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Grand Prix la Tuile Terre Cuite

Architendance 2022
ISBN : 3663322125416
3 663322 125416

12 EUROS
1

Regards croisés,
Jean-Baptiste Fayet
Anne-Sophie Kehr et

Le Grand Prix la Tuile Terre Cuite finitions s’est enrichie : large, elle propose un
Architendance fête ses dix ans, spectre allant des coloris naturels et nuancés
comment se porte-t-il ? aux rendus allant du blanc au noir mat ou bril-
lant, émaillés et vernissés, sans compter les
ASK : Le panorama offert par les lauréats de créations sur mesure… La tuile permet donc
cette décennie illustre combien la matérialité aux architectes de jouer avec des enveloppes
de la tuile de terre cuite donne du sens et du différentes, non pas d’adapter l’architecture
caractère à une architecture mais aussi à un au matériau, mais d’apporter avec le matériau
lieu. Autrement dit, la tuile sert une architec- des réponses architecturales pertinentes et
ture du quotidien, située, sensible et sobre ; ajustées sur des sites et dans des contextes
elle est un matériau d’architecture contem- différents. Il me semble aussi que le toit rede-
poraine, qui, en plus de sa diversité formelle, vient un « objet d’architecture », un sujet pour
porte dans son ADN un lien étroit avec les ter- les architectes. Les périodes troublées – que
ritoires et l’histoire. Elle contribue aussi à une nous avons traversées et que nous connaissons
démarche intelligente à travers des valeurs encore – appellent à une forme de réassurance,
d’écologie, de recyclage, de ressources locales à une réhumanisation de notre cadre de vie. Le
et de mise en œuvre des savoir-faire présents toit et la tuile y ont toute leur place.
localement. La toiture en tuiles forme des lieux
et, plus avant, une relation de proximité avec ASK : Le point commun à tous les lauréats est
le monde. Appropriable, ce matériau se révèle leur engagement pour une architecture située.
présent aussi bien à l’échelle de la vie privée Les bâtiments écoutent leur contexte et ré-
qu’à celle de la vie en commun. pondent au territoire dans lequel ils prennent
place. Il n’y a pas de démonstration formelle
JBF : Depuis sa création en 2012, en parte- mais une singularité, qui inscrit le projet dans
nariat avec le Réseau des maisons de l’archi- son contexte avec une réponse et une écriture
tecture, ce sont plus de 400 agences qui ont contemporaine fortes qui mettent en valeur
proposé des réalisations au Grand Prix la Tuile des enjeux vertueux que ce matériau peut ré-
Anne-Sophie Kehr, architecte, Terre Cuite Architendance. Au travers des réa- véler. Je pense particulièrement au Grand Prix
Présidente du jury du concours la lisations primées, nous observons combien les 2022, le restaurant scolaire de Charles-Henri
Tuile Terre Cuite Architendance, mises en œuvre évoluent : faible pente, formes Tachon à Saint-Léger-sur-Dheune. Cet équipe-
Présidente du Rma
complexes et retournement du toit en façade ment s’inscrit dans toutes les valeurs que nous
Jean-Baptiste Fayet, où la tuile est utilisée en bardage pour, par souhaitons porter aujourd’hui ; il allie l’intelli-
Président du Groupement exemple, protéger des ossatures légères no- gence à la sobriété en plus de porter les valeurs
des tuiliers de la Fédération tamment en bois. Du point de vue formel, nous essentielles – vitruviennes – de solidité, d’utili-
Française des Tuiles et Briques. observons combien la palette de teintes et de té et de beauté.
Introduction
Au fil de
cinq palmarès
2
3

Les architectures se construisent au rythme se positionner délicatement, sans rupture, et approche patrimoniale juste, ils sont aussi
de leur époque et leur matérialité souvent les parfois même en hommage aux traces laissées à l’origine de propositions contemporaines
date. Il y a, pourtant, quelques exceptions à par les générations passées. iconoclastes.
cette règle. Parmi elles, les tuiles et les bri- Loin de toute brutalité, l’architecture con-
ques de terre cuite. En témoigne le concours textuelle se saisit de formes mais aussi de Grâce à ces solutions, des architectes peuvent
Architendance de la Fédération Française des matériaux. La tuile de terre cuite, dans bien s’exprimer ainsi librement dans des environne-
Tuiles et Briques organisé depuis dix ans. La des régions, du sud-ouest à la Bourgogne, de ments aussi contraints que Vézelay ou encore
redécouverte de ses palmarès successifs ne la Provence au Grand Est et au Nord, répond Versailles, deux sites attentivement observés
laisse pas d’étonner ; de nombreuses réalisa- de traditions constructives ; elle est employée par les autorités compétentes de l’UNESCO
tions se révèlent en effet tout aussi contem- dans de récentes réalisations comme un écho soucieuses de cohérence.
poraines aujourd’hui qu’elles ne l’étaient hier. subtil à cette profonde histoire constructive.
S’il y a, en cause, le talent des architectes, le Il y a dès lors, dans cette décennie de réali-
matériau choisi explique aussi l’atemporalité L’inventivité des professionnels suggère dès sations primées par la FFTB, l’origine d’un en-
de propositions exemplaires. lors, non pas la retranscription nostalgique, thousiasme et, plus encore, d’une confiance
aussi parfaite que scolaire, de propositions à l’égard de l’avenir ; l’art de bâtir, tel qu’il se
Chaque réalisation primée laisse entendre les héritées d’autres temps, mais la « réinter- pratique à travers ces palmarès, est source
arguments sans cesse mobilisés pour justifier prétation » ingénieuse et créative. De par sa de qualité. Briques et tuiles de terre cuite n’y
le choix d’un parti pris architectural, plus en- diversité mais aussi de par sa mise en œuvre sont pas étrangères. Utilisées et mises en
core de sa matérialité : les maîtres d’œuvre se simple, la tuile de terre cuite autant que la bri- œuvre selon des techniques aussi bien ances-
remettent à un désir d’« intégration ». que autorisent, en milieu urbain comme en mi- trales que nouvelles, elles permettent un haut
Depuis plusieurs décennies maintenant, la lieu rural, des expérimentations plastiques. En niveau de finition. Pour certains architectes,
« contextualité » d’une opération est devenue quête de nouvelles esthétiques, les fabricants elles sont même l’occasion de réaliser des
une règle à peine discutée tant elle semble enrichissent leurs propositions. Main dans la géométries pures.
désormais évidente. Chacun l’adopte cepen- main avec les architectes, ils imaginent des
dant à sa manière et la liberté demeure de mise produits nouveaux, ajustant formes, textures Ainsi, du minimalisme au maximalisme, de l’ap-
à ce sujet. Aussi, la lecture d’un environnement et coloris. proche patrimoniale à la pratique contextuelle,
naturel ou bâti est, loin des dogmes, laissée à la richesse d’un matériau assure toutes les
l’appréciation de tout un chacun. De la même manière, ils proposent aussi des possibilités et toutes les formes. Elle fait sou-
Pour autant, le « contexte » livre autant d’indi- matériaux laissant deviner la main de l’hom- vent « la peau » d’une architecture sensible, qui
ces permettant à une construction récente de me ; si ces produits servent bien souvent une recherche beauté et harmonie.

la Tuile Terre Cuite Architendance 2022, Lorient.


Cérémonie de remise des prix du Grand Prix
10 ans de palmarès
du Grand Prix la
Tuile Terre Cuite
Architendance
4
1.
5

2.

3.

4.

1. MNM Architectes 2. a+samueldelmas 3. FMAU architecte 4. Taillandier


Rennes Allan Esnandes Architectes Associés
Maison diamant — 2020 Grange de vacances — 2020 Construction de 7 logements Bègles
individuels groupés — 2020 Résidence Terre Sud — 2020

Cette maison conçue par MNM La transformation, dans la Drôme, À Esnandes, dans les environs La constitution du plan-masse de
se positionne sur une petite d’anciennes granges est l’occasion de La Rochelle, le cahier des cet ensemble de 75 logements
parcelle urbaine de 234 m², elle- pour l’agence a+samueldelmas charges prévoyait des maisons en à Bègles avait quatre objectifs :
même située dans un quartier de proposer une solution bande. FMAU, jouant du périmètre s’aligner en fond de parcelle et sur
pavillonnaire dense. Les volumes particulièrement respectueuse sauvegardé d’une église du la rue, préserver les arbres en cœur
généreux de cette construction des traces du passé. En préservant XIIe siècle, a proposé une forme d’îlot, fractionner le bâtiment pour
sont habillés d’un matériau original de nombreuses parties laissées plus complexe et plus adaptée offrir des percées visuelles sur le
à la fois noble, contemporain et brutes, en conservant la logique aux allures de hameau compact. parc et favoriser l’ensoleillement.
au fort caractère : une tuile grand minérale des constructions Dans cet esprit respectueux d’un Les volumes conçus par l’agence
moule taillée à huit facettes et existantes mais aussi en environnement bâti, la tuile a été Taillandier Architectes Associés
dont l’aspect cinétique pouvait employant de la pierre et de la préférée à tout autre matériau pour sont entièrement vêtus de
être amplifié par une teinte terre cuite, l’agence donne corps à les toitures. Un soin particulier tuiles plates vernissées ou
argentée. Les formes géométriques une maison de vacances familiale, a été apporté aux faîtages, et un mates, blanches ou noires. Elles
du matériau créent des jeux lumineuse et contemporaine, savant jeu de débords compose des composent une peau changeante,
d’ombre et de lumière qui animent parfaitement intégrée aux édifices effets d’ombre particulièrement plus ou moins scintillante en
la maison à tout moment de la voisins du hameau. graphiques sur les façades. fonction de la luminosité.
journée, tout en l’intégrant dans
un environnement marqué par les
teintes grises de l’ardoise.

— Maison individuelle
Grand Prix du Jury — Maison individuelle — Habitat intermédiaire — Habitat collectif
Prix Maison individuelle Prix des architectes Prix habitat intermédiaire Prix habitat collectif
© Stéphane Chalmeau © David Desaleux © Anna Ponizy © Roland Halbe
6
6.
5.

8.

7.

5. Lemoal Lemoal 6. Croixmariebourdon 7. Atelier Bettinger 8. MDNH Architectes


Cabourg Courbevoie Desplanques Architectes Cesson
Pôle Social & Culturel — 2020 Halle de marché, parking public Étainhus Résidence intergénérationnelle
et esplanade — 2020 37 logements intermédiaires 80 logements — 2018
et individuels — 2018

Pour ce nouveau pôle social et La nouvelle halle de marché de Le projet conçu par l’Atelier L’agence MDNH Architectes a
culturel à Cabourg, Lemoal et Courbevoie se situe dans un site Bettinger Desplanques Architectes réalisé à Cesson, en Île-de-France,
Lemoal apportent une réponse dense au pied d’un complexe est le fruit d’un laboratoire 80 logements sociaux dans le cadre
urbaine en revitalisant une parcelle des années 1970, qui comprend expérimental appuyé par le d’un projet de renouvellement
autrefois enclavée. Ce projet a été un centre commercial, des CAUE 76 et soutenu par un bailleur urbain. Composée de plusieurs
l’occasion de valoriser les savoir- équipements et des immeubles social. Livrée au cœur d’un petit bâtiments de gabarits variés,
faire et les matériaux locaux. de logements de grande hauteur. village de Seine-Maritime, cette cette opération alterne, en toiture,
Aussi, les façades tournées vers Dans cet environnement, opération réunit 4 bâtiments zinc et tuiles plates en terre
la ville sont protégées, du sol Croixmariebourdon a imaginé une accueillant en tout 37 logements cuite à emboîtement de couleurs
jusqu’au toit, par une peau en tuiles halle à la géométrie elliptique sociaux. L’adresse, face à l’église sombres. Si ces dernières forment
texturées et légèrement patinées élégante dont la toiture joue romane, a invité les concepteurs à des surfaces abstraites, elles
produites à quelques kilomètres un rôle central dans l’insertion privilégier des matériaux naturels dialoguent aussi avec les matériaux
de la ville. L’unité apportée par et l’expression du projet. Les et traditionnels tels que la brique de façades – pierre et enduit
ce matériau permet d’affirmer architectes ont en effet choisi de de parement moulée main, les blanc ou gris – et accentuent
le caractère public du bâtiment, créer une couverture dont les tuiles plates en terre cuite et le la bichromie souhaitée par les
pensé comme une réinterprétation tuiles blanches brillantes et bois. Ils ont tous cependant été concepteurs.
contemporaine de l’architecture gris-perle mates créent un motif mis en œuvre dans l’idée d’une
normande. assurant l’identité de cette réécriture contemporaine.
cinquième façade.
— Habitat collectif
— Équipement tertiaire — Équipement tertiaire Grand prix du jury — Habitat collectif
Prix équipement tertiaire Prix du public Lauréat 1er Prix habitat collectif Lauréat 2nd prix
© Javier Callejas ©Takuji Shimmura © Atelier Bettinger Desplanques © Gaëla Blandy
7
10.

9.

12.

11.

9. Kalus Roussel Architectes 10. Agence Pierre 11. Sarah Markert Architecte 12. Vendredi Architecture
Paris 18e Monmarson Architecture Beaune et Urbanisme
Pôle Enfance Vauvenargues - Paris 17e Maison « clos jardin » — 2018 Saint-Jean-de-Beugné
Multi accueil 120 berceaux Surélévation, extension, réha- Mûres Murs, 3 maisons
et un accueil de soins pour les bilitation - HÔTEL - XO — 2018 groupées et 2 maisons individu-
familles fragilisées — 2018 elles locatives sociales — 2018
Les habitants de la villa C’est non loin du parc Monceau Non loin du centre historique Le site était ingrat : un ancien
Vauvenargues, impasse résidentielle et de l’avenue de Wagram, que de Beaune, dans un quartier parking le long d’une route
du 18e arrondissement de Paris, Pierre Monmarson a rénové pavillonnaire, la maison conçue par nationale. Vendredi Architecture
étaient attachés au patrimoine et surélevé de trois étages le Sarah Markert occupe une parcelle, et Urbanisme, guidé par le plaisir
industriel de leur adresse. Kalus bâtiment de l’Hôtel XO. L’adresse témoin du patrimoine viticole de d’habiter, a imaginé un quartier
Roussel Architectes a donc pris le devait gagner en hauteur tout Bourgogne. Sa proposition, tout calme et agréable à vivre. Pour
parti de transformer avec subtilité en arborant des proportions en délicatesse, est un hommage inscrire cette opération de
les deux halles observées par les harmonieuses et en respectant le à des formes et des matériaux cinq maisons locatives sociales
riverains avec attention. Toutefois cadre urbain typiquement parisien vernaculaires. Des tuiles de terre individuelles dans son contexte,
dans l’objectif de marquer cette fait de façades haussmanniennes cuite, caractéristiques de la l’agence a choisi une tuile canal
maison de la petite enfance ponctuées d’Art déco. La tuile plate région, ont été mises en œuvre rouge pour jouer avec les codes de
d’une belle contemporanéité, les blanc émaillé répond parfaitement en toiture et en façade afin de l’architecture vernaculaire locale :
concepteurs ont choisi de mettre aux attentes de l’architecte : facile créer une continuité et d’affirmer tuiles canal en débord, enduits
en œuvre du cuivre mais aussi de la à poser sur des lattes de bois en une apparence résolument rustiques, modénatures et claustras
tuile plate émaillée blanche en trois toiture comme en bardage, et contemporaine. de terre cuite, jeu chromatique
teintes différentes. suffisamment petite pour dessiner blanc-rouge... renversant l’ambiance
les courbures nécessaires. austère de l’ancien parking, elle
convoque l’imaginaire des vacances
— Équipement / Tertiaire en Vendée.
Prix des étudiants en école d’architecture
Prix du public — Équipement / Tertiaire — Maison individuelle — Maisons individuelles
Lauréat 1er prix Équipement / tertiaire Lauréat 2nd prix Lauréat 1er prix Lauréat 2nd prix
© Cécile Septet © Daisy Reillet © Philippe Le Roy © François Dantart
13.
8

14.

15. 16.

13. BQ+A 14. Laboratoire Architectures 15. Marc Sirvin & Eliard Archi- 16. Taillandier
Vézelay et Paysage tectes et Laurent Malraux Architectes Associés
Maison de santé, Site Charly Viroflay Saint-Jory
classé Patrimoine Mondial La maison dans la pente — 2016 La maison pixel — 2016 Les Villas Florentine — 2016
de l’UNESCO — 2016

Située au pied de la colline Dans le village de Charly, face au Pour l’extension de leur maison À Saint-Jory, en Haute-Garonne,
de Vézelay, dans le périmètre massif de la Tournette, dans les à Viroflay, un jeune couple s’en Pierre-Louis Taillandier a, pour
du site classé de la basilique Alpes de Haute-Savoie, une maison est remis à la sensibilité de trois ce projet résidentiel associant
de la Madeleine, la Maison profite d’une vue remarquable. jeunes architectes. Soucieux de maisons individuelles et apparte-
de santé conçue par l’agence Le parti pris du Laboratoire contextualité, ils ont proposé, en ments, joué des archétypes et des
BQ+A joue de références Architectures et Paysage réside référence aux tuiles de terre cuite symboles, notamment de la figure
subtiles et vernaculaires. Pour dans l’inversion du programme omniprésentes dans le quartier, un du toit à double pente, pour mieux
intégrer ce nouvel équipement classique d’une maison afin parti pris audacieux pour habiller le les subvertir et les traduire dans un
à l’environnement bâti d’un des d’épouser la pente et d’offrir au nouveau volume : un panachage de langage contemporain. Dans cette
plus beaux villages de France, séjour un généreux volume de tuiles dont les nuances varient du ambition, des tuiles de terre cuite
des matériaux traditionnels ont combles habités, ouvert sur le rouge au noir fusain en passant par ont été mises en œuvre sur les toi-
été choisis : du bois, de la pierre panorama. Les matériaux mis en le gris. L’ensemble de ces teintes tures, lesquelles assurent l’identité
et de la terre cuite. Les toits œuvre – le bois et la tuile – ont fait référence à la partie ancienne de l’opération.
bourguignons sont ici subtilement été choisis pour leur pérennité de la maison.
réinterprétés dans leur matérialité et leur ancrage dans la culture
à l’aide de tuiles présentant une architecturale locale.
discrète polychromie.

— Habitat collectif — Maison individuelle — Maison individuelle — Habitat collectif


Grand Prix du jury Lauréat 1er prix Lauréat 2nd prix Lauréat 2nd prix

© Luc Boegly © Philippe Le Roy © Hervé Abbadie © Stéphane Chalmeau


17.
9

18.

19.

20.

17. Augustin Faucheur 18. Atelier d’Architecture 19. Architecture 20. SKP Architecture
Architecture & Urbanisme Philippe Prost Patrick Mauger L’Île-d’Yeu
Bernes-sur-Oise Bruay-la-Buissière Pau Maison de vacances — 2014
« La densité à la campagne » — Cité des Électriciens - Extension et restructuration
2016 Centre d’Interprétation des locaux de recherche UPPA -
de l’habitat minier — 2016 UFR de Droit Économie,
Gestion et IAE — 2016

Cet ensemble de 20 logements L’Atelier d’Architecture Philippe Le centre de recherche et de Les îles du Golfe de Gascogne
situé à Bernes-sur-Oise se Prost a été missionné pour formation de l’Université de Pau constituent des milieux préservés
caractérise par sa volumétrie et réhabiliter la Cité des Électriciens attendait d’être transformé. Patrick marqués par de fortes traditions
sa matérialité. Conçu par Augustin à Bruay-la-Buissière. Inscrit au Mauger, respectueux du parti constructives. Dans ces
Faucheur, il occupe une parcelle titre des Monuments Historiques pris d’origine signé André Grésy, circonstances, SKP Architecture
longue et étroite orientée nord- et classé au patrimoine mondial en a imaginé la restructuration a imaginé une villa contemporaine
sud. Les façades ont été imaginées de l’humanité, ce site a été et l’extension. Les bandeaux réinterprétant nombre d’éléments
pour être traitées en briques de l’opportunité de révéler les qualités horizontaux existants ont été typiques. Parmi eux, la tuile canal.
teinte claire et les toitures en tuiles d’un habitat ouvrier pendant prolongés mais aussi habillés de Fournie par un fabricant local, elle
plates de teinte sombre. L’enjeu longtemps promis à la démolition. 25 500 tuiles de terre cuite dont a été mise en œuvre sur les trois
était aux yeux de l’architecte de À cette occasion, le récipiendaire 17 500 non émaillées rouge flammé volumes constituant la nouvelle
souligner le caractère pavillonnaire du Grand Prix d’Architecture 2023 et 8 000 tuiles émaillées bleues, adresse. En plus de permettre la
du site tout en affirmant la a livré au sein de cet ensemble rouges, jaunes et ocre. Cette continuité entre chacune de ces
modernité de sa proposition. un équipement affirmant son magistrale composition confère entités, elle favorise l’intégration de
caractère contemporain par un un tour pictural à l’institution. la maison dans son environnement.
usage audacieux de tuiles plates
vernissées rouges.

— Habitat collectif — Équipement / Tertiaire — Équipement / Tertiaire — Maison individuelle


Lauréat 1er prix Lauréat 1er prix Lauréat 2nd prix Lauréat 1er prix
© Clément Guillaume © Julien Lanoo © Didier Boy de la Tour © SKP Architecture
10
22.

21.

24.

23.

21. Fresh Architectures 22. Maison Édouard François 23. Atelier Poinville 24. Atelier Jean Gouzy
Paris 10e Ris-Orangis Chevilly Ollioules
16 logements locatifs et 1 local L’Orange — 2014 Extension de la Mairie de Villa — 2012
d’activités — 2014 Chevilly — 2014

Dans le 10e arrondissement de la L’immeuble de 60 logements Pour agrandir et rénover la Sur les hauteurs du village
capitale, en face du métro aérien sociaux conçu par la Maison mairie de Chevilly, commune du d’Ollioules, une parcelle dominant
et de la Rotonde de La Villette, un Édouard François a pris place sur Loiret, l’Atelier Poinville a choisi la mer et la rade de Toulon s’est
ensemble de 16 logements sociaux le site désaffecté d’une ancienne des formes simples évoquant faite l’adresse d’une maison
conçu par Fresh Architectures gendarmerie, derrière les tours et l’architecture des anciennes fermes discrète conçue par Jean Gouzy.
affirme sa présence par un barres du plateau de Ris-Orangis. beauceronnes. Utilisée en toiture Soucieux d’intégrer au mieux son
traitement architectural singulier, Dans un quartier aux allures de fin comme en façade, la tuile de terre projet dans l’espace naturel d’une
une vêture unique couvrant façades de ville, il s’agissait de marquer cuite a été déclinée en trois teintes colline boisée, l’architecte a choisi
et toitures réalisée en terre cuite. l’entrée avec un repère fort. Le différentes – du rouge orangé au de réemployer les pierres des
Le matériau choisi, une tuile volume a priori simple s’est ainsi beige sablé – mais aussi dans des restanques présentes pour créer
vernissée, a permis ce traitement vu enrichi de « cubes » saillants et proportions variées. Ce panachage un socle et tracer les contours d’un
uniforme. Reflétant de jour comme d’« oreilles ». Le tout a été habillé dialogue avec couleurs et textures toit original aux lignes obliques
de nuit la lumière naturelle ou d’un matériau à même d’assurer du bâtiment ancien voisin. et aux rives biaisées. Une tuile
artificielle, le bâtiment affirme son un dessin, un relief et une couleur : sombre au galbe très ample –
identité et sa présence. la tuile de terre cuite gaufrée des écho aux traditions constructives
pavillons et des grands hangars locales – parachève l’identité de
industriels. cette élégante construction.

— Habitat collectif — Habitat collectif — Équipement / Tertiaire — Maison individuelle


Grand Prix du jury Lauréat 1er prix Lauréat 1er prix Lauréat 1er prix
© Julien Lanoo © Paul Raftery © Marie-Claire Bordaz © Atelier Jean Gouzy
11
26.

25.

27.

25. K’nL Architecture 26. Coldefy 27. Atelier Sénéchal-Auclair


Ribeauvillé Hellemmes Givry
Programme de logements HQE 42 logements sociaux — 2012 Restaurant scolaire — 2012
— 2012

Le premier écoquartier d’Alsace, Dans un quartier résidentiel de la En Bourgogne, la pierre relève


idéalement situé sur la Route périphérie lilloise, Coldefy & d’une tradition constructive. La
des Vins, entre vignobles et Associés Architectes a imaginé un tuile aussi. En hommage à cette
montagnes, a été l’occasion de immeuble de 42 logements dernière, l’Atelier Sénéchal-Auclair
développer un ensemble résidentiel présentant un singulier panachage a imaginé, pour abriter le nouveau
accessible au plus grand nombre. de tons clairs. Suite à une réflexion restaurant scolaire d’une petite
K’nL a, pour l’occasion, conçu sur la matérialité, l’agence a choisi, localité proche de Chalon-sur-
un projet écologiquement et pour obtenir cet élégant résultat, Saône, une construction habillée de
énergétiquement vertueux composé des tuiles en terre cuite à pureau terre cuite dialoguant avec l’archi-
de trois opérations : un immeuble plat dans des finitions mates et tecture historique du centre-bourg.
collectif de neuf logements, quatre émaillées. Se déclinant selon En choisissant ce matériau pour la
maisons de ville de six logements quatre nuances de gris, elles toiture à deux pans mais aussi pour
et dix maisons en bande. Des tuiles proposent des effets de brillances les façades, l’agence a eu à cœur de
en terre cuite rouge ont été mises et de textures aussi variés que livrer un édifice unitaire. En outre,
en œuvre en toiture mais aussi en séduisants. l’intervention d’un seul corps d’état
façade pour parfaire la cohérence pour réaliser l’enveloppe a été l’as-
de l’ensemble. surance d’une parfaite exécution.

— Maison individuelle — Habitat collectif — Équipement / Tertiaire


Lauréat 1er prix Lauréat 1er prix Lauréat 1er prix
© K’nL architecture © Julien Lanoo © Jérome Beg
Catégorie
Équipement/tertiaire
12

2e prix pateyarchitectes
© Studio Erick Saillet
1er prix Charles-Henri Tachon, architecture & paysage
© Nicolas Waltefaugle
13
14
Grand prix du jury,

Charles-Henri Tachon,
architecture & paysage
1er prix En Bourgogne, à Saint-Léger-sur-Dheune, un corps de bâtiment abritant les vestiaires et les
nouvel équipement public attire les regards. Son locaux techniques.
auteur ? Charles-Henri Tachon, architecture &
paysage, agence récipiendaire, en 2019, de la « La perception intérieure du volume de cha-
prestigieuse Équerre d’Argent pour la rési- que toiture donne un sentiment d’unité et
dence Julia-Bartet située à Paris. d’identité spécifique à chaque salle, souligne
Charles-Henri Tachon. En plan, elles se désaxent
La modestie d’une commande et le contexte l’une par rapport à l’autre de manière à créer
pittoresque d’un village n’ont nullement une vue diagonale qui offre une sensation de
contraint cet architecte. Il y poursuit, comme profondeur. Ce déhanchement permet de créer
à chaque projet, sa réflexion sur la matérialité. différentes vues vers l’extérieur ».

« Il s’agissait d’abord de construire un lieu où Techniquement, cet équipement a été conçu à


les enfants du village et des environs pourraient partir d’une trame structurelle en béton. Son
passer le plus grand moment de détente de remplissage, de manière inattendue, est fait de
leur journée », rappelle-t-il. « Aussi, nous avons tuiles. « Nous avons choisi d’utiliser un dispositif
imaginé ce restaurant scolaire comme une singulier, très présent le long du canal de la
maison, avec un toit, où il fait bon se réfugier Dheune : le mur de tuiles. Des tuileries locales,
lorsqu’il fait froid et que le brouillard de la notamment la tuilerie Perrusson à Écuis-
Dheune se lève. » ses (1860) et la Grande Tuilerie de Bourgogne de
« Ce n’est toutefois pas une maison comme Montchanin (1858), fournissaient en abondance
les autres. Il fallait qu’elle puisse être et à bas prix dans toute la région des tui-les
reconnaissable dans le bourg pour montrer qu’il mécaniques. Pour cette raison – et contre toute
s’agit d’un bâtiment public. De fait, sa forme attente ou toute logique structurelle – des
devait être lisible, autonome, repérable », dit- murs composés de tuiles mécaniques ont été
il. Cette singularité a été travaillée avec la édifiés. Cette mise en œuvre présente parfois,
volonté de proposer un bâtiment qui s’inscrive suivant l’appareillage imaginé, des motifs
dans la continuité de l’existant, notamment inattendus », souligne-t-il. Cet assemblage
par un travail en dessin ; les toitures en tuiles inhabituel et pourtant caractéristique des
adoptent des formes simples, qui viennent environs a été le thème choisi par l’agence pour
ainsi en écho avec celles du village. affirmer l’identité du nouvel équipement. La tuile
utilisée est un matériau de récupération trouvé
Sur les quatre corps de bâtiment, trois ont été dans un village voisin situé à une vingtaine de
couverts de tuiles mécaniques et un de tuiles kilomètres. Les éléments collectés ont été par
plates vieillies. « Sous une apparente simplicité, la suite sciés pour réduire leur largeur et donc
le travail sur les toits est sophistiqué à la fois l’épaisseur du parement. Leur calepinage a,
par le jeu des pentes et par les tuiles utilisées. quant à lui, été étudié avec l’entreprise de gros
Nous avons joué sur la mixité des formes et œuvre grâce à plusieurs prototypes réalisés à
des tuiles qui rappellent les assemblages sec. Ils ont été ensuite, en phase de réalisation,
parfois hétérogènes des toitures que l’on peut hourdés au mortier dont la teinte est en écho
observer autour de nous », indique l’architecte. avec le béton.
architecte
Charles-Henri Tachon, architecture & paysage Une attention particulière a été portée sur les Ce projet vient ainsi compléter un travail
mandataire, Anne Saint-Jean architecte en
charge de la conception et des études, Hugo détails de mise en œuvre, notamment avec des sensible sur la matière, que l’architecte pense
Lafon architecte en charge de la réalisation
arêtiers corniers encastrés posés à sec pour la comme un moyen de trouver une forme de
maîtrise d’ouvrage
Commune de Saint-Léger-sur-Dheune
tuile plate et des arêtiers à emboîtement pour justesse. « Le paysage aujourd’hui a besoin
lieu
la tuile losangée. Ces couvertures reposent soit d’être soigné et accompagné. La démarche
Saint-Léger-sur-Dheune sur une charpente en bois contrecollé pour les contemporaine, c’est de trouver la position
programme toitures hautes des deux salles de restaurant, juste dans le lieu dans lequel on s’inscrit »
Construction d’un nouveau restaurant (accueil
restauration, cuisine, locaux du personnel et tech- soit sur des fermettes industrielles pour le conclut Charles-Henri Tachon. •
nique pour accueillir 117 rationnaires élèves) et
aménagement des espaces extérieurs à proximité

surface
413 m2 bâtiment
300 m2 aménagements extérieurs

budget
1,4M €

année de livraison
2022

crédits photographiques
© Nicolas Waltefaugle
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Légende crédit
16
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© Charles-Henri Tachon, architecture & paysage © Charles-Henri Tachon, architecture & paysage
18

pateyarchitectes
2e prix
Ce projet sonne comme un symbole mais aus- édifices, faite de béton lavé à haute pression
si comme un hommage. Il importe donc d’évo- en façade et de tuiles en terre cuite en toiture.
quer l’histoire des parcelles qu’il occupe. Le « De par le passé, Novalaise comptait plusieurs
tout automobile a éventré bien des villages. tuileries. Il n’était que justice de couronner ces
Novalaise n’échappe pas à la règle et une an- édifices contemporains avec des tuiles de terre
cienne bâtisse n’avait pas résisté au rouleau cuite pour rappeler le lien avec les usages ver-
compresseur des traceurs de routes. L’espace naculaires du territoire », affirme Léa Viricel,
public s’en était retrouvé réduit et la place architecte de l’agence.
centrale avait pris des allures de carrefour. Les
confettis d’emprises laissés de part et d’autre Aux yeux de pateyarchitectes, l’idéal d’intégra-
de l’axe passant avaient éveillé la convoitise de tion réside dans le respect et la révélation de
quelques constructeurs sans toutefois satis- la mémoire du lieu. « Il avait même été envi-
faire les élus. Le conseil municipal s’est donc sagé, un temps, de réutiliser les tuiles issues
engagé dans un appel à projets ; chaque équipe de la déconstruction du bâtiment situé en lieu
étant alors libre de proposer une architecture et place du nouvel ensemble. Les Novalaisans
mais aussi un programme. ont, par ailleurs, tous, quelques vieilles tuiles
qui traînent au fond de leurs jardins. Nous dé-
Pour l’occasion, l’agence pateyarchitectes sirions que chacun puisse apporter sa tuile à
s’est associée à La Compagnie d’Architecture l’édifice, pour compléter la toiture de la halle
Nouvelle, maître d’ouvrage, pour penser une communale. Mais la voie du "faire avec ce qui
proposition associant un commerce, une halle est" n’a pas pu aboutir pour des questions éco-
de marché et des logements. La composition nomiques et techniques », indique-t-elle.
imaginée est à bien des égards surprenante. La raison l’emportant, pateyarchitectes a opté
« Nous avons pris le parti de bâtir des limites à pour une tuile plate à petit moule dont la forme
l’espace public, de créer de nouveaux usages et typique et reconnaissable produit un motif en
de canaliser la circulation pour en inverser les écaille. Les tuiles forment, les unes associées
priorités : les piétons d’abord, les véhicules en- aux autres, un toit original. Plus avant, elles
suite. Le bâtiment a été conçu comme une com- protègent un complexe isolant.
position monolithique tranchée par une voie Ainsi, la tuile fait l’identité de ce projet, qui ré-
qui pouvait ainsi retrouver son lit d’origine », veille le souvenir d’un passé productif et qui ré-
indique Christian Patey, associé de l’agence. pare, en outre, les espaces publics de ce village
de l’Avant-Pays Savoyard.
De chaque côté de la route, deux volumes aux Une réalisation exemplaire, forte et radicale,
lignes archétypales forment un tout unique. véritable signature architecturale où la tuile
Pour ce faire, les architectes ont privilégié tisse une relation de proximité, tout en accom-
une « matérialité brute », commune aux deux pagnant la singularité de la proposition. •

architecte
pateyarchitectes

maîtrise d’ouvrage
Ville de Novalaise /
Compagnie d’Architecture Nouvelle

lieu
Novalaise

programme
Base + Exe

surface
3 000 m2

budget
1,4M €

année de livraison
2021

crédits photographiques
© Studio Erick Saillet
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20
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Catégorie
Habitat individuel
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2e prix ARCHIDIUM
© Nicolas Waltefaugle
1er prix Benoit Rotteleur Architectes
© Antoine Seguin
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24

Benoit Rotteleur
Architecture
1er prix
Entre Vendée et Paris, l’agence de Benoit mais aussi des rétrécissements et des ouver-
Rotteleur, architecte, développe des projets tures. « Cette danse des volumes apporte une
d’habitat individuel mais aussi collectif. grande flexibilité et une diversité d’usages »,
Aux Sables-d’Olonne, dans le quartier de la renchérit-il.
Chaume, à mi-chemin de la côte sauvage et du
port de plaisance, Benoit Rotteleur livre la nou- À cette originalité, l’architecte associe la dis-
velle adresse d’un « jeune couple de retraités ». crétion du parti esthétique. L’ensemble est en
La parcelle proposée se situe en cœur d’îlot ; effet conçu pour s’insérer dans un environ-
elle est de fait encerclée de murs et de voisins nement bâti sans faire événement. Les murs
formant un terrain carré. « Le projet aborde sont de couleurs claires et le toit à quatre
cette clôture d’enceinte comme une frontière pans est habillé, dans « un souci de qualité
entre intérieur et extérieur, privé et public. de matière », de tuiles. Le matériau choisi est
Placée au centre de la parcelle, l’emprise de la une tuile en terre cuite, grand moule, galbée,
maison est une réduction en plan du terrain », à emboîtement double et à double recouvre-
explique l’architecte. ment, parfaitement adaptée à une toiture de
Le travail volumétrique est, ensuite, une décli- faible pente, typique de Vendée. Le dessin du
naison de cette géométrie parfaite et imposée. toit fait d’ailleurs place à un large débord qui
« Pour offrir un rapport privilégié avec le jardin a été calculé pour laisser entrer le soleil du-
et profiter des multiples orientations, la mai- rant les mois d’hiver et arrêter les rayons pen-
son s’ouvre sur ses quatre angles. À l’intérieur, dant l’été pour éviter les surchauffes. Il laisse
un espace libre en étoile relie les quatre orien- aussi déborder les tuiles de 8 cm par rapport
tations. Entre ces deux diagonales viennent à la panne afin d’éviter la mise en place d’une
s’implanter quatre volumes regroupant l’en- gouttière disgracieuse. L’eau de pluie retourne
semble des usages de la maison », précise donc naturellement à la terre. Le matériau est
Benoit Rotteleur. Parfaitement symétrique, ainsi mis en valeur ; il contribue à faire l’iden-
cette organisation génère des perspectives tité d’un lieu. •

architecte
Benoit Rotteleur Architecture

maîtrise d’ouvrage
Privée

lieu
Les Sables-d’Olonne

programme
Construction d’une maison

surface
110 m2

budget
200k € TTC

année de livraison
2021

crédits photographiques
© Antoine Seguin
25
26

ARCHIDIUM
2e prix
De crêtes en combes, le massif jurassien dé- Structurellement, le projet se compose d’un
roule son paysage vallonné. Au lieu-dit Le socle en béton et de parois CLT isolées pour les
Souillot, une parcelle en belvédère bénéficie murs. L’unique système de chauffage de la mai-
de ce panorama caractéristique du Haut- son est un poêle à bois. La maison est couverte
Doubs ; elle se fait très tôt l’adresse convoi- de tuiles mécaniques rouges, en toiture comme
tée d’une famille qui rêve d’y établir sa maison. en façade. La toiture au dessus du séjour ca-
Sensibles à cette situation, les deux associés thédrale est constituée de panneaux struc-
d’Archidium, agence implantée à Besançon, turels CLT de 16 cm d’épaisseur laissés appa-
auteure d’élégantes villas contemporaines, rents et recouverts d’un isolant semi-rigide
imaginent, à cet endroit, une construction de 28 cm puis d’un OSB de 22 mm. La toiture
respectueuse de l’environnement naturel mais des chambres, en combles perdus, est posée
aussi bâti. Le projet proposé s’intègre aux sur des fermettes. Le bardage en tuile répond
formes existantes et aux constructions voi- d’une pose traditionnelle sur contrelattes et li-
sines dont les toits sont traditionnellement teaux. Comme le bois intérieur, la peau de tuiles
à doubles pans. La famille, maître d’ouvrage, rouges extérieure protège l’ossature en bois
était par ailleurs attachée à une forme d’ori- et limite la surchauffe d’été ; elle a également
ginalité sans excentricité. « Nous avons donc été choisie pour ses vertus architectoniques et
proposé un événement architectural singulier participe de l’ambiance générale.
mais que nous voulions inscrit dans son envi-
ronnement et, pour ce faire, nous l’imaginions « Cette utilisation de la tuile en toiture et bar-
couvert de tuiles rouges », résume Pierre dage permet une insertion contemporaine res-
Boissenin, architecte fondateur. pectueuse dans le lieu-dit où le matériau est
très majoritairement employé », précise l’ar-
Pour des raisons d’accessibilité, voulue par chitecte. Il s’agissait aussi de penser l’homo-
la famille, l’ensemble des espaces de la mai- généité du traitement extérieur pour mettre
son devaient être de plain-pied. La forme de en valeur la volumétrie du projet sans pour au-
la parcelle et ses atouts visuels – autrement tant en concurrencer la lecture ou la compré-
dit les perspectives vers le grand paysage – hension. En outre, dans un souci de travailler
ont induit la disposition de trois volumétries avec des filières locales, la tuile choisie a été
différentes, occupées chacune par des fonc- produite à moins de 70 kilomètres du chantier.
tions appropriées. « Le séjour d’un côté et
les chambres de l’autre sont orientés vers la La Maison S – tel est son nom – se fait l’illustra-
combe et s’articulent de manière à ouvrir une tion parfaite d’une manière de penser l’art de bâ-
terrasse intime dominant le paysage alors tir, mieux, d’une approche architecturale fondée
que le volume associé au garage se positionne sur la compréhension d’un territoire et de ses
en recul de la rue pour définir une cour », atouts sans renoncer à proposer un événement
explique-t-il. architectural contemporain et singulier. •

architecte
ARCHIDIUM

maîtrise d’ouvrage
Privée

lieu
Haut-Doubs

programme
Construction d’une maison

surface
150 m2

budget
320k €

année de livraison
2020

crédits photographiques
© Nicolas Waltefaugle
Habitat individuel
2727
Catégorie
Habitat collectif
28

2e prix POST architectes


© Jean-Pierre Duplan
1er prix FRESH Architectures
© Juliette Alexandre
29
30

FRESH
Architectures
1er prix
D’aucuns, à l’évocation du nom de Versailles, notre projet une interprétation de ces élé-
imaginent un château et ses jardins. S’il est ments en transposant les teintes et les colo-
question d’architecture et d’urbanisme, l’es- ris », précisent-ils.
prit échafaude aussitôt un carcan normatif FRESH Architectures a dès lors jeté son dé-
assurant la préservation d’un environnement volu sur une matière évidente : la terre cuite.
bâti exceptionnel. Pourtant, ici et là, quelques Elle permet d’abord un habillage complet, de
opérations récentes complètent un patri- pied en cap, de cet ensemble. Elle assure aussi
moine royal. l’élégance d’une proposition qui vient en écho
FRESH Architectures a, dans ce contexte, dé- aux autres constructions du quartier.
veloppé un ensemble de 58 logements dans le « Briques et tuiles de terre cuite ont été mises
quartier de Montreuil, au nord-est de la ville. en œuvre comme des éléments modernes en
« En prenant en compte le caractère historique harmonie avec le patrimoine historique, assu-
du lieu, nous avons structuré notre proposition rant un véritable trait d’union entre le passé
en articulation avec les volumes existants et, et le présent », explique Luca Battaglia. Ce
par-delà, nous avons imaginé l’interprétation choix est ainsi l’occasion de parfaire la com-
sensible des matériaux de façades », résument plémentarité de l’opération avec les construc-
Luca Battaglia et Ulisse Gnesda architectes tions voisines. Il autorise en effet un camaïeu
associés et co-fondateurs, et Ramzi Lasram, de couleurs beige et ocre qui s’harmonise dans
directeur de projets de l’agence. le paysage de la rue du Refuge. « Nous avons
proposé une finition des façades principales
Il était en effet attendu que l’ensemble s’har- en briques moulées main et des toitures en
monise avec un paysage faubourien constitué tuiles plates. Ce sont ces finitions proposées
de maisons et de petits immeubles : un bâti dans des teintes panachées que nous jugions
caractérisé par une architecture « de carac- adéquates », affirment les architectes. Ce tra-
tère » et une certaine forme de classicisme. vail essentiel sur la matière renforce la lecture
L’opération a été divisée en cinq volumes dis- unitaire de l’ensemble. Aussi, pour parfaire
tincts dont l’imbrication évoque un assem- cette image, FRESH Architectures a tenu à ce
blage spontané et dont la géométrie variable que les tuiles plates respectent une superpo-
réinterprète le toit à double pente. Ces cinq sition rendant leur partie visible – le pureau –
entités, emboîtées les unes dans les autres, sur 20 cm. De la sorte, le recouvrement est de
jouent avec les limites de la parcelle mais aussi 8 cm environ. L’intérieur des loggias, le retrait
avec les hauteurs réglementaires afin d’assu- des fenêtres, les pignons des volumes à l’inté-
rer la meilleure insertion possible, en plus de rieur de la parcelle sont quant à eux proposés
créer un cœur d’îlot paysager. avec des finitions en cassettes métalliques en
pose verticale. Les autres pignons, côté rue du
Dans l’objectif d’intégrer parfaitement cette Refuge, sont traités en briques.
contribution contemporaine à la ville de Ver-
sailles, la matérialité a également été fine- L’agence, avec ce projet, poursuit l’exploration
ment étudiée. « Le choix des matériaux et des d’un matériau qu’elle affectionne et qu’elle
couleurs a été pensé à partir des construc- magnifie dans une mise en œuvre déjà remar-
tions avoisinantes. Différents matériaux sont quée ; FRESH Architectures recevait en effet,
présents aux alentours : de la pierre meulière en 2014, le Grand Prix du jury du Concours la
et de la brique en façade, de l’ardoise et de la Tuile Terre Cuite Architendance.
terre cuite en toiture. Les tons ocres sont par De plus, elle démontre combien ce matériau
ailleurs très présents ainsi que des encadre- peut répondre à des considérations esthé-
architecte ments en plâtre blanc. « Conscients des quali- tiques actuelles tout en favorisant l’intégra-
FRESH Architectures
tés architecturales du quartier et respectueux tion d’une construction contemporaine à un
maîtrise d’ouvrage
de son histoire, nous avons proposé à travers environnement patrimonial. •
Kaufman & Broad

lieu
Versailles

programme
58 logements

surface
3 700 m2

budget
8M €

année de livraison
2021

crédits photographiques
© Juliette Alexandre
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34

POST architectes
2e prix
Le jour de son inauguration en 2009, EuraTech- Le caractère répétitif du programme a d’abord
nologies est présenté comme le plus grand été affirmé par un traitement architectural
incubateur de start-up en Europe. Situé à Lille, unique. « Nous cherchions un matériau qui
il totalise 150 000 m² de locaux créés au sein permettait d’avoir un rendu monolithique et
d’un « château de l’industrie textile » : l’an- modulaire et la tuile s’est avérée relever de
cienne usine Le Blan-Lafont. Depuis presque l’évidence. Les façades ont été conçues pour
quinze ans, 300 entreprises s’y sont installées être couvertes de tuiles à pureau plat. Seul un
réunissant 3 700 salariés. Fort de cet équipe- profilé métallique marque les planchers et se
ment, un quartier entier s’est développé et at- prolonge pour dessiner les rives des toitures
tire chercheurs et étudiants. et des terrasses basses », expliquent les archi-
tectes. Le choix de ce matériau est aussi lié à
L’agence POST architectes a imaginé Student des considérations structurelles. La tuile s’est
Factory Euratechnologies, un programme as- imposée comme un produit pertinent pour pro-
sociant une résidence de 206 logements (T1 et téger l’ossature en bois.
T3), des espaces de coworking et une cafétéria.
Il est implanté à la lisière d’un écoquartier for- « La teinte sombre retenue – un bleu fumé –
tement végétalisé et d’un quartier plus minéral est avant tout guidée par l’accroche subtile des
composé de maisons typiques de la région da- ombres de la végétation environnante. Après
tant des années 1930. quelques années de développement des arbres,
cette couleur participera également à l’am-
« Notre intention était de décomposer la volu- biance de sous-bois apaisant qu’assure l’écrin
métrie de notre projet en plusieurs bâtiments planté du parc de la résidence », soulignent-ils.
pour qu’un jardin puisse se glisser entre eux
afin de fabriquer un environnement paysager La mise en œuvre de cette vêture demeure
omniprésent », explique Yoann Devynck, archi- traditionnelle. Les tuiles sont posées sur une
tecte, co-fondateur avec Jean-Philip Lebecq et ossature de latte fixée sur une façade ossa-
Vincent Lagache de l’agence POST architectes. ture bois porteuse ou sur un voile béton avec
Divisée en quatre pavillons, l’opération adopte isolation par l’extérieur. Des modules spéci-
une disposition en étoiles. Elle présente aussi fiques d’angle ont été utilisés pour assurer la
des hauteurs variables dont un R+5, qui répond continuité du parement entre deux façades, les
à la réglementation sismique. Toutes ces en- tuiles de type membron ont été utilisées pour
tités sont reliées entre elles par des espaces le démarrage et la fin du calepinage ; le pureau
vitrés en rez-de-chaussée dans l’intention de de tuile est de 100 mm.
rendre le paysage omniprésent pour les voisins Des détails qui viennent parachever un en-
et pour les résidents. semble élégant, harmonieux et cohérent. •

architecte
POST architectes

maîtrise d’ouvrage
Vinci Immobilier

lieu
Lille

programme
175 chambres, 15 chambres court séjour,
16 T3 colocation, coworking, local d’activité

surface
6 200 m2

budget
8M €

année de livraison
2021

crédits photographiques
© Jean-Pierre Duplan
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Catégorie
Habitat groupé
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1er prix ex aequo MAGNUM architectes


et urbanistes
© François Dantart
1er prix ex aequo ZoomFactor Architectes
© fabricant
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38

ZoomFactor
Architectes
1er prix ex æquo
Bruxelles ou le champ d’expérimentation des implantés en damier s’appuient sur ce socle
avant-gardes. La capitale belge s’est toujours pour libérer des espaces extérieurs généreux.
montrée enthousiaste à l’égard de la nouveau-
té, laquelle a trouvé ses expressions dans la Le système constructif choisi pour cette opé-
grande échelle de projets imposants ou dans la ration est mixte. Le socle partiellement enterré
petite échelle de constructions domestiques. est en béton. Les niveaux hors-sols sont quant
Dans la banlieue, Uccle offre, dans cet esprit, à eux réalisés en ossature bois. Si la base est
un paysage composé de la plus belle variété traitée en enduit d’imperméabilité, les volumes
d’expressions architecturales. Renouvelant présentent un revêtement unique en tuile de
cet appétit pour la contemporanéité, un projet terre cuite mise en œuvre aussi bien en toiture
de deux maisons individuelles mitoyennes est qu’en façade.
l’occasion par sa volumétrie et sa matérialité
de réinterpréter quelques formes archétypales « Ce choix répond à une volonté d’intégration à
du tissu pavillonnaire traditionnel. l’architecture locale composée principalement
de bâtiments en briques », indiquent les archi-
Implanté dans un terrain en pente à la végé- tectes. Parmi le large spectre de produits, ils
tation dense, le projet conçu par l’agence pa- privilégient une tuile de terre cuite de couleur
risienne ZoomFactor Architectes est motivé ocre rose. Ce revêtement fixé sur des tasseaux
par une double volonté d’intégration urbaine de bois se développe en toiture et se retourne
et paysagère ; le terrain avait été jusqu’alors sur les murs dans l’objectif « de faciliter la lec-
abandonné et, de fait, avait été envahi par la ture des volumes depuis l’extérieur et d’accom-
végétation. pagner le regard vers les arbres par les lignes
« Le bâtiment a une façade sur rue raison- horizontales depuis l’intérieur ».
nable, cohérente avec les volumes des petites « Avec ce matériau, nous apportons une écri-
maisons environnantes, soulignent Louis Mas- ture très pure des volumes dans une mise en
sonnet, gérant de l’agence et Basile Grange, œuvre exigeante et parfaitement maîtrisée.
architecte en charge du projet. Le faîtage dé- Nous voulons lire les volumes plus que la mai-
saxé des toitures et leur orientation variable son, cela répond à notre recherche de réinter-
accentuent l’effet de proximité formelle en prétation de la maison traditionnelle », précise
apportant à la volumétrie générale une dimen- Louis Massonnet. Pour atteindre cet objectif,
sion hétéroclite, typique des centres-bourgs », les détails ont été poussés. Les chéneaux ont
expliquent-ils. notamment été prévus pour être encastrés
La forme s’évase à l’arrière. L’enjeu, aux yeux de dans la toiture dans l’intention d’éviter la pré-
Basile Grange, est « de laisser place à la vaste sence de gouttières et de descentes d’eaux
surface habitable souhaitée dont une partie est pluviales. Le retournement de la tuile de la
abritée dans un volume semi-enterré qui utilise toiture en façade est dès lors traité sans au-
la pente du terrain ». cune rupture. Les détails d’angles, constitués
Le niveau de sous-sol, non visible depuis la rue, de pièces verticales en zinc, ont été travaillés
se découvre ainsi depuis le jardin. Trois volumes dans l’épure d’un dessin exigeant. •

architecte
ZoomFactor Architectes

maîtrise d’ouvrage
Privé

lieu
Uccle

programme
Construction de deux maisons mitoyennes

surface
490 m2

budget
NC

année de livraison
2021

crédits photographiques
© Victor Grandgeorge
39
40
41

© ZoomFactor Architectes
© ZoomFactor Architectes

1. Isolation PIR 160mm 1.

2. Chéneau zinc encastré - développé de 600mm 2.


3. Charpente bois - isolation laine de roche 230mm
3.
4. Tuile plate de parement
4.
5. Double ossature de support des tuiles par tasseau de 35mm
5.
© ZoomFactor Architectes

6. Panneau rigide type OSB 16mm


6.
7. Ossature bois - isolation laine de roche 300mm

8. Pare-vapeur 7.

9. Doublage - isolation laine minérale 45mm 8.

9.
42

MAGNUM architectes
& urbanistes
1er prix ex æquo
Son nom est évocateur : la ZAC du Verger. Il « Ce contexte a très tôt orienté la réflexion sur
témoigne d’un passé agricole marqué par des les thèmes de la pérennité des habitations ou
terres que Nantes a fini par conquérir. Cette encore du détournement des codes de l’archi-
expansion urbaine de la métropole régionale tecture résidentielle, plus particulièrement
est aussi l’occasion de développer des pro- ceux de la maison individuelle. Dans cette pers-
jets exemplaires. Parmi eux, les douze mai- pective, le rapport au toit a été pensé pour don-
sons individuelles et les cinq logements in- ner à l’ensemble un caractère contemporain
termédiaires en accession sociale conçus par mais aussi iconique. L’idée d’une vêture origi-
MAGNUM architectes & urbanistes, agence nale à l’image d’une coque, qui habillerait l’en-
locale, qui revendique « une approche sur me- semble des maisons, nous est apparue. Nous la
sure, délivrée de tout systématisme ». voulions, dans une approche vertueuse, la plus
pérenne possible en termes de matérialité ».
À Carquefou, elle a eu soin d’inscrire ces lo-
gements dans l’histoire du lieu et même d’en La tuile a logiquement été choisie. En terre
préserver les traces. « Le projet mêle l’ar- cuite, elle a été réalisée à partir d’un grand
chitecture au paysage », explique Bertrand moule et présente un aspect plat ainsi qu’une
Aubry, architecte, associé fondateur de surface entièrement lisse. Ce sont ces carac-
l’agence. « Préservant d’anciennes haies boca- téristiques que recherchait l’agence pour les
gères constituées de chênes têtards, le projet utiliser aussi bien en toiture qu’en bardage.
a été conçu comme un petit village organisé « Elle permet en effet un travail très précis
autour de sentes piétonnes, et d’un espace pour traiter l’enchaînement toit/façade ainsi
plus aéré aux allures de placette situé à la que les encadrements de baies avec un rendu
croisée des parcours piétons et véhicules ». le plus homogène et le plus dessiné possible,
sans crochet comme avec l’ardoise » précise
Ce parti pris répond aux prescriptions urb- Bertrand Aubry.
aines et paysagères demandant à l'opération
Flora Parc de former un trait d’union entre Et logiquement, la teinte adoptée est « ardoi-
un site déjà urbanisé et un espace naturel sée », une couleur courante dans la région.
d’importance. « Ce choix est avant tout esthétique ; il as-
sure l’homogénéité de l’ensemble. Ce coloris
Cette disposition harmonieuse privilégie dès permet, en outre, une certaine sobriété. Les
lors des jardins, qui, orientés vers le sud, bé- constructions n’en paraissent que plus mono-
néficient d’un parfait ensoleillement. Elle per- lithiques » ajoute l’architecte.
met aussi des cheminements naturellement
ombragés le long des arbres existants. « Nous En résumé, ce projet sonne comme une dé-
avons pensé les logements dans l’intimité des monstration. « La tuile est un matériau intem-
jardins. Elle est assurée par un dispositif pay- porel. C’est à nous, architectes, de lui donner
sager de haies, de plantes grimpantes, d’ar- un sens et une identité contemporaine par nos
bustes et de vivaces » poursuit-il. mises en œuvre » conclut Bertrand Aubry. •

architecte
MAGNUM architectes et urbanistes

maîtrise d’ouvrage
Groupe CISN

lieu
Carquefou

programme
17 logements : 12 individuels (T4 de 90 à 95 m²)
et 5 collectifs intermédiaires (T3 de 63 m²) en
R+1 en accession sociale

surface
1 475 m2

budget
2,2M €

année de livraison
2021

crédits photographiques
© François Dantart
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Profilé métallique
angle sortant
Ext.
Int.

Profilé métallique
angle rentrant

© MAGNUM architectes & urbanistes


Int.

Ext.

Pièce angle jonction tuiles Pièce angle jonction tuiles


angle entrant angle saillant

Jonction de bardage - ech: 1/20e 05


12 maisons & 5 logements collectifs - ZAC du verger - Ilots 6 & 7 - Carquefou
SCCV Flora Parc_CISN

© MAGNUM architectes & urbanistes


46

La tuile de terre cuite :


pour une architecture responsable
La tuile de terre cuite, un matériau au leux dragués dans les ports, les barrages ou les
service d’une architecture située et durable canaux et d’en mesurer la compatibilité avec
les process de fabrication existants spéci-
L’industrie des tuiles et briques française est, fiques à l’industrie de la terre cuite.
en Europe, la deuxième en volume après celle La fabrication d’une tuile repose sur trois
de l’Allemagne. Sa production couvre 98 % des étapes essentielles : mise en forme, séchage,
besoins de la construction neuve ou de la réno- cuisson. Pour la façonner, il faut rendre l’argile
vation en France. Cette production est réalisée malléable en y ajoutant de l’eau puis la sécher.
à la fois dans des unités industrielles très robo- C’est la phase de cuisson qui donne enfin, à la
tisées et au sein de TPE artisanales présentes tuile, à la fois son apparence et ses caracté-
sur tout le territoire. ristiques d’étanchéité, de pérennité, de résis-
tance au gel…
De l’ancrage local à l’innovation
L’ancrage local de la tuile est porté par les Face à l’urgence climatique
usages vernaculaires en toiture : diversités La filière a identifié le séchage et la cuisson
de pentes, de mises en œuvre, de formats et comme les deux postes à décarboner, et c’est
de finitions des tuiles. La tuile contribue aussi donc une priorité pour elle que de diminuer ces
sur les constructions neuves à inscrire le bâti- consommations et de trouver des alternatives
ment dans le « déjà-là » de son environnement, à l’usage du gaz naturel, l’énergie majoritaire-
à créer le lien et l’intégration avec le territoire. ment utilisée pour le moment.
Sa pérennité et sa démontabilité facilitent son La filière représente 0,2 % des émissions de la
usage en réemploi, pratique ancienne plus ou France. Petit contributeur, elle ne fait pas par-
moins courante selon les régions. tie des secteurs identifiés comme prioritaires
Les fabricants se sont engagés depuis long- et soutenus par l’État par des Plans de Tran-
temps dans des démarches permettant de sition Sectoriels. Elle a donc pris des engage-
garantir la qualité et les performances des ments volontaires et collectifs de décarbona-
produits et de tracer et mesurer leurs caracté- tion de sa production. Elle s’engage ainsi dans
ristiques au travers par exemple de la marque une démarche pour décarboner sa produc-
NF Tuiles de terre cuite (NF063), de la garantie tion avec des objectifs de diminution de 27 %
30 ans délivrée par les fabricants, de la mise d’émissions de CO2 à horizon 2030 et 80 % à ho-
à disposition de FDES, déclarations environ- rizon 2050 par rapport aux émissions de 2015.
nementales disponibles sur la base INIES pour
toutes les familles de produits… Les fabricants Depuis l’identification d’argiles à faibles te-
travaillent également collectivement à l’assu- neurs en carbonates, jusqu’au recyclage des
rabilité de mises en œuvre innovantes, avec, palettes de transport, en passant par le recours
par exemple, la rédaction de règles profession- à des combustibles non fossiles et décarbonés
nelles pour la pose des tuiles en bardage sur pour le séchage et la cuisson, les briqueteries
COB et CLT, ou pour la pose à faible pente. et tuileries mobilisent des leviers de diminution
sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Une matière naturelle, géo-sourcée
et renouvelable Trois leviers d’action, d’intensité, de potentiel
La production de tuiles repose sur un process et de maturité variés sont mis en œuvre pour
à la fois simple et très délicat qui est large- atteindre ces objectifs : sobriété et efficacité
ment induit par les caractéristiques de sa ma- énergétiques, substitution du gaz naturel par
tière première : la terre. De fait, chaque site des énergies décarbonées ou renouvelables,
de fabrication a un process qui lui est propre capture du CO2 dans les fumées de four pour
en fonction de son argile, toujours disponible réutilisation dans le procédé.
à proximité de l’usine, des produits fabriqués
(tuiles, briques...) et de son écosystème, par In fine, ce matériau révèle, à travers une filière
exemple en termes d’énergie disponible. pleinement engagée aussi bien pour la qualité
L’argile est une ressource 100 % naturelle, architecturale que pour les enjeux environne-
locale et abondante, géo-sourcée et renou- mentaux, de nombreuses spécificités à même
velable ; en assurer la préservation, donc une de le rendre utile et, plus avant, séduisant,
gestion efficace, est une des priorités de la dans les contextes les plus variés. Pérenne
filière. C’est dans ce contexte qu’une thèse et moderne, la tuile de terre cuite, en toiture
a permis d’identifier, de cartographier et de comme en façade, s’inscrit au service d’une ar-
quantifier des gisements de sédiments argi- chitecture située et durable.
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La filière prend des engagements volontaires et collectifs de décarbonation de sa production

La feuille de route de décarbonation des argileux pour réduire les consommations lisent jusqu’à 45 % d’énergie de substitution.
tuiles et briques présente le diagnostic, pendant la cuisson. L’éco-conception des Le séchage solaire thermique déjà en œuvre
les moyens et les objectifs de la profession produits optimise la géométrie de ces der- ou les PAC haute température et le syngaz
pour atteindre une diminution de 27 % des niers et leur masse au mètre carré. Moins de sont aussi des voies prometteuses. Enfin des
émissions de CO2 de la filière à l’horizon matière, moins d’énergie consommée ! programmes de R&D et d’expérimentation
2030 et de 80 % à l’horizon 2050 par rap- Cette optimisation passe aussi par la récu- sont en cours pour évaluer l’impact de l’utili-
port à 2015. pération et la valorisation des pertes ther- sation d’hydrogène pour la cuisson.
miques, par exemple en réinjectant dans le
Sobriété et efficacité énergétiques : processus de séchage des calories prove- Capturer le CO2 dans les fumées de four,
optimisation continue du process et nant de la chaleur fatale des fours. méthanation et réutilisation directement
éco-conception, 20 % de gains attendus dans le procédé, 20% de gains attendus
Cela se matérialise par exemple par la réduc- Substitution du gaz naturel par des éner- Cette technologie existe dans d’autres sec-
tion des teneurs en eau de façonnage, quand gies décarbonées ou renouvelables, 40 % teurs dont les installations émettent davan-
cela est possible, pour réduire les besoins de de gains attendus tage de CO2 qu’une usine de production de
séchage, par l’incorporation de biocombus- Biomasse ou biométhane produit à partir de tuiles et briques, il s’agit donc à l’avenir de
tibles (biomasse, coques de tournesols...) déchets ménagers, la transformation est en trouver des technologies mieux adaptées aux
ou de boues papetières dans le mélange œuvre et certains sites de production uti- petits émetteurs. •

© Lulu images
© Lulu images

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© P. Alix
Cahier spécial
Briques apparentes
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Pour inscrire le bâtiment accueillant l’Insti- briques en saillie ressortent légèrement des
tut de Pathologie des Hauts-de-France situé murs et assurent un motif, qui prend d’autant
à Amiens (80) dans les limites de la parcelle plus d’intérêt quand le soleil brille et que les
donnée, l’agence Samuel Ridoux Architecture ombres portées viennent strier un tant soit
a conçu une volumétrie singulière composée peu la façade.
Institut de Pathologie
de deux monolithes dont l’un est en porte-à- Pour assurer une « dynamique » à cet ensemble
faux. Ils répondent, dans leurs proportions et résolument horizontal, la terre cuite a égale-
dans leur échelle, aux constructions voisines. ment été choisie pour habiller la façade d’en-
des Hauts-de-France
De fait, l’établissement s’avère parfaitement trée. À cet endroit, un panachage de quatre
intégré à un paysage urbain récent. formats et quatre teintes de brise-soleil – du
gris granit au blanc carrare en passant par le
« Le volume global du bâtiment a été volontai- gris métal et le gris argent – a été mis au point
rement pensé pour être compact. Son socle avec « la volonté d’apporter une impression de
s’étire à l’arrière alors que l’étage suit la voirie "pointillé contemporain" ».
jusqu’à surplomber l’entrée de la parcelle »,
expliquent les concepteurs. Le parvis d’entrée À l’intérieur, les architectes ont travaillé la
parfaitement protégé ainsi que le jardin d’hi- matière avec cette même exigence ; le pro-
ver et les balcons proposent des espaces tam- jet se veut brut et la structure en bois, dans
Samuel Ridoux Architecture

pons entre l’intérieur et l’extérieur et assurent cet esprit, est restée apparente ainsi que
de douces transitions. l’ensemble des équipements techniques. Le
Dans cette composition à la fois simple et ori- hall d’entrée permet de « lire » et de « com-
ginale, la terre cuite apporte « fonctionnalité prendre » immédiatement la manière dont
et légèreté ». « Nous souhaitions privilégier les s’organisent les lieux. Une rue intérieure in-
matériaux naturels dans un projet qui devait nerve les différentes parties. Chaque espace,
conjuguer fonctionnalité et esthétique, le tout dans un souci de confort, reçoit un éclairage
dans l’environnement spécifique d’une ZAC », et une ventilation naturels. Tous les détails,
indique Léa Daubian, cheffe de projet. Avec de l’aménagement jusqu’aux assemblages de
pour mots d’ordre « crédibilité » et « transpa- menuiserie en passant par le mobilier, ont été
rence », les architectes ont choisi une brique conçus par l’agence, qui a fait de ce projet une
nervurée et légèrement sablée aux nuances parfaite vitrine de son goût mais aussi de sa
beiges et grises. Pour apporter des notes maîtrise pour des matériaux « véritables » à
ombrées, l’agence a proposé une modéna- même de conférer à cette institution le statut
ture particulière dans les angles où certaines de « signal » dans son environnement bâti. •

nom de la réalisation
Institut de Pathologie des
Hauts-de-France i-PatH

lieu
Amiens

architecte
Samuel Ridoux Architecture

maîtrise d’ouvrage
Docteur Thomas Petit et
Docteur Phillipe Camparo

surface
1 475 m2

budget
2,7M €

année de livraison
2020

crédits photographiques
© Frédéric Miette
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Situé dans un quartier en cours d’urbanisation de l’agence REC. La matérialité de la brique


au sud-ouest de Toulouse, cet établissement génère en effet des jeux d’ombre, qui donnent
scolaire de 600 élèves ouvert depuis la rentrée des changements de couleur inattendus. « On
de septembre 2022 «enroule », selon l’agence sent que le bâtiment vit. Nous utilisons de
REC qui l’a conçu, ses volumes autour de deux plus en plus la terre cuite dans nos projets ;
cèdres centenaires. L’édifice, tout en courbes nous y voyons un matériau très identitaire,
spectaculaires, associe un soubassement réa- robuste, qui s’entretient facilement et ne se
lisé en terre cuite qui ancre le bâtiment dans démode pas. À condition bien sûr de le traiter
son contexte à des niveaux supérieurs imma- avec subtilité car son élégance dépend de l’in-
culés de blanc pour le rendre léger et aérien. terprétation architecturale que l’on en fait »,
Collège Lionel Jospin à Guilhermy

poursuivent-ils.
Afin d’animer les façades du rez-de-chaussée,
les architectes de REC ont choisi une plaquette À chaque extrémité de l’établissement, deux
de parement teinte sable, en écho à la couleur moucharabiehs en briques pleines, sablées
de la terre locale argileuse et au parvis du selon les mêmes niveaux d’abrasion, laissent
collège en béton désactivé. Ce coloris unique entrer la lumière naturelle à l’intérieur de
n’est pas pour autant monochrome ; la brique l’édifice sans rompre l’unité de la façade. Tra-
présente en effet trois variations subtiles de vaillés avec agilité, ces dispositifs donnent
ton, obtenues grâce à des degrés d’abrasion l’impression que les éléments de terre cuite
différents. Mis en œuvre de manière totale- se distendent jusqu’à laisser apparaître des
ment aléatoire, ces modules apportent une vides. Les perforations varient en effet selon
légère vibration chromatique en fonction de qu’elles se montrent proches ou éloignées des
la lumière du jour. « Nous ne souhaitions pas poteaux structurels, lesquels se font ingénieu-
utiliser plusieurs teintes en façade mais nous sement oublier sous une brique de parement.
aspirions à ce jeu de nuances subtil, pour un Le collège Lionel Jospin est, pour l’agence, une
effet naturel, aléatoire, sans routine. Le fabri- véritable démonstration. « Nous aimons les
cant nous a proposé une solution technique bâtiments intemporels, épurés, sobres, et la
permettant d’obtenir ces variations tout en terre cuite sert parfaitement cette ambition.
finesse : sabler les éléments de terre cuite Les constructions en brique ont une dimension
avec des degrés d’abrasion différents puis les patrimoniale forte, un petit supplément d’âme
mixer en façade », soulignent Olivier Bescond, inégalable. Elles racontent toujours une his-
associé, et Fatima-Zahra Benyahia, architecte toire », concluent-ils. •
REC architecture

nom de la réalisation
Collège de Guilhermy

lieu
Toulouse

architecte
REC architecture

maîtrise d’ouvrage
Conseil Départemental Haute-Garonne

surface
5 500 m2

budget
12M €

année de livraison
2022

crédits photographiques
© Kévin Dolmaire
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Ce projet de 59 logements collectifs est situé Les rez-de-chaussée ont été réalisés en bé-
ZAC du parc Princesse au Vésinet. ton teinté dans la masse de couleur « ocre
« Il tire profit de la qualité végétale et paysa- pierre ». Les niveaux supérieurs bénéficient,
gère de cette ville et plus particulièrement de quant à eux, d’un traitement en brique. « Le
cette adresse. Ce contexte permet, au travers choix de ce matériau est lié à l’intemporalité
d’espaces transitoires, entre intérieur et ex- de son usage. Il permet d’intégrer délicate-
térieur, d’offrir une ambiance particulière et ment les nouveaux bâtiments d’habitation à
unique aux logements et de donner l’impres- leur environnement et fait écho à l’hôpital du
sion d’être sinon de vivre en pleine forêt », Vésinet situé en vis-à-vis et réalisé, lui aussi,
indiquent Jean-Pierre Nguyen, Marcus Him- en briques », soulignent-ils.
mel, Sophie Thomas, architectes de l’agence
a+samueldelmas architectes. Deux teintes ont été choisies : des briques
brunes sur les façades principales et des
L’implantation s’adapte parfaitement à l’envi- briques de teinte ocre jaune placées au fond
ronnement et propose de « glisser », entre les des grandes loggias situées aux extrémités
arbres existants, trois bâtiments en briques. des bâtiments pour « ramener davantage de
Pour ce faire, chaque construction adopte la lumière naturelle à l’intérieur ».
forme d’un Y ou d’un V. « Nous souhaitions, Les 68 880 maxi-briques porteuses (format
a+samueldelmas architectes

de la sorte, atténuer visuellement la massivi- 22x22 cm) proposées en façade, du premier au


té des constructions et réduire le linéaire de dernier niveau, génèrent, de par leurs formes
façade perçu », expliquent les architectes. Ce et leurs teintes, « des variations subtiles ».
plan singulier génère par ailleurs une volumé- « Moulée à la main, chaque maxi-brique est
trie spécifique permettant d’organiser des unique et réagit différemment à la lumière.
logements bénéficiant de vues à 360° sur les Le processus de cuisson apporte des teintes
alentours. « Il est en effet possible de donner variées non uniformes à chaque fournée. La
des orientations différentes à chaque loge- mise en œuvre avec des joints minces crée des
ment, qui, de surcroît, bénéficie sans excep- jeux de lignes d’ombres fines et délicates. Les
tion d’un espace extérieur, soit "creusé", en angles non orthogonaux, liés à l’adaptation
loggia, dans les étages courants, soit à ciel ou- des géométries des bâtiments afin d’éviter les
vert, dans les derniers niveaux », précisent-ils. arbres du site, mettent en valeur les assem-
blages de briques ». •
59 logements

nom de la réalisation
59 logements

lieu
ZAC du parc Princesse, Le Vésinet

architecte
a+samueldelmas architectes
Jean-Pierre Nguyen, Marcus Himmel (études)
et Sophie Thomas (suivi de chantier)

maîtrise d’ouvrage
Groupe 3F

surface
3 300 m2

budget
7,3M €

année de livraison
2022

crédits photographiques
© Thibaut Voisin
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La commune nouvelle de Lys-Haut-Layon – la- le rez-de-chaussée pour accueillir livres, dic-


quelle réunit depuis sa création en 2016 dans tionnaires, magazines et autres journaux.
le Maine-et-Loire plusieurs villages voisins –
présente sur son territoire quatre monuments À l’efficacité de ce plan, l’agence Grégoire
historiques, un édifice remarquable classé à associe le soin apporté à l’écriture architec-
Vihiers, le château du Coudray-Montbault, turale : « Les façades existantes redonnent
et trois autres situés à Tigné : la chapelle à voir leurs modénatures en briques de terre
Sainte-Anne de Tigné, le château du Grand- cuite, au rez-de-chaussée comme à l’étage
Riou et le manoir de la Roche-Coutant. Une de la construction ancienne », expliquent-ils.
maison aurait pu attirer l’attention des amou- Le bâti existant, fort de ces intentions, a pu
reux du patrimoine et rejoindre cet ensemble reprendre, au bénéfice de travaux de restau-
de réalisations exceptionnelles. Agrémentée ration, ses lettres de noblesse. Conçues en
de quatre belles arcades en briques, qui ryth- harmonie avec ce patrimoine, les nouvelles
ment avec élégance le rez-de-chaussée, cette extensions ont été pensées pour présenter
demeure marquait, de sa présence, la rue de un habillage composé de matériaux sobres
Espace culturel André Guiblet

l’École. Petite mais imposante, discrète mais et pérennes « respectueux du caractère his-
solennelle, elle a tôt accueilli une bibliothèque torique du centre-bourg » : du béton de ci-
municipale ouverte à tous. Particulièrement ment blanc et des parements en briques de
animé, l’endroit s’est révélé exigu, tant et si teintes claires. Ce dernier matériau assure
Agence Grégoire Architectes

bien que la commune a décidé l’agrandisse- aussi bien la contemporanéité du trait archi-
ment de l’équipement. L’agence choletaise tectural que la parfaite intégration de l’en-
Grégoire Architectes a remporté l’appel semble dans un environnement historique.
d’offres avec un projet généreux et respec- « Posée en plaquettes de parement sur les
tueux du patrimoine. Les plans imaginés ont – façades courantes, la brique devient égale-
au-delà d’aspects fonctionnels évidents – créé ment un élément architectural et forme des
un événement dans la ville. L’entrée imaginée à claires-voies brise-soleil sur la façade ouest.
cet endroit peut ainsi s’ouvrir largement sur la Les matériaux choisis ont permis de réaliser
rue Lenepveu. aussi bien des façades courantes que des fa-
çades courbes à partir de plaquettes de pa-
Pour Grégoire Architectes, la réhabilitation rement et de brique moucharabieh, le tout
du bâtiment symbolique du centre-ville de dans une même teinte uniforme », indiquent
Vihiers a été l’occasion d’en revoir l’entière or- les concepteurs. Grégoire Architectes a pu
ganisation ; en outre, la ville souhaitait, à cette ainsi défendre, dans un tissu urbain ancien et
adresse, la création d’une école de musique. dense, une approche « complémentaire » as-
Celle-ci est positionnée à l’étage et laisse libre sociant, au passé, le présent. •

nom de la réalisation
Réhabilitation et extension de l’école
de musique et de la bibliothèque

lieu
Lys-Haut-Layon

architecte
Agence Grégoire Architectes

maîtrise d’ouvrage
Commune de Lys-Haut-Layon

surface
760 m2

budget
1,3M €

année de livraison
2020

crédits photographiques
© Alain Martineau
Terre d’architecture est une publication Directeur de la publication, Rédaction
rédacteur en chef ARCHISTORM
du groupement des tuiliers de la Fédéra- Marc Sautereau 49, boulevard de la Villette
tion Française des Tuiles et Briques. m.sautereau@bookstorming.com 75010 Paris
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17, rue Letellier 75015 Paris Directeur général adjoint, associé www.archistorm.com
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@latuileterrecuitearchitendance Auteur
Jean-Philippe Hugron Imprimé en France

Relecture
Arabesque

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