction, d'administration et
de surveillance ;
- les créances et dettes liées à des participations ;
- le montant des créances et dettes à la clôture de l‟exercice envers les entreprises liées (tableaux 6
et 7 de l‟état annexé).
Voici quelques exemples de transactions qui sont communiquées dès lors qu‟elles sont réalisées avec une
partie liée et qu‟elles sont d‟une importance significative :
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
particulier recenser et consigner dans son dossier permanent les informations ci-dessous pour pouvoir les
exploiter lors de phase de contrôle des comptes :
Il est important aussi que le CAC collecte des informations sur l‟existence ou non de conventions fiscales
internationales entre le pays de l‟entité auditée et ceux des autres entités du groupe avec qui elle est en
relation d‟affaires.
Il s‟agit principalement de travaux permettant d‟identifier les zones à risque pour l‟audit.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
risque jugé « ELEVE ». Le fait de les remonter dans le plan de mission permettra de définir, lors de la
phase de mise en œuvre opérationnelle du plan de mission, un programme de travail approprié pour
adresser les risques.
L‟évaluation du niveau de risque se fait par rapport à l‟expérience passée du CAC sur le dossier d‟une
part et aux informations collectées par ailleurs lors de la prise de connaissance et de l‟analyse de l‟activité
et du groupe d‟autre part. Les risques sont classés par cycle et par niveau de risque : « importance du
risque » et « occurrence du risque ».
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
L‟objectif d‟une telle cartographie est d‟identifier les comptes ou groupes de comptes significatifs sur
lesquels des travaux spécifiques vont être effectués.
2. Plan de mission avec mise en évidence des risques liés aux relations intragroupes
L‟élaboration du plan de mission proprement dit ne pose pas de problème, l‟essentiel étant déjà fait en
amont. Dans cette partie, nous ne traiterons pas du contenu classique d‟un plan de mission. Nous
insistons sur les zones à risques liés aux opérations intragroupes qui doivent être remontés dans le plan
de mission et les lignes directrices permettant de répondre à ces risques.
2.2.1. Cycles devant faire l’objet de revue des procédures de contrôle interne
Dans les lignes directrices du plan stratégique d‟audit, les cycles ou groupes de comptes significatifs qui
enregistrent les opérations intragroupes seront identifiés et retenus pour une revue approfondie du
fonctionnement des procédures de contrôle interne. Ces cycles ou groupes de comptes seront retenus en
fonction de l‟importance des opérations intragroupes qu‟ils enregistrent et de leur niveau de risque global.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
s‟agira d‟un intervenant du cabinet du CAC ou d‟un expert recruté par le CAC en fonction des
circonstances. Le plan de mission devra indiquer si le CAC souhaite faire intervenir un tel expert.
Dans le cas où le CAC est l‟auditeur principal des comptes consolidés, il devra systématiquement mettre
en œuvre la Norme ISA 600 relative à l‟utilisation des travaux des autres auditeurs des filiales.
La mise en œuvre opérationnelle du plan de mission constitue la deuxième étape du processus d‟audit.
Elle est réalisée à travers un programme qui doit intégrer les travaux de vérification du fonctionnement du
contrôle interne (A) et les travaux de contrôle des comptes proprement dits (B).
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Le CAC devra identifier principalement comme interlocuteurs le Directeur Général, l‟auditeur interne
(lorsqu‟il en existe un), le Directeur Financier et le responsable en charge au niveau du groupe, des
relations entre les filiales (contrôleur financier du groupe, auditeur interne groupe, …).
Les entretiens doivent porter sur les opérations qui vont du groupe vers l‟entité et de l‟entité vers le groupe.
A l‟occasion de ces entretiens, le CAC devra obtenir ou se faire communiquer les contrats, conventions et
autres accords. En général, les problématiques de contrôle interne liées aux transactions intragroupes ont
trait :
Le programme de travail du CAC sur la prise de connaissance des procédures de contrôle interne sur les
opérations intragroupes devra couvrir, au minimum ces aspects. Pour la réalisation de ces entretiens, nous
proposons en annexe n°12 un questionnaire type relatif à la prise de connaissance des procédures de
contrôle interne sur les opérations intragroupes.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
- de s‟interroger sur les dispositions mises en place par l‟entité et qui permettent de couvrir les
assertions concernées ;
- d‟identifier les contrôles forts (pertinents) ;
- de juger de façon préliminaire, si ces contrôles sont a priori efficaces ou non ;
- de décider de les tester afin d‟avoir la confirmation de leur effectivité.
35 C‟est le risque que le CAC certifie des comptes qui contiennent des erreurs ou anomalies significatives. Il résulte de la combinaison du risque
inhérent, du risque de contrôle et du risque de non détection. Les deux premiers risques sont liés à l‟entité (son activité et son organisation) alors que
le troisième relève du CAC (ses méthodes, sa compétence, …)
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Après avoir pris connaissance des contrôles internes relatifs aux opérations intragroupes et procédé aux
tests de procédure, le CAC devra se demander si le risque de contrôle est « faible » ou « élevé ». Quelle
que soit la qualité des contrôles internes mis en place par l‟entité, le CAC ne doit pas perdre de vue le fait
que le risque d‟ingérence de la maison mère est élevé. En effet, dans un groupe, comme nous l‟avons vu
supra, l‟intérêt du groupe prime sur l‟intérêt individuel des entités composant le groupe. Sur cette base,
l‟évaluation du risque de contrôle interne ne sera jamais « faible » en ce qui concerne les transactions
intragroupes ; l‟étendue des contrôles de substance (tests de détail) doit être placée à un niveau
correspondant à un risque de contrôle « élevé ».
Après la prise de connaissance de l‟existence ou non de parties liées, le CAC devra évaluer si le risque de
non détection de parties liées significatives est faible ou pas car, du caractère significatif ou non, dépendra
la suite des procédures d‟audit. L‟évaluation préliminaire du niveau de risque peut être illustrée par l‟arbre
de décision ci-contre :
Existe-t-il de
non oui
transactions avec une
société du groupe ?
Existe-t-il une
documentation ou support oui
sur la transaction?
non
La transaction est-elle
importante au point d‟avoir oui
un impact significatif sur les
comptes?
non
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Lorsque la revue met en évidence des écarts significatifs ou des rapports incohérents avec d'autres
informations correspondantes ou qui s'écartent des montants prévisibles, le CAC devra rechercher les
explications ou envisager la nécessité de mettre en œuvre d‟autres diligences.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
La réalité des opérations suppose que les transactions comptabilisées ont réellement eu lieu ; le CAC
doit, à tout moment être préoccupé par la question suivante : « comment s‟assure-t-on que les
facturations intragroupes enregistrées dans les comptes font l‟objet d‟un véritable échange de biens et
services ? »
Les étapes de prise de connaissance de l‟entité et d‟évaluation du contrôle interne ont permis d‟identifier
les parties liées et les risques sous jacents. Il reste maintenant que le CAC mette en œuvre des diligences
supplémentaires pour couvrir ces deux assertions majeures.
Cette partie du mémoire traite du contenu du programme de travail du CAC pour la validation de la réalité
des opérations comptabilisées et de la correcte évaluation des prix facturés. Nous étudierons
successivement le contrôle des opérations d‟achats de marchandises ou de matières premières, les frais
d‟assistance, les refacturations de frais et les opérations sur les actifs immobilisés. Dans les différents cas,
l‟accent doit être mis sur les transactions qui paraissent inhabituelles à l‟égard des circonstances et qui
peuvent indiquer l'existence de parties liées jusqu'alors non identifiées. Par exemple :
-transactions effectuées à des conditions commerciales anormales, tels que des prix, des taux d'intérêt,
des garanties ou des conditions de remboursement inhabituels ;
-transactions dont l'existence ne semble être justifiée par aucune raison opérationnelle logique ;
-transactions dont la substance diffère de la forme ;
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
De façon spécifique, les opérations ci-après doivent faire l’objet de contrôles substantifs
approfondis :
- obtenir la documentation relative aux opérations d‟achats et de ventes (contrats, accords, bon de
livraison, facture, etc.) ;
- rapprocher les opérations sélectionnées avec les factures d‟achats ou de vente ;
36 Seuil préalablement déterminé dans le plan de mission et servant à sélectionner les comptes ou groupes de comptes significatifs sur lesquels des
travaux d‟audit particuliers doivent être exécutés.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
- relever et comparer les prix unitaires facturés aux entités du groupe avec ceux pratiqués au reste
de la clientèle ou avec ceux pratiqués dans le secteur entre entités non dépendantes (ici la
recherche d‟informations sectorielles est indispensable pour effectuer la comparaison) ;
Ce type de contrôle nous a permis par exemple de relever dans une filiale d‟un groupe français 37
implanté au Togo et au Bénin, qu‟une partie du chiffre d‟affaires de la filiale togolaise était
« détournée » vers la filiale du Bénin ; en effet, les prix des produits vendus à la société sœur
béninoise sont deux fois voire trois inférieurs à ceux pratiqués au reste de la clientèle togolaise ;
Cette pratique permet ainsi au groupe de délocaliser une partie des produits dans une entité dans
laquelle il est l‟actionnaire unique ; ici, ce n‟est pas un souci d‟optimisation fiscale qui a guidé le
groupe mais plutôt une volonté de ne pas « partager » avec les actionnaires minoritaires la totalité
des bénéfices réalisés.
Il faut noter que s‟il n‟est pas difficile de s‟assurer de la réalité de l‟assistance, le contrôle des montants
facturés peut, dans certains cas, se révéler compliqué voire impossible pour le CAC. En effet, il existe des
conventions d‟assistance technique sans précision des modalités de facturation ou, lorsqu‟elles sont
indiquées, il n‟est pas facile de les valider, car pas suffisamment explicites. Nous avons rencontré au cours
de notre stage des cas différents qui illustrent bien cette situation :
Cas 1 : Il s‟agit d‟une convention de gestion dont les modalités de facturation sont libellées de telle
manière que, sans un audit de la documentation de l‟entité prestataire, il n‟est pas possible de se faire
37La filiale béninoise est détenue à 100% alors que la filiale togolaise est détenue à 69% par le groupe. Les deux filiales exercent la même activité et
sont en situation de quasi monopole sur leur marché.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
une idée sur la correcte évaluation des prix facturés (voire extrait de la convention en annexe n°14).
Comme l‟a si bien prévu l‟article 4.2 de la convention, des auditeurs indépendants désignés par le
prestataire doivent certifier l‟exactitude de ses registres ; le certificat d‟exactitude doit être transmis au
bénéficiaire des prestations sur demande de ce dernier. La question est de savoir quel crédit accorder
à un tel certificat ?
Cas 2 : Il s‟agit d‟une convention d‟apporteur d‟affaires entre une société mère et sa filiale, toutes deux
évoluant dans le secteur maritime. Nous n‟avons pu valider la correcte évaluation des commissions
d‟apporteurs d‟affaires facturées à la filiale du fait d‟une absence d‟information sur un paramètre de
calcul de commission. En effet, la base de calcul est égale à 5% des commissions de fret collecté (–)
les rétrocessions aux clients demandées par l‟armateur (+) les BL échangés (–) tous les frais
financiers subis par le mandataire (ici la société mère) ainsi que le mandant. Les informations
relatives aux frais financiers subis par le mandataire n‟étaient pas disponibles dans la filiale.
Dans les deux cas, la seule possibilité qui existe pour le CAC est d‟aller inspecter lui-même les registres
de la société qui a facturé. A notre avis cette préoccupation doit être analysée et discutée avec l‟entité lors
de l‟émission de la lettre de mission, et relève du jugement du professionnel.
Cependant, le CAC devra particulièrement s‟intéresser aux conditions de taux pour s‟assurer si la
convention ne relève pas du champ d‟application des conventions réglementées (confère point 1.1. de la
sous section B de la section 1 du chapitre 2 de cette partie).
Il n‟est pas rare que la société prêteuse renonce aux intérêts au cours de la vie du prêt ou au titre d‟un
exercice précis ; l‟objectif étant d‟aider la société sœur ou la filiale en mauvaise situation financière. Dans
ce cas, quand bien même le prêt aurait été préalablement autorisé et approuvé, le CAC devra considérer
la renonciation aux intérêts comme étant une nouvelle convention et en faire cas dans son rapport spécial.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
- d‟une part, de la masse globale des coûts générés par la coordination des filiales,
- d‟autre part, des besoins spécifiques de chaque filiale.
Dans la comptabilité de l‟entité qui a bénéficié des « services indirects », le CAC ne disposera souvent que
de la facture et dans certains cas d‟un accord cadre qui, généralement ne permet pas de valider les
modalités de facturation. Le CAC ne peut ainsi pas valider le caractère normal ou non de ces frais ni la
réalité des services qui sont facturés. Pour remédier à cette difficulté et permettre au CAC d‟accéder aux
informations auprès de la société qui facture les frais de siège, le CAC pourrait mettre en œuvre les
diligences suivantes :
Demande écrite d’informations adressée à la société émettrice de la facture : il ne s‟agit pas seulement
de confirmer les montants facturés mais de communiquer les éléments de la facturation (coûts
engagés avec pièces justificatives, clés de répartition, méthode des prix de transfert utilisée, etc.).
Examen sur place des documents comptables : sur accord des deux entités, le CAC fait le déplacement
auprès de l‟entité qui facture les frais de siège pour examen des pièces justificatives sous jacentes.
Déclaration écrite de la direction : il s‟agit d‟une lettre d‟affirmation de portée circonstanciée par laquelle
la direction devra décrire l‟opération concernée et déclarer que « les frais de siège comptabilisés sont
causés, qu‟ils sont facturés sur la base des coûts réellement engagés par la société X et qu‟aucune
zone de risque n‟a été cachée ». Il faut noter cependant que les lettres d‟affirmations, quoique
exigées par la profession, n‟ont aucun fondement juridique et ne sauraient remplacer les diligences
minimales du CAC.
Demande de confirmation du CAC de la société qui facture les frais de siège : Le CAC devra confirmer
à son confrère les informations relatives aux frais de siège facturés (nature des frais, clé de
répartition, réalité des frais engagés, méthode des prix de transfert utilisée, etc.). La société devra
délier le CAC du secret professionnel pour que cette solution puisse fonctionner.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Les frais engagés ne sont pas forcément des sommes d‟argent déboursées ; Il y a des situations où les
dirigeants et/ou les cadres d‟une entité donnée sont appelés à intervenir dans une autre entité sœur
(intervention périodique ou détachement permanent). Le CAC devra s‟assurer qu‟il existe un mécanisme
de refacturation des coûts salariaux et que ce mécanisme est respecté. Dans le cadre de notre stage
d‟expertise comptable, nous avons relevé par exemple que les salaires d‟un Directeur Général sont
intégralement supportés par la filiale togolaise (filiale à 70%) alors que ce Directeur Général a également
en charge la filiale béninoise (filiale détenue à 100% par le groupe) ; la non refacturation de la quote-part
des salaires du DG permet ainsi au groupe d‟améliorer les résultats de la filiale béninoise au détriment de
la filiale togolaise : ceci étant fait à dessein. Le CAC devra systématiquement demander à la direction une
confirmation écrite sur la refacturation de tous les frais engagés pour les autres entités du groupe.
- le rapprochement entre les redevances de brevet, marques,… comptabilisées avec les contrats ;
- le recalcul des redevances à partir des paramètres contractuels ;
- le pointage des produits de location comptabilisés avec les contrats ;
- la circularisation des entités du groupe.
Ensuite, il conviendra de s‟assurer que les méthodes pratiquées sont conformes à celles préconisées par
l‟OCDE (confère point 2 de la sous section B de la section 2 du chapitre 1 de la première partie).
En cas de différence de prix allant dans le sens d‟une sous évaluation du chiffre d‟affaires ou d‟une
surévaluation des achats, le risque doit être évalué et porté à la connaissance du management de l‟entité.
- collecte des éléments probants sur la réalité des frais comptabilisés (contrats, demandes de
services, factures, rapports de fin de mission, etc.) ;
- appréciation du caractère courant des services sous jacents des frais comptabilisés
(correspondent-ils à des besoins réels de l‟entité bénéficiaire des services ?) ;
- vérification de la limite de déductibilité des frais comptabilisés au regard des dispositions fiscales
en vigueur dans le pays (en règle générale, la limite de déductibilité ne s‟applique que si les frais
comptabilisés sont justifiés, sinon l‟intégralité de la charge doit être réintégrée).
4.3. Les obligations en matière de TVA sur les prestations facturées par les entités
situées à l’étranger
Dans la plupart des pays de l‟UEMOA, les dispositions fiscales font obligation aux entités bénéficiant de
services d‟entreprises étrangères de retenir à la source la TVA collectée pour le compte de l‟entreprise
prestataire. Une déclaration distincte est souscrite par l‟entité bénéficiaire qui reverse la TVA et la déduit
en même temps dans ses comptes.
Le programme de revue devra permettre de s‟assurer que toutes les prestations de services en
provenance de l‟étranger, en particulier celles relatives au groupe, ont fait l‟objet de déclaration au titre de
la TVA.
Dans le cadre de la revue fiscale des opérations intragroupes, le CAC devra s‟assurer que les retenues
ont été opérées conformément aux dispositions en vigueur. Le contrôle consiste à recenser tous les
honoraires comptabilisés au titre de l‟exercice et à appliquer le pourcentage correspondant d‟une part, à
rapprocher le montant obtenu de la somme des déclarations souscrites en la matière d‟autre part.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
de s‟assurer que l‟entreprise respecte les dispositions contenues dans les conventions que son pays
d‟origine a signées avec le reste du monde afin de ne pas tomber sous le coup des doubles impositions.
Cette déclaration est d‟autant plus importante que le risque, pour le CAC, de ne pas appréhender la totalité
du groupe et des opérations qui s‟y déroulent est élevé. Quand bien même sa portée juridique est limitée
(elle ne saurait dédouaner le CAC de ses insuffisances), nous pensons qu‟il est indispensable, en
complément des informations obtenues par ailleurs, d‟y recourir. Elle est à utiliser, bien entendu, lorsque le
CAC ne peut raisonnablement s‟attendre à l‟existence d‟autres éléments probants suffisants et appropriés
sur les sociétés du groupe et les opérations intragroupes.
En référence à la norme ISA 580 et en liaison avec les dispositions du droit comptable OHADA sur les
parties liées, le CAC devra veiller à insérer dans le corps de la lettre d‟affirmation les paragraphes
spécifiques suivants :
Nous confirmons l’exhaustivité des informations qui vous ont été fournies concernant l’identification des parties liées
avec lesquelles notre société a traité au cours de l’exercice.
Toutes les transactions réalisées avec le groupe ont été enregistrées et ont donné lieu à des échanges de biens et
services.
Toutes les opérations intragroupes traduites dans les comptes ont fait l’objet d’une information appropriée fournie
dans l’état annexé conformément aux dispositions du droit comptable de l’OHADA, en particulier :
la liste des filiales et participations avec indication pour chacune d'elles de la dénomination sociale, la
localisation, la part détenue directement ou indirectement, le montant des capitaux propres et du résultat du
dernier exercice.
les soldes des dettes et créances envers les entreprises liées à la date de clôture;
la nature et le volume des opérations réalisées avec le groupe ;
les informations sur les résultats d'opérations faites en commun avec indication des pertes subies, des
bénéfices transférés, des gains enregistrés et des pertes transférées.
en matière d’engagements hors bilan, ceux consentis (donnés et/ou reçus) à l'égard d'entreprises liées ont
été mentionnés dans l’état annexé.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE MISE II :
EN ŒUVRE DES VERIFICATIONS
SPECIFIQUES PREVUES PAR L’ACTE UNIFORME DE L’OHADA RELATIF
AU DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET DU GIE
Les vérifications spécifiques sont des diligences imposées par la loi en plus des travaux de certification
des comptes. De façon spécifique aux opérations intragroupes, les diligences du CAC devront porter sur le
contrôle des conventions conclues avec les autres entités du groupe (section 1), le respect de l‟égalité
entre actionnaires et le contrôle du rapport de gestion (section 2).
Les dirigeants sociaux s‟entendent tout dirigeant disposant d‟un mandat social ou assurant une fonction
sociale (administrateurs, directeurs généraux, directeurs généraux adjoints, administrateurs généraux,
administrateurs généraux adjoints, gérants). L‟autorisation préalable et l‟approbation a posteriori sont
prévues pour éviter les conflits d‟intérêt.
Dans les groupes de sociétés, les échanges sont basés sur des conventions écrites ou non. Ces
conventions ne constituent pas forcément et toujours des conventions réglementées. Il revient au CAC de
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
les analyser au regard des caractères « courant » et « normal » (confère 1ère partie) et d‟en tirer les
conclusions.
3. Le CAC peut également demander aux dirigeants de lui notifier les conventions
conclues
En droit OHADA, à la différence du Code de Commerce français, le CAC, en vertu de l‟article 441, a
l‟obligation de rechercher les conventions. En effet, il est demandé au CAC de « veiller sous sa
responsabilité, à l‟observation des dispositions relatives aux conventions réglementées ». Cette situation
paraît contradictoire avec l‟obligation de moyen dont dispose tout CAC; en effet, tout porte à croire qu‟il
appartient au CAC de faire toutes les investigations nécessaires pour découvrir et vérifier les conventions
réglementées qui ne lui auraient pas été signalées par les dirigeants. A notre avis, le CAC n‟a pas à
effectuer de recherches systématiques pour identifier les conventions concernées ; il doit cependant être
attentif, lors de ses travaux, à leur existence probable.
Cependant et étant donné que dans la pratique les dirigeants n‟informent pas spontanément le
CAC (certains ignorent l‟existence d‟une telle obligation), nous pensons que le CAC doit s‟organiser
autrement pour identifier et collecter les informations relatives aux conventions réglementées ; il pourra par
exemple rappeler aux dirigeants par écrit l‟obligation d‟information qui leur incombe et se faire confirmer
par écrit l'absence de convention. Pour la mise en œuvre de cette obligation, nous proposons en annexe
n°15 un modèle type de lettre de demande de notification des conventions réglementées.
Selon la norme 5-103 de la CNCC, lors de l‟examen des informations fournies par la direction de l‟entité
auditée concernant l‟identification des parties liées et les opérations réalisées avec celles-ci, le CAC peut
également avoir connaissance d‟opérations réalisées avec des personnes « intéressées » et pouvant
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
constituer des conventions, réglementées ou non. Il effectue les rapprochements estimés utiles lui
permettant de recouper entre elles les diverses informations qui lui ont été communiquées.
Le CAC devra retenir les deux éléments suivants pour s‟assurer que l‟opération est courante :
- l‟opération doit être effectuée dans le cadre de l‟activité sociale de la société et ne pas être prohibée
par la loi;
- l‟opération doit être habituelle et répétitive.
- Les conditions que la société a l‟habitude de pratiquer dans ses relations avec les tiers, en particulier
les tiers indépendants ;
- Les conditions dans lesquelles sont habituellement conclues des conventions semblables, non
seulement dans la société en cause, mais encore dans les autres sociétés du même secteur
d‟activité.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
En prenant l‟exemple des avances et prêts intragroupes, la normalité des taux d‟intérêts pratiqués devra
s‟apprécier par rapport au coût moyen du crédit obtenu par la société prêteuse du groupe sur le marché
des capitaux. Les taux seront dans ce cas assez proches de ceux du marché pour la société prêteuse,
voire même inférieurs à ceux que pourraient obtenir une société filiale prise isolément. Il faut noter
cependant que la normalité des taux d‟intérêts servis dans les groupes ne doit pas toujours s‟apprécier par
rapport aux taux du marché. En effet, l‟élément « stratégie » ou « vision » du groupe peut emmener ce
dernier à privilégier l‟intérêt supérieur de l‟ensemble économique plutôt que l‟intérêt de la société prêteuse.
Ainsi, lorsque la société prêteuse consent les avances ou prêts sur ses capitaux propres (ou trésorerie
propre), il est possible qu'elle fasse bénéficier sa filiale d'un taux privilégié par rapport au taux du marché
compte tenu de sa position dominante lui permettant de contrôler le risque et de retirer de cette opération
un avantage indirect.
En cas de doute sur le caractère normal d‟une transaction intragroupe (faute de disponibilité d‟information
fiable), nous préconisons de traiter l‟opération en tant que convention réglementée.
Pour permettre au CAC d‟identifier les conventions à remonter dans le rapport spécial, nous proposons
l‟arbre de décision ci-dessous:
S‟agit-il
Conditions différentes non oui
d‟opérations
non de celles du marché ou oui prohibées ?
de celles faites aux
entreprises
indépendantes?
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
C‟est l‟une des vérifications spécifiques imposées par la loi au Commissaire Aux Comptes. Le contrôle
vise à s‟assurer que la loi, les règlements et les statuts sont respectés. La procédure elle-même vise à
empêcher les conflits d‟intérêts et éviter les abus de majorité (voir supra).
2.2. Approbation des conventions autorisées et/ou non autorisées par l’assemblée
L‟approbation des conventions autorisées préalablement ou non est donnée par les actionnaires sur la
base du rapport spécial du CAC ou du Gérant, selon le cas.
Si les conventions découvertes n'ont pas été autorisées par le Conseil d‟Administration, il s‟agit d‟une
irrégularité que le CAC doit signaler dans la deuxième partie de son rapport général. L‟irrégularité sera
couverte par le vote d‟approbation des actionnaires.
39 A l‟exception des banques : les prêts octroyés par une banque à ses dirigeants ne constituent pas une convention interdite.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
interdite. Ainsi, l‟application stricte de la procédure des conventions réglementées n‟exclut pas l‟existence
de faits délictueux pouvant faire l‟objet d‟une révélation au Ministère Public.
En cas de connaissance de faits délictueux, le CAC doit saisir le Ministère Public sans avoir à aviser les
dirigeants sociaux. Le délit doit être signalé dans la deuxième partie du rapport général si le fait persiste au
moment de l‟émission de ce rapport.
L‟égalité entre actionnaires ou associés suppose que tous les actionnaires ou associés jouissent des
mêmes droits dans la limite de leur participation dans le capital. La rupture illicite de l‟égalité entre les
actionnaires peut se présenter, notamment dans les groupes de sociétés, lors des votes qui consacrent les
conventions avec les autres sociétés du groupe. Elle se manifeste souvent par la violation du droit à
l‟information préalable nécessaire à la prise de décision collective (confère le point 2.2. de la 2ième section
du 2ième chapitre de la 1ère partie sur l‟abus de majorité et la rupture de l‟égalité entre les actionnaires).
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
l‟entité contrôlée n‟est venu porter atteinte à l‟égalité entre actionnaires. Pour ce faire, le CAC devra mettre
en place un programme de travail spécifique permettant de vérifier notamment que tous les actionnaires
ont bien pu exercer régulièrement tous leurs droits à savoir :
- le droit au dividende ;
- le droit préférentiel de souscription ;
- le droit d‟attribution d‟actions ;
- le droit de souscription d‟actions ;
- le droit d‟accès aux assemblées ;
- le droit de communication ;
- le droit de vote.
Lorsque le CAC constate des cas de rupture illicite de l‟égalité entre les actionnaires, il en informe les
organes compétents dans les conditions prévues par les articles 715 (Conseil d‟Administration) et 716 (la
plus prochaine assemblée générale) du droit des sociétés de l‟OHADA. Ces organes pourront ainsi
procéder aux régularisations appropriées.
B. Le rapport de gestion
En application de l‟article 713 du droit des sociétés de l‟OHADA, le CAC vérifie la « sincérité et la
concordance avec les états financiers de synthèse, des informations données dans le rapport de gestion
du Conseil d‟Administration ou de l‟Administrateur Général, selon le cas, et dans les documents sur la
situation financière et les états financiers de synthèse de la société adressées aux actionnaires ». Il
apparait que le CAC doit veiller sous sa responsabilité qu‟aucune information d‟importance significative ne
soit cachée aux actionnaires : les opérations réalisées entre la société et le groupe en sont
particulièrement concernées. C‟est une question de transparence. Le CAC rend compte de ses contrôles
dans la deuxième partie du rapport général.
92 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Ainsi, le rapport doit exposer, de manière claire et précise, l'activité de la société et, le cas échéant, de ses
filiales au cours du dernier exercice écoulé, les résultats de cette activité, les progrès réalisés ou les
difficultés rencontrées et les perspectives d'avenir.
Le CAC devra pointer et rapprocher ces informations avec la comptabilité sous-jacente qu‟il a auditée.
Le rapport de gestion doit indiquer tout évènement intervenu postérieurement à la clôture et qui a un lien
avec une situation qui existait à la clôture. Le CAC devra mettre en œuvre de diligences complémentaires
pour identifier ces évènements. Dans le cadre des opérations intragroupes, il peut s‟agir par exemple :
- d‟un abandon de créances à une société sœur après la clôture;
- d‟une annulation d‟une vente intragroupe après la clôture;
- etc.
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Les points qui sont remontés dans ce rapport sont ceux qui n‟ont pu être corrigés par la direction générale.
40Dans l‟espace OHADA en général et UEMOA en particulier, il n‟existe pas de normes de rapport en matière de commissariat aux comptes. Le
rapport général utilisé par les professionnels est inspiré des modèles de la CNCC mais ne comporte que deux parties : opinion et vérifications
spécifiques.
94 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
Dans le cas de l‟audit des opérations intragroupes, les situations qui peuvent impacter l‟opinion du CAC
peuvent être celles-ci :
- la comptabilisation d‟une charge non causée (absence de justification d‟une prestation de services
facturée à l‟entité) ;
- la sous évaluation des produits vendus à une entité sœur ;
- l‟absence de rémunération de services rendus à une entité du groupe ;
- l‟absence de comptabilisation des intérêts sur un prêt fait à une entité du groupe ;
- l‟absence de justification d‟un abandon de créances ;
- l‟absence de dépréciation des titres de participation dans une entité sœur qui présente une situation
financière inquiétante (capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social par exemple) ;
- l‟absence de traduction dans les comptes des risques liés au passif d‟une entité détenue et qui est en
cessation de paiement ;
- l‟insuffisance d‟informations relatives aux parties liées dans l‟état annexé ;
- etc.
Deuxième partie (Vérifications et informations spécifiques) :
Les constatations à remonter dans cette partie sont celles qui n‟ont pas d‟impact sur les états financiers
annuels ; il s‟agit généralement d‟irrégularités qui peuvent être :
- l‟absence d‟autorisation d‟une convention réglementée ;
- l‟abus de majorité (le non respect de l‟égalité entre actionnaires);
- les cas de délit pénal comme les conventions interdites (abus de biens sociaux) ;
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Mémoire d’expertise comptable : DEUXIEME PARTIE
- l‟absence de communication dans le rapport de gestion d‟une information capitale touchant aux
opérations intragroupes ;
- etc.
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Mémoire d’expertise comptable : CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE
Dans ce mémoire, nous avons analysé et présenté les enjeux liés aux opérations intragroupes (fiscaux et
juridiques) et avons proposé une démarche méthodologique de révision de ces opérations. Ainsi, par ce
mémoire le CAC de droit OHADA est en mesure :
- d‟appréhender les différentes problématiques sous jacentes et d‟identifier les zones à risques pour
l‟audit, dans la mesure où nous avons présenté une analyse plus ou moins exhaustive de l‟état des
législations existantes et des types d‟opérations intragroupes susceptibles d‟impacter les comptes;
- d‟adresser les risques identifiés en mettant en œuvre les points de contrôle proposés dans la deuxième
partie du mémoire et résumés dans l‟annexe n°16.
Il est vrai que l‟existence d‟un groupe de sociétés implique de facto l‟existence d‟opérations au sein de ce
groupe. Ces opérations, parce quelles ont lieu au sein du groupe à des conditions différentes de celles
pratiquées avec des entités indépendantes, posent le problème des prix de transfert que nous avons
étudiés dans le chapitre 2 de la première partie.
A la lumière des développements précédents, il apparaît qu‟il y a une réalité qui préside les groupes :
c‟est l‟intérêt du groupe des actionnaires majoritaires. Cet intérêt transcende souvent l‟indépendance
juridique des filiales et les opérations intragroupes constituent un mécanisme de lissage ou de pilotage
des résultats des entités contrôlées. Dans ces conditions, les principes directeurs de l‟OCDE (celui en
particulier de «prix de pleine concurrence ») et les dispositions fiscales des pays d‟implantation des
filiales sont souvent négligés. La non observation des règles de pleine concurrence peut impacter de
façon significative les états financiers annuels de certaines filiales et être source d‟actes délictueux que
le CAC doit révéler au Ministère Public.
Par ailleurs, comme nous l‟avons vu dans ce mémoire, l‟absence d‟un droit particulier des groupes dans
le corpus des Actes Uniformes de l‟OHADA ne permet pas d‟appréhender avec toute la rigueur juridique
qui s‟impose les particularités des groupes. L‟introduction d‟un régime de groupe dans l‟Acte Uniforme de
l‟OHADA relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Gie permettrait de tenir compte de certaines
réalités économiques et pratiques, en particulier l‟intérêt supérieur du groupe.
Enfin, les Administrations Fiscales des pays de l‟UEMOA gagneraient à renforcer leur législation fiscale
et leur livre des procédures fiscales en matière de transfert indirect de bénéfices lié aux opérations
intragroupes. Ce renforcement devra passer par l‟introduction dans les textes fiscaux de l‟obligation de
documentation des opérations intragroupes ainsi que l‟adoption des méthodes de valorisation des
échanges intragroupes préconisées par l‟OCDE.
97 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1.3. Doctrine
- Etudes juridiques CNCC avec la collaboration de Jean-François BARBIERI, «les conventions entre les
entités et les personnes intéressées », CNCC Edition, mai 2004
- Bulletin CNCC n° 104, décembre 1996, EJ 96-161, p. 733
- Bulletin CNCC n° 64, « Abus de biens sociaux – Groupe de sociétés – Bilan inexact – faux en écritures
de commerce », Décembre 1986, p. 391
98 | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
- MBALA MBALA Marcelle, « Les conventions intragroupes », mémoire présenté en vue de l‟obtention du
Master droit, recherche, mention droit des affaires, Lille 2, université du droit et de la santé, 2005, 105
pages
- BENSADON Albert, « Management fees : intérêt pour les groupes de sociétés et démarche du CAC»,
mémoire d‟expertise comptable, novembre 2002, 154 pages
- ZOPPI Norbert, « Les prix de transfert dans les groupes français de taille moyenne : incidence sur la
mission du CAC», mémoire d‟expertise comptable, novembre 1999, 141 pages
- JERRE Christelle, «Prix de cession intragroupes : nécessité d‟un contrôle et opinion du CAC», mémoire
d‟expertise comptable, novembre 1997,141 pages
- Sena Koffi AGBAYISSAH, « L‟abus de biens sociaux dans les groupes de sociétés », septembre 1988
99 | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
- Albert ATANGANA, « Evolution et Perspectives du Contrôle des Prix de Transfert en Afrique » Ecole
Supérieure de Commerce de Rouen - Master Spécialisé Management, Droits des Affaires et Fiscalité
3. Revues et presses :
- Revue Française de Comptabilité, Octobre 2009, N° 425, 64 pages
4. Documents électroniques (sites Internet):
- Mamadou KONE, Docteur en droit, Université Montesquieu Bordeaux IV, « La notion de groupe de
sociétés en droit OHADA ». [Réf. OHADATA-D06-54]. Disponible sur internet : http://OHADA.com
- John Neighbour, Prix de transfert : le principe de pleine concurrence [Réf. de mars 2002]. Disponible
sur internet : http://www. observateurocde.org/
- Prix de transfert - Guide de la Direction Générale des Impôts pour les entreprises [Réf.de novembre
2006]. Disponible sur internet : http://www2.impots.gouv.fr/
- Travaux de l‟OCDE sur la fiscalité. Disponible sur internet : www.oecd.org
- Laurent Savarin Avocat-associé, Responsable du département Prix de Transfert Cabinet juridique &
fiscal AVODIRE. Commentaire sur les méthodes de détermination des prix de transfert. Disponible sur
internet : http://www.avodir.com
- Modèle de convention fiscale de l'OCDE : texte des articles au 29 avril 2000. Disponible sur internet :
http://www.oecd.org/document
- Lettre commentaires CNC sur amendements à IAS 24 "Parties liées". [Réf. du 24 mai 2007]. Disponible
sur internet http://www.focusifrs.com
- CONVENTION RÉGLEMENTÉE - Groupe de sociétés - Facturation de prestations réciproques – [Réf.
EJ 2007-96]. Disponible sur internet : http://www.cncc.fr
- ERNST & YOUNG - Cabinet d‟avocat, « Identifiez et maîtrisez vos risques juridiques - flux et opérations
intragroupes ». [Référence de novembre 2005]. Disponible sur internet : http://www.ey-avocats.com
- L'abus de majorité [Réf. Cass. Com. 1er juillet 2003]. Disponible sur internet :
http://www.zetud.net/devoirs/info.formdocs
- Rainer STAWINOGA, Laurence DELORME. « Prix de transfert : Comment sécuriser le client avant et
l‟aider après le redressement fiscal » [Réf. Petit déjeuner du 18 septembre 2007 organisé par l‟Ordre
des experts comptables]. Disponible sur internet : http://www.experts-comptables.fr
- Rainer STAWINOGA, Béatrice COQUEREAU. « Les prix de transfert dans la ligne de mire de
l‟administration fiscale » [Réf. Petit déjeuner du 5 juin 2007 organisé par l‟Ordre des experts
comptables]. Disponible sur internet : http://www.experts-comptables.fr
- ALIX Pascal, Avocat à la Cour de Paris, « La localisation d'activités dans les paradis fiscaux ». [Réf. du
02 avril 2000]. Disponible sur internet : http://www.zetud.net/devoirs/info_formdocs.html
100 | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
ANNEXES
Annexe Titre et source de l'annexe Page du
n° : mémoire :
1 Extrait de l’article 9 de la Directive n°01/2008/CM°UEMOA relative à la 18
détermination du résultat fiscal
2 Typologie des opérations intragroupes 20
I|P age
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
II | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
fiscal (revue fiscale, formation, assistance en cas de contrôle, etc.) 2. Opérations financières
- Prêts et emprunts
social (mise en place d‟un plan de carrière, élaboration de la politique de rémunération, gestion
- Avance en compte courant
des retraites, assistance dans le recrutement des cadres supérieurs, détachement de personnel,
audit social, etc.) ; - Financement d‟opération pour le compte de…
du marketing et développement commercial (élaboration des supports publicitaires, recrutement - Abandon de créances à caractère financiers
et formation des commerciaux, études de marché, veille concurrentielle, etc.) ; - Subventions
des approvisionnements en marchandises ou matières premières (négociation des conditions - Distribution de dividendes
d‟achat, conseils dans le choix des produits, achats groupés, etc.) ;
- Prise de participation (acquisition et cession d‟actions)
de la production (élaboration du processus de production, installations techniques, contrôle
qualité, dépannage technique, installation spécifique, formation, audit technique, etc.) ;
3. Opérations sur l’actif immobilisé
- Cession d‟immobilisations corporelles
informatique (développement d‟applications informatiques, conception et administration de sites
web, gestion commune de bases de données ou des sauvegardes, implémentation et - Location d‟immobilisations corporelles
paramétrage, administration de réseau d‟intranet, maintenance, assistance dans le choix du
- Concession de brevet, de licence, de savoir faire et de marque
matériel, audit informatique, etc.).
III | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
IV | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
Annexe 3 : Exemples illustratifs des méthodes de détermination des prix de transfert donnés par l’Administration fiscale française dans son guide sur les
prix de transfert
> La méthode du prix comparable sur le marché libre ou méthode directe > La méthode du prix comparable sur le marché libre ou méthode directe
Dans l'hypothèse où les conditions d'exploitation sont identiques le prix de transfert du lave-
linge qui doit être appliqué entre le producteur français et le distributeur britannique,
appartenant au même groupe A, est de 400 €. Dès lors que les conditions d'exploitation sont similaires à celles qui existent entre les
entreprises indépendantes, le prix de transfert du téléviseur, qui doit être appliqué entre le
producteur et le distributeur du même groupe A, est de 500 euros.
V|P a ge
> La méthode du prix de revente > La méthode du prix de revient majoré
Exemple : une entreprise a déterminé que le coût de production d'une bicyclette est égal à 150
€. Elle doit ensuite définir la marge à appliquer pour rémunérer son activité et fixer ainsi le prix
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
> > La méthode transactionnelle de la marge nette > > La méthode du partage des bénéfices
Exemple : Exemple :
1ère étape : Détermination du résultat consolidé pour le groupe qui est lié à la production et à la
vente de la chaussure.
VI | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
Annexe 4 : Tableau de synthèse de l’étude comparative des dispositions des CGI de l’UEMOA en matière d’opérations intragroupes
Pays En matière de transfert indirect de bénéfices En matière d’assistance technique ou de En matière de régime d’imposition En matière rémunération des
frais de siège des produits de participation des comptes courants
sociétés mères et filiales
Bénin Article 20 : disposition de portée générale sans Article 6 nouveau : « …Toutefois, les frais Article 149 : exonération des produits Article 6 nouveau : La limite de
exigence ni sur la documentation ni sur les d'assistance technique, comptable et financière, nets de participation, déduction faite déductibilité des intérêts servis aux
méthodes de détermination des prix de transfert : les frais d'études, les frais de siège et autres frais d‟une quote-part de frais et charges de associés à raison des sommes versées
assimilés, les commissions aux bureaux d'achat 5% du produit total des participations, à par eux dans la caisse sociale, en sus de
« Pour l'établissement de l'impôt sur les bénéfices
industriels et commerciaux dû par les entreprises qui versés par des entreprises exerçant au Bénin, des condition : leur part du capital, quelle que soit la
sont sous la dépendance ou qui possèdent le personnes physiques ou morales installées ou non -que la filiale ait son siège dans un État lié forme de la Société est égale au taux des
contrôle d'entreprises situées hors du Bénin, les au Bénin ne sont admis en déduction du bénéfice avec le Bénin par une convention sur les avances de la Banque Centrale des États
bénéfices indirectement transférés à ces dernières imposable qu'à la condition supplémentaire de ne doubles impositions ; de l'Afrique de l'Ouest, majoré de deux
soit par majoration ou la diminution des prix d'achat pas être excessif et présenter le caractère d'un -que le pourcentage de détention soit au points
ou de vente, soit par tout autre moyen, sont transfert indirect du bénéfice. moins 20 % du capital de la seconde
incorporés aux résultats accusés par les
Dans tous les cas, ils ne sont déductibles que société (abaissement du taux à 5 %
comptabilités.
A défaut d'éléments précis pour opérer les dans la limite de 20 % des frais généraux tels que lorsque la deuxième société a pour objet
redressements prévus à l'alinéa précédent, les définis à l'alinéa 1 (1) paragraphe 4 du présent la recherche ou l'exploitation minière dans
produits imposables seront déterminés par article ». un État lié avec le Bénin par une
comparaison avec ceux des entreprises similaires convention sur les doubles impositions
exploitées normalement»
Burkina Article 22 : disposition de portée générale sans Article 6 : Lorsqu'une entreprise exerce une Article 11 : exonération des revenus nets Article 6 : Idem que l‟article 6 du CGI du
Faso exigence ni sur la documentation ni sur les activité au Burkina Faso sans y avoir son siège des valeurs et capitaux mobiliers, Bénin
méthodes de détermination des prix de transfert : social, la quote-part des frais de siège déduction faite d‟une quote-part de frais Cependant, les intérêts des emprunts
incombant aux entreprises établies au Burkina et charges de 30% des revenus si les réalisés par les entreprises auprès de
Même contenu de l‟article que l‟article 20 du CGI du Faso ne peut dépasser 10 % des frais généraux investissements en titres, participations personnes physiques ou morales,
Bénin desdites entreprises (Ord. no 74/074/PRES/MF/Dl ou créances sont supérieurs à la moitié étrangères à celles-ci,
du 11/1 1/74 de leur capital social à la clôture de à condition que ces emprunts puissent
l‟exercice. La quote-part de frais et charge être prouvés
est de 10% pour les autres entreprises. La limite de rémunération est de 8%.
Côte Article 38 du CGI : disposition de portée générale Article 38 : Il s‟agit des redevances de cession ou Articles 21, 22 et 233 : exonération à
d’Ivoire sans exigence ni sur la documentation ni sur les concession de licences d‟exploitation, de brevets hauteur de 50% des revenus nets (il est
méthodes de détermination des prix de transfert. d‟invention, de marques de fabrique, procédés ou porté à 95% pour les sociétés bénéficiant
+ formules de fabrication et autres droits analogues du régime fiscal des sociétés mères défini
Loi de Finance 2006 qui a introduit dans le Livre des ou les rémunérations de services payés ou dus. par l‟article 22).
Procédures Fiscales l‟article 50bis qui consacre le Double limite de 5% du chiffre d‟affaires hors taxes Les titres de participations doivent revêtir
renforcement du droit de communication de et 20% des frais généraux de l‟entreprise débitrice. la forme nominative ou être déposés dans
l‟Administration pour le contrôle de certaines un établissement désigné par
VII | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
IX | P a g e
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X|Pa g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
XI | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
Annexe 7 : Règlement n°0004/CIMA/PCMA/CE/SG/2009 définissant les modalités de la facturation au réel des conventions d’assistance technique conclues
avec les sociétés d’assurance
XII | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
Questionnaire d’enquête à l’attention des o n Commentaires Questionnaire d’enquête à l’attention des o n Commentaires Questionnaire d’enquête à l’attention des o n Commentair
entreprises ui o commissaires aux comptes u o inspecteurs des impôts u o es
n i n i n
1. La société que vous dirigez fait-elle partie d‟un 1. Avez-vous dans votre portefeuille des clients 1. Quelle est l‟importance des entreprises faisant
groupe ? faisant partie d‟un groupe ?
2. Quels genres de relations entretenez-vous avec les partie de groupe dans le tissu économique de
2. Si oui, s‟agit-il de groupe africain de droit OHADA
autres entités du groupe ? ou étranger ? votre pays ?
3. Connaissez-vous les activités (fonctions) exercées par
3. Connaissez-vous les dispositions de l‟OCDE sur 2. Existe-il dans votre pays une législation
les différentes entités du groupe ?
4. Disposez-vous d‟une documentation sur les opérations les prix de transfert ? spécifique sur les opérations intra groupe, en
que vous réalisez avec le groupe ? 4. Dans le cadre de vos audits, comment procédez-
particulier sur les prix de transfert ?
5. Cette documentation contient-elle les éléments vous pour valider les opérations réalisées avec le
suivants : groupe : avez –vous une démarche 3. Si non, comment sont traitées les questions
la nature des relations qui lient votre entreprise et les méthodologique particulière pour couvrir les relatives aux opérations internes au groupe
entreprises du groupe (organigramme, liens assertions « réalité » des opérations et
capitalistiques directs et indirects, droits de vote, pacte dans le dispositif fiscal de votre pays ?
« exactitude » des prix facturés?
d'actionnaires, …) ; 4. Connaissez-vous les dispositions de l‟OCDE
les activités exercées, la nature des transactions, les 5. Avez-vous été amenés à émettre des réserves
dans votre rapport général sur la réalité ou le prix en matière de prix de transfert ?
enjeux financiers, les méthodes de valorisation et les
tarifications retenues ainsi que les risques encourus et des opérations réalisées par l‟entité avec le 5. Si oui, sont-elles transcrites dans le code
les actifs engagés par chacune des entreprises liées ; groupe ? général des impôts de votre pays ?
la justification de la conformité des prix pratiqués au >>Si oui, bien vouloir résumer la situation dans la
regard du principe de pleine concurrence reposant sur 6. Si non, ressentez-vous le besoin de légiférer
colonne « commentaires »
plusieurs éléments (analyse du marché, analyse sur la question ?
fonctionnelle, raisonnement économique justifiant la 6. Les entités que vous contrôlez possèdent-elles une
méthode retenue, analyse de comparabilité…) ; documentation sur les opérations intra-groupe ? 7. Avez-vous déjà personnellement contrôlé des
les modalités pratiques de facturation des produits 7. Savez-vous s‟il existe une législation fiscale sociétés faisant partie de groupe ?
vendus et des prestations réalisées applicable dans votre pays en matière de prix de 8. Avez-vous personnellement redressé des
6. Votre société a-t-elle déjà été redressée par transfert ?
l‟Administration Fiscale sur les opérations que vous opérations comptabilisées par la société
>>Si oui, bien vouloir indiquer les références des
réalisées avec le groupe ? contrôlée et qui ont été réalisées avec le
textes dans la colonne « commentaires »
7. Si oui, quels ont été les motifs de ce redressement ?
8. Quelles dispositions avez-vous prises pour éviter à 8. L‟un de vos clients a-t-il déjà été redressé groupe ?
l‟avenir ce genre de redressement ? fiscalement sur les opérations intra-groupes ? 9. Si oui, quels ont été les motifs du
9. Dans ce redressement, quelle a été votre réaction vis- >>Si oui, quels ont été les motifs du redressement ?
redressement?
à-vis de votre CAC? 9. Le client a-t-il appelé votre responsabilité pour
10. Avez-vous le sentiment que votre CACa une n‟avoir pas identifié et communiqué au 10. Ces redressements sont fréquents ?
connaissance suffisante des problématiques liées aux management les risques fiscaux ? 11. Que recommanderiez-vous aux sociétés
opérations que vous réalisez avec le groupe ?
10. Quelles leçons avez-vous tiré de cette/ces faisant partie de groupes qui exercent leurs
expérience/s ?
activités dans votre pays ?
XIII | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
XIV | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
Annexe 9 : Relevé des cas d’acte normal ou anormal de gestion sur lesquels le Conseil d’Etat
(France) ou la Cour de Cassation a eu à statuer
A. Exemples d’actes ou opérations réalisées dans le cadre d’un groupe et pouvant être qualifiés d’acte anormal
de gestion :
1. La vente à perte par une filiale à une société mère sans contrepartie (C.E du 03 juin 1992, n° 85067)
2. L’approvisionnement auprès d’une société à des prix supérieurs à ceux pratiqués par les fournisseurs
indépendants et à ceux constatés sur le marché (C.E du 21 novembre 1980, n° 17055 et du 10 octobre
1984, n°25144)
3. La mise à disposition de personnel à une société étrangère du groupe moyennant une rémunération
inférieure aux coûts réellement supportés sans contrepartie (C.E du 30 septembre 1987, n° 50157)
4. La fourniture de prestations de gestion par une société mère à ses filiales pour un prix inférieur aux coûts
réellement supportés ou à celui prévu contractuellement (C.A.A. Lyon du 01 février 1995, n°1269)
B. Exemples de faits ou d’opérations qualifiés d’actes normaux de gestion par la jurisprudence française :
1. La pratique par une société mère, à l’égard de sa société filiale dont elle détient la quasi-totalité du
capital, d’une politique de prix préférentiels excluant la réalisation de bénéfices lorsqu’il s’agit de
vente de marchandises ou de prestation de services (C.E du 24 février 1978, n° 2372).
Toutefois, lorsque de telles conditions sont consenties à une société étrangère dépendante de la
société ou dont la société dépend, cet avantage est présumé constituer un transfert de bénéfices à
l’étranger en application de l’article 57 du CGI (France)
On remarquera que cette position est identique aux dispositions fiscales des pays de l’UEMOA en la
matière. En effet, le transfert indirect de bénéfice ne concerne que deux entités implantées
géographiquement dans deux pays différents.
2. La facturation au coût de revient de travaux d’impression entre deux sociétés sœurs appartenant au
même groupe d’intégration fiscale. La société réalisait 30% de son chiffre d’affaires auprès de sa sœur
en difficultés économiques. Elle lui facturait ses prestations à leur coût de revient, invoquant le
maintient de son chiffre d’affaires permettant l’amortissement d’investissements importants, le plein
emploi de ses salariés ainsi que sa propre pérennité. Elle agissait dans son intérêt (CA.A. Nancy)
3. La facturation d’une filiale à sa société mère des travaux à façon pour un prix inférieur au coût de
revient au cours de ses deux premières années d’activité (justifié par l’insuffisance des quantités
traitées en période de lancement) ; Par la suite, cette filiale a pratiqué une baisse du prix réclamée
par la mère, tout en réalisant un bénéfice. Dès lors que les prix pratiqués ne sont pas inférieurs à ceux
du marché, la gestion ne peut être qualifiée d’anormal (C.E du 26 juin 1996, n° 80178)
4. La renonciation à percevoir la rémunération d’un service rendu à une filiale étrangère, dès lors que
cette filiale a été créée en vue d’assurer la fabrication de ses produits sous licence d’exploitation et
leur distribution sur le marché américain, moyennant une redevance proportionnelle au chiffre
d’affaires. Cette aide a remédié aux difficultés financières de la filiale, a préservé les perspectives
d’implantation sur le marché étranger et a permis une augmentation des redevances (C.A.A Paris du
18 mars 1993, n° 34)
En revanche, en vertu de l’autonomie juridique des personnes morales, le Conseil d’Etat français
affirme de façon constante que « le seul intérêt du groupe doit rester sans influence sur l’appréciation
du caractère normal d’un avantage consenti entre sociétés sœurs ».
XV | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
Organigramme, société mère, sociétés filiales, sociétés apparentées, activités de chaque entité,
marché, dirigeants de chaque entité :…………………………………………………………………………
CLIENTS Niveau de risques
Question / Attentes, Adéquation des produits et services, Marchés et besoins : ……………………
CONCURRENCE Niveau de risques
Question / Nouveaux entrants, Acteurs, Produits et services de substitution (le cas échéant) : ...
………………………………………………………………………………………………………………………...
ENVIRONNEMENT Niveau de risques
Question / Historique pour le client, Historique pour les fournisseurs, Historique pour le
personnel, Historique pour l'actionnaire, Image générale : ……….………………………………………
INFORMATION Niveau de risques
Question / Sources d’informations externes (en particulier groupe), Systèmes d'informations,
Informations à destination des tiers, Informations à usage interne : …………………………………
MANAGEMENT Niveau de risques
XVI | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
XVII | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
XVIII | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
XIX | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
Annexe 13 : Feuille d’Analyse des Contrôles Internes des opérations intragroupes (FACI)
Client : Objet : Feuille d’Analyse des procédures de contrôle interne des opérations intragroupes Nom cabinet
Exercice :
Fait par / date : Réf………………Folio :……..
Assertions concernées Contrôle mis en place (a) : Qui effectue le Evaluation Conclusion (d)
contrôle (b)? préliminaire (c)
1. Exhaustivité :
Comment s’assure-t-on que :
2. Réalité
Comment s’assure-t-on que :
3. Exactitude
Comment s’assure-t-on que :
4….
(a) : résumé du ou des contrôles manuels ou informatiques mis en place par l’entité pour couvrir le risque
(b) : fonction ou titre de la personne ou du service chargé du contrôle
(c) : il s’agit de conclure a priori si le contrôle est efficace ou non efficace
(d) : la conclusion consiste à décider, en fonction de l’évaluation préliminaire, de tester ou non le contrôle interne du client.
XX | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
XXI | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : ANNEXES
A l’attention de Monsieur /Madame….(Président du Conseil d’Administration, Gérant ou Administrateur Général, selon le cas)
Mesdames/Messieurs,
Conformément aux dispositions de l‟article …. (a)de l'Acte Uniforme de l'OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE, nous
voudrions vous rappeler que vous devriez, dans le mois qui suit leur conclusion, nous donner communication des informations relatives aux
conventions réglementées conclues entre votre société et l‟un de ses dirigeants sociaux. Dans ce cadre, nous vous prions de nous faire
parvenir ou de mettre à notre disposition les informations relatives :
2) Aux conventions préalablement autorisées et qui ont poursuivi leurs effets sur l’exercice N [indiquer l’exercice réel]
a) Liste des informations à communiquer :
- Il s‟agit des informations sur les opérations comptabilisées au cours de l‟exercice et relevant de conventions antérieurement approuvées
(facturations établies ou reçues, intérêts pris en charge ou en recettes, rémunérations, commissions, etc. ; position des comptes
débiteurs ou créditeurs des cocontractants, position des garanties données ou reçues à la clôture de l‟exercice).
- Précision sur les modifications apportées à la nature et à l‟objet des conventions le cas échéant;
- Précision sur les changements intervenus et concernant les administrateurs ou dirigeants intéressés
3) Aux rémunérations exceptionnelles et remboursements de frais aux administrateurs au cour de l’exercice N conformément à
l’article 432(e)
Liste des administrateurs concernés
- Nature des missions et mandats à eux confiés
- Montant des rémunérations versées
- Montant des remboursements de frais de voyage, de déplacement
XXII | P a g e
M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
Sources d‟information :
- Obtenir auprès du management la liste des entités constituant le groupe,
l‟organigramme juridique du groupe et la liste des dirigeants.
- Obtenir auprès du management la liste des activités ou fonctions exercées par
chaque entité du groupe
- En complément des informations fournies, obtenir et examiner les procès verbaux
des assemblées d‟actionnaires, du Conseil d‟Administration et/ ou du comité des
personnes constituant le gouvernement d‟entreprise
- En complément des informations internes recueillies, demander préparer et envoyer
aux autres auditeurs du groupe une lettre d‟informations sur leur connaissance
d‟autres parties liées
- Consulter les informations publiées dans les états financiers et dans les déclarations
fiscales de l‟exercice N-1
- Exploiter les dossiers d‟audit de l‟année précédente sur les parties liées
S‟entretenir avec le management et examiner avec lui les informations fournies sur les
entités liées et les transactions entre la société et les autres parties liées
Dresser un relevé de la nature des relations qu‟entretient la société avec les autres
entités du groupe
Les contrats signés par la société mère pour le compte des filiales sont-ils connus de
l‟entité et documentés au siège de celle-ci?
La filiale est-elle consultée ou intervient-elle dans la conclusion des contrats groupes en
matière d‟assurance, d‟approvisionnement, d‟informatisation, etc. ?
Existe-t-il une procédure de conservation des originaux des actes juridiques signés
directement par la société ou indirectement par la société mère?
Existe-t-il des tableaux de bord/ bases de données destinés au management sur le suivi
des contentieux, des engagements hors bilan, des échéances contractuelles, des
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M é m o i r e d ’ e x p e r t i s e c o m p t a b l e : BIBLIOGRAPHIE
41Seuil préalablement déterminé dans le plan de mission et servant à sélection les comptes ou groupes de significatifs sur lesquels des travaux
d‟audit particuliers doivent être exécutés.
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Mémoire d’expertise comptable : TABLES DES MATIERES
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Mémoire d’expertise comptable : TABLE DES MATIERES
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Mémoire d’expertise comptable : TABLE DES MATIERES
XXIX | P a g e
Mémoire d’expertise comptable : TABLE DES MATIERES
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Mémoire d’expertise comptable : TABLE DES MATIERES
4.3. Les obligations en matière de TVA sur les prestations facturées par les entités situées
à l’étranger 84
4.4. Les retenues à la source sur honoraires de prestation de services 84
4.5. Le respect des conventions fiscales internationales en vigueur 84
5. Lettre d’affirmation : aspects particuliers relatifs aux parties liées 85
CHAPITRE II : MISE EN ŒUVRE DES VERIFICATIONS SPECIFIQUES PREVUES PAR L’ACTE
UNIFORME DE L’OHADA RELATIF AU DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET DU GIE ................. 86
Section 1 : Contrôle des conventions réglementées entre entités liées ............................................................ 86
A.Connaissance de l’existence des conventions réglementées 86
1. Définition des conventions réglementées et procédure de leur autorisation et approbation
86
2. L’obligation d’information du CAC prévue à l’article 440 de l’AUDSCG 87
3. Le CAC peut également demander aux dirigeants de lui notifier les conventions conclues 87
4. Découvertes à l’occasion des procédures d’audit 87
B. Exploitation des informations collectées 88
1. Analyse et qualification des conventions conclues : 88
1.1. Le caractère courant des opérations 88
1.2. La notion de conditions normales et les difficultés d’application de l’article 439 de
l’AUDSCG 88
1.3. Les conventions interdites 90
2. Contrôle du respect de la procédure d’autorisation 90
2.1. Autorisation préalable du Conseil d’Administration 90
2.2. Approbation des conventions autorisées et/ou non autorisées par l’assemblée 90
3. Que faire en cas de connaissance de faits délictueux ? 90
4. Contenu du rapport spécial sur les conventions réglementées 91
Section 2 : Les autres vérifications spécifiques ............................................................................................................. 91
A.L’égalité entre actionnaires 91
1. La notion de l’égalité entre actionnaires 91
2. Programme de travail de vérification du respect de l’égalité entre actionnaires 91
B. Le rapport de gestion 92
1. Définition du rapport de gestion 92
2. Les éléments de contrôle du rapport de gestion 92
2.1. Le résumé des activités de l’exercice 93
2.2. Les perspectives d’avenir notamment, le plan de financement et l’évolution de la
trésorerie 93
2.3. Les changements de méthodes comptables 93
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