COLLER

Une
Brown

solution

construire
en terre
Brown Brown

36
Brown

Index

3 Les formes d'utilisation p. 42

A Terre creusée

B Terre couvrante

C Terre remplissante

D Blocs découpés

E Pisé, Terre comprimée

F Terre façonnée

G Terre empilée, Bauge

H Adobe

I Terre extrudée

J Terre coulée

k Terre – Paille

L Terre de garnissage

4 Les architectes s'expriment p. 70

4.1 Interviews
Laurent de Wurstemberger
Boltshauser Architects
Morgane Houlmann, Bertola Architecture
Brown

Au cœur de nos sociétés modernes, où le bé-

ton et le verre dominent le paysage urbain,
un matériau ancien émerge avec une nou-
velle promesse : la terre. Ce matériau, humble
et pourtant si riche en histoire, nous invite à
redécouvrir les fondements de l'architecture
durable et écologique, une quête qui n'a ja-
mais été aussi pertinente qu'à l'ère actuelle.
La construction en terre, un art ancestral,
a traversé les âges, s'adaptant et évoluant
avec les civilisations qui l'ont adopté. De l'an-
tique ziggourat de Mésopotamie aux mai-
sons troglodytes de Matmata, ce matériau a
façonné non seulement des bâtiments mais
aussi des cultures, reflétant un savoir – faire
transmis de génération en génération. Mais
pourquoi, dans un monde en proie à une
crise écologique, ce matériau ancestral sus-
cite – t – il un regain d'intérêt ?
La réponse réside dans ses caracté-
ristiques intrinsèques. La terre, en
tant que matériau de construction,
offre une alternative durable et res-
pectueuse de l'environnement. Elle
régule naturellement l'humidité et la
température, créant des espaces de
vie non seulement esthétiques mais
également confortables. Cette re-
découverte ne signifie pas un simple
retour aux sources, mais plutôt une
fusion innovante entre tradition et
modernité, où les techniques an-
cestrales rencontrent les avancées
technologiques pour ouvrir de nou-
velles voies dans l'art de construire.
Néanmoins, la construction en terre n'est pas
sans défis. Sa vulnérabilité aux éléments, sa
perception comme matériau "pauvre" ou "dé-
modé" dans certaines cultures, pose des obs-
tacles tant techniques que sociaux. Pourtant,
ces défis ne font que renforcer l'intérêt pour
la terre, poussant architectes et construc-
teurs à repousser les limites de l'innovation
et de la créativité.
Dans les pages qui suivent, nous
explorerons douze techniques de
construction en terre, chacune té-
moignant de la richesse et de la di-
versité de ce matériau. De l'adobe
aux briques de terre compressée,
chaque technique révèle une facette
unique de l'architecture en terre, of-
frant une source d'inspiration pour
les architectes contemporains et les
bâtisseurs de demain.
Nous vous invitons à un voyage à travers le
temps et l'espace, où chaque bâtiment en
terre raconte une histoire, une histoire de ré-
silience, d'innovation et d'harmonie avec la
nature. Cette aventure visuelle et narrative
ne se contente pas de présenter des exemples
impressionnants d'architecture en terre; elle
cherche à susciter la curiosité, à inspirer, et
peut – être à convaincre que la terre, ce ma-
tériau ancestral, détient une clé essentielle
pour l'avenir de l'architecture durable.

41
 Les
Brown Brown

formes

d'utilisation
Brown Brown

Elle propose une vi-

sion, un chemin vers
des habitats plus
respectueux de l'en-
vironnement, plus
sains et plus en har-
monie avec la nature.

45
Brown Brown

Technique Référence Technique Référence

Terre creusée A Blocs découpés D

Terre couvrante B Pisé, E

Terre comprimée

Terre remplissante C Terre façonnée F

46 47
Brown Brown

Technique Catégorie Technique Catégorie

Terre empilée, G Terre coulée J
Bauge

Adobe H Terre – Paille K

Terre extrudée I Terre de garnissage, I

Bauge sur poteaux

48 49
Brown

La terre, en tant que A

matériau de Terre Creusée

construction, offre Les habitations taillées directement dans la terre

offrent un exemple fascinant d’adaptation de

une alternative l’homme à son environnement. Ce type d’abris, évo-

quant les cavernes, est couramment mis en œuvre
dans des régions où le sol est particulièrement

durable et respec- tendre et malléable. On les retrouve fréquemment

incrustés dans les pentes douces des collines, un
phénomène bien visible à Guadix en Espagne, où les

tueuse de habitations creusées forment un paysage unique.

Toutefois, cette pratique ne se limite pas aux
collines. Dans des lieux comme la Cappadoce

l'environnement. en Turquie, des communautés entières se

sont établies dans des abris creusés au cœur
de falaises imposantes, donnant naissance à
un ensemble architectural à la fois étrange
Sculptures
bouddhistes
dans les grottes
de Longmen à
Luoyang, Chine,
Pius Lee

et merveilleux. Les façades rocheuses de-

viennent ainsi des toiles pour des habitations
aussi fonctionnelles qu’artistiques.
Dans d’autres régions, comme la province du Henan
en Chine, le phénomène prend une autre dimension.
Là, ce sont les plaines étendues qui servent de ca-
nevas pour ces demeures souterraines. Chaque si-
tuation topographique inspire une configuration
différente des espaces intérieurs, démontrant une
ingéniosité et une capacité d’adaptation remar-
quables de la part de ceux qui façonnent et habitent
ces lieux.
Ces habitats creusés dans la terre ne sont
pas seulement des curiosités architecturales
; ils témoignent de la relation intime et créa-
tive que l’humanité entretient avec son envi-
ronnement naturel. Ils rappellent que, même
dans un monde de plus en plus urbanisé, des
solutions de logement innovantes et respec-
tueuses de l’environnement peuvent émer-
ger en harmonie avec la nature.

Terre Couvrante

Depuis des millénaires, la terre a été utilisée tradi-

tionnellement comme couverture pour les toits dans
diverses régions du monde. Dans les climats arides,
qu’ils soient très chauds ou très froids, cette pratique
régule la température intérieure grâce à la masse
thermique importante de la terre. En Scandinavie,

50 51
par exemple, les Vikings couvraient leurs toits de
terre agrémentée d’herbes et de petites plantes.
Cette technique permettait non seulement de main-
tenir la terre en place grâce aux racines, mais éga-
lement d’accroître la masse thermique, favorisant
ainsi une température intérieure plus stable.
Dans les pays nordiques, tout comme dans
les régions de l’Himalaya, l’étanchéité était
traditionnellement assurée par l’écorce des
Maisons typiques
à toit d'herbe et
montagnes ver-
doyantes. Île de
Vagar, îles Féroé.
Danemark
bouleaux. Finement pelée, elle était appli-
quée en plusieurs couches pour obtenir un
effet imperméabilisant. Aujourd’hui, l’étan-
chéité des toitures se fait plutôt avec des
feuilles de PVC ou de bitume.
Les toits verts, qui représentent une évolution mo-
derne de cette technique ancestrale, sont désor-
mais couramment appelés « toitures végétalisées »
ou « éco – toitures ». Ils constituent des composants
structurels aux multiples avantages, atténuant les
effets de l’urbanisation sur la qualité de l’eau en fil-
trant, absorbant ou retenant les eaux pluviales. Ces
toits végétalisés perpétuent l’usage traditionnel
de la terre comme matériau de couverture, tout en
l’adaptant aux défis et aux besoins contemporains.
Vieille maison en
bois dans le sol,
Schankz
C
Terre Remplissante
La technique traditionnelle de la Terre Remplissante
consistait à verser de la terre humide dans des struc-
tures légères en bois, souvent renforcées par des
treillis pour maintenir la terre, offrant ainsi une masse
thermique et une isolation acoustique. Une version
modernisée de ce système a été développée en uti-
lisant des textiles synthétiques à la place des treillis,
maintenus en place par des colonnes ou des poteaux
en bois ou en métal enfoncés et ancrés dans le sol.
Le Cal – Earth Institute, fondé par l’archi-
tecte Nader Khalili, a largement contri-
bué à l’évolution de cette technique en
développant son propre système, appelé
“Super – adobe”. Ce système utilise des sacs
tubulaires synthétiques longs et remplis de
terre, qui sont ensuite disposés en forma-
tion de dôme. Du fil de fer barbelé est utilisé
comme un “mortier” pour lier chaque couche
52
L'éco – dôme de
calerath.org
successive de sacs au fur et à mesure qu’ils
s’élèvent en forme de dôme. Ils ont rebapti-
sé leur système “Super – adobe” et ont créé
des résultats impressionnants.
En résumé, la Terre Remplissante historique se mé-
tamorphose en une pratique contemporaine, où la
terre sèche est versée dans des textiles synthétiques
soutenus par des poteaux externes. Cette évolution
s’illustre également dans l’utilisation de longs tubes
synthétiques empilés les uns sur les autres, comme le
Le dôme à thé de
Tommy, calearth.
org
démontre le travail innovant du Cal – Earth Institute
avec la construction Super – adobe. Ces structures
représentent un excellent exemple de techniques de
construction écologique, où des rouleaux tubulaires
de type sac de sable sont remplis de terre et liés par
du fil de fer barbelé, puis enduits d’un plâtre de terre
stabilisé.
Blocs Découpés, Mottes de terre
La technique des Blocs Découpés repose sur l’utili-
sation de sols naturellement cohésifs, ayant la ca-
pacité unique d’être découpés en formes de blocs.
Au contact de l’air et du soleil, ces blocs durcissent
et deviennent un matériau de construction durable.
De tels exemples sont typiquement trouvés dans les
zones tropicales riches en sols latéritiques.
Dans les régions où les sols sont cohésifs et
contiennent des concrétions de carbonates (une
substance chimique naturelle qui donne cohésion), le
sol était découpé en forme de blocs et utilisé comme
des briques ou des pierres. De tels exemples se
trouvent généralement dans les zones tropicales où
les sols latéritiques offrent un matériau de construc-
tion remarquable. Les sols latéritiques peuvent se
présenter sous deux états naturels :
– Des sols souples, qui durcissent à l’exposition à l’air
en raison d’une réaction chimique des constituants
du sol avec l’air (réaction de carbonatation). Cette
réaction naturelle est appelée induration. Ces sols se
trouvent sur la côte ouest de l’Inde, du Kerala à Goa.
– Une croûte dure qui était autrefois un sol et s’est
53
déjà durcie (indurée) au fil des âges. Le Burkina Faso
en Afrique et l’Orissa en Inde montrent de magni-
fiques exemples de tels sols et blocs.
Depuis un certain temps, le nom de latérite a été
remplacé par deux noms plus spécifiques : plinthite
au lieu de sol latéritique souple et petroplinthite pour
la croûte dure latéritique.
Dans les régions où le sol n’est pas suffisam-
ment cohésif, les gens ont utilisé la terre
arable et l’herbe pour créer des blocs qui
étaient empilés frais les uns sur les autres.
Cette méthode a été beaucoup utilisée en
Angleterre, où elle a été nommée sod. Aux
premiers jours des États – Unis d’Amérique,
Briques prêtes à
l'emploi, faites
d'argile et de
paille, séchées au
soleil, Oleg
en Amérique du Sud ainsi que depuis long-
temps en Scandinavie, des blocs de gazon
découpés dans la terre arable étaient large-
ment utilisés. En Uruguay, on peut encore
voir quelques beaux exemples de construc-
tions en gazon.
E lonneuses pneumatiques ont remplacé les
Terre Comprimée,
Blocs Pilonnés,
Blocs comprimés
La terre, humble et omniprésente, détient des secrets
de construction transmis à travers les âges. Parmi
ces techniques séculaires, celle du pisé de terre, ou
simplement pisé, se distingue. Elle n’est pas simple-
ment une méthode de construction, mais un art qui
a façonné des bâtiments durables et majestueux à
travers le monde.
Remontons le temps pour explorer l’es-
sence du pisé. La terre, soigneusement mé-
langée avec de l’eau, est transformée en
un mélange homogène humide. Jadis, nos
ancêtres versaient cette terre dans un cof-
frage, la compactant couche par couche,
parfois à la main, parfois mécaniquement.
L’augmentation de la densité obtenue confé-
rait à ces structures leur force et résilience.
Maison en pisé
à Ouarzazate,
Emmanuelle
Combaud
54
Regardons autour de nous : des fermes rurales en
Europe aux villages d’Afrique du Nord, des segments
de la grande muraille de Chine aux constructions dans
les régions himalayennes, le pisé a façonné des pay-
sages et des cultures.
S’intéressant à la terre idéale pour le pisé, on
découvre que les sols sablonneux ou grave-
leux sont préférés, plutôt que ceux argileux.
Cette sélection méticuleuse du sol témoigne
de la sagesse des bâtisseurs d’antan, choi-
sissant le pisé pour certains sols, et d’autres
Maison à
colombages,
helmutvogler
techniques telles que l’Adobe ou le Cob pour
d’autres.
La préparation du sol est un rituel en soi. Le sol est
tamisé, humidifié si nécessaire, et les impuretés sont
écartées. Les techniques de coffrage, qu’elles soient
horizontales ou verticales, témoignent de l’ingénio-
sité et de l’adaptabilité des constructeurs face aux
défis géographiques et culturels.
Passons maintenant à l’ère moderne. Le pisé
a subi une métamorphose grâce à la stabi-
lisation du sol et à la mécanisation. Des pi-
pilons traditionnels, et les coffrages lourds
ont cédé la place à des alternatives compo-
sites plus légères. Des bâtiments plus rapi-
dement construits et une qualité de finition
améliorée caractérisent le pisé moderne,
un témoignage de son évolution et de sa
Gros plan sur les
couches de la
construction en
pisé, Mattias
pertinence continue dans l’architecture
contemporaine. Des exemples éblouissants
de cette renaissance peuvent être observés
en Australie, aux États – Unis et dans divers
pays européens.
En parallèle, la technique des blocs de terre compri-
mée a également gagné en popularité. Bien qu’es-
sentiellement similaire au pisé, cette méthode utilise
des moulages pour former des blocs compacts, une
innovation qui remonte au 19ème siècle en France et
qui a continué à se développer jusqu’à aujourd’hui.
La stabilisation du sol a joué un rôle clé dans
l’avancement de ces techniques. En incorpo-
rant des éléments tels que le ciment ou la
chaux, le pisé et les blocs de terre compri-
mée ont acquis une résistance à la compres-
sion et une imperméabilité sans précédent,
se positionnant comme des alternatives
compétitives dans le monde moderne des
matériaux de construction.
Ce chapitre, bien plus qu’un récit sur une technique
de construction, est une ode à la terre. Elle souligne
55

comment, à travers les âges, l’humanité a su tirer
parti de cette ressource abondante, en façonnant
des structures non seulement fonctionnelles et du-
rables, mais aussi esthétiquement envoûtantes.
C’est un héritage qui nous rappelle que parfois, les
réponses aux défis modernes se trouvent dans les
sagesses ancestrales.
F de méthodes de construction écologiquement du-
Terre Façonnée
La Terre Façonnée, une technique artistique et
ancestrale de construction, utilise la terre à l’état
plastique pour créer des structures et des espaces
uniques, à la manière d’un potier façonnant son
œuvre. Cette méthode, qui ne requiert ni moule ni
coffrage, se caractérise par l’emploi de terre mal-
léable, façonnée directement à la main pour ériger
des parois fines et des formes fluides.
L’art de la Terre Façonnée repose sur une connais-
sance approfondie de la qualité du sol, de sa pré-
paration, et de la consistance de l’eau, un savoir
traditionnellement maîtrisé par les bâtisseurs.
Cette expertise permet de manier la terre avec une
grande dextérité, employant des outils minimaux
et simples, tout en nécessitant une main – d’œuvre
qualifiée. Ce mode de construction permet une ar-
chitecture très fluide, offrant une grande variété de
formes et de structures.
Historiquement, la Terre Façonnée a été et
est toujours largement utilisée en Afrique,
particulièrement dans le Sahel et les régions
équatoriales. Le Cameroun, par exemple,
présente de beaux exemples de maisons et
de greniers construits avec cette technique.
Des stabilisateurs naturels ont traditionnelle-
ment été employés dans des pays comme le
Nigeria et le Ghana, ainsi que dans d’autres
La maison du roi
Coulibaly, Torsten
Pursche
régions du continent. Ces stabilisateurs pou-
vaient être du jus de plantes, des graines
bouillies ou d’autres végétaux, transformés
en colles naturelles et mélangés à la terre.
Malheureusement, une grande partie de ce
savoir – faire a été perdue au fil des années,
éclipsée par le mirage du « développement
moderne ».
En Afrique, cette technique se manifeste à travers une
grande variété de constructions indigènes, comme les
cases – obus de l’ethnie Mousgoum du Nord Cameroun,
l’habitat de l’ethnie Lobi du Burkina Faso, ou les mai-
sons – forteresses de l’ethnie Somba du Nord du Bénin.
De même, en Amérique centrale, on trouve des gre-
niers mexicains construits selon cette méthode.
56
L’utilisation de la terre, souvent enrichie de
paille ou d’autres fibres, se fait sous forme de
colombins, des boudins de terre empilés suc-
cessivement les uns sur les autres et lissés à
la main pour obtenir un mur au rendu régulier
et homogène. Cette technique est particuliè-
rement adaptée à la réalisation de construc-
tions arrondies, notamment des greniers.
La Terre Façonnée, au – delà de son esthétique et de
sa fonctionnalité, représente un témoignage vivant
rables et culturellement riches. Elle incarne l’ingénio-
sité humaine dans l’utilisation de matériaux simples
et accessibles, tout en offrant une réponse adaptée
aux enjeux contemporains de construction durable
Billage de
Bkonni du peuple
Hausa près de
Tahoua, Niger,
homocosmicos
et respectueuse de l’environnement.
G
La Terre Empilée
La Terre Empilée, aussi connue sous le nom de “cob”
en anglais et “bauge” en français, est une technique
de construction traditionnelle qui utilise la terre dans
son état plastique pour créer des structures robustes
et esthétiquement agréables. Cette méthode artisa-
nale, qui a traversé les siècles, implique l’empilement
manuel de la terre humide, souvent mélangée à des
fibres végétales comme la paille, pour former des
murs monolithiques.
Historiquement, cette technique était lar-
gement répandue en Europe, particulière-
ment en Angleterre et en France, et reste
encore utilisée dans de nombreuses régions
du monde, notamment en Afrique, en Inde,
et en Arabie Saoudite. Des exemples remar-
Ville historique de
Shibam au Yémen,
Don Whitebread
quables de l’utilisation de cette technique
incluent la ville historique de Shibam au
Yémen, souvent surnommée “le Manhattan
du désert”, qui est classée au patrimoine
mondial de l’UNESCO.
La Terre Empilée connaît un regain d’intérêt, no-
tamment aux États – Unis et dans d’autres régions
du monde, en raison de son caractère écologique
et de sa durabilité. La technique consiste à for-
mer des colombins ou des boules de terre, qui sont
empilés et lissés pour former des murs. Ces struc-
tures ont l’avantage d’offrir une excellente isolation
57
 Brown

Régulation naturelle
thermique et acoustique, tout en étant esthétique-
ment attrayantes.
En France, une variante de cette technique,

de l’humidité, isola-
connue sous le nom de “bauge coffrée”, im-
plique l’utilisation de coffrages pour don-
Bureau à Saint

tion thermique et
Germain sur Ille,
INTERVAL photo

réduction significa-
tive de l’énergie
ner forme et soutien aux murs pendant leur
construction. Cette méthode permet une
plus grande précision dans la construction,

grise.
tout en conservant les avantages thermiques
et esthétiques de la bauge traditionnelle.
La Terre Empilée est un exemple parfait de la façon
dont des techniques ancestrales peuvent être adap-
tées et modernisées pour répondre aux défis actuels
de la construction durable. Elle offre de nombreux
avantages, tels qu’un faible impact énergétique
sur l’ensemble du cycle de vie du matériau, un en-
vironnement intérieur sain, et la valorisation des
savoir – faire et ressources locales. Toutefois, cette
Maison rétro en
cob dans le nord
de la Thaïlande,
joeyphoto

technique nécessite une planification minutieuse et

une adaptation aux conditions climatiques locales,
ainsi qu’une dépendance aux compétences artisa-
nales traditionnelles.
En conclusion, la Terre Empilée est une
technique de construction en terre qui al-
lie tradition et modernité, esthétique et
fonctionnalité, tout en répondant aux
impératifs de durabilité et de respect de
l’environnement.

Adobe

La construction en adobe, une technique ancienne

et écologique, représente une méthode de bâti-
ment caractéristique et polyvalente. Utilisant la
terre crue, souvent mélangée avec de la paille ou
d’autres fibres naturelles, l’adobe est façonné sous
forme de briques séchées au soleil. Cette méthode
de construction est non seulement abordable mais
également durable, offrant une isolation naturelle et
une esthétique terreuse attrayante.
L’adobe se décline en plusieurs formes,
dont l’Adobe Mécanique, l’Adobe Manuel
et l’Adobe Forme, chacune possédant ses
propres caractéristiques et avantages.
L’Adobe Mécanique, utilisant des machines

58 59
Brown Brown

60 61
Brown

Ils témoignent de
Albuquerque,
Nouveau Mexique,
SeanPavonePhoto

la relation intime et
créative que l’huma- pour la fabrication des briques, offre une
uniformité et une efficacité accrues dans la

nité entretient avec

production. L’Adobe Manuel, plus tradition-
nel, implique la formation des briques à la
main, offrant une flexibilité dans les formes

son environnement
et les tailles. L’Adobe Forme, quant à lui, uti-
lise des moules pour créer des briques stan-
dardisées, permettant une construction plus

naturel
rapide et plus structurée.
Moule pour
convection de
bloc en adobe ma-
nuel, krisana

Historiquement, l’adobe a été largement utilisé dans

diverses cultures à travers le monde, de l’Amérique
du Sud à l’Afrique sub – saharienne, en passant par
l’Espagne et le Moyen – Orient. Chaque région a
adapté la technique à son climat et à ses ressources
locales, créant ainsi une riche diversité de styles
architecturaux. Par exemple, les maisons bâties en
adobes dans l’ancienne Égypte utilisaient le limon
du Nil, tandis que les constructions en adobe en
Espagne ajoutaient souvent de la paille à la terre.
Aujourd’hui, l’intérêt pour l’adobe se re-
nouvelle dans le cadre de la construction
durable. Sa capacité à réguler la tempéra-
ture intérieure, son faible impact carbone et
sa flexibilité en font une option attrayante
pour les bâtisseurs modernes. Les briques
d’adobe peuvent être produites localement,
réduisant ainsi les coûts de transport et fa-
vorisant l’économie locale.
En résumé, l’adobe, avec ses diverses variantes,
est une méthode de construction ancestrale qui
continue de trouver sa place dans le monde mo-
derne, offrant une solution à la fois pratique, esthé-
tique et respectueuse de l’environnement pour la
construction de logements et d’autres structures.
Son utilisation s’étend des habitations individuelles
aux édifices publics, démontrant sa polyvalence et
son adaptabilité aux exigences contemporaines de
construction durable.

Maison en adobe,
Mary Lane

62 63
I ciment. Cette technique innovante offre une alter-
Terre Extrudée
La technique de la Terre Extrudée, ou “Extruded
Earth” en anglais, est un développement relative-
ment récent dans le domaine de la construction en
terre, qui tire parti des avancées technologiques
pour offrir une nouvelle perspective sur l’utilisation
de ce matériau ancestral. Initialement employée
dans l’industrie de la brique cuite, cette technique
consiste à extruder la terre stabilisée, dans un état
plastique, à travers une machine qui lui donne la
forme désirée.
La terre utilisée pour l’extrusion est souvent un mé-
lange stabilisé, plus riche en sable par rapport aux
briques traditionnelles en terre cuite, qui sont plus
argileuses. Cette particularité rend le matériau plus
abrasif pour les machines, entraînant une usure plus
rapide. Malgré cet inconvénient technique, la terre
extrudée présente plusieurs avantages significatifs
pour la construction moderne.
Les blocs produits par cette méthode sont souvent
creux, ce qui les rend plus légers et facilite leur ma-
nipulation et leur mise en œuvre sur les chantiers.
En outre, la possibilité de couper ces blocs à la lon-
gueur souhaitée offre une grande flexibilité dans la
conception et l’adaptation aux différents besoins
architecturaux.
Ce procédé d’extrusion permet également
une production rapide et en série de ma-
tériaux de construction, ce qui peut s’avé-
rer avantageux dans des projets de grande
envergure ou pour des applications néces-
sitant une grande quantité de matériau uni-
forme. De plus, les propriétés isolantes et la
résistance thermique de la terre restent des
atouts majeurs de cette technique, contri-
buant à la création de bâtiments écoéner-
gétiques et confortables.
En conclusion, bien que la Terre Extrudée puisse pré-
senter des défis spécifiques en termes d’usure des
équipements, elle représente une évolution passion-
nante dans les techniques de construction en terre,
offrant rapidité, efficacité et flexibilité. Cette mé-
thode illustre parfaitement comment les techniques
traditionnelles peuvent être réinventées pour ré-
pondre aux exigences contemporaines de construc-
tion durable et efficace.
J
Terre coulée
La Terre Coulée, souvent appelée béton d’argile ou
béton de site, représente une avancée passionnante
dans les techniques de construction en terre, com-
binant les propriétés naturelles de la terre avec des
méthodes de mise en œuvre inspirées du béton de
64
native écologique et esthétiquement riche au béton
traditionnel.
La Terre Coulée est un mélange visqueux de
terre, souvent enrichi avec une faible quan-
tité de ciment et des adjuvants, qui est coulé
dans des coffrages étanches, semblables à
ceux utilisés dans la construction en béton.
L'Arche à Manom,
lieu dédié à la
culture, Philippe
Ruault
Cette méthode permet une construction
rapide et efficace, tout en préservant les
avantages de la terre comme matériau de
construction : régulation naturelle de l’humi-
dité, isolation thermique et réduction signi-
ficative de l’énergie grise.
Les recherches et développements récents dans ce
domaine ont permis de surmonter les défis initiaux
liés au retrait et à la fissuration dus au séchage.
L’introduction de dispersants et la réduction du
besoin en eau ont permis de produire un matériau
stable qui conserve son intégrité structurelle tout en
séchant.
La Terre Coulée ouvre de nouvelles perspec-
tives pour l’architecture durable. Sa plasti-
cité permet de créer des formes diverses et
des finitions variées, offrant aux architectes
une liberté créative sans précédent avec
un matériau naturel. De plus, son utilisa-
tion réduit la dépendance aux matériaux de
construction traditionnels à forte intensité
carbonique, comme le ciment.
Des projets innovants en France et ailleurs illustrent
le potentiel de la Terre Coulée. Par exemple, l’école
de Saint – Antonin – Noble – Val et la maison des asso-
ciations de Manom démontrent la viabilité et l’attrait
de cette technique. Les enfants, en particulier, res-
sentent un lien fort avec ces murs “en terre”, appré-
ciant leur confort naturel et leur contribution à un
environnement sain.
En résumé, la Terre Coulée est une évolu-
tion passionnante des méthodes tradition-
nelles de construction en terre, offrant une
solution à la fois écologique, esthétique, et
pratique pour l’architecture contemporaine.
Elle symbolise un équilibre entre respect de
l’environnement et innovation technique,
ouvrant la voie à de nouvelles formes d’ex-
pression architecturale durable.
K
Terre – Paille
La Terre – Paille, également connue sous le nom
de “Straw Clay” en anglais, est une méthode de
construction durable et écologique qui combine la
65
paille et la terre argileuse pour créer un matériau de
construction unique. Ce mélange, composé princi-
palement de paille hachée et de terre liquide argi-
leuse, est ensuite compacté dans des coffrages ou
utilisé sous forme de blocs préfabriqués.
Historiquement, la Terre – Paille a été lar-
gement utilisée en Allemagne, notamment
pour la reconstruction après la Seconde
Guerre mondiale. Ce matériau est connu
pour ses excellentes propriétés isolantes,
tant thermiques que phoniques, et son faible
impact environnemental. Il est particulière-
ment adapté au remplissage dans des struc-
tures à ossature bois, utilisé pour les murs, les
cloisons, les planchers et les toits.
Maison en
terre – paille,
iStockCityPresse
Le mélange de paille et de terre argileuse crée un en-
vironnement intérieur confortable, grâce à l’équilibre
entre les propriétés isolantes de la paille et la capa-
cité de la terre à réguler l’humidité et la tempéra-
ture. En outre, la Terre – Paille est considérée comme
un matériau biosourcé, aligné avec les principes de
construction durable.
La mise en œuvre de la Terre – Paille va-
rie selon les conditions climatiques et les
techniques de construction locales. En
Allemagne, où cette technique a connu un
essor important, elle a été utilisée tant dans
la construction neuve que dans la rénova-
tion de bâtiments anciens. L’application de
À La Grande
Fosse, la pe-
tite maison en
terre – paille
dans la prai-
rie, Abdesslam
Mirdass
la Terre – Paille dans les rénovations de mai-
sons à colombages a été particulièrement
fructueuse, contribuant à la préservation du
patrimoine architectural tout en améliorant
l’efficacité énergétique des bâtiments.
Aujourd’hui, la Terre – Paille suscite de nouveau l’inté-
rêt, surtout dans le contexte de la crise énergétique
et de la recherche de solutions de construction plus
respectueuses de l’environnement. Son utilisation
s’est étendue au – delà de l’autoconstruction pour
inclure des applications professionnelles, avec le dé-
veloppement de matériaux en terre prêts à l’emploi
pour divers usages.
En conclusion, la Terre – Paille représente une
fusion harmonieuse de matériaux naturels,
offrant une solution de construction à la fois
traditionnelle et innovante. Elle illustre com-
ment les techniques ancestrales peuvent être
adaptées aux besoins contemporains, créant
des espaces de vie sains, confortables et
respectueux de l’environnement.
66
L
Terre Garnissage
La Terre Garnissage et la Bauge sur Poteaux sont des
techniques de construction traditionnelles qui uti-
lisent la terre mêlée de fibres pour créer des struc-
tures et des finitions robustes et esthétiques. Ces
méthodes illustrent la polyvalence et la durabilité de
la terre en tant que matériau de construction.
Le Terre Garnissage consiste à appliquer
une couche mince de terre mélangée à des
fibres sur un support, souvent en bois ou en
bambou. Cette méthode est utilisée pour
créer des murs de remplissage légers et iso-
lants dans les structures à ossature bois. Le
mélange de terre et de fibres offre non seu-
lement une bonne isolation thermique et
acoustique, mais également une certaine
flexibilité, ce qui est essentiel pour la résis-
tance aux mouvements structurels.
La Bauge sur Poteaux, quant à elle, est une mé-
thode où des poteaux en bois ou en bambou sont
utilisés pour soutenir un remplissage de terre. Cette
technique a été largement utilisée dans le passé,
Vue rapprochée
d'une maison
traditionnelle à
colombages avec
des poutres en
bois et de la paille
et de l'argile,
makasana photo
notamment en France dans des régions comme la
Normandie et la Bretagne. Historiquement, la terre
était souvent stabilisée avec de l’urine de cheval,
dont l’ammoniaque contenue conférait au mélange
une certaine résistance à l’eau.
Ces méthodes sont des exemples de l’uti-
lisation ingénieuse de matériaux locaux et
naturels dans la construction. Elles sont non
seulement respectueuses de l’environnement,
mais aussi économiques et adaptées aux cli-
mats variés. La terre, grâce à ses propriétés
thermiques et sa capacité à réguler l’humidi-
té, offre un confort intérieur naturel et sain.
Aujourd’hui, ces techniques traditionnelles inspirent
des méthodes de construction modernes, comme
les murs internes légers avec remplissage en plaque
de plâtre, qui peuvent être considérés comme une
évolution du système de Terre Garnissage et Bauge
sur Poteaux. En résumé, ces techniques anciennes
continuent d’influencer l’architecture moderne, of-
frant des solutions pratiques, esthétiques et éco-
logiques pour les défis actuels de la construction
durable.
67
Brown

Ces méthodes sont

des exemples de
l’utilisation ingé-
nieuse de matériaux
locaux et naturels
dans la construction.

69
 Les
Brown Brown

architectes

s'expriment
Brown Brown

rua L n e t
ru W red bme ts reg

Bolre s uah t
rA stce i hc

oM rgn
a oH e n amlu n
Berot rA aultce i hc e
Brown Brown

Boltshouser Architects
Haus Rauch, Schlins 4.1
2004 – 2008

Interviews
Laurent de Wurstemberger
Boltshauser Architects
Morgane Houlmann,
Bertola Architecture

Que signifie construire en béton

en Suisse aujourd’hui ?

L C’est une aberration. Mais il faut

aussi nuancer et ne l’utiliser que là où c’est
nécessaire (sous – sol, fondations). Ce serait
déjà un bon début.
BA Concrete is used the most in contem-
porary architecture and construc-
ting. It solves many requirements, is
well known and very well developed
and therefore established in our
construction sector. As the market is
big for concrete it is also comparably
cheap.
Concrete has one massive
problem, its embodied energy and
emissions during production and re-
cycling at the end of life.
MH C’est avant tout le choix de la fa-
cilité et du moindre coût. La méthode de
construction est simple et bien connue du
monde de la construction. Puisque ce mode
de construction est le plus répandu, il en est
devenu le moins coûteux et donc le plus pro-
fitable pour les investisseurs.

Que signifie construire en terre

en Suisse aujourd’hui ?

L C’est une des piste pour améliorer

la situation. Mais là aussi, il faut l’utiliser au
bon endroit (cloisons intérieures, enduits ou
éventuellement murs porteurs).
BA The earth market and its industry is
a niche yet and growing at the mo-
ment. Earth construction is lacking
knowledge and development over
almost 100 years, this makes it
rather time consuming to work with
and therefore more expensive than
conventional building materials.
Earth has many advantages
as it is perfect for indoor room cli-
mates, does almost not have any
emdbodied energies and emissions
and is at the end a resource we are
throwing away at the moment and
not reusing ist potential.

74 75
Brown Brown

Murs extérieurs en TERRABLOC ARTISANAL M

Garage-atelier à Belmont – sur – Lausanne,
Studio SML, 2018
© studiosml.ch

76
Atrium en TERRAPAD L Maison de l’Environnement à Lausanne – Vennes, Ferrari architectes, 2021photos © Terrabloc
77
Brown Brown

C’est avant tout

MH C’est avant tout faire un pas vers
l’inconnu. Ce mode de construction n’est
pas encore très connu des constructeurs,

faire un pas vers l’in-

et encore moins du grand public. Ça signifie
surtout de devoir convaincre l’investisseur
qu’il s’agit de la meilleure solution pour le bâ-

connu. Ce mode de
timent projeter, puis entrer dans de grandes
négociations de budget.

Avez – vous des exemples concrets de projets construction n’est

pas encore très
en Suisse qui ont opté pour des matériaux de construction
alternatifs à base de terre ?

L Principalement le coût !La construc-

tion en terre crue est encore un peu plus cher
que le conventionnel. Les autres defis ont
connu des construc-
été relevés et plusieurs projets ambitieux ont
pu être construit ces dernières années.
BA We used earthen materials on our
teurs, et encore
following projects in Switzerland:
— Oventower Cham
— Schulhaus Allenmoos Zürich
moins du grand public
— Sihlhölzli Zürich
— Challenges are always similar:
— Convince Stakeholders and
Clients to invest in this matter
and material
— Design and plan according to
the materials
— Find craftsmen and other spe-
cialists to construct in earth
MH Je ne me rappelle plus du nom, mais
un collectif a construit un bâtiment appar-
tenant à la ville de Lausanne en terre crue et
isolé en paille. Par contre je n’ai aucune idée
des résultats et des défis désolée.

Quelles sont les normes et les réglementations suisses

en matière de construction durable ?

L Il existait plusieurs labels, mais le

mieux c’est de réfléchir en amont… Sur
l’orientation du bâtiment, ses ouvertures,
ses matériaux utilisés, etc.
BA There are no standards at the mo-
ment concerning earth construc-
tion. Sustainable construction can
be found by SIA.
MH Les normes sont régulièrement mises
à jour en ce qui concerne l’écologie, mais
pour le moment uniquement pour l’utilisation
d’énergie, soit l’isolation des bâtiments (plus
isolé = moins d’énergie utilisée pour chauffer)
ou la production d’électricité et de chaleur.
Aucune norme n’existe actuellement pour
régir l’utilisation de matériaux polluants.
Cependant il existe des labels, type Minergie
ou Bois Suisse, qui accordent des subven-
tions dans le cas où un projet respecte des
normes accrues en termes d’écologie. Par

78 79
Morgane Houlmann,
Bertola Architecture
Brown Brown

Aucune norme Boltshouser Architects

Tour de four pour le musée de la briqueterie
2017 – 2021

n’existe actuellement
pour régir l’utilisa-
tion de matériaux
polluants.

80 81
Morgane Houlmann,
Bertola Architecture
Brown Brown

exemple le label Minergie – P demande d’uti-
liser un maximum de matériaux de construc-
tion d’origine renouvelable, comme le bois
ou la terre crue. Ces labels peuvent être in-
téressants mais amènent également beau-
coup de contraintes techniques. Il est rare
qu’un investisseur fasse faire un projet en
matériaux renouvelables sans profiter des
subventions d’un label de ce type.
Dans le processus de réalisation des
projets architecturaux,
qui sont les principaux décideurs en matière
de durabilité et d’écologie ?
L C’est le porte – monnaie qui decide !
Et c’est donc souvent le propriétaire qui dé-
cide. L’architecte peut proposer et motiver
des choix, mais cela doit rentrer dans le bud-
get de la construction.
BA First it is on architects to come up
with the ideas to build sustainable. In
the end it is a decision by the people
that are investing in a project if they
want to build that way or rather build
conventional.
MH Les investisseurs en premier lieu. Il y
a une question d’image de l’entreprise, mais
également de coûts à devoir supporter, car
la construction en terre crue ou en bois a
un coût considérablement plus élevé que la
construction en béton. Ensuite, l’architecte
peut essayer de faire des propositions pour
amener vers une construction écologique,
mais il doit respecter le budget qui lui a été
alloué.
touchez une fois que l’air s’est un
peu refroidi, il est plutôt chaud. C’est
grâce à l’inertie thermique, chose
pour laquelle le bois est très mauvais
par exemple.
— Sa régulation hygrométrique : la
brique en terre (crue ou cuite) va
facilement absorber l’humidité en
trop d’une pièce ou d’un habitat, et
va la relâcher lorsque l’air devient
plus sec. Elle permet donc d’agir
comme une sorte d’humidificateur,
qui va garder l’humidité à un taux à
peu près stable, à condition d’avoir
des périodes très humides (après
une douche par exemple). C’est une
faculté que le béton et le bois n’ont
pas, et il est donc très intéressant
de combiner le bois et la terre crue.
Surtout que, d’après ce que j’ai pu
entendre, il est encore difficile d’uti-
liser la brique terre crue comme mur
porteur. Elle est donc intéressante
à utiliser comme remplissage d’une
structure poteau – poutre en bois.

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MH le béton contient généralement en-

viron 15% de ciment, contre seulement 4%
dans une brique de terre crue Terrabloc. Mais
il n’y a pas que le ciment qui soit un problème
dans le béton, il y a aussi la grave qu’on y
ajoute, qui doit bien provenir de quelque
part, ainsi que la grande quantité d’eau que
le mélange nécessite.
Malheureusement, il n’existe pas
encore de solution pour remplacer le béton
pour un élément de construction en contact
avec le sol.
La terre crue a plusieurs avantages phy-
siques dans un bâtiment :
— Son inertie thermique : elle emmaga-
sine la chaleur au cours de la journée
et la redistribue lorsque la pièce se
refroidi. C’est comme lors d’une jour-
née de canicule, quand vous touchez
un mur en béton, il semble être frais,
c’est agréable. Pourtant, si vous le

82 83
Brown Brown

Concrete has one

massive problem,
its embodied energy
and emissions du-
ring production and
recycling at the end
of life.

Atrium en TERRAPAD L
Maison de l’Environnement à

85
Lausanne – Vennes, Ferrari architectes, 2021 Bolthauser
© Terrabloc Architects
Brown Brown
Brown

COLLER