Vous êtes sur la page 1sur 74

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE

Europe et Environnement NOVEMBRE 2010


Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
SYNOPSIS

En quoi l’emploi de la terre crue concilie la culture et le social, l’écologie et l’économie, piliers du développement
durable ?

Les professionnels de la filière construction en terre crue ne sont guère nombreux en France. Mais,
depuis des années, ils remuent ciel et terre pour tenter de sauvegarder des savoir-faire qui se perdent,
revaloriser le premier matériau de construction de l’histoire, moderniser son image et faire reconnaître ses
nombreux atouts pour les bâtiments de demain. Nous souhaitons démontrer au travers de notre mémoire «
La construction en terre crue » les avantages d’un matériau aujourd’hui resté mystérieux dans notre pays,
alors qu’environ 20% des biens architecturaux et urbains classés au patrimoine mondial de l’UNESCO sont
des ouvrages en terre.

Ainsi ce mémoire vise à revendiquer la valeur universelle des architectures de terre à la fois comme
patrimoine et comme solution contemporaine incontournable pour un futur « éco-responsable ».

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Les professionnels de la filière construction en terre crue ne sont
guère nombreux en France. Mais, depuis des années, ils remuent ciel
et terre pour tenter de sauvegarder des savoir-faire qui se perdent,
revaloriser le premier matériau de construction de l’histoire, moderniser
son image et faire reconnaître ses nombreux atouts pour les bâtiments
SOMMAIRE de demain.

Chapitre1 : A la rencontre d’un patrimoine mondiale Sur les traces de François Cointereaux, Hassan Fathy, André Accetta,
Martin Rauch, le groupe CRAterre, pour ne citer qu’eux, nous
Chapitre 2 : Les atouts physiques de la terre souhaitons démontrer au travers de notre mémoire « La construction
en terre crue » les avantages d’un matériau aujourd’hui resté
Chapitre 3 : « Habiter la terre », un manifeste pour le droit mystérieux dans notre pays, alors qu’environ 20% des biens
de construire en terre crue architecturaux et urbains classés au patrimoine mondial de l’UNESCO
sont des ouvrages en terre.
Chapitre 4 : Regards sur la construction terre en France et
dans le monde Ainsi ce mémoire vise à revendiquer la valeur universelle des
architectures de terre à la fois comme patrimoine et comme solution
Conclusion contemporaine incontournable pour un futur « éco-responsable ».

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Chapitre 1
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE
Le site archéologique de Jef Al Ahmar* - Sirie L’ORIGINE DU MONDE

Jerf Al Ahmar est situé sur les rives de l’Euphrate. Il


est considéré comme le village le plus ancien dans
le monde, lequel remonte à 11500 ans. C’est un
témoin de la naissance de l’architecture rectangulaire,
le début de l’agriculture et la constitution du mythe.
Ce site se présente par ordre d’importance devant
Babylone et les Pyramides. Sur le site de Jerf El
Ahmar, cohabitent des formes architecturales
différentes. Les bâtiments ne sont pas enterrés mais
posés et rectangulaires. Un seul bâtiment est enterré
car il s’agit d’un bâtiment spécifique, on y stockait
des céréales et il servait aussi de lieu de réunion
(banquettes), on y descendait par le toit. Les Hommes
se lancent dans ces travaux collectifs et construisent
de hautes tours dotées à l’intérieur d’escaliers en
pierre. On voit apparaître des pointes de flèches et
l’Homme commence à travailler la terre cuite.

Les premières cités découvertes dans l’ancienne Mésopotamie étaient construites


en terre crue, avant même l’invention de l’écriture.
Les plus anciennes traces remontent à il y a 10 000 ans à Jéricho et Mureybet (Syrie).
La technique utilisée est alors l’empilement de pains de terre façonnés à la main.

Il y a 8500 ans, la brique de terre apparaît (site de Çatal Höyuk, en Anatolie).


Puis il y a 7000 ans, une architecture de terre fait son apparition avec les ouvrages de
fortification, suivent l’apparition des coupoles il y a 6500 ans, les temples monumentaux
et les villes-temple il y a 5000 ans avec Sumer.

* Les travaux de fouilles ont été dirigés par Madame Danielle Stordeur, du Centre National de CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Recherches Scientifiques en France. Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Chogha Zanbil est un centre religieux du royaume
élamite dans la province du Khuzestan. On y trouve
notamment une des seules ziggurats dont les ruines
aient été préservées jusqu’à aujourd’hui en dehors de
Mésopotamie (l’autre étant Sialk).
En 1979, Chogha Zanbil est devenu le premier site
iranien à être inscrit au Patrimoine mondial de
l’UNESCO.
Le monument le plus imposant est une superbe
Chogha Zanbil - Khuzestan
ziggourat qui pourrait ne pas être construite de la
même façon que celles de Mésopotamie : au lieu de
terrasses superposées, on se trouve en présence de
quatre étages emboîtés verticalement, méthode qui
n’a pas été repérée ailleurs.
Une ziggourat, ou ziggurat, est un édifice religieux
mésopotamien à degrés constitué de plusieurs ter-
rasses supportant un temple construit à son sommet.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Tulou - Habitat des Hakkas en Chine

En Chine, les première constructions en terre crue n’étaient autres que des habitats
troglodytes, creusés dans la terre (il y a 7000 ans). Puis l’habitat sort un petit peu de
terre, et les fortifications en terre battue font leur apparition (il y a 3500 ans). Avec la
dynastie des Han apparaissent les premières fortifications en pisé. Cette tradition du
pisé perdure, on connaît en particulier les habitats des Hakkas, constitués d’une
enceinte massive de pisé à l’intérieur de laquelle une vraie petite ville s’installe, et dont
quelques exemples seraient encore habités. Le pisé est toujours utilisé pour la
construction.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Les Tulou sont d’imposantes habitations, semblables à des forteresses, de la minorité chi-
noise hakka. Ces bâtiments à hauts murs élevés en terre uniquement percés de fenêtre à
la lisière du toit sont des habitations traditionnelles pouvant être observées dans la province
du Fujian en Chine.
L’origine de ce type d’habitat communautaire remonte à la fin du Xème siècle et servait
entre autre à se défendre des agressions des autres peuples de la région.

Il n’y a qu’une seule porte dans l’enceinte qui peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur.
Les cloisons en briques ou en pierres empêchaient le feu de se propager dans l’ensemble
du bâtiment. Au centre d’un Tulou se trouve une cour, qui équivaut à la place du village.

Les maisons rondes de 4 étages mesurent plus de 10m de haut (les plus grandes font près
de 20 m) et ont un diamètre pouvant atteindre 77 mètres. Grâce à l’épaisseur de leurs murs
de 1,5 m, fait de terre battue séchée et de briques, il y fait frais en été et doux en hiver.

Cour Intérieure des Tulous en Chine

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Les civilisations pré-colombiennes ont également utilisé la terre crue, particulièrement Ruines de Chan Chan au Pérou
en Amérique centrale et au sud, en bordure de l’océan Pacifique. Un des
exemples les plus connus est Chan Chan, au Pérou, grand ensemble de 12 palais
construits sur une surface de 20 km² en bordure de l’océan.
Les premières constructions utilisant la terre crue datent d’il y a 11 000 ans. Les
civilisations américaines précolombiennes développeront la plupart des techniques
connues (adobes, bauge, pisé, torchis) entre 9000 et 5000 avant J.C.
En Amérique du Nord, les exemples les plus célèbres de l’utilisation de la terre crue
dans la construction sont les Pueblos s’accrochant aux reliefs et falaises, au sud des
États-Unis.
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Le site archéologique de Chan Chan est situé au nord du Pérou et
fut la capitale du royaume Chimu. Ce royaume connut son essor
jusqu’au XV ème siècle avant de succomber premièrement aux
conquêtes Incas.

Chan Chan au Pérou - architecture d’adobe


CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
La plus ancienne pyramide d’égypte, date d’environ
2800 av J -C , donc de la IIIeme dynastie. Elle
a été construite pour le roi Djoser. L’architecte,
le premier de l’Histoire, et maître d’oeuvre en
est le vizir du roi, médecin et lettré: Imhotep.

Falaises de Bandiagara au Mali

Les premières traces de construction utilisant la terre crue en Afrique remontent à


8000 ans, avec des cabanes de bois enduites de terre. Les civilisations antiques
maîtrisaient l’utilisation de la terre ; pour preuve la pyramide de Saqqarah, réalisée en
briques de terre. Le développement de la construction en terre crue s’étend sur tout le
continent africain, produisant une diversité et une richesse architecturale exceptionnelles.
La pyramide de Saqqara - Egypte
On peut citer l’architecture des mosquées soudanaises (mosquées de Tombouctou,
XIIIe siècle après J.C., de Djenné), le tombeau des Askia (empire Songhaï, du XIVe au
XVIe siècle), les palais d’Abomey (royaume de Dahomey, Bénin, xviie siècle).
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Mosquée de Djenné - au Mali Le plus grand édifice au monde en terre crue adobe (ou banco)
Les adobes sont des briques de terre crue séchées : mélange
d’argile et d’eau, avec éventuellement de la paille hachée,
séché au soleil.
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Avec ses quelque cinq cents maisons serrées les unes
contre les autres, formant une espèce de forteresse
au milieu du ouadi Hadramaout, Shibam, au Yemen
(du sud), constitue un ensemble architectural unique
au monde, redécouvert à la fin du XIXe siècle par un
couple d’explorateurs, les Bent, qui ramenèrent des
photos qui firent sensation dans le monde occidental:
construites en terre, sur des fondations de pierre, ces
maisons hautes de six étages donnent l’impression
d’être de véritables gratte-ciel, impression accentuée
par leur étroitesse et l’alternance de fenêtres larges,
ornées de moucharabiés de bois sculpté, et d’étroites
fenêtres qui servaient autrefois de meurtrières.
Shibam fut immédiatement baptisée la “Manhattan du
désert”...

SHIBAM - Manhattan du désert -Yemen

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
SHIBAM - Manhattan du désert -Yemen
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Le Ksar (village forti-
fié berbère d’Afrique du
Nord) d’Ait Ben Haddou
est un village de pisé si-
tué au Maroc entre Mar-
rakech et Ouarzazate en
plein Atlas

Aït Ben haddou au Maroc


CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
DIVERSITE DES FORMES

Avec la terre crue, qui constitue 74% de l’écorce ter-


restre, les bâtisseurs ont réussi à édifier à travers le
monde, des architectures d’une extraordinaire diver-
sité de formes.

Greniers à céréales au Niger


Case-obus au Cameroun
Le tolek mousgoum est un dôme fait
d’argile.
Voilà trois siècles que les Mousgoum
construisent leurs habitations dans
les plaines situées sur la frontière
Cameroun/Tchad, appelées tolek
dans leur langue (le Munjuk).

Peinture murale sur l’île d’Ayorou au Niger.


Habitation en terre, peinte par les femmes.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Mosquée d’AGADEZ au Niger

Tombeau des askias à Gao - Empire songaï

Mosquée en Afrique de l’Ouest CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Les premières traces de construction en terre crue en Europe occidentale datent de
6000 ans avant J.C., il s’agit d’un habitat primitif en Thessalie.

De manière générale, le clayonnage enduit de terre est caractéristique des périodes


troublées, alors que la brique de terre crue est utilisée dans des périodes de
richesse et de stabilité. Il est donc logique que le Moyen Âge voie un retour au pan de
bois après une époque romaine privilégiant l’emploi de la brique. Les avancées en
charpenterie vont alors faire évoluer les modèles de constructions à pans de bois.

Il faudra attendre le Siècle des Lumières pour observer un retour progressif à des
habitats massifs en terre crue (pisé, bauge). Ce renouveau est sans aucun doute dû à
François Cointeraux, qui écrira plus de 70 fascicules (dont une bonne partie traduits et
diffusés sur toute la planète) sur le sujet du pisé. Ce retour en force de la terre crue
concerne donc non seulement l’Europe mais le monde entier. La terre crue continuera
à être utilisée jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis sera abandonnée
pour des solutions plus rapides à mettre en œuvre, dans l’urgence de la
reconstruction.

Toutefois, le patrimoine constitué jusqu’alors représente aujourd’hui un nombre


considérable de bâtiments, surtout ruraux, dans certaines zones (en France : vallées de
la Saône et du Rhône, Dauphiné, Auvergne, Bourgogne, Bretagne, Normandie, Midi
toulousain).

L’intérêt porté aujourd’hui au matériau dans certains pays européens (Allemagne, Pays-
Bas, Danemark, France depuis peu) date du début des années 1980.

Aujourd’hui plus d’un tiers de la population de notre planète habite des constructions de
terre.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
APERCU HISTORIQUE / ARCHITECTURES DE TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Chapitre 2
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE
1- Qu’est ce que la terre ?
  
  
Le matériau « terre » est le matériau le plus utilisé au monde après le bambou.
Issus des processus décrits plus haut, le sol en coupe se décompose selon trois
Cette omniprésence est pourtant méconnue par le grand public, et même si tout le grands « horizons », en plus de la roche mère non altérée.
monde « sait » ce qu’est la terre, peu savent la composition réelle de ce matériau

  

  


 




 

  


 - = 
!< 
 
 "  
 
 
 
  

>

'
?
tion et de sa recyclabilité, nous étudierons sa durabilité au sens du développement
durable.

a. Origine, formation de la terre - pédogénèse


Le terre est extraite du sol et se forme selon trois processus plus ou moins enchaînés
ou simultanés :

  
   

Le matériau « roche-mère » de base peut être dur (granit, schiste, grès…), tendre
  
  
 

 
  
 
 


  

 


 
 
 


!"  
 
 
  
 " 
 

pluie, froid et vent).

  
   
  
 


Le sol désagrégé et altéré, constitué de minéraux et d’éléments plus ou moins pâ-


 #

 
 

$



" 
& ! 

   
!-
" 

 " 
 
&!  
' 
! 
 


!+


précise ses caractéristiques physique, chimique et biologique. A : Couche de sol de surface (« éluvial »), composée de matières organiques, plus
ou moins mixte et mélangée aux minéraux (pauvre en argiles et oxyde de fer). Cette
 
 

     couche est généralement brune à noire. Il s’agit de la « terre végétale », celle utilisée
pour nous nourrir, et non pour construire !
Selon le climat (pluvieux ou sec), la perméabilité du sol, ou le type d’humus présent,
les éléments solubles migrent respectivement vers le bas (lessivage) ou vers le haut B : Couche de sous-sol : (horizon « illuvial »), riche en fer, oxydes (fer et aluminium),
(enrichissement des couches supérieures). Cette migration des éléments va créer argiles et colloïdes. Granulométrie variée (voir c.) C’est la matière pour construire.
des couches plus ou moins homogènes successives et différenciées appelées «
!< 


 


"

 C : Couche matériau originel en début de décomposition (roches en début de « pour-
rissement »)
On distingue ainsi des sols « peu évolués » (jeunes), qui sont peu différenciés de la
roche mère (souvent un seul horizon), et des sols « évolués », profonds, avec une Puis : Roche mère.
succession d’horizons lessivés et enrichis.
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
c. Les grains, granulométrie
La terre est constituée de grains de différentes tailles, qui ont
été arbitrairement classés selon les catégories suivantes :

Cailloux : entre 20 cm et 2 cm
! 
" ##
$ " #%&'
$
" %&'#'

"    #'

Les quatre premières catégories sont des grains de formes à


peu près sphéroïdales et / ou anguleuses, alors que la dernière
catégorie, les argiles, sont des particules qui n’ont rien à voir en
terme de géométrie avec les autres. Ceci a une très grande im-
portance dans le comportement global d’une terre, car les arg-
iles n’ont pas du tout la même « fonction » que les autres grains.

On voit que la granulométrie des terres, c’est à dire la réparti-


tion dans une terre donnée entre ces différentes catégories de
grains, détermine quel usage il peut en être fait.

Nous verrons de quelle manière dans les paragraphes suivants,


mais on peut déjà dire que les argiles jouent un rôle de « ci-
ment » dans la terre, par rapport aux autres grains qui jouent le
rôle de « squelette ». C’est pour cette raison qu’on parle de «

& 

 
& 

 

  
W
 
 

principes sont tout à fait similaires à la mise en œuvre du béton


(tout comme le grès est un béton « naturel », formé de grains de
sables « collés avec le temps » !)

1 : Terre à Pisé
[
?
\ 
]

3 : Terre à Torchis
4 : Terre à Enduit
5: Terre impropre à la construction
(voir plus loin “Procédés constructifs en terre crue”)

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
  
" 
 
()   *

Tout le monde aura remarqué que les terres ont des comportements et des tenues
+
  
 

 
  
+! 
 " 
$ 


La base de cette diversité de comportement est liée aux « vides » présents dans
toute structure en terre. En effet, entre les grains, il existe toujours des interstices,
généralement plus ou moins remplis d’air ou d’eau. Le terre est donc un matériau
« triphasique », c’est à dire composée de trois phases que sont les phases solide,
liquide et gazeuse. En fonction des différents états de ces trois phases, la terre est
classée selon les cas ci-après :

 
"

D’une manière générale, on cherche toujours à remplir au maximum les « vides » Les phénomènes mis en œuvre dans un tas « sec » de grains, sont d’ordre phy-
avec des grains, ceci pour permettre de donner plus de « résistance » à l’ensemble. sique et mécanique. Il s’agit de phénomènes de forces de contact et de frottement.
Dans l’idéal, une répartition « fractale » des tailles de grains dans un tas donnerait Dans ces phénomènes, trois sont intéressants à comprendre pour interpréter le fonc-
une cohérence parfaite. Mais ceci n’est pas évident à réaliser dans la réalité, et un tionnement du « squelette » des structures en terre. Ce sont les phénomènes d’angle
tas de terre non compacté comprend environ 50% de vides ! il faut tout de même 
 

&   ! 


  
 
  



^
 " 
comprendre que plus la variété des tailles de grains est grande, plus le matériau est
compact.
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 

 

&   !
?

Tout le monde aura remarqué que l’angle d’un tas qu’on réalise en faisant couler
le sable reste constant. Cet angle dépend du type de sable considéré, et est ap-
pelé angle de repos. Lorsque l’angle augmente, la pente devient instable. L’angle
d’avalanche est celui à partir duquel, les grains roulent les uns sur les autres pour
dévaler la pente, et retrouver ainsi l’angle de repos. Ces angles sont caractéristiques
des grains qui constituent le tas.

Tri naturel des grains (ségrégation granulaire) :

Lorsque qu’on dispose un ensemble de grains secs de granulométrie variée, cet


ensemble a naturellement tendance à re-classer les grains selon leur taille. En ef-
fet, par les effets de vibrations, ou simplement par l’effet des angles d’avalanche Phénomènes de ségrégation granulaire par :
qui sont différents selon les tailles de grains, lorsque qu’un « tas » sec est mis en Sablier : effet “sapin”
mouvement, les grains de tailles différentes se séparent (voir « effet sapin », image Oscilation dans un récipient
vibrations). Ce phénomène est très gênant, car comme on l’a vu précédemment, on Vibration sur une plaque
cherche plutôt à répartir de manière homogène la granulométrie dans le matériau.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 

)   "

_^
 "
? Tout enfant le sait (ou l’apprend vite !), impossible de réaliser
le moindre pâté avec du sable sec ! Il en est de même avec
Dans un ensemble de grains, les transmissions des efforts par contact et frottements se font de manière n’importe quel mur en terre : le facteur eau est fondamental.
très particulière. Les chaînes de force se mettent en place au grès du hasard, et il y a des zones où les Mais quels sont les phénomènes en jeu du point de vue des
  
 



^

! `

 

" 
  
]
 
 
 

 
< 
grains (sans étudier l’argile) ?

 
 
 
^ 
 

 
 
" 
  
 

'
! +

]


w 
 

w!

  

 #

 
'
! +


 

!  
En fait, l’eau agit comme une colle sur les grains ! Lorsqu’on hu-

 

  
 

 
 " 
 
 


 
 
 
!{ #

  
 


 

  
 
  
 
  
]

   

comprimés par passes de petites épaisseurs (on remarquera que la partie supérieure de la couche est sous un phénomène connu appelé « pont capillaire ».
toujours plus compacte que la partie inférieure).

Pont Capilaire

Lignes de force dans un tas de sable Couches de pisé


CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
En effet, l’eau (la goutte) entre deux grains adopte une forme de structure tendue,
qui cherche à minimiser sa surface de contact à l’air (énergie la plus basse), et donc
créer une force « attractive » entre les deux grains (jusqu’à ce qu’ils se touchent et
équilibrent les forces par les actions de contact).

Il faut préciser que ce phénomène est possible car le sable (et les grains de la terre)
est hydrophile, et donc « cherche le contact » avec l’eau.

'   


+
 

 
"

 
 
&

 

pas pour créer le « pont capillaire » et donc la cohésion d’un tas de grains (de « sable


 


& 
}
W
 

 
   
&

 
" &
 
]

l’interface air-eau. Donc, l’eau est une colle, s’il y a aussi de l’air ! C’est pour cette
raison qu’il existe pour tout type de grain ou de granulométrie, une proportion eau/air/
grain optimum pour lequel la cohésion est la meilleure.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
e. Les argiles, ciment de la terre
Les « grains » d’argiles sont ce qui différentie le matériau con-
structif « terre » d’un simple tas de sable ou de cailloux !

= 
 
 
 
  
+
" 
 

 
 

du tout sphéroïdes. Les argiles ont des formes très variées (voir
photos au microscope), mais elles ont toutes la caractéristique
d’être constituées de feuillets multiples et à différentes échelles
de décomposition.

Cette composition en feuilles (géométrie très « plate », avec un


plan privilégié de contact), donne des réactions et des forces
" 

  


 

 
& # 



coller » de plaques de verre (ou du verre et une ventouse !)


 



 


+
 

& 
' 
 
 -
touse est un des aspects qui permet de comprendre les pro-
priétés liantes de l’argile pour le mur en terre.

(Voir photo et dessin du « pont argileux »).


  

 
 

 #

 
   

entre les micelles / feuillets d’argiles entre eux et avec les au-
tres grains, la cohérence globale de la terre est donc assurée

 
 
&
}
=& 

   
& 
" 
  
]

cette eau de s’appliquer, et elle est donc bien le « ciment » de


la construction en terre.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
+  
  3  
  
 ' 
 

 

 
  
 
 
 

 
 $
 
"

  
?

 -

# 
 

 
"



€ 
& 

 

 
   
 

Les argiles en tant que matières colloïdales ont des propriétés retrait après séchage de celles-ci.
" 
"
 
 
" 
' 
 

 $  
 
w
   
 
   
 
 
 

_
 
 
 -
~
\ 
& 
 
 
  
la propriété de gon- ment en milieu salé (voir partie 4).
4 de manière assez spectaculaire. Cette propriété est liée aux
forces d’ « osmose », qui font s’éloigner les plaquettes d’argiles
les unes des autres en cas de mélange à de l’eau non salée
basique (nous verrons plus loin les effets de l’acide ou du sel).


 !
  

   
 
  

‚   
]

 #


„  
= 
  



  
 


 +


 
 
 "  
 
 "  
&

 
 


&  
 

  
&
 +

! "
  

 
 $ 
&  
 
"
&

Explication du phénomène d’osmose s’évapore, le retrait est beaucoup plus importatnt pour la smectite.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
~
… 
 
 
 
 
 
† 
‡ 

  

former
(*, selon leurs propriétés électriques faibles (liaisons électrosta-
tiques entre molécules).

En effet, les argiles plus ou moins chargées électriquement, négativement ou


positivement selon l’état des « micelles » (ensemble de feuillets) d’argiles, or-
ganisent une structuration des grains d’argiles.

Cet effet géométrique limite « l’affaissement » des boues d’argiles (voire évite
la sédimentation dans le cas de mélange avec d’autres grains, de sable par
exemple), et laisse une ensemble cohérent et stable, gorgé d’eau : il s’agit bien
là d’un gel.

Or, si cette belle géométrie est détruite par une action extérieure (mécanique),
l’ensemble s’affaisse pour redevenir une boue. Si on laisse à nouveau cette

  



]
  
ˆ
 
++(5 *.

C’est cet effet particulièrement agréable qui est apprécié par ceux qui mettent

€ 

 

?

 

 +
!‰$  
$ 
"

mise en mouvement), à l’inverse d’un ciment (qui est rhéo-épaississant), et qui


a tendance à devenir plus dur et friable lors de sa mise en œuvre. Il n’est pas
rare d’ailleurs d’introduire de la smectite dans les bétons de ciment pour les
rendre plus plastiques.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
2- Procédés constructifs en terre crue
« Construire en terre, c’est construire avec un matériau que l’on
foule aux pieds tous les jours. (…) En maintes contrées dont les
paysages familiers en sont très souvent marqués, l’architecture
de terre est véritablement un témoignage vivant de l’histoire et
de la culture des peuples. »

Il existe une multitude de procédés constructifs en terre crue,


mais on classe traditionnellement 12 modes d’utilisation de
la terre en construction. Ces modes constructifs sont souvent
représentés sur une roue reproduite ci-contre.

Dans toutes les utilisations de la terre crue en construction, il


est nécessaire de protéger les ouvrages dans dégâts de l’eau et
en particulier des remontées capillaires. On parle de « bonnes
bottes et bon chapeau », c’est à dire une protection en partie
haute et une autre en partie basse. Ces protections doivent être
réalisées avec des matériaux insensibles (ou désensibilisés) à
l’eau (couverture débordante pour le « chapeau », mélange ch-
aux-terre, ciment-terre, béton etc… pour les bottes).

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Quelques exemples de constructions traditionnelles en terre crue, en France

Eglise en Torchis-Pans de Bois - Marne Maison en Bauge - Normandie Š 




‰
‹
\   

Maison en Pisé et Briques - Bresse Š 



…
‰
‹!Œ ‰ 

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 

  
 
  
  

  

  
 
 
  
 
  

  


 
" 
 

sous-tend.

 $ 

 " 

Il existe de manière synthétique 6 manières de stabiliser la terre :


  
 
= 
W ! ` 
   
‘‡  

!‡‰ 


= 
 #
 + 
! 
  

 
 
"

+
= 
]
 
   
 
 
  
  

et couramment en construction traditionnelle de terre crue.


Les autres sont plus de l’ordre de l’expérimentation, ou d’usages moins courant (voir partie 4 – prospective). Il faut remarquer que
selon la technique employée, les avantages en termes de développement durable, de recyclabilité, d’énergie grise sont très différ-
entes (voir chapitre 3 - Propriétés macroscopiques de la terre).

 6 
7"

Il s’agit soit de manipuler la terre pour vider au maximum l’air présent (il ne s’agit pas juste de tasser, mais bien de triturer pour
rendre plus homogène, puis de comprimer), soit de remplir les vides avec d’autres grains (il s’agit de travailler sur la granulométrie
et la texture de la terre).

 "

Il s’agit d’introduire dans la terre une armature qui va s’opposer aux mouvements naturels de la terre (sous la compression, la trac-
 

   
& 

&

' 
  
 
w
  

 
  
  
   
‡ !" 

etc…

 
"

Il s’agit de créer une matrice inerte qui est en partie composée avec les argiles. Cette matrice est traditionnellement réalisée par
 
 << "
 

! #
 
! #‰  
 
 

w
 
 
   
 
‡+ 

$ -
lants. La réaction est participative avec les argiles.

 8  9 "

Il s’agit là de réaliser une matrice inerte indépendante des argiles. On réalise une cimentation à travers les vides de la terre. Le
principal stabilisant utilisé est le ciment Portland, mais on peut obtenir le même genre de résultat avec des colles, des résines ou du
sel de silicate de sodium. La réaction permet une stabilisation qui ne s’appuie ensuite que sur le squelette (sable principalement),
et sans rapport avec les argiles.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 ; 

"  

Il s’agit de remplir les vides, les pores, les La technique du pisé consiste à la mise en œuvre de couches comprimées les unes après les autres (terre humide et pulvé-
  

  
 

 
rulente). Ces couches sont mises en oeuvre dans des coffrages, comprimées avec des pisoirs (manuels ou mécaniques). La
insensible à l’eau (ex : bitume), ou expan- terre est naturellement dans des bonnes conditions pour son usage en pisé vers le printemps et à l’automne sous nos latitudes.
sive au contact de l’eau (ex : bentonite) qui
obture les vides en cas de contact avec
l’eau.

 <5  =
7 
"


& 
& 
 

$ 



 


en mouvement dans la terre : introduction


de chloride de calcium, échange ionique,
d’amines quaternaires ou de résines. Ces
introductions ont pour effet de réduire la
réaction des plaquettes d’argiles à l’eau
(hydrofugation). Il est cependant intéres-
 

   
"

 
 

de salinité de l’eau ou de son acidité ont Le pisé permet de réaliser des murs épais et plutôt rectilignes, mais les techniques de coffrage peuvent permettre des formes
des effets très importants sur la stabilité plus courbes ou originales.
des argiles (voir chapitre 4 – prospective).
Ces phénomènes sont parfois la cause de   
grave liquéfaction de terres (et d’instabilité
de constructions) sous l’effet du lessivage =&


"

 
 
W
 
w
 

 • 
]

 

 "  
]
& 
 "



des terres et de ses pertes en sels (ex-  


&
"
 


W

 
!
]
& 
 
'  



+
 

$ # 
 "
 

emples d’argiles qui ont été constituées en arcs et coupoles peuvent être réalisées en adobe.
milieu marins).

Modèle d’empilement dit “apollonien”,


  
 
  
 
 

par des grains toujours plus petits


CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
d. Bauge
La bauge est le procédé le plus simple (ce qui ne veut pas
dire facile !) de mise en œuvre d’un mur en terre : il s’agit
de l’empilement de boules de terre (état plastique), éven-
   
 
]
 
 
   
 

 

les autres et triturées pour obtenir une masse homogène.


=
 

  
 
 
   
 
  
 

taillé pour obtenir une face plane.

e. Torchis

Le torchis est une technique qui associe une structure lé-


gère en bois (traditionnellement pan de bois, colombages
etc…), qui est ensuite parementée d’un lattis (voir dessins
qui suivent), sur lequel va être mise en œuvre de la terre
]
& 
 " 
  
 
]
 
 
  

de la paille).

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
f. Bloc de Terre Comprimé (BTC)

Le bloc de terre comprimée, technique récen-


te, mélange les deux techniques du pisé et de
l’adobe, puisque qu’il s’agit de « pisé en brique
», réalisée avec de la terre humide (même te-
neur en eau que le pisé), placée dans des
moules de presse mécaniques, qui compriment
la terre. Les blocs de terre sont immédiatement
 
 

  
 

!  

g. Enduit
Les enduits de terre ne sont pas des procédés
« constructifs » en soi, mais sont des applica-
tions les plus élémentaires et simple du matériau
dans un bâtiment. Les qualités des enduits de
terre sont sa grande facilité d’application (beau-
coup plus aisé que les autres enduits chaux, ci-
ment ou plâtre) et sa grande variété de couleurs
ou de matières.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
3- Propriétés macroscopiques de la terre
Le très grand patrimoine ancien des constructions en terre laisse à penser que ce matériau est particulièrement
durable. Cependant, dans notre société contemporaine, les produits industriels par leur diffusion massive, nous ont
laissé penser qu’ils étaient les seuls à garantir des qualités physiques pérennes. La méconnaissance des matériaux «
anciens » par les modernes, ont notamment conduit à réaliser des tests et des comparaisons entre les matériaux qui
font croire à une mauvaise durabilité de la terre notamment, ce qui est loin d’être vrai.

a. Propriétés structurelles et résistance aux intempéries


La terre est réputée pour être une matériau lourd et peu résistant à la compression. Mais en réalité, de nombreux
matériaux en terre se comportent comme un béton maigre. Cependant, pour une même résistance, la terre est gé-
néralement plus lourde (masse volumique sèche plus importante). Sur toute une plage de résistance, les matériaux
en terre sont similaires aux matériaux minéraux classiques.

Cette propriété n’est pas anodine, car elle peut être une qualité comme un défaut, notamment pour de qui est de la
thermique (voir b.).

Par ailleurs, la terre peut atteindre de très hautes performances lorsqu’elle est traitée (stabilisée à la chaux et auto-
clavée par exemple), pouvant atteindre une résistance jusqu’à 2000 Bar (200 MPa). En comparaison, les résistances
&

 


Š…
>
 " 
 
!  
>—'
]
˜[™
Š…
>
š
‘ 
…  
>š‘…


La terre n’a pas à rougir !

Il est vrai cependant que le terre crue proche de l’état naturel (terre paille, adobe traditionnelle etc…) ont des résis-
tances allant plutôt de 20 Bars à 75 Bars (2 MPa à 7,5 MPa). Les BTC classiques stabilisés au ciment ou en terre-
chanvre dépassent les 120 Bars (12 MPa) .
Mais il faut à tout prix replacer le matériau à son usage : pour construire des logements à R+1, 2 ou 3, les descentes

!  
 

[
]

> 
 


 

  

 

#ž™


]
 
  

Ÿ™

à 120 Bar, ce qui est tout à fait compatible avec les caractéristiques des éléments précités.

Une des autres qualités exigée au matériau terre et qui suscite souvent la crainte, est sa résistance à l’eau. Dans
ce domaine, les essais en laboratoire ne concordent pas toujours avec la réalité. Force est de constater la grande
durabilité de la terre (ouvrages existants anciens), alors que les essais prédisent une faillite du matériau très rapide.
Certainement que les essais (à l’échelle d’une brique ou d’un « tas » par exemple) ne prennent pas en compte l’aspect
global de la construction en terre (les « bottes et le chapeau » par exemple !), les modes constructifs etc…

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Ces éléments expliquent pourquoi de nombreux monuments his-
" 

   

 

&! 

   
 

remparts de châteaux forts, la ville de Shibam et ses gratte-ciels,


ou les tulous chinois ont pu être construits et passer l’épreuve du
temps.

Ville de Shibam - Yémen - 16ème siècle

Minaret de la mosquée


Š ! 
˜™™



Shibam)
hauteur : 53 mètres
construction en terre la plus
! 

   élévée au monde

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Par ailleurs, il est intéressant de comparer les ordres de grandeur des
dépenses en énergie grise de la terre crue (de 15 (adobe) à 100 (pisé)
!¡ž

 
 
  

‰
[¢–
!¡ž





–™™
!¡ž




˜£™™
!¡ž


On comprend que l’impact énergétique de la terre crue est très large-


ment moindre que les autres matériaux « traditionnels ». Selon les
programmes constructifs à réaliser, on doit considérer la nécessité de
&  

  #

+

  
 


  
 

performances structurelles très hautes, mais pour quel usage, et pour


" 
^
 "
¤
=
 

 
   
 
  

de cas.

  

5  


La terre possède une inertie thermique réputée, mais celle-ci n’est pas
forcément la panacée. En effet, la terre n’est pas très isolante, et sa ca-
pacité thermique est très inférieure à celle du béton plein à volume égal
?
–£™
!¡ž¥'
 

 
–˜™
!¡ž¥'
 



ž¦™
!¡
ž¥'
 
&  
' 


  


 

  


  
§

 


 
 "
+!

+
 

aux autres matériaux minéraux.


Š 

  

  
! "
§
 
  



double en fonction de la teneur en eau de 1 à 7 %, variation classique


dans une terre mise en œuvre sous nos latitudes entre été et hiver, ou
entre deux régions sèches ou humides (Sahel et Tropiques côtiers par
exemple) .

L’« effusivité » de la terre (la rapidité avec laquelle un matériau absorbe


les calories à partir de sa surface et la restitue par cette même surface)
et sa « diffusivité » (déphasage et amortissement d’une onde thermique
à travers une paroi) sont aussi similaires à d’autres matériaux minéraux
denses. Ce qui est plutôt positif, car, notamment, leur diffusivité est faible.

Les propriétés de confort thermique intéressantes de la terre crue se


situent plutôt au niveau la capacité thermique latente de celle-ci. En ef-
 
w


  

 


 

 
 
 

]
&  
  #
 
 

 
 
&
 
  

liée à sa capacité d’absorption (vapeur d’eau). La lenteur de la migration


&
 
 
 

 


  

 
 
 

cycles longs (annuels, saisons…).


CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
On peut même considérer que la terre est une sorte de Matériau à Changement de Phase (MCP) naturel ! Il n’est pas nécessaire

 
  
 
 

  

 
 
Š'…
    
 "
&
 
 

 
]

l’échelle nanométrique entre les plaquettes d’argile peut se vaporiser ou se condenser à température ambiante ! il s’agit là encore
de tirer partie des phénomènes étonnant de condensation capillaire !

 
&
 
 

 


‰ 

& 

!  

! 
"  ‰ < #
ˆ
 
! 
 -
"


 
  
"

!   
"  ‰
 
 

   
 
Š'…
 
?
& 
! 

 

 

&
&  
"  
]
 
! 
 
[[


  
}

Ceci dit, pour que l’échange puisse se faire au maximum, il faut que « beaucoup » de surface de terre soit en contact avec l’air,
ce qui n’est pas encore le cas dans les briques et bétons ordinaires (Voir Chapitre 4 – prospective).

Par ailleurs, la qualité hygrothermique de l’air dans une ambiance dont les parois sont en en terre crue est un paramètre impor-
tant, comme le précise un fabricant de brique en terre crue :

« La brique terre crue est un régulateur hygrothermique : Elle peut absorber jusqu’à 3% de son poids en vapeur d’eau (évolution
de sa teneur en eau de 4% à 7%, ce qui permet d’avoir une inertie “ hydrique “ non négligeable en ce qui concerne le confort). Un
 

˜[


[[
&  
™[[¨
+
™
‚
 
 
 
© " &]
˜ž[
‚
&


En terme d’ordre de grandeur, on constate par exemple qu’avec seulement 10 m2 de ce matériau en contact avec l’air, l’humidité
produite par une famille de 4 personnes pendant 15 jours (entre 110 litres et 150 litres) peut être absorbée ( !). Cette capacité
est un atout majeur de régulation de l’ambiance en terme d’humidité relative de l’air (devant rester comprise entre 30 et 70 %).

… 
 
=
  

 
]

 

  
&
ª


 

 
  

˜
  ‰ 
]
ž™™
¡
ž
]
˜™
…
… 


  
ª

‰


˜™
  




 
© "
¬]
˜¦™

' 
 

entre autre que la terre est très « perspirante ».

… 
 

 
  


 




 
 
  
   


" 
 
  -
tiques, selon les mises en œuvre (terre-paille, terre-chanvre, adobes et BTC avec différents « ajouts »…). On peut ainsi moduler

  
&   

!   
&  

 

  
&


  
  
 
 
 

densités et les épaisseurs.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 J5 

K=
=8 
M V
  
La terre est un matériau recyclable par excellence. Cependant
là encore selon les mises en œuvre, la recycabilité peut être
plus ou moins aisée, selon traitement qui a été réalisé sur cette
terre.

De la même manière, l’énergie grise et l’impact carbone de


l’usage de la terre dépendent des mises en œuvre, et ainsi
nécessairement des programmes constructifs envisagés.

On constate par exemple que le béton de terre-paille a un im-


pact très positif sur l’environnement, et à contrario on devine
que l’usage de la chaux ou du ciment (en stabilisant) peuvent
vite augmenter les très faibles impacts environnementaux de
la terre.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 ; 4   K
acoustique
Les très bonnes propriétés hygro-
thermiques de la terre sont un gage ---- tableau Traité Craterre p.154-155 ---
de qualité de l’air dans un ouvrage
en terre crue, avec murs inertes à
l’intérieur (Voir b.).
Le gros avantage de la terre est sa
multiplicité d’usage, et sa cohérence
de produit ente les différentes «
couches » (par exemple un mur en
adobe avec enduit intérieur terre), les
enduits de surfaces peuvent rester
très « naturels » et sans aucune te-
neur en produit émissifs en COV ou
Formaldéhyde.
La terre étant un matériau plutôt «
lourd », les capacités acoustiques
sont intéressantes.

e. Normes et standards

Pour conclure sur les caractéristiques et usages de la construction en terre crue, il faut préciser que contrairement à ce que l’on croit
  
w
&
& #
 




 • 
 

  

 
 

#
 
 # 
" 
  

 

#
   
  
  
!  
' 
 # 
 

‹WW—
\'
[™™˜
>

 



 

 
˜£–
‹WW—
\'
[˜™˜
'  



  
˜£–
‹WW—
\'
[˜™[
>

 
 
#
 
!‡ " 
˜£–
‹    
 

  
 
{ 

_ 
\ 
­
…
'   
… 
˜£¦[
 ! 
 
!  
 


© 

& ‰&
Ÿž
  
' ! 

'„\>
˜Ÿ¦[
¥[˜–
˜£¦
! " 
… 
 
 
š„
&   

'Œ ‰& 

…

& 
 

 

  
 
]
 
 
}

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
W=  
 
 

 
    On sait aujourd’hui qu’une eau plus ou moins salée, ou plus ou moins acide ne provoque pas du
tout les mêmes comportements sur les argiles (qui sont les liants de la terre !).
terre crue
® 
&  
 •
]
  
  
 
!  
 
?


 $ 

"
matériau terre conserve encore un grand nombre de secrets, et est plein
de promesses. Nous allons dans les sous-chapitres suivant dégager
š

 
 
    

 $  
 
 
quelques pistes de prospectives sur ce merveilleux matériau qu’est la
=& # 
 
#
 

_
 
 
   
 "

 
  


terre.
atomes, molécules, ou entre une molécule et un cristal, qui s’explique de manière correcte par
la physique quantique). Cette force d’échelle moléculaire, présente dans toute matière et en par-
ticulier dans les feuillets d’argiles, a tendance à « rapprocher » les molécules entre elles, et elle
a. La terre, climatiseur naturel augmente plus les molécules sont proches.

Comme nous l’avons vu au chapitre 3.b., la terre a la capacité de d’être


un Matériau à Changement de Phase (MCP), bien plus puissant que les
  #
  
 
  
]
 

   
Š 

pour cela, il faut que le maximum de matière « terre » soit en contact


avec l’air pour réguler les ambiances. Il faudrait pour cela qu’une sorte de
réseau interconnecté entre eux et avec l’extérieur, de plus grand diamètre
que les « pores » de la terre, soit intégré dans les ouvrages. Il n’existe
pas à l’heure actuelle de briques ou de techniques de bétons de ce genre,
mais il s’agit d’une piste sérieuse de recherche pour réduire les consom-
mations d’énergie du bâtiment.

 ++   



 
 >
& 
 
 " 


  

 
?
& 
$ 

  
 "

Jusqu’à aujourd’hui, les constructeurs en terre se sont rarement intéres- Dans un liquide argileux « sans sel », ces forces sont bien moins intenses que les forces os-
sés à l’eau de gâchage. motiques. Mais lorsque la concentration en sel augmente, les cations sont très présents, et la
 
& #" 
 
  
" 
  

 


  

différence relative de concentration de cations entre -les zones entre feuillets- et –les zones exté-
l’eau et / ou de son acidité, il faut expliquer rapidement quelles sont les  
#
  ‰

 
= 
 

_
 
 
  

 
 
"
  

forces et phénomènes en jeu, notamment le phénomène d’osmose. de l’osmose, et la feuillets se rapprochent, ce qui créé des agglomérats et de l’hétérogénéité dans
l’argile.
=&


  

 
$ 
]
!  
 
   -
 

 

 
 
  
 
&  

$  

L’argile piège alors plus d’eau dans la matière (dans des vides plus “gros” et non plus entre les
l’échelle des feuillets d’argile, qui sont naturellement chargés négative-   
&  
" 
& 

 
 
 
"  

  
   

©  


 
 
 
  
 
  

$ 
 
 
!  
 
 


"  

 

$  


 
&
 
 
]

 

' 

négatives des feuillets, ce qui créer une sur-concentration entre deux formation d’agrégats créé une porosité dans le mélange, qui en séchant devient moins résistante.
  
?
 
 
" 
&
$
 
 
 
<


 #
  

 
 
 

 
 
ˆ
 

 $  

osmotique de l’argile.
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 

"

=& 


w
 
 
& 
"

  
?
& © 
& 
 
‘¯
 
$  

 
 
 

! +

 
 
 


 
W
 
 
 
‘¯

 
!"  
 

 
 "  
& 
  
   
 
 

atomes d’Oxygène), et ainsi les plaquettes sont chargées positivement sur les bords. Les
faces restant négativement chargées, les bords des plaquettes sont attirées par les faces,

 




 
 "  
" 



&   
'& 

 
  -
ment électrostatique.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
c. Béton d’argile

Le propre du béton est de pouvoir se « couler », ce qui facilite la mise en


œuvre rapide et avec des outils « simples » de malaxage par exemple. Cela
est à priori impossible avec la terre, car couler les terre à l’état liquide impli-
"  

  

! 


  
 

 
+

généralement la terre en œuvre à l’état plastique.

ˆ
 
   


"

 



&


gâchage a des effets importants sur la consistance des argiles, avec la même
" 
&
}
="  

 
 
©  
&
 
 
 
  

séchage) serait une ouverture sur des usages nouveaux de la terre crue !

Pour la confection de matériaux céramiques ou pour le béton de ciment, il est


   

 
 
 
$  
  
  

&

    

 
 
 

 
‡  ‡ 
 
&© 

est de disperser la poudre de ciment (ou autre) qui a tendance comme l’argile
à créer des agrégats qui pièges l’eau d’une « mauvaise » manière (porosité).
š


 
$ 
 
 
 

"


   

car le ciment, contrairement à l’argile, n’est pas un « vrai » colloïde et sédi-


 
   

 

©  

 
 
  

  

» qui lui donne une texture « yaourt », plus facile à manipuler. On sait que
& 

 
 

   
 


    
!‰$ -
ante. (Voir 1.f.).

L’argile présente dans la terre est très généralement dans un état agrégé,
 


  

–
]
¢
 
 Œ
 
ˆ
  

!
$  

les argiles en ajoutant de la soude caustique par exemple, mais le problème


est que la soude est incompatible avec le sel, la chaux ou le ciment. En effet,

 


! #
 
 ‰$  
& 


 
 


 

L’usage de soude dans un béton d’argile limite l’usage d’autre produits stabi-
lisants.

W
  ! 
 
    

 
&  

 
 

+


 
"  
 
 
 
 

 #
#  
  

à se réaliser, ou des ouvrages sont construits avec les mêmes techniques de


coulage que le béton, mais avec de l’argile !

š
 

 

w
?

 
   
 
"
 
   -
ants sont issus de l’industrie du pétrole (ce sont des polymères), et contien-
nent souvent des formaldéhydes ou des naphtalènes, ou d’autres COV, on
est en droit de se poser la question de l’utilisation mesurée de ces produits ? CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 M
 X 
  
 


Il est intéressant de voir qu’au niveau des réactions chimiques, la réaction (dite « pouzzolanique ») qui produit le ci-
ment Portland moderne (Chaux + argiles cuites), et la réaction de la chaux sur les argiles crues est la même : elles
  
 
 
 #
 
„  

'  
‘‡ 
'„‘
'   

 

  
 
 

 
 
 
  



 
 

 

!  

! 
 
= 
  
-
  
 " 
 
 
 
 
‚   
 
 
 

 
„  

Pour revenir sur les stabilisants de la terre, la stabilisation à la chaux (interaction directe de la chaux sur l’argile) est
donc beaucoup plus lente que la stabilisation au ciment (squelette dissocié des argiles). Dans les deux cas, une én-
ergie très importante est nécessaire à la « préparation » de la chaux, et dégage une grande quantité de CO2 dans
l’atmosphère.

… 
 
  

  
 
 
# 
 

  


 
^ #

 

 -
tion de nouveaux « ciments » et par extension de stabilisation de la terre.

 
 X
 
X

 !  5
 
"

š
 
  



 
 
 
¢™

  • 

! #
 
 
  
&!‡#‡


sodium ou potassium (soude caustique ou potasse), qui réagissent très bien avec les pouzzolanes (donc l’argile).
Les réactions se font à basse température, mais le grand risque est l’utilisation sur chantier de bases très agressives,
dangereuses et potentiellement polluantes.

 Z

 
 
"

Il est assez étonnant de constater que le nature produit d’elle-même des ciments au travers de différents organismes
: de la coque de l’œuf de poule, aux diatomées en passant par les coccolithes, on voit que la synthèse de ciment
(à base de calcaire et silice) à basse température est possible. Il ne paraît peut-être pas si aberrant d’exploiter ces
organismes, notamment certains organismes unicellulaires, pour fabriquer des bio-ciments, avec une énergie bien
moindre, et peut émettrices de CO2.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
 [\5  + 
]

"

Il faut savoir que la moitié de l’humanité vit sur des « Latérites » (ou Plinthites selon les dénominations).
Ce sont des sols de type argileux, très riches en oxyde de fer II, qu’on retrouve beaucoup sur les terres
émergées des zones tropicales (en tout 1/3 des surfaces émergées sur Terre sont recouverts de latérites).

Ces terres, exposées à l’air, font réagir les oxydes de fer II, qui s’oxydent en oxyde de fer III. Par ce pro-
cessus, la terre se durcit très fortement, et de manière naturelle. Ce monde d’induration de la terre est à
étudier de près pour les pays tropicaux.

 Z
 5 
\  
"

La recherche va bon train aujourd’hui sur les associations entre des produits d’origine animale ou végétale
et des éléments minéraux, et notamment la terre et les argiles.
š
‡+


 

 
  
 
]

 +
&



" 
 
 
 

éléments et notamment des plaquettes d’argile.


Ces biopolymères peuvent être des macromolécules (molécules issues de racines, feuilles, blanc d’oeuf


" 

# 
]
  
 "  
]




 
‡ !  
   
 
  

gommes, algues…), ou encore des protéines (caséines, collagènes, gélatine…).


Les termites utilisent depuis longtemps ces biopolymères pour créer leurs constructions !

= 

"

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Les termites utilisent depuis des milénaires le
principe de la du composite minéral-biopolymère
pour leurs constructions !

Elles construisent des composites particulière-


ment resistants, avec de la terre.

Ce mélange de minéraux et de matières orga-


niques est à la base de la production de nacre
par les coquillages, ce matériau étant considéré
comme un des matériau les plus resistant.

Or le minéral constitutif de la nacre (cristaux


d’aragonite) est très similaire aux plaquettes
“Colle” organique réalisée à partir de Fouga (plante
d’argile. Tellement similaire qu’une université
africaine), mélangée à la terre pour mettre en oeuvre
 
ˆ !
„ 
š  ‡

‡ -
des enduits
!

[™™ž



 
 


l’argile !

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
f. Conclusion
On peut dire qu’aujourd’hui, la terre et son usage dans la construction est loin d’être uniquement
artisanale.

En effet, il existe de nombreuses entreprises, usines, matériels, process dans le monde qui ont
depuis longtemps (25 ans pour les blocs comprimés) passé le pas vers l’industrialisation.

L’industrialisation n’est pas forcément la panacée, beaucoup de constructions se satisfont tout à


 

&  
 

& 

 
 
&
 
&



 

 
+

qui est encore aujourd’hui trop souvent considérée de manière trop simpliste et sans développe-
ment possible.

Nous l’avons vu dans les chapitres précédents, la terre crue est un domaine de recherche particu-
lièrement fertile, en particulier dans les recherches sur son association avec d’autres matériaux
 " 
  

]
 
^
 " 

Le secteur technique de la construction en terre crue est en pleine mutation et est en plein accord
avec les logiques écologiques qui doivent guider nos sociétés contemporaines.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
LES ATOUTS PHYSIQUES DE LA TERRE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Chapitre 3
HABITER LA TERRE /
MANIFESTE POUR LE DROIT DE CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
LE CONSTAT

La terre est toujours présente dans l’architecture contemporaine. Depuis onze millénaires, l’humanité fait preuve d’une étonnante
capacité à bâtir en terre crue, depuis les simples habitations jusqu’aux
Concurrencée par l’afflux des matériaux de construction palais et aux villes entières. Aujourd’hui, dans des contextes et des
industrialisés depuis 1945, la terre crue a largement perdu de son territoires très variés, ce matériau de construction reste toujours le
importance dans les constructions urbaines et rurales en France. plus utilisé puisqu’un tiers de la population mondiale vit dans un
Elle n’en a pas pour autant disparu. habitat en pisé, briques d’adobe, torchis, bauge ou blocs comprimés.
Modestes ou monumentales, ces architectures sont présentes dans
Les techniques, les matériaux, l’outillage, le savoir faire dans 190 pays : elles témoignent d’une qualité de vie au quotidien et
le bâtiment se sont totalement transformés dans la seconde moitié d’innovations techniques qui mêlent étroitement savoir-faire et audace,
du XXe siècle. La terre crue a également évolué. Elle a suivi le art et virtuosité.
mouvement général de l’évolution de l’architecture : recherche d’une
mise en œuvre plus rapide, matériaux prêts à l’emploi, matériaux • Construire en terre, c’est repenser à la fois globalement et
aux qualités spécifiques plus poussées (thermiques, localement l’emploi des ressources de notre planète, en associant
acoustiques…). terre, eau et soleil dans un véritable défi technique, culturel, social,
économique et environnemental.
Par contre la terre crue se révèle imbattable dans un domaine • Construire en terre, c’est défendre le droit de mettre en œuvre
difficile et d’une urgente actualité : la construction respectueuse de un matériau de construction naturel et écologique, abondant,
l’environnement. Dans la recherche d’une architecture possédant de facilement disponible et accessible au plus grand nombre, afin de
réelles qualités environnementales, peu énergivore, en ressource permettre aux plus démunis de bâtir leur habitat « avec ce qu’ils ont
illimitée, ne produisant pas de déchets (la terre retourne à la terre), sous les pieds ».
l’architecture de terre crue se situe au premier rang avec le bois. • Construire en terre, c’est promouvoir les ressources locales,
à la fois humaines et naturelles, améliorer les conditions de vie,
valoriser la diversité culturelle et maintenir les systèmes d’entraide
sociale pour la construction et l’entretien du cadre bâti.
• Construire en terre, c’est employer un « béton naturel » qui
offre une réelle alternative écologique et économique face à des
matériaux et des procédés de production nocifs pour
l’environnement.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
HABITER LA TERRE / MANIFESTE POUR LE DROIT DE CONSTRUIRE EN TERRE CRUE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
• Construire en terre, c’est revaloriser, adapter et transformer
plus de 11 000 ans de connaissances et de savoir-faire, et associer
un matériau séculaire à une architecture innovante.
• Construire en terre, c’est reconnaître la valeur culturelle du
bâti vernaculaire, s’opposer aux destructions et encourager la
réhabilitation d’un bâtiment en respectant le matériau et l’expression
architecturale.
• Construire en terre, c’est poursuivre le développement de
l’art de bâtir et sa mise en forme complexe dans un ensemble
unissant architecture, esthétique et décoration.
• Construire en terre, c’est développer l’innovation pour
optimiser le matériau, simplifier les mises en œuvre et produire de
nouvelles architectures.

Réalisation d’essais et de prototypes pendant le Festival


LES OBJECTIFS Grains d’Isère aux Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau - CRAterre -

L’objectif de ce manifeste en faveur de la construction en terre est de

• faire sauter les verrous et les blocages dus à une réglementation


et à des normes totalement inadaptées au matériau et à ses
usages,
• favoriser la formation de professionnels pour la construction
contemporaine et traditionnelle, la restauration et la conservation du
patrimoine en terre crue,
• approfondir la recherche scientifique sur la matière, le matériau,
les techniques de production, la conservation du patrimoine et
l’architecture contemporaine afin d’améliorer la qualité du logement,
• enseigner l’architecture de terre comme une discipline à part
entière, en particulier dans les écoles d’architecture, d’ingénieurs et
les formations en sciences humaines.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
HABITER LA TERRE / MANIFESTE POUR LE DROIT DE CONSTRUIRE EN TERRE CRUE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
La construction en terre crue est une technique très ancienne,
mais son savoir-faire, principalement artisanal, a presque
complètement disparu. Associée à un habitat rétrograde et archaïque,
elle a été complètement écartée de la construction moderne,
principalement par le béton et le parpaing. Emblème de la modernité,
le ciment a permis de reconstruire l’Europe au lendemain de la
seconde guerre mondiale en un temps record et à faible coût. Mais
la consommation énergétique et le confort de ces habitats étaient le
cadet des soucis des architectes. Aujourd’hui le bilan est effarant,
on remarque qu’ils sont de véritables gouffres en chauffage et que
leur atmosphère est néfaste pour les humains qui y vivent, tant du
point de vue santé que psychologique. Depuis une trentaine d’années
la terre tente un retour dans la construction.

Au sein de l’école d’architecture de Grenoble, le CRAterre,


centre international de la construction en terre, concentre ses
activités sur le plus écologique et le plus répandu des matériaux. Ils
ont récemment collaboré à l’exposition « Ma terre première » à la La Terre a encore de beaux jours
cité des sciences de Paris et sont les auteurs de la pétition « Habiter
la terre », manifeste pour le droit de construire en terre crue. Des
devant elle !
architectes de renom comme Anna Heringer, Martin Rouch ou
Francis Diébéto Kéré font de la terre le matériau privilégié de leurs
constructions à la fois humaines, sensibles, écologiques et
contemporaines.

Aujourd’hui aucune règle professionnelle d’exécution n’est


rédigée pour la construction en terre crue. Cette situation limite
considérablement les projets des architectes et des entrepreneurs
faute de pouvoir garantir la qualité des réalisations. L’Association
nationale des professionnels de la terre crue vient d’obtenir l’accord
du ministère de l’Ecologie pour formaliser les savoir faire
professionnels capitalisés depuis trente ans. Après le chanvre et
très récemment la paille, la terre va enfin bénéficier de règles
professionnelles qui pourraient servir de base à l’élaboration d’un
futur DTU.
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
HABITER LA TERRE / MANIFESTE POUR LE DROIT DE CONSTRUIRE EN TERRE CRUE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
André Accetta est aussi une figure de la
construction en terre crue. Il construit actuellement
un monastère en terre crue au Cameroun à Koutaba
avec les moines cisterciens.

Ingénieur Diplômé par l’état (CNAM Paris) et Docteur


ès-Sciences Physiques, c’est un spécialiste de la
valorisation des matériaux locaux, en particulier des
matériaux en terre crue. Il a réalisé divers ouvrages
dont l’Isle d’Abeau... Enseignant de l’école
d’architecture de Saint-Etienne, il met au point les
blocs vibro-compactes avec les établissements
Perrin pour un projet de l’Isle D’Abeau.

le village de KOUTABA:
L’immense chantier sera l’occasion d’apprendre et
de maîtriser des techniques modernes de
construction fondées sur l’amélioration du savoir-
faire traditionnel.

Un modèle de développpement durable.


Les ouvriers deviendront eux-mêmes des bâtisseurs.
Ils sauront reprendre pour leur propre compte les
techniques transmises. Le chantier de Koutaba
s’ouvrira sur un chantier plus vaste encore :
l’habitat de toute une région. Une tradition
Cistercienne, valoriser toutes les richesses.
BTC - CRAterre

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


* http://www.koutaba.org/
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
HABITER LA TERRE / MANIFESTE POUR LE DROIT DE CONSTRUIRE EN TERRE CRUE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
“La tradition, affirme-t-il, n’est pas
forcément désuète et synonyme
d’immobilisme. De plus la tradition n’est
pas obligatoirement ancienne, mais
peut très bien s’être constituée
récemment. Chaque fois qu’un ouvrier
rencontre une nouvelle difficulté et
trouve le moyen de la surmonter, il fait
le premier pas vers l’établissement
d’une tradition.”
(p.59 Construire avec le peuple)

Gourna - Egypte

D’autres personnalités avant eux ont essayé de promouvoir ce


matériau, démontrant le caractère durable et social de son emploi.

En 1945 l’architecte égyptien Hassan Fathy est chargé de construire Le village sera laissé à l’abandon, très dégradé, menacé de destruction,
un important village : Gourna, près de Louxor. faisant les frais de cette bureaucratie, mais Hassan Fathy écrira un
Après une étude de la société paysanne, de ses traditions, de ses livre “construire avec le peuple” qui reste une référence dans le
activités, de ses conditions de vie, Hassan Fathy proposera des domaine. Il réalisera près de 160 projets, non seulement en Égypte,
solutions révolutionnaires et construira un village d’une grande mais aussi en Iraq et au Pakistan.
beauté, un des plus grands lieux architecturaux du Tiers Monde
moderne. Il inventera une urbanisation humaine inspirée des Le 14 mars 2010, un programme de restauration du village de New
traditions locales, utilisera le matériau millénaire : la brique de boue, Gourna est lancé avec l’aide du Centre du Patrimoine mondial de
formera sur le chantier des paysans-maçons ; tout en luttant contre l’UNESCO.
une bureaucratie sceptique et corrompue.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
HABITER LA TERRE / MANIFESTE POUR LE DROIT DE CONSTRUIRE EN TERRE CRUE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Chapitre 4
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE
EN FRANCE ET DANS LE MONDE
LE DOMAINE DE LA TERRE À L’ISLE-D’ABEAU
un retour d’expérience français

En 1985, dans la ville nouvelle de l’Isle-d’Abeau, à 30 Trois hectares du site sont répartis en onze îlots que se partagent dix
kilomètres à l’est de Lyon, un quartier expérimental explore une voie équipes d’architectes sélectionnées sur concours. Celles-ci sont
de construction alternative pour des logements sociaux en déclinant novices dans la maîtrise d’une ressource mal connue, et les entreprises
le matériau terre sous toutes ses formes. Une aventure unique en qui vont les accompagner font également leurs premiers pas. Si
France, qui n’a toujours pas été réitérée aujourd’hui. Voilà près de l’opération est complexe, elle n’attire pas moins de soixante-douze
vingt-cinq ans naissait un quartier que certain qualifiait d’utopique : entreprises et bureaux d’études : un chiffre record pour un acte isolé
le Domaine de la Terre. Un ensemble de soixante-cinq logements dans le logement. Car l’enjeu est de former des architectes et des
sociaux composé de maisons individuelles et de petits collectifs artisans pour recréer une filière disparue. Forts de leur expérience,
disposés en flanc de colline. L’originalité du projet vient de son ils devront contribuer à diffuser très largement le matériau. Le
matériau de construction, la terre, qui n’avait jamais donné lieu à un Domaine de la Terre sera une vitrine destinée à lui redonner de la
projet d’une telle envergure en France. Le Domaine a été bâti sur les modernité. En 1985 et pendant quelques années qui suivent, les
hauteurs de Villefontaine, une commune qui fait partie de visiteurs affluent en effet du monde entier pour découvrir le quartier.
l’Isle-d’Abeau, ville nouvelle érigée en 1970 sur des terrains agricoles.
Cette urbanisation intensive ne déroge pas à la règle de l’époque où
le béton y régnait en maître -ce qui reste toujours d’actualité -.

Face à cette réalité, les initiateurs du projet partent du simple


constat qu’au lendemain de la seconde crise mondiale du pétrole, il
est impératif de chercher des alternatives aux matériaux de
construction industrialisés, que l’on peut qualifier de dévoreur
d’énergie fossile. L’architecte Jean Dethier, le CRAterre et l’Ecole
nationale des travaux public d’Etat (ENTPE) sont à la base du projet
du Domaine de la Terre et cherchent ensemble un site pour ce projet
pilote. Leurs recherches les mènent naturellement en région Rhône-
Alpes qui possède un patrimoine en terre parmi les plus abondants
d’Europe.

Le programme se donne dès le début l’objectif ambitieux


d’expérimenter différents modes de construction : pisé, parpaings
de terre crue et terre-paille sur ossature bois. Logements sociaux à Villefontaine (38)
F. CONFINO, S. JAURE et J-P DUVAL

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
La terre a tenu ses promesses. Le matériau vieillit bien. On a
l’impression d’être mille lieues d’une ville nouvelle ! C’est un bon
quartier réputé, qui a une bonne image et qui ne subit aucune
dégradation. Il reste une référence du point de vue de sa vocation
sociale. Les performances énergétiques des logements, elles, sont
plus contrastées, quoique globalement meilleures que celles des
logements sociaux de l’époque.

Le pisé présente un gain de performance thermique et son


bon confort global. Mais en 1985, les techniques étaient trop peu
maîtrisées ce qui a eu pour résultat des contentieux en raison de la
multiplication des équipes d’architectes et donc des entreprises. La
seule erreur reconnue à ce jour a été de vouloir cumuler les
expérimentations et de ne pas avoir concentré cette belle énergie
dans un mode constructif bien définit au préalable.

Le Domaine la Terre est restée sans équivalent dans


l’hexagone. Laurent Beaugiraud, responsable au service maîtrise
des charges à l’OPAC 38, pointe du doigt la responsabilité des
pouvoirs publics, qui ne se sont pas mobilisés pour suivre l’opération,
tirer les bilans et s’engager dans sa diffusion. Les coûts liés à la
construction en terre n’ont pas paru compatibles avec l’économie
des programmes de logements sociaux : alors que l’image de la
qualité technique d’un matériau vient entre autre de la capacité de le
mettre en œuvre. Les architectes et les entreprises compétentes
restent encore trop peu nombreux. Pourtant, ces entrepreneurs
défendent justement l’économie à long terme que présente la terre
grâce à l’absence de peinture, d’enduit et d’entretient pendant
plusieurs dizaine d’année.
4 logements sociaux à Villefontaine (38)
F-H JOURDA et G. PERRAUDIN

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Logement en pisé à Villefontaine (38)
J-V BERLOTTIER Architecte

En dépit de quelques critiques, l’expérience du Domaine de la


Terre a joué un rôle décisif pour le développement de la construction
en terre crue en Europe, particulièrement en Allemagne, en Autriche
et en Suisse. En France, la filière piétine toujours malgré des
techniques très largement éprouvées : comment la sortir de la
confidentialité où elle reste confinée ?

Une piste est peut-être la préfabrication de blocs de pisé ! Une


technique pratiquée aujourd’hui en France par l’entreprise Caracol,
ou encore en Autriche par Martin Rauch, figure incontournable de
l’architecture contemporaine en terre. Il y a vingt-cinq ans, cette
ébauche d’écoquartier matérialisait une audace bien en avance sur
son temps, en valorisant un matériau qui court-circuite la logique
industrielle, sa dépendance énergétique et ses émissions en CO2.

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
MARTIN RAUCH
Beauté durable, savoir-faire et éthique de l’architecture en terre crue

L’engouement pour les constructions en terre crue est


aujourd’hui international. Les mises en œuvre exemplaires d’un
artisan comme Martin Rauch ou le style alternatif de villas privées
et d’hôtels chics du globe ont largement contribués à esthétiser
l’image de ce matériau. Les nouvelles techniques de coffrage et de
compactage du pisé, avec leurs strates rappelant les carottes
géologiques, ont également apporté du prestige à sa surface
rugueuse. Deux décennies de recherche fondamentale et pratique
ont permis à Martin Rauch d’actualiser des techniques de
construction en terre glaise transmises oralement sur un large
éventail, jusqu’à des projets monumentaux et d’une haute complexité
technique, et ont fait de lui un expert renommé dans sa profession, Maison pour enfants handicapés à Johannesburg - 2005 -
recherché sur le plan international. MARTIN RAUCH Architecte

Rauch est venu à la construction en terre glaise non par le compréhension technique et sa maîtrise s’aiguisent dans l’éducation
biais de l’architecture, mais par sa propre formation et des premiers à l’auto assistance. La rencontre avec des modes d’habitat et de vie
projets de céramiste et de sculpteur. Le travail immédiatement créatif anciens, en vigueur dans les pays pauvres, va de pair avec l’observation
sur la terre glaise et l’argile a donné à son développement une base des crises provoquées par la superposition de technologies coûteuses,
fortement émotionnelle en même temps que profondément technique. productrices de constructions lourdes à réparer, non recyclables,
Une des premières constructions en terre glaise de Rauch a été la telles que le monde développé en exporte. Ainsi son élan artistique
réalisation d’une machine outil, un four de cuisson de dimensions conserve-t-il des perspectives planétaires. La sculpture en argile fait
inusitées pour la production, à partir de pièces détachées en place à la construction en terre glaise. Carrelages et fours cèdent la
céramiques, de grandes céramiques avec et pour Maria Bilger. place à des modèles et des constructions d’ambitions plus vastes :
Le chemin qu’on a suivi ultérieurement montre de façon toujours on vise la transformation du terrain en un espace géométrique
plus accusée cette unité, devenue aujourd’hui très rare, entre le habitable.
producteur et le créateur.
Rauch s’intéresse tout particulièrement à la technique du pisé,
Comme quelques uns de ses confrères, il travaille pendant un procédé dans lequel, le matériau n’est pas recouvert
plusieurs mois en tant qu’assistant au développement en Afrique. ultérieurement d’un enduit ou rendu brillant. En laissant l’habitation
Cette étape renforce son sens social en même temps que sa en pisé sans crépi d’après des découvertes effectuées sur des

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
habitations anonymes en France, et non sur les édifices décoratifs
en pisé beaucoup plus connus du Mali, du Yémen et du Soudan, il
réalise ses travaux en procédant comme avec la céramique non
cuite et non vitrifiée, ce qui lui permet de révéler de manière immédiate
la personnalité de ce matériau. Le mur, en s’élevant par couches
successives, génère en même temps son aspect décoratif. La pureté
structurelle, la teinte et les qualités tactiles sont déjà présentes, avec
une saisissante intensité, à l’état brut, avant le modelage et la
compression. À partir d’une apparence fruste se développe un
raffinement sobre qui s’adresse à tous les sens. Avec la sensibilité
du céramiste pour l’assemblage, la transformation physico-chimique
et l’effet produit par le matériau commencent à rendre visible le
langage de la terre glaise, à faire briller toutes les facettes du matériau
dans une approche où le perfectionnement technique et la complexité
des formes vont de pair. Rauch renonce à corriger certaines
imperfections techniques dans l’utilisation classique du pisé par
l’adjonction de ciment parce que ce dernier détruit les qualités
fondamentales du matériau, son caractère entièrement recyclable,
ses bonnes capacités «respiratoires», etc...

Au lieu de cela, il recherche de plus opportuns mélanges de


matériaux naturels et travaille à l’optimisation des techniques de
compression, des moules de coffrage. En ajoutant des couches de
métal pour armer son matériau, il développe les anciennes techniques
sans renoncer à la texture structurelle du pisé. Des machines outils,
des échafaudages, de nouveaux modes de fonctionnement sont en
outre développés. Des murs sont érigés pour être mis à l’épreuve, et
l’expérience accrue des exécutants va très vite alimenter les
prochaines séries d’essais. Cette revendication écologique est aussi Chapelle de la Reconciliation à Berlin - 2000 -
radicale que ses applications, inspirées par une sensibilité positive MARTIN RAUCH Architecte

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
et créatrice, le sont peu. En collaboration avec Robert Febber, le
partenaire de ses discussions depuis de longues années, Rauch
parvient à démontrer comment le pisé, assorti au verre, au bois, au
métal, les enduits à base de terre glaise colorée, les éléments en
céramique pour les rebords de fenêtre, les sols, les murs chauffés
par hypocauste, peut s’écarter résolument des lourdeurs de projets
anciens et réussir à devenir une architecture de transition résolument
moderne. Il n’existe pas dans le bâtiment de lobby de la terre glaise.

En termes de consommation industrielle, c’est un point faible.


Car si personne ne peut rien gagner sur ce matériau qui se trouve
en grande partie à proximité du chantier, il manque alors, même en
tenant compte des développements positifs, un élément essentiel à
la dynamique capitaliste. Reste cependant à savoir si une renaissance
de l’habitat en pisé doit dans l’immédiat se limiter à des initiatives
individuelles ou si ses innombrables qualités pèsent assez lourd
pour qu’une plus large acceptation s’instaure inévitablement. Le
phénomène de la mondialisation économique avec ses monopoles
toujours plus écrasants gérés par le monde développé va à l’encontre
d’un concept de culture des ressources que l’on trouve pratiquement
partout sans débourser un centime. Les qualités techniques,
écologiques, la créativité de la construction en terre plaident
en sa faveur. Mieux qu’aucun autre matériau, la terre glaise répond
aux exigences d’une architecture respectueuse de l’environnement.
Elle est disponible localement, économise les ressources, est
réutilisable à volonté, agréable à travailler, possède une action
isolante, ne pollue pas, améliore l’atmosphère des locaux, régule
l’humidité ambiante, offre une bonne isolation sonore ainsi que des
températures de surface agréables, maintient l’humidité des locaux École Handmade à Rudrapur au Bangladesh - 2006 -
à un taux constant entre 45 et 55%. Une paroi de 40 cm d’épaisseur MARTIN RAUCH Architecte

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
offre un pouvoir d’isolation suffisant pour des habitations faibles
consommatrices d’énergie, sans que les qualités d’homogénéité de
la paroi soient perdues.

Par comparaison, le béton ou les briques nécessitent dix à


vingt fois plus d’énergie pour la fabrication, le travail et le transport.
Le coût de l’entretien est également beaucoup plus élevé. Que l’on
songe seulement aux problèmes qui apparaissent avec les
constructions en béton apparent, seulement au bout de quelques
décennies, au gain en matière d’assainissement des habitations.

Pour la longévité, le pisé se révèle même supérieur au bois


de par son faible coût en énergie primaire et sa faculté de recyclage
illimitée. Toujours est-il que l’on peut remarquer depuis quelques
années qu’un nombre de plus en plus élevé de firmes, et même de Maison Rauch à Schlins en Autriche - 2008 -
grands groupes du bâtiment, proposent des enduits et des produits MARTIN RAUCH Architecte
semi finis à base de terre glaise. Il manque cependant d’ouvriers
formés de manière adéquate et de firmes pour exécuter les travaux,
et également d’une offre éducative compétente dans les écoles
d’architecture, dans les instituts professionnels et dans les facultés
d’architecture. Le potentiel le plus important pour la construction en
pisé réside, c’est certain, dans son association avec les techniques
de construction utilisant le bois.

Le savoir faire est là, des pionniers comme Martin Rauch ont
travaillé dur pour le mettre au point, des réalisations pilotes ont réussi
à franchir les obstacles juridiques et pratiques. Le stade de l’alternative
est dépassé depuis longtemps. L’avenir s’ouvre devant le pisé
moderne !
Hopital Régional à Feldkirch en Autriche - 1993 -
MARTIN RAUCH Architecte

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE SUR QUELQUES
CONSTRUCTIONS CONTEMPORAINES
REMARQUABLES EN TERRE CRUE
(pour se donner envie!)
Architecte Rick Joy - Palmer Rose House
Tuscon, Arizona 1998

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte Rick Joy - Palmer Rose House
Tuscon, Arizona 1998
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte Gary Marinko - Poll House
Perth, Australie 1998

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte John Wardie - Vineyard residence
Victoria, Australie 2002

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte Hoston Bakker Boniface Haden -
Desert Cultural Center
Osoyoos, British Colombia, Canada 2006

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte Heikkinen Komonen
Mali, Guinée 1996

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte José Cruz Ovalle - Bodega
San Ferdino, Chili 2002

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte raphael Mattar Neri - Distillery
Pecaya, Venezuela 2003

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte Mauricio Rocha - Mémorial
Mexico, Mexique 2000

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
Architecte Diébédo Francis Kéré - Ecole Primaire
Gando, Burkina Faso 2001

CONSTRUIRE EN TERRE CRUE


Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
REGARDS SUR LA CONSTRUCTION CONTEMPORAINE Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
CONCLUSION

Construire en terre crue : un acte « écologique »

L’emploi de ce matériau concilie en effet la culture avec le social,


l’écologie et l’économie, piliers du développement durable.

Les professionnels de la filière construction en terre crue ne sont


guère nombreux en France. Mais, depuis des années, ils remuent
ciel et terre pour tenter de sauvegarder des savoir-faire qui se
perdent, revaloriser le premier matériau de construction de l’histoire,
moderniser son image et faire reconnaître ses nombreux atouts
pour les bâtiments de demain.

Voilà en effet un matériau abondant, qui nécessite beaucoup moins


d’énergie pour sa fabrication que la chaux, les briques cuites ou le
ciment (très peu d’émissions de CO2) et qui ne génère pas de
déchets. Sa densité élevée lui confère de précieuses qualités
d’inertie thermique pour le stockage de la chaleur solaire et sa lente
restitution ainsi que pour le confort d’été. Les murs en terre régulent
remarquablement l’hygrométrie de l’air intérieur grâce à leur
perméabilité à la vapeur d’eau, et constituent un bon isolant
phonique.

Enfin, contrairement aux idées reçues, c’est un matériau qui résiste


fort bien à l’usure du temps s’il est bien protégé de la pluie, l’argile se
révélant un excellent liant. Le principal inconvénient reste
économique, car la mise en œuvre demande plus de temps que
pour les autres matériaux, d’où un coût de main d’œuvre élevé.
Mais n’est-ce pas justement ce point qui permettrait d’inclure la part
du social, nécessaire à “l’équation” du développement durable :
Ecologique + Economique + Social = Devt Durable
CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES
B I B L I O G R A P H I E
CONSTRUIRE AVEC LE PEUPLE
Hassan Fathy
Editions Sindbad - 1989
TERRE CRUE
Bruno PIGNAL
Editions EYROLLES
Collection Au pied du Mur -2005

EARTH ARCHITECTURE
Ronald RAEL
BATIR en TERRE Editions Princeton Architectural press
Laetitia FONTAINE et Romain ANGER New York - 2009
Editions BELIN
Collection Cité des sciences et de
l’industrie - janv 2009

Revue
ECOLOGIK
N° 12- Dec 2009/ Janv 2010
TRAITE DE LA CONSTRUCTION EN TERRE
CRAterre
Editions Parenthèses - janv 2006

Revue
PATRIMOINE MONDIAL
N° 48- janv 2008

DES ARCHITECTURES DE TERRE


ou l’avenir d’une tradition millénaire CONSTRUIRE EN TERRE CRUE
catalogue de l’exposition
Europe et Environnement NOVEMBRE 2010
Centre Georges pompidou - 1981
Julien COULOMBEL Mylène DUQUENOY Olivier TERRONES

Vous aimerez peut-être aussi